- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur, cette semaine consacrée à nouveau au secteur 3. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec la trésorière du nouveau syndicat médecin secteur 3, notre consoeur le docteur Alexia Michelin. J'ai pu aborder avec elle la naissance de ce syndicat, les types d'actions qu'il mène, elle m'a partagé des exemples concrets d'accompagnement de nos confrères et consoeurs qui envisagent de passer en secteur 3. Je vous propose dans ce deuxième et dernier épisode de revenir en détail sur les modes d'exercice de ce secteur, les principaux mythes qui entourent le secteur 3, ses avantages méconnus et on va parler avec elle de son avenir. N'oubliez pas de vous abonner à ce podcast et de le... partager à vos consoeurs et vos confrères. Je vous souhaite une excellente écoute. Tu peux me dire, toi, pourquoi tu es passée du secteur 1 au secteur 3 l'année dernière ?
- Speaker #1
Je pense que c'est ça. La raison, c'est trop de pression. Trop de pression de la part des patients, trop de pression de la part de la Sécu, trop de pression tout court. Le fait d'être tous les jours pressée en permanence. J'arrivais, j'avais déjà, même en laissant de la place tous les jours pour des urgences du jour, j'avais déjà 10 messages des secrétaires. pour en rajouter, à la fin de la journée, on en voit 30, on en voit 40. Et en fait, on est énervé, on n'a pas assez de temps, on n'a pas l'impression d'avoir fait son travail correctement. Les patients en face sont énervés également parce qu'ils ont attendu 15 jours. Ils ont plein de choses à nous dire, ils ont des listes de motifs. Finalement, c'est un seul motif parce qu'on n'a pas le temps. Donc, on rentre en conflit. C'est du conflit en permanence. Et en fait, du coup, on n'a pas l'impression à la fin de la journée d'avoir fait son travail correctement et on n'est pas satisfait, tout simplement. Alors que là, c'est tout à fait différent. On a plus de temps, les patients sont contents d'avoir des gens qui sont disponibles. Alors certes, ils payent, mais en fait, avec le temps, on arrive à se déculpabiliser et se dire qu'en fait, le remboursement, ce n'est pas notre ressort. C'est le ressort, c'est l'État qui est censé garantir l'accès aux soins. Donc ça, c'est le travail de l'État. Nous, notre travail, c'est de soigner les patients, d'être disponible pour les patients et de faire notre travail correctement. Voilà, donc après, au bout d'un certain temps, on arrive à se dire, finalement, qu'est-ce qui est plus éthique ? Faire son travail correctement, faire vraiment son travail, soigner les gens comme il faut, en prenant le temps et en les écoutant ? Ou est-ce que c'est plus éthique, finalement, de faire une consultation, un motif, enchaîner les patients toutes les cinq minutes et avoir des consultations qui ne sont pas du tout qualitatives et qui ne rendent pas service aux patients ? Finalement, moi, je me demande ce qui est le plus éthique.
- Speaker #0
C'est très clair, Alexia. Est-ce que tu peux me parler des avantages du secteur 3 par rapport au secteur 1 ? Comment ta pratique a changé ? Qu'est-ce qui a évolué ?
- Speaker #1
L'avantage, je l'ai déjà cité juste avant, c'est indéniablement la disponibilité. La disponibilité en termes de délai de consultation. Là, moi, c'est moins de 48 heures pour un rendez-vous. Chez un médecin généraliste, pour moi, c'est obligatoire d'avoir un rendez-vous dans les 48 heures. On appelle parce qu'on est malade, on a besoin de soins rapidement, on n'a pas besoin d'avoir son médecin traitant dans 15 jours. On a besoin d'avoir son médecin traitant là, dans les quelques jours qui viennent. Donc ça, c'est indéniablement le point positif. Le temps de consultation aussi, le temps qu'on peut prendre, avant c'était 10 minutes, maximum 15 minutes, maintenant c'est 20-30 minutes par patient, donc c'est tout à fait différent, et donc il en résulte quoi ? Une prise en charge de qualité. Donc voilà, après ça c'est le gros avantage. Maintenant, je pense qu'on fera partie de toute façon du paysage médical dans les années à venir, c'est obligé.
- Speaker #0
Alors tu me disais que le secteur 3 avait beaucoup d'avantages, mais qu'il ne résolvait pas... tous les problèmes. Est-ce que tu peux me dire quels problèmes persistent lorsqu'on passe au secteur 3 ?
- Speaker #1
L'accès aux spécialistes, ça, de toute façon, ça ne change pas. L'accès aux lits d'hospitalisation quand c'est nécessaire, c'est sûr que ça ne change pas. Après, c'est surtout ça.
- Speaker #0
Très bien. Comment tu vois l'avenir de ce secteur dans ce contexte où les contraintes s'intensifient sur la médecine conventionnée classique, sur les médecins libéraux ? Comment tu vois L'avenir du secteur 3 ?
- Speaker #1
Je pense que le nombre des médecins en secteur 3, ça va forcément croître doucement. Après, ça ne peut pas être un exercice qui convient à tout le monde. Mais par contre, comme je l'ai dit avant, ça fera forcément partie du paysage médical les années à venir. Et le déconventionnement, pour moi, c'est vraiment un acte qui doit être mûrement réfléchi pour être assumé par la suite. On a vraiment chacun notre niveau de tolérance face aux injonctions de la Sécurité sociale et du gouvernement. Et c'est pour ça qu'il faut que chaque médecin soit décidé où sont ses limites. Quand est-ce qu'il faut qu'ils passent le cap du déconventionnement ? Entre se déconventionner et arrêter la médecine, moi, j'avais un choix à faire. C'était soit j'arrêtais la médecine, soit je me déconventionnais. Donc voilà, après, chacun a ses limites. En tout cas, je pense que forcément, notre nombre ne peut qu'augmenter. Ce n'est pas possible.
- Speaker #0
Parce qu'on a l'impression que le gouvernement, le but du gouvernement, c'est de conventionner tous les médecins et d'inciter ceux qui se sont déconventionnés à se reconventionner. Est-ce que tu penses qu'à terme, ils n'auront pas raison de leur volonté, qu'ils n'arriveront pas à supprimer le secteur croix ?
- Speaker #1
Je pense que de toute façon, quand on est au bout de ce qu'on peut faire, c'est soit on arrête. Moi, personnellement, je ne me vois pas me reconventionner. Je ne peux pas me reconventionner. Vraiment, je l'ai vécu comme de la maltraitance envers moi-même et envers les patients. Une fois qu'on est sorti du système et qu'on s'est rendu compte de ça et qu'on a travaillé dans de bonnes conditions, il est hors de question de travailler comme ça. Se reconventionner, c'est exclu. Soit on changera de travail, soit c'est tout. Ils perdront les médecins qui sont déconventionnés. C'est tout ce qui va se passer. Et en fait, les médecins qui sont conventionnés à l'heure actuelle et qui vont craquer comme moi j'ai craqué, ils changeront juste de boulot. C'est tout. Donc en fait, c'est complètement inutile. C'est tout simplement... Pour moi, ça n'a pas de sens.
- Speaker #0
100% des médecins secteur 3 déconventionnés que j'ai pu rencontrer ou même interviewés sur ce podcast souhaitent absolument rester hors convention et aucunement revenir en secteur 1, effectivement.
- Speaker #1
J'en connais aucun qui s'est reconventionné.
- Speaker #0
Bien sûr. Alexia, je te remercie beaucoup. J'ai appris plein de choses. Je vous invite à aller visiter le site Internet du syndicat Médecins Secteur 3. Pour finir, est-ce que tu peux nous donner des conseils pratiques que tu peux nous offrir aux médecins qui souhaitent éventuellement passer hors convention pour surmonter les résistances rencontrées ? Je sais qu'il y a des résistances de la part des patients. On m'a notamment conseillé... dans ce podcast de ne pas prévenir les patients trop tôt du passage hors convention parce qu'on subissait une pression assez importante. On subit aussi une pression de la part de certains confrères qui ne comprennent pas, des institutions, de l'URSSAF, etc. Et même de l'entourage. Il paraît que l'entourage des médecins qui se déconventionnent est parfois très peu encourageant et soutenant dans cette démarche-là. Alors pour finir, s'il te plaît, est-ce que tu peux nous offrir tes conseils pratiques, toi qui t'es déconventionné récemment, que tu peux nous donner s'il te plaît ?
- Speaker #1
Je pense que se faire accompagner, c'est important. Après, notre syndicat, pour le coup, il est là pour ça. Maintenant, il est créé. On est là pour aider nos confrères dans les démarches administratives, partager notre expérience, se soutenir. Il y a un onglet « Nous contacter » . Très bien, il suffit de nous envoyer un message. On répond au message, on s'appelle, on essaye de faire en sorte de répondre aux questions. Et puis après, c'est aussi pour ça qu'il faut quand même avoir mûri ses réflexions et avoir réfléchi. Parce qu'en fait, il y aura des critiques, forcément. Il faut pouvoir assumer son choix. Et voilà, c'est comme ça, c'est pas autrement. Et en fait, c'est comme ça que ce sera. Maintenant, on est là pour vous soutenir, donc n'hésitez pas à nous contacter et puis on saura vous répondre.
- Speaker #0
Le message est passé. Merci beaucoup Alexia, à bientôt.
- Speaker #1
Merci pour ton invitation.
- Speaker #0
Bravo, vous êtes bien arrivée à la fin de cet entretien. J'espère qu'il vous a inspiré et apporté des clés utiles pour votre pratique. Pour ne rien manquer des prochains épisodes de Super Docteur, pensez à vous abonner dès maintenant. Si mon travail vous plaît, parlez-en autour de vous, à vos consoeurs, vos confrères et même à vos internes. Et si vous voulez me soutenir, laissez-moi une belle note de 5 étoiles sur votre application de podcast préférée. C'est rapide, ça m'aide énormément et surtout ça permet à d'autres médecins de découvrir ce contenu pour que l'on partage ensemble nos idées et améliorer nos pratiques. Merci pour votre écoute et à très bientôt !