- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous, moi c'est Aglaé, et je suis ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode de Table Verte, le podcast où l'on parle d'alimentation végétale. Bonne nouvelle, le printemps vient d'arriver, et c'est le moment idéal pour préparer son potager, choisir ses graines et organiser ses plantations. Parce que oui, manger végétal c'est aussi comprendre d'où viennent nos aliments, et quoi de mieux pour ça que de les faire pousser soi-même. Un potager c'est une vraie porte d'entrée vers une alimentation plus locale, plus naturelle et plus savoureuse. Mais par où commencer ? Quelle variété privilégier ? Comment réussir son potager ? même sans jardin et surtout comment cultiver sans prise de tête pour en profiter tout l'été. Pour en parler, j'ai le plaisir d'accueillir Julie, créatrice de Sortes et tout Vert, qui accompagne celles et ceux qui veulent se lancer dans l'aventure du potager naturel. Elle va nous partager ses conseils, ses astuces et son amour pour les plantes.
- Speaker #1
C'est très spécial de cultiver quelque chose et d'en récupérer littéralement des fruits. Ça te pousse à explorer d'autres recettes. C'est des boucles qui sont complètement différents et c'est en fait un rapport à la noyature. et une fierté.
- Speaker #0
Après avoir pris soin de votre potager, il ne vous reste plus qu'à passer en cuisine. Et pour accompagner vos récoltes, Ausha et Soun vous proposent des alternatives végétales savoureuses. Ausha, avec ses produits au soja bio et français, et Soun, avec ses alternatives végétales à base de chanvre, d'avoine, d'amande, de riz et de noisette, sont parfaits pour sublimer vos légumes maison. Et maintenant, accueillons notre invité. Bienvenue autour de la table verte, Julie.
- Speaker #1
Merci de me recevoir.
- Speaker #0
Merci à toi d'être là. Comment tu vas ?
- Speaker #1
Très bien et très contente de parler de ce sujet qui me passionne.
- Speaker #0
Est-ce que tu es prête à faire de nous de véritables mains vertes ?
- Speaker #1
Ouais, mais spoiler, ça n'existe pas trop les mains vertes, c'est juste une meilleure compréhension du vivant qui nous amène à cultiver aussi bien que je peux le faire maintenant.
- Speaker #0
Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux nous parler un petit peu de toi ?
- Speaker #1
Moi, il faut savoir que je n'étais pas du tout main verte. J'ai grandi à la campagne, certes, mais je n'ai pas du tout eu de potager, ce n'est pas du tout quelque chose qui était présent dans ma famille. Et ensuite, pour mes études, je suis montée à Paris. Et là, ça a été encore pire, puisque du coup, j'étais encore plus coupée de la nature. Et en 2017 ou 2018, j'emménage dans un appartement où il y a un balcon de 6 mètres carrés. Et justement, j'ai ce sentiment d'être coupée de la nature. Et je me dis, il faut que je m'aménage quelque chose. Sauf que je fais mourir toutes mes plantes vertes à cette époque, y compris, et ça, je trouve que c'est quand même très fort, un cactus. Du coup, je m'intéresse un peu aux manières de cultiver et je tombe un peu par hasard sur la permaculture. Je tombe un peu amoureuse de cette idée, de cette philosophie, de cette méthode. C'est là qu'est née la passion pour la permaculture. Un an plus tard, j'ai déménagé de Paris pour aller dans les Landes, où j'ai développé plein de projets de permaculture depuis et où maintenant j'enseigne la permaculture.
- Speaker #0
Belle évolution en effet. Au moins, il y a de l'espoir pour nous. Oui. Tu nous as parlé un peu d'échecs en parlant de ce cactus, c'est quoi ta première réussite ?
- Speaker #1
Les parents essayaient de nous faire faire des choses de nos mains quand on était un peu plus jeunes et on faisait des petites activités et notamment une avec des pots en argile avec lesquels on avait fait des petits bonhommes et la dernière partie du bonhomme, la tête, c'était un tout petit pot en argile retourné dans laquelle on avait mis des cotons imbibés d'eau et un peu de lentilles et les lentilles ça faisait ses cheveux.
- Speaker #0
Et du coup maintenant ton potager il ressemble à quoi ?
- Speaker #1
Mon potager maintenant, c'est un jardin éducatif de 4000 mètres carrés dans lequel j'enseigne la permaculture. La visite est à prix libre, les gens se baladent, il y a des panneaux éducatifs. Le but ultime de ma vie, le verbe de ma vie, c'est vraiment transmettre. Donc par ce biais-là, je réponds un peu à ce besoin que j'ai de transmettre, tout en continuant à expérimenter. C'est aussi un terrain d'expérimentation. Il y a encore plein de choses qui ne fonctionnent pas, des choses que je teste. et qui me permettent d'apprendre et de continuer à renforcer mon apprentissage. Et ça, pour moi, c'est la beauté de la nature, c'est qu'on ne sait jamais tout, en fait.
- Speaker #0
Est-ce que, du coup, tu te sers de tout ça pour cuisiner ? Est-ce que ça a changé ton rapport à la cuisine, derrière ?
- Speaker #1
Oui, complètement. Dès ce premier balcon, ça a changé mon rapport, parce que, d'un coup, on se rend compte de, quand même, les efforts qu'il faut faire pour avoir juste une poignée de fraises, une poignée de tomates, du basilic. Ça prend des mois et des mois de faire pousser. de la graine aux fruits. Donc, quand on vient cueillir sa fraise, c'est hors de question qu'elle finisse au fond du frigo. Et donc, je ne jette plus les vers des poireaux, par exemple. Je vais essayer de trouver une manière de les accommoder. Et aussi, j'essaye un maximum d'utiliser ce qu'il y a dans mon jardin sans ajouter trop de choses de l'extérieur. Donc, ça me pousse aussi à la créativité avec un cadre donné quand même. Et la dernière chose que ça change, je pense, c'est aussi que parfois on a aussi des très très belles surprises, des plants qui donnent énormément, et je pense notamment aux courgettes, les gens qui cultivent des courgettes le savent, ça fait énormément de fruits, et du coup t'as pas toujours envie de manger la même chose de la même manière, ça te pousse à créer d'autres recettes, ou en tout cas à explorer d'autres recettes.
- Speaker #0
Je te propose qu'on commence à donner les conseils à tout le monde pour que tout le monde puisse avoir un potager aussi rempli que le tien, surtout que là on est en plein milieu du printemps. Est-ce que tu peux déjà nous parler des étapes un peu clés pour démarrer le jardinage ?
- Speaker #1
Alors je dirais que l'étape la plus sous-estimée et la plus clé, c'est vraiment de se placer sur son balcon ou dans son jardin et d'essayer de comprendre ce qui s'y passe. Combien il y a d'heures de soleil par jour ? Est-ce qu'il y a du vent ? Est-ce qu'il y a des choses qui créent de l'ombre sur le jardin, justement ? Quel est le sol, la qualité du sol ? Vraiment se poser et se dire, quelles sont les spécificités de la nature ? Je fais partie de la nature, je l'observe, et ensuite seulement je me lance, et c'est comme ça qu'on a des potagers productifs. Ensuite, idéalement, on va rechercher un peu les caractéristiques de son sol. Il y a des tests hyper simples. Un des tests les plus simples, et qui prend vraiment deux minutes, c'est... Le test du boudin, c'est juste le fait d'aller chercher de la terre à à peu près 10 cm de profondeur. On humidifie un peu la terre si elle n'est pas humide, on essaye d'en faire un boudin. Si le boudin se tient très bien, probablement on a une terre qui est riche en argile. Si on arrive à faire un boudin mais qu'il est un peu cassant, probablement on a une terre qui est un peu plus limoneuse, ce qui est une super terre aussi. Et si on n'arrive pas à faire un boudin, c'est probablement qu'on a une terre sableuse. Ces différentes caractéristiques vont avoir une incidence sur notamment la rétention de l'eau. Est-ce qu'on va devoir beaucoup arroser son jardin ou un peu moins ? Est-ce qu'on va devoir beaucoup alimenter son jardin en compost par exemple ? Parce que les nutriments qui sont contenus dans le sol vont ruisseler. Donc ça c'est important avant de se lancer, d'apprendre juste à connaître un petit peu son sol. Et ensuite il y a plein de manières de... lancer ces cultures. Mais je dirais que globalement, on désherbe un lieu, on l'alimente, parce que le sol a besoin d'être alimenté comme nous, comme un corps humain. Donc avec du compost, du fumier, tout ce qu'on peut trouver dans son jardin. Et ensuite, on peut cultiver là-dedans. Alors effectivement, on n'a pas tous les mêmes sols, donc c'est un peu compliqué de dire au cas par cas là. Mais voilà, il faut d'abord se poser en position d'observation. ensuite on prépare son sol et ensuite on cultive.
- Speaker #0
Et tu nous parlais au début de bien choisir son emplacement, c'est vrai que c'est un truc qu'on entend énormément quand on parle de potager, c'est quoi un bon emplacement ?
- Speaker #1
D'abord je dirais que c'est un emplacement où il y a le plus de luminosité possible, le plus de soleil possible, parce que c'est difficile d'apporter de la lumière dans un lieu qui est à l'ombre, par contre c'est assez facile si on a trop de soleil, d'apporter des choses pour créer des ombres. Ensuite, c'est un lieu où on va pouvoir avoir accès à l'eau, même en permaculture où on essaye d'utiliser le moins d'eau possible. Et une autre chose à laquelle on ne pense pas forcément, c'est qu'un bon potager, c'est un potager dans lequel tu vas avoir envie d'aller. Si on met notre potager tout au bout du jardin, on est tous flémards. Donc il faut penser à la proximité, la facilité d'accès à ton potager. Un bon potager, c'est un potager qui est soit proche de chez toi, soit proche d'un lieu que tu empruntes très fréquemment.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des erreurs fréquentes à éviter quand on débute au potager ?
- Speaker #1
Oui, alors on en a un peu parlé déjà, mais je dirais commencer à cultiver sans prendre le temps d'observer son jardin. Cultiver des choses qui du coup ne sont pas adaptées à chez nous, à notre climat, à l'ensoleillement qui est disponible. Et surtout, et je pense que ça c'est la plus grosse erreur, commencer trop grand. Ça peut demander beaucoup de temps un jardin. Et en fait, il vaut mieux se concentrer sur une petite superficie et vraiment en prendre soin que d'avoir un grand jardin. dans lequel on ne passe pas suffisamment de temps. Et au final, on est un petit peu dégoûté du potager, justement parce que ça nous prend trop de temps pour peu de résultats. Vraiment, commencer petit, se concentrer sur quelque chose qu'on a le temps de gérer, pour moi, c'est la meilleure manière de faire.
- Speaker #0
Depuis tout à l'heure, tu nous parles de jardin. C'est quoi les autres alternatives si on n'a pas de jardin, justement ?
- Speaker #1
Alors, les cultures en pot sur les balcons, c'est tout à fait faisable et vraiment, ça peut être très, très productif. Il existe aussi des manières de cultiver si on n'a pas de balcon ou de jardinière à sa fenêtre. Moi, je ne suis pas hyper hyper fan, mais il y a des dispositifs, notamment pour cultiver des herbes aromatiques avec des petites lampes UV. Mais c'est quand même un petit peu hors sol. Par contre, c'est super chouette si c'est ton seul moyen de cultiver quelque chose et de voir un cycle de culture. Ça, c'est toujours intéressant. Mais il ne faut pas négliger les balcons parce qu'on peut faire des très très belles choses dessus.
- Speaker #0
Et du coup, pour les balcons, les critères, c'est quoi ? L'orientation, le passage du vent également ?
- Speaker #1
Oui, en fait, ce qui est intéressant, c'est que c'est exactement... La même démarche, on va regarder ce qui se passe sur son balcon, combien il y a de temps de soleil, est-ce qu'il y a une réglementation ? Par exemple, on n'a pas le droit de mettre les jardinières vers l'extérieur, parce que si ça casse, c'est pour les passants. Combien de poids je peux avoir sur mon balcon ? Parce que c'est quand même beaucoup de poids de la terre. Donc ça, c'est important de se renseigner, et c'est particulier au balcon. Par contre, on peut cultiver énormément de choses en pot, même des choses peut-être auxquelles on ne penserait pas, comme des pommes de terre. des pommes de terre en pot, dans des gros pots. Et en fait, à partir du moment où on a des pots qui font environ 30 cm de profondeur, la plupart des légumes peuvent totalement s'y plaire. Et après, ce qui peut être super chouette, c'est de penser vraiment en dehors du pot, créer de la hauteur, mettre des tuteurs, des échelles. On peut faire s'enrouler autour de son balcon, par exemple, des plants de concombre ou même des kiwis, des courges, des choses comme ça. On peut faire des choses absolument folles. Donc aller chercher différents niveaux de production et sortir un peu juste du pot. Et après, si on a même des pots qui sont plus petits, c'est pas grave. Il y a aussi des choses qu'on peut cultiver. Des radis très simples, des salades, des aromates, des tomates cerises. Les légumes qu'on ne peut pas cultiver, c'est des légumes qui vont vraiment avoir besoin de beaucoup de profondeur. Mais franchement, il y en a assez peu. Je pense à l'artichaut. Mais bon, si tu as un potager de balcon, je ne suis pas sûre que ce soit ton premier choix.
- Speaker #0
Je ne suis pas sûre non plus. Il y a peut-être des fans d'artichauts, mais en effet, en général, on pense plutôt aux tomates, aux radis ou ce genre de choses. Les fraises.
- Speaker #1
Les fraises. Mais pareil, les fraises dans des tout petits pots, ça fonctionne hyper bien.
- Speaker #0
Et justement, donc là, on a un peu parlé du sol, de l'emplacement et tout ça. C'est quoi les choses par lesquelles c'est le plus simple de commencer ?
- Speaker #1
Je dirais les radis. En 28 jours, tu as ton truc. C'est trop bien. En première expérience, c'est hyper satisfaisant parce que tu n'as pas à attendre longtemps. Alors que si tu sèmes ta première graine de tomate, il faut savoir que ça va quand même prendre 3-4 mois pour avoir ton premier fruit. Les salades, en plus les salades c'est super parce qu'une fois qu'elles sont suffisamment grandes, on les coupe, on les arrache pas, et du coup elles repoussent encore et encore, donc on peut les cultiver pendant des semaines voire des mois. Les blettes, alors ça fait pas rêver mais c'est très simple à faire pousser, puis ça dure 2 ans. Les aromates comme du persil, de la ciboulette, très très simple. Voilà, je dirais que c'est parmi les plus simples.
- Speaker #0
Est-ce qu'au contraire, il y en a dans l'imaginaire des gens qui sont assez simples à cultiver et qui au contraire ne le sont pas vraiment ?
- Speaker #1
Alors, je pense à la carotte. Et là, si je suis parfaitement honnête, je pense que je n'ai jamais réussi à avoir des carottes qui ressemblent vraiment à des belles carottes. C'est très compliqué, il faut des sols qui sont très spécifiques. Ça dure une éternité de faire pousser des carottes. Et aussi, on n'y pense pas forcément, mais en fait, les tomates. Pas forcément dans la culture, mais en fait, dans le fait que c'est tellement fragile, les tomates. Ça chope. les premières maladies qui arrivent et les premiers ravageurs. Donc, c'est assez complexe de les emmener jusqu'au bout de la saison. Il faut vraiment prendre soin. Il faut idéalement les renforcer, leur apporter un peu plus de matière organique ou de fertilisant entièrement naturel. Par contre, ce qui est... sûr à 100%, c'est que ça vaut toujours le coup. C'est très spécial de cultiver quelque chose et d'en récupérer littéralement les fruits. C'est exceptionnel. C'est des goûts qui sont complètement différents et c'est en fait un rapport à la nourriture et une fierté qui ne cesse de m'impressionner d'année en année.
- Speaker #0
En général, quand les personnes commencent à vouloir mettre un peu la main au potager, J'ai l'impression qu'on commence beaucoup par les herbes aromatiques. Est-ce que tu as un peu des astuces sur la culture et peut-être pour aussi les avoir toute l'année, si c'est possible ?
- Speaker #1
Je dirais qu'en fait, c'est comme tout légume, ce n'est pas les herbes aromatiques. Certaines herbes aromatiques ont des besoins spécifiques par rapport à d'autres. Certaines adorent les climats méditerranéens secs, donc il faut très peu les arroser. Je pense... au romarin, au thym, à la lavande, à la sarriette. Et d'autres aiment beaucoup l'humidité ou aiment un peu moins le soleil. Je pense au basilic, par exemple, qui lui apprécie plus la mi-ombre au final, alors qu'on le met toujours en plein. en plein soleil. Pareil, la ciboulette, c'est pas des choses qu'on va mettre en plein soleil. Et après, il y en a qui aiment à la fois être les pieds dans l'eau et être très au soleil. Je pense à la menthe, au basilic thaï. Donc il faut comprendre que les herbes aromatiques, c'est pas un tout et il faut vraiment bien se renseigner sur les besoins spécifiques des herbes aromatiques. Ce qui est sûr, c'est que la plupart n'ont pas du tout besoin de sols très riches. Elles sont pas du tout compliquées. au contraire. Et après pour en avoir toute l'année, il y a deux choses planter une diversité d'herbes aromatiques parce que par exemple le romarin, le thym, vous pouvez en avoir tout l'hiver Mais aussi, pendant la belle saison, on peut les couper, on peut les sécher, on peut même les hacher en petits morceaux, les mettre dans un bac à glaçons avec un peu d'huile et les mettre au congélateur. Et c'est comme ça qu'on étale leur utilisation. Mais en fait, un peu comme quand on a un surplus de tomates et on fait de la sauce tomate avec. Donc voilà, voilà mes conseils.
- Speaker #0
Donc tu nous as un peu parlé du sol, tu nous as parlé aussi de ce qu'on peut cultiver. Maintenant, je te propose qu'on parle un petit peu des outils qui sont nécessaires, puisque pour jardiner correctement, il faut... quand même avoir certains outils. Est-ce qu'il y a des outils indispensables ?
- Speaker #1
Oui, alors je dirais un opinel, tout simplement, pour les récoltes. Un petit couteau, quoi. Un sécateur, une petite pelle, un transplanteur pour faciliter les plantations. Une brouette, un arrosoir et une fourche et une pelle, par exemple. Je pense que c'est vraiment le cœur du besoin. Mais par contre, si t'es sur un balcon, ta petite pelle, ça peut juste être... Une cuillère à soupe ou une fourchette. Ton arrosoir, ça peut être une bouteille d'eau.
- Speaker #0
Ma petite fourche, c'est une fourchette où j'ai replié les pics. Et c'est parfait pour gratter la terre. Pas besoin de plus. Et si on veut aller un peu plus loin, est-ce qu'il y a des outils qui sont performants et utiles que tu conseilles ?
- Speaker #1
Je pense qu'il vaut mieux rester vraiment sur des outils qui sont très simples. Le jardinage, ce n'est pas quelque chose qu'on vient d'inventer. On a toujours cultivé la terre. depuis des milliers d'années maintenant. Et au final, on retourne toujours aux mêmes outils. Par contre, il peut y avoir des outils qui facilitent un petit peu la vie. Et parmi ces choses-là, je pense notamment au système d'arrosage automatique. Des gouttes à gouttes, par exemple, particulièrement si tu pars en vacances, et que tu n'as pas envie que tout ton travail meure par manque de pluie ou d'arrosage. Ça peut être vraiment chouette d'avoir ça. Sinon, tout ce qu'on nous vend... de technologiques ou de très complexes, pour moi, c'est du gadget. Et on n'a pas du tout besoin de choses qui sont coûteuses.
- Speaker #0
Et en parlant de gadget, on entend souvent qu'il faut acheter tel ou tel truc, alors que là, on le disait, une fourchette suffit, surtout quand on a un balcon. Est-ce que tu as un peu d'autres conseils comme ça sur des trucs qu'on peut récupérer pour en faire des outils ?
- Speaker #1
Alors, pour en faire des outils, je ne sais pas trop. Par contre, tout ce qu'on peut trouver dans des recycleries ou même parfois dans la nature, je pense à des bambous. Des bambous, ça peut faire une petite échelle ou un tuteur sur ton balcon. Dans des recycleries, il y a toujours des choses un petit peu extraordinaires, je trouve. J'avais trouvé une espèce d'ancienne roue en bois qui est devenue un tuteur, qui ensuite est devenue un lieu où je cultive des aromates.
- Speaker #0
Tu vois,
- Speaker #1
chaque triangle de la roue est devenu une zone d'aromates. J'ai même récupéré une roue de moulin il y a quelques années, que j'ai transformée aussi en lieu de culture. Je pense qu'avec de l'imagination, on peut... peut réutiliser des choses un petit peu insolites et faire des jardins qui sont magnifiques et très spéciaux en plus. Pour moi, la permaculture, le jardinage, ça ne devrait pas être réservé à des personnes qui ont de l'argent parce qu'en fait, ce n'est pas quelque chose qui est coûteux.
- Speaker #0
Et ça tombe bien, tu me reparles de permaculture, tu en as parlé un petit peu au début. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu ce que c'est la permaculture ?
- Speaker #1
Avec plaisir, c'est mon sujet préféré. En fait, la permaculture, c'est... à la fois une méthode et une philosophie, dont le but est de nous aider à créer des projets durables. Et en fait, par durables, on entend des projets qui sont capables de répondre aux besoins de ceux qui les créent, en régénérant les sols, en améliorant la qualité de l'air, en tout cas en ayant un impact positif, et le tout avec le moins d'énergie possible, qu'elle soit fossile, électrique ou humaine. Donc, en une seule phrase... La permaculture, c'est comment est-ce que je peux cultiver le plus possible, récolter le plus possible, avec le moins d'efforts possible, en étant le plus fainéant possible, tout en améliorant la nature. Et quand je dis améliorant la nature, je veux dire laisser la nature tranquille et l'aider à se régénérer, parce que c'est nous qui l'avons dégradée. Et en fait, pour répondre à ça, on s'inspire de ce que fait la nature, puisque les forêts sont les milieux les plus productifs au monde, et pourtant... Il n'y a personne qui les arrose, on ne met pas de fertilisant, on ne met pas de fongicide, de pesticide, de tout icide. Il n'y a personne qui s'en occupe et pourtant, voilà, c'est les milieux les plus productifs au monde. Donc on va en permaculture. culture, observer la nature et se dire comment je peux reproduire ce que la nature fait dans mon jardin. C'est vraiment juste ça, se mettre en position d'observateur de la nature et essayer de s'en inspirer pour cultiver le plus possible avec le moins d'efforts possible.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as des exemples justement de comment on peut améliorer naturellement la fertilité d'un sol ?
- Speaker #1
En fait, la réponse est toujours dans la matière organique. La matière organique, c'est la matière naturelle. C'est les feuilles mortes, c'est les branches, c'est la tonte de pelouse, c'est le fumier du voisin, le fumier des poules, c'est toute la matière naturelle, on va venir la mettre sur le sol. En fait, ce qui se passe, c'est que quand on fait ça, on donne... le gîte et le couvert à toute une biodiversité qui se trouve dans le sol.
- Speaker #0
Et est-ce que concernant l'eau, il y a quelques techniques, puisqu'on entend souvent que le potager demande énormément d'eau, et c'est vrai sur certains fruits et légumes. On sait aussi qu'il y a de plus en plus de restrictions de l'eau l'été. Donc est-ce qu'il y a un peu des techniques pour... préserver l'eau qui est dans les sols et est-ce que tu peux nous les donner ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Je pense à trois choses. Déjà, le fait de régénérer les sols, comme on vient d'en parler, ça va permettre d'améliorer la rétention d'eau dans le sol. L'eau qui tombe sur le sol va être... être gardée dans le sol, elle ne va pas forcément ruisseler ou s'évaporer. La deuxième chose, c'est de toujours garder le sol couvert, en tout cas un maximum, donc de paillets par exemple. Et la troisième chose, et on n'en parle vraiment pas suffisamment à mon goût, c'est qu'en fait, la nature est extrêmement intelligente et en fait, si on apprend, entre guillemets, à nos plans à survivre et même à grandir de manière très productive dans un environnement où il y a peu d'eau, petit à petit, à force de reproduire les graines, on va créer des espèces qui sont de plus en plus résistantes aux sécheresses. Ça peut être une manière de créer des espèces qui ont besoin de moins d'eau et donc d'arroser moins les plantes pour le même résultat.
- Speaker #0
Et dernier petit point sur ça, même s'il y a énormément de sujets qu'on pourrait évoquer, est-ce que tu peux nous donner les techniques qui... évite les maladies, mais de manière naturelle du coup ?
- Speaker #1
Oui, alors déjà, la santé du sol, j'y retourne, mais c'est vraiment ça, la santé du sol, si tu as un sol en santé, tu auras des plants qui sont plus forts et donc plus résistants aux maladies. Ce que je viens de dire aussi sur la reproduction des plants, c'est aussi le cas pour les maladies, donc récupérer les graines de tes plants qui ont résisté aux maladies, ça permet de créer des variétés qui sont plus résistantes. Autre chose que je peux citer, c'est le fait d'essayer d'avoir de l'air. de la circulation d'air dans le potager, puisqu'en fait, c'est l'accumulation d'humidité qui est vraiment le parfait environnement pour les maladies pour se développer. Et ensuite, il y a des traitements qu'on peut utiliser pour aider les plants à combattre les maladies. En général, on va venir couper les parties des plantes qui sont malades avec un sécataire qui est bien aiguisé et bien nettoyé. Et ensuite, soit on peut traiter, par exemple, avec des purins, mais... d'ortie par exemple, ou de consoude ou de prêle. Et en fait, le plus efficace, c'est encore d'utiliser ces purins pour les arroser. Arroser les plants, ça va venir les fortifier, et c'est comme ça que par eux-mêmes, ils vont se débarrasser de cette maladie, si on a bien coupé toutes les parties qui étaient malades.
- Speaker #0
Depuis tout à l'heure, on parle beaucoup de travail, il y a beaucoup de choses à faire au potager, même si pour beaucoup de personnes, c'est du plaisir, moi la première. Mais il y a aussi un autre... plaisir qui arrive après, on en a un petit peu parlé au début, mais c'est la récolte. À partir de combien de temps on peut espérer avoir une récolte ? Alors je sais que ça va être différent en fonction des fruits et légumes, mais justement est-ce que tu peux nous dire ce qu'on peut récolter rapidement, ce pour lequel il va falloir attendre un petit peu plus ?
- Speaker #1
Ben on y retourne, mais c'est vraiment les radis, 28 jours, les salades, 6 semaines. Et ensuite, les légumes les plus longs, mais ça peut aller jusqu'à neuf mois avec les oignons, l'ail. Mais en général, on estime qu'on sème pour la saison prochaine.
- Speaker #0
Donc là, si des personnes se mettent dès maintenant à mettre des tomates, des radis, des salades sur le balcon ou sur le jardin en fonction de ce qu'ils ont, ils peuvent espérer en manger cet été.
- Speaker #1
Complètement.
- Speaker #0
C'est quoi le fruit ou le légume où il y a vraiment le... Plus de différence en termes de goût entre un produit que tu as cultivé et un produit que tu peux retrouver en supermarché par exemple ?
- Speaker #1
Très facile, c'est la tomate. On a fait le test avec un maraîcher du coin qui m'a fait faire une dégustation à l'aveugle. Et je me suis dit, la honte si je me trompe. Et en fait, la première tomate que j'ai mangée, c'était une tomate de supermarché. J'ai fait, ah là là, j'ai... J'espère que ce n'est pas sa tomate à l'huile parce que sinon, c'est catastrophique. Et effectivement, c'était une tomate de supermarché. Et en fait, il y avait beaucoup d'eau alors que la sienne, il y avait vraiment de la chair. Il y avait vraiment du goût. Ça n'a rien à voir.
- Speaker #0
Tu as d'autres exemples ou pas ? Je m'attendais un peu à la tomate. En effet, il y a pas mal de différences entre celles du jardin et celles du supermarché.
- Speaker #1
Les pastèques, je pense. Qui ont tendance à avoir plus de goût, à être un peu plus sucrés.
- Speaker #0
Moi, je trouve que c'est beaucoup le cas pour la carotte.
- Speaker #1
Ah, ben alors, quand j'aurais fait pousser une carotte digne de ce nom, je pourrais répondre.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai, désolée.
- Speaker #1
Ok, t'as fait pousser des carottes ?
- Speaker #0
Moi non, mais je trouve que les fois où j'ai eu l'occasion d'en manger des cultivés par mon grand-père ou par mon oncle, ça a quand même un goût assez différent. C'est plus sucré et le goût est plus relevé en fait.
- Speaker #1
Après ça peut aussi dépendre de la variété.
- Speaker #0
Évidemment.
- Speaker #1
Mais en fait c'est ça qui est chouette, c'est qu'en fait on a toujours les mêmes variétés au supermarché, alors que là tu peux découvrir des carottes, il y en a... Il y en a peut-être 300 espèces et on en connaît trois. Donc c'est ça que je trouve aussi super, c'est pouvoir cultiver des trucs que tu ne trouverais nulle part ailleurs. Oui,
- Speaker #0
carrément. Je reviens aux ceux qui ont un goût extrêmement différent, les haricots.
- Speaker #1
Les haricots ! Les haricots !
- Speaker #0
J'ai eu un éclair de gêne avec les haricots. C'est quand même assez exceptionnel.
- Speaker #1
Et je les mangerais crus, ceux du jardin. Il ne faut pas le faire idéalement, mais je les mangerais crus. Je pense que la différence, même si elle n'est pas dans le goût, il n'y a rien de plus exceptionnel. même en termes nutritifs, que d'avoir de la nourriture vivante. On n'a pas cette capacité-là dans le supermarché, d'avoir une nourriture qui, vraiment, est encore vivante, dans laquelle les nutriments sont encore hyper riches. Et là, le fait de pouvoir être dans ton jardin, de croquer la fraise que tu viens de cueillir, couper une laitue et aller la manger une demi-heure plus tard, d'un point de vue nutritif, en plus du point de vue gustatif quand même, je trouve ça exceptionnel.
- Speaker #0
Non mais tout est mieux, même équeuter les haricots quand c'est les nôtres.
- Speaker #1
C'est pas grave.
- Speaker #0
Ouais. Et d'ailleurs, on parle de tous ces fruits et légumes qui sont meilleurs quand on les cultive. Est-ce que toi, t'as un fruit ou légume un peu chouchou ?
- Speaker #1
Oh, c'est hyper dur.
- Speaker #0
Allez, t'as le droit à un top 3.
- Speaker #1
Pastèque, melon, les concombres peut-être aussi. Pastèque, melon, concombre.
- Speaker #0
Je vois que le choix était assez difficile pour toi. Je suis pas sûre que les 5... questions qui arrivent vont te plaire, puisque comme pour tous les autres invités, on arrive au moment fatidique où je vais te poser cinq petites questions. L'idée, c'est que tu me répondes un peu du tac au tac.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Est-ce que tu es prête ?
- Speaker #1
Je sais pas. Ouais, vas-y.
- Speaker #0
Ça va bien se passer. Quelle est la recette que l'on peut voir le plus souvent à ta table ?
- Speaker #1
Des salades composées.
- Speaker #0
Si tu reçois une dizaine d'invités à table avec des régimes assez différents, quel plat tu cuisines pour mettre tout le monde d'accord ?
- Speaker #1
Des carbonaras végétales.
- Speaker #0
En fait, t'es super forte à ce jeu. Si je t'invite pour le goûter, qu'est-ce que je dois mettre sur la table pour être sûre que tu viennes ?
- Speaker #1
Du thé.
- Speaker #0
Et rien à manger ?
- Speaker #1
Ou une glace vegan. Ouais, là, tu m'as.
- Speaker #0
Lorsque tu organises un apéritif dînatoire, qu'est-ce qu'on peut grignoter à ta table ?
- Speaker #1
Du houmous. Des crudités, des olives, du houmous et encore un peu de houmous.
- Speaker #0
Je crois qu'il est sorti à chaque fois le 11.
- Speaker #1
Avec plein d'ail.
- Speaker #0
Et pour finir, si tu n'avais aucune contrainte, à quelle table rêverais-tu de manger ?
- Speaker #1
En fait, ça pourrait juste être un rêve qui pourrait arriver. Ce serait une très grande table en bois sur la plage avec mes copains, ma famille et ma grand-mère que je n'ai jamais connue. Et là, ce serait incroyable.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'on retrouve sur la table ? Les légumes de son jardin.
- Speaker #1
Les légumes du jardin, complètement. Et du houmous.
- Speaker #0
Et du houmous. Toujours ce houmous. Merci beaucoup Julie pour cet échange qui, je pense, tombe à pic pour toutes les personnes qui sont en train de nous écouter. Avant de clôturer le podcast, je te laisse une dernière fois la parole si tu veux ajouter quelque chose.
- Speaker #1
Moi, la fin, ça serait de se lancer justement. Parce qu'en fait, on peut réfléchir. Pendant très longtemps à ce qu'on va faire au potager, mais en fait le meilleur moyen de commencer, c'est juste de commencer. Et on apprend en faisant beaucoup plus qu'on peut apprendre dans des livres ou sur Instagram. Et sinon, s'ils ont besoin d'aide, bien sûr, ils peuvent aussi me retrouver sur Instagram et je pourrai répondre à leurs questions.
- Speaker #0
Et c'est sur ce précieux conseil que nous allons nous quitter. J'espère que vous avez pris plein de notes et que vous êtes prêts à faire de votre potager le plus beau du quartier. De notre côté, on se retrouve le mois prochain pour un nouvel épisode, alors abonnez-vous, et d'ici là, prenez soin de votre jardin. A très bientôt !