Speaker #0Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mizzono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute ! Salut salut ! On se retrouve aujourd'hui dans la question du lundi pour un épisode un peu particulier où au lieu de partir d'une question comme je le fais d'habitude pour cet épisode du lundi, j'ai envie de partir d'un constat et j'ai envie de vous parler d'un sujet. qui est usant, fatigant, mais écrasant aussi à la fois, enfin je ne sais même pas trop comment le dire, qui est le privilège de la minceur qui rejoint la grossophobie internalisée à un point complètement dingue. Et je vais vous expliquer, en fait, j'ai une collègue, je la considère comme une collègue, Alizé, qui fait d'ailleurs, qui a un podcast aussi et qui crée du super contenu sur Instagram. qui a eu la super bonne idée de créer un abrège grossophobie. Du coup, elle a fait une première vidéo qui démontre bien un exemple de grossophobie, où en fait, on voit une femme dans la vidéo qui dit « Bon ben voilà, moi je dois attendre mon avion pendant 6 heures au lieu de rester assise à rien faire, et ben voilà, ça fait 2 heures que je marche. » C'est quand même pas compliqué. Je veux bien qu'on me dise que l'obésité, c'est multifactoriel, mais enfin quand même, globalement, à un moment donné, faut moins manger, faut marcher plus. Enfin voilà. C'était un très bel exemple, j'ai trouvé, pour faire une vidéo à Breche Grossophobie, parce qu'en fait, elle parle pendant je sais pas combien de temps autour de son truc. C'est un peu le truc « je suis pas grossophobe » , mais vous voyez, le truc presque, on s'attendait à ce qu'elle dise « je suis pas grossophobe, j'ai un ami gros » , quoi, franchement. Et donc, Alizé, à juste titre... reprend cette vidéo en disant attention, c'est ultra grossophobe, elle explique différentes choses. Bon, sa vidéo a bien marché et c'est cool, sauf que le revers de ça, c'est les commentaires qu'elle se prend en fait. Et notamment, énormément de commentaires, j'ai vu ça en fait ce matin et c'est pour ça que je me suis dit tiens, moi je vais en faire mon épisode du lundi. Énormément de gens qui viennent la voir en lui disant non mais attends, tu fais combien de sport par semaine et c'est quoi tes apports caloriques chaque jour ? Non mais attends, tu t'es vu, plein de commentaires ultra... méchant, enfin je veux dire, ça fait peut-être un peu enfantin de dire méchant, mais je veux dire, on est dans de la méchanceté pure. Pas mal de body shaming en fait, où elle se fait attaquer sur son physique parce qu'elle ne rentre pas dans la catégorie mince, parce qu'elle ne fait pas un fameux 36. Et donc du coup, on est face au fait que, aujourd'hui sur les réseaux, si tu débarques et que tu parles de rapport à l'alimentation, de rapport au corps, et que tu n'es pas mince, alors tu n'as aucune légitimité. Est-ce qu'on peut s'arrêter deux minutes là-dessus ? Est-ce qu'on peut voir à quel point ça veut dire qu'on considère que chaque être humain naît pour devenir mince ? C'est ça notre état d'esprit, c'est ce qu'on pense. On pense que chaque être humain est nécessairement mince et qu'une personne qui serait au-dessus de cette norme-là, c'est juste quelqu'un qui a dévié de sa trajectoire normale, c'est juste quelqu'un qui fait n'importe quoi avec la bouffe, et c'est juste quelqu'un qui ne bouge pas assez. Est-ce qu'on peut regarder ce mode de pensée pour ce qu'il est ? C'est-à-dire un mode de pensée complètement simpliste et qui passe à côté de la réalité et de tout un tas de facteurs. C'est-à-dire qu'on sait aujourd'hui par exemple que le poids est à 67% relié à la génétique. Et ensuite vous allez avoir plein d'autres facteurs. Alors effectivement il va y avoir l'alimentation. effectivement, il va y avoir le mode de vie, s'il est sédentaire ou non. Mais il va y avoir aussi énormément de choses. Il va y avoir les maladies, il va y avoir les traumatismes, il va y avoir l'environnement dans lequel on travaille, il va y avoir notre situation socio-économique. Il va y avoir tellement de choses qui vont venir définir notre poids, notre corps. Et puis en fait, tout ce système qui nous fait croire qu'on est fait pour être mince à la base, c'est ça qui crée du surpoids. poids, de l'obésité. C'est ça qui crée, en fait, le problème. Ce qu'on nous vend comme la solution... est en fait ce qui crée le problème. Et c'est ça le problème, parce qu'en fait, c'est du trouble alimentaire à tour de bras. C'est des personnes qui, à la base, étaient un peu au-dessus des courbes, et à qui on a dit qu'il fallait qu'elles maigrissent, qu'on a mis au régime depuis l'enfance, et qui en fait n'ont aucune idée de comment elles devraient manger. Des gens qui sont complètement déconnectés de leurs signaux, des gens qui n'ont aucune confiance en leur corps, et des gens qui ont tout le temps l'impression d'être moins bien qu'eux, pas assez. et qui passent leur vie à essayer de se contrôler et à échouer de se contrôler et à se taper des compulsions et à finalement prendre du poids. En fait, c'est révoltant. Moi, ça me fout complètement en l'air. Et en fait, le privilège mince fait que si tu t'affiches sur les réseaux à l'inverse et que tu es mince, tu vas pouvoir venir raconter tout ce que tu veux. Bah oui, on va t'apporter du crédit parce que tu es mince, donc tu fais forcément ce qu'il faut. Mais en fait, tu peux être mince... Et ne pas du tout prendre soin de ta santé. Tu peux être mince et ne pas du tout manger. Elle si, je mets des guillemets, je fais le signe avec les doigts, mais bon, c'est un podcast. En fait, ça n'a aucun sens. Et ça, c'est quelque chose, moi, que j'ai posé, c'est une question que j'ai posée aux personnes avec qui je travaille, avec certaines personnes avec qui je travaille, des personnes qui m'ont choisi pour être suivie, où je leur demandais de se questionner sur le fait de... Est-ce qu'elle serait venue travailler avec moi si j'avais été en surpoids ou en obésité ? Et c'est important de se poser cette question-là et d'être honnête avec la réponse qu'on va formuler. Parce qu'en fait, c'est hyper important d'aller déconstruire tous ces biais grossophobes, tout comme on va déconstruire des biais sexistes, tout comme on va déconstruire des biais racistes. Il faut aller se poser ces questions-là. Tous ces gens qui attaquent Alizé... sous son rile, se défendent d'être grossophobes. D'ailleurs, certains disent que la grossophobie n'existe pas. Pour eux, ça n'existe pas. Ils en sont la preuve vivante incarnée, mais pour eux, ça n'existe pas. J'avais fait un post à une époque là-dessus sur le privilège de la minceur. Il date vachement, donc n'essayez pas d'aller le retrouver sur Instagram, vous allez vous perdre dans les méandres de mes vieux posts Instagram. Mais en gros, j'illustrais ça avec des photos. Ou des photos de moi en train de manger une salade, puis des photos où je suis en train de manger une pizza. Et où comme je suis dans un corps normé, en fait ce qu'on va se dire en me voyant manger une salade, c'est que c'est chouette parce que je fais attention à ce que je mange et que c'est grâce à ça d'ailleurs que je suis mince. Et puis si on me voit manger une pizza, on va se dire, ouais c'est cool, il faut qu'elle se fasse plaisir. Certains iront même jusqu'à dire, tu peux. « T'es mince » , je pense que c'est parmi les phrases que je déteste le plus. Et après, j'invitais les gens à s'imaginer que j'étais une personne grosse, et à voir les mêmes photos. On me voit manger une salade, ah bah c'est bien, elle mange une salade, elle va peut-être enfin perdre du poids. Et puis, si on me voit manger une pizza, et que je suis une personne grosse, qu'est-ce qu'on va se dire ? Ah bah d'accord, tu m'étonnes qu'elle soit grosse, regarde, elle n'est pas foutue de manger correctement. Donc en fait... Il y a tout un imaginaire autour de ça. Et d'ailleurs, les personnes qui sont dans des corps gros, elles-mêmes se construisent ces phrases-là dans leur tête. Le nombre de personnes grosses qui n'osent pas manger en public un burger, une pizza, qui n'osent même pas les mettre dans leur caddie s'il y a quelqu'un dans le rayon du supermarché. Je veux dire, il faut le savoir tout ça. Il faut l'imaginer, il faut en avoir conscience. Bon sang, franchement, est-ce que c'est normal ça ? Que ces personnes-là ne s'autorisent pas à vivre juste normalement. Ou les buffets à volonté, le nombre de personnes qui m'ont dit « Mais moi, je ne vais pas me resservir parce que j'ai trop peur que les gens se disent « Bah regarde, ça y est, l'agro, ça va se resservir. » En fait, ça demande un taf énorme d'aller se libérer de ça, d'aller s'autoriser la liberté, en fait. Et peu importe si les gens autour de nous ont des biagrossophobes et se racontent ces trucs-là dans leur tête. Je veux dire... Moi, je trouve que tout ça, c'est hyper violent et en fait, c'est complètement révoltant. Et voilà, cet épisode, il a un peu ni queue ni tête, je suis désolée. En fait, c'est un peu un épisode révolte. J'ai envie de, par cet épisode, j'ai envie de vous inviter à continuer de vous questionner sur vos biais grossophobes. J'ai envie peut-être d'ouvrir les yeux à des personnes qui seraient loin d'imaginer ce qui se passe pour les personnes qui vivent dans des corps gros. Et j'ai envie d'apporter mon soutien. aux personnes qui vivent dans des corps gros. D'ailleurs, il y a longtemps que j'ai fait un épisode de ce type avec des personnes qui viendraient témoigner, que ce soit des professionnels ou des personnes qui vivent ça. Je pense que je vais refaire un épisode vraiment dédié à la grossophobie aussi pour visibiliser ça, parce que juste, c'est terrible. Et pour revenir à ces histoires de biagrossophobes, vraiment, posez-vous la question. Observez-vous. Regardez-vous penser, quoi, finalement. Quand vous voyez des personnes minces, quand vous voyez des personnes grosses, qu'est-ce que vous vous dites selon ce que ces personnes sont en train de manger ? Est-ce que vous avez le même discours interne si c'est une personne mince ou si c'est une personne grosse quand elle mange, quand elle fait du sport, quand elle s'habille avec une jupe courte ? Qu'est-ce que vous vous dites ? Et allez travailler là-dessus. C'est vraiment super important. Et puis, il y a peu de chance, mais si jamais un ou une grossophobe de l'extrême tombe sur mon épisode de podcast, un ou une grossophobe qui a été commentée sous le rile d'Alizé et qui est bloquée dans son idée qu'on est gros parce qu'on mange trop, on ne bouge pas assez et qu'on manque de volonté, en fait, vous êtes complètement à côté de la plaque. Il est temps de déconstruire ça. J'ai envie de vous dire une chose, ça va peut-être vous paraître violent la comparaison, Moi, j'aime bien comparer la grossophobie avec le racisme. Malheureusement, il y a encore énormément de racisme, mais il y a quand même un certain nombre de choses qui ont été déconstruites et qui nous semblent choquantes aujourd'hui. Bon, quand vous vous dites qu'une personne grosse, c'est forcément quelqu'un qui a moins de valeur, qui manque de volonté, qui est plus mou, etc., rappelez-vous qu'il n'y a pas si longtemps, quand on regardait une personne racisée... Une personne à la peau noire, on se disait que c'était quelqu'un nécessairement de moins intelligent, qu'il avait moins de culture. On allait jusqu'à en faire des esclaves de ces personnes-là, parce qu'on partait du principe qu'il y avait moins de valeur. En fait, tout ça, c'était normal dans la tête de plein de gens à une époque comme aujourd'hui. Pour vous, c'est normal qu'une personne grosse, c'est sûr, c'est juste parce qu'elle mange trop et elle bouge moins. Donc, ouvrez-vous au fait que les choses ne sont pas si simples que ça. rappelez-vous aussi qu'il n'y a pas si longtemps les femmes n'avaient pas le droit de vote parce qu'elles étaient considérées comme incapables de prendre de telles décisions elles n'avaient même pas de compte bancaire à elles et elles n'avaient pas le droit de travailler parce qu'elles étaient considérées comme un peu des sous-humains bon voilà, on a réussi à évoluer, il y a encore plein de chemin à faire sur le sexisme et sur le racisme mais sur la grossophobie, là on n'en est qu'au début, donc éduquez-vous Merci. ouvrez les yeux, les choses sont toujours toujours toujours plus compliquées qu'elles n'y paraissent et s'il vous plaît, quand vous avez des biais comme ça, un peu merdiques, gardez-les pour vous et allez travailler. C'est à vous de travailler sur vous, c'est pas aux gens de subir vos réflexions en fait. Voilà et je renouvelle tout mon soutien à vous toutes et tous qui êtes dans des corps non normés, à vous toutes et tous qui êtes bloqués dans des troubles des conduites alimentaires. Soutien, force, et prenez soin de vous autant que possible. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. 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