Transcription

• Speaker #0

  La trêve de Noël de 1914 Bonjour à tous ! C'est un épisode un peu particulier que je vous propose d'écouter aujourd'hui. Un épisode spécial pour cette période de fête de fin d'année. Et je souhaitais vous raconter une histoire de Noël totalement véridique. qui a eu lieu à une époque et dans des lieux incroyables. Le 25 décembre 1914, en pleine guerre mondiale, et dans les tranchées du nord de la France. Cela fait déjà plusieurs semaines que dans les deux camps, on s'est enterré dans les tranchées et que l'on vit dans des conditions très difficiles. La pluie, la boue, les rats, les poux, le froid. Au départ, dans chaque camp, on pensait que la guerre serait courte. Mais finalement, la fin d'année 1914 approche et le conflit semble ne jamais s'arrêter. En novembre, le pape Benoît XV a appelé en vain à la paix et les soldats de première ligne s'apprêtent à célébrer la fête chrétienne de Noël dans les tranchées. Et des deux côtés, on se sent finalement plus proche de l'ennemi, qui partage son triste sort, que de l'arrière, parfois bien éloigné de la réalité de la guerre.

• Speaker #1

  Mais qu'est-ce qu'il sait le pays, sur ce qu'on soupe ici ? Je vais vous dire, moi, je me suis senti plus proche des Allemands, de ceux qui crient mort au boche chez eux, bien au chaud devant leur dinde aux marrons !

• Speaker #0

  C'est ainsi qu'au matin du 25 décembre, sur certaines parties du front, des scènes étonnantes se déroulent. Près de la ville belge de Ypres, par exemple, des chants de Noël surgissent des tranchées allemandes. Et des sapins illuminés avec des bougies sont placés sur le parapet. Le Kaiser allemand n'avait fait parvenir aux troupes pour qu'elles puissent célébrer Noël. Du côté allié, on ne sait pas trop comment réagir. Beaucoup de soldats reprennent cependant les chants dans leur langue. On est entre chrétiens de part et d'autre du front et Noël est une fête importante à leurs yeux. Près des tranchées françaises, Walter Kirchhoff, Un officier allemand, qui est aussi chanteur d'opéra, chante pour ses compagnons d'armes un chant de Noël. Les poilus en face l'applaudissent jusqu'à ce qu'ils reviennent chanter. Bon, la perplexité devient plus forte quand des tranchées allemandes sortent les officiers et les soldats à la suite, qui s'avancent sans armes dans le No Man's Land. Arrivé au milieu, ils appellent les soldats ennemis à les rejoindre. Et ce sont surtout les britanniques qui se laissent convaincre. Les français vont aussi fraterniser ici ou là mais ils sont moins nombreux à le faire car ils défendent leur terre qui a été envahie et la haine de l'ennemi est plus forte chez eux. Entre ces soldats qui font donc la trêve de Noël, des scènes surréalistes se déroulent. Alors qu'on se tirait dessus encore la veille, maintenant on se parle, on rit ensemble, on échange des cadeaux, on partage des bouteilles d'alcool et des cigarettes. C'est l'esprit de Noël. Il y a même un match de football qui est organisé dans le No Man's Land. Les képis allemands servent à marquer les buts. la limite des buts et pour l'anecdote ce sont les allemands qui l'emportent sur les britanniques avec le score de 3 à 2. La trêve permet aussi de récupérer les morts qui étaient restés dans le no man's land et qu'il était généralement trop dangereux de ramener dans la tranchée. Mais dans chaque camp les états-majors n'aiment pas du tout les fraternisations qui nuisent à la motivation des soldats et les empêchent de considérer l'autre comme un ennemi à abattre. Ces histoires sont donc volontairement étouffées et ont détruit la plupart des photos qui ont été prises par les soldats. Les jours suivants, des tirs d'artillerie massifs sont décidés dans les secteurs concernés et les unités qui ont le plus fraternisé sont déplacées dans des zones plus dures du front. Cela n'empêche pas de nouvelles trêves du même genre, plus réduites cependant, tout au long du conflit, comme à Noël 1915 et même lors de la fête de Pâques. Au plus fort de la guerre et dans des instants aussi tragiques, L'esprit de Noël a su exister. En 2014, Michel Platini, qui est alors président de l'UEFA, a inauguré un monument à Comines-Varneton sur le lieu de l'improbable match de football. Mais c'est une autre histoire. Si vous avez aimé cet épisode, n'hésitez pas à vous abonner pour être certain de n'en louper aucun nouveau. Vous pouvez aussi laisser une note sur Spotify ou Apple Podcast, et sur Apple Podcast un petit commentaire, je lis tout, ça fait très plaisir, et en cette période de Noël, ça fait un joli cadeau. Vous pouvez aussi parler du podcast autour de vous, partager les liens vers les épisodes, c'est très important le bouche à oreille. Et on se retrouve très bientôt pour une nouvelle page d'histoire.