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« Tendances INNO » le podcast Innovation de Docaposte

Éducation au numérique : accompagner les jeunes dans un monde connecté | Carina Chatain (CNIL) et Nadia Amal (Docaposte)

Éducation au numérique : accompagner les jeunes dans un monde connecté | Carina Chatain (CNIL) et Nadia Amal (Docaposte)

53min |19/02/2025
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Éducation au numérique : accompagner les jeunes dans un monde connecté | Carina Chatain (CNIL) et Nadia Amal (Docaposte)

53min |19/02/2025
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Description

Un chiffre qui met en lumière l'urgence d'une éducation au numérique responsable : 90% des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux. 📱
Mais savent-ils vraiment comment s'en servir ? 🤔 

Dans cet épisode de Tendances Inno, Marine Adatto et Olivier Senot reçoivent Carina Chatain, responsable de l’éducation au numérique à la CNIL et Nadia AMAL, Directrice Adjointe du pôle Education & Famille chez Docaposte, pour parler d'éducation au numérique. 👨‍👩‍👧‍👦

💡 Au programme :

- Protéger les enfants sans les brider.

- Le rôle des parents et de l'école.

- L'importance de l'esprit critique.

- Des solutions pour un numérique responsable.

💪 Ensemble, construisons un futur numérique plus sûr !

#education #numérique #protection #CNIL #Docaposte #TendancesInno


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendance Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marine Adatto et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations, au programme des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendance Inno. Imaginez un monde où les enfants explorent le monde numérique avec aisance et sécurité. Un monde où le code devient une seconde langue et où la créativité numérique n'a pas de limite. Est-ce une réalité qui se dessine ou reste-t-elle un rêve lointain ? Pour explorer ce sujet, nous accueillons Carina Chatain, responsable de l'éducation au numérique à la CNIL, et Nadia Amal, directrice adjointe du pôle éducation et famille de Docaposte. Pour nous accompagner et partager sa vision aiguisée, Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte, est à mes côtés. Alors, comment éduquer nos enfants dans un monde numérique omniprésent ? Algorithme, libre arbitre, contrôle de ses données personnelles, danger sous-estimé ou éducation numérique à construire ? Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine. Bonjour mesdames. Deux femmes aujourd'hui pour nous parler de tech et d'éducation, domaine sensible s'il en est, en ces périodes troubles de la désinformation, du harcèlement, de l'omniprésence des réseaux sociaux et de l'installation en quelques semaines de ce trublion chat GPT dans les écoles. Carina, tu es de cette génération des diplômés de Sciences Po et de la Sorbonne, qui a passé plus de temps dans les bibliothèques que dans les discothèques. Deux mots aujourd'hui désuets, l'un par son apparente inutilité pour la jeune génération et l'autre balayé par l'évolution naturelle d'une langue vivante. Tu décris dans un article de Renaissance Numérique « La genèse est l'objectif d'EducNum, ce collectif créé en 2013 visant à, je cite, « porter et soutenir des actions visant à promouvoir une véritable culture citoyenne du numérique » . Va ce programme ! qui te tient à cœur. Nadia, de ton côté, tu œuvres chaque jour pour garantir le meilleur du numérique auprès de la communauté éducative, aux premières loges pour constater les dérives du numérique dans l'éducation. Tu ne ménages pas ta peine pour mettre en pratique les conseils de la CNIL et des Ducnum au sein des outils numériques du quotidien de quelques 18 millions de citoyens. Une heure ne sera pas trop pour explorer les liaisons parfois dangereuses du numérique et de l'éducation. Mesdames, nous vous écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour mesdames.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors, je crois que vous avez une très belle mise en avant d'Olivier pour démarrer ce que je vous propose. Et puis, on approfondira évidemment le sujet. C'est un quiz pour vraiment donner un point de vue et quelques chiffres. Donc, tout le monde joue. C'est un jeu. Est-ce que vous êtes prêts ? Première question. Quel pourcentage des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023 ? 70 %, 80 % ou plus ?

  • Speaker #2

    de 90%.

  • Speaker #3

    Je dirais 80%. Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Toi aussi, Olivier ?

  • Speaker #1

    Sachant que tu m'as dit en préparation qu'il y avait 70% des 8-10 ans, tu as plutôt 90% à 13-17.

  • Speaker #0

    Oui, 90%. 90%, c'est un chiffre de 2023, qui est issu d'une étude de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. 90% des jeunes âgés de 13-17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023. Donc un chiffre très élevé qui souligne cette omniprésence dans la vie des adolescents. Deuxième question. Quel pourcentage de parents français a déjà partagé du contenu sur leur enfant sur les réseaux sociaux ? 23%, 53% ou 71% ? Nadia.

  • Speaker #3

    53% ?

  • Speaker #2

    Oui, je dirais aussi 53%.

  • Speaker #0

    53%. Olivier, tu dis ?

  • Speaker #1

    Ça me paraît beaucoup, mais oui, je vais m'aligner à 53%.

  • Speaker #0

    53%. 53 %, c'est énorme. Donc, chiffre de 2023, c'est issu d'une étude qui est menée par l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. C'est un phénomène, c'est toi qui me l'as appris, appelé le share-hunting, je vous le dis sans accent, contraction de share et de parenting. Donc, ça consiste à partager des informations, des photos ou des vidéos de ces enfants en ligne, ce qui prend de plus en plus d'ampleur, on en reparlera tout à l'heure. Et c'est quand même une pratique qui soulève des questions importantes sur la protection de la vie privée des enfants. et les risques potentiels liés à l'exposition précoce sur Internet. Troisième question, quel pourcentage de parents d'enfants âgés de 4 à 16 ans définissent des contrôles sur les réseaux haut débit ou mobiles pour protéger leurs enfants en ligne ? 19%, 39% ou 66% ? Carina ?

  • Speaker #2

    Je dirais 39%.

  • Speaker #0

    39%. Nadia ?

  • Speaker #3

    39%.

  • Speaker #0

    On est alignés. Olivier ? On est alignés. On est alignés, c'est ça, c'est 39% en effet. Alors là, c'est une enquête qui a été menée par MATERS, qui est une organisation dédiée à la sécurité en ligne des enfants, et donc la surveillance de l'activité en ligne, un vrai sujet majeur qui est, entre autres, l'un de nos sujets d'aujourd'hui. Mais c'est aussi un sujet qu'on a posé lors de notre micro-trottoir, puisque nous sommes allés interroger le grand public. pour avoir leur avis justement sur notre sujet. Et la première question que nous avons posée est la suivante. À quel âge avez-vous commencé à utiliser les réseaux sociaux, sachant qu'en moyenne, la première inscription se fait vers 8 ans et demi ?

  • Speaker #2

    C'est super tôt. Moi, j'ai commencé personnellement vers les 14-15 ans. Et encore maintenant, avec du recul, je trouve que c'était très tôt parce que je suis encore un enfant à 14-15 ans. Donc à 8 ans, je ne suis pas OK avec ça.

  • Speaker #0

    En effet, l'idée d'avoir un enfant de 8 ans qui poste sur les réseaux sociaux, ça peut vraiment laisser perplexe, voire faire peur. On aura ensuite posé la question suivante. Près de la moitié des parents surveillent l'activité en ligne de leurs enfants. On en parlait dans le quiz. Et donc, on leur a demandé quel était l'impact sur l'autonomie numérique et la relation parents-enfants.

  • Speaker #2

    Oui, on essaye de surveiller, mais c'est vrai que c'est très intrusif de faire ça. Et en même temps, on ne peut pas les laisser faire n'importe quoi. Donc oui. On essaie de leur laisser de l'autonomie, mais assez partielle, parce que ça peut être trop dangereux de les laisser en totale autonomie.

  • Speaker #0

    Voilà, donc cette fameuse ligne fine entre « je te fais confiance » et « je te surveille de très près » . C'est vrai que d'un côté, on veut leur laisser un peu d'air, et de l'autre côté, on n'a pas du tout envie de découvrir nos enfants en live sur TikTok. Dernière question posée, et c'est une question qui revient souvent. Qui devrait s'occuper de l'éducation de nos jeunes sur leurs droits numériques ? et sur la protection de leur vie privée.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est les parents qui doivent avoir un regard dessus. C'est logique,

  • Speaker #3

    c'est eux qui élèvent leurs enfants,

  • Speaker #2

    c'est eux qui savent ce qui est bon pour leurs enfants. C'est du bon sens, en fait. Le fait que les parents surveillent ce que les enfants font sur les réseaux sociaux, ça donne un certain cadre. Pour un enfant, ça peut aussi donner un impact qui est rassurant. C'est à nous-mêmes de faire l'éducation de nos propres enfants et avoir ce qui doit être bien ou mal pour eux.

  • Speaker #0

    Donc, on voit bien que les parents ont en tête leur rôle dans l'éducation numérique. Merci. La question suivante, c'est vraiment comment être bien informé et comment pouvoir vraiment guider nos enfants. Nadia, Carina, Olivier, est-ce que vous avez des réactions déjà par rapport à ces réponses du micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Oui, peut-être une première réaction sur le phénomène de surveillance par les parents de leurs enfants lorsqu'ils sont sur le numérique. Alors bien sûr, quand il s'agit de très jeunes enfants, la protection de l'enfant doit primer. Et du coup, installer du contrôle parental, par exemple, pour essayer de voir ce que fait son enfant lorsqu'il est sur les réseaux sociaux, c'est tout à fait légitime. En revanche, au fur et à mesure que l'enfant grandit, installer une surveillance permanente de cet enfant, ça n'est pas bon. Parce qu'en fait, ça ne va pas aider l'enfant à se construire et à... à réaliser que la vie privée, c'est quelque chose de valable, que ça mérite d'être protégé. Donc l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner son enfant progressivement vers une forme d'autonomie en ligne. Donc voilà, pas de surveillance généralisée et permanente de l'enfant, surtout lorsqu'il grandit, on va dire. Mais au contraire, un dialogue avec son enfant. On lui explique, lorsqu'on veut mettre du contrôle parental, on lui explique pourquoi. Sachant que le numérique est souvent un sujet très délicat dans les familles, c'est compliqué de parler de numérique avec ses enfants parce qu'en fait les parents sont anxieux. Ils voient que leurs enfants passent beaucoup de temps en ligne. Ils ne savent pas ce qu'ils font en ligne parce qu'il faut bien réaliser que la plupart des enfants sont seuls lorsqu'ils sont sur Internet. Donc bien sûr la tentation est grande de vouloir surveiller constamment son enfant. Mais voilà, comme je l'ai dit, il faut vraiment être dans plutôt une posture de j'accompagne mon enfant et je lui fais confiance. Et puis, dernière chose, il faut quand même se mettre d'accord sur le fait que les enfants ont des droits. On est très étonnés, nous, quand on va dans des classes, rencontre des enfants dans le primaire, au collège, au lycée. On leur demande s'ils ont des droits, s'ils savent qu'ils ont des droits. Ils nous disent non. Donc voilà, c'est toujours bon de rappeler que la Convention internationale des droits de l'enfant garantit un certain nombre de droits. à tous les enfants, quel que soit leur âge, et notamment le droit à la protection de leur vie privée.

  • Speaker #0

    En effet. Nadia ?

  • Speaker #3

    Oui, peut-être pour ajouter, si je rebondis sur une phrase qu'on a entendue dans le micro-trottoir, les parents sont impliqués, mais je crois que la relation entre les écrans et les enfants, c'est un peu l'histoire de tous et la mission de tous, y compris et aussi de la communauté éducative, des associations qui interviennent aussi aujourd'hui dans les écoles. Je pense qu'on peut réussir. à travailler ce sujet qu'à partir du moment où l'ensemble des forces et des parties prenantes travaillent ensemble et c'est ce qui fait je crois que c'est un sujet en tout cas qui ne peut pas être géré aussi en dehors de l'école. Ce n'est pas qu'un sujet pour les parents je crois que l'école a un rôle fondamental dans ces enjeux là.

  • Speaker #0

    Une exemplarité aussi des adultes avec les écrans.

  • Speaker #3

    Une exemplarité, le fait d'expliquer. Je crois que les bonnes pratiques du numérique, l'école peut aussi les inculquer aux enfants et aux parents.

  • Speaker #0

    Olivier, des réactions ?

  • Speaker #1

    Les crêpes. Tous les gamins adorent faire des crêpes. Pourtant, la première fois qu'ils en font, c'est forcément avec leurs parents qui vont les guider parce que ça brûle, parce que ça peut être dangereux. Donc, le numérique, ça doit être pareil. Les parents doivent accompagner au même titre qu'ils les accompagnent pour faire des crêpes.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est un très bon exemple. Alors, Carina, de plus en plus de lois restreignent l'accès aux écrans pour les enfants. Est-ce que c'est vraiment efficace ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qu'on peut dire déjà, c'est que les enfants passent beaucoup de temps sur les écrans. À l'âge de 2-3 ans, un enfant passe déjà plusieurs heures sur un écran. quel qu'il soit. Par jour ? Par jour. Donc le chiffre est quand même évocateur. Alors oui, il y a des initiatives qui sont prises, tant du côté du législateur que des pouvoirs publics. Le Parlement, effectivement, a entrepris une proposition de loi qui vise justement à restreindre le temps d'écran des très jeunes enfants. Donc ça, c'est plutôt effectivement une bonne chose.

  • Speaker #0

    Le temps d'écran des jeunes enfants, c'est quel âge ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a une progressivité, en fait, dans l'âge et les mesures qui sont appliquées en fonction de l'âge des enfants. En gros, plus l'enfant est petit, moins il doit passer de temps devant les écrans, ce qui est déjà une recommandation par ailleurs, qui avait été notamment formulée par l'ARCOM, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique. Et puis, pour compléter ça, le rapport qui a été remis par la commission d'experts que le Président de la République a désigné, pour faire un état des lieux finalement sur les rapports entre les enfants et les écrans, donc ce rapport à la recherche du temps perdu, préconise également d'instaurer une forme de progressivité dans l'exposition des enfants aux écrans. Par exemple, il propose donc d'éviter d'exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans et effectivement plus ils grandissent, plus on peut les laisser devant les écrans. mais de façon modérée. C'est-à-dire qu'à partir de 6 ans, on ne va pas laisser un enfant toute la journée non plus devant les écrans. Donc voilà, il y a une espèce de progressivité qui doit s'installer. Mais est-ce que limiter le temps d'écran et la panacée, je ne le crois pas. D'abord, est-ce que c'est efficace ? En réalité, on a du mal à le vérifier, puisque les enfants ne sont pas devant des écrans en dehors de leur famille. Ils sont aussi devant les écrans chez eux. Donc il faudrait pouvoir... Voilà, enquêter sur ce qu'ils font chez eux, ce qui n'est vraiment pas possible. Et surtout, est-ce que c'est réaliste ? J'ai tendance à dire non, parce qu'en fait, aujourd'hui, les écrans sont partout. Donc, bien sûr qu'il faut limiter l'exposition des très jeunes enfants aux écrans. Mais à partir d'un certain âge, prenez l'interdiction plutôt que la régulation, l'accompagnement, l'éducation. Ça ne me paraît pas forcément une bonne idée. Donc, le vrai enjeu... C'est que font nos enfants lorsqu'ils sont devant les écrans ? Ce n'est pas la même chose de faire une recherche sur Internet pour préparer un exposé, lorsque son professeur a demandé à un élève de préparer un sujet, je ne sais pas, sur l'Ukraine ou sur Van Gogh. Ce n'est pas la même chose que de passer plusieurs heures par jour devant un réseau social sans finalement être conscient que ça va poser question. On sait très bien que les enfants sont plus vulnérables lorsqu'ils sont en ligne. Et donc, a priori, et notamment sur les réseaux sociaux, ils peuvent être exposés à des violences, des cyber-violences, que ce soit le cyber-harcèlement, des propos haineux. Et aussi, il y a un enjeu majeur, c'est la mise en question de leur vie privée lorsqu'ils s'exposent en ligne. Ce qu'il faut bien comprendre, et c'est ce qu'on explique nous aux jeunes quand on les rencontre, c'est que dès l'instant où ils se connectent, ils vont livrer énormément d'informations personnelles sur eux. Et ça commence avec le smartphone. Donc quand on dit l'âge moyen du premier smartphone, c'est autour de 8-9 ans. Dès cet instant-là, l'enfant, s'il n'est pas accompagné, va finalement alimenter son smartphone en des quantités de données personnelles qui sont très importantes. Ça peut être des déplacements favoris avec la géolocalisation, ça peut être des photos, ça peut être des vidéos, ça peut être même des données de santé qui sont des données sensibles au sens de la loi lorsqu'on mesure le nombre de pas qu'on fait par jour. Donc il y a vraiment ce réflexe à avoir lorsqu'on parle du numérique aux enfants, de leur expliquer que, attention, bien sûr, le numérique, il ne faut pas le diaboliser. On peut faire plein de choses très positives. On peut accéder à la connaissance, faire des recherches. C'est un outil de socialisation très important à l'adolescence. Mais il faut être conscient qu'il y a un certain nombre de précautions à prendre. si on veut éviter de se trouver confronté à des enjeux liés à ces données personnelles. Ça peut être du piratage de comptes, ça peut être du cyberharcèlement, ça peut être l'exploitation aussi commerciale de ces données.

  • Speaker #0

    Oui, donc en fait, le sujet, c'est plutôt de les guider vers une consommation responsable. Donc, il y a un vrai rôle des parents là-dedans. Tu le disais, c'est aussi un accès à la culture et au savoir. Donc, les réseaux sociaux, ça peut être un outil d'échange. Et ça, ça permet aussi de ne pas être... exclue d'un groupe encore plus quand on est à l'adolescence, en construction totale. Et le revers de la médaille, tu en as parlé rapidement, mais j'aimerais bien qu'on revienne dessus. C'est ce phénomène, justement, que c'est Shoshana Zuboff qui appelle ça le capitalisme de surveillance. Et donc, tu viens d'en parler, on laisse des traces, ça a des conséquences, on fait des pas, etc. Comment est-ce que, justement, on arrive à prendre conscience de ça quand on est jeune ? et qu'on est insouciants ?

  • Speaker #2

    Quand on est jeune, on en prend conscience parce qu'on peut être sensibilisé justement par d'autres acteurs. Et Nadia le disait justement, les parents ne sont pas les seuls à pouvoir accompagner les enfants. Je crois que l'éducation au numérique, chacun a un rôle à jouer finalement pour sensibiliser les plus jeunes à tous ces enjeux. Donc l'école, évidemment, l'école c'est le lieu de la transmission des savoirs. Tous les enjeux liés à la citoyenneté numérique sont bien sûr abordés à l'école. Mais bon, les programmes sont chargés, donc les enseignants font ce qu'ils peuvent, mais ils ne peuvent pas tout résoudre. Donc les parents, effectivement, ont aussi leur rôle à jouer, sachant que les parents sur ce sujet sont très démunis. Parfois, ils culpabilisent aussi. Donc lorsqu'on s'adresse à eux, il faut éviter d'être dans une posture de jugement. On essaie beaucoup d'avoir de l'empathie lorsqu'on rencontre des parents. Parce que bien souvent, ils nous disent, voilà, nos enfants, de toute façon, en savent beaucoup plus que nous sur le numérique. Donc, on n'a pas du tout de légitimité. On n'est pas crédible à parler sur ces sujets. Donc, on les rassure en leur disant, mais vous savez, nous aussi, on est parents. Nous aussi, on a des enfants. Ils ont pu aussi avoir des comportements parfois un peu de dépendance vis-à-vis notamment des jeux vidéo ou d'autres pratiques numériques. Donc, ayez votre rôle de parent, c'est-à-dire discutez déjà, échangez avec les enfants, avec vos enfants. Plus précisément, tu me demandais la commercialisation des données personnelles. Donc expliquer aux enfants que d'abord, rien n'est gratuit lorsqu'on est sur Internet. C'est le fameux adage, si c'est gratuit, c'est toi le produit. Donc il y a forcément une contrepartie. Et la contrepartie, c'est que nos données personnelles ont énormément de valeur. Parce qu'en fait, le modèle économique des GAFAM, des grands acteurs du numérique, c'est justement... de dresser une sorte de portrait robot de nous. Lorsqu'on est en ligne, on l'a dit, on laisse énormément de traces, nos goûts, nos préférences musicales, nos lieux de vacances, etc. Et donc, toutes ces informations valent de l'or, en réalité, parce qu'elles vont être captées par les entreprises qui vont ensuite pousser du ciblage publicitaire. Et donc, ce que montre très bien Ausha Zuboff, dans son ouvrage sur le capitalisme de surveillance, c'est que tout ça n'est pas le fait du hasard. C'est qu'en fait, nos données personnelles sont captées à notre insu, c'est-à-dire que voilà le point essentiel, c'est qu'on n'en a pas forcément conscience. Et ça, un jeune, et a fortiori un enfant, ne peut pas le comprendre tout seul. Donc il nous revient à nous de lui expliquer cette mécanique finalement de l'économie des données personnelles pour qu'ensuite il en ait conscience. Et bien sûr... libre à lui de faire ce qu'il veut. Nous, on n'est pas dans l'idée d'interdire quoi que ce soit. Notre mission, nous, c'est de développer une prise de conscience, en fait, pour que chacun puisse être sensibilisé à tous ces enjeux. Et donc, c'est de décoder les enjeux de manière très simple, avec des cas d'usage, des exemples, en s'inspirant des pratiques numériques aussi, de terrain. Lorsqu'on va s'adresser aux jeunes, on va d'abord essayer de comprendre ce qu'ils font. lorsqu'ils sont sur Internet et les réseaux sociaux. Et puis ensuite, à partir d'exemples très concrets, de développer un peu tous ces enjeux et d'espérer ensuite qu'une fois la compréhension des enjeux faite, dans la pratique, ils pourront effectivement appliquer les conseils qu'on peut leur donner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je rebondis. Nadia, tu voulais rebondir, non ?

  • Speaker #3

    Oui, je voulais peut-être rebondir sur deux choses. Là, tu viens de nous exposer l'importance de la sécurité numérique et en tout cas... Chez Docaposte, on ne peut être que d'accord avec ce que tu dis. Mais je voulais peut-être aussi insister sur un point qu'il y a numérique et numérique. Il y a la pratique du numérique sur les réseaux sociaux, sur un peu la pratique du numérique dans un monde, dans notre environnement privé. Mais il y a aussi la pratique du numérique à l'école. Et là, je voulais un petit peu rendre hommage à l'ensemble de mes confrères qui travaillent dans les EdTech. où en France, on a aujourd'hui une très belle filière qui conçoit des outils numériques, qui fait attention à l'ensemble de cette gestion des données, qui fait aussi attention au mode d'apprentissage, et où en fait, le numérique, à l'école, est encadré par des enseignants. C'est une vraie opportunité pour travailler des apprentissages dans le monde dans lequel on est aujourd'hui et pouvoir transmettre des bonnes pratiques. Et je trouve que dans la commission écran, ça a aussi été bien soulevé. C'est-à-dire qu'on doit lutter contre ces mauvais usages, faire prendre conscience de ce qu'on peut faire avec nos données personnelles et en même temps accepter que le numérique, qui fait partie de notre vie, qui fait partie aujourd'hui de la vie de chaque citoyen, à l'école, permette de travailler de façon... optimale, un certain nombre d'apprentissages et même combler, par exemple, l'ensemble des difficultés scolaires, parce qu'il y a beaucoup de choses dans le numérique sur lesquelles on peut travailler. Par exemple, les personnes qui sont dyslexiques, le numérique est un vrai apport. C'est pour ça que dans beaucoup de plans personnalisés à l'école, certains enfants en grande difficulté ont le droit à un ordinateur, parce que ça aide. Donc il faut vraiment, je pense que collectivement, se dire qu'il y a numérique et numérique. Il y a le numérique où on doit apporter toutes les bonnes pratiques et puis bien se dire qu'il y a quand même beaucoup d'outils que même je qualifierais presque d'outils métiers qu'on a pour accompagner les enfants dans leur scolarité.

  • Speaker #0

    C'est important de le rappeler parce que c'est vrai qu'on a tendance, tu le dis, à confondre, en tout cas, à tout mettre dans le même panier.

  • Speaker #3

    Quand on parle de numérique.

  • Speaker #0

    Quand on parle de numérique en tant que parent et de se dire, en effet, Je suis sur une application d'apprentissage, par exemple, mais tu disais tout à l'heure, on ne sait pas vraiment ce qu'ils font quand ils sont devant leurs écrans. Donc,

  • Speaker #3

    bien faire l'expérience entre avoir un compte TikTok à 8 ans et réviser son anglais en troisième avec une application numérique qui a été validée par les enseignants. Absolument. C'est très différent.

  • Speaker #0

    Très important, très bon rappel. Merci. Alors, si je rebascule du coup de... De l'autre côté, quand on interroge les adolescents dans leur consommation de contenu sur les réseaux sociaux, ils nous répondent souvent, je cite, « C'est très bien fait car la plateforme leur propose ce qu'ils aiment. » Et c'est là où, en effet, il faut vraiment faire la différence, c'est là où la notion de liberté aussi va rentrer en jeu. À quel moment est-ce qu'on n'est plus acteur de notre consommation et comment, justement, on peut ne pas laisser des enfants s'enfermer dans ces bulles d'informations ?

  • Speaker #2

    Alors oui, c'est un point qui est majeur, le fait de garder son esprit critique lorsqu'on est sur les réseaux sociaux. La particularité des réseaux sociaux, c'est que tout est au même niveau. Les opinions, les croyances, les faits, les fausses informations. Tout arrive finalement en bloc devant l'utilisateur. Et effectivement, lorsqu'il est jeune, il aura plus de difficultés à faire le tri entre une vraie information, une fausse information, etc. Donc l'enjeu, c'est vraiment de développer chez ces jeunes un esprit critique qui leur permettra finalement d'échapper à ces fameuses bulles de filtres. Alors il faut savoir qu'effectivement, les réseaux sociaux... Ce sont des plateformes qui sont conçues, designées d'une certaine façon. Il n'y a pas de hasard. Il y a dans les réseaux sociaux des algorithmes très puissants qui parfois d'ailleurs peuvent mener à des comportements de dépression, voire pousser certains ados au suicide. Donc ça, il faut être bien conscient que ces algorithmes-là, ils sont présents. Ils vont donc soit conduire à des comportements excessifs, soit... enfermer les jeunes dans des idées qui leur correspondent déjà. Comment construire un esprit critique lorsqu'on est en permanence en face de textes, de contenus, d'images qui ne nous permettent pas d'ouvrir le spectre ? Étienne Klein parle de chez-soi idéologique, c'est-à-dire qu'on a du mal à envisager que d'autres opinions, d'autres croyances puissent exister. Donc ça, c'est vraiment un enjeu qui est capital. Et puis, chez les jeunes enfants aussi, on constate qu'ils sont très vulnérables, justement, à l'économie de l'attention. C'est-à-dire que vous avez, vous, sûrement fait déjà l'expérience. Vous allez sur un réseau social pour écouter de la musique. Vous dites, voilà, je vais écouter un ou deux morceaux de musique. Et en fait, au bout de deux heures, vous êtes toujours sur ce même type de musique. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, l'algorithme est tel, est tellement puissant qu'il va... monopoliser votre attention. Il va vous faire rester le plus longtemps possible en ligne. Donc voilà, il y a un vrai enjeu d'éducation aux médias et à l'information qui d'ailleurs rejoint l'enjeu d'éducation au numérique. Et donc la CNIL, bien sûr, est très investie aussi sur ces sujets puisqu'on travaille régulièrement avec le CLEMI, notamment pendant la semaine de la presse et des médias dans l'école. On a... l'occasion de sensibiliser des collégiens, des lycéens pendant cette semaine de la presse à tous ces enjeux liés à l'esprit critique. Et donc tous ces enjeux-là, c'est vrai qu'ils sont parfois compliqués à comprendre. Et nous, le parti pris qu'on a eu, c'est de dire que d'abord, on publie beaucoup de conseils pratiques, de posters, de livrets faciles d'utilisation, mais aussi on a conçu un escape game. qui s'appelle les gardiens du numérique. Et en fait, cet escape game permet aux familles, finalement, de vivre une expérience ensemble. C'est-à-dire que les parents et leurs enfants vont venir jouer. Les missions portent évidemment sur des enjeux principaux du numérique, le cyberharcèlement, les fake news, l'économie de la donnée, etc. Et donc, le fait de mettre ensemble parents et enfants autour d'un jeu, on s'est rendu compte qu'en fait, c'était très bien parce qu'en s'amusant, justement, ça déclenchait aussi des prises de conscience. Ça permettait de redialoguer aussi avec ses enfants sur ces sujets. Donc, voilà, apprendre par le jeu, c'est quand même quelque chose qui a fait ses preuves.

  • Speaker #0

    C'était ce qu'il y a bien. Il est disponible sur le site de la CNIL.

  • Speaker #2

    Alors, il a été pendant un an et demi à la Cité des sciences, à la bibliothèque de la Cité des sciences. Et là, il va circuler, en fait, dans plusieurs villes de France. Donc, tout organisme, structure, qui souhaite effectivement le montrer, le mettre en démonstration dans un espace donné peut effectivement nous faire suivre.

  • Speaker #0

    C'est vraiment physique.

  • Speaker #2

    C'est un jeu physique,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #2

    Et nous avons fait un livret dans le prolongement de ce jeu. qui reprend justement tous les enjeux de citoyenneté numérique. Et dans ce livret, il y a un pacte famille, parce que c'est aussi l'idée de rassurer les parents, de faire en sorte qu'on les aide aussi à fixer des règles en famille. Et donc, on parlait beaucoup d'accompagnement tout à l'heure, et c'est vrai que c'est un bon moyen aussi justement d'aider les parents qui sont vraiment parfois complètement démunis sur tous ces enjeux. Donc le pacte famille marche très bien. C'est un livret qu'on distribue beaucoup aux écoles, beaucoup aussi... dans l'univers extrascolaire et ça fonctionne très bien.

  • Speaker #0

    Alors tu parles d'accompagnement, très bonne transition, merci Nadia. Quelles sont les fonctionnalités impacts sociétales et chartes éthiques que Pronote développe pour accompagner justement les élèves ?

  • Speaker #3

    Alors c'est vrai que déjà Pronote, comme le rappelait Olivier tout à l'heure, c'est 18 millions d'utilisateurs, ce qui représente un quart de la population française. Et aujourd'hui, je pense que dans beaucoup d'écoles, c'est le lien avec les familles.

  • Speaker #0

    C'est un outil métier qui permet aux chefs d'établissement d'organiser la vie de l'école, aux enseignants de pouvoir aussi organiser les différents parcours pédagogiques, la mise à disposition des devoirs, etc. Et puis des bulletins de notes, bien sûr. Mais globalement, je pense que si on devait retenir une idée, c'est que c'est vraiment ce lien avec les familles. Alors, en termes de fonctionnalités, il y en a beaucoup. Je ne vais pas forcément les lister. Peut-être ce que j'aimerais partager avec vous, c'est notre conviction. Notre conviction chez Docaposte, c'est que même si juridiquement, la donnée scolaire n'est pas une donnée sensible, notre conviction, c'est qu'on doit la traiter comme telle. Et nous avons fait le choix de passer la qualification SecNumCloud, qui est aujourd'hui la qualification qui répond aux plus hautes exigences sur la protection de la donnée, et qui nous a demandé un travail de plus de deux ans, qui soit à la fois technique, organisationnel, juridique. Donc, c'est vraiment des questions qui, aujourd'hui, sont au cœur de la réflexion de nos équipes. Et globalement, à chaque fonctionnalité, on se pose des questions. Et c'est pour ça aussi que nous avons décidé, dès novembre 2023, d'instaurer un comité éthique chez Docaposte, un comité éthique qui touche l'éducation et la jeunesse, dans lequel on traite un ensemble de questionnements. que nos équipes se posent quand elles doivent développer des fonctionnalités. Par exemple, aujourd'hui, il y a dans Pronote le droit à la déconnexion des enseignants, puisque en tant que professionnels, nous avons droit à ce temps de déconnexion. Mais qu'en est-il de la déconnexion des enfants ? Est-ce qu'on doit instaurer, notamment quand on parcourt la commission écran ? et ses recommandations, est-ce qu'on doit instaurer un droit à la déconnexion aux écrans ? Nous, on pense que oui, mais le oui et non n'est pas si simple que ça. Est-ce que ça veut dire qu'on prive un lycéen de travailler entre 21h et 23h de manière arbitraire ? Est-ce que cela veut dire que c'est aux parents de programmer ce droit à la déconnexion, mais les parents n'ont pas tous les mêmes règles ? Est-ce que c'est au chef d'établissement de fixer des rêves qui seront peut-être... Tous les enseignants ne seront peut-être pas d'accord. Vous voyez, ce sont des débats que nous, on se pose, qui ne sont pas simples, qui, au final, ont une action fonctionnelle, un développement d'une fonctionnalité. Et c'est pour ça qu'on a mis en place un comité éthique. Et puis, la frontière, si je parle peut-être d'un autre sujet qui est le harcèlement, la frontière aujourd'hui à l'école, les réseaux sociaux de ce qui se passe à l'école, dans l'école, en dehors de l'école, ça devient... extrêmement poreux, tout se fait en même temps. Et si je reprends un autre sujet, peut-être on parle souvent du harcèlement. Le harcèlement, aujourd'hui, il est extrêmement poreux. Il se passe dans l'école, en dehors de l'école, pendant les heures de classe, pendant les week-ends, pendant le soir, enfin bref. On n'a plus de cette frontière qui existait peut-être avant les réseaux sociaux et c'est pour ça que... pour accompagner la communauté éducative, puisque c'est vraiment aujourd'hui l'objet premier des outils que nous mettons en place dans les établissements, et créer un bouton SOS harcèlement qui permet au chef d'établissement de paramétrer les dispositifs qu'il a mis en place avec la communauté éducative dans son établissement, puisque aujourd'hui on a des référents harcèlement par exemple, et ainsi les jeunes et les parents qui sont victimes. d'un harcèlement peuvent plus facilement contacter la bonne personne. Donc, tout ça, ce sont des enjeux sociétaux qu'on ne peut que prendre en compte dans un outil qui est entre les mains de 18 millions de personnes. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, outils versus réseaux, dont on parlait tout à l'heure, et encore une fois, bien comprendre la différence entre les deux numériques, le numérique outil et le numérique plus global.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Par exemple, on a des forums dans nos outils qui permettent aux enseignants d'être des modérateurs. Donc, donner en main auprès des élèves des outils numériques, c'est indispensable puisque la société est numérique. Et donc, si on ne les éduque pas, ça ne fonctionnera pas. Mais je crois qu'on a une responsabilité collective de le faire dans de bonnes conditions.

  • Speaker #1

    Alors c'est parfait, vous faites toutes mes transitions, j'adore ça. L'objectif de Tendance Inno, c'est d'acculturer. Donc depuis tout à l'heure, on parle justement de cette façon d'être sensibilisé au numérique. Mais donc proposer des conseils à nos auditeurs, tu en as donné quelques-uns Nadia. Si on se place du point de vue des citoyens, mais ça peut être aussi des collectivités locales, du corps enseignant, des parents. Quel conseil que vous n'avez pas déjà donné, donneriez-vous pour accompagner justement cette prise de conscience de l'éducation digitale, de la différenciation ? des deux numériques.

  • Speaker #2

    Peut-être juste, si tu me permets, Marine, une petite remarque avant de répondre à ta question. On a beaucoup parlé du fait que les parents, l'école et d'autres acteurs devaient s'impliquer dans l'éducation au numérique des enfants. Et la CNIL y prend d'ailleurs toute sa part. Mais on n'a pas parlé des entreprises. Je voudrais quand même insister sur le fait que les entreprises aussi ont leur part de responsabilité, notamment sur... les algorithmes qui sont utilisés justement par les réseaux sociaux, je rappelle que le DSA, le Digital Services Act, prévoit justement que les entreprises fassent preuve de transparence dans la manière dont elles construisent leurs algorithmes. Donc là, je crois que c'est important d'insister sur cet aspect parce que les plateformes devraient quand même être plus éthiques, plus vertueuses et faire reposer la responsabilité uniquement sur l'utilisateur. ne me paraît pas une bonne idée. Il faut que chacun prenne sa part. Et je voulais juste en profiter pour dire que les entreprises aussi ont leur part et doivent prendre leur part. Alors sur les conseils pratiques, c'est vrai que nous, on a pour habitude, dans notre mission de sensibilisation sur les enjeux du numérique, de produire des outils très concrets. Donc on fabrique beaucoup de posters qui marchent très très bien. Et donc les conseils pratiques sont souvent des conseils de bon sens. mais auxquelles on ne pense pas forcément. On parlait tout à l'heure de la sécurité des données personnelles, qui est un des piliers de la loi de protection des données et du RGPD. C'est déjà comment je sécurise mes propres données personnelles. Ça commence par un bon mot de passe. Et on est parfois surpris d'observer que les mots de passe ne sont pas du tout robustes, que beaucoup de gens ont le même mot de passe. tous leurs comptes. Je ne sais pas parmi vous si c'est le cas, mais en tout cas, c'est fortement déconseillé puisque si un hacker rentre dans un des comptes, eh bien, il va hacker tous vos comptes si vous avez le même mot de passe pour tous vos comptes. Et ça, c'est vraiment un point chez les ados. Autant ils ont des vraies stratégies pour protéger leur vie privée en ligne. Par exemple, ils n'utilisent pas leur visage pour leurs photos de profil. Ils paramètrent leurs comptes en privé. Autant Autant cet aspect de sécurité des données personnelles est un peu négligé. Ça, c'est une enquête de Génération Numérique, qui est une association qui travaille beaucoup avec nous, entre autres, il y en a plein d'autres, sur l'éducation numérique, et qui montre qu'à peu près la moitié des 11-18 ans ne change jamais de mot de passe, a toujours le même mot de passe, ne bâtit pas un mot de passe robuste. Donc là, il y a vraiment une... un point de vigilance à avoir sur la sécurité des données. Et puis, c'est l'idée aussi de faire attention à ce qu'on dévoile sur soi en ligne. On en a un peu parlé tout à l'heure. On ne va pas raconter toute sa vie sur les réseaux sociaux. On va éviter de donner des informations très sensibles. Quelques exemples, les opinions politiques, la religion, l'orientation sexuelle. On comprend très vite pourquoi ça peut... Être dangereux, évidemment, engendrer de l'exclusion, des propos haineux, etc. Et puis, on parlait d'esprit critique, essayer de vérifier les informations, de les recouper, de faire un peu un travail d'analyse, un petit travail de journaliste finalement, à sa propre échelle, de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu'on voit sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les jeunes, et notamment les collégiens, leur principal mode d'information, c'est les réseaux sociaux. Donc, il y a un vrai enjeu d'expliquer, on l'a dit tout à l'heure, de les sensibiliser à l'importance d'exercer leur esprit critique. Et ça, il faut les accompagner. Ils ne peuvent pas le faire tout seuls.

  • Speaker #1

    Nadia ?

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, je pense que le mot qui me vient tout de suite, c'est formation, formation, formation et encore formation. Et bien sûr, il faut former les élèves, mais pour former les élèves, il faut aussi former les adultes qui accompagnent les élèves et notamment les enseignants. Parce que je crois qu'on a encore beaucoup de choses à faire sur ce sujet-là. Ils sont très investis, mais ils ont besoin encore une fois d'outils que vous mettez à disposition, mais aussi de pouvoir en parler, être formé régulièrement. pas forcément toujours le cas et ce qui est aussi un petit peu différent en fonction du niveau d'apprentissage des élèves. On voit bien par exemple que l'aisance sur le numérique n'est pas le même quand on est pour les enseignants qui sont primaires que les enseignants qui sont suite au lycée par exemple. Je crois que le temps de formation est indispensable. Je sais que c'est aussi le cheval de bataille de la DNE. au niveau du ministère sur ce sujet-là. À mon avis, il faut déjà commencer par ça. Et effectivement, rebondir aussi sur cet esprit critique. Peut-être petite anecdote personnelle, mais ce week-end, j'étais sur les réseaux sociaux, qui est une source d'information. Mais comme j'ai un esprit critique, j'ai pu quand même essayer de corroborer tout ça. Mais j'ai été effarée par ce chiffre-là. 19% des élèves des 18-24 ans pensent que les... pyramides égyptiennes ont été construites par des extraterrestres. Et c'est 3% des seniors. La différence entre les seniors et ces jeunes, c'est TikTok et Twitter. Je trouve que ce chiffre-là montre vraiment à quel point avoir TikTok ou d'autres réseaux comme seule source d'information peut être limité, ce qui ramène... toujours le rôle de l'école, le rôle de l'éducation dans les apprentissages de nos jeunes.

  • Speaker #1

    Et de l'éducation, la formation aussi des parents, l'affaire de tous. Vraiment, Olivier ?

  • Speaker #3

    Alors, à la formation, je suis assez d'accord, notamment la formation sur l'esprit critique, un peu ma marode, vous le savez. Je rajouterais une vision un peu plus tech, qui est l'outillage. Aujourd'hui, on a parlé de formation, c'est très important, le dialogue avec les enseignants, avec les parents, c'est extrêmement important. Mais aujourd'hui, il existe de nombreux outils gratuits, utilisables par les enfants et les adolescents, pour limiter cette captation d'informations de la donnée privée. Je pense à Brave, je pense à l'iPhone Trousseau, je pense à DuckDuckGo, à Ghostery, qui sont des outils qui permettent de limiter la diffusion d'informations personnelles. qui permettent d'alerter sur des sites issus des réseaux sociaux qui peuvent être un peu frauduleux ou marqués comme étranges. Et donc, cette vision tech, je pense qu'il faut aussi l'amener dans la formation et dans le dialogue avec les enfants, parce qu'on est plus en sécurité en surfant avec Bref qu'avec d'autres. C'est juste la vision un peu plus tech par rapport à une vision plus sociale qu'on a eue de

  • Speaker #1

    Nadia et Carina. Une vision complémentaire. de l'ensemble.

  • Speaker #2

    Tu as raison, mais encore faut-il que ces outils soient connus. Et je ne suis pas sûre que les outils que tu as cités, les parents, les connaissent forcément, voire même les enseignants. Donc c'est vrai, il y a un enjeu aussi de diffusion de cette connaissance-là, qu'il existe des solutions pratiques, techniques, technologiques pour limiter l'exposition de sa vie privée en ligne. Mais voilà, il y a un vrai enjeu de diffusion de cette connaissance-là aussi.

  • Speaker #3

    A l'intégrer aux formations.

  • Speaker #2

    Et dès l'école du professeur, c'est-à-dire les INSP, parce qu'on parle de formation continue, mais il y a aussi la formation initiale, qui est véritablement très importante pour un enseignant. Et là, on pourrait tout à fait imaginer parler de ces sujets-là dès la formation initiale, bien sûr.

  • Speaker #1

    On mettra des liens aussi dans la description du podcast. Carina, Nadia, je vous propose maintenant mon moment préféré de ce podcast. Le moment où Olivier nous donne sa vision sur le sujet, est-ce que ce sera une vision utopique ou dystopique ?

  • Speaker #2

    Olivier,

  • Speaker #1

    c'est ton moment.

  • Speaker #3

    Merci Marine. L'éducation contemporaine, on en a beaucoup parlé, cet espace d'aspiration où se conjugue savoir et devenir, se voit aujourd'hui irrémédiablement imbriqué dans le numérique. De cette relation émerge une toile complexe tissée de... promesses et d'illusions où s'affrontent l'idéal de transparence et l'ombre omniprésente des intérêts cachés. Si la technologie offre la possibilité d'un accès inégalé aux connaissances, elle ne vient pas seule. Elle se fait cheval de trois d'un réseau d'influences qui transcendent la simple sphère éducative pour s'immiscer on en a parlé dans la construction même de la citoyenneté. Mais à quel prix et sous quelle lumière l'éducation peut-elle se réapproprier ce nouvel espace ? A cette table du savoir numérisé s'invitent les géants du numérique, toujours bienveillants mais au rôle ambivalent. Le savoir n'a jamais été aussi accessible, jamais l'humanité n'a eu à portée de main autant de ressources pour apprendre, comprendre, questionner le savoir, s'enrichir l'esprit. C'est pourtant le même vecteur qui bataille férocement l'attention des enfants sur un tout autre champ, celui de l'émotion, principal ingrédient du maintien presque infini de l'attention. Ces plateformes, par leur code invisible et leur système de recommandations sophistiqués, imposent une vision du monde biaisée par l'algorithmie, proposant continuellement les contenus les plus susceptibles d'inciter l'utilisateur à cliquer encore et encore. se posant en nouveau des murges, redéfinissant la manière dont les jeunes perçoivent, assimilent et reproduisent l'information. Or, qui les en empêche ? La question est mauvaise, remplaçons-la plutôt par comment attirer leur attention critique. L'État se trouve face à un paradoxe troublant. Il est à la fois sommé de s'adapter, de suivre cette marche numérique, et de se poser en contrepoids, garant d'une certaine intégrité du savoir et de l'instruction. Peut-il, en régulant les plateformes numériques, jouer un rôle salvateur et rétablir un équilibre dans cette mer agitée d'influences commerciales ? Là aussi, la question est peut-être mauvaise, sans doute. Il est alors tentant de se tourner vers la société civile, comme ultime rempart à la concentration de ce pouvoir numérique dans les mains de quelques-uns. Associations, collectifs d'enseignants, parents d'élèves, penseurs et chercheurs critiques, tous forment un tissu social prêt à contester les dérives, à dénoncer les atteintes à l'intégrité pédagogique. et à promouvoir un usage éclairé, raisonné du numérique, comme le fait Educnum. Mais dans cette société où le numérique s'immisce partout, comment la société civile peut-elle véritablement résister ? L'éducation numérique se présente à nous comme un champ de tension de force contradictoire, où se dessinent les lignes de l'avenir des générations futures. Car au fond, cette question dépasse largement le cadre de l'instruction seule. Elle interroge le sens même de la connaissance, sa valeur et sa transmission. Dans ce monde... où transparence et illusion se confondent, comment redéfinir les contours de ce que doit être une éducation véritablement libre, juste, inclusive et adaptée aux réalités de notre temps, et non pas simplement augmentée par le numérique, mais profondément enrichie par une pensée critique, un regard lucide et une quête sincère de vérité, vous avez 4 heures.

  • Speaker #1

    Alors, vos réactions ?

  • Speaker #0

    Nous allons plancher un petit peu.

  • Speaker #1

    Vous avez quatre ans,

  • Speaker #0

    vous pouvez vous rendre une copie commune.

  • Speaker #2

    Non, mais là où je suis d'accord, effectivement, c'est que les enjeux sont plus larges. C'est-à-dire qu'on est dans une société numérique, on est dans un monde numérique. Parce qu'on a beaucoup parlé du national, mais ces problèmes-là, tous les jeunes du monde entier les ont. Vous avez peut-être vu que le Premier ministre australien a proposé que les réseaux sociaux soient interdits en dessous de 16 ans. Donc tous les pays du monde connaissent ces sujets simplement, ils n'ont pas toujours les mêmes manières de les traiter. Donc en France et en Europe, on a la chance d'avoir un cadre juridique très protecteur, un des droits fondamentaux. La loi informatique et liberté en France, les lois nationales dans les pays de l'Union européenne et le RGPD, donc le règlement général sur la protection des données. Donc ça veut dire que la protection de la vie privée est un droit fondamental. Autrement dit, il y a des limites. lorsqu'on parle... par exemple de reconnaissance faciale. La reconnaissance faciale, ça comporte de la biométrie. La biométrie est une donnée sensible, donc on ne peut pas faire de la reconnaissance faciale sans y être autorisé. En tout cas, ça peut être une expérimentation, mais qui va être limitée dans le temps. On parlait tout à l'heure du droit à la déconnexion. La Chine ne s'est pas posé ce genre de problème. La Chine interdit, pour contrôler le temps passé devant les jeux vidéo, à partir d'une certaine heure, elle débranche, en fait, elle déconnecte les enfants. Je ne suis pas sûre qu'on ait envie de ça en France et en Europe. Et on a la chance encore d'avoir un modèle qui garantit finalement la démocratie. Donc la réflexion à avoir, il me semble, plus large, c'est dans quel type de société, en fait, on veut vivre, jusqu'où on est prêt à renoncer à la part de notre intimité, de notre vie privée, pour finalement... Oui, ils vivent dans une société où, grâce au numérique, on fait plein de choses. Mais il me semble que cette dimension est... éthique, en fait, elle est vraiment très importante. Et on peut tout à fait concilier éthique, protection de la vie privée et innovation. Il n'y a pas du tout d'antagonisme entre les deux. Et on parlait tout à l'heure, vous parliez de la société civile. On constate qu'il y a quand même une prise de conscience maintenant chez les gens, les individus, les citoyens. il voit bien l'urgence et les enjeux qui se dessinent Il y a quelque temps, un collectif de familles a créé, je crois que ça s'appelle Algo Victima, donc victime des algorithmes, a lancé une forme de pétition justement pour essayer de faire prendre conscience aux décideurs qu'il y avait là un vrai sujet, c'est-à-dire que est-ce que notre vie privée, notre libre arbitre, nos droits sont protégés suffisamment dans ce monde technologique ? Donc, tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit. Je crois qu'on a la chance d'être dans une démocratie où nos libertés personnelles et publiques aussi sont encore garanties. Et donc, je crois que c'est important de se dire que c'est précieux et que les jeunes aussi doivent en avoir conscience et que c'est un bien commun qu'il s'agit vraiment de protéger.

  • Speaker #1

    Nadia, une réaction ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être rebondir sur un point qu'on a évoqué tout à l'heure sur la responsabilité des entreprises, puisque je pense que tous les éditeurs aujourd'hui, nous avons une responsabilité. Alors, bien sûr, de respecter l'ensemble des règlements, mais ça, ce n'est pas une responsabilité, c'est un fait. Mais d'aller plus loin et de toujours se poser la question de l'usage et de ce qui peut permettre un usage... raisonner du numérique. Et ça, ça veut dire concrètement des fonctionnalités dans nos logiciels, dans nos applications. Il faut qu'on se pose toujours ces questions sans pour autant faire à la place d'eux et prendre la responsabilité à la place d'eux. C'est pour ça notamment que sur une application comme Pronote, le chef d'établissement qui est le responsable du traitement de la donnée a Le pouvoir de paramétrer l'outil comme il le souhaite en fonction de son projet pédagogique. Chaque établissement est différent. Les dispositifs qui sont mis en place sont différents. Et donc, il faut aussi laisser cette responsabilité au plus près du terrain. Donc, moi, je milite en tout cas beaucoup pour cet usage raisonné du numérique où chacun prend sa part de responsabilité.

  • Speaker #1

    Merci. Merci, Carina. Merci, Nadia. Merci, Olivier. J'espère, chers auditeurs, que vous allez repartir avec une meilleure compréhension des enjeux de l'éducation numérique et de la protection des données. Donc, vous pourrez retrouver toutes les ressources mentionnées dans la description de l'épisode. Et moi, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de Tendance Inno. Ciao ! Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendance Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendance Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte. À bientôt pour un nouvel épisode placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

Description

Un chiffre qui met en lumière l'urgence d'une éducation au numérique responsable : 90% des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux. 📱
Mais savent-ils vraiment comment s'en servir ? 🤔 

Dans cet épisode de Tendances Inno, Marine Adatto et Olivier Senot reçoivent Carina Chatain, responsable de l’éducation au numérique à la CNIL et Nadia AMAL, Directrice Adjointe du pôle Education & Famille chez Docaposte, pour parler d'éducation au numérique. 👨‍👩‍👧‍👦

💡 Au programme :

- Protéger les enfants sans les brider.

- Le rôle des parents et de l'école.

- L'importance de l'esprit critique.

- Des solutions pour un numérique responsable.

💪 Ensemble, construisons un futur numérique plus sûr !

#education #numérique #protection #CNIL #Docaposte #TendancesInno


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendance Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marine Adatto et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations, au programme des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendance Inno. Imaginez un monde où les enfants explorent le monde numérique avec aisance et sécurité. Un monde où le code devient une seconde langue et où la créativité numérique n'a pas de limite. Est-ce une réalité qui se dessine ou reste-t-elle un rêve lointain ? Pour explorer ce sujet, nous accueillons Carina Chatain, responsable de l'éducation au numérique à la CNIL, et Nadia Amal, directrice adjointe du pôle éducation et famille de Docaposte. Pour nous accompagner et partager sa vision aiguisée, Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte, est à mes côtés. Alors, comment éduquer nos enfants dans un monde numérique omniprésent ? Algorithme, libre arbitre, contrôle de ses données personnelles, danger sous-estimé ou éducation numérique à construire ? Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine. Bonjour mesdames. Deux femmes aujourd'hui pour nous parler de tech et d'éducation, domaine sensible s'il en est, en ces périodes troubles de la désinformation, du harcèlement, de l'omniprésence des réseaux sociaux et de l'installation en quelques semaines de ce trublion chat GPT dans les écoles. Carina, tu es de cette génération des diplômés de Sciences Po et de la Sorbonne, qui a passé plus de temps dans les bibliothèques que dans les discothèques. Deux mots aujourd'hui désuets, l'un par son apparente inutilité pour la jeune génération et l'autre balayé par l'évolution naturelle d'une langue vivante. Tu décris dans un article de Renaissance Numérique « La genèse est l'objectif d'EducNum, ce collectif créé en 2013 visant à, je cite, « porter et soutenir des actions visant à promouvoir une véritable culture citoyenne du numérique » . Va ce programme ! qui te tient à cœur. Nadia, de ton côté, tu œuvres chaque jour pour garantir le meilleur du numérique auprès de la communauté éducative, aux premières loges pour constater les dérives du numérique dans l'éducation. Tu ne ménages pas ta peine pour mettre en pratique les conseils de la CNIL et des Ducnum au sein des outils numériques du quotidien de quelques 18 millions de citoyens. Une heure ne sera pas trop pour explorer les liaisons parfois dangereuses du numérique et de l'éducation. Mesdames, nous vous écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour mesdames.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors, je crois que vous avez une très belle mise en avant d'Olivier pour démarrer ce que je vous propose. Et puis, on approfondira évidemment le sujet. C'est un quiz pour vraiment donner un point de vue et quelques chiffres. Donc, tout le monde joue. C'est un jeu. Est-ce que vous êtes prêts ? Première question. Quel pourcentage des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023 ? 70 %, 80 % ou plus ?

  • Speaker #2

    de 90%.

  • Speaker #3

    Je dirais 80%. Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Toi aussi, Olivier ?

  • Speaker #1

    Sachant que tu m'as dit en préparation qu'il y avait 70% des 8-10 ans, tu as plutôt 90% à 13-17.

  • Speaker #0

    Oui, 90%. 90%, c'est un chiffre de 2023, qui est issu d'une étude de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. 90% des jeunes âgés de 13-17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023. Donc un chiffre très élevé qui souligne cette omniprésence dans la vie des adolescents. Deuxième question. Quel pourcentage de parents français a déjà partagé du contenu sur leur enfant sur les réseaux sociaux ? 23%, 53% ou 71% ? Nadia.

  • Speaker #3

    53% ?

  • Speaker #2

    Oui, je dirais aussi 53%.

  • Speaker #0

    53%. Olivier, tu dis ?

  • Speaker #1

    Ça me paraît beaucoup, mais oui, je vais m'aligner à 53%.

  • Speaker #0

    53%. 53 %, c'est énorme. Donc, chiffre de 2023, c'est issu d'une étude qui est menée par l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. C'est un phénomène, c'est toi qui me l'as appris, appelé le share-hunting, je vous le dis sans accent, contraction de share et de parenting. Donc, ça consiste à partager des informations, des photos ou des vidéos de ces enfants en ligne, ce qui prend de plus en plus d'ampleur, on en reparlera tout à l'heure. Et c'est quand même une pratique qui soulève des questions importantes sur la protection de la vie privée des enfants. et les risques potentiels liés à l'exposition précoce sur Internet. Troisième question, quel pourcentage de parents d'enfants âgés de 4 à 16 ans définissent des contrôles sur les réseaux haut débit ou mobiles pour protéger leurs enfants en ligne ? 19%, 39% ou 66% ? Carina ?

  • Speaker #2

    Je dirais 39%.

  • Speaker #0

    39%. Nadia ?

  • Speaker #3

    39%.

  • Speaker #0

    On est alignés. Olivier ? On est alignés. On est alignés, c'est ça, c'est 39% en effet. Alors là, c'est une enquête qui a été menée par MATERS, qui est une organisation dédiée à la sécurité en ligne des enfants, et donc la surveillance de l'activité en ligne, un vrai sujet majeur qui est, entre autres, l'un de nos sujets d'aujourd'hui. Mais c'est aussi un sujet qu'on a posé lors de notre micro-trottoir, puisque nous sommes allés interroger le grand public. pour avoir leur avis justement sur notre sujet. Et la première question que nous avons posée est la suivante. À quel âge avez-vous commencé à utiliser les réseaux sociaux, sachant qu'en moyenne, la première inscription se fait vers 8 ans et demi ?

  • Speaker #2

    C'est super tôt. Moi, j'ai commencé personnellement vers les 14-15 ans. Et encore maintenant, avec du recul, je trouve que c'était très tôt parce que je suis encore un enfant à 14-15 ans. Donc à 8 ans, je ne suis pas OK avec ça.

  • Speaker #0

    En effet, l'idée d'avoir un enfant de 8 ans qui poste sur les réseaux sociaux, ça peut vraiment laisser perplexe, voire faire peur. On aura ensuite posé la question suivante. Près de la moitié des parents surveillent l'activité en ligne de leurs enfants. On en parlait dans le quiz. Et donc, on leur a demandé quel était l'impact sur l'autonomie numérique et la relation parents-enfants.

  • Speaker #2

    Oui, on essaye de surveiller, mais c'est vrai que c'est très intrusif de faire ça. Et en même temps, on ne peut pas les laisser faire n'importe quoi. Donc oui. On essaie de leur laisser de l'autonomie, mais assez partielle, parce que ça peut être trop dangereux de les laisser en totale autonomie.

  • Speaker #0

    Voilà, donc cette fameuse ligne fine entre « je te fais confiance » et « je te surveille de très près » . C'est vrai que d'un côté, on veut leur laisser un peu d'air, et de l'autre côté, on n'a pas du tout envie de découvrir nos enfants en live sur TikTok. Dernière question posée, et c'est une question qui revient souvent. Qui devrait s'occuper de l'éducation de nos jeunes sur leurs droits numériques ? et sur la protection de leur vie privée.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est les parents qui doivent avoir un regard dessus. C'est logique,

  • Speaker #3

    c'est eux qui élèvent leurs enfants,

  • Speaker #2

    c'est eux qui savent ce qui est bon pour leurs enfants. C'est du bon sens, en fait. Le fait que les parents surveillent ce que les enfants font sur les réseaux sociaux, ça donne un certain cadre. Pour un enfant, ça peut aussi donner un impact qui est rassurant. C'est à nous-mêmes de faire l'éducation de nos propres enfants et avoir ce qui doit être bien ou mal pour eux.

  • Speaker #0

    Donc, on voit bien que les parents ont en tête leur rôle dans l'éducation numérique. Merci. La question suivante, c'est vraiment comment être bien informé et comment pouvoir vraiment guider nos enfants. Nadia, Carina, Olivier, est-ce que vous avez des réactions déjà par rapport à ces réponses du micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Oui, peut-être une première réaction sur le phénomène de surveillance par les parents de leurs enfants lorsqu'ils sont sur le numérique. Alors bien sûr, quand il s'agit de très jeunes enfants, la protection de l'enfant doit primer. Et du coup, installer du contrôle parental, par exemple, pour essayer de voir ce que fait son enfant lorsqu'il est sur les réseaux sociaux, c'est tout à fait légitime. En revanche, au fur et à mesure que l'enfant grandit, installer une surveillance permanente de cet enfant, ça n'est pas bon. Parce qu'en fait, ça ne va pas aider l'enfant à se construire et à... à réaliser que la vie privée, c'est quelque chose de valable, que ça mérite d'être protégé. Donc l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner son enfant progressivement vers une forme d'autonomie en ligne. Donc voilà, pas de surveillance généralisée et permanente de l'enfant, surtout lorsqu'il grandit, on va dire. Mais au contraire, un dialogue avec son enfant. On lui explique, lorsqu'on veut mettre du contrôle parental, on lui explique pourquoi. Sachant que le numérique est souvent un sujet très délicat dans les familles, c'est compliqué de parler de numérique avec ses enfants parce qu'en fait les parents sont anxieux. Ils voient que leurs enfants passent beaucoup de temps en ligne. Ils ne savent pas ce qu'ils font en ligne parce qu'il faut bien réaliser que la plupart des enfants sont seuls lorsqu'ils sont sur Internet. Donc bien sûr la tentation est grande de vouloir surveiller constamment son enfant. Mais voilà, comme je l'ai dit, il faut vraiment être dans plutôt une posture de j'accompagne mon enfant et je lui fais confiance. Et puis, dernière chose, il faut quand même se mettre d'accord sur le fait que les enfants ont des droits. On est très étonnés, nous, quand on va dans des classes, rencontre des enfants dans le primaire, au collège, au lycée. On leur demande s'ils ont des droits, s'ils savent qu'ils ont des droits. Ils nous disent non. Donc voilà, c'est toujours bon de rappeler que la Convention internationale des droits de l'enfant garantit un certain nombre de droits. à tous les enfants, quel que soit leur âge, et notamment le droit à la protection de leur vie privée.

  • Speaker #0

    En effet. Nadia ?

  • Speaker #3

    Oui, peut-être pour ajouter, si je rebondis sur une phrase qu'on a entendue dans le micro-trottoir, les parents sont impliqués, mais je crois que la relation entre les écrans et les enfants, c'est un peu l'histoire de tous et la mission de tous, y compris et aussi de la communauté éducative, des associations qui interviennent aussi aujourd'hui dans les écoles. Je pense qu'on peut réussir. à travailler ce sujet qu'à partir du moment où l'ensemble des forces et des parties prenantes travaillent ensemble et c'est ce qui fait je crois que c'est un sujet en tout cas qui ne peut pas être géré aussi en dehors de l'école. Ce n'est pas qu'un sujet pour les parents je crois que l'école a un rôle fondamental dans ces enjeux là.

  • Speaker #0

    Une exemplarité aussi des adultes avec les écrans.

  • Speaker #3

    Une exemplarité, le fait d'expliquer. Je crois que les bonnes pratiques du numérique, l'école peut aussi les inculquer aux enfants et aux parents.

  • Speaker #0

    Olivier, des réactions ?

  • Speaker #1

    Les crêpes. Tous les gamins adorent faire des crêpes. Pourtant, la première fois qu'ils en font, c'est forcément avec leurs parents qui vont les guider parce que ça brûle, parce que ça peut être dangereux. Donc, le numérique, ça doit être pareil. Les parents doivent accompagner au même titre qu'ils les accompagnent pour faire des crêpes.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est un très bon exemple. Alors, Carina, de plus en plus de lois restreignent l'accès aux écrans pour les enfants. Est-ce que c'est vraiment efficace ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qu'on peut dire déjà, c'est que les enfants passent beaucoup de temps sur les écrans. À l'âge de 2-3 ans, un enfant passe déjà plusieurs heures sur un écran. quel qu'il soit. Par jour ? Par jour. Donc le chiffre est quand même évocateur. Alors oui, il y a des initiatives qui sont prises, tant du côté du législateur que des pouvoirs publics. Le Parlement, effectivement, a entrepris une proposition de loi qui vise justement à restreindre le temps d'écran des très jeunes enfants. Donc ça, c'est plutôt effectivement une bonne chose.

  • Speaker #0

    Le temps d'écran des jeunes enfants, c'est quel âge ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a une progressivité, en fait, dans l'âge et les mesures qui sont appliquées en fonction de l'âge des enfants. En gros, plus l'enfant est petit, moins il doit passer de temps devant les écrans, ce qui est déjà une recommandation par ailleurs, qui avait été notamment formulée par l'ARCOM, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique. Et puis, pour compléter ça, le rapport qui a été remis par la commission d'experts que le Président de la République a désigné, pour faire un état des lieux finalement sur les rapports entre les enfants et les écrans, donc ce rapport à la recherche du temps perdu, préconise également d'instaurer une forme de progressivité dans l'exposition des enfants aux écrans. Par exemple, il propose donc d'éviter d'exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans et effectivement plus ils grandissent, plus on peut les laisser devant les écrans. mais de façon modérée. C'est-à-dire qu'à partir de 6 ans, on ne va pas laisser un enfant toute la journée non plus devant les écrans. Donc voilà, il y a une espèce de progressivité qui doit s'installer. Mais est-ce que limiter le temps d'écran et la panacée, je ne le crois pas. D'abord, est-ce que c'est efficace ? En réalité, on a du mal à le vérifier, puisque les enfants ne sont pas devant des écrans en dehors de leur famille. Ils sont aussi devant les écrans chez eux. Donc il faudrait pouvoir... Voilà, enquêter sur ce qu'ils font chez eux, ce qui n'est vraiment pas possible. Et surtout, est-ce que c'est réaliste ? J'ai tendance à dire non, parce qu'en fait, aujourd'hui, les écrans sont partout. Donc, bien sûr qu'il faut limiter l'exposition des très jeunes enfants aux écrans. Mais à partir d'un certain âge, prenez l'interdiction plutôt que la régulation, l'accompagnement, l'éducation. Ça ne me paraît pas forcément une bonne idée. Donc, le vrai enjeu... C'est que font nos enfants lorsqu'ils sont devant les écrans ? Ce n'est pas la même chose de faire une recherche sur Internet pour préparer un exposé, lorsque son professeur a demandé à un élève de préparer un sujet, je ne sais pas, sur l'Ukraine ou sur Van Gogh. Ce n'est pas la même chose que de passer plusieurs heures par jour devant un réseau social sans finalement être conscient que ça va poser question. On sait très bien que les enfants sont plus vulnérables lorsqu'ils sont en ligne. Et donc, a priori, et notamment sur les réseaux sociaux, ils peuvent être exposés à des violences, des cyber-violences, que ce soit le cyber-harcèlement, des propos haineux. Et aussi, il y a un enjeu majeur, c'est la mise en question de leur vie privée lorsqu'ils s'exposent en ligne. Ce qu'il faut bien comprendre, et c'est ce qu'on explique nous aux jeunes quand on les rencontre, c'est que dès l'instant où ils se connectent, ils vont livrer énormément d'informations personnelles sur eux. Et ça commence avec le smartphone. Donc quand on dit l'âge moyen du premier smartphone, c'est autour de 8-9 ans. Dès cet instant-là, l'enfant, s'il n'est pas accompagné, va finalement alimenter son smartphone en des quantités de données personnelles qui sont très importantes. Ça peut être des déplacements favoris avec la géolocalisation, ça peut être des photos, ça peut être des vidéos, ça peut être même des données de santé qui sont des données sensibles au sens de la loi lorsqu'on mesure le nombre de pas qu'on fait par jour. Donc il y a vraiment ce réflexe à avoir lorsqu'on parle du numérique aux enfants, de leur expliquer que, attention, bien sûr, le numérique, il ne faut pas le diaboliser. On peut faire plein de choses très positives. On peut accéder à la connaissance, faire des recherches. C'est un outil de socialisation très important à l'adolescence. Mais il faut être conscient qu'il y a un certain nombre de précautions à prendre. si on veut éviter de se trouver confronté à des enjeux liés à ces données personnelles. Ça peut être du piratage de comptes, ça peut être du cyberharcèlement, ça peut être l'exploitation aussi commerciale de ces données.

  • Speaker #0

    Oui, donc en fait, le sujet, c'est plutôt de les guider vers une consommation responsable. Donc, il y a un vrai rôle des parents là-dedans. Tu le disais, c'est aussi un accès à la culture et au savoir. Donc, les réseaux sociaux, ça peut être un outil d'échange. Et ça, ça permet aussi de ne pas être... exclue d'un groupe encore plus quand on est à l'adolescence, en construction totale. Et le revers de la médaille, tu en as parlé rapidement, mais j'aimerais bien qu'on revienne dessus. C'est ce phénomène, justement, que c'est Shoshana Zuboff qui appelle ça le capitalisme de surveillance. Et donc, tu viens d'en parler, on laisse des traces, ça a des conséquences, on fait des pas, etc. Comment est-ce que, justement, on arrive à prendre conscience de ça quand on est jeune ? et qu'on est insouciants ?

  • Speaker #2

    Quand on est jeune, on en prend conscience parce qu'on peut être sensibilisé justement par d'autres acteurs. Et Nadia le disait justement, les parents ne sont pas les seuls à pouvoir accompagner les enfants. Je crois que l'éducation au numérique, chacun a un rôle à jouer finalement pour sensibiliser les plus jeunes à tous ces enjeux. Donc l'école, évidemment, l'école c'est le lieu de la transmission des savoirs. Tous les enjeux liés à la citoyenneté numérique sont bien sûr abordés à l'école. Mais bon, les programmes sont chargés, donc les enseignants font ce qu'ils peuvent, mais ils ne peuvent pas tout résoudre. Donc les parents, effectivement, ont aussi leur rôle à jouer, sachant que les parents sur ce sujet sont très démunis. Parfois, ils culpabilisent aussi. Donc lorsqu'on s'adresse à eux, il faut éviter d'être dans une posture de jugement. On essaie beaucoup d'avoir de l'empathie lorsqu'on rencontre des parents. Parce que bien souvent, ils nous disent, voilà, nos enfants, de toute façon, en savent beaucoup plus que nous sur le numérique. Donc, on n'a pas du tout de légitimité. On n'est pas crédible à parler sur ces sujets. Donc, on les rassure en leur disant, mais vous savez, nous aussi, on est parents. Nous aussi, on a des enfants. Ils ont pu aussi avoir des comportements parfois un peu de dépendance vis-à-vis notamment des jeux vidéo ou d'autres pratiques numériques. Donc, ayez votre rôle de parent, c'est-à-dire discutez déjà, échangez avec les enfants, avec vos enfants. Plus précisément, tu me demandais la commercialisation des données personnelles. Donc expliquer aux enfants que d'abord, rien n'est gratuit lorsqu'on est sur Internet. C'est le fameux adage, si c'est gratuit, c'est toi le produit. Donc il y a forcément une contrepartie. Et la contrepartie, c'est que nos données personnelles ont énormément de valeur. Parce qu'en fait, le modèle économique des GAFAM, des grands acteurs du numérique, c'est justement... de dresser une sorte de portrait robot de nous. Lorsqu'on est en ligne, on l'a dit, on laisse énormément de traces, nos goûts, nos préférences musicales, nos lieux de vacances, etc. Et donc, toutes ces informations valent de l'or, en réalité, parce qu'elles vont être captées par les entreprises qui vont ensuite pousser du ciblage publicitaire. Et donc, ce que montre très bien Ausha Zuboff, dans son ouvrage sur le capitalisme de surveillance, c'est que tout ça n'est pas le fait du hasard. C'est qu'en fait, nos données personnelles sont captées à notre insu, c'est-à-dire que voilà le point essentiel, c'est qu'on n'en a pas forcément conscience. Et ça, un jeune, et a fortiori un enfant, ne peut pas le comprendre tout seul. Donc il nous revient à nous de lui expliquer cette mécanique finalement de l'économie des données personnelles pour qu'ensuite il en ait conscience. Et bien sûr... libre à lui de faire ce qu'il veut. Nous, on n'est pas dans l'idée d'interdire quoi que ce soit. Notre mission, nous, c'est de développer une prise de conscience, en fait, pour que chacun puisse être sensibilisé à tous ces enjeux. Et donc, c'est de décoder les enjeux de manière très simple, avec des cas d'usage, des exemples, en s'inspirant des pratiques numériques aussi, de terrain. Lorsqu'on va s'adresser aux jeunes, on va d'abord essayer de comprendre ce qu'ils font. lorsqu'ils sont sur Internet et les réseaux sociaux. Et puis ensuite, à partir d'exemples très concrets, de développer un peu tous ces enjeux et d'espérer ensuite qu'une fois la compréhension des enjeux faite, dans la pratique, ils pourront effectivement appliquer les conseils qu'on peut leur donner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je rebondis. Nadia, tu voulais rebondir, non ?

  • Speaker #3

    Oui, je voulais peut-être rebondir sur deux choses. Là, tu viens de nous exposer l'importance de la sécurité numérique et en tout cas... Chez Docaposte, on ne peut être que d'accord avec ce que tu dis. Mais je voulais peut-être aussi insister sur un point qu'il y a numérique et numérique. Il y a la pratique du numérique sur les réseaux sociaux, sur un peu la pratique du numérique dans un monde, dans notre environnement privé. Mais il y a aussi la pratique du numérique à l'école. Et là, je voulais un petit peu rendre hommage à l'ensemble de mes confrères qui travaillent dans les EdTech. où en France, on a aujourd'hui une très belle filière qui conçoit des outils numériques, qui fait attention à l'ensemble de cette gestion des données, qui fait aussi attention au mode d'apprentissage, et où en fait, le numérique, à l'école, est encadré par des enseignants. C'est une vraie opportunité pour travailler des apprentissages dans le monde dans lequel on est aujourd'hui et pouvoir transmettre des bonnes pratiques. Et je trouve que dans la commission écran, ça a aussi été bien soulevé. C'est-à-dire qu'on doit lutter contre ces mauvais usages, faire prendre conscience de ce qu'on peut faire avec nos données personnelles et en même temps accepter que le numérique, qui fait partie de notre vie, qui fait partie aujourd'hui de la vie de chaque citoyen, à l'école, permette de travailler de façon... optimale, un certain nombre d'apprentissages et même combler, par exemple, l'ensemble des difficultés scolaires, parce qu'il y a beaucoup de choses dans le numérique sur lesquelles on peut travailler. Par exemple, les personnes qui sont dyslexiques, le numérique est un vrai apport. C'est pour ça que dans beaucoup de plans personnalisés à l'école, certains enfants en grande difficulté ont le droit à un ordinateur, parce que ça aide. Donc il faut vraiment, je pense que collectivement, se dire qu'il y a numérique et numérique. Il y a le numérique où on doit apporter toutes les bonnes pratiques et puis bien se dire qu'il y a quand même beaucoup d'outils que même je qualifierais presque d'outils métiers qu'on a pour accompagner les enfants dans leur scolarité.

  • Speaker #0

    C'est important de le rappeler parce que c'est vrai qu'on a tendance, tu le dis, à confondre, en tout cas, à tout mettre dans le même panier.

  • Speaker #3

    Quand on parle de numérique.

  • Speaker #0

    Quand on parle de numérique en tant que parent et de se dire, en effet, Je suis sur une application d'apprentissage, par exemple, mais tu disais tout à l'heure, on ne sait pas vraiment ce qu'ils font quand ils sont devant leurs écrans. Donc,

  • Speaker #3

    bien faire l'expérience entre avoir un compte TikTok à 8 ans et réviser son anglais en troisième avec une application numérique qui a été validée par les enseignants. Absolument. C'est très différent.

  • Speaker #0

    Très important, très bon rappel. Merci. Alors, si je rebascule du coup de... De l'autre côté, quand on interroge les adolescents dans leur consommation de contenu sur les réseaux sociaux, ils nous répondent souvent, je cite, « C'est très bien fait car la plateforme leur propose ce qu'ils aiment. » Et c'est là où, en effet, il faut vraiment faire la différence, c'est là où la notion de liberté aussi va rentrer en jeu. À quel moment est-ce qu'on n'est plus acteur de notre consommation et comment, justement, on peut ne pas laisser des enfants s'enfermer dans ces bulles d'informations ?

  • Speaker #2

    Alors oui, c'est un point qui est majeur, le fait de garder son esprit critique lorsqu'on est sur les réseaux sociaux. La particularité des réseaux sociaux, c'est que tout est au même niveau. Les opinions, les croyances, les faits, les fausses informations. Tout arrive finalement en bloc devant l'utilisateur. Et effectivement, lorsqu'il est jeune, il aura plus de difficultés à faire le tri entre une vraie information, une fausse information, etc. Donc l'enjeu, c'est vraiment de développer chez ces jeunes un esprit critique qui leur permettra finalement d'échapper à ces fameuses bulles de filtres. Alors il faut savoir qu'effectivement, les réseaux sociaux... Ce sont des plateformes qui sont conçues, designées d'une certaine façon. Il n'y a pas de hasard. Il y a dans les réseaux sociaux des algorithmes très puissants qui parfois d'ailleurs peuvent mener à des comportements de dépression, voire pousser certains ados au suicide. Donc ça, il faut être bien conscient que ces algorithmes-là, ils sont présents. Ils vont donc soit conduire à des comportements excessifs, soit... enfermer les jeunes dans des idées qui leur correspondent déjà. Comment construire un esprit critique lorsqu'on est en permanence en face de textes, de contenus, d'images qui ne nous permettent pas d'ouvrir le spectre ? Étienne Klein parle de chez-soi idéologique, c'est-à-dire qu'on a du mal à envisager que d'autres opinions, d'autres croyances puissent exister. Donc ça, c'est vraiment un enjeu qui est capital. Et puis, chez les jeunes enfants aussi, on constate qu'ils sont très vulnérables, justement, à l'économie de l'attention. C'est-à-dire que vous avez, vous, sûrement fait déjà l'expérience. Vous allez sur un réseau social pour écouter de la musique. Vous dites, voilà, je vais écouter un ou deux morceaux de musique. Et en fait, au bout de deux heures, vous êtes toujours sur ce même type de musique. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, l'algorithme est tel, est tellement puissant qu'il va... monopoliser votre attention. Il va vous faire rester le plus longtemps possible en ligne. Donc voilà, il y a un vrai enjeu d'éducation aux médias et à l'information qui d'ailleurs rejoint l'enjeu d'éducation au numérique. Et donc la CNIL, bien sûr, est très investie aussi sur ces sujets puisqu'on travaille régulièrement avec le CLEMI, notamment pendant la semaine de la presse et des médias dans l'école. On a... l'occasion de sensibiliser des collégiens, des lycéens pendant cette semaine de la presse à tous ces enjeux liés à l'esprit critique. Et donc tous ces enjeux-là, c'est vrai qu'ils sont parfois compliqués à comprendre. Et nous, le parti pris qu'on a eu, c'est de dire que d'abord, on publie beaucoup de conseils pratiques, de posters, de livrets faciles d'utilisation, mais aussi on a conçu un escape game. qui s'appelle les gardiens du numérique. Et en fait, cet escape game permet aux familles, finalement, de vivre une expérience ensemble. C'est-à-dire que les parents et leurs enfants vont venir jouer. Les missions portent évidemment sur des enjeux principaux du numérique, le cyberharcèlement, les fake news, l'économie de la donnée, etc. Et donc, le fait de mettre ensemble parents et enfants autour d'un jeu, on s'est rendu compte qu'en fait, c'était très bien parce qu'en s'amusant, justement, ça déclenchait aussi des prises de conscience. Ça permettait de redialoguer aussi avec ses enfants sur ces sujets. Donc, voilà, apprendre par le jeu, c'est quand même quelque chose qui a fait ses preuves.

  • Speaker #0

    C'était ce qu'il y a bien. Il est disponible sur le site de la CNIL.

  • Speaker #2

    Alors, il a été pendant un an et demi à la Cité des sciences, à la bibliothèque de la Cité des sciences. Et là, il va circuler, en fait, dans plusieurs villes de France. Donc, tout organisme, structure, qui souhaite effectivement le montrer, le mettre en démonstration dans un espace donné peut effectivement nous faire suivre.

  • Speaker #0

    C'est vraiment physique.

  • Speaker #2

    C'est un jeu physique,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #2

    Et nous avons fait un livret dans le prolongement de ce jeu. qui reprend justement tous les enjeux de citoyenneté numérique. Et dans ce livret, il y a un pacte famille, parce que c'est aussi l'idée de rassurer les parents, de faire en sorte qu'on les aide aussi à fixer des règles en famille. Et donc, on parlait beaucoup d'accompagnement tout à l'heure, et c'est vrai que c'est un bon moyen aussi justement d'aider les parents qui sont vraiment parfois complètement démunis sur tous ces enjeux. Donc le pacte famille marche très bien. C'est un livret qu'on distribue beaucoup aux écoles, beaucoup aussi... dans l'univers extrascolaire et ça fonctionne très bien.

  • Speaker #0

    Alors tu parles d'accompagnement, très bonne transition, merci Nadia. Quelles sont les fonctionnalités impacts sociétales et chartes éthiques que Pronote développe pour accompagner justement les élèves ?

  • Speaker #3

    Alors c'est vrai que déjà Pronote, comme le rappelait Olivier tout à l'heure, c'est 18 millions d'utilisateurs, ce qui représente un quart de la population française. Et aujourd'hui, je pense que dans beaucoup d'écoles, c'est le lien avec les familles.

  • Speaker #0

    C'est un outil métier qui permet aux chefs d'établissement d'organiser la vie de l'école, aux enseignants de pouvoir aussi organiser les différents parcours pédagogiques, la mise à disposition des devoirs, etc. Et puis des bulletins de notes, bien sûr. Mais globalement, je pense que si on devait retenir une idée, c'est que c'est vraiment ce lien avec les familles. Alors, en termes de fonctionnalités, il y en a beaucoup. Je ne vais pas forcément les lister. Peut-être ce que j'aimerais partager avec vous, c'est notre conviction. Notre conviction chez Docaposte, c'est que même si juridiquement, la donnée scolaire n'est pas une donnée sensible, notre conviction, c'est qu'on doit la traiter comme telle. Et nous avons fait le choix de passer la qualification SecNumCloud, qui est aujourd'hui la qualification qui répond aux plus hautes exigences sur la protection de la donnée, et qui nous a demandé un travail de plus de deux ans, qui soit à la fois technique, organisationnel, juridique. Donc, c'est vraiment des questions qui, aujourd'hui, sont au cœur de la réflexion de nos équipes. Et globalement, à chaque fonctionnalité, on se pose des questions. Et c'est pour ça aussi que nous avons décidé, dès novembre 2023, d'instaurer un comité éthique chez Docaposte, un comité éthique qui touche l'éducation et la jeunesse, dans lequel on traite un ensemble de questionnements. que nos équipes se posent quand elles doivent développer des fonctionnalités. Par exemple, aujourd'hui, il y a dans Pronote le droit à la déconnexion des enseignants, puisque en tant que professionnels, nous avons droit à ce temps de déconnexion. Mais qu'en est-il de la déconnexion des enfants ? Est-ce qu'on doit instaurer, notamment quand on parcourt la commission écran ? et ses recommandations, est-ce qu'on doit instaurer un droit à la déconnexion aux écrans ? Nous, on pense que oui, mais le oui et non n'est pas si simple que ça. Est-ce que ça veut dire qu'on prive un lycéen de travailler entre 21h et 23h de manière arbitraire ? Est-ce que cela veut dire que c'est aux parents de programmer ce droit à la déconnexion, mais les parents n'ont pas tous les mêmes règles ? Est-ce que c'est au chef d'établissement de fixer des rêves qui seront peut-être... Tous les enseignants ne seront peut-être pas d'accord. Vous voyez, ce sont des débats que nous, on se pose, qui ne sont pas simples, qui, au final, ont une action fonctionnelle, un développement d'une fonctionnalité. Et c'est pour ça qu'on a mis en place un comité éthique. Et puis, la frontière, si je parle peut-être d'un autre sujet qui est le harcèlement, la frontière aujourd'hui à l'école, les réseaux sociaux de ce qui se passe à l'école, dans l'école, en dehors de l'école, ça devient... extrêmement poreux, tout se fait en même temps. Et si je reprends un autre sujet, peut-être on parle souvent du harcèlement. Le harcèlement, aujourd'hui, il est extrêmement poreux. Il se passe dans l'école, en dehors de l'école, pendant les heures de classe, pendant les week-ends, pendant le soir, enfin bref. On n'a plus de cette frontière qui existait peut-être avant les réseaux sociaux et c'est pour ça que... pour accompagner la communauté éducative, puisque c'est vraiment aujourd'hui l'objet premier des outils que nous mettons en place dans les établissements, et créer un bouton SOS harcèlement qui permet au chef d'établissement de paramétrer les dispositifs qu'il a mis en place avec la communauté éducative dans son établissement, puisque aujourd'hui on a des référents harcèlement par exemple, et ainsi les jeunes et les parents qui sont victimes. d'un harcèlement peuvent plus facilement contacter la bonne personne. Donc, tout ça, ce sont des enjeux sociétaux qu'on ne peut que prendre en compte dans un outil qui est entre les mains de 18 millions de personnes. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, outils versus réseaux, dont on parlait tout à l'heure, et encore une fois, bien comprendre la différence entre les deux numériques, le numérique outil et le numérique plus global.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Par exemple, on a des forums dans nos outils qui permettent aux enseignants d'être des modérateurs. Donc, donner en main auprès des élèves des outils numériques, c'est indispensable puisque la société est numérique. Et donc, si on ne les éduque pas, ça ne fonctionnera pas. Mais je crois qu'on a une responsabilité collective de le faire dans de bonnes conditions.

  • Speaker #1

    Alors c'est parfait, vous faites toutes mes transitions, j'adore ça. L'objectif de Tendance Inno, c'est d'acculturer. Donc depuis tout à l'heure, on parle justement de cette façon d'être sensibilisé au numérique. Mais donc proposer des conseils à nos auditeurs, tu en as donné quelques-uns Nadia. Si on se place du point de vue des citoyens, mais ça peut être aussi des collectivités locales, du corps enseignant, des parents. Quel conseil que vous n'avez pas déjà donné, donneriez-vous pour accompagner justement cette prise de conscience de l'éducation digitale, de la différenciation ? des deux numériques.

  • Speaker #2

    Peut-être juste, si tu me permets, Marine, une petite remarque avant de répondre à ta question. On a beaucoup parlé du fait que les parents, l'école et d'autres acteurs devaient s'impliquer dans l'éducation au numérique des enfants. Et la CNIL y prend d'ailleurs toute sa part. Mais on n'a pas parlé des entreprises. Je voudrais quand même insister sur le fait que les entreprises aussi ont leur part de responsabilité, notamment sur... les algorithmes qui sont utilisés justement par les réseaux sociaux, je rappelle que le DSA, le Digital Services Act, prévoit justement que les entreprises fassent preuve de transparence dans la manière dont elles construisent leurs algorithmes. Donc là, je crois que c'est important d'insister sur cet aspect parce que les plateformes devraient quand même être plus éthiques, plus vertueuses et faire reposer la responsabilité uniquement sur l'utilisateur. ne me paraît pas une bonne idée. Il faut que chacun prenne sa part. Et je voulais juste en profiter pour dire que les entreprises aussi ont leur part et doivent prendre leur part. Alors sur les conseils pratiques, c'est vrai que nous, on a pour habitude, dans notre mission de sensibilisation sur les enjeux du numérique, de produire des outils très concrets. Donc on fabrique beaucoup de posters qui marchent très très bien. Et donc les conseils pratiques sont souvent des conseils de bon sens. mais auxquelles on ne pense pas forcément. On parlait tout à l'heure de la sécurité des données personnelles, qui est un des piliers de la loi de protection des données et du RGPD. C'est déjà comment je sécurise mes propres données personnelles. Ça commence par un bon mot de passe. Et on est parfois surpris d'observer que les mots de passe ne sont pas du tout robustes, que beaucoup de gens ont le même mot de passe. tous leurs comptes. Je ne sais pas parmi vous si c'est le cas, mais en tout cas, c'est fortement déconseillé puisque si un hacker rentre dans un des comptes, eh bien, il va hacker tous vos comptes si vous avez le même mot de passe pour tous vos comptes. Et ça, c'est vraiment un point chez les ados. Autant ils ont des vraies stratégies pour protéger leur vie privée en ligne. Par exemple, ils n'utilisent pas leur visage pour leurs photos de profil. Ils paramètrent leurs comptes en privé. Autant Autant cet aspect de sécurité des données personnelles est un peu négligé. Ça, c'est une enquête de Génération Numérique, qui est une association qui travaille beaucoup avec nous, entre autres, il y en a plein d'autres, sur l'éducation numérique, et qui montre qu'à peu près la moitié des 11-18 ans ne change jamais de mot de passe, a toujours le même mot de passe, ne bâtit pas un mot de passe robuste. Donc là, il y a vraiment une... un point de vigilance à avoir sur la sécurité des données. Et puis, c'est l'idée aussi de faire attention à ce qu'on dévoile sur soi en ligne. On en a un peu parlé tout à l'heure. On ne va pas raconter toute sa vie sur les réseaux sociaux. On va éviter de donner des informations très sensibles. Quelques exemples, les opinions politiques, la religion, l'orientation sexuelle. On comprend très vite pourquoi ça peut... Être dangereux, évidemment, engendrer de l'exclusion, des propos haineux, etc. Et puis, on parlait d'esprit critique, essayer de vérifier les informations, de les recouper, de faire un peu un travail d'analyse, un petit travail de journaliste finalement, à sa propre échelle, de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu'on voit sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les jeunes, et notamment les collégiens, leur principal mode d'information, c'est les réseaux sociaux. Donc, il y a un vrai enjeu d'expliquer, on l'a dit tout à l'heure, de les sensibiliser à l'importance d'exercer leur esprit critique. Et ça, il faut les accompagner. Ils ne peuvent pas le faire tout seuls.

  • Speaker #1

    Nadia ?

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, je pense que le mot qui me vient tout de suite, c'est formation, formation, formation et encore formation. Et bien sûr, il faut former les élèves, mais pour former les élèves, il faut aussi former les adultes qui accompagnent les élèves et notamment les enseignants. Parce que je crois qu'on a encore beaucoup de choses à faire sur ce sujet-là. Ils sont très investis, mais ils ont besoin encore une fois d'outils que vous mettez à disposition, mais aussi de pouvoir en parler, être formé régulièrement. pas forcément toujours le cas et ce qui est aussi un petit peu différent en fonction du niveau d'apprentissage des élèves. On voit bien par exemple que l'aisance sur le numérique n'est pas le même quand on est pour les enseignants qui sont primaires que les enseignants qui sont suite au lycée par exemple. Je crois que le temps de formation est indispensable. Je sais que c'est aussi le cheval de bataille de la DNE. au niveau du ministère sur ce sujet-là. À mon avis, il faut déjà commencer par ça. Et effectivement, rebondir aussi sur cet esprit critique. Peut-être petite anecdote personnelle, mais ce week-end, j'étais sur les réseaux sociaux, qui est une source d'information. Mais comme j'ai un esprit critique, j'ai pu quand même essayer de corroborer tout ça. Mais j'ai été effarée par ce chiffre-là. 19% des élèves des 18-24 ans pensent que les... pyramides égyptiennes ont été construites par des extraterrestres. Et c'est 3% des seniors. La différence entre les seniors et ces jeunes, c'est TikTok et Twitter. Je trouve que ce chiffre-là montre vraiment à quel point avoir TikTok ou d'autres réseaux comme seule source d'information peut être limité, ce qui ramène... toujours le rôle de l'école, le rôle de l'éducation dans les apprentissages de nos jeunes.

  • Speaker #1

    Et de l'éducation, la formation aussi des parents, l'affaire de tous. Vraiment, Olivier ?

  • Speaker #3

    Alors, à la formation, je suis assez d'accord, notamment la formation sur l'esprit critique, un peu ma marode, vous le savez. Je rajouterais une vision un peu plus tech, qui est l'outillage. Aujourd'hui, on a parlé de formation, c'est très important, le dialogue avec les enseignants, avec les parents, c'est extrêmement important. Mais aujourd'hui, il existe de nombreux outils gratuits, utilisables par les enfants et les adolescents, pour limiter cette captation d'informations de la donnée privée. Je pense à Brave, je pense à l'iPhone Trousseau, je pense à DuckDuckGo, à Ghostery, qui sont des outils qui permettent de limiter la diffusion d'informations personnelles. qui permettent d'alerter sur des sites issus des réseaux sociaux qui peuvent être un peu frauduleux ou marqués comme étranges. Et donc, cette vision tech, je pense qu'il faut aussi l'amener dans la formation et dans le dialogue avec les enfants, parce qu'on est plus en sécurité en surfant avec Bref qu'avec d'autres. C'est juste la vision un peu plus tech par rapport à une vision plus sociale qu'on a eue de

  • Speaker #1

    Nadia et Carina. Une vision complémentaire. de l'ensemble.

  • Speaker #2

    Tu as raison, mais encore faut-il que ces outils soient connus. Et je ne suis pas sûre que les outils que tu as cités, les parents, les connaissent forcément, voire même les enseignants. Donc c'est vrai, il y a un enjeu aussi de diffusion de cette connaissance-là, qu'il existe des solutions pratiques, techniques, technologiques pour limiter l'exposition de sa vie privée en ligne. Mais voilà, il y a un vrai enjeu de diffusion de cette connaissance-là aussi.

  • Speaker #3

    A l'intégrer aux formations.

  • Speaker #2

    Et dès l'école du professeur, c'est-à-dire les INSP, parce qu'on parle de formation continue, mais il y a aussi la formation initiale, qui est véritablement très importante pour un enseignant. Et là, on pourrait tout à fait imaginer parler de ces sujets-là dès la formation initiale, bien sûr.

  • Speaker #1

    On mettra des liens aussi dans la description du podcast. Carina, Nadia, je vous propose maintenant mon moment préféré de ce podcast. Le moment où Olivier nous donne sa vision sur le sujet, est-ce que ce sera une vision utopique ou dystopique ?

  • Speaker #2

    Olivier,

  • Speaker #1

    c'est ton moment.

  • Speaker #3

    Merci Marine. L'éducation contemporaine, on en a beaucoup parlé, cet espace d'aspiration où se conjugue savoir et devenir, se voit aujourd'hui irrémédiablement imbriqué dans le numérique. De cette relation émerge une toile complexe tissée de... promesses et d'illusions où s'affrontent l'idéal de transparence et l'ombre omniprésente des intérêts cachés. Si la technologie offre la possibilité d'un accès inégalé aux connaissances, elle ne vient pas seule. Elle se fait cheval de trois d'un réseau d'influences qui transcendent la simple sphère éducative pour s'immiscer on en a parlé dans la construction même de la citoyenneté. Mais à quel prix et sous quelle lumière l'éducation peut-elle se réapproprier ce nouvel espace ? A cette table du savoir numérisé s'invitent les géants du numérique, toujours bienveillants mais au rôle ambivalent. Le savoir n'a jamais été aussi accessible, jamais l'humanité n'a eu à portée de main autant de ressources pour apprendre, comprendre, questionner le savoir, s'enrichir l'esprit. C'est pourtant le même vecteur qui bataille férocement l'attention des enfants sur un tout autre champ, celui de l'émotion, principal ingrédient du maintien presque infini de l'attention. Ces plateformes, par leur code invisible et leur système de recommandations sophistiqués, imposent une vision du monde biaisée par l'algorithmie, proposant continuellement les contenus les plus susceptibles d'inciter l'utilisateur à cliquer encore et encore. se posant en nouveau des murges, redéfinissant la manière dont les jeunes perçoivent, assimilent et reproduisent l'information. Or, qui les en empêche ? La question est mauvaise, remplaçons-la plutôt par comment attirer leur attention critique. L'État se trouve face à un paradoxe troublant. Il est à la fois sommé de s'adapter, de suivre cette marche numérique, et de se poser en contrepoids, garant d'une certaine intégrité du savoir et de l'instruction. Peut-il, en régulant les plateformes numériques, jouer un rôle salvateur et rétablir un équilibre dans cette mer agitée d'influences commerciales ? Là aussi, la question est peut-être mauvaise, sans doute. Il est alors tentant de se tourner vers la société civile, comme ultime rempart à la concentration de ce pouvoir numérique dans les mains de quelques-uns. Associations, collectifs d'enseignants, parents d'élèves, penseurs et chercheurs critiques, tous forment un tissu social prêt à contester les dérives, à dénoncer les atteintes à l'intégrité pédagogique. et à promouvoir un usage éclairé, raisonné du numérique, comme le fait Educnum. Mais dans cette société où le numérique s'immisce partout, comment la société civile peut-elle véritablement résister ? L'éducation numérique se présente à nous comme un champ de tension de force contradictoire, où se dessinent les lignes de l'avenir des générations futures. Car au fond, cette question dépasse largement le cadre de l'instruction seule. Elle interroge le sens même de la connaissance, sa valeur et sa transmission. Dans ce monde... où transparence et illusion se confondent, comment redéfinir les contours de ce que doit être une éducation véritablement libre, juste, inclusive et adaptée aux réalités de notre temps, et non pas simplement augmentée par le numérique, mais profondément enrichie par une pensée critique, un regard lucide et une quête sincère de vérité, vous avez 4 heures.

  • Speaker #1

    Alors, vos réactions ?

  • Speaker #0

    Nous allons plancher un petit peu.

  • Speaker #1

    Vous avez quatre ans,

  • Speaker #0

    vous pouvez vous rendre une copie commune.

  • Speaker #2

    Non, mais là où je suis d'accord, effectivement, c'est que les enjeux sont plus larges. C'est-à-dire qu'on est dans une société numérique, on est dans un monde numérique. Parce qu'on a beaucoup parlé du national, mais ces problèmes-là, tous les jeunes du monde entier les ont. Vous avez peut-être vu que le Premier ministre australien a proposé que les réseaux sociaux soient interdits en dessous de 16 ans. Donc tous les pays du monde connaissent ces sujets simplement, ils n'ont pas toujours les mêmes manières de les traiter. Donc en France et en Europe, on a la chance d'avoir un cadre juridique très protecteur, un des droits fondamentaux. La loi informatique et liberté en France, les lois nationales dans les pays de l'Union européenne et le RGPD, donc le règlement général sur la protection des données. Donc ça veut dire que la protection de la vie privée est un droit fondamental. Autrement dit, il y a des limites. lorsqu'on parle... par exemple de reconnaissance faciale. La reconnaissance faciale, ça comporte de la biométrie. La biométrie est une donnée sensible, donc on ne peut pas faire de la reconnaissance faciale sans y être autorisé. En tout cas, ça peut être une expérimentation, mais qui va être limitée dans le temps. On parlait tout à l'heure du droit à la déconnexion. La Chine ne s'est pas posé ce genre de problème. La Chine interdit, pour contrôler le temps passé devant les jeux vidéo, à partir d'une certaine heure, elle débranche, en fait, elle déconnecte les enfants. Je ne suis pas sûre qu'on ait envie de ça en France et en Europe. Et on a la chance encore d'avoir un modèle qui garantit finalement la démocratie. Donc la réflexion à avoir, il me semble, plus large, c'est dans quel type de société, en fait, on veut vivre, jusqu'où on est prêt à renoncer à la part de notre intimité, de notre vie privée, pour finalement... Oui, ils vivent dans une société où, grâce au numérique, on fait plein de choses. Mais il me semble que cette dimension est... éthique, en fait, elle est vraiment très importante. Et on peut tout à fait concilier éthique, protection de la vie privée et innovation. Il n'y a pas du tout d'antagonisme entre les deux. Et on parlait tout à l'heure, vous parliez de la société civile. On constate qu'il y a quand même une prise de conscience maintenant chez les gens, les individus, les citoyens. il voit bien l'urgence et les enjeux qui se dessinent Il y a quelque temps, un collectif de familles a créé, je crois que ça s'appelle Algo Victima, donc victime des algorithmes, a lancé une forme de pétition justement pour essayer de faire prendre conscience aux décideurs qu'il y avait là un vrai sujet, c'est-à-dire que est-ce que notre vie privée, notre libre arbitre, nos droits sont protégés suffisamment dans ce monde technologique ? Donc, tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit. Je crois qu'on a la chance d'être dans une démocratie où nos libertés personnelles et publiques aussi sont encore garanties. Et donc, je crois que c'est important de se dire que c'est précieux et que les jeunes aussi doivent en avoir conscience et que c'est un bien commun qu'il s'agit vraiment de protéger.

  • Speaker #1

    Nadia, une réaction ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être rebondir sur un point qu'on a évoqué tout à l'heure sur la responsabilité des entreprises, puisque je pense que tous les éditeurs aujourd'hui, nous avons une responsabilité. Alors, bien sûr, de respecter l'ensemble des règlements, mais ça, ce n'est pas une responsabilité, c'est un fait. Mais d'aller plus loin et de toujours se poser la question de l'usage et de ce qui peut permettre un usage... raisonner du numérique. Et ça, ça veut dire concrètement des fonctionnalités dans nos logiciels, dans nos applications. Il faut qu'on se pose toujours ces questions sans pour autant faire à la place d'eux et prendre la responsabilité à la place d'eux. C'est pour ça notamment que sur une application comme Pronote, le chef d'établissement qui est le responsable du traitement de la donnée a Le pouvoir de paramétrer l'outil comme il le souhaite en fonction de son projet pédagogique. Chaque établissement est différent. Les dispositifs qui sont mis en place sont différents. Et donc, il faut aussi laisser cette responsabilité au plus près du terrain. Donc, moi, je milite en tout cas beaucoup pour cet usage raisonné du numérique où chacun prend sa part de responsabilité.

  • Speaker #1

    Merci. Merci, Carina. Merci, Nadia. Merci, Olivier. J'espère, chers auditeurs, que vous allez repartir avec une meilleure compréhension des enjeux de l'éducation numérique et de la protection des données. Donc, vous pourrez retrouver toutes les ressources mentionnées dans la description de l'épisode. Et moi, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de Tendance Inno. Ciao ! Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendance Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendance Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte. À bientôt pour un nouvel épisode placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

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Description

Un chiffre qui met en lumière l'urgence d'une éducation au numérique responsable : 90% des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux. 📱
Mais savent-ils vraiment comment s'en servir ? 🤔 

Dans cet épisode de Tendances Inno, Marine Adatto et Olivier Senot reçoivent Carina Chatain, responsable de l’éducation au numérique à la CNIL et Nadia AMAL, Directrice Adjointe du pôle Education & Famille chez Docaposte, pour parler d'éducation au numérique. 👨‍👩‍👧‍👦

💡 Au programme :

- Protéger les enfants sans les brider.

- Le rôle des parents et de l'école.

- L'importance de l'esprit critique.

- Des solutions pour un numérique responsable.

💪 Ensemble, construisons un futur numérique plus sûr !

#education #numérique #protection #CNIL #Docaposte #TendancesInno


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendance Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marine Adatto et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations, au programme des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendance Inno. Imaginez un monde où les enfants explorent le monde numérique avec aisance et sécurité. Un monde où le code devient une seconde langue et où la créativité numérique n'a pas de limite. Est-ce une réalité qui se dessine ou reste-t-elle un rêve lointain ? Pour explorer ce sujet, nous accueillons Carina Chatain, responsable de l'éducation au numérique à la CNIL, et Nadia Amal, directrice adjointe du pôle éducation et famille de Docaposte. Pour nous accompagner et partager sa vision aiguisée, Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte, est à mes côtés. Alors, comment éduquer nos enfants dans un monde numérique omniprésent ? Algorithme, libre arbitre, contrôle de ses données personnelles, danger sous-estimé ou éducation numérique à construire ? Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine. Bonjour mesdames. Deux femmes aujourd'hui pour nous parler de tech et d'éducation, domaine sensible s'il en est, en ces périodes troubles de la désinformation, du harcèlement, de l'omniprésence des réseaux sociaux et de l'installation en quelques semaines de ce trublion chat GPT dans les écoles. Carina, tu es de cette génération des diplômés de Sciences Po et de la Sorbonne, qui a passé plus de temps dans les bibliothèques que dans les discothèques. Deux mots aujourd'hui désuets, l'un par son apparente inutilité pour la jeune génération et l'autre balayé par l'évolution naturelle d'une langue vivante. Tu décris dans un article de Renaissance Numérique « La genèse est l'objectif d'EducNum, ce collectif créé en 2013 visant à, je cite, « porter et soutenir des actions visant à promouvoir une véritable culture citoyenne du numérique » . Va ce programme ! qui te tient à cœur. Nadia, de ton côté, tu œuvres chaque jour pour garantir le meilleur du numérique auprès de la communauté éducative, aux premières loges pour constater les dérives du numérique dans l'éducation. Tu ne ménages pas ta peine pour mettre en pratique les conseils de la CNIL et des Ducnum au sein des outils numériques du quotidien de quelques 18 millions de citoyens. Une heure ne sera pas trop pour explorer les liaisons parfois dangereuses du numérique et de l'éducation. Mesdames, nous vous écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour mesdames.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors, je crois que vous avez une très belle mise en avant d'Olivier pour démarrer ce que je vous propose. Et puis, on approfondira évidemment le sujet. C'est un quiz pour vraiment donner un point de vue et quelques chiffres. Donc, tout le monde joue. C'est un jeu. Est-ce que vous êtes prêts ? Première question. Quel pourcentage des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023 ? 70 %, 80 % ou plus ?

  • Speaker #2

    de 90%.

  • Speaker #3

    Je dirais 80%. Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Toi aussi, Olivier ?

  • Speaker #1

    Sachant que tu m'as dit en préparation qu'il y avait 70% des 8-10 ans, tu as plutôt 90% à 13-17.

  • Speaker #0

    Oui, 90%. 90%, c'est un chiffre de 2023, qui est issu d'une étude de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. 90% des jeunes âgés de 13-17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023. Donc un chiffre très élevé qui souligne cette omniprésence dans la vie des adolescents. Deuxième question. Quel pourcentage de parents français a déjà partagé du contenu sur leur enfant sur les réseaux sociaux ? 23%, 53% ou 71% ? Nadia.

  • Speaker #3

    53% ?

  • Speaker #2

    Oui, je dirais aussi 53%.

  • Speaker #0

    53%. Olivier, tu dis ?

  • Speaker #1

    Ça me paraît beaucoup, mais oui, je vais m'aligner à 53%.

  • Speaker #0

    53%. 53 %, c'est énorme. Donc, chiffre de 2023, c'est issu d'une étude qui est menée par l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. C'est un phénomène, c'est toi qui me l'as appris, appelé le share-hunting, je vous le dis sans accent, contraction de share et de parenting. Donc, ça consiste à partager des informations, des photos ou des vidéos de ces enfants en ligne, ce qui prend de plus en plus d'ampleur, on en reparlera tout à l'heure. Et c'est quand même une pratique qui soulève des questions importantes sur la protection de la vie privée des enfants. et les risques potentiels liés à l'exposition précoce sur Internet. Troisième question, quel pourcentage de parents d'enfants âgés de 4 à 16 ans définissent des contrôles sur les réseaux haut débit ou mobiles pour protéger leurs enfants en ligne ? 19%, 39% ou 66% ? Carina ?

  • Speaker #2

    Je dirais 39%.

  • Speaker #0

    39%. Nadia ?

  • Speaker #3

    39%.

  • Speaker #0

    On est alignés. Olivier ? On est alignés. On est alignés, c'est ça, c'est 39% en effet. Alors là, c'est une enquête qui a été menée par MATERS, qui est une organisation dédiée à la sécurité en ligne des enfants, et donc la surveillance de l'activité en ligne, un vrai sujet majeur qui est, entre autres, l'un de nos sujets d'aujourd'hui. Mais c'est aussi un sujet qu'on a posé lors de notre micro-trottoir, puisque nous sommes allés interroger le grand public. pour avoir leur avis justement sur notre sujet. Et la première question que nous avons posée est la suivante. À quel âge avez-vous commencé à utiliser les réseaux sociaux, sachant qu'en moyenne, la première inscription se fait vers 8 ans et demi ?

  • Speaker #2

    C'est super tôt. Moi, j'ai commencé personnellement vers les 14-15 ans. Et encore maintenant, avec du recul, je trouve que c'était très tôt parce que je suis encore un enfant à 14-15 ans. Donc à 8 ans, je ne suis pas OK avec ça.

  • Speaker #0

    En effet, l'idée d'avoir un enfant de 8 ans qui poste sur les réseaux sociaux, ça peut vraiment laisser perplexe, voire faire peur. On aura ensuite posé la question suivante. Près de la moitié des parents surveillent l'activité en ligne de leurs enfants. On en parlait dans le quiz. Et donc, on leur a demandé quel était l'impact sur l'autonomie numérique et la relation parents-enfants.

  • Speaker #2

    Oui, on essaye de surveiller, mais c'est vrai que c'est très intrusif de faire ça. Et en même temps, on ne peut pas les laisser faire n'importe quoi. Donc oui. On essaie de leur laisser de l'autonomie, mais assez partielle, parce que ça peut être trop dangereux de les laisser en totale autonomie.

  • Speaker #0

    Voilà, donc cette fameuse ligne fine entre « je te fais confiance » et « je te surveille de très près » . C'est vrai que d'un côté, on veut leur laisser un peu d'air, et de l'autre côté, on n'a pas du tout envie de découvrir nos enfants en live sur TikTok. Dernière question posée, et c'est une question qui revient souvent. Qui devrait s'occuper de l'éducation de nos jeunes sur leurs droits numériques ? et sur la protection de leur vie privée.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est les parents qui doivent avoir un regard dessus. C'est logique,

  • Speaker #3

    c'est eux qui élèvent leurs enfants,

  • Speaker #2

    c'est eux qui savent ce qui est bon pour leurs enfants. C'est du bon sens, en fait. Le fait que les parents surveillent ce que les enfants font sur les réseaux sociaux, ça donne un certain cadre. Pour un enfant, ça peut aussi donner un impact qui est rassurant. C'est à nous-mêmes de faire l'éducation de nos propres enfants et avoir ce qui doit être bien ou mal pour eux.

  • Speaker #0

    Donc, on voit bien que les parents ont en tête leur rôle dans l'éducation numérique. Merci. La question suivante, c'est vraiment comment être bien informé et comment pouvoir vraiment guider nos enfants. Nadia, Carina, Olivier, est-ce que vous avez des réactions déjà par rapport à ces réponses du micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Oui, peut-être une première réaction sur le phénomène de surveillance par les parents de leurs enfants lorsqu'ils sont sur le numérique. Alors bien sûr, quand il s'agit de très jeunes enfants, la protection de l'enfant doit primer. Et du coup, installer du contrôle parental, par exemple, pour essayer de voir ce que fait son enfant lorsqu'il est sur les réseaux sociaux, c'est tout à fait légitime. En revanche, au fur et à mesure que l'enfant grandit, installer une surveillance permanente de cet enfant, ça n'est pas bon. Parce qu'en fait, ça ne va pas aider l'enfant à se construire et à... à réaliser que la vie privée, c'est quelque chose de valable, que ça mérite d'être protégé. Donc l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner son enfant progressivement vers une forme d'autonomie en ligne. Donc voilà, pas de surveillance généralisée et permanente de l'enfant, surtout lorsqu'il grandit, on va dire. Mais au contraire, un dialogue avec son enfant. On lui explique, lorsqu'on veut mettre du contrôle parental, on lui explique pourquoi. Sachant que le numérique est souvent un sujet très délicat dans les familles, c'est compliqué de parler de numérique avec ses enfants parce qu'en fait les parents sont anxieux. Ils voient que leurs enfants passent beaucoup de temps en ligne. Ils ne savent pas ce qu'ils font en ligne parce qu'il faut bien réaliser que la plupart des enfants sont seuls lorsqu'ils sont sur Internet. Donc bien sûr la tentation est grande de vouloir surveiller constamment son enfant. Mais voilà, comme je l'ai dit, il faut vraiment être dans plutôt une posture de j'accompagne mon enfant et je lui fais confiance. Et puis, dernière chose, il faut quand même se mettre d'accord sur le fait que les enfants ont des droits. On est très étonnés, nous, quand on va dans des classes, rencontre des enfants dans le primaire, au collège, au lycée. On leur demande s'ils ont des droits, s'ils savent qu'ils ont des droits. Ils nous disent non. Donc voilà, c'est toujours bon de rappeler que la Convention internationale des droits de l'enfant garantit un certain nombre de droits. à tous les enfants, quel que soit leur âge, et notamment le droit à la protection de leur vie privée.

  • Speaker #0

    En effet. Nadia ?

  • Speaker #3

    Oui, peut-être pour ajouter, si je rebondis sur une phrase qu'on a entendue dans le micro-trottoir, les parents sont impliqués, mais je crois que la relation entre les écrans et les enfants, c'est un peu l'histoire de tous et la mission de tous, y compris et aussi de la communauté éducative, des associations qui interviennent aussi aujourd'hui dans les écoles. Je pense qu'on peut réussir. à travailler ce sujet qu'à partir du moment où l'ensemble des forces et des parties prenantes travaillent ensemble et c'est ce qui fait je crois que c'est un sujet en tout cas qui ne peut pas être géré aussi en dehors de l'école. Ce n'est pas qu'un sujet pour les parents je crois que l'école a un rôle fondamental dans ces enjeux là.

  • Speaker #0

    Une exemplarité aussi des adultes avec les écrans.

  • Speaker #3

    Une exemplarité, le fait d'expliquer. Je crois que les bonnes pratiques du numérique, l'école peut aussi les inculquer aux enfants et aux parents.

  • Speaker #0

    Olivier, des réactions ?

  • Speaker #1

    Les crêpes. Tous les gamins adorent faire des crêpes. Pourtant, la première fois qu'ils en font, c'est forcément avec leurs parents qui vont les guider parce que ça brûle, parce que ça peut être dangereux. Donc, le numérique, ça doit être pareil. Les parents doivent accompagner au même titre qu'ils les accompagnent pour faire des crêpes.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est un très bon exemple. Alors, Carina, de plus en plus de lois restreignent l'accès aux écrans pour les enfants. Est-ce que c'est vraiment efficace ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qu'on peut dire déjà, c'est que les enfants passent beaucoup de temps sur les écrans. À l'âge de 2-3 ans, un enfant passe déjà plusieurs heures sur un écran. quel qu'il soit. Par jour ? Par jour. Donc le chiffre est quand même évocateur. Alors oui, il y a des initiatives qui sont prises, tant du côté du législateur que des pouvoirs publics. Le Parlement, effectivement, a entrepris une proposition de loi qui vise justement à restreindre le temps d'écran des très jeunes enfants. Donc ça, c'est plutôt effectivement une bonne chose.

  • Speaker #0

    Le temps d'écran des jeunes enfants, c'est quel âge ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a une progressivité, en fait, dans l'âge et les mesures qui sont appliquées en fonction de l'âge des enfants. En gros, plus l'enfant est petit, moins il doit passer de temps devant les écrans, ce qui est déjà une recommandation par ailleurs, qui avait été notamment formulée par l'ARCOM, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique. Et puis, pour compléter ça, le rapport qui a été remis par la commission d'experts que le Président de la République a désigné, pour faire un état des lieux finalement sur les rapports entre les enfants et les écrans, donc ce rapport à la recherche du temps perdu, préconise également d'instaurer une forme de progressivité dans l'exposition des enfants aux écrans. Par exemple, il propose donc d'éviter d'exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans et effectivement plus ils grandissent, plus on peut les laisser devant les écrans. mais de façon modérée. C'est-à-dire qu'à partir de 6 ans, on ne va pas laisser un enfant toute la journée non plus devant les écrans. Donc voilà, il y a une espèce de progressivité qui doit s'installer. Mais est-ce que limiter le temps d'écran et la panacée, je ne le crois pas. D'abord, est-ce que c'est efficace ? En réalité, on a du mal à le vérifier, puisque les enfants ne sont pas devant des écrans en dehors de leur famille. Ils sont aussi devant les écrans chez eux. Donc il faudrait pouvoir... Voilà, enquêter sur ce qu'ils font chez eux, ce qui n'est vraiment pas possible. Et surtout, est-ce que c'est réaliste ? J'ai tendance à dire non, parce qu'en fait, aujourd'hui, les écrans sont partout. Donc, bien sûr qu'il faut limiter l'exposition des très jeunes enfants aux écrans. Mais à partir d'un certain âge, prenez l'interdiction plutôt que la régulation, l'accompagnement, l'éducation. Ça ne me paraît pas forcément une bonne idée. Donc, le vrai enjeu... C'est que font nos enfants lorsqu'ils sont devant les écrans ? Ce n'est pas la même chose de faire une recherche sur Internet pour préparer un exposé, lorsque son professeur a demandé à un élève de préparer un sujet, je ne sais pas, sur l'Ukraine ou sur Van Gogh. Ce n'est pas la même chose que de passer plusieurs heures par jour devant un réseau social sans finalement être conscient que ça va poser question. On sait très bien que les enfants sont plus vulnérables lorsqu'ils sont en ligne. Et donc, a priori, et notamment sur les réseaux sociaux, ils peuvent être exposés à des violences, des cyber-violences, que ce soit le cyber-harcèlement, des propos haineux. Et aussi, il y a un enjeu majeur, c'est la mise en question de leur vie privée lorsqu'ils s'exposent en ligne. Ce qu'il faut bien comprendre, et c'est ce qu'on explique nous aux jeunes quand on les rencontre, c'est que dès l'instant où ils se connectent, ils vont livrer énormément d'informations personnelles sur eux. Et ça commence avec le smartphone. Donc quand on dit l'âge moyen du premier smartphone, c'est autour de 8-9 ans. Dès cet instant-là, l'enfant, s'il n'est pas accompagné, va finalement alimenter son smartphone en des quantités de données personnelles qui sont très importantes. Ça peut être des déplacements favoris avec la géolocalisation, ça peut être des photos, ça peut être des vidéos, ça peut être même des données de santé qui sont des données sensibles au sens de la loi lorsqu'on mesure le nombre de pas qu'on fait par jour. Donc il y a vraiment ce réflexe à avoir lorsqu'on parle du numérique aux enfants, de leur expliquer que, attention, bien sûr, le numérique, il ne faut pas le diaboliser. On peut faire plein de choses très positives. On peut accéder à la connaissance, faire des recherches. C'est un outil de socialisation très important à l'adolescence. Mais il faut être conscient qu'il y a un certain nombre de précautions à prendre. si on veut éviter de se trouver confronté à des enjeux liés à ces données personnelles. Ça peut être du piratage de comptes, ça peut être du cyberharcèlement, ça peut être l'exploitation aussi commerciale de ces données.

  • Speaker #0

    Oui, donc en fait, le sujet, c'est plutôt de les guider vers une consommation responsable. Donc, il y a un vrai rôle des parents là-dedans. Tu le disais, c'est aussi un accès à la culture et au savoir. Donc, les réseaux sociaux, ça peut être un outil d'échange. Et ça, ça permet aussi de ne pas être... exclue d'un groupe encore plus quand on est à l'adolescence, en construction totale. Et le revers de la médaille, tu en as parlé rapidement, mais j'aimerais bien qu'on revienne dessus. C'est ce phénomène, justement, que c'est Shoshana Zuboff qui appelle ça le capitalisme de surveillance. Et donc, tu viens d'en parler, on laisse des traces, ça a des conséquences, on fait des pas, etc. Comment est-ce que, justement, on arrive à prendre conscience de ça quand on est jeune ? et qu'on est insouciants ?

  • Speaker #2

    Quand on est jeune, on en prend conscience parce qu'on peut être sensibilisé justement par d'autres acteurs. Et Nadia le disait justement, les parents ne sont pas les seuls à pouvoir accompagner les enfants. Je crois que l'éducation au numérique, chacun a un rôle à jouer finalement pour sensibiliser les plus jeunes à tous ces enjeux. Donc l'école, évidemment, l'école c'est le lieu de la transmission des savoirs. Tous les enjeux liés à la citoyenneté numérique sont bien sûr abordés à l'école. Mais bon, les programmes sont chargés, donc les enseignants font ce qu'ils peuvent, mais ils ne peuvent pas tout résoudre. Donc les parents, effectivement, ont aussi leur rôle à jouer, sachant que les parents sur ce sujet sont très démunis. Parfois, ils culpabilisent aussi. Donc lorsqu'on s'adresse à eux, il faut éviter d'être dans une posture de jugement. On essaie beaucoup d'avoir de l'empathie lorsqu'on rencontre des parents. Parce que bien souvent, ils nous disent, voilà, nos enfants, de toute façon, en savent beaucoup plus que nous sur le numérique. Donc, on n'a pas du tout de légitimité. On n'est pas crédible à parler sur ces sujets. Donc, on les rassure en leur disant, mais vous savez, nous aussi, on est parents. Nous aussi, on a des enfants. Ils ont pu aussi avoir des comportements parfois un peu de dépendance vis-à-vis notamment des jeux vidéo ou d'autres pratiques numériques. Donc, ayez votre rôle de parent, c'est-à-dire discutez déjà, échangez avec les enfants, avec vos enfants. Plus précisément, tu me demandais la commercialisation des données personnelles. Donc expliquer aux enfants que d'abord, rien n'est gratuit lorsqu'on est sur Internet. C'est le fameux adage, si c'est gratuit, c'est toi le produit. Donc il y a forcément une contrepartie. Et la contrepartie, c'est que nos données personnelles ont énormément de valeur. Parce qu'en fait, le modèle économique des GAFAM, des grands acteurs du numérique, c'est justement... de dresser une sorte de portrait robot de nous. Lorsqu'on est en ligne, on l'a dit, on laisse énormément de traces, nos goûts, nos préférences musicales, nos lieux de vacances, etc. Et donc, toutes ces informations valent de l'or, en réalité, parce qu'elles vont être captées par les entreprises qui vont ensuite pousser du ciblage publicitaire. Et donc, ce que montre très bien Ausha Zuboff, dans son ouvrage sur le capitalisme de surveillance, c'est que tout ça n'est pas le fait du hasard. C'est qu'en fait, nos données personnelles sont captées à notre insu, c'est-à-dire que voilà le point essentiel, c'est qu'on n'en a pas forcément conscience. Et ça, un jeune, et a fortiori un enfant, ne peut pas le comprendre tout seul. Donc il nous revient à nous de lui expliquer cette mécanique finalement de l'économie des données personnelles pour qu'ensuite il en ait conscience. Et bien sûr... libre à lui de faire ce qu'il veut. Nous, on n'est pas dans l'idée d'interdire quoi que ce soit. Notre mission, nous, c'est de développer une prise de conscience, en fait, pour que chacun puisse être sensibilisé à tous ces enjeux. Et donc, c'est de décoder les enjeux de manière très simple, avec des cas d'usage, des exemples, en s'inspirant des pratiques numériques aussi, de terrain. Lorsqu'on va s'adresser aux jeunes, on va d'abord essayer de comprendre ce qu'ils font. lorsqu'ils sont sur Internet et les réseaux sociaux. Et puis ensuite, à partir d'exemples très concrets, de développer un peu tous ces enjeux et d'espérer ensuite qu'une fois la compréhension des enjeux faite, dans la pratique, ils pourront effectivement appliquer les conseils qu'on peut leur donner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je rebondis. Nadia, tu voulais rebondir, non ?

  • Speaker #3

    Oui, je voulais peut-être rebondir sur deux choses. Là, tu viens de nous exposer l'importance de la sécurité numérique et en tout cas... Chez Docaposte, on ne peut être que d'accord avec ce que tu dis. Mais je voulais peut-être aussi insister sur un point qu'il y a numérique et numérique. Il y a la pratique du numérique sur les réseaux sociaux, sur un peu la pratique du numérique dans un monde, dans notre environnement privé. Mais il y a aussi la pratique du numérique à l'école. Et là, je voulais un petit peu rendre hommage à l'ensemble de mes confrères qui travaillent dans les EdTech. où en France, on a aujourd'hui une très belle filière qui conçoit des outils numériques, qui fait attention à l'ensemble de cette gestion des données, qui fait aussi attention au mode d'apprentissage, et où en fait, le numérique, à l'école, est encadré par des enseignants. C'est une vraie opportunité pour travailler des apprentissages dans le monde dans lequel on est aujourd'hui et pouvoir transmettre des bonnes pratiques. Et je trouve que dans la commission écran, ça a aussi été bien soulevé. C'est-à-dire qu'on doit lutter contre ces mauvais usages, faire prendre conscience de ce qu'on peut faire avec nos données personnelles et en même temps accepter que le numérique, qui fait partie de notre vie, qui fait partie aujourd'hui de la vie de chaque citoyen, à l'école, permette de travailler de façon... optimale, un certain nombre d'apprentissages et même combler, par exemple, l'ensemble des difficultés scolaires, parce qu'il y a beaucoup de choses dans le numérique sur lesquelles on peut travailler. Par exemple, les personnes qui sont dyslexiques, le numérique est un vrai apport. C'est pour ça que dans beaucoup de plans personnalisés à l'école, certains enfants en grande difficulté ont le droit à un ordinateur, parce que ça aide. Donc il faut vraiment, je pense que collectivement, se dire qu'il y a numérique et numérique. Il y a le numérique où on doit apporter toutes les bonnes pratiques et puis bien se dire qu'il y a quand même beaucoup d'outils que même je qualifierais presque d'outils métiers qu'on a pour accompagner les enfants dans leur scolarité.

  • Speaker #0

    C'est important de le rappeler parce que c'est vrai qu'on a tendance, tu le dis, à confondre, en tout cas, à tout mettre dans le même panier.

  • Speaker #3

    Quand on parle de numérique.

  • Speaker #0

    Quand on parle de numérique en tant que parent et de se dire, en effet, Je suis sur une application d'apprentissage, par exemple, mais tu disais tout à l'heure, on ne sait pas vraiment ce qu'ils font quand ils sont devant leurs écrans. Donc,

  • Speaker #3

    bien faire l'expérience entre avoir un compte TikTok à 8 ans et réviser son anglais en troisième avec une application numérique qui a été validée par les enseignants. Absolument. C'est très différent.

  • Speaker #0

    Très important, très bon rappel. Merci. Alors, si je rebascule du coup de... De l'autre côté, quand on interroge les adolescents dans leur consommation de contenu sur les réseaux sociaux, ils nous répondent souvent, je cite, « C'est très bien fait car la plateforme leur propose ce qu'ils aiment. » Et c'est là où, en effet, il faut vraiment faire la différence, c'est là où la notion de liberté aussi va rentrer en jeu. À quel moment est-ce qu'on n'est plus acteur de notre consommation et comment, justement, on peut ne pas laisser des enfants s'enfermer dans ces bulles d'informations ?

  • Speaker #2

    Alors oui, c'est un point qui est majeur, le fait de garder son esprit critique lorsqu'on est sur les réseaux sociaux. La particularité des réseaux sociaux, c'est que tout est au même niveau. Les opinions, les croyances, les faits, les fausses informations. Tout arrive finalement en bloc devant l'utilisateur. Et effectivement, lorsqu'il est jeune, il aura plus de difficultés à faire le tri entre une vraie information, une fausse information, etc. Donc l'enjeu, c'est vraiment de développer chez ces jeunes un esprit critique qui leur permettra finalement d'échapper à ces fameuses bulles de filtres. Alors il faut savoir qu'effectivement, les réseaux sociaux... Ce sont des plateformes qui sont conçues, designées d'une certaine façon. Il n'y a pas de hasard. Il y a dans les réseaux sociaux des algorithmes très puissants qui parfois d'ailleurs peuvent mener à des comportements de dépression, voire pousser certains ados au suicide. Donc ça, il faut être bien conscient que ces algorithmes-là, ils sont présents. Ils vont donc soit conduire à des comportements excessifs, soit... enfermer les jeunes dans des idées qui leur correspondent déjà. Comment construire un esprit critique lorsqu'on est en permanence en face de textes, de contenus, d'images qui ne nous permettent pas d'ouvrir le spectre ? Étienne Klein parle de chez-soi idéologique, c'est-à-dire qu'on a du mal à envisager que d'autres opinions, d'autres croyances puissent exister. Donc ça, c'est vraiment un enjeu qui est capital. Et puis, chez les jeunes enfants aussi, on constate qu'ils sont très vulnérables, justement, à l'économie de l'attention. C'est-à-dire que vous avez, vous, sûrement fait déjà l'expérience. Vous allez sur un réseau social pour écouter de la musique. Vous dites, voilà, je vais écouter un ou deux morceaux de musique. Et en fait, au bout de deux heures, vous êtes toujours sur ce même type de musique. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, l'algorithme est tel, est tellement puissant qu'il va... monopoliser votre attention. Il va vous faire rester le plus longtemps possible en ligne. Donc voilà, il y a un vrai enjeu d'éducation aux médias et à l'information qui d'ailleurs rejoint l'enjeu d'éducation au numérique. Et donc la CNIL, bien sûr, est très investie aussi sur ces sujets puisqu'on travaille régulièrement avec le CLEMI, notamment pendant la semaine de la presse et des médias dans l'école. On a... l'occasion de sensibiliser des collégiens, des lycéens pendant cette semaine de la presse à tous ces enjeux liés à l'esprit critique. Et donc tous ces enjeux-là, c'est vrai qu'ils sont parfois compliqués à comprendre. Et nous, le parti pris qu'on a eu, c'est de dire que d'abord, on publie beaucoup de conseils pratiques, de posters, de livrets faciles d'utilisation, mais aussi on a conçu un escape game. qui s'appelle les gardiens du numérique. Et en fait, cet escape game permet aux familles, finalement, de vivre une expérience ensemble. C'est-à-dire que les parents et leurs enfants vont venir jouer. Les missions portent évidemment sur des enjeux principaux du numérique, le cyberharcèlement, les fake news, l'économie de la donnée, etc. Et donc, le fait de mettre ensemble parents et enfants autour d'un jeu, on s'est rendu compte qu'en fait, c'était très bien parce qu'en s'amusant, justement, ça déclenchait aussi des prises de conscience. Ça permettait de redialoguer aussi avec ses enfants sur ces sujets. Donc, voilà, apprendre par le jeu, c'est quand même quelque chose qui a fait ses preuves.

  • Speaker #0

    C'était ce qu'il y a bien. Il est disponible sur le site de la CNIL.

  • Speaker #2

    Alors, il a été pendant un an et demi à la Cité des sciences, à la bibliothèque de la Cité des sciences. Et là, il va circuler, en fait, dans plusieurs villes de France. Donc, tout organisme, structure, qui souhaite effectivement le montrer, le mettre en démonstration dans un espace donné peut effectivement nous faire suivre.

  • Speaker #0

    C'est vraiment physique.

  • Speaker #2

    C'est un jeu physique,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #2

    Et nous avons fait un livret dans le prolongement de ce jeu. qui reprend justement tous les enjeux de citoyenneté numérique. Et dans ce livret, il y a un pacte famille, parce que c'est aussi l'idée de rassurer les parents, de faire en sorte qu'on les aide aussi à fixer des règles en famille. Et donc, on parlait beaucoup d'accompagnement tout à l'heure, et c'est vrai que c'est un bon moyen aussi justement d'aider les parents qui sont vraiment parfois complètement démunis sur tous ces enjeux. Donc le pacte famille marche très bien. C'est un livret qu'on distribue beaucoup aux écoles, beaucoup aussi... dans l'univers extrascolaire et ça fonctionne très bien.

  • Speaker #0

    Alors tu parles d'accompagnement, très bonne transition, merci Nadia. Quelles sont les fonctionnalités impacts sociétales et chartes éthiques que Pronote développe pour accompagner justement les élèves ?

  • Speaker #3

    Alors c'est vrai que déjà Pronote, comme le rappelait Olivier tout à l'heure, c'est 18 millions d'utilisateurs, ce qui représente un quart de la population française. Et aujourd'hui, je pense que dans beaucoup d'écoles, c'est le lien avec les familles.

  • Speaker #0

    C'est un outil métier qui permet aux chefs d'établissement d'organiser la vie de l'école, aux enseignants de pouvoir aussi organiser les différents parcours pédagogiques, la mise à disposition des devoirs, etc. Et puis des bulletins de notes, bien sûr. Mais globalement, je pense que si on devait retenir une idée, c'est que c'est vraiment ce lien avec les familles. Alors, en termes de fonctionnalités, il y en a beaucoup. Je ne vais pas forcément les lister. Peut-être ce que j'aimerais partager avec vous, c'est notre conviction. Notre conviction chez Docaposte, c'est que même si juridiquement, la donnée scolaire n'est pas une donnée sensible, notre conviction, c'est qu'on doit la traiter comme telle. Et nous avons fait le choix de passer la qualification SecNumCloud, qui est aujourd'hui la qualification qui répond aux plus hautes exigences sur la protection de la donnée, et qui nous a demandé un travail de plus de deux ans, qui soit à la fois technique, organisationnel, juridique. Donc, c'est vraiment des questions qui, aujourd'hui, sont au cœur de la réflexion de nos équipes. Et globalement, à chaque fonctionnalité, on se pose des questions. Et c'est pour ça aussi que nous avons décidé, dès novembre 2023, d'instaurer un comité éthique chez Docaposte, un comité éthique qui touche l'éducation et la jeunesse, dans lequel on traite un ensemble de questionnements. que nos équipes se posent quand elles doivent développer des fonctionnalités. Par exemple, aujourd'hui, il y a dans Pronote le droit à la déconnexion des enseignants, puisque en tant que professionnels, nous avons droit à ce temps de déconnexion. Mais qu'en est-il de la déconnexion des enfants ? Est-ce qu'on doit instaurer, notamment quand on parcourt la commission écran ? et ses recommandations, est-ce qu'on doit instaurer un droit à la déconnexion aux écrans ? Nous, on pense que oui, mais le oui et non n'est pas si simple que ça. Est-ce que ça veut dire qu'on prive un lycéen de travailler entre 21h et 23h de manière arbitraire ? Est-ce que cela veut dire que c'est aux parents de programmer ce droit à la déconnexion, mais les parents n'ont pas tous les mêmes règles ? Est-ce que c'est au chef d'établissement de fixer des rêves qui seront peut-être... Tous les enseignants ne seront peut-être pas d'accord. Vous voyez, ce sont des débats que nous, on se pose, qui ne sont pas simples, qui, au final, ont une action fonctionnelle, un développement d'une fonctionnalité. Et c'est pour ça qu'on a mis en place un comité éthique. Et puis, la frontière, si je parle peut-être d'un autre sujet qui est le harcèlement, la frontière aujourd'hui à l'école, les réseaux sociaux de ce qui se passe à l'école, dans l'école, en dehors de l'école, ça devient... extrêmement poreux, tout se fait en même temps. Et si je reprends un autre sujet, peut-être on parle souvent du harcèlement. Le harcèlement, aujourd'hui, il est extrêmement poreux. Il se passe dans l'école, en dehors de l'école, pendant les heures de classe, pendant les week-ends, pendant le soir, enfin bref. On n'a plus de cette frontière qui existait peut-être avant les réseaux sociaux et c'est pour ça que... pour accompagner la communauté éducative, puisque c'est vraiment aujourd'hui l'objet premier des outils que nous mettons en place dans les établissements, et créer un bouton SOS harcèlement qui permet au chef d'établissement de paramétrer les dispositifs qu'il a mis en place avec la communauté éducative dans son établissement, puisque aujourd'hui on a des référents harcèlement par exemple, et ainsi les jeunes et les parents qui sont victimes. d'un harcèlement peuvent plus facilement contacter la bonne personne. Donc, tout ça, ce sont des enjeux sociétaux qu'on ne peut que prendre en compte dans un outil qui est entre les mains de 18 millions de personnes. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, outils versus réseaux, dont on parlait tout à l'heure, et encore une fois, bien comprendre la différence entre les deux numériques, le numérique outil et le numérique plus global.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Par exemple, on a des forums dans nos outils qui permettent aux enseignants d'être des modérateurs. Donc, donner en main auprès des élèves des outils numériques, c'est indispensable puisque la société est numérique. Et donc, si on ne les éduque pas, ça ne fonctionnera pas. Mais je crois qu'on a une responsabilité collective de le faire dans de bonnes conditions.

  • Speaker #1

    Alors c'est parfait, vous faites toutes mes transitions, j'adore ça. L'objectif de Tendance Inno, c'est d'acculturer. Donc depuis tout à l'heure, on parle justement de cette façon d'être sensibilisé au numérique. Mais donc proposer des conseils à nos auditeurs, tu en as donné quelques-uns Nadia. Si on se place du point de vue des citoyens, mais ça peut être aussi des collectivités locales, du corps enseignant, des parents. Quel conseil que vous n'avez pas déjà donné, donneriez-vous pour accompagner justement cette prise de conscience de l'éducation digitale, de la différenciation ? des deux numériques.

  • Speaker #2

    Peut-être juste, si tu me permets, Marine, une petite remarque avant de répondre à ta question. On a beaucoup parlé du fait que les parents, l'école et d'autres acteurs devaient s'impliquer dans l'éducation au numérique des enfants. Et la CNIL y prend d'ailleurs toute sa part. Mais on n'a pas parlé des entreprises. Je voudrais quand même insister sur le fait que les entreprises aussi ont leur part de responsabilité, notamment sur... les algorithmes qui sont utilisés justement par les réseaux sociaux, je rappelle que le DSA, le Digital Services Act, prévoit justement que les entreprises fassent preuve de transparence dans la manière dont elles construisent leurs algorithmes. Donc là, je crois que c'est important d'insister sur cet aspect parce que les plateformes devraient quand même être plus éthiques, plus vertueuses et faire reposer la responsabilité uniquement sur l'utilisateur. ne me paraît pas une bonne idée. Il faut que chacun prenne sa part. Et je voulais juste en profiter pour dire que les entreprises aussi ont leur part et doivent prendre leur part. Alors sur les conseils pratiques, c'est vrai que nous, on a pour habitude, dans notre mission de sensibilisation sur les enjeux du numérique, de produire des outils très concrets. Donc on fabrique beaucoup de posters qui marchent très très bien. Et donc les conseils pratiques sont souvent des conseils de bon sens. mais auxquelles on ne pense pas forcément. On parlait tout à l'heure de la sécurité des données personnelles, qui est un des piliers de la loi de protection des données et du RGPD. C'est déjà comment je sécurise mes propres données personnelles. Ça commence par un bon mot de passe. Et on est parfois surpris d'observer que les mots de passe ne sont pas du tout robustes, que beaucoup de gens ont le même mot de passe. tous leurs comptes. Je ne sais pas parmi vous si c'est le cas, mais en tout cas, c'est fortement déconseillé puisque si un hacker rentre dans un des comptes, eh bien, il va hacker tous vos comptes si vous avez le même mot de passe pour tous vos comptes. Et ça, c'est vraiment un point chez les ados. Autant ils ont des vraies stratégies pour protéger leur vie privée en ligne. Par exemple, ils n'utilisent pas leur visage pour leurs photos de profil. Ils paramètrent leurs comptes en privé. Autant Autant cet aspect de sécurité des données personnelles est un peu négligé. Ça, c'est une enquête de Génération Numérique, qui est une association qui travaille beaucoup avec nous, entre autres, il y en a plein d'autres, sur l'éducation numérique, et qui montre qu'à peu près la moitié des 11-18 ans ne change jamais de mot de passe, a toujours le même mot de passe, ne bâtit pas un mot de passe robuste. Donc là, il y a vraiment une... un point de vigilance à avoir sur la sécurité des données. Et puis, c'est l'idée aussi de faire attention à ce qu'on dévoile sur soi en ligne. On en a un peu parlé tout à l'heure. On ne va pas raconter toute sa vie sur les réseaux sociaux. On va éviter de donner des informations très sensibles. Quelques exemples, les opinions politiques, la religion, l'orientation sexuelle. On comprend très vite pourquoi ça peut... Être dangereux, évidemment, engendrer de l'exclusion, des propos haineux, etc. Et puis, on parlait d'esprit critique, essayer de vérifier les informations, de les recouper, de faire un peu un travail d'analyse, un petit travail de journaliste finalement, à sa propre échelle, de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu'on voit sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les jeunes, et notamment les collégiens, leur principal mode d'information, c'est les réseaux sociaux. Donc, il y a un vrai enjeu d'expliquer, on l'a dit tout à l'heure, de les sensibiliser à l'importance d'exercer leur esprit critique. Et ça, il faut les accompagner. Ils ne peuvent pas le faire tout seuls.

  • Speaker #1

    Nadia ?

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, je pense que le mot qui me vient tout de suite, c'est formation, formation, formation et encore formation. Et bien sûr, il faut former les élèves, mais pour former les élèves, il faut aussi former les adultes qui accompagnent les élèves et notamment les enseignants. Parce que je crois qu'on a encore beaucoup de choses à faire sur ce sujet-là. Ils sont très investis, mais ils ont besoin encore une fois d'outils que vous mettez à disposition, mais aussi de pouvoir en parler, être formé régulièrement. pas forcément toujours le cas et ce qui est aussi un petit peu différent en fonction du niveau d'apprentissage des élèves. On voit bien par exemple que l'aisance sur le numérique n'est pas le même quand on est pour les enseignants qui sont primaires que les enseignants qui sont suite au lycée par exemple. Je crois que le temps de formation est indispensable. Je sais que c'est aussi le cheval de bataille de la DNE. au niveau du ministère sur ce sujet-là. À mon avis, il faut déjà commencer par ça. Et effectivement, rebondir aussi sur cet esprit critique. Peut-être petite anecdote personnelle, mais ce week-end, j'étais sur les réseaux sociaux, qui est une source d'information. Mais comme j'ai un esprit critique, j'ai pu quand même essayer de corroborer tout ça. Mais j'ai été effarée par ce chiffre-là. 19% des élèves des 18-24 ans pensent que les... pyramides égyptiennes ont été construites par des extraterrestres. Et c'est 3% des seniors. La différence entre les seniors et ces jeunes, c'est TikTok et Twitter. Je trouve que ce chiffre-là montre vraiment à quel point avoir TikTok ou d'autres réseaux comme seule source d'information peut être limité, ce qui ramène... toujours le rôle de l'école, le rôle de l'éducation dans les apprentissages de nos jeunes.

  • Speaker #1

    Et de l'éducation, la formation aussi des parents, l'affaire de tous. Vraiment, Olivier ?

  • Speaker #3

    Alors, à la formation, je suis assez d'accord, notamment la formation sur l'esprit critique, un peu ma marode, vous le savez. Je rajouterais une vision un peu plus tech, qui est l'outillage. Aujourd'hui, on a parlé de formation, c'est très important, le dialogue avec les enseignants, avec les parents, c'est extrêmement important. Mais aujourd'hui, il existe de nombreux outils gratuits, utilisables par les enfants et les adolescents, pour limiter cette captation d'informations de la donnée privée. Je pense à Brave, je pense à l'iPhone Trousseau, je pense à DuckDuckGo, à Ghostery, qui sont des outils qui permettent de limiter la diffusion d'informations personnelles. qui permettent d'alerter sur des sites issus des réseaux sociaux qui peuvent être un peu frauduleux ou marqués comme étranges. Et donc, cette vision tech, je pense qu'il faut aussi l'amener dans la formation et dans le dialogue avec les enfants, parce qu'on est plus en sécurité en surfant avec Bref qu'avec d'autres. C'est juste la vision un peu plus tech par rapport à une vision plus sociale qu'on a eue de

  • Speaker #1

    Nadia et Carina. Une vision complémentaire. de l'ensemble.

  • Speaker #2

    Tu as raison, mais encore faut-il que ces outils soient connus. Et je ne suis pas sûre que les outils que tu as cités, les parents, les connaissent forcément, voire même les enseignants. Donc c'est vrai, il y a un enjeu aussi de diffusion de cette connaissance-là, qu'il existe des solutions pratiques, techniques, technologiques pour limiter l'exposition de sa vie privée en ligne. Mais voilà, il y a un vrai enjeu de diffusion de cette connaissance-là aussi.

  • Speaker #3

    A l'intégrer aux formations.

  • Speaker #2

    Et dès l'école du professeur, c'est-à-dire les INSP, parce qu'on parle de formation continue, mais il y a aussi la formation initiale, qui est véritablement très importante pour un enseignant. Et là, on pourrait tout à fait imaginer parler de ces sujets-là dès la formation initiale, bien sûr.

  • Speaker #1

    On mettra des liens aussi dans la description du podcast. Carina, Nadia, je vous propose maintenant mon moment préféré de ce podcast. Le moment où Olivier nous donne sa vision sur le sujet, est-ce que ce sera une vision utopique ou dystopique ?

  • Speaker #2

    Olivier,

  • Speaker #1

    c'est ton moment.

  • Speaker #3

    Merci Marine. L'éducation contemporaine, on en a beaucoup parlé, cet espace d'aspiration où se conjugue savoir et devenir, se voit aujourd'hui irrémédiablement imbriqué dans le numérique. De cette relation émerge une toile complexe tissée de... promesses et d'illusions où s'affrontent l'idéal de transparence et l'ombre omniprésente des intérêts cachés. Si la technologie offre la possibilité d'un accès inégalé aux connaissances, elle ne vient pas seule. Elle se fait cheval de trois d'un réseau d'influences qui transcendent la simple sphère éducative pour s'immiscer on en a parlé dans la construction même de la citoyenneté. Mais à quel prix et sous quelle lumière l'éducation peut-elle se réapproprier ce nouvel espace ? A cette table du savoir numérisé s'invitent les géants du numérique, toujours bienveillants mais au rôle ambivalent. Le savoir n'a jamais été aussi accessible, jamais l'humanité n'a eu à portée de main autant de ressources pour apprendre, comprendre, questionner le savoir, s'enrichir l'esprit. C'est pourtant le même vecteur qui bataille férocement l'attention des enfants sur un tout autre champ, celui de l'émotion, principal ingrédient du maintien presque infini de l'attention. Ces plateformes, par leur code invisible et leur système de recommandations sophistiqués, imposent une vision du monde biaisée par l'algorithmie, proposant continuellement les contenus les plus susceptibles d'inciter l'utilisateur à cliquer encore et encore. se posant en nouveau des murges, redéfinissant la manière dont les jeunes perçoivent, assimilent et reproduisent l'information. Or, qui les en empêche ? La question est mauvaise, remplaçons-la plutôt par comment attirer leur attention critique. L'État se trouve face à un paradoxe troublant. Il est à la fois sommé de s'adapter, de suivre cette marche numérique, et de se poser en contrepoids, garant d'une certaine intégrité du savoir et de l'instruction. Peut-il, en régulant les plateformes numériques, jouer un rôle salvateur et rétablir un équilibre dans cette mer agitée d'influences commerciales ? Là aussi, la question est peut-être mauvaise, sans doute. Il est alors tentant de se tourner vers la société civile, comme ultime rempart à la concentration de ce pouvoir numérique dans les mains de quelques-uns. Associations, collectifs d'enseignants, parents d'élèves, penseurs et chercheurs critiques, tous forment un tissu social prêt à contester les dérives, à dénoncer les atteintes à l'intégrité pédagogique. et à promouvoir un usage éclairé, raisonné du numérique, comme le fait Educnum. Mais dans cette société où le numérique s'immisce partout, comment la société civile peut-elle véritablement résister ? L'éducation numérique se présente à nous comme un champ de tension de force contradictoire, où se dessinent les lignes de l'avenir des générations futures. Car au fond, cette question dépasse largement le cadre de l'instruction seule. Elle interroge le sens même de la connaissance, sa valeur et sa transmission. Dans ce monde... où transparence et illusion se confondent, comment redéfinir les contours de ce que doit être une éducation véritablement libre, juste, inclusive et adaptée aux réalités de notre temps, et non pas simplement augmentée par le numérique, mais profondément enrichie par une pensée critique, un regard lucide et une quête sincère de vérité, vous avez 4 heures.

  • Speaker #1

    Alors, vos réactions ?

  • Speaker #0

    Nous allons plancher un petit peu.

  • Speaker #1

    Vous avez quatre ans,

  • Speaker #0

    vous pouvez vous rendre une copie commune.

  • Speaker #2

    Non, mais là où je suis d'accord, effectivement, c'est que les enjeux sont plus larges. C'est-à-dire qu'on est dans une société numérique, on est dans un monde numérique. Parce qu'on a beaucoup parlé du national, mais ces problèmes-là, tous les jeunes du monde entier les ont. Vous avez peut-être vu que le Premier ministre australien a proposé que les réseaux sociaux soient interdits en dessous de 16 ans. Donc tous les pays du monde connaissent ces sujets simplement, ils n'ont pas toujours les mêmes manières de les traiter. Donc en France et en Europe, on a la chance d'avoir un cadre juridique très protecteur, un des droits fondamentaux. La loi informatique et liberté en France, les lois nationales dans les pays de l'Union européenne et le RGPD, donc le règlement général sur la protection des données. Donc ça veut dire que la protection de la vie privée est un droit fondamental. Autrement dit, il y a des limites. lorsqu'on parle... par exemple de reconnaissance faciale. La reconnaissance faciale, ça comporte de la biométrie. La biométrie est une donnée sensible, donc on ne peut pas faire de la reconnaissance faciale sans y être autorisé. En tout cas, ça peut être une expérimentation, mais qui va être limitée dans le temps. On parlait tout à l'heure du droit à la déconnexion. La Chine ne s'est pas posé ce genre de problème. La Chine interdit, pour contrôler le temps passé devant les jeux vidéo, à partir d'une certaine heure, elle débranche, en fait, elle déconnecte les enfants. Je ne suis pas sûre qu'on ait envie de ça en France et en Europe. Et on a la chance encore d'avoir un modèle qui garantit finalement la démocratie. Donc la réflexion à avoir, il me semble, plus large, c'est dans quel type de société, en fait, on veut vivre, jusqu'où on est prêt à renoncer à la part de notre intimité, de notre vie privée, pour finalement... Oui, ils vivent dans une société où, grâce au numérique, on fait plein de choses. Mais il me semble que cette dimension est... éthique, en fait, elle est vraiment très importante. Et on peut tout à fait concilier éthique, protection de la vie privée et innovation. Il n'y a pas du tout d'antagonisme entre les deux. Et on parlait tout à l'heure, vous parliez de la société civile. On constate qu'il y a quand même une prise de conscience maintenant chez les gens, les individus, les citoyens. il voit bien l'urgence et les enjeux qui se dessinent Il y a quelque temps, un collectif de familles a créé, je crois que ça s'appelle Algo Victima, donc victime des algorithmes, a lancé une forme de pétition justement pour essayer de faire prendre conscience aux décideurs qu'il y avait là un vrai sujet, c'est-à-dire que est-ce que notre vie privée, notre libre arbitre, nos droits sont protégés suffisamment dans ce monde technologique ? Donc, tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit. Je crois qu'on a la chance d'être dans une démocratie où nos libertés personnelles et publiques aussi sont encore garanties. Et donc, je crois que c'est important de se dire que c'est précieux et que les jeunes aussi doivent en avoir conscience et que c'est un bien commun qu'il s'agit vraiment de protéger.

  • Speaker #1

    Nadia, une réaction ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être rebondir sur un point qu'on a évoqué tout à l'heure sur la responsabilité des entreprises, puisque je pense que tous les éditeurs aujourd'hui, nous avons une responsabilité. Alors, bien sûr, de respecter l'ensemble des règlements, mais ça, ce n'est pas une responsabilité, c'est un fait. Mais d'aller plus loin et de toujours se poser la question de l'usage et de ce qui peut permettre un usage... raisonner du numérique. Et ça, ça veut dire concrètement des fonctionnalités dans nos logiciels, dans nos applications. Il faut qu'on se pose toujours ces questions sans pour autant faire à la place d'eux et prendre la responsabilité à la place d'eux. C'est pour ça notamment que sur une application comme Pronote, le chef d'établissement qui est le responsable du traitement de la donnée a Le pouvoir de paramétrer l'outil comme il le souhaite en fonction de son projet pédagogique. Chaque établissement est différent. Les dispositifs qui sont mis en place sont différents. Et donc, il faut aussi laisser cette responsabilité au plus près du terrain. Donc, moi, je milite en tout cas beaucoup pour cet usage raisonné du numérique où chacun prend sa part de responsabilité.

  • Speaker #1

    Merci. Merci, Carina. Merci, Nadia. Merci, Olivier. J'espère, chers auditeurs, que vous allez repartir avec une meilleure compréhension des enjeux de l'éducation numérique et de la protection des données. Donc, vous pourrez retrouver toutes les ressources mentionnées dans la description de l'épisode. Et moi, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de Tendance Inno. Ciao ! Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendance Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendance Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte. À bientôt pour un nouvel épisode placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

Description

Un chiffre qui met en lumière l'urgence d'une éducation au numérique responsable : 90% des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux. 📱
Mais savent-ils vraiment comment s'en servir ? 🤔 

Dans cet épisode de Tendances Inno, Marine Adatto et Olivier Senot reçoivent Carina Chatain, responsable de l’éducation au numérique à la CNIL et Nadia AMAL, Directrice Adjointe du pôle Education & Famille chez Docaposte, pour parler d'éducation au numérique. 👨‍👩‍👧‍👦

💡 Au programme :

- Protéger les enfants sans les brider.

- Le rôle des parents et de l'école.

- L'importance de l'esprit critique.

- Des solutions pour un numérique responsable.

💪 Ensemble, construisons un futur numérique plus sûr !

#education #numérique #protection #CNIL #Docaposte #TendancesInno


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Tendance Inno, votre rendez-vous pour explorer les technologies émergentes présentées par Docaposte, le référent français de la confiance numérique. Je suis Marine Adatto et j'ai le plaisir d'être accompagnée par Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte. Dans ce podcast, nous vous emmenons à la rencontre des innovateurs et des créateurs qui redéfinissent notre monde numérique. Que votre curiosité vous porte vers le Web3, l'IA ou toute autre technologie émergente, vous êtes au bon endroit. Préparez-vous à une dose d'inspiration et d'informations, au programme des découvertes, des défis et des solutions innovantes. Alors branchez vos écouteurs, ouvrez votre esprit et plongez avec nous dans l'univers de Tendance Inno. Imaginez un monde où les enfants explorent le monde numérique avec aisance et sécurité. Un monde où le code devient une seconde langue et où la créativité numérique n'a pas de limite. Est-ce une réalité qui se dessine ou reste-t-elle un rêve lointain ? Pour explorer ce sujet, nous accueillons Carina Chatain, responsable de l'éducation au numérique à la CNIL, et Nadia Amal, directrice adjointe du pôle éducation et famille de Docaposte. Pour nous accompagner et partager sa vision aiguisée, Olivier Senot, directeur de l'innovation chez Docaposte, est à mes côtés. Alors, comment éduquer nos enfants dans un monde numérique omniprésent ? Algorithme, libre arbitre, contrôle de ses données personnelles, danger sous-estimé ou éducation numérique à construire ? Olivier, c'est à toi.

  • Speaker #1

    Merci Marine. Bonjour mesdames. Deux femmes aujourd'hui pour nous parler de tech et d'éducation, domaine sensible s'il en est, en ces périodes troubles de la désinformation, du harcèlement, de l'omniprésence des réseaux sociaux et de l'installation en quelques semaines de ce trublion chat GPT dans les écoles. Carina, tu es de cette génération des diplômés de Sciences Po et de la Sorbonne, qui a passé plus de temps dans les bibliothèques que dans les discothèques. Deux mots aujourd'hui désuets, l'un par son apparente inutilité pour la jeune génération et l'autre balayé par l'évolution naturelle d'une langue vivante. Tu décris dans un article de Renaissance Numérique « La genèse est l'objectif d'EducNum, ce collectif créé en 2013 visant à, je cite, « porter et soutenir des actions visant à promouvoir une véritable culture citoyenne du numérique » . Va ce programme ! qui te tient à cœur. Nadia, de ton côté, tu œuvres chaque jour pour garantir le meilleur du numérique auprès de la communauté éducative, aux premières loges pour constater les dérives du numérique dans l'éducation. Tu ne ménages pas ta peine pour mettre en pratique les conseils de la CNIL et des Ducnum au sein des outils numériques du quotidien de quelques 18 millions de citoyens. Une heure ne sera pas trop pour explorer les liaisons parfois dangereuses du numérique et de l'éducation. Mesdames, nous vous écoutons.

  • Speaker #0

    Bonjour mesdames.

  • Speaker #2

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Alors, je crois que vous avez une très belle mise en avant d'Olivier pour démarrer ce que je vous propose. Et puis, on approfondira évidemment le sujet. C'est un quiz pour vraiment donner un point de vue et quelques chiffres. Donc, tout le monde joue. C'est un jeu. Est-ce que vous êtes prêts ? Première question. Quel pourcentage des jeunes de 13 à 17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023 ? 70 %, 80 % ou plus ?

  • Speaker #2

    de 90%.

  • Speaker #3

    Je dirais 80%. Je suis d'accord avec toi.

  • Speaker #0

    Toi aussi, Olivier ?

  • Speaker #1

    Sachant que tu m'as dit en préparation qu'il y avait 70% des 8-10 ans, tu as plutôt 90% à 13-17.

  • Speaker #0

    Oui, 90%. 90%, c'est un chiffre de 2023, qui est issu d'une étude de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire. 90% des jeunes âgés de 13-17 ans utilisent les réseaux sociaux en 2023. Donc un chiffre très élevé qui souligne cette omniprésence dans la vie des adolescents. Deuxième question. Quel pourcentage de parents français a déjà partagé du contenu sur leur enfant sur les réseaux sociaux ? 23%, 53% ou 71% ? Nadia.

  • Speaker #3

    53% ?

  • Speaker #2

    Oui, je dirais aussi 53%.

  • Speaker #0

    53%. Olivier, tu dis ?

  • Speaker #1

    Ça me paraît beaucoup, mais oui, je vais m'aligner à 53%.

  • Speaker #0

    53%. 53 %, c'est énorme. Donc, chiffre de 2023, c'est issu d'une étude qui est menée par l'Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. C'est un phénomène, c'est toi qui me l'as appris, appelé le share-hunting, je vous le dis sans accent, contraction de share et de parenting. Donc, ça consiste à partager des informations, des photos ou des vidéos de ces enfants en ligne, ce qui prend de plus en plus d'ampleur, on en reparlera tout à l'heure. Et c'est quand même une pratique qui soulève des questions importantes sur la protection de la vie privée des enfants. et les risques potentiels liés à l'exposition précoce sur Internet. Troisième question, quel pourcentage de parents d'enfants âgés de 4 à 16 ans définissent des contrôles sur les réseaux haut débit ou mobiles pour protéger leurs enfants en ligne ? 19%, 39% ou 66% ? Carina ?

  • Speaker #2

    Je dirais 39%.

  • Speaker #0

    39%. Nadia ?

  • Speaker #3

    39%.

  • Speaker #0

    On est alignés. Olivier ? On est alignés. On est alignés, c'est ça, c'est 39% en effet. Alors là, c'est une enquête qui a été menée par MATERS, qui est une organisation dédiée à la sécurité en ligne des enfants, et donc la surveillance de l'activité en ligne, un vrai sujet majeur qui est, entre autres, l'un de nos sujets d'aujourd'hui. Mais c'est aussi un sujet qu'on a posé lors de notre micro-trottoir, puisque nous sommes allés interroger le grand public. pour avoir leur avis justement sur notre sujet. Et la première question que nous avons posée est la suivante. À quel âge avez-vous commencé à utiliser les réseaux sociaux, sachant qu'en moyenne, la première inscription se fait vers 8 ans et demi ?

  • Speaker #2

    C'est super tôt. Moi, j'ai commencé personnellement vers les 14-15 ans. Et encore maintenant, avec du recul, je trouve que c'était très tôt parce que je suis encore un enfant à 14-15 ans. Donc à 8 ans, je ne suis pas OK avec ça.

  • Speaker #0

    En effet, l'idée d'avoir un enfant de 8 ans qui poste sur les réseaux sociaux, ça peut vraiment laisser perplexe, voire faire peur. On aura ensuite posé la question suivante. Près de la moitié des parents surveillent l'activité en ligne de leurs enfants. On en parlait dans le quiz. Et donc, on leur a demandé quel était l'impact sur l'autonomie numérique et la relation parents-enfants.

  • Speaker #2

    Oui, on essaye de surveiller, mais c'est vrai que c'est très intrusif de faire ça. Et en même temps, on ne peut pas les laisser faire n'importe quoi. Donc oui. On essaie de leur laisser de l'autonomie, mais assez partielle, parce que ça peut être trop dangereux de les laisser en totale autonomie.

  • Speaker #0

    Voilà, donc cette fameuse ligne fine entre « je te fais confiance » et « je te surveille de très près » . C'est vrai que d'un côté, on veut leur laisser un peu d'air, et de l'autre côté, on n'a pas du tout envie de découvrir nos enfants en live sur TikTok. Dernière question posée, et c'est une question qui revient souvent. Qui devrait s'occuper de l'éducation de nos jeunes sur leurs droits numériques ? et sur la protection de leur vie privée.

  • Speaker #2

    Je pense que c'est les parents qui doivent avoir un regard dessus. C'est logique,

  • Speaker #3

    c'est eux qui élèvent leurs enfants,

  • Speaker #2

    c'est eux qui savent ce qui est bon pour leurs enfants. C'est du bon sens, en fait. Le fait que les parents surveillent ce que les enfants font sur les réseaux sociaux, ça donne un certain cadre. Pour un enfant, ça peut aussi donner un impact qui est rassurant. C'est à nous-mêmes de faire l'éducation de nos propres enfants et avoir ce qui doit être bien ou mal pour eux.

  • Speaker #0

    Donc, on voit bien que les parents ont en tête leur rôle dans l'éducation numérique. Merci. La question suivante, c'est vraiment comment être bien informé et comment pouvoir vraiment guider nos enfants. Nadia, Carina, Olivier, est-ce que vous avez des réactions déjà par rapport à ces réponses du micro-trottoir ?

  • Speaker #2

    Oui, peut-être une première réaction sur le phénomène de surveillance par les parents de leurs enfants lorsqu'ils sont sur le numérique. Alors bien sûr, quand il s'agit de très jeunes enfants, la protection de l'enfant doit primer. Et du coup, installer du contrôle parental, par exemple, pour essayer de voir ce que fait son enfant lorsqu'il est sur les réseaux sociaux, c'est tout à fait légitime. En revanche, au fur et à mesure que l'enfant grandit, installer une surveillance permanente de cet enfant, ça n'est pas bon. Parce qu'en fait, ça ne va pas aider l'enfant à se construire et à... à réaliser que la vie privée, c'est quelque chose de valable, que ça mérite d'être protégé. Donc l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner son enfant progressivement vers une forme d'autonomie en ligne. Donc voilà, pas de surveillance généralisée et permanente de l'enfant, surtout lorsqu'il grandit, on va dire. Mais au contraire, un dialogue avec son enfant. On lui explique, lorsqu'on veut mettre du contrôle parental, on lui explique pourquoi. Sachant que le numérique est souvent un sujet très délicat dans les familles, c'est compliqué de parler de numérique avec ses enfants parce qu'en fait les parents sont anxieux. Ils voient que leurs enfants passent beaucoup de temps en ligne. Ils ne savent pas ce qu'ils font en ligne parce qu'il faut bien réaliser que la plupart des enfants sont seuls lorsqu'ils sont sur Internet. Donc bien sûr la tentation est grande de vouloir surveiller constamment son enfant. Mais voilà, comme je l'ai dit, il faut vraiment être dans plutôt une posture de j'accompagne mon enfant et je lui fais confiance. Et puis, dernière chose, il faut quand même se mettre d'accord sur le fait que les enfants ont des droits. On est très étonnés, nous, quand on va dans des classes, rencontre des enfants dans le primaire, au collège, au lycée. On leur demande s'ils ont des droits, s'ils savent qu'ils ont des droits. Ils nous disent non. Donc voilà, c'est toujours bon de rappeler que la Convention internationale des droits de l'enfant garantit un certain nombre de droits. à tous les enfants, quel que soit leur âge, et notamment le droit à la protection de leur vie privée.

  • Speaker #0

    En effet. Nadia ?

  • Speaker #3

    Oui, peut-être pour ajouter, si je rebondis sur une phrase qu'on a entendue dans le micro-trottoir, les parents sont impliqués, mais je crois que la relation entre les écrans et les enfants, c'est un peu l'histoire de tous et la mission de tous, y compris et aussi de la communauté éducative, des associations qui interviennent aussi aujourd'hui dans les écoles. Je pense qu'on peut réussir. à travailler ce sujet qu'à partir du moment où l'ensemble des forces et des parties prenantes travaillent ensemble et c'est ce qui fait je crois que c'est un sujet en tout cas qui ne peut pas être géré aussi en dehors de l'école. Ce n'est pas qu'un sujet pour les parents je crois que l'école a un rôle fondamental dans ces enjeux là.

  • Speaker #0

    Une exemplarité aussi des adultes avec les écrans.

  • Speaker #3

    Une exemplarité, le fait d'expliquer. Je crois que les bonnes pratiques du numérique, l'école peut aussi les inculquer aux enfants et aux parents.

  • Speaker #0

    Olivier, des réactions ?

  • Speaker #1

    Les crêpes. Tous les gamins adorent faire des crêpes. Pourtant, la première fois qu'ils en font, c'est forcément avec leurs parents qui vont les guider parce que ça brûle, parce que ça peut être dangereux. Donc, le numérique, ça doit être pareil. Les parents doivent accompagner au même titre qu'ils les accompagnent pour faire des crêpes.

  • Speaker #0

    C'est pas mal, c'est un très bon exemple. Alors, Carina, de plus en plus de lois restreignent l'accès aux écrans pour les enfants. Est-ce que c'est vraiment efficace ?

  • Speaker #2

    Alors, ce qu'on peut dire déjà, c'est que les enfants passent beaucoup de temps sur les écrans. À l'âge de 2-3 ans, un enfant passe déjà plusieurs heures sur un écran. quel qu'il soit. Par jour ? Par jour. Donc le chiffre est quand même évocateur. Alors oui, il y a des initiatives qui sont prises, tant du côté du législateur que des pouvoirs publics. Le Parlement, effectivement, a entrepris une proposition de loi qui vise justement à restreindre le temps d'écran des très jeunes enfants. Donc ça, c'est plutôt effectivement une bonne chose.

  • Speaker #0

    Le temps d'écran des jeunes enfants, c'est quel âge ?

  • Speaker #2

    Alors, il y a une progressivité, en fait, dans l'âge et les mesures qui sont appliquées en fonction de l'âge des enfants. En gros, plus l'enfant est petit, moins il doit passer de temps devant les écrans, ce qui est déjà une recommandation par ailleurs, qui avait été notamment formulée par l'ARCOM, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique. Et puis, pour compléter ça, le rapport qui a été remis par la commission d'experts que le Président de la République a désigné, pour faire un état des lieux finalement sur les rapports entre les enfants et les écrans, donc ce rapport à la recherche du temps perdu, préconise également d'instaurer une forme de progressivité dans l'exposition des enfants aux écrans. Par exemple, il propose donc d'éviter d'exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans et effectivement plus ils grandissent, plus on peut les laisser devant les écrans. mais de façon modérée. C'est-à-dire qu'à partir de 6 ans, on ne va pas laisser un enfant toute la journée non plus devant les écrans. Donc voilà, il y a une espèce de progressivité qui doit s'installer. Mais est-ce que limiter le temps d'écran et la panacée, je ne le crois pas. D'abord, est-ce que c'est efficace ? En réalité, on a du mal à le vérifier, puisque les enfants ne sont pas devant des écrans en dehors de leur famille. Ils sont aussi devant les écrans chez eux. Donc il faudrait pouvoir... Voilà, enquêter sur ce qu'ils font chez eux, ce qui n'est vraiment pas possible. Et surtout, est-ce que c'est réaliste ? J'ai tendance à dire non, parce qu'en fait, aujourd'hui, les écrans sont partout. Donc, bien sûr qu'il faut limiter l'exposition des très jeunes enfants aux écrans. Mais à partir d'un certain âge, prenez l'interdiction plutôt que la régulation, l'accompagnement, l'éducation. Ça ne me paraît pas forcément une bonne idée. Donc, le vrai enjeu... C'est que font nos enfants lorsqu'ils sont devant les écrans ? Ce n'est pas la même chose de faire une recherche sur Internet pour préparer un exposé, lorsque son professeur a demandé à un élève de préparer un sujet, je ne sais pas, sur l'Ukraine ou sur Van Gogh. Ce n'est pas la même chose que de passer plusieurs heures par jour devant un réseau social sans finalement être conscient que ça va poser question. On sait très bien que les enfants sont plus vulnérables lorsqu'ils sont en ligne. Et donc, a priori, et notamment sur les réseaux sociaux, ils peuvent être exposés à des violences, des cyber-violences, que ce soit le cyber-harcèlement, des propos haineux. Et aussi, il y a un enjeu majeur, c'est la mise en question de leur vie privée lorsqu'ils s'exposent en ligne. Ce qu'il faut bien comprendre, et c'est ce qu'on explique nous aux jeunes quand on les rencontre, c'est que dès l'instant où ils se connectent, ils vont livrer énormément d'informations personnelles sur eux. Et ça commence avec le smartphone. Donc quand on dit l'âge moyen du premier smartphone, c'est autour de 8-9 ans. Dès cet instant-là, l'enfant, s'il n'est pas accompagné, va finalement alimenter son smartphone en des quantités de données personnelles qui sont très importantes. Ça peut être des déplacements favoris avec la géolocalisation, ça peut être des photos, ça peut être des vidéos, ça peut être même des données de santé qui sont des données sensibles au sens de la loi lorsqu'on mesure le nombre de pas qu'on fait par jour. Donc il y a vraiment ce réflexe à avoir lorsqu'on parle du numérique aux enfants, de leur expliquer que, attention, bien sûr, le numérique, il ne faut pas le diaboliser. On peut faire plein de choses très positives. On peut accéder à la connaissance, faire des recherches. C'est un outil de socialisation très important à l'adolescence. Mais il faut être conscient qu'il y a un certain nombre de précautions à prendre. si on veut éviter de se trouver confronté à des enjeux liés à ces données personnelles. Ça peut être du piratage de comptes, ça peut être du cyberharcèlement, ça peut être l'exploitation aussi commerciale de ces données.

  • Speaker #0

    Oui, donc en fait, le sujet, c'est plutôt de les guider vers une consommation responsable. Donc, il y a un vrai rôle des parents là-dedans. Tu le disais, c'est aussi un accès à la culture et au savoir. Donc, les réseaux sociaux, ça peut être un outil d'échange. Et ça, ça permet aussi de ne pas être... exclue d'un groupe encore plus quand on est à l'adolescence, en construction totale. Et le revers de la médaille, tu en as parlé rapidement, mais j'aimerais bien qu'on revienne dessus. C'est ce phénomène, justement, que c'est Shoshana Zuboff qui appelle ça le capitalisme de surveillance. Et donc, tu viens d'en parler, on laisse des traces, ça a des conséquences, on fait des pas, etc. Comment est-ce que, justement, on arrive à prendre conscience de ça quand on est jeune ? et qu'on est insouciants ?

  • Speaker #2

    Quand on est jeune, on en prend conscience parce qu'on peut être sensibilisé justement par d'autres acteurs. Et Nadia le disait justement, les parents ne sont pas les seuls à pouvoir accompagner les enfants. Je crois que l'éducation au numérique, chacun a un rôle à jouer finalement pour sensibiliser les plus jeunes à tous ces enjeux. Donc l'école, évidemment, l'école c'est le lieu de la transmission des savoirs. Tous les enjeux liés à la citoyenneté numérique sont bien sûr abordés à l'école. Mais bon, les programmes sont chargés, donc les enseignants font ce qu'ils peuvent, mais ils ne peuvent pas tout résoudre. Donc les parents, effectivement, ont aussi leur rôle à jouer, sachant que les parents sur ce sujet sont très démunis. Parfois, ils culpabilisent aussi. Donc lorsqu'on s'adresse à eux, il faut éviter d'être dans une posture de jugement. On essaie beaucoup d'avoir de l'empathie lorsqu'on rencontre des parents. Parce que bien souvent, ils nous disent, voilà, nos enfants, de toute façon, en savent beaucoup plus que nous sur le numérique. Donc, on n'a pas du tout de légitimité. On n'est pas crédible à parler sur ces sujets. Donc, on les rassure en leur disant, mais vous savez, nous aussi, on est parents. Nous aussi, on a des enfants. Ils ont pu aussi avoir des comportements parfois un peu de dépendance vis-à-vis notamment des jeux vidéo ou d'autres pratiques numériques. Donc, ayez votre rôle de parent, c'est-à-dire discutez déjà, échangez avec les enfants, avec vos enfants. Plus précisément, tu me demandais la commercialisation des données personnelles. Donc expliquer aux enfants que d'abord, rien n'est gratuit lorsqu'on est sur Internet. C'est le fameux adage, si c'est gratuit, c'est toi le produit. Donc il y a forcément une contrepartie. Et la contrepartie, c'est que nos données personnelles ont énormément de valeur. Parce qu'en fait, le modèle économique des GAFAM, des grands acteurs du numérique, c'est justement... de dresser une sorte de portrait robot de nous. Lorsqu'on est en ligne, on l'a dit, on laisse énormément de traces, nos goûts, nos préférences musicales, nos lieux de vacances, etc. Et donc, toutes ces informations valent de l'or, en réalité, parce qu'elles vont être captées par les entreprises qui vont ensuite pousser du ciblage publicitaire. Et donc, ce que montre très bien Ausha Zuboff, dans son ouvrage sur le capitalisme de surveillance, c'est que tout ça n'est pas le fait du hasard. C'est qu'en fait, nos données personnelles sont captées à notre insu, c'est-à-dire que voilà le point essentiel, c'est qu'on n'en a pas forcément conscience. Et ça, un jeune, et a fortiori un enfant, ne peut pas le comprendre tout seul. Donc il nous revient à nous de lui expliquer cette mécanique finalement de l'économie des données personnelles pour qu'ensuite il en ait conscience. Et bien sûr... libre à lui de faire ce qu'il veut. Nous, on n'est pas dans l'idée d'interdire quoi que ce soit. Notre mission, nous, c'est de développer une prise de conscience, en fait, pour que chacun puisse être sensibilisé à tous ces enjeux. Et donc, c'est de décoder les enjeux de manière très simple, avec des cas d'usage, des exemples, en s'inspirant des pratiques numériques aussi, de terrain. Lorsqu'on va s'adresser aux jeunes, on va d'abord essayer de comprendre ce qu'ils font. lorsqu'ils sont sur Internet et les réseaux sociaux. Et puis ensuite, à partir d'exemples très concrets, de développer un peu tous ces enjeux et d'espérer ensuite qu'une fois la compréhension des enjeux faite, dans la pratique, ils pourront effectivement appliquer les conseils qu'on peut leur donner.

  • Speaker #0

    Oui, parce que je rebondis. Nadia, tu voulais rebondir, non ?

  • Speaker #3

    Oui, je voulais peut-être rebondir sur deux choses. Là, tu viens de nous exposer l'importance de la sécurité numérique et en tout cas... Chez Docaposte, on ne peut être que d'accord avec ce que tu dis. Mais je voulais peut-être aussi insister sur un point qu'il y a numérique et numérique. Il y a la pratique du numérique sur les réseaux sociaux, sur un peu la pratique du numérique dans un monde, dans notre environnement privé. Mais il y a aussi la pratique du numérique à l'école. Et là, je voulais un petit peu rendre hommage à l'ensemble de mes confrères qui travaillent dans les EdTech. où en France, on a aujourd'hui une très belle filière qui conçoit des outils numériques, qui fait attention à l'ensemble de cette gestion des données, qui fait aussi attention au mode d'apprentissage, et où en fait, le numérique, à l'école, est encadré par des enseignants. C'est une vraie opportunité pour travailler des apprentissages dans le monde dans lequel on est aujourd'hui et pouvoir transmettre des bonnes pratiques. Et je trouve que dans la commission écran, ça a aussi été bien soulevé. C'est-à-dire qu'on doit lutter contre ces mauvais usages, faire prendre conscience de ce qu'on peut faire avec nos données personnelles et en même temps accepter que le numérique, qui fait partie de notre vie, qui fait partie aujourd'hui de la vie de chaque citoyen, à l'école, permette de travailler de façon... optimale, un certain nombre d'apprentissages et même combler, par exemple, l'ensemble des difficultés scolaires, parce qu'il y a beaucoup de choses dans le numérique sur lesquelles on peut travailler. Par exemple, les personnes qui sont dyslexiques, le numérique est un vrai apport. C'est pour ça que dans beaucoup de plans personnalisés à l'école, certains enfants en grande difficulté ont le droit à un ordinateur, parce que ça aide. Donc il faut vraiment, je pense que collectivement, se dire qu'il y a numérique et numérique. Il y a le numérique où on doit apporter toutes les bonnes pratiques et puis bien se dire qu'il y a quand même beaucoup d'outils que même je qualifierais presque d'outils métiers qu'on a pour accompagner les enfants dans leur scolarité.

  • Speaker #0

    C'est important de le rappeler parce que c'est vrai qu'on a tendance, tu le dis, à confondre, en tout cas, à tout mettre dans le même panier.

  • Speaker #3

    Quand on parle de numérique.

  • Speaker #0

    Quand on parle de numérique en tant que parent et de se dire, en effet, Je suis sur une application d'apprentissage, par exemple, mais tu disais tout à l'heure, on ne sait pas vraiment ce qu'ils font quand ils sont devant leurs écrans. Donc,

  • Speaker #3

    bien faire l'expérience entre avoir un compte TikTok à 8 ans et réviser son anglais en troisième avec une application numérique qui a été validée par les enseignants. Absolument. C'est très différent.

  • Speaker #0

    Très important, très bon rappel. Merci. Alors, si je rebascule du coup de... De l'autre côté, quand on interroge les adolescents dans leur consommation de contenu sur les réseaux sociaux, ils nous répondent souvent, je cite, « C'est très bien fait car la plateforme leur propose ce qu'ils aiment. » Et c'est là où, en effet, il faut vraiment faire la différence, c'est là où la notion de liberté aussi va rentrer en jeu. À quel moment est-ce qu'on n'est plus acteur de notre consommation et comment, justement, on peut ne pas laisser des enfants s'enfermer dans ces bulles d'informations ?

  • Speaker #2

    Alors oui, c'est un point qui est majeur, le fait de garder son esprit critique lorsqu'on est sur les réseaux sociaux. La particularité des réseaux sociaux, c'est que tout est au même niveau. Les opinions, les croyances, les faits, les fausses informations. Tout arrive finalement en bloc devant l'utilisateur. Et effectivement, lorsqu'il est jeune, il aura plus de difficultés à faire le tri entre une vraie information, une fausse information, etc. Donc l'enjeu, c'est vraiment de développer chez ces jeunes un esprit critique qui leur permettra finalement d'échapper à ces fameuses bulles de filtres. Alors il faut savoir qu'effectivement, les réseaux sociaux... Ce sont des plateformes qui sont conçues, designées d'une certaine façon. Il n'y a pas de hasard. Il y a dans les réseaux sociaux des algorithmes très puissants qui parfois d'ailleurs peuvent mener à des comportements de dépression, voire pousser certains ados au suicide. Donc ça, il faut être bien conscient que ces algorithmes-là, ils sont présents. Ils vont donc soit conduire à des comportements excessifs, soit... enfermer les jeunes dans des idées qui leur correspondent déjà. Comment construire un esprit critique lorsqu'on est en permanence en face de textes, de contenus, d'images qui ne nous permettent pas d'ouvrir le spectre ? Étienne Klein parle de chez-soi idéologique, c'est-à-dire qu'on a du mal à envisager que d'autres opinions, d'autres croyances puissent exister. Donc ça, c'est vraiment un enjeu qui est capital. Et puis, chez les jeunes enfants aussi, on constate qu'ils sont très vulnérables, justement, à l'économie de l'attention. C'est-à-dire que vous avez, vous, sûrement fait déjà l'expérience. Vous allez sur un réseau social pour écouter de la musique. Vous dites, voilà, je vais écouter un ou deux morceaux de musique. Et en fait, au bout de deux heures, vous êtes toujours sur ce même type de musique. Pourquoi ? Parce qu'encore une fois, l'algorithme est tel, est tellement puissant qu'il va... monopoliser votre attention. Il va vous faire rester le plus longtemps possible en ligne. Donc voilà, il y a un vrai enjeu d'éducation aux médias et à l'information qui d'ailleurs rejoint l'enjeu d'éducation au numérique. Et donc la CNIL, bien sûr, est très investie aussi sur ces sujets puisqu'on travaille régulièrement avec le CLEMI, notamment pendant la semaine de la presse et des médias dans l'école. On a... l'occasion de sensibiliser des collégiens, des lycéens pendant cette semaine de la presse à tous ces enjeux liés à l'esprit critique. Et donc tous ces enjeux-là, c'est vrai qu'ils sont parfois compliqués à comprendre. Et nous, le parti pris qu'on a eu, c'est de dire que d'abord, on publie beaucoup de conseils pratiques, de posters, de livrets faciles d'utilisation, mais aussi on a conçu un escape game. qui s'appelle les gardiens du numérique. Et en fait, cet escape game permet aux familles, finalement, de vivre une expérience ensemble. C'est-à-dire que les parents et leurs enfants vont venir jouer. Les missions portent évidemment sur des enjeux principaux du numérique, le cyberharcèlement, les fake news, l'économie de la donnée, etc. Et donc, le fait de mettre ensemble parents et enfants autour d'un jeu, on s'est rendu compte qu'en fait, c'était très bien parce qu'en s'amusant, justement, ça déclenchait aussi des prises de conscience. Ça permettait de redialoguer aussi avec ses enfants sur ces sujets. Donc, voilà, apprendre par le jeu, c'est quand même quelque chose qui a fait ses preuves.

  • Speaker #0

    C'était ce qu'il y a bien. Il est disponible sur le site de la CNIL.

  • Speaker #2

    Alors, il a été pendant un an et demi à la Cité des sciences, à la bibliothèque de la Cité des sciences. Et là, il va circuler, en fait, dans plusieurs villes de France. Donc, tout organisme, structure, qui souhaite effectivement le montrer, le mettre en démonstration dans un espace donné peut effectivement nous faire suivre.

  • Speaker #0

    C'est vraiment physique.

  • Speaker #2

    C'est un jeu physique,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #2

    Et nous avons fait un livret dans le prolongement de ce jeu. qui reprend justement tous les enjeux de citoyenneté numérique. Et dans ce livret, il y a un pacte famille, parce que c'est aussi l'idée de rassurer les parents, de faire en sorte qu'on les aide aussi à fixer des règles en famille. Et donc, on parlait beaucoup d'accompagnement tout à l'heure, et c'est vrai que c'est un bon moyen aussi justement d'aider les parents qui sont vraiment parfois complètement démunis sur tous ces enjeux. Donc le pacte famille marche très bien. C'est un livret qu'on distribue beaucoup aux écoles, beaucoup aussi... dans l'univers extrascolaire et ça fonctionne très bien.

  • Speaker #0

    Alors tu parles d'accompagnement, très bonne transition, merci Nadia. Quelles sont les fonctionnalités impacts sociétales et chartes éthiques que Pronote développe pour accompagner justement les élèves ?

  • Speaker #3

    Alors c'est vrai que déjà Pronote, comme le rappelait Olivier tout à l'heure, c'est 18 millions d'utilisateurs, ce qui représente un quart de la population française. Et aujourd'hui, je pense que dans beaucoup d'écoles, c'est le lien avec les familles.

  • Speaker #0

    C'est un outil métier qui permet aux chefs d'établissement d'organiser la vie de l'école, aux enseignants de pouvoir aussi organiser les différents parcours pédagogiques, la mise à disposition des devoirs, etc. Et puis des bulletins de notes, bien sûr. Mais globalement, je pense que si on devait retenir une idée, c'est que c'est vraiment ce lien avec les familles. Alors, en termes de fonctionnalités, il y en a beaucoup. Je ne vais pas forcément les lister. Peut-être ce que j'aimerais partager avec vous, c'est notre conviction. Notre conviction chez Docaposte, c'est que même si juridiquement, la donnée scolaire n'est pas une donnée sensible, notre conviction, c'est qu'on doit la traiter comme telle. Et nous avons fait le choix de passer la qualification SecNumCloud, qui est aujourd'hui la qualification qui répond aux plus hautes exigences sur la protection de la donnée, et qui nous a demandé un travail de plus de deux ans, qui soit à la fois technique, organisationnel, juridique. Donc, c'est vraiment des questions qui, aujourd'hui, sont au cœur de la réflexion de nos équipes. Et globalement, à chaque fonctionnalité, on se pose des questions. Et c'est pour ça aussi que nous avons décidé, dès novembre 2023, d'instaurer un comité éthique chez Docaposte, un comité éthique qui touche l'éducation et la jeunesse, dans lequel on traite un ensemble de questionnements. que nos équipes se posent quand elles doivent développer des fonctionnalités. Par exemple, aujourd'hui, il y a dans Pronote le droit à la déconnexion des enseignants, puisque en tant que professionnels, nous avons droit à ce temps de déconnexion. Mais qu'en est-il de la déconnexion des enfants ? Est-ce qu'on doit instaurer, notamment quand on parcourt la commission écran ? et ses recommandations, est-ce qu'on doit instaurer un droit à la déconnexion aux écrans ? Nous, on pense que oui, mais le oui et non n'est pas si simple que ça. Est-ce que ça veut dire qu'on prive un lycéen de travailler entre 21h et 23h de manière arbitraire ? Est-ce que cela veut dire que c'est aux parents de programmer ce droit à la déconnexion, mais les parents n'ont pas tous les mêmes règles ? Est-ce que c'est au chef d'établissement de fixer des rêves qui seront peut-être... Tous les enseignants ne seront peut-être pas d'accord. Vous voyez, ce sont des débats que nous, on se pose, qui ne sont pas simples, qui, au final, ont une action fonctionnelle, un développement d'une fonctionnalité. Et c'est pour ça qu'on a mis en place un comité éthique. Et puis, la frontière, si je parle peut-être d'un autre sujet qui est le harcèlement, la frontière aujourd'hui à l'école, les réseaux sociaux de ce qui se passe à l'école, dans l'école, en dehors de l'école, ça devient... extrêmement poreux, tout se fait en même temps. Et si je reprends un autre sujet, peut-être on parle souvent du harcèlement. Le harcèlement, aujourd'hui, il est extrêmement poreux. Il se passe dans l'école, en dehors de l'école, pendant les heures de classe, pendant les week-ends, pendant le soir, enfin bref. On n'a plus de cette frontière qui existait peut-être avant les réseaux sociaux et c'est pour ça que... pour accompagner la communauté éducative, puisque c'est vraiment aujourd'hui l'objet premier des outils que nous mettons en place dans les établissements, et créer un bouton SOS harcèlement qui permet au chef d'établissement de paramétrer les dispositifs qu'il a mis en place avec la communauté éducative dans son établissement, puisque aujourd'hui on a des référents harcèlement par exemple, et ainsi les jeunes et les parents qui sont victimes. d'un harcèlement peuvent plus facilement contacter la bonne personne. Donc, tout ça, ce sont des enjeux sociétaux qu'on ne peut que prendre en compte dans un outil qui est entre les mains de 18 millions de personnes. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et donc, outils versus réseaux, dont on parlait tout à l'heure, et encore une fois, bien comprendre la différence entre les deux numériques, le numérique outil et le numérique plus global.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Par exemple, on a des forums dans nos outils qui permettent aux enseignants d'être des modérateurs. Donc, donner en main auprès des élèves des outils numériques, c'est indispensable puisque la société est numérique. Et donc, si on ne les éduque pas, ça ne fonctionnera pas. Mais je crois qu'on a une responsabilité collective de le faire dans de bonnes conditions.

  • Speaker #1

    Alors c'est parfait, vous faites toutes mes transitions, j'adore ça. L'objectif de Tendance Inno, c'est d'acculturer. Donc depuis tout à l'heure, on parle justement de cette façon d'être sensibilisé au numérique. Mais donc proposer des conseils à nos auditeurs, tu en as donné quelques-uns Nadia. Si on se place du point de vue des citoyens, mais ça peut être aussi des collectivités locales, du corps enseignant, des parents. Quel conseil que vous n'avez pas déjà donné, donneriez-vous pour accompagner justement cette prise de conscience de l'éducation digitale, de la différenciation ? des deux numériques.

  • Speaker #2

    Peut-être juste, si tu me permets, Marine, une petite remarque avant de répondre à ta question. On a beaucoup parlé du fait que les parents, l'école et d'autres acteurs devaient s'impliquer dans l'éducation au numérique des enfants. Et la CNIL y prend d'ailleurs toute sa part. Mais on n'a pas parlé des entreprises. Je voudrais quand même insister sur le fait que les entreprises aussi ont leur part de responsabilité, notamment sur... les algorithmes qui sont utilisés justement par les réseaux sociaux, je rappelle que le DSA, le Digital Services Act, prévoit justement que les entreprises fassent preuve de transparence dans la manière dont elles construisent leurs algorithmes. Donc là, je crois que c'est important d'insister sur cet aspect parce que les plateformes devraient quand même être plus éthiques, plus vertueuses et faire reposer la responsabilité uniquement sur l'utilisateur. ne me paraît pas une bonne idée. Il faut que chacun prenne sa part. Et je voulais juste en profiter pour dire que les entreprises aussi ont leur part et doivent prendre leur part. Alors sur les conseils pratiques, c'est vrai que nous, on a pour habitude, dans notre mission de sensibilisation sur les enjeux du numérique, de produire des outils très concrets. Donc on fabrique beaucoup de posters qui marchent très très bien. Et donc les conseils pratiques sont souvent des conseils de bon sens. mais auxquelles on ne pense pas forcément. On parlait tout à l'heure de la sécurité des données personnelles, qui est un des piliers de la loi de protection des données et du RGPD. C'est déjà comment je sécurise mes propres données personnelles. Ça commence par un bon mot de passe. Et on est parfois surpris d'observer que les mots de passe ne sont pas du tout robustes, que beaucoup de gens ont le même mot de passe. tous leurs comptes. Je ne sais pas parmi vous si c'est le cas, mais en tout cas, c'est fortement déconseillé puisque si un hacker rentre dans un des comptes, eh bien, il va hacker tous vos comptes si vous avez le même mot de passe pour tous vos comptes. Et ça, c'est vraiment un point chez les ados. Autant ils ont des vraies stratégies pour protéger leur vie privée en ligne. Par exemple, ils n'utilisent pas leur visage pour leurs photos de profil. Ils paramètrent leurs comptes en privé. Autant Autant cet aspect de sécurité des données personnelles est un peu négligé. Ça, c'est une enquête de Génération Numérique, qui est une association qui travaille beaucoup avec nous, entre autres, il y en a plein d'autres, sur l'éducation numérique, et qui montre qu'à peu près la moitié des 11-18 ans ne change jamais de mot de passe, a toujours le même mot de passe, ne bâtit pas un mot de passe robuste. Donc là, il y a vraiment une... un point de vigilance à avoir sur la sécurité des données. Et puis, c'est l'idée aussi de faire attention à ce qu'on dévoile sur soi en ligne. On en a un peu parlé tout à l'heure. On ne va pas raconter toute sa vie sur les réseaux sociaux. On va éviter de donner des informations très sensibles. Quelques exemples, les opinions politiques, la religion, l'orientation sexuelle. On comprend très vite pourquoi ça peut... Être dangereux, évidemment, engendrer de l'exclusion, des propos haineux, etc. Et puis, on parlait d'esprit critique, essayer de vérifier les informations, de les recouper, de faire un peu un travail d'analyse, un petit travail de journaliste finalement, à sa propre échelle, de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu'on voit sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les jeunes, et notamment les collégiens, leur principal mode d'information, c'est les réseaux sociaux. Donc, il y a un vrai enjeu d'expliquer, on l'a dit tout à l'heure, de les sensibiliser à l'importance d'exercer leur esprit critique. Et ça, il faut les accompagner. Ils ne peuvent pas le faire tout seuls.

  • Speaker #1

    Nadia ?

  • Speaker #0

    Oui, alors moi, je pense que le mot qui me vient tout de suite, c'est formation, formation, formation et encore formation. Et bien sûr, il faut former les élèves, mais pour former les élèves, il faut aussi former les adultes qui accompagnent les élèves et notamment les enseignants. Parce que je crois qu'on a encore beaucoup de choses à faire sur ce sujet-là. Ils sont très investis, mais ils ont besoin encore une fois d'outils que vous mettez à disposition, mais aussi de pouvoir en parler, être formé régulièrement. pas forcément toujours le cas et ce qui est aussi un petit peu différent en fonction du niveau d'apprentissage des élèves. On voit bien par exemple que l'aisance sur le numérique n'est pas le même quand on est pour les enseignants qui sont primaires que les enseignants qui sont suite au lycée par exemple. Je crois que le temps de formation est indispensable. Je sais que c'est aussi le cheval de bataille de la DNE. au niveau du ministère sur ce sujet-là. À mon avis, il faut déjà commencer par ça. Et effectivement, rebondir aussi sur cet esprit critique. Peut-être petite anecdote personnelle, mais ce week-end, j'étais sur les réseaux sociaux, qui est une source d'information. Mais comme j'ai un esprit critique, j'ai pu quand même essayer de corroborer tout ça. Mais j'ai été effarée par ce chiffre-là. 19% des élèves des 18-24 ans pensent que les... pyramides égyptiennes ont été construites par des extraterrestres. Et c'est 3% des seniors. La différence entre les seniors et ces jeunes, c'est TikTok et Twitter. Je trouve que ce chiffre-là montre vraiment à quel point avoir TikTok ou d'autres réseaux comme seule source d'information peut être limité, ce qui ramène... toujours le rôle de l'école, le rôle de l'éducation dans les apprentissages de nos jeunes.

  • Speaker #1

    Et de l'éducation, la formation aussi des parents, l'affaire de tous. Vraiment, Olivier ?

  • Speaker #3

    Alors, à la formation, je suis assez d'accord, notamment la formation sur l'esprit critique, un peu ma marode, vous le savez. Je rajouterais une vision un peu plus tech, qui est l'outillage. Aujourd'hui, on a parlé de formation, c'est très important, le dialogue avec les enseignants, avec les parents, c'est extrêmement important. Mais aujourd'hui, il existe de nombreux outils gratuits, utilisables par les enfants et les adolescents, pour limiter cette captation d'informations de la donnée privée. Je pense à Brave, je pense à l'iPhone Trousseau, je pense à DuckDuckGo, à Ghostery, qui sont des outils qui permettent de limiter la diffusion d'informations personnelles. qui permettent d'alerter sur des sites issus des réseaux sociaux qui peuvent être un peu frauduleux ou marqués comme étranges. Et donc, cette vision tech, je pense qu'il faut aussi l'amener dans la formation et dans le dialogue avec les enfants, parce qu'on est plus en sécurité en surfant avec Bref qu'avec d'autres. C'est juste la vision un peu plus tech par rapport à une vision plus sociale qu'on a eue de

  • Speaker #1

    Nadia et Carina. Une vision complémentaire. de l'ensemble.

  • Speaker #2

    Tu as raison, mais encore faut-il que ces outils soient connus. Et je ne suis pas sûre que les outils que tu as cités, les parents, les connaissent forcément, voire même les enseignants. Donc c'est vrai, il y a un enjeu aussi de diffusion de cette connaissance-là, qu'il existe des solutions pratiques, techniques, technologiques pour limiter l'exposition de sa vie privée en ligne. Mais voilà, il y a un vrai enjeu de diffusion de cette connaissance-là aussi.

  • Speaker #3

    A l'intégrer aux formations.

  • Speaker #2

    Et dès l'école du professeur, c'est-à-dire les INSP, parce qu'on parle de formation continue, mais il y a aussi la formation initiale, qui est véritablement très importante pour un enseignant. Et là, on pourrait tout à fait imaginer parler de ces sujets-là dès la formation initiale, bien sûr.

  • Speaker #1

    On mettra des liens aussi dans la description du podcast. Carina, Nadia, je vous propose maintenant mon moment préféré de ce podcast. Le moment où Olivier nous donne sa vision sur le sujet, est-ce que ce sera une vision utopique ou dystopique ?

  • Speaker #2

    Olivier,

  • Speaker #1

    c'est ton moment.

  • Speaker #3

    Merci Marine. L'éducation contemporaine, on en a beaucoup parlé, cet espace d'aspiration où se conjugue savoir et devenir, se voit aujourd'hui irrémédiablement imbriqué dans le numérique. De cette relation émerge une toile complexe tissée de... promesses et d'illusions où s'affrontent l'idéal de transparence et l'ombre omniprésente des intérêts cachés. Si la technologie offre la possibilité d'un accès inégalé aux connaissances, elle ne vient pas seule. Elle se fait cheval de trois d'un réseau d'influences qui transcendent la simple sphère éducative pour s'immiscer on en a parlé dans la construction même de la citoyenneté. Mais à quel prix et sous quelle lumière l'éducation peut-elle se réapproprier ce nouvel espace ? A cette table du savoir numérisé s'invitent les géants du numérique, toujours bienveillants mais au rôle ambivalent. Le savoir n'a jamais été aussi accessible, jamais l'humanité n'a eu à portée de main autant de ressources pour apprendre, comprendre, questionner le savoir, s'enrichir l'esprit. C'est pourtant le même vecteur qui bataille férocement l'attention des enfants sur un tout autre champ, celui de l'émotion, principal ingrédient du maintien presque infini de l'attention. Ces plateformes, par leur code invisible et leur système de recommandations sophistiqués, imposent une vision du monde biaisée par l'algorithmie, proposant continuellement les contenus les plus susceptibles d'inciter l'utilisateur à cliquer encore et encore. se posant en nouveau des murges, redéfinissant la manière dont les jeunes perçoivent, assimilent et reproduisent l'information. Or, qui les en empêche ? La question est mauvaise, remplaçons-la plutôt par comment attirer leur attention critique. L'État se trouve face à un paradoxe troublant. Il est à la fois sommé de s'adapter, de suivre cette marche numérique, et de se poser en contrepoids, garant d'une certaine intégrité du savoir et de l'instruction. Peut-il, en régulant les plateformes numériques, jouer un rôle salvateur et rétablir un équilibre dans cette mer agitée d'influences commerciales ? Là aussi, la question est peut-être mauvaise, sans doute. Il est alors tentant de se tourner vers la société civile, comme ultime rempart à la concentration de ce pouvoir numérique dans les mains de quelques-uns. Associations, collectifs d'enseignants, parents d'élèves, penseurs et chercheurs critiques, tous forment un tissu social prêt à contester les dérives, à dénoncer les atteintes à l'intégrité pédagogique. et à promouvoir un usage éclairé, raisonné du numérique, comme le fait Educnum. Mais dans cette société où le numérique s'immisce partout, comment la société civile peut-elle véritablement résister ? L'éducation numérique se présente à nous comme un champ de tension de force contradictoire, où se dessinent les lignes de l'avenir des générations futures. Car au fond, cette question dépasse largement le cadre de l'instruction seule. Elle interroge le sens même de la connaissance, sa valeur et sa transmission. Dans ce monde... où transparence et illusion se confondent, comment redéfinir les contours de ce que doit être une éducation véritablement libre, juste, inclusive et adaptée aux réalités de notre temps, et non pas simplement augmentée par le numérique, mais profondément enrichie par une pensée critique, un regard lucide et une quête sincère de vérité, vous avez 4 heures.

  • Speaker #1

    Alors, vos réactions ?

  • Speaker #0

    Nous allons plancher un petit peu.

  • Speaker #1

    Vous avez quatre ans,

  • Speaker #0

    vous pouvez vous rendre une copie commune.

  • Speaker #2

    Non, mais là où je suis d'accord, effectivement, c'est que les enjeux sont plus larges. C'est-à-dire qu'on est dans une société numérique, on est dans un monde numérique. Parce qu'on a beaucoup parlé du national, mais ces problèmes-là, tous les jeunes du monde entier les ont. Vous avez peut-être vu que le Premier ministre australien a proposé que les réseaux sociaux soient interdits en dessous de 16 ans. Donc tous les pays du monde connaissent ces sujets simplement, ils n'ont pas toujours les mêmes manières de les traiter. Donc en France et en Europe, on a la chance d'avoir un cadre juridique très protecteur, un des droits fondamentaux. La loi informatique et liberté en France, les lois nationales dans les pays de l'Union européenne et le RGPD, donc le règlement général sur la protection des données. Donc ça veut dire que la protection de la vie privée est un droit fondamental. Autrement dit, il y a des limites. lorsqu'on parle... par exemple de reconnaissance faciale. La reconnaissance faciale, ça comporte de la biométrie. La biométrie est une donnée sensible, donc on ne peut pas faire de la reconnaissance faciale sans y être autorisé. En tout cas, ça peut être une expérimentation, mais qui va être limitée dans le temps. On parlait tout à l'heure du droit à la déconnexion. La Chine ne s'est pas posé ce genre de problème. La Chine interdit, pour contrôler le temps passé devant les jeux vidéo, à partir d'une certaine heure, elle débranche, en fait, elle déconnecte les enfants. Je ne suis pas sûre qu'on ait envie de ça en France et en Europe. Et on a la chance encore d'avoir un modèle qui garantit finalement la démocratie. Donc la réflexion à avoir, il me semble, plus large, c'est dans quel type de société, en fait, on veut vivre, jusqu'où on est prêt à renoncer à la part de notre intimité, de notre vie privée, pour finalement... Oui, ils vivent dans une société où, grâce au numérique, on fait plein de choses. Mais il me semble que cette dimension est... éthique, en fait, elle est vraiment très importante. Et on peut tout à fait concilier éthique, protection de la vie privée et innovation. Il n'y a pas du tout d'antagonisme entre les deux. Et on parlait tout à l'heure, vous parliez de la société civile. On constate qu'il y a quand même une prise de conscience maintenant chez les gens, les individus, les citoyens. il voit bien l'urgence et les enjeux qui se dessinent Il y a quelque temps, un collectif de familles a créé, je crois que ça s'appelle Algo Victima, donc victime des algorithmes, a lancé une forme de pétition justement pour essayer de faire prendre conscience aux décideurs qu'il y avait là un vrai sujet, c'est-à-dire que est-ce que notre vie privée, notre libre arbitre, nos droits sont protégés suffisamment dans ce monde technologique ? Donc, tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit. Je crois qu'on a la chance d'être dans une démocratie où nos libertés personnelles et publiques aussi sont encore garanties. Et donc, je crois que c'est important de se dire que c'est précieux et que les jeunes aussi doivent en avoir conscience et que c'est un bien commun qu'il s'agit vraiment de protéger.

  • Speaker #1

    Nadia, une réaction ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être rebondir sur un point qu'on a évoqué tout à l'heure sur la responsabilité des entreprises, puisque je pense que tous les éditeurs aujourd'hui, nous avons une responsabilité. Alors, bien sûr, de respecter l'ensemble des règlements, mais ça, ce n'est pas une responsabilité, c'est un fait. Mais d'aller plus loin et de toujours se poser la question de l'usage et de ce qui peut permettre un usage... raisonner du numérique. Et ça, ça veut dire concrètement des fonctionnalités dans nos logiciels, dans nos applications. Il faut qu'on se pose toujours ces questions sans pour autant faire à la place d'eux et prendre la responsabilité à la place d'eux. C'est pour ça notamment que sur une application comme Pronote, le chef d'établissement qui est le responsable du traitement de la donnée a Le pouvoir de paramétrer l'outil comme il le souhaite en fonction de son projet pédagogique. Chaque établissement est différent. Les dispositifs qui sont mis en place sont différents. Et donc, il faut aussi laisser cette responsabilité au plus près du terrain. Donc, moi, je milite en tout cas beaucoup pour cet usage raisonné du numérique où chacun prend sa part de responsabilité.

  • Speaker #1

    Merci. Merci, Carina. Merci, Nadia. Merci, Olivier. J'espère, chers auditeurs, que vous allez repartir avec une meilleure compréhension des enjeux de l'éducation numérique et de la protection des données. Donc, vous pourrez retrouver toutes les ressources mentionnées dans la description de l'épisode. Et moi, je vous dis à très bientôt pour un nouvel épisode de Tendance Inno. Ciao ! Et voilà, chers auditeurs, c'est tout pour cet épisode de Tendance Inno. Un grand merci pour votre écoute. Nous espérons que vous avez trouvé cette discussion aussi enrichissante et inspirante que nous. N'oubliez pas de vous abonner pour ne manquer aucun de nos futurs épisodes. Vous pouvez retrouver Tendance Inno sur toutes les plateformes de podcast, YouTube et Dailymotion. Si vous aimez ce podcast, faites-le nous savoir et aidez-nous à le faire connaître grâce à vos commentaires et à vos partages. Pour plus de contenu sur les technologies émergentes, suivez-nous sur les réseaux sociaux de Docaposte. À bientôt pour un nouvel épisode placé sous le signe de la tech, du Web3 et de l'innovation. D'ici là, continuez à explorer, à innover et à créer.

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