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TCA etc - Comprendre et lutter contre les troubles alimentaires

Témoignage de Victoria : + de 15 ans de TCA à seulement 25 ans, le piège du trouble qui devient identitaire. E.112

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55min |07/03/2025
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Description

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Victoria a une histoire particulière avec les TCA puisqu’ils se sont installés très jeune, dès l’école primaire.
C’est du harcèlement scolaire qui crée le début de l’obsession autour de son corps et donc autour de ce qu’elle mange. 
S’installe alors une anorexie qui va durer pendant des années sans être vraiment nommée.
Victoria est accompagnée mais personne (ni les proches ni les pro) ne pose ce mot. D’ailleurs elle pense à ce moment-là que tout le monde fonctionne comme ça.
De ses 9 ans à ses 25 ans, le trouble alimentaire prend différentes formes entre anorexie et boulimie.
Victoria nous livre son combat, ses prises de conscience et ses demandes d’aide en toute transparence.

Un épisode d’une grande richesse, merci Victoria ! 


Au programme : 


  • Présentation de Victoria 

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps 

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

  • Les causes de ce mal-être 

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions 

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie 

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète 

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie 

  • Hospitalisation pour boulimie 

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils 

  • Ce que Victoria aimerait vous dire 





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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Victoria, bienvenue dans TCA etc. Je suis super contente de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, moi aussi très contente. Si je peux aider, je suis contente.

  • Speaker #0

    Bon bah parfait, on en discutait un petit peu en off avant, mais ça me semble important de... repréciser aussi le contexte de cet échange. L'idée, c'est que tu viennes témoigner de ton parcours, de tout ce que tu as pu vivre en relation avec les troubles alimentaires, l'alimentation, ton corps, etc. Ce qui me semble important de rappeler, c'est que tu es libre de dire ce que tu veux et de taire ce que tu veux aussi, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune question obligatoire, bien sûr. Parce que moi, je vais me sentir libre aussi de pouvoir, si un truc me fait tilt, de pouvoir aller te questionner, tirer certaines ficelles. Donc, il faut que tu sois vraiment tranquille avec le fait de pouvoir me dire « Ah non, ça, je n'ai pas trop envie d'y aller. » Donc, ce que je dis souvent, c'est que tu as des jokers illimités. Donc, il ne faut pas hésiter à t'en servir.

  • Speaker #1

    Ok, ça marche.

  • Speaker #0

    Et puis, voilà. Écoute, en premier lieu, je te propose de te présenter de la manière dont tu as envie de le faire.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, du coup, moi, c'est Victoria. J'ai 25 ans. Je viens de Lyon et je vis à Lyon. Je suis consultante junior dans une boîte de conseils pour les entreprises en stratégie opération. Et donc ce que j'aime particulièrement dans la vie, c'est faire du sport, lire, voyager, rigoler avec mes amis, avec mon copain, etc. Et puis, je dirais aussi bien manger parce que ça fait partie de moi aussi. Voilà.

  • Speaker #0

    OK, merci pour cette entrée en matière. Est-ce que tu as un souvenir marquant, soit le plus ancien qui te revienne ou en tout cas le plus marquant qui remonte spontanément à ta mémoire quand je te demande de te souvenir de ton rapport à la nourriture et à ton corps dans ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai deux. Un qui m'est toujours revenu et un dont je me souviens plus récemment maintenant et qui me fait écho parce que je me dis en fait, ça a toujours été un peu sous-jacent. Le premier, c'est quand j'étais en primaire. Mes deux souvenirs sont en primaire. Et en fait, je suis avec mes parents et je pleure parce qu'il faut que je m'habille. pas envie de m'habiller parce que je me sens pas bien dans mon corps, je me trouve trop grosse. Et ça, je suis très jeune, je pense que je suis en CE1 ou quelque chose comme ça. Voilà, et donc ça, c'est plutôt par rapport à mon corps. Et le deuxième, c'est, je suis au restaurant, et donc ma sœur prend des frites, et moi, je me souviens prendre des haricots verts. Et en fait, pour moi, c'était normal qu'elle, elle prenne des frites et que moi, je n'ai pas le droit inconsciemment de prendre des frites et il fallait que je prenne des légumes. Voilà, donc mes deux souvenirs qui sont très jeunes et ce n'est pas forcément des souvenirs super positifs, mais en tout cas, je dirais les premiers que j'ai en lien avec mon corps et la nourriture.

  • Speaker #0

    Ok, et on sent qu'il y avait déjà quelque chose d'hyper ancré. C'est hyper surprenant, notamment par rapport à la nourriture, qu'une enfant de cet âge-là s'impose ça d'elle-même, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Parce qu'en plus, pour le coup, mes parents ne sont pas vraiment... Ma mère aime bien manger des fruits et des légumes, mais je veux dire, elle mange des féculents, elle mange absolument de tout. Alors mon père, les légumes, il ne connaît pas. Donc, enfin, c'est... Très bizarre que j'aie ça. Je ne sais même pas d'où vraiment ça vient, mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne sais pas d'où ça te vient, même aujourd'hui avec le recul, ce rapport déjà à ton corps en premier lieu, le fait que tu trouvais trop grosse, que tu n'étais pas bien dans ton corps. Tu n'as pas d'idée d'où ça t'est venu ?

  • Speaker #1

    Ça, si. C'est venu surtout de harcèlement scolaire. Alors, tout est relatif parce que je pense qu'il y a eu bien pire, mais moi, en tout cas, c'est des choses dont je me souviens encore maintenant. C'est que j'ai eu quelques remarques en primaire où on me disait que j'étais grosse. Et comme par-dessus ça, on me disait... Enfin, je n'avais pas forcément beaucoup d'amis. Je me suis dit qu'il faut être mince pour avoir des amis, pour avoir des relations sociales. Et je me suis, je pense, un peu construite là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok. Et quand tu revois des photos de toi à cet âge-là, tu t'en penses quoi ? Tu étais réellement grosse ?

  • Speaker #1

    C'était normal. Franchement, j'étais normale. Du coup, il y a les courbes, j'étais normale. Alors après, on était très peu d'élèves et les filles étaient beaucoup plus minces que moi. On va dire que moi, à la limite, j'étais sur la courbe haute et elle sur la courbe basse, mais je n'étais pas en surpoids.

  • Speaker #0

    Et entre ta sœur et toi, il y avait une réelle différence de morphologie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ça c'est vrai. Au départ, ma sœur est... Elle a une corpulence très mince, voire maigre. Et moi, je pense à vite prendre du poids. Mais pas de là à être en surpoids.

  • Speaker #0

    Ok, c'est une soeur qui est plus grande que toi ?

  • Speaker #1

    Non, elle a un an de moins que moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, vous êtes hyper proche.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ok, donc il y a quelque chose qui s'est joué assez tôt en lien avec... des moqueries, voire même du harcèlement à l'école, et tu as créé, tu dirais, une obsession ? Quelle place ça prenait pour toi, à ce moment-là, la relation à ton corps, et du coup, la relation à la nourriture qui en découlait ?

  • Speaker #1

    Bizarrement, en fait, je ne m'en rendais pas forcément compte que j'avais un problème avec tout ça. Pourtant, j'ai été suivie du coup hyper jeune. Dès le CM2, j'allais voir une diététicienne parce que... Du coup, je suis passée de normale à trop maigre. Mais moi, ce qui comptait pour moi, c'était à 8 ans, mettre des vêtements de 8 ans. À 10 ans, mettre du 10 ans. C'était assez bizarre. Et par contre, j'ai le souvenir de... Alors, pas de stresser par rapport à l'alimentation, mais en tout cas d'être très en colère dès qu'on m'imposait de manger des desserts, etc. J'étais persuadée que je n'aimais pas. Oui.

  • Speaker #0

    Ok, t'es allée voir une diététicienne autour du CM2 parce que tes parents étaient inquiets parce que tu avais beaucoup maigri ?

  • Speaker #1

    Exactement, ouais. Et qui m'a suivie jusqu'en troisième. Et puis après, tout est revenu un peu après le Covid. Donc là, j'ai carrément été hospitalisée, etc. Donc très très très suivie ensuite.

  • Speaker #0

    Ok, mais tu dirais que... Enfin, je vais poser la question différemment. À quel moment tu dirais que l'anorexie est arrivée ?

  • Speaker #1

    Je pense au SMA.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Tu le mets bien à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est assez rare. Malheureusement, il y en a de plus en plus, des enfants qui sont très tôt dans l'anorexie, mais ça reste quand même plutôt rare. Généralement, ça se déclenche plutôt autour de 12, 13 ans, 14 ans.

  • Speaker #1

    Oui. Ben, oui, moi, je sais que c'est venu assez tôt. D'ailleurs, ça a stoppé ma croissance pendant un moment. Et je sais aussi que je pense que j'aurais dû être réglée CM2 6e. Je commençais un peu à avoir de la pilosité, je mettais des brassières, etc. Et en fait, ça a tout, tout, tout arrêté. J'avais plus de pilosité. forcément, plus besoin de porter de brassière, etc., jusqu'en troisième.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que tu peux nous raconter un peu justement comment ça s'est passé ? Parce que tu dis que cette personne, la diététicienne, t'a suivi du CM2 jusqu'en troisième. Est-ce que t'as réussi à reprendre un peu de poids ? Parce qu'en fait, tu disais, tout est revenu après le Covid.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais du coup, tu estimes qu'il y a eu une période un peu de rémission ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, c'est assez bizarre. Alors, en fait, je ne sais pas s'il y a de la rémission, mais c'est plutôt que j'allais voir une diététicienne, j'allais voir un psy, mais il n'y avait jamais le mot anorexie. Donc en fait j'ai découvert que j'étais anorexique je sais pas, à 22 ans quoi. Pour moi en fait tout le monde pensait comme ça, c'était normal pour tout le monde quoi. Et en plus je pense que mes parents, mes proches, comme ça m'est venu très tôt, tout le monde autour de moi était sûr que Victoria c'est celle qui mange pas trop, Victoria elle fait beaucoup de sport, elle aime pas les desserts, elle fait très attention. En fait, c'était très normalisé. Donc, je ne m'en suis pas rendue compte jusqu'à très tard. Et pour en revenir à ce que tu disais, du coup, la diététicienne, c'était plutôt, comme avec mes parents, des contrats. En fait, le matin, il faut que tu manges des céréales. Au goûter, il faut que tu aies au moins deux carrés de chocolat. Enfin, c'était plus des injonctions, mais je ne comprenais pas forcément le pourquoi du comment. Et par exemple, comme je n'avais pas vraiment de notion, c'était simplement moi des interprétations, je sais que je mangeais beaucoup de mousse de canard, je vais aller manger beaucoup de pain, ça je sais que c'est quelque chose qui est un peu diabolisé, mais moi c'est des aliments qui ne me faisaient absolument pas peur. Par contre, du sucre, de l'huile, ça c'était des choses, c'était impossible pour moi. Donc voilà, et pareil, je faisais beaucoup de danse, et donc en fait... Mes parents me disaient, si tu veux aller à la danse, il faut que tu goûtes. Des choses comme ça. Et au collège, je sais que mes amis... Moi, je disais tout le temps que je n'aimais pas. Parce que j'étais persuadée que ce n'était que des choses que je n'aimais pas. Et par contre, je me souviens que le cantinier me disait souvent, non mais Victoria, tu ne peux pas manger que ça. Il me reservait... Alors, je ne sais pas comment... Peut-être que ça se voyait parce que du coup, en tout cas en sixième, oui, ça se voyait qu'il y avait un problème. Mais après, du coup, j'ai réussi à reprendre du poids un peu petit à petit, naturellement. Au lycée, je ne me souciais absolument plus de mon poids, ni de... je ne peux pas dire de mon corps parce que je me trouvais énorme, ça c'est certain. Mais en tout cas, je n'étais pas vraiment pesée. Et à la fac, c'est revenu un peu progressivement. Et en fait, pendant le Covid, j'ai recommencé à faire... un peu de sport parce que j'avais arrêté la danse, je m'étais fait mal aux genoux, etc. Et donc, j'ai recommencé à faire un peu de sport. Puis, j'avais l'impression que ça ne changeait pas grand-chose. Donc, petit à petit, j'ai réduit tout ce que je mangeais. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvée à l'hôpital pour anorexie, avec la sonde, etc. Puis, je ne sais pas si tu veux intervenir un peu. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai plein de questions qui me venaient. Du coup...

  • Speaker #1

    Tu dis,

  • Speaker #0

    au lycée, je ne me souciais plus trop de mon poids, mais je n'étais pas bien dans mon corps. À ce moment-là, le suivi s'était arrêté avec les diètes ?

  • Speaker #1

    Exactement. Les deux, ça s'était arrêté.

  • Speaker #0

    Et pourquoi ça s'était arrêté ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, le psychologue que je voyais, j'y allais aussi parce que j'étais très stressée, beaucoup de crises d'angoisse. Donc ça, ça allait mieux. Et encore une fois, on n'a jamais parlé d'alimentation ou du rapport au corps avec mon psychologue. On parlait vraiment de mon stress, de comment ça se passait, comment je gérais chez moi, à l'école, etc. Puis plein de phobies, donc on parlait surtout de choses comme ça. Et la diététicienne, j'ai arrêté en troisième parce que j'avais un poids normal. Comme moi, je ne savais pas vraiment que j'avais un problème, je me suis dit que je ne comprenais pas bien pourquoi j'y vais. Et surtout, j'avais l'impression que la semaine avant que j'aille la voir, je me restreignais énormément. J'étais hyper angoissée, de peur de voir le poids sur la balance. Ah ouais,

  • Speaker #0

    il y avait un effet inverse. Elle le savait, ça ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. C'est bizarre, en fait, j'ai... Très peu de mémoire, très peu de souvenirs de toute cette période-là. Primaire, collège, c'est assez flou. Donc, je ne pourrais pas tellement en parler. Je sais que je l'avais dit à ma mère et donc, du coup, on en avait parlé comme ça du fait d'arrêter.

  • Speaker #0

    Ok, mais c'est incroyable parce que c'était... Enfin, je ne sais pas, j'ai le mot déni qui me vient. C'est-à-dire que ce n'est pas facile parce que l'anorexie, c'est souvent accompagné de déni. Mais en plus, les professionnels, personne ne l'a nommé avec toi. Enfin, je trouve ça complètement dingue,

  • Speaker #1

    quoi. Bah oui, moi aussi. Maintenant, avec le recul, je me dis, mais en fait, c'était vraiment, c'était tellement présent. Et en fait, mes parents l'avaient normalisé, mais parce que ça m'est venu très jeune. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que tu disais. Tout à l'heure, tu disais ça, et il y a un mot qui m'est venu, c'est que du coup, c'était presque identitaire dans la tête des gens. Victoria, elle est comme ça.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas une pathologie qui s'est développée, c'est que Victoria, elle est comme ça. Elle fait attention, elle fait beaucoup de sport, elle a peur de grossir. Et du coup, je ne peux pas m'empêcher de me dire, mais laisse tomber. Enfin, tu vois, le côté identitaire, c'est un frein énorme à la guérison, en fait, notamment dans l'anorexie. Et je me dis, mais toi, en fait, on t'a collé au calme cette étiquette-là. Alors après, chacun fait bien comme il peut sur le moment. Il n'est pas qu'à dire qu'ils ont mal fait et tout, mais je me mets à ta place et je me dis, waouh, pas facile. Et donc, du coup, ces suivis s'arrêtent. Oui. En même temps, donc ouais, hyper bizarre. Je me dis, t'étais accompagnée, la diététicienne, elle est quand même passée à côté d'un gros morceau, quoi, parce qu'elle t'a accompagnée sur le poids et genre l'alimentation. Mais je veux dire, un TCA, c'est une question de comportement alimentaire, tu vois, et de rapport au corps. Donc bon, personne ne t'a accompagnée là-dessus, donc ça s'arrête. Du coup, la question que je me suis posée, moi, t'as parlé un peu de ton rapport au corps qui avait l'air un peu catastrophique, mais comment tu mangeais ? Pendant le lycée, est-ce que tu te souviens ? C'était quoi ton rapport à la nourriture ? Est-ce que tu étais dans le contrôle ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours dans le contrôle. Dans le contrôle, mais capable de manger. C'est-à-dire que j'avais conscience qu'il y avait des aliments qui m'effrayaient plus, qui me faisaient plus peur. Du moins, je me disais en tout cas, non, il ne faut pas que tu les manges, il ne faut pas que tu en abuses. La plupart du temps, c'était ma mère qui me faisait mes repas. Et donc comme ça, au moins, moi, je contrôlais et je savais ce que j'allais manger. Après, encore une fois, j'avais un poids normal, mais des pensées qui, par contre, n'étaient pas forcément très normales. Je mangeais un cookie, je me disais, mais pourquoi tu as fait ça ? C'est vraiment pas bien. Je m'auto-engueulais, quoi.

  • Speaker #0

    Et tu voyais que tes copines fonctionnaient différemment ?

  • Speaker #1

    Tu continuais de penser ?

  • Speaker #0

    Oui. Parce que juste avant, tu disais, tu as dit un truc super intéressant aussi un peu plus tôt, tu disais, mais moi, je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, donc c'est vrai que je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça. Donc, moi, je n'en parlais pas. Parce que je me disais, en fait, c'est normal d'avoir ces pensées-là. C'est normal de faire toujours hyper attention à ce qu'on mange, d'être aussi mal dans son corps. Oui, pour moi, tout ça, c'était normal.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu traverses le lycée de cette manière-là, et du coup tu dis c'est à la fac, en fait la fac ça correspond à la période Covid pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors pas les deux premières années de fac, les deux premières années de fac, toujours pareil, rapport à mon corps hyper compliqué, en plus j'arrête le sport, donc voilà ça se voit un petit peu plus si on veut, enfin là pour le coup. Je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport. Donc forcément, moi, je prends du poids et je ne suis vraiment pas bien dans mon corps. Mais à la fois, ça ne me bloque pas du tout pour manger ce que je veux. Au contraire, je pense que j'ai encore moins de pensées liées à ça, etc.

  • Speaker #0

    Ah, intéressant.

  • Speaker #1

    Ouais. Non, non, franchement... J'avais plus du tout ce truc de me dire ça va te faire grossir ou quoi. Plus, je sais que ce n'est pas bon de manger McDo tous les jours, parce que ça m'est arrivé pendant longtemps. On allait beaucoup au bar avec des amis, donc du coup, après le bar, l'habituel, c'était le McDo. Donc du coup, c'était plutôt oui, je sais que ce n'est pas forcément très bon pour la santé. Mais il n'y avait plus ce lien forcément avec ça va te faire grossir ou c'est gras, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Parce que tu dis, excuse-moi, j'ai plein de questions qui me viennent. Quand tu dis je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport et donc je grossis. Ça, c'est ton vécu du moment ou c'est encore la façon dont tu le vois avec le recul ? Parce que forcément, moi, j'ai envie d'aller te dire, attends, c'est quoi manger n'importe quoi ?

  • Speaker #1

    C'est n'importe quoi, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que c'était ce que tu te disais à l'époque ? Ou ce que tu te dis maintenant ? Ou les deux ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était vraiment plus santé. Dans le sens, je sais que... boire des bières tous les jours, manger McDo tous les jours, ne pas faire de sport, parce qu'en plus, j'habitais juste à côté de la fac, donc vraiment, il y avait très peu de sorties. Donc à l'époque, c'était plus un aspect santé. Aujourd'hui, malheureusement, c'est plus moi qui pose ce regard de « Ah non, ce n'est pas bien, tu ne faisais pas de sport, tu ne mangeais pas correctement, etc. »

  • Speaker #0

    Ok, donc du coup, il y a cette phase-là. Donc, tu disais les deux premières années de fac.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et après, donc, 2019, le Covid arrive. Et donc, on est tous confinés. Et je passe énormément d'activités dans le sens que je suis toujours à droite, à gauche. Je suis avec mes parents. Et je me dis, bon, il va falloir que je m'occupe un peu. Et donc... Je me mets à faire, je refais du sport. Ça me fait beaucoup de bien pendant le Covid, etc. Par contre, du coup, j'ai aussi, je pense, plus le temps de regarder mon corps. Et là, je me dis, mais en fait, j'ai pris beaucoup de poids, etc. Donc, je me dis, je vais faire un peu attention à ce que je mange. Et en fait, ça vient très progressivement. C'est-à-dire que... Je fais un peu attention à ce que je mange. En parallèle, j'en parle avec des amis qui me disent que oui, effectivement, elles ont toujours su, surtout une, qui a connu une personne qui était anorexique et qui m'a toujours dit que j'avais un problème avec l'alimentation. Mais pareil, pour le coup, c'était plus du déni. Je commence à me restreindre, mais du coup, à côté de ça, il y a aussi beaucoup de crises de boulimie qui viennent, du coup.

  • Speaker #0

    Ça, c'était nouveau ? C'est le début de la boulimie ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Et en fait, la boulimie vient aussi en soirée. Je me rends compte qu'il y a aussi l'alcool où je me dis, c'est marrant, quand j'ai trop bu ou trop mangé, je peux me faire vomir. Et au début, c'est drôle. Sauf que du coup, au bout d'un an, je ne vais plus en soirée parce que le lendemain, j'ai l'impression d'être une log, donc je ne fais plus de sport. Je n'ai pas le contrôle sur ce que je mange le lendemain, c'est-à-dire que je vais passer ma journée à manger. Et donc je me rends compte qu'en fait, ce n'est pas bon. Donc du coup, j'arrête de boire, je fais du sport tous les jours, je ne mange plus grand-chose. Et à côté de ça, du coup, dès que je me retrouve toute seule, je fais beaucoup de crises de boulimie et je pars à Paris. Et à ce moment-là, mon copain fait... un peu attention à ce qu'ils mangent. Ma coloc fait aussi attention à ce qu'elle mange. Et moi, je suis là-dedans et en fait, je n'ai plus de repères sur l'alimentation. Et donc, encore une fois, je me dis, ah ouais, en fait, c'est vraiment le quotidien de tout le monde. Vraiment, c'est zéro gras. Il faut faire hyper attention à ce qu'on mange tout le temps, tout le temps. Et donc, moi, je m'affame et je me dis, oui, il faut vraiment que je fasse hyper gaffe à ce que je mange. Et sauf que du coup, dès que je me retrouvais toute seule, c'était crise sur crise. Et il y a un soir à 4h du matin, il n'y avait pas ma coloc et j'avais fait des crises toute la journée. Alors quand je dis crise, en fait, c'est je mangeais, je vomissais, je mangeais, je vomissais. Et donc, j'ai appelé mes parents en larmes, allongés sur le sol parce que j'étais... En fait, j'ai l'impression que j'allais mourir à force de me faire vomir. C'était un cercle vicieux, je n'arrivais pas à m'arrêter. Et là, du coup, je leur ai tout dit parce qu'ils avaient par contre remarqué Ça, c'est en février que je les appelle. Et en décembre, tout le monde avait remarqué que j'avais perdu du poids, mais c'était plus malheureusement un compliment. « Ah ouais, t'as perdu du poids, ça te va bien, machin ? » Mais bon, déjà, à la fac, pour le coup, à Paris, je voyais bien que j'avais un problème et on commençait à me le dire. Et en février, je suis rentrée à Lyon, parce que j'étais à Paris, mes parents sont à Lyon. Et donc, j'ai commencé à faire de l'hôpital de jour. On essayait un peu de remettre un cadre. Sauf qu'en fait, moi, j'étais vraiment dans un truc de... Je ne suis jamais assez maigre. On me disait, tu portionnes tes repas pour être sûre d'avoir un peu tes apports. Sauf que moi, j'étais dans le truc de... Non, je ne veux pas avoir d'apports parce que je veux maigrir. Donc, ça ne me sert à rien. Et bref, j'ai perdu du poids comme ça. Et je suis rentrée en hospitalisation complète pendant six mois à Lyon. J'en suis sortie... pour un break motivationnel. Parce qu'en fait, je ne prenais pas de poids. Je ne voulais pas en prendre. Et au bout de deux mois de break, c'était convenu que je devais revoir mon psychiatre, savoir si je rentrais à la clinique ou pas. Je n'ai pas repris de poids, mais je n'en ai pas perdu. Et donc, je me suis dit, en fait, l'extérieur, c'est beaucoup mieux. je suis beaucoup plus motivée. C'est hyper difficile d'être à l'extérieur parce que pendant six mois, t'es encadrée et t'es qu'avec des personnes qui te comprennent parce que toutes les patientes sont comme toi. Donc, tu peux parler un peu de tes difficultés. Donc, ça fait du bien. Et puis, t'es un peu dans un cocon, t'es protégée. Moi, je le voyais vraiment comme ça. Et c'était rassurant parce qu'il y avait aussi un cadre alimentaire. Donc, on ne pouvait pas ni trop prendre ni pas assez. Pour le coup, c'était très agréable. Moi, je l'ai plutôt bien vécu. Mais je savais qu'à l'extérieur, ce serait plus dur. Mais ça allait aussi plus me motiver. Parce que la vraie vie, c'était à l'extérieur. Ce n'était pas manger comme ça. Ce n'était pas ça.

  • Speaker #0

    Et là, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça, c'était en

  • Speaker #0

    2022. Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    De juin à décembre 2022.

  • Speaker #0

    Et il y a une question que je me pose en entendant tout ce que tu trouvais dans cet hospice. Six mois, c'est long. Quand tu dis, bah oui, avec les autres, il y a une forme de compréhension, est-ce que tu crois pas qu'il y avait aussi quelque chose qui te maintenait un peu, tu sais, un peu aussi de compétition par rapport au poids ? Faut pas être celle qui reprend trop ? T'as pas ressenti ça, toi, en hospice ?

  • Speaker #1

    Alors, personnellement, pas du tout, parce qu'en fait, et je pense que pour beaucoup, il n'y a pas du tout de compétition, parce qu'on est tellement... Enfin, moi, en tout cas, je me voyais tellement... énormes que pour moi elles étaient toutes beaucoup plus minces que moi quoi. Et en fait même maintenant avec le recul je me dis en fait c'était moi la maître du groupe quoi. Donc non il n'y avait pas de compétition et même j'ai recommencé à manger certaines choses grâce à des personnes que je voyais qui arrivaient à faire l'effort. Je me disais bah moi aussi en fait faut que je le fasse. Voilà j'ai aussi eu la sonde donc il y avait la carotte bah tu manges pas c'est très simple on t'enlève pas la sonde donc Donc, personnellement, en tout cas, il n'y a pas du tout eu cette compétition là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    c'est cool. Par contre, moi, du coup, j'étais aussi hyper active. Et de voir des personnes qui marchaient ou qui faisaient du sport dans leur chambre, moi, c'était quelque chose, pour le coup, j'avais envie de faire comme elles. Donc ça, ça a été très difficile aussi à gérer.

  • Speaker #0

    Ok, et donc tu sors ? tu te dis bon ok c'est plus motivant c'est à la fois plus difficile et comment ça se passe alors pour toi dans les semaines et mois qui suivent ta sortie ouais alors pareil j'adopte,

  • Speaker #1

    enfin j'adopte pas j'achète un chien parce que en gros pendant ces 6 mois la première fois où je sors d'hospice j'arrêtais pas de dire à mes parents que je voulais un chien etc et et m'avait dit on verra, on verra. Et la première fois que je sors, donc c'est une permission, on appelle ça, je croise un bigueule et je me mets à pleurer tellement je suis trop contente de le voir, etc. Et j'ai de la chance, du coup, mes parents acceptent que j'ai un bigueule. Et donc, je sors, je l'ai. Je fais du coup à nouveau de l'hôpital de jour. Donc là, je suis suivie une fois par semaine. J'ai aussi beaucoup de groupes de parole. Je vois une infirmière toutes les semaines. J'ai une psychologue. Je suis très suivie. Ça se passe bien. Mais moi, j'idéalise beaucoup ce moment-là parce que je ne reprends pas de poids. Donc, ça me va bien. Je suis toujours en alimentation très cadrée. Du coup, c'est fonctionnement clinique. Mais... Pour le coup, ça me va bien parce que j'ai les avantages, c'est-à-dire que je suis avec mes proches, et à la fois les avantages de la maladie, c'est-à-dire que je ne reprends pas de poids. Par contre, c'est très fatiguant en fait, parce que j'ai un IMC toujours très bas, donc faire comme tout le monde et faire semblant d'être comme tout le monde, ça me fatigue énormément.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de crise, il n'y a rien du tout. Et par contre, à partir de mai, je recommence à perdre beaucoup de poids. Et donc là, l'hospitalisation se pose. Sauf que moi, j'avais fait toutes les démarches pour repartir à Paris, justement, et reprendre mon master. Et donc là, je me dis non, non, en fait, ce n'est pas possible. Donc, au mois de juillet, le soir... C'est un peu ce qu'on appelle la faim extrême. Le soir, j'ai super faim, donc je me dis que ce n'est pas grave. Je mange, mais je ne m'inquiète pas. J'en parle à la clinique, j'en parle aussi à ma psychologue. À première vue, c'est normal. Au début, pareil, ça ne se voit pas. Je ne prends pas un gramme parce que je mange, mais je me dis que le lendemain, je ne déjeune pas, je vais faire plein de sports pour compenser, etc. Sauf qu'en fait, de plus en plus, j'ai faim, il faut que je mange, il faut que je mange. Même la nuit, ça me réveille parce qu'il faut que je mange. Et on est en août, donc j'ai arrêté l'hôpital de jour. J'étais partie en vacances et j'emménage à Paris. Et en fait, j'ai pris du poids. Je mange toutes les nuits, je me réveille pour manger. Et en fait, je fais deux fois plus de sport parce que j'ai l'impression que... J'essaye de compenser le « gros » que je mange, sauf que ça ne s'est jamais arrêté, le fait de manger la nuit. Avec en plus, comme j'étais toute seule à Paris, des crises de boulimie en journée. Et donc là, je suis au travail et c'était un peu compliqué à cacher parce que du coup, je ne fais que de manger. Je vais aux toilettes comme je peux, mais c'est très compliqué. Cette période-là ne se passe pas très bien. Cet été, je me suis refaite hospitalisée un mois pour essayer d'enlever les crises de boulimie. Ça ne m'a pas tellement aidée, ça m'a permis de remettre un cadre. Je sais que j'en suis à un stade où... où un cadre trop rigide ne me convient pas. Et au contraire, ça peut plus me... Là, pour le coup, à me dire, ben non, je ne suis pas assez maigre, donc il faut que je fasse comme toutes les autres et m'affamer, quoi. Donc, voilà. Et là, actuellement, je ne sais pas si... Enfin, je ne peux pas en parler, mais du coup, je suis suivie par une psychologue, une psychiatre et une diététicienne. Et donc... Je suis née en hôpital de jour, mais ça se passe très bien. Je dirais que moi, ce qui m'aide déjà, c'est d'avoir une diététicienne. Parce que la maladie me donne tellement d'injonctions qu'elle, elle me permet d'autoriser. Même si je le sais qu'il faut des féculents, il faut de la matière grasse, il faut se faire plaisir, etc. Je le sais, mais j'ai besoin que la diététicienne... approuvent ces choses et me disent oui c'est bon de faire ça quoi que je suis dans le vrai et qu'il faut que je continue là dessus pareil aussi ce qui m'aide et ce qui m'a aidé c'était mes proches Et d'avoir une vie normale parce que justement de me dire que bah c'est pas enfin la voie dans la vraie vie on va au restaurant dans la vraie vie on mange des cookies il ya des jours on fait pas du sport et Et les gens le vivent très bien. Donc ça, ça m'a beaucoup aidée. Et là où certaines personnes étaient plus à me cajoler, à me conforter, surtout mes parents ne voulaient pas me mettre dans des situations de stress. J'ai mon copain qui, par exemple, avec lui, c'était plutôt, « Non, mais tu n'as pas envie d'aller au resto, on y va quand même. Ça fait partie du deal. Moi, ça me fait plaisir. Toi, ça va te faire plaisir, etc. » Et en fait, du coup... petit à petit aussi, ça c'est des choses que j'ai beaucoup plus banalisées, le fait d'aller au restaurant, etc. Enfin, ça a été très progressif, mais c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont aidée.

  • Speaker #1

    Et comment tu qualifierais la relation que tu as avec ton corps aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh bien, bizarrement, quand même, mieux qu'avant, mieux que même quand j'étais à un poids très très bas. Déjà parce que du coup, quand j'étais à un poids très très bas, même sans gras, moi j'avais l'impression que... C'est la fin du monde. Et puis, en fait, je ne m'autorisais rien. Je me disais, un petit truc, ça va se voir. Là, aujourd'hui, c'est quand même déjà plus facile. Alors, aujourd'hui... Pour le contexte, je fais quand même toujours malheureusement pas mal de crises de boulimie et je fais toujours beaucoup de sport. Mais déjà, le sport, c'est plus, on va dire, pour mon bien-être mental que pour un bien-être physique, même si ça m'aide quand même au quotidien aussi à accepter ce que je mange, je ne vais pas mentir. Mais en tout cas, par rapport à mon corps, je l'accepte beaucoup plus. Et je me dis, ce n'est pas parce que je mange deux croissants que c'est la fin du monde. Ça ne va pas se voir. Ce qui compte, c'est vraiment l'équilibre. Donc, c'est quand même beaucoup plus facile. Et puis, aussi, je pense quand même... J'ai vu aussi une différence dans le regard des gens. C'est-à-dire que quand j'étais très mince, enfin très maigre, c'était plus tout le monde me regardait. Et moi, là où je croyais qu'en fait... Moi, j'avais l'impression qu'on me regardait parce que j'étais trop grosse. En fait, les gens me regardaient plutôt parce que j'étais trop maigre. Et les gens posaient un regard plus inquiet, comme si j'étais une enfant. Alors que là, actuellement, c'est aussi difficile parce que du coup, on est traité comme une femme de 25 ans et pas comme Victoria qui a 12 ans. Donc, c'est à la fois difficile à en sortir, mais à la fois, ça fait du bien de se sentir considérée à l'âge qu'on a.

  • Speaker #1

    Ok. Et quel regard tu portes aujourd'hui sur ton corps d'avant, alors, toi ? Sur les phases où tu as été très maigre ?

  • Speaker #0

    Alors, très, très maigre, je me dis que ça fait peur. Ce n'est pas beau. Après, même quand... Enfin, un IMC un peu plus haut, mais toujours pas un IMC normal, pour le coup, c'est vrai que des fois, j'envisse au corps.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense d'ailleurs que je n'aurais pas réussi à reprendre du poids autrement qu'en passant par des crises de boulimie.

  • Speaker #1

    Oui. En fait. Oui, je pense que la... Je ne sais pas bien comment le nommer, mais du coup, je vais dire, allez, la voie de l'anorexie ou la part anorexique a encore une certaine puissance. Oui. C'est ce que j'entends dans ce que tu dis. Et c'est ce qui fait que les crises de boulimie sont encore là, de toute façon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu le confirmes en disant, je n'aurais pas pu reprendre du poids sans passer par les crises de boulimie. Oui, parce que c'est trop compliqué de lâcher prise sur l'alimentation et d'envisager de venir à ce qui est ton poids d'équilibre, en fait. Oui. C'est ça qui est compliqué aussi dans ton cas, c'est que c'est venu tellement tôt, tout ça, que tu n'as pas de repère sur ce que peut être ton poids d'équilibre.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que là, ça fait plusieurs mois, je dirais même un an et demi, que je suis à un poids d'équilibre. Là, récemment, comme il y a eu beaucoup plus de crises, je sais que j'ai pris un peu de poids, donc ce n'est pas forcément mon poids d'équilibre. Mais je pense quand même qu'à un moment, je le touche un peu du doigt.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu entends, toi, par poids d'équilibre ?

  • Speaker #0

    Manger ce que je veux en quantité qui me rassasie, sans forcément faire trop de sport, sans ma famille, etc. Oui, ce n'est pas forcément un IMC normal, mais c'est un poids stable. en tout cas, et où je puisse manger ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, est-ce que tu as déjà été dans ce cas-là où tu mangeais ce que tu voulais sans chercher à réguler aussi tes prises alimentaires par des vomissements ou du sport ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est compliqué à dire. En fait, je trouve que la confusion aussi sur le poids d'équilibre, c'est cette notion de stabilité. Effectivement, le poids d'équilibre est stable. Pour autant, il y a des femmes qui vont être stables à un poids pendant 10 ans et ce n'est peut-être pas tout à fait leur poids d'équilibre. Généralement, si tu es stable pendant 10 ans et que tu n'es pas non plus dans un type d'anorexie ou quoi, tu n'es pas très loin du poids d'équilibre. Mais peut-être que le poids d'équilibre, il est genre 2 kilos au-dessus, 2,30 kilos au-dessus. Et qu'en fait, tout le contrôle qui subsiste autour de l'alimentation permet de rester juste en dessous. Mais tu peux être stable. Mais ne pas être à ton poids d'équilibre, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, tu as raison. Oui, et notamment quand j'étais dans la anorexie, je pense pendant bien un an et demi, j'ai été malheureusement trop stable en bas. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, après, il suffit de prendre le recul, tu regardes le poids, ok, il est stable, tu regardes la vie qu'a la meuf, tu dis, ah oui, non,

  • Speaker #0

    ok,

  • Speaker #1

    non, ça ne doit pas être ça, le poids d'équilibre. Donc en fait, ton corps, si je parle de ça, c'est parce qu'il y a quand même quelque chose, et tu vois ça, Ça, ça aurait été chouette que quelqu'un puisse te le dire quand tu avais 10 ans, 11 ans, tu vois. Qu'en fait, ton corps, ce n'est pas ton ennemi, que tu n'es pas censé aller le contrôler, le gérer, et que tu as une morphologie qui est prédéfinie, avec un poids d'équilibre, et que ton corps, il va juste chercher à t'y emmener. Et que si en mangeant à ta faim, en écoutant ta faim, et en mangeant au rassasiement, tu prends du poids, c'est que tu es en dessous de ton poids d'équilibre. Mais ce n'est pas que, mon Dieu, mon corps, je ne peux pas lui faire... confiance, je dois le restreindre.

  • Speaker #0

    Non, t'as vraiment raison. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Commencez d'imaginer que peut-être tu redescendras jamais au corps. Tu sais, des fois, tu idéalises un peu, pas le corps trop, trop maigre, mais tu disais, t'es quand même dans un poids plus bas. Ou si je devais poser la question différemment, c'est est-ce que tu espères reperdre du poids, parfois ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a toujours dans ma tête ce truc de... J'étais mieux avant. Après, je ne me souhaite pas de... Parce que pour l'avoir expérimenté, déjà avec cet été, j'ai toujours ce truc de... Cette euphorie à perdre du poids. Donc, je sais que... Oui, je me dis souvent, si je perdais un ou deux kilos... Je me le dis même tous les jours, soyons honnêtes. Mais du coup, je me dis oui si je perdais un ou deux kilos. Mais à la fois, je sais très bien que ces un ou deux kilos, ce serait le début de trois, quatre kilos, cinq, six kilos derrière. Donc, je pense qu'il ne faut pas que je perde du poids.

  • Speaker #1

    Et quand tu dis si je perdais un ou deux kilos, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Rien en plus. Non, parce que comme je dis, ça ne me suffirait pas. Oui, non.

  • Speaker #1

    Oui, et même sans... Je trouve que c'est très juste, ce que tu dis, d'avoir cette conscience de très bien savoir que ça ne te suffira pas et qu'en fait, c'est juste le début de l'engrenage. Mais même sans aller jusqu'à cette réflexion-là, juste se dire, OK, je voudrais bien perdre un ou deux kilos. OK, qu'est-ce qui sera différent ? Qu'est-ce que ça t'apportera ? En quoi ta vie sera meilleure si demain, tu fais un ou deux kilos de moins ?

  • Speaker #0

    Je me dis peut-être moi face au miroir, mais je ne suis même pas sûre, surtout qu'à un ou deux kilos... Pas sûr que ça se voit beaucoup.

  • Speaker #1

    Et toi, face au miroir, du coup, c'est quoi ? Ça veut dire que tu te dirais des choses un peu plus gentilles ? Tu te trouverais plus jolie ?

  • Speaker #0

    Je pense, oui.

  • Speaker #1

    Et ça, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    Me sentir mieux dans mon corps.

  • Speaker #1

    Ok, donc si tu perdais un ou deux kilos, tu te regarderais peut-être dans le miroir en te trouvant plus jolie, ce qui te permettrait de te sentir mieux dans ton corps. Et le fait de te sentir mieux dans ton corps, ça t'apporterait quoi ? Ça te permettrait de faire quoi ?

  • Speaker #0

    je dirais de la confiance en moi et encore une fois comme c'est un peu tu l'as super bien dit comme c'est assez identitaire tout ça tous ces troubles dans mon quotidien il y a plein de choses qui me bloquent que je bloque parce que je me dis tu peux pas faire ça tu peux pas parler aux gens parce que Parce que t'es trop grosse. Ou alors, des fois, j'ai l'impression que les gens autour de moi parlent de mon corps.

  • Speaker #1

    OK. Et donc, du coup, t'imagines que ça pourrait... Quand t'as envie de perdre un ou deux kilos, tu t'imagines que finalement, ça t'apporterait plus de confiance en toi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et j'allais te dire, et à quoi ça te servirait ? Et donc, t'as répondu à la question, ça te servirait à faire tout ce que tu t'empêches de faire aujourd'hui, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui. Et à la fois, c'est... Oui. Hyper paradoxal parce que là, je sais qu'avec le corps que j'ai actuellement, ça me permet de faire tellement plus de choses qu'un poids plus bas. Déjà, oui, pour arriver à perdre du poids, en fait, ça nécessite des contraintes et de faire des concessions. Typiquement, je veux manger une crêpe avec des amis. Ah ben non ! Je vais aller au restaurant, c'est pas prévu, bah non. ça revient à absolument tout contrôler et du coup, pas forcément profiter de la vie. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Mais au-delà de ça, si on revient à cette histoire d'avoir plus confiance en toi en faisant un ou deux kilos de moins et faire tout ce que tu n'oses pas faire, tu as déjà fait un ou deux kilos de moins. Est-ce que du coup, tu faisais ce que tu t'interdis de faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ok, donc peut-être que ça ne se situe pas du tout là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Moi, franchement, j'ai envie de t'inviter à peut-être lister tout ce que tu aimerais faire et que tu n'oses pas faire. Que ce soit en lien avec ton corps ou pas, d'ailleurs. Mais voilà, je pense qu'il y a beaucoup de choses, de toute façon, qui vont être en lien avec ton corps,

  • Speaker #0

    ton physique.

  • Speaker #1

    Lister toutes ces choses-là et puis de réfléchir à comment tu pourrais en mener une à bien. Ce ne sera peut-être pas du jour au lendemain. Si c'est oser aller parler à quelqu'un que tu ne connais pas dans une soirée ou je ne sais pas quoi, peut-être que ça va te demander plein d'étapes. C'est-à-dire que pour arriver à ça, peut-être que ce sera d'aller oser parler à quelqu'un que tu connais dans une soirée ou peut-être oser te mettre pas loin de quelqu'un que tu connais dans une soirée. L'idée, ce n'est pas non plus de se faire du mal, c'est d'y aller petit à petit. Mais en gros, je pense qu'effectivement, il y a un truc hyper identitaire qui s'est inscrit. en toi et que c'est hyper important de le comprendre, c'est hyper important de faire tout un travail, de continuer tout un travail autour de ton comportement alimentaire, tout ça mais je crois que ça pourrait vachement t'aider d'aller te prouver à toi-même que tout ça c'est du fake en fait, que tout ça c'est faux et que tout ça ça n'a aucun sens et pour te le prouver, il faut aller le vivre tu vois c'est un peu comme quand j'accompagne des personnes à réintroduire des aliments qui seraient interdits, qui seraient vraiment catégorisés et tout. Et en fait, réintroduire les aliments et se prouver que en fait, on peut les manger sans faire de crise. En fait, on peut les manger sans prendre 10 kilos. En fait, tu vois, et du coup, tu le vis dans ton corps, quoi. Et tu te dis, mais quoi ? Mais c'est donc vrai.

  • Speaker #0

    On m'a menti toutes ces années.

  • Speaker #1

    Et du coup, de te rendre compte que tu... Tu peux aller parler aux gens, que tu peux faire tout un tas de choses que tu t'empêches de faire dès aujourd'hui et que ça n'a absolument aucun lien avec ton corps, que tu pourrais faire 10 kilos de moins comme 50 de plus, que ça ne jouerait rien. Et en fait, d'aller les vivre et de le vivre dans tes tripes, dans ton corps, pour te rendre compte que non, mais en fait, tout ça, ça n'a pas de sens. Ça aide vachement à déconstruire tout le reste, en fait.

  • Speaker #0

    Mais complètement. Et c'est hyper intéressant parce que pendant mes thérapies, on m'a souvent proposé d'écrire des choses, etc. Et surtout pendant l'anorexie. Mais depuis, c'est vrai que je n'ai jamais refait ce travail. Et je pense que c'est hyper intéressant. Et tu es la première personne qui m'en reparle depuis que je suis sortie de la clinique. Donc, je pense que ça pourrait être intéressant à faire, oui.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un exercice souvent que je donne, tu vois, c'est ça. Tu dis, OK, je vais lister 20 choses que je m'empêche de faire. Attends, parce qu'il y en a plusieurs. Enfin, 20, d'ailleurs, alors souvent, quand je dis 20, si 20, ça te paraît beaucoup, tu en listes 50. Si 50, ça te paraît beaucoup, tu en listes 100. L'idée, c'est de ne pas se mettre de barrière. C'était un peu les... les rêves de ta vie, les choses que tu rêverais de faire, que tu adorerais de faire. Et une fois qu'elles sont listées, tu les regardes et tu te demandes en quoi ton corps joue un rôle là-dedans. Tu vois, ça aussi, c'est hyper révélateur et libérateur, ça peut l'être en tout cas, parce que tu listes les trucs que tu rêves de faire, mais si tu les regardes vraiment avec du recul, genre est-ce que vraiment mon corps m'empêche de faire ça ? Dans la majorité des cas, ton corps... Dans ta tête, oui, tu peux t'empêcher de... Mais ton corps, lui, il t'empêche de rien faire. Parce que même si tu étais une personne grosse, tu pourrais faire ces choses-là, tu pourrais parler à des gens, tu pourrais... Enfin, tu vois ? Donc oui, mais l'écriture, c'est trop bien. L'écriture, vraiment, c'est un outil qui est sous-coté. On devrait l'utiliser beaucoup, beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Tu as parlé déjà de ce qui avait été aidant pour toi. Est-ce qu'il y a d'autres choses dont tu aurais voulu parler ? Peu importe ce que c'est. Est-ce que tu as l'impression... En gros, ma question, c'est est-ce que tu as l'impression qu'on a fait un peu le tour de ce que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu avais envie d'ajouter ?

  • Speaker #0

    Du coup, peut-être pour les personnes... qui sont un petit peu dans cette situation ou qui sont même un peu plus loin encore dans le chemin de la guérison. Déjà, c'est d'en parler au maximum. Je trouve que moi, c'est ce qui m'a aidée parce que sinon, on est tout seul dans sa tête. Et en fait, c'est en en parlant qu'on voit qu'il y a des choses qui ne sont pas normales. C'est peut-être bête pour nous, mais justement, pour les... personnes qui ne souffrent pas de TCA, de voir aussi que ce n'est pas ce qu'elles pensent, ce n'est pas comme ça qu'un cerveau doit réfléchir, ça fait du bien aussi parce que c'est rassurant moi je trouve, donc d'en parler, essayer quand on peut de se faire accompagner, je trouve que ça c'est une vraie richesse et un accélérateur et je pense aussi ne pas lutter contre nous, contre ce qui se passe. Parce que de toute façon, je dirais contre nous, parce que si on a des troubles, c'est toujours la partie immergée de l'iceberg. Donc ça permet, même si on a du mal parfois à identifier ce qui ne va pas, ça permet au moins de savoir qu'il y a quelque chose annexe aux troubles qu'il faut régler. Et puis, c'est aussi une richesse parce qu'on apprend à plus se connaître. Donc, ouais. Et ne pas lutter contre aussi... Enfin, c'est aussi ce que tu disais. Moi, à lutter contre son corps et à vouloir sans cesse une recherche de quelque chose qui est atteignable, mais à quel prix ? En fait, on s'y perd et on perd du temps, on perd de l'énergie. Donc, vraiment, ne pas lutter. se laisser faire confiance aux spécialistes, à nos proches et au temps aussi parce que ça aide c'est vrai,

  • Speaker #1

    je ne peux que être d'accord avec tout ce que tu viens de dire et quand tu parlais de la richesse aussi, de tout ce qui se cache derrière ça et de tout ce qu'on peut apprendre sur soi, j'avais envie de te le dire aussi quand même du haut de tes 25 ans Tu vois, tout le recul que tu as sur toi-même, en fait, ça se sent. Alors certes, ça s'est fait dans la douleur et Ausha, peut-être que tu aurais choisi une vie un peu plus simple sans les troubles alimentaires. Mais voilà, on sent qu'il y a beaucoup de profondeur chez toi, tu vois, et beaucoup de remises en question de choses qui ont été mises au travail. Donc c'est aussi, il y a une grande richesse. qui sort de tout ça et un jour tu seras complètement libre et libéré de ces choses là mais t'auras en plus cette belle richesse et tout ce que t'auras appris sur toi donc ouais c'est vraiment chouette ouais en tout cas c'est tout ce que j'espère et

  • Speaker #0

    puis bah merci à toi parce que enfin encore une fois c'était un échange bon je pense que j'ai parlé bien 90% du temps mais c'était un échange aussi très riche et tu m'as bah encore donner des axes pour travailler et continuer sur le bon chemin.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, c'est le but tant qu'à faire. Donc trop bien, s'il y a eu des petites choses qui ont pu t'aider. Moi, je tiens à te remercier aussi de venir témoigner parce que je sais que ça va apporter beaucoup aux personnes. Je pense que tu es bien placée pour le savoir et tu le disais aussi quand tu parlais de l'hospice. C'est chouette parce que vous avez réussi à en tirer le meilleur sans avoir les inconvénients, j'ai envie de dire, à l'époque. C'est aussi ça l'idée du podcast. Même si les personnes ne sont pas ensemble au même moment, l'écoute des témoignages des autres apporte beaucoup et permet de se reconnaître, permet aussi de se sentir moins monstrueuse. Parce qu'il y a tout ça quand on est dans des crises. Merci de pouvoir offrir ça aux personnes qui écouteront.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible, et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Victoria

    02:40

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps

    03:24

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

    04:28

  • Les causes de ce mal-être

    05:45

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

    09:10

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions

    18:48

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie

    21:23

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète

    25:04

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie

    30:56

  • Hospitalisation pour boulimie

    32:38

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils

    33:13

  • Ce que Victoria aimerait vous dire

    50:25

Description

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Cela permettra aussi à de nouvelles personnes de me découvrir et de profiter de mes outils! 🙏


Victoria a une histoire particulière avec les TCA puisqu’ils se sont installés très jeune, dès l’école primaire.
C’est du harcèlement scolaire qui crée le début de l’obsession autour de son corps et donc autour de ce qu’elle mange. 
S’installe alors une anorexie qui va durer pendant des années sans être vraiment nommée.
Victoria est accompagnée mais personne (ni les proches ni les pro) ne pose ce mot. D’ailleurs elle pense à ce moment-là que tout le monde fonctionne comme ça.
De ses 9 ans à ses 25 ans, le trouble alimentaire prend différentes formes entre anorexie et boulimie.
Victoria nous livre son combat, ses prises de conscience et ses demandes d’aide en toute transparence.

Un épisode d’une grande richesse, merci Victoria ! 


Au programme : 


  • Présentation de Victoria 

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps 

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

  • Les causes de ce mal-être 

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions 

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie 

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète 

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie 

  • Hospitalisation pour boulimie 

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils 

  • Ce que Victoria aimerait vous dire 





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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Victoria, bienvenue dans TCA etc. Je suis super contente de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, moi aussi très contente. Si je peux aider, je suis contente.

  • Speaker #0

    Bon bah parfait, on en discutait un petit peu en off avant, mais ça me semble important de... repréciser aussi le contexte de cet échange. L'idée, c'est que tu viennes témoigner de ton parcours, de tout ce que tu as pu vivre en relation avec les troubles alimentaires, l'alimentation, ton corps, etc. Ce qui me semble important de rappeler, c'est que tu es libre de dire ce que tu veux et de taire ce que tu veux aussi, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune question obligatoire, bien sûr. Parce que moi, je vais me sentir libre aussi de pouvoir, si un truc me fait tilt, de pouvoir aller te questionner, tirer certaines ficelles. Donc, il faut que tu sois vraiment tranquille avec le fait de pouvoir me dire « Ah non, ça, je n'ai pas trop envie d'y aller. » Donc, ce que je dis souvent, c'est que tu as des jokers illimités. Donc, il ne faut pas hésiter à t'en servir.

  • Speaker #1

    Ok, ça marche.

  • Speaker #0

    Et puis, voilà. Écoute, en premier lieu, je te propose de te présenter de la manière dont tu as envie de le faire.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, du coup, moi, c'est Victoria. J'ai 25 ans. Je viens de Lyon et je vis à Lyon. Je suis consultante junior dans une boîte de conseils pour les entreprises en stratégie opération. Et donc ce que j'aime particulièrement dans la vie, c'est faire du sport, lire, voyager, rigoler avec mes amis, avec mon copain, etc. Et puis, je dirais aussi bien manger parce que ça fait partie de moi aussi. Voilà.

  • Speaker #0

    OK, merci pour cette entrée en matière. Est-ce que tu as un souvenir marquant, soit le plus ancien qui te revienne ou en tout cas le plus marquant qui remonte spontanément à ta mémoire quand je te demande de te souvenir de ton rapport à la nourriture et à ton corps dans ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai deux. Un qui m'est toujours revenu et un dont je me souviens plus récemment maintenant et qui me fait écho parce que je me dis en fait, ça a toujours été un peu sous-jacent. Le premier, c'est quand j'étais en primaire. Mes deux souvenirs sont en primaire. Et en fait, je suis avec mes parents et je pleure parce qu'il faut que je m'habille. pas envie de m'habiller parce que je me sens pas bien dans mon corps, je me trouve trop grosse. Et ça, je suis très jeune, je pense que je suis en CE1 ou quelque chose comme ça. Voilà, et donc ça, c'est plutôt par rapport à mon corps. Et le deuxième, c'est, je suis au restaurant, et donc ma sœur prend des frites, et moi, je me souviens prendre des haricots verts. Et en fait, pour moi, c'était normal qu'elle, elle prenne des frites et que moi, je n'ai pas le droit inconsciemment de prendre des frites et il fallait que je prenne des légumes. Voilà, donc mes deux souvenirs qui sont très jeunes et ce n'est pas forcément des souvenirs super positifs, mais en tout cas, je dirais les premiers que j'ai en lien avec mon corps et la nourriture.

  • Speaker #0

    Ok, et on sent qu'il y avait déjà quelque chose d'hyper ancré. C'est hyper surprenant, notamment par rapport à la nourriture, qu'une enfant de cet âge-là s'impose ça d'elle-même, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Parce qu'en plus, pour le coup, mes parents ne sont pas vraiment... Ma mère aime bien manger des fruits et des légumes, mais je veux dire, elle mange des féculents, elle mange absolument de tout. Alors mon père, les légumes, il ne connaît pas. Donc, enfin, c'est... Très bizarre que j'aie ça. Je ne sais même pas d'où vraiment ça vient, mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne sais pas d'où ça te vient, même aujourd'hui avec le recul, ce rapport déjà à ton corps en premier lieu, le fait que tu trouvais trop grosse, que tu n'étais pas bien dans ton corps. Tu n'as pas d'idée d'où ça t'est venu ?

  • Speaker #1

    Ça, si. C'est venu surtout de harcèlement scolaire. Alors, tout est relatif parce que je pense qu'il y a eu bien pire, mais moi, en tout cas, c'est des choses dont je me souviens encore maintenant. C'est que j'ai eu quelques remarques en primaire où on me disait que j'étais grosse. Et comme par-dessus ça, on me disait... Enfin, je n'avais pas forcément beaucoup d'amis. Je me suis dit qu'il faut être mince pour avoir des amis, pour avoir des relations sociales. Et je me suis, je pense, un peu construite là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok. Et quand tu revois des photos de toi à cet âge-là, tu t'en penses quoi ? Tu étais réellement grosse ?

  • Speaker #1

    C'était normal. Franchement, j'étais normale. Du coup, il y a les courbes, j'étais normale. Alors après, on était très peu d'élèves et les filles étaient beaucoup plus minces que moi. On va dire que moi, à la limite, j'étais sur la courbe haute et elle sur la courbe basse, mais je n'étais pas en surpoids.

  • Speaker #0

    Et entre ta sœur et toi, il y avait une réelle différence de morphologie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ça c'est vrai. Au départ, ma sœur est... Elle a une corpulence très mince, voire maigre. Et moi, je pense à vite prendre du poids. Mais pas de là à être en surpoids.

  • Speaker #0

    Ok, c'est une soeur qui est plus grande que toi ?

  • Speaker #1

    Non, elle a un an de moins que moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, vous êtes hyper proche.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ok, donc il y a quelque chose qui s'est joué assez tôt en lien avec... des moqueries, voire même du harcèlement à l'école, et tu as créé, tu dirais, une obsession ? Quelle place ça prenait pour toi, à ce moment-là, la relation à ton corps, et du coup, la relation à la nourriture qui en découlait ?

  • Speaker #1

    Bizarrement, en fait, je ne m'en rendais pas forcément compte que j'avais un problème avec tout ça. Pourtant, j'ai été suivie du coup hyper jeune. Dès le CM2, j'allais voir une diététicienne parce que... Du coup, je suis passée de normale à trop maigre. Mais moi, ce qui comptait pour moi, c'était à 8 ans, mettre des vêtements de 8 ans. À 10 ans, mettre du 10 ans. C'était assez bizarre. Et par contre, j'ai le souvenir de... Alors, pas de stresser par rapport à l'alimentation, mais en tout cas d'être très en colère dès qu'on m'imposait de manger des desserts, etc. J'étais persuadée que je n'aimais pas. Oui.

  • Speaker #0

    Ok, t'es allée voir une diététicienne autour du CM2 parce que tes parents étaient inquiets parce que tu avais beaucoup maigri ?

  • Speaker #1

    Exactement, ouais. Et qui m'a suivie jusqu'en troisième. Et puis après, tout est revenu un peu après le Covid. Donc là, j'ai carrément été hospitalisée, etc. Donc très très très suivie ensuite.

  • Speaker #0

    Ok, mais tu dirais que... Enfin, je vais poser la question différemment. À quel moment tu dirais que l'anorexie est arrivée ?

  • Speaker #1

    Je pense au SMA.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Tu le mets bien à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est assez rare. Malheureusement, il y en a de plus en plus, des enfants qui sont très tôt dans l'anorexie, mais ça reste quand même plutôt rare. Généralement, ça se déclenche plutôt autour de 12, 13 ans, 14 ans.

  • Speaker #1

    Oui. Ben, oui, moi, je sais que c'est venu assez tôt. D'ailleurs, ça a stoppé ma croissance pendant un moment. Et je sais aussi que je pense que j'aurais dû être réglée CM2 6e. Je commençais un peu à avoir de la pilosité, je mettais des brassières, etc. Et en fait, ça a tout, tout, tout arrêté. J'avais plus de pilosité. forcément, plus besoin de porter de brassière, etc., jusqu'en troisième.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que tu peux nous raconter un peu justement comment ça s'est passé ? Parce que tu dis que cette personne, la diététicienne, t'a suivi du CM2 jusqu'en troisième. Est-ce que t'as réussi à reprendre un peu de poids ? Parce qu'en fait, tu disais, tout est revenu après le Covid.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais du coup, tu estimes qu'il y a eu une période un peu de rémission ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, c'est assez bizarre. Alors, en fait, je ne sais pas s'il y a de la rémission, mais c'est plutôt que j'allais voir une diététicienne, j'allais voir un psy, mais il n'y avait jamais le mot anorexie. Donc en fait j'ai découvert que j'étais anorexique je sais pas, à 22 ans quoi. Pour moi en fait tout le monde pensait comme ça, c'était normal pour tout le monde quoi. Et en plus je pense que mes parents, mes proches, comme ça m'est venu très tôt, tout le monde autour de moi était sûr que Victoria c'est celle qui mange pas trop, Victoria elle fait beaucoup de sport, elle aime pas les desserts, elle fait très attention. En fait, c'était très normalisé. Donc, je ne m'en suis pas rendue compte jusqu'à très tard. Et pour en revenir à ce que tu disais, du coup, la diététicienne, c'était plutôt, comme avec mes parents, des contrats. En fait, le matin, il faut que tu manges des céréales. Au goûter, il faut que tu aies au moins deux carrés de chocolat. Enfin, c'était plus des injonctions, mais je ne comprenais pas forcément le pourquoi du comment. Et par exemple, comme je n'avais pas vraiment de notion, c'était simplement moi des interprétations, je sais que je mangeais beaucoup de mousse de canard, je vais aller manger beaucoup de pain, ça je sais que c'est quelque chose qui est un peu diabolisé, mais moi c'est des aliments qui ne me faisaient absolument pas peur. Par contre, du sucre, de l'huile, ça c'était des choses, c'était impossible pour moi. Donc voilà, et pareil, je faisais beaucoup de danse, et donc en fait... Mes parents me disaient, si tu veux aller à la danse, il faut que tu goûtes. Des choses comme ça. Et au collège, je sais que mes amis... Moi, je disais tout le temps que je n'aimais pas. Parce que j'étais persuadée que ce n'était que des choses que je n'aimais pas. Et par contre, je me souviens que le cantinier me disait souvent, non mais Victoria, tu ne peux pas manger que ça. Il me reservait... Alors, je ne sais pas comment... Peut-être que ça se voyait parce que du coup, en tout cas en sixième, oui, ça se voyait qu'il y avait un problème. Mais après, du coup, j'ai réussi à reprendre du poids un peu petit à petit, naturellement. Au lycée, je ne me souciais absolument plus de mon poids, ni de... je ne peux pas dire de mon corps parce que je me trouvais énorme, ça c'est certain. Mais en tout cas, je n'étais pas vraiment pesée. Et à la fac, c'est revenu un peu progressivement. Et en fait, pendant le Covid, j'ai recommencé à faire... un peu de sport parce que j'avais arrêté la danse, je m'étais fait mal aux genoux, etc. Et donc, j'ai recommencé à faire un peu de sport. Puis, j'avais l'impression que ça ne changeait pas grand-chose. Donc, petit à petit, j'ai réduit tout ce que je mangeais. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvée à l'hôpital pour anorexie, avec la sonde, etc. Puis, je ne sais pas si tu veux intervenir un peu. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai plein de questions qui me venaient. Du coup...

  • Speaker #1

    Tu dis,

  • Speaker #0

    au lycée, je ne me souciais plus trop de mon poids, mais je n'étais pas bien dans mon corps. À ce moment-là, le suivi s'était arrêté avec les diètes ?

  • Speaker #1

    Exactement. Les deux, ça s'était arrêté.

  • Speaker #0

    Et pourquoi ça s'était arrêté ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, le psychologue que je voyais, j'y allais aussi parce que j'étais très stressée, beaucoup de crises d'angoisse. Donc ça, ça allait mieux. Et encore une fois, on n'a jamais parlé d'alimentation ou du rapport au corps avec mon psychologue. On parlait vraiment de mon stress, de comment ça se passait, comment je gérais chez moi, à l'école, etc. Puis plein de phobies, donc on parlait surtout de choses comme ça. Et la diététicienne, j'ai arrêté en troisième parce que j'avais un poids normal. Comme moi, je ne savais pas vraiment que j'avais un problème, je me suis dit que je ne comprenais pas bien pourquoi j'y vais. Et surtout, j'avais l'impression que la semaine avant que j'aille la voir, je me restreignais énormément. J'étais hyper angoissée, de peur de voir le poids sur la balance. Ah ouais,

  • Speaker #0

    il y avait un effet inverse. Elle le savait, ça ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. C'est bizarre, en fait, j'ai... Très peu de mémoire, très peu de souvenirs de toute cette période-là. Primaire, collège, c'est assez flou. Donc, je ne pourrais pas tellement en parler. Je sais que je l'avais dit à ma mère et donc, du coup, on en avait parlé comme ça du fait d'arrêter.

  • Speaker #0

    Ok, mais c'est incroyable parce que c'était... Enfin, je ne sais pas, j'ai le mot déni qui me vient. C'est-à-dire que ce n'est pas facile parce que l'anorexie, c'est souvent accompagné de déni. Mais en plus, les professionnels, personne ne l'a nommé avec toi. Enfin, je trouve ça complètement dingue,

  • Speaker #1

    quoi. Bah oui, moi aussi. Maintenant, avec le recul, je me dis, mais en fait, c'était vraiment, c'était tellement présent. Et en fait, mes parents l'avaient normalisé, mais parce que ça m'est venu très jeune. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que tu disais. Tout à l'heure, tu disais ça, et il y a un mot qui m'est venu, c'est que du coup, c'était presque identitaire dans la tête des gens. Victoria, elle est comme ça.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas une pathologie qui s'est développée, c'est que Victoria, elle est comme ça. Elle fait attention, elle fait beaucoup de sport, elle a peur de grossir. Et du coup, je ne peux pas m'empêcher de me dire, mais laisse tomber. Enfin, tu vois, le côté identitaire, c'est un frein énorme à la guérison, en fait, notamment dans l'anorexie. Et je me dis, mais toi, en fait, on t'a collé au calme cette étiquette-là. Alors après, chacun fait bien comme il peut sur le moment. Il n'est pas qu'à dire qu'ils ont mal fait et tout, mais je me mets à ta place et je me dis, waouh, pas facile. Et donc, du coup, ces suivis s'arrêtent. Oui. En même temps, donc ouais, hyper bizarre. Je me dis, t'étais accompagnée, la diététicienne, elle est quand même passée à côté d'un gros morceau, quoi, parce qu'elle t'a accompagnée sur le poids et genre l'alimentation. Mais je veux dire, un TCA, c'est une question de comportement alimentaire, tu vois, et de rapport au corps. Donc bon, personne ne t'a accompagnée là-dessus, donc ça s'arrête. Du coup, la question que je me suis posée, moi, t'as parlé un peu de ton rapport au corps qui avait l'air un peu catastrophique, mais comment tu mangeais ? Pendant le lycée, est-ce que tu te souviens ? C'était quoi ton rapport à la nourriture ? Est-ce que tu étais dans le contrôle ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours dans le contrôle. Dans le contrôle, mais capable de manger. C'est-à-dire que j'avais conscience qu'il y avait des aliments qui m'effrayaient plus, qui me faisaient plus peur. Du moins, je me disais en tout cas, non, il ne faut pas que tu les manges, il ne faut pas que tu en abuses. La plupart du temps, c'était ma mère qui me faisait mes repas. Et donc comme ça, au moins, moi, je contrôlais et je savais ce que j'allais manger. Après, encore une fois, j'avais un poids normal, mais des pensées qui, par contre, n'étaient pas forcément très normales. Je mangeais un cookie, je me disais, mais pourquoi tu as fait ça ? C'est vraiment pas bien. Je m'auto-engueulais, quoi.

  • Speaker #0

    Et tu voyais que tes copines fonctionnaient différemment ?

  • Speaker #1

    Tu continuais de penser ?

  • Speaker #0

    Oui. Parce que juste avant, tu disais, tu as dit un truc super intéressant aussi un peu plus tôt, tu disais, mais moi, je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, donc c'est vrai que je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça. Donc, moi, je n'en parlais pas. Parce que je me disais, en fait, c'est normal d'avoir ces pensées-là. C'est normal de faire toujours hyper attention à ce qu'on mange, d'être aussi mal dans son corps. Oui, pour moi, tout ça, c'était normal.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu traverses le lycée de cette manière-là, et du coup tu dis c'est à la fac, en fait la fac ça correspond à la période Covid pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors pas les deux premières années de fac, les deux premières années de fac, toujours pareil, rapport à mon corps hyper compliqué, en plus j'arrête le sport, donc voilà ça se voit un petit peu plus si on veut, enfin là pour le coup. Je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport. Donc forcément, moi, je prends du poids et je ne suis vraiment pas bien dans mon corps. Mais à la fois, ça ne me bloque pas du tout pour manger ce que je veux. Au contraire, je pense que j'ai encore moins de pensées liées à ça, etc.

  • Speaker #0

    Ah, intéressant.

  • Speaker #1

    Ouais. Non, non, franchement... J'avais plus du tout ce truc de me dire ça va te faire grossir ou quoi. Plus, je sais que ce n'est pas bon de manger McDo tous les jours, parce que ça m'est arrivé pendant longtemps. On allait beaucoup au bar avec des amis, donc du coup, après le bar, l'habituel, c'était le McDo. Donc du coup, c'était plutôt oui, je sais que ce n'est pas forcément très bon pour la santé. Mais il n'y avait plus ce lien forcément avec ça va te faire grossir ou c'est gras, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Parce que tu dis, excuse-moi, j'ai plein de questions qui me viennent. Quand tu dis je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport et donc je grossis. Ça, c'est ton vécu du moment ou c'est encore la façon dont tu le vois avec le recul ? Parce que forcément, moi, j'ai envie d'aller te dire, attends, c'est quoi manger n'importe quoi ?

  • Speaker #1

    C'est n'importe quoi, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que c'était ce que tu te disais à l'époque ? Ou ce que tu te dis maintenant ? Ou les deux ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était vraiment plus santé. Dans le sens, je sais que... boire des bières tous les jours, manger McDo tous les jours, ne pas faire de sport, parce qu'en plus, j'habitais juste à côté de la fac, donc vraiment, il y avait très peu de sorties. Donc à l'époque, c'était plus un aspect santé. Aujourd'hui, malheureusement, c'est plus moi qui pose ce regard de « Ah non, ce n'est pas bien, tu ne faisais pas de sport, tu ne mangeais pas correctement, etc. »

  • Speaker #0

    Ok, donc du coup, il y a cette phase-là. Donc, tu disais les deux premières années de fac.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et après, donc, 2019, le Covid arrive. Et donc, on est tous confinés. Et je passe énormément d'activités dans le sens que je suis toujours à droite, à gauche. Je suis avec mes parents. Et je me dis, bon, il va falloir que je m'occupe un peu. Et donc... Je me mets à faire, je refais du sport. Ça me fait beaucoup de bien pendant le Covid, etc. Par contre, du coup, j'ai aussi, je pense, plus le temps de regarder mon corps. Et là, je me dis, mais en fait, j'ai pris beaucoup de poids, etc. Donc, je me dis, je vais faire un peu attention à ce que je mange. Et en fait, ça vient très progressivement. C'est-à-dire que... Je fais un peu attention à ce que je mange. En parallèle, j'en parle avec des amis qui me disent que oui, effectivement, elles ont toujours su, surtout une, qui a connu une personne qui était anorexique et qui m'a toujours dit que j'avais un problème avec l'alimentation. Mais pareil, pour le coup, c'était plus du déni. Je commence à me restreindre, mais du coup, à côté de ça, il y a aussi beaucoup de crises de boulimie qui viennent, du coup.

  • Speaker #0

    Ça, c'était nouveau ? C'est le début de la boulimie ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Et en fait, la boulimie vient aussi en soirée. Je me rends compte qu'il y a aussi l'alcool où je me dis, c'est marrant, quand j'ai trop bu ou trop mangé, je peux me faire vomir. Et au début, c'est drôle. Sauf que du coup, au bout d'un an, je ne vais plus en soirée parce que le lendemain, j'ai l'impression d'être une log, donc je ne fais plus de sport. Je n'ai pas le contrôle sur ce que je mange le lendemain, c'est-à-dire que je vais passer ma journée à manger. Et donc je me rends compte qu'en fait, ce n'est pas bon. Donc du coup, j'arrête de boire, je fais du sport tous les jours, je ne mange plus grand-chose. Et à côté de ça, du coup, dès que je me retrouve toute seule, je fais beaucoup de crises de boulimie et je pars à Paris. Et à ce moment-là, mon copain fait... un peu attention à ce qu'ils mangent. Ma coloc fait aussi attention à ce qu'elle mange. Et moi, je suis là-dedans et en fait, je n'ai plus de repères sur l'alimentation. Et donc, encore une fois, je me dis, ah ouais, en fait, c'est vraiment le quotidien de tout le monde. Vraiment, c'est zéro gras. Il faut faire hyper attention à ce qu'on mange tout le temps, tout le temps. Et donc, moi, je m'affame et je me dis, oui, il faut vraiment que je fasse hyper gaffe à ce que je mange. Et sauf que du coup, dès que je me retrouvais toute seule, c'était crise sur crise. Et il y a un soir à 4h du matin, il n'y avait pas ma coloc et j'avais fait des crises toute la journée. Alors quand je dis crise, en fait, c'est je mangeais, je vomissais, je mangeais, je vomissais. Et donc, j'ai appelé mes parents en larmes, allongés sur le sol parce que j'étais... En fait, j'ai l'impression que j'allais mourir à force de me faire vomir. C'était un cercle vicieux, je n'arrivais pas à m'arrêter. Et là, du coup, je leur ai tout dit parce qu'ils avaient par contre remarqué Ça, c'est en février que je les appelle. Et en décembre, tout le monde avait remarqué que j'avais perdu du poids, mais c'était plus malheureusement un compliment. « Ah ouais, t'as perdu du poids, ça te va bien, machin ? » Mais bon, déjà, à la fac, pour le coup, à Paris, je voyais bien que j'avais un problème et on commençait à me le dire. Et en février, je suis rentrée à Lyon, parce que j'étais à Paris, mes parents sont à Lyon. Et donc, j'ai commencé à faire de l'hôpital de jour. On essayait un peu de remettre un cadre. Sauf qu'en fait, moi, j'étais vraiment dans un truc de... Je ne suis jamais assez maigre. On me disait, tu portionnes tes repas pour être sûre d'avoir un peu tes apports. Sauf que moi, j'étais dans le truc de... Non, je ne veux pas avoir d'apports parce que je veux maigrir. Donc, ça ne me sert à rien. Et bref, j'ai perdu du poids comme ça. Et je suis rentrée en hospitalisation complète pendant six mois à Lyon. J'en suis sortie... pour un break motivationnel. Parce qu'en fait, je ne prenais pas de poids. Je ne voulais pas en prendre. Et au bout de deux mois de break, c'était convenu que je devais revoir mon psychiatre, savoir si je rentrais à la clinique ou pas. Je n'ai pas repris de poids, mais je n'en ai pas perdu. Et donc, je me suis dit, en fait, l'extérieur, c'est beaucoup mieux. je suis beaucoup plus motivée. C'est hyper difficile d'être à l'extérieur parce que pendant six mois, t'es encadrée et t'es qu'avec des personnes qui te comprennent parce que toutes les patientes sont comme toi. Donc, tu peux parler un peu de tes difficultés. Donc, ça fait du bien. Et puis, t'es un peu dans un cocon, t'es protégée. Moi, je le voyais vraiment comme ça. Et c'était rassurant parce qu'il y avait aussi un cadre alimentaire. Donc, on ne pouvait pas ni trop prendre ni pas assez. Pour le coup, c'était très agréable. Moi, je l'ai plutôt bien vécu. Mais je savais qu'à l'extérieur, ce serait plus dur. Mais ça allait aussi plus me motiver. Parce que la vraie vie, c'était à l'extérieur. Ce n'était pas manger comme ça. Ce n'était pas ça.

  • Speaker #0

    Et là, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça, c'était en

  • Speaker #0

    2022. Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    De juin à décembre 2022.

  • Speaker #0

    Et il y a une question que je me pose en entendant tout ce que tu trouvais dans cet hospice. Six mois, c'est long. Quand tu dis, bah oui, avec les autres, il y a une forme de compréhension, est-ce que tu crois pas qu'il y avait aussi quelque chose qui te maintenait un peu, tu sais, un peu aussi de compétition par rapport au poids ? Faut pas être celle qui reprend trop ? T'as pas ressenti ça, toi, en hospice ?

  • Speaker #1

    Alors, personnellement, pas du tout, parce qu'en fait, et je pense que pour beaucoup, il n'y a pas du tout de compétition, parce qu'on est tellement... Enfin, moi, en tout cas, je me voyais tellement... énormes que pour moi elles étaient toutes beaucoup plus minces que moi quoi. Et en fait même maintenant avec le recul je me dis en fait c'était moi la maître du groupe quoi. Donc non il n'y avait pas de compétition et même j'ai recommencé à manger certaines choses grâce à des personnes que je voyais qui arrivaient à faire l'effort. Je me disais bah moi aussi en fait faut que je le fasse. Voilà j'ai aussi eu la sonde donc il y avait la carotte bah tu manges pas c'est très simple on t'enlève pas la sonde donc Donc, personnellement, en tout cas, il n'y a pas du tout eu cette compétition là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    c'est cool. Par contre, moi, du coup, j'étais aussi hyper active. Et de voir des personnes qui marchaient ou qui faisaient du sport dans leur chambre, moi, c'était quelque chose, pour le coup, j'avais envie de faire comme elles. Donc ça, ça a été très difficile aussi à gérer.

  • Speaker #0

    Ok, et donc tu sors ? tu te dis bon ok c'est plus motivant c'est à la fois plus difficile et comment ça se passe alors pour toi dans les semaines et mois qui suivent ta sortie ouais alors pareil j'adopte,

  • Speaker #1

    enfin j'adopte pas j'achète un chien parce que en gros pendant ces 6 mois la première fois où je sors d'hospice j'arrêtais pas de dire à mes parents que je voulais un chien etc et et m'avait dit on verra, on verra. Et la première fois que je sors, donc c'est une permission, on appelle ça, je croise un bigueule et je me mets à pleurer tellement je suis trop contente de le voir, etc. Et j'ai de la chance, du coup, mes parents acceptent que j'ai un bigueule. Et donc, je sors, je l'ai. Je fais du coup à nouveau de l'hôpital de jour. Donc là, je suis suivie une fois par semaine. J'ai aussi beaucoup de groupes de parole. Je vois une infirmière toutes les semaines. J'ai une psychologue. Je suis très suivie. Ça se passe bien. Mais moi, j'idéalise beaucoup ce moment-là parce que je ne reprends pas de poids. Donc, ça me va bien. Je suis toujours en alimentation très cadrée. Du coup, c'est fonctionnement clinique. Mais... Pour le coup, ça me va bien parce que j'ai les avantages, c'est-à-dire que je suis avec mes proches, et à la fois les avantages de la maladie, c'est-à-dire que je ne reprends pas de poids. Par contre, c'est très fatiguant en fait, parce que j'ai un IMC toujours très bas, donc faire comme tout le monde et faire semblant d'être comme tout le monde, ça me fatigue énormément.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de crise, il n'y a rien du tout. Et par contre, à partir de mai, je recommence à perdre beaucoup de poids. Et donc là, l'hospitalisation se pose. Sauf que moi, j'avais fait toutes les démarches pour repartir à Paris, justement, et reprendre mon master. Et donc là, je me dis non, non, en fait, ce n'est pas possible. Donc, au mois de juillet, le soir... C'est un peu ce qu'on appelle la faim extrême. Le soir, j'ai super faim, donc je me dis que ce n'est pas grave. Je mange, mais je ne m'inquiète pas. J'en parle à la clinique, j'en parle aussi à ma psychologue. À première vue, c'est normal. Au début, pareil, ça ne se voit pas. Je ne prends pas un gramme parce que je mange, mais je me dis que le lendemain, je ne déjeune pas, je vais faire plein de sports pour compenser, etc. Sauf qu'en fait, de plus en plus, j'ai faim, il faut que je mange, il faut que je mange. Même la nuit, ça me réveille parce qu'il faut que je mange. Et on est en août, donc j'ai arrêté l'hôpital de jour. J'étais partie en vacances et j'emménage à Paris. Et en fait, j'ai pris du poids. Je mange toutes les nuits, je me réveille pour manger. Et en fait, je fais deux fois plus de sport parce que j'ai l'impression que... J'essaye de compenser le « gros » que je mange, sauf que ça ne s'est jamais arrêté, le fait de manger la nuit. Avec en plus, comme j'étais toute seule à Paris, des crises de boulimie en journée. Et donc là, je suis au travail et c'était un peu compliqué à cacher parce que du coup, je ne fais que de manger. Je vais aux toilettes comme je peux, mais c'est très compliqué. Cette période-là ne se passe pas très bien. Cet été, je me suis refaite hospitalisée un mois pour essayer d'enlever les crises de boulimie. Ça ne m'a pas tellement aidée, ça m'a permis de remettre un cadre. Je sais que j'en suis à un stade où... où un cadre trop rigide ne me convient pas. Et au contraire, ça peut plus me... Là, pour le coup, à me dire, ben non, je ne suis pas assez maigre, donc il faut que je fasse comme toutes les autres et m'affamer, quoi. Donc, voilà. Et là, actuellement, je ne sais pas si... Enfin, je ne peux pas en parler, mais du coup, je suis suivie par une psychologue, une psychiatre et une diététicienne. Et donc... Je suis née en hôpital de jour, mais ça se passe très bien. Je dirais que moi, ce qui m'aide déjà, c'est d'avoir une diététicienne. Parce que la maladie me donne tellement d'injonctions qu'elle, elle me permet d'autoriser. Même si je le sais qu'il faut des féculents, il faut de la matière grasse, il faut se faire plaisir, etc. Je le sais, mais j'ai besoin que la diététicienne... approuvent ces choses et me disent oui c'est bon de faire ça quoi que je suis dans le vrai et qu'il faut que je continue là dessus pareil aussi ce qui m'aide et ce qui m'a aidé c'était mes proches Et d'avoir une vie normale parce que justement de me dire que bah c'est pas enfin la voie dans la vraie vie on va au restaurant dans la vraie vie on mange des cookies il ya des jours on fait pas du sport et Et les gens le vivent très bien. Donc ça, ça m'a beaucoup aidée. Et là où certaines personnes étaient plus à me cajoler, à me conforter, surtout mes parents ne voulaient pas me mettre dans des situations de stress. J'ai mon copain qui, par exemple, avec lui, c'était plutôt, « Non, mais tu n'as pas envie d'aller au resto, on y va quand même. Ça fait partie du deal. Moi, ça me fait plaisir. Toi, ça va te faire plaisir, etc. » Et en fait, du coup... petit à petit aussi, ça c'est des choses que j'ai beaucoup plus banalisées, le fait d'aller au restaurant, etc. Enfin, ça a été très progressif, mais c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont aidée.

  • Speaker #1

    Et comment tu qualifierais la relation que tu as avec ton corps aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh bien, bizarrement, quand même, mieux qu'avant, mieux que même quand j'étais à un poids très très bas. Déjà parce que du coup, quand j'étais à un poids très très bas, même sans gras, moi j'avais l'impression que... C'est la fin du monde. Et puis, en fait, je ne m'autorisais rien. Je me disais, un petit truc, ça va se voir. Là, aujourd'hui, c'est quand même déjà plus facile. Alors, aujourd'hui... Pour le contexte, je fais quand même toujours malheureusement pas mal de crises de boulimie et je fais toujours beaucoup de sport. Mais déjà, le sport, c'est plus, on va dire, pour mon bien-être mental que pour un bien-être physique, même si ça m'aide quand même au quotidien aussi à accepter ce que je mange, je ne vais pas mentir. Mais en tout cas, par rapport à mon corps, je l'accepte beaucoup plus. Et je me dis, ce n'est pas parce que je mange deux croissants que c'est la fin du monde. Ça ne va pas se voir. Ce qui compte, c'est vraiment l'équilibre. Donc, c'est quand même beaucoup plus facile. Et puis, aussi, je pense quand même... J'ai vu aussi une différence dans le regard des gens. C'est-à-dire que quand j'étais très mince, enfin très maigre, c'était plus tout le monde me regardait. Et moi, là où je croyais qu'en fait... Moi, j'avais l'impression qu'on me regardait parce que j'étais trop grosse. En fait, les gens me regardaient plutôt parce que j'étais trop maigre. Et les gens posaient un regard plus inquiet, comme si j'étais une enfant. Alors que là, actuellement, c'est aussi difficile parce que du coup, on est traité comme une femme de 25 ans et pas comme Victoria qui a 12 ans. Donc, c'est à la fois difficile à en sortir, mais à la fois, ça fait du bien de se sentir considérée à l'âge qu'on a.

  • Speaker #1

    Ok. Et quel regard tu portes aujourd'hui sur ton corps d'avant, alors, toi ? Sur les phases où tu as été très maigre ?

  • Speaker #0

    Alors, très, très maigre, je me dis que ça fait peur. Ce n'est pas beau. Après, même quand... Enfin, un IMC un peu plus haut, mais toujours pas un IMC normal, pour le coup, c'est vrai que des fois, j'envisse au corps.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense d'ailleurs que je n'aurais pas réussi à reprendre du poids autrement qu'en passant par des crises de boulimie.

  • Speaker #1

    Oui. En fait. Oui, je pense que la... Je ne sais pas bien comment le nommer, mais du coup, je vais dire, allez, la voie de l'anorexie ou la part anorexique a encore une certaine puissance. Oui. C'est ce que j'entends dans ce que tu dis. Et c'est ce qui fait que les crises de boulimie sont encore là, de toute façon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu le confirmes en disant, je n'aurais pas pu reprendre du poids sans passer par les crises de boulimie. Oui, parce que c'est trop compliqué de lâcher prise sur l'alimentation et d'envisager de venir à ce qui est ton poids d'équilibre, en fait. Oui. C'est ça qui est compliqué aussi dans ton cas, c'est que c'est venu tellement tôt, tout ça, que tu n'as pas de repère sur ce que peut être ton poids d'équilibre.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que là, ça fait plusieurs mois, je dirais même un an et demi, que je suis à un poids d'équilibre. Là, récemment, comme il y a eu beaucoup plus de crises, je sais que j'ai pris un peu de poids, donc ce n'est pas forcément mon poids d'équilibre. Mais je pense quand même qu'à un moment, je le touche un peu du doigt.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu entends, toi, par poids d'équilibre ?

  • Speaker #0

    Manger ce que je veux en quantité qui me rassasie, sans forcément faire trop de sport, sans ma famille, etc. Oui, ce n'est pas forcément un IMC normal, mais c'est un poids stable. en tout cas, et où je puisse manger ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, est-ce que tu as déjà été dans ce cas-là où tu mangeais ce que tu voulais sans chercher à réguler aussi tes prises alimentaires par des vomissements ou du sport ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est compliqué à dire. En fait, je trouve que la confusion aussi sur le poids d'équilibre, c'est cette notion de stabilité. Effectivement, le poids d'équilibre est stable. Pour autant, il y a des femmes qui vont être stables à un poids pendant 10 ans et ce n'est peut-être pas tout à fait leur poids d'équilibre. Généralement, si tu es stable pendant 10 ans et que tu n'es pas non plus dans un type d'anorexie ou quoi, tu n'es pas très loin du poids d'équilibre. Mais peut-être que le poids d'équilibre, il est genre 2 kilos au-dessus, 2,30 kilos au-dessus. Et qu'en fait, tout le contrôle qui subsiste autour de l'alimentation permet de rester juste en dessous. Mais tu peux être stable. Mais ne pas être à ton poids d'équilibre, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, tu as raison. Oui, et notamment quand j'étais dans la anorexie, je pense pendant bien un an et demi, j'ai été malheureusement trop stable en bas. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, après, il suffit de prendre le recul, tu regardes le poids, ok, il est stable, tu regardes la vie qu'a la meuf, tu dis, ah oui, non,

  • Speaker #0

    ok,

  • Speaker #1

    non, ça ne doit pas être ça, le poids d'équilibre. Donc en fait, ton corps, si je parle de ça, c'est parce qu'il y a quand même quelque chose, et tu vois ça, Ça, ça aurait été chouette que quelqu'un puisse te le dire quand tu avais 10 ans, 11 ans, tu vois. Qu'en fait, ton corps, ce n'est pas ton ennemi, que tu n'es pas censé aller le contrôler, le gérer, et que tu as une morphologie qui est prédéfinie, avec un poids d'équilibre, et que ton corps, il va juste chercher à t'y emmener. Et que si en mangeant à ta faim, en écoutant ta faim, et en mangeant au rassasiement, tu prends du poids, c'est que tu es en dessous de ton poids d'équilibre. Mais ce n'est pas que, mon Dieu, mon corps, je ne peux pas lui faire... confiance, je dois le restreindre.

  • Speaker #0

    Non, t'as vraiment raison. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Commencez d'imaginer que peut-être tu redescendras jamais au corps. Tu sais, des fois, tu idéalises un peu, pas le corps trop, trop maigre, mais tu disais, t'es quand même dans un poids plus bas. Ou si je devais poser la question différemment, c'est est-ce que tu espères reperdre du poids, parfois ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a toujours dans ma tête ce truc de... J'étais mieux avant. Après, je ne me souhaite pas de... Parce que pour l'avoir expérimenté, déjà avec cet été, j'ai toujours ce truc de... Cette euphorie à perdre du poids. Donc, je sais que... Oui, je me dis souvent, si je perdais un ou deux kilos... Je me le dis même tous les jours, soyons honnêtes. Mais du coup, je me dis oui si je perdais un ou deux kilos. Mais à la fois, je sais très bien que ces un ou deux kilos, ce serait le début de trois, quatre kilos, cinq, six kilos derrière. Donc, je pense qu'il ne faut pas que je perde du poids.

  • Speaker #1

    Et quand tu dis si je perdais un ou deux kilos, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Rien en plus. Non, parce que comme je dis, ça ne me suffirait pas. Oui, non.

  • Speaker #1

    Oui, et même sans... Je trouve que c'est très juste, ce que tu dis, d'avoir cette conscience de très bien savoir que ça ne te suffira pas et qu'en fait, c'est juste le début de l'engrenage. Mais même sans aller jusqu'à cette réflexion-là, juste se dire, OK, je voudrais bien perdre un ou deux kilos. OK, qu'est-ce qui sera différent ? Qu'est-ce que ça t'apportera ? En quoi ta vie sera meilleure si demain, tu fais un ou deux kilos de moins ?

  • Speaker #0

    Je me dis peut-être moi face au miroir, mais je ne suis même pas sûre, surtout qu'à un ou deux kilos... Pas sûr que ça se voit beaucoup.

  • Speaker #1

    Et toi, face au miroir, du coup, c'est quoi ? Ça veut dire que tu te dirais des choses un peu plus gentilles ? Tu te trouverais plus jolie ?

  • Speaker #0

    Je pense, oui.

  • Speaker #1

    Et ça, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    Me sentir mieux dans mon corps.

  • Speaker #1

    Ok, donc si tu perdais un ou deux kilos, tu te regarderais peut-être dans le miroir en te trouvant plus jolie, ce qui te permettrait de te sentir mieux dans ton corps. Et le fait de te sentir mieux dans ton corps, ça t'apporterait quoi ? Ça te permettrait de faire quoi ?

  • Speaker #0

    je dirais de la confiance en moi et encore une fois comme c'est un peu tu l'as super bien dit comme c'est assez identitaire tout ça tous ces troubles dans mon quotidien il y a plein de choses qui me bloquent que je bloque parce que je me dis tu peux pas faire ça tu peux pas parler aux gens parce que Parce que t'es trop grosse. Ou alors, des fois, j'ai l'impression que les gens autour de moi parlent de mon corps.

  • Speaker #1

    OK. Et donc, du coup, t'imagines que ça pourrait... Quand t'as envie de perdre un ou deux kilos, tu t'imagines que finalement, ça t'apporterait plus de confiance en toi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et j'allais te dire, et à quoi ça te servirait ? Et donc, t'as répondu à la question, ça te servirait à faire tout ce que tu t'empêches de faire aujourd'hui, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui. Et à la fois, c'est... Oui. Hyper paradoxal parce que là, je sais qu'avec le corps que j'ai actuellement, ça me permet de faire tellement plus de choses qu'un poids plus bas. Déjà, oui, pour arriver à perdre du poids, en fait, ça nécessite des contraintes et de faire des concessions. Typiquement, je veux manger une crêpe avec des amis. Ah ben non ! Je vais aller au restaurant, c'est pas prévu, bah non. ça revient à absolument tout contrôler et du coup, pas forcément profiter de la vie. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Mais au-delà de ça, si on revient à cette histoire d'avoir plus confiance en toi en faisant un ou deux kilos de moins et faire tout ce que tu n'oses pas faire, tu as déjà fait un ou deux kilos de moins. Est-ce que du coup, tu faisais ce que tu t'interdis de faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ok, donc peut-être que ça ne se situe pas du tout là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Moi, franchement, j'ai envie de t'inviter à peut-être lister tout ce que tu aimerais faire et que tu n'oses pas faire. Que ce soit en lien avec ton corps ou pas, d'ailleurs. Mais voilà, je pense qu'il y a beaucoup de choses, de toute façon, qui vont être en lien avec ton corps,

  • Speaker #0

    ton physique.

  • Speaker #1

    Lister toutes ces choses-là et puis de réfléchir à comment tu pourrais en mener une à bien. Ce ne sera peut-être pas du jour au lendemain. Si c'est oser aller parler à quelqu'un que tu ne connais pas dans une soirée ou je ne sais pas quoi, peut-être que ça va te demander plein d'étapes. C'est-à-dire que pour arriver à ça, peut-être que ce sera d'aller oser parler à quelqu'un que tu connais dans une soirée ou peut-être oser te mettre pas loin de quelqu'un que tu connais dans une soirée. L'idée, ce n'est pas non plus de se faire du mal, c'est d'y aller petit à petit. Mais en gros, je pense qu'effectivement, il y a un truc hyper identitaire qui s'est inscrit. en toi et que c'est hyper important de le comprendre, c'est hyper important de faire tout un travail, de continuer tout un travail autour de ton comportement alimentaire, tout ça mais je crois que ça pourrait vachement t'aider d'aller te prouver à toi-même que tout ça c'est du fake en fait, que tout ça c'est faux et que tout ça ça n'a aucun sens et pour te le prouver, il faut aller le vivre tu vois c'est un peu comme quand j'accompagne des personnes à réintroduire des aliments qui seraient interdits, qui seraient vraiment catégorisés et tout. Et en fait, réintroduire les aliments et se prouver que en fait, on peut les manger sans faire de crise. En fait, on peut les manger sans prendre 10 kilos. En fait, tu vois, et du coup, tu le vis dans ton corps, quoi. Et tu te dis, mais quoi ? Mais c'est donc vrai.

  • Speaker #0

    On m'a menti toutes ces années.

  • Speaker #1

    Et du coup, de te rendre compte que tu... Tu peux aller parler aux gens, que tu peux faire tout un tas de choses que tu t'empêches de faire dès aujourd'hui et que ça n'a absolument aucun lien avec ton corps, que tu pourrais faire 10 kilos de moins comme 50 de plus, que ça ne jouerait rien. Et en fait, d'aller les vivre et de le vivre dans tes tripes, dans ton corps, pour te rendre compte que non, mais en fait, tout ça, ça n'a pas de sens. Ça aide vachement à déconstruire tout le reste, en fait.

  • Speaker #0

    Mais complètement. Et c'est hyper intéressant parce que pendant mes thérapies, on m'a souvent proposé d'écrire des choses, etc. Et surtout pendant l'anorexie. Mais depuis, c'est vrai que je n'ai jamais refait ce travail. Et je pense que c'est hyper intéressant. Et tu es la première personne qui m'en reparle depuis que je suis sortie de la clinique. Donc, je pense que ça pourrait être intéressant à faire, oui.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un exercice souvent que je donne, tu vois, c'est ça. Tu dis, OK, je vais lister 20 choses que je m'empêche de faire. Attends, parce qu'il y en a plusieurs. Enfin, 20, d'ailleurs, alors souvent, quand je dis 20, si 20, ça te paraît beaucoup, tu en listes 50. Si 50, ça te paraît beaucoup, tu en listes 100. L'idée, c'est de ne pas se mettre de barrière. C'était un peu les... les rêves de ta vie, les choses que tu rêverais de faire, que tu adorerais de faire. Et une fois qu'elles sont listées, tu les regardes et tu te demandes en quoi ton corps joue un rôle là-dedans. Tu vois, ça aussi, c'est hyper révélateur et libérateur, ça peut l'être en tout cas, parce que tu listes les trucs que tu rêves de faire, mais si tu les regardes vraiment avec du recul, genre est-ce que vraiment mon corps m'empêche de faire ça ? Dans la majorité des cas, ton corps... Dans ta tête, oui, tu peux t'empêcher de... Mais ton corps, lui, il t'empêche de rien faire. Parce que même si tu étais une personne grosse, tu pourrais faire ces choses-là, tu pourrais parler à des gens, tu pourrais... Enfin, tu vois ? Donc oui, mais l'écriture, c'est trop bien. L'écriture, vraiment, c'est un outil qui est sous-coté. On devrait l'utiliser beaucoup, beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Tu as parlé déjà de ce qui avait été aidant pour toi. Est-ce qu'il y a d'autres choses dont tu aurais voulu parler ? Peu importe ce que c'est. Est-ce que tu as l'impression... En gros, ma question, c'est est-ce que tu as l'impression qu'on a fait un peu le tour de ce que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu avais envie d'ajouter ?

  • Speaker #0

    Du coup, peut-être pour les personnes... qui sont un petit peu dans cette situation ou qui sont même un peu plus loin encore dans le chemin de la guérison. Déjà, c'est d'en parler au maximum. Je trouve que moi, c'est ce qui m'a aidée parce que sinon, on est tout seul dans sa tête. Et en fait, c'est en en parlant qu'on voit qu'il y a des choses qui ne sont pas normales. C'est peut-être bête pour nous, mais justement, pour les... personnes qui ne souffrent pas de TCA, de voir aussi que ce n'est pas ce qu'elles pensent, ce n'est pas comme ça qu'un cerveau doit réfléchir, ça fait du bien aussi parce que c'est rassurant moi je trouve, donc d'en parler, essayer quand on peut de se faire accompagner, je trouve que ça c'est une vraie richesse et un accélérateur et je pense aussi ne pas lutter contre nous, contre ce qui se passe. Parce que de toute façon, je dirais contre nous, parce que si on a des troubles, c'est toujours la partie immergée de l'iceberg. Donc ça permet, même si on a du mal parfois à identifier ce qui ne va pas, ça permet au moins de savoir qu'il y a quelque chose annexe aux troubles qu'il faut régler. Et puis, c'est aussi une richesse parce qu'on apprend à plus se connaître. Donc, ouais. Et ne pas lutter contre aussi... Enfin, c'est aussi ce que tu disais. Moi, à lutter contre son corps et à vouloir sans cesse une recherche de quelque chose qui est atteignable, mais à quel prix ? En fait, on s'y perd et on perd du temps, on perd de l'énergie. Donc, vraiment, ne pas lutter. se laisser faire confiance aux spécialistes, à nos proches et au temps aussi parce que ça aide c'est vrai,

  • Speaker #1

    je ne peux que être d'accord avec tout ce que tu viens de dire et quand tu parlais de la richesse aussi, de tout ce qui se cache derrière ça et de tout ce qu'on peut apprendre sur soi, j'avais envie de te le dire aussi quand même du haut de tes 25 ans Tu vois, tout le recul que tu as sur toi-même, en fait, ça se sent. Alors certes, ça s'est fait dans la douleur et Ausha, peut-être que tu aurais choisi une vie un peu plus simple sans les troubles alimentaires. Mais voilà, on sent qu'il y a beaucoup de profondeur chez toi, tu vois, et beaucoup de remises en question de choses qui ont été mises au travail. Donc c'est aussi, il y a une grande richesse. qui sort de tout ça et un jour tu seras complètement libre et libéré de ces choses là mais t'auras en plus cette belle richesse et tout ce que t'auras appris sur toi donc ouais c'est vraiment chouette ouais en tout cas c'est tout ce que j'espère et

  • Speaker #0

    puis bah merci à toi parce que enfin encore une fois c'était un échange bon je pense que j'ai parlé bien 90% du temps mais c'était un échange aussi très riche et tu m'as bah encore donner des axes pour travailler et continuer sur le bon chemin.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, c'est le but tant qu'à faire. Donc trop bien, s'il y a eu des petites choses qui ont pu t'aider. Moi, je tiens à te remercier aussi de venir témoigner parce que je sais que ça va apporter beaucoup aux personnes. Je pense que tu es bien placée pour le savoir et tu le disais aussi quand tu parlais de l'hospice. C'est chouette parce que vous avez réussi à en tirer le meilleur sans avoir les inconvénients, j'ai envie de dire, à l'époque. C'est aussi ça l'idée du podcast. Même si les personnes ne sont pas ensemble au même moment, l'écoute des témoignages des autres apporte beaucoup et permet de se reconnaître, permet aussi de se sentir moins monstrueuse. Parce qu'il y a tout ça quand on est dans des crises. Merci de pouvoir offrir ça aux personnes qui écouteront.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible, et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Victoria

    02:40

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps

    03:24

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

    04:28

  • Les causes de ce mal-être

    05:45

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

    09:10

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions

    18:48

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie

    21:23

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète

    25:04

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie

    30:56

  • Hospitalisation pour boulimie

    32:38

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils

    33:13

  • Ce que Victoria aimerait vous dire

    50:25

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Description

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Victoria a une histoire particulière avec les TCA puisqu’ils se sont installés très jeune, dès l’école primaire.
C’est du harcèlement scolaire qui crée le début de l’obsession autour de son corps et donc autour de ce qu’elle mange. 
S’installe alors une anorexie qui va durer pendant des années sans être vraiment nommée.
Victoria est accompagnée mais personne (ni les proches ni les pro) ne pose ce mot. D’ailleurs elle pense à ce moment-là que tout le monde fonctionne comme ça.
De ses 9 ans à ses 25 ans, le trouble alimentaire prend différentes formes entre anorexie et boulimie.
Victoria nous livre son combat, ses prises de conscience et ses demandes d’aide en toute transparence.

Un épisode d’une grande richesse, merci Victoria ! 


Au programme : 


  • Présentation de Victoria 

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps 

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

  • Les causes de ce mal-être 

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions 

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie 

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète 

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie 

  • Hospitalisation pour boulimie 

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils 

  • Ce que Victoria aimerait vous dire 





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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Victoria, bienvenue dans TCA etc. Je suis super contente de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, moi aussi très contente. Si je peux aider, je suis contente.

  • Speaker #0

    Bon bah parfait, on en discutait un petit peu en off avant, mais ça me semble important de... repréciser aussi le contexte de cet échange. L'idée, c'est que tu viennes témoigner de ton parcours, de tout ce que tu as pu vivre en relation avec les troubles alimentaires, l'alimentation, ton corps, etc. Ce qui me semble important de rappeler, c'est que tu es libre de dire ce que tu veux et de taire ce que tu veux aussi, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune question obligatoire, bien sûr. Parce que moi, je vais me sentir libre aussi de pouvoir, si un truc me fait tilt, de pouvoir aller te questionner, tirer certaines ficelles. Donc, il faut que tu sois vraiment tranquille avec le fait de pouvoir me dire « Ah non, ça, je n'ai pas trop envie d'y aller. » Donc, ce que je dis souvent, c'est que tu as des jokers illimités. Donc, il ne faut pas hésiter à t'en servir.

  • Speaker #1

    Ok, ça marche.

  • Speaker #0

    Et puis, voilà. Écoute, en premier lieu, je te propose de te présenter de la manière dont tu as envie de le faire.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, du coup, moi, c'est Victoria. J'ai 25 ans. Je viens de Lyon et je vis à Lyon. Je suis consultante junior dans une boîte de conseils pour les entreprises en stratégie opération. Et donc ce que j'aime particulièrement dans la vie, c'est faire du sport, lire, voyager, rigoler avec mes amis, avec mon copain, etc. Et puis, je dirais aussi bien manger parce que ça fait partie de moi aussi. Voilà.

  • Speaker #0

    OK, merci pour cette entrée en matière. Est-ce que tu as un souvenir marquant, soit le plus ancien qui te revienne ou en tout cas le plus marquant qui remonte spontanément à ta mémoire quand je te demande de te souvenir de ton rapport à la nourriture et à ton corps dans ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai deux. Un qui m'est toujours revenu et un dont je me souviens plus récemment maintenant et qui me fait écho parce que je me dis en fait, ça a toujours été un peu sous-jacent. Le premier, c'est quand j'étais en primaire. Mes deux souvenirs sont en primaire. Et en fait, je suis avec mes parents et je pleure parce qu'il faut que je m'habille. pas envie de m'habiller parce que je me sens pas bien dans mon corps, je me trouve trop grosse. Et ça, je suis très jeune, je pense que je suis en CE1 ou quelque chose comme ça. Voilà, et donc ça, c'est plutôt par rapport à mon corps. Et le deuxième, c'est, je suis au restaurant, et donc ma sœur prend des frites, et moi, je me souviens prendre des haricots verts. Et en fait, pour moi, c'était normal qu'elle, elle prenne des frites et que moi, je n'ai pas le droit inconsciemment de prendre des frites et il fallait que je prenne des légumes. Voilà, donc mes deux souvenirs qui sont très jeunes et ce n'est pas forcément des souvenirs super positifs, mais en tout cas, je dirais les premiers que j'ai en lien avec mon corps et la nourriture.

  • Speaker #0

    Ok, et on sent qu'il y avait déjà quelque chose d'hyper ancré. C'est hyper surprenant, notamment par rapport à la nourriture, qu'une enfant de cet âge-là s'impose ça d'elle-même, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Parce qu'en plus, pour le coup, mes parents ne sont pas vraiment... Ma mère aime bien manger des fruits et des légumes, mais je veux dire, elle mange des féculents, elle mange absolument de tout. Alors mon père, les légumes, il ne connaît pas. Donc, enfin, c'est... Très bizarre que j'aie ça. Je ne sais même pas d'où vraiment ça vient, mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne sais pas d'où ça te vient, même aujourd'hui avec le recul, ce rapport déjà à ton corps en premier lieu, le fait que tu trouvais trop grosse, que tu n'étais pas bien dans ton corps. Tu n'as pas d'idée d'où ça t'est venu ?

  • Speaker #1

    Ça, si. C'est venu surtout de harcèlement scolaire. Alors, tout est relatif parce que je pense qu'il y a eu bien pire, mais moi, en tout cas, c'est des choses dont je me souviens encore maintenant. C'est que j'ai eu quelques remarques en primaire où on me disait que j'étais grosse. Et comme par-dessus ça, on me disait... Enfin, je n'avais pas forcément beaucoup d'amis. Je me suis dit qu'il faut être mince pour avoir des amis, pour avoir des relations sociales. Et je me suis, je pense, un peu construite là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok. Et quand tu revois des photos de toi à cet âge-là, tu t'en penses quoi ? Tu étais réellement grosse ?

  • Speaker #1

    C'était normal. Franchement, j'étais normale. Du coup, il y a les courbes, j'étais normale. Alors après, on était très peu d'élèves et les filles étaient beaucoup plus minces que moi. On va dire que moi, à la limite, j'étais sur la courbe haute et elle sur la courbe basse, mais je n'étais pas en surpoids.

  • Speaker #0

    Et entre ta sœur et toi, il y avait une réelle différence de morphologie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ça c'est vrai. Au départ, ma sœur est... Elle a une corpulence très mince, voire maigre. Et moi, je pense à vite prendre du poids. Mais pas de là à être en surpoids.

  • Speaker #0

    Ok, c'est une soeur qui est plus grande que toi ?

  • Speaker #1

    Non, elle a un an de moins que moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, vous êtes hyper proche.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ok, donc il y a quelque chose qui s'est joué assez tôt en lien avec... des moqueries, voire même du harcèlement à l'école, et tu as créé, tu dirais, une obsession ? Quelle place ça prenait pour toi, à ce moment-là, la relation à ton corps, et du coup, la relation à la nourriture qui en découlait ?

  • Speaker #1

    Bizarrement, en fait, je ne m'en rendais pas forcément compte que j'avais un problème avec tout ça. Pourtant, j'ai été suivie du coup hyper jeune. Dès le CM2, j'allais voir une diététicienne parce que... Du coup, je suis passée de normale à trop maigre. Mais moi, ce qui comptait pour moi, c'était à 8 ans, mettre des vêtements de 8 ans. À 10 ans, mettre du 10 ans. C'était assez bizarre. Et par contre, j'ai le souvenir de... Alors, pas de stresser par rapport à l'alimentation, mais en tout cas d'être très en colère dès qu'on m'imposait de manger des desserts, etc. J'étais persuadée que je n'aimais pas. Oui.

  • Speaker #0

    Ok, t'es allée voir une diététicienne autour du CM2 parce que tes parents étaient inquiets parce que tu avais beaucoup maigri ?

  • Speaker #1

    Exactement, ouais. Et qui m'a suivie jusqu'en troisième. Et puis après, tout est revenu un peu après le Covid. Donc là, j'ai carrément été hospitalisée, etc. Donc très très très suivie ensuite.

  • Speaker #0

    Ok, mais tu dirais que... Enfin, je vais poser la question différemment. À quel moment tu dirais que l'anorexie est arrivée ?

  • Speaker #1

    Je pense au SMA.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Tu le mets bien à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est assez rare. Malheureusement, il y en a de plus en plus, des enfants qui sont très tôt dans l'anorexie, mais ça reste quand même plutôt rare. Généralement, ça se déclenche plutôt autour de 12, 13 ans, 14 ans.

  • Speaker #1

    Oui. Ben, oui, moi, je sais que c'est venu assez tôt. D'ailleurs, ça a stoppé ma croissance pendant un moment. Et je sais aussi que je pense que j'aurais dû être réglée CM2 6e. Je commençais un peu à avoir de la pilosité, je mettais des brassières, etc. Et en fait, ça a tout, tout, tout arrêté. J'avais plus de pilosité. forcément, plus besoin de porter de brassière, etc., jusqu'en troisième.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que tu peux nous raconter un peu justement comment ça s'est passé ? Parce que tu dis que cette personne, la diététicienne, t'a suivi du CM2 jusqu'en troisième. Est-ce que t'as réussi à reprendre un peu de poids ? Parce qu'en fait, tu disais, tout est revenu après le Covid.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais du coup, tu estimes qu'il y a eu une période un peu de rémission ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, c'est assez bizarre. Alors, en fait, je ne sais pas s'il y a de la rémission, mais c'est plutôt que j'allais voir une diététicienne, j'allais voir un psy, mais il n'y avait jamais le mot anorexie. Donc en fait j'ai découvert que j'étais anorexique je sais pas, à 22 ans quoi. Pour moi en fait tout le monde pensait comme ça, c'était normal pour tout le monde quoi. Et en plus je pense que mes parents, mes proches, comme ça m'est venu très tôt, tout le monde autour de moi était sûr que Victoria c'est celle qui mange pas trop, Victoria elle fait beaucoup de sport, elle aime pas les desserts, elle fait très attention. En fait, c'était très normalisé. Donc, je ne m'en suis pas rendue compte jusqu'à très tard. Et pour en revenir à ce que tu disais, du coup, la diététicienne, c'était plutôt, comme avec mes parents, des contrats. En fait, le matin, il faut que tu manges des céréales. Au goûter, il faut que tu aies au moins deux carrés de chocolat. Enfin, c'était plus des injonctions, mais je ne comprenais pas forcément le pourquoi du comment. Et par exemple, comme je n'avais pas vraiment de notion, c'était simplement moi des interprétations, je sais que je mangeais beaucoup de mousse de canard, je vais aller manger beaucoup de pain, ça je sais que c'est quelque chose qui est un peu diabolisé, mais moi c'est des aliments qui ne me faisaient absolument pas peur. Par contre, du sucre, de l'huile, ça c'était des choses, c'était impossible pour moi. Donc voilà, et pareil, je faisais beaucoup de danse, et donc en fait... Mes parents me disaient, si tu veux aller à la danse, il faut que tu goûtes. Des choses comme ça. Et au collège, je sais que mes amis... Moi, je disais tout le temps que je n'aimais pas. Parce que j'étais persuadée que ce n'était que des choses que je n'aimais pas. Et par contre, je me souviens que le cantinier me disait souvent, non mais Victoria, tu ne peux pas manger que ça. Il me reservait... Alors, je ne sais pas comment... Peut-être que ça se voyait parce que du coup, en tout cas en sixième, oui, ça se voyait qu'il y avait un problème. Mais après, du coup, j'ai réussi à reprendre du poids un peu petit à petit, naturellement. Au lycée, je ne me souciais absolument plus de mon poids, ni de... je ne peux pas dire de mon corps parce que je me trouvais énorme, ça c'est certain. Mais en tout cas, je n'étais pas vraiment pesée. Et à la fac, c'est revenu un peu progressivement. Et en fait, pendant le Covid, j'ai recommencé à faire... un peu de sport parce que j'avais arrêté la danse, je m'étais fait mal aux genoux, etc. Et donc, j'ai recommencé à faire un peu de sport. Puis, j'avais l'impression que ça ne changeait pas grand-chose. Donc, petit à petit, j'ai réduit tout ce que je mangeais. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvée à l'hôpital pour anorexie, avec la sonde, etc. Puis, je ne sais pas si tu veux intervenir un peu. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai plein de questions qui me venaient. Du coup...

  • Speaker #1

    Tu dis,

  • Speaker #0

    au lycée, je ne me souciais plus trop de mon poids, mais je n'étais pas bien dans mon corps. À ce moment-là, le suivi s'était arrêté avec les diètes ?

  • Speaker #1

    Exactement. Les deux, ça s'était arrêté.

  • Speaker #0

    Et pourquoi ça s'était arrêté ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, le psychologue que je voyais, j'y allais aussi parce que j'étais très stressée, beaucoup de crises d'angoisse. Donc ça, ça allait mieux. Et encore une fois, on n'a jamais parlé d'alimentation ou du rapport au corps avec mon psychologue. On parlait vraiment de mon stress, de comment ça se passait, comment je gérais chez moi, à l'école, etc. Puis plein de phobies, donc on parlait surtout de choses comme ça. Et la diététicienne, j'ai arrêté en troisième parce que j'avais un poids normal. Comme moi, je ne savais pas vraiment que j'avais un problème, je me suis dit que je ne comprenais pas bien pourquoi j'y vais. Et surtout, j'avais l'impression que la semaine avant que j'aille la voir, je me restreignais énormément. J'étais hyper angoissée, de peur de voir le poids sur la balance. Ah ouais,

  • Speaker #0

    il y avait un effet inverse. Elle le savait, ça ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. C'est bizarre, en fait, j'ai... Très peu de mémoire, très peu de souvenirs de toute cette période-là. Primaire, collège, c'est assez flou. Donc, je ne pourrais pas tellement en parler. Je sais que je l'avais dit à ma mère et donc, du coup, on en avait parlé comme ça du fait d'arrêter.

  • Speaker #0

    Ok, mais c'est incroyable parce que c'était... Enfin, je ne sais pas, j'ai le mot déni qui me vient. C'est-à-dire que ce n'est pas facile parce que l'anorexie, c'est souvent accompagné de déni. Mais en plus, les professionnels, personne ne l'a nommé avec toi. Enfin, je trouve ça complètement dingue,

  • Speaker #1

    quoi. Bah oui, moi aussi. Maintenant, avec le recul, je me dis, mais en fait, c'était vraiment, c'était tellement présent. Et en fait, mes parents l'avaient normalisé, mais parce que ça m'est venu très jeune. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que tu disais. Tout à l'heure, tu disais ça, et il y a un mot qui m'est venu, c'est que du coup, c'était presque identitaire dans la tête des gens. Victoria, elle est comme ça.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas une pathologie qui s'est développée, c'est que Victoria, elle est comme ça. Elle fait attention, elle fait beaucoup de sport, elle a peur de grossir. Et du coup, je ne peux pas m'empêcher de me dire, mais laisse tomber. Enfin, tu vois, le côté identitaire, c'est un frein énorme à la guérison, en fait, notamment dans l'anorexie. Et je me dis, mais toi, en fait, on t'a collé au calme cette étiquette-là. Alors après, chacun fait bien comme il peut sur le moment. Il n'est pas qu'à dire qu'ils ont mal fait et tout, mais je me mets à ta place et je me dis, waouh, pas facile. Et donc, du coup, ces suivis s'arrêtent. Oui. En même temps, donc ouais, hyper bizarre. Je me dis, t'étais accompagnée, la diététicienne, elle est quand même passée à côté d'un gros morceau, quoi, parce qu'elle t'a accompagnée sur le poids et genre l'alimentation. Mais je veux dire, un TCA, c'est une question de comportement alimentaire, tu vois, et de rapport au corps. Donc bon, personne ne t'a accompagnée là-dessus, donc ça s'arrête. Du coup, la question que je me suis posée, moi, t'as parlé un peu de ton rapport au corps qui avait l'air un peu catastrophique, mais comment tu mangeais ? Pendant le lycée, est-ce que tu te souviens ? C'était quoi ton rapport à la nourriture ? Est-ce que tu étais dans le contrôle ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours dans le contrôle. Dans le contrôle, mais capable de manger. C'est-à-dire que j'avais conscience qu'il y avait des aliments qui m'effrayaient plus, qui me faisaient plus peur. Du moins, je me disais en tout cas, non, il ne faut pas que tu les manges, il ne faut pas que tu en abuses. La plupart du temps, c'était ma mère qui me faisait mes repas. Et donc comme ça, au moins, moi, je contrôlais et je savais ce que j'allais manger. Après, encore une fois, j'avais un poids normal, mais des pensées qui, par contre, n'étaient pas forcément très normales. Je mangeais un cookie, je me disais, mais pourquoi tu as fait ça ? C'est vraiment pas bien. Je m'auto-engueulais, quoi.

  • Speaker #0

    Et tu voyais que tes copines fonctionnaient différemment ?

  • Speaker #1

    Tu continuais de penser ?

  • Speaker #0

    Oui. Parce que juste avant, tu disais, tu as dit un truc super intéressant aussi un peu plus tôt, tu disais, mais moi, je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, donc c'est vrai que je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça. Donc, moi, je n'en parlais pas. Parce que je me disais, en fait, c'est normal d'avoir ces pensées-là. C'est normal de faire toujours hyper attention à ce qu'on mange, d'être aussi mal dans son corps. Oui, pour moi, tout ça, c'était normal.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu traverses le lycée de cette manière-là, et du coup tu dis c'est à la fac, en fait la fac ça correspond à la période Covid pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors pas les deux premières années de fac, les deux premières années de fac, toujours pareil, rapport à mon corps hyper compliqué, en plus j'arrête le sport, donc voilà ça se voit un petit peu plus si on veut, enfin là pour le coup. Je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport. Donc forcément, moi, je prends du poids et je ne suis vraiment pas bien dans mon corps. Mais à la fois, ça ne me bloque pas du tout pour manger ce que je veux. Au contraire, je pense que j'ai encore moins de pensées liées à ça, etc.

  • Speaker #0

    Ah, intéressant.

  • Speaker #1

    Ouais. Non, non, franchement... J'avais plus du tout ce truc de me dire ça va te faire grossir ou quoi. Plus, je sais que ce n'est pas bon de manger McDo tous les jours, parce que ça m'est arrivé pendant longtemps. On allait beaucoup au bar avec des amis, donc du coup, après le bar, l'habituel, c'était le McDo. Donc du coup, c'était plutôt oui, je sais que ce n'est pas forcément très bon pour la santé. Mais il n'y avait plus ce lien forcément avec ça va te faire grossir ou c'est gras, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Parce que tu dis, excuse-moi, j'ai plein de questions qui me viennent. Quand tu dis je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport et donc je grossis. Ça, c'est ton vécu du moment ou c'est encore la façon dont tu le vois avec le recul ? Parce que forcément, moi, j'ai envie d'aller te dire, attends, c'est quoi manger n'importe quoi ?

  • Speaker #1

    C'est n'importe quoi, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que c'était ce que tu te disais à l'époque ? Ou ce que tu te dis maintenant ? Ou les deux ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était vraiment plus santé. Dans le sens, je sais que... boire des bières tous les jours, manger McDo tous les jours, ne pas faire de sport, parce qu'en plus, j'habitais juste à côté de la fac, donc vraiment, il y avait très peu de sorties. Donc à l'époque, c'était plus un aspect santé. Aujourd'hui, malheureusement, c'est plus moi qui pose ce regard de « Ah non, ce n'est pas bien, tu ne faisais pas de sport, tu ne mangeais pas correctement, etc. »

  • Speaker #0

    Ok, donc du coup, il y a cette phase-là. Donc, tu disais les deux premières années de fac.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et après, donc, 2019, le Covid arrive. Et donc, on est tous confinés. Et je passe énormément d'activités dans le sens que je suis toujours à droite, à gauche. Je suis avec mes parents. Et je me dis, bon, il va falloir que je m'occupe un peu. Et donc... Je me mets à faire, je refais du sport. Ça me fait beaucoup de bien pendant le Covid, etc. Par contre, du coup, j'ai aussi, je pense, plus le temps de regarder mon corps. Et là, je me dis, mais en fait, j'ai pris beaucoup de poids, etc. Donc, je me dis, je vais faire un peu attention à ce que je mange. Et en fait, ça vient très progressivement. C'est-à-dire que... Je fais un peu attention à ce que je mange. En parallèle, j'en parle avec des amis qui me disent que oui, effectivement, elles ont toujours su, surtout une, qui a connu une personne qui était anorexique et qui m'a toujours dit que j'avais un problème avec l'alimentation. Mais pareil, pour le coup, c'était plus du déni. Je commence à me restreindre, mais du coup, à côté de ça, il y a aussi beaucoup de crises de boulimie qui viennent, du coup.

  • Speaker #0

    Ça, c'était nouveau ? C'est le début de la boulimie ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Et en fait, la boulimie vient aussi en soirée. Je me rends compte qu'il y a aussi l'alcool où je me dis, c'est marrant, quand j'ai trop bu ou trop mangé, je peux me faire vomir. Et au début, c'est drôle. Sauf que du coup, au bout d'un an, je ne vais plus en soirée parce que le lendemain, j'ai l'impression d'être une log, donc je ne fais plus de sport. Je n'ai pas le contrôle sur ce que je mange le lendemain, c'est-à-dire que je vais passer ma journée à manger. Et donc je me rends compte qu'en fait, ce n'est pas bon. Donc du coup, j'arrête de boire, je fais du sport tous les jours, je ne mange plus grand-chose. Et à côté de ça, du coup, dès que je me retrouve toute seule, je fais beaucoup de crises de boulimie et je pars à Paris. Et à ce moment-là, mon copain fait... un peu attention à ce qu'ils mangent. Ma coloc fait aussi attention à ce qu'elle mange. Et moi, je suis là-dedans et en fait, je n'ai plus de repères sur l'alimentation. Et donc, encore une fois, je me dis, ah ouais, en fait, c'est vraiment le quotidien de tout le monde. Vraiment, c'est zéro gras. Il faut faire hyper attention à ce qu'on mange tout le temps, tout le temps. Et donc, moi, je m'affame et je me dis, oui, il faut vraiment que je fasse hyper gaffe à ce que je mange. Et sauf que du coup, dès que je me retrouvais toute seule, c'était crise sur crise. Et il y a un soir à 4h du matin, il n'y avait pas ma coloc et j'avais fait des crises toute la journée. Alors quand je dis crise, en fait, c'est je mangeais, je vomissais, je mangeais, je vomissais. Et donc, j'ai appelé mes parents en larmes, allongés sur le sol parce que j'étais... En fait, j'ai l'impression que j'allais mourir à force de me faire vomir. C'était un cercle vicieux, je n'arrivais pas à m'arrêter. Et là, du coup, je leur ai tout dit parce qu'ils avaient par contre remarqué Ça, c'est en février que je les appelle. Et en décembre, tout le monde avait remarqué que j'avais perdu du poids, mais c'était plus malheureusement un compliment. « Ah ouais, t'as perdu du poids, ça te va bien, machin ? » Mais bon, déjà, à la fac, pour le coup, à Paris, je voyais bien que j'avais un problème et on commençait à me le dire. Et en février, je suis rentrée à Lyon, parce que j'étais à Paris, mes parents sont à Lyon. Et donc, j'ai commencé à faire de l'hôpital de jour. On essayait un peu de remettre un cadre. Sauf qu'en fait, moi, j'étais vraiment dans un truc de... Je ne suis jamais assez maigre. On me disait, tu portionnes tes repas pour être sûre d'avoir un peu tes apports. Sauf que moi, j'étais dans le truc de... Non, je ne veux pas avoir d'apports parce que je veux maigrir. Donc, ça ne me sert à rien. Et bref, j'ai perdu du poids comme ça. Et je suis rentrée en hospitalisation complète pendant six mois à Lyon. J'en suis sortie... pour un break motivationnel. Parce qu'en fait, je ne prenais pas de poids. Je ne voulais pas en prendre. Et au bout de deux mois de break, c'était convenu que je devais revoir mon psychiatre, savoir si je rentrais à la clinique ou pas. Je n'ai pas repris de poids, mais je n'en ai pas perdu. Et donc, je me suis dit, en fait, l'extérieur, c'est beaucoup mieux. je suis beaucoup plus motivée. C'est hyper difficile d'être à l'extérieur parce que pendant six mois, t'es encadrée et t'es qu'avec des personnes qui te comprennent parce que toutes les patientes sont comme toi. Donc, tu peux parler un peu de tes difficultés. Donc, ça fait du bien. Et puis, t'es un peu dans un cocon, t'es protégée. Moi, je le voyais vraiment comme ça. Et c'était rassurant parce qu'il y avait aussi un cadre alimentaire. Donc, on ne pouvait pas ni trop prendre ni pas assez. Pour le coup, c'était très agréable. Moi, je l'ai plutôt bien vécu. Mais je savais qu'à l'extérieur, ce serait plus dur. Mais ça allait aussi plus me motiver. Parce que la vraie vie, c'était à l'extérieur. Ce n'était pas manger comme ça. Ce n'était pas ça.

  • Speaker #0

    Et là, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça, c'était en

  • Speaker #0

    2022. Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    De juin à décembre 2022.

  • Speaker #0

    Et il y a une question que je me pose en entendant tout ce que tu trouvais dans cet hospice. Six mois, c'est long. Quand tu dis, bah oui, avec les autres, il y a une forme de compréhension, est-ce que tu crois pas qu'il y avait aussi quelque chose qui te maintenait un peu, tu sais, un peu aussi de compétition par rapport au poids ? Faut pas être celle qui reprend trop ? T'as pas ressenti ça, toi, en hospice ?

  • Speaker #1

    Alors, personnellement, pas du tout, parce qu'en fait, et je pense que pour beaucoup, il n'y a pas du tout de compétition, parce qu'on est tellement... Enfin, moi, en tout cas, je me voyais tellement... énormes que pour moi elles étaient toutes beaucoup plus minces que moi quoi. Et en fait même maintenant avec le recul je me dis en fait c'était moi la maître du groupe quoi. Donc non il n'y avait pas de compétition et même j'ai recommencé à manger certaines choses grâce à des personnes que je voyais qui arrivaient à faire l'effort. Je me disais bah moi aussi en fait faut que je le fasse. Voilà j'ai aussi eu la sonde donc il y avait la carotte bah tu manges pas c'est très simple on t'enlève pas la sonde donc Donc, personnellement, en tout cas, il n'y a pas du tout eu cette compétition là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    c'est cool. Par contre, moi, du coup, j'étais aussi hyper active. Et de voir des personnes qui marchaient ou qui faisaient du sport dans leur chambre, moi, c'était quelque chose, pour le coup, j'avais envie de faire comme elles. Donc ça, ça a été très difficile aussi à gérer.

  • Speaker #0

    Ok, et donc tu sors ? tu te dis bon ok c'est plus motivant c'est à la fois plus difficile et comment ça se passe alors pour toi dans les semaines et mois qui suivent ta sortie ouais alors pareil j'adopte,

  • Speaker #1

    enfin j'adopte pas j'achète un chien parce que en gros pendant ces 6 mois la première fois où je sors d'hospice j'arrêtais pas de dire à mes parents que je voulais un chien etc et et m'avait dit on verra, on verra. Et la première fois que je sors, donc c'est une permission, on appelle ça, je croise un bigueule et je me mets à pleurer tellement je suis trop contente de le voir, etc. Et j'ai de la chance, du coup, mes parents acceptent que j'ai un bigueule. Et donc, je sors, je l'ai. Je fais du coup à nouveau de l'hôpital de jour. Donc là, je suis suivie une fois par semaine. J'ai aussi beaucoup de groupes de parole. Je vois une infirmière toutes les semaines. J'ai une psychologue. Je suis très suivie. Ça se passe bien. Mais moi, j'idéalise beaucoup ce moment-là parce que je ne reprends pas de poids. Donc, ça me va bien. Je suis toujours en alimentation très cadrée. Du coup, c'est fonctionnement clinique. Mais... Pour le coup, ça me va bien parce que j'ai les avantages, c'est-à-dire que je suis avec mes proches, et à la fois les avantages de la maladie, c'est-à-dire que je ne reprends pas de poids. Par contre, c'est très fatiguant en fait, parce que j'ai un IMC toujours très bas, donc faire comme tout le monde et faire semblant d'être comme tout le monde, ça me fatigue énormément.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de crise, il n'y a rien du tout. Et par contre, à partir de mai, je recommence à perdre beaucoup de poids. Et donc là, l'hospitalisation se pose. Sauf que moi, j'avais fait toutes les démarches pour repartir à Paris, justement, et reprendre mon master. Et donc là, je me dis non, non, en fait, ce n'est pas possible. Donc, au mois de juillet, le soir... C'est un peu ce qu'on appelle la faim extrême. Le soir, j'ai super faim, donc je me dis que ce n'est pas grave. Je mange, mais je ne m'inquiète pas. J'en parle à la clinique, j'en parle aussi à ma psychologue. À première vue, c'est normal. Au début, pareil, ça ne se voit pas. Je ne prends pas un gramme parce que je mange, mais je me dis que le lendemain, je ne déjeune pas, je vais faire plein de sports pour compenser, etc. Sauf qu'en fait, de plus en plus, j'ai faim, il faut que je mange, il faut que je mange. Même la nuit, ça me réveille parce qu'il faut que je mange. Et on est en août, donc j'ai arrêté l'hôpital de jour. J'étais partie en vacances et j'emménage à Paris. Et en fait, j'ai pris du poids. Je mange toutes les nuits, je me réveille pour manger. Et en fait, je fais deux fois plus de sport parce que j'ai l'impression que... J'essaye de compenser le « gros » que je mange, sauf que ça ne s'est jamais arrêté, le fait de manger la nuit. Avec en plus, comme j'étais toute seule à Paris, des crises de boulimie en journée. Et donc là, je suis au travail et c'était un peu compliqué à cacher parce que du coup, je ne fais que de manger. Je vais aux toilettes comme je peux, mais c'est très compliqué. Cette période-là ne se passe pas très bien. Cet été, je me suis refaite hospitalisée un mois pour essayer d'enlever les crises de boulimie. Ça ne m'a pas tellement aidée, ça m'a permis de remettre un cadre. Je sais que j'en suis à un stade où... où un cadre trop rigide ne me convient pas. Et au contraire, ça peut plus me... Là, pour le coup, à me dire, ben non, je ne suis pas assez maigre, donc il faut que je fasse comme toutes les autres et m'affamer, quoi. Donc, voilà. Et là, actuellement, je ne sais pas si... Enfin, je ne peux pas en parler, mais du coup, je suis suivie par une psychologue, une psychiatre et une diététicienne. Et donc... Je suis née en hôpital de jour, mais ça se passe très bien. Je dirais que moi, ce qui m'aide déjà, c'est d'avoir une diététicienne. Parce que la maladie me donne tellement d'injonctions qu'elle, elle me permet d'autoriser. Même si je le sais qu'il faut des féculents, il faut de la matière grasse, il faut se faire plaisir, etc. Je le sais, mais j'ai besoin que la diététicienne... approuvent ces choses et me disent oui c'est bon de faire ça quoi que je suis dans le vrai et qu'il faut que je continue là dessus pareil aussi ce qui m'aide et ce qui m'a aidé c'était mes proches Et d'avoir une vie normale parce que justement de me dire que bah c'est pas enfin la voie dans la vraie vie on va au restaurant dans la vraie vie on mange des cookies il ya des jours on fait pas du sport et Et les gens le vivent très bien. Donc ça, ça m'a beaucoup aidée. Et là où certaines personnes étaient plus à me cajoler, à me conforter, surtout mes parents ne voulaient pas me mettre dans des situations de stress. J'ai mon copain qui, par exemple, avec lui, c'était plutôt, « Non, mais tu n'as pas envie d'aller au resto, on y va quand même. Ça fait partie du deal. Moi, ça me fait plaisir. Toi, ça va te faire plaisir, etc. » Et en fait, du coup... petit à petit aussi, ça c'est des choses que j'ai beaucoup plus banalisées, le fait d'aller au restaurant, etc. Enfin, ça a été très progressif, mais c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont aidée.

  • Speaker #1

    Et comment tu qualifierais la relation que tu as avec ton corps aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh bien, bizarrement, quand même, mieux qu'avant, mieux que même quand j'étais à un poids très très bas. Déjà parce que du coup, quand j'étais à un poids très très bas, même sans gras, moi j'avais l'impression que... C'est la fin du monde. Et puis, en fait, je ne m'autorisais rien. Je me disais, un petit truc, ça va se voir. Là, aujourd'hui, c'est quand même déjà plus facile. Alors, aujourd'hui... Pour le contexte, je fais quand même toujours malheureusement pas mal de crises de boulimie et je fais toujours beaucoup de sport. Mais déjà, le sport, c'est plus, on va dire, pour mon bien-être mental que pour un bien-être physique, même si ça m'aide quand même au quotidien aussi à accepter ce que je mange, je ne vais pas mentir. Mais en tout cas, par rapport à mon corps, je l'accepte beaucoup plus. Et je me dis, ce n'est pas parce que je mange deux croissants que c'est la fin du monde. Ça ne va pas se voir. Ce qui compte, c'est vraiment l'équilibre. Donc, c'est quand même beaucoup plus facile. Et puis, aussi, je pense quand même... J'ai vu aussi une différence dans le regard des gens. C'est-à-dire que quand j'étais très mince, enfin très maigre, c'était plus tout le monde me regardait. Et moi, là où je croyais qu'en fait... Moi, j'avais l'impression qu'on me regardait parce que j'étais trop grosse. En fait, les gens me regardaient plutôt parce que j'étais trop maigre. Et les gens posaient un regard plus inquiet, comme si j'étais une enfant. Alors que là, actuellement, c'est aussi difficile parce que du coup, on est traité comme une femme de 25 ans et pas comme Victoria qui a 12 ans. Donc, c'est à la fois difficile à en sortir, mais à la fois, ça fait du bien de se sentir considérée à l'âge qu'on a.

  • Speaker #1

    Ok. Et quel regard tu portes aujourd'hui sur ton corps d'avant, alors, toi ? Sur les phases où tu as été très maigre ?

  • Speaker #0

    Alors, très, très maigre, je me dis que ça fait peur. Ce n'est pas beau. Après, même quand... Enfin, un IMC un peu plus haut, mais toujours pas un IMC normal, pour le coup, c'est vrai que des fois, j'envisse au corps.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense d'ailleurs que je n'aurais pas réussi à reprendre du poids autrement qu'en passant par des crises de boulimie.

  • Speaker #1

    Oui. En fait. Oui, je pense que la... Je ne sais pas bien comment le nommer, mais du coup, je vais dire, allez, la voie de l'anorexie ou la part anorexique a encore une certaine puissance. Oui. C'est ce que j'entends dans ce que tu dis. Et c'est ce qui fait que les crises de boulimie sont encore là, de toute façon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu le confirmes en disant, je n'aurais pas pu reprendre du poids sans passer par les crises de boulimie. Oui, parce que c'est trop compliqué de lâcher prise sur l'alimentation et d'envisager de venir à ce qui est ton poids d'équilibre, en fait. Oui. C'est ça qui est compliqué aussi dans ton cas, c'est que c'est venu tellement tôt, tout ça, que tu n'as pas de repère sur ce que peut être ton poids d'équilibre.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que là, ça fait plusieurs mois, je dirais même un an et demi, que je suis à un poids d'équilibre. Là, récemment, comme il y a eu beaucoup plus de crises, je sais que j'ai pris un peu de poids, donc ce n'est pas forcément mon poids d'équilibre. Mais je pense quand même qu'à un moment, je le touche un peu du doigt.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu entends, toi, par poids d'équilibre ?

  • Speaker #0

    Manger ce que je veux en quantité qui me rassasie, sans forcément faire trop de sport, sans ma famille, etc. Oui, ce n'est pas forcément un IMC normal, mais c'est un poids stable. en tout cas, et où je puisse manger ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, est-ce que tu as déjà été dans ce cas-là où tu mangeais ce que tu voulais sans chercher à réguler aussi tes prises alimentaires par des vomissements ou du sport ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est compliqué à dire. En fait, je trouve que la confusion aussi sur le poids d'équilibre, c'est cette notion de stabilité. Effectivement, le poids d'équilibre est stable. Pour autant, il y a des femmes qui vont être stables à un poids pendant 10 ans et ce n'est peut-être pas tout à fait leur poids d'équilibre. Généralement, si tu es stable pendant 10 ans et que tu n'es pas non plus dans un type d'anorexie ou quoi, tu n'es pas très loin du poids d'équilibre. Mais peut-être que le poids d'équilibre, il est genre 2 kilos au-dessus, 2,30 kilos au-dessus. Et qu'en fait, tout le contrôle qui subsiste autour de l'alimentation permet de rester juste en dessous. Mais tu peux être stable. Mais ne pas être à ton poids d'équilibre, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, tu as raison. Oui, et notamment quand j'étais dans la anorexie, je pense pendant bien un an et demi, j'ai été malheureusement trop stable en bas. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, après, il suffit de prendre le recul, tu regardes le poids, ok, il est stable, tu regardes la vie qu'a la meuf, tu dis, ah oui, non,

  • Speaker #0

    ok,

  • Speaker #1

    non, ça ne doit pas être ça, le poids d'équilibre. Donc en fait, ton corps, si je parle de ça, c'est parce qu'il y a quand même quelque chose, et tu vois ça, Ça, ça aurait été chouette que quelqu'un puisse te le dire quand tu avais 10 ans, 11 ans, tu vois. Qu'en fait, ton corps, ce n'est pas ton ennemi, que tu n'es pas censé aller le contrôler, le gérer, et que tu as une morphologie qui est prédéfinie, avec un poids d'équilibre, et que ton corps, il va juste chercher à t'y emmener. Et que si en mangeant à ta faim, en écoutant ta faim, et en mangeant au rassasiement, tu prends du poids, c'est que tu es en dessous de ton poids d'équilibre. Mais ce n'est pas que, mon Dieu, mon corps, je ne peux pas lui faire... confiance, je dois le restreindre.

  • Speaker #0

    Non, t'as vraiment raison. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Commencez d'imaginer que peut-être tu redescendras jamais au corps. Tu sais, des fois, tu idéalises un peu, pas le corps trop, trop maigre, mais tu disais, t'es quand même dans un poids plus bas. Ou si je devais poser la question différemment, c'est est-ce que tu espères reperdre du poids, parfois ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a toujours dans ma tête ce truc de... J'étais mieux avant. Après, je ne me souhaite pas de... Parce que pour l'avoir expérimenté, déjà avec cet été, j'ai toujours ce truc de... Cette euphorie à perdre du poids. Donc, je sais que... Oui, je me dis souvent, si je perdais un ou deux kilos... Je me le dis même tous les jours, soyons honnêtes. Mais du coup, je me dis oui si je perdais un ou deux kilos. Mais à la fois, je sais très bien que ces un ou deux kilos, ce serait le début de trois, quatre kilos, cinq, six kilos derrière. Donc, je pense qu'il ne faut pas que je perde du poids.

  • Speaker #1

    Et quand tu dis si je perdais un ou deux kilos, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Rien en plus. Non, parce que comme je dis, ça ne me suffirait pas. Oui, non.

  • Speaker #1

    Oui, et même sans... Je trouve que c'est très juste, ce que tu dis, d'avoir cette conscience de très bien savoir que ça ne te suffira pas et qu'en fait, c'est juste le début de l'engrenage. Mais même sans aller jusqu'à cette réflexion-là, juste se dire, OK, je voudrais bien perdre un ou deux kilos. OK, qu'est-ce qui sera différent ? Qu'est-ce que ça t'apportera ? En quoi ta vie sera meilleure si demain, tu fais un ou deux kilos de moins ?

  • Speaker #0

    Je me dis peut-être moi face au miroir, mais je ne suis même pas sûre, surtout qu'à un ou deux kilos... Pas sûr que ça se voit beaucoup.

  • Speaker #1

    Et toi, face au miroir, du coup, c'est quoi ? Ça veut dire que tu te dirais des choses un peu plus gentilles ? Tu te trouverais plus jolie ?

  • Speaker #0

    Je pense, oui.

  • Speaker #1

    Et ça, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    Me sentir mieux dans mon corps.

  • Speaker #1

    Ok, donc si tu perdais un ou deux kilos, tu te regarderais peut-être dans le miroir en te trouvant plus jolie, ce qui te permettrait de te sentir mieux dans ton corps. Et le fait de te sentir mieux dans ton corps, ça t'apporterait quoi ? Ça te permettrait de faire quoi ?

  • Speaker #0

    je dirais de la confiance en moi et encore une fois comme c'est un peu tu l'as super bien dit comme c'est assez identitaire tout ça tous ces troubles dans mon quotidien il y a plein de choses qui me bloquent que je bloque parce que je me dis tu peux pas faire ça tu peux pas parler aux gens parce que Parce que t'es trop grosse. Ou alors, des fois, j'ai l'impression que les gens autour de moi parlent de mon corps.

  • Speaker #1

    OK. Et donc, du coup, t'imagines que ça pourrait... Quand t'as envie de perdre un ou deux kilos, tu t'imagines que finalement, ça t'apporterait plus de confiance en toi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et j'allais te dire, et à quoi ça te servirait ? Et donc, t'as répondu à la question, ça te servirait à faire tout ce que tu t'empêches de faire aujourd'hui, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui. Et à la fois, c'est... Oui. Hyper paradoxal parce que là, je sais qu'avec le corps que j'ai actuellement, ça me permet de faire tellement plus de choses qu'un poids plus bas. Déjà, oui, pour arriver à perdre du poids, en fait, ça nécessite des contraintes et de faire des concessions. Typiquement, je veux manger une crêpe avec des amis. Ah ben non ! Je vais aller au restaurant, c'est pas prévu, bah non. ça revient à absolument tout contrôler et du coup, pas forcément profiter de la vie. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Mais au-delà de ça, si on revient à cette histoire d'avoir plus confiance en toi en faisant un ou deux kilos de moins et faire tout ce que tu n'oses pas faire, tu as déjà fait un ou deux kilos de moins. Est-ce que du coup, tu faisais ce que tu t'interdis de faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ok, donc peut-être que ça ne se situe pas du tout là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Moi, franchement, j'ai envie de t'inviter à peut-être lister tout ce que tu aimerais faire et que tu n'oses pas faire. Que ce soit en lien avec ton corps ou pas, d'ailleurs. Mais voilà, je pense qu'il y a beaucoup de choses, de toute façon, qui vont être en lien avec ton corps,

  • Speaker #0

    ton physique.

  • Speaker #1

    Lister toutes ces choses-là et puis de réfléchir à comment tu pourrais en mener une à bien. Ce ne sera peut-être pas du jour au lendemain. Si c'est oser aller parler à quelqu'un que tu ne connais pas dans une soirée ou je ne sais pas quoi, peut-être que ça va te demander plein d'étapes. C'est-à-dire que pour arriver à ça, peut-être que ce sera d'aller oser parler à quelqu'un que tu connais dans une soirée ou peut-être oser te mettre pas loin de quelqu'un que tu connais dans une soirée. L'idée, ce n'est pas non plus de se faire du mal, c'est d'y aller petit à petit. Mais en gros, je pense qu'effectivement, il y a un truc hyper identitaire qui s'est inscrit. en toi et que c'est hyper important de le comprendre, c'est hyper important de faire tout un travail, de continuer tout un travail autour de ton comportement alimentaire, tout ça mais je crois que ça pourrait vachement t'aider d'aller te prouver à toi-même que tout ça c'est du fake en fait, que tout ça c'est faux et que tout ça ça n'a aucun sens et pour te le prouver, il faut aller le vivre tu vois c'est un peu comme quand j'accompagne des personnes à réintroduire des aliments qui seraient interdits, qui seraient vraiment catégorisés et tout. Et en fait, réintroduire les aliments et se prouver que en fait, on peut les manger sans faire de crise. En fait, on peut les manger sans prendre 10 kilos. En fait, tu vois, et du coup, tu le vis dans ton corps, quoi. Et tu te dis, mais quoi ? Mais c'est donc vrai.

  • Speaker #0

    On m'a menti toutes ces années.

  • Speaker #1

    Et du coup, de te rendre compte que tu... Tu peux aller parler aux gens, que tu peux faire tout un tas de choses que tu t'empêches de faire dès aujourd'hui et que ça n'a absolument aucun lien avec ton corps, que tu pourrais faire 10 kilos de moins comme 50 de plus, que ça ne jouerait rien. Et en fait, d'aller les vivre et de le vivre dans tes tripes, dans ton corps, pour te rendre compte que non, mais en fait, tout ça, ça n'a pas de sens. Ça aide vachement à déconstruire tout le reste, en fait.

  • Speaker #0

    Mais complètement. Et c'est hyper intéressant parce que pendant mes thérapies, on m'a souvent proposé d'écrire des choses, etc. Et surtout pendant l'anorexie. Mais depuis, c'est vrai que je n'ai jamais refait ce travail. Et je pense que c'est hyper intéressant. Et tu es la première personne qui m'en reparle depuis que je suis sortie de la clinique. Donc, je pense que ça pourrait être intéressant à faire, oui.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un exercice souvent que je donne, tu vois, c'est ça. Tu dis, OK, je vais lister 20 choses que je m'empêche de faire. Attends, parce qu'il y en a plusieurs. Enfin, 20, d'ailleurs, alors souvent, quand je dis 20, si 20, ça te paraît beaucoup, tu en listes 50. Si 50, ça te paraît beaucoup, tu en listes 100. L'idée, c'est de ne pas se mettre de barrière. C'était un peu les... les rêves de ta vie, les choses que tu rêverais de faire, que tu adorerais de faire. Et une fois qu'elles sont listées, tu les regardes et tu te demandes en quoi ton corps joue un rôle là-dedans. Tu vois, ça aussi, c'est hyper révélateur et libérateur, ça peut l'être en tout cas, parce que tu listes les trucs que tu rêves de faire, mais si tu les regardes vraiment avec du recul, genre est-ce que vraiment mon corps m'empêche de faire ça ? Dans la majorité des cas, ton corps... Dans ta tête, oui, tu peux t'empêcher de... Mais ton corps, lui, il t'empêche de rien faire. Parce que même si tu étais une personne grosse, tu pourrais faire ces choses-là, tu pourrais parler à des gens, tu pourrais... Enfin, tu vois ? Donc oui, mais l'écriture, c'est trop bien. L'écriture, vraiment, c'est un outil qui est sous-coté. On devrait l'utiliser beaucoup, beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Tu as parlé déjà de ce qui avait été aidant pour toi. Est-ce qu'il y a d'autres choses dont tu aurais voulu parler ? Peu importe ce que c'est. Est-ce que tu as l'impression... En gros, ma question, c'est est-ce que tu as l'impression qu'on a fait un peu le tour de ce que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu avais envie d'ajouter ?

  • Speaker #0

    Du coup, peut-être pour les personnes... qui sont un petit peu dans cette situation ou qui sont même un peu plus loin encore dans le chemin de la guérison. Déjà, c'est d'en parler au maximum. Je trouve que moi, c'est ce qui m'a aidée parce que sinon, on est tout seul dans sa tête. Et en fait, c'est en en parlant qu'on voit qu'il y a des choses qui ne sont pas normales. C'est peut-être bête pour nous, mais justement, pour les... personnes qui ne souffrent pas de TCA, de voir aussi que ce n'est pas ce qu'elles pensent, ce n'est pas comme ça qu'un cerveau doit réfléchir, ça fait du bien aussi parce que c'est rassurant moi je trouve, donc d'en parler, essayer quand on peut de se faire accompagner, je trouve que ça c'est une vraie richesse et un accélérateur et je pense aussi ne pas lutter contre nous, contre ce qui se passe. Parce que de toute façon, je dirais contre nous, parce que si on a des troubles, c'est toujours la partie immergée de l'iceberg. Donc ça permet, même si on a du mal parfois à identifier ce qui ne va pas, ça permet au moins de savoir qu'il y a quelque chose annexe aux troubles qu'il faut régler. Et puis, c'est aussi une richesse parce qu'on apprend à plus se connaître. Donc, ouais. Et ne pas lutter contre aussi... Enfin, c'est aussi ce que tu disais. Moi, à lutter contre son corps et à vouloir sans cesse une recherche de quelque chose qui est atteignable, mais à quel prix ? En fait, on s'y perd et on perd du temps, on perd de l'énergie. Donc, vraiment, ne pas lutter. se laisser faire confiance aux spécialistes, à nos proches et au temps aussi parce que ça aide c'est vrai,

  • Speaker #1

    je ne peux que être d'accord avec tout ce que tu viens de dire et quand tu parlais de la richesse aussi, de tout ce qui se cache derrière ça et de tout ce qu'on peut apprendre sur soi, j'avais envie de te le dire aussi quand même du haut de tes 25 ans Tu vois, tout le recul que tu as sur toi-même, en fait, ça se sent. Alors certes, ça s'est fait dans la douleur et Ausha, peut-être que tu aurais choisi une vie un peu plus simple sans les troubles alimentaires. Mais voilà, on sent qu'il y a beaucoup de profondeur chez toi, tu vois, et beaucoup de remises en question de choses qui ont été mises au travail. Donc c'est aussi, il y a une grande richesse. qui sort de tout ça et un jour tu seras complètement libre et libéré de ces choses là mais t'auras en plus cette belle richesse et tout ce que t'auras appris sur toi donc ouais c'est vraiment chouette ouais en tout cas c'est tout ce que j'espère et

  • Speaker #0

    puis bah merci à toi parce que enfin encore une fois c'était un échange bon je pense que j'ai parlé bien 90% du temps mais c'était un échange aussi très riche et tu m'as bah encore donner des axes pour travailler et continuer sur le bon chemin.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, c'est le but tant qu'à faire. Donc trop bien, s'il y a eu des petites choses qui ont pu t'aider. Moi, je tiens à te remercier aussi de venir témoigner parce que je sais que ça va apporter beaucoup aux personnes. Je pense que tu es bien placée pour le savoir et tu le disais aussi quand tu parlais de l'hospice. C'est chouette parce que vous avez réussi à en tirer le meilleur sans avoir les inconvénients, j'ai envie de dire, à l'époque. C'est aussi ça l'idée du podcast. Même si les personnes ne sont pas ensemble au même moment, l'écoute des témoignages des autres apporte beaucoup et permet de se reconnaître, permet aussi de se sentir moins monstrueuse. Parce qu'il y a tout ça quand on est dans des crises. Merci de pouvoir offrir ça aux personnes qui écouteront.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible, et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Victoria

    02:40

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps

    03:24

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

    04:28

  • Les causes de ce mal-être

    05:45

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

    09:10

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions

    18:48

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie

    21:23

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète

    25:04

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie

    30:56

  • Hospitalisation pour boulimie

    32:38

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils

    33:13

  • Ce que Victoria aimerait vous dire

    50:25

Description

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Victoria a une histoire particulière avec les TCA puisqu’ils se sont installés très jeune, dès l’école primaire.
C’est du harcèlement scolaire qui crée le début de l’obsession autour de son corps et donc autour de ce qu’elle mange. 
S’installe alors une anorexie qui va durer pendant des années sans être vraiment nommée.
Victoria est accompagnée mais personne (ni les proches ni les pro) ne pose ce mot. D’ailleurs elle pense à ce moment-là que tout le monde fonctionne comme ça.
De ses 9 ans à ses 25 ans, le trouble alimentaire prend différentes formes entre anorexie et boulimie.
Victoria nous livre son combat, ses prises de conscience et ses demandes d’aide en toute transparence.

Un épisode d’une grande richesse, merci Victoria ! 


Au programme : 


  • Présentation de Victoria 

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps 

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

  • Les causes de ce mal-être 

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions 

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie 

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète 

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie 

  • Hospitalisation pour boulimie 

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils 

  • Ce que Victoria aimerait vous dire 





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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Victoria, bienvenue dans TCA etc. Je suis super contente de t'accueillir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, moi aussi très contente. Si je peux aider, je suis contente.

  • Speaker #0

    Bon bah parfait, on en discutait un petit peu en off avant, mais ça me semble important de... repréciser aussi le contexte de cet échange. L'idée, c'est que tu viennes témoigner de ton parcours, de tout ce que tu as pu vivre en relation avec les troubles alimentaires, l'alimentation, ton corps, etc. Ce qui me semble important de rappeler, c'est que tu es libre de dire ce que tu veux et de taire ce que tu veux aussi, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune question obligatoire, bien sûr. Parce que moi, je vais me sentir libre aussi de pouvoir, si un truc me fait tilt, de pouvoir aller te questionner, tirer certaines ficelles. Donc, il faut que tu sois vraiment tranquille avec le fait de pouvoir me dire « Ah non, ça, je n'ai pas trop envie d'y aller. » Donc, ce que je dis souvent, c'est que tu as des jokers illimités. Donc, il ne faut pas hésiter à t'en servir.

  • Speaker #1

    Ok, ça marche.

  • Speaker #0

    Et puis, voilà. Écoute, en premier lieu, je te propose de te présenter de la manière dont tu as envie de le faire.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, du coup, moi, c'est Victoria. J'ai 25 ans. Je viens de Lyon et je vis à Lyon. Je suis consultante junior dans une boîte de conseils pour les entreprises en stratégie opération. Et donc ce que j'aime particulièrement dans la vie, c'est faire du sport, lire, voyager, rigoler avec mes amis, avec mon copain, etc. Et puis, je dirais aussi bien manger parce que ça fait partie de moi aussi. Voilà.

  • Speaker #0

    OK, merci pour cette entrée en matière. Est-ce que tu as un souvenir marquant, soit le plus ancien qui te revienne ou en tout cas le plus marquant qui remonte spontanément à ta mémoire quand je te demande de te souvenir de ton rapport à la nourriture et à ton corps dans ton enfance ?

  • Speaker #1

    Alors, j'en ai deux. Un qui m'est toujours revenu et un dont je me souviens plus récemment maintenant et qui me fait écho parce que je me dis en fait, ça a toujours été un peu sous-jacent. Le premier, c'est quand j'étais en primaire. Mes deux souvenirs sont en primaire. Et en fait, je suis avec mes parents et je pleure parce qu'il faut que je m'habille. pas envie de m'habiller parce que je me sens pas bien dans mon corps, je me trouve trop grosse. Et ça, je suis très jeune, je pense que je suis en CE1 ou quelque chose comme ça. Voilà, et donc ça, c'est plutôt par rapport à mon corps. Et le deuxième, c'est, je suis au restaurant, et donc ma sœur prend des frites, et moi, je me souviens prendre des haricots verts. Et en fait, pour moi, c'était normal qu'elle, elle prenne des frites et que moi, je n'ai pas le droit inconsciemment de prendre des frites et il fallait que je prenne des légumes. Voilà, donc mes deux souvenirs qui sont très jeunes et ce n'est pas forcément des souvenirs super positifs, mais en tout cas, je dirais les premiers que j'ai en lien avec mon corps et la nourriture.

  • Speaker #0

    Ok, et on sent qu'il y avait déjà quelque chose d'hyper ancré. C'est hyper surprenant, notamment par rapport à la nourriture, qu'une enfant de cet âge-là s'impose ça d'elle-même, tu vois.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui. Parce qu'en plus, pour le coup, mes parents ne sont pas vraiment... Ma mère aime bien manger des fruits et des légumes, mais je veux dire, elle mange des féculents, elle mange absolument de tout. Alors mon père, les légumes, il ne connaît pas. Donc, enfin, c'est... Très bizarre que j'aie ça. Je ne sais même pas d'où vraiment ça vient, mais c'est comme ça.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu ne sais pas d'où ça te vient, même aujourd'hui avec le recul, ce rapport déjà à ton corps en premier lieu, le fait que tu trouvais trop grosse, que tu n'étais pas bien dans ton corps. Tu n'as pas d'idée d'où ça t'est venu ?

  • Speaker #1

    Ça, si. C'est venu surtout de harcèlement scolaire. Alors, tout est relatif parce que je pense qu'il y a eu bien pire, mais moi, en tout cas, c'est des choses dont je me souviens encore maintenant. C'est que j'ai eu quelques remarques en primaire où on me disait que j'étais grosse. Et comme par-dessus ça, on me disait... Enfin, je n'avais pas forcément beaucoup d'amis. Je me suis dit qu'il faut être mince pour avoir des amis, pour avoir des relations sociales. Et je me suis, je pense, un peu construite là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok. Et quand tu revois des photos de toi à cet âge-là, tu t'en penses quoi ? Tu étais réellement grosse ?

  • Speaker #1

    C'était normal. Franchement, j'étais normale. Du coup, il y a les courbes, j'étais normale. Alors après, on était très peu d'élèves et les filles étaient beaucoup plus minces que moi. On va dire que moi, à la limite, j'étais sur la courbe haute et elle sur la courbe basse, mais je n'étais pas en surpoids.

  • Speaker #0

    Et entre ta sœur et toi, il y avait une réelle différence de morphologie ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ça c'est vrai. Au départ, ma sœur est... Elle a une corpulence très mince, voire maigre. Et moi, je pense à vite prendre du poids. Mais pas de là à être en surpoids.

  • Speaker #0

    Ok, c'est une soeur qui est plus grande que toi ?

  • Speaker #1

    Non, elle a un an de moins que moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, vous êtes hyper proche.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ok, donc il y a quelque chose qui s'est joué assez tôt en lien avec... des moqueries, voire même du harcèlement à l'école, et tu as créé, tu dirais, une obsession ? Quelle place ça prenait pour toi, à ce moment-là, la relation à ton corps, et du coup, la relation à la nourriture qui en découlait ?

  • Speaker #1

    Bizarrement, en fait, je ne m'en rendais pas forcément compte que j'avais un problème avec tout ça. Pourtant, j'ai été suivie du coup hyper jeune. Dès le CM2, j'allais voir une diététicienne parce que... Du coup, je suis passée de normale à trop maigre. Mais moi, ce qui comptait pour moi, c'était à 8 ans, mettre des vêtements de 8 ans. À 10 ans, mettre du 10 ans. C'était assez bizarre. Et par contre, j'ai le souvenir de... Alors, pas de stresser par rapport à l'alimentation, mais en tout cas d'être très en colère dès qu'on m'imposait de manger des desserts, etc. J'étais persuadée que je n'aimais pas. Oui.

  • Speaker #0

    Ok, t'es allée voir une diététicienne autour du CM2 parce que tes parents étaient inquiets parce que tu avais beaucoup maigri ?

  • Speaker #1

    Exactement, ouais. Et qui m'a suivie jusqu'en troisième. Et puis après, tout est revenu un peu après le Covid. Donc là, j'ai carrément été hospitalisée, etc. Donc très très très suivie ensuite.

  • Speaker #0

    Ok, mais tu dirais que... Enfin, je vais poser la question différemment. À quel moment tu dirais que l'anorexie est arrivée ?

  • Speaker #1

    Je pense au SMA.

  • Speaker #0

    Oui, ok. Tu le mets bien à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui.

  • Speaker #0

    C'est assez rare. Malheureusement, il y en a de plus en plus, des enfants qui sont très tôt dans l'anorexie, mais ça reste quand même plutôt rare. Généralement, ça se déclenche plutôt autour de 12, 13 ans, 14 ans.

  • Speaker #1

    Oui. Ben, oui, moi, je sais que c'est venu assez tôt. D'ailleurs, ça a stoppé ma croissance pendant un moment. Et je sais aussi que je pense que j'aurais dû être réglée CM2 6e. Je commençais un peu à avoir de la pilosité, je mettais des brassières, etc. Et en fait, ça a tout, tout, tout arrêté. J'avais plus de pilosité. forcément, plus besoin de porter de brassière, etc., jusqu'en troisième.

  • Speaker #0

    Mais est-ce que tu peux nous raconter un peu justement comment ça s'est passé ? Parce que tu dis que cette personne, la diététicienne, t'a suivi du CM2 jusqu'en troisième. Est-ce que t'as réussi à reprendre un peu de poids ? Parce qu'en fait, tu disais, tout est revenu après le Covid.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Mais du coup, tu estimes qu'il y a eu une période un peu de rémission ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui, oui, c'est assez bizarre. Alors, en fait, je ne sais pas s'il y a de la rémission, mais c'est plutôt que j'allais voir une diététicienne, j'allais voir un psy, mais il n'y avait jamais le mot anorexie. Donc en fait j'ai découvert que j'étais anorexique je sais pas, à 22 ans quoi. Pour moi en fait tout le monde pensait comme ça, c'était normal pour tout le monde quoi. Et en plus je pense que mes parents, mes proches, comme ça m'est venu très tôt, tout le monde autour de moi était sûr que Victoria c'est celle qui mange pas trop, Victoria elle fait beaucoup de sport, elle aime pas les desserts, elle fait très attention. En fait, c'était très normalisé. Donc, je ne m'en suis pas rendue compte jusqu'à très tard. Et pour en revenir à ce que tu disais, du coup, la diététicienne, c'était plutôt, comme avec mes parents, des contrats. En fait, le matin, il faut que tu manges des céréales. Au goûter, il faut que tu aies au moins deux carrés de chocolat. Enfin, c'était plus des injonctions, mais je ne comprenais pas forcément le pourquoi du comment. Et par exemple, comme je n'avais pas vraiment de notion, c'était simplement moi des interprétations, je sais que je mangeais beaucoup de mousse de canard, je vais aller manger beaucoup de pain, ça je sais que c'est quelque chose qui est un peu diabolisé, mais moi c'est des aliments qui ne me faisaient absolument pas peur. Par contre, du sucre, de l'huile, ça c'était des choses, c'était impossible pour moi. Donc voilà, et pareil, je faisais beaucoup de danse, et donc en fait... Mes parents me disaient, si tu veux aller à la danse, il faut que tu goûtes. Des choses comme ça. Et au collège, je sais que mes amis... Moi, je disais tout le temps que je n'aimais pas. Parce que j'étais persuadée que ce n'était que des choses que je n'aimais pas. Et par contre, je me souviens que le cantinier me disait souvent, non mais Victoria, tu ne peux pas manger que ça. Il me reservait... Alors, je ne sais pas comment... Peut-être que ça se voyait parce que du coup, en tout cas en sixième, oui, ça se voyait qu'il y avait un problème. Mais après, du coup, j'ai réussi à reprendre du poids un peu petit à petit, naturellement. Au lycée, je ne me souciais absolument plus de mon poids, ni de... je ne peux pas dire de mon corps parce que je me trouvais énorme, ça c'est certain. Mais en tout cas, je n'étais pas vraiment pesée. Et à la fac, c'est revenu un peu progressivement. Et en fait, pendant le Covid, j'ai recommencé à faire... un peu de sport parce que j'avais arrêté la danse, je m'étais fait mal aux genoux, etc. Et donc, j'ai recommencé à faire un peu de sport. Puis, j'avais l'impression que ça ne changeait pas grand-chose. Donc, petit à petit, j'ai réduit tout ce que je mangeais. Et puis, de fil en aiguille, je me suis retrouvée à l'hôpital pour anorexie, avec la sonde, etc. Puis, je ne sais pas si tu veux intervenir un peu. Oui,

  • Speaker #0

    j'ai plein de questions qui me venaient. Du coup...

  • Speaker #1

    Tu dis,

  • Speaker #0

    au lycée, je ne me souciais plus trop de mon poids, mais je n'étais pas bien dans mon corps. À ce moment-là, le suivi s'était arrêté avec les diètes ?

  • Speaker #1

    Exactement. Les deux, ça s'était arrêté.

  • Speaker #0

    Et pourquoi ça s'était arrêté ?

  • Speaker #1

    Parce que déjà, le psychologue que je voyais, j'y allais aussi parce que j'étais très stressée, beaucoup de crises d'angoisse. Donc ça, ça allait mieux. Et encore une fois, on n'a jamais parlé d'alimentation ou du rapport au corps avec mon psychologue. On parlait vraiment de mon stress, de comment ça se passait, comment je gérais chez moi, à l'école, etc. Puis plein de phobies, donc on parlait surtout de choses comme ça. Et la diététicienne, j'ai arrêté en troisième parce que j'avais un poids normal. Comme moi, je ne savais pas vraiment que j'avais un problème, je me suis dit que je ne comprenais pas bien pourquoi j'y vais. Et surtout, j'avais l'impression que la semaine avant que j'aille la voir, je me restreignais énormément. J'étais hyper angoissée, de peur de voir le poids sur la balance. Ah ouais,

  • Speaker #0

    il y avait un effet inverse. Elle le savait, ça ?

  • Speaker #1

    Je ne crois pas. C'est bizarre, en fait, j'ai... Très peu de mémoire, très peu de souvenirs de toute cette période-là. Primaire, collège, c'est assez flou. Donc, je ne pourrais pas tellement en parler. Je sais que je l'avais dit à ma mère et donc, du coup, on en avait parlé comme ça du fait d'arrêter.

  • Speaker #0

    Ok, mais c'est incroyable parce que c'était... Enfin, je ne sais pas, j'ai le mot déni qui me vient. C'est-à-dire que ce n'est pas facile parce que l'anorexie, c'est souvent accompagné de déni. Mais en plus, les professionnels, personne ne l'a nommé avec toi. Enfin, je trouve ça complètement dingue,

  • Speaker #1

    quoi. Bah oui, moi aussi. Maintenant, avec le recul, je me dis, mais en fait, c'était vraiment, c'était tellement présent. Et en fait, mes parents l'avaient normalisé, mais parce que ça m'est venu très jeune. Oui,

  • Speaker #0

    c'est ce que tu disais. Tout à l'heure, tu disais ça, et il y a un mot qui m'est venu, c'est que du coup, c'était presque identitaire dans la tête des gens. Victoria, elle est comme ça.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas une pathologie qui s'est développée, c'est que Victoria, elle est comme ça. Elle fait attention, elle fait beaucoup de sport, elle a peur de grossir. Et du coup, je ne peux pas m'empêcher de me dire, mais laisse tomber. Enfin, tu vois, le côté identitaire, c'est un frein énorme à la guérison, en fait, notamment dans l'anorexie. Et je me dis, mais toi, en fait, on t'a collé au calme cette étiquette-là. Alors après, chacun fait bien comme il peut sur le moment. Il n'est pas qu'à dire qu'ils ont mal fait et tout, mais je me mets à ta place et je me dis, waouh, pas facile. Et donc, du coup, ces suivis s'arrêtent. Oui. En même temps, donc ouais, hyper bizarre. Je me dis, t'étais accompagnée, la diététicienne, elle est quand même passée à côté d'un gros morceau, quoi, parce qu'elle t'a accompagnée sur le poids et genre l'alimentation. Mais je veux dire, un TCA, c'est une question de comportement alimentaire, tu vois, et de rapport au corps. Donc bon, personne ne t'a accompagnée là-dessus, donc ça s'arrête. Du coup, la question que je me suis posée, moi, t'as parlé un peu de ton rapport au corps qui avait l'air un peu catastrophique, mais comment tu mangeais ? Pendant le lycée, est-ce que tu te souviens ? C'était quoi ton rapport à la nourriture ? Est-ce que tu étais dans le contrôle ?

  • Speaker #1

    Oui, toujours dans le contrôle. Dans le contrôle, mais capable de manger. C'est-à-dire que j'avais conscience qu'il y avait des aliments qui m'effrayaient plus, qui me faisaient plus peur. Du moins, je me disais en tout cas, non, il ne faut pas que tu les manges, il ne faut pas que tu en abuses. La plupart du temps, c'était ma mère qui me faisait mes repas. Et donc comme ça, au moins, moi, je contrôlais et je savais ce que j'allais manger. Après, encore une fois, j'avais un poids normal, mais des pensées qui, par contre, n'étaient pas forcément très normales. Je mangeais un cookie, je me disais, mais pourquoi tu as fait ça ? C'est vraiment pas bien. Je m'auto-engueulais, quoi.

  • Speaker #0

    Et tu voyais que tes copines fonctionnaient différemment ?

  • Speaker #1

    Tu continuais de penser ?

  • Speaker #0

    Oui. Parce que juste avant, tu disais, tu as dit un truc super intéressant aussi un peu plus tôt, tu disais, mais moi, je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça.

  • Speaker #1

    Oui. Oui, donc c'est vrai que je pensais que tout le monde fonctionnait comme ça. Donc, moi, je n'en parlais pas. Parce que je me disais, en fait, c'est normal d'avoir ces pensées-là. C'est normal de faire toujours hyper attention à ce qu'on mange, d'être aussi mal dans son corps. Oui, pour moi, tout ça, c'était normal.

  • Speaker #0

    Ok, donc tu traverses le lycée de cette manière-là, et du coup tu dis c'est à la fac, en fait la fac ça correspond à la période Covid pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors pas les deux premières années de fac, les deux premières années de fac, toujours pareil, rapport à mon corps hyper compliqué, en plus j'arrête le sport, donc voilà ça se voit un petit peu plus si on veut, enfin là pour le coup. Je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport. Donc forcément, moi, je prends du poids et je ne suis vraiment pas bien dans mon corps. Mais à la fois, ça ne me bloque pas du tout pour manger ce que je veux. Au contraire, je pense que j'ai encore moins de pensées liées à ça, etc.

  • Speaker #0

    Ah, intéressant.

  • Speaker #1

    Ouais. Non, non, franchement... J'avais plus du tout ce truc de me dire ça va te faire grossir ou quoi. Plus, je sais que ce n'est pas bon de manger McDo tous les jours, parce que ça m'est arrivé pendant longtemps. On allait beaucoup au bar avec des amis, donc du coup, après le bar, l'habituel, c'était le McDo. Donc du coup, c'était plutôt oui, je sais que ce n'est pas forcément très bon pour la santé. Mais il n'y avait plus ce lien forcément avec ça va te faire grossir ou c'est gras, ce genre de choses.

  • Speaker #0

    Parce que tu dis, excuse-moi, j'ai plein de questions qui me viennent. Quand tu dis je mange n'importe quoi, je ne fais plus de sport et donc je grossis. Ça, c'est ton vécu du moment ou c'est encore la façon dont tu le vois avec le recul ? Parce que forcément, moi, j'ai envie d'aller te dire, attends, c'est quoi manger n'importe quoi ?

  • Speaker #1

    C'est n'importe quoi, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que c'était ce que tu te disais à l'époque ? Ou ce que tu te dis maintenant ? Ou les deux ?

  • Speaker #1

    À l'époque, c'était vraiment plus santé. Dans le sens, je sais que... boire des bières tous les jours, manger McDo tous les jours, ne pas faire de sport, parce qu'en plus, j'habitais juste à côté de la fac, donc vraiment, il y avait très peu de sorties. Donc à l'époque, c'était plus un aspect santé. Aujourd'hui, malheureusement, c'est plus moi qui pose ce regard de « Ah non, ce n'est pas bien, tu ne faisais pas de sport, tu ne mangeais pas correctement, etc. »

  • Speaker #0

    Ok, donc du coup, il y a cette phase-là. Donc, tu disais les deux premières années de fac.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et après, donc, 2019, le Covid arrive. Et donc, on est tous confinés. Et je passe énormément d'activités dans le sens que je suis toujours à droite, à gauche. Je suis avec mes parents. Et je me dis, bon, il va falloir que je m'occupe un peu. Et donc... Je me mets à faire, je refais du sport. Ça me fait beaucoup de bien pendant le Covid, etc. Par contre, du coup, j'ai aussi, je pense, plus le temps de regarder mon corps. Et là, je me dis, mais en fait, j'ai pris beaucoup de poids, etc. Donc, je me dis, je vais faire un peu attention à ce que je mange. Et en fait, ça vient très progressivement. C'est-à-dire que... Je fais un peu attention à ce que je mange. En parallèle, j'en parle avec des amis qui me disent que oui, effectivement, elles ont toujours su, surtout une, qui a connu une personne qui était anorexique et qui m'a toujours dit que j'avais un problème avec l'alimentation. Mais pareil, pour le coup, c'était plus du déni. Je commence à me restreindre, mais du coup, à côté de ça, il y a aussi beaucoup de crises de boulimie qui viennent, du coup.

  • Speaker #0

    Ça, c'était nouveau ? C'est le début de la boulimie ?

  • Speaker #1

    Ouais, ouais, ouais. Et en fait, la boulimie vient aussi en soirée. Je me rends compte qu'il y a aussi l'alcool où je me dis, c'est marrant, quand j'ai trop bu ou trop mangé, je peux me faire vomir. Et au début, c'est drôle. Sauf que du coup, au bout d'un an, je ne vais plus en soirée parce que le lendemain, j'ai l'impression d'être une log, donc je ne fais plus de sport. Je n'ai pas le contrôle sur ce que je mange le lendemain, c'est-à-dire que je vais passer ma journée à manger. Et donc je me rends compte qu'en fait, ce n'est pas bon. Donc du coup, j'arrête de boire, je fais du sport tous les jours, je ne mange plus grand-chose. Et à côté de ça, du coup, dès que je me retrouve toute seule, je fais beaucoup de crises de boulimie et je pars à Paris. Et à ce moment-là, mon copain fait... un peu attention à ce qu'ils mangent. Ma coloc fait aussi attention à ce qu'elle mange. Et moi, je suis là-dedans et en fait, je n'ai plus de repères sur l'alimentation. Et donc, encore une fois, je me dis, ah ouais, en fait, c'est vraiment le quotidien de tout le monde. Vraiment, c'est zéro gras. Il faut faire hyper attention à ce qu'on mange tout le temps, tout le temps. Et donc, moi, je m'affame et je me dis, oui, il faut vraiment que je fasse hyper gaffe à ce que je mange. Et sauf que du coup, dès que je me retrouvais toute seule, c'était crise sur crise. Et il y a un soir à 4h du matin, il n'y avait pas ma coloc et j'avais fait des crises toute la journée. Alors quand je dis crise, en fait, c'est je mangeais, je vomissais, je mangeais, je vomissais. Et donc, j'ai appelé mes parents en larmes, allongés sur le sol parce que j'étais... En fait, j'ai l'impression que j'allais mourir à force de me faire vomir. C'était un cercle vicieux, je n'arrivais pas à m'arrêter. Et là, du coup, je leur ai tout dit parce qu'ils avaient par contre remarqué Ça, c'est en février que je les appelle. Et en décembre, tout le monde avait remarqué que j'avais perdu du poids, mais c'était plus malheureusement un compliment. « Ah ouais, t'as perdu du poids, ça te va bien, machin ? » Mais bon, déjà, à la fac, pour le coup, à Paris, je voyais bien que j'avais un problème et on commençait à me le dire. Et en février, je suis rentrée à Lyon, parce que j'étais à Paris, mes parents sont à Lyon. Et donc, j'ai commencé à faire de l'hôpital de jour. On essayait un peu de remettre un cadre. Sauf qu'en fait, moi, j'étais vraiment dans un truc de... Je ne suis jamais assez maigre. On me disait, tu portionnes tes repas pour être sûre d'avoir un peu tes apports. Sauf que moi, j'étais dans le truc de... Non, je ne veux pas avoir d'apports parce que je veux maigrir. Donc, ça ne me sert à rien. Et bref, j'ai perdu du poids comme ça. Et je suis rentrée en hospitalisation complète pendant six mois à Lyon. J'en suis sortie... pour un break motivationnel. Parce qu'en fait, je ne prenais pas de poids. Je ne voulais pas en prendre. Et au bout de deux mois de break, c'était convenu que je devais revoir mon psychiatre, savoir si je rentrais à la clinique ou pas. Je n'ai pas repris de poids, mais je n'en ai pas perdu. Et donc, je me suis dit, en fait, l'extérieur, c'est beaucoup mieux. je suis beaucoup plus motivée. C'est hyper difficile d'être à l'extérieur parce que pendant six mois, t'es encadrée et t'es qu'avec des personnes qui te comprennent parce que toutes les patientes sont comme toi. Donc, tu peux parler un peu de tes difficultés. Donc, ça fait du bien. Et puis, t'es un peu dans un cocon, t'es protégée. Moi, je le voyais vraiment comme ça. Et c'était rassurant parce qu'il y avait aussi un cadre alimentaire. Donc, on ne pouvait pas ni trop prendre ni pas assez. Pour le coup, c'était très agréable. Moi, je l'ai plutôt bien vécu. Mais je savais qu'à l'extérieur, ce serait plus dur. Mais ça allait aussi plus me motiver. Parce que la vraie vie, c'était à l'extérieur. Ce n'était pas manger comme ça. Ce n'était pas ça.

  • Speaker #0

    Et là, c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça, c'était en

  • Speaker #0

    2022. Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    De juin à décembre 2022.

  • Speaker #0

    Et il y a une question que je me pose en entendant tout ce que tu trouvais dans cet hospice. Six mois, c'est long. Quand tu dis, bah oui, avec les autres, il y a une forme de compréhension, est-ce que tu crois pas qu'il y avait aussi quelque chose qui te maintenait un peu, tu sais, un peu aussi de compétition par rapport au poids ? Faut pas être celle qui reprend trop ? T'as pas ressenti ça, toi, en hospice ?

  • Speaker #1

    Alors, personnellement, pas du tout, parce qu'en fait, et je pense que pour beaucoup, il n'y a pas du tout de compétition, parce qu'on est tellement... Enfin, moi, en tout cas, je me voyais tellement... énormes que pour moi elles étaient toutes beaucoup plus minces que moi quoi. Et en fait même maintenant avec le recul je me dis en fait c'était moi la maître du groupe quoi. Donc non il n'y avait pas de compétition et même j'ai recommencé à manger certaines choses grâce à des personnes que je voyais qui arrivaient à faire l'effort. Je me disais bah moi aussi en fait faut que je le fasse. Voilà j'ai aussi eu la sonde donc il y avait la carotte bah tu manges pas c'est très simple on t'enlève pas la sonde donc Donc, personnellement, en tout cas, il n'y a pas du tout eu cette compétition là-dessus.

  • Speaker #0

    Ok,

  • Speaker #1

    c'est cool. Par contre, moi, du coup, j'étais aussi hyper active. Et de voir des personnes qui marchaient ou qui faisaient du sport dans leur chambre, moi, c'était quelque chose, pour le coup, j'avais envie de faire comme elles. Donc ça, ça a été très difficile aussi à gérer.

  • Speaker #0

    Ok, et donc tu sors ? tu te dis bon ok c'est plus motivant c'est à la fois plus difficile et comment ça se passe alors pour toi dans les semaines et mois qui suivent ta sortie ouais alors pareil j'adopte,

  • Speaker #1

    enfin j'adopte pas j'achète un chien parce que en gros pendant ces 6 mois la première fois où je sors d'hospice j'arrêtais pas de dire à mes parents que je voulais un chien etc et et m'avait dit on verra, on verra. Et la première fois que je sors, donc c'est une permission, on appelle ça, je croise un bigueule et je me mets à pleurer tellement je suis trop contente de le voir, etc. Et j'ai de la chance, du coup, mes parents acceptent que j'ai un bigueule. Et donc, je sors, je l'ai. Je fais du coup à nouveau de l'hôpital de jour. Donc là, je suis suivie une fois par semaine. J'ai aussi beaucoup de groupes de parole. Je vois une infirmière toutes les semaines. J'ai une psychologue. Je suis très suivie. Ça se passe bien. Mais moi, j'idéalise beaucoup ce moment-là parce que je ne reprends pas de poids. Donc, ça me va bien. Je suis toujours en alimentation très cadrée. Du coup, c'est fonctionnement clinique. Mais... Pour le coup, ça me va bien parce que j'ai les avantages, c'est-à-dire que je suis avec mes proches, et à la fois les avantages de la maladie, c'est-à-dire que je ne reprends pas de poids. Par contre, c'est très fatiguant en fait, parce que j'ai un IMC toujours très bas, donc faire comme tout le monde et faire semblant d'être comme tout le monde, ça me fatigue énormément.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de crise, il n'y a rien du tout. Et par contre, à partir de mai, je recommence à perdre beaucoup de poids. Et donc là, l'hospitalisation se pose. Sauf que moi, j'avais fait toutes les démarches pour repartir à Paris, justement, et reprendre mon master. Et donc là, je me dis non, non, en fait, ce n'est pas possible. Donc, au mois de juillet, le soir... C'est un peu ce qu'on appelle la faim extrême. Le soir, j'ai super faim, donc je me dis que ce n'est pas grave. Je mange, mais je ne m'inquiète pas. J'en parle à la clinique, j'en parle aussi à ma psychologue. À première vue, c'est normal. Au début, pareil, ça ne se voit pas. Je ne prends pas un gramme parce que je mange, mais je me dis que le lendemain, je ne déjeune pas, je vais faire plein de sports pour compenser, etc. Sauf qu'en fait, de plus en plus, j'ai faim, il faut que je mange, il faut que je mange. Même la nuit, ça me réveille parce qu'il faut que je mange. Et on est en août, donc j'ai arrêté l'hôpital de jour. J'étais partie en vacances et j'emménage à Paris. Et en fait, j'ai pris du poids. Je mange toutes les nuits, je me réveille pour manger. Et en fait, je fais deux fois plus de sport parce que j'ai l'impression que... J'essaye de compenser le « gros » que je mange, sauf que ça ne s'est jamais arrêté, le fait de manger la nuit. Avec en plus, comme j'étais toute seule à Paris, des crises de boulimie en journée. Et donc là, je suis au travail et c'était un peu compliqué à cacher parce que du coup, je ne fais que de manger. Je vais aux toilettes comme je peux, mais c'est très compliqué. Cette période-là ne se passe pas très bien. Cet été, je me suis refaite hospitalisée un mois pour essayer d'enlever les crises de boulimie. Ça ne m'a pas tellement aidée, ça m'a permis de remettre un cadre. Je sais que j'en suis à un stade où... où un cadre trop rigide ne me convient pas. Et au contraire, ça peut plus me... Là, pour le coup, à me dire, ben non, je ne suis pas assez maigre, donc il faut que je fasse comme toutes les autres et m'affamer, quoi. Donc, voilà. Et là, actuellement, je ne sais pas si... Enfin, je ne peux pas en parler, mais du coup, je suis suivie par une psychologue, une psychiatre et une diététicienne. Et donc... Je suis née en hôpital de jour, mais ça se passe très bien. Je dirais que moi, ce qui m'aide déjà, c'est d'avoir une diététicienne. Parce que la maladie me donne tellement d'injonctions qu'elle, elle me permet d'autoriser. Même si je le sais qu'il faut des féculents, il faut de la matière grasse, il faut se faire plaisir, etc. Je le sais, mais j'ai besoin que la diététicienne... approuvent ces choses et me disent oui c'est bon de faire ça quoi que je suis dans le vrai et qu'il faut que je continue là dessus pareil aussi ce qui m'aide et ce qui m'a aidé c'était mes proches Et d'avoir une vie normale parce que justement de me dire que bah c'est pas enfin la voie dans la vraie vie on va au restaurant dans la vraie vie on mange des cookies il ya des jours on fait pas du sport et Et les gens le vivent très bien. Donc ça, ça m'a beaucoup aidée. Et là où certaines personnes étaient plus à me cajoler, à me conforter, surtout mes parents ne voulaient pas me mettre dans des situations de stress. J'ai mon copain qui, par exemple, avec lui, c'était plutôt, « Non, mais tu n'as pas envie d'aller au resto, on y va quand même. Ça fait partie du deal. Moi, ça me fait plaisir. Toi, ça va te faire plaisir, etc. » Et en fait, du coup... petit à petit aussi, ça c'est des choses que j'ai beaucoup plus banalisées, le fait d'aller au restaurant, etc. Enfin, ça a été très progressif, mais c'est plein de petites choses comme ça qui m'ont aidée.

  • Speaker #1

    Et comment tu qualifierais la relation que tu as avec ton corps aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Eh bien, bizarrement, quand même, mieux qu'avant, mieux que même quand j'étais à un poids très très bas. Déjà parce que du coup, quand j'étais à un poids très très bas, même sans gras, moi j'avais l'impression que... C'est la fin du monde. Et puis, en fait, je ne m'autorisais rien. Je me disais, un petit truc, ça va se voir. Là, aujourd'hui, c'est quand même déjà plus facile. Alors, aujourd'hui... Pour le contexte, je fais quand même toujours malheureusement pas mal de crises de boulimie et je fais toujours beaucoup de sport. Mais déjà, le sport, c'est plus, on va dire, pour mon bien-être mental que pour un bien-être physique, même si ça m'aide quand même au quotidien aussi à accepter ce que je mange, je ne vais pas mentir. Mais en tout cas, par rapport à mon corps, je l'accepte beaucoup plus. Et je me dis, ce n'est pas parce que je mange deux croissants que c'est la fin du monde. Ça ne va pas se voir. Ce qui compte, c'est vraiment l'équilibre. Donc, c'est quand même beaucoup plus facile. Et puis, aussi, je pense quand même... J'ai vu aussi une différence dans le regard des gens. C'est-à-dire que quand j'étais très mince, enfin très maigre, c'était plus tout le monde me regardait. Et moi, là où je croyais qu'en fait... Moi, j'avais l'impression qu'on me regardait parce que j'étais trop grosse. En fait, les gens me regardaient plutôt parce que j'étais trop maigre. Et les gens posaient un regard plus inquiet, comme si j'étais une enfant. Alors que là, actuellement, c'est aussi difficile parce que du coup, on est traité comme une femme de 25 ans et pas comme Victoria qui a 12 ans. Donc, c'est à la fois difficile à en sortir, mais à la fois, ça fait du bien de se sentir considérée à l'âge qu'on a.

  • Speaker #1

    Ok. Et quel regard tu portes aujourd'hui sur ton corps d'avant, alors, toi ? Sur les phases où tu as été très maigre ?

  • Speaker #0

    Alors, très, très maigre, je me dis que ça fait peur. Ce n'est pas beau. Après, même quand... Enfin, un IMC un peu plus haut, mais toujours pas un IMC normal, pour le coup, c'est vrai que des fois, j'envisse au corps.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Et je pense d'ailleurs que je n'aurais pas réussi à reprendre du poids autrement qu'en passant par des crises de boulimie.

  • Speaker #1

    Oui. En fait. Oui, je pense que la... Je ne sais pas bien comment le nommer, mais du coup, je vais dire, allez, la voie de l'anorexie ou la part anorexique a encore une certaine puissance. Oui. C'est ce que j'entends dans ce que tu dis. Et c'est ce qui fait que les crises de boulimie sont encore là, de toute façon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu le confirmes en disant, je n'aurais pas pu reprendre du poids sans passer par les crises de boulimie. Oui, parce que c'est trop compliqué de lâcher prise sur l'alimentation et d'envisager de venir à ce qui est ton poids d'équilibre, en fait. Oui. C'est ça qui est compliqué aussi dans ton cas, c'est que c'est venu tellement tôt, tout ça, que tu n'as pas de repère sur ce que peut être ton poids d'équilibre.

  • Speaker #0

    Je pense quand même que là, ça fait plusieurs mois, je dirais même un an et demi, que je suis à un poids d'équilibre. Là, récemment, comme il y a eu beaucoup plus de crises, je sais que j'ai pris un peu de poids, donc ce n'est pas forcément mon poids d'équilibre. Mais je pense quand même qu'à un moment, je le touche un peu du doigt.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu entends, toi, par poids d'équilibre ?

  • Speaker #0

    Manger ce que je veux en quantité qui me rassasie, sans forcément faire trop de sport, sans ma famille, etc. Oui, ce n'est pas forcément un IMC normal, mais c'est un poids stable. en tout cas, et où je puisse manger ce que je veux.

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, est-ce que tu as déjà été dans ce cas-là où tu mangeais ce que tu voulais sans chercher à réguler aussi tes prises alimentaires par des vomissements ou du sport ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est compliqué à dire. En fait, je trouve que la confusion aussi sur le poids d'équilibre, c'est cette notion de stabilité. Effectivement, le poids d'équilibre est stable. Pour autant, il y a des femmes qui vont être stables à un poids pendant 10 ans et ce n'est peut-être pas tout à fait leur poids d'équilibre. Généralement, si tu es stable pendant 10 ans et que tu n'es pas non plus dans un type d'anorexie ou quoi, tu n'es pas très loin du poids d'équilibre. Mais peut-être que le poids d'équilibre, il est genre 2 kilos au-dessus, 2,30 kilos au-dessus. Et qu'en fait, tout le contrôle qui subsiste autour de l'alimentation permet de rester juste en dessous. Mais tu peux être stable. Mais ne pas être à ton poids d'équilibre, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, tu as raison. Oui, et notamment quand j'étais dans la anorexie, je pense pendant bien un an et demi, j'ai été malheureusement trop stable en bas. Oui,

  • Speaker #1

    mais en fait, après, il suffit de prendre le recul, tu regardes le poids, ok, il est stable, tu regardes la vie qu'a la meuf, tu dis, ah oui, non,

  • Speaker #0

    ok,

  • Speaker #1

    non, ça ne doit pas être ça, le poids d'équilibre. Donc en fait, ton corps, si je parle de ça, c'est parce qu'il y a quand même quelque chose, et tu vois ça, Ça, ça aurait été chouette que quelqu'un puisse te le dire quand tu avais 10 ans, 11 ans, tu vois. Qu'en fait, ton corps, ce n'est pas ton ennemi, que tu n'es pas censé aller le contrôler, le gérer, et que tu as une morphologie qui est prédéfinie, avec un poids d'équilibre, et que ton corps, il va juste chercher à t'y emmener. Et que si en mangeant à ta faim, en écoutant ta faim, et en mangeant au rassasiement, tu prends du poids, c'est que tu es en dessous de ton poids d'équilibre. Mais ce n'est pas que, mon Dieu, mon corps, je ne peux pas lui faire... confiance, je dois le restreindre.

  • Speaker #0

    Non, t'as vraiment raison. Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Commencez d'imaginer que peut-être tu redescendras jamais au corps. Tu sais, des fois, tu idéalises un peu, pas le corps trop, trop maigre, mais tu disais, t'es quand même dans un poids plus bas. Ou si je devais poser la question différemment, c'est est-ce que tu espères reperdre du poids, parfois ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a toujours dans ma tête ce truc de... J'étais mieux avant. Après, je ne me souhaite pas de... Parce que pour l'avoir expérimenté, déjà avec cet été, j'ai toujours ce truc de... Cette euphorie à perdre du poids. Donc, je sais que... Oui, je me dis souvent, si je perdais un ou deux kilos... Je me le dis même tous les jours, soyons honnêtes. Mais du coup, je me dis oui si je perdais un ou deux kilos. Mais à la fois, je sais très bien que ces un ou deux kilos, ce serait le début de trois, quatre kilos, cinq, six kilos derrière. Donc, je pense qu'il ne faut pas que je perde du poids.

  • Speaker #1

    Et quand tu dis si je perdais un ou deux kilos, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Rien en plus. Non, parce que comme je dis, ça ne me suffirait pas. Oui, non.

  • Speaker #1

    Oui, et même sans... Je trouve que c'est très juste, ce que tu dis, d'avoir cette conscience de très bien savoir que ça ne te suffira pas et qu'en fait, c'est juste le début de l'engrenage. Mais même sans aller jusqu'à cette réflexion-là, juste se dire, OK, je voudrais bien perdre un ou deux kilos. OK, qu'est-ce qui sera différent ? Qu'est-ce que ça t'apportera ? En quoi ta vie sera meilleure si demain, tu fais un ou deux kilos de moins ?

  • Speaker #0

    Je me dis peut-être moi face au miroir, mais je ne suis même pas sûre, surtout qu'à un ou deux kilos... Pas sûr que ça se voit beaucoup.

  • Speaker #1

    Et toi, face au miroir, du coup, c'est quoi ? Ça veut dire que tu te dirais des choses un peu plus gentilles ? Tu te trouverais plus jolie ?

  • Speaker #0

    Je pense, oui.

  • Speaker #1

    Et ça, ça t'apporterait quoi ?

  • Speaker #0

    Me sentir mieux dans mon corps.

  • Speaker #1

    Ok, donc si tu perdais un ou deux kilos, tu te regarderais peut-être dans le miroir en te trouvant plus jolie, ce qui te permettrait de te sentir mieux dans ton corps. Et le fait de te sentir mieux dans ton corps, ça t'apporterait quoi ? Ça te permettrait de faire quoi ?

  • Speaker #0

    je dirais de la confiance en moi et encore une fois comme c'est un peu tu l'as super bien dit comme c'est assez identitaire tout ça tous ces troubles dans mon quotidien il y a plein de choses qui me bloquent que je bloque parce que je me dis tu peux pas faire ça tu peux pas parler aux gens parce que Parce que t'es trop grosse. Ou alors, des fois, j'ai l'impression que les gens autour de moi parlent de mon corps.

  • Speaker #1

    OK. Et donc, du coup, t'imagines que ça pourrait... Quand t'as envie de perdre un ou deux kilos, tu t'imagines que finalement, ça t'apporterait plus de confiance en toi.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Et j'allais te dire, et à quoi ça te servirait ? Et donc, t'as répondu à la question, ça te servirait à faire tout ce que tu t'empêches de faire aujourd'hui, tu penses ?

  • Speaker #0

    Oui. Et à la fois, c'est... Oui. Hyper paradoxal parce que là, je sais qu'avec le corps que j'ai actuellement, ça me permet de faire tellement plus de choses qu'un poids plus bas. Déjà, oui, pour arriver à perdre du poids, en fait, ça nécessite des contraintes et de faire des concessions. Typiquement, je veux manger une crêpe avec des amis. Ah ben non ! Je vais aller au restaurant, c'est pas prévu, bah non. ça revient à absolument tout contrôler et du coup, pas forcément profiter de la vie. Oui,

  • Speaker #1

    carrément. Mais au-delà de ça, si on revient à cette histoire d'avoir plus confiance en toi en faisant un ou deux kilos de moins et faire tout ce que tu n'oses pas faire, tu as déjà fait un ou deux kilos de moins. Est-ce que du coup, tu faisais ce que tu t'interdis de faire aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Non.

  • Speaker #1

    Ok, donc peut-être que ça ne se situe pas du tout là.

  • Speaker #0

    Oui, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Moi, franchement, j'ai envie de t'inviter à peut-être lister tout ce que tu aimerais faire et que tu n'oses pas faire. Que ce soit en lien avec ton corps ou pas, d'ailleurs. Mais voilà, je pense qu'il y a beaucoup de choses, de toute façon, qui vont être en lien avec ton corps,

  • Speaker #0

    ton physique.

  • Speaker #1

    Lister toutes ces choses-là et puis de réfléchir à comment tu pourrais en mener une à bien. Ce ne sera peut-être pas du jour au lendemain. Si c'est oser aller parler à quelqu'un que tu ne connais pas dans une soirée ou je ne sais pas quoi, peut-être que ça va te demander plein d'étapes. C'est-à-dire que pour arriver à ça, peut-être que ce sera d'aller oser parler à quelqu'un que tu connais dans une soirée ou peut-être oser te mettre pas loin de quelqu'un que tu connais dans une soirée. L'idée, ce n'est pas non plus de se faire du mal, c'est d'y aller petit à petit. Mais en gros, je pense qu'effectivement, il y a un truc hyper identitaire qui s'est inscrit. en toi et que c'est hyper important de le comprendre, c'est hyper important de faire tout un travail, de continuer tout un travail autour de ton comportement alimentaire, tout ça mais je crois que ça pourrait vachement t'aider d'aller te prouver à toi-même que tout ça c'est du fake en fait, que tout ça c'est faux et que tout ça ça n'a aucun sens et pour te le prouver, il faut aller le vivre tu vois c'est un peu comme quand j'accompagne des personnes à réintroduire des aliments qui seraient interdits, qui seraient vraiment catégorisés et tout. Et en fait, réintroduire les aliments et se prouver que en fait, on peut les manger sans faire de crise. En fait, on peut les manger sans prendre 10 kilos. En fait, tu vois, et du coup, tu le vis dans ton corps, quoi. Et tu te dis, mais quoi ? Mais c'est donc vrai.

  • Speaker #0

    On m'a menti toutes ces années.

  • Speaker #1

    Et du coup, de te rendre compte que tu... Tu peux aller parler aux gens, que tu peux faire tout un tas de choses que tu t'empêches de faire dès aujourd'hui et que ça n'a absolument aucun lien avec ton corps, que tu pourrais faire 10 kilos de moins comme 50 de plus, que ça ne jouerait rien. Et en fait, d'aller les vivre et de le vivre dans tes tripes, dans ton corps, pour te rendre compte que non, mais en fait, tout ça, ça n'a pas de sens. Ça aide vachement à déconstruire tout le reste, en fait.

  • Speaker #0

    Mais complètement. Et c'est hyper intéressant parce que pendant mes thérapies, on m'a souvent proposé d'écrire des choses, etc. Et surtout pendant l'anorexie. Mais depuis, c'est vrai que je n'ai jamais refait ce travail. Et je pense que c'est hyper intéressant. Et tu es la première personne qui m'en reparle depuis que je suis sortie de la clinique. Donc, je pense que ça pourrait être intéressant à faire, oui.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un exercice souvent que je donne, tu vois, c'est ça. Tu dis, OK, je vais lister 20 choses que je m'empêche de faire. Attends, parce qu'il y en a plusieurs. Enfin, 20, d'ailleurs, alors souvent, quand je dis 20, si 20, ça te paraît beaucoup, tu en listes 50. Si 50, ça te paraît beaucoup, tu en listes 100. L'idée, c'est de ne pas se mettre de barrière. C'était un peu les... les rêves de ta vie, les choses que tu rêverais de faire, que tu adorerais de faire. Et une fois qu'elles sont listées, tu les regardes et tu te demandes en quoi ton corps joue un rôle là-dedans. Tu vois, ça aussi, c'est hyper révélateur et libérateur, ça peut l'être en tout cas, parce que tu listes les trucs que tu rêves de faire, mais si tu les regardes vraiment avec du recul, genre est-ce que vraiment mon corps m'empêche de faire ça ? Dans la majorité des cas, ton corps... Dans ta tête, oui, tu peux t'empêcher de... Mais ton corps, lui, il t'empêche de rien faire. Parce que même si tu étais une personne grosse, tu pourrais faire ces choses-là, tu pourrais parler à des gens, tu pourrais... Enfin, tu vois ? Donc oui, mais l'écriture, c'est trop bien. L'écriture, vraiment, c'est un outil qui est sous-coté. On devrait l'utiliser beaucoup, beaucoup plus.

  • Speaker #0

    Non, non, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Tu as parlé déjà de ce qui avait été aidant pour toi. Est-ce qu'il y a d'autres choses dont tu aurais voulu parler ? Peu importe ce que c'est. Est-ce que tu as l'impression... En gros, ma question, c'est est-ce que tu as l'impression qu'on a fait un peu le tour de ce que tu avais envie de dire ? Ou est-ce qu'il y a des choses que tu avais envie d'ajouter ?

  • Speaker #0

    Du coup, peut-être pour les personnes... qui sont un petit peu dans cette situation ou qui sont même un peu plus loin encore dans le chemin de la guérison. Déjà, c'est d'en parler au maximum. Je trouve que moi, c'est ce qui m'a aidée parce que sinon, on est tout seul dans sa tête. Et en fait, c'est en en parlant qu'on voit qu'il y a des choses qui ne sont pas normales. C'est peut-être bête pour nous, mais justement, pour les... personnes qui ne souffrent pas de TCA, de voir aussi que ce n'est pas ce qu'elles pensent, ce n'est pas comme ça qu'un cerveau doit réfléchir, ça fait du bien aussi parce que c'est rassurant moi je trouve, donc d'en parler, essayer quand on peut de se faire accompagner, je trouve que ça c'est une vraie richesse et un accélérateur et je pense aussi ne pas lutter contre nous, contre ce qui se passe. Parce que de toute façon, je dirais contre nous, parce que si on a des troubles, c'est toujours la partie immergée de l'iceberg. Donc ça permet, même si on a du mal parfois à identifier ce qui ne va pas, ça permet au moins de savoir qu'il y a quelque chose annexe aux troubles qu'il faut régler. Et puis, c'est aussi une richesse parce qu'on apprend à plus se connaître. Donc, ouais. Et ne pas lutter contre aussi... Enfin, c'est aussi ce que tu disais. Moi, à lutter contre son corps et à vouloir sans cesse une recherche de quelque chose qui est atteignable, mais à quel prix ? En fait, on s'y perd et on perd du temps, on perd de l'énergie. Donc, vraiment, ne pas lutter. se laisser faire confiance aux spécialistes, à nos proches et au temps aussi parce que ça aide c'est vrai,

  • Speaker #1

    je ne peux que être d'accord avec tout ce que tu viens de dire et quand tu parlais de la richesse aussi, de tout ce qui se cache derrière ça et de tout ce qu'on peut apprendre sur soi, j'avais envie de te le dire aussi quand même du haut de tes 25 ans Tu vois, tout le recul que tu as sur toi-même, en fait, ça se sent. Alors certes, ça s'est fait dans la douleur et Ausha, peut-être que tu aurais choisi une vie un peu plus simple sans les troubles alimentaires. Mais voilà, on sent qu'il y a beaucoup de profondeur chez toi, tu vois, et beaucoup de remises en question de choses qui ont été mises au travail. Donc c'est aussi, il y a une grande richesse. qui sort de tout ça et un jour tu seras complètement libre et libéré de ces choses là mais t'auras en plus cette belle richesse et tout ce que t'auras appris sur toi donc ouais c'est vraiment chouette ouais en tout cas c'est tout ce que j'espère et

  • Speaker #0

    puis bah merci à toi parce que enfin encore une fois c'était un échange bon je pense que j'ai parlé bien 90% du temps mais c'était un échange aussi très riche et tu m'as bah encore donner des axes pour travailler et continuer sur le bon chemin.

  • Speaker #1

    Avec plaisir, c'est le but tant qu'à faire. Donc trop bien, s'il y a eu des petites choses qui ont pu t'aider. Moi, je tiens à te remercier aussi de venir témoigner parce que je sais que ça va apporter beaucoup aux personnes. Je pense que tu es bien placée pour le savoir et tu le disais aussi quand tu parlais de l'hospice. C'est chouette parce que vous avez réussi à en tirer le meilleur sans avoir les inconvénients, j'ai envie de dire, à l'époque. C'est aussi ça l'idée du podcast. Même si les personnes ne sont pas ensemble au même moment, l'écoute des témoignages des autres apporte beaucoup et permet de se reconnaître, permet aussi de se sentir moins monstrueuse. Parce qu'il y a tout ça quand on est dans des crises. Merci de pouvoir offrir ça aux personnes qui écouteront.

  • Speaker #0

    Avec plaisir.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible, et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !

Chapters

  • Présentation de Victoria

    02:40

  • Souvenir le plus marquant autour de son corps

    03:24

  • Souvenir le plus marquant autour de l’alimentation

    04:28

  • Les causes de ce mal-être

    05:45

  • Le début de l’anorexie (et le déni partagé pendant plusieurs années)

    09:10

  • L’étape de la FAC : relâchement des restrictions

    18:48

  • COVID et confinement : restrictions et début de la boulimie

    21:23

  • Hôpital de jour et hospitalisation complète

    25:04

  • L’arrivée de la faim extrême qui devient boulimie

    30:56

  • Hospitalisation pour boulimie

    32:38

  • Où elle en est aujourd’hui et mes conseils

    33:13

  • Ce que Victoria aimerait vous dire

    50:25

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