- Speaker #0
Designer, architecte, entrepreneur, artisan, tous ont en commun une vision, un parcours, une approche du design qui résonne avec notre époque. Alors ici, on parle d'inspiration, de matière, d'innovation, de process, mais aussi de défis, d'échecs et de réussites. Tout ce qui façonne finalement chaque projet. The Design Talk, c'est une plongée dans l'univers de ceux qui imaginent, transforment et réinventent notre quotidien. Alors installez-vous, ouvrez grand les oreilles. L'épisode du jour commence maintenant. Hi Patrick, j'ai envie de dire. On va comprendre pourquoi on dit hi. Je ne pense pas que je ne suis le premier à te le faire.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Bon, je suis ravi de t'avoir à ce micro.
- Speaker #1
Moi aussi, merci de me recevoir.
- Speaker #0
Un grand plaisir. On se connaît depuis quelques années, mais pas vraiment en fait. On s'est croisés... On peut se dire tu. Oui,
- Speaker #1
on se dit tu. Mais on ne se connaît pas vraiment. On s'est rencontrés plein de fois en Tunisie d'ailleurs. Exactement. Voilà, et c'est l'occasion de faire plus ample connaissance. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Alors, je vais te bombarder de questions. On est ensemble pour une heure, une heure et quart, une heure et demie. là où ça nous mène. Quelle est la première chose qui t'a inspiré ce matin ? Si il y a un truc, je sais pas, t'as ouvert les yeux, t'as regardé le ciel, qu'est-ce qui t'a inspiré ?
- Speaker #1
Ce matin, ce qui m'a inspiré, c'est l'odeur de Paris.
- Speaker #0
Ah ouais ? Oui, alors je pensais que tu ne vis pas à Paris tout le temps.
- Speaker #1
Voilà, l'odeur de mon enfance peut-être. Revenir à Paris, ça fait toujours plaisir. J'habite dans le sud maintenant, dans l'Uberon. On en parlera après, je pense.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
bien sûr. Voilà, donc Paris, le soleil, le ciel bleu, les odeurs parisiennes, ça me rappelle mon enfance. Donc voilà, c'est toujours intéressant de revenir à son enfance. Oui. Et voilà, c'est toujours un vent d'optimisme.
- Speaker #0
Il faut dire qu'on enregistre là, on est début mars 2025. Le ciel brille, le soleil brille, pardon, depuis quelques jours à Paris. toi t'es arrivé aujourd'hui
- Speaker #1
Non, hier soir.
- Speaker #0
Et en plus, les bourgeons commencent à sortir, les odeurs sont exaltées. C'est effectivement des moments très sympas. Alors, si quelqu'un rentrait pour la première fois dans ton univers, ça serait quoi la première chose que tu aimerais qu'il voit, qu'il ressente, qu'il comprenne ?
- Speaker #1
Je pense que dans tous nos projets, tu parles de l'univers de nos projets.
- Speaker #0
En général.
- Speaker #1
En général, dans mon univers, j'aimerais qu'ils comprennent la... générosité peut-être que je décline, et je dis souvent on puisqu'on a souvent été deux dans cette aventure donc qu'on décline la générosité l'empathie qu'on a vis-à-vis de nos visiteurs, qu'ils soient clients ou amis, ou famille on a toujours été un lieu où les échanges, les partages, les s'organiser on a toujours reçu beaucoup de gens dans notre univers, donc voilà que les gens perçoivent ça justement, la générosité l'empathie qu'on peut proposer en général.
- Speaker #0
Génial. On va raconter ce que tu fais. Justement, pour nos auditeurs, comment tu expliquerais ce que tu fais depuis 30 ans, 25 ans ? Tu as fait pas mal de choses.
- Speaker #1
J'ai eu beaucoup de niveaux.
- Speaker #0
Comment tu expliquerais ton travail d'aujourd'hui à un enfant de 6 ans ?
- Speaker #1
Mon travail d'aujourd'hui, c'est de créer des lieux atypiques. originaux qui ne sont pas comme les autres, ça c'est quelque chose qui nous colle à la peau, ne pas être comme les autres pour essayer de créer une espèce d'originalité, je ne sais pas d'où ça vient mais c'est peut-être du voilà c'est psychologique, être différent, pas comme les autres et donc un univers joyeux. différents, design, contemporain, et qui donne la possibilité justement à la jeunesse même d'avoir les yeux écarquillés quand ils rentrent chez nous. Une surprise, le bonheur, voilà.
- Speaker #0
Donc des lieux dans lesquels tu... tu accueilles des visiteurs, des clients qui vivent une expérience qu'on va raconter. C'est même, on le dira aussi, c'est même dans ton parcours, parfois autre chose que des lieux, carrément des moments. Il y a un festival, tu avais créé pendant plusieurs années une expérience dans les dunes du sud tunisien que tu connais bien.
- Speaker #1
Oui, exactement. Quand on crée un projet hôtelier ou qu'on crée un magasin, une boutique ou un festival, ou toute création, à la même logique de celui qui l'a créé, c'est-à-dire l'ambition, c'est souvent ce qui nous arrive, c'est-à-dire faire souvent quelque chose jusqu'au détail, près, beaucoup d'ambition dans le projet, de la qualité bien sûr. et de la différence, et tout ça dans une espèce d'envie de réunir les gens autour de notre projet, de faire venir les gens de loin, d'avoir une espèce de reconnaissance. Voilà, c'est peut-être aussi le mot qui me correspond peut-être le mieux de mon parcours, la reconnaissance de faire des choses différentes, particulières, singulières. Alors que peut-être que dans mon enfance, je n'ai pas eu l'occasion de pouvoir évoluer dans ce cadre-là. Et ça m'a donné cette envie d'aller plus haut et plus loin.
- Speaker #0
Génial, super. Alors ton métier, c'est entrepreneur, tu crées des aventures. Exactement. Un des fils conducteurs, donc toujours beaucoup autour de l'expérience. Oui. On expliquera comment et pourquoi. Et puis, il y a une notion d'engagement aussi. Oui. Très forte. J'ai l'impression que c'est un vrai fil conducteur.
- Speaker #1
Tout à fait, oui.
- Speaker #0
Tu peux nous en dire un mot ? On en reparlera tout au long de cette émission.
- Speaker #1
Il y a eu un déclic. Le déclic est arrivé en 2001 à l'occasion de... du rachat d'un hôtel vieillissant abandonné à Nice. Précédemment, j'étais parisien, j'avais d'autres aventures qui ont été faites avec mon associé Philippe Chapelet à Paris, puis dans les Pays de la Loire. Donc là, on en parlera peut-être après. Le château de la Tremblay, la première incursion dans le monde de l'autérie, qui a été notre laboratoire. Donc jusqu'à présent, dans ce laboratoire, on n'avait pas vraiment... un engagement particulier, ni pour le design, ni pour l'écologie. On avait simplement toujours envie de faire différent, ambitieux, et rien ne nous faisait peur. Donc quand on a repris, on est parti dans le sud vers Nice pour reprendre ce vieil hôtel-là, on a commencé à réfléchir à ce qui pourrait nous motiver, ce qui pourrait faire que notre projet soit plus avant-gardiste que les autres, différent. avoir une vraie logique dans un projet hôtelier qui, à l'époque, nous semblait un petit peu vieillissant et boring, comme on dit en anglais. Donc, on voulait sortir un petit peu des sentiers battus. Donc, l'engagement commence là, c'est-à-dire un engagement d'avoir envie de faire des choses, même si on n'est pas des ayatollahs dans un domaine précis comme le design, la mode ou l'écologie. On a eu envie de faire quelque chose de différent. Donc, si je peux rentrer dans les détails. Voilà, donc différence, ça voulait dire déjà, pour le bâtiment qu'on avait récupéré, de voir comment on aurait pu être avant-gardiste. Donc on a cherché, on a voyagé. Le voyage nous amène souvent à trouver des idées. Des innovations. Des innovations, des idées, c'est important. On a voyagé à New York, à Miami, à Los Angeles, beaucoup aux États-Unis. Beaucoup, l'univers de Philip Stark, par exemple, si on attaque dans le design, nous plaisait énormément. Surtout l'idée de ces lieux de vie, en fait. C'est ça qui nous a impressionné le plus. Pas la déco, ni le design. C'était surtout le mélange des genres dans un lobby d'hôtel. Ça, c'était quelque chose qui nous a vraiment marqué. À New York, par exemple, les hôtels Paramount, Hudson, tous ces hôtels nous plaisent énormément. Donc nous, on n'avait pas l'ambition, bien évidemment, de travailler avec Philip Starck. On n'avait pas les moyens. la moindre idée de savoir comment on aurait pu travailler.
- Speaker #0
Comment le contacter, comment le convaincre. Encore que, honnêtement, je pense qu'il aurait sûrement pu dire oui. Parce qu'il est très intéressé par des projets petits, grands, très différents. Enfin, il fait vraiment partie des personnalités qui n'ont peur de rien non plus.
- Speaker #1
Peut-être, à l'époque, c'est vrai que si on remonte le temps, peut-être qu'on pourrait recommencer l'histoire. Donc là, on a visité des salons comme Maisons et Objets. et c'est vrai que... On ne trouvait pas notre voie. Dans la vie, il faut avoir de la chance. Je pense qu'on a eu une petite chance. Comme on dit souvent le hasard en Tunisie, le maktoub, le hasard n'existe pas. Donc on a visité un lieu dans l'arrière-pays niçois qui s'appelle la Bastide de Moustier, qui appartient à Alain Ducasse. Et ce jour-là, on était partis s'inspirer un peu, en retraite, pour s'inspirer, comment on allait faire pour pouvoir, avec Philippe...
- Speaker #0
On est quand ? On est en quelle année ?
- Speaker #1
On est en 2000. Ah oui. Voilà, on est en 2000. Et donc, j'ai eu un peu de mal avec les dates, mais je pense que c'est ça. On est en 2000 et donc là, on arrive dans ce lieu et on rencontre Alain Ducasse qui vient une fois par an dans son hôtel, parce que c'est le sien. C'est le seul qui lui appartient a priori, je crois, en propre. Et donc, on a eu la chance de pouvoir le côtoyer, discuter avec lui et passer un moment avec lui. Il nous a accordé plus de deux heures alors que ce n'était pas prévu au programme. Et donc, ce jour-là, on lui parle de notre... Il nous parle de son dernier projet à Londres, le Spoon, avec lequel il faisait appel à Patrick Jouin, qui est un designer qui a aussi travaillé pour Philippe Tarquet. Donc cette phrase qu'il nous donne, qui nous a changé notre vie, en fait, c'est « Pourquoi ne faites pas appel à des enfants de Stark, des bébés de Starck ? » Il y a un livre qui a été sorti, une expo sur les enfants de Stark. Ceux qui ont travaillé pendant longtemps avec Patrick Jouin. Christophe Pillet, Matali Crasset. Donc voilà. Alain Ducasse a été très, très, très sympa ce jour-là. On le remercie. D'ailleurs, on est resté toujours en contact avec lui. Et donc, nous, on est revenu à Nice et on a cherché dans un cyberespace, qu'à l'époque, il n'y avait pas encore non plus.
- Speaker #0
D'Internet partout.
- Speaker #1
Instagram et son Facebook. Et voilà. Et donc, dans le cyberespace, on a tapé Enfant de Star quand on est tombé sur Mathélie Crasset. Et donc là, c'est le coup de foudre direct. OK. L'envie de la... contacté puisque son design nous plaisait, son univers coloriel,
- Speaker #0
son personnalité.
- Speaker #1
Et nous on avait envie aussi dans l'hôtel de Nice, le futur hôtel, d'intégrer de la technologie, ce qui n'existait pas vraiment à l'époque en 2000-2001. Et comme elle avait travaillé à l'époque pour Starck, pour Thomson, elle dirigeait le pôle multimédia. Donc pour nous c'était bon. Donc on a contacté directement Mathélie Crasset. Et qui sortait, on a la chance, elle sortait du studio Stark juste à ce moment-là. C'était vraiment le bon timing. Donc elle nous a reçus, elle sortait de chez elle, nous a reçus très gentiment. Et voilà, on lui a expliqué notre projet, notre envie, et donc elle a dit banco. Donc ce jour-là, c'était en 2001, je pense, à peu près, ou 2000, 2001.
- Speaker #0
Et vous ne vous êtes pas quitté depuis.
- Speaker #1
Voilà, et on ne s'est pas quitté d'ailleurs. Donc, 2026, 25 ans. 25 ans qu'on a rencontré Matali Crasset. Voilà, on aura l'occasion d'en parler, je suppose. Oui,
- Speaker #0
bien sûr. On va raconter tous les projets que vous avez fait ensemble. Donc,
- Speaker #1
c'était le démarrage.
- Speaker #0
Génial. On va revenir un tout petit peu en arrière. Parce que c'est probablement quelque chose qui t'a beaucoup influencé, qui a influencé ton travail, ton parcours. Tu as trois cultures. Tu es français, tunisien, espagnol. Oui. Tu as vécu à Paris, mais pas que. tu vas nous raconter donc de tous les côtés de la Méditerranée enfin pas tous mais pas loin et tu as des projets d'ailleurs des deux côtés de la Méditerranée exactement comment cette double culture si tu as réfléchi t'as influencé peut-être dans la tradition d'accueil dans la cuisine, dans les couleurs dans le design peut-être dans les ambiances que tu cherches à recréer dans tes lieux Merci. Ça t'a influencé ? De quelle manière ?
- Speaker #1
Ce qui m'a influencé déjà, c'est l'ouverture sur l'autre. Donc déjà, sourire à l'autre, la générosité de l'accueil. Voilà, dans mon enfance, justement, ce partage. Les Espagnols, les Tunisiens, c'est très latin, mais très méditerranéen. Donc ça donne envie aussi d'accueillir les gens. C'était un peu l'idée. Donc ça, ça m'a influencé énormément. après Le voyage aussi, le fait de voyager souvent pendant mon enfance, d'aller en Tunisie, d'aller en Espagne, ça m'a donné l'occasion de voir d'autres choses.
- Speaker #0
Donc ta mère est française, ton père est tunisien ?
- Speaker #1
Mon père est tunisien et ma mère est espagnole. Moi je suis né en France. Donc je suis vraiment espagnol-tunisien et du fait que le droit du sol avait une importance à l'époque aussi, c'était très facile de venir. à l'âge de 18 ans en français parce que j'y suis né, je suis né à Montreuil, donc voilà, c'était important. Donc, influencé par le voyage aussi, la culture, découvrir d'autres choses, s'ouvrir à d'autres choses, d'autres décorations, d'autres musiques. C'est un peu ça qui m'a inspiré vraiment pour mon travail. Mais après, malgré tout, je pense que c'est quelque chose de très personnel. qui me colle à la peau et qui vient de mon enfance, mais pas forcément par mes origines. Ça a joué, mais c'est... Mais c'est pas le seul... Non, c'est quand même quelque chose d'assez personnel, le fait d'avoir cette envie de, quelque part, de créer et de faire des choses différemment que les autres. Voilà, c'est ça.
- Speaker #0
On revient un petit peu dans l'environnement familial dans lequel tu as grandi. On va pas te raconter ton enfance, mais c'était quoi le... L'environnement familial, tu as grandi à Paris, à côté de Paris. La Tunisie, c'était un lieu dans lequel tu allais souvent. C'était les vacances, c'était plus que ça. C'était quoi ton nom ?
- Speaker #1
Non, je suis né à Montreuil, comme je te disais. Et j'ai vécu à Vincennes, donc Paris, proche région parisienne. Dans un milieu quand même de parents immigrés. Il faut le dire, c'est important aussi de signaler que c'est un milieu très défavorisé. Donc, deuxième point. Vivant dans un HLM, troisième point. Donc, pas du tout avec, au départ, la possibilité de s'extraire de ce milieu, de ce scénario de vie. C'était quand même assez compliqué. Donc, voilà. C'est de là que j'ai quand même puisé cette force, je pense, de vouloir faire des choses différentes, de sortir de ce milieu. C'est le classique, le grand classique. Même si mes parents m'ont inculqué justement des valeurs de générosité, de partage, mais ils ne m'ont pas inculqué des valeurs de culture. Oui,
- Speaker #0
oui, oui.
- Speaker #1
Voilà. Donc, je les ai acquises. En tout cas, j'ai acquis ça par moi-même, l'envie d'avancer. Donc, les vacances en Tunisie, en Espagne, le rituel de l'été.
- Speaker #0
De l'été, des deux mois d'été.
- Speaker #1
Un mois en Espagne, un mois en Tunisie, le rituel des immigrés. Donc, j'ai vécu ce rituel. Et avoir la chance aussi, peut-être, d'avoir vécu à Vincennes, d'avoir démarré à Vincennes. Si j'avais démarré à Aubervilliers ou à la Courneuve, peut-être que j'aurais été... Ma vie aurait peut-être changé, puisque je n'aurais peut-être pas eu la chance de pouvoir avoir le bois pour s'oxygéner, d'avoir la proximité de Paris aussi pour se cultiver. Donc ça, ça m'a permis quand même de m'enrichir. Oui,
- Speaker #0
mais c'est vrai que c'est des détails hyper importants. Vincennes, oui. Vincennes, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est banlieue est de Paris, mais assez raffinée, jolie, dans le bois de Vincennes.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc très facile d'accès à Paris. Tu as construit une trajectoire singulière. On va encore une fois creuser ça. Toujours en quête d'innovation dans l'hôtellerie notamment. Mais comment tu as démarré vraiment ? Tu as fait quelle étude ? Est-ce qu'il y a eu un déclic entrepreneurial à un moment ? Tu as peut-être été salarié, d'ailleurs, je ne sais pas. Qu'est-ce que tu as fait pour en arriver là ?
- Speaker #1
Non, j'ai fait des études, Bac B, études internationales, après une licence de commerce internationale. Mais franchement, c'était vraiment pour... À la base, j'étais footballeur. Donc, mon envie première, ça aurait été d'être... Joueur de foot. Voilà, joueur de foot. J'ai fait des sports études, j'étais à un haut niveau jusqu'à l'âge de 17 ans. Et après, j'ai compris que je n'allais pas devenir un professionnel. Donc, j'ai... J'ai pris un autre tournant, j'ai choisi de reprendre mes études et d'aller vers des études internationales pour faire quelque chose, entre guillemets. Ce n'est pas ma passion réellement. Donc voilà, j'ai fait un premier job dans un journal de foot d'ailleurs. Pas en journalisme, mais dans le marketing. Avec un grand journaliste français qui gérait ce journal, qui m'a dégoûté d'entrepreneuriat.
- Speaker #0
C'était qui ?
- Speaker #1
Le journal But. Ah oui ! Ceux qui l'entendent, ils comprendront. Donc, en fait, quand tu démarres une activité professionnelle, ton premier job, c'est important. Et quand tu as quelqu'un en face de toi qui est alcoolique et qui te maltraite, donc tu dis, c'est fini. J'ai posé ma démission. J'ai dit à FIP, mon associé à l'époque, lui, il travaille dans l'immobilier. Je lui ai dit, il faut que je trouve quelque chose à faire. Je veux travailler, démarrer par moi-même. Donc, j'ai créé un premier concept. Parce que tout ça vient de là, en fait. Le premier concept, c'était l'épicerie du monde à Paris. OK. Rue Monge, c'était un magasin qui récoltait tous les produits alimentaires, alcool et food du monde entier. Vraiment de Tunisie à l'Argentine, au Japon, tous les produits. Donc beaucoup de communautés venaient chercher ces produits Rue Monge. Et après, c'était à Rue de Lourmel. On avait deux boutiques. Ok, le 15e. Voilà, le 15e. Donc ça s'appelait l'épicerie du monde. D'ailleurs, on a sorti un livre. en 97 sur ce sur cette thématique aux éditions glénat qui reprenait toute l'aventure de l'épicerie du monde donc ça c'était la base c'est à dire commencer à faire des choses différentes un peu avant gardiste à l'époque parce qu'on parlait de produits qui n'existent plus aujourd'hui qui
- Speaker #0
existe vraiment plutôt en consommation courante aujourd'hui voilà donc là on est dans les années 90 94 voilà donc on remercie but d'ailleurs de savoir dégouté du salariat. Voilà,
- Speaker #1
exactement. Je n'ai plus jamais été salarié de ma vie. Donc après, avec Philippe, qui lui travaille dans l'immobilier, on a décidé de réunir nos forces. Et on est parti en recherche d'un château dans les Pays-de-la-Loire où une petite aventure, une petite maison, un château, une maison d'hôte. À l'époque, c'était très à la mode de partir déjà.
- Speaker #0
Donc l'envie, là, c'était de trouver un lieu pour faire une maison d'hôte.
- Speaker #1
Une maison d'hôte, restaurant, hôtel. Et donc là, en 97, on tombe sur... une affaire magnifique à Chollet, un château abandonné, semi-abandonné, qui était un grand restaurant local, parce qu'ils accueillaient tous les notables, les baptêmes, les notables. Et donc nous, on est arrivé, on a dépoussiéré tout ça, on a repris ce château, on a dépoussiéré...
- Speaker #0
Là, vous avez acheté les murs ?
- Speaker #1
Les murs. Premier investissement, ensemble avec mon associé, donc première association vraiment conséquente. Un château énorme.
- Speaker #0
Vous aviez quel âge, là ?
- Speaker #1
27.
- Speaker #0
Et les banques vous ont suivi ? Voilà,
- Speaker #1
nous ont suivi localement, à côté du Puy-du-Fou, les Vendéens, qui sont croits au projet, qui nous ont soutenus au départ. C'est le démarrage, c'est grâce aux Vendéens, justement. Un banquier au Crédit Mutuel qui nous a soutenus de manière très forte, il a cru en nous. Ce n'était pas évident, on n'y connaissait rien à la restauration ni l'hôtellerie. On a créé l'hôtel là. On a créé dix chambres d'hôtel dans un lieu complètement abandonné qui était un ancien couvent. Donc il n'y avait rien, c'était en ruine. Donc là, on a commencé à s'intéresser à la décoration, entre guillemets, parce qu'à l'époque, on ne connaissait pas le design. Il y a un monde entre le design et la décoration. Mais déjà, la décoration, on cherchait à faire des choses différentes. On a commencé à intégrer de la musique. À l'époque, c'était le boui d'Abar, les courbes de poste. Déjà en province, dans un château, c'était quand même assez étonnant. Et on a commencé à introduire aussi une cuisine différente qui faisait appel à d'autres produits que la cendre au vin blanc, ou magret de canard avec son coulis à la framboise. On a essayé d'inventer d'autres choses. On a intégré le thon, le thon rouge à l'époque, les feuilles d'alcool. Donc on s'était déjà bien...
- Speaker #0
C'est la cuisine du monde, vous vous en rappelez.
- Speaker #1
Voilà, déjà cuisine du monde. Donc ce lieu, on l'a explosé en 3-4 ans. On a vraiment cartonné, on a fait des mariages, on a fait des réceptions. C'est cet hôtel qui a commencé à être très reconnu dans le paysage vendéen et choletais, voire jusqu'à Nantes. Donc ça a été vraiment une aventure. En 4 ans, on a développé le chiffre d'affaires d'une manière incroyable. Mais c'était juste une étape. C'était l'étape. Pour se former, une étape comme un laboratoire d'idées. Mais Cholet, ce n'était pas à l'époque notre ambition ultime de vie. On bouge quoi. Donc, on a pris notre petite voiture, on est descendu de Nîmes.
- Speaker #0
Attends, là, vous aviez, Philippe avait abandonné ou arrêté son voiture immobilière. Toi, les épiceries du monde.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Tu avais arrêté.
- Speaker #1
Vendu, arrêté. On est très joueur, on n'est pas nostalgique.
- Speaker #0
C'est all-in.
- Speaker #1
Voilà, on n'est pas nostalgique, on met tout à chaque fois en jeu, on met tout sur la table.
- Speaker #0
Le propre de l'entrepreneur.
- Speaker #1
On repart souvent à zéro, on est un petit peu, on en reparlera certainement, on n'est pas nostalgique du business qu'on crée. On aime bien rénover nos vies et repartir.
- Speaker #0
Rejeter les dés. Rejeter les biques. Moi je suis pareil. Et c'est marrant parce qu'on a vraiment les deux profits d'entrepreneurs. Il y a des gens qui, c'est leur bébé, ils ne peuvent pas s'en séparer. Le vent, c'est une tragédie. Et d'autres, comme toi, qui rejettent les dés.
- Speaker #1
On rejette les dés et on avance. Voilà, donc on a pris notre petite voiture, on est descendu dans le sud. On ne savait pas vraiment, c'est un peu l'aventure quelque part. Et c'est bien quand on rejette les dés, qu'on part à l'aventure, avec un capital quand même, un petit capital. Donc là, vous aviez vendu le chateau de la Tremblaye Et donc, voilà, on repart entre Nice et Barcelone, on ne savait pas. Et c'est vrai que quand on finit une aventure, on a tendance tout de suite à se dire, c'est fini, on va se poser un peu, on va faire quelque chose de plus calme. Donc, c'était le projet. C'était le projet, sauf qu'on a trouvé...
- Speaker #0
Ça ne dure pas longtemps.
- Speaker #1
Pas longtemps. On était plutôt dans le mode maison d'hôte. Et là, on est retrouvé avec un hôtel de 50 chambres à Nice.
- Speaker #0
Donc, c'est ce que tu racontais tout à l'heure.
- Speaker #1
On revient à 2001, on revient à l'aventure de Nice. Petite annonce, encore une fois. Dans l'aventure du Yotel, c'est que des rencontres hasardeuses, pas hasardeuses, mais plutôt de chance et de bonne chance, comme on disait tout à l'heure. Là, une petite annonce dans un journal nous a fait prouver ce lieu qui était abandonné complètement, vraiment en ruine quasiment, à deux pas de la promenade des Anglais. C'était un quartier des Fleurs à Nice. C'était un quartier top. Donc, on a trouvé ce lieu. Et là, à partir de là, on revient, flashback, à ce que je disais tout à l'heure. qu'est-ce qu'on va faire avec ce lieu ? C'est un truc de fou, c'est énorme. C'est un hôtel art déco, 50 chambres.
- Speaker #0
Donc 50 chambres, c'est combien de mètres carrés ? On n'est pas loin de 1000 mètres carrés ?
- Speaker #1
Oui, à peu près.
- Speaker #0
Donc c'est des énormes volumes, des travaux.
- Speaker #1
Des travaux. Donc là, au départ...
- Speaker #0
Trouver le concept déjà ?
- Speaker #1
Trouver le concept. Et voilà, donc là, justement, on ne savait pas comment faire, comment s'y prendre pour être avant-gardiste et trouver une idée pour développer ce projet. Donc, Matali Crasset. est venue dans l'aventure, nous a rejoints. Et là, on a travaillé pendant une année avec elle. C'est vrai, comme elle le dit souvent, au début, on ne comprenait pas trop son travail.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Parce que c'était très pointu. Alors,
- Speaker #0
pour ceux qui ne la connaissent pas, tu peux nous la... D'ailleurs, il faut que tu m'aides à l'accueillir à ce micro prochainement. Oui, si tu nous écoutes Matali... Est-ce que tu peux décrire un peu son travail ? Sommairement, pour ceux qui ne la connaissent pas, ou peut-être les choses un peu emblématiques qu'elle a pu faire, au-delà de « Hi » .
- Speaker #1
Oui, donc Matali Crasset, elle a été formée à l'école ENSI à Paris, école de design industriel, et elle a fait ses premières armes à Milan, avec un designer Denis Santachiara. et qui est un designer aussi assez avant-gardiste, différent des autres. Et ensuite, elle a tout de suite intégré le studio de Philippe Starck. Elle est restée cinq ans. Et elle a dirigé pour Philippe Starck la partie plutôt multimédia, toutes les petites télés qu'on voyait à l'époque pour Saba. Oui, elle j'allais le dire Saba,
- Speaker #0
Thomson, qui était une émanation de Saba. Saba était une émanation de Thompson. Et Telefunken.
- Speaker #1
je crois aussi. Peut-être, oui. Voilà, donc Matali a dirigé ce pôle et donc elle est allée très loin avec Philippe Starck. Donc, Philippe STarck, il en parle d'ailleurs dans une émission. On a rarement vu Tark parler de designer. Mais là, dans une émission, un podcast, je ne me rappelle plus comment ça s'appelle, mais je le retrouverai. C'est important. Il parle des qualités. vraiment intrinsèque de Matali Crasset, pas comme les autres, différent. Il avait tout de suite repéré en elle une designer qui avait une particularité vraiment très singulière. Voilà donc elle n'est pas comme les autres, elle ne copie pas. Elle a son univers très coloriel, mais très multifonctionnel.
- Speaker #0
Natério aussi. Ce qui m'avait frappé, d'ailleurs, je dis peut-être une bêtise, mais tu vas me corriger si c'est le cas. Les télé Saba, justement, il y avait l'usage de bois ou de fibre de bois.
- Speaker #1
De liège.
- Speaker #0
De liège. C'était début des années 90, même peut-être fin 80. Tube, ce n'était pas les écrans plats.
- Speaker #1
Non, non, non. C'était assez avant-gardiste. Et voilà, Matali, donc, elle a... Elle a ce côté aussi très différent. En même temps, elle est très attractive dans la manière de poser ses idées, puisqu'elle est très fluide et très cohérente. Donc on comprend tout de suite qu'elle nous a amené quelque chose de différent, de très conceptuel. Et c'est très clair et très simple, la manière dont on l'a mené. Donc, c'est imparable. La manière dont elle présente ses projets sont imparables. On est tout de suite séduit, parce qu'elle a trouvé tout de suite la clé, toujours dans le dialogue, parce qu'elle écoute beaucoup les gens. avec qui elle travaille, elle nous écoute beaucoup et à la fin, elle revient avec la réponse qui nous satisfait et qui en même temps nous fait bouger.
- Speaker #0
Donc elle vous dit au début, vous avez pas, enfin elle vous dit maintenant, au début vous aviez peut-être pas tout à fait compris mon travail, c'est ça ?
- Speaker #1
Voilà, au début... c'était difficile parce qu'elle était très dans la prospective, elle faisait des expos dans des galeries, elle n'avait pas eu encore de projet significatif donc c'était difficile de s'attacher à quelque chose donc voilà elle comprenait, elle essayait de nous rassurer en disant non mais attendez un hôtel c'est pas ce que je suis en train de faire actuellement donc là on a été très rassurés c'est après un an de travail qu'on est venu chez nous Anis nous proposait les dessins qu'elle avait fait pour le Yotel. Donc là, on a ouvert le bouc et on s'est dit, mais c'est incroyable, c'est la folie. Si on arrive à faire ce projet, c'est là où vraiment notre tournant de vie a changé plutôt. C'était incroyable, c'était du jamais vu. Ça nous plaisait beaucoup parce que c'était quand même réalisable. Et il y avait de la couleur, c'était quelque chose d'incroyable. on se disait vraiment avec philippe À l'époque, si on arrive à sortir ce projet, ça va être une explosion. Une explosion de... En tout cas, je ne sais pas quelle explosion on attendait, mais on attendait vraiment quelque chose de significatif dans notre vie. Alors moi,
- Speaker #0
je me souviens de cet hôtel. J'y suis resté peut-être deux nuits, deux, trois nuits. Ça faisait partie de ma checklist des lieux dans lesquels je voulais aller. effectivement inédit, absolument inédit. Malheureusement, tu vas nous raconter, mais il n'existe plus aujourd'hui.
- Speaker #1
Oui, hélas, oui.
- Speaker #0
Tu peux décrire ce lieu, cet hôtel, comment il était, justement, quel était le concept, quelle était l'expérience que vous offriez ?
- Speaker #1
L'hôtel, le HI ou le HI-Hotel.
- Speaker #0
D'ailleurs, c'est comme ça que le nom est né, c'est ça ? Voilà,
- Speaker #1
le HI, c'est juste un petit nom comme donne à une idée qu'on trouve bêtement comme ça un jour. C'était aussi... changer de nom compliqué qu'on donnait à des hôtels ou l'hôtel du parc, ou l'hôtel de Jenesaispaskoi, ou des noms de chaîne. Nous, on a choisi un nom tout petit, qui voulait dire HI, qui voulait dire Hi, Welcome en anglais aussi, mais qui voulait dire hôtel internet, hôtel idiot, hôtel intelligent, parce qu'on a été taxé aussi de beaucoup de choses à l'époque, parce qu'on a fait des choses assez avant-gardistes et différentes. Et donc voilà, ce petit nom a fait beaucoup parler de lui. Et donc, comment... Représenter cet hôtel, c'était un hôtel, déjà le leitmotiv, la baseline, c'était vivre une expérience contemporaine. Aujourd'hui, en 2001, 2002, de faire une baseline comme ça, c'était un peu étonnant pour un hôtel. Aujourd'hui, on pourrait l'imaginer et il y a 25 ans, on ne l'imaginait pas du tout. Donc c'était faire un lieu de vie, une plateforme ouverte sur l'extérieur, sur la ville, en même temps s'ouvrir à la musique.
- Speaker #0
S'ouvrir à l'écologie, au bio, s'ouvrir au design. Ce n'est pas simplement de rajouter des concepts les uns après les autres. C'était l'idée de réunir tous ces concepts en un seul lieu. on n'avait pas encore une fois d'expérience dans l'écologie par exemple. Mais à l'époque, on estimait que de faire un hôtel contemporain, ça passait par l'utilisation de matériaux écologiques. Donc cet hôtel a été le premier hôtel en France à être... labellisé Green Globe, qui était un label australien, maintenant américain, qui labellisait les hôtels écologiques. Tout était écologique, du papier toilette aux petits pots qu'on donnait à manger aux gens à l'époque.
- Speaker #1
Aux mobiliers, aux solvants, à la place de solvants.
- Speaker #0
Voilà, recyclage dans les chambres, pas de produits d'accueil, pas de mini-barres dans les chambres. voilà donc il y avait ce côté très engagé en même temps un côté très très ludique, parce qu'on ne se prenait pas au sérieux. Il y avait plein de petits détails de générosité partout dans le lieu.
- Speaker #1
Un lieu très souriant.
- Speaker #0
Voilà. Par les couleurs, par le mobilier que Matali avait entièrement réalisé, fait réaliser entièrement sur mesure. La musique très importante. Donc, pour la première fois, c'est vrai qu'on voulait sortir des compilations Coste, Bouddhabar, qui étaient du déjà vu. Et nous, on s'est dit, tiens, on va appeler un label par hasard. Parce qu'à l'époque, c'était l'émergence un peu de la musique électro. Pas vraiment l'émergence, mais c'était quand même...
- Speaker #1
Oui, on va commencer à être un peu plus...
- Speaker #0
alors que ça a commencé dans les années 90. Et donc là, on a appelé le label de Laurent Garnier. Ah oui ? Juste un petit mail à l'époque, c'est très facile, un petit mail en disant, on aimerait bien vous faire visiter le lieu. C'était Éric Morand à l'époque qui dirigeait le label avec Laurent Garnier. On aimerait faire un lieu singulier et de faire que vous fassiez plutôt la programmation. musicale c'était une grosse star quand même ah bah oui l'organiser voilà et eric morand c'était quand même c'était f comme c'était le zèle f comme c'était monsieur oiseau lorca la garnier avait plein de stars dans ce label et eric morand et a trouvé ça l'idée très très intéressante, il est venu me voir très vite dans les gravats Ah oui c'était pas ouvert ? Non c'était pas ouvert et donc un label de musique faisait son entrée dans le lieu, donc programmation musicale gérée par le patron du label, associé à Doran Garnier Eric Moran, chaque mois un nouvel artiste qui sortait son album venait en résidence choquaise à OI, on vendait son album à la boutique on mettait des relations, le DJ avec avec avec des clubs pour faire l'after dans un club.
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
On faisait des showcases à la FNAC. Et on avait aussi une petite radio. C'était assez avant-gardiste. On passe au point technologique. On avait une radio dans chaque chambre qui était diffusée, créée et diffusée par cette sonorité ambiante dans l'hôtel. Tous les gens qui mettaient le canal e-radio dans leur chambre avaient la programmation 24-24. avec... des petits jingles de Pascal Clark à l'époque.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Qui venait, qu'on a rencontré. Une voix incroyable. Une voix incroyable qui est venue par hasard un jour au Yotel et qui est devenue une amie et qui a souvent séjourné chez nous. Et c'était drôle d'avoir une radio avec un super label. Et puis la chope,
- Speaker #1
tu lui dis, je veux bien que vous fassiez le jingle.
- Speaker #0
Oui, après plusieurs fois. Et c'était incroyable d'avoir ces jingles de Pascal Clark.
- Speaker #1
Génial.
- Speaker #0
Voilà. Donc,
- Speaker #1
Donc un design global.
- Speaker #0
Un design global. C'était du jamais vu. Tous les gens du monde entier, les hôtels. On a eu une clientèle incroyable. On a eu vraiment... Tous les milieux, c'est ça qui était intéressant. On avait des designers, on avait des stylistes, des politiciens, des inconnus au bataillon, des artistes.
- Speaker #1
Des fêtards.
- Speaker #0
Des fêtards, des écolos, des gens de Nice qui partaient en vacances. Ils traversaient la rue en venant en vacances chez nous parce que c'était un lieu de... incroyable et qui s'est prolongée très vite par l'obtention d'une plage privée sur le littoral. On a eu une concession. Et donc, on a récupéré. Donc là, c'était un moyen de faire du design, mais grand public. Le e-hôtel de 38 chambres était plus intimiste, plus quand même, malgré tout, orienté vers des gens qui aimaient un peu le contemporain. À la plage, tout le monde y va à Nice. Et donc, il y avait 300 matelas. Donc,
- Speaker #1
c'était accessible aux non-clients de l'hôtel. Voilà, voilà.
- Speaker #0
La plage privée sur le littoral, en face de Negresco. D'accord. Donc, c'est devenu pendant des années aussi la plage incontournable de Nice, où on a continué à déployer de... de la différence. Il y avait trois zones de plage, une zone de plage pour la famille, où on faisait plutôt que des transats, il y avait des petites maisons de plage.
- Speaker #1
Une par Matali.
- Speaker #0
Par Matali. On avait aussi au milieu... une zone qui était plutôt grand public. Et à gauche, on avait une plage qui était plus zen et gay-friendly en même temps, puisque ça permettait d'avoir aussi une clientèle open. On était vraiment la plage la plus open et on faisait énormément de soirées musicales. C'est là où on a commencé à travailler sur le projet des dunes électroniques, puisque déjà à l'époque, on faisait énormément de soirées. Tous les DJ de la planète ont joué sur cette plage. L'été, c'était des festivals qu'on organisait avec nos associés Panda Events, qui sont aussi nos associés aujourd'hui sur les dunes électroniques. C'est là où on a commencé à recevoir tous les artistes DJ. Donc, les dunes électroniques ne sont pas venues comme ça. Oui,
- Speaker #1
par hasard.
- Speaker #0
C'était vraiment un background qu'on avait sur la musique qui s'est continué dans cette aventure tunisienne.
- Speaker #1
Et donc, Philippe, ton associé et toi, vous étiez aux commandes. Vous exploitées le lieu. Oui, oui. la programmation musicale, le management des équipes de ménage, la cuisine.
- Speaker #0
Il y avait une soixantaine de staff. C'est ça. Donc à l'époque, c'était une grosse, grosse, grosse affaire. OK.
- Speaker #1
Et alors la suite, qu'est-ce qui...
- Speaker #0
Le HI-Hotel, on ouvre en 2003.
- Speaker #1
Donc la presse vous encense.
- Speaker #0
On avait ouvert le lieu, on avait zéro client. On ne savait pas comment faire, on ne connaissait personne à Nice. Les gens nous disaient attention à Nice, c'est dangereux, il faut faire attention, blablabla. On ne connaissait personne. Donc on a ouvert avec grosse difficulté le lieu parce que ça a été très très très dur financièrement. On s'est battus et heureusement qu'il y avait encore une fois nos Vendéens, nos amis Vendéens, banquiers qui nous ont soutenus parce que les banquiers niçois, ils ne se connaissaient pas.
- Speaker #1
C'est extrêmement rare pour le rappeler.
- Speaker #0
Voilà, pour le rappeler. Bernard Thibault, je le cite parce que c'est quand même un danger de notre vie.
- Speaker #1
Il est toujours banquier ?
- Speaker #0
Voilà, il n'est plus banquier, mais il est toujours en Vendée. Donc si un jour il écoute, je lui enverrai et qu'il écoute ce podcast, ce serait intéressant. Et donc voilà, pas de clients. On avait pris un bureau de presse à l'époque qui était deuxième bureau. Sylvie Grumbach, Martial Hobeniche, qui est un très bon bureau de presse, légendaire. Et qui nous a un petit peu aidé, qui nous a beaucoup aidé au départ. Mais on a eu une chance aussi, c'est que quasiment un mois après l'ouverture, on a fait le 20h. de Pujadas pendant la guerre du Golfe. Il y avait 25 minutes sur la guerre du Golfe et après Pujadas a lancé sur lui l'hôtel. Donc suite à ça, c'est vrai que ça a été...
- Speaker #1
C'est arrivé grâce au bureau de presse, non ?
- Speaker #0
C'est arrivé par un journaliste qui s'appelle Alban Mikosi, qui était niçois et qui a vu l'ouverture de cet hôtel et il s'est dit que c'était intéressant pour France 2. Donc il a fait un reportage, mais la chance qu'on a eue, c'est que c'est passé au... au journal 20h. Donc après, c'est vrai qu'on a eu des millions d'auditeurs à ce moment-là. Et donc ça a entraîné, je pense qu'on a eu plus de 1000 articles de presse pour les hôtels. Le monde entier, c'est vrai qu'on a eu une déferlante incroyable. On était partout, sur tous les magazines, toutes les télés, les radios. Et ça nous a amené tout de suite une visibilité, une reconnaissance de notre travail. Donc on s'est un peu enflammés. Donc voilà, c'est pour ça que... On a commencé, notre vie a vraiment changé là, en tournant. On a commencé à avoir d'autres objectifs.
- Speaker #1
Vous aviez imaginé, parce qu'on va en parler maintenant, mais créer d'autres lieux, dans d'autres vies, de faire un groupe, une marque un peu globale ? Pas du tout à ce moment-là.
- Speaker #0
Pas encore, mais on commençait déjà à avoir des contacts, des gens qui venaient nous voir. Tous les gros poteliers du monde sont venus. Je pense qu'on a été pas mal copié à ce moment là.
- Speaker #1
Oui parce que vous avez inspiré aujourd'hui des chaînes qui ont tourné bien.
- Speaker #0
Exactement, d'ailleurs on a inspiré une chaîne qui nous a bien pompé et qui en est toujours dix ans après. Je n'irai pas le nom mais on est toujours dix ans après parce qu'ils nous ont pompé complètement le nom. Ok. Un peu le design, il s'est installé pas loin de chez nous quoi. Ah oui d'accord. Donc ça c'était bien mais ça fait dix ans après mais comme c'est un gros groupe banquier, donc ils ont des moyens d'avocats pour...
- Speaker #1
pour faire un extrait,
- Speaker #0
pour faire un sujet. Bref, en tout cas.
- Speaker #1
En tout cas, si on avait été en 2025, à la naissance de l'hôtel HI de Nice, parce qu'aujourd'hui, il y a des concepts comme ceux-là, qui sont hyper recherchés par les groupes hôteliers, et ils en font des franchises. Ça devient vraiment ensuite un concept. Vous auriez probablement été racheté par...
- Speaker #0
Peut-être, mais à l'époque, c'est vrai qu'on était, on l'est toujours, des artisans de l'hôtellerie. On n'a pas eu peut-être la vocation à pouvoir se vendre. ou lever des fonds. Ça, c'est peut-être un autre métier. On est passé un peu à côté de ça. Je pense qu'on aurait pu faire plus de choses, effectivement. Mais on ne regrette pas. C'était bon. Donc voilà, on a fait cette plage, concession municipale, qui ne donnait jamais à des inconnus au bataillon. Nous, à l'époque, c'était le maire de Nice, Jacques Perra. qui ne nous connaissaient pas, mais qui avaient vu en nous la médiatisation extrême. C'était intéressant peut-être de donner cette plage à des jeunes, parce qu'à l'époque, on était un peu au projet de la ville.
- Speaker #1
L'image de Nice, c'était le négresco, la promenade des Anglais,
- Speaker #0
les retraités. Exactement. Je pense que les Niçois le savent, mais ceux qui nous connaissent, ceux qui ont connu nos lieux, savent que le HI Hotel a appris. C'est quand même un vent de folie, un petit peu de modernité à Nice. Avec prétention, sans prétention, mais je pense qu'on a fait pas mal pour le renouveler un peu dans les années 2010. De changer un peu l'image de Nice. Donc après, on s'est un peu enflammé, comme je disais. On a commencé à regarder un peu ailleurs. On nous a proposé un projet à Paris.
- Speaker #1
Pas loin d'ici.
- Speaker #0
Pas loin d'ici, rue de Charonne. un hôtel pareil, trois étoiles comme on en voit beaucoup à Paris, sans particularité. Et donc là, il nous a dit, allez-y, je vous passe l'hôtel, faites-en ce que vous voulez. Parce qu'il adorait le Hi Hotel à Nice. Et donc, après deux ans, on a... a sorti là un nouveau projet qui, celui-ci, aurait pu justement se déployer et se dupliquer en marque, puisque c'était ça un peu notre volonté. Donc ça s'appelait le HI-matic Rue de Charonne. Donc là,
- Speaker #1
beaucoup de tech.
- Speaker #0
Beaucoup de tech. Pas de réception. Des petites cabanes construites par Matali Crasset qui s'implantaient au milieu de la chambre. L'idée, c'était de plugger tout ce qui vient dans la chambre, comme si en une semaine, on pouvait monter un hôtel.
- Speaker #1
Un immense Lego.
- Speaker #0
un immense Lego, on a des capsules, on monte une cabane, la douche vient comme un module qui se rajoute, et ça fait une chambre. Et en bas, une réceptionniste qui est là, ou un réceptionniste qui est là plutôt pour accueillir le visiteur comme si on l'accueillait dans sa maison, lui faire visiter, lui donner des adresses à Paris, l'accueillir différemment. Le check-in se fait avec des machines qui étaient complètement paramétrées. On avait rendu un peu, ça existait l'histoire des bornes avec les Formule 1 et tout ça, on avait essayé de rendre un peu plus sexy, humaniste, humaniser la borne. Et ça a marché très bien. Donc là, pareil, on a explosé parce qu'à l'époque, c'était même avant le Mama Shelter.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Oui, parce que le Mama Shelter est un petit peu plus haut. Oui,
- Speaker #0
de rue de Bagnolet. Mais même avant, en thème de timing. On était avant toute l'euphorie qu'il y a toujours sur les auberges de jeunesse de luxe, les low cost, tout ça. Donc là, on était à 100 euros. Ce qu'on voulait, c'est donner une chambre pas chère. Petit déjeuner bio, pareil. Petit plateau comme un plateau d'avion, mais bio. C'était pas l'opulence d'un petit déjeuner.
- Speaker #1
Donc là, on est quoi,
- Speaker #0
2012, 2013 ? Avant, on est
- Speaker #1
2010.
- Speaker #0
J'ai un petit problème sur les dates.
- Speaker #1
Non mais bon, on est dix ans après la naissance de Nice. Donc c'est un peu pas tard.
- Speaker #0
Non, six ans, sept ans après Nice.
- Speaker #1
Donc on est avant 2010. Et Matteli, là, vous suit sans difficulté ?
- Speaker #0
Bien sûr, on ne change pas une équipe qui gagne. On déroule, on est en famille, on s'entend super bien, on se comprend tout de suite. Et voilà, l'idée part tout de suite d'une cabane. Et donc Matteli travaille, on fait fabriquer tout au Portugal. dans une usine, tout est sur mesure sur le lieu. C'était une très, très, très belle aventure, magnifique, et qui malheureusement n'a pas duré très, très longtemps, parce que c'est vrai que notre vocation, c'était de dupliquer. Avec Philippe, là vraiment, ce projet HI MATIC, on a commencé à chercher un peu des fonds et s'est développé pour voir comment on pouvait le mettre dans chaque capitale européenne. Ça aurait été vraiment, je pense, très facile si on avait un peu plus de fonds de rencontrer. Mais bon, on a eu un petit malheur dans ce... C'est bien en 2010. Pourquoi on n'a pas continué le HI MATIC ? C'est qu'on a eu la révolution tunisienne. Ah oui. Donc voilà. 2010, 2011. On a eu un énorme tsunami à Nice qui a ravagé notre plage. Ah bon ? En une nuit, plus de plage. Comme toutes les plages de Nice, tout est parti à l'eau. C'était le début de la plage. On avait déjà deux, trois années. On avait investi des... beaucoup, beaucoup d'argent dans les cuisines. Même les cuisines qui sont sous la promenade des Anglais, les millions d'euros. Allô ? Même plus, il n'y a plus rien. Donc, il fallait tout recommencer à zéro. Toute une plage recommencée à zéro. Plus la révolution tunisienne qui nous tombe dessus, parce qu'on avait ouvert en... Alors voilà,
- Speaker #1
vous aviez ouvert en même temps...
- Speaker #0
L'hôtel tunisien d'Ari. En Tunisie,
- Speaker #1
à
- Speaker #0
Nefta. À Nefta, toujours avec Matali.
- Speaker #1
Donc quasiment en même temps que Paris ?
- Speaker #0
A peu près, oui. Parce que Tunisie, ça a commencé avant Paris, mais ça a ouvert après.
- Speaker #1
Donc là, on revient à ta connaissance intime de la Tunisie.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Alors, la Tunisie... Le tourisme en Tunisie à l'époque, et je sais que ça fait partie de tes gros sujets de priorité, d'essayer de changer le tourisme en Tunisie, mais Tunisie c'est le soleil pas cher. all inclusive, là on est dans les années 90 ça démarre comme ça sous le régime de Ben Ali des gros hôtels all inclusive, l'idée c'est des avions des charters qui arrivent des gens qui rentrent dans l'hôtel, qui en ressortent pas qui consomment tout sur place et la Tunisie est un pays merveilleux où il y a tellement d'autres choses que de rester entre 4 murs à faire et donc là tu te dis moi depuis l'âge de 0 ans Jusqu'à...
- Speaker #0
Voilà, j'allais toujours en... en Tunisie, c'est vrai que c'était l'hôtellerie. Quand j'ai commencé à faire le HI-hotel et qu'on était vraiment dans cette dynamique de design, de différence, même mondiale, on était à part. Donc, je me disais, en Tunisie, il y a un potentiel de malade. Il y a très peu d'hôtels qui se font sous cette... Il y en avait peut-être un à Djerba, le Dar Diafa, que tu connais, Dar Saïd à Sidi Bou Saïd, mais il y avait très peu d'hôtels qui avaient une différence, qui avaient du charme. Donc, on s'est dit, on est allé dans le sud directement, parce que moi, je suis d'origine de Bizerte, mais je ne voulais pas aller à Bizerte.
- Speaker #1
Donc Bizerte,
- Speaker #0
c'est le nord. Et comme je venais de Nice, en fait, l'objectif de Dari, c'était de proposer à nos visiteurs de Nice, nos clients, une alternative pour l'hiver. Et si on va à Bizerte ou à Tunis, on sait très bien qu'il ne fait pas très beau non plus l'hiver, comme Nice, et ce n'est pas la saison. Donc il fallait absolument trouver une destination qui nous permette de faire un projet différent. Un projet d'hôtel retraite qui permette d'accueillir nos visiteurs l'hiver et d'être challenger dans un lieu qui était complètement abandonné. Parce que Tozer et Nefta à l'époque, c'était vraiment complètement délaissé. Il y a eu une vague de toseurs pour le tourisme, mais après, ça a été complètement...
- Speaker #1
Oui, il y a eu une vague dans les années 80, 90, je pense, mais on ne sait plus rien.
- Speaker #0
On ne sait plus rien. Donc, c'était vraiment une zone sinistrée. Donc, nous, on a décidé de s'installer dans une zone sinistrée. On est souvent challenger.
- Speaker #1
Sinistré, mais... On est très peu de touristes,
- Speaker #0
je veux dire.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Et Nefta, Tozeur, c'est donc le sud. On est dans le désert. On est dans des oasis. Tu vas nous raconter un peu le lieu, mais la corbeille de Nefta. Raconte un peu à quoi ça ressemble.
- Speaker #0
Donc, la Tunisie, c'est un petit pays. Tuzor est à 600 kilomètres de Tunis, au sud, à la frontière algérienne. Et ça s'appelle le Djerid. C'est une région qui est bordée d'oasis. C'est les plus belles oasis de... Tunisie et les meilleures dates qu'on appelle les Deglet nours sont de cette région. Donc nous, on a récupéré un lieu, un terrain qui bordait cette corbeille de Nefta qui était célèbre dans les années 68, qu'ils avaient créé un hôtel qui était le Sahara Palace. Donc aussi connu que le Mamounia à Marrakech, les plus grands de ce monde allaient en pèlerinage tout l'hiver à Sahara Palace pour se faire dorloter avec un climat exceptionnel. Donc nous, on s'est installés là et on a parti depuis 2005. donc deux ans on a commencé à acheter en 2005 deux ans donc après lui hôtel oui commencer à réfléchir acheter d'une deux trois petites maisons qui étaient abandonnés mais avec une vue sublime exceptionnelle face à cette oasis et donc on a mis cinq ans cinq ans de notre vie vraiment c'était une douleur quand même c'était de construire dans une zone pas facile d'accès sur une dune de sable au milieu d'un petit village alors quand une vision contre une et on construisait dans des zones touristiques donc il fallait construire au milieu du village et ça a été terrible trouver les entreprises faire les travaux, avoir les autorisations tu sais ce que c'est la Tunisie c'est pas facile et on a réussi toujours avec Mathalie elle est venue des dizaines de fois et elle a créé un projet pareil que le Yotel qui sur le dessin nous a enthousiasmé et qui nous a porté vers l'envie de le réaliser quand quelqu'un nous amène un artiste comme Mathalie nous amène ça sur un... plateau, entre guillemets. On ne peut que le faire. On prend tous les risques, on investit, on se met en danger, mais on le fait. C'est comme ça. C'est notre karma. C'est notre ADN. Donc là, on l'a fait. Et on l'a ouvert en 2010. Sauf qu'en 2010, révolution patatra. 18 décembre 2010, on est là-bas. Et 14 janvier 2011, boum. Donc, notre avion était en plein décollage, beaucoup d'investissements. donc il fallait absolument rentabiliser notre projet. Et au décollage, on a complètement déraillé. Donc voilà, on s'est scratché. Ça a duré pendant 2-3 ans. On a eu du mal à refaire surface parce que...
- Speaker #1
Mais derrière, il y a eu d'autres crises en Tunisie. Des crises.
- Speaker #0
Les crises, les attentats politiques. Après, il y a eu les attentats du Bataclan qui a mis le monde arabe sous une cloche de non-tourisme. Après, il y a eu les attentats en Tunisie. Oui,
- Speaker #1
2014.
- Speaker #0
Bardo,
- Speaker #1
Soust,
- Speaker #0
il y a eu le Covid. Et là, en fait, nos 15 ans, on est toujours en vie.
- Speaker #1
Et vous continuez à exister.
- Speaker #0
Et on continue à exister malgré toutes ces difficultés.
- Speaker #1
Vous avez eu aussi... C'est accessible en avion depuis Paris, Tozeur, il y a quelques lignes directes, sinon Tunis, Tozer. Heureusement, vous avez quand même un aéroport, mais parfois des lignes qui étaient un peu supprimées, des avions qui ne venaient plus.
- Speaker #0
Exactement, parce que qui dit révolution dit crise économique. Il y a eu une crise économique tunisaire, la compagnie nationale qui était complètement dans les choux. Donc à l'époque, il y avait des vols directs Paris-Tozer, Bruxelles, Madrid, Milan. Et pendant des années, on a deux, trois ans, on n'a pas eu de vol direct. Manon. Paris-Tauzer avec Transavia, c'est magnifique. Ça nous permet de repartir de plus belle, d'avoir moins de visibilité sur le futur et d'espérer avoir un autre tourisme qui s'organise en Tunisie. Ça commence vraiment. Là, les gens commencent à comprendre qu'il y a une autre façon de voir le tourisme tunisien. Ça existe partout. Il y a des chambres d'hôtes. On était un peu au départ de cette initiative. On avait même créé à l'époque en Tunisie, D'Art Tunisia, qui était un collectif qui recensait. À l'époque, il n'y avait qu'une dizaine. de lieux différents, chambres d'hôtes, maisons d'hôtes. Aujourd'hui, si on devait recenser les lieux et les maisons d'hôtes nouvelles en Tunisie, il y en aurait une cinquantaine ou plus. Tous les jours, il y a une nouvelle chambre d'hôtes qui ouvre. Donc, c'est bien. Je pense qu'on a ouvert la voie. Comme on a ouvert la voie, je fais un parallèle au niveau des musiques électroniques. Je me flatte un peu, mais c'est important de le dire. C'est qu'en 2014, comme on n'a pas de tourisme, qui vient en Tunisie pour visiter notre région et la Tunisie, on s'est dit, on ne va pas rester les bras croisés. On a contacté nos amis à Nice qui organisent avec nous les e-beach parties. Et on s'est dit, on va faire un petit festival.
- Speaker #1
L'idée derrière ça, c'était, on ne va pas rester les bras croisés, mais c'était aussi essayer d'attirer du monde dans la région.
- Speaker #0
C'était déjà d'attirer peut-être les Tunisiens, puisque les étrangers ne venaient plus. Donc on s'est dit, on va essayer d'attirer la jeunesse tunisienne par la musique. C'était notre passion, donc on s'est dit on va se faire plaisir, parce que je pense que dans le business, il faut aussi se faire plaisir à un moment donné, sinon on devient fou, on tourne en rond et il faut sortir un peu la tête de l'eau. Donc là on s'est dit on va faire une petite soirée pour nous, c'était une petite soirée dans le décor de Star Wars qui est à 15 kilomètres déjà.
- Speaker #1
Ah oui c'est vrai que c'est un lieu aussi connu pour ça, avec plusieurs épisodes de Star Wars qui ont été sélectionnés.
- Speaker #0
C'est la série de Star Wars à 15 minutes de notre projet en Tunisie, donc on a créé cet événement, c'était en 2014, en février 2014. Et voilà, on devait attendre, on disait 200, 300, 400 personnes. On a eu 10 000 personnes.
- Speaker #1
Pour la première édition,
- Speaker #0
10 000 personnes. Ça a été monstrueux. C'était un peu le Woodstock tunisien. C'est pour ça que ça a marqué les esprits en Tunisie. Toute la Tunisie entière est venue. Toute la jeunesse de Tunis, de Sousse, de partout. Il y a des bouchons de Tunis jusqu'à Nefta. Les magasins dévalisés, les hôtels, plus une chambre. Tout le monde louait sa maison, les particuliers. Donc ça a été un... Un succès énormissime. Il y avait aussi à l'époque la ministre du tourisme Amel Karboul, qui était un peu une star en Tunisie, qui incarnait cette nouvelle Tunisie qui voulait sortir de Ben Ali, de la révolution, de l'islamisme. Elle était venue, elle avait fait un discours. Jacques Lang, notre parrain du festival, je tiens à le signaler. Il est venu aussi. Ministre de la Culture, l'ambassadeur de France. Tout le monde était là, plus d'une très belle programmation musicale. La Cid Arab, Pachanga Boys, il y avait déjà à l'époque des très beaux noms. Et donc, ce festival a eu un impact très fort dans la région. Ça a fait redécouvrir la région aux Tunisiens, et notamment la jeunesse tunisienne qui ne connaissait pas son pays, qui partait plus facilement à Nice que dans le Sud. Donc, ils ont découvert la Tunisie, l'intérieur, les oasis. Et donc, ça a eu vraiment un impact sympathique.
- Speaker #1
Il faut dire, la Tunisie que je connais un peu, c'est vrai que c'est très particulier. On a une... Le Tunis, c'est le cas en France aussi, on a vraiment Paris et le reste de la France. Le Tunis et le reste du pays, c'est vraiment très marquant, avec une jeunesse pas toujours aisée, mais une bourgeoisie tunisoise qui connaissait pas tellement le chantier à l'époque. Et tu as contribué à les faire sortir. Et c'est vrai que des lieux comme Dardiafa, dont tu parlais tout à l'heure, ou des initiatives... comme celle de Mehdi Benchek qui est un galeriste franco-tunisien qui a fait venir des street artists dans le sud tunisien. Tout ça, ça a dynamisé et ça a changé l'image du sud de la Tunisie.
- Speaker #0
Exactement. Donc, c'est pour ça, je reviens en arrière, c'est pour ça que le Hymatic, c'était un appel en apathie. Donc, on a été obligé de céder le HI matic. Grand regret, ce qu'on ne pouvait pas gérer avec Philippe. On n'était pas un groupe. Donc, on avait le Hi hotel, la Hi-Beach, le Dar Hi. On ne pouvait pas non plus...
- Speaker #1
Donc, à ce moment-là, tu avais Nice, Paris, Nefta. Et la révolution en Tunisie, l'investissement qui était compliqué à rentabiliser.
- Speaker #0
Donc, il a fallu sacrifier Paris, qui était le moins dans notre logique de développement. Et on n'arrivait pas non plus à trouver des investisseurs pour développer la chaîne. Donc, on s'est dit, on va céder. On a fait une belle affaire quand même. On a cédé un hôtel à un groupe Elegantia, qui s'appelle Elegantia, qui n'a pas gardé le concept. Malheureusement, il a fait des travaux.
- Speaker #1
Il a fait un Ibis, non ? Non,
- Speaker #0
il a fait un Esquio Hotel, en face de chez Septim aujourd'hui. Ah oui,
- Speaker #1
d'accord. Si vous pouvez voir.
- Speaker #0
Donc voilà, on a...
- Speaker #1
Si on revient au design et de Nefta, donc du Dar-Hi, Dar voulant dire maison en tunisien, en arabe. Comment, le concept qu'elle a développé là-bas, il est, j'imagine, il y a une adaptation locale, elle s'est adaptée aux matériaux locaux. Comment elle a travaillé ?
- Speaker #0
Alors le projet de départ, le brief de départ, c'était de faire un hôtel retraite comme un ashram, en fait. C'était vraiment notre idée. S'installer dans le désert, c'est pour moi quelque chose de méditatif. Donc il fallait aller vers l'ashram et avoir un engagement aussi écologique et faire du tourisme durable. Donc les deux points principaux, c'était de ne faire aucune importation. Donc ça, c'était le brief que Matali avait et on s'est donné ensemble d'ailleurs. Ne pas emporter des choses et travailler qu'en local, avec des matériaux locaux. Le bois de palmier, à l'époque la chaux de Tela qui était une chaux locale. On avait du marbre de Foussana qui était du marbre local. On s'est dit, tout le projet... doit se faire uniquement, et c'est ce qu'on a tenu comme cahier des chartes. Donc ça, c'est un fait très important. Donc après, Matali a aussi beaucoup visité la région. Et donc, on s'est inspiré de ce qui existait dans la région. C'est important de vivre de son environnement proche. T'as l'heure, on parlait de Star Wars. Star Wars a eu une influence aussi dans le côté un peu... d'une autre planète, quelque chose d'un peu futuriste. Et donc, Matali s'est emparé aussi de cette inspiration futuriste de Tar Wars, l'a mélangé avec des matériaux locaux et avec aussi la typologie des maisons arabes, puisqu'on est quand même dans un quartier arabe, on ne s'est pas installé dans une zone industrielle. Donc, la maison arabe, c'est ce qu'on appelle un houch, et c'est aussi avec un patio central. Donc, Matali a pris tous ces éléments, patio central. matériaux locaux et inspirations Star Wars futuristes pour créer quelque chose, un ovni dans le paysage de l'hôtellerie. C'est quelque chose qui ressemble à rien. Ce sont des... comme un petit village sur pilotis qui regarde... Chacun des pilotis regarde la corbeille, l'oasis.
- Speaker #1
Donc en contrebas, on a une nappe, une oasis de palmiers.
- Speaker #0
En contrebas, à 30 mètres plus bas. Donc on est vraiment en hauteur et à contrebas, on a le village biblique de Nefta avec ses minarets, ses coupoles, ce que Nefta est la patrie du soufisme en Tunisie. Et la deuxième ville sainte après Kerouan. Et donc ce lieu qu'a créé Matali, cette architecture verniculaire que Matali a créée est improbable puisqu'elle ne ressemble à rien. Des pilotis, pas un à la même hauteur, pas un orienté de la même façon. Mais ces pilotis en béton et en chaux sont des observatoires, on va dire, sur une vue exceptionnelle qui, pour moi, est l'une des plus belles vues de Tunisie. Puisqu'elle voit loin, elle voit le grand lac Salé du chot el jerid, elle voit les oasis au loin, elle voit la première oasis à 30 mètres plus bas. tous ces minarets. Donc, c'est vraiment un paysage exceptionnel.
- Speaker #1
Et c'est des volumes très atypiques, effectivement, alors qu'ils s'inspirent de l'architecture vernaculaire tunisienne. Je ne vais pas dire cubique, mais des volumes à pans coupés. C'est ça qui m'avait frappé. C'est ça.
- Speaker #0
Les pilotis ? Oui. C'est plutôt des toits plats.
- Speaker #1
Oui, mais il n'y a pas les angles qui ne sont pas...
- Speaker #0
Les angles, oui, effectivement. C'est des toits plats avec des angles coupés pour justement... Privilégier aussi l'introduction de boîtes palmier qui permettent aussi l'évacuation des eaux. Donc Nathalie a beaucoup travaillé aussi. Avec des inspirations d'un architecte qui s'appelait André Ravreau, qui a vécu beaucoup en Algérie, qui a fait beaucoup de projets. Je ne sais plus les dates encore, mais il faut vraiment regarder ces travaux. Et Hassan Fatih, un Égyptien aussi, qui a beaucoup travaillé sur la terre. Tout a été travaillé dans ce sens-là. Comment faire le plus écologique, le plus... adapté pour les pays chauds. Donc, Matali a pris le parti pris de créer la terrasse sous le pilotis. en général la terrasse se monte en haut pour voir la vue mais là on l'a descendue Matali a descendu la terrasse sous le pilotis pour créer de l'ombre parce que le souci principal c'était de créer de l'ombre dans un pays très chaud comme une préoccupation à l'époque de Le Corbusier quand il faisait la maison du soleil à Carthage qu'on a redécouvert il n'y a pas longtemps après c'était l'idée aussi de de Je ne sais plus. Voilà, j'ai un peu.
- Speaker #1
Alors si, il y a un peu de...
- Speaker #0
On pense à quelque chose et j'avais une autre idée en tête, je ne l'ai plus.
- Speaker #1
Chose frappante aussi à Dar hi, c'est l'importance de la cuisine.
- Speaker #0
Oui, la cuisine.
- Speaker #1
Je te relance et ça me permet aussi de te lancer sur le projet assez récent. Tu as sorti un bouquin, vous avez sorti un bouquin sur la cuisine.
- Speaker #0
On n'arrête pas,
- Speaker #1
comme tu vois. Donc la cuisine, hyper important dans cet esprit de... de retraite, on y va pour s'y sentir bien, pour méditer peut-être, pour se reposer, pour faire du yoga, je ne sais quoi, écouter de la musique, mais aussi bien manger.
- Speaker #0
Bien manger. Bien manger, voilà, ça, ça fait partie. Tout à l'heure, on parlait de mon enfance et de mon origine, de mes inspirations. C'est vrai que l'enfance, la cuisine, c'est quelque chose de très important. Ma mère espagnole qui cuisinait très bien, mon père aussi qui cuinait très bien. Donc j'ai été baigné dans cette cuisine. La cuisine, après Château de la Tremblay, c'est moi qui crée les cartes à l'époque dans un contexte plutôt classique de maison bourgeoise. Et ensuite, quand on a fait Nice, on voulait arrêter la cuisine, puisque c'était quelque chose de très, très difficile de faire un restaurant. C'est très compliqué et très générateur de temps. Donc, on avait créé un concept de petit bocaux bio avec le chef Alain Lohan. Lorca, qui à l'époque était le chef du Negresco et le traiteur Ediard, mais on avait dit, on veut du bio. Ils étaient fous, mais on leur a imposé le bio. Et même à Nice, les gens nous prenaient pour des fous. Comment un hôtel 4 étoiles peut faire que du bio dans les petites vérines ? Aujourd'hui, on... ils pourraient revoir leur copie parce que c'est vrai que c'est devenu vraiment un peu la tendance. Donc, quand on est arrivé en Tunisie, c'était plus facile quand même à Nefta de faire un restaurant. Et plutôt que de faire un restaurant international, on a décidé de faire appel aux cuisinières locales. Tout le staff est bien sûr dans un tourisme durable et engagé et local du village. Et on a choisi une cuisinière nagea qui ne savait cuisiner que des produits de proximité et que des recettes de chez elle. c'est une cuisine nomade inspiré de l'Afrique et du nomadisme, mais c'est quand même très traditionnel de plats tunisiens. Donc on a décidé de travailler avec Naja, mais toujours avant-gardiste, on a proposé à notre ami Frédéric Grasset-Armé, qui était ancienne cuisinière d'Alain Ducasse. La rencontre du début,
- Speaker #1
de l'origine de la rencontre avec Matali, d'ailleurs.
- Speaker #0
Voilà, exactement. Donc Frédéric nous suit depuis toujours. depuis Nice, une amie intime qui nous a toujours conseillé, nous a appris le goût, aussi le goût affirmé, le goût différent, le goût de l'expérience. Et donc là, elle est venue régulièrement montrer à Naja comment, pas comment faire de la cuisine, mais comment peut-être mieux cuisiner les plats avec plus de sens, avec plus de technique. Ne pas faire cuire des plats pendant toute une journée. Peut-être qu'il y a des méthodes à la cocotte minute pour le faire. hum hum euh utiliser des produits pas trop utilisés dans la cuisine, comme la datte en Tunisie, pour faire des plats. Ça existe beaucoup au Maroc, mais en Tunisie, les tagines poulet et dattes, ça n'existe pas. Donc voilà, pendant dix ans, Frédéric a montré à Najat comment optimiser. Aujourd'hui, Najat est vraiment une cuisinière hors pair qui suit cette trace de Frédéric et avec son savoir-faire très ancestral. Donc voilà, on a décidé pour les dix ans du dary de faire un livre la cuisine de l'oasis aux éditions aux éditions du cherche midi pour nous c'était à l'époque en sortie de coville n'était pas on voulait pas vraiment faire trop de deux soirées ou des vénements pour certains se débattient on va faire un livre de cuisine parce que la meilleure des choses en avis aujourd'hui le livre de cuisine C'est un ambassadeur formidable. pour promouvoir une destination. Un pays, comme les livres d'Otolenghi. C'est le raz-de-marée, nous on n'a pas cette prétention, mais en tout cas ça a été un très beau moment de développer, de créer ce livre et de le promotionner un peu partout. On a fait une super soirée à l'Institut, à la journée, à l'Institut du Monde Arabe, râce à Jack Lang qui nous avait offert l'espace pour faire un marché de l'oasis. On avait planté notre tente et notre sou avec des chefs qui étaient présents aussi dans le livre que... Nordin Labiad, qui est à mi-chemin à Paris, qui fait un très bon couscous. Ou Youssef Gasly, plume, à Paris aussi, qui sont dans le livre. Donc voilà, un livre, c'est super, parce que ça fait des échanges, ça fait des croisements, ça fait de la promotion. Oui,
- Speaker #1
et puis c'est toujours de l'expérience, du bonheur. Oui, et c'est un relais de notoriété aussi.
- Speaker #0
Et c'est le Matali qui avait designé aussi le livre.
- Speaker #1
Ah oui,
- Speaker #0
d'accord. Alors,
- Speaker #1
on va parler maintenant de votre projet du moment. Alors, vous avez toujours d'Ari. Bon les dunes électroniques C'est un peu en suspens Vous allez reprendre peut-être un jour on espère Peut-être Il y en a eu quoi 4 éditions ? 3 trois éditions toujours avec un grand grand succès bon le Covid a un peu calmé malheureusement tout ça et donc là projet retour en France dans le Luberon exact avec la ferme cette fois hybride donc hibride H-I hibride
- Speaker #0
voilà donc on a eu le HI-Hotel le HI-Matic le HI-Beach le Dar-Hi et forcément il fallait finir en beauté je pense que voilà finir en beauté je pense ouais parce que finir le développement du HI parce que l'HI qu'il arrête à un moment donné. On n'est plus tout jeunes. Et je pense qu'on a fait le tour de la question. On a fait un hôtel à la plage. On a fait un hôtel en ville. On a fait un hôtel dans le désert. Et là, c'était l'idée de faire un hôtel à la campagne, dans le vert. Je pense que la boucle est bouclée. Le domaine de la ferme hybride, on a rajouté domaine, puisqu'on fait du vin aussi. Le domaine de la ferme hybride nous permet de rassembler tout ce qu'on a créé depuis toujours. On a bien évidemment Matel et Crassé aux commandes pour tout ce qui est design, conception. C'est devenu d'un lieu complètement abandonné depuis 20 ans. C'est devenu un petit monastère, comme l'a dit récemment Côté Sud, on avait un très bel article dans Côté Sud, un monastère des temps modernes.
- Speaker #1
C'est une ferme médiévale, je crois ?
- Speaker #0
C'est une ferme du XIIe siècle, avec une tour du XIIe siècle et des étapes.
- Speaker #1
Perchée sur une petite colline ?
- Speaker #0
Perchis sur une colline. vue sur le Luberon, 20 hectares, des vignes, 6,5 hectares de vignes. On a 9 hectares de bois, ce qui nous permet aussi de faire des choses dans la forêt. Donc là,
- Speaker #1
vous aviez ce projet dans ce coin-là ou c'est encore le hasard des rencontres ?
- Speaker #0
C'est le hasard, en fait, de la fin du Yotel qui nous a un peu désenchantés.
- Speaker #1
Oui, parce qu'on n'en a pas parlé. Le Yotel à Nice, vous aviez décidé de céder.
- Speaker #0
On a décidé de céder après 15 ans. Voilà, c'était le moment. De toute façon, comme je disais tout à l'heure, on n'est pas nostalgique. Quand il faut céder, on passe à autre chose, notre aventure. On avait toujours la Tunisie, donc pour nous, c'était notre petit bébé. Bien évidemment, on voulait se reposer après ça, mais non. Le repos n'existe pas pour nous, et donc on a décidé de mettre, en fait, on avait récupéré tout le mobilier, justement, design, créé sur mesure par Mateli pour l'HI-MATIC. On a récupéré tout l'hôtel HIMATIC et une partie du hôtel e-hôtel. On avait beaucoup Merci. beaucoup, beaucoup de mobilier.
- Speaker #1
Ce qui est important, c'est de préciser que dans le monde de l'hôtellerie, parfois, c'est en train de changer, heureusement, mais parfois, le mobilier est tellement conçu pour un lieu que c'est devenu presque de l'agencement. Et on peut difficilement le démonter. C'est pas tellement éco-responsable. Dans les hôtels de chaîne, les grandes enseignes sont en train de revenir là-dessus parce qu'elles veulent des lieux réversibles. C'est une très bonne nouvelle. Donc elles font des cheveux Parce qu'avant les têtes de Liban c'était fort forcément accrochés au mur, les chevets aussi. On était dans l'industrialisation. Là, la conception de vos lieux justement permettait la réversibilité et de partir avec des objets et leur donner une seconde vie. Ça, c'est quand même génial.
- Speaker #0
C'est ce qu'on a fait puisque le lieu, le Yotel n'est plus devenu un HI hotel. C'est devenu un hôtel amour aujourd'hui. Et donc, on a récupéré la majorité du mobilier et qu'on a voulu réimplanter au départ dans une petite maison, une petite bicoque dans la campagne. Et finalement, on s'est retrouvé avec un stock, un domaine exceptionnel, ameublé. Et donc, on a quasiment tout réutilisé. Et donc, voilà, ce qui est intéressant au domaine de la ferme, c'est qu'on est vraiment dans le réemploi. Et Matali, on n'a pas simplement posé l'immobilier comme ça. Mathalie a réinventé des chambres. en adaptant ce mobilier, en y créant aussi des œuvres sur les murs, comme des wall paintings, qui permettent aussi d'avoir dans chaque chambre une thématique différente, une inspiration différente. Voilà, donc un lieu qui aujourd'hui s'appelle la ferme hybride. Pourquoi ? Parce qu'il est hybride. Il est en même temps très contemporain. On va dire que ça retrace toute l'aventure des 25 ans qu'on a créé avec Matali. Il y a du Matali partout. et avec grand plaisir et en même temps c'est très dans la tradition parce que c'est une tour du XIIe et ça plaît beaucoup ça aujourd'hui ce côté les deux époques en une ce qui est frappant dans l'architecture intérieure je ne suis pas allé à la ferme hybride mais les
- Speaker #1
photos de la façade on voit très bien le l'âge de ce lieu, donc on a 800 ans, 900 ans bientôt, et puis les ouvertures très contemporaines qui font entrer de la lumière, mais qui reprennent, moi ça m'a fait penser aux angles coupés de... d'art. Oui,
- Speaker #0
bien sûr.
- Speaker #1
Les ouvertures, il y en a 3 ou 4, je pense. Oui, 3. C'est très intéressant.
- Speaker #0
C'est très atypique, c'est très intéressant et c'est là où on reconnaît aussi le génie de Matt Ali, encore une fois, avec mon... Ce n'est pas facile non plus de faire ces arches en béton comme ça. Il a fallu des entreprises exceptionnelles, notamment une que je vais citer parce que ça lui fera plaisir. L'entreprise Batik à Roussillon, qui était une entreprise de béton, de grosse œuvre qui a créé ce lieu. C'est vraiment incroyable parce qu'ils ont vraiment réussi à transcrire ce que voulait Matali. C'est un petit détail qui paraît très compliqué à faire, mais qui change la face complètement du lieu. d'une étable
- Speaker #1
C'est devenu un ovni.
- Speaker #0
Un ovni, voilà. Un hybride. Donc, ce lieu est hybride aussi parce qu'on fait du vin et qu'on fait de l'hébergement. Notre hébergement, c'est un savoir-faire qu'on a en nous et qu'on ne lâche pas. On a voulu acheter ce domaine pour justement essayer de pousser un peu notre expérience dans le vin. C'est toujours comme un livre. Le vin, c'est un ambassadeur. On ne fait pas autre chose. Nous, pour l'instant, on ne se connaît pas viticulteur dans l'âme. mais c'est un ambassadeur qui va nous permettre de faire connaître aussi notre ferme hybride.
- Speaker #1
C'était des vignes existantes du domaine existait, avec une appellation ?
- Speaker #0
AOP Luberon. On est tout de suite, notre engagement, à transformer le lieu en éco, certes. Trois ans de conversion pour transformer un terroir qui était soumis à des produits chimiques. Trois ans après, on est devenu maintenant bio, tout est bio. On a 200 oliviers et 200 qui sont en train d'être plantés. On a des ruches. on a un potager en permaculture On travaille avec des gens du coin. Et on a voulu faire, comme à Nice, c'était une plateforme ouverte sur l'expérience extérieure, sur la ville arson, sur les artistes. Le domaine de la ferme hybride, c'est plutôt une plateforme ou un hub rural qui permet d'accueillir en son sein tous les gens autour de nous. On parle de locavore, mais c'est plus que ça. C'est des gens qui font des choses atypiques. Que ce soit, on travaille avec une apicultrice pour le miel, on travaille avec un permaculteur, on travaille avec des viticulteurs. On fait venir à nous. Et depuis peu, on s'y fait venir à nous des thérapeutes. OK. Puisqu'on a décidé d'en faire aussi un lieu de vie autour du bien-être et du développement personnel. L'année dernière, on a fait par exemple un mini festival qui s'appelait ISOP et qui a permis d'accueillir 20 thérapeutes de la région qui se sont installés un peu partout dans le domaine, sous les arbres, dans les oliviers, dans les vignes, dans la forêt. Ils pratiquaient leur thérapie, les massages, la flexologie, du shiatsu. C'est un lieu qui va aussi à terme, c'est pour ça que j'aime bien l'idée d'un monastère des temps modernes. c'est un lieu qui doit venir aussi pour... il doit exister pour pour accueillir des gens qui viennent qui veulent s'extraire se poser, travailler en même temps peut-être c'est un lieu on peut travailler, se reposer et s'ouvrir aussi bien manger, bien boire et s'amuser aussi puisqu'on a aussi cette salle on a une salle, on va pas lâcher la musique bah oui j'allais en reparler on a une salle événementielle qui nous permet d'accueillir déjà des DJ résidences internationales d'artistes.
- Speaker #1
Et en quoi ce projet reflète un peu l'évolution de ta vision, je ne sais pas s'il y en a une d'ailleurs, votre vision, à vous trois, de l'hospitalité ?
- Speaker #0
Ce lieu, il est, comme je disais tout à l'heure, c'est un résumé de tout ce qu'on a fait avec Matali. Toutes les facettes sont là, réunies. En plus, il y a la facette qu'on avait développée au château, la vieille pierre. que Philippe aime bien quand même. Il aime bien les vieilles pierres. Donc, les vieilles pierres unies au design, c'est chaleureux, en même temps avant-gardiste, donc ça nous correspond bien. Ça permet tous les possibles. Ce lieu, à la différence d'une ville à Nice, c'était difficile de faire de la musique, c'est difficile de... Oui, là, vous n'embêtez pas les voisins. On n'embête pas les voisins, on peut faire de l'agriculture, de la permaculture, tout est possible, le champ des possibles. est ouvert et on veut l'ouvrir aussi aux gens qui vont venir nous visiter.
- Speaker #1
Vous avez combien de chambres ?
- Speaker #0
On a 20 chambres. Ok,
- Speaker #1
donc taille humaine.
- Speaker #0
Taille humaine. On a plusieurs modules de chambres. On a des chambres dans la tour. On a des maisons qui sont indépendantes, qui permettent aussi d'accueillir des familles. On a aussi trois écologes. Toujours dans le tourisme durable et local, c'est important de développer aussi ce genre d'habitat. Peut-être qu'un jour, on aura des tentes. Je pense que c'est bien hybride dans le sens où on peut loger de plusieurs manières différentes, à la différence d'un hôtel classique.
- Speaker #1
D'ailleurs, vous sortez vraiment depuis toujours du cadre hôtelier classique. Vraiment, toujours, toujours, toujours. Peut-être que la Tremblay, c'était peut-être le plus classique de tous.
- Speaker #0
Oui, oui, c'était classique.
- Speaker #1
Quand tu vas en vacances, parce que tu voyages quand même, tu vas où alors ? Parce que tu vas avoir du mal à trouver des lieux.
- Speaker #0
C'est très difficile. Ah non, c'est vrai que depuis qu'on a créé le Yotel, À l'époque, au Yotel, on avait... On faisait des échanges, c'est très bien, avec des hôteliers, je repérais dans le monde des hôtels qui me fascinaient, qui me donnaient envie de voyager. Mais c'est vrai qu'en ce moment, on ne voyage pas beaucoup, parce qu'on travaille pas mal. Mais c'est assez rare aujourd'hui, et c'est vrai que ça m'ennuie un peu.
- Speaker #1
Il n'y a pas un lieu où tu te dis, ils ont mis la barre très haut ?
- Speaker #0
En fait, je n'aime pas les hôtels de luxe, parce que même si on aime tous se mettre au bord d'une piscine, avoir des beaux trucs autour de nous, J'aime bien à chaque fois apprendre quelque chose quand je vais dans un hôtel. À l'époque, je sais que j'allais souvent au Lloyd à Amsterdam. C'est un hôtel très design qui a été fait par un collectif de rock design qui était très intéressant, ce lieu.
- Speaker #1
C'est dans une ancienne école ou hôpital psychiatrique ?
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Ce genre d'hôtel, c'est des hôtels qui me plaisent beaucoup. Aujourd'hui, je suis plus allé dans des hôtels où je vais me poser plus qu'en un monastère. Il y a eu des lieux où on va faire des jeûnes, des lieux en Inde où on va faire des ashrams. J'avais été à l'époque à un hôtel d'une à Pondichéry. Ce genre d'hôtel m'attirait parce qu'il avait été fait par des artistes. Quand il y a un artiste qui intervient, quand il y a du bien-être. et que malgré tout, il est bien situé.
- Speaker #1
Le lieu, oui.
- Speaker #0
Voilà, c'est ce genre de lieu qui m'attire. Et c'est aujourd'hui, dans cette mondialisation, c'est soit très boutique-hôtel, soit très conceptuel. J'ai du mal, mais bon.
- Speaker #1
connais j'imagine le habitat les abris j'allais au yéna à al oula ouais voilà tu allais ouais alors moi je suis je pense à je ne rêve que de cet endroit depuis qu'ils allaient deux ans d'accord non et demi alors c'est très luxueuse très cher c'est c'est mais mais d'abord le fait que son en Arabie Saoudite. Donc c'est une terre de contraste. à tout niveau, économique, religieux, culturel. C'est stupéfiant. L'énergie que le pays met à changer son image. Alors, il y a encore énormément de choses à faire. Pas que pour l'image, mais aussi pour les droits, la liberté, etc. Mais ils avancent très, très vite. Et ce lieu, Habitas, qui, je crois, fait partie maintenant du groupe Ennismore, donc plus ou moins lié à Accor, donc ça y est, c'est parti. Ils sont en train de...
- Speaker #0
Ils sont en Mexique et tout ça, en Maroc.
- Speaker #1
dns le désert d'Agafay, ils en ont... Ils en ont, je crois, au Koweït aussi. Enfin bon, il y en a beaucoup.
- Speaker #0
C'est un groupe français ? Non. Oui,
- Speaker #1
en fait, non. Le groupe n'est pas français. Ils sont à capitaux, je vais te dire des bêtises, mais ils ont été rachetés. Il y a un accord capitaliste depuis quelques mois avec Enismore qui a aussi Paris Society, un groupe français, l'abbaye des Vaux-de-Cernay. Ça fait partie de ce gros truc et c'est donc ACCOR. Maintenant, indirectement. peut-être pas en totalité mais mais en grosse partie mais en tout cas ce lieu ALULA Habitas Al Ula, moi j'étais allé à celui de du mexique aussi peut-être plusieurs mexique mais j'en ai fait un au mexique c'est un lieu d'expérience exceptionnel le lieu contribue beaucoup on est dans une au fond d'une vallée rocheuse rouge incroyable tu es allé toi non non je suis allé Arabie saoudite et d'ailleurs on est en contact avec alula avant pour éventuellement un jour mais Mais voilà.
- Speaker #0
Faire un truc là-bas.
- Speaker #1
Oui, c'est un type. agrotourisme c'est un lieu dingue et la région est justement hyper inspirante et Je ne sais pas ce que ça va devenir. J'espère que ça va rester comme ça va évoluer, mais que ça va rester quand même un lieu aussi magique que ça l'est aujourd'hui. Je suis allé il y a deux ans, un an et demi, il y avait deux hôtels. Donc il y avait Habitas et Banyan Tree juste à côté qui font aujourd'hui. partie du même groupe toujours. C'est là l'implication française à Al ula elle est importante. effectivement il AF Alula, On a etc cette salle de concert incroyable enfin bon voilà c'est vrai que moi je me suis Je m'attendais à ce que tu me parles d'habitas.
- Speaker #0
J'ai failli, oui.
- Speaker #1
Mais voilà, pour moi, ça fait partie des lieux dingues. Bon, génial. Merci beaucoup. On avance un peu. Alors, d'une manière générale, et on a commencé à en parler, tes réflexions sur l'hospitalité, sur le design. Le design, il est... Est-ce que depuis toujours, tu savais que ça allait être central dans ton parcours, dans les lieux que tu imaginais ? Parce que j'ai l'impression que la rencontre avec Mathalie a été... déclencheuse d'énormément de choses. Si ça n'avait pas été Matali, ça aurait été sans doute quelqu'un d'autre. Ou tu penses que vraiment, si on ne l'avait pas rencontré, on aurait peut-être fait des lieux super, mais peut-être pas...
- Speaker #0
On aurait fait des lieux design. En tout cas, notre design à nous, c'est vrai qu'on s'intéressait sans rien connaître au design. On a tout de suite eu une affection, en tout cas, à regarder Philippe Starck, tous les projets de Starck nous intéressaient. Donc déjà, ça veut quand même dire Merci. Donc, on était intéressés. On avait à l'époque les magasins comme Conran Shop. C'était un peu notre référence. Donc, on préfère aller chez Conran Shop que chez…
- Speaker #1
Conforama.
- Speaker #0
Conforama, oui, exactement. Et en fait, ce qui est curieux d'ailleurs, pour revenir à Conran Shop, c'est qu'à l'époque, on avait acheté, on était jeunes étudiants au début de notre carrière, on avait acheté un objet chez Conran Shop, qui était une petite radio.
- Speaker #1
Ok de Philippe Starck la petite radio ici
- Speaker #0
Sound Paris qui était signée Matali Crasset et sans le savoir quelques années après on ne savait même pas que cette radio c'est qu'on a connu Mattel et Grasset on s'est aperçu que finalement cette radio était faite par Matali Crasset Comme quoi, il n'y a pas de hasard. Oui, ça devait se faire. Voilà, et comme tout à l'heure, tu me parlais d'un objet que je devais... Je pense que ce serait peut-être l'objet que...
- Speaker #1
Que tu garderais.
- Speaker #0
Que j'ai maintenant à l'intérieur. C'est peut-être l'objet que je garderais, cette petite radio qui est rose. il y avait une bleue et une rose et cette radio cet objet a toujours été là Et en fait, c'est cet objet qui nous a connectés aussi, sans le savoir, au design et à Matali Crasset. Comme quoi, des fois, on peut acheter un petit objet. Voilà, même pour la jeunesse qui nous écoute. Intéresser aux choses, c'est toujours intéressant. Et on peut commencer par des petites choses. et après grandir dans ce domaine-là.
- Speaker #1
Alors moi, c'est marrant parce que ça me refait penser au premier objet. Je me suis dit, quel est le premier objet de design qui m'a peut-être donné envie d'aller plus loin dans ce domaine-là ? Et c'est, je me rappelle très, très bien, à 18 ans, 19 ans, je pars faire mes études à l'étranger et mes parents me disent, il faut que tu t'achètes un réveil. À l'époque, on n'avait pas les smartphones pour se réveiller. Et je m'achète un réveil, je me rappelle très, très bien. Moi, je viens de Dijon, je vais aux Galaries Lafayette, galerie d'accord rayon réveil je me dis putain qu'est ce que c'est moche parce que c'est moche et là je vois un truc je dis c'est beau ça c'est très simple c'est le moins cher en plus je le prends alors attend le nom du design c'est braun le nom d'un designer putain ultra connu m'échappe donc je vais le chercher tout de suite c'est un designer allemand et ce et se réveille je l'ai toujours et il marche toujours d'ailleurs je n'utilise plus trop comme un vrai avantage comme objet. Il faut le garder en réfectoire. Mais tu vas voir, tu vas dire mais oui bien sûr. cherche en parallèle e designer : C'est Dieter Rams. c'est des objets qui ont inspiré des générations designer mais oui d'accord et on est dans les trucs parce qu'il inspiré Donc c'est dingue. Je mettrai les liens, d'ailleurs, dans les notes de l'épisode.
- Speaker #0
Oui, c'est important de mettre.
- Speaker #1
C'est hyper inspirant. Donc cet objet, moi, si je vais garder un objet, ça serait celui-là.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #1
Bon, super. Tu ne vas pas me faire croire que vous allez vous arrêter là, quand même ?
- Speaker #0
Non. J'imagine, mais en fait, il y a d'autres vies après lui. Il n'y a pas que lui, il n'y a pas que le design. On peut imaginer d'autres choses.
- Speaker #1
Mais vous vivez là-bas ? Oui. Ok, donc vraiment, quand vous montrez un projet, vous y êtes.
- Speaker #0
Oui, avant, on ne vivait pas dans nos lieux, mais là, on vit là-bas puisque c'est vraiment un choix de vie. C'est la préretraite. Philippe aussi vit là-bas ? Philippe aussi, bien sûr.
- Speaker #1
Et Matali, elle vient très souvent ?
- Speaker #0
Matali vient en résidence avec Francis, son compagnon. Souvent en résidence. Et voilà. Pas assez souvent qu'on le voudrait, parce qu'elle a beaucoup d'occupation, elle fait beaucoup de choses. dans le monde entier, plein de projets qu'elle mène par elle-même puisque c'est Matali Crasset n'est pas un bureau avec 3000 personnes qui travaillent. Tous les projets qu'elle développe ont développé très personnel. inspiré il n'utilise pas toute une une batterie d'assistant c'est une autre façon de travailler je pense que d'autres designers qui font beaucoup de projets,
- Speaker #1
beaucoup de productions très très à part si tu pouvais créer un projet sans aucune contrainte ni financière ni matérielle t'aimerais concevoir quoi ? pas forcément un lieu mais t'aimerais
- Speaker #0
Tu ferais quoi ? Recevoir dans la petite cabane de massage. Faire de la thérapie. J'aimerais bien. Un peu de magnétisme, des choses comme ça. Ok. J'aimerais bien peut-être.
- Speaker #1
Je ne m'attendais pas à ça.
- Speaker #0
On revient à l'essentiel. C'est vrai que j'ai quand même cette envie de revenir un jour à l'essentiel. L'essentiel d'être bien avec soi-même, d'avoir réfléchi à autre chose et de s'occuper, de donner du bien aux autres. Par de thérapie, par de l'échange et par du magnétisme, pourquoi pas.
- Speaker #1
Si tu avais dû... Si tu pouvais changer des choses dans le parcours que vous avez eu, tous les trois, c'est vraiment un trio.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Tu referais la même chose ? Il y a des choses que vous ne feriez pas ?
- Speaker #0
Non. Je pense que tout est bien parce que tout nous a amené une expérience. On a rencontré des centaines de gens grâce à ces projets. des gens, des visiteurs des entrepreneurs des artisans des menuisiers on a une vie exceptionnelle. En fait chaque projet c'était une nouvelle vie qui démarre, une branche dans des villes différentes, dans des pays différents, des gens différents. Même aujourd'hui par exemple quand je mets un pied en Tunisie, je mets ma casquette, mon habit tunisien,
- Speaker #1
j'oublie tout. D'ailleurs t'as une veste, un dengret.
- Speaker #0
C'est hallucinant ce qu'on a créé en 25 ans avec Philippe et Matali, c'est fou quoi. C'est des projets tous différents. une richesse, même si on aurait pu devenir, je pense, beaucoup plus fortuné si on avait fait des Formule 1 ou des chaînes, des hôtels de chaînes, mais c'est une richesse qu'on ne peut pas nous enlever. Donc c'est quelque chose qu'on a créé avec souvent des difficultés. Économiquement, ça n'a pas été non plus exceptionnel, mais on a toujours très bien réussi notre chemin. Mais c'est une richesse qu'on a en nous qu'on ne peut pas nous... nous enlever. Mais c'est pour ça que de finir dans un petit cabanon en train de faire des massages ou de la thérapie, ça ne me dérangerait pas du tout, puisque je pense qu'on a connu vraiment des grands projets,
- Speaker #1
des foules d'une électronique de dingo.
- Speaker #0
Des foules, quoi. Des rencontres.
- Speaker #1
Et vous avez d'ailleurs j'imagine des clients fidèles qui vous suivent, qui vont à Dari, qui vont maintenant à la ferme hybride, qui sont allés à Nice, qui sont allés à Paris.
- Speaker #0
Plein. Et qui arrivent par hasard, même des fois. Oh, pas pour... forcément, qui nous suivent et d'autres qui arrivent par hasard des fois au domaine de la ferme hybride et qui reconnaissent la patte des lieux. Matali, les couleurs, même sans savoir où ils sont arrivés, ils voient les couleurs de Matali, le design et après, voilà. Les lunettes,
- Speaker #1
c'est Matali ou pas ? J'étais sûr. Tout à l'heure, je me dis mais c'est pas possible.
- Speaker #0
Elle travaille pour une marque belge qui s'appelle Théo. Donc, chaque année, elle fait une collection et voilà. On est Matali jusqu'au bout des ans. et tout en gardant notre intimité aussi. On a gardé aussi notre personnalité. On ne s'est pas fait non plus absorber ce matériel non plus. On a une espèce de confiance mutuelle et en même temps, une réserve naturelle qui s'observe. On ne se tape pas sur l'épaule. Oui,
- Speaker #1
bien sûr.
- Speaker #0
On est très intime et on a gardé cette limite qu'il faut garder justement pour pouvoir continuer à développer tes projets et pour continuer à avoir un respect aussi. C'est génial. On arrive presque à la fin de notre échange. Merci vraiment, vraiment beaucoup, Patrick, pour ce voyage dans ton univers. Et avant de conclure, je pose toujours des questions un peu rituelles, qui sont presque toujours les mêmes. Donc, si tu devais garder qu'un objet, tu as presque répondu. Ça serait quoi, alors ?
- Speaker #1
Je l'ai gardé. C'est la petite radio. C'est la petite radio et cet objet aussi, qui est un petit bijou. Tiens, voilà. Je vais parler un petit hommage à notre ami Michele Monory qui est décédé il y a deux ans. Et qui, voilà, c'était son objet phare. On avait fait une collection de bijoux avec Mathalie et Michel. C'est Michel qui l'avait créé, qui s'appelait Le Buisson. Des objets d'artistes développés par... Michele Monnory à l'époque, qui avait convaincu des artistes de faire des bijoux.
- Speaker #0
D'accord, donc c'est un espèce de petit bonhomme avec une belle pierre.
- Speaker #1
Murzik & Morissot, ça s'appelait Le Buisson Paris. Et Matali avait fait, Théo Mercier, d'autres artistes. Et donc ça, c'est vrai que c'est un objet personnel, donc on peut l'emmener partout. Donc voilà, c'est un petit hommage à cette nouvelle.
- Speaker #0
La ravine de Michele Monory.
- Speaker #1
C'est une fan électronique de tous les projets qu'on faisait. C'était une très, très bonne amie. Donc voilà. Très bien. Ça serait... Voilà, ça c'est pas mal. On a eu droit à deux objets. Voilà, deux objets.
- Speaker #0
Si tu devais décrire l'hospitalité... tous les sens du terme. L'hôpital, en un mot, tu... C'est un peu compliqué, mais alors, qu'est-ce que tu dirais ?
- Speaker #1
Pouvoir ouvrir son frigidaire à tout moment, qui veut bien, quoi. Toutes les personnes qui arrivent chez nous. ouvrir son bar, son frigidaire et de pouvoir donner à manger et recevoir à table. Je pense que c'est un acte d'hospitalité assez généreux. Donc voilà, l'hospitalité, c'est la générosité de la table. et de l'accueil.
- Speaker #0
Ok. Qu'est-ce que tu donnerais comme conseil à quelqu'un qui veut se lancer dans l'hôtellerie, l'hospitalité, justement, l'accueil qui démarre, qui se dit, moi, je veux faire... viser des expériences aux autres, tu lui donnerais quoi comme conseil ?
- Speaker #1
Déjà, peut-être de voyager, de faire une belle veille, voir un petit peu tout ce qui existe dans le monde. Et toujours, je ne peux pas... sortir de ça, d'essayer de faire ce qui n'existe pas. Voilà. Et aujourd'hui, aller dans les valeurs qui, aujourd'hui, sont indispensables à notre planète. Donc, trouver des idées nouvelles dans des secteurs où on fait appel au social, au tourisme durable, à la nature, au vivant. Il y a encore des choses à...
- Speaker #0
Explorer.
- Speaker #1
A explorer autour du bien-être, du vivant, de la nature, de l'écologie. et de l'innovation quand même important pour s'en sortir et de trouver sa marque de fabrique, pour ne pas être comme les autres.
- Speaker #0
C'est quand même un dilemme énorme l'hospitalité je trouve, parce qu'on peut créer des lieux dingues, très vertueux, comme tu le fais ou tu essaies de le faire, mais en même temps il faut quand même y venir, il faut quand même se transporter, il faut quand même voyager et je parlais de ça avec une très bonne amie il y a quelques jours qui me dit c'est horrible, ma fille est le b... environnementale je la bruxelles ou du truc du genre et et moi mon travail me pousse à voyager prendre l'avion etc et du coup là ça fait un an je me suis dit je ne prends pas l'avion je ne bouge pas donc ça va être compliqué quand même pour
- Speaker #1
pour toi aussi de dire bah je vais revenir des gens du monde entier mais comment et donc je pense qu'il va falloir de plus en plus avec des lois locales locales locales sacré des petites oasis un peu partout dans le monde dans les villes chaque ville s'écrit sa petite oasis. et que chacun puisse voyager pas loin de chez lui. Ça va être indispensable et primordial. On le faisait avant.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai. On va y revenir. Et dernière question. Qui tu me conseillerais de recevoir ici ? Alors, on a Mathalie. Ça y est, j'espère qu'on l'aura. Mais qui tu me conseillerais de recevoir ici ?
- Speaker #1
Qui je conseillerais de recevoir ici ?
- Speaker #0
Ausha un tout petit peu du micro.
- Speaker #1
Excuse-moi. Dans quel domaine ?
- Speaker #0
Ça peut être dans le monde du design, un designer, un artiste, un hôtelier, un gain. un chef, un designer industriel, un patron de boîte, toujours dans ce domaine des arts créatifs et du design notamment, de l'architecture, un architecte, un passionné, un collectionneur.
- Speaker #1
C'est difficile à dire. Là, tu m'as fait la question piège. Parce que c'est vrai que je pensais à Mattel et Crassé. Après, ce sont des références.
- Speaker #0
Pas forcément quelqu'un de connu. Bon, écoute,
- Speaker #1
tu me... En fait, j'ai un bug. Moi, je pense que je suis resté sur ma taille. Je ne peux pas en sortir là.
- Speaker #0
Donc,
- Speaker #1
non seulement je te conseille, mais je vais tout faire pour essayer qu'elle vienne passer une heure et demie ici. Te rencontrer ici. C'est important, ça pourrait faire peut-être la suite et une autre vision qu'elle a. Pas que ça raconté, parce qu'elle a quand même sa propre...
- Speaker #0
Oui, elle a un parcours complet.
- Speaker #1
Mais notre parcours, il est quand même...
- Speaker #0
Très lié.
- Speaker #1
Très lié, quoi.
- Speaker #0
Génial. Génial. Merci beaucoup, Patrick. C'était vraiment passionnant. On se retrouve très bientôt, j'espère, à la ferme hi-bride, à Nefta ou ailleurs.
- Speaker #1
Inch'Allah.
- Speaker #0
Merci à Philippe, ton associé de très longue date.
- Speaker #1
Il est avec nous même s'il n'est pas là.
- Speaker #0
Exactement. Et puis merci, Matali, pour tout ça. On se retrouve très bientôt pour une nouvelle exploration du design, de l'architecture, de la... De l'entrepreneuriat aussi et de toutes les idées qui façonnent le monde et nous aident à mieux habiter le monde. A bientôt.