- Speaker #0
Souvent les gens quand ils pensent risque, ils pensent à soit on peut accepter, soit on peut éviter, soit on peut transférer. Maintenant en fait il y a d'autres manières de faire, qui parfois nécessitent d'ailleurs un petit peu moins de ressources pour les petites boîtes qui n'en ont pas. On parle beaucoup de cette notion de biais, c'est-à-dire que quand on construit tout seul, on a forcément nos biais personnels qui entrent en ligne de compte.
- Speaker #1
Ce que tu décris, c'est la vision qu'on adopte en fait pour sa boîte dans 10 ans, dans 20 ans, je pense. Et bienvenue dans cette nouvelle mini-série, la première 5 épisodes. express pour t'aider à faire la gif et t'émanciper en impactant toujours plus grand. Pour découvrir l'épisode intégral, rendez-vous dès maintenant sur YouTube. C'est parti pour un nouvel épisode. Salut Candice, ravi de te recevoir ici.
- Speaker #0
Merci Antoine, moi aussi ravi d'être là.
- Speaker #1
Candice, tu es experte en droit et finances, tu es analyse de risque et aujourd'hui au regard de ton expérience en tant qu'avocate, qu'ex de l'AMF, donc tu pourras peut-être nous... plus nous préciser ce que c'est. Et maintenant, d'analyse de risque, tu vas nous donner tes best practices pour aider à anticiper et gérer les risques dans son business. Pour commencer, est-ce que tu pourrais un petit peu te présenter ?
- Speaker #0
Alors oui, bien sûr. Du coup, voilà, c'est l'idée de dire que là, j'interviens au titre de mes expériences en tant qu'avocate, ex de l'AMF et de mon expérience bancaire et que je n'ai pas vocation à parler au nom du groupe qui m'emploie. Les idées que je vais développer, les propos que je vais tenir, ça n'engage que moi. Donc moi, j'ai commencé mes études par un double cursus en droit et en finance à l'ESSEC et à ASSAS. Après, je suis devenue avocate. Donc j'ai exercé quelques années dans un cabinet d'avocat d'affaires à Paris, avant de rejoindre l'autorité des marchés financiers. Donc l'autorité des marchés financiers, c'est quoi ? C'est le gendarme de la place pour tout ce qui a trait aux opérations de bourse. Donc là, j'étais en charge de tout ce qui était émission obligataire. Donc quand les acteurs de la place voulaient mettre des obligations et les commercialiser, du coup ils venaient nous voir et on regardait un petit peu avec eux leur prospectus, voir ce qu'ils mettaient dedans, voir si ça donnait bien une image fiable de la situation de l'entreprise et on les accompagnait pour toutes leurs questions. À côté de ça, c'est une autorité qui travaille sur du coup pas mal de groupes de travail aussi pour améliorer la réglementation, c'est assez large. Ça bouge pas mal aussi par rapport à ce qu'on pourrait croire pour une institution de cette taille-là. et une institution surtout avec une vocation publique. Donc, c'est assez dynamique comme environnement.
- Speaker #1
Quand tu dis ça bouge beaucoup, c'est dans quel sens l'innovation, un peu le shift vers tout ce qui est l'ESG et tout ça ?
- Speaker #0
Alors, moi, j'y étais il y a quelques années. Donc, sur ces sujets-là, c'était des sujets qui commençaient déjà à être pris en compte parce que c'est des sujets de place. Donc, bien évidemment, ça en tenait compte. Mais ce que je voulais dire, c'est qu'on peut avoir tendance à penser que les grosses institutions comme ça, historiques, elles sont un peu figées, alors qu'en fait, c'est assez dynamique. Effectivement, on réfléchit aux nouvelles problématiques de place, on réfléchit à mettre en place des nouvelles solutions. Et même dans le fonctionnement et les gens qui sont recrutés, il y a des populations assez jeunes, il y a des populations plus âgées, et ça donne un cadre justement qui est assez intéressant et assez riche.
- Speaker #1
Donc en fait, on s'adapte quand même à la réalité du monde externe, c'est ce que...
- Speaker #0
C'est une institution qui est ancrée dans son temps. Que j'aime beaucoup, je pense que ça s'entend. J'ai adoré mon passage là-bas, donc c'était vraiment très chouette. Après, du coup, moi, j'ai intégré un grand groupe bancaire, du coup, sur Strasbourg en 2018. J'ai commencé là-bas en tant que juriste sur tout ce qui avait trait au financement d'acquisition. C'est-à-dire quand une société veut acquérir des participations ou acquérir 100% des titres dans une autre société. En général, elle peut financer une partie, mais elle fait souvent appel à des partenaires bancaires. Et dans ce cadre-là, il y a une équipe qui gère ça dans la banque et qui se fait accompagner par des juristes qui sont en charge de la sécurisation risque des opérations d'un point de vue juridique. Donc, rédaction de tout ce qui est documents contractuels, conseils sur les opérations. Donc, je me suis occupée de ça pendant cinq ans. Avant, du coup, de passer sur mon poste actuel, qui est un poste d'analyste risque-engagement. Donc ça ne parle pas forcément à beaucoup de monde quand on le dit comme ça. On comprend qu'il y a une notion de risque, mais ce n'est pas forcément évident. Quand une société, en gros, vient voir une banque pour un prêt, le dossier fait l'objet d'une étude pour voir un petit peu s'il est possible de prêter, dans quelles conditions. Et justement, il y a des gens qui regardent un petit peu, qui font une analyse. Et je fais partie de ces personnes-là. Donc on regarde. Très schématiquement, parce que c'est un peu plus complexe, on regarde la capacité de l'entreprise à rembourser les sommes qui lui sont prêtées. Et ça, ça nécessite de faire finalement une analyse de risque de la situation de la société dans son ensemble.
- Speaker #1
De la société qui va être achetée.
- Speaker #0
Qui va emprunter. Qui va emprunter. Exactement. Ce sera une analyse de la situation financière, une analyse du management, une analyse du secteur aussi, parce que la situation de marché aussi peut influer.
- Speaker #1
Je me permets d'interrompre cet épisode pour vous présenter la mission d'Eres Podcast. Moi, c'est Marco. Et mon boulot, c'est d'aider les femmes et hommes à mission à porter leur impact au niveau supérieur. Ici, je reçois celles et ceux qui m'inspirent, entrepreneurs, bénévoles et salariés, me partagent leur mindset et meilleure stratégie pour grandir et accélérer le progrès. Pour ne rien perdre, abonne-toi sur YouTube ou en podcast et inscris-toi à la newsletter pour obtenir le récap dans ta boîte mail. Donc là, pour bien comprendre, on parle d'une société qui vient voir une banque pour racheter une autre société, c'est ça ?
- Speaker #0
Ça, c'était, pardon, excuse-moi, je suis peut-être allée un peu vite. Ça, c'était mon premier poste sur le financement d'acquisition. Là, ça peut être effectivement une société qui veut en racheter une autre et qui cherche un financement, mais ça peut être juste une société aussi qui cherche un prêt pour financer ses besoins. Voilà, exactement, c'est ça. Qui a besoin de fonds, qui a besoin de garanties dans son ensemble.
- Speaker #1
Et du coup, l'analyse que tu gères, c'est là-dessus en fait. C'est l'entreprise qui vient solliciter le financeur pour demander un prêt pour solliciter des fonds. Exactement Et du coup, là il y a une analyse de risque qui est faite On parle de quoi exactement ? Tu parlais de risque d'engagement Ça représente quoi dans le concret ces risques ?
- Speaker #0
Alors concrètement, c'est un petit peu ce que je disais Donc le risque financier, quelle est la situation financière de l'entreprise Si on est sur un secteur qui est impacté par la conjoncture Ou par certaines problématiques de place ou géopolitique tout ça, on va regarder. C'est vraiment très, très large, en fait. On va regarder aussi comment la société, elle fonctionne. On va regarder comment elle-même, elle prend en compte ses risques, c'est-à-dire quand il y a des difficultés par le passé ou quand il y a des difficultés qui sont anticipées, comment finalement elle pense les gérer et est-ce qu'il y a, tout simplement, est-ce qu'elle a pensé un petit peu à son plan pour la suite, quoi. C'est très, très large, en fait. Ça dépend du dossier, ça dépend du montant. Mais voilà, on fait finalement une analyse de risque indirecte de la société qui va venir nous voir.
- Speaker #1
Et là, on parle de société, de quelle taille ? C'est pareil pour tout le monde ou il y a des...
- Speaker #0
Ça peut être vraiment toutes les tailles. Vraiment, ça va de la TPE à la grande entreprise. Vraiment, c'est assez large.
- Speaker #1
Donc même pour une petite boîte. Donc en fait, il y a deux choses que je retiens. Tu parlais de l'évaluation des risques par rapport à la conjoncture. Par exemple, récemment, on a une grosse inflation liée au coût de l'énergie. Ça, par exemple, si la société est très dépendante en énergie, c'est peut-être quelque chose aussi qui va influer. Et la deuxième chose, c'est l'anticipation un petit peu. C'est ce que la société a des process, en fait. C'est ça surtout qui est regardé à ce moment-là.
- Speaker #0
Oui, alors c'est... Oui, on regarde ces éléments-là. C'est un peu plus général que ça. C'est-à-dire qu'à aucun moment, nous, on s'immisce dans la gestion de la société. C'est vraiment regarder la situation de la société dans son ensemble. Et bien évidemment, dans son ensemble, on va regarder le secteur sur lequel elle opère, on va regarder comment la société est gérée et effectivement, quelle a été sa robustesse, sa résilience par le passé et comment elle anticipe un petit peu ses perspectives. Donc oui, c'est un peu plus large que ça, mais oui, globalement.
- Speaker #1
Voir sa résilience, comment elle s'adapte face à des chocs, des crises conjoncturelles, voir un petit peu tout ça. Alors du coup, tu ne l'as pas dit, je crois. mais tu t'investis aussi dans la RSE, tu es intervenante en école de commerce, tu animes des ateliers d'automne. Est-ce que pour toi, il y a un lien entre ce métier d'analyse des risques et la transition écologique ?
- Speaker #0
Il y en a un pour plusieurs raisons. Alors la première raison, c'est que j'ai la chance moi de travailler dans un groupe qui est très investi sur ces problématiques, qui a créé un institut justement qui est en charge de la définition de la politique groupe et qui s'investit beaucoup sur ces sujets pour comprendre, pour développer, pour agir. Donc déjà oui, bien évidemment, je fais un lien entre le groupe auquel j'appartiens et mon investissement sur les sujets RSE. Je me sens alignée de ce point de vue-là. Après, du point de vue des activités, bien évidemment, Quand moi j'ai commencé à me former sur ces sujets-là et que je suis tombée dedans, c'est parce que justement c'était des problématiques émergentes qu'on avait besoin de comprendre dans le secteur d'activité parce que finalement c'est des risques qui vont devoir être pris en compte par les sociétés pour que leur modèle d'affaires soit robuste et résilient et puisse finalement perdurer. Donc, bien évidemment que je fais un lien parce que c'est des risques qui doivent et qui sont pris en compte à l'heure actuelle par la plupart des sociétés. D'ailleurs, qu'elles le sachent ou non, et ça c'est assez intéressant pour les ETI et les PME, mais ça je pense qu'on en parlera par la suite, parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui pensent qu'elles ne prennent pas en compte ces risques alors qu'elles ont déjà des éléments qui sont intégrés dans leur stratégie, sans le savoir.
- Speaker #1
On le fait sans le savoir, ouais, on va en parler. Et du coup, l'idée avec toi quand tu interviens... auprès des étudiants en école de commerce, tout ça, c'est vraiment un peu d'inciter, de sensibiliser les cadres de demain un petit peu à la montée en puissance de ces risques, en fait.
- Speaker #0
Tout à fait. Moi, j'ai une vision de ces sujets-là qui est peut-être assez particulière, mais je pense qu'elle doit être partagée quand même par un certain nombre de personnes. C'est-à-dire que dans l'enseignement et dans la sensibilisation, on a tendance à dire... ben voilà, il y a telle matière, telle matière, telle matière, et la RSE est une matière. Non, moi, je ne le vois pas du tout comme ça. Je pense que la RSE doit finalement infuser tout ce qu'on enseigne aux étudiants en école de commerce. On n'a pas besoin d'être un spécialiste RSE, on peut travailler dans le marketing ou les finances et avoir besoin d'avoir des notions RSE et avoir besoin d'intégrer finalement ces risques RSE à sa réflexion générale et à sa communication. Donc, c'est vraiment ma vision des choses. Pour moi, c'est important effectivement de former les futurs cas de demain, mais de les former de manière globale et d'avoir finalement un alignement de toutes les matières vers une réflexion qui soit cohérente.
- Speaker #1
Voilà, c'est la fin de cet épisode. J'espère que vous repartez des idées plein la tête. Pour découvrir l'épisode intégral, rendez-vous dès maintenant sur YouTube. Pour remercier mon invité et rendre ce contenu accessible au plus grand nombre, c'est très simple. Abonnez-vous et déposez un 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. On se dit à très vite.