- Speaker #0
designers, architectes, entrepreneurs, artisans, tous ont en commun une vision, un parcours, une approche du design qui résonne avec notre époque. Alors ici, on parle d'inspiration, de matière, d'innovation, de process, mais aussi de défis, d'échecs et de réussites, tout ce qui façonne finalement chaque projet. Ce Design Talk, c'est une plongée dans l'univers de ceux qui imaginent, transforment et réinventent notre quotidien. Alors installez-vous, ouvrez grand les oreilles, l'épisode du jour commence maintenant. Alors aujourd'hui, je reçois un créateur singulier qui fait dialoguer haute couture, art décoratif, décors, fêtes, théâtre. On va parler en détail de tout ça. Il habille notamment Dita Vantis, Fan Bing Bing, Willa, Billet, je ne sais pas si c'est toujours le cas. le cas, mais Juliette Binoche, Zhang Ziyi, alors je ne savais pas qui c'était, je me suis renseigné, actrice chinoise et je crois très connue, Ariel Dombasle aussi. Et puis, il a décoré, il décore des lieux emblématiques tels que le boeuf sur le toit, le Lido, Caviar Kaspia à Paris, mais aussi, je crois, à Los Angeles. On va en parler. Et puis, il pense finalement chaque espace comme presque comme une scène. Bienvenue. Bonjour, Alexis Mabille. Bonjour. Donc, nous allons creuser ton parcours. On va se tutoyer. déjà dans cet entretien. Et puis, pour dire la vérité, on se connaît aussi. On va creuser donc ton parcours, tes nombreuses activités, tes créations, ton processus créatif, tes inspirations. Alors justement, quelle est la première chose qui t'a inspiré ce matin ?
- Speaker #1
La première chose qui m'a inspiré ce matin ?
- Speaker #0
Parle un petit peu plus près.
- Speaker #1
La première chose qui m'a inspiré ce matin, c'est une fleur. Pierre de Ronsard, une rose. J'ai des très jolis rosiers sur ma terrasse. Et c'est assez court, la floraison de Pierre de Ronsard. Et c'est des tons très particuliers, avec des tons plus si pleux ce matin, donc j'avais des gouttes d'eau sur différents tons de roses.
- Speaker #0
C'est des roses anciennes ? Non,
- Speaker #1
c'est des roses anciennes très lourdes, souvent qui ont les têtes qui tombent, parce que les boutons sont trop lourds. Mais il y a un dégradé de couleur de rose pâle au blanc qui est assez extraordinaire dans la fleur.
- Speaker #0
Ok, donc là, on est début juin à Paris, donc il pleuvait, une fois n'est pas coutume. Donc de la couleur.
- Speaker #1
De la couleur et de l'odeur aussi.
- Speaker #0
Et de l'eau, exactement.
- Speaker #1
Et du parfum.
- Speaker #0
Alors Alexis, est-ce que tu te souviens du tout premier espace qui t'aurait marqué ? Ou maison, résidence, ou hôtel, ou lieu ? En tant qu'enfant, peut-être une pièce, un lieu, une atmosphère ?
- Speaker #1
Oui, j'ai la chance d'avoir évolué dans un... dans une famille avec beaucoup de créatifs et notamment un oncle architecte d'intérieur avec sa femme qui avait une maison extraordinaire, une maison de famille qui était coupée en morceaux avec des appartements qu'on faisait beaucoup à une époque et eux avaient un salon rouge, tout rouge. Avec que des tons de rouge. Le sol était un parquet, c'est classique. Et après, ils avaient fait tous les murs avec différents tons de cinabre. Donc des rouges brûlés au mercure, des rouges un peu plus cramoisis. Le plafond était dans un rouge clair avec que des rechampis. Et cette pièce me fascinait avec tout un ameublement, avec beaucoup de tissus, avec beaucoup d'impression cachemire. des objets un peu curieux. J'étais fasciné et j'adorais aller chez eux en permanence. J'adorais aller dans cette pièce rouge qui m'a toujours... Beaucoup attiré.
- Speaker #0
Fasciné. Et ce lieu existe encore ? Vous y avez encore accès ?
- Speaker #1
Non, parce qu'ils ont vendu. L'histoire de famille, etc. Ils n'y sont plus. Mais c'est un appartement qui était absolument extraordinaire. Chaque pièce avait une histoire. Une salle à manger avec des fables de la fontaine peintes en grandeur nature. Parce que mon oncle était peintre aussi. Et il avait fait des scènes comme ça, de fables de la fontaine, où les animaux étaient plus grands que les humains. Et quand on est en France, c'est des univers qui sont assez bouleversants.
- Speaker #0
Ah oui, génial. j'imagine. En t'entendant en parler, j'imagine un peu le lieu. Si quelqu'un découvrait ton univers pour la première fois, qu'il soit autour du vêtement, de la mode ou du décor, de l'architecture de l'intérieur, quelle serait la première chose que tu aimerais qu'il ressente ?
- Speaker #1
Le confort d'abord, et un bien-être. C'est-à-dire que ce que je fais n'est pas minimaliste du tout, mais pas non plus complètement baroque. C'est assez frivole aussi. J'aime bien ce mot qui... Il y a de la tradition dedans. En même temps, c'est un petit peu twisté et sur le fil, en mélangeant aussi bien des couleurs que des valeurs sûres. Mais c'est très enveloppant et on se sent bien. Parfois, c'est bizarre, il y a des lieux où on ne comprend pas tout. mais on est enveloppé et on a envie d'y rester. C'est ça qui est important.
- Speaker #0
Ouais, on va parler des lieux que tu as fait, intéressant. Et si tu devais décrire ton métier, parce que ton métier c'est un métier de créateur, mais à plein de niveaux, à un enfant de 6 ans, tu lui dirais quoi ?
- Speaker #1
Alors c'est vaste, c'est compliqué, mais... Un enfant de 6 ans, je pense qu'il faut... Aujourd'hui, on ne développe pas assez leur capacité à avoir leurs propres idées et à aller dans leur univers. Et surtout, peut-être lui demander quel serait ton rêve ou quelle est ta passion et comment tu peux l'exacerber et raconte-moi, à la limite, je ferais l'inverse. je lui demanderai de me raconter ce qu'il a en tête ou ce qu'il aimerait et là on voit s'il y a un vide total ou s'il a une idée, parce que parfois on a des idées saugrenues en tant qu'enfant mais qui deviennent des choses assez géniales dans le temps et ça deviendrait une conversation comme ça entre nous deux je pense. Ok,
- Speaker #0
super. Bon, on va raconter ton parcours, on va rentrer dedans. Alors, peut-être dès l'enfance, tu en as parlé un petit peu. Tu as grandi dans quel contexte ? Où ça ? Quel enfant tu as été ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai grandi à Lyon, à Sainte-Foy-les-Lyons, plus précisément, sur la colline, à côté de Courvière. Dans une famille très aimante, une grande famille, parce que ma mère a beaucoup de frères et sœurs, mes oncles, les tantes et grands-parents étaient eux-mêmes déjà entre plusieurs familles qui ont tous vécu ensemble. donc voilà j'ai évolué avec beaucoup de bonheur, beaucoup de gentillesse, des gens créatifs, des âmes un peu foufous au milieu, qui ont laissé toujours les enfants dans la famille avoir leurs idées. Et ça, je pense que c'est important et je m'en suis rendu compte assez tard. Mais petit, quand on avait envie de dessiner, on dessinait. Si je n'avais pas envie de faire du foot, ce n'était pas grave. Je pouvais faire des cours de broderie. C'est un peu atypique.
- Speaker #0
C'est ce que tu as fait d'ailleurs, des cours de broderie, c'est un exemple.
- Speaker #1
Des cours de broderie, des dessins de joaillerie. aimé toucher un petit peu à tout et puis la chance que j'avais d'avoir des oncles et tantes artistes aussi mais diverses aussi bien dans la musique ou qui dessinaient ou du coup je pouvais passer des après-midi entières à dessiner du dessin académique et le lendemain à faire de la couture avec ma grand mère en fait c'est j'ai eu la chance de baigner dans un creuset de gens comme ça qui avaient tous des talents sans les avoir développés plus que ça puisqu'ils n'ont fait pas leur métier mais qui avait été éduqué comme ça en fait avec cette liberté d'esprit quelque chose chose de... parce que la famille était dans le charolais à l'origine, avait de la chance à cette époque-là, vivait très bien et était un peu comme beaucoup de gens à ces époques-là, finalement, jouait du piano, ne travaillait pas forcément et profitait de la vie.
- Speaker #0
Il y avait une place à autre chose que le labeur.
- Speaker #1
Après, parfois, la vie des familles devient un peu plus décadente et on va te rappeler le coup.
- Speaker #0
Une génération générale qui...
- Speaker #1
Voilà, parce que jouer au piano et aller à la chasse, ça ne ramène pas de salaire. Je ne me refais pas les toits des maisons avec. Mais voilà, donc en fait, ça, j'en ai énormément joui avec le temps, je pense. Et c'est ce qui m'a amené là. Et après, au fur et à mesure, en fait, mes parents ne m'ont jamais vraiment bloqué dans mon parcours. Et au contraire, ils m'ont poussé à aller plus loin et à faire ce que j'avais envie de faire. C'est génial.
- Speaker #0
Alors, tu nous as parlé de l'influence peut-être qu'a eu ce lieu de cet oncle et cet appartement. Est-ce qu'il y a un moment dans ton enfance où tu t'es dit, moi, c'est la création ? Enfin... Tu te souviens d'un moment comme celui-là, déclencheur ?
- Speaker #1
En fait, c'est venu tout seul. J'ai toujours un peu récupéré des choses, bricolé, fait de la couture, collé des choses qui n'allaient pas ensemble. Donc naturellement, c'est venu comme ça. Au début, je ne me suis pas forcément dit que je voulais faire de la création. Mais en fait, j'ai commencé à coudre à 5-6 ans. Je cousais mal à l'époque, mais au fur et à mesure, ça m'intéressait. et j'ai toujours moi j'aime bien je n'aime pas ne pas réussir ce que je fais. Donc du coup, je me suis auto-formé, on va dire, sur beaucoup de sujets avant de faire mes études pour avancer pour mon propre bien-être aussi. Et effectivement, il y a un moment, on se rend compte qu'on a des idées et que les gens réagissent à ces idées, que ce soit positif ou négatif, mais en tout cas, ça fait réagir les gens. Et à partir de ce moment-là, c'est très intéressant de voir justement sensibilité ou en tout cas cet échange qu'on a et qui crée de la discussion aussi pourquoi quelqu'un n'aime pas quelque chose, pourquoi quelqu'un l'aime et ça c'est intriguant et je pense que c'est ça qui a développé ma part créative.
- Speaker #0
Donc tu fais des études, tu te lances dans des études de création assez tôt ?
- Speaker #1
Non j'ai fait un bac économique donc vraiment rien à voir. T'as assuré les arrières. Voilà et après j'ai fait la chambre syndicale de la couture à Paris mais en format assez accéléré finalement, c'est comme comme je croisais. depuis très longtemps. C'était vraiment pour affiner ma technique et me prouver que ce que je faisais, en fait, je le faisais à peu près correctement. Il faut y avoir un diplôme, parce que c'est une époque où il fallait qu'on ait des diplômes, dans tous les cas. Déjà que j'étais créatif et un peu hurluberlu d'infamie, donc si en plus, je n'avais pas de diplôme, donc le bac et un diplôme, ça arrangeait tout le monde. Et puis après, de fil en aiguille, finalement, tout s'est enchaîné.
- Speaker #0
Ok, alors, pour ceux qui... Bon, ton nom est connu, ta marque est connue mais on peut rappeler que tu as été styliste aux côtés de notamment Galliano Slimane Pilati chez Dior chez Saint Laurent j'en oublie
- Speaker #1
Non, après il y a eu beaucoup de passages, les études avec des stages où j'ai eu la chance de bosser avec des gens extraordinaires comme Emmanuel Ongaro, qui est une marque qu'on ne connaît plus trop aujourd'hui, mais qui était un homme extraordinaire et avec une culture incroyable. J'ai travaillé pour des... costumiers de l'Opéra de Lyon, qui étaient des phénomènes de culture aussi parce que vraiment ancrés dans le costume classique. Et après, c'est vrai que quand j'ai commencé à vraiment travailler, c'est vraiment avec Galliano où ça s'est déclenché parce que j'étais rentré en tant que stagiaire chez Dior. Je suis tout de même resté presque... que 10 ans donc mon stage a duré un peu longtemps on va dire et c'est des rencontres et Galliano c'était génial parce que c'était une famille donc on avait vraiment notre place dans la famille après Pilati quand je suis parti de chez Dior j'ai travaillé en freelance pour beaucoup de marques aussi bien pour la beauté que pour les bijoux fantaisie avec Pilati c'était du bijoux fantaisie et Dislimane c'était en parallèle on va dire de ma mission avec Galliano où je développais aussi tout ce qui était bijouterie fantaisie ou accessoires ou projets particuliers. lié à la beauté et c'est que des caractères finalement qui sont tellement différents des personnalités très forte bien évidemment avec avec de l'ico aussi mais qui interagissent très différemment dans un process et à ce moment là je me suis dit mais plus on se nourrit de ça moins on a envie de garder leur identité et on se retrouve et c'est à ce moment là où je me suis dit faut que je fasse mon propre business parce que maintenant je sais où je sais où je suis en Oui et puis Oui Et ça C'est important de savoir où on est créativement, parce qu'en fait, on est forcément inspiré de plein de choses. Mais il y a un moment où il faut savoir se séparer de ses inspirations, ou se dire, même si ça, j'adore, en fait, ça, c'est pas mon univers.
- Speaker #0
Oui. Ce que tu veux dire, c'est que travailler avec des personnalités aussi fortes, qui sont très différentes, évidemment, les unes des autres, finalement, si tu restes dans ce mode de collaboration, tu t'effaces. Tu finis par t'effacer. C'est ça que tu veux dire ?
- Speaker #1
En fait, c'est un choix à faire. Soit on reste un comédien à vie dans une équipe qu'on aime, et à ce moment là on reste designer ce qu'il en faut, on a tous besoin d'aide des gens comme Galliano pouvaient pas faire toutes les collections toutes les déclinaisons etc mais il faut qu'une confiance s'installe entre le studio on va dire et le designer mais parfois quand on se rend compte qu'on est pas toujours d'accord avec tout mais on le fait parce que ça devient un jeu du coup faire des choses en fait quand on doit être inspiré pour quelqu'un d'autre c'est vachement intéressant parce que parfois on bosse sur des choses, vous ne savez vraiment pas les vibes de ce qu'on aime, on se dit même « oh là là, ça va être dur » , et après ça devient un jeu de comédien qui est passionnant, c'est comment arriver à faire quelque chose qu'on trouve atroce, mais à la fin on trouve ça génial de la refaire. Et ça je dois dire que dans ma carrière il y a eu tout de même beaucoup de cas par moments où j'étais un peu troublé, mais ça m'a poussé aussi à me remuer et à me remettre en question. Et ça, ça m'a beaucoup aidé après par la suite de me dire voilà il faut toujours toujours sans... qu'on mettra en question. Parce que si, autrement, on reste dans sa petite tour, on fait des jolis dessins, ça dure un moment et puis après, ça peut parler.
- Speaker #0
Justement, c'était une de mes questions, c'est qu'est-ce que tu as gardé de cette époque avec des très grands noms comme ceux-là, des studios, beaucoup de moyens aussi, qu'est-ce que tu as gardé dans ton aventure d'après ? C'est-à-dire, tu as créé ta marque, ta maison et puis de là, tu as tiré un fil et tu continues. Qu'est-ce que tu en as gardé de tout ça ?
- Speaker #1
Je pense que c'est la... C'est un peu l'hyperactivité, déjà. capable de faire beaucoup de choses dans peu de temps de travailler avec beaucoup d'artisans et surtout avec John ça c'était génial parce qu'il aimait l'artisanat et il aimait l'opulence donc on travaillait avec beaucoup de corps de métiers très divers et puis surtout d'avoir une curiosité permanente de se bouger et de quand je disais se remettre en question oui c'est à dire que on fait un joli dessin mais ça ne veut pas dire qu'il est abouti donc au cours du process être capable de se dire en fait ce serait mieux différemment et d'avoir des produits qui sont toujours mieux et de les faire évoluer, c'est comme ça aussi qu'on inscrit un style mais beaucoup de choses en fait c'est aussi le mode de travail dans un studio, travailler avec des équipes être capable de driver des gens créativement même s'ils ne sont pas créatifs, les emmener à ce qu'on veut la même chose avec des artisans c'est un process, on commence avec un dessin, on fait des maquettes, parfois ça marche pas parfois ça marche pas les maquillages qu'ils ne sont pas dans la bonne vibration, et puis d'arriver à les accompagner là-dedans en leur expliquant avec un wording ou avec des petits détails pour que tout d'un coup, ils rentrent dedans et que le déclic se fasse.
- Speaker #0
Donc, pour reprendre le fil chronologique, en quelle année tu crées ta marque ?
- Speaker #1
2005.
- Speaker #0
Donc, 2005, tu crées ta marque qui s'appelle directement Alexi Mabille ?
- Speaker #1
Qui s'appelait Oui, qui avait un autre nom technique à l'époque, mais qu'on a vite abandonné, en fait, parce que... Tout le monde utilisait mon nom, donc voilà.
- Speaker #0
Donc t'es allé au plus simple, au plus facile. Donc 2012, tu nous dis ? Non,
- Speaker #1
2005.
- Speaker #0
2005, pardon. Donc là, on est 20 ans plus tard. Donc ta maison aujourd'hui, alors, je crois qu'au départ, tu faisais de la couture, du prêt-à-porter.
- Speaker #1
Non, on faisait pas de haute couture au départ. Mes premières collections, c'était que des pantalons. Ok, alors je faisais que des pantalons mixtes, ce qui pour l'époque était un peu irrévérencieux, on va dire, aujourd'hui c'est évident, vraiment facile et évident. Donc d'abord des pantalons avec une coupe qui est exactement la même pour hommes et pour femmes. techniquement assez intéressant je m'étais en fait c'était un exercice de style ce début de collection que je m'étais imposé en me disant il y a beaucoup de pantalons mal coupés sur le marché et j'aimais la complexité ça puisse aller à différents types de corps.
- Speaker #0
Dont masculin et féminin.
- Speaker #1
Et techniquement, du coup, c'était pas une prouesse, mais en tout cas un gros travail de couple pour avoir un truc qui soit joli et qui fonctionne aussi bien sur les deux avec cette idée, si on était en couple, on pouvait partager son pantalon si on faisait la même taille, par exemple. Et puis de mélanger en termes de culture et d'artisanat aussi, la culture du masculin chez la femme, alors ça, ça existait déjà depuis un certain temps et c'est quelque chose qui est accepté depuis longtemps. Mais aussi amener toute la variété, du vestiaire féminin en termes de matière, de couleur, d'ennoblissement dans le vestiaire masculin. C'était vraiment la base du concept. Après, on a commencé à faire des chemises pour aller avec. Et puis, pour s'amuser, des nœuds papillons. Alors là,
- Speaker #0
tu as remis un peu... C'est presque devenu un...
- Speaker #1
En fait, c'est un peu mon camélia. À la base, c'est une blague entre copains où j'avais envie de faire des nœuds papillons parce que c'est un objet très ringard à Paris. C'est-à-dire qu'aux Etats-Unis, en Angleterre les gens ont toujours continué à... portaient des papillons pour les galas. En France, c'était vraiment un truc de naze. Vos serveurs. Même eux, ils ne les portaient plus, je crois. Et je me suis dit, il y a un truc intéressant dans l'histoire du costume, qu'est-ce qui est mixte, comme on était vraiment autour de cette histoire du mixte, pourquoi le nœud papillon ? Finalement, c'est un détail mixte, utilitaire à l'origine, parce qu'un nœud, c'était fait pour fermer les vêtements. À la Renaissance, ça permet de tenir des éléments du vestiaire ensemble. Et finalement, les hommes avaient beaucoup plus souvent de nœuds sur leurs vêtements dans le passé que les femmes, suivant les époques. C'est un peu comme chez les oiseaux, quand vous avez le pan et la femme pan, ou la canard qui a des plumes plus verdoyantes, etc. Finalement, c'est assez rigolo, cette histoire-là. Je me suis dit, il faut qu'on fasse des nœuds. C'est marrant de faire des nœuds. Donc en fait, c'est parti sur un lookbook où on a mis quelques nœuds. Et après, j'ai demandé à tous mes copains, mannequins, artistes, ou qui étaient juste beaux, de poser. on a fait un... en fait un petit catalogue qu'on envoyait à la presse juste pour le plaisir. C'était un petit truc d'ego. Et ça a fait une boule de neige, c'est-à-dire qu'on s'est retrouvés en vente chez Colette, et puis après chez Barniz, et après dans le monde.
- Speaker #0
Ah oui, donc tu produisais vraiment à ce moment-là, tu as commencé à produire quelques noeuds ?
- Speaker #1
En fait, on s'est retrouvés obligés de les produire, parce que tout le monde a adoré, ça a fait... Et puis une fois qu'on est rentrés chez Colette, c'était la folie, et à la fin, on n'arrivait plus à produire les noeuds, parce qu'on se retrouvait à travailler la nuit à faire des noeuds, parce qu'ils étaient très complexes, donc on ne pouvait pas les donner dans des usines classiques de noeuds. On n'arrêtait pas d'en faire.
- Speaker #0
Il était encore des artisans. Limite,
- Speaker #1
on a marre de faire des nœuds.
- Speaker #0
Vous les faisiez vous-même ?
- Speaker #1
Souvent, je les faisais moi-même à l'époque. Ça a été une toute petite structure. Après, on s'est organisé, bien évidemment. Et moi, j'ai travaillé pour tout de même ressortir le prêt-à-porter derrière, qui avait été un peu étouffé par ça, et d'intégrer le nœud dans la silhouette. On avait déjà fait une chemise qui avait énormément marché, où le col avait un nœud qui pouvait se déclipser sur le côté, etc. On a arrêté de faire du mix. On a intégré dans les collections du vestiaire féminin, redéveloppé de l'homme et les collections se sont développées. Et la haute couture, c'est arrivé après finalement. Parce qu'on présentait pendant la haute couture qui était une période plus focus. Parce qu'il faut aussi... On ne se rend pas forcément compte quand on n'est pas dans le cercle de la mode. Mais il n'y avait à ce moment-là que des grosses marques.
- Speaker #0
Dans la couture ? Ah non, dans la prête d'aventure. Pour émerger, il fallait...
- Speaker #1
Il n'y avait pas à Londres, il y avait beaucoup. beaucoup de marques émergentes. Mais à Paris, il y avait les Grands Mammouths qui étaient là, qui sont des belles marques, mais pas de petites marques.
- Speaker #0
Ce qu'il faut savoir pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas forcément très bien le milieu de la mode, c'est que l'année est rythmée de présentations de collections et ça prend souvent la forme d'un défilé. Et donc, le défilé, il regroupe des clients, des amateurs, mais aussi beaucoup de journalistes. Et donc, c'est l'occasion de faire parler de sa collection et de sa marque. Donc, Donc, si évidemment, il y a des gros mammouths, on a du bien l'amuser.
- Speaker #1
C'est l'excitation, c'est la Fashion Week. Pourquoi les journalistes aiment bien venir à Paris pendant la Fashion Week ? Parce qu'ils font la fête, ils font des shows. il y a une notion de rêve aussi et d'excitation qui va avec Et à ce moment-là, nous, on est allés voir la fédération, parce que je me disais, si je le fais, je vais le faire correctement. La fédération a un peu rigolé au début en disant, vous êtes bien venus.
- Speaker #0
Fédération, c'est ceux qui organisent la fédération de la couture ? Voilà,
- Speaker #1
c'est comme une entité qui gère les cas. calendrier qui gère les maisons, on rend des comptes tout de même à cette fédération. Et puis il y a des labels derrière le label haute couture par exemple. Et vraiment on n'existe qu'à Paris. Il n'y a que 11 maisons aujourd'hui dont on fait partie qui sont enregistrées vraies maisons de couture. C'est du patrie. l'attribut de vivant français, etc. Il y a certaines règles à tenir. Et à ce moment-là, j'ai insisté. On a fini par rentrer comme invité dans un calendrier un peu moyennement officiel. Et du coup, on nous a conseillé de nous mettre pendant la couture, parce que c'était une toute petite fashion week. Il y avait de moins en moins de maisons de haute couture à l'époque, parce que c'était beaucoup moins la mode. C'était un peu appauvri en termes de quantité de maisons. Et là, ça a été un des clics où finalement on a eu des clients couture qu'on commence à arriver et nous on n'était pas du tout prêt à ça parce qu'on n'avait pas les bons salons pour recevoir on n'était pas non plus que les clients couture faut préciser c'est c'est ultra sur mesure moi évidemment très cher du coup et donc c'est une clientèle très exclusive et très exclutif et cerclé les vêtements ne sont pas refaits deux fois dans le même pays c'est des gens qui ont besoin de qui ont un goût du luxe aussi qu'aiment les choses qui sont à part et souvent qui sont en représentation donc en tout cas c'est comme ça qu'on est arrivé à la couche couture c'est plutôt la couture qui est arrivée à moi certainement par la culture que j'ai eu via dior aussi où je faisais les travailler sur les collections de haute couture avec john externe mais c'est assez un c'est assez amusant on a commencé par d'unisex on est arrivé au prêt à porter la haute couture est venue un peu tout seul via les clients et puis c'est un moment où tout a commencé à changer pas via les réseaux sociaux qui n'existait toujours pas mais via des plateformes d'image comme vos grenouilles comme il y avait une autre entité qui s'appelait catwalking, qui était hyper cool. Hyper à la mode, Show Studio aussi en fait des premières plateformes en ligne qui commençaient à diffuser tous les défilés avec tous les looks, avec toutes les marques et la presse bien évidemment ça a été un outil incroyable pour la presse mais aussi le public a commencé à s'abonner à ces plateformes les stylistes de célébrité aussi et c'est là où en fait c'était une période qui était assez intéressante nous on avait notre petite histoire mais il y avait beaucoup de choses qui commençaient à changer autour et ce qui nous a beaucoup aidé. aider en termes de médias et de développement aussi.
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Donc aujourd'hui, la maison poursuit son chemin, notamment dans la haute couture. Et puis, tu es passé... Alors, ce n'est pas radical, ça se fait d'images, tu vas nous le raconter de manière sans doute très naturelle, vers la création de lieux, d'objets, de décors, etc. Qu'est-ce qui a motivé ? Il y a quelque chose qui a motivé cette transition ? Ce n'est pas une transition, en tout cas, tu as rajouté...
- Speaker #1
en fait j'allais dire un peu fait en dilettante pour m'amuser. En fait, la décoration, c'est quelque chose qui m'a toujours intéressé. Je pense que si je n'avais pas choisi d'être designer et de faire de la couture, j'aurais commencé directement par l'architecture d'intérieur. Je pense qu'il y avait beaucoup d'architectes d'intérieur dans la famille, donc j'avais peut-être besoin d'indépendance là-dessus. Je ne sais pas. Mais après, un de mes oncles était un décorateur assez connu à Paris, Patrice Nourissa, qui à son époque a été une personne qui a fait des choses assez grandioses. Quand j'étais à Paris, finalement, j'étais... souvent chez lui parce que c'est quelqu'un d'exceptionnel et qui avait un lieu complètement dingue je les ai sur certains projets il a une grande fantaisie c'est quelqu'un de très gentil aussi et qui m'a embarqué sur certains chantiers témoins etc ou finalement bas et voilà j'ai continué à baigner dans l'art décoratif dans les jolis objets dans le textile aussi en phase 2 on on va dire à Paris et ça m'a toujours un peu trotter dans l'esprit de me dire j'aimerais bien y retourner mais c'était pas factuel t'as pas décidé à un moment de l'être et après moi j'ai toujours eu beaucoup de j'aime décorer des appartements chacun de mes appartements, j'ai la bougeotte aussi j'aime bien déménager tout ici, c'est mon truc donc en général je change de décor, je revends des objets j'en rachète des nouveaux ou je réadapte les choses en fait c'est un espace de vie c'est hyper important et surtout quand on est un créatif est-ce qu'on a besoin soit de neutralité ou pas, en tout cas d'une pièce à une autre c'est un parcours et ça raconte des choses et on se raconte notre histoire aussi et après c'est moi je pense que le lifestyle est très important c'est global, même si je dessine une robe un jour finalement dessiner un vase ou une table ou choisir la couleur des murs ça participe aussi à une atmosphère générique. qui correspond à ma personnalité ou à un monde que j'aimerais voir idéal.
- Speaker #0
Ou à une histoire que tu veux raconter. Oui, ça relève du même ressort et de la même démarche.
- Speaker #1
Il y a un moment, je me suis dit, quelques années avant le Covid, j'ai commencé à dessiner des meubles pour mon nouvel appartement à l'époque. Et tout le monde m'a dit « Ah, mais c'est super joli, tu voudrais les vendre, je m'en fous,
- Speaker #0
c'est pour moi. »
- Speaker #1
Non, mais je n'étais pas dans cette dynamique-là à ce moment-là. après j'ai aidé des clients clientes à décorer leurs appartements, qui n'habitaient pas à Paris, à choisir des choses au puce, à les accompagner, à commencer à diriger un peu certaines personnes sur des directions parce qu'ils n'avaient pas forcément... Ou je pensais, moi, qu'ils allaient faire un peu des erreurs chez eux alors qu'ils avaient des endroits très beaux, etc. Et je me suis pris au jeu, on va dire, et je me suis dit il faut peut-être structurer ça, pourquoi pas. Et j'ai eu la chance à un moment que certaines on va dire connexions mondaines euh et un peu le culot de se dire bon bah il est pas officiellement décorateur mais j'aimerais bien qu'il me fasse un restaurant, un théâtre ou un appartement et en fait les projets sont arrivés comme ça donc c'est pareil,
- Speaker #0
c'est la couture qui est venue à toi bah là c'est un peu la même chose est-ce que justement t'as eu un moment la question de te dire mais ok je suis légitime pour faire ce que je fais depuis toujours c'est à dire de la mode et de la couture, est-ce que t'as eu cette question là sur le monde de l'architecture intérieure non c'est peut-être prétentieux non mais c'est bien Il t'ennuie.
- Speaker #1
Je me sens à l'aise et c'est quelque chose que j'aime beaucoup. Bizarrement, j'ai beaucoup d'amis à Paris qui sont architectes. Finalement, c'est un truc qui m'a toujours collé la peau. Après, être légitime, ce n'est pas nous qui choisissons vraiment. C'est les projets et ce qui se passe derrière. Après, la couture et la mode m'ont beaucoup aidé aussi en termes de communication dessus. Mon travail, ça a été de structurer que la communication soit pas... pas malmené justement c'est à dire que je fais pas un canapé avec un tissu de ma collection de couture oui parce qu'il ya ce risque de parasiter un peu ton activité principale on expliquait que c'est pas du premier degré comme on l'a connu à une époque oui ou je ne disais personne mais vous avez un truc en dentelle et puis vous allez faire une bouilloire avec la dentelle imprimée dessus quoi moi c'est un truc c'est pas possible et on m'a proposé beaucoup de projets comme ça que j'ai refusé je peux gagner beaucoup d'argent mais mais c'est pas la dynamique dynamique c'est finalement j'habille des gens qui ont la chance de pouvoir vivre avec dans un entourage assez artistique et qui travaillent, qui voyagent dans le monde entier etc de par leur travail et leur activité et finalement c'est un peu de définir c'est un peu le même travail c'est de s'habiller à un entourage de secteur je parlais de confort de chaleur de comment emballer une une personne avec cette même dynamique de choisir un tissu, créer un volume, une atmosphère. Sauf que ce n'est pas sur un corps. C'est dans un espace beaucoup plus ouvert. Et moi, ce que j'aime faire, c'est de la décoration. Je ne suis pas architecte. Je n'ai pas la présence de l'être. C'est pour ça que quand on dit architecte d'intérieur, ça me fait toujours un peu rire. Oui. On peut dire décorateur et ce n'est pas la cata.
- Speaker #0
Oui, mais c'est drôle parce que je me rends compte très souvent qu'il y a... Alors, pour certains, tu as raison. Attends, moi, je suis décorateur, je ne suis pas architecte, c'est autre chose. pour d'autres roulages. je ne suis surtout pas décorateur parce qu'il y a un côté très frivol presque du décor ça ne dure pas, ça n'a pas de sens ça ne s'inscrit pas dans la durée,
- Speaker #1
c'est curieux au moins la décoration ou la mode ça crée des mouvements ça provoque d'autres mouvements et ça se démode et c'est là où c'est intéressant il y a des choses qui restent dans le temps et qui sont timeless et après c'est une nourriture finalement Donc si... si ça passe pas, si c'est pas une humeur qui colle à la société d'un moment ou qui est en contraste ce serait beaucoup moins drôle parce que ça tourne tout le temps alors il y a quand même un fil rouge moi je trouve tu vas peut-être me contrôler mais entre ton travail dans la mode et dans le décor c'est tu te joues des codes masculin,
- Speaker #0
féminin la fête, le classicisme et j'ai l'impression qu'on retrouve ça dans tes décors, tu vas nous parler de tes projets on va les décrire pour ceux qui ne les ont pas vus mais il y a une sorte de fluidité. entre des univers verts qui pourraient être très segmentés dans l'esprit de certains. Et c'est peut-être un peu ce fil rouge qu'on retrouve dans tout ton travail, notamment dans le monde du décor, c'est vrai ?
- Speaker #1
En fait, j'aime beaucoup réinventer, un peu torturer la tradition, mais en la respectant. Parce que j'ai une base assez classique, de par mon éducation et mes goûts aussi. Je pense que Paris aussi, qui est une ville où j'adore vivre, est très nourrissant de classicisme, mais pas dans le côté classique du classicisme, c'est vraiment... On a la chance d'avoir des bâtiments sublimes, de... de voir des contrastes d'architecture de fous dans la rue, des mélanges de gens aussi, et de gens qui sont passionnants. Et en fait, j'aime ça. J'aime mélanger des codes qui sont parfois un peu twistés, mais sur une base tout de même qui est assez... qui est assez traditionnel, c'est pas le bon mot dans le respect de certains codes qui sont aussi importants dans l'artisanat qui amènent à des développements intéressants où ça raconte des histoires aussi,
- Speaker #0
je l'exprime peut-être pas bien mais on sent que oui on voit que tu racontes des histoires avec tes lieux j'aime bien que ça glisse un peu sur une pente sans tomber
- Speaker #1
Et ça je trouve ça vachement intéressant.
- Speaker #0
Oui, tu dérapes un peu forcément, mais tu m'aides plus.
- Speaker #1
De temps en temps, j'aime bien dire que je fais du baroque minimal.
- Speaker #0
Alors, comment s'est passée ta première commande ? Il y en a eu une première commande ? tu as raconté que tu commençais à aider certains clients, certaines clientes, des amis mais est-ce qu'il y a eu une première commande réelle où là tu dis ok c'est sérieux ça a été un restaurant au théâtre Edouard
- Speaker #1
VII qui à l'époque a cartonné trop parce que du coup c'était un peu la guerre avec le théâtre après parce qu'on s'est retrouvé avec toutes les grosses restas Rihanna et tout ce qui venait etc donc il y avait trop d'attention dans finalement ce petit restaurant de théâtre qui était devenu un haut lieu de fête donc psychologiquement je pense que ça posait un peu de problème au théâtre mais qui était génial où en fait j'ai eu une carte blanche dans un lieu qui était pas évident à développer parce que c'était un sous-sol, un bar de théâtre qui n'avait pas été exploité mais avec des très jolies bases de boiserie un peu anglaise, etc. mais dans un état catastrophique en sous-sol et un restaurant sans fenêtres pas évident mais du coup, travailler avec des jeux de lumière comment ramener de la lumière dans un lieu qui n'a pas de fenêtres qui soit agréable à midi agréable le soir beaucoup de contraintes mais par contre, créativement j'avais une grande liberté et ça c'est une chance que j'ai eu aussi tous les gens qui sont venus à moi en termes de clients ont toujours fait une confiance absolue. Alors forcément, ils ont des guidelines, mais ils sont venus vers moi, et ça, je pense que c'est la mode qui me l'a amené, pour les aider à créer une histoire et un concept. C'est-à-dire qu'eux, ils ont leur concept culinaire où ils se disent, voilà, moi, je veux tant de couverts et j'aime bien ce style, mais parfois, ils n'ont pas le nom du restaurant, ils n'ont pas l'identité du restaurant, et donc de travailler sur une identité avec eux. Mais on n'est pas que travailler, alors après, on peut en parler après, mais après, on a des identités de marques très anciennes. on va dire qui nous ont envoyé travailler là l'exercice est différent mais en tout cas tous les premiers projets ça a été vraiment créer des identités dans des lieux qui n'étaient pas faciles et c'est devenu un peu notre spécialité je crois que les trois premiers projets c'est que des restaurants sans fenêtres et moi je t'ai mis donnez moi un restaurant avec une fenêtre un jour ça serait chouette
- Speaker #0
Alors attends, parce que c'est quand même super différent que de créer une collection de mode où tu vas raconter l'histoire que tu veux raconter. Alors certes, tu as des influences et des contraintes économiques et tout ça, mais là, tu dois rester le créateur que tu es tout en tenant compte d'un lieu qui a des contraintes techniques. mais aussi une marque ou en tout cas un lieu qui raconte une histoire, on parle d'un théâtre on n'est pas dans un lieu futuriste enfin je sais pas donc c'est une démarche qui est très différente tu dois créer pour le compte d'autres enfin je sais pas, tu le vis comme ça ?
- Speaker #1
c'est une commande en fait après moi je ne sais pas faire des choses que j'aime pas autrement il faut qu'il y ait un peu de ta contrainte mais bon autant ce que j'ai fait dans le passé comme je reparlais tout à l'heure, c'était un jeu c'était devenu un jeu mais mais là c'est beaucoup de moyens qui sont déployés derrière et puis c'est des lieux qui doivent rester dans le principe sur un certain temps, au moins 5-6 ans pour que ce soit rentable et que la clientèle ait envie de venir oui c'est une commande mais après finalement c'est une danse entre un propriétaire ou un chef qui choisit un créatif avec lui pour que finalement on ait des idées qui viennent interagir et c'est ça que j'aime beaucoup finalement dans la restauration quand on fait des restaurants hôtellerie c'est qu'il ya vraiment cd binôme c'est des mariages qui doivent se faire en général autrement ça marche pas et ça s'arrête assez vite Parce qu'on a envie de sortir quelque chose qui nous tient à cœur. Quand on ouvre un restaurant, on fait les testings, on va rentrer dans le détail de la vaisselle, de la carte, s'il y a un truc vraiment à la carte que moi je ne trouvais pas bon.
- Speaker #0
Ah oui, bien impliqué à ce niveau-là.
- Speaker #1
Oui, mais en fait, c'est assez classique dans la restauration. pas sur tout type de lieu mais en fait dans des lieux qui veulent une identité, qui veulent avoir une bonne carte avec une cohérence finalement entre ce que vous racontez dans le décor et ce qu'il y a dans l'assiette et ça c'est super important parce que du coup les gens ont une vraie expérience quand ils arrivent sur le lieu C'est le design global
- Speaker #0
Alors tu découvres quand même un autre métier dans l'exécution parce que tu dois trouver des artisans, coordonner des corps de métier
- Speaker #1
tu gérais aussi l'exécution des travaux après je me suis créé tu t'accompagnes bien sûr mais oui après c'est la partie sympa aussi on conçoit mais suivre les travaux alors il faut aimer ça, moi j'adore ça mais c'est passionnant de voir naître les choses de travailler avec des artisans qui font du staff qui vont mettre en forme tout d'un coup ce qu'on a décidé il y a des problématiques mais qui vont devenir très intéressantes parce que parfois finalement elles amplifient le résultat et on a des choses mieux voulait au départ. Et ce n'est pas des coquilles, surtout dans les lieux anciens, rien n'est droit. Donc on est obligé de réinterpréter. Et puis il y a toujours une gaine de clim qui au mauvais endroit, ou une descente d'eau, etc. Que des choses vraiment pas glamour. Ça, on l'a vécu avec le théâtre du Lido, où le projet était génial, parce que c'est 2700 m² à redécorer, c'est énorme. Où ça n'était qu'un brief de contraintes, avec une ouverture créative folle, parce que Jean-Luc Choplin Elle m'a dit, Alexis, j'adore les projets que tu as faits, etc. Puis on avait travaillé ensemble dans le passé, mais sur d'autres choses liées à des costumes. Elle m'a dit, je te raconte une petite histoire, tu me racontes ton histoire. Et on les fait coïncider. Et après, ça a été un rêve de développement, mais sur une base, avec une salle qui n'est qu'une contrainte. Et c'est assez passionnant, parce que quand on arrive à la fin, c'est un rêve de se dire, on a réussi à maquiller toutes ces gaines horribles tous ces soucis finalement qu'on retrouve dans des salles de cinéma souvent ou dans certains théâtres où ça a été fait basiquement et en fait on ne voit plus que les défauts et en fait il faut apprendre à les maquiller et à les cacher c'est un peu comme un corps comme soit solide Alors est-ce qu'aujourd'hui tu fais d'autres choses mais on voit quand même qu'il y a aussi un fil conducteur qui est celui
- Speaker #0
du théâtre, du cabaret, du lieu nocturne, j'ai l'impression que c'est un peu un peu ouais c'est c'est un peu venu à moi aussi après j'aime bien faire la fête non mais il y a quand même j'ai été assez mondain mais dans tes tenues dans les robes que tu crées il y a ce côté quand même très théâtral,
- Speaker #1
je le dis de manière très positive dans un show il y a une volonté même si c'est une théâtralité assez nettoyée parce que ça correspond à mon caractère aussi c'est à dire que même si je je mets des plumes, ça reste assez maîtrisé et je ne vais pas faire un truc avec 40 km derrière où la fille n'arrive pas à marcher. J'aime bien qu'il y ait une vestibilité, qu'il y ait tout de même une élégance, un mouvement. Mais oui, après c'est la musique, c'est le décor, c'est ce qui se passe, c'est le contraste. Et ça, pour un show, c'est hyper important. Parce qu'il faut que ça... Impressionner au bon sens.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
10 minutes pour finalement que tout l'état d'esprit de la collection infuse les gens. C'est très cool. marquer ce soir Un coup de poing presque. Et les gens ont cette émotion quand ils sortent du défilé. Un lieu, c'est différent. Mais par contre, on a des gens à l'intérieur dont on est un peu responsable aussi. Puisqu'il faut les faire danser ou avoir envie de manger ou avoir envie de faire la fête et de consommer. Et certains vont arriver à 20h et s'ils partent à 5h du matin, c'est génial. Et les lieux de fête, finalement, c'est venu par connectivité de gens qui m'ont fait confiance et qui m'ont dit ce serait trop bien d'avoir ça fait par toi et puis on en fait un et on en fait deux et puis après leurs copains concurrents viennent nous voir en se disant pourquoi dans ce lieu tout le monde ne veut aller que là en ce moment parce que c'est the place to be c'est parce qu'aussi on y met du sentiment et l'avantage c'est que sur ma agence de déco on ne prend pas 50 000 projets mais on prend des jolis projets dans lesquels j'ai envie de m'amuser fait ça joue énormément parce que du coup on s'amuse et ça se ressent à la fin c'est pas c'est pas des projets conflictuels après tout n'est pas toujours rose ça c'est comme partout bien sûr mais je pense que les gens le ressentent Et c'est ce que je disais tout à l'heure quand c'est une danse finalement avec le propriétaire, c'est qu'on y a mis du cœur et quand on met du cœur dans les choses, les artisans aussi,
- Speaker #0
ils mettent un peu de cœur au lit,
- Speaker #1
le max, du coup ils sont contents, ils font des jolies choses. un artisan faire des choses ornementales ou en tout cas avec des complexités c'est passionnant pour eux parce qu'ils préfèrent ça plutôt à un menuisier plutôt que de couper des planches plates et de les prendre derrière donc en fait quand on arrive à emmener les gens là-dedans il se passe quelque chose et à la fin le client il ressent un tout petit peu de ça mais je pense que moi je crois beaucoup à ça je pense que finalement le sentiment infuse dans les murs de temps en temps ça se ressent évidemment un décor c'est une
- Speaker #0
conjugaison de tellement d'éléments, de couleurs,
- Speaker #1
de matière de formes que ce soit positif ou négatif il y a des lieux où franchement moi ça m'amuse de temps en temps j'ai des copains qui m'ont dit c'est vraiment moche ce que t'as fait En fait, mais en tout cas... tu réagis. Ça veut dire que c'est pas fait pour tout le monde. C'est un lieu où t'y es allé et t'y retournes de temps en temps, même si t'es heurté par le décor. Et puis d'autres, ils vont beaucoup parce qu'ils adorent le décor. Et c'est là où c'est intéressant, il se passe quelque chose. En tout cas, c'est pas agréé.
- Speaker #0
Moi, il y a un truc qui m'a... Alors, je connais pas tous les lieux que tu as fait, mais je suis allé dans certains et j'en ai vu d'autres en photo. Mais il y a un truc qui est vrai, c'est que ça semble avoir... Et encore une fois, c'est positif, toujours. été là, c'est-à-dire que c'est ultra cohérent avec avec le lieu pour lequel le décor a été imaginé et créé. Et comment tu arrives à te donner ce sentiment d'évidence ?
- Speaker #1
Alors moi, j'aime bien recréer les histoires qui n'existent pas. Et c'est par exemple le théâtre du Lido, l'histoire, elle est géniale, mais c'est un lieu qui a changé de place sur les Champs-Elysées avec le temps. Et il n'y avait plus rien du Lido, alors que le Lido était à l'époque tout en marbre, rosier. Il y avait une roseraie au sous-sol avec une piscine ou toutes les autres. Toutes les fleurs étaient en soie. Ça devait être complètement... Il n'y a pas de photo en couleur. On ne voit que des choses en noir et blanc, mais je pense que ça devait être assez coloré. Avec des marbles de toutes les couleurs. C'est une espèce de réplique du Lido de Venise. C'est pour ça qu'il s'appelle le Lido. Et il n'y avait plus aucun élément de cette richesse, finalement, de ce lieu qui fascinait les gens. Parce qu'on arrivait à l'entrée, on passait une gondole sur une rivière. Et c'est comme ça que le cabaret du Lido est né. les gens ont commencé à faire à la fête, à tomber dans la piscine. Ils ont commencé à mettre les musiciens en maillot de bain dans la piscine. Et après, des filles qui faisaient de la danse dans les années 30 en boîte de place, etc. Ce qui était un scandale pour l'époque. Toutes les têtes couronnées y passaient. Toutes les stars de l'époque, etc. Miss Tinguetti chantait. Et ça, il n'y avait plus rien. Depuis, les travaux avaient été faits en 76. En plus, c'est une coïncidence, c'est mon année de naissance, donc c'était assez rigolo quand j'ai découvert ça. Il y a même beaucoup de choses qui m'ont rapproché du Lido. Et je me suis dit, il faut redonner une identité à ce lieu qui est... il faut que ce soit d'aujourd'hui, bien évidemment, parce qu'il faut être confortable, il faut que ce soit comme un grand salon. On avait envie, avec Jean-Luc, on s'est dit, il faut que ce soit un grand salon. Jean-Luc,
- Speaker #0
c'est le propriétaire.
- Speaker #1
C'est le directeur et directeur artistique Jean-Luc Choplin, qui était au Châtelet avant, à Marigny, qui est dans ce milieu du musical qui a travaillé pour Disney, qui a été à Vegas dans le passé, qui est un mec génial. On s'est dit, il faut que ce soit confort. Avant, les gens étaient heurtés, ce n'était pas confortable. Donc déjà, on a fait des testings de banquettes être comme un fou. Mais moi, je voulais ramener des éléments de décor qui, en fait, n'ont jamais existé. Maintenant, quand on y va, il y a un petit salon tout en miroirs et mosaïques à l'étage. C'est un travail de fou dingue, de miroir à tié, de mosaïstes ensemble qui se sont arrachés les cheveux pour faire des fontaines qui sont tout en petits morceaux d'or art déco. on a l'impression que ça a toujours été là. On a des boiseries en rayon de soleil au mur, des luminaires, des arches à la feuille d'or en arrondi, des portes très lourdes avec du cloutage. En fait, tout ça, on se dit, c'est génial, ils ont rénové l'endroit, ils ont réinsufflé. filet de la modernité. Alors qu'en fait, on a tout cassé et on a tout fait, tout ça est entièrement neuf. Et ça, c'est quelque chose que j'aime bien. On redonne de l'authenticité à un lieu. C'est pas là, mais on va faire croire que c'est là. Donc ça, on l'a fait à plusieurs endroits, effectivement. Et après, il y a des projets comme Caspia où là c'est encore une autre dynamique j'avais commencé à travailler sur ceux de sur celui de los angeles avec une vision beaucoup plus finalement californienne mais avec une vibration un petit peu années 40 mais quand on est pardon caspia à los angeles est un lieu qui existait déjà ou qui était une ouverture c'est une ouverture et une création et quelques années et ensuite pendant le coi on a ouvert juste post co vide 11 et les travaux pendant que les deux comme aux Etats-Unis, ça marche très exactement. Et ensuite, Paris, quand le propriétaire m'a dit « J'adorerais que tu refasses Paris » , je lui ai dit « Voilà » . Un restaurant, c'est une institution française. Il y a la terre entière qui veut aller là-bas, aussi bien des gens de la politique que des méga rockstars. Donc, ça fait très attention. Moi, je ne suis pas sûr de vouloir refaire tout le restaurant. parce que déjà moi j'aime venir comme ça parce que c'est un peu et je le dis pas de manière péjorative mais c'est un peu ringard et c'est ça qui est cool dans ce genre c'est comme le voltaire c'est des lieux ont jamais bougé et on les refait trop après c'est des lieux de happy few mais si on les refait trop tu perds la musique ou toute l'âme et il faut garder ce côté sur année et du coup je lui dis on va faire un lifting de paris en fait on a tout démonté on a tout refait il fallait le faire mais on a tout refait avec les codes de ce qui était là on a rajouté des nouveaux codes beaucoup de détails qui n'étaient pas là et quand on a réouvert en septembre on a fait les travaux en deux mois ce qui était une performance avec des artisans super aussi qui ont peu abîmé les boiseries rajouter, donner des coups de marteau dans les laitons, les tissus ont été délavés pour qu'ils aient l'air d'avoir pris le soleil à certains endroits, etc. Les clients sont arrivés parce qu'en septembre, c'est un peu un rendez-vous de plein de gens quand ils reviennent de vacances. Ils sont... C'est un peu pour un fou, mais c'est un peu une tribu les gens. Et en fait, les gens ne comprenaient pas ce qui était différent.
- Speaker #0
Ils se disaient, il fait quoi exactement ? Ah oui,
- Speaker #1
c'est super, mais puis après, ils disaient, ah oui, le plafond là. et là l'ouverture parce qu'on a tout de même cassé des murs fait des ouvertures, revu les perspectives et ça c'était un jeu qui était assez génial parce qu'on a vraiment gardé des éléments qui sont pas forcément chouettes mais qui dans l'ensemble donnent la personnalité d'un lieu et ça ça a été un vrai travail très très presque de restauration de musée et qui était sur le fil parce qu'on peut briser l'atmosphère et le business d'un endroit comme ça
- Speaker #0
je fais une parenthèse très personnelle et je ne compare pas le lieu à Caspia mais la brasserie de votre ville que tu connais à Place de la Bourse a brûlé il y a quelques semaines c'est un lieu fantastique avec des marbres je
- Speaker #1
pense que années 40 je pense la création de ce lieu si je ne me trompe pas c'est peut-être un peu avant en tout cas le style est très déco mais c'est sublime et là donc
- Speaker #0
Bon, alors pas gros incendie, heureusement. C'est juste les cuisines qui ont volé, mais ils sont en train de refaire des travaux. Et chaque jour, je passe devant en espérant croiser un maître d'oeuvre pour lui demander ce qu'ils sont en train de faire. Bon, je pense qu'ils ne sont pas stupides.
- Speaker #1
Je pense qu'ils vont refaire à l'identité.
- Speaker #0
Ils vont bien travailler. Je pensais à celui qui réouvre très vite et très beau. On continue un peu dans tes projets phares. Le boeuf sur le toit, c'est un énorme lieu aussi. C'est donc rue Colisée, 8e arrondissement. du Colisée c'est un cabaret ? c'est un restaurant ?
- Speaker #1
alors aujourd'hui c'est un restaurant cabaret c'était un lieu de jazz à l'origine alors le bœuf sur le toit il a beaucoup évolué parce qu'à la base il a été créé à Montmartre ok en fait c'était le bœuf sur le toit c'est le groupe des surréalistes les dadaïstes surréalistes qui étaient tous ensemble tout le temps c'est toute la bande de l'œil cocodylate que je prononce jamais bien l'œil cocodylate je crois qu'il s'appelle qui est à Beaubourg, qui a rassemblé un nombre d'artistes pour travailler autour de cette peinture, avec des leaders de mouvements. Il y avait aussi le groupe des Cinq, les musiciens qui étaient au Bœuf sur le Toit. Et comme c'était le mouvement surréaliste, le bœuf sur le toit, ça leur paraissait normal de mettre un bœuf sur le toit. Ça, c'est l'histoire. Ça a changé énormément d'endroits parce que je pense qu'ils devaient se faire déloger au fur et à mesure. À l'époque, c'était Dufy qui faisait les décors de leur mascarade. Josephine Baker y était tout le temps. Coco Chanel, plein de gens. Christian Dior, etc. Donc ça a mélangé toujours beaucoup de gens créatifs. Ça atterrit là, je ne sais pas exactement quelle année, parce que c'est pas très précis. C'est un lieu qui a repris de la bouteille, on va dire, dans les années 80. Rol et Rockstar mais qui n'était pas vraiment incarné je pense que c'était vraiment la programmation et les gens qui le manageaient qui tenaient l'affaire puis après ça s'est écroulé, ça a été repris par un groupe qui m'a proposé de refaire le décor c'est un peu un paquebot parce qu'il n'y a pas de fenêtre c'est très grand avec des hauteurs de plafond de fou et relancer un immeuble la façade de l'immeuble est assez extraordinaire aussi, complètement 40, de relancer une espèce de belle endormie comme ça, c'était un pari aussi. Et du coup, pareil, de lui recréer une histoire. Donc, il y a beaucoup d'anachronisme dans ce lieu. J'ai mélangé des choses qui, en termes d'époque, ne marchent pas du tout. mais qui crée un ensemble une conversation en fait il y a le côté surréaliste j'ai mélangé du Napoléon 3 avec de l'art déco, avec des choses années 70 et des choses 40 etc et alors les premières présentations je pense que tout le monde était un peu inquiet à ce que je faisais et au fur et à mesure des... évident sur avec des élévations quelques 3d mais mais on faisait pas autant il ya sept huit ans c'est pas des 3d comme on les fait maintenant et les réalistes parce qu'on n'avait pas le temps quand il y a beaucoup d'objets souvent c'est une galère pour les mecs qui font de la 3D c'est très long, enfin maintenant c'est plus rapide les machines vont plus vite mais à une époque une semaine il faut faire une 3D oui puis il y a toujours un risque finalement entre la 3D et le résultat final parce qu'une 3D c'est toujours un peu figé donc ça marche pour des choses contemporaines mais dès qu'on rentre dans des choses un peu avec de la sensibilité du tissu, des détails ça marche pas toujours on a réussi à accoucher de cet endroit avec une brasserie en fait c'est une évolution, on arrive, il y a un long temps couloir qui est très difficile, qui n'est pas évident, qui a toujours été le problème du bœuf sur le toit. Plus maintenant, parce qu'on l'a réveillé comme une entrée d'une maison californienne ou art déco sur la côte d'Azur. On arrive dans une brasserie gigantesque où on a remis des grands miroirs aux murs, un peu comme dans un bateau finalement dans les années 40, pour créer de l'espace, pour faire respirer un peu tout ça. Avec des plafonds très hauts aussi, avec des coursives, avec des faux panotages qu'on a fait en faux bois avec des super artisans où c'était que de la marqueterie avec des dessins de bouquets de fleurs avec des inclusions de bois sur les murs des luminaires en métal inspirés des années 40 des tissus qui sont complètement contradictoires des choses presque ethniques mélangées avec des choses art déco mélangées avec des moquettes Napoléon III et ensuite il y a le bar qui est encore une autre identité et ensuite le musical donc c'est vraiment un lieu qui est intéressant parce que c'est un lieu de vie où finalement on arrive pour dîner ou pour prendre un verre au bar dîner et ensuite aller danser ou on peut faire le dîner aussi directement au cabaret ou ne prendre qu'un verre au bar ou n'aller qu'à la brasserie et c'était assez intéressant parce qu'il faut que ça circule que tout aille ensemble mais en même temps que chaque identité soit assez différente donc moi je me suis beaucoup amusé sur ce projet très chaleureux et puis avec quelque chose de très cocotte mais que je ne voulais pas féminin non plus donc il y a de la paillette au mur par exemple mais on tombe pas dans le travers du mur à paillettes et si il faut être un peu subtil, même si on a mis des quiches de paillettes au mur. Il faut l'oser, mais il faut aussi qu'un mec qui n'aime pas les froufrous se sente bien aussi dans le lieu. Et c'est intéressant. Et ça, il y a des périodes qui sont incroyables en art décoratif pour ça. C'est toute la partie art déco ou les années 50, où il y a tout de même des mix parfois qui sont fascinants de frivolité ou de légèreté. mais qui ne tombe jamais dans la féminisation de l'élément où en fait, ça fonctionne. C'est des périodes qui m'intéressent énormément.
- Speaker #0
Alors, attends, une question que je me pose quand même, parce que là, on parle de projets qui sont quand même assez ambitieux, c'est gros, c'est des mois et des mois, parfois très courts, casse-pieds à deux mois, mais c'est une exception. À ce moment-là, tous ces projets-là, tu les mènes en parallèle de ton activité dans la mode. Évidemment, tu t'entoures d'une équipe, Mets-moi. c'est toi le DA,
- Speaker #1
c'est toi la tête pensante de la création est-ce que c'est toi qui trouves les artisans pas que toi j'imagine mais comment tu fais pour jongler c'est un peu névrotique mais après j'aime ça j'aime pas rester toute la journée sur un canapé ça me ressemble pas j'aime pas traîner sur une plage, ça m'embête ça m'embête moi, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui aiment beaucoup mais c'est pas ma personnalité et c'est une nourriture pour l'un et pour l'autre c'est à dire qu'aujourd'hui maintenant que que j'ai ces deux activités, si je n'en faisais plus qu'une, je crois que je m'ennuierais. Alors, bien évidemment, je trouverais d'autres choses à faire. Mais en fait, j'ai pris mon indépendance et sur l'un et sur l'autre en ayant cette conversation entre les deux et qui me permet d'être beaucoup plus focus aussi dans mes collections. En fait, du moment où j'ai commencé à faire vraiment officiellement d'ouvrir l'agence de déco et du coup d'être moins disponible dans la semaine pour certaines choses, dans la boîte de mode finalement tout a été beaucoup plus focus j'ai moins j'ai moins abîmé les concepts on va dire parce que parfois on over réfléchit sur certains sur certains projets et où on tourne en rond ou parfois il vaut mieux se dire ça on annule et puis je redessine autre chose et comme ça on repart sur une bonne page parce qu'un truc qui commence mal de toute façon en général c'est toujours mal c'est en biais et du coup j'ai plus le temps pour ça et sur la déco j'ai pas le temps aussi de me poser la question 15 fois ... si c'est bien, pas bien, ou de faire traîner un artisan quatre jours pour choisir une couleur. Donc du coup, ça me permet aussi d'être focus. Alors ça, c'est un métier que j'ai appris aussi en ayant travaillé pour des grandes maisons. C'est d'être focus, souvent à la place du designer, parce que le designer, parfois, se pose trop de questions. Et il faut choisir pour lui.
- Speaker #0
Il faut trancher.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a le défilé ? Il y a telle date ? Et on ne va pas attendre 15 jours, et pour tout faire la veille, quand on peut faire un montré. Alors parfois, on se plante, mais ce n'est pas très grave. Et ça, c'est une chose que j'ai appris énormément en travaillant chez LVMH, où on avait un nombre de collections de fous, où parfois les designers étaient over débordés. Et à un moment, finalement, ils nous faisaient confiance. Et quand on travaille longtemps avec quelqu'un, comme moi au bout de huit ans à travailler avec John Galliano, parfois il me disait, tu sais très bien ce que j'aime Alexis, vas-y. Et tu commences à développer, même si moi je ne suis pas encore prêt sur certains trucs. Et en même temps, c'était une manière aussi de les faire rebondir et de les nourrir. donc c'est d'avoir du temps, parfois ça tue un peu les choses je trouve et quand on fait rentrer deux métiers pour faire rentrer deux métiers ensemble je trouve que ça m'a énormément restructuré, même si je suis déjà de nature, mais pour être beaucoup plus direct to the point moins perdre de temps, moins perdre d'argent sur certaines choses et finalement les idées elles restent fraîches et l'état d'esprit du projet reste frais aussi donc
- Speaker #0
Donc, euh... Tu es une organisation assez rythmée où tu te dis, je ne sais pas, tous les matins, je travaille sur la mode, tous les après-midi, je travaille sur la déco ?
- Speaker #1
Ou ce n'est pas du tout comme ça ? Non, c'est tout mélangé. Ok. Sauf si... Si vous voyez mon desk" d'ordinateur, vous comprenez comment je marche. Tu n'as qu'un seul ordinateur. Mais ce que je veux dire, c'est que... Et après, il y a des semaines où je ne fais pas du tout de déco parce qu'il n'y a pas de projet. où ils sont en train de produire les choses. Oui,
- Speaker #0
donc tu as des termps morts.
- Speaker #1
Après, c'est juste mes équipes qui vont discuter d'un détail, etc., technique. Et puis, si je suis en essayage pendant une semaine, je suis en essayage pendant une semaine. Quand on est à la période de défilé, bien évidemment, les quelques jours avant, je suis en essayage. Mais il y a une année, quand on a fait Cipriani à Saint-Tropez, l'ouverture de Cipriani était le jour de mon défilé. Donc, c'était un peu compliqué. Et là, j'ai fait, je ne sais pas, je passais... Je suis allé à Saint-Tropez parfois pour une demi-journée. Après, j'allais en essayage. Je faisais des rendez-vous en Zoom, des essayages en Zoom. C'était un peu n'importe quoi.
- Speaker #0
Mais tu n'as pas pris le risque de faire ton défilé au Cipriani le jour de l'ouverture.
- Speaker #1
C'était un peu compliqué d'appeler les mannequins. Non, du coup, je n'ai pas fait l'ouverture, mais ce n'est pas grave. Parce que le projet, je le connaissais par cœur. Mais ça, c'était un projet amusant parce qu'il fallait que ce soit un grand jardin avec énormément de végétation. Sauf qu'on a fini toutes les structures 4 ou 5 jours avant l'ouverture. Donc en parallèle, je travaillais avec des jardineries en local.
- Speaker #0
Donc tu as travaillé aussi sur l'extérieur ?
- Speaker #1
En fait, c'était un restaurant d'extérieur. Donc c'était comment structurer. J'ai souvent fait des restaurants jardins, ça c'est assez passionnant. Structurer un espace vide et le végétaliser pour que ça ait l'air aussi d'être luxuriant. Et là, en parallèle, pendant plusieurs mois, on a fait pousser dans les jardineries des jasmins sur des tuteurs de 6-7 mètres. On n'a plus qu'à aller, parce que finalement, on n'a eu que deux jours et demi pour végétaliser tout l'endroit. Il fallait que ça soit poussé de partout déjà.
- Speaker #0
Oui, il fallait que ça...
- Speaker #1
Et on a pris des équipes d'amis, beaucoup d'amis qui ont mis les mains dans la terre. Ils ont fait un week-end à Saint-Propé, faire la fête avec moi, mais alors pas du tout, ils avaient tout raté. Où en fait, les jardiniers nous ont tout défait les branches de jasmin et on enroulait comme ça. en faisant tomber une branche, un peu comme on fait un arbre de Noël, finalement. Et l'ouverture, il y avait des plantes et des essences comme ça, c'était assez magique.
- Speaker #0
Un truc qui est frappant aussi dans ta manière de travailler, il faut que moi j'observe depuis quelques années, je connais mal ton travail, mais je le connais pas intimement, mais c'est la manière dont, évidemment, toi, tu mets la main à la pâte, et à 5 ans, tu faisais la couture. Mais encore maintenant, moi, je t'ai croisé pas très longtemps à la sortie du passage Vivienne, de la galerie Vivienne, en train de charger des portants dans le camion et t'avais 10 minutes pour arriver sur le lieu de la présentation ta maman était à côté de toi je décris un peu ça n'est pas qu'artisanal non mais en fait il y a des choses pourquoi
- Speaker #1
alors mettre la main à la pâte de toute façon je l'ai toujours fait parce que j'aime ça
- Speaker #0
et que je vais pas rester assis à regarder tout le monde si on est tous dans la... C'est pas ma passion de porter des portants, mais bon, on le fait, c'est comme ça, on peut le faire. Non, et puis les robes de couture, c'est fragile, c'est fragile, c'est lourd. Si c'est mal transporté, ça peut être abîmé aussi. Il faut respecter les heures de travail que les couturières ont passées parfois à repasser des petits volants sur une robe. Et si c'est le manutentionnaire qui, lui,
- Speaker #1
n'a pas conscience de tout ça,
- Speaker #0
lui, il prend un truc comme ça, il écrase tout. Alors que la fille a passé une journée entière à faire 150 mètres de petits volants de ruban qu'elle a repassés. donc c'est c'est pour ça que parfois on est un peu dans le contrôle avec les vêtements parce qu'on veut pas, déjà une housse c'est lourd sur le vêtement donc ça peut abîmer aussi certaines choses c'est là où la couture c'est extraordinaire on fait des vêtements d'une fragilité incroyable parce qu'on a de la dentelle de la plume et tout ça les artisans ont tellement travaillé pendant des heures pour que ce soit magique finalement et
- Speaker #1
ça s'est étériore très facilement on a parlé donc des lieux que tu crées qui sont pour beaucoup des cabarets des restaurants etc mais il y a aussi des lieux résidentiels, à usage résidentiel. Tu as commencé peut-être par tes lieux de vie. C'est une direction dans laquelle... Est-ce que c'est très différent ? Est-ce que tu as envie d'aller de plus en plus vers peut-être des hôtels ou des résidences privées ?
- Speaker #0
Oui, alors l'hôtellerie, on a fait quelques projets. Après, je ne communique pas toujours sur tous les projets non plus. Mais c'est intéressant parce que l'hôtellerie, c'est très particulier. Il y a toute la partie restauration, ça on maîtrise complètement parce qu'on a fait beaucoup de restaurants. Donc, on connaît les fonctionnements, même les problématiques qui sont parfois... Moi, je suis toujours un peu choqué du manque de fonctionnalité de certains lieux. Donc ça, c'est vrai que l'agence, on a une expertise là-dessus. Toute la partie hôtellerie, chambre, etc., c'est quelque chose qu'on commence à développer. On a envie de faire plus aussi. Et après, les résidences personnelles. Alors, chez moi, effectivement, c'est un terrain de jeu, mais qui est aussi différent parce que chez moi, c'est mon histoire à moi. Ce n'est pas comme si je créais un concept de vie.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Ça va un petit peu plus loin, parfois dans le classicisme, ou dans le détail, parce qu'un client ne veut pas mettre un certain budget dans certaines choses. Moi, la maison, finalement, si je décide d'aller sur certains détails, j'y vais, je le fais. Et je l'assume complètement. Et après, par contre, mes chambres sont toujours assez calmes. parce que c'est vrai qu'à force de voir tout le temps des choses et d'avoir des idées tout le temps une petite zone neutre ça fait du bien moi aussi alors que mon rêve est d'avoir une chambre rouge je pense que c'est lié à l'histoire du salon de chez mes oncles et tantes mais j'ai pas encore passé le pas je pense que ce sera le prochain parce qu'à chaque fois que tout le monde vit il faut pas que tu fasses une chambre rouge mais en fait c'est tellement beau une chambre rouge mais voilà c'est une autre approche parce qu'on rentre dans l'intimité des gens il est con quand on travaille en appartement, c'est un vrai rapport aussi humain parce que c'est une vraie responsabilité. Le client va vivre dedans après peut-être pendant 20 ans, 30 ans. Parce que parfois, ils n'ont pas la bougeotte comme moi. Et eux, en fait, c'est presque une éducation de mode de vie qu'on va leur donner.
- Speaker #1
En respectant leur...
- Speaker #0
Parce qu'en leur imposant, quand on va leur imposer finalement de mettre tel meuble là et d'acheter telle vase ou d'acheter telle... telle luminaire, même si eux ils sont un peu genre je sais pas, parce que parfois ils se projettent pas, alors une fois accrochés ils sont super contents, mais eux ils vont vivre avec dire que nous on a fini le chantier ça dure 6 mois, 1 an, mais après on les laisse et on y va parce qu'on devient amis souvent avec les clients, en général on devient amis avec les clients mais vivre dans un appartement et avoir des objets qui sont ramenés par quelqu'un d'autre c'est en fait comme une rééducation et en fait les clients sont assez demandeurs, il y a beaucoup de gens qui savent pas pas comment se positionner dans un lieu ou comment l'interpréter ou quel meuble choisir.
- Speaker #1
J'ai l'impression que c'est quand même ce genre de personnes qui font appel à des décorateurs. C'est ceux qui aiment ton univers ou qui ont envie d'être emmenés vers quelque chose qu'ils ne savent pas faire eux-mêmes.
- Speaker #0
Ou qui ont envie d'être renversés. Et puis qui font confiance. Parce que s'ils font pas confiance,
- Speaker #1
c'est mal senti. Parlons de Interior Games qui est je crois partie d'un canapé que tu avais fait pour toi qui était comme son nom l'indique un peu un jeu,
- Speaker #0
un jeu de cartes en fait moi j'ai commencé à me faire des canapés à base de tapisseries diverses d'ailleurs des jolies, des moins jolies etc dans l'esprit un peu Lurçat ou Picart-le-Doux et tout ça. Donc, j'ai toujours acheté beaucoup de stocks de tapisserie qui sont dans des valises. Jusqu'au moment où je me suis dit, en fait, il y a plein de couleurs qui vont tellement bien ensemble, des motifs qui ne vont pas ensemble. Mais en fait, il y a des gammes. Du coup, un peu recoupé, je commençais à faire des coussins avec de manière assez classique. Ça crée des espèces de choses assez chaotiques, mais qui racontaient presque une nouvelle fresque. Et moi, j'adore le mobilier de... de la maison de verre qui avait été fait entre Chareau et Lurçat mes très en arrondi etc. Je suis toujours tombé amoureux de ce canapé où j'avais eu la chance de dîner chez une des propriétaires de la maison de verre la famille Volet à l'époque et qu'il y avait encore des... dans le salon, des... Elles n'habitaient pas dans la maison de verre, mais il y avait une partie des meubles qui étaient chez elles. Et de s'asseoir dans un canapé Chareau ou Lurçat, c'était l'orgasme total. Et en fait, je me suis dit, il faut que je me fasse un canapé. Pas la même chose, mais une conversation comme ça, c'était pas une tapisserie pour ça. Du coup, j'ai commencé à me faire des fresques, on va dire, d'éléments de tapisserie. Et de faire finalement des types de canapés très rectangulaires, mais en même temps très confortables. Parce que j'aime l'idée que ça va pas l'air confortable. Et quand on est dedans, en fait, on est super bien. Même la technique de tressage de sangles en dessous, sanglées élastiques, donc en fait on s'enfonce dedans, c'est la meilleure qualité de mousse, etc. Bon, comme c'était pour chez moi, de toute façon je me suis fait plaisir, j'ai pris le plus beau mohair de velours sur le marché, où c'est du mohair et soie, etc. Et j'ai commencé à me dessiner des canapés comme ça, qui ont eu leur petit succès, on va dire, tous mes amis les adoraient.
- Speaker #1
Avec des coussins d'assises qui se retournent.
- Speaker #0
Je me dis finalement, peut-être qu'un jour j'en aurai marre de la tapisserie, sauf qu'en fait j'en aurai pas marre. J'ai jamais fait marre. c'est juste quand je partais en voyage avec mon chat se faisait des griffes. Je retournais comme ça, je ne pouvais pas s'amuser sur les broderies. Et une amie qui est dans le design contemporain m'a dit, mais c'est trop beau, il faut absolument qu'on fasse quelque chose avec ça. Je lui ai dit, je ne sais pas, je n'y avais pas vraiment pensé, mais pourquoi pas. Et puis, l'idée, c'est que vraiment toutes les tapisseries soient originales, donc de chiner des choses. Je ne sais pas si j'ai envie de les faire reproduire, etc. Et un jour, quand on avait parlé de tout ça, je vais au puce et je tombe sur un jeu de tarot tout en tapisserie brodée. des cartes presque un mètre de hauteur assez naïves et je vois une étiquette derrière je la lis pas vraiment, j'achète ce truc qui me plaisait, je sais pas trop ce que j'allais en faire et puis je me renseigne sur la fille qui les a fait, c'est Assia Granatourov, qui était une muse de Mayol, donc une des modèles qu'on voit un peu partout chez les artistes de l'époque, je pense qu'elle avait des relations aussi un petit peu avec eux et qui était un peu artiste aussi je crois qu'elle était si je dis pas de bêtises, qui était un petit peu artiste et qui était ésotériste. Et du coup, qui commençait, qui s'est fait toute une collection assez naïve comme ça de jeux de tarot qu'elle a brodé elle-même à la main. Donc il y a les années derrière, elle mettait une petite étiquette avec « je l'ai brodé en telle année, en 79 » et il y en a une autre qui a été fait en 81, etc. Après, elle a décédé. Il manquait deux cartes. Donc ça, on ne sait pas si elles ont été faites ou si elles ont été perdues ou vendues peut-être séparément par le marchand au puce, etc. Et j'ai dit à Aurélie, il faut qu'on fasse un j'ai les éléments pour faire quelque chose avec toi et c'est comme ça on s'est dit génial moi j'ai fait des associations de cartes que je trouvais super jolies puis à un moment une amie qui est très dans les cartes me dit je pense qu'il faut que tu vois une carte mancienne parce que les messages je suis pas sûr que ce soit des bons messages je lui ai dit oui mais c'est beau les couleurs elle m'a dit ouais mais avec les tarots de Marseille ça marche pas comme ça donc du coup j'ai j'ai pris une carte mancienne qui est... qui m'avait dit, alors je vais te faire des propositions dans l'idée, mais avec des jolies histoires. Et à ce moment-là, c'est un peu à la carte, c'est pas un jeu de mots, mais où il y a la forme du canapé, différentes couleurs de mohair et différentes typologies d'associations et qui font comme ça des plaquettes de cartes en tapisserie brodée. Et je trouvais que c'était intéressant du coup de ramener la première idée du canapé que j'avais fait entièrement brodée via une autre histoire comme ça et qui était le... et après avec d'autres pièces de design autour. Mais l'histoire de Interior Game est en fait est venue de ça, de ce jeu de cartes.
- Speaker #1
Donc aujourd'hui, c'est une collection qui est commercialisée.
- Speaker #0
Mais c'est du collectible design.
- Speaker #1
C'est fait à la mesure, à la commande, il n'y a pas de stock évidemment.
- Speaker #0
Sur les canapés brodés, c'est des pièces uniques. Quand il n'y a plus de cartes, il n'y aura plus de canapés. Ou après, on peut les acheter en blanc aussi, mais c'est des institutions de 8.
- Speaker #1
de 8. Ok. Donc, on peut... Tu parlais de ton ami Aurélie Julien qui est... une référence en matière de collectible design, donc qui n'est pas du design d'édition mais du design fabriqué à la commande et en série limitée, voire en pièces uniques parfois. Et donc on peut trouver tes pièces à travers elle, on mettra le lien. Oui,
- Speaker #0
Aurélie. ou via notre site ça passe toujours par Aurélie pour la commissaire après on fait aussi des pièces pour des projets d'autres architectes c'est intéressant parce qu'on avait fait le pad il y a quelques années et ça c'est quelque chose que j'aime bien cette conversation dans l'architecture intérieure d'aujourd'hui c'est que il ya énormément de ponts entre les galeristes les designers et entre designers les gens s'achètent des pièces pour mettre dans les dans les projets je trouve ça assez joli comme démarche c'est rare ouais mais de plus en plus en fait ok parce que moi je vois des projets full
- Speaker #1
look.
- Speaker #0
Je sais de qui tu parles.
- Speaker #1
Mais pas que lui.
- Speaker #0
C'est full marge.
- Speaker #1
Est-ce qu'on peut parler de la collection Wave ? Je crois que c'est le plus récent.
- Speaker #0
C'est la deuxième collection. Parce qu'en fait, ça c'est une collection, le collectible design, ça sort quand j'ai le temps et quand j'ai envie ou quand je pense que c'est cohérent et qu'il y a assez de pièces autour. Ça, c'est la collection numéro 2 qu'on a présentée au PAD il y a maintenant deux ans et demi, je crois, ou deux ans. Et c'est un peu la même logique de respect de la matière, de retravail de forme, etc. mais autour d'une douceur et j'avais envie d'aller d'être dans la rigueur et la douceur des lignes donc il y a énormément de lignes tendues mais tout est ondulant en même temps d'où le nom Vague où j'ai mélangé du bois, de la tapisserie aussi en faisant une collaboration avec quoi pas une collaboration on l'a juste fait faire à Aubusson mais avec mon ami Simon Buret qui est un de mes amis que j'adore qui est chanteur me. qui est une peintre, qui fait des choses extraordinaires. Et on a trouvé cool, toujours dans cette même idée, un peu de Charro et Lursa, on s'est pris pour Charro et Lursa. Ou Simon qui dit, ah, mais moi, j'adore les tapisseries, les trucs et tout. Je lui dis, écoute, on choisit un de tes dessins ensemble. Je lui dis, par contre, moi, je vais recouper dans ton dessin. Pas dans l'original, mais dans ton dessin, je vais prendre un sujet. Donc, il faut que tu sois d'accord avec ça. Parce que parfois, les artistes ne sont pas d'accord. et là-dedans, on va prendre cet élément qu'on va faire en grand, parce que la banquette faisait 1m20, et on va travailler avec Aubusson, avec Robert Four, qui a fait un travail exceptionnel, où elles vont réinterpréter, donc on va aller là-bas, je crois qu'il y avait 142 couleurs dans la tapisserie, et ils ont vraiment réussi à redonner le trait de crayon à papier, le trait de graphite, les pastels, tout ça en laine, c'était extraordinaire, donc la pièce coûtait très cher, malheureusement, mais bon, on a vendu tout de même. et en fait la banquette est devenue du dessin est devenue la forme de la banquette, un peu comme un nuage finalement vu d'en haut où les formes ont été découpées autour de cette sirène qui a été les traits de Simon ok,
- Speaker #1
dans cette collection il y a également une table basse en marbre des Pyrénées si je ne me trompe pas,
- Speaker #0
c'est une brèche c'est du un marbre rouge non ? oui c'est de que je connais par cœur puisque je l'ai à la maison. Ok. C'était un marbre en fait qui avait été réservé pour Versailles, qui vient des Pyrénées. Ah oui, c'est ça. Et c'est les mêmes carrières que le 4 saisons. sublime parce qu'il ya du gris et du rouge du jaune de danse c'est un peu gris donc c'est très particulier comme pierre et c'est une pierre que j'aime beaucoup et que j'avais découvert d'ailleurs à l'opéra comique parce que tout le tout le salon d'apparats de l'opéra comique, les sous-bassements sont faits dans ce marbre. Du coup, je ne trouve plus le nom.
- Speaker #1
Tu ne le connais pas que ça. On le mettra en commentaire de l'épisode.
- Speaker #0
Et du coup, j'ai acheté un bloc de marbre.
- Speaker #1
On parle d'un bloc ancien ?
- Speaker #0
La carrière est toujours active ? Non, ils n'ont plus le droit d'exploiter cette carrière. Pour l'instant, il y a un arrêté préfectoral dessus.
- Speaker #1
Donc tu as trouvé un stock ?
- Speaker #0
Dans un de mes marbriers, en fait, il m'a dit, je ne peux pas t'acheter des plaques, je suis obligé d'acheter un bloc. Je dis, on a acheté un bloc. On a acheté un bloc, je ne sais pas combien de tonnes. Sauf quand on a acheté un bloc, en fait, on ne sait pas ce qu'il y a dedans, donc c'est un peu mystérieux. On voit un peu de l'extérieur, il rouille, il tape pour être sûr qu'il y ait des trucs. Donc on a fait un casting de bloc. Et j'ai acheté mon bloc, et je me suis dit, il va falloir faire quelque chose sur ce bloc.
- Speaker #1
C'est gros comment un bloc ? On parle de combien de mètres cubes ? Merci.
- Speaker #0
Mais là, il faisait au moins presque 3 mètres par 2. C'est énorme.
- Speaker #1
C'est colossal.
- Speaker #0
Je ne pouvais pas tirer. Je ne pouvais même pas essayer. Donc, j'ai eu mon bloc, comme un gros beefsteak, comme ça. Et la table, la technique, est assez extraordinaire parce qu'on ne voulait pas... C'est le sarrancollin. Ah oui, c'est ça. On ne voulait pas gaspiller parce qu'il y avait des choses très différentes quand on a commencé à le... Parce qu'à un moment, il faut le couper. Oui,
- Speaker #1
et donc tu découvres...
- Speaker #0
Mais il ne faut pas le couper n'importe comment, parce que si on le coupe... dans le mauvais sens de veine, ou à certains endroits, on peut s'empêcher d'avoir certains volumes. Et comme la table est grande, parce qu'elle est grande, peut-être, presque comme un lit, elle fait 1m60. par 2m20 et on voulait les vénures dans un certain sens etc et ça je travaillais avec des compagnons français qui travaillent dans les pouilles en fait qui ont monté un atelier dans les pouilles mais qui sont français et qui ils aiment bien les moutons à 5 pattes donc dès que les projets sont complexes ça les éclate et ça c'est ça qui est merveilleux avec les artisans les bons artisans en fait ils aiment trouver les trucs compliqués et je voulais ma table vraiment en vague et il me dit ça va être très compliqué parce que ça va être très lourd et en fait on va on va perdre tellement de matière parce qu'on va couper dans le bloc mais tout l'intérieur on va presque le jeter en fait donc oui parce que tu es obligé de l'évider sinon il te faut consolider ton immeuble et la technique pensait était génial ils m'ont dit mais attend il ya une technique qui est romaine est génial il me dit on met en forme le marbre on le moule expliquez moi comment ça marche et en fait la technique est géniale ça Ça s'appelle le commesso. C'est une vieille technique italienne qui n'est pas trop utilisée pourtant. Où en fait, on fait des plaques de pierre. On fait des moules en bois. Et en fait, on vient écraser le marbre dans les moules en bois. On serre un peu tous les jours. Alors, il y a différents types de moules pour y aller en douceur, parce que les courbes sont tout de même assez marquées. Et en fait, on micro-fissure le marbre. Et à chaque fois qu'on le micro-fissure, on vient remettre de la poudre de marbre, du même marbre qui a été broyé avec... je suis des liants pour venir nourrir en fait c'est un peu comme un muscle tu recrées la matière quand on fait du sport en fait c'est des micro fissures du muscle et après ça recrée de la matière, là c'est la même chose sauf que du coup le marbre au bout d'un certain temps prend la forme d'une moule et on le sent au toucher un tout petit peu ça fait un peu au toucher comme une laque de dudon c'est à dire qu'on sent des micro micro fissures ça ne se voit pas visuellement et en fait le marbre prend une forme ondulée et on gagne énormément de matière donc ça c'était assez génial parce que techniquement en fait la taille c'est une taille gris technique et je la trouve jolie parce que c'est moi qui ai décidé mais ça en plus de ça c'est assez étonnant en termes de technique tu as une table alors si je me trompe pas avec fait en acheter par le mobilier national non je ne peux pas en fait ça c'est une commande en quoi une commande c'est un tous les ans le mobilier national le fait les aliens et donc c'est un appel à création c'est ça c'est oui en fait ils m'ont si ça m'intéresse de le faire parce que les équipes du mobilier national certains ont été à Camondo il y a quelques années et Camondo en fait j'ai eu des acquaintances avec l'école à une époque etc dans des jurys et quand ils ont compris que je faisais du collectible design et du design en fait ça les a beaucoup intéressés et ils m'ont demandé un peu last minute donc ça a été une vraie prouesse technique aussi de sortir de cette pièce parce que j'avais déjà fait une table tout en clous c'est une technique que j'ai commencé à Merci. à travailler sur les premières collections de all-over de clous. Et en fait, c'est assez complexe parce qu'il faut garder un peu d'espace, il ne faut pas bousiller le bois en dessous, et en fait, de recouvrir des formes entièrement de bois précieux, tout en clous laitonnés ou patinés. Et la texture est assez dingue parce que c'est assez froid et doux. Quand on pose des objets dessus, ils tiennent très bien. Et j'avais fait une table qui était modulable, qui était un peu comme un Rubik's Cube, comme ça qui... qui avait bien marché. Et j'avais envie de retravailler le clou. Et du coup, ils m'ont dit, il faut que tu choisisses. Et les alienés, le principe, c'est de choisir dans un catalogue de vieilleries du mobilier national qui ont atterri au mobilier national, mais qui les déréférences, qui sortent de collections. Parce que parfois, c'est... Moi, j'ai pris une table de cuisine de l'Elysée, par exemple. Donc, il y avait des lits de bébés, il y avait plein de choses. Et après, on doit retravailler ce meuble. Soit on le déconstruit en faisant quelque chose. En fait, on fait ce qu'on veut avec. Donc, ils nous livrent la table. on a livré chez mon artisan cette table qui était vraiment en très mauvais état, mais qui était amusante parce qu'il y avait des petits graffitis en dessous donc ça nous a un peu raconté l'histoire de ça on l'a un peu améliorée aussi on a coupé certains tasseaux à l'intérieur pour la simplifier et l'idée a été de complètement la clouter donc là l'idée c'est la même forme de table de cuisine qu'à l'époque elle est un peu haute c'est plus qu'une table, c'est entre une table et une console enlever la traverse intermédiaire pour la rendre plus pure et après Finalement, ça a été de la replaquer de bois de cerisier, laquer dessus et tout reclouter.
- Speaker #1
C'est l'objet original.
- Speaker #0
C'est l'objet original, oui. Je trouvais ça plus intéressant. Qu'il y ait un morceau, que ce soit la vraie pièce. Comme ça, il y a quelque chose qui se passe. Et je crois qu'il y a 28 000 clous dessus. Donc le mec, il n'en pouvait plus.
- Speaker #1
Il ne doit pas se rater parce qu'ils sont tous parfaitement alignés.
- Speaker #0
Du coup, le cloutage plaît. Donc le pauvre, ils sont deux à clouter.
- Speaker #1
commandes maintenant.
- Speaker #0
Et on a fait une commande pour un client aux Etats-Unis qui nous a commandé une très grande table basse tout en clous. Je pense qu'ils voyaient tous les jours des petites vidéos de l'atelier et ils étaient « on a presque fini ! »
- Speaker #1
« Il nous manque des clous, il faut qu'on recommande 50 000 clous. »
- Speaker #0
Et depuis, du coup, c'est une pièce que j'aurais adoré garder chez moi qui avait été présentée à Design Parade à Toulon. Parce que le mobilier national, du coup, avait fait Design Parade en reprenant l'Hôtel des Beaux-Arts pour la collection. Et c'était chouette parce que du coup tous les œuvres étaient mélangés dans une scénographie.
- Speaker #1
et en fait tout ça parlait très bien ensemble et j'étais un peu jaloux du coup je n'aurais pas gardé du coup je me suis fait deux consoles dans ma salle à manger assortie comme ça donc aujourd'hui le mobilier c'est bon tu l'as dit c'est un truc que tu fais peut-être en plus du reste quand tu as un peu le temps etc c'est un side business quoi c'est un peu une danseuse mais qui se professionnalise parce que tu as des commandes et c'est un super moyen aussi de faire connaître ton travail exactement et puis c'est des choses sur lesquelles business wise Ouais,
- Speaker #0
de toute façon... c'est du développement parce que ça coûte cher de développer des jolies pièces d'exception mais les belles pièces ça se vend toujours,
- Speaker #1
c'est comme les robes de haute couture en fait c'est de l'exception et il y a toujours des clients pour ça et puis le reste de ce que tu fais il y a un côté intemporel en tout cas oui c'est une pièce que tu vois dans 20 ans elle aura pas bougé et sera toujours très actuelle on sent quand même j'ai cité des grands noms mais une filiation quand même avec en tout cas une inspiration, une filiation avec des très grands décorateurs français du XXe. Je vais citer Jean-Michel Frank ou Madeleine Castaing, etc. C'est vraiment... Comme tout le reste, tu vas aller chercher dans des archives, t'inspirer de ces gens-là.
- Speaker #0
C'est de la nourriture qu'on se fait. Toute l'année, je fais beaucoup d'expos. J'achète beaucoup de bouquins. Parfois, je ne les ouvre qu'une fois, mais je les mange. J'ai une mémoire très photographique aussi, ce qui est une grande chance, parce que j'ai toujours des petits trucs qui traînent dans la tête et qui, finalement, s'associent quand je travaille sur un projet. Ça ressort. En fait, ça ressort, comme ça, un peu comme des pop-up dans ma tête. parfois je ne retrouve plus dans quel livre c'est donc ça m'énerve beaucoup mais je retrouve toujours et du coup j'ai beaucoup de livres et c'est vrai que c'est des époques mais c'est comme Proust et plein d'autres, plein de designers de ces époques là qui sont parfois moins connus que Jean-Michel Frank mais qui avaient ce que j'aime chez eux c'est épuré et ornemental donc en fait c'est pas minimal ça peut être même très opulent parfois mais souvent avec des lignes assez tendues. Et c'est quelque chose que j'aime beaucoup dans le mobilier. Parce que finalement, quand on regarde ma collection de collectible design, elle est presque... C'est mon travail peut-être le plus épuré dans ce que je fais. Mais ça me ressemble aussi. Mais parce qu'en fait, j'aime mélanger ce genre de pièces dans une pièce toute en boiserie ou une table en rayon de soleil avec un gros lustre de 15 au-dessus. Moi, j'aime cette danse. Mais c'est quand on les sépare. mais ce qui est amusant c'est que du coup je vends aussi certaines pièces à la grande table qui est partie à Miami, c'est un appart hyper minimal avec un basket au mur tout est blanc, avec les rideaux dans une gaze de coton mais j'aime cette idée en fait que les gens puissent se retrouver dans leur univers, leur contexte dans leur univers, via la pièce en la sortant parce qu'ils ont l'intelligence de savoir la sortir du contexte dans lequel je le présente mais dans les lieux que tu fais je ne parle pas des objets
- Speaker #1
même si j'imagine que tu dessines tous les meubliers dans tes projets.
- Speaker #0
Je dessine tout, mais souvent, c'est des lieux qui reçoivent du public. Il n'y a pas de budget comme quand on fait un appartement.
- Speaker #1
Ça raconte toujours une époque. C'est une fiction visuelle. C'est un truc assez marquant. Génial, on arrive presque à la fin de notre entretien. Ça fait 1h25. Minimalisme, maximalisme ? Tu en as un petit peu parlé, mais tu... Tu refuses un peu le minimalisme ?
- Speaker #0
Non, parce que je l'aime aussi et que j'ai certains amis qui font des choses minimales que j'adore. Mais en fait, ce n'est pas mon état d'esprit. et pourtant je vais de plus en plus aller pur avec le temps mais c'est jamais minimal ou autrement c'est des éléments on va dire graphiques plus que minimaux qui viennent finalement s'inscrire dans autre chose mais ça me correspond En fait, je ne suis pas une personne minimale intrinsèquement.
- Speaker #1
Dans ta manière de travailler non plus.
- Speaker #0
Et parfois, je préfère les purs que le minimalisme, finalement, qui est parfois un peu destructeur et qui a été d'ailleurs assez, que ce soit dans la mode ou dans l'art décoratif à une époque. qu'à causer des ravages. Parce que beaucoup d'artisans ont disparu avec ça. Et je crois que parfois, il faut... C'est bien de remettre de la sculpture, de l'ébénisterie, de finalement... Juste un détail, parfois, ça peut être une pièce toute simple. Et tout d'un coup, on a une volute dans un bout du mur. C'est chouette. Au Lido, par exemple, on a fait dans les cages d'escalier, qui sont assez simples. Quand on fait un théâtre, on n'a pas du budget pour toutes les zones. Une rambarde qui est comme une rambarde qui vient s'enrouler. comme un escargot à la fin, c'est un gros tube de laiton et qui vient s'enrouler complètement comme ça sur une hauteur de 70 cm. Tout d'un coup cet espace qui est assez vide, tout d'un coup il a une histoire, il raconte quelque chose, les gens ont un choc visuel et pourtant c'est pas quelque chose qui est complètement baroque. Donc c'est ça que j'aime bien, cette danse finalement entre les deux par exemple. Le vrai baroque 18e italien je trouve ça atroce par exemple. C'est cool dans un dans un vieux palais avec la patine. Oui. il faut imaginer qu'à l'époque, c'était neuf tout ça, brillant, doré, avec des petits bouts de miroir. C'était en mode Versace, version barroco. Nous, on le voit avec la patine du temps.
- Speaker #1
Et quand on sort les éléments,
- Speaker #0
il y a de très belles pièces. Après, quand on regarde le baroque portugais, qui est souvent fait par des Français beaucoup plus raffinés, le baroque en Europe, il est beaucoup plus... Je vais dire non parce que je viens de parler d'Italie, mais en Autriche ou en France, il est dans un raffi ça va dans un raffinement de fou donc c'est vraiment c'est toujours un peu sur le fil et c'est intéressant de mélanger des choses qui vont pas les unes avec les autres comme on disait tout à l'heure et que ça crée du coup un certain maximalisme mais qui est pas toujours au maximal en fait c'est plus un choc de culture et une conversation entre les objets les couleurs, les tissus, les matières et ce qui se passe et en fait pour créer l'air du temps d'un lieu
- Speaker #1
Génial, bon super Merci beaucoup Alexis pour ce beau voyage on a encore quelques questions de... J'ai encore quelques questions assez rituelles à te poser. Mais avant, est-ce qu'il y a un lieu que tu adorerais refaire ? Un lieu où tu te dis le projet idéal, ce serait ça ?
- Speaker #0
C'est une question. Il y en a plein. Non, mais par exemple, ça m'amuserait de faire une pièce à l'Élysée, par exemple. Comme cette... Je ne me souviens jamais du nom de l'artiste. Cette pièce... cinétique qui avait été fait par les Pompidou qui maintenant est à Beaubourg qui est un nom polonais je crois qui est incroyable où tu rentres par un côté, t'as des rayures bleu vert rouge avec les portes en plexiglas ils traversent des l'autre côté. D'avoir ce genre de pièce où quand on voit le décor de Paulin qui est à côté du petit salon d'argent qui est une merveille, c'est génial. En fait, de passer de cet univers à l'autre et tout ça vit très bien ensemble. Oui,
- Speaker #1
tout à fait. Ok, génial. Quelques questions rituelles. Si tu devais garder un seul objet, un seul meuble, ça serait quoi ?
- Speaker #0
Un objet ? Un meuble ? Un objet ? Un objet, un objet...
- Speaker #1
Tu pars sur une île déserte, tu dois emmener un truc.
- Speaker #0
Je crois que je prends un foulard. Il fait toujours froid le soir.
- Speaker #1
Quelle est la dernière chose que tu as acheté pour ton plaisir pur ?
- Speaker #0
Alors, pour mon plaisir pur, une console génoise du 17ème. Waouh,
- Speaker #1
Aux enchères ? Voilà.
- Speaker #0
Je trouvais ça trop beau ? Non, dans une galerie. Ok.
- Speaker #1
Est-ce que... Quels sont tes lieux refuge ? Un hôtel dans lequel tu vas ?
- Speaker #0
Le bar du Meurice. Ok. Et pourtant, c'est une enclave dans Paris qui est très confortable. Et c'est pas joli pourtant. Mais quand on parle de la notion de bien-être, c'est aussi les serveurs que je connais depuis des années, qui sont rigolos, qui sont sur le fil, qui sont un peu cabots et en même temps salamaléquieux. C'est mon QG.
- Speaker #1
Ok. Tu vas où à l'hôtel ? Quand tu vas en vacances, c'est quoi le lieu dans lequel tu reviens ?
- Speaker #0
Ça dépend des lieux. Alors en général, les vacances, je n'en prends pas beaucoup parce que j'aime bien. bien rester chez moi à Paris. Autrement, je vais chez des amis beaucoup. Dans les maisons plutôt. Et autrement, j'aime bien changer d'hôtel. Donc, je saute à droite, à gauche.
- Speaker #1
La colombe d'or.
- Speaker #0
Non, c'est merveilleux la colombe d'or. Non, je n'ai pas de QG d'hôtel dans le monde. Ok.
- Speaker #1
Si tu devais inviter trois personnes, vivantes ou mortes, à dîner dans l'un de tes décors, tu choisirais quel lieu et quelle personne ?
- Speaker #0
Alors, je les inviterais chez moi. Comme ça, je cuisine, c'est plus sympathique. J'inviterais Napoléon, je crois. Ah ouais ? Oui, ce qui ne doit pas être facile, je pense. Mais pour la culture de l'art décoratif, c'est tout de même lui qui a tout relancé à une époque. Évidemment, avec le travail qu'il a fait avec Percier Fontaine, en leur demandant de ré-inventer un style. Et c'est ça qui a relancé toute la soirie lyonnaise où les ébénistes, les doreurs à l'époque. Qui j'inviterais d'autres. La Reine d'Angleterre, parce que je la trouve cool. J'ai toujours rêvé de l'habiller, mais je ne l'ai pas parce que je ne suis pas anglais. Donc comme je ne suis pas anglais, je n'aurais pas pu l'habiller. Et peut-être Catherine Hepburn, parce que je la trouve extrêmement élégante, sublime et en même temps assez hautaine. Finalement, ce sont trois personnes qui ne sont peut-être pas forcément
- Speaker #1
hyper sympa mais peut-être en petit comité je suis sûr que entre les trois et entre vous quatre ta relation au temps on en a déjà parlé est-ce que tu crées vite ou lentement on a compris que c'était plutôt assez vite tu tranches moi j'ai une question que je me pose je suis pas un créatif est-ce que t'as parfois peur que ton goût ou que ton style passe de mode est-ce que c'est une question que tu te poses parfois Non.
- Speaker #0
Non, alors je ne me pose pas la question. Je ne me pose pas la question. Et je vais te répondre par une autre question, en fait, où souvent les gens me posent souvent la question d'avoir la peur de ne pas avoir d'idées. Et en fait, je trouve que c'est la question la plus bête. Parce qu'en fait, c'est terrible comme question. pourquoi être négatif comme ça ? C'est comme un robinet, on les éteint de temps en temps, mais si on commence à économiser des idées en ayant peur de les perdre et qu'il n'y en ait pas derrière, ça je pense qu'on gangrène la chose.
- Speaker #1
Évidemment. évidemment la création c'est un process continu c'est pas on n'a pas un capital création qu'on épuise heureusement mais c'est souvent une question qui revient dans beaucoup beaucoup d'interviews et qui me heurte à chaque fois c'est excellent ok super merci beaucoup Alexis pour cette plongée dans ton parcours ton intimité ta création à très bientôt pour un nouvel épisode de The Design Talk merci