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TCA etc - Comprendre et lutter contre les troubles alimentaires

Le Corps, le Deuil, et la Vérité : Marine Témoigne de sa Guérison E.147

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1h15 |11/07/2025
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Description


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Petite fille « ronde » ou « bien en chair » comme le disait sa famille, Marine a très vite voulu perdre du poids et a testé des régimes dès la pré-adolescence.
Les restrictions et le sport prennent vite tout la place.

Son envie de devenir maman et l’aménorrhée hypothalamique créent un premier stop.
Mais l’épreuve du deuil périnatal la fait replonger dans l’anorexie, comme une béquille pour survivre.

Cette douloureuse période de deuil lui a permis d’engager un vrai travail de guérison de ses troubles alimentaires.

Durant ce travail psychothérapeutique, Marine vit une levée d’amnésie : les souvenirs de l’inceste vécue dans l’enfance refont surface. 


Il s’agit d’un témoignage puissant et inspirant, un immense merci à toi Marine pour oser lever le voile sur ces tabous!


Vous pouvez également lire son livre « Les larmes de mon corps », dispo un peu partout! 


Épisode cité : Trauma et TCA, Lydie psychologue spécialisée décrypte les liens, les mécanismes et les outils de prise en charge - E.69



Au programme : 


Présentation de Marine

Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Les premiers régimes dans l’adolescence 

L’addiction au sport

Ce qui l’a stoppée
TW Deuil périnatal
Guérison et levée d’amnésie traumatique 

Mention de violences sexuelles (inceste)

Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle 

Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison 


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marine, ravie de t'accueillir dans le podcast. Je suis bien contente de discuter avec toi, parce que je pressens que ça va être très très riche. D'ailleurs, on va essayer de ne pas parler pendant une heure et demie, deux heures, et d'essayer de rester autour d'une heure, mais... Je pressens qu'il va y avoir beaucoup de choses à dire puisqu'on a peu échangé, mais on a échangé un peu par message sur Insta. Et du coup, tu viens ici pour parler des troubles alimentaires parce que c'est mon sujet de prédilection. Mais je le sais, tu le sais et les gens concernés qui nous écoutent le savent très bien. Il y a toujours plein d'autres sujets autour des troubles alimentaires et donc toi, tu as plein d'autres sujets. à aborder. Mais avant d'aller plus loin, je te propose de te présenter de la manière dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine, j'ai 33 ans, je suis aujourd'hui maman d'une petite maman, je suis pâtissière de reconversion et oui... Pour faire écho au sujet qu'on va aborder, j'ai été atteinte d'anorexie pendant 10-12 ans, je dirais. Ça m'a suivi 10-12 ans, mais je peux dire aujourd'hui que j'en suis totalement... libéré, c'est plus mon fardeau mais ça reste peut-être une blessure qui peut se réouvrir à tout moment, ça j'en suis certaine ça peut être ma faiblesse j'ai déjà connu des rechutes à une époque à certaines périodes de ma vie où en fait j'étais en deuil ou quoi que ce soit où j'ai pu je me suis remis dans les TCA en fait en sorte Merci. quasi en béquille à ce moment-là. En fait, j'ai bien vu que c'était finalement une soupape. Ça pouvait peut-être me sauver la vie, mais j'avais conscience qu'il ne fallait pas que je fonce tête baissée. Donc aujourd'hui, je suis autre chose que l'anorexie, ce qui n'a pas été le cas pendant pas mal d'années.

  • Speaker #0

    C'est intéressant déjà ce que tu dis, parce que dans ta façon de formuler les choses, j'ai l'impression que dans... Les rechutes dont tu parles, tu y allais en conscience ?

  • Speaker #1

    Oui. Ok. Oui, parce que je pense, je ne sais même pas, en fait, sans ça, je pense que, comme je dis, c'était une béquille, parce qu'il y a une époque, surtout, on en parlera peut-être plus tard, à un moment donné, j'ai perdu mes enfants, et donc à l'accouchement, et je sais très bien que pourtant, à ce moment-là, ça allait beaucoup mieux, et j'ai rechuté comme telle... Quel loup ! Comme si c'était l'anorexie et le contrôle de mon corps, de mon alimentation, faisait que c'était la seule façon pour moi de passer le cap.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Un moyen de survie.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais seulement par contre à la différence de cette grande période d'anorexie où finalement je ne l'avais pas conscientisé. À ce moment-là, par contre, je savais indirectement que je rechutais et j'en avais conscience. Donc, en étant aidée, j'ai tout de suite réussi à prendre de la distance.

  • Speaker #0

    OK. Et le moment où tu étais dedans, le moment de cette rechute, tu avais conscience aussi de cette béquille. Tu avais conscience du besoin. Tu as l'impression que même au moment où tu le vivais, tu te disais, « Ouais, OK, là, j'ai sans doute besoin de ça pour traverser cette période. Cependant, je vois bien que je rechute et je sais bien jusqu'où ça pourrait me mener. Donc, OK, je vais demander de l'aide. »

  • Speaker #1

    Oui, c'était totalement ça, en fait. Totalement. Parce qu'en fait, je ne savais pas... C'est vrai que parfois, quand on est dans le deuil ou dans la dépression, on va dire, quand on a la tête sous l'eau, il faut trouver finalement quelque chose à quoi se raccrocher. Il y en a qui vont avoir d'autres addictions. Clairement, il y avait ça. Et puis, il y a aussi, j'avais une addiction au sport depuis toute petite. Donc, il y avait le sport aussi qui jouait là-dessus et l'hyper contrôle. On va dire que l'anorexie se jouait surtout dans l'hyper-contrôle, contrôle de mon corps, contrôle des agissements que je faisais pour gérer la culpabilité, gérer tout ça.

  • Speaker #0

    Ok, c'est cool. Tu mets déjà un pied dans l'enfance. Tu dis depuis toute petite que tu avais une addiction au sport. J'aime bien commencer le podcast justement en proposant aux personnes que je reçois de faire un petit détour par l'enfance. d'essayer de se souvenir à quoi ressemblait le rapport au corps et à l'alimentation dans l'enfance. Qu'est-ce qui te revient, toi, quand tu te poses cette question ?

  • Speaker #1

    Alors moi, bizarrement, j'ai vécu dans une famille super aimante, on va dire, on ne peut pas un moment, et un grand frère, tout allait bien. Disons qu'une petite fille pleine de vie et très, très gourmande, pas de prise de tête sur le poids. Disons que j'étais en surpoids. pas un gros surpoids, mais comme dirait les anciens bien en chair, mais des petites remarques. Moi qui faisais écho parce que j'avais par contre une hypersensibilité. L'hypersensibilité qui allait au point que moi je ne pouvais pas, je pleurais à chaque fois que ma maman me laissait quelque part. C'était une profonde hypersensibilité. Donc en fait, tous les mots avaient un sens et à force de les entendre, ne serait-ce que des petites taquineries qui ne sont pas grandes, mais qui ne sont pas énormes, mais moi qui étais en fait quelque chose de très désobligeant, a fait qu'au fur et à mesure, je me suis sentie grosse. Et c'est là où j'ai commencé à me dire, ça a commencé mon rapport au corps et à la nourriture, ça a commencé par les régimes. Je me suis dit, j'ai déjà demandé à ma maman dès 14 ans... 13-14 ans, de faire mes premiers régimes parce que je voyais que je plaisais pas aux garçons comme peut-être mes copines pouvaient plaire aux garçons, parce que j'avais un léger bourrelet qui pouvait indisposer mon grand-père, par exemple, des petits trucs pendant les repas de famille ou parce que je prenais deux fois du dessert. Des choses qui sont somme toute anodines, mais moi, pour le coup, quand on est enfant et on est vraiment dans cette hypersensibilité-là, ça fait un énorme...

  • Speaker #0

    quel regard tu portes adulte sur ces réflexions que tu qualifies d'anodines ces réflexions que tu avais parce que tu viens de parler d'un bourrelet qui indisposait ton grand-père oui voilà en fait c'est que je

  • Speaker #1

    dirais que moi en fait fallait que je réponde à des normes je pense quand j'étais petite il fallait vraiment que je corresponde à Une petite fille, je voulais être la perfection aussi. Il y a cette idée d'être de plaire à tout le monde. J'entendais mon grand-père, par exemple, si j'étais la plus grosse de ces petites filles. C'était des petites réflexions comme ça qui me déplaisaient. C'était, en somme, je ne pense pas que c'était méchant, mais c'était plutôt moquant. C'était de la moquerie, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais quel regard tu poses, adulte, là-dessus ?

  • Speaker #1

    C'est ridicule, c'est méchant et ridicule. En fait, c'est bête et méchant.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Parce qu'en fait, tu pointes du doigt ton hypersensibilité là où moi je me dis, c'est pas normal, à mon sens, de dire ça aux enfants. Et je dis pas, malheureusement, ça existe dans la majorité des familles, encore plus des personnes, j'allais dire de notre génération, je sais pas quel âge t'as, potentiellement t'es peut-être un peu plus jeune que moi, je sais pas, mais je pense qu'on est dans les mêmes âges. Et donc, dans nos parents, grands-parents, on parle aussi d'un fonctionnement un peu différent. Donc, l'idée, ce n'est pas d'accabler, d'acculer ces gens-là, mais je me dis, en fait, c'est comme si tu portais la responsabilité encore à ce moment-là de te dire, ouais, mais parce que j'étais hypersensible. En fait, je trouve que de toute façon, c'est un truc qui abîme énormément de petites filles. En fait, c'est quand même hyper fréquent.

  • Speaker #1

    Je ne dis pas que c'est parce que, mais je pense que mon hypersensibilité a joué sur l'importance de ces critiques. Parce que certes, ça peut être blessant, mais je sais très bien que certains des amis ou quoi que ce soit, elles auraient pu être impactées là-dessus. Peut-être que ça aurait moins eu de valeur.

  • Speaker #0

    C'est là où je ne suis pas complètement d'accord avec toi. Moi, je pense que l'immense majorité, je ne vais pas dire toutes, mais l'immense majorité des petites filles que tu mets dans un milieu où tu sens qu'il y a une grande importance sur le corps, où tu sens que tu dois répondre à des injonctions et qu'il y a une notion de valeur un peu, en tout cas, c'est comme ça que ça peut être compris, tu sais, tu es la plus grosse de mes petites filles. Moi, je pense que ça impacterait de la même manière la majorité des personnes. Et les femmes qui, à l'âge adulte, sont peut-être moins... tracassés par leur apparence ou sensibles à la critique sont, je pense, des personnes qui ont eu peu ou pas de réflexion sur leur apparence dans l'enfance, tu vois. Et qui ont pu construire quelque chose de tranquille, d'un espèce de truc, de toute façon, je reçois de l'amour inconditionnel. Enfin, tu vois, on m'aime comme je suis. Il n'y a pas de truc qui est pointé de défaut, entre guillemets, dans l'apparence, là où quand on est une enfant... Je m'inclus dans le truc, j'ai vécu des choses similaires où en fait, je trouve que ça amène aussi à développer ce côté de petite fille parfaite que tu disais à très juste titre. Genre, bon, ok, il faut que je réponde à des trucs pour être aimée.

  • Speaker #1

    Oui, il faut que je sois aimée. C'était, oui, le constat et le bon, en fait. Il fallait que je sois aimée par, en fait, les personnes qui me regardent, par les personnes qui me tournent.

  • Speaker #0

    Ok. Et du coup, tu demandes à ta maman de faire des régimes assez tôt dans l'adolescence. Oui. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Ça fonctionne ? Comment tu vis ? Et ta maman, elle est OK avec ça ? Elle n'est pas surprise ?

  • Speaker #1

    À l'époque, oui, elle est OK. Disons aussi qu'après, avec le temps, j'ai réalisé que le cadre autour de l'alimentation était très jambé à la maison. Mais ça, je ne l'avais pas vu dans l'enfance. Mais bon, ma maman... Il n'a jamais mangé comme mon papa. Il y a des choses comme ça qu'on reproduit. Et puis finalement, elle, elle voulait juste... Elle voyait bien que je n'étais pas bien dans ma peau. Donc elle s'est dit, écoute, on va te permettre éventuellement de perdre quelques kilos. Parce qu'en soi, j'avais un surpoids, en fait. Pas énorme, mais il était là. C'était d'un ridicule. Mais au moins, je pense qu'elle accédait à... à ma volonté de me sentir mieux. En fait, elle voulait juste que je sois bien dans ma peau et juste que je n'étais pas.

  • Speaker #0

    Et alors, ça a donné quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas forcément dans l'adolescence que je n'ai pas tellement perdu de poids, clairement,

  • Speaker #0

    dans l'adolescence,

  • Speaker #1

    parce que j'aimais toujours autant manger. J'ai testé plein de régimes. À l'époque, c'était les régimes à la pharmacie, par exemple. Il se dit que... On buvait des trucs dégueulasses à 16 ans. C'est terrible, en fait, de se dire ça. Et ça n'a pas tellement marché. J'ai commencé le régime qui a marché, c'était vers mes 18 ans. J'ai commencé le régime du cours. 18, 19 ans, je ne sais pas si j'ai le droit de dire le nom.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Ce n'est pas de la pub, on peut le faire.

  • Speaker #1

    J'ai commencé ce régime à l'époque où c'était la grande mode, où ils vendaient ces livres. Et puis, j'ai lu des petites choses en disant que ça amenait à reprendre beaucoup de poids si on arrêtait, etc. Voilà le contre-coup finalement d'un arrêt du régime ou si on ne suit pas le régime à la lettre. Et puis moi, à ce moment-là, j'étais déterminée de 18-19 ans. J'avais vu que les autres régimes n'avaient pas fonctionné, donc je m'étais dit, allez, je fonce dedans. Surtout, je m'applique et les kilos ont commencé à fondre. Et là, j'ai commencé à avoir aussi des congratulations extérieures. Disons que tu as perdu 5 kilos et puis dis donc, qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que tu as fait ? Et j'ai continué comme ça et je me dis, surtout, surtout, je ne reprends pas le poids. Et puis finalement, j'avais un objectif et au fil des années, cet objectif descendait tout le temps. Déjà, le premier objectif était largement atteint et puis ça continuait de fondre, mais je dirais que ça s'est fait par palier. Au fur et à mesure, on va dire tous les deux ou trois ans, peut-être qu'à un moment donné, je stagnais un peu et puis je continuais à redescendre sur une autre période. À des changements particuliers, je redescendais. Mais là, je n'étais plus au régime. Finalement, là, j'étais dans la restriction à ce moment-là. J'avais fait un système restrictif avec le régime. Et puis après, surtout ne pas reprendre du poids, donc ne pas remanger comme avant.

  • Speaker #0

    Et tu as tenu ça pendant des années ?

  • Speaker #1

    Voilà. Après, je me suis mise au sport. À ce moment-là, au tout début, je faisais… Alors, j'ai été très sportive dans l'enfance, mais du sport, voilà. Bon, je faisais de la gymnastique, de la natation, etc. Donc, j'avais quand même en plus un corps musclé. Après, bon, avec les grandes études, j'ai arrêté. Mais je m'y suis remise. Et puis surtout, j'ai pris le pli de faire un sport qui est quand même où il y avait le plus à perdre. C'était la course à pied. Et je m'y suis mise vraiment à fond, jusqu'à m'inscrire à des clubs, etc. Et puis à gagner des courses. Et puis là, j'ai été identifiée par celle qui faisait des podiums ou des choses comme ça. Donc en fait, à un moment donné, en plus de ça, on est vraiment ancré dans un système où on nous connaît pour nos performances. en plus de derrière avoir une dénutrition ouais c'est ça et du coup qu'est-ce que ça joue en toi ça à ce moment là c'est bien parce que la fille que j'étais finalement en surpoids et que les gens disaient finalement que j'étais pas dans les normes là aujourd'hui j'étais finalement devenue une femme qu'on trouvait finalement jolie, mince etc et en plus de ça je performais ouais mais

  • Speaker #0

    Ça, c'est ce que tu te disais dans ton esprit et avec la pathologie. Mais du coup, avec le recul, c'est de se dire... Quelque part, le fait de gagner ces compétitions, ça t'enfermait peut-être davantage encore dans la maladie. Parce que justement, ça donnait raison à la maladie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Après, sur le moment, on n'y pense pas du tout. En fait, on est dedans. C'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai le recul nécessaire pour dire que ce n'était pas... Je n'étais pas en santé ou quoi que ce soit, mais à cette époque-là, j'étais juste dans l'idée qu'en fait, les gens étaient fiers de moi. Et les objectifs étaient toujours plus grands. Et ça, après, je parle vraiment, ça s'est fait sur le long terme. Ça s'est mis en place sur le long terme. Mais au fur et à mesure, en fait, ça a pris des ampleurs où j'étais addict au sport. au point que c'était devenu un besoin, plus qu'une envie d'aller courir. Chaque matin, il fallait y aller, sinon je ne mangeais pas. Il y avait aussi ce lien avec la nourriture, parce qu'au début, je l'ai fait pour perdre du poids. Je ne l'ai pas fait parce que j'aimais la course à pied. Après, dans un état d'esprit, j'ai toujours été sportive. Je pense que c'est plutôt cet univers de compétition qui m'a plu. Mais déjà, mon rapport à la course, dès le début, il était scellé. C'était pour perdre du bois.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que quand tu dis « j'étais addict au sport » , c'est vrai que parfois, on s'imagine la bigorexie. Je pense que ça peut être le cas. On peut être addict au sport. sans lien, j'imagine, avec la nourriture, la perte de poids. Mais dans la majorité des cas, d'ailleurs, c'est classifié dans les troubles alimentaires, la bigorexie. Dans la majorité des cas, la bigorexie, c'est quand même très rattaché à un autre trouble alimentaire. Et en fait, il y a une addiction au sport dans le but de brûler des calories, d'avoir le droit de manger, etc. Et alors, pour moi,

  • Speaker #1

    c'est lié. Pour moi, c'est lié. Parce qu'indirectement, il y avait d'autres sports. Si vraiment j'aimais le sport, si je n'avais pas aussi cette idée en tête de contrôle de poids, etc., il y a plein d'autres sports peut-être moins énergivores.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, ça s'est stoppé tout ça ? Parce que là, j'ai l'impression que tu étais dans une montée, tu vois ? Les restrictions prennent place. Je pense que tu étais dans le déni de ce qui se passait réellement, de l'anorexie. En plus de ça, tu performes dans le sport. Il y a un truc qui monte, qui s'installe. Qu'est-ce qui s'est passé pour que ça s'arrête ?

  • Speaker #1

    J'avais peut-être 26-27 ans quand j'ai commencé. J'étais vraiment dans le dur. Ça avait commencé depuis à peu près 19-20 ans, vraiment dans les troubles. La rencontre de mon conjoint actuel. qui a fait que aujourd'hui, lui, il m'a connue à la base avec mes troubles. Mais j'étais dans une période où ça allait un peu mieux. Voilà, on rencontre notre conjoint, on a un petit copain. C'est un petit peu le moment où il y a des choses qui se mettent en place. Et après... La routine fait qu'on retombe dans nos habitudes. Lui, il m'a toujours soutenue, il l'a toujours su. J'ai toujours été transparente, parce qu'indirectement, je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Indirectement, je savais que j'avais des mécanismes qui n'étaient pas normaux, qui n'étaient pas normales. Et le temps avance. On a envie de fonder une famille. Et il s'est avéré que quand j'ai arrêté la pilule, mes règles ne sont pas revues. Au bout, on ne sait pas, au début, je me suis dit, je prends le temps. Ça faisait des années que j'étais sous pilule. Et puis, au bout de quelques mois, disons une année, je suis retournée voir mon gynécologue. pour demander ce qui se passait. Et puis d'après lui, il a fait le diagnostic en fonction aussi de mon équilibre de vie, de mes habitudes au quotidien. Il a considéré que j'étais en améliorée suite à des nutritions et à un excès de sport, donc un excès de stress aussi. Donc là, il m'a tout de suite dit, bon, il faut que votre... Vous êtes bien dans le fertile, donc il faut qu'on parte par un parcours PMA. Parce qu'il s'avérait qu'en fait, oui, j'étais... Donc, je ne volais pas et je n'avais pas les hormones. En fait, je n'avais pas suffisamment d'hormones pour avoir un cycle.

  • Speaker #0

    À aucun moment, à ce moment-là, lui, il t'a parlé d'une prise en charge de tes troubles alimentaires qui aurait pu t'amener... à modifier tes habitudes de vie, à peut-être reprendre un peu de poids, faire moins de sport, et qui aurait pu t'amener à retrouver tes règles, en fait. Parce que du coup, c'était ça, c'était une améliorée hypothalamique, quoi.

  • Speaker #1

    Pas du tout, il ne m'a même pas parlé de ce nom, en fait. C'est moi qui suis à ce moment-là, on était en quoi, en 2019, je dirais, et ça commençait sur le réseau, donc il y avait certains comptes qui en parlaient, et c'est moi-même qui, après, en fait, en lien avec ce qu'il m'avait dit un petit peu, peu comme conseil à adopter un petit peu donc justement il m'a juste dit mangez plus madame faites moins de sport réduisez le stress mettez vous en arème maladie ou quoi que ce soit parce que j'avais mon activité professionnelle en plus de ça j'étais à mon compte donc compliqué et c'est juste ce qu'il m'a dit il m'a pas dit d'aller voir des professionnels de santé et il n'a pas mis de mots sur mes mots en fait.

  • Speaker #0

    Oui il n'a pas parlé de troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Du coup, il en parle à demi-mot, mais sans vraiment en parler, et il t'envoie vers une PMA. Alors, OK, très bien, mais ce que je trouve dommage, c'est qu'à long terme, ça ne règle aucun problème. Oui,

  • Speaker #1

    alors ça, c'est certain. Après, nous, le désir d'enfant, ça faisait quasiment un an qu'on voyait qu'il n'y avait pas de retour de cycle, rien. Et puis, on le sent quand il n'y a rien qui se passe. J'ai fait mes recherches parce qu'au fond, je savais très bien que je ne m'alimentais pas suffisamment. Je savais aussi que je faisais trop de sport. Je savais tout ça. Je sentais que mon corps était fatigué indirectement. Et c'est au fur et à mesure de toutes ces… Je ne sais pas quel mot… Cette volonté d'être maman, je me suis dit qu'il y a quelque chose qui bloque. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à avoir mon cycle ? Je me suis renseignée de moi-même et j'ai fait mes efforts moi-même au début en me disant, je vais essayer de manger plus, de réduire un petit peu le sport, mais pas ça quand on est tout seul. J'ai fait appel aussi à des coachs un petit peu sur les réseaux sociaux. J'ai essayé de trouver des gens pour m'accompagner. Donc là, ça a commencé à se mettre en place. Et en parallèle de ça, je faisais les examens nécessaires pour la PMA, mais c'était très long parce qu'encore à l'époque, il fallait du temps aussi pour rentrer en parcours PMA. Donc voilà, je menais aussi ma petite enquête de mon côté. Je faisais en sorte d'aller mieux, mais je voyais bien que ça faisait des années quand même que j'avais enclenché cette habitude. Ce n'était pas simple d'en sortir. Mais la volonté d'être maman était profonde quand même.

  • Speaker #0

    C'est un trouble alimentaire ? et c'est en ça aussi où je trouve que c'est de la responsabilité des médecins qui rencontrent des personnes qui ont un trouble alimentaire de le nommer parce que tu vois tu te dis bah ouais j'avais enclenché ces habitudes mais je veux dire c'est une pathologie psy quoi le trouble alimentaire tu vois et bah ouais tu m'étonnes que ça devait être difficile je veux dire même cette belle volonté c'est chouette parce que tu t'es laissé porter par ça mais c'est dur quoi toute seule mais c'est moi même je me souviens même Merci.

  • Speaker #1

    C'est moi-même qui allais voir les psys de l'hôpital, d'aller voir le centre médico-psychologique. Je me souviens qu'il allait les voir. Je n'ai jamais eu l'hôpital, ne m'a jamais rappelé derrière. Voilà, quand même, il y avait des volontés de savoir dire « je ne vais pas bien » , quoi. Mais je pense que je n'avais pas un cas suffisamment… Voilà, je n'étais pas non plus mon état vital. Et finalement, d'après la médecine, je n'étais pas suffisamment critique pour une prise en charge. alors que j'étais quand même en infertilité, etc. Donc, il y a des systèmes en moi qui ne fonctionnent pas suffisamment. Mais pour eux, ils considèrent que ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Oui, enfin, ils considèrent en tout cas. Malheureusement, les CMP sont surchargés et je pense qu'ils sont obligés de trier. Effectivement, ils doivent mettre des critères d'urgence. C'est clair. OK. Et alors ? Et alors ? Qu'est-ce qui s'est passé après ? Raconte-nous !

  • Speaker #1

    Donc, après toute cette période de parcours PMA, qui a été quand même assez longue pour rentrer entre les examens, et puis il y avait des périodes de rétractation, etc. C'est un petit peu long. Il s'est avéré, en fait, que moi, je n'avais pas du tout de problème. Tout fonctionnait bien. Chez mon mari, pareil. Donc, bon, il a dit. Là, c'est là où, en fait, le gynécologue PMA m'a dit que j'étais en aménorée hypothalémique. Donc, là, c'est là où, en fait... Un nom déjà que j'avais entendu du coup de moi-même avec mes recherches, mais c'est là où lui, il me l'a dit. Et il m'a dit que mes examens, en fait, montraient bien que les hormones n'étaient pas suffisantes. En fait, je ne produisais pas assez d'oestrogène. Mon corps était au ralenti. Donc, on a fait juste, au vu de tout ça, en fait, il a été question d'une simple stimulation ovarienne. Je m'injecte des hormones pour simuler mon cycle. Et à partir du moment où il y a des follicules matures, on déclenche l'ovulation par une autre piqûre. Et puis après, il y a des rapports naturels sur le laps de temps, comme un cycle qui se fait naturellement chez une femme. Mais il s'avère que moi, je suis toujours surstimulée. Parce que mon corps, en fait, ne répond pas au début, mais à partir du moment où ça répond, en fait, les follicules se développent en masse. Tout se développe en même temps. Et c'est pour cela qu'en fait, la première stimulation a fonctionné. Et bonne nouvelle ou pas bonne nouvelle, je suis tombée enceinte de triplée.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, nous, ça faisait quand même cinq ans. Ça faisait cinq ans qu'on était dans cette volonté d'avoir un enfant. Donc, c'était merveilleux pour nous. Il n'était pas question d'en enlever ou quoi que ce soit, même si ça avait été envisagé par le corps médical. Voilà, donc on a débuté une grossesse comme ça, triple un petit peu, dans l'instruction, mais heureux en fait que ça ait marché et qu'enfin on voit une possible avancée d'une famille, de création de famille. Pour autant, ça ne s'est pas passé comme ça. Ça, c'est mal terminé. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit. C'est vrai que même des grossesses triples, on voit des belles fins. La nôtre n'a pas été comme cela. Alors, comment j'ai débuté cette grossesse ? J'ai débuté cette grossesse quand même, je n'avais pas repris beaucoup de poids. J'étais un poids bas, une grossesse quand même à risque. Même, il s'avère que le début de grossesse, j'allais continuer à faire du sport. Et je me souviens même que ça m'avait fait une frayeur parce que ça m'avait créé des saignements. Mais à ce moment-là, en fait, pour moi, il m'était impossible de réduire la course à pied. Donc, pour dire comme quoi j'étais encore dans un cadre d'addiction. Parce qu'en fait, même si j'étais enceinte et que c'était... Merci. un rêve depuis des années, quand même pour moi il fallait que je continue. Je ne me sentais pas capable d'enlever mes habitudes. Et je n'étais pas chaud, finalement je sentais qu'il y avait des blocages sur cette prise de poids qui pourtant étaient plutôt bénéfiques, parce qu'on sait très bien que les grossesses sont pendues pour quelque chose de merveilleux. Mais voilà, ça a quand même évolué. C'est vers 25 semaines d'aménorrhée où, en fait, j'ai un peu avant, vers 22-23 semaines d'aménorrhée, j'ai rompu une poche des os, en fait, de l'un des tracés. J'ai été hospitalisée. Et deux semaines après mon hospitalisation, j'ai fait une infection. Et donc, j'ai dû accoucher.

  • Speaker #0

    de mes bébés qui n'ont pas été viables parce qu'ils étaient à la limite et c'était trop petit pour pouvoir les réanimer. Donc voilà, tout ça, en fait, là après, on va dans un... On ne s'attend pas à vivre le deuil. En fait, mine de rien, c'est un cataclysme total parce qu'on se projette, on se projette surtout dans des grossesses comme ça où en fait, il faut tout préparer. On a changé de maison. On doit changer de véhicule, on doit changer de tout en fait, parce que rien n'était adapté pour nous et pour l'arrivée de Triplé. Et là, en fait, tout bascule.

  • Speaker #1

    Tout s'effondre, quoi. Et c'est là où tu dis que tu replonges plus, plus dans l'anorexie, quoi. Mais donc finalement, tout à l'heure, tu parlais de rechute. En réalité, tu n'étais pas sortie de l'anorexie à ce moment-là, puisque tu me dis.

  • Speaker #0

    Oui, pas totalement, mais disons quand même que j'avais vraiment fait du travail quand même. Après, à ce moment de grossesse, j'avais arrêté le sport, je me faisais OK. J'ai dit la grossesse, je… Alors, est-ce que c'était vraiment la grossesse, on va dire un cache-misère ? Peut-être en se disant, c'est une période où je me laisse aller, je porte la vie, et puis ça peut être ça aussi. Mais j'avais quand même déjà beaucoup travaillé dessus et j'en avais vraiment conscience. et j'allais quand même mieux j'allais quand même mieux mais je pense que oui tout n'était pas encore terminé t'as eu le sentiment d'être bien accompagnée dans ce deuil de

  • Speaker #1

    ces bébés comment ça s'est fait pour toi ?

  • Speaker #0

    pas du tout pas du tout alors moi en fait À partir du moment où vous rentrez chez vous, après ça, en fait, non, il n'y a rien qui… On n'est pas soutenus. Si, on a une aide psychologique éventuellement qu'on peut prendre à l'hôpital. Mise à part ça, si on ne fait pas les démarches par nous-mêmes, il n'y a rien de… On ne peut pas accompagner, voire même il y a des choses, des absurdités. On continue d'avoir des courriers de la CPM pour nous dire que la grossesse, c'est notre grossesse, des choses comme ça. enfin c'est Il y a des liens qui ne se font pas au niveau des administrations. C'est peut-être des petites choses ridicules, mais à ce moment-là, en fait, on n'a pas besoin de gérer.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas du tout ridicule. Bonsoir, tu ne vas pas recommencer ? C'est comme les remarques quand tu étais petite. Non, mais c'est hyper violent. Oui, c'est un bug administratif. Et en ça, on pourrait se dire que ce n'est pas grand-chose. C'est un bug administratif, mais c'est un bug qui ne doit pas exister, surtout pas. À cet endroit-là, ce n'est pas possible. Comment ? C'est un peu bizarre ma question, mais j'ai envie de te dire, comment tu as fait du coup ? Comment tu as fait ce deuil, ce deuil si douloureux ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'ai fait tout. J'ai mené toutes les étapes de Dazet pour amener mes enfants vraiment. On a fait une cérémonie. On a fait vraiment les choses jusqu'au bout, parce que je pense que c'était important pour qu'on comprenne et qu'on donne vraiment une essence à ce passage. Moi j'ai quand même un aspect assez spirituel, donc je crois en beaucoup de choses. Donc je me dis, c'était ainsi, on essaye de trouver des croyances. J'ai essayé de croire en plein de choses pour pouvoir avancer, parce qu'en fait quand on est dans ce... Dans des étapes comme ça aussi douloureuses, soit on sombre ou soit on avance. Et c'est vrai que moi, je me suis dit, il faut y aller, il faut avancer. J'ai mis un peu de temps avant ça. J'ai été isolée pendant pas mal de temps. J'ai mis du temps à me rouvrir. Et puis avec le temps, j'ai compris que ma vie a continué et que j'avais la possibilité certainement de fonder ma famille différemment, mais que aussi mes triplés étaient là en fait. Je me suis accrochée à l'idée qu'ils veillaient sur nous et que c'est eux qui ont fait le choix. Clairement, il n'y a pas eu d'interruption médicale de grossesse, ce qui m'avait été proposé aussi. J'avais dit s'ils doivent partir. J'ai senti toute cette phase de deux semaines où j'ai été hospitalisée. J'ai pris conscience que mon cas était quand même assez… Même si j'étais très positive. Je savais que ça pouvait s'arrêter à tout moment. Donc, j'avais commencé déjà aussi à imaginer le pire. Et je me suis dit, au moins, je suis toujours dit, les triplés sont partis au moment où ils ont voulu partir. Je me suis aussi beaucoup posé la question. Il y en a un qui était en danger. Est-ce que les deux autres auraient pu être sauvés ? J'ai préféré éviter ce genre de questions et me dire qu'ils sont partis tous les trois. En fait, j'ai vraiment voulu éviter la colère, la colère après le corps médical. Je me suis dit que c'était ainsi. J'ai vraiment essayé de me dire que mon destin était celui-ci. Pour pouvoir avancer vraiment et justement reconstruire une famille avec des étoiles et des êtres nés. Mais il a fallu du temps, je n'ai pas refait une grossesse immédiatement. C'est à ce moment-là aussi où j'ai pensé à moi, je me suis reconvertie, parce qu'au tout début j'étais DRH, j'ai toujours aimé la pâtisserie, donc je suis partie loin de chez moi, j'ai refait des études d'une année. Il a fallu du temps que je consacre personnellement à moi et à une reconstruction. À ce moment-là aussi, j'étais dans des… Encore, j'étais revenue dans des TCA, mais au fur et à mesure, j'avais conscientisé. Là, je me suis fait vraiment, vraiment aider parce que je me suis dit l'approche… Mon objectif était de remener en fait une grossesse naturellement et de ne pas repasser par la PMA. D'accord. Pendant deux ou trois ans, voilà, je suis… J'ai vraiment… Là, j'en ai vraiment… J'ai vraiment…

  • Speaker #1

    T'as bossé, quoi.

  • Speaker #0

    J'ai piqué pas mal de choses. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as fait ce travail thérapeutique, en parallèle tu t'es reconvertie pour, ce n'est pas anodin de travailler dans un métier de bouche, dans la pâtisserie. Ok, et tu étais toujours avec ton conjoint ?

  • Speaker #0

    Oui, on est toujours ensemble, on a surmonté l'épreuve ensemble, on va dire que les étapes de deuil ne sont pas saines. parce qu'on ne fait pas le deuil tous. C'est tout vraiment personnel. Chacun a les étapes du deuil et on ne l'a pas fait forcément au même moment. Donc, il y a eu quelques conflits, mais je pense qu'on était faits pour mener ça ensemble. On s'est soutenus et puis on a communiqué surtout. Et puis surtout, lui aussi, il est venu... me soutenir. Il a vu aussi que je retombais, je replongeais. Et c'est aussi lui qui m'a dit, il faut y aller, il faut monter la pente. Et puis lui, à un moment donné, où il était un peu plus en difficulté, on était là. Je pense que seul, on n'aurait pas pu. Peut-être qu'on peut, c'est vrai, se déchirer, mais je pense qu'à deux, on est quand même aussi plus fort.

  • Speaker #1

    Et au terme de ce travail de 2-3 ans, c'est là où tu dirais que tu es vraiment sortie ? Tu as réussi à laisser les troubles alimentaires derrière toi ?

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Conceptuellement, on va dire que j'ai repris vraiment du poids. J'ai fait une phase où j'étais en repos parce que mon corps avait besoin aussi après tout ça. Et puis, mon corps était fatigué. Le sport, j'ai essayé de travailler sur le sport. sport plutôt de façon, on va dire, activité physique, de façon agréable, sans objectif, sans rien. Et vraiment me libérer de toutes ces habitudes alimentaires que j'avais mises en place ou même de ces peurs d'aliments qui me faisaient peur ou des choses comme ça. Vraiment, j'ai tout retravaillé à ce moment-là. Parce que j'ai vraiment réalisé que j'ai quand même perdu des enfants. Je me dis, mais quel intérêt de se focus sur juste un poids ou quelque chose comme ça ? J'ai d'autres valeurs. Et c'est à ce moment-là vraiment où je me suis rendue compte des valeurs de la vie aussi. Puis que je m'en suis sortie d'un deuil pareil. Et je pouvais m'en sortir aussi d'une anorexie.

  • Speaker #1

    Oui, ton deuil a eu une valeur un peu thérapeutique aussi, en ce sens.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, c'est vraiment le travail thérapeutique qui m'a amenée sur, justement, des rappels. J'ai beaucoup, beaucoup travaillé. Et c'est à ce moment-là que je pense que j'étais au plus profond de la dépression, parce que je pense qu'après, il y a forcément un état dépressif. que je me suis souvenu en fait de choses passées dans l'enfance et ça a fait écho sur peut-être mon rapport au corps, le rapport que j'avais aussi dans ma sexualité, le rapport, voilà, vraiment tout ça. Et quand j'ai su ça, en fait, j'ai vraiment, j'ai eu l'impression d'avoir, de m'être délestée d'un poids. Qu'inconsciemment, je pense que j'avais au fond de moi, mais que... que je n'avais pas réussi à identifier.

  • Speaker #1

    Oui, ce que tu es en train de dire, c'est que tu avais ce qu'on appelle une amnésie traumatique.

  • Speaker #0

    Oui, c'est comme ça qu'on me l'a annoncé.

  • Speaker #1

    Et que c'est par le biais du travail thérapeutique que tu as eu ce qu'on appelle une levée d'amnésie, où en fait des souvenirs sont revenus de violences sexuelles subies dans l'enfance.

  • Speaker #0

    Tout à fait, tout à fait. Et mon cousin.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, de l'inceste en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et le fait de découvrir ça, de déclairer ton histoire avec cette information-là, c'est là où tu dis, quand tu parles d'un poids, d'être délesté d'un poids, c'est ça aussi, c'est le fait d'éclairer et de mettre en sens et de dire « Ah, mais attends, en fait, ça explique une partie de mon rapport au corps, de mon rapport aux hommes, de mon rapport à la sexualité, de mon rapport à la nourriture, etc. »

  • Speaker #0

    Oui, alors ça réobserve. On va dire peut-être que ça ne justifie pas tout. mais oui ça a amené en fait une clé que je ne comprenais pas en fait. Pourquoi moi et pourquoi pas une autre avait amené ces troubles ? Là j'avais l'impression, à ce moment-là je me suis dit, je sais pourquoi je suis autant, je me rédis autant quand je regarde mon corps, je sais pourquoi j'ai… J'ai autant de difficultés dans les rapports sexuels à être bien, parce que clairement, c'est tout ça. Ne serait-ce qu'avec mon mari, il y a toujours ce rapport qui était difficile, sans savoir pourquoi. Pourquoi, en fait, même, je vois les choses différemment des autres. Finalement, pourquoi, dans la sexualité, dans le rapport au corps, dans cette vision que j'ai de moi, en fait. Je pense que j'ai voulu cacher, en fait, mon corps a caché ça, alors que ça fait partie intégrante de la perception de ce que j'ai fait aussi, petite. Je ne sais pas si c'est clair ce que je dis.

  • Speaker #1

    Si, je pense. Moi, en tout cas, ça me paraît clair. Mais c'est ce que je me disais, je me disais que peut-être pour des auditeurs, auditrices, Il y a quelque chose de pas clair. Alors, j'ai fait plusieurs épisodes, notamment avec une professionnelle spécialisée sur le sujet, mais que je vous invite au passage à aller réécouter si vous tombez là sur le podcast. Et il y a aussi de la littérature super intéressante à ce sujet, mais je pense que pour certaines personnes, c'est pas clair, quoi. Je vois pas le lien, tu vis des violences sexuelles et tu développes un trouble alimentaire, tu vois. Est-ce que... Toi, tu serais en mesure de l'expliquer un peu ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. En fait, pour être transparente, les souvenirs ont fait que je ne me souviens pas tellement de l'âge. Je pense que ça n'a pas d'intérêt, peut-être 8, 9, 10 ans. J'ai... toute petite, on jouait avec ma cousine. Et puis, en fait, il s'avère que mon cousin n'était pas loin. Et puis, les jeux de papa et de la maman, c'est suggéré par le cousin. Et puis, donc, forcément, j'étais la maman, il était le papa. Et puis, ça s'est amené comme ça. Et puis, gentiment, il a voulu me montrer ce que faisait un papa et une maman dans le lit conjugal, sans que, pour autant, Merci. Pour lui, c'était normal. Et puis voilà, il m'a expliqué qu'il n'y avait pas de quoi se stresser. C'était des choses qui étaient tout à fait normales. Donc moi, on ne sait pas trop quand on est enfant comme ça. Il a eu donc forcément... Alors pourtant, les scènes sont claires aujourd'hui. Alors qu'il y a dix ans de ça, je me serais dit, mais non, c'est pas possible. Aujourd'hui, c'est clair comme de l'eau de roche. Il a eu des attouchements qui, pour moi, au moment de l'attouchement, je me suis dit que ce n'était pas normal. Mais il s'avère qu'il était insistant. Il m'a dit que c'était des choses normales et qu'il ne fallait pas forcément y faire tout à plat.

  • Speaker #1

    Il avait quel âge, ton cousin ?

  • Speaker #0

    Il est adolescent, on va dire, dans ses moments de 15-16 ans.

  • Speaker #1

    Ah ouais, quand même ! Oui, d'accord, il était grand quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui, il avait 4 ans de différence de moi, 9, 9-13 ans, 9-13, 10-14 ans, je ne sais pas exactement les âges. Ok.

  • Speaker #1

    Mais oui, de toute façon, il était plus vieux. Je fais exprès de te poser la question, je précise aux auditeurs, auditrices aussi, que parfois, on est tenté de dire « Non, mais c'est un jeu entre enfants, c'est du touche-pipi. » Quand on regarde les études, dans l'inceste, on parle bien de domination, de dominant-dominé, et l'agresseur est toujours plus âgé. Et ce n'est pas un détail, dans ce côté de... pouvoir et d'assise ou ce que tu décris où lui dit mais si mais attends c'est normal c'est voilà ça soit un truc où en fait toi juste tu te tais quoi et puis là encore en plus il est Il ya beaucoup de secrets ça reste une famille moi j'ai ma cousine qui à mon âge donc la petite soeur je

  • Speaker #0

    vais continuer à jouer avec elle donc ça se dit pas en fait je le dis pas et puis ça continue ça se réitère assez arrivé pour ça oui Et puis finalement, je pense que mon corps, il a préféré oublier. Et du moins, ma tête a préféré oublier, parce que mon corps, indirectement, ne l'a pas oublié. Parce que ce cousin-là, en fait, je n'ai jamais pu… À la vue de… J'ai toujours été ready à sa vue, en fait, en tout le temps, à une distance. Et je ne sais pas, comme un effet d'allaitement, d'allaitement qui était vraiment… Que je ne comprenais pas, en fait. Il me faisait autant de dégoût. J'avais autant de dégoût pour lui, mais c'était le corps qui répondait. Et je pense que ça a totalement un lien avec le regard que j'ai sur moi parce qu'après, au fil du temps, je me suis construite avec ça. Et dans mon rapport au corps avec les garçons, ça a été compliqué. J'ai eu une phase au début de ma sexualité. Je devais répondre à tous les désirs des hommes, en fait, totalement soumises. Mais totalement, j'avais ce besoin sexuel de répondre à tout ce qui leur enchantait, qui ne m'enchantait pas forcément, mais je pensais que c'était normal, qu'une femme devait en arriver là. Et à l'heure d'aujourd'hui, maintenant que je le sais, je suis plus dans le recul. Pourtant, mon mari, j'en ai confiance, mais je vois que mon corps se rédit au fur et à mesure du temps. Et mon corps, il est anti... Il se rédit... J'ai vraiment des sensations. Mon corps, il me manifeste des sensations. Au contact d'hommes ou quoi que ce soit. Et je pense qu'il y a ce lien de vouloir se façonner, en fait, une image. Ou peut-être... Ce n'était pas dans l'idée... Alors, je n'ai pas voulu maigrir dans l'idée de me rendre invisible. Je ne pense pas. Je ne pense pas que c'était... Parce que souvent, c'est vrai qu'on parle aussi de cette idée de recul et d'invisibilité dans les troubles. Je ne pense pas que c'était ça, mais plus un contrôle. L'hyper-contrôle, il était là. Il fallait que je contrôle mon corps sur tout ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Et ouais. En même temps, c'est par lui qu'est arrivé tout ça. Enfin, tu vois... inconsciemment, on accuse un peu son corps aussi de... Tu vois, parce que c'est le vecteur, en fait, de ce traumatisme à ce moment-là. Et donc, dire non, mais attends, contrôler son corps, c'est un peu dire non, mais attends, ça n'arrivera plus, ou enfin, tu vois, reprendre la main sur quelque chose de manière totalement inconsciente, puisque de toute façon, tu ne t'en souvenais même pas. Mais c'est intéressant ce que tu dis quand tu dis OK, ma tête, elle, avait oublié, mais le corps sait. Et tu as parlé de dégoût. Est-ce que tu ressentais une forme de dégoût pour toi-même aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. Je pense que c'est vrai que ce n'est pas forcément facile de se souvenir, parce qu'aujourd'hui, ça a quand même changé, ça. J'ai quand même une acceptation, mais oui, si, j'avais un dégoût pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que ça, ça explique aussi une partie, à nouveau, c'est impossible d'avoir, tu l'as très bien dit tout à l'heure, en fait, on trouve des clés, des morceaux qui expliquent certaines choses, mais tout ça, c'est… intimement liées, multifactorielles, mais cette question du dégoût, elle explique aussi en partie le développement de troubles alimentaires et de chercher la minceur, voire la maigreur et le contrôle du corps, voilà, pour essayer de gérer ce dégoût finalement. Je peux pas m'empêcher de te demander est-ce que tu as parlé ? Est-ce que tu as parlé à tes proches ? Est-ce que quand ces souvenirs sont revenus, est-ce que tu en as fait quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors, il a fallu que je digère la pilule moi-même pendant pas mal de temps, de comprendre en fait, me dire si j'avais pas... Je n'avais pas tout inventé. Si c'est un moment donné, pourquoi ça m'était revenu ? Parce que franchement, je me suis posé la question. Je me suis dit, est-ce que c'est vraiment réel ? Est-ce que c'est vrai ? Mais indirectement, ça revenait. Et puis, cette sensation que mon corps, il ne ment pas pendant toutes ces années. Pourquoi j'ai ce recul et cette distance avec ce cousin-là et pas avec les autres, etc. Ça ne ment pas. Je me suis dit qu'il fallait que je me fasse confiance. Ça a une clé quand même. Mes troubles derrière ne sont pas anodins. Je vois les images. Mais c'est vrai que c'est difficile, après une amnésie, de se dire est-ce que c'est vraiment... Est-ce que je n'invente pas les faits ? Ça, j'ai eu une... une étape pour bien comprendre tout ça. J'ai retravaillé aussi en thérapie pour aussi accepter cette étape de ma vie que j'avais totalement occultée. Et après, j'ai beaucoup écrit. Et ma famille, ma famille proche, on va dire, mes parents, etc., ils ont été au courant au fil du temps que j'ai fait ma thérapie, comme mon mari. Et après, j'ai écrit quand même un livre sur la perte de mes enfants. Et dans ce livre, je fais des feedbacks sur mon enfance et aussi sur comment, par exemple, je suis amenée à un parcours PMA, donc aussi sur mes troubles alimentaires. Et c'est de là, en fait, que je pense qu'aujourd'hui, parce que le livre est sorti il y a deux mois, je sais que ma famille est en cours de lecture. Donc aujourd'hui, voilà. Ils le savent. Je ne suis pas sûre que la personne concernée le lira. Donc, je ne sais pas. Je n'ai pas parlé directement à la personne concernée. Je ne l'ai pas revu depuis. Et si je peux l'éviter, je l'éviterai.

  • Speaker #1

    Mais dans ton livre, tu parles d'un cousin, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    OK. Donc, après, lui, s'il ne lit pas le livre, il y a des membres de ta famille qui vont lire et qui vont peut-être l'interpeller.

  • Speaker #0

    Ça m'est égal. Ouais, ça m'est égal.

  • Speaker #1

    OK. Toi, tu n'avais pas envie, lui, de le confronter à ce qu'il a fait ?

  • Speaker #0

    Non, pas pour le moment. Après, peut-être que quand l'occasion sera là, je ne sais pas. C'est vrai que c'est un cousin que je ne fréquente plus. C'est un cousin que je ne vois plus du tout. Donc, je ne vais pas aller le chercher pour lui en discuter. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as déjà envisagé que sa petite sœur ait pu être victime comme toi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai même pas pensé. Je n'y ai même pas pensé. J'avoue, je n'y ai pas pensé. Je ne sais pas du tout. Je ne pense pas, mais je ne sais pas. On dit que je ne pense pas, mais... Non, et puis c'est vrai que comme j'ai perdu aussi contact avec ma cousine, nos chemins sont un petit peu séparés, donc je ne pourrais pas forcément lui en parler. Mais c'est vrai que la question ne m'était même pas venue à l'esprit. Parce que c'est vrai que moi, ne serait-ce que de mon frère, je verrais, enfin, ce serait impossible. Donc, c'est vrai que je ne l'y ai même pas pensé, alors que c'est les personnes concernées.

  • Speaker #1

    Là, pour le coup, il l'a fait à toi. Donc, de toute façon, c'est possible. Disons qu'il y a un truc aussi qui est peut-être important à dire. Je ne sais pas comment tu vas le recevoir, mais l'inceste n'arrive jamais comme ça dans une famille. S'il y a de l'inceste, il y a de l'inceste. et il y en a. C'est-à-dire que je ne sais pas quelle est son histoire à lui avec ses parents, avec ses grands-parents, vos grands-parents, enfin voilà, je ne sais pas quel n'est un. Mais quand il y a de l'inceste, il y a de l'inceste au-dessus en fait ou autour, tu vois. Et voilà, je me dis qu'il avait une petite sœur dans tes âges. Je ne dis pas assez sûr et certain qu'elle a été agressée mais c'est quand même... Moi, en tout cas, ça me vient... en tête. Et elle, c'est pas possible qu'elle lise son livre ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas, on n'a plus du tout de contact. C'est vrai que bon, peut-être. Peut-être, je peux pas te dire. Si c'est entre ses mains, et si ça fait écho, et si vraiment un jour elle a envie d'en parler, voilà, moi je suis totalement ouverte, même si mon cousin le lit par hasard et qu'il me dit qu'on en parle, pas de souci. Je suis totalement ok à partir du moment où j'ai publié ce livre, ce témoignage. je suis totalement ancrée avec mon histoire. Oui. Sincèrement. Mais après, je n'y suis pas allée directement. C'est vrai que je ne sais pas. Aujourd'hui, nos chemins se sont... Ils sont séparés. Si j'avais été confrontée un jour, par exemple un dimanche avec lui, je n'ai pas eu le choix de le voir en famille. Peut-être qu'on en aurait discuté, mais ce n'est pas le cas. Et je ne suis pas sûre de le revoir un jour.

  • Speaker #1

    Et tu n'as pas eu l'envie ou même l'idée de passer par la justice ?

  • Speaker #0

    Non, ça non, je n'y ai pas pensé. Je n'ai pas... Non.

  • Speaker #1

    C'est vraiment des questions, n'y vois aucune, surtout pas, injonction, genre, il faudrait en parler, il faudrait... C'est vraiment juste des questions que je pose comme ça, pour... Parce que... Qui passent par la justice, d'autres non. Il y a des personnes aussi qui engagent ce processus-là vraiment dans le but qui est... une action réparatrice de la justice et puis d'autres qui engagent le processus plutôt d'une manière symbolique et puis d'autres qui n'engagent jamais ce processus. Mais en même temps, tu sais, sincèrement, je te pose la question parce que je trouve que c'est une question qu'on ne pose pas assez aux gens. Et que voilà, en fait, mine de rien, c'est ton droit et que je trouve que ça repose aussi des choses sur la gravité de l'acte, c'est-à-dire que c'est ultra grave ce qu'il a fait et qu'il pourrait... être, voilà, confondus, tu vois, pour ça. Ils pourraient avoir de gros, gros problèmes pour ça. Et voilà, en tout cas, toi, c'est ton droit. Et c'est ton droit aussi de ne rien en faire. C'est-à-dire que, déjà, c'est toi la victime, donc tu dois rien à personne. En fait, je veux dire, tu ne dois pas... Enfin, comment je pourrais dire ça ? On n'est pas censé attendre de toi que tu ailles en parler, par me parler, faire ci ou faire ça. Je veux dire, à mon sens, quand tu es victime et que tu te reconstruis, ton objectif, c'est de prendre soin de toi et faire ce qui te permet de prendre soin de toi sur le moment. Et du coup, ça évolue. Des fois, il y a des gens qui disent « je n'aurai jamais recours à la justice » et puis cinq ans après, finalement, qui y vont ou d'autres qui n'y vont jamais. Mais l'important, c'est de s'écouter, je pense.

  • Speaker #0

    Oui. Moi déjà, en fait, mon souvenir, en fait, de revenir sur cette étape-là de ma vie, moi ça m'a permis de comprendre des choses sur moi, et voilà, je l'ai plus vu dans cet aspect-là, je me reconstruis avec ça, qui n'est pas forcément une épreuve terrible qu'on peut vivre à l'adolescence, et qui n'est pas du tout pardonnable. Mais pour autant, je n'ai pas le besoin de faire passer la justice. Pour moi déjà, vraiment, j'ai beaucoup gagné en me souvenant et en me disant que ça m'amène vers une compréhension de pourquoi aujourd'hui j'avais ces troubles-là, pourquoi aujourd'hui j'avais ce rapport à mon corps. C'était ma... Finalement... C'est ma première récompense, en fait, elle est là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est en fait, finalement, d'un petit peu embaumer la blessure qui l'a faite. Je ne vois pas, en fait. Oui, la justice permettrait finalement, c'est quand même un acte, oui, pour tous ces gens qui... C'est rendre justice. C'est vraiment rendre justice et remettre la victime à sa place.

  • Speaker #1

    Et remettre l'agresseur aussi à sa place.

  • Speaker #0

    L'agresseur à sa place. Mais en même temps, moi, c'est vrai que je me dis, à l'heure d'aujourd'hui, ça ne m'apporterait pas moi-même. Ça serait plus... Voilà.

  • Speaker #1

    Oui. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est peut-être pas de ça dont tu as besoin. Et peut-être que ce ne sera jamais le cas. Peut-être que ce sera le cas un jour. En tout cas, il y a aussi... Moi, j'ai du mal à croire. Et je ne dis pas, attention, je n'arrive pas avec des certitudes, pas du tout. Mais de ce que j'ai pu voir, entendre, accompagner autour des violences sexuelles, et lire aussi, ou apprendre, j'ai du mal à croire que ce mec-là, tu as été sa seule victime. J'ai du mal à croire que ce type-là, il a une sexualité normale, avec d'énormes guillemets, c'est quoi la normalité ? En tout cas, qui respecte le consentement. qui soit dans un vrai partage. En fait, les agressions sexuelles, c'est un pur système de domination où l'autre n'existe pas en tant que sujet. C'est l'objet de mon désir et je le prends et je l'utilise. Et du coup, il y a des chances que cet homme-là, déjà, c'est à se demander ce qu'il a vu, vécu, pour faire ça sur toi.

  • Speaker #0

    peut-être que lui-même a été victime à un moment donné. Et on peut imaginer que derrière, il a continué de se construire avec quelque chose de très dominant et que potentiellement, il y a eu d'autres victimes, malheureusement.

  • Speaker #1

    Je ne m'étonnerais pas. Malheureusement, je pense. Je ne peux pas aujourd'hui. Bon, il a sa famille, mais je crois qu'ils sont séparés. Mais il y a des enfants.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est vrai que je n'ai pas été aussi loin dans la réflexion parce que c'est vrai que je n'ai pas été chercher... Parce que justement, un agresseur, finalement, aujourd'hui, quand tu me dis ça, ça me semble forcément plausible et puis finalement logique. Mais c'est vrai que sur le moment, je ne me suis pas dit qu'il aurait pu y avoir d'autres victimes. C'est la première fois d'ailleurs. que finalement tu soumets l'idée et voilà, j'en prends conscience, mais je n'y ai même pas pensé. Parce que c'est vrai que peut-être que finalement, tu es un public plus averti, parce que c'est vrai que tu as fait des recherches où tu es quand même une professionnelle, et puis tu as fait beaucoup de recherches là-dessus, et puis tu t'intéresses au sujet. Mais c'est vrai que moi, mis à part l'expérience que j'ai eue, je n'ai pas été plus loin, je n'ai pas cherché. L'importance pour moi était de me reconstruire suite à ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'entends. Mais les questions que je te pose sont aussi des questions que j'ai pu poser, que l'on pose. En fait, je suis bénévole dans une association qui accompagne les victimes de viols sexuels. Donc effectivement, ça fait que... Et puis, dans le cadre notamment d'une de mes formations sur les TCA, le sujet du traumatisme aussi a été abordé, un peu creusé. notamment des traumas sexuels. Et puis, j'ai une histoire de vie aussi individuelle avec de l'inceste dans ma famille. Enfin, tu vois, tout ça fait qu'effectivement, je pense être une oreille peut-être plus avertie que d'autres. Mais en tout cas, tu sais, c'est question de questionner le rapport à la justice. Tiens, est-ce que vous avez porté plainte ? Est-ce que vous comptez porter plainte ? Est-ce que... C'est des questions qu'on pose à l'assaut et qui, pour moi, ont une vraie valeur aussi thérapeutique. vraiment dans le sens où en aucun cas on ne mettra de pression nous, on est là pour accompagner des gens à aller mieux, vraiment comme tu dis, à se reconstruire. Néanmoins, c'est l'occasion de faire un rappel de la gravité des faits et du fait qu'il y a des lois dans notre système contre ça et que ce n'est pas juste une erreur entre deux enfants pris isolément. Non, en fait... vous vous inscrivez dans un système un système sociétal un système patriarcal ultra violent de domination et de domination sexuelle et c'est pour ça aussi tu vois que je parle de la loi mais je parle aussi de potentiel ou de victime parce qu'en fait c'est pas juste toi c'est pas juste toi et lui et qu'en fait enfin J'allais dire, lui-même est victime d'un système dans lequel il est devenu agresseur, il a pris place en tant qu'agresseur. Et en fait, voilà. Et c'est aussi dans une reconstruction thérapeutique, ça me semble importante. Tu sais, comme les TCA, en fait, il y a tout ce qui se joue au niveau individuel. Il y a le fait que, tiens, toi, c'est un très bon exemple, en fait, je veux dire, tu ne t'en souvenais plus, mais tu as vécu de l'inceste petite. Si... Et vraiment, ça rentre dans les causes, les violences sexuelles, et notamment dans l'enfance, rentrent dans les causes qu'on retrouve souvent dans les TCA. Donc, il y a des causes plutôt individuelles, traumatiques. Mais en fait, les TCA, il y a aussi toute une cause collective et sociétale. Parce qu'on vit dans une société hautement grossophobe, parce qu'on est obsédé par la minceur, parce que les femmes sont ramenées au statut d'objet. Enfin, tu vois, je trouve que les violences sexuelles, c'est pareil. Il y a le côté très individuel de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais il y a aussi un regard plus collectif de tout un système qui fait qu'on vit ça, et un système de silence aussi, de silenciation des victimes, et de rappeler aussi qu'il y a des lois contre ça. Et qu'en fait, même si on choisit de jamais aller vers la justice, on peut se dire « Ah ouais, d'accord, en fait, en vrai, je pourrais l'emmener en justice. » Il pourrait être puni pour ce qu'il a fait.

  • Speaker #1

    et à mon sens ça peut faire partie d'un processus thérapeutique et c'est pour ça que je te posais la question que je t'en parlais en tout cas nous dans l'assaut ce sont des choses qu'on aborde en fait oui je pense que ça fait partie oui oui mais je vois un petit peu dans le processus de guérison aussi de la victime Je comprends. Mais ça, par contre, moi, ça ne m'est jamais été... Je n'en ai jamais été jusque-là, en fait.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, mais aussi parce que...

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais accompagné jusque-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Alors après, il y a ta temporalité à toi. Et c'est pour ça, quand je disais, je crois que c'est important de toujours revenir à soi, de dire, attends, mais moi, est-ce que je sentirais que... Est-ce que ça pourrait me faire du bien ? Est-ce que j'en suis là ? Non. Alors, c'est bon, il n'y a même pas de questions à se poser. par contre si jamais personne ne t'amène à ça et te pose la question tu vois C'est cool aussi d'avoir des pros qui peuvent amener ces questions-là et échanger là-dessus. Puis après, c'est toi qui dis oui, je prends, non, je ne prends pas. Oui, ça m'aide, non, ça ne m'aide pas. OK, donc voilà, c'est toi au centre en fait. Eh bien, je me dis quel parcours ? Du coup, il y a une question que j'aime beaucoup poser aux personnes qui viennent à mon micro. Mais toi, je me dis mais attends, il y a tellement de choses partout. Qu'est-ce qui, selon toi ? t'as aidé sur ton parcours de guérison ? Et finalement, on pourrait mettre un S à guérison parce que t'es passé par la guérison des troubles alimentaires, mais le deuil, c'est une forme de guérison. Tu vois, la levée d'amnésie traumatique t'a amené aussi à une autre forme de guérison, d'un traumatisme. Donc, qu'est-ce qui t'a aidé, toi, sur ces parcours de guérison ?

  • Speaker #1

    que c'est la manière, enfin, moi, je pense que c'est ma perception, en fait, de la vie, en fait. J'ai perçu après tout ça et puis, je me suis rendue compte que je m'en étais sortie, etc. Bon, c'était quand même des grandes étapes. Je me suis vraiment dit que j'étais autre chose, justement, autre chose qu'une victime ou autre chose qu'une... qu'une femme maigre ou autre chose qu'une coureuse ou autre chose qu'une maman endeuillée ou des choses comme ça. En fait, je me suis dit quelles sont mes véritables valeurs. Pourquoi en fait, souvent on parle de cette question, qu'est-ce que je voudrais que les gens retiennent de moi sur mon lit de mort ? C'était un peu ça en fait. Et là, clairement, c'est ce qui m'a menée en me disant, ben voilà, j'aime la vie. Parce que j'aime profondément la vie et ça, au fil du temps, c'est de plus en plus important pour moi. Et je me dis, je n'ai pas envie que les gens retiennent toute cette période où j'étais amaigrie, où j'étais taciturne, où j'étais mal dans ma peau, où je n'acceptais pas mon corps. J'ai dit, qu'est-ce que finalement, comment j'ai envie de vivre ? véritablement ma vie, qui je suis, tout ça en fait ça a été des questions auxquelles j'ai vraiment pris du temps de répondre et vraiment de manière très très personnelle et très transparente envers moi-même et en fait je me suis rendue compte qu'il y avait autre chose, il y avait vraiment autre chose que cette perception de l'autre sur mon corps, de la perception que j'ai de moi, de mon corps parce que Merci. Pendant dix ans où j'étais en anorexie et peut-être sur les podiums, mais j'étais plus de dix ans où j'ai été malheureuse. Où j'ai été justement dans... Je n'étais pas moi-même. Je n'étais pas la petite fille que j'étais à l'époque, vivante, pleine de vie. Et là, quand je me suis déchargée de tout ça, j'ai réalisé que j'étais autre chose. Et ça, en fait, pour moi, c'était hyper important. Et en fait, aussi, il y a peut-être ça, moi, par rapport à ce deuil, la perte de mes enfants au moment, en fait, pendant la mise en bière, la dernière, en fait, à la fermeture du cercueil de mes enfants, je leur ai promis que je n'allais pas me détruire. Mais je pense qu'en fait, c'est cette promesse qui a fait que je suis allée de l'avant. Ça m'a maintenue, en fait. Et au moment où j'ai ressombré, j'y ai repensé à tout ça et je me suis dit, non, Et peut-être qu'indirectement, on y croit ou on n'y croit pas, mais ils sont là. Et puis, je me dis, ils ne sont pas partis pour rien. Ils ont voulu partir à ce moment-là. Et moi, il fallait que les gens comprennent quelque chose. Le chemin de la résilience, c'est clair. Mais bon, je dirais que si on ne fait pas ce chemin-là, la vie est bien difficile.

  • Speaker #0

    Comment s'appelle ton livre ?

  • Speaker #1

    Les larmes de mon corps.

  • Speaker #0

    Les larmes de mon corps, ok. Je mettrai le titre.

  • Speaker #1

    Il est disponible sur toutes les plateformes si ça intéresse.

  • Speaker #0

    Ouais, je mettrai le titre du livre s'il y a des personnes... Comme ça, pour que les personnes puissent aller le trouver. Merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir écoutée et que je puisse partager.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Avec plaisir, vraiment, c'était fort.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai fait un long chemin et j'aurais aimé peut-être avoir à l'époque. Aujourd'hui, les podcasts ne sont plus présents, les témoignages. C'est vrai qu'on en parle beaucoup plus. On est moins seul face à ces troubles des comportements alimentaires parce qu'en plus, on arrive même à poser des mots. Je pense que même le corps médical, il est un peu plus ouvert à tout ça. Et aussi parce qu'on a des personnes comme toi et d'autres personnes accompagnantes à côté qui vraiment se spécialisent dans ces sujets. Et aussi les réseaux sociaux qui nous permettent aussi d'avoir accès à toutes ces informations. Et je pense que si j'avais eu ça aussi plus rapidement, plus rapidement accès à ça, j'aurais écouté et je me serais peut-être dit, cette personne, elle a amené son chemin comme ça, ça va m'inspirer ou quoi que ce soit. Je pense que ça aide quand même beaucoup parce que finalement, dans ces moments-là, on ne sait pas trop quoi faire. Indirectement, on sait, inconsciemment, on sait qu'on a des choses, on n'est pas totalement... On sait qu'on a un TCA inconsciemment. Je pense que tout le monde le sait inconsciemment. Je ne sais pas si toi, tu le ressens comme ça, mais même si on fait le déni, on sait que quelque chose ne va pas. On sait que soit on a changé notre personnalité ou il y a quelque chose qui ne va pas. On n'est pas heureux. On le sait.

  • Speaker #0

    Effectivement, je pense que... Les témoignages sont importants et merci pour ton témoignage parce que j'ai trouvé ça très courageux quand même. Tu viens parler de sujets hyper douloureux. Oui, le trouble alimentaire, mais tu viens parler de deuil périnatal, tu viens parler d'inceste. C'est des sujets qui sont douloureux et pourtant qui sont... Il y a une phrase qui dit qu'il n'y a pas plus... universels que l'intime. Je crois que c'est une phrase qui dit un truc comme ça, mais c'est ça, en fait, ce qui nous touche dans l'intime, comme ça, c'est ça qui est si universel et qui nous permet de nous rejoindre tous les humains. Et ces sujets-là, oui, ils font mal, et en même temps, c'est hyper important d'en parler, parce qu'il y a tellement de femmes concernées, en fait, par ces deux sujets-là, je veux dire, par le deuil périnatal et les violences sexuelles. Donc voilà, je suis hyper déchante de...

  • Speaker #1

    Masqués en plus. Oui, malheureusement, qui sont totalement tabous. Et qui restent encore tabous, même si on veut éclairer indirectement. C'est pour ça que, justement, j'ai fait le choix d'en parler. Et je le parle librement parce que j'en suis totalement... J'ai passé une étape qui fait qu'aujourd'hui, ça fait partie de moi. Mais même, je veux dire, ce n'est pas douloureux. J'ai passé des étapes, ça reste douloureux. Mais je peux en parler posément. Avec une distance. Et ça, je trouve ça hyper important parce que ça reste encore très tabou. On veut faire croire des choses, il y a des sujets qu'on met sur la table, mais il y a des choses qui restent encore. Alors le deuil périnatal peut-être s'ouvre un peu plus que l'inceste, les violences.

  • Speaker #0

    Ah ouais, tu trouves ? J'aurais dit presque l'inverse. Je trouve qu'on parle beaucoup de violences sexuelles. et deuil périnatal, mais après, c'est un sujet dans lequel je suis moins aussi de par mes activités et tout ça. Donc, peut-être qu'en fait, je ne le vois pas. Moi, j'ai l'impression que c'est très, très mal pris en charge aussi par les professionnels de santé. Donc, oui, je ne sais pas. Mais en tout cas, ça me semble super important de pouvoir en parler. et de cette manière-là de libérer la parole. Donc, un grand merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir ouvert le micro.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don. à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Marine

    01:38

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    06:05

  • Les premiers régimes dans l’adolescence

    11:33

  • L’addiction au sport

    15:07

  • Ce qui l’a stoppée

    19:24

  • TW Deuil périnatal

    29:36

  • Guérison et levée d’amnésie traumatique

    39:31

  • Mention de violences sexuelles (inceste)

    43:03

  • Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle

    46:29

  • Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison

    01:06:24

Description


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Petite fille « ronde » ou « bien en chair » comme le disait sa famille, Marine a très vite voulu perdre du poids et a testé des régimes dès la pré-adolescence.
Les restrictions et le sport prennent vite tout la place.

Son envie de devenir maman et l’aménorrhée hypothalamique créent un premier stop.
Mais l’épreuve du deuil périnatal la fait replonger dans l’anorexie, comme une béquille pour survivre.

Cette douloureuse période de deuil lui a permis d’engager un vrai travail de guérison de ses troubles alimentaires.

Durant ce travail psychothérapeutique, Marine vit une levée d’amnésie : les souvenirs de l’inceste vécue dans l’enfance refont surface. 


Il s’agit d’un témoignage puissant et inspirant, un immense merci à toi Marine pour oser lever le voile sur ces tabous!


Vous pouvez également lire son livre « Les larmes de mon corps », dispo un peu partout! 


Épisode cité : Trauma et TCA, Lydie psychologue spécialisée décrypte les liens, les mécanismes et les outils de prise en charge - E.69



Au programme : 


Présentation de Marine

Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Les premiers régimes dans l’adolescence 

L’addiction au sport

Ce qui l’a stoppée
TW Deuil périnatal
Guérison et levée d’amnésie traumatique 

Mention de violences sexuelles (inceste)

Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle 

Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison 


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marine, ravie de t'accueillir dans le podcast. Je suis bien contente de discuter avec toi, parce que je pressens que ça va être très très riche. D'ailleurs, on va essayer de ne pas parler pendant une heure et demie, deux heures, et d'essayer de rester autour d'une heure, mais... Je pressens qu'il va y avoir beaucoup de choses à dire puisqu'on a peu échangé, mais on a échangé un peu par message sur Insta. Et du coup, tu viens ici pour parler des troubles alimentaires parce que c'est mon sujet de prédilection. Mais je le sais, tu le sais et les gens concernés qui nous écoutent le savent très bien. Il y a toujours plein d'autres sujets autour des troubles alimentaires et donc toi, tu as plein d'autres sujets. à aborder. Mais avant d'aller plus loin, je te propose de te présenter de la manière dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine, j'ai 33 ans, je suis aujourd'hui maman d'une petite maman, je suis pâtissière de reconversion et oui... Pour faire écho au sujet qu'on va aborder, j'ai été atteinte d'anorexie pendant 10-12 ans, je dirais. Ça m'a suivi 10-12 ans, mais je peux dire aujourd'hui que j'en suis totalement... libéré, c'est plus mon fardeau mais ça reste peut-être une blessure qui peut se réouvrir à tout moment, ça j'en suis certaine ça peut être ma faiblesse j'ai déjà connu des rechutes à une époque à certaines périodes de ma vie où en fait j'étais en deuil ou quoi que ce soit où j'ai pu je me suis remis dans les TCA en fait en sorte Merci. quasi en béquille à ce moment-là. En fait, j'ai bien vu que c'était finalement une soupape. Ça pouvait peut-être me sauver la vie, mais j'avais conscience qu'il ne fallait pas que je fonce tête baissée. Donc aujourd'hui, je suis autre chose que l'anorexie, ce qui n'a pas été le cas pendant pas mal d'années.

  • Speaker #0

    C'est intéressant déjà ce que tu dis, parce que dans ta façon de formuler les choses, j'ai l'impression que dans... Les rechutes dont tu parles, tu y allais en conscience ?

  • Speaker #1

    Oui. Ok. Oui, parce que je pense, je ne sais même pas, en fait, sans ça, je pense que, comme je dis, c'était une béquille, parce qu'il y a une époque, surtout, on en parlera peut-être plus tard, à un moment donné, j'ai perdu mes enfants, et donc à l'accouchement, et je sais très bien que pourtant, à ce moment-là, ça allait beaucoup mieux, et j'ai rechuté comme telle... Quel loup ! Comme si c'était l'anorexie et le contrôle de mon corps, de mon alimentation, faisait que c'était la seule façon pour moi de passer le cap.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Un moyen de survie.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais seulement par contre à la différence de cette grande période d'anorexie où finalement je ne l'avais pas conscientisé. À ce moment-là, par contre, je savais indirectement que je rechutais et j'en avais conscience. Donc, en étant aidée, j'ai tout de suite réussi à prendre de la distance.

  • Speaker #0

    OK. Et le moment où tu étais dedans, le moment de cette rechute, tu avais conscience aussi de cette béquille. Tu avais conscience du besoin. Tu as l'impression que même au moment où tu le vivais, tu te disais, « Ouais, OK, là, j'ai sans doute besoin de ça pour traverser cette période. Cependant, je vois bien que je rechute et je sais bien jusqu'où ça pourrait me mener. Donc, OK, je vais demander de l'aide. »

  • Speaker #1

    Oui, c'était totalement ça, en fait. Totalement. Parce qu'en fait, je ne savais pas... C'est vrai que parfois, quand on est dans le deuil ou dans la dépression, on va dire, quand on a la tête sous l'eau, il faut trouver finalement quelque chose à quoi se raccrocher. Il y en a qui vont avoir d'autres addictions. Clairement, il y avait ça. Et puis, il y a aussi, j'avais une addiction au sport depuis toute petite. Donc, il y avait le sport aussi qui jouait là-dessus et l'hyper contrôle. On va dire que l'anorexie se jouait surtout dans l'hyper-contrôle, contrôle de mon corps, contrôle des agissements que je faisais pour gérer la culpabilité, gérer tout ça.

  • Speaker #0

    Ok, c'est cool. Tu mets déjà un pied dans l'enfance. Tu dis depuis toute petite que tu avais une addiction au sport. J'aime bien commencer le podcast justement en proposant aux personnes que je reçois de faire un petit détour par l'enfance. d'essayer de se souvenir à quoi ressemblait le rapport au corps et à l'alimentation dans l'enfance. Qu'est-ce qui te revient, toi, quand tu te poses cette question ?

  • Speaker #1

    Alors moi, bizarrement, j'ai vécu dans une famille super aimante, on va dire, on ne peut pas un moment, et un grand frère, tout allait bien. Disons qu'une petite fille pleine de vie et très, très gourmande, pas de prise de tête sur le poids. Disons que j'étais en surpoids. pas un gros surpoids, mais comme dirait les anciens bien en chair, mais des petites remarques. Moi qui faisais écho parce que j'avais par contre une hypersensibilité. L'hypersensibilité qui allait au point que moi je ne pouvais pas, je pleurais à chaque fois que ma maman me laissait quelque part. C'était une profonde hypersensibilité. Donc en fait, tous les mots avaient un sens et à force de les entendre, ne serait-ce que des petites taquineries qui ne sont pas grandes, mais qui ne sont pas énormes, mais moi qui étais en fait quelque chose de très désobligeant, a fait qu'au fur et à mesure, je me suis sentie grosse. Et c'est là où j'ai commencé à me dire, ça a commencé mon rapport au corps et à la nourriture, ça a commencé par les régimes. Je me suis dit, j'ai déjà demandé à ma maman dès 14 ans... 13-14 ans, de faire mes premiers régimes parce que je voyais que je plaisais pas aux garçons comme peut-être mes copines pouvaient plaire aux garçons, parce que j'avais un léger bourrelet qui pouvait indisposer mon grand-père, par exemple, des petits trucs pendant les repas de famille ou parce que je prenais deux fois du dessert. Des choses qui sont somme toute anodines, mais moi, pour le coup, quand on est enfant et on est vraiment dans cette hypersensibilité-là, ça fait un énorme...

  • Speaker #0

    quel regard tu portes adulte sur ces réflexions que tu qualifies d'anodines ces réflexions que tu avais parce que tu viens de parler d'un bourrelet qui indisposait ton grand-père oui voilà en fait c'est que je

  • Speaker #1

    dirais que moi en fait fallait que je réponde à des normes je pense quand j'étais petite il fallait vraiment que je corresponde à Une petite fille, je voulais être la perfection aussi. Il y a cette idée d'être de plaire à tout le monde. J'entendais mon grand-père, par exemple, si j'étais la plus grosse de ces petites filles. C'était des petites réflexions comme ça qui me déplaisaient. C'était, en somme, je ne pense pas que c'était méchant, mais c'était plutôt moquant. C'était de la moquerie, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais quel regard tu poses, adulte, là-dessus ?

  • Speaker #1

    C'est ridicule, c'est méchant et ridicule. En fait, c'est bête et méchant.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Parce qu'en fait, tu pointes du doigt ton hypersensibilité là où moi je me dis, c'est pas normal, à mon sens, de dire ça aux enfants. Et je dis pas, malheureusement, ça existe dans la majorité des familles, encore plus des personnes, j'allais dire de notre génération, je sais pas quel âge t'as, potentiellement t'es peut-être un peu plus jeune que moi, je sais pas, mais je pense qu'on est dans les mêmes âges. Et donc, dans nos parents, grands-parents, on parle aussi d'un fonctionnement un peu différent. Donc, l'idée, ce n'est pas d'accabler, d'acculer ces gens-là, mais je me dis, en fait, c'est comme si tu portais la responsabilité encore à ce moment-là de te dire, ouais, mais parce que j'étais hypersensible. En fait, je trouve que de toute façon, c'est un truc qui abîme énormément de petites filles. En fait, c'est quand même hyper fréquent.

  • Speaker #1

    Je ne dis pas que c'est parce que, mais je pense que mon hypersensibilité a joué sur l'importance de ces critiques. Parce que certes, ça peut être blessant, mais je sais très bien que certains des amis ou quoi que ce soit, elles auraient pu être impactées là-dessus. Peut-être que ça aurait moins eu de valeur.

  • Speaker #0

    C'est là où je ne suis pas complètement d'accord avec toi. Moi, je pense que l'immense majorité, je ne vais pas dire toutes, mais l'immense majorité des petites filles que tu mets dans un milieu où tu sens qu'il y a une grande importance sur le corps, où tu sens que tu dois répondre à des injonctions et qu'il y a une notion de valeur un peu, en tout cas, c'est comme ça que ça peut être compris, tu sais, tu es la plus grosse de mes petites filles. Moi, je pense que ça impacterait de la même manière la majorité des personnes. Et les femmes qui, à l'âge adulte, sont peut-être moins... tracassés par leur apparence ou sensibles à la critique sont, je pense, des personnes qui ont eu peu ou pas de réflexion sur leur apparence dans l'enfance, tu vois. Et qui ont pu construire quelque chose de tranquille, d'un espèce de truc, de toute façon, je reçois de l'amour inconditionnel. Enfin, tu vois, on m'aime comme je suis. Il n'y a pas de truc qui est pointé de défaut, entre guillemets, dans l'apparence, là où quand on est une enfant... Je m'inclus dans le truc, j'ai vécu des choses similaires où en fait, je trouve que ça amène aussi à développer ce côté de petite fille parfaite que tu disais à très juste titre. Genre, bon, ok, il faut que je réponde à des trucs pour être aimée.

  • Speaker #1

    Oui, il faut que je sois aimée. C'était, oui, le constat et le bon, en fait. Il fallait que je sois aimée par, en fait, les personnes qui me regardent, par les personnes qui me tournent.

  • Speaker #0

    Ok. Et du coup, tu demandes à ta maman de faire des régimes assez tôt dans l'adolescence. Oui. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Ça fonctionne ? Comment tu vis ? Et ta maman, elle est OK avec ça ? Elle n'est pas surprise ?

  • Speaker #1

    À l'époque, oui, elle est OK. Disons aussi qu'après, avec le temps, j'ai réalisé que le cadre autour de l'alimentation était très jambé à la maison. Mais ça, je ne l'avais pas vu dans l'enfance. Mais bon, ma maman... Il n'a jamais mangé comme mon papa. Il y a des choses comme ça qu'on reproduit. Et puis finalement, elle, elle voulait juste... Elle voyait bien que je n'étais pas bien dans ma peau. Donc elle s'est dit, écoute, on va te permettre éventuellement de perdre quelques kilos. Parce qu'en soi, j'avais un surpoids, en fait. Pas énorme, mais il était là. C'était d'un ridicule. Mais au moins, je pense qu'elle accédait à... à ma volonté de me sentir mieux. En fait, elle voulait juste que je sois bien dans ma peau et juste que je n'étais pas.

  • Speaker #0

    Et alors, ça a donné quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas forcément dans l'adolescence que je n'ai pas tellement perdu de poids, clairement,

  • Speaker #0

    dans l'adolescence,

  • Speaker #1

    parce que j'aimais toujours autant manger. J'ai testé plein de régimes. À l'époque, c'était les régimes à la pharmacie, par exemple. Il se dit que... On buvait des trucs dégueulasses à 16 ans. C'est terrible, en fait, de se dire ça. Et ça n'a pas tellement marché. J'ai commencé le régime qui a marché, c'était vers mes 18 ans. J'ai commencé le régime du cours. 18, 19 ans, je ne sais pas si j'ai le droit de dire le nom.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Ce n'est pas de la pub, on peut le faire.

  • Speaker #1

    J'ai commencé ce régime à l'époque où c'était la grande mode, où ils vendaient ces livres. Et puis, j'ai lu des petites choses en disant que ça amenait à reprendre beaucoup de poids si on arrêtait, etc. Voilà le contre-coup finalement d'un arrêt du régime ou si on ne suit pas le régime à la lettre. Et puis moi, à ce moment-là, j'étais déterminée de 18-19 ans. J'avais vu que les autres régimes n'avaient pas fonctionné, donc je m'étais dit, allez, je fonce dedans. Surtout, je m'applique et les kilos ont commencé à fondre. Et là, j'ai commencé à avoir aussi des congratulations extérieures. Disons que tu as perdu 5 kilos et puis dis donc, qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que tu as fait ? Et j'ai continué comme ça et je me dis, surtout, surtout, je ne reprends pas le poids. Et puis finalement, j'avais un objectif et au fil des années, cet objectif descendait tout le temps. Déjà, le premier objectif était largement atteint et puis ça continuait de fondre, mais je dirais que ça s'est fait par palier. Au fur et à mesure, on va dire tous les deux ou trois ans, peut-être qu'à un moment donné, je stagnais un peu et puis je continuais à redescendre sur une autre période. À des changements particuliers, je redescendais. Mais là, je n'étais plus au régime. Finalement, là, j'étais dans la restriction à ce moment-là. J'avais fait un système restrictif avec le régime. Et puis après, surtout ne pas reprendre du poids, donc ne pas remanger comme avant.

  • Speaker #0

    Et tu as tenu ça pendant des années ?

  • Speaker #1

    Voilà. Après, je me suis mise au sport. À ce moment-là, au tout début, je faisais… Alors, j'ai été très sportive dans l'enfance, mais du sport, voilà. Bon, je faisais de la gymnastique, de la natation, etc. Donc, j'avais quand même en plus un corps musclé. Après, bon, avec les grandes études, j'ai arrêté. Mais je m'y suis remise. Et puis surtout, j'ai pris le pli de faire un sport qui est quand même où il y avait le plus à perdre. C'était la course à pied. Et je m'y suis mise vraiment à fond, jusqu'à m'inscrire à des clubs, etc. Et puis à gagner des courses. Et puis là, j'ai été identifiée par celle qui faisait des podiums ou des choses comme ça. Donc en fait, à un moment donné, en plus de ça, on est vraiment ancré dans un système où on nous connaît pour nos performances. en plus de derrière avoir une dénutrition ouais c'est ça et du coup qu'est-ce que ça joue en toi ça à ce moment là c'est bien parce que la fille que j'étais finalement en surpoids et que les gens disaient finalement que j'étais pas dans les normes là aujourd'hui j'étais finalement devenue une femme qu'on trouvait finalement jolie, mince etc et en plus de ça je performais ouais mais

  • Speaker #0

    Ça, c'est ce que tu te disais dans ton esprit et avec la pathologie. Mais du coup, avec le recul, c'est de se dire... Quelque part, le fait de gagner ces compétitions, ça t'enfermait peut-être davantage encore dans la maladie. Parce que justement, ça donnait raison à la maladie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Après, sur le moment, on n'y pense pas du tout. En fait, on est dedans. C'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai le recul nécessaire pour dire que ce n'était pas... Je n'étais pas en santé ou quoi que ce soit, mais à cette époque-là, j'étais juste dans l'idée qu'en fait, les gens étaient fiers de moi. Et les objectifs étaient toujours plus grands. Et ça, après, je parle vraiment, ça s'est fait sur le long terme. Ça s'est mis en place sur le long terme. Mais au fur et à mesure, en fait, ça a pris des ampleurs où j'étais addict au sport. au point que c'était devenu un besoin, plus qu'une envie d'aller courir. Chaque matin, il fallait y aller, sinon je ne mangeais pas. Il y avait aussi ce lien avec la nourriture, parce qu'au début, je l'ai fait pour perdre du poids. Je ne l'ai pas fait parce que j'aimais la course à pied. Après, dans un état d'esprit, j'ai toujours été sportive. Je pense que c'est plutôt cet univers de compétition qui m'a plu. Mais déjà, mon rapport à la course, dès le début, il était scellé. C'était pour perdre du bois.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que quand tu dis « j'étais addict au sport » , c'est vrai que parfois, on s'imagine la bigorexie. Je pense que ça peut être le cas. On peut être addict au sport. sans lien, j'imagine, avec la nourriture, la perte de poids. Mais dans la majorité des cas, d'ailleurs, c'est classifié dans les troubles alimentaires, la bigorexie. Dans la majorité des cas, la bigorexie, c'est quand même très rattaché à un autre trouble alimentaire. Et en fait, il y a une addiction au sport dans le but de brûler des calories, d'avoir le droit de manger, etc. Et alors, pour moi,

  • Speaker #1

    c'est lié. Pour moi, c'est lié. Parce qu'indirectement, il y avait d'autres sports. Si vraiment j'aimais le sport, si je n'avais pas aussi cette idée en tête de contrôle de poids, etc., il y a plein d'autres sports peut-être moins énergivores.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, ça s'est stoppé tout ça ? Parce que là, j'ai l'impression que tu étais dans une montée, tu vois ? Les restrictions prennent place. Je pense que tu étais dans le déni de ce qui se passait réellement, de l'anorexie. En plus de ça, tu performes dans le sport. Il y a un truc qui monte, qui s'installe. Qu'est-ce qui s'est passé pour que ça s'arrête ?

  • Speaker #1

    J'avais peut-être 26-27 ans quand j'ai commencé. J'étais vraiment dans le dur. Ça avait commencé depuis à peu près 19-20 ans, vraiment dans les troubles. La rencontre de mon conjoint actuel. qui a fait que aujourd'hui, lui, il m'a connue à la base avec mes troubles. Mais j'étais dans une période où ça allait un peu mieux. Voilà, on rencontre notre conjoint, on a un petit copain. C'est un petit peu le moment où il y a des choses qui se mettent en place. Et après... La routine fait qu'on retombe dans nos habitudes. Lui, il m'a toujours soutenue, il l'a toujours su. J'ai toujours été transparente, parce qu'indirectement, je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Indirectement, je savais que j'avais des mécanismes qui n'étaient pas normaux, qui n'étaient pas normales. Et le temps avance. On a envie de fonder une famille. Et il s'est avéré que quand j'ai arrêté la pilule, mes règles ne sont pas revues. Au bout, on ne sait pas, au début, je me suis dit, je prends le temps. Ça faisait des années que j'étais sous pilule. Et puis, au bout de quelques mois, disons une année, je suis retournée voir mon gynécologue. pour demander ce qui se passait. Et puis d'après lui, il a fait le diagnostic en fonction aussi de mon équilibre de vie, de mes habitudes au quotidien. Il a considéré que j'étais en améliorée suite à des nutritions et à un excès de sport, donc un excès de stress aussi. Donc là, il m'a tout de suite dit, bon, il faut que votre... Vous êtes bien dans le fertile, donc il faut qu'on parte par un parcours PMA. Parce qu'il s'avérait qu'en fait, oui, j'étais... Donc, je ne volais pas et je n'avais pas les hormones. En fait, je n'avais pas suffisamment d'hormones pour avoir un cycle.

  • Speaker #0

    À aucun moment, à ce moment-là, lui, il t'a parlé d'une prise en charge de tes troubles alimentaires qui aurait pu t'amener... à modifier tes habitudes de vie, à peut-être reprendre un peu de poids, faire moins de sport, et qui aurait pu t'amener à retrouver tes règles, en fait. Parce que du coup, c'était ça, c'était une améliorée hypothalamique, quoi.

  • Speaker #1

    Pas du tout, il ne m'a même pas parlé de ce nom, en fait. C'est moi qui suis à ce moment-là, on était en quoi, en 2019, je dirais, et ça commençait sur le réseau, donc il y avait certains comptes qui en parlaient, et c'est moi-même qui, après, en fait, en lien avec ce qu'il m'avait dit un petit peu, peu comme conseil à adopter un petit peu donc justement il m'a juste dit mangez plus madame faites moins de sport réduisez le stress mettez vous en arème maladie ou quoi que ce soit parce que j'avais mon activité professionnelle en plus de ça j'étais à mon compte donc compliqué et c'est juste ce qu'il m'a dit il m'a pas dit d'aller voir des professionnels de santé et il n'a pas mis de mots sur mes mots en fait.

  • Speaker #0

    Oui il n'a pas parlé de troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Du coup, il en parle à demi-mot, mais sans vraiment en parler, et il t'envoie vers une PMA. Alors, OK, très bien, mais ce que je trouve dommage, c'est qu'à long terme, ça ne règle aucun problème. Oui,

  • Speaker #1

    alors ça, c'est certain. Après, nous, le désir d'enfant, ça faisait quasiment un an qu'on voyait qu'il n'y avait pas de retour de cycle, rien. Et puis, on le sent quand il n'y a rien qui se passe. J'ai fait mes recherches parce qu'au fond, je savais très bien que je ne m'alimentais pas suffisamment. Je savais aussi que je faisais trop de sport. Je savais tout ça. Je sentais que mon corps était fatigué indirectement. Et c'est au fur et à mesure de toutes ces… Je ne sais pas quel mot… Cette volonté d'être maman, je me suis dit qu'il y a quelque chose qui bloque. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à avoir mon cycle ? Je me suis renseignée de moi-même et j'ai fait mes efforts moi-même au début en me disant, je vais essayer de manger plus, de réduire un petit peu le sport, mais pas ça quand on est tout seul. J'ai fait appel aussi à des coachs un petit peu sur les réseaux sociaux. J'ai essayé de trouver des gens pour m'accompagner. Donc là, ça a commencé à se mettre en place. Et en parallèle de ça, je faisais les examens nécessaires pour la PMA, mais c'était très long parce qu'encore à l'époque, il fallait du temps aussi pour rentrer en parcours PMA. Donc voilà, je menais aussi ma petite enquête de mon côté. Je faisais en sorte d'aller mieux, mais je voyais bien que ça faisait des années quand même que j'avais enclenché cette habitude. Ce n'était pas simple d'en sortir. Mais la volonté d'être maman était profonde quand même.

  • Speaker #0

    C'est un trouble alimentaire ? et c'est en ça aussi où je trouve que c'est de la responsabilité des médecins qui rencontrent des personnes qui ont un trouble alimentaire de le nommer parce que tu vois tu te dis bah ouais j'avais enclenché ces habitudes mais je veux dire c'est une pathologie psy quoi le trouble alimentaire tu vois et bah ouais tu m'étonnes que ça devait être difficile je veux dire même cette belle volonté c'est chouette parce que tu t'es laissé porter par ça mais c'est dur quoi toute seule mais c'est moi même je me souviens même Merci.

  • Speaker #1

    C'est moi-même qui allais voir les psys de l'hôpital, d'aller voir le centre médico-psychologique. Je me souviens qu'il allait les voir. Je n'ai jamais eu l'hôpital, ne m'a jamais rappelé derrière. Voilà, quand même, il y avait des volontés de savoir dire « je ne vais pas bien » , quoi. Mais je pense que je n'avais pas un cas suffisamment… Voilà, je n'étais pas non plus mon état vital. Et finalement, d'après la médecine, je n'étais pas suffisamment critique pour une prise en charge. alors que j'étais quand même en infertilité, etc. Donc, il y a des systèmes en moi qui ne fonctionnent pas suffisamment. Mais pour eux, ils considèrent que ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Oui, enfin, ils considèrent en tout cas. Malheureusement, les CMP sont surchargés et je pense qu'ils sont obligés de trier. Effectivement, ils doivent mettre des critères d'urgence. C'est clair. OK. Et alors ? Et alors ? Qu'est-ce qui s'est passé après ? Raconte-nous !

  • Speaker #1

    Donc, après toute cette période de parcours PMA, qui a été quand même assez longue pour rentrer entre les examens, et puis il y avait des périodes de rétractation, etc. C'est un petit peu long. Il s'est avéré, en fait, que moi, je n'avais pas du tout de problème. Tout fonctionnait bien. Chez mon mari, pareil. Donc, bon, il a dit. Là, c'est là où, en fait, le gynécologue PMA m'a dit que j'étais en aménorée hypothalémique. Donc, là, c'est là où, en fait... Un nom déjà que j'avais entendu du coup de moi-même avec mes recherches, mais c'est là où lui, il me l'a dit. Et il m'a dit que mes examens, en fait, montraient bien que les hormones n'étaient pas suffisantes. En fait, je ne produisais pas assez d'oestrogène. Mon corps était au ralenti. Donc, on a fait juste, au vu de tout ça, en fait, il a été question d'une simple stimulation ovarienne. Je m'injecte des hormones pour simuler mon cycle. Et à partir du moment où il y a des follicules matures, on déclenche l'ovulation par une autre piqûre. Et puis après, il y a des rapports naturels sur le laps de temps, comme un cycle qui se fait naturellement chez une femme. Mais il s'avère que moi, je suis toujours surstimulée. Parce que mon corps, en fait, ne répond pas au début, mais à partir du moment où ça répond, en fait, les follicules se développent en masse. Tout se développe en même temps. Et c'est pour cela qu'en fait, la première stimulation a fonctionné. Et bonne nouvelle ou pas bonne nouvelle, je suis tombée enceinte de triplée.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, nous, ça faisait quand même cinq ans. Ça faisait cinq ans qu'on était dans cette volonté d'avoir un enfant. Donc, c'était merveilleux pour nous. Il n'était pas question d'en enlever ou quoi que ce soit, même si ça avait été envisagé par le corps médical. Voilà, donc on a débuté une grossesse comme ça, triple un petit peu, dans l'instruction, mais heureux en fait que ça ait marché et qu'enfin on voit une possible avancée d'une famille, de création de famille. Pour autant, ça ne s'est pas passé comme ça. Ça, c'est mal terminé. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit. C'est vrai que même des grossesses triples, on voit des belles fins. La nôtre n'a pas été comme cela. Alors, comment j'ai débuté cette grossesse ? J'ai débuté cette grossesse quand même, je n'avais pas repris beaucoup de poids. J'étais un poids bas, une grossesse quand même à risque. Même, il s'avère que le début de grossesse, j'allais continuer à faire du sport. Et je me souviens même que ça m'avait fait une frayeur parce que ça m'avait créé des saignements. Mais à ce moment-là, en fait, pour moi, il m'était impossible de réduire la course à pied. Donc, pour dire comme quoi j'étais encore dans un cadre d'addiction. Parce qu'en fait, même si j'étais enceinte et que c'était... Merci. un rêve depuis des années, quand même pour moi il fallait que je continue. Je ne me sentais pas capable d'enlever mes habitudes. Et je n'étais pas chaud, finalement je sentais qu'il y avait des blocages sur cette prise de poids qui pourtant étaient plutôt bénéfiques, parce qu'on sait très bien que les grossesses sont pendues pour quelque chose de merveilleux. Mais voilà, ça a quand même évolué. C'est vers 25 semaines d'aménorrhée où, en fait, j'ai un peu avant, vers 22-23 semaines d'aménorrhée, j'ai rompu une poche des os, en fait, de l'un des tracés. J'ai été hospitalisée. Et deux semaines après mon hospitalisation, j'ai fait une infection. Et donc, j'ai dû accoucher.

  • Speaker #0

    de mes bébés qui n'ont pas été viables parce qu'ils étaient à la limite et c'était trop petit pour pouvoir les réanimer. Donc voilà, tout ça, en fait, là après, on va dans un... On ne s'attend pas à vivre le deuil. En fait, mine de rien, c'est un cataclysme total parce qu'on se projette, on se projette surtout dans des grossesses comme ça où en fait, il faut tout préparer. On a changé de maison. On doit changer de véhicule, on doit changer de tout en fait, parce que rien n'était adapté pour nous et pour l'arrivée de Triplé. Et là, en fait, tout bascule.

  • Speaker #1

    Tout s'effondre, quoi. Et c'est là où tu dis que tu replonges plus, plus dans l'anorexie, quoi. Mais donc finalement, tout à l'heure, tu parlais de rechute. En réalité, tu n'étais pas sortie de l'anorexie à ce moment-là, puisque tu me dis.

  • Speaker #0

    Oui, pas totalement, mais disons quand même que j'avais vraiment fait du travail quand même. Après, à ce moment de grossesse, j'avais arrêté le sport, je me faisais OK. J'ai dit la grossesse, je… Alors, est-ce que c'était vraiment la grossesse, on va dire un cache-misère ? Peut-être en se disant, c'est une période où je me laisse aller, je porte la vie, et puis ça peut être ça aussi. Mais j'avais quand même déjà beaucoup travaillé dessus et j'en avais vraiment conscience. et j'allais quand même mieux j'allais quand même mieux mais je pense que oui tout n'était pas encore terminé t'as eu le sentiment d'être bien accompagnée dans ce deuil de

  • Speaker #1

    ces bébés comment ça s'est fait pour toi ?

  • Speaker #0

    pas du tout pas du tout alors moi en fait À partir du moment où vous rentrez chez vous, après ça, en fait, non, il n'y a rien qui… On n'est pas soutenus. Si, on a une aide psychologique éventuellement qu'on peut prendre à l'hôpital. Mise à part ça, si on ne fait pas les démarches par nous-mêmes, il n'y a rien de… On ne peut pas accompagner, voire même il y a des choses, des absurdités. On continue d'avoir des courriers de la CPM pour nous dire que la grossesse, c'est notre grossesse, des choses comme ça. enfin c'est Il y a des liens qui ne se font pas au niveau des administrations. C'est peut-être des petites choses ridicules, mais à ce moment-là, en fait, on n'a pas besoin de gérer.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas du tout ridicule. Bonsoir, tu ne vas pas recommencer ? C'est comme les remarques quand tu étais petite. Non, mais c'est hyper violent. Oui, c'est un bug administratif. Et en ça, on pourrait se dire que ce n'est pas grand-chose. C'est un bug administratif, mais c'est un bug qui ne doit pas exister, surtout pas. À cet endroit-là, ce n'est pas possible. Comment ? C'est un peu bizarre ma question, mais j'ai envie de te dire, comment tu as fait du coup ? Comment tu as fait ce deuil, ce deuil si douloureux ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'ai fait tout. J'ai mené toutes les étapes de Dazet pour amener mes enfants vraiment. On a fait une cérémonie. On a fait vraiment les choses jusqu'au bout, parce que je pense que c'était important pour qu'on comprenne et qu'on donne vraiment une essence à ce passage. Moi j'ai quand même un aspect assez spirituel, donc je crois en beaucoup de choses. Donc je me dis, c'était ainsi, on essaye de trouver des croyances. J'ai essayé de croire en plein de choses pour pouvoir avancer, parce qu'en fait quand on est dans ce... Dans des étapes comme ça aussi douloureuses, soit on sombre ou soit on avance. Et c'est vrai que moi, je me suis dit, il faut y aller, il faut avancer. J'ai mis un peu de temps avant ça. J'ai été isolée pendant pas mal de temps. J'ai mis du temps à me rouvrir. Et puis avec le temps, j'ai compris que ma vie a continué et que j'avais la possibilité certainement de fonder ma famille différemment, mais que aussi mes triplés étaient là en fait. Je me suis accrochée à l'idée qu'ils veillaient sur nous et que c'est eux qui ont fait le choix. Clairement, il n'y a pas eu d'interruption médicale de grossesse, ce qui m'avait été proposé aussi. J'avais dit s'ils doivent partir. J'ai senti toute cette phase de deux semaines où j'ai été hospitalisée. J'ai pris conscience que mon cas était quand même assez… Même si j'étais très positive. Je savais que ça pouvait s'arrêter à tout moment. Donc, j'avais commencé déjà aussi à imaginer le pire. Et je me suis dit, au moins, je suis toujours dit, les triplés sont partis au moment où ils ont voulu partir. Je me suis aussi beaucoup posé la question. Il y en a un qui était en danger. Est-ce que les deux autres auraient pu être sauvés ? J'ai préféré éviter ce genre de questions et me dire qu'ils sont partis tous les trois. En fait, j'ai vraiment voulu éviter la colère, la colère après le corps médical. Je me suis dit que c'était ainsi. J'ai vraiment essayé de me dire que mon destin était celui-ci. Pour pouvoir avancer vraiment et justement reconstruire une famille avec des étoiles et des êtres nés. Mais il a fallu du temps, je n'ai pas refait une grossesse immédiatement. C'est à ce moment-là aussi où j'ai pensé à moi, je me suis reconvertie, parce qu'au tout début j'étais DRH, j'ai toujours aimé la pâtisserie, donc je suis partie loin de chez moi, j'ai refait des études d'une année. Il a fallu du temps que je consacre personnellement à moi et à une reconstruction. À ce moment-là aussi, j'étais dans des… Encore, j'étais revenue dans des TCA, mais au fur et à mesure, j'avais conscientisé. Là, je me suis fait vraiment, vraiment aider parce que je me suis dit l'approche… Mon objectif était de remener en fait une grossesse naturellement et de ne pas repasser par la PMA. D'accord. Pendant deux ou trois ans, voilà, je suis… J'ai vraiment… Là, j'en ai vraiment… J'ai vraiment…

  • Speaker #1

    T'as bossé, quoi.

  • Speaker #0

    J'ai piqué pas mal de choses. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as fait ce travail thérapeutique, en parallèle tu t'es reconvertie pour, ce n'est pas anodin de travailler dans un métier de bouche, dans la pâtisserie. Ok, et tu étais toujours avec ton conjoint ?

  • Speaker #0

    Oui, on est toujours ensemble, on a surmonté l'épreuve ensemble, on va dire que les étapes de deuil ne sont pas saines. parce qu'on ne fait pas le deuil tous. C'est tout vraiment personnel. Chacun a les étapes du deuil et on ne l'a pas fait forcément au même moment. Donc, il y a eu quelques conflits, mais je pense qu'on était faits pour mener ça ensemble. On s'est soutenus et puis on a communiqué surtout. Et puis surtout, lui aussi, il est venu... me soutenir. Il a vu aussi que je retombais, je replongeais. Et c'est aussi lui qui m'a dit, il faut y aller, il faut monter la pente. Et puis lui, à un moment donné, où il était un peu plus en difficulté, on était là. Je pense que seul, on n'aurait pas pu. Peut-être qu'on peut, c'est vrai, se déchirer, mais je pense qu'à deux, on est quand même aussi plus fort.

  • Speaker #1

    Et au terme de ce travail de 2-3 ans, c'est là où tu dirais que tu es vraiment sortie ? Tu as réussi à laisser les troubles alimentaires derrière toi ?

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Conceptuellement, on va dire que j'ai repris vraiment du poids. J'ai fait une phase où j'étais en repos parce que mon corps avait besoin aussi après tout ça. Et puis, mon corps était fatigué. Le sport, j'ai essayé de travailler sur le sport. sport plutôt de façon, on va dire, activité physique, de façon agréable, sans objectif, sans rien. Et vraiment me libérer de toutes ces habitudes alimentaires que j'avais mises en place ou même de ces peurs d'aliments qui me faisaient peur ou des choses comme ça. Vraiment, j'ai tout retravaillé à ce moment-là. Parce que j'ai vraiment réalisé que j'ai quand même perdu des enfants. Je me dis, mais quel intérêt de se focus sur juste un poids ou quelque chose comme ça ? J'ai d'autres valeurs. Et c'est à ce moment-là vraiment où je me suis rendue compte des valeurs de la vie aussi. Puis que je m'en suis sortie d'un deuil pareil. Et je pouvais m'en sortir aussi d'une anorexie.

  • Speaker #1

    Oui, ton deuil a eu une valeur un peu thérapeutique aussi, en ce sens.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, c'est vraiment le travail thérapeutique qui m'a amenée sur, justement, des rappels. J'ai beaucoup, beaucoup travaillé. Et c'est à ce moment-là que je pense que j'étais au plus profond de la dépression, parce que je pense qu'après, il y a forcément un état dépressif. que je me suis souvenu en fait de choses passées dans l'enfance et ça a fait écho sur peut-être mon rapport au corps, le rapport que j'avais aussi dans ma sexualité, le rapport, voilà, vraiment tout ça. Et quand j'ai su ça, en fait, j'ai vraiment, j'ai eu l'impression d'avoir, de m'être délestée d'un poids. Qu'inconsciemment, je pense que j'avais au fond de moi, mais que... que je n'avais pas réussi à identifier.

  • Speaker #1

    Oui, ce que tu es en train de dire, c'est que tu avais ce qu'on appelle une amnésie traumatique.

  • Speaker #0

    Oui, c'est comme ça qu'on me l'a annoncé.

  • Speaker #1

    Et que c'est par le biais du travail thérapeutique que tu as eu ce qu'on appelle une levée d'amnésie, où en fait des souvenirs sont revenus de violences sexuelles subies dans l'enfance.

  • Speaker #0

    Tout à fait, tout à fait. Et mon cousin.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, de l'inceste en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et le fait de découvrir ça, de déclairer ton histoire avec cette information-là, c'est là où tu dis, quand tu parles d'un poids, d'être délesté d'un poids, c'est ça aussi, c'est le fait d'éclairer et de mettre en sens et de dire « Ah, mais attends, en fait, ça explique une partie de mon rapport au corps, de mon rapport aux hommes, de mon rapport à la sexualité, de mon rapport à la nourriture, etc. »

  • Speaker #0

    Oui, alors ça réobserve. On va dire peut-être que ça ne justifie pas tout. mais oui ça a amené en fait une clé que je ne comprenais pas en fait. Pourquoi moi et pourquoi pas une autre avait amené ces troubles ? Là j'avais l'impression, à ce moment-là je me suis dit, je sais pourquoi je suis autant, je me rédis autant quand je regarde mon corps, je sais pourquoi j'ai… J'ai autant de difficultés dans les rapports sexuels à être bien, parce que clairement, c'est tout ça. Ne serait-ce qu'avec mon mari, il y a toujours ce rapport qui était difficile, sans savoir pourquoi. Pourquoi, en fait, même, je vois les choses différemment des autres. Finalement, pourquoi, dans la sexualité, dans le rapport au corps, dans cette vision que j'ai de moi, en fait. Je pense que j'ai voulu cacher, en fait, mon corps a caché ça, alors que ça fait partie intégrante de la perception de ce que j'ai fait aussi, petite. Je ne sais pas si c'est clair ce que je dis.

  • Speaker #1

    Si, je pense. Moi, en tout cas, ça me paraît clair. Mais c'est ce que je me disais, je me disais que peut-être pour des auditeurs, auditrices, Il y a quelque chose de pas clair. Alors, j'ai fait plusieurs épisodes, notamment avec une professionnelle spécialisée sur le sujet, mais que je vous invite au passage à aller réécouter si vous tombez là sur le podcast. Et il y a aussi de la littérature super intéressante à ce sujet, mais je pense que pour certaines personnes, c'est pas clair, quoi. Je vois pas le lien, tu vis des violences sexuelles et tu développes un trouble alimentaire, tu vois. Est-ce que... Toi, tu serais en mesure de l'expliquer un peu ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. En fait, pour être transparente, les souvenirs ont fait que je ne me souviens pas tellement de l'âge. Je pense que ça n'a pas d'intérêt, peut-être 8, 9, 10 ans. J'ai... toute petite, on jouait avec ma cousine. Et puis, en fait, il s'avère que mon cousin n'était pas loin. Et puis, les jeux de papa et de la maman, c'est suggéré par le cousin. Et puis, donc, forcément, j'étais la maman, il était le papa. Et puis, ça s'est amené comme ça. Et puis, gentiment, il a voulu me montrer ce que faisait un papa et une maman dans le lit conjugal, sans que, pour autant, Merci. Pour lui, c'était normal. Et puis voilà, il m'a expliqué qu'il n'y avait pas de quoi se stresser. C'était des choses qui étaient tout à fait normales. Donc moi, on ne sait pas trop quand on est enfant comme ça. Il a eu donc forcément... Alors pourtant, les scènes sont claires aujourd'hui. Alors qu'il y a dix ans de ça, je me serais dit, mais non, c'est pas possible. Aujourd'hui, c'est clair comme de l'eau de roche. Il a eu des attouchements qui, pour moi, au moment de l'attouchement, je me suis dit que ce n'était pas normal. Mais il s'avère qu'il était insistant. Il m'a dit que c'était des choses normales et qu'il ne fallait pas forcément y faire tout à plat.

  • Speaker #1

    Il avait quel âge, ton cousin ?

  • Speaker #0

    Il est adolescent, on va dire, dans ses moments de 15-16 ans.

  • Speaker #1

    Ah ouais, quand même ! Oui, d'accord, il était grand quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui, il avait 4 ans de différence de moi, 9, 9-13 ans, 9-13, 10-14 ans, je ne sais pas exactement les âges. Ok.

  • Speaker #1

    Mais oui, de toute façon, il était plus vieux. Je fais exprès de te poser la question, je précise aux auditeurs, auditrices aussi, que parfois, on est tenté de dire « Non, mais c'est un jeu entre enfants, c'est du touche-pipi. » Quand on regarde les études, dans l'inceste, on parle bien de domination, de dominant-dominé, et l'agresseur est toujours plus âgé. Et ce n'est pas un détail, dans ce côté de... pouvoir et d'assise ou ce que tu décris où lui dit mais si mais attends c'est normal c'est voilà ça soit un truc où en fait toi juste tu te tais quoi et puis là encore en plus il est Il ya beaucoup de secrets ça reste une famille moi j'ai ma cousine qui à mon âge donc la petite soeur je

  • Speaker #0

    vais continuer à jouer avec elle donc ça se dit pas en fait je le dis pas et puis ça continue ça se réitère assez arrivé pour ça oui Et puis finalement, je pense que mon corps, il a préféré oublier. Et du moins, ma tête a préféré oublier, parce que mon corps, indirectement, ne l'a pas oublié. Parce que ce cousin-là, en fait, je n'ai jamais pu… À la vue de… J'ai toujours été ready à sa vue, en fait, en tout le temps, à une distance. Et je ne sais pas, comme un effet d'allaitement, d'allaitement qui était vraiment… Que je ne comprenais pas, en fait. Il me faisait autant de dégoût. J'avais autant de dégoût pour lui, mais c'était le corps qui répondait. Et je pense que ça a totalement un lien avec le regard que j'ai sur moi parce qu'après, au fil du temps, je me suis construite avec ça. Et dans mon rapport au corps avec les garçons, ça a été compliqué. J'ai eu une phase au début de ma sexualité. Je devais répondre à tous les désirs des hommes, en fait, totalement soumises. Mais totalement, j'avais ce besoin sexuel de répondre à tout ce qui leur enchantait, qui ne m'enchantait pas forcément, mais je pensais que c'était normal, qu'une femme devait en arriver là. Et à l'heure d'aujourd'hui, maintenant que je le sais, je suis plus dans le recul. Pourtant, mon mari, j'en ai confiance, mais je vois que mon corps se rédit au fur et à mesure du temps. Et mon corps, il est anti... Il se rédit... J'ai vraiment des sensations. Mon corps, il me manifeste des sensations. Au contact d'hommes ou quoi que ce soit. Et je pense qu'il y a ce lien de vouloir se façonner, en fait, une image. Ou peut-être... Ce n'était pas dans l'idée... Alors, je n'ai pas voulu maigrir dans l'idée de me rendre invisible. Je ne pense pas. Je ne pense pas que c'était... Parce que souvent, c'est vrai qu'on parle aussi de cette idée de recul et d'invisibilité dans les troubles. Je ne pense pas que c'était ça, mais plus un contrôle. L'hyper-contrôle, il était là. Il fallait que je contrôle mon corps sur tout ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Et ouais. En même temps, c'est par lui qu'est arrivé tout ça. Enfin, tu vois... inconsciemment, on accuse un peu son corps aussi de... Tu vois, parce que c'est le vecteur, en fait, de ce traumatisme à ce moment-là. Et donc, dire non, mais attends, contrôler son corps, c'est un peu dire non, mais attends, ça n'arrivera plus, ou enfin, tu vois, reprendre la main sur quelque chose de manière totalement inconsciente, puisque de toute façon, tu ne t'en souvenais même pas. Mais c'est intéressant ce que tu dis quand tu dis OK, ma tête, elle, avait oublié, mais le corps sait. Et tu as parlé de dégoût. Est-ce que tu ressentais une forme de dégoût pour toi-même aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. Je pense que c'est vrai que ce n'est pas forcément facile de se souvenir, parce qu'aujourd'hui, ça a quand même changé, ça. J'ai quand même une acceptation, mais oui, si, j'avais un dégoût pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que ça, ça explique aussi une partie, à nouveau, c'est impossible d'avoir, tu l'as très bien dit tout à l'heure, en fait, on trouve des clés, des morceaux qui expliquent certaines choses, mais tout ça, c'est… intimement liées, multifactorielles, mais cette question du dégoût, elle explique aussi en partie le développement de troubles alimentaires et de chercher la minceur, voire la maigreur et le contrôle du corps, voilà, pour essayer de gérer ce dégoût finalement. Je peux pas m'empêcher de te demander est-ce que tu as parlé ? Est-ce que tu as parlé à tes proches ? Est-ce que quand ces souvenirs sont revenus, est-ce que tu en as fait quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors, il a fallu que je digère la pilule moi-même pendant pas mal de temps, de comprendre en fait, me dire si j'avais pas... Je n'avais pas tout inventé. Si c'est un moment donné, pourquoi ça m'était revenu ? Parce que franchement, je me suis posé la question. Je me suis dit, est-ce que c'est vraiment réel ? Est-ce que c'est vrai ? Mais indirectement, ça revenait. Et puis, cette sensation que mon corps, il ne ment pas pendant toutes ces années. Pourquoi j'ai ce recul et cette distance avec ce cousin-là et pas avec les autres, etc. Ça ne ment pas. Je me suis dit qu'il fallait que je me fasse confiance. Ça a une clé quand même. Mes troubles derrière ne sont pas anodins. Je vois les images. Mais c'est vrai que c'est difficile, après une amnésie, de se dire est-ce que c'est vraiment... Est-ce que je n'invente pas les faits ? Ça, j'ai eu une... une étape pour bien comprendre tout ça. J'ai retravaillé aussi en thérapie pour aussi accepter cette étape de ma vie que j'avais totalement occultée. Et après, j'ai beaucoup écrit. Et ma famille, ma famille proche, on va dire, mes parents, etc., ils ont été au courant au fil du temps que j'ai fait ma thérapie, comme mon mari. Et après, j'ai écrit quand même un livre sur la perte de mes enfants. Et dans ce livre, je fais des feedbacks sur mon enfance et aussi sur comment, par exemple, je suis amenée à un parcours PMA, donc aussi sur mes troubles alimentaires. Et c'est de là, en fait, que je pense qu'aujourd'hui, parce que le livre est sorti il y a deux mois, je sais que ma famille est en cours de lecture. Donc aujourd'hui, voilà. Ils le savent. Je ne suis pas sûre que la personne concernée le lira. Donc, je ne sais pas. Je n'ai pas parlé directement à la personne concernée. Je ne l'ai pas revu depuis. Et si je peux l'éviter, je l'éviterai.

  • Speaker #1

    Mais dans ton livre, tu parles d'un cousin, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    OK. Donc, après, lui, s'il ne lit pas le livre, il y a des membres de ta famille qui vont lire et qui vont peut-être l'interpeller.

  • Speaker #0

    Ça m'est égal. Ouais, ça m'est égal.

  • Speaker #1

    OK. Toi, tu n'avais pas envie, lui, de le confronter à ce qu'il a fait ?

  • Speaker #0

    Non, pas pour le moment. Après, peut-être que quand l'occasion sera là, je ne sais pas. C'est vrai que c'est un cousin que je ne fréquente plus. C'est un cousin que je ne vois plus du tout. Donc, je ne vais pas aller le chercher pour lui en discuter. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as déjà envisagé que sa petite sœur ait pu être victime comme toi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai même pas pensé. Je n'y ai même pas pensé. J'avoue, je n'y ai pas pensé. Je ne sais pas du tout. Je ne pense pas, mais je ne sais pas. On dit que je ne pense pas, mais... Non, et puis c'est vrai que comme j'ai perdu aussi contact avec ma cousine, nos chemins sont un petit peu séparés, donc je ne pourrais pas forcément lui en parler. Mais c'est vrai que la question ne m'était même pas venue à l'esprit. Parce que c'est vrai que moi, ne serait-ce que de mon frère, je verrais, enfin, ce serait impossible. Donc, c'est vrai que je ne l'y ai même pas pensé, alors que c'est les personnes concernées.

  • Speaker #1

    Là, pour le coup, il l'a fait à toi. Donc, de toute façon, c'est possible. Disons qu'il y a un truc aussi qui est peut-être important à dire. Je ne sais pas comment tu vas le recevoir, mais l'inceste n'arrive jamais comme ça dans une famille. S'il y a de l'inceste, il y a de l'inceste. et il y en a. C'est-à-dire que je ne sais pas quelle est son histoire à lui avec ses parents, avec ses grands-parents, vos grands-parents, enfin voilà, je ne sais pas quel n'est un. Mais quand il y a de l'inceste, il y a de l'inceste au-dessus en fait ou autour, tu vois. Et voilà, je me dis qu'il avait une petite sœur dans tes âges. Je ne dis pas assez sûr et certain qu'elle a été agressée mais c'est quand même... Moi, en tout cas, ça me vient... en tête. Et elle, c'est pas possible qu'elle lise son livre ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas, on n'a plus du tout de contact. C'est vrai que bon, peut-être. Peut-être, je peux pas te dire. Si c'est entre ses mains, et si ça fait écho, et si vraiment un jour elle a envie d'en parler, voilà, moi je suis totalement ouverte, même si mon cousin le lit par hasard et qu'il me dit qu'on en parle, pas de souci. Je suis totalement ok à partir du moment où j'ai publié ce livre, ce témoignage. je suis totalement ancrée avec mon histoire. Oui. Sincèrement. Mais après, je n'y suis pas allée directement. C'est vrai que je ne sais pas. Aujourd'hui, nos chemins se sont... Ils sont séparés. Si j'avais été confrontée un jour, par exemple un dimanche avec lui, je n'ai pas eu le choix de le voir en famille. Peut-être qu'on en aurait discuté, mais ce n'est pas le cas. Et je ne suis pas sûre de le revoir un jour.

  • Speaker #1

    Et tu n'as pas eu l'envie ou même l'idée de passer par la justice ?

  • Speaker #0

    Non, ça non, je n'y ai pas pensé. Je n'ai pas... Non.

  • Speaker #1

    C'est vraiment des questions, n'y vois aucune, surtout pas, injonction, genre, il faudrait en parler, il faudrait... C'est vraiment juste des questions que je pose comme ça, pour... Parce que... Qui passent par la justice, d'autres non. Il y a des personnes aussi qui engagent ce processus-là vraiment dans le but qui est... une action réparatrice de la justice et puis d'autres qui engagent le processus plutôt d'une manière symbolique et puis d'autres qui n'engagent jamais ce processus. Mais en même temps, tu sais, sincèrement, je te pose la question parce que je trouve que c'est une question qu'on ne pose pas assez aux gens. Et que voilà, en fait, mine de rien, c'est ton droit et que je trouve que ça repose aussi des choses sur la gravité de l'acte, c'est-à-dire que c'est ultra grave ce qu'il a fait et qu'il pourrait... être, voilà, confondus, tu vois, pour ça. Ils pourraient avoir de gros, gros problèmes pour ça. Et voilà, en tout cas, toi, c'est ton droit. Et c'est ton droit aussi de ne rien en faire. C'est-à-dire que, déjà, c'est toi la victime, donc tu dois rien à personne. En fait, je veux dire, tu ne dois pas... Enfin, comment je pourrais dire ça ? On n'est pas censé attendre de toi que tu ailles en parler, par me parler, faire ci ou faire ça. Je veux dire, à mon sens, quand tu es victime et que tu te reconstruis, ton objectif, c'est de prendre soin de toi et faire ce qui te permet de prendre soin de toi sur le moment. Et du coup, ça évolue. Des fois, il y a des gens qui disent « je n'aurai jamais recours à la justice » et puis cinq ans après, finalement, qui y vont ou d'autres qui n'y vont jamais. Mais l'important, c'est de s'écouter, je pense.

  • Speaker #0

    Oui. Moi déjà, en fait, mon souvenir, en fait, de revenir sur cette étape-là de ma vie, moi ça m'a permis de comprendre des choses sur moi, et voilà, je l'ai plus vu dans cet aspect-là, je me reconstruis avec ça, qui n'est pas forcément une épreuve terrible qu'on peut vivre à l'adolescence, et qui n'est pas du tout pardonnable. Mais pour autant, je n'ai pas le besoin de faire passer la justice. Pour moi déjà, vraiment, j'ai beaucoup gagné en me souvenant et en me disant que ça m'amène vers une compréhension de pourquoi aujourd'hui j'avais ces troubles-là, pourquoi aujourd'hui j'avais ce rapport à mon corps. C'était ma... Finalement... C'est ma première récompense, en fait, elle est là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est en fait, finalement, d'un petit peu embaumer la blessure qui l'a faite. Je ne vois pas, en fait. Oui, la justice permettrait finalement, c'est quand même un acte, oui, pour tous ces gens qui... C'est rendre justice. C'est vraiment rendre justice et remettre la victime à sa place.

  • Speaker #1

    Et remettre l'agresseur aussi à sa place.

  • Speaker #0

    L'agresseur à sa place. Mais en même temps, moi, c'est vrai que je me dis, à l'heure d'aujourd'hui, ça ne m'apporterait pas moi-même. Ça serait plus... Voilà.

  • Speaker #1

    Oui. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est peut-être pas de ça dont tu as besoin. Et peut-être que ce ne sera jamais le cas. Peut-être que ce sera le cas un jour. En tout cas, il y a aussi... Moi, j'ai du mal à croire. Et je ne dis pas, attention, je n'arrive pas avec des certitudes, pas du tout. Mais de ce que j'ai pu voir, entendre, accompagner autour des violences sexuelles, et lire aussi, ou apprendre, j'ai du mal à croire que ce mec-là, tu as été sa seule victime. J'ai du mal à croire que ce type-là, il a une sexualité normale, avec d'énormes guillemets, c'est quoi la normalité ? En tout cas, qui respecte le consentement. qui soit dans un vrai partage. En fait, les agressions sexuelles, c'est un pur système de domination où l'autre n'existe pas en tant que sujet. C'est l'objet de mon désir et je le prends et je l'utilise. Et du coup, il y a des chances que cet homme-là, déjà, c'est à se demander ce qu'il a vu, vécu, pour faire ça sur toi.

  • Speaker #0

    peut-être que lui-même a été victime à un moment donné. Et on peut imaginer que derrière, il a continué de se construire avec quelque chose de très dominant et que potentiellement, il y a eu d'autres victimes, malheureusement.

  • Speaker #1

    Je ne m'étonnerais pas. Malheureusement, je pense. Je ne peux pas aujourd'hui. Bon, il a sa famille, mais je crois qu'ils sont séparés. Mais il y a des enfants.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est vrai que je n'ai pas été aussi loin dans la réflexion parce que c'est vrai que je n'ai pas été chercher... Parce que justement, un agresseur, finalement, aujourd'hui, quand tu me dis ça, ça me semble forcément plausible et puis finalement logique. Mais c'est vrai que sur le moment, je ne me suis pas dit qu'il aurait pu y avoir d'autres victimes. C'est la première fois d'ailleurs. que finalement tu soumets l'idée et voilà, j'en prends conscience, mais je n'y ai même pas pensé. Parce que c'est vrai que peut-être que finalement, tu es un public plus averti, parce que c'est vrai que tu as fait des recherches où tu es quand même une professionnelle, et puis tu as fait beaucoup de recherches là-dessus, et puis tu t'intéresses au sujet. Mais c'est vrai que moi, mis à part l'expérience que j'ai eue, je n'ai pas été plus loin, je n'ai pas cherché. L'importance pour moi était de me reconstruire suite à ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'entends. Mais les questions que je te pose sont aussi des questions que j'ai pu poser, que l'on pose. En fait, je suis bénévole dans une association qui accompagne les victimes de viols sexuels. Donc effectivement, ça fait que... Et puis, dans le cadre notamment d'une de mes formations sur les TCA, le sujet du traumatisme aussi a été abordé, un peu creusé. notamment des traumas sexuels. Et puis, j'ai une histoire de vie aussi individuelle avec de l'inceste dans ma famille. Enfin, tu vois, tout ça fait qu'effectivement, je pense être une oreille peut-être plus avertie que d'autres. Mais en tout cas, tu sais, c'est question de questionner le rapport à la justice. Tiens, est-ce que vous avez porté plainte ? Est-ce que vous comptez porter plainte ? Est-ce que... C'est des questions qu'on pose à l'assaut et qui, pour moi, ont une vraie valeur aussi thérapeutique. vraiment dans le sens où en aucun cas on ne mettra de pression nous, on est là pour accompagner des gens à aller mieux, vraiment comme tu dis, à se reconstruire. Néanmoins, c'est l'occasion de faire un rappel de la gravité des faits et du fait qu'il y a des lois dans notre système contre ça et que ce n'est pas juste une erreur entre deux enfants pris isolément. Non, en fait... vous vous inscrivez dans un système un système sociétal un système patriarcal ultra violent de domination et de domination sexuelle et c'est pour ça aussi tu vois que je parle de la loi mais je parle aussi de potentiel ou de victime parce qu'en fait c'est pas juste toi c'est pas juste toi et lui et qu'en fait enfin J'allais dire, lui-même est victime d'un système dans lequel il est devenu agresseur, il a pris place en tant qu'agresseur. Et en fait, voilà. Et c'est aussi dans une reconstruction thérapeutique, ça me semble importante. Tu sais, comme les TCA, en fait, il y a tout ce qui se joue au niveau individuel. Il y a le fait que, tiens, toi, c'est un très bon exemple, en fait, je veux dire, tu ne t'en souvenais plus, mais tu as vécu de l'inceste petite. Si... Et vraiment, ça rentre dans les causes, les violences sexuelles, et notamment dans l'enfance, rentrent dans les causes qu'on retrouve souvent dans les TCA. Donc, il y a des causes plutôt individuelles, traumatiques. Mais en fait, les TCA, il y a aussi toute une cause collective et sociétale. Parce qu'on vit dans une société hautement grossophobe, parce qu'on est obsédé par la minceur, parce que les femmes sont ramenées au statut d'objet. Enfin, tu vois, je trouve que les violences sexuelles, c'est pareil. Il y a le côté très individuel de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais il y a aussi un regard plus collectif de tout un système qui fait qu'on vit ça, et un système de silence aussi, de silenciation des victimes, et de rappeler aussi qu'il y a des lois contre ça. Et qu'en fait, même si on choisit de jamais aller vers la justice, on peut se dire « Ah ouais, d'accord, en fait, en vrai, je pourrais l'emmener en justice. » Il pourrait être puni pour ce qu'il a fait.

  • Speaker #1

    et à mon sens ça peut faire partie d'un processus thérapeutique et c'est pour ça que je te posais la question que je t'en parlais en tout cas nous dans l'assaut ce sont des choses qu'on aborde en fait oui je pense que ça fait partie oui oui mais je vois un petit peu dans le processus de guérison aussi de la victime Je comprends. Mais ça, par contre, moi, ça ne m'est jamais été... Je n'en ai jamais été jusque-là, en fait.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, mais aussi parce que...

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais accompagné jusque-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Alors après, il y a ta temporalité à toi. Et c'est pour ça, quand je disais, je crois que c'est important de toujours revenir à soi, de dire, attends, mais moi, est-ce que je sentirais que... Est-ce que ça pourrait me faire du bien ? Est-ce que j'en suis là ? Non. Alors, c'est bon, il n'y a même pas de questions à se poser. par contre si jamais personne ne t'amène à ça et te pose la question tu vois C'est cool aussi d'avoir des pros qui peuvent amener ces questions-là et échanger là-dessus. Puis après, c'est toi qui dis oui, je prends, non, je ne prends pas. Oui, ça m'aide, non, ça ne m'aide pas. OK, donc voilà, c'est toi au centre en fait. Eh bien, je me dis quel parcours ? Du coup, il y a une question que j'aime beaucoup poser aux personnes qui viennent à mon micro. Mais toi, je me dis mais attends, il y a tellement de choses partout. Qu'est-ce qui, selon toi ? t'as aidé sur ton parcours de guérison ? Et finalement, on pourrait mettre un S à guérison parce que t'es passé par la guérison des troubles alimentaires, mais le deuil, c'est une forme de guérison. Tu vois, la levée d'amnésie traumatique t'a amené aussi à une autre forme de guérison, d'un traumatisme. Donc, qu'est-ce qui t'a aidé, toi, sur ces parcours de guérison ?

  • Speaker #1

    que c'est la manière, enfin, moi, je pense que c'est ma perception, en fait, de la vie, en fait. J'ai perçu après tout ça et puis, je me suis rendue compte que je m'en étais sortie, etc. Bon, c'était quand même des grandes étapes. Je me suis vraiment dit que j'étais autre chose, justement, autre chose qu'une victime ou autre chose qu'une... qu'une femme maigre ou autre chose qu'une coureuse ou autre chose qu'une maman endeuillée ou des choses comme ça. En fait, je me suis dit quelles sont mes véritables valeurs. Pourquoi en fait, souvent on parle de cette question, qu'est-ce que je voudrais que les gens retiennent de moi sur mon lit de mort ? C'était un peu ça en fait. Et là, clairement, c'est ce qui m'a menée en me disant, ben voilà, j'aime la vie. Parce que j'aime profondément la vie et ça, au fil du temps, c'est de plus en plus important pour moi. Et je me dis, je n'ai pas envie que les gens retiennent toute cette période où j'étais amaigrie, où j'étais taciturne, où j'étais mal dans ma peau, où je n'acceptais pas mon corps. J'ai dit, qu'est-ce que finalement, comment j'ai envie de vivre ? véritablement ma vie, qui je suis, tout ça en fait ça a été des questions auxquelles j'ai vraiment pris du temps de répondre et vraiment de manière très très personnelle et très transparente envers moi-même et en fait je me suis rendue compte qu'il y avait autre chose, il y avait vraiment autre chose que cette perception de l'autre sur mon corps, de la perception que j'ai de moi, de mon corps parce que Merci. Pendant dix ans où j'étais en anorexie et peut-être sur les podiums, mais j'étais plus de dix ans où j'ai été malheureuse. Où j'ai été justement dans... Je n'étais pas moi-même. Je n'étais pas la petite fille que j'étais à l'époque, vivante, pleine de vie. Et là, quand je me suis déchargée de tout ça, j'ai réalisé que j'étais autre chose. Et ça, en fait, pour moi, c'était hyper important. Et en fait, aussi, il y a peut-être ça, moi, par rapport à ce deuil, la perte de mes enfants au moment, en fait, pendant la mise en bière, la dernière, en fait, à la fermeture du cercueil de mes enfants, je leur ai promis que je n'allais pas me détruire. Mais je pense qu'en fait, c'est cette promesse qui a fait que je suis allée de l'avant. Ça m'a maintenue, en fait. Et au moment où j'ai ressombré, j'y ai repensé à tout ça et je me suis dit, non, Et peut-être qu'indirectement, on y croit ou on n'y croit pas, mais ils sont là. Et puis, je me dis, ils ne sont pas partis pour rien. Ils ont voulu partir à ce moment-là. Et moi, il fallait que les gens comprennent quelque chose. Le chemin de la résilience, c'est clair. Mais bon, je dirais que si on ne fait pas ce chemin-là, la vie est bien difficile.

  • Speaker #0

    Comment s'appelle ton livre ?

  • Speaker #1

    Les larmes de mon corps.

  • Speaker #0

    Les larmes de mon corps, ok. Je mettrai le titre.

  • Speaker #1

    Il est disponible sur toutes les plateformes si ça intéresse.

  • Speaker #0

    Ouais, je mettrai le titre du livre s'il y a des personnes... Comme ça, pour que les personnes puissent aller le trouver. Merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir écoutée et que je puisse partager.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Avec plaisir, vraiment, c'était fort.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai fait un long chemin et j'aurais aimé peut-être avoir à l'époque. Aujourd'hui, les podcasts ne sont plus présents, les témoignages. C'est vrai qu'on en parle beaucoup plus. On est moins seul face à ces troubles des comportements alimentaires parce qu'en plus, on arrive même à poser des mots. Je pense que même le corps médical, il est un peu plus ouvert à tout ça. Et aussi parce qu'on a des personnes comme toi et d'autres personnes accompagnantes à côté qui vraiment se spécialisent dans ces sujets. Et aussi les réseaux sociaux qui nous permettent aussi d'avoir accès à toutes ces informations. Et je pense que si j'avais eu ça aussi plus rapidement, plus rapidement accès à ça, j'aurais écouté et je me serais peut-être dit, cette personne, elle a amené son chemin comme ça, ça va m'inspirer ou quoi que ce soit. Je pense que ça aide quand même beaucoup parce que finalement, dans ces moments-là, on ne sait pas trop quoi faire. Indirectement, on sait, inconsciemment, on sait qu'on a des choses, on n'est pas totalement... On sait qu'on a un TCA inconsciemment. Je pense que tout le monde le sait inconsciemment. Je ne sais pas si toi, tu le ressens comme ça, mais même si on fait le déni, on sait que quelque chose ne va pas. On sait que soit on a changé notre personnalité ou il y a quelque chose qui ne va pas. On n'est pas heureux. On le sait.

  • Speaker #0

    Effectivement, je pense que... Les témoignages sont importants et merci pour ton témoignage parce que j'ai trouvé ça très courageux quand même. Tu viens parler de sujets hyper douloureux. Oui, le trouble alimentaire, mais tu viens parler de deuil périnatal, tu viens parler d'inceste. C'est des sujets qui sont douloureux et pourtant qui sont... Il y a une phrase qui dit qu'il n'y a pas plus... universels que l'intime. Je crois que c'est une phrase qui dit un truc comme ça, mais c'est ça, en fait, ce qui nous touche dans l'intime, comme ça, c'est ça qui est si universel et qui nous permet de nous rejoindre tous les humains. Et ces sujets-là, oui, ils font mal, et en même temps, c'est hyper important d'en parler, parce qu'il y a tellement de femmes concernées, en fait, par ces deux sujets-là, je veux dire, par le deuil périnatal et les violences sexuelles. Donc voilà, je suis hyper déchante de...

  • Speaker #1

    Masqués en plus. Oui, malheureusement, qui sont totalement tabous. Et qui restent encore tabous, même si on veut éclairer indirectement. C'est pour ça que, justement, j'ai fait le choix d'en parler. Et je le parle librement parce que j'en suis totalement... J'ai passé une étape qui fait qu'aujourd'hui, ça fait partie de moi. Mais même, je veux dire, ce n'est pas douloureux. J'ai passé des étapes, ça reste douloureux. Mais je peux en parler posément. Avec une distance. Et ça, je trouve ça hyper important parce que ça reste encore très tabou. On veut faire croire des choses, il y a des sujets qu'on met sur la table, mais il y a des choses qui restent encore. Alors le deuil périnatal peut-être s'ouvre un peu plus que l'inceste, les violences.

  • Speaker #0

    Ah ouais, tu trouves ? J'aurais dit presque l'inverse. Je trouve qu'on parle beaucoup de violences sexuelles. et deuil périnatal, mais après, c'est un sujet dans lequel je suis moins aussi de par mes activités et tout ça. Donc, peut-être qu'en fait, je ne le vois pas. Moi, j'ai l'impression que c'est très, très mal pris en charge aussi par les professionnels de santé. Donc, oui, je ne sais pas. Mais en tout cas, ça me semble super important de pouvoir en parler. et de cette manière-là de libérer la parole. Donc, un grand merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir ouvert le micro.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don. à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Marine

    01:38

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    06:05

  • Les premiers régimes dans l’adolescence

    11:33

  • L’addiction au sport

    15:07

  • Ce qui l’a stoppée

    19:24

  • TW Deuil périnatal

    29:36

  • Guérison et levée d’amnésie traumatique

    39:31

  • Mention de violences sexuelles (inceste)

    43:03

  • Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle

    46:29

  • Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison

    01:06:24

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Petite fille « ronde » ou « bien en chair » comme le disait sa famille, Marine a très vite voulu perdre du poids et a testé des régimes dès la pré-adolescence.
Les restrictions et le sport prennent vite tout la place.

Son envie de devenir maman et l’aménorrhée hypothalamique créent un premier stop.
Mais l’épreuve du deuil périnatal la fait replonger dans l’anorexie, comme une béquille pour survivre.

Cette douloureuse période de deuil lui a permis d’engager un vrai travail de guérison de ses troubles alimentaires.

Durant ce travail psychothérapeutique, Marine vit une levée d’amnésie : les souvenirs de l’inceste vécue dans l’enfance refont surface. 


Il s’agit d’un témoignage puissant et inspirant, un immense merci à toi Marine pour oser lever le voile sur ces tabous!


Vous pouvez également lire son livre « Les larmes de mon corps », dispo un peu partout! 


Épisode cité : Trauma et TCA, Lydie psychologue spécialisée décrypte les liens, les mécanismes et les outils de prise en charge - E.69



Au programme : 


Présentation de Marine

Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Les premiers régimes dans l’adolescence 

L’addiction au sport

Ce qui l’a stoppée
TW Deuil périnatal
Guérison et levée d’amnésie traumatique 

Mention de violences sexuelles (inceste)

Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle 

Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison 


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marine, ravie de t'accueillir dans le podcast. Je suis bien contente de discuter avec toi, parce que je pressens que ça va être très très riche. D'ailleurs, on va essayer de ne pas parler pendant une heure et demie, deux heures, et d'essayer de rester autour d'une heure, mais... Je pressens qu'il va y avoir beaucoup de choses à dire puisqu'on a peu échangé, mais on a échangé un peu par message sur Insta. Et du coup, tu viens ici pour parler des troubles alimentaires parce que c'est mon sujet de prédilection. Mais je le sais, tu le sais et les gens concernés qui nous écoutent le savent très bien. Il y a toujours plein d'autres sujets autour des troubles alimentaires et donc toi, tu as plein d'autres sujets. à aborder. Mais avant d'aller plus loin, je te propose de te présenter de la manière dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine, j'ai 33 ans, je suis aujourd'hui maman d'une petite maman, je suis pâtissière de reconversion et oui... Pour faire écho au sujet qu'on va aborder, j'ai été atteinte d'anorexie pendant 10-12 ans, je dirais. Ça m'a suivi 10-12 ans, mais je peux dire aujourd'hui que j'en suis totalement... libéré, c'est plus mon fardeau mais ça reste peut-être une blessure qui peut se réouvrir à tout moment, ça j'en suis certaine ça peut être ma faiblesse j'ai déjà connu des rechutes à une époque à certaines périodes de ma vie où en fait j'étais en deuil ou quoi que ce soit où j'ai pu je me suis remis dans les TCA en fait en sorte Merci. quasi en béquille à ce moment-là. En fait, j'ai bien vu que c'était finalement une soupape. Ça pouvait peut-être me sauver la vie, mais j'avais conscience qu'il ne fallait pas que je fonce tête baissée. Donc aujourd'hui, je suis autre chose que l'anorexie, ce qui n'a pas été le cas pendant pas mal d'années.

  • Speaker #0

    C'est intéressant déjà ce que tu dis, parce que dans ta façon de formuler les choses, j'ai l'impression que dans... Les rechutes dont tu parles, tu y allais en conscience ?

  • Speaker #1

    Oui. Ok. Oui, parce que je pense, je ne sais même pas, en fait, sans ça, je pense que, comme je dis, c'était une béquille, parce qu'il y a une époque, surtout, on en parlera peut-être plus tard, à un moment donné, j'ai perdu mes enfants, et donc à l'accouchement, et je sais très bien que pourtant, à ce moment-là, ça allait beaucoup mieux, et j'ai rechuté comme telle... Quel loup ! Comme si c'était l'anorexie et le contrôle de mon corps, de mon alimentation, faisait que c'était la seule façon pour moi de passer le cap.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Un moyen de survie.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais seulement par contre à la différence de cette grande période d'anorexie où finalement je ne l'avais pas conscientisé. À ce moment-là, par contre, je savais indirectement que je rechutais et j'en avais conscience. Donc, en étant aidée, j'ai tout de suite réussi à prendre de la distance.

  • Speaker #0

    OK. Et le moment où tu étais dedans, le moment de cette rechute, tu avais conscience aussi de cette béquille. Tu avais conscience du besoin. Tu as l'impression que même au moment où tu le vivais, tu te disais, « Ouais, OK, là, j'ai sans doute besoin de ça pour traverser cette période. Cependant, je vois bien que je rechute et je sais bien jusqu'où ça pourrait me mener. Donc, OK, je vais demander de l'aide. »

  • Speaker #1

    Oui, c'était totalement ça, en fait. Totalement. Parce qu'en fait, je ne savais pas... C'est vrai que parfois, quand on est dans le deuil ou dans la dépression, on va dire, quand on a la tête sous l'eau, il faut trouver finalement quelque chose à quoi se raccrocher. Il y en a qui vont avoir d'autres addictions. Clairement, il y avait ça. Et puis, il y a aussi, j'avais une addiction au sport depuis toute petite. Donc, il y avait le sport aussi qui jouait là-dessus et l'hyper contrôle. On va dire que l'anorexie se jouait surtout dans l'hyper-contrôle, contrôle de mon corps, contrôle des agissements que je faisais pour gérer la culpabilité, gérer tout ça.

  • Speaker #0

    Ok, c'est cool. Tu mets déjà un pied dans l'enfance. Tu dis depuis toute petite que tu avais une addiction au sport. J'aime bien commencer le podcast justement en proposant aux personnes que je reçois de faire un petit détour par l'enfance. d'essayer de se souvenir à quoi ressemblait le rapport au corps et à l'alimentation dans l'enfance. Qu'est-ce qui te revient, toi, quand tu te poses cette question ?

  • Speaker #1

    Alors moi, bizarrement, j'ai vécu dans une famille super aimante, on va dire, on ne peut pas un moment, et un grand frère, tout allait bien. Disons qu'une petite fille pleine de vie et très, très gourmande, pas de prise de tête sur le poids. Disons que j'étais en surpoids. pas un gros surpoids, mais comme dirait les anciens bien en chair, mais des petites remarques. Moi qui faisais écho parce que j'avais par contre une hypersensibilité. L'hypersensibilité qui allait au point que moi je ne pouvais pas, je pleurais à chaque fois que ma maman me laissait quelque part. C'était une profonde hypersensibilité. Donc en fait, tous les mots avaient un sens et à force de les entendre, ne serait-ce que des petites taquineries qui ne sont pas grandes, mais qui ne sont pas énormes, mais moi qui étais en fait quelque chose de très désobligeant, a fait qu'au fur et à mesure, je me suis sentie grosse. Et c'est là où j'ai commencé à me dire, ça a commencé mon rapport au corps et à la nourriture, ça a commencé par les régimes. Je me suis dit, j'ai déjà demandé à ma maman dès 14 ans... 13-14 ans, de faire mes premiers régimes parce que je voyais que je plaisais pas aux garçons comme peut-être mes copines pouvaient plaire aux garçons, parce que j'avais un léger bourrelet qui pouvait indisposer mon grand-père, par exemple, des petits trucs pendant les repas de famille ou parce que je prenais deux fois du dessert. Des choses qui sont somme toute anodines, mais moi, pour le coup, quand on est enfant et on est vraiment dans cette hypersensibilité-là, ça fait un énorme...

  • Speaker #0

    quel regard tu portes adulte sur ces réflexions que tu qualifies d'anodines ces réflexions que tu avais parce que tu viens de parler d'un bourrelet qui indisposait ton grand-père oui voilà en fait c'est que je

  • Speaker #1

    dirais que moi en fait fallait que je réponde à des normes je pense quand j'étais petite il fallait vraiment que je corresponde à Une petite fille, je voulais être la perfection aussi. Il y a cette idée d'être de plaire à tout le monde. J'entendais mon grand-père, par exemple, si j'étais la plus grosse de ces petites filles. C'était des petites réflexions comme ça qui me déplaisaient. C'était, en somme, je ne pense pas que c'était méchant, mais c'était plutôt moquant. C'était de la moquerie, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais quel regard tu poses, adulte, là-dessus ?

  • Speaker #1

    C'est ridicule, c'est méchant et ridicule. En fait, c'est bête et méchant.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Parce qu'en fait, tu pointes du doigt ton hypersensibilité là où moi je me dis, c'est pas normal, à mon sens, de dire ça aux enfants. Et je dis pas, malheureusement, ça existe dans la majorité des familles, encore plus des personnes, j'allais dire de notre génération, je sais pas quel âge t'as, potentiellement t'es peut-être un peu plus jeune que moi, je sais pas, mais je pense qu'on est dans les mêmes âges. Et donc, dans nos parents, grands-parents, on parle aussi d'un fonctionnement un peu différent. Donc, l'idée, ce n'est pas d'accabler, d'acculer ces gens-là, mais je me dis, en fait, c'est comme si tu portais la responsabilité encore à ce moment-là de te dire, ouais, mais parce que j'étais hypersensible. En fait, je trouve que de toute façon, c'est un truc qui abîme énormément de petites filles. En fait, c'est quand même hyper fréquent.

  • Speaker #1

    Je ne dis pas que c'est parce que, mais je pense que mon hypersensibilité a joué sur l'importance de ces critiques. Parce que certes, ça peut être blessant, mais je sais très bien que certains des amis ou quoi que ce soit, elles auraient pu être impactées là-dessus. Peut-être que ça aurait moins eu de valeur.

  • Speaker #0

    C'est là où je ne suis pas complètement d'accord avec toi. Moi, je pense que l'immense majorité, je ne vais pas dire toutes, mais l'immense majorité des petites filles que tu mets dans un milieu où tu sens qu'il y a une grande importance sur le corps, où tu sens que tu dois répondre à des injonctions et qu'il y a une notion de valeur un peu, en tout cas, c'est comme ça que ça peut être compris, tu sais, tu es la plus grosse de mes petites filles. Moi, je pense que ça impacterait de la même manière la majorité des personnes. Et les femmes qui, à l'âge adulte, sont peut-être moins... tracassés par leur apparence ou sensibles à la critique sont, je pense, des personnes qui ont eu peu ou pas de réflexion sur leur apparence dans l'enfance, tu vois. Et qui ont pu construire quelque chose de tranquille, d'un espèce de truc, de toute façon, je reçois de l'amour inconditionnel. Enfin, tu vois, on m'aime comme je suis. Il n'y a pas de truc qui est pointé de défaut, entre guillemets, dans l'apparence, là où quand on est une enfant... Je m'inclus dans le truc, j'ai vécu des choses similaires où en fait, je trouve que ça amène aussi à développer ce côté de petite fille parfaite que tu disais à très juste titre. Genre, bon, ok, il faut que je réponde à des trucs pour être aimée.

  • Speaker #1

    Oui, il faut que je sois aimée. C'était, oui, le constat et le bon, en fait. Il fallait que je sois aimée par, en fait, les personnes qui me regardent, par les personnes qui me tournent.

  • Speaker #0

    Ok. Et du coup, tu demandes à ta maman de faire des régimes assez tôt dans l'adolescence. Oui. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Ça fonctionne ? Comment tu vis ? Et ta maman, elle est OK avec ça ? Elle n'est pas surprise ?

  • Speaker #1

    À l'époque, oui, elle est OK. Disons aussi qu'après, avec le temps, j'ai réalisé que le cadre autour de l'alimentation était très jambé à la maison. Mais ça, je ne l'avais pas vu dans l'enfance. Mais bon, ma maman... Il n'a jamais mangé comme mon papa. Il y a des choses comme ça qu'on reproduit. Et puis finalement, elle, elle voulait juste... Elle voyait bien que je n'étais pas bien dans ma peau. Donc elle s'est dit, écoute, on va te permettre éventuellement de perdre quelques kilos. Parce qu'en soi, j'avais un surpoids, en fait. Pas énorme, mais il était là. C'était d'un ridicule. Mais au moins, je pense qu'elle accédait à... à ma volonté de me sentir mieux. En fait, elle voulait juste que je sois bien dans ma peau et juste que je n'étais pas.

  • Speaker #0

    Et alors, ça a donné quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas forcément dans l'adolescence que je n'ai pas tellement perdu de poids, clairement,

  • Speaker #0

    dans l'adolescence,

  • Speaker #1

    parce que j'aimais toujours autant manger. J'ai testé plein de régimes. À l'époque, c'était les régimes à la pharmacie, par exemple. Il se dit que... On buvait des trucs dégueulasses à 16 ans. C'est terrible, en fait, de se dire ça. Et ça n'a pas tellement marché. J'ai commencé le régime qui a marché, c'était vers mes 18 ans. J'ai commencé le régime du cours. 18, 19 ans, je ne sais pas si j'ai le droit de dire le nom.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Ce n'est pas de la pub, on peut le faire.

  • Speaker #1

    J'ai commencé ce régime à l'époque où c'était la grande mode, où ils vendaient ces livres. Et puis, j'ai lu des petites choses en disant que ça amenait à reprendre beaucoup de poids si on arrêtait, etc. Voilà le contre-coup finalement d'un arrêt du régime ou si on ne suit pas le régime à la lettre. Et puis moi, à ce moment-là, j'étais déterminée de 18-19 ans. J'avais vu que les autres régimes n'avaient pas fonctionné, donc je m'étais dit, allez, je fonce dedans. Surtout, je m'applique et les kilos ont commencé à fondre. Et là, j'ai commencé à avoir aussi des congratulations extérieures. Disons que tu as perdu 5 kilos et puis dis donc, qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que tu as fait ? Et j'ai continué comme ça et je me dis, surtout, surtout, je ne reprends pas le poids. Et puis finalement, j'avais un objectif et au fil des années, cet objectif descendait tout le temps. Déjà, le premier objectif était largement atteint et puis ça continuait de fondre, mais je dirais que ça s'est fait par palier. Au fur et à mesure, on va dire tous les deux ou trois ans, peut-être qu'à un moment donné, je stagnais un peu et puis je continuais à redescendre sur une autre période. À des changements particuliers, je redescendais. Mais là, je n'étais plus au régime. Finalement, là, j'étais dans la restriction à ce moment-là. J'avais fait un système restrictif avec le régime. Et puis après, surtout ne pas reprendre du poids, donc ne pas remanger comme avant.

  • Speaker #0

    Et tu as tenu ça pendant des années ?

  • Speaker #1

    Voilà. Après, je me suis mise au sport. À ce moment-là, au tout début, je faisais… Alors, j'ai été très sportive dans l'enfance, mais du sport, voilà. Bon, je faisais de la gymnastique, de la natation, etc. Donc, j'avais quand même en plus un corps musclé. Après, bon, avec les grandes études, j'ai arrêté. Mais je m'y suis remise. Et puis surtout, j'ai pris le pli de faire un sport qui est quand même où il y avait le plus à perdre. C'était la course à pied. Et je m'y suis mise vraiment à fond, jusqu'à m'inscrire à des clubs, etc. Et puis à gagner des courses. Et puis là, j'ai été identifiée par celle qui faisait des podiums ou des choses comme ça. Donc en fait, à un moment donné, en plus de ça, on est vraiment ancré dans un système où on nous connaît pour nos performances. en plus de derrière avoir une dénutrition ouais c'est ça et du coup qu'est-ce que ça joue en toi ça à ce moment là c'est bien parce que la fille que j'étais finalement en surpoids et que les gens disaient finalement que j'étais pas dans les normes là aujourd'hui j'étais finalement devenue une femme qu'on trouvait finalement jolie, mince etc et en plus de ça je performais ouais mais

  • Speaker #0

    Ça, c'est ce que tu te disais dans ton esprit et avec la pathologie. Mais du coup, avec le recul, c'est de se dire... Quelque part, le fait de gagner ces compétitions, ça t'enfermait peut-être davantage encore dans la maladie. Parce que justement, ça donnait raison à la maladie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Après, sur le moment, on n'y pense pas du tout. En fait, on est dedans. C'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai le recul nécessaire pour dire que ce n'était pas... Je n'étais pas en santé ou quoi que ce soit, mais à cette époque-là, j'étais juste dans l'idée qu'en fait, les gens étaient fiers de moi. Et les objectifs étaient toujours plus grands. Et ça, après, je parle vraiment, ça s'est fait sur le long terme. Ça s'est mis en place sur le long terme. Mais au fur et à mesure, en fait, ça a pris des ampleurs où j'étais addict au sport. au point que c'était devenu un besoin, plus qu'une envie d'aller courir. Chaque matin, il fallait y aller, sinon je ne mangeais pas. Il y avait aussi ce lien avec la nourriture, parce qu'au début, je l'ai fait pour perdre du poids. Je ne l'ai pas fait parce que j'aimais la course à pied. Après, dans un état d'esprit, j'ai toujours été sportive. Je pense que c'est plutôt cet univers de compétition qui m'a plu. Mais déjà, mon rapport à la course, dès le début, il était scellé. C'était pour perdre du bois.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que quand tu dis « j'étais addict au sport » , c'est vrai que parfois, on s'imagine la bigorexie. Je pense que ça peut être le cas. On peut être addict au sport. sans lien, j'imagine, avec la nourriture, la perte de poids. Mais dans la majorité des cas, d'ailleurs, c'est classifié dans les troubles alimentaires, la bigorexie. Dans la majorité des cas, la bigorexie, c'est quand même très rattaché à un autre trouble alimentaire. Et en fait, il y a une addiction au sport dans le but de brûler des calories, d'avoir le droit de manger, etc. Et alors, pour moi,

  • Speaker #1

    c'est lié. Pour moi, c'est lié. Parce qu'indirectement, il y avait d'autres sports. Si vraiment j'aimais le sport, si je n'avais pas aussi cette idée en tête de contrôle de poids, etc., il y a plein d'autres sports peut-être moins énergivores.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, ça s'est stoppé tout ça ? Parce que là, j'ai l'impression que tu étais dans une montée, tu vois ? Les restrictions prennent place. Je pense que tu étais dans le déni de ce qui se passait réellement, de l'anorexie. En plus de ça, tu performes dans le sport. Il y a un truc qui monte, qui s'installe. Qu'est-ce qui s'est passé pour que ça s'arrête ?

  • Speaker #1

    J'avais peut-être 26-27 ans quand j'ai commencé. J'étais vraiment dans le dur. Ça avait commencé depuis à peu près 19-20 ans, vraiment dans les troubles. La rencontre de mon conjoint actuel. qui a fait que aujourd'hui, lui, il m'a connue à la base avec mes troubles. Mais j'étais dans une période où ça allait un peu mieux. Voilà, on rencontre notre conjoint, on a un petit copain. C'est un petit peu le moment où il y a des choses qui se mettent en place. Et après... La routine fait qu'on retombe dans nos habitudes. Lui, il m'a toujours soutenue, il l'a toujours su. J'ai toujours été transparente, parce qu'indirectement, je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Indirectement, je savais que j'avais des mécanismes qui n'étaient pas normaux, qui n'étaient pas normales. Et le temps avance. On a envie de fonder une famille. Et il s'est avéré que quand j'ai arrêté la pilule, mes règles ne sont pas revues. Au bout, on ne sait pas, au début, je me suis dit, je prends le temps. Ça faisait des années que j'étais sous pilule. Et puis, au bout de quelques mois, disons une année, je suis retournée voir mon gynécologue. pour demander ce qui se passait. Et puis d'après lui, il a fait le diagnostic en fonction aussi de mon équilibre de vie, de mes habitudes au quotidien. Il a considéré que j'étais en améliorée suite à des nutritions et à un excès de sport, donc un excès de stress aussi. Donc là, il m'a tout de suite dit, bon, il faut que votre... Vous êtes bien dans le fertile, donc il faut qu'on parte par un parcours PMA. Parce qu'il s'avérait qu'en fait, oui, j'étais... Donc, je ne volais pas et je n'avais pas les hormones. En fait, je n'avais pas suffisamment d'hormones pour avoir un cycle.

  • Speaker #0

    À aucun moment, à ce moment-là, lui, il t'a parlé d'une prise en charge de tes troubles alimentaires qui aurait pu t'amener... à modifier tes habitudes de vie, à peut-être reprendre un peu de poids, faire moins de sport, et qui aurait pu t'amener à retrouver tes règles, en fait. Parce que du coup, c'était ça, c'était une améliorée hypothalamique, quoi.

  • Speaker #1

    Pas du tout, il ne m'a même pas parlé de ce nom, en fait. C'est moi qui suis à ce moment-là, on était en quoi, en 2019, je dirais, et ça commençait sur le réseau, donc il y avait certains comptes qui en parlaient, et c'est moi-même qui, après, en fait, en lien avec ce qu'il m'avait dit un petit peu, peu comme conseil à adopter un petit peu donc justement il m'a juste dit mangez plus madame faites moins de sport réduisez le stress mettez vous en arème maladie ou quoi que ce soit parce que j'avais mon activité professionnelle en plus de ça j'étais à mon compte donc compliqué et c'est juste ce qu'il m'a dit il m'a pas dit d'aller voir des professionnels de santé et il n'a pas mis de mots sur mes mots en fait.

  • Speaker #0

    Oui il n'a pas parlé de troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Du coup, il en parle à demi-mot, mais sans vraiment en parler, et il t'envoie vers une PMA. Alors, OK, très bien, mais ce que je trouve dommage, c'est qu'à long terme, ça ne règle aucun problème. Oui,

  • Speaker #1

    alors ça, c'est certain. Après, nous, le désir d'enfant, ça faisait quasiment un an qu'on voyait qu'il n'y avait pas de retour de cycle, rien. Et puis, on le sent quand il n'y a rien qui se passe. J'ai fait mes recherches parce qu'au fond, je savais très bien que je ne m'alimentais pas suffisamment. Je savais aussi que je faisais trop de sport. Je savais tout ça. Je sentais que mon corps était fatigué indirectement. Et c'est au fur et à mesure de toutes ces… Je ne sais pas quel mot… Cette volonté d'être maman, je me suis dit qu'il y a quelque chose qui bloque. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à avoir mon cycle ? Je me suis renseignée de moi-même et j'ai fait mes efforts moi-même au début en me disant, je vais essayer de manger plus, de réduire un petit peu le sport, mais pas ça quand on est tout seul. J'ai fait appel aussi à des coachs un petit peu sur les réseaux sociaux. J'ai essayé de trouver des gens pour m'accompagner. Donc là, ça a commencé à se mettre en place. Et en parallèle de ça, je faisais les examens nécessaires pour la PMA, mais c'était très long parce qu'encore à l'époque, il fallait du temps aussi pour rentrer en parcours PMA. Donc voilà, je menais aussi ma petite enquête de mon côté. Je faisais en sorte d'aller mieux, mais je voyais bien que ça faisait des années quand même que j'avais enclenché cette habitude. Ce n'était pas simple d'en sortir. Mais la volonté d'être maman était profonde quand même.

  • Speaker #0

    C'est un trouble alimentaire ? et c'est en ça aussi où je trouve que c'est de la responsabilité des médecins qui rencontrent des personnes qui ont un trouble alimentaire de le nommer parce que tu vois tu te dis bah ouais j'avais enclenché ces habitudes mais je veux dire c'est une pathologie psy quoi le trouble alimentaire tu vois et bah ouais tu m'étonnes que ça devait être difficile je veux dire même cette belle volonté c'est chouette parce que tu t'es laissé porter par ça mais c'est dur quoi toute seule mais c'est moi même je me souviens même Merci.

  • Speaker #1

    C'est moi-même qui allais voir les psys de l'hôpital, d'aller voir le centre médico-psychologique. Je me souviens qu'il allait les voir. Je n'ai jamais eu l'hôpital, ne m'a jamais rappelé derrière. Voilà, quand même, il y avait des volontés de savoir dire « je ne vais pas bien » , quoi. Mais je pense que je n'avais pas un cas suffisamment… Voilà, je n'étais pas non plus mon état vital. Et finalement, d'après la médecine, je n'étais pas suffisamment critique pour une prise en charge. alors que j'étais quand même en infertilité, etc. Donc, il y a des systèmes en moi qui ne fonctionnent pas suffisamment. Mais pour eux, ils considèrent que ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Oui, enfin, ils considèrent en tout cas. Malheureusement, les CMP sont surchargés et je pense qu'ils sont obligés de trier. Effectivement, ils doivent mettre des critères d'urgence. C'est clair. OK. Et alors ? Et alors ? Qu'est-ce qui s'est passé après ? Raconte-nous !

  • Speaker #1

    Donc, après toute cette période de parcours PMA, qui a été quand même assez longue pour rentrer entre les examens, et puis il y avait des périodes de rétractation, etc. C'est un petit peu long. Il s'est avéré, en fait, que moi, je n'avais pas du tout de problème. Tout fonctionnait bien. Chez mon mari, pareil. Donc, bon, il a dit. Là, c'est là où, en fait, le gynécologue PMA m'a dit que j'étais en aménorée hypothalémique. Donc, là, c'est là où, en fait... Un nom déjà que j'avais entendu du coup de moi-même avec mes recherches, mais c'est là où lui, il me l'a dit. Et il m'a dit que mes examens, en fait, montraient bien que les hormones n'étaient pas suffisantes. En fait, je ne produisais pas assez d'oestrogène. Mon corps était au ralenti. Donc, on a fait juste, au vu de tout ça, en fait, il a été question d'une simple stimulation ovarienne. Je m'injecte des hormones pour simuler mon cycle. Et à partir du moment où il y a des follicules matures, on déclenche l'ovulation par une autre piqûre. Et puis après, il y a des rapports naturels sur le laps de temps, comme un cycle qui se fait naturellement chez une femme. Mais il s'avère que moi, je suis toujours surstimulée. Parce que mon corps, en fait, ne répond pas au début, mais à partir du moment où ça répond, en fait, les follicules se développent en masse. Tout se développe en même temps. Et c'est pour cela qu'en fait, la première stimulation a fonctionné. Et bonne nouvelle ou pas bonne nouvelle, je suis tombée enceinte de triplée.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, nous, ça faisait quand même cinq ans. Ça faisait cinq ans qu'on était dans cette volonté d'avoir un enfant. Donc, c'était merveilleux pour nous. Il n'était pas question d'en enlever ou quoi que ce soit, même si ça avait été envisagé par le corps médical. Voilà, donc on a débuté une grossesse comme ça, triple un petit peu, dans l'instruction, mais heureux en fait que ça ait marché et qu'enfin on voit une possible avancée d'une famille, de création de famille. Pour autant, ça ne s'est pas passé comme ça. Ça, c'est mal terminé. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit. C'est vrai que même des grossesses triples, on voit des belles fins. La nôtre n'a pas été comme cela. Alors, comment j'ai débuté cette grossesse ? J'ai débuté cette grossesse quand même, je n'avais pas repris beaucoup de poids. J'étais un poids bas, une grossesse quand même à risque. Même, il s'avère que le début de grossesse, j'allais continuer à faire du sport. Et je me souviens même que ça m'avait fait une frayeur parce que ça m'avait créé des saignements. Mais à ce moment-là, en fait, pour moi, il m'était impossible de réduire la course à pied. Donc, pour dire comme quoi j'étais encore dans un cadre d'addiction. Parce qu'en fait, même si j'étais enceinte et que c'était... Merci. un rêve depuis des années, quand même pour moi il fallait que je continue. Je ne me sentais pas capable d'enlever mes habitudes. Et je n'étais pas chaud, finalement je sentais qu'il y avait des blocages sur cette prise de poids qui pourtant étaient plutôt bénéfiques, parce qu'on sait très bien que les grossesses sont pendues pour quelque chose de merveilleux. Mais voilà, ça a quand même évolué. C'est vers 25 semaines d'aménorrhée où, en fait, j'ai un peu avant, vers 22-23 semaines d'aménorrhée, j'ai rompu une poche des os, en fait, de l'un des tracés. J'ai été hospitalisée. Et deux semaines après mon hospitalisation, j'ai fait une infection. Et donc, j'ai dû accoucher.

  • Speaker #0

    de mes bébés qui n'ont pas été viables parce qu'ils étaient à la limite et c'était trop petit pour pouvoir les réanimer. Donc voilà, tout ça, en fait, là après, on va dans un... On ne s'attend pas à vivre le deuil. En fait, mine de rien, c'est un cataclysme total parce qu'on se projette, on se projette surtout dans des grossesses comme ça où en fait, il faut tout préparer. On a changé de maison. On doit changer de véhicule, on doit changer de tout en fait, parce que rien n'était adapté pour nous et pour l'arrivée de Triplé. Et là, en fait, tout bascule.

  • Speaker #1

    Tout s'effondre, quoi. Et c'est là où tu dis que tu replonges plus, plus dans l'anorexie, quoi. Mais donc finalement, tout à l'heure, tu parlais de rechute. En réalité, tu n'étais pas sortie de l'anorexie à ce moment-là, puisque tu me dis.

  • Speaker #0

    Oui, pas totalement, mais disons quand même que j'avais vraiment fait du travail quand même. Après, à ce moment de grossesse, j'avais arrêté le sport, je me faisais OK. J'ai dit la grossesse, je… Alors, est-ce que c'était vraiment la grossesse, on va dire un cache-misère ? Peut-être en se disant, c'est une période où je me laisse aller, je porte la vie, et puis ça peut être ça aussi. Mais j'avais quand même déjà beaucoup travaillé dessus et j'en avais vraiment conscience. et j'allais quand même mieux j'allais quand même mieux mais je pense que oui tout n'était pas encore terminé t'as eu le sentiment d'être bien accompagnée dans ce deuil de

  • Speaker #1

    ces bébés comment ça s'est fait pour toi ?

  • Speaker #0

    pas du tout pas du tout alors moi en fait À partir du moment où vous rentrez chez vous, après ça, en fait, non, il n'y a rien qui… On n'est pas soutenus. Si, on a une aide psychologique éventuellement qu'on peut prendre à l'hôpital. Mise à part ça, si on ne fait pas les démarches par nous-mêmes, il n'y a rien de… On ne peut pas accompagner, voire même il y a des choses, des absurdités. On continue d'avoir des courriers de la CPM pour nous dire que la grossesse, c'est notre grossesse, des choses comme ça. enfin c'est Il y a des liens qui ne se font pas au niveau des administrations. C'est peut-être des petites choses ridicules, mais à ce moment-là, en fait, on n'a pas besoin de gérer.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas du tout ridicule. Bonsoir, tu ne vas pas recommencer ? C'est comme les remarques quand tu étais petite. Non, mais c'est hyper violent. Oui, c'est un bug administratif. Et en ça, on pourrait se dire que ce n'est pas grand-chose. C'est un bug administratif, mais c'est un bug qui ne doit pas exister, surtout pas. À cet endroit-là, ce n'est pas possible. Comment ? C'est un peu bizarre ma question, mais j'ai envie de te dire, comment tu as fait du coup ? Comment tu as fait ce deuil, ce deuil si douloureux ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'ai fait tout. J'ai mené toutes les étapes de Dazet pour amener mes enfants vraiment. On a fait une cérémonie. On a fait vraiment les choses jusqu'au bout, parce que je pense que c'était important pour qu'on comprenne et qu'on donne vraiment une essence à ce passage. Moi j'ai quand même un aspect assez spirituel, donc je crois en beaucoup de choses. Donc je me dis, c'était ainsi, on essaye de trouver des croyances. J'ai essayé de croire en plein de choses pour pouvoir avancer, parce qu'en fait quand on est dans ce... Dans des étapes comme ça aussi douloureuses, soit on sombre ou soit on avance. Et c'est vrai que moi, je me suis dit, il faut y aller, il faut avancer. J'ai mis un peu de temps avant ça. J'ai été isolée pendant pas mal de temps. J'ai mis du temps à me rouvrir. Et puis avec le temps, j'ai compris que ma vie a continué et que j'avais la possibilité certainement de fonder ma famille différemment, mais que aussi mes triplés étaient là en fait. Je me suis accrochée à l'idée qu'ils veillaient sur nous et que c'est eux qui ont fait le choix. Clairement, il n'y a pas eu d'interruption médicale de grossesse, ce qui m'avait été proposé aussi. J'avais dit s'ils doivent partir. J'ai senti toute cette phase de deux semaines où j'ai été hospitalisée. J'ai pris conscience que mon cas était quand même assez… Même si j'étais très positive. Je savais que ça pouvait s'arrêter à tout moment. Donc, j'avais commencé déjà aussi à imaginer le pire. Et je me suis dit, au moins, je suis toujours dit, les triplés sont partis au moment où ils ont voulu partir. Je me suis aussi beaucoup posé la question. Il y en a un qui était en danger. Est-ce que les deux autres auraient pu être sauvés ? J'ai préféré éviter ce genre de questions et me dire qu'ils sont partis tous les trois. En fait, j'ai vraiment voulu éviter la colère, la colère après le corps médical. Je me suis dit que c'était ainsi. J'ai vraiment essayé de me dire que mon destin était celui-ci. Pour pouvoir avancer vraiment et justement reconstruire une famille avec des étoiles et des êtres nés. Mais il a fallu du temps, je n'ai pas refait une grossesse immédiatement. C'est à ce moment-là aussi où j'ai pensé à moi, je me suis reconvertie, parce qu'au tout début j'étais DRH, j'ai toujours aimé la pâtisserie, donc je suis partie loin de chez moi, j'ai refait des études d'une année. Il a fallu du temps que je consacre personnellement à moi et à une reconstruction. À ce moment-là aussi, j'étais dans des… Encore, j'étais revenue dans des TCA, mais au fur et à mesure, j'avais conscientisé. Là, je me suis fait vraiment, vraiment aider parce que je me suis dit l'approche… Mon objectif était de remener en fait une grossesse naturellement et de ne pas repasser par la PMA. D'accord. Pendant deux ou trois ans, voilà, je suis… J'ai vraiment… Là, j'en ai vraiment… J'ai vraiment…

  • Speaker #1

    T'as bossé, quoi.

  • Speaker #0

    J'ai piqué pas mal de choses. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as fait ce travail thérapeutique, en parallèle tu t'es reconvertie pour, ce n'est pas anodin de travailler dans un métier de bouche, dans la pâtisserie. Ok, et tu étais toujours avec ton conjoint ?

  • Speaker #0

    Oui, on est toujours ensemble, on a surmonté l'épreuve ensemble, on va dire que les étapes de deuil ne sont pas saines. parce qu'on ne fait pas le deuil tous. C'est tout vraiment personnel. Chacun a les étapes du deuil et on ne l'a pas fait forcément au même moment. Donc, il y a eu quelques conflits, mais je pense qu'on était faits pour mener ça ensemble. On s'est soutenus et puis on a communiqué surtout. Et puis surtout, lui aussi, il est venu... me soutenir. Il a vu aussi que je retombais, je replongeais. Et c'est aussi lui qui m'a dit, il faut y aller, il faut monter la pente. Et puis lui, à un moment donné, où il était un peu plus en difficulté, on était là. Je pense que seul, on n'aurait pas pu. Peut-être qu'on peut, c'est vrai, se déchirer, mais je pense qu'à deux, on est quand même aussi plus fort.

  • Speaker #1

    Et au terme de ce travail de 2-3 ans, c'est là où tu dirais que tu es vraiment sortie ? Tu as réussi à laisser les troubles alimentaires derrière toi ?

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Conceptuellement, on va dire que j'ai repris vraiment du poids. J'ai fait une phase où j'étais en repos parce que mon corps avait besoin aussi après tout ça. Et puis, mon corps était fatigué. Le sport, j'ai essayé de travailler sur le sport. sport plutôt de façon, on va dire, activité physique, de façon agréable, sans objectif, sans rien. Et vraiment me libérer de toutes ces habitudes alimentaires que j'avais mises en place ou même de ces peurs d'aliments qui me faisaient peur ou des choses comme ça. Vraiment, j'ai tout retravaillé à ce moment-là. Parce que j'ai vraiment réalisé que j'ai quand même perdu des enfants. Je me dis, mais quel intérêt de se focus sur juste un poids ou quelque chose comme ça ? J'ai d'autres valeurs. Et c'est à ce moment-là vraiment où je me suis rendue compte des valeurs de la vie aussi. Puis que je m'en suis sortie d'un deuil pareil. Et je pouvais m'en sortir aussi d'une anorexie.

  • Speaker #1

    Oui, ton deuil a eu une valeur un peu thérapeutique aussi, en ce sens.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, c'est vraiment le travail thérapeutique qui m'a amenée sur, justement, des rappels. J'ai beaucoup, beaucoup travaillé. Et c'est à ce moment-là que je pense que j'étais au plus profond de la dépression, parce que je pense qu'après, il y a forcément un état dépressif. que je me suis souvenu en fait de choses passées dans l'enfance et ça a fait écho sur peut-être mon rapport au corps, le rapport que j'avais aussi dans ma sexualité, le rapport, voilà, vraiment tout ça. Et quand j'ai su ça, en fait, j'ai vraiment, j'ai eu l'impression d'avoir, de m'être délestée d'un poids. Qu'inconsciemment, je pense que j'avais au fond de moi, mais que... que je n'avais pas réussi à identifier.

  • Speaker #1

    Oui, ce que tu es en train de dire, c'est que tu avais ce qu'on appelle une amnésie traumatique.

  • Speaker #0

    Oui, c'est comme ça qu'on me l'a annoncé.

  • Speaker #1

    Et que c'est par le biais du travail thérapeutique que tu as eu ce qu'on appelle une levée d'amnésie, où en fait des souvenirs sont revenus de violences sexuelles subies dans l'enfance.

  • Speaker #0

    Tout à fait, tout à fait. Et mon cousin.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, de l'inceste en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et le fait de découvrir ça, de déclairer ton histoire avec cette information-là, c'est là où tu dis, quand tu parles d'un poids, d'être délesté d'un poids, c'est ça aussi, c'est le fait d'éclairer et de mettre en sens et de dire « Ah, mais attends, en fait, ça explique une partie de mon rapport au corps, de mon rapport aux hommes, de mon rapport à la sexualité, de mon rapport à la nourriture, etc. »

  • Speaker #0

    Oui, alors ça réobserve. On va dire peut-être que ça ne justifie pas tout. mais oui ça a amené en fait une clé que je ne comprenais pas en fait. Pourquoi moi et pourquoi pas une autre avait amené ces troubles ? Là j'avais l'impression, à ce moment-là je me suis dit, je sais pourquoi je suis autant, je me rédis autant quand je regarde mon corps, je sais pourquoi j'ai… J'ai autant de difficultés dans les rapports sexuels à être bien, parce que clairement, c'est tout ça. Ne serait-ce qu'avec mon mari, il y a toujours ce rapport qui était difficile, sans savoir pourquoi. Pourquoi, en fait, même, je vois les choses différemment des autres. Finalement, pourquoi, dans la sexualité, dans le rapport au corps, dans cette vision que j'ai de moi, en fait. Je pense que j'ai voulu cacher, en fait, mon corps a caché ça, alors que ça fait partie intégrante de la perception de ce que j'ai fait aussi, petite. Je ne sais pas si c'est clair ce que je dis.

  • Speaker #1

    Si, je pense. Moi, en tout cas, ça me paraît clair. Mais c'est ce que je me disais, je me disais que peut-être pour des auditeurs, auditrices, Il y a quelque chose de pas clair. Alors, j'ai fait plusieurs épisodes, notamment avec une professionnelle spécialisée sur le sujet, mais que je vous invite au passage à aller réécouter si vous tombez là sur le podcast. Et il y a aussi de la littérature super intéressante à ce sujet, mais je pense que pour certaines personnes, c'est pas clair, quoi. Je vois pas le lien, tu vis des violences sexuelles et tu développes un trouble alimentaire, tu vois. Est-ce que... Toi, tu serais en mesure de l'expliquer un peu ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. En fait, pour être transparente, les souvenirs ont fait que je ne me souviens pas tellement de l'âge. Je pense que ça n'a pas d'intérêt, peut-être 8, 9, 10 ans. J'ai... toute petite, on jouait avec ma cousine. Et puis, en fait, il s'avère que mon cousin n'était pas loin. Et puis, les jeux de papa et de la maman, c'est suggéré par le cousin. Et puis, donc, forcément, j'étais la maman, il était le papa. Et puis, ça s'est amené comme ça. Et puis, gentiment, il a voulu me montrer ce que faisait un papa et une maman dans le lit conjugal, sans que, pour autant, Merci. Pour lui, c'était normal. Et puis voilà, il m'a expliqué qu'il n'y avait pas de quoi se stresser. C'était des choses qui étaient tout à fait normales. Donc moi, on ne sait pas trop quand on est enfant comme ça. Il a eu donc forcément... Alors pourtant, les scènes sont claires aujourd'hui. Alors qu'il y a dix ans de ça, je me serais dit, mais non, c'est pas possible. Aujourd'hui, c'est clair comme de l'eau de roche. Il a eu des attouchements qui, pour moi, au moment de l'attouchement, je me suis dit que ce n'était pas normal. Mais il s'avère qu'il était insistant. Il m'a dit que c'était des choses normales et qu'il ne fallait pas forcément y faire tout à plat.

  • Speaker #1

    Il avait quel âge, ton cousin ?

  • Speaker #0

    Il est adolescent, on va dire, dans ses moments de 15-16 ans.

  • Speaker #1

    Ah ouais, quand même ! Oui, d'accord, il était grand quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui, il avait 4 ans de différence de moi, 9, 9-13 ans, 9-13, 10-14 ans, je ne sais pas exactement les âges. Ok.

  • Speaker #1

    Mais oui, de toute façon, il était plus vieux. Je fais exprès de te poser la question, je précise aux auditeurs, auditrices aussi, que parfois, on est tenté de dire « Non, mais c'est un jeu entre enfants, c'est du touche-pipi. » Quand on regarde les études, dans l'inceste, on parle bien de domination, de dominant-dominé, et l'agresseur est toujours plus âgé. Et ce n'est pas un détail, dans ce côté de... pouvoir et d'assise ou ce que tu décris où lui dit mais si mais attends c'est normal c'est voilà ça soit un truc où en fait toi juste tu te tais quoi et puis là encore en plus il est Il ya beaucoup de secrets ça reste une famille moi j'ai ma cousine qui à mon âge donc la petite soeur je

  • Speaker #0

    vais continuer à jouer avec elle donc ça se dit pas en fait je le dis pas et puis ça continue ça se réitère assez arrivé pour ça oui Et puis finalement, je pense que mon corps, il a préféré oublier. Et du moins, ma tête a préféré oublier, parce que mon corps, indirectement, ne l'a pas oublié. Parce que ce cousin-là, en fait, je n'ai jamais pu… À la vue de… J'ai toujours été ready à sa vue, en fait, en tout le temps, à une distance. Et je ne sais pas, comme un effet d'allaitement, d'allaitement qui était vraiment… Que je ne comprenais pas, en fait. Il me faisait autant de dégoût. J'avais autant de dégoût pour lui, mais c'était le corps qui répondait. Et je pense que ça a totalement un lien avec le regard que j'ai sur moi parce qu'après, au fil du temps, je me suis construite avec ça. Et dans mon rapport au corps avec les garçons, ça a été compliqué. J'ai eu une phase au début de ma sexualité. Je devais répondre à tous les désirs des hommes, en fait, totalement soumises. Mais totalement, j'avais ce besoin sexuel de répondre à tout ce qui leur enchantait, qui ne m'enchantait pas forcément, mais je pensais que c'était normal, qu'une femme devait en arriver là. Et à l'heure d'aujourd'hui, maintenant que je le sais, je suis plus dans le recul. Pourtant, mon mari, j'en ai confiance, mais je vois que mon corps se rédit au fur et à mesure du temps. Et mon corps, il est anti... Il se rédit... J'ai vraiment des sensations. Mon corps, il me manifeste des sensations. Au contact d'hommes ou quoi que ce soit. Et je pense qu'il y a ce lien de vouloir se façonner, en fait, une image. Ou peut-être... Ce n'était pas dans l'idée... Alors, je n'ai pas voulu maigrir dans l'idée de me rendre invisible. Je ne pense pas. Je ne pense pas que c'était... Parce que souvent, c'est vrai qu'on parle aussi de cette idée de recul et d'invisibilité dans les troubles. Je ne pense pas que c'était ça, mais plus un contrôle. L'hyper-contrôle, il était là. Il fallait que je contrôle mon corps sur tout ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Et ouais. En même temps, c'est par lui qu'est arrivé tout ça. Enfin, tu vois... inconsciemment, on accuse un peu son corps aussi de... Tu vois, parce que c'est le vecteur, en fait, de ce traumatisme à ce moment-là. Et donc, dire non, mais attends, contrôler son corps, c'est un peu dire non, mais attends, ça n'arrivera plus, ou enfin, tu vois, reprendre la main sur quelque chose de manière totalement inconsciente, puisque de toute façon, tu ne t'en souvenais même pas. Mais c'est intéressant ce que tu dis quand tu dis OK, ma tête, elle, avait oublié, mais le corps sait. Et tu as parlé de dégoût. Est-ce que tu ressentais une forme de dégoût pour toi-même aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. Je pense que c'est vrai que ce n'est pas forcément facile de se souvenir, parce qu'aujourd'hui, ça a quand même changé, ça. J'ai quand même une acceptation, mais oui, si, j'avais un dégoût pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que ça, ça explique aussi une partie, à nouveau, c'est impossible d'avoir, tu l'as très bien dit tout à l'heure, en fait, on trouve des clés, des morceaux qui expliquent certaines choses, mais tout ça, c'est… intimement liées, multifactorielles, mais cette question du dégoût, elle explique aussi en partie le développement de troubles alimentaires et de chercher la minceur, voire la maigreur et le contrôle du corps, voilà, pour essayer de gérer ce dégoût finalement. Je peux pas m'empêcher de te demander est-ce que tu as parlé ? Est-ce que tu as parlé à tes proches ? Est-ce que quand ces souvenirs sont revenus, est-ce que tu en as fait quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors, il a fallu que je digère la pilule moi-même pendant pas mal de temps, de comprendre en fait, me dire si j'avais pas... Je n'avais pas tout inventé. Si c'est un moment donné, pourquoi ça m'était revenu ? Parce que franchement, je me suis posé la question. Je me suis dit, est-ce que c'est vraiment réel ? Est-ce que c'est vrai ? Mais indirectement, ça revenait. Et puis, cette sensation que mon corps, il ne ment pas pendant toutes ces années. Pourquoi j'ai ce recul et cette distance avec ce cousin-là et pas avec les autres, etc. Ça ne ment pas. Je me suis dit qu'il fallait que je me fasse confiance. Ça a une clé quand même. Mes troubles derrière ne sont pas anodins. Je vois les images. Mais c'est vrai que c'est difficile, après une amnésie, de se dire est-ce que c'est vraiment... Est-ce que je n'invente pas les faits ? Ça, j'ai eu une... une étape pour bien comprendre tout ça. J'ai retravaillé aussi en thérapie pour aussi accepter cette étape de ma vie que j'avais totalement occultée. Et après, j'ai beaucoup écrit. Et ma famille, ma famille proche, on va dire, mes parents, etc., ils ont été au courant au fil du temps que j'ai fait ma thérapie, comme mon mari. Et après, j'ai écrit quand même un livre sur la perte de mes enfants. Et dans ce livre, je fais des feedbacks sur mon enfance et aussi sur comment, par exemple, je suis amenée à un parcours PMA, donc aussi sur mes troubles alimentaires. Et c'est de là, en fait, que je pense qu'aujourd'hui, parce que le livre est sorti il y a deux mois, je sais que ma famille est en cours de lecture. Donc aujourd'hui, voilà. Ils le savent. Je ne suis pas sûre que la personne concernée le lira. Donc, je ne sais pas. Je n'ai pas parlé directement à la personne concernée. Je ne l'ai pas revu depuis. Et si je peux l'éviter, je l'éviterai.

  • Speaker #1

    Mais dans ton livre, tu parles d'un cousin, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    OK. Donc, après, lui, s'il ne lit pas le livre, il y a des membres de ta famille qui vont lire et qui vont peut-être l'interpeller.

  • Speaker #0

    Ça m'est égal. Ouais, ça m'est égal.

  • Speaker #1

    OK. Toi, tu n'avais pas envie, lui, de le confronter à ce qu'il a fait ?

  • Speaker #0

    Non, pas pour le moment. Après, peut-être que quand l'occasion sera là, je ne sais pas. C'est vrai que c'est un cousin que je ne fréquente plus. C'est un cousin que je ne vois plus du tout. Donc, je ne vais pas aller le chercher pour lui en discuter. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as déjà envisagé que sa petite sœur ait pu être victime comme toi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai même pas pensé. Je n'y ai même pas pensé. J'avoue, je n'y ai pas pensé. Je ne sais pas du tout. Je ne pense pas, mais je ne sais pas. On dit que je ne pense pas, mais... Non, et puis c'est vrai que comme j'ai perdu aussi contact avec ma cousine, nos chemins sont un petit peu séparés, donc je ne pourrais pas forcément lui en parler. Mais c'est vrai que la question ne m'était même pas venue à l'esprit. Parce que c'est vrai que moi, ne serait-ce que de mon frère, je verrais, enfin, ce serait impossible. Donc, c'est vrai que je ne l'y ai même pas pensé, alors que c'est les personnes concernées.

  • Speaker #1

    Là, pour le coup, il l'a fait à toi. Donc, de toute façon, c'est possible. Disons qu'il y a un truc aussi qui est peut-être important à dire. Je ne sais pas comment tu vas le recevoir, mais l'inceste n'arrive jamais comme ça dans une famille. S'il y a de l'inceste, il y a de l'inceste. et il y en a. C'est-à-dire que je ne sais pas quelle est son histoire à lui avec ses parents, avec ses grands-parents, vos grands-parents, enfin voilà, je ne sais pas quel n'est un. Mais quand il y a de l'inceste, il y a de l'inceste au-dessus en fait ou autour, tu vois. Et voilà, je me dis qu'il avait une petite sœur dans tes âges. Je ne dis pas assez sûr et certain qu'elle a été agressée mais c'est quand même... Moi, en tout cas, ça me vient... en tête. Et elle, c'est pas possible qu'elle lise son livre ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas, on n'a plus du tout de contact. C'est vrai que bon, peut-être. Peut-être, je peux pas te dire. Si c'est entre ses mains, et si ça fait écho, et si vraiment un jour elle a envie d'en parler, voilà, moi je suis totalement ouverte, même si mon cousin le lit par hasard et qu'il me dit qu'on en parle, pas de souci. Je suis totalement ok à partir du moment où j'ai publié ce livre, ce témoignage. je suis totalement ancrée avec mon histoire. Oui. Sincèrement. Mais après, je n'y suis pas allée directement. C'est vrai que je ne sais pas. Aujourd'hui, nos chemins se sont... Ils sont séparés. Si j'avais été confrontée un jour, par exemple un dimanche avec lui, je n'ai pas eu le choix de le voir en famille. Peut-être qu'on en aurait discuté, mais ce n'est pas le cas. Et je ne suis pas sûre de le revoir un jour.

  • Speaker #1

    Et tu n'as pas eu l'envie ou même l'idée de passer par la justice ?

  • Speaker #0

    Non, ça non, je n'y ai pas pensé. Je n'ai pas... Non.

  • Speaker #1

    C'est vraiment des questions, n'y vois aucune, surtout pas, injonction, genre, il faudrait en parler, il faudrait... C'est vraiment juste des questions que je pose comme ça, pour... Parce que... Qui passent par la justice, d'autres non. Il y a des personnes aussi qui engagent ce processus-là vraiment dans le but qui est... une action réparatrice de la justice et puis d'autres qui engagent le processus plutôt d'une manière symbolique et puis d'autres qui n'engagent jamais ce processus. Mais en même temps, tu sais, sincèrement, je te pose la question parce que je trouve que c'est une question qu'on ne pose pas assez aux gens. Et que voilà, en fait, mine de rien, c'est ton droit et que je trouve que ça repose aussi des choses sur la gravité de l'acte, c'est-à-dire que c'est ultra grave ce qu'il a fait et qu'il pourrait... être, voilà, confondus, tu vois, pour ça. Ils pourraient avoir de gros, gros problèmes pour ça. Et voilà, en tout cas, toi, c'est ton droit. Et c'est ton droit aussi de ne rien en faire. C'est-à-dire que, déjà, c'est toi la victime, donc tu dois rien à personne. En fait, je veux dire, tu ne dois pas... Enfin, comment je pourrais dire ça ? On n'est pas censé attendre de toi que tu ailles en parler, par me parler, faire ci ou faire ça. Je veux dire, à mon sens, quand tu es victime et que tu te reconstruis, ton objectif, c'est de prendre soin de toi et faire ce qui te permet de prendre soin de toi sur le moment. Et du coup, ça évolue. Des fois, il y a des gens qui disent « je n'aurai jamais recours à la justice » et puis cinq ans après, finalement, qui y vont ou d'autres qui n'y vont jamais. Mais l'important, c'est de s'écouter, je pense.

  • Speaker #0

    Oui. Moi déjà, en fait, mon souvenir, en fait, de revenir sur cette étape-là de ma vie, moi ça m'a permis de comprendre des choses sur moi, et voilà, je l'ai plus vu dans cet aspect-là, je me reconstruis avec ça, qui n'est pas forcément une épreuve terrible qu'on peut vivre à l'adolescence, et qui n'est pas du tout pardonnable. Mais pour autant, je n'ai pas le besoin de faire passer la justice. Pour moi déjà, vraiment, j'ai beaucoup gagné en me souvenant et en me disant que ça m'amène vers une compréhension de pourquoi aujourd'hui j'avais ces troubles-là, pourquoi aujourd'hui j'avais ce rapport à mon corps. C'était ma... Finalement... C'est ma première récompense, en fait, elle est là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est en fait, finalement, d'un petit peu embaumer la blessure qui l'a faite. Je ne vois pas, en fait. Oui, la justice permettrait finalement, c'est quand même un acte, oui, pour tous ces gens qui... C'est rendre justice. C'est vraiment rendre justice et remettre la victime à sa place.

  • Speaker #1

    Et remettre l'agresseur aussi à sa place.

  • Speaker #0

    L'agresseur à sa place. Mais en même temps, moi, c'est vrai que je me dis, à l'heure d'aujourd'hui, ça ne m'apporterait pas moi-même. Ça serait plus... Voilà.

  • Speaker #1

    Oui. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est peut-être pas de ça dont tu as besoin. Et peut-être que ce ne sera jamais le cas. Peut-être que ce sera le cas un jour. En tout cas, il y a aussi... Moi, j'ai du mal à croire. Et je ne dis pas, attention, je n'arrive pas avec des certitudes, pas du tout. Mais de ce que j'ai pu voir, entendre, accompagner autour des violences sexuelles, et lire aussi, ou apprendre, j'ai du mal à croire que ce mec-là, tu as été sa seule victime. J'ai du mal à croire que ce type-là, il a une sexualité normale, avec d'énormes guillemets, c'est quoi la normalité ? En tout cas, qui respecte le consentement. qui soit dans un vrai partage. En fait, les agressions sexuelles, c'est un pur système de domination où l'autre n'existe pas en tant que sujet. C'est l'objet de mon désir et je le prends et je l'utilise. Et du coup, il y a des chances que cet homme-là, déjà, c'est à se demander ce qu'il a vu, vécu, pour faire ça sur toi.

  • Speaker #0

    peut-être que lui-même a été victime à un moment donné. Et on peut imaginer que derrière, il a continué de se construire avec quelque chose de très dominant et que potentiellement, il y a eu d'autres victimes, malheureusement.

  • Speaker #1

    Je ne m'étonnerais pas. Malheureusement, je pense. Je ne peux pas aujourd'hui. Bon, il a sa famille, mais je crois qu'ils sont séparés. Mais il y a des enfants.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est vrai que je n'ai pas été aussi loin dans la réflexion parce que c'est vrai que je n'ai pas été chercher... Parce que justement, un agresseur, finalement, aujourd'hui, quand tu me dis ça, ça me semble forcément plausible et puis finalement logique. Mais c'est vrai que sur le moment, je ne me suis pas dit qu'il aurait pu y avoir d'autres victimes. C'est la première fois d'ailleurs. que finalement tu soumets l'idée et voilà, j'en prends conscience, mais je n'y ai même pas pensé. Parce que c'est vrai que peut-être que finalement, tu es un public plus averti, parce que c'est vrai que tu as fait des recherches où tu es quand même une professionnelle, et puis tu as fait beaucoup de recherches là-dessus, et puis tu t'intéresses au sujet. Mais c'est vrai que moi, mis à part l'expérience que j'ai eue, je n'ai pas été plus loin, je n'ai pas cherché. L'importance pour moi était de me reconstruire suite à ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'entends. Mais les questions que je te pose sont aussi des questions que j'ai pu poser, que l'on pose. En fait, je suis bénévole dans une association qui accompagne les victimes de viols sexuels. Donc effectivement, ça fait que... Et puis, dans le cadre notamment d'une de mes formations sur les TCA, le sujet du traumatisme aussi a été abordé, un peu creusé. notamment des traumas sexuels. Et puis, j'ai une histoire de vie aussi individuelle avec de l'inceste dans ma famille. Enfin, tu vois, tout ça fait qu'effectivement, je pense être une oreille peut-être plus avertie que d'autres. Mais en tout cas, tu sais, c'est question de questionner le rapport à la justice. Tiens, est-ce que vous avez porté plainte ? Est-ce que vous comptez porter plainte ? Est-ce que... C'est des questions qu'on pose à l'assaut et qui, pour moi, ont une vraie valeur aussi thérapeutique. vraiment dans le sens où en aucun cas on ne mettra de pression nous, on est là pour accompagner des gens à aller mieux, vraiment comme tu dis, à se reconstruire. Néanmoins, c'est l'occasion de faire un rappel de la gravité des faits et du fait qu'il y a des lois dans notre système contre ça et que ce n'est pas juste une erreur entre deux enfants pris isolément. Non, en fait... vous vous inscrivez dans un système un système sociétal un système patriarcal ultra violent de domination et de domination sexuelle et c'est pour ça aussi tu vois que je parle de la loi mais je parle aussi de potentiel ou de victime parce qu'en fait c'est pas juste toi c'est pas juste toi et lui et qu'en fait enfin J'allais dire, lui-même est victime d'un système dans lequel il est devenu agresseur, il a pris place en tant qu'agresseur. Et en fait, voilà. Et c'est aussi dans une reconstruction thérapeutique, ça me semble importante. Tu sais, comme les TCA, en fait, il y a tout ce qui se joue au niveau individuel. Il y a le fait que, tiens, toi, c'est un très bon exemple, en fait, je veux dire, tu ne t'en souvenais plus, mais tu as vécu de l'inceste petite. Si... Et vraiment, ça rentre dans les causes, les violences sexuelles, et notamment dans l'enfance, rentrent dans les causes qu'on retrouve souvent dans les TCA. Donc, il y a des causes plutôt individuelles, traumatiques. Mais en fait, les TCA, il y a aussi toute une cause collective et sociétale. Parce qu'on vit dans une société hautement grossophobe, parce qu'on est obsédé par la minceur, parce que les femmes sont ramenées au statut d'objet. Enfin, tu vois, je trouve que les violences sexuelles, c'est pareil. Il y a le côté très individuel de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais il y a aussi un regard plus collectif de tout un système qui fait qu'on vit ça, et un système de silence aussi, de silenciation des victimes, et de rappeler aussi qu'il y a des lois contre ça. Et qu'en fait, même si on choisit de jamais aller vers la justice, on peut se dire « Ah ouais, d'accord, en fait, en vrai, je pourrais l'emmener en justice. » Il pourrait être puni pour ce qu'il a fait.

  • Speaker #1

    et à mon sens ça peut faire partie d'un processus thérapeutique et c'est pour ça que je te posais la question que je t'en parlais en tout cas nous dans l'assaut ce sont des choses qu'on aborde en fait oui je pense que ça fait partie oui oui mais je vois un petit peu dans le processus de guérison aussi de la victime Je comprends. Mais ça, par contre, moi, ça ne m'est jamais été... Je n'en ai jamais été jusque-là, en fait.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, mais aussi parce que...

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais accompagné jusque-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Alors après, il y a ta temporalité à toi. Et c'est pour ça, quand je disais, je crois que c'est important de toujours revenir à soi, de dire, attends, mais moi, est-ce que je sentirais que... Est-ce que ça pourrait me faire du bien ? Est-ce que j'en suis là ? Non. Alors, c'est bon, il n'y a même pas de questions à se poser. par contre si jamais personne ne t'amène à ça et te pose la question tu vois C'est cool aussi d'avoir des pros qui peuvent amener ces questions-là et échanger là-dessus. Puis après, c'est toi qui dis oui, je prends, non, je ne prends pas. Oui, ça m'aide, non, ça ne m'aide pas. OK, donc voilà, c'est toi au centre en fait. Eh bien, je me dis quel parcours ? Du coup, il y a une question que j'aime beaucoup poser aux personnes qui viennent à mon micro. Mais toi, je me dis mais attends, il y a tellement de choses partout. Qu'est-ce qui, selon toi ? t'as aidé sur ton parcours de guérison ? Et finalement, on pourrait mettre un S à guérison parce que t'es passé par la guérison des troubles alimentaires, mais le deuil, c'est une forme de guérison. Tu vois, la levée d'amnésie traumatique t'a amené aussi à une autre forme de guérison, d'un traumatisme. Donc, qu'est-ce qui t'a aidé, toi, sur ces parcours de guérison ?

  • Speaker #1

    que c'est la manière, enfin, moi, je pense que c'est ma perception, en fait, de la vie, en fait. J'ai perçu après tout ça et puis, je me suis rendue compte que je m'en étais sortie, etc. Bon, c'était quand même des grandes étapes. Je me suis vraiment dit que j'étais autre chose, justement, autre chose qu'une victime ou autre chose qu'une... qu'une femme maigre ou autre chose qu'une coureuse ou autre chose qu'une maman endeuillée ou des choses comme ça. En fait, je me suis dit quelles sont mes véritables valeurs. Pourquoi en fait, souvent on parle de cette question, qu'est-ce que je voudrais que les gens retiennent de moi sur mon lit de mort ? C'était un peu ça en fait. Et là, clairement, c'est ce qui m'a menée en me disant, ben voilà, j'aime la vie. Parce que j'aime profondément la vie et ça, au fil du temps, c'est de plus en plus important pour moi. Et je me dis, je n'ai pas envie que les gens retiennent toute cette période où j'étais amaigrie, où j'étais taciturne, où j'étais mal dans ma peau, où je n'acceptais pas mon corps. J'ai dit, qu'est-ce que finalement, comment j'ai envie de vivre ? véritablement ma vie, qui je suis, tout ça en fait ça a été des questions auxquelles j'ai vraiment pris du temps de répondre et vraiment de manière très très personnelle et très transparente envers moi-même et en fait je me suis rendue compte qu'il y avait autre chose, il y avait vraiment autre chose que cette perception de l'autre sur mon corps, de la perception que j'ai de moi, de mon corps parce que Merci. Pendant dix ans où j'étais en anorexie et peut-être sur les podiums, mais j'étais plus de dix ans où j'ai été malheureuse. Où j'ai été justement dans... Je n'étais pas moi-même. Je n'étais pas la petite fille que j'étais à l'époque, vivante, pleine de vie. Et là, quand je me suis déchargée de tout ça, j'ai réalisé que j'étais autre chose. Et ça, en fait, pour moi, c'était hyper important. Et en fait, aussi, il y a peut-être ça, moi, par rapport à ce deuil, la perte de mes enfants au moment, en fait, pendant la mise en bière, la dernière, en fait, à la fermeture du cercueil de mes enfants, je leur ai promis que je n'allais pas me détruire. Mais je pense qu'en fait, c'est cette promesse qui a fait que je suis allée de l'avant. Ça m'a maintenue, en fait. Et au moment où j'ai ressombré, j'y ai repensé à tout ça et je me suis dit, non, Et peut-être qu'indirectement, on y croit ou on n'y croit pas, mais ils sont là. Et puis, je me dis, ils ne sont pas partis pour rien. Ils ont voulu partir à ce moment-là. Et moi, il fallait que les gens comprennent quelque chose. Le chemin de la résilience, c'est clair. Mais bon, je dirais que si on ne fait pas ce chemin-là, la vie est bien difficile.

  • Speaker #0

    Comment s'appelle ton livre ?

  • Speaker #1

    Les larmes de mon corps.

  • Speaker #0

    Les larmes de mon corps, ok. Je mettrai le titre.

  • Speaker #1

    Il est disponible sur toutes les plateformes si ça intéresse.

  • Speaker #0

    Ouais, je mettrai le titre du livre s'il y a des personnes... Comme ça, pour que les personnes puissent aller le trouver. Merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir écoutée et que je puisse partager.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Avec plaisir, vraiment, c'était fort.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai fait un long chemin et j'aurais aimé peut-être avoir à l'époque. Aujourd'hui, les podcasts ne sont plus présents, les témoignages. C'est vrai qu'on en parle beaucoup plus. On est moins seul face à ces troubles des comportements alimentaires parce qu'en plus, on arrive même à poser des mots. Je pense que même le corps médical, il est un peu plus ouvert à tout ça. Et aussi parce qu'on a des personnes comme toi et d'autres personnes accompagnantes à côté qui vraiment se spécialisent dans ces sujets. Et aussi les réseaux sociaux qui nous permettent aussi d'avoir accès à toutes ces informations. Et je pense que si j'avais eu ça aussi plus rapidement, plus rapidement accès à ça, j'aurais écouté et je me serais peut-être dit, cette personne, elle a amené son chemin comme ça, ça va m'inspirer ou quoi que ce soit. Je pense que ça aide quand même beaucoup parce que finalement, dans ces moments-là, on ne sait pas trop quoi faire. Indirectement, on sait, inconsciemment, on sait qu'on a des choses, on n'est pas totalement... On sait qu'on a un TCA inconsciemment. Je pense que tout le monde le sait inconsciemment. Je ne sais pas si toi, tu le ressens comme ça, mais même si on fait le déni, on sait que quelque chose ne va pas. On sait que soit on a changé notre personnalité ou il y a quelque chose qui ne va pas. On n'est pas heureux. On le sait.

  • Speaker #0

    Effectivement, je pense que... Les témoignages sont importants et merci pour ton témoignage parce que j'ai trouvé ça très courageux quand même. Tu viens parler de sujets hyper douloureux. Oui, le trouble alimentaire, mais tu viens parler de deuil périnatal, tu viens parler d'inceste. C'est des sujets qui sont douloureux et pourtant qui sont... Il y a une phrase qui dit qu'il n'y a pas plus... universels que l'intime. Je crois que c'est une phrase qui dit un truc comme ça, mais c'est ça, en fait, ce qui nous touche dans l'intime, comme ça, c'est ça qui est si universel et qui nous permet de nous rejoindre tous les humains. Et ces sujets-là, oui, ils font mal, et en même temps, c'est hyper important d'en parler, parce qu'il y a tellement de femmes concernées, en fait, par ces deux sujets-là, je veux dire, par le deuil périnatal et les violences sexuelles. Donc voilà, je suis hyper déchante de...

  • Speaker #1

    Masqués en plus. Oui, malheureusement, qui sont totalement tabous. Et qui restent encore tabous, même si on veut éclairer indirectement. C'est pour ça que, justement, j'ai fait le choix d'en parler. Et je le parle librement parce que j'en suis totalement... J'ai passé une étape qui fait qu'aujourd'hui, ça fait partie de moi. Mais même, je veux dire, ce n'est pas douloureux. J'ai passé des étapes, ça reste douloureux. Mais je peux en parler posément. Avec une distance. Et ça, je trouve ça hyper important parce que ça reste encore très tabou. On veut faire croire des choses, il y a des sujets qu'on met sur la table, mais il y a des choses qui restent encore. Alors le deuil périnatal peut-être s'ouvre un peu plus que l'inceste, les violences.

  • Speaker #0

    Ah ouais, tu trouves ? J'aurais dit presque l'inverse. Je trouve qu'on parle beaucoup de violences sexuelles. et deuil périnatal, mais après, c'est un sujet dans lequel je suis moins aussi de par mes activités et tout ça. Donc, peut-être qu'en fait, je ne le vois pas. Moi, j'ai l'impression que c'est très, très mal pris en charge aussi par les professionnels de santé. Donc, oui, je ne sais pas. Mais en tout cas, ça me semble super important de pouvoir en parler. et de cette manière-là de libérer la parole. Donc, un grand merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir ouvert le micro.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don. à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Marine

    01:38

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    06:05

  • Les premiers régimes dans l’adolescence

    11:33

  • L’addiction au sport

    15:07

  • Ce qui l’a stoppée

    19:24

  • TW Deuil périnatal

    29:36

  • Guérison et levée d’amnésie traumatique

    39:31

  • Mention de violences sexuelles (inceste)

    43:03

  • Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle

    46:29

  • Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison

    01:06:24

Description


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Petite fille « ronde » ou « bien en chair » comme le disait sa famille, Marine a très vite voulu perdre du poids et a testé des régimes dès la pré-adolescence.
Les restrictions et le sport prennent vite tout la place.

Son envie de devenir maman et l’aménorrhée hypothalamique créent un premier stop.
Mais l’épreuve du deuil périnatal la fait replonger dans l’anorexie, comme une béquille pour survivre.

Cette douloureuse période de deuil lui a permis d’engager un vrai travail de guérison de ses troubles alimentaires.

Durant ce travail psychothérapeutique, Marine vit une levée d’amnésie : les souvenirs de l’inceste vécue dans l’enfance refont surface. 


Il s’agit d’un témoignage puissant et inspirant, un immense merci à toi Marine pour oser lever le voile sur ces tabous!


Vous pouvez également lire son livre « Les larmes de mon corps », dispo un peu partout! 


Épisode cité : Trauma et TCA, Lydie psychologue spécialisée décrypte les liens, les mécanismes et les outils de prise en charge - E.69



Au programme : 


Présentation de Marine

Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance
Les premiers régimes dans l’adolescence 

L’addiction au sport

Ce qui l’a stoppée
TW Deuil périnatal
Guérison et levée d’amnésie traumatique 

Mention de violences sexuelles (inceste)

Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle 

Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison 


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marine, ravie de t'accueillir dans le podcast. Je suis bien contente de discuter avec toi, parce que je pressens que ça va être très très riche. D'ailleurs, on va essayer de ne pas parler pendant une heure et demie, deux heures, et d'essayer de rester autour d'une heure, mais... Je pressens qu'il va y avoir beaucoup de choses à dire puisqu'on a peu échangé, mais on a échangé un peu par message sur Insta. Et du coup, tu viens ici pour parler des troubles alimentaires parce que c'est mon sujet de prédilection. Mais je le sais, tu le sais et les gens concernés qui nous écoutent le savent très bien. Il y a toujours plein d'autres sujets autour des troubles alimentaires et donc toi, tu as plein d'autres sujets. à aborder. Mais avant d'aller plus loin, je te propose de te présenter de la manière dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Je m'appelle Marine, j'ai 33 ans, je suis aujourd'hui maman d'une petite maman, je suis pâtissière de reconversion et oui... Pour faire écho au sujet qu'on va aborder, j'ai été atteinte d'anorexie pendant 10-12 ans, je dirais. Ça m'a suivi 10-12 ans, mais je peux dire aujourd'hui que j'en suis totalement... libéré, c'est plus mon fardeau mais ça reste peut-être une blessure qui peut se réouvrir à tout moment, ça j'en suis certaine ça peut être ma faiblesse j'ai déjà connu des rechutes à une époque à certaines périodes de ma vie où en fait j'étais en deuil ou quoi que ce soit où j'ai pu je me suis remis dans les TCA en fait en sorte Merci. quasi en béquille à ce moment-là. En fait, j'ai bien vu que c'était finalement une soupape. Ça pouvait peut-être me sauver la vie, mais j'avais conscience qu'il ne fallait pas que je fonce tête baissée. Donc aujourd'hui, je suis autre chose que l'anorexie, ce qui n'a pas été le cas pendant pas mal d'années.

  • Speaker #0

    C'est intéressant déjà ce que tu dis, parce que dans ta façon de formuler les choses, j'ai l'impression que dans... Les rechutes dont tu parles, tu y allais en conscience ?

  • Speaker #1

    Oui. Ok. Oui, parce que je pense, je ne sais même pas, en fait, sans ça, je pense que, comme je dis, c'était une béquille, parce qu'il y a une époque, surtout, on en parlera peut-être plus tard, à un moment donné, j'ai perdu mes enfants, et donc à l'accouchement, et je sais très bien que pourtant, à ce moment-là, ça allait beaucoup mieux, et j'ai rechuté comme telle... Quel loup ! Comme si c'était l'anorexie et le contrôle de mon corps, de mon alimentation, faisait que c'était la seule façon pour moi de passer le cap.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Un moyen de survie.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais seulement par contre à la différence de cette grande période d'anorexie où finalement je ne l'avais pas conscientisé. À ce moment-là, par contre, je savais indirectement que je rechutais et j'en avais conscience. Donc, en étant aidée, j'ai tout de suite réussi à prendre de la distance.

  • Speaker #0

    OK. Et le moment où tu étais dedans, le moment de cette rechute, tu avais conscience aussi de cette béquille. Tu avais conscience du besoin. Tu as l'impression que même au moment où tu le vivais, tu te disais, « Ouais, OK, là, j'ai sans doute besoin de ça pour traverser cette période. Cependant, je vois bien que je rechute et je sais bien jusqu'où ça pourrait me mener. Donc, OK, je vais demander de l'aide. »

  • Speaker #1

    Oui, c'était totalement ça, en fait. Totalement. Parce qu'en fait, je ne savais pas... C'est vrai que parfois, quand on est dans le deuil ou dans la dépression, on va dire, quand on a la tête sous l'eau, il faut trouver finalement quelque chose à quoi se raccrocher. Il y en a qui vont avoir d'autres addictions. Clairement, il y avait ça. Et puis, il y a aussi, j'avais une addiction au sport depuis toute petite. Donc, il y avait le sport aussi qui jouait là-dessus et l'hyper contrôle. On va dire que l'anorexie se jouait surtout dans l'hyper-contrôle, contrôle de mon corps, contrôle des agissements que je faisais pour gérer la culpabilité, gérer tout ça.

  • Speaker #0

    Ok, c'est cool. Tu mets déjà un pied dans l'enfance. Tu dis depuis toute petite que tu avais une addiction au sport. J'aime bien commencer le podcast justement en proposant aux personnes que je reçois de faire un petit détour par l'enfance. d'essayer de se souvenir à quoi ressemblait le rapport au corps et à l'alimentation dans l'enfance. Qu'est-ce qui te revient, toi, quand tu te poses cette question ?

  • Speaker #1

    Alors moi, bizarrement, j'ai vécu dans une famille super aimante, on va dire, on ne peut pas un moment, et un grand frère, tout allait bien. Disons qu'une petite fille pleine de vie et très, très gourmande, pas de prise de tête sur le poids. Disons que j'étais en surpoids. pas un gros surpoids, mais comme dirait les anciens bien en chair, mais des petites remarques. Moi qui faisais écho parce que j'avais par contre une hypersensibilité. L'hypersensibilité qui allait au point que moi je ne pouvais pas, je pleurais à chaque fois que ma maman me laissait quelque part. C'était une profonde hypersensibilité. Donc en fait, tous les mots avaient un sens et à force de les entendre, ne serait-ce que des petites taquineries qui ne sont pas grandes, mais qui ne sont pas énormes, mais moi qui étais en fait quelque chose de très désobligeant, a fait qu'au fur et à mesure, je me suis sentie grosse. Et c'est là où j'ai commencé à me dire, ça a commencé mon rapport au corps et à la nourriture, ça a commencé par les régimes. Je me suis dit, j'ai déjà demandé à ma maman dès 14 ans... 13-14 ans, de faire mes premiers régimes parce que je voyais que je plaisais pas aux garçons comme peut-être mes copines pouvaient plaire aux garçons, parce que j'avais un léger bourrelet qui pouvait indisposer mon grand-père, par exemple, des petits trucs pendant les repas de famille ou parce que je prenais deux fois du dessert. Des choses qui sont somme toute anodines, mais moi, pour le coup, quand on est enfant et on est vraiment dans cette hypersensibilité-là, ça fait un énorme...

  • Speaker #0

    quel regard tu portes adulte sur ces réflexions que tu qualifies d'anodines ces réflexions que tu avais parce que tu viens de parler d'un bourrelet qui indisposait ton grand-père oui voilà en fait c'est que je

  • Speaker #1

    dirais que moi en fait fallait que je réponde à des normes je pense quand j'étais petite il fallait vraiment que je corresponde à Une petite fille, je voulais être la perfection aussi. Il y a cette idée d'être de plaire à tout le monde. J'entendais mon grand-père, par exemple, si j'étais la plus grosse de ces petites filles. C'était des petites réflexions comme ça qui me déplaisaient. C'était, en somme, je ne pense pas que c'était méchant, mais c'était plutôt moquant. C'était de la moquerie, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais quel regard tu poses, adulte, là-dessus ?

  • Speaker #1

    C'est ridicule, c'est méchant et ridicule. En fait, c'est bête et méchant.

  • Speaker #0

    Ouais, ok. Parce qu'en fait, tu pointes du doigt ton hypersensibilité là où moi je me dis, c'est pas normal, à mon sens, de dire ça aux enfants. Et je dis pas, malheureusement, ça existe dans la majorité des familles, encore plus des personnes, j'allais dire de notre génération, je sais pas quel âge t'as, potentiellement t'es peut-être un peu plus jeune que moi, je sais pas, mais je pense qu'on est dans les mêmes âges. Et donc, dans nos parents, grands-parents, on parle aussi d'un fonctionnement un peu différent. Donc, l'idée, ce n'est pas d'accabler, d'acculer ces gens-là, mais je me dis, en fait, c'est comme si tu portais la responsabilité encore à ce moment-là de te dire, ouais, mais parce que j'étais hypersensible. En fait, je trouve que de toute façon, c'est un truc qui abîme énormément de petites filles. En fait, c'est quand même hyper fréquent.

  • Speaker #1

    Je ne dis pas que c'est parce que, mais je pense que mon hypersensibilité a joué sur l'importance de ces critiques. Parce que certes, ça peut être blessant, mais je sais très bien que certains des amis ou quoi que ce soit, elles auraient pu être impactées là-dessus. Peut-être que ça aurait moins eu de valeur.

  • Speaker #0

    C'est là où je ne suis pas complètement d'accord avec toi. Moi, je pense que l'immense majorité, je ne vais pas dire toutes, mais l'immense majorité des petites filles que tu mets dans un milieu où tu sens qu'il y a une grande importance sur le corps, où tu sens que tu dois répondre à des injonctions et qu'il y a une notion de valeur un peu, en tout cas, c'est comme ça que ça peut être compris, tu sais, tu es la plus grosse de mes petites filles. Moi, je pense que ça impacterait de la même manière la majorité des personnes. Et les femmes qui, à l'âge adulte, sont peut-être moins... tracassés par leur apparence ou sensibles à la critique sont, je pense, des personnes qui ont eu peu ou pas de réflexion sur leur apparence dans l'enfance, tu vois. Et qui ont pu construire quelque chose de tranquille, d'un espèce de truc, de toute façon, je reçois de l'amour inconditionnel. Enfin, tu vois, on m'aime comme je suis. Il n'y a pas de truc qui est pointé de défaut, entre guillemets, dans l'apparence, là où quand on est une enfant... Je m'inclus dans le truc, j'ai vécu des choses similaires où en fait, je trouve que ça amène aussi à développer ce côté de petite fille parfaite que tu disais à très juste titre. Genre, bon, ok, il faut que je réponde à des trucs pour être aimée.

  • Speaker #1

    Oui, il faut que je sois aimée. C'était, oui, le constat et le bon, en fait. Il fallait que je sois aimée par, en fait, les personnes qui me regardent, par les personnes qui me tournent.

  • Speaker #0

    Ok. Et du coup, tu demandes à ta maman de faire des régimes assez tôt dans l'adolescence. Oui. Et qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ? Ça fonctionne ? Comment tu vis ? Et ta maman, elle est OK avec ça ? Elle n'est pas surprise ?

  • Speaker #1

    À l'époque, oui, elle est OK. Disons aussi qu'après, avec le temps, j'ai réalisé que le cadre autour de l'alimentation était très jambé à la maison. Mais ça, je ne l'avais pas vu dans l'enfance. Mais bon, ma maman... Il n'a jamais mangé comme mon papa. Il y a des choses comme ça qu'on reproduit. Et puis finalement, elle, elle voulait juste... Elle voyait bien que je n'étais pas bien dans ma peau. Donc elle s'est dit, écoute, on va te permettre éventuellement de perdre quelques kilos. Parce qu'en soi, j'avais un surpoids, en fait. Pas énorme, mais il était là. C'était d'un ridicule. Mais au moins, je pense qu'elle accédait à... à ma volonté de me sentir mieux. En fait, elle voulait juste que je sois bien dans ma peau et juste que je n'étais pas.

  • Speaker #0

    Et alors, ça a donné quoi ?

  • Speaker #1

    Alors, ce n'est pas forcément dans l'adolescence que je n'ai pas tellement perdu de poids, clairement,

  • Speaker #0

    dans l'adolescence,

  • Speaker #1

    parce que j'aimais toujours autant manger. J'ai testé plein de régimes. À l'époque, c'était les régimes à la pharmacie, par exemple. Il se dit que... On buvait des trucs dégueulasses à 16 ans. C'est terrible, en fait, de se dire ça. Et ça n'a pas tellement marché. J'ai commencé le régime qui a marché, c'était vers mes 18 ans. J'ai commencé le régime du cours. 18, 19 ans, je ne sais pas si j'ai le droit de dire le nom.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Ce n'est pas de la pub, on peut le faire.

  • Speaker #1

    J'ai commencé ce régime à l'époque où c'était la grande mode, où ils vendaient ces livres. Et puis, j'ai lu des petites choses en disant que ça amenait à reprendre beaucoup de poids si on arrêtait, etc. Voilà le contre-coup finalement d'un arrêt du régime ou si on ne suit pas le régime à la lettre. Et puis moi, à ce moment-là, j'étais déterminée de 18-19 ans. J'avais vu que les autres régimes n'avaient pas fonctionné, donc je m'étais dit, allez, je fonce dedans. Surtout, je m'applique et les kilos ont commencé à fondre. Et là, j'ai commencé à avoir aussi des congratulations extérieures. Disons que tu as perdu 5 kilos et puis dis donc, qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce que tu as fait ? Et j'ai continué comme ça et je me dis, surtout, surtout, je ne reprends pas le poids. Et puis finalement, j'avais un objectif et au fil des années, cet objectif descendait tout le temps. Déjà, le premier objectif était largement atteint et puis ça continuait de fondre, mais je dirais que ça s'est fait par palier. Au fur et à mesure, on va dire tous les deux ou trois ans, peut-être qu'à un moment donné, je stagnais un peu et puis je continuais à redescendre sur une autre période. À des changements particuliers, je redescendais. Mais là, je n'étais plus au régime. Finalement, là, j'étais dans la restriction à ce moment-là. J'avais fait un système restrictif avec le régime. Et puis après, surtout ne pas reprendre du poids, donc ne pas remanger comme avant.

  • Speaker #0

    Et tu as tenu ça pendant des années ?

  • Speaker #1

    Voilà. Après, je me suis mise au sport. À ce moment-là, au tout début, je faisais… Alors, j'ai été très sportive dans l'enfance, mais du sport, voilà. Bon, je faisais de la gymnastique, de la natation, etc. Donc, j'avais quand même en plus un corps musclé. Après, bon, avec les grandes études, j'ai arrêté. Mais je m'y suis remise. Et puis surtout, j'ai pris le pli de faire un sport qui est quand même où il y avait le plus à perdre. C'était la course à pied. Et je m'y suis mise vraiment à fond, jusqu'à m'inscrire à des clubs, etc. Et puis à gagner des courses. Et puis là, j'ai été identifiée par celle qui faisait des podiums ou des choses comme ça. Donc en fait, à un moment donné, en plus de ça, on est vraiment ancré dans un système où on nous connaît pour nos performances. en plus de derrière avoir une dénutrition ouais c'est ça et du coup qu'est-ce que ça joue en toi ça à ce moment là c'est bien parce que la fille que j'étais finalement en surpoids et que les gens disaient finalement que j'étais pas dans les normes là aujourd'hui j'étais finalement devenue une femme qu'on trouvait finalement jolie, mince etc et en plus de ça je performais ouais mais

  • Speaker #0

    Ça, c'est ce que tu te disais dans ton esprit et avec la pathologie. Mais du coup, avec le recul, c'est de se dire... Quelque part, le fait de gagner ces compétitions, ça t'enfermait peut-être davantage encore dans la maladie. Parce que justement, ça donnait raison à la maladie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Après, sur le moment, on n'y pense pas du tout. En fait, on est dedans. C'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai le recul nécessaire pour dire que ce n'était pas... Je n'étais pas en santé ou quoi que ce soit, mais à cette époque-là, j'étais juste dans l'idée qu'en fait, les gens étaient fiers de moi. Et les objectifs étaient toujours plus grands. Et ça, après, je parle vraiment, ça s'est fait sur le long terme. Ça s'est mis en place sur le long terme. Mais au fur et à mesure, en fait, ça a pris des ampleurs où j'étais addict au sport. au point que c'était devenu un besoin, plus qu'une envie d'aller courir. Chaque matin, il fallait y aller, sinon je ne mangeais pas. Il y avait aussi ce lien avec la nourriture, parce qu'au début, je l'ai fait pour perdre du poids. Je ne l'ai pas fait parce que j'aimais la course à pied. Après, dans un état d'esprit, j'ai toujours été sportive. Je pense que c'est plutôt cet univers de compétition qui m'a plu. Mais déjà, mon rapport à la course, dès le début, il était scellé. C'était pour perdre du bois.

  • Speaker #0

    Oui, c'est intéressant parce que quand tu dis « j'étais addict au sport » , c'est vrai que parfois, on s'imagine la bigorexie. Je pense que ça peut être le cas. On peut être addict au sport. sans lien, j'imagine, avec la nourriture, la perte de poids. Mais dans la majorité des cas, d'ailleurs, c'est classifié dans les troubles alimentaires, la bigorexie. Dans la majorité des cas, la bigorexie, c'est quand même très rattaché à un autre trouble alimentaire. Et en fait, il y a une addiction au sport dans le but de brûler des calories, d'avoir le droit de manger, etc. Et alors, pour moi,

  • Speaker #1

    c'est lié. Pour moi, c'est lié. Parce qu'indirectement, il y avait d'autres sports. Si vraiment j'aimais le sport, si je n'avais pas aussi cette idée en tête de contrôle de poids, etc., il y a plein d'autres sports peut-être moins énergivores.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné, ça s'est stoppé tout ça ? Parce que là, j'ai l'impression que tu étais dans une montée, tu vois ? Les restrictions prennent place. Je pense que tu étais dans le déni de ce qui se passait réellement, de l'anorexie. En plus de ça, tu performes dans le sport. Il y a un truc qui monte, qui s'installe. Qu'est-ce qui s'est passé pour que ça s'arrête ?

  • Speaker #1

    J'avais peut-être 26-27 ans quand j'ai commencé. J'étais vraiment dans le dur. Ça avait commencé depuis à peu près 19-20 ans, vraiment dans les troubles. La rencontre de mon conjoint actuel. qui a fait que aujourd'hui, lui, il m'a connue à la base avec mes troubles. Mais j'étais dans une période où ça allait un peu mieux. Voilà, on rencontre notre conjoint, on a un petit copain. C'est un petit peu le moment où il y a des choses qui se mettent en place. Et après... La routine fait qu'on retombe dans nos habitudes. Lui, il m'a toujours soutenue, il l'a toujours su. J'ai toujours été transparente, parce qu'indirectement, je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Indirectement, je savais que j'avais des mécanismes qui n'étaient pas normaux, qui n'étaient pas normales. Et le temps avance. On a envie de fonder une famille. Et il s'est avéré que quand j'ai arrêté la pilule, mes règles ne sont pas revues. Au bout, on ne sait pas, au début, je me suis dit, je prends le temps. Ça faisait des années que j'étais sous pilule. Et puis, au bout de quelques mois, disons une année, je suis retournée voir mon gynécologue. pour demander ce qui se passait. Et puis d'après lui, il a fait le diagnostic en fonction aussi de mon équilibre de vie, de mes habitudes au quotidien. Il a considéré que j'étais en améliorée suite à des nutritions et à un excès de sport, donc un excès de stress aussi. Donc là, il m'a tout de suite dit, bon, il faut que votre... Vous êtes bien dans le fertile, donc il faut qu'on parte par un parcours PMA. Parce qu'il s'avérait qu'en fait, oui, j'étais... Donc, je ne volais pas et je n'avais pas les hormones. En fait, je n'avais pas suffisamment d'hormones pour avoir un cycle.

  • Speaker #0

    À aucun moment, à ce moment-là, lui, il t'a parlé d'une prise en charge de tes troubles alimentaires qui aurait pu t'amener... à modifier tes habitudes de vie, à peut-être reprendre un peu de poids, faire moins de sport, et qui aurait pu t'amener à retrouver tes règles, en fait. Parce que du coup, c'était ça, c'était une améliorée hypothalamique, quoi.

  • Speaker #1

    Pas du tout, il ne m'a même pas parlé de ce nom, en fait. C'est moi qui suis à ce moment-là, on était en quoi, en 2019, je dirais, et ça commençait sur le réseau, donc il y avait certains comptes qui en parlaient, et c'est moi-même qui, après, en fait, en lien avec ce qu'il m'avait dit un petit peu, peu comme conseil à adopter un petit peu donc justement il m'a juste dit mangez plus madame faites moins de sport réduisez le stress mettez vous en arème maladie ou quoi que ce soit parce que j'avais mon activité professionnelle en plus de ça j'étais à mon compte donc compliqué et c'est juste ce qu'il m'a dit il m'a pas dit d'aller voir des professionnels de santé et il n'a pas mis de mots sur mes mots en fait.

  • Speaker #0

    Oui il n'a pas parlé de troubles alimentaires.

  • Speaker #1

    Pas du tout.

  • Speaker #0

    Du coup, il en parle à demi-mot, mais sans vraiment en parler, et il t'envoie vers une PMA. Alors, OK, très bien, mais ce que je trouve dommage, c'est qu'à long terme, ça ne règle aucun problème. Oui,

  • Speaker #1

    alors ça, c'est certain. Après, nous, le désir d'enfant, ça faisait quasiment un an qu'on voyait qu'il n'y avait pas de retour de cycle, rien. Et puis, on le sent quand il n'y a rien qui se passe. J'ai fait mes recherches parce qu'au fond, je savais très bien que je ne m'alimentais pas suffisamment. Je savais aussi que je faisais trop de sport. Je savais tout ça. Je sentais que mon corps était fatigué indirectement. Et c'est au fur et à mesure de toutes ces… Je ne sais pas quel mot… Cette volonté d'être maman, je me suis dit qu'il y a quelque chose qui bloque. Pourquoi ? Pourquoi je n'arrive pas à avoir mon cycle ? Je me suis renseignée de moi-même et j'ai fait mes efforts moi-même au début en me disant, je vais essayer de manger plus, de réduire un petit peu le sport, mais pas ça quand on est tout seul. J'ai fait appel aussi à des coachs un petit peu sur les réseaux sociaux. J'ai essayé de trouver des gens pour m'accompagner. Donc là, ça a commencé à se mettre en place. Et en parallèle de ça, je faisais les examens nécessaires pour la PMA, mais c'était très long parce qu'encore à l'époque, il fallait du temps aussi pour rentrer en parcours PMA. Donc voilà, je menais aussi ma petite enquête de mon côté. Je faisais en sorte d'aller mieux, mais je voyais bien que ça faisait des années quand même que j'avais enclenché cette habitude. Ce n'était pas simple d'en sortir. Mais la volonté d'être maman était profonde quand même.

  • Speaker #0

    C'est un trouble alimentaire ? et c'est en ça aussi où je trouve que c'est de la responsabilité des médecins qui rencontrent des personnes qui ont un trouble alimentaire de le nommer parce que tu vois tu te dis bah ouais j'avais enclenché ces habitudes mais je veux dire c'est une pathologie psy quoi le trouble alimentaire tu vois et bah ouais tu m'étonnes que ça devait être difficile je veux dire même cette belle volonté c'est chouette parce que tu t'es laissé porter par ça mais c'est dur quoi toute seule mais c'est moi même je me souviens même Merci.

  • Speaker #1

    C'est moi-même qui allais voir les psys de l'hôpital, d'aller voir le centre médico-psychologique. Je me souviens qu'il allait les voir. Je n'ai jamais eu l'hôpital, ne m'a jamais rappelé derrière. Voilà, quand même, il y avait des volontés de savoir dire « je ne vais pas bien » , quoi. Mais je pense que je n'avais pas un cas suffisamment… Voilà, je n'étais pas non plus mon état vital. Et finalement, d'après la médecine, je n'étais pas suffisamment critique pour une prise en charge. alors que j'étais quand même en infertilité, etc. Donc, il y a des systèmes en moi qui ne fonctionnent pas suffisamment. Mais pour eux, ils considèrent que ce n'est pas...

  • Speaker #0

    Oui, enfin, ils considèrent en tout cas. Malheureusement, les CMP sont surchargés et je pense qu'ils sont obligés de trier. Effectivement, ils doivent mettre des critères d'urgence. C'est clair. OK. Et alors ? Et alors ? Qu'est-ce qui s'est passé après ? Raconte-nous !

  • Speaker #1

    Donc, après toute cette période de parcours PMA, qui a été quand même assez longue pour rentrer entre les examens, et puis il y avait des périodes de rétractation, etc. C'est un petit peu long. Il s'est avéré, en fait, que moi, je n'avais pas du tout de problème. Tout fonctionnait bien. Chez mon mari, pareil. Donc, bon, il a dit. Là, c'est là où, en fait, le gynécologue PMA m'a dit que j'étais en aménorée hypothalémique. Donc, là, c'est là où, en fait... Un nom déjà que j'avais entendu du coup de moi-même avec mes recherches, mais c'est là où lui, il me l'a dit. Et il m'a dit que mes examens, en fait, montraient bien que les hormones n'étaient pas suffisantes. En fait, je ne produisais pas assez d'oestrogène. Mon corps était au ralenti. Donc, on a fait juste, au vu de tout ça, en fait, il a été question d'une simple stimulation ovarienne. Je m'injecte des hormones pour simuler mon cycle. Et à partir du moment où il y a des follicules matures, on déclenche l'ovulation par une autre piqûre. Et puis après, il y a des rapports naturels sur le laps de temps, comme un cycle qui se fait naturellement chez une femme. Mais il s'avère que moi, je suis toujours surstimulée. Parce que mon corps, en fait, ne répond pas au début, mais à partir du moment où ça répond, en fait, les follicules se développent en masse. Tout se développe en même temps. Et c'est pour cela qu'en fait, la première stimulation a fonctionné. Et bonne nouvelle ou pas bonne nouvelle, je suis tombée enceinte de triplée.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Donc, nous, ça faisait quand même cinq ans. Ça faisait cinq ans qu'on était dans cette volonté d'avoir un enfant. Donc, c'était merveilleux pour nous. Il n'était pas question d'en enlever ou quoi que ce soit, même si ça avait été envisagé par le corps médical. Voilà, donc on a débuté une grossesse comme ça, triple un petit peu, dans l'instruction, mais heureux en fait que ça ait marché et qu'enfin on voit une possible avancée d'une famille, de création de famille. Pour autant, ça ne s'est pas passé comme ça. Ça, c'est mal terminé. Ce n'est pas forcément ce qu'on voit. C'est vrai que même des grossesses triples, on voit des belles fins. La nôtre n'a pas été comme cela. Alors, comment j'ai débuté cette grossesse ? J'ai débuté cette grossesse quand même, je n'avais pas repris beaucoup de poids. J'étais un poids bas, une grossesse quand même à risque. Même, il s'avère que le début de grossesse, j'allais continuer à faire du sport. Et je me souviens même que ça m'avait fait une frayeur parce que ça m'avait créé des saignements. Mais à ce moment-là, en fait, pour moi, il m'était impossible de réduire la course à pied. Donc, pour dire comme quoi j'étais encore dans un cadre d'addiction. Parce qu'en fait, même si j'étais enceinte et que c'était... Merci. un rêve depuis des années, quand même pour moi il fallait que je continue. Je ne me sentais pas capable d'enlever mes habitudes. Et je n'étais pas chaud, finalement je sentais qu'il y avait des blocages sur cette prise de poids qui pourtant étaient plutôt bénéfiques, parce qu'on sait très bien que les grossesses sont pendues pour quelque chose de merveilleux. Mais voilà, ça a quand même évolué. C'est vers 25 semaines d'aménorrhée où, en fait, j'ai un peu avant, vers 22-23 semaines d'aménorrhée, j'ai rompu une poche des os, en fait, de l'un des tracés. J'ai été hospitalisée. Et deux semaines après mon hospitalisation, j'ai fait une infection. Et donc, j'ai dû accoucher.

  • Speaker #0

    de mes bébés qui n'ont pas été viables parce qu'ils étaient à la limite et c'était trop petit pour pouvoir les réanimer. Donc voilà, tout ça, en fait, là après, on va dans un... On ne s'attend pas à vivre le deuil. En fait, mine de rien, c'est un cataclysme total parce qu'on se projette, on se projette surtout dans des grossesses comme ça où en fait, il faut tout préparer. On a changé de maison. On doit changer de véhicule, on doit changer de tout en fait, parce que rien n'était adapté pour nous et pour l'arrivée de Triplé. Et là, en fait, tout bascule.

  • Speaker #1

    Tout s'effondre, quoi. Et c'est là où tu dis que tu replonges plus, plus dans l'anorexie, quoi. Mais donc finalement, tout à l'heure, tu parlais de rechute. En réalité, tu n'étais pas sortie de l'anorexie à ce moment-là, puisque tu me dis.

  • Speaker #0

    Oui, pas totalement, mais disons quand même que j'avais vraiment fait du travail quand même. Après, à ce moment de grossesse, j'avais arrêté le sport, je me faisais OK. J'ai dit la grossesse, je… Alors, est-ce que c'était vraiment la grossesse, on va dire un cache-misère ? Peut-être en se disant, c'est une période où je me laisse aller, je porte la vie, et puis ça peut être ça aussi. Mais j'avais quand même déjà beaucoup travaillé dessus et j'en avais vraiment conscience. et j'allais quand même mieux j'allais quand même mieux mais je pense que oui tout n'était pas encore terminé t'as eu le sentiment d'être bien accompagnée dans ce deuil de

  • Speaker #1

    ces bébés comment ça s'est fait pour toi ?

  • Speaker #0

    pas du tout pas du tout alors moi en fait À partir du moment où vous rentrez chez vous, après ça, en fait, non, il n'y a rien qui… On n'est pas soutenus. Si, on a une aide psychologique éventuellement qu'on peut prendre à l'hôpital. Mise à part ça, si on ne fait pas les démarches par nous-mêmes, il n'y a rien de… On ne peut pas accompagner, voire même il y a des choses, des absurdités. On continue d'avoir des courriers de la CPM pour nous dire que la grossesse, c'est notre grossesse, des choses comme ça. enfin c'est Il y a des liens qui ne se font pas au niveau des administrations. C'est peut-être des petites choses ridicules, mais à ce moment-là, en fait, on n'a pas besoin de gérer.

  • Speaker #1

    Non, ce n'est pas du tout ridicule. Bonsoir, tu ne vas pas recommencer ? C'est comme les remarques quand tu étais petite. Non, mais c'est hyper violent. Oui, c'est un bug administratif. Et en ça, on pourrait se dire que ce n'est pas grand-chose. C'est un bug administratif, mais c'est un bug qui ne doit pas exister, surtout pas. À cet endroit-là, ce n'est pas possible. Comment ? C'est un peu bizarre ma question, mais j'ai envie de te dire, comment tu as fait du coup ? Comment tu as fait ce deuil, ce deuil si douloureux ?

  • Speaker #0

    Déjà, j'ai fait tout. J'ai mené toutes les étapes de Dazet pour amener mes enfants vraiment. On a fait une cérémonie. On a fait vraiment les choses jusqu'au bout, parce que je pense que c'était important pour qu'on comprenne et qu'on donne vraiment une essence à ce passage. Moi j'ai quand même un aspect assez spirituel, donc je crois en beaucoup de choses. Donc je me dis, c'était ainsi, on essaye de trouver des croyances. J'ai essayé de croire en plein de choses pour pouvoir avancer, parce qu'en fait quand on est dans ce... Dans des étapes comme ça aussi douloureuses, soit on sombre ou soit on avance. Et c'est vrai que moi, je me suis dit, il faut y aller, il faut avancer. J'ai mis un peu de temps avant ça. J'ai été isolée pendant pas mal de temps. J'ai mis du temps à me rouvrir. Et puis avec le temps, j'ai compris que ma vie a continué et que j'avais la possibilité certainement de fonder ma famille différemment, mais que aussi mes triplés étaient là en fait. Je me suis accrochée à l'idée qu'ils veillaient sur nous et que c'est eux qui ont fait le choix. Clairement, il n'y a pas eu d'interruption médicale de grossesse, ce qui m'avait été proposé aussi. J'avais dit s'ils doivent partir. J'ai senti toute cette phase de deux semaines où j'ai été hospitalisée. J'ai pris conscience que mon cas était quand même assez… Même si j'étais très positive. Je savais que ça pouvait s'arrêter à tout moment. Donc, j'avais commencé déjà aussi à imaginer le pire. Et je me suis dit, au moins, je suis toujours dit, les triplés sont partis au moment où ils ont voulu partir. Je me suis aussi beaucoup posé la question. Il y en a un qui était en danger. Est-ce que les deux autres auraient pu être sauvés ? J'ai préféré éviter ce genre de questions et me dire qu'ils sont partis tous les trois. En fait, j'ai vraiment voulu éviter la colère, la colère après le corps médical. Je me suis dit que c'était ainsi. J'ai vraiment essayé de me dire que mon destin était celui-ci. Pour pouvoir avancer vraiment et justement reconstruire une famille avec des étoiles et des êtres nés. Mais il a fallu du temps, je n'ai pas refait une grossesse immédiatement. C'est à ce moment-là aussi où j'ai pensé à moi, je me suis reconvertie, parce qu'au tout début j'étais DRH, j'ai toujours aimé la pâtisserie, donc je suis partie loin de chez moi, j'ai refait des études d'une année. Il a fallu du temps que je consacre personnellement à moi et à une reconstruction. À ce moment-là aussi, j'étais dans des… Encore, j'étais revenue dans des TCA, mais au fur et à mesure, j'avais conscientisé. Là, je me suis fait vraiment, vraiment aider parce que je me suis dit l'approche… Mon objectif était de remener en fait une grossesse naturellement et de ne pas repasser par la PMA. D'accord. Pendant deux ou trois ans, voilà, je suis… J'ai vraiment… Là, j'en ai vraiment… J'ai vraiment…

  • Speaker #1

    T'as bossé, quoi.

  • Speaker #0

    J'ai piqué pas mal de choses. Voilà.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu as fait ce travail thérapeutique, en parallèle tu t'es reconvertie pour, ce n'est pas anodin de travailler dans un métier de bouche, dans la pâtisserie. Ok, et tu étais toujours avec ton conjoint ?

  • Speaker #0

    Oui, on est toujours ensemble, on a surmonté l'épreuve ensemble, on va dire que les étapes de deuil ne sont pas saines. parce qu'on ne fait pas le deuil tous. C'est tout vraiment personnel. Chacun a les étapes du deuil et on ne l'a pas fait forcément au même moment. Donc, il y a eu quelques conflits, mais je pense qu'on était faits pour mener ça ensemble. On s'est soutenus et puis on a communiqué surtout. Et puis surtout, lui aussi, il est venu... me soutenir. Il a vu aussi que je retombais, je replongeais. Et c'est aussi lui qui m'a dit, il faut y aller, il faut monter la pente. Et puis lui, à un moment donné, où il était un peu plus en difficulté, on était là. Je pense que seul, on n'aurait pas pu. Peut-être qu'on peut, c'est vrai, se déchirer, mais je pense qu'à deux, on est quand même aussi plus fort.

  • Speaker #1

    Et au terme de ce travail de 2-3 ans, c'est là où tu dirais que tu es vraiment sortie ? Tu as réussi à laisser les troubles alimentaires derrière toi ?

  • Speaker #0

    Oui, vraiment. Conceptuellement, on va dire que j'ai repris vraiment du poids. J'ai fait une phase où j'étais en repos parce que mon corps avait besoin aussi après tout ça. Et puis, mon corps était fatigué. Le sport, j'ai essayé de travailler sur le sport. sport plutôt de façon, on va dire, activité physique, de façon agréable, sans objectif, sans rien. Et vraiment me libérer de toutes ces habitudes alimentaires que j'avais mises en place ou même de ces peurs d'aliments qui me faisaient peur ou des choses comme ça. Vraiment, j'ai tout retravaillé à ce moment-là. Parce que j'ai vraiment réalisé que j'ai quand même perdu des enfants. Je me dis, mais quel intérêt de se focus sur juste un poids ou quelque chose comme ça ? J'ai d'autres valeurs. Et c'est à ce moment-là vraiment où je me suis rendue compte des valeurs de la vie aussi. Puis que je m'en suis sortie d'un deuil pareil. Et je pouvais m'en sortir aussi d'une anorexie.

  • Speaker #1

    Oui, ton deuil a eu une valeur un peu thérapeutique aussi, en ce sens.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et puis, c'est vraiment le travail thérapeutique qui m'a amenée sur, justement, des rappels. J'ai beaucoup, beaucoup travaillé. Et c'est à ce moment-là que je pense que j'étais au plus profond de la dépression, parce que je pense qu'après, il y a forcément un état dépressif. que je me suis souvenu en fait de choses passées dans l'enfance et ça a fait écho sur peut-être mon rapport au corps, le rapport que j'avais aussi dans ma sexualité, le rapport, voilà, vraiment tout ça. Et quand j'ai su ça, en fait, j'ai vraiment, j'ai eu l'impression d'avoir, de m'être délestée d'un poids. Qu'inconsciemment, je pense que j'avais au fond de moi, mais que... que je n'avais pas réussi à identifier.

  • Speaker #1

    Oui, ce que tu es en train de dire, c'est que tu avais ce qu'on appelle une amnésie traumatique.

  • Speaker #0

    Oui, c'est comme ça qu'on me l'a annoncé.

  • Speaker #1

    Et que c'est par le biais du travail thérapeutique que tu as eu ce qu'on appelle une levée d'amnésie, où en fait des souvenirs sont revenus de violences sexuelles subies dans l'enfance.

  • Speaker #0

    Tout à fait, tout à fait. Et mon cousin.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire, de l'inceste en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Et le fait de découvrir ça, de déclairer ton histoire avec cette information-là, c'est là où tu dis, quand tu parles d'un poids, d'être délesté d'un poids, c'est ça aussi, c'est le fait d'éclairer et de mettre en sens et de dire « Ah, mais attends, en fait, ça explique une partie de mon rapport au corps, de mon rapport aux hommes, de mon rapport à la sexualité, de mon rapport à la nourriture, etc. »

  • Speaker #0

    Oui, alors ça réobserve. On va dire peut-être que ça ne justifie pas tout. mais oui ça a amené en fait une clé que je ne comprenais pas en fait. Pourquoi moi et pourquoi pas une autre avait amené ces troubles ? Là j'avais l'impression, à ce moment-là je me suis dit, je sais pourquoi je suis autant, je me rédis autant quand je regarde mon corps, je sais pourquoi j'ai… J'ai autant de difficultés dans les rapports sexuels à être bien, parce que clairement, c'est tout ça. Ne serait-ce qu'avec mon mari, il y a toujours ce rapport qui était difficile, sans savoir pourquoi. Pourquoi, en fait, même, je vois les choses différemment des autres. Finalement, pourquoi, dans la sexualité, dans le rapport au corps, dans cette vision que j'ai de moi, en fait. Je pense que j'ai voulu cacher, en fait, mon corps a caché ça, alors que ça fait partie intégrante de la perception de ce que j'ai fait aussi, petite. Je ne sais pas si c'est clair ce que je dis.

  • Speaker #1

    Si, je pense. Moi, en tout cas, ça me paraît clair. Mais c'est ce que je me disais, je me disais que peut-être pour des auditeurs, auditrices, Il y a quelque chose de pas clair. Alors, j'ai fait plusieurs épisodes, notamment avec une professionnelle spécialisée sur le sujet, mais que je vous invite au passage à aller réécouter si vous tombez là sur le podcast. Et il y a aussi de la littérature super intéressante à ce sujet, mais je pense que pour certaines personnes, c'est pas clair, quoi. Je vois pas le lien, tu vis des violences sexuelles et tu développes un trouble alimentaire, tu vois. Est-ce que... Toi, tu serais en mesure de l'expliquer un peu ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. En fait, pour être transparente, les souvenirs ont fait que je ne me souviens pas tellement de l'âge. Je pense que ça n'a pas d'intérêt, peut-être 8, 9, 10 ans. J'ai... toute petite, on jouait avec ma cousine. Et puis, en fait, il s'avère que mon cousin n'était pas loin. Et puis, les jeux de papa et de la maman, c'est suggéré par le cousin. Et puis, donc, forcément, j'étais la maman, il était le papa. Et puis, ça s'est amené comme ça. Et puis, gentiment, il a voulu me montrer ce que faisait un papa et une maman dans le lit conjugal, sans que, pour autant, Merci. Pour lui, c'était normal. Et puis voilà, il m'a expliqué qu'il n'y avait pas de quoi se stresser. C'était des choses qui étaient tout à fait normales. Donc moi, on ne sait pas trop quand on est enfant comme ça. Il a eu donc forcément... Alors pourtant, les scènes sont claires aujourd'hui. Alors qu'il y a dix ans de ça, je me serais dit, mais non, c'est pas possible. Aujourd'hui, c'est clair comme de l'eau de roche. Il a eu des attouchements qui, pour moi, au moment de l'attouchement, je me suis dit que ce n'était pas normal. Mais il s'avère qu'il était insistant. Il m'a dit que c'était des choses normales et qu'il ne fallait pas forcément y faire tout à plat.

  • Speaker #1

    Il avait quel âge, ton cousin ?

  • Speaker #0

    Il est adolescent, on va dire, dans ses moments de 15-16 ans.

  • Speaker #1

    Ah ouais, quand même ! Oui, d'accord, il était grand quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui, il avait 4 ans de différence de moi, 9, 9-13 ans, 9-13, 10-14 ans, je ne sais pas exactement les âges. Ok.

  • Speaker #1

    Mais oui, de toute façon, il était plus vieux. Je fais exprès de te poser la question, je précise aux auditeurs, auditrices aussi, que parfois, on est tenté de dire « Non, mais c'est un jeu entre enfants, c'est du touche-pipi. » Quand on regarde les études, dans l'inceste, on parle bien de domination, de dominant-dominé, et l'agresseur est toujours plus âgé. Et ce n'est pas un détail, dans ce côté de... pouvoir et d'assise ou ce que tu décris où lui dit mais si mais attends c'est normal c'est voilà ça soit un truc où en fait toi juste tu te tais quoi et puis là encore en plus il est Il ya beaucoup de secrets ça reste une famille moi j'ai ma cousine qui à mon âge donc la petite soeur je

  • Speaker #0

    vais continuer à jouer avec elle donc ça se dit pas en fait je le dis pas et puis ça continue ça se réitère assez arrivé pour ça oui Et puis finalement, je pense que mon corps, il a préféré oublier. Et du moins, ma tête a préféré oublier, parce que mon corps, indirectement, ne l'a pas oublié. Parce que ce cousin-là, en fait, je n'ai jamais pu… À la vue de… J'ai toujours été ready à sa vue, en fait, en tout le temps, à une distance. Et je ne sais pas, comme un effet d'allaitement, d'allaitement qui était vraiment… Que je ne comprenais pas, en fait. Il me faisait autant de dégoût. J'avais autant de dégoût pour lui, mais c'était le corps qui répondait. Et je pense que ça a totalement un lien avec le regard que j'ai sur moi parce qu'après, au fil du temps, je me suis construite avec ça. Et dans mon rapport au corps avec les garçons, ça a été compliqué. J'ai eu une phase au début de ma sexualité. Je devais répondre à tous les désirs des hommes, en fait, totalement soumises. Mais totalement, j'avais ce besoin sexuel de répondre à tout ce qui leur enchantait, qui ne m'enchantait pas forcément, mais je pensais que c'était normal, qu'une femme devait en arriver là. Et à l'heure d'aujourd'hui, maintenant que je le sais, je suis plus dans le recul. Pourtant, mon mari, j'en ai confiance, mais je vois que mon corps se rédit au fur et à mesure du temps. Et mon corps, il est anti... Il se rédit... J'ai vraiment des sensations. Mon corps, il me manifeste des sensations. Au contact d'hommes ou quoi que ce soit. Et je pense qu'il y a ce lien de vouloir se façonner, en fait, une image. Ou peut-être... Ce n'était pas dans l'idée... Alors, je n'ai pas voulu maigrir dans l'idée de me rendre invisible. Je ne pense pas. Je ne pense pas que c'était... Parce que souvent, c'est vrai qu'on parle aussi de cette idée de recul et d'invisibilité dans les troubles. Je ne pense pas que c'était ça, mais plus un contrôle. L'hyper-contrôle, il était là. Il fallait que je contrôle mon corps sur tout ce que je faisais.

  • Speaker #1

    Et ouais. En même temps, c'est par lui qu'est arrivé tout ça. Enfin, tu vois... inconsciemment, on accuse un peu son corps aussi de... Tu vois, parce que c'est le vecteur, en fait, de ce traumatisme à ce moment-là. Et donc, dire non, mais attends, contrôler son corps, c'est un peu dire non, mais attends, ça n'arrivera plus, ou enfin, tu vois, reprendre la main sur quelque chose de manière totalement inconsciente, puisque de toute façon, tu ne t'en souvenais même pas. Mais c'est intéressant ce que tu dis quand tu dis OK, ma tête, elle, avait oublié, mais le corps sait. Et tu as parlé de dégoût. Est-ce que tu ressentais une forme de dégoût pour toi-même aussi ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense. Je pense que c'est vrai que ce n'est pas forcément facile de se souvenir, parce qu'aujourd'hui, ça a quand même changé, ça. J'ai quand même une acceptation, mais oui, si, j'avais un dégoût pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que ça, ça explique aussi une partie, à nouveau, c'est impossible d'avoir, tu l'as très bien dit tout à l'heure, en fait, on trouve des clés, des morceaux qui expliquent certaines choses, mais tout ça, c'est… intimement liées, multifactorielles, mais cette question du dégoût, elle explique aussi en partie le développement de troubles alimentaires et de chercher la minceur, voire la maigreur et le contrôle du corps, voilà, pour essayer de gérer ce dégoût finalement. Je peux pas m'empêcher de te demander est-ce que tu as parlé ? Est-ce que tu as parlé à tes proches ? Est-ce que quand ces souvenirs sont revenus, est-ce que tu en as fait quelque chose ?

  • Speaker #0

    Alors, il a fallu que je digère la pilule moi-même pendant pas mal de temps, de comprendre en fait, me dire si j'avais pas... Je n'avais pas tout inventé. Si c'est un moment donné, pourquoi ça m'était revenu ? Parce que franchement, je me suis posé la question. Je me suis dit, est-ce que c'est vraiment réel ? Est-ce que c'est vrai ? Mais indirectement, ça revenait. Et puis, cette sensation que mon corps, il ne ment pas pendant toutes ces années. Pourquoi j'ai ce recul et cette distance avec ce cousin-là et pas avec les autres, etc. Ça ne ment pas. Je me suis dit qu'il fallait que je me fasse confiance. Ça a une clé quand même. Mes troubles derrière ne sont pas anodins. Je vois les images. Mais c'est vrai que c'est difficile, après une amnésie, de se dire est-ce que c'est vraiment... Est-ce que je n'invente pas les faits ? Ça, j'ai eu une... une étape pour bien comprendre tout ça. J'ai retravaillé aussi en thérapie pour aussi accepter cette étape de ma vie que j'avais totalement occultée. Et après, j'ai beaucoup écrit. Et ma famille, ma famille proche, on va dire, mes parents, etc., ils ont été au courant au fil du temps que j'ai fait ma thérapie, comme mon mari. Et après, j'ai écrit quand même un livre sur la perte de mes enfants. Et dans ce livre, je fais des feedbacks sur mon enfance et aussi sur comment, par exemple, je suis amenée à un parcours PMA, donc aussi sur mes troubles alimentaires. Et c'est de là, en fait, que je pense qu'aujourd'hui, parce que le livre est sorti il y a deux mois, je sais que ma famille est en cours de lecture. Donc aujourd'hui, voilà. Ils le savent. Je ne suis pas sûre que la personne concernée le lira. Donc, je ne sais pas. Je n'ai pas parlé directement à la personne concernée. Je ne l'ai pas revu depuis. Et si je peux l'éviter, je l'éviterai.

  • Speaker #1

    Mais dans ton livre, tu parles d'un cousin, quoi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    OK. Donc, après, lui, s'il ne lit pas le livre, il y a des membres de ta famille qui vont lire et qui vont peut-être l'interpeller.

  • Speaker #0

    Ça m'est égal. Ouais, ça m'est égal.

  • Speaker #1

    OK. Toi, tu n'avais pas envie, lui, de le confronter à ce qu'il a fait ?

  • Speaker #0

    Non, pas pour le moment. Après, peut-être que quand l'occasion sera là, je ne sais pas. C'est vrai que c'est un cousin que je ne fréquente plus. C'est un cousin que je ne vois plus du tout. Donc, je ne vais pas aller le chercher pour lui en discuter. Ok.

  • Speaker #1

    Tu as déjà envisagé que sa petite sœur ait pu être victime comme toi ?

  • Speaker #0

    Je n'y ai même pas pensé. Je n'y ai même pas pensé. J'avoue, je n'y ai pas pensé. Je ne sais pas du tout. Je ne pense pas, mais je ne sais pas. On dit que je ne pense pas, mais... Non, et puis c'est vrai que comme j'ai perdu aussi contact avec ma cousine, nos chemins sont un petit peu séparés, donc je ne pourrais pas forcément lui en parler. Mais c'est vrai que la question ne m'était même pas venue à l'esprit. Parce que c'est vrai que moi, ne serait-ce que de mon frère, je verrais, enfin, ce serait impossible. Donc, c'est vrai que je ne l'y ai même pas pensé, alors que c'est les personnes concernées.

  • Speaker #1

    Là, pour le coup, il l'a fait à toi. Donc, de toute façon, c'est possible. Disons qu'il y a un truc aussi qui est peut-être important à dire. Je ne sais pas comment tu vas le recevoir, mais l'inceste n'arrive jamais comme ça dans une famille. S'il y a de l'inceste, il y a de l'inceste. et il y en a. C'est-à-dire que je ne sais pas quelle est son histoire à lui avec ses parents, avec ses grands-parents, vos grands-parents, enfin voilà, je ne sais pas quel n'est un. Mais quand il y a de l'inceste, il y a de l'inceste au-dessus en fait ou autour, tu vois. Et voilà, je me dis qu'il avait une petite sœur dans tes âges. Je ne dis pas assez sûr et certain qu'elle a été agressée mais c'est quand même... Moi, en tout cas, ça me vient... en tête. Et elle, c'est pas possible qu'elle lise son livre ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je sais pas, on n'a plus du tout de contact. C'est vrai que bon, peut-être. Peut-être, je peux pas te dire. Si c'est entre ses mains, et si ça fait écho, et si vraiment un jour elle a envie d'en parler, voilà, moi je suis totalement ouverte, même si mon cousin le lit par hasard et qu'il me dit qu'on en parle, pas de souci. Je suis totalement ok à partir du moment où j'ai publié ce livre, ce témoignage. je suis totalement ancrée avec mon histoire. Oui. Sincèrement. Mais après, je n'y suis pas allée directement. C'est vrai que je ne sais pas. Aujourd'hui, nos chemins se sont... Ils sont séparés. Si j'avais été confrontée un jour, par exemple un dimanche avec lui, je n'ai pas eu le choix de le voir en famille. Peut-être qu'on en aurait discuté, mais ce n'est pas le cas. Et je ne suis pas sûre de le revoir un jour.

  • Speaker #1

    Et tu n'as pas eu l'envie ou même l'idée de passer par la justice ?

  • Speaker #0

    Non, ça non, je n'y ai pas pensé. Je n'ai pas... Non.

  • Speaker #1

    C'est vraiment des questions, n'y vois aucune, surtout pas, injonction, genre, il faudrait en parler, il faudrait... C'est vraiment juste des questions que je pose comme ça, pour... Parce que... Qui passent par la justice, d'autres non. Il y a des personnes aussi qui engagent ce processus-là vraiment dans le but qui est... une action réparatrice de la justice et puis d'autres qui engagent le processus plutôt d'une manière symbolique et puis d'autres qui n'engagent jamais ce processus. Mais en même temps, tu sais, sincèrement, je te pose la question parce que je trouve que c'est une question qu'on ne pose pas assez aux gens. Et que voilà, en fait, mine de rien, c'est ton droit et que je trouve que ça repose aussi des choses sur la gravité de l'acte, c'est-à-dire que c'est ultra grave ce qu'il a fait et qu'il pourrait... être, voilà, confondus, tu vois, pour ça. Ils pourraient avoir de gros, gros problèmes pour ça. Et voilà, en tout cas, toi, c'est ton droit. Et c'est ton droit aussi de ne rien en faire. C'est-à-dire que, déjà, c'est toi la victime, donc tu dois rien à personne. En fait, je veux dire, tu ne dois pas... Enfin, comment je pourrais dire ça ? On n'est pas censé attendre de toi que tu ailles en parler, par me parler, faire ci ou faire ça. Je veux dire, à mon sens, quand tu es victime et que tu te reconstruis, ton objectif, c'est de prendre soin de toi et faire ce qui te permet de prendre soin de toi sur le moment. Et du coup, ça évolue. Des fois, il y a des gens qui disent « je n'aurai jamais recours à la justice » et puis cinq ans après, finalement, qui y vont ou d'autres qui n'y vont jamais. Mais l'important, c'est de s'écouter, je pense.

  • Speaker #0

    Oui. Moi déjà, en fait, mon souvenir, en fait, de revenir sur cette étape-là de ma vie, moi ça m'a permis de comprendre des choses sur moi, et voilà, je l'ai plus vu dans cet aspect-là, je me reconstruis avec ça, qui n'est pas forcément une épreuve terrible qu'on peut vivre à l'adolescence, et qui n'est pas du tout pardonnable. Mais pour autant, je n'ai pas le besoin de faire passer la justice. Pour moi déjà, vraiment, j'ai beaucoup gagné en me souvenant et en me disant que ça m'amène vers une compréhension de pourquoi aujourd'hui j'avais ces troubles-là, pourquoi aujourd'hui j'avais ce rapport à mon corps. C'était ma... Finalement... C'est ma première récompense, en fait, elle est là.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    C'est en fait, finalement, d'un petit peu embaumer la blessure qui l'a faite. Je ne vois pas, en fait. Oui, la justice permettrait finalement, c'est quand même un acte, oui, pour tous ces gens qui... C'est rendre justice. C'est vraiment rendre justice et remettre la victime à sa place.

  • Speaker #1

    Et remettre l'agresseur aussi à sa place.

  • Speaker #0

    L'agresseur à sa place. Mais en même temps, moi, c'est vrai que je me dis, à l'heure d'aujourd'hui, ça ne m'apporterait pas moi-même. Ça serait plus... Voilà.

  • Speaker #1

    Oui. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est peut-être pas de ça dont tu as besoin. Et peut-être que ce ne sera jamais le cas. Peut-être que ce sera le cas un jour. En tout cas, il y a aussi... Moi, j'ai du mal à croire. Et je ne dis pas, attention, je n'arrive pas avec des certitudes, pas du tout. Mais de ce que j'ai pu voir, entendre, accompagner autour des violences sexuelles, et lire aussi, ou apprendre, j'ai du mal à croire que ce mec-là, tu as été sa seule victime. J'ai du mal à croire que ce type-là, il a une sexualité normale, avec d'énormes guillemets, c'est quoi la normalité ? En tout cas, qui respecte le consentement. qui soit dans un vrai partage. En fait, les agressions sexuelles, c'est un pur système de domination où l'autre n'existe pas en tant que sujet. C'est l'objet de mon désir et je le prends et je l'utilise. Et du coup, il y a des chances que cet homme-là, déjà, c'est à se demander ce qu'il a vu, vécu, pour faire ça sur toi.

  • Speaker #0

    peut-être que lui-même a été victime à un moment donné. Et on peut imaginer que derrière, il a continué de se construire avec quelque chose de très dominant et que potentiellement, il y a eu d'autres victimes, malheureusement.

  • Speaker #1

    Je ne m'étonnerais pas. Malheureusement, je pense. Je ne peux pas aujourd'hui. Bon, il a sa famille, mais je crois qu'ils sont séparés. Mais il y a des enfants.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Mais moi, c'est vrai que je n'ai pas été aussi loin dans la réflexion parce que c'est vrai que je n'ai pas été chercher... Parce que justement, un agresseur, finalement, aujourd'hui, quand tu me dis ça, ça me semble forcément plausible et puis finalement logique. Mais c'est vrai que sur le moment, je ne me suis pas dit qu'il aurait pu y avoir d'autres victimes. C'est la première fois d'ailleurs. que finalement tu soumets l'idée et voilà, j'en prends conscience, mais je n'y ai même pas pensé. Parce que c'est vrai que peut-être que finalement, tu es un public plus averti, parce que c'est vrai que tu as fait des recherches où tu es quand même une professionnelle, et puis tu as fait beaucoup de recherches là-dessus, et puis tu t'intéresses au sujet. Mais c'est vrai que moi, mis à part l'expérience que j'ai eue, je n'ai pas été plus loin, je n'ai pas cherché. L'importance pour moi était de me reconstruire suite à ça.

  • Speaker #0

    Oui, j'entends. Mais les questions que je te pose sont aussi des questions que j'ai pu poser, que l'on pose. En fait, je suis bénévole dans une association qui accompagne les victimes de viols sexuels. Donc effectivement, ça fait que... Et puis, dans le cadre notamment d'une de mes formations sur les TCA, le sujet du traumatisme aussi a été abordé, un peu creusé. notamment des traumas sexuels. Et puis, j'ai une histoire de vie aussi individuelle avec de l'inceste dans ma famille. Enfin, tu vois, tout ça fait qu'effectivement, je pense être une oreille peut-être plus avertie que d'autres. Mais en tout cas, tu sais, c'est question de questionner le rapport à la justice. Tiens, est-ce que vous avez porté plainte ? Est-ce que vous comptez porter plainte ? Est-ce que... C'est des questions qu'on pose à l'assaut et qui, pour moi, ont une vraie valeur aussi thérapeutique. vraiment dans le sens où en aucun cas on ne mettra de pression nous, on est là pour accompagner des gens à aller mieux, vraiment comme tu dis, à se reconstruire. Néanmoins, c'est l'occasion de faire un rappel de la gravité des faits et du fait qu'il y a des lois dans notre système contre ça et que ce n'est pas juste une erreur entre deux enfants pris isolément. Non, en fait... vous vous inscrivez dans un système un système sociétal un système patriarcal ultra violent de domination et de domination sexuelle et c'est pour ça aussi tu vois que je parle de la loi mais je parle aussi de potentiel ou de victime parce qu'en fait c'est pas juste toi c'est pas juste toi et lui et qu'en fait enfin J'allais dire, lui-même est victime d'un système dans lequel il est devenu agresseur, il a pris place en tant qu'agresseur. Et en fait, voilà. Et c'est aussi dans une reconstruction thérapeutique, ça me semble importante. Tu sais, comme les TCA, en fait, il y a tout ce qui se joue au niveau individuel. Il y a le fait que, tiens, toi, c'est un très bon exemple, en fait, je veux dire, tu ne t'en souvenais plus, mais tu as vécu de l'inceste petite. Si... Et vraiment, ça rentre dans les causes, les violences sexuelles, et notamment dans l'enfance, rentrent dans les causes qu'on retrouve souvent dans les TCA. Donc, il y a des causes plutôt individuelles, traumatiques. Mais en fait, les TCA, il y a aussi toute une cause collective et sociétale. Parce qu'on vit dans une société hautement grossophobe, parce qu'on est obsédé par la minceur, parce que les femmes sont ramenées au statut d'objet. Enfin, tu vois, je trouve que les violences sexuelles, c'est pareil. Il y a le côté très individuel de ce qui s'est passé à ce moment-là, mais il y a aussi un regard plus collectif de tout un système qui fait qu'on vit ça, et un système de silence aussi, de silenciation des victimes, et de rappeler aussi qu'il y a des lois contre ça. Et qu'en fait, même si on choisit de jamais aller vers la justice, on peut se dire « Ah ouais, d'accord, en fait, en vrai, je pourrais l'emmener en justice. » Il pourrait être puni pour ce qu'il a fait.

  • Speaker #1

    et à mon sens ça peut faire partie d'un processus thérapeutique et c'est pour ça que je te posais la question que je t'en parlais en tout cas nous dans l'assaut ce sont des choses qu'on aborde en fait oui je pense que ça fait partie oui oui mais je vois un petit peu dans le processus de guérison aussi de la victime Je comprends. Mais ça, par contre, moi, ça ne m'est jamais été... Je n'en ai jamais été jusque-là, en fait.

  • Speaker #0

    Oui. Oui, mais aussi parce que...

  • Speaker #1

    Je n'ai jamais accompagné jusque-là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Alors après, il y a ta temporalité à toi. Et c'est pour ça, quand je disais, je crois que c'est important de toujours revenir à soi, de dire, attends, mais moi, est-ce que je sentirais que... Est-ce que ça pourrait me faire du bien ? Est-ce que j'en suis là ? Non. Alors, c'est bon, il n'y a même pas de questions à se poser. par contre si jamais personne ne t'amène à ça et te pose la question tu vois C'est cool aussi d'avoir des pros qui peuvent amener ces questions-là et échanger là-dessus. Puis après, c'est toi qui dis oui, je prends, non, je ne prends pas. Oui, ça m'aide, non, ça ne m'aide pas. OK, donc voilà, c'est toi au centre en fait. Eh bien, je me dis quel parcours ? Du coup, il y a une question que j'aime beaucoup poser aux personnes qui viennent à mon micro. Mais toi, je me dis mais attends, il y a tellement de choses partout. Qu'est-ce qui, selon toi ? t'as aidé sur ton parcours de guérison ? Et finalement, on pourrait mettre un S à guérison parce que t'es passé par la guérison des troubles alimentaires, mais le deuil, c'est une forme de guérison. Tu vois, la levée d'amnésie traumatique t'a amené aussi à une autre forme de guérison, d'un traumatisme. Donc, qu'est-ce qui t'a aidé, toi, sur ces parcours de guérison ?

  • Speaker #1

    que c'est la manière, enfin, moi, je pense que c'est ma perception, en fait, de la vie, en fait. J'ai perçu après tout ça et puis, je me suis rendue compte que je m'en étais sortie, etc. Bon, c'était quand même des grandes étapes. Je me suis vraiment dit que j'étais autre chose, justement, autre chose qu'une victime ou autre chose qu'une... qu'une femme maigre ou autre chose qu'une coureuse ou autre chose qu'une maman endeuillée ou des choses comme ça. En fait, je me suis dit quelles sont mes véritables valeurs. Pourquoi en fait, souvent on parle de cette question, qu'est-ce que je voudrais que les gens retiennent de moi sur mon lit de mort ? C'était un peu ça en fait. Et là, clairement, c'est ce qui m'a menée en me disant, ben voilà, j'aime la vie. Parce que j'aime profondément la vie et ça, au fil du temps, c'est de plus en plus important pour moi. Et je me dis, je n'ai pas envie que les gens retiennent toute cette période où j'étais amaigrie, où j'étais taciturne, où j'étais mal dans ma peau, où je n'acceptais pas mon corps. J'ai dit, qu'est-ce que finalement, comment j'ai envie de vivre ? véritablement ma vie, qui je suis, tout ça en fait ça a été des questions auxquelles j'ai vraiment pris du temps de répondre et vraiment de manière très très personnelle et très transparente envers moi-même et en fait je me suis rendue compte qu'il y avait autre chose, il y avait vraiment autre chose que cette perception de l'autre sur mon corps, de la perception que j'ai de moi, de mon corps parce que Merci. Pendant dix ans où j'étais en anorexie et peut-être sur les podiums, mais j'étais plus de dix ans où j'ai été malheureuse. Où j'ai été justement dans... Je n'étais pas moi-même. Je n'étais pas la petite fille que j'étais à l'époque, vivante, pleine de vie. Et là, quand je me suis déchargée de tout ça, j'ai réalisé que j'étais autre chose. Et ça, en fait, pour moi, c'était hyper important. Et en fait, aussi, il y a peut-être ça, moi, par rapport à ce deuil, la perte de mes enfants au moment, en fait, pendant la mise en bière, la dernière, en fait, à la fermeture du cercueil de mes enfants, je leur ai promis que je n'allais pas me détruire. Mais je pense qu'en fait, c'est cette promesse qui a fait que je suis allée de l'avant. Ça m'a maintenue, en fait. Et au moment où j'ai ressombré, j'y ai repensé à tout ça et je me suis dit, non, Et peut-être qu'indirectement, on y croit ou on n'y croit pas, mais ils sont là. Et puis, je me dis, ils ne sont pas partis pour rien. Ils ont voulu partir à ce moment-là. Et moi, il fallait que les gens comprennent quelque chose. Le chemin de la résilience, c'est clair. Mais bon, je dirais que si on ne fait pas ce chemin-là, la vie est bien difficile.

  • Speaker #0

    Comment s'appelle ton livre ?

  • Speaker #1

    Les larmes de mon corps.

  • Speaker #0

    Les larmes de mon corps, ok. Je mettrai le titre.

  • Speaker #1

    Il est disponible sur toutes les plateformes si ça intéresse.

  • Speaker #0

    Ouais, je mettrai le titre du livre s'il y a des personnes... Comme ça, pour que les personnes puissent aller le trouver. Merci beaucoup pour cet échange.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir écoutée et que je puisse partager.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Avec plaisir, vraiment, c'était fort.

  • Speaker #1

    C'est vrai que j'ai fait un long chemin et j'aurais aimé peut-être avoir à l'époque. Aujourd'hui, les podcasts ne sont plus présents, les témoignages. C'est vrai qu'on en parle beaucoup plus. On est moins seul face à ces troubles des comportements alimentaires parce qu'en plus, on arrive même à poser des mots. Je pense que même le corps médical, il est un peu plus ouvert à tout ça. Et aussi parce qu'on a des personnes comme toi et d'autres personnes accompagnantes à côté qui vraiment se spécialisent dans ces sujets. Et aussi les réseaux sociaux qui nous permettent aussi d'avoir accès à toutes ces informations. Et je pense que si j'avais eu ça aussi plus rapidement, plus rapidement accès à ça, j'aurais écouté et je me serais peut-être dit, cette personne, elle a amené son chemin comme ça, ça va m'inspirer ou quoi que ce soit. Je pense que ça aide quand même beaucoup parce que finalement, dans ces moments-là, on ne sait pas trop quoi faire. Indirectement, on sait, inconsciemment, on sait qu'on a des choses, on n'est pas totalement... On sait qu'on a un TCA inconsciemment. Je pense que tout le monde le sait inconsciemment. Je ne sais pas si toi, tu le ressens comme ça, mais même si on fait le déni, on sait que quelque chose ne va pas. On sait que soit on a changé notre personnalité ou il y a quelque chose qui ne va pas. On n'est pas heureux. On le sait.

  • Speaker #0

    Effectivement, je pense que... Les témoignages sont importants et merci pour ton témoignage parce que j'ai trouvé ça très courageux quand même. Tu viens parler de sujets hyper douloureux. Oui, le trouble alimentaire, mais tu viens parler de deuil périnatal, tu viens parler d'inceste. C'est des sujets qui sont douloureux et pourtant qui sont... Il y a une phrase qui dit qu'il n'y a pas plus... universels que l'intime. Je crois que c'est une phrase qui dit un truc comme ça, mais c'est ça, en fait, ce qui nous touche dans l'intime, comme ça, c'est ça qui est si universel et qui nous permet de nous rejoindre tous les humains. Et ces sujets-là, oui, ils font mal, et en même temps, c'est hyper important d'en parler, parce qu'il y a tellement de femmes concernées, en fait, par ces deux sujets-là, je veux dire, par le deuil périnatal et les violences sexuelles. Donc voilà, je suis hyper déchante de...

  • Speaker #1

    Masqués en plus. Oui, malheureusement, qui sont totalement tabous. Et qui restent encore tabous, même si on veut éclairer indirectement. C'est pour ça que, justement, j'ai fait le choix d'en parler. Et je le parle librement parce que j'en suis totalement... J'ai passé une étape qui fait qu'aujourd'hui, ça fait partie de moi. Mais même, je veux dire, ce n'est pas douloureux. J'ai passé des étapes, ça reste douloureux. Mais je peux en parler posément. Avec une distance. Et ça, je trouve ça hyper important parce que ça reste encore très tabou. On veut faire croire des choses, il y a des sujets qu'on met sur la table, mais il y a des choses qui restent encore. Alors le deuil périnatal peut-être s'ouvre un peu plus que l'inceste, les violences.

  • Speaker #0

    Ah ouais, tu trouves ? J'aurais dit presque l'inverse. Je trouve qu'on parle beaucoup de violences sexuelles. et deuil périnatal, mais après, c'est un sujet dans lequel je suis moins aussi de par mes activités et tout ça. Donc, peut-être qu'en fait, je ne le vois pas. Moi, j'ai l'impression que c'est très, très mal pris en charge aussi par les professionnels de santé. Donc, oui, je ne sais pas. Mais en tout cas, ça me semble super important de pouvoir en parler. et de cette manière-là de libérer la parole. Donc, un grand merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci à toi de m'avoir ouvert le micro.

  • Speaker #0

    Avec plaisir. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don. à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Marine

    01:38

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    06:05

  • Les premiers régimes dans l’adolescence

    11:33

  • L’addiction au sport

    15:07

  • Ce qui l’a stoppée

    19:24

  • TW Deuil périnatal

    29:36

  • Guérison et levée d’amnésie traumatique

    39:31

  • Mention de violences sexuelles (inceste)

    43:03

  • Le lien entre ces violences sexuelles et les TCA, le rapport à elle

    46:29

  • Ce qui l’a aidée sur le parcours de guérison

    01:06:24

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