- Speaker #0
La restauration, c'est un monde à part, un métier qu'on a dans la peau. Je suis Émilie Macélis, entrepreneur et fondatrice des Toquets de Restauration, la première communauté de pros de la restauration sur les réseaux sociaux. Dans ce podcast, je donne la parole à celles et ceux qui entreprennent dans ce métier exigeant, à travers leurs réussites, leurs échecs et les leçons qu'ils en ont tirées. Des histoires vraies, pour inspirer les pros, éclairer les curieux, et rappeler à tous pourquoi ce métier mérite d'être raconté. Salut Baptiste !
- Speaker #1
Salut !
- Speaker #0
Merci d'être là aujourd'hui pour ce nouvel épisode de Toquée de Restauration. Alors, t'es le dirigeant de La Maison Pignol, c'est une véritable institution lyonnaise, qui a été créée en 1954 je crois, par tes grands-parents. Et aujourd'hui, t'as plusieurs boutiques, plusieurs restaurants, et un service de traiteur événementiel qui est super connu à Lyon. J'ai très envie qu'on revienne sur ton histoire. Comment toi, tu as décidé de reprendre le flambeau ? Comment ça s'est fait ? Est-ce que ça implique au quotidien de diriger une entreprise de cette taille ? Et j'aimerais aussi qu'on parle du quotidien de l'événementiel, parce que je sais que l'adrénaline, ça fait partie des métiers de la restauration, mais j'ai l'impression qu'en événementiel, c'est encore un cran au-dessus.
- Speaker #1
Oui, c'est l'adrénaline, c'est sûr.
- Speaker #0
Donc avant de plonger dans tout ça, est-ce que tu peux nous présenter un peu la Maison Pignol pour ceux qui ne vous connaîtraient pas encore ?
- Speaker #1
Tu as déjà bien posé les bases, mais la maison familiale depuis 1954, c'est mes grands-parents qui ont créé ça à Place Bellecour. Quand ils ont créé ça, ça n'avait rien à voir, mais une petite pâtisserie Place Bellecour initialement. Ils vivaient au-dessus de la pâtisserie et aujourd'hui, l'appartement de mes grands-parents, c'est la salle à manger où on fait manger des clients actuellement. Donc voilà, tout l'espace était vraiment familial, familial. Et après, ça a été développé par la suite par mon père et ma mère énormément. On est passé d'une simple boutique à aujourd'hui 10 boutiques sur Lyon. Et on fait partie des plus gros, voire le plus gros faiseur d'événementiel de la région Rhône-Alpes. Donc voilà, et on a un gros labo de production maintenant à Brigny, donc un peu en dehors de Lyon. qui nous permet justement de pouvoir envoyer de la marchandise et de la nourriture un peu de partout dans la région.
- Speaker #0
Ok, cool, merci pour la présentation. Donc toi, tu nais d'une famille de restaurateurs, tu as repris l'entreprise familiale. Est-ce que tu savais que tu allais faire ça ?
- Speaker #1
Tu le sais, tu ne le sais pas. Il y a un moment, tout petit, tout petit, en fait, je baigne dedans depuis tout petit, c'est clair et net. Tous les repas de famille, mon père, ma mère, ils parlaient entre eux de la boîte, de ce qui s'était passé la journée. Donc, toi, tu es une éponge quand tu es petit. Et puis après, plus tu grandis, plus tu commences à prendre même une légère maturité dans l'adolescence. Je commençais de plus en plus, notamment avec des expériences, juste le fait d'aider pendant les périodes de Noël, par exemple, ou d'autres moments. Je faisais tout et n'importe quoi. Je faisais tout ce qu'il y avait de pire à faire, mais c'était une bonne expérience. Je mettais des petites miniardises dans des caissettes. À l'époque, on mettait les miniardises dans des caissettes. C'est du papier, on met les miniardises. Je mettais les miniardises dans les caissettes. J'étais une caissette. Pas 500, 10 000 à Noël. C'était très long. Mais c'est important de passer par là. Au bout d'un moment, tu commences à sentir que c'est ce qui te plaît le plus. C'est ce que tu as envie. de trouver une manière d'y accéder. Donc, j'ai fait mon parcours scolaire avec cette idée-là en tête, mais sans non plus me dire il faut absolument que tu le fasses. Je ne me suis pas mis la pression. J'ai fait ce que je devais faire au bon moment. Donc,
- Speaker #0
tu dis tu veux travailler dans la restauration, ça c'est sûr.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Mais pas forcément pour reprendre la maison pignole.
- Speaker #1
Non, non, je me dis je veux forcément reprendre la maison pignole. Il faut que je passe par la restauration. Mais je me mets aussi le contexte qu'imagine en rentrant dans une cuisine vraiment et en y restant plus de six mois, ça ne me plaît plus. Je repars en arrière et je fais autre chose. Ce qui n'a pas été le cas du coup, mais c'est pour ça que j'ai fait un bac général. Enfin, je voulais retomber sur mes pattes.
- Speaker #0
Après, si tu as beaucoup aidé tes parents, quand tu étais jeune, tu avais quand même une idée de ce que c'était.
- Speaker #1
Tu as une idée de ce que c'est, mais tu aides deux semaines, tu aides un mois. Entre aider deux semaines et un mois et faire que ça de ta vie, il y a une... petite différence quoi. Ça peut être deux semaines, ça peut être un boulot alimentaire, t'es capable de le faire. Est-ce que tu le fais toute ta vie ? Donc bien sûr que ça me plaisait à ce moment-là, mais fallait que je m'en rende compte. Et fallait que j'en sois sûr.
- Speaker #0
Donc tu fais tes études ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Donc dans l'hôtellerie et restauration.
- Speaker #1
Exactement. J'ai fait l'Institut Paul Bocuse, qui s'appelait l'Institut Paul Bocuse à l'époque encore. Et maintenant, c'est Life. Mais super école. Je suis lyonnais. L'Institut, c'est à Lyon. C'était un peu quand même la voie royale et classique. Ça reste une des meilleures écoles, je pense, d'hôtellerie, mais surtout de cuisine. Et aujourd'hui, elle s'inscrit aussi dans la pâtisserie. Mais à l'époque, c'était vraiment très cuisine. et ça a été une expérience extraordinaire, on apprend en 3 ans ce qu'on peut apprendre dans la vie pro peut-être en 6-7 mais t'apprends pas non plus à travailler dans la vie pro ça t'ouvre l'esprit ça va te dégager le cerveau, ça t'ouvre l'esprit sur plein plein de choses différentes tu sais en sortant de l'institut ou en ce genre d'école ce que tu aimes, ce que tu aimes pas t'as des idées d'expérience Et derrière, tu fais tes vraies expériences de travail et là, t'es confronté à la vie réelle. Et là, t'apprends encore d'une autre manière, mais je pense que t'avances plus vite.
- Speaker #0
C'est quoi les... Donc toi, quand tu sors de l'école, qu'est-ce que t'aimes et qu'est-ce que t'aimes pas ?
- Speaker #1
Alors, je sais que je suis pas pâtissier, tu vois, en sortant de l'école. C'est pas... Alors, je trouve ça magnifique et j'adore les gâteaux, mais je sais que c'est pas mon truc, qui est un métier très différent de la cuisine. Je sais que mon truc, c'est la cuisine, ça c'est sûr. Je sais que j'aime la précision, je sais que j'aime le beau geste et je sais qu'à ce moment-là, en sortant de l'école, j'ai envie de travailler dans des gastros. Je sais que j'aime le management aussi, en sortant de l'école, parce qu'à la fin du processus de l'école, t'es en troisième année, t'es en cadre des deuxièmes années, t'es en cadre des premières années. Franchement, le programme était hyper complet. Soit t'as la fibre managériale, soit je... Alors, ça peut s'apprendre, mais soit tu l'as pas quand même. Et je savais que ça, c'était mon truc. De faire faire tout à tout le monde, ça j'aime bien.
- Speaker #0
Donner les ordres, c'est comme ça que tu vois le management ?
- Speaker #1
Non, non, c'est pas donner les ordres, c'est arriver à faire faire aux gens plein de choses à la fois et les amener. Coordonner. Et les amener à l'objectif, tu vois. Et ça j'aime bien.
- Speaker #0
Ok. Donc t'as fait des stages ?
- Speaker #1
J'ai fait des stages quand j'étais à l'institut.
- Speaker #0
Et donc que dans des étoilés, que dans des grandes maisons ?
- Speaker #1
Non, non, pas du tout pour le coup. Enfin, entre autres, mais pas que. J'ai travaillé premier stage étoilé. Pour voir ce que c'était, je travaillais à Chèvre d'Or à Aise. À l'époque, toujours deux étoiles Michelin, mais le chef, c'était Ronan Carvarek. Super expérience, quatre mois chaud, chaud, chaud. Il faisait 50 degrés dans les cuisines, évidemment, tu es en plein dans le sud. Un village perché sur un rocher, donc tu vas chercher les marchandises tout en bas, tu les remontes tout en haut dans le resto, donc assez physique. Et puis on bossait, on bossait beaucoup. Je ne sais pas si on a le droit de dire les heures, mais on bossait beaucoup. On faisait du 7h à minuit tous les jours.
- Speaker #0
Dans une bonne ambiance ?
- Speaker #1
Dans une bonne ambiance, oui. Plutôt bonne ambiance, mais ça reste physique. À 50 degrés, 7h, minuit, on est capable de le faire, mais enchaîner, c'est chaud quand même. Et puis, cette expérience-là, hyper intéressante. Derrière, deuxième expérience, je pars chez Claire Damont, à Paris. Patisserie parisienne, super chef. Aujourd'hui, je pense que dans la pâtisserie boutique, il y a... Peu de chefs qui peuvent se targuer de faire ce que fait Claire Damon. On ne parle pas beaucoup d'elle, mais c'est très beau, c'est très propre. C'était pour me faire mon expérience de pâtisserie. J'avais vraiment ce besoin de me dire, il faut que je découvre, il faut que j'apprenne. Et t'apprends, alors oui, faire des gâteaux à l'école, c'est drôle. Le vivre en vrai dans une boutique, refaire, refaire, refaire. Et là, je me suis rendu compte que quand même, ce n'était pas ce que je préférais.
- Speaker #0
Parce qu'il n'y a pas de service. Tu n'as pas le rush. C'est ça qui te manque ?
- Speaker #1
C'était pas une question trop de service, c'était une question de suivi de recettes. La pâtisserie, pour le coup, c'est millimétré.
- Speaker #0
C'est trop carré ?
- Speaker #1
Ouais, ouais. Alors, c'est pas trop carré, c'est carré. Je dirais pas trop carré, parce que c'est frais-frais. C'est un métier différent, quoi. Moi, j'ai besoin de feeling, j'ai besoin de goûter. Alors que la pâtisserie, entre guillemets, tu suis ta recette, tu goûtes pas. Normalement, t'y arrives, quoi. En cuisine, c'est pas tout à fait la même. donc c'est deux métiers qui se complètent mais très quand même différents donc je fais quatre mois J'en tire plein de bénéfices parce que j'apprends plein de choses. Et en plus, je rencontre un mec qui s'appelle Tony Fernandez. Le jour où je suis rentré chez Pignol, il y a cinq ans, je l'ai appelé, je lui ai dit écoute Tony, il faut que tu me rejoignes parce que j'y connais rien à la pâtisserie et j'ai besoin d'un vrai bras droit en pâtisserie pour venir m'aider. Et du coup, il m'a rejoint.
- Speaker #0
Et il est toujours là aujourd'hui ?
- Speaker #1
Il n'est plus là aujourd'hui. Il est parti en avril. Ok, c'est tout récent. Oui, tout récent. Il est parti en avril pour ouvrir sa propre boîte. Trop cool à ranger. Bête de gars et très fort. Et donc, je suis sûr que ça va marcher.
- Speaker #0
Ok, trop bien. Donc ça, là, tu termines tes stages.
- Speaker #1
Claire d'amont. Et dernier stage, c'était un stage un peu CDI quand même. Là, on se fait embaucher à plusieurs, à la fin du processus de l'Institut Paul Bocuse, on se fait embaucher avec David Tissot pour tenir le restaurant pendant six mois, le restaurant saison, qui est un peu l'objectif de l'étoile. Bon, ça redécolle, si tu veux. Donc là, on nous lance dans le grand bain, chef de partie, tout le monde. Moi, j'étais à la viande, Naïs Pirolet, qui a fait le Bocuse d'or il y a deux ans, trois ans maintenant. Elle était chef de partie poisson. Et du coup, enfin, voilà. Bonne, bonne, super équipe, bonne ambiance. Mais pareil, là, on travaille fort, fort, fort, fort. Mais on apprend tellement de choses, tellement, tellement. Et donc, super expérience. Et derrière ça, l'Institut Paul Bocuse nous envoie chacun d'entre nous dans un pays différent. Travailler dans des écoles partenaires pour donner des cours de cuisine française à des étudiants. Et c'est encore une expérience totalement différente du reste. Tu donnes des cours, donc ça veut dire que tu montres.
- Speaker #0
Ce que tu as appris,
- Speaker #1
tu deviens le prof. Tu deviens le prof et t'as 21 ou 22, donc t'es hyper jeune, la plupart ils étaient plus vieux que moi.
- Speaker #0
Et en anglais, comment tu...
- Speaker #1
Au début, je parle très mal anglais, je parle un peu mieux espagnol, du coup je me suis joué en espagnol. Maintenant je parle beaucoup mieux anglais qu'espagnol, parce que ça fait longtemps que j'ai pas parlé, mais à l'époque c'était en espagnol. Stylé. Stylé, après la cuisine c'est manuel. donc je montrais beaucoup avec les mains et puis au bout de 4 mois quand même t'as les mots qui viennent t'as les bases et puis je parlais quand même pas trop mal donc ça allait mais là tu montres ils reproduisent mais donc t'attends tu goûtes, tu dis c'est bien, c'est pas bien tu remontes un truc, t'attends tu goûtes c'est bien,
- Speaker #0
c'est pas bien tu trouves ça long ? tu trouves ça pénible ?
- Speaker #1
ça c'était pas mon truc non plus hyper intéressant si tu veux de le faire, 4 mois c'était parfait. 4 mois ça te donne l'expérience, tu sais faire mais tu te challenges un peu et à la fin tu arrives au moment où aussi bah t'as presque plus, enfin t'es pas 100% à l'aise mais t'as beaucoup plus de facilité que le premier joueur forcément donc tu prends voilà cette confiance, tu montres des trucs quand même à des gens donc c'est cool et ils en sont reconnaissants Mais à côté, c'était pas mon truc, c'est sûr. Moi, j'ai besoin que ça bouge. Enfin, je pense que tu l'as vu un peu dernièrement, si tu veux, à suivi. Mais ouais, j'aime quand ça débaroule partout. Donc, c'était pas le cadre que je voulais là tout de suite. Peut-être qu'un jour, je deviendrai prof, mais plus tard. Ça, c'est clair et net.
- Speaker #0
Et après, t'es parti à l'étranger ?
- Speaker #1
Et après, fin de l'Institut Paul Bocuse, du coup. Terminé, terminé. Et là, je pars pas à l'étranger tout de suite. Je rentre à Lyon. entre chaque petit moment de coupure je rentre à Lyon, je travaille avec mes parents Et donc, si tu veux, je ne m'arrête pas trop. Et là, je décide, je voulais voir ce que c'était un palace. Je me dis, il faut absolument que je vois le monde du palace, que c'est vraiment, parce que dans le palace, tu as le petit déjeuner, tu as le banquet, tu as le brunch le dimanche, tu as la brasserie, tu as l'étoilé. je me dis je veux absolument rentrer dans un palace donc je monte à Paris je pose mon CV au Georges V et au Ritz J'ai deux rendez-vous dans chacun. Je suis pris dans les deux. Alors que j'ai une étiquette traiteur sur la tronche, je peux dire qu'ils m'ont dit, t'es le premier, t'es le premier. Et je choisis le Ritz. Alors, on me demande pas pourquoi, franchement, je sais plus. Mais j'ai choisi de partir au Ritz plutôt qu'au Georges V. Et expérience encore totalement différente du reste. Mais c'est ça qui est génial, c'est que j'ai vu que des trucs différents. Et là, je suis resté un an au Ritz. J'étais au Deux Étoiles Michelin. Alors mon poste était aux deux étoiles, mais... Ma curiosité a fait que j'ai beaucoup demandé de bouger. Et j'ai pu travailler un peu à la brasserie, j'ai pu travailler un peu au banquet. Je venais les dimanches faire les brunchs, j'ai fait un peu de petit-déj aussi. Ça m'a permis de m'ouvrir l'esprit. Globalement, mon job principal, c'était le deux étoiles d'un palace. Ou si tu veux, tu vois le Ritz Place Vendôme. Tout à fait. Bâtiment magnifique à l'intérieur. Petit jardin à la française, mais t'es en plein cœur de Paris. C'est extraordinaire. Et en fait, ce que tu ne sais pas, c'est que c'est un iceberg. En dessous, il y a sept étages où je ne sais plus combien on était, mais on était 300 à bosser. Sept étages, il y a les femmes de ménage qui lavent le linge, qui lavent les serviettes. L'étage d'après, c'est toute la cantine pour tout le monde, parce que mine de rien, ça fait des gens à faire manger. Après, c'est la première cuisine. Après, c'est la deuxième cuisine. Après, c'est encore autre chose, des bureaux. Donc, en fait, tout ce qui se passe sous le sol, qui n'a pas de valeur, ne peut pas être vendu. Ils mettent toutes les fonctions qui permettent de faire vivre l'hôtel. Et tout ce qu'il y a au-dessus du sol, c'est pour vendre. Ça, c'est génial.
- Speaker #0
Ça doit être une expérience.
- Speaker #1
L'idéal est ouf. Et nous, on ne voyait jamais le jour. Et ça, ça doit être dur. C'est bizarre. C'est très bizarre. C'est très bizarre. Mais tu vas me dire, dans mes labos, ils repassent plus le jour. On est dans des cuisines. Après, on ne travaille quand même pas beaucoup au Ritz. Donc, c'est très conventionné. En 35 heures, tu badges et tu dégages. Donc,
- Speaker #0
ça change de tes autres expériences.
- Speaker #1
Je n'avais jamais fait ça. Je n'avais jamais fait ça. Donc autant te dire que j'avais 23 ans, j'ai fait la fête fort à Paris, du coup j'en ai profité. Et en plus je pouvais même pas trop travailler en extra parce que je travaillais à partir de 14h de l'après-midi. Je suis à 14h22 ou 14h30, 22h30. Sauf que pour faire des extras, c'est le midi, tu peux pas dire au mec attends à 14h30 moi je pars. Donc c'était un peu particulier mais c'était une expérience intéressante. Et je suis parti le 31 décembre. Ça, c'est une anecdote pas mal. Je voulais absolument faire le 31 décembre au Ritz parce que le 31 décembre au Ritz, le menu, c'est le prix de l'année qui arrive. Donc là, si tu vas manger cette année au Ritz, le 31 décembre, ça sera 2026 euros. Et un menu à 2026 euros, j'avais envie de voir ça, tu vois. À l'époque, ça devait être 2017 ou 2018. J'avais envie de voir ça. Et donc, j'ai fini le 31 décembre au soir avec ce menu, qui était forcément un menu...
- Speaker #0
Qui est un menu incroyable.
- Speaker #1
Incroyable. incroyable. Après, t'en as jamais pour 2200. Il y a un moment où il y a de la spéculation autour, forcément. Mais ouais, c'était grandiose. Et super expérience. On a fait manger celle qui fait Anna Wintour. C'est la mode new-yorkaise. Anna Wintour, elle appelle le rite. Elle mange avec Carla Gerfeld ce soir-là. Histoire vraie. Ceux qui m'entendront du rite, ils vont dire que c'est vrai. Elle appelle, elle dit, je veux une salade de cresson. Tu vois, les cressons, c'est des petites feuilles. Ok, bon, très bien, Teleritz, tu réponds, tu dis oui.
- Speaker #0
Peu importe ce qu'elle veut, c'est ok.
- Speaker #1
On passe une après-midi à trier les cressons. Juste les feuilles, juste les pétales. Évidemment, Anna Wintour, tu ne lui mets pas la tige. Tac, tac, tac, on lui fait un bol de cressons. Il se trouve que bon, c'est amené sur table. C'est évidemment pas moi qui l'amène, mais c'est amené sur table. Il mange. Karl Lagerfeld qui mange, il parle, machin la salade elle bouge pas Et à la fin du repas, le serveur, au moment de débarrasser, il dit, elle vous a pas plu la salade de cresson ? Elle dit, non, non, c'était juste pour mettre de la verdure sur la table. Nous, on avait passé 4 heures à trier les trucs. Génial. Incroyable. Je sais pas combien de l'on fait payer d'ailleurs la salade de cresson. Ça n'a pas d'importance. Mais ça n'avait pas d'importance. Mais l'histoire, elle est ouf. C'était pour mettre de la verdure sur la table.
- Speaker #0
Et après ça, après le 31 décembre ?
- Speaker #1
Et après le 31 décembre, je rentre à Lyon. à chaque fois que je rentre à Lyon je fais le Syrah Il y avait le CIRA, le Salon des métiers de bouche à Lyon.
- Speaker #0
Tu fais le CIRA avec la Maison Pignol, tu veux dire ?
- Speaker #1
Oui, sur des événements. Et puis à ce moment-là, j'avais déjà signé mon prochain contrat à New York. Je savais que je partais à New York fin février chez Daniel Boulu. Et il se trouve que le chef qui signe le dîner de gala du Bocuse d'Or que Pignol réalise, c'est roulement de tambour Daniel Boulu. Donc j'ai la chance de rencontrer le chef chez qui je vais travailler dans un contexte où je suis chez moi et où il a besoin de moi. Entre guillemets, parce qu'à l'époque, j'étais quand même moins... Enfin voilà, je venais pour aider en plus que pour... Mais du coup, je suis resté toute la semaine avec eux pour les aider à monter ce repas. Et super expérience aussi. Quand je suis arrivé à New York, je connaissais déjà une petite partie de l'équipe et je me suis senti hyper accueilli. Et du coup, juste derrière, je pars à New York pour un an, pour travailler chez Daniel Boulu, chef étoilé français, lyonnais, enfin de la région en tout cas. Et qui a explosé aux Etats-Unis et notamment à New York. Aujourd'hui, je crois que sur New York, il y a une quinzaine d'établissements. Et dans le monde, il doit être entre 25 et 30. Il ouvre encore un truc à Hong Kong. J'ai vu hier ou avant-hier. Donc, dément le mec. Et je travaillais dans son 2 étoiles Michelin. Au Ritz, si tu veux, on était entre 14 et 16 en cuisine pour faire 35 ouverts. Chez Daniel Boullieu, on était... Le même nombre, mais on en faisait 250. Service de 17h à 23h. Et c'était millimétré, quoi. On savait exactement où on devait aller, c'était millimétré.
- Speaker #0
Pourquoi il y a tant de différences ? Qu'est-ce qu'il a mis en place comme process pour que ce soit possible ?
- Speaker #1
C'est pas tout à fait la même cuisine. C'est peut-être pas exactement les mêmes attentes. Mais c'est juste que c'était organisé en mode machine de guerre, quoi. On était en ligne et tout le monde savait quoi faire. Il y avait des trucs qui étaient anticipés, et là, tu vois, j'ai retrouvé le côté traiteur, le côté où tu dois être malin, et ce qui peut être anticipé, ce qui ne changera rien. En finalité, plutôt que de le faire à la minute pour le faire à la minute et pour dire on est deux étoiles, le client en salle, il ne sait pas que tu l'as fait à la minute ou deux heures avant. On anticipait plus les choses, ce qui fait qu'un service, aujourd'hui, nous, en traiteur, on fait 1000 couverts, on est 10. Là-bas, on faisait 250, on était 14, mais on faisait du deux étoiles malgré tout. Mais par contre, ça envoyait. Là, on ne rigolait pas.
- Speaker #0
Donc tu dis, tu fais un peu plus de mise en place et c'est des choses après, sur le goût, il n'y a pas de différence.
- Speaker #1
Non, non, non, non, il n'y a pas de différence. Parce que tout ce qui devait être fait minute, parce que ça peut altérer le goût, ça peut même juste altérer la vision. Il suffit que le produit sèche ou quoi, c'était fait minute. Mais la plupart des choses, on pouvait les pré-anticiper. Et je pense que les chefs réfléchissaient aussi beaucoup à des menus avec ces obligations-là par rapport au restaurant. Il est plein tous les soirs, on faisait 250 tous les soirs, du lundi au dimanche soir. Toutes 17h à 23h. On arrive à midi, mise en place jusqu'à 16h30, 16h45, voire 16h59. Et à 17h, ça a taqué le service et là, tu ne vas pas pisser. Non mais attends, jusqu'à 23h, tu ne vas pas pisser. Sinon, en fait, tu as un rouage dans le truc. S'il y en a un qui part, ce n'est pas bon. Il y en a toujours un qui se coupe, on finit quand même par le remplacer, mais ce n'est pas drôle.
- Speaker #0
Il n'y a pas de post-club ?
- Speaker #1
Non, pendant le service, non. Non, non. Pas de pause du tout, quoi. Mais franchement, moi, j'ai... C'était mon... C'était vraiment mon...
- Speaker #0
C'est ta meilleure expérience ?
- Speaker #1
C'est dur de dire la meilleure, mais c'était vraiment mon délire à moi. Tout a été une bonne expérience, parce que si j'en suis là où j'en suis aujourd'hui, c'est que tout... Enfin, dans ce qu'on vient de dire, tout a été complètement différent. Et ça m'a fait un package de trucs dans ma tête assez incroyable. Et ce que je vis aujourd'hui, c'est encore totalement différent. Et on arrive à créer encore des expériences nouvelles, mais... Mais je ne peux pas te dire que c'était la meilleure, mais c'était vraiment mon truc. Là-bas, j'y restais. J'ai payé tout ce délire avec mes parents, la boîte et tout, j'y restais.
- Speaker #0
Mais pourtant, quand tu pars là-bas, tu sais que c'est ta dernière expérience en tant que salarié. Tu sais qu'après, tu vas reprendre la maison pignole. C'est une dernière expérience ou... C'est clair dans ta tête.
- Speaker #1
Ce n'était pas que clair dans ma tête. Moi, je n'ai pas eu beaucoup de problématiques dans ma vie. J'ai beaucoup de chance, globalement, beaucoup, beaucoup de chance. que ce soit de l'amour de mes parents, de plein de choses, de l'argent, de tout. Je n'ai jamais manqué de rien. Mais je manquais un petit peu de temps dans ma formation, lié un peu à l'âge aussi de mon père, de ma mère. Il y a un moment, il faut revenir et ils ne vont pas finir à 90 ans de bosser dans la boîte. Ce n'est pas possible. Donc l'échéance, elle était là. Il fallait rentrer pour pouvoir reprendre en mission avec eux, en symbiose pendant quelques années, et après qu'ils puissent me lâcher.
- Speaker #0
Parce que toi, tu avais dit clairement que tu voulais reprendre cette entreprise.
- Speaker #1
Oui, mais tu es obligé. Au bout d'un moment, tu le dis. Oui. Parce qu'ils m'attendaient, mes parents.
- Speaker #0
Tes parents, ils étaient demandeurs de ça.
- Speaker #1
Alors, ils ne m'attendaient pas moi, mais ils ont attendu que je revienne parce que j'avais dit que je reprenais. Sinon, je pense qu'elle était vendue, l'entreprise. Ils auraient vendu. À un certain moment, ils auraient vendu. Si j'avais dit, moi, je ne reprends pas, mon père, il n'aurait pas tiré jusqu'à l'âge auquel il a tiré. et je peux te garantir que ma mère, elle serait pas là où elle est aujourd'hui.
- Speaker #0
Parce que tes parents, quand eux, ils récupèrent l'entreprise de tes grands-parents, t'as dit qu'il y avait 10 salariés ?
- Speaker #1
En vrai, j'en sais rien.
- Speaker #0
Tu sais pas, c'est tout petit.
- Speaker #1
Entre 10 et 20, oui.
- Speaker #0
Et ils développent jusqu'à atteindre 200 salariés.
- Speaker #1
Ouais, 200, 220, oui. Et on parle de CDI, on parle pas d'extra. Aujourd'hui, si tu veux, mes parents, il y a des moments, ils faisaient presque 500 fiches de paye par mois. Alors aujourd'hui, on est un peu en dessous. Parce qu'on fait un peu moins d'événementiels peut-être qu'avant. Mais il y a des moments où ils avaient 500 fiches de paye. Ça veut dire que par mois, il y avait 500 personnes individuellement qui bossaient pour eux. C'est dément.
- Speaker #0
C'est dément. Et donc, comment tu t'es préparé à ça ? Parce que quand tu reprends la maison pignole, t'as quel âge ?
- Speaker #1
Là, aujourd'hui, quand j'ai repris, 24.
- Speaker #0
T'as 24 ans et donc...
- Speaker #1
J'ai repris, je suis rentré. Je suis rentré à la maison.
- Speaker #0
24. Mais donc... Tu rentres dans une entreprise de 200 personnes. Comment toi, tu t'es préparé ? Comment tes parents te préparent à ça ?
- Speaker #1
Mes parents, ils ne me préparent pas spécialement. Moi, j'ai posé beaucoup de questions. Notamment, j'ai pris des rendez-vous avec mes chefs, mes anciens chefs à New York et un peu de partout, pour poser les questions même bêtes.
- Speaker #0
Sur le côté entreprise ?
- Speaker #1
Sur le côté, déjà, comment je me mets dans l'équipe. Parce que bon, après le boulot, je sais que les gars, j'ai des machines de guerre là. Avant que j'atteigne dans leur domaine, leur niveau, il y a un peu d'eau qui va encore couler sous les ponts. Mais moi, l'important, c'était de m'intégrer dans l'entreprise pour amener quelque chose individuellement à chacun d'entre eux. Une manière de travailler, un management, une vision, des envies, une énergie. C'était un peu ça l'idée. Mais comment tu arrives dans une entreprise où tout le monde te connaît ? d'avance. Globalement, tout le monde me connaissait. Tout le monde m'avait déjà vu en train de mettre les petits fours dans les caissettes quand j'avais 12 ans, ou à 17 ans, sur des prestats, mettre la sauce pour leur filer un coup de main. Presque tout le monde me connaît. Je revenais tous les ans, donc en plus j'entretenais cette connaissance. T'arrives, tu es annoncé comme repreneur. Alors, t'es pas tout de suite... Enfin, le but, c'est pas d'être le roi soleil, si tu veux, mais... Oui, mais t'as 24 ans, t'es le fils de
- Speaker #0
M. Pignol et c'est toi qui vas reprendre le truc. Et t'arrives dans des équipes où les gens ont plus d'expérience que toi, sont plus âgés que toi.
- Speaker #1
Et tu dois trouver ta place. Je suis resté moi-même, figure-toi. Et c'est ce que tout le monde m'a dit avant de revenir. Tout le monde m'a dit, écoute, tu restes toi-même. Si ça marche, c'est cool. Si ça marche pas, c'est que ça devait pas marcher. Sauf que t'inventes pas un personnage pour faire genre parce que t'arriveras pas à le tenir toute ta vie. Pas excellent, ça. Du coup, je suis resté moi-même. La vraie question, c'était, tu te fais vouvoyer, tu te fais tutoyer à 24 ans.
- Speaker #0
Avant, comment les gens s'adressaient à toi ?
- Speaker #1
Tu, direct.
- Speaker #0
Donc, il n'y a pas de raison de le changer ? Ou tu te posais la question de le changer ?
- Speaker #1
Oui, mais je ne savais pas. Évidemment qu'aujourd'hui, j'allais te dire...
- Speaker #0
Tout le monde te tutoie ?
- Speaker #1
Tout le monde. Je tutoie tout le monde. Comme ça, au moins, il n'y a pas de...
- Speaker #0
Quand il y a des nouvelles personnes qui arrivent ?
- Speaker #1
tutoie, alors je fais un entretien, je vous vois sinon c'est un peu... Mais après je tutoie tout le monde et tout le monde me tutoie. Tout le monde m'appelle Baptiste et c'est très cool. Mais il n'y a même pas de sujet. Aujourd'hui, ça me paraît lunaire que je me sois posé la question, mais c'est une vraie question que je me suis posée.
- Speaker #0
Et donc, personne ne part à ton arrivée. Tu arrives à fédérer l'intégralité du staff de tes parents.
- Speaker #1
Tu ris. Je ris parce que personne ne part à cause de moi. Il y a sûrement des gens qui sont partis. Tu peux en trouver peut-être, mais je pense que personne n'est parti à cause de moi. Mais peut-être qu'à cause de mon père, peut-être plus que moi. Non, non, mais moi, franchement, j'ai eu de la chance. Ils ont été intelligents. J'ai essayé de l'être aussi. Et puis, on a discuté, on a parlé. J'arrive dans un contexte un tout petit peu particulier parce que j'arrive après le premier confinement. Toujours un peu cette crise Covid qu'on a tous connue.
- Speaker #0
Pendant le Covid, tout est fermé ?
- Speaker #1
Ouais, on a tout fermé. On a tout fermé.
- Speaker #0
Il n'y a pas de vente à emporter, tout ça ?
- Speaker #1
Rien. On était commerce de première nécessité, mais mes parents, pour protéger l'entreprise, surtout les collaborateurs, parce qu'on ne savait pas ce que c'était ce truc quand même, ils ont préféré fermer un mois. Et puis au bout d'un mois, on a réouvert. Et c'est à ce moment-là que je suis rentré dans l'entreprise.
- Speaker #0
C'était prévu que tu arrives à ce moment-là ?
- Speaker #1
Pas exactement là, mais un mois après, c'était prévu. Et j'arrive dans l'entreprise et il faut tout reprendre de A à Z parce que tout a été fermé pendant un mois. Et un truc qui ne roule pas pendant un mois aussi gros, relancer la mécanique. Voilà, il y a un peu de boulot. Sauf qu'on fait deux équipes. Une équipe 15 jours, une équipe 15 jours. Parce que si tu es contaminé, à l'époque, tu devais être confiné chez toi 15 jours pour ne pas contaminer les autres. Et l'idée, c'était que si on avait un qui se contaminait dans l'équipe, on sortait toute l'équipe et on faisait venir l'autre. Et ça a été ça, ça a duré presque un an, l'affaire.
- Speaker #0
Et donc vous vous êtes retrouvé avec, ça vous est arrivé d'avoir des gens qui étaient malades ?
- Speaker #1
Ouais, on virait tout le monde.
- Speaker #0
Remplacés par l'autre ?
- Speaker #1
L'autre équipe. Allô les gars ? Du coup, vous venez demain. De toute façon, tout le monde est à la maison, donc ils avaient envie de bosser. Ils avaient envie de voir les autres. C'était les seuls qui pouvaient sortir à certains moments.
- Speaker #0
Toi, quand tu reprends la maison Pignol, qu'est-ce que tu as envie de changer ?
- Speaker #1
Au moment où je reprends, qu'est-ce que j'ai envie de changer ? Je n'ai pas d'envie particulière. Il fallait déjà que je comprenne un peu l'outil, tout l'outil qui est quand même assez conséquent. Et après, la logique a fait que j'ai quand même, je pense, alors ce n'est pas moi qui l'ai fait évoluer tout seul, mais par mes envies, on a fait vachement évoluer tout le côté cuisine, salé.
- Speaker #0
énormément parce que ça c'est mon coeur de métier alors évolué dans quel sens ?
- Speaker #1
positif j'espère je veux dire dans les recettes que tu proposes dans tes menus ou dans la façon de préparer dans tout,
- Speaker #0
dans la précision des menus, dans la précision des recettes dans la précision des sauces, des goûts enfin voilà on essaie vraiment de pousser un peu comme dans on triche plus, on fait pas de Tu peux vite faire des magouilles en cuisine.
- Speaker #1
Bah, raconte-nous un peu, parce que je...
- Speaker #0
Non, mais il y a la magouille d'acheter des trucs déjà faits et que tu peux en travailler. Aujourd'hui, moi, mon leitmotiv, c'était vraiment qu'on travaille un maximum tout maison, tout fait ici à l'atelier.
- Speaker #1
Mais c'était déjà le cas avant ?
- Speaker #0
C'était déjà le cas, non, non. Il y avait énormément de choses qui étaient en place, mais je pense qu'au côté cuisine, on a vraiment poussé le truc. On a vraiment poussé le truc à fond. On fait nos fonds de volaille, on fait nos fonds de veau. Je pense que c'est assez rare chez un traiteur. Juste des fonds, il y en a, il ne sait peut-être même pas le nom. Mais on fait nos bases de jus comme ça. On essaie vraiment de travailler propre et selon l'escoffier. J'ai la bible de la cuisine, on essaie vraiment de travailler avec ça. Alors qu'on adapte aussi à notre métier. Mais voilà, c'est je pense la première chose que j'ai apporté. Et après j'ai apporté une nouvelle énergie, ça c'est sûr. Tu passes entre guillemets d'un chef d'entreprise qui a plus de 70 ans à un gars qui a 25 ans, qui a un peu d'énergie quand même. Donc oui, de l'énergie, c'est sûr. Et derrière, un style de management, c'est clair, complètement différent.
- Speaker #1
Tu peux détailler un peu ? Alors, j'imagine, il y a ton expérience d'être aux États-Unis, qui te donne une vision du management qui est aussi très différente de la France.
- Speaker #0
C'est pas de la France, mais je pense que nous, on avait quand même le management à l'ancienne ici. Je dis ici, c'est chez nous, en direct. L'âge aussi de mon père, ça a toujours été comme ça. Donc pour eux, c'était presque normal.
- Speaker #1
C'est-à-dire sa gueule un peu en cuisine ?
- Speaker #0
Ouais, c'était plus que sa gueule. Je ne détaillerai pas, mais c'était un peu plus que sa gueule. Là, l'idée, c'est que j'arrive avec une vibes où moi, je n'ai pas envie de traiter les gens de tous les mots que je connais. plutôt de les faire avancer différemment. Et ça marche, je vous garantis que ça marche. Aujourd'hui, je gueule sur personne. Tu peux aller dans le resto, ils vont te le dire. Je gueule sur personne. Et quand je suis énervé, ça arrive rarement. Par contre, ils comprennent que là, il ne faut pas... Mais globalement, si ça arrive une fois par an, c'est le max. Mais ramener un management beaucoup plus participatif. Aujourd'hui, on est 220 dans l'entreprise. Encore une fois, je reprends l'image du roi soleil, mais ce n'est pas moi qui décide de tout, évidemment. tous mes produits, c'est pas du tout moi qui crée tout. Alors évidemment, je suis impliqué dans beaucoup de choses, je suis impliqué dans surtout les dégustations aussi pour goûter, mais c'est tellement essentiel que les gars créent par eux-mêmes. Derrière, il y a une sorte de fierté, et ils feront toujours mieux les choses que si on leur impose. Alors après, on peut arriver avec une technique qui les aide, qui fait que le produit soit est meilleur, soit est plus facile à réaliser pour exactement le même résultat, mais globalement, je trouve ça tellement important que ça soit eux qui... Ben voilà, qu'ils sortent aussi des idées de leur cerveau. Et des fois, on dit oui, des fois, on dit non. Des fois, on dit peut-être ou retravaille. Mais globalement, on essaye de tous travailler ensemble au labo pour avoir des idées. Et puis moi, je suis là pour mettre l'impulsion.
- Speaker #1
Et donc, tu viens avec cette vision du management. Où est-ce que tu l'as vue dans tes expériences ?
- Speaker #0
Alors, où est-ce que je l'ai vue ?
- Speaker #1
Quelles expériences t'as inspiré, en tout cas ?
- Speaker #0
Alors, toutes les expériences qui m'ont inspiré, je pense que tu te fais ton petit package. Tu vois, à un moment, tu rencontres plein de gens. Il y en a qui te plaisent, il y en a qui te plaisent te plaisent pas, il y a des manières de faire qui te plaisent, il y a des manières de faire qui te plaisent pas. Moi je me suis toujours dit ça, oula ça j'aime pas, jamais je le referai. Oula ça j'adore, ça c'est cool de faire comme ça. Bon c'est vrai que la dernière expérience américaine où tu changes complètement de culture, c'est une culture qui reste occidentale malgré tout, on n'est pas dans un truc complètement où tu sais plus où tu habites, mais tu es dans une culture pour le coup très participative ou tu es face à tes responsabilités finalement, tu fais tout pour y arriver. Tu donnes le max parce que ça te galvanise le truc. Ça te galvanise à fond. T'es dans une culture du travail qui est un tout petit peu, je pense, différente de la culture française par rapport au travail aujourd'hui, on va dire. Là-bas, si tu bosses pas, tu crèves. Ici, si tu bosses pas, t'es le roi du monde, je pense. Pas loin. Tiens, punchline. Là, c'est mon quart d'heure. Je dénonce. Je ne sais pas si t'es le roi du monde Je dénonce, t'es peut-être pas le roi du monde n'était pas trop mal. T'es beaucoup mieux qu'aux Etats-Unis.
- Speaker #1
T'es plus aidé. Pas dans tous les cas, mais souvent plus aidés.
- Speaker #0
On appelle plus ça de l'aide, on appelle ça de l'assistada. Et donc, je me rends compte que les gens ont quand même envie de bosser, qu'il y a une vraie valeur de travail liée à ça. Et donc, moi, j'essaie d'amener un maximum de tout, avec les contraintes françaises, avec les contraintes des gars aussi qu'ils ont vécues avant. Mais bon, ça prend un peu de temps. Mais aujourd'hui, je peux te dire, il n'y a pas un mot au-dessus de l'autre dans mon labo. C'est hyper rare. des fois t'as 110 personnes quand même qui vivent ensemble ça peut un peu chauffer mais par rapport à ce que je vivais quand j'étais gamin que je travaillais faire mes petits trucs là rien à voir complètement différent c'est hyper agréable après c'est un autre style mais c'est hyper agréable il y en a à qui ça plaît évidemment mais il y en a qui détestent des anciens il y en a qui trouvent que c'est trop différent et bon en tout cas c'est comme ça c'est ma manière de faire et par contre ça je suis intransigeant
- Speaker #1
Ton père, il est parti à quel moment de l'entreprise ? Quand est-ce qu'il a pris sa retraite ?
- Speaker #0
Mon père, ça a été un peu compliqué.
- Speaker #1
Il a eu du mal à prendre sa retraite ?
- Speaker #0
Ah ouais, ouais. Tu viens à un truc à tellement 100% tout le temps. Enfin, moi, je le sais, je le vis maintenant. J'attaque le 6h du mat. Si je n'ai pas de prestat le soir, je finis quand même à 19h30 parce que j'enchaîne les trucs, quoi. Ou je rencontre des gens hyper intéressants ou t'es galvanisé tout le temps. C'est dur de sortir de ça. Je pense que c'est très dur. Même moi, quand je pars en vacances, j'ai du mal à en sortir. Alors que c'est sur un temps limité. Mais il a eu du mal à partir. Ça fait bien deux ans qu'il est vraiment parti. Mais il y a eu trois ans, trois ans et demi un peu chaud.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a un moment où vraiment tu t'es dit, je ne sais pas si ton père était encore là ou pas, mais est-ce qu'il y a un moment où... t'as senti que tu t'étais approprié cette entreprise familiale et qu'en fait, c'était plus la boîte de tes parents que c'était la tienne ?
- Speaker #0
Alors moi, c'est peut-être pas moi qui me l'ai... Enfin, si tu veux, c'est dur de se le dire. Moi, ça a toujours été la mienne. Je rentre là, je suis chez moi et je fais le max. Mais je pense que oui, il y en a beaucoup qui l'ont senti. Il y a eu un moment où, de toute façon, il fallait que le vieux lion parte parce que ça n'allait pas le faire. Il y avait beaucoup de choses qui rentraient en compte. Et puis après, t'es le moteur du truc. Et les gars, t'sais, il y a une période où les gars, ils suivent un peu le père, ils suivent un peu le fils, ce qui est normal. Ils peuvent difficilement dire non aux gars qui les ont fait bouffer pendant 40 ans. Il n'y a rien à dire. Mais derrière, moi, j'arrive avec d'autres idées. Ils étaient plus d'accord ou pas d'accord. Mais il y a un moment, il y a quand même une prise de décision qui doit être faite pour que ça avance. Donc il y a eu un moment un peu de friction où mon père... pouvait dire un peu gris, moi un peu plus blanc et du coup ça divergeait mais écoute, on s'en est pas trop mal sorti, y'a pas eu trop de dégâts collatéraux on va dire et puis maintenant c'est totalement différent maintenant c'est lancé, il passe nous voir une fois par semaine, il vient boire un café et il repart quoi, il dit bonjour à ses gars et c'est très bien comme ça et je le trouve rayonnant comme ça, beaucoup plus rayonnant que quand il était parmi nous.
- Speaker #1
Tant mieux Est-ce qu'on peut parler un peu des événements que vous faites, des prestats ?
- Speaker #0
Ouais Merci.
- Speaker #1
C'est quoi les jolis prestats que tu as en tête, celles que tu aimes faire ?
- Speaker #0
Alors, entre ce que j'aime faire et ce qu'on fait toute la journée, il y a une petite nuance. On fait à peu près tout. On peut faire du cas de couvert. On ne le fait pas pour tout le monde, mais pour des grosses entreprises avec qui on travaille sur plus, on peut faire du cas de couvert. Mais on monte jusqu'à 5000 couverts à 6. Donc, on est sur une palette très, très large. Nous, notre cœur de métier, c'est de savoir C'est d'arriver à créer une expérience dans un lieu complètement insolite. Ça, je pense que c'est le métier de traiteur. Le mot traiteur, d'ailleurs, c'est peut-être pas le plus sexy du monde, mais la définition pour moi, ça serait créer une expérience culinaire dans un lieu complètement insolite, dépourvu d'à peu près tout. Normalement, on est capable de le faire. Et moi, ça, c'est ça qui m'excite dans l'événementiel.
- Speaker #1
Donc, le plus insolite que tu as fait, c'est quoi ?
- Speaker #0
Le plus insolite ? Alors, j'ai des insolites et après, j'ai des défis un peu, on va dire, numériques de nombre. Tu peux parler des deux, alors. On a fait 5000 couverts assis. Ça, c'est votre max ? Assis, oui, c'est le max. En cocktail, on a dû faire un peu plus. Moi, je n'ai jamais fait plus en cocktail, mais mes parents, je pense que si. Mais en assis, c'était le max, max, max. Je pense qu'ils avaient déjà fait 3000, 3500 assis. 5000 assis, ça te fait une sacrée tablée.
- Speaker #1
Donc, 5000 assis. Alors déjà, tu es dans quel lieu ? Comment tu gères ça ? Il te faut combien de gars pour préparer, en fait, pour 5000 personnes ? En termes de logistique, comment tu gères ça ? Je vais te dire des chiffres. J'ai envie d'entendre ces chiffres. Et sur place, en fait, il te faut combien de personnes pour servir ? C'est quoi toute la logistique qui est autour de ça ?
- Speaker #0
Alors, c'était un projet pour l'anniversaire d'une grosse entreprise française lyonnaise. Incroyable, je pense, dans le médical. Et ils invitaient, je vous commence par ça, mais c'est important, ils invitaient tous les collaborateurs de la boîte, du monde entier. 5000 personnes qui font venir à Lyon. Imagine juste le budget de transport et d'hôtel, déjà, de base. Derrière, ça se passe à la Haltoni-Garnier, salle de concert. C'est là où c'est le plus grand à Lyon. Et puis, en plus, la salle est plutôt cachée. et derrière c'est un projet qui prend 8 mois à monter entre le début du projet où on lance le truc que ce soit chez nous c'est même pas pour l'agence d'événementiel qui gérait le traiteur les chevaux, les machins, les trucs il y a eu des chevaux dans les allées c'était délire, c'était un truc de malade et donc on fait des dégustes des machins le menu, on a commencé 8 mois avant je crois que le menu il a été validé même pas un mois avant ce qui était un peu contraignant pour nous
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
Parce qu'ils prennent du temps à décider ? Parce que ça a tardé, on s'est loupé sur une déguste. Il y avait des produits qui ne leur allaient pas pour différentes raisons. Et on travaillait avec David Tissot, mon ancien chef, donc je connaissais bien en plus. Et on fait un repas à une étoile. On fait trois mises en bouche. Omar en entrée, c'est moi qui fais l'assiette. David Tissot, il signe le plat volaille de Bresse. Il y a 18 manips dans le plat, évidemment. Sinon, il me dit, c'est un challenge, Paty, c'est un challenge. Et buffet de dessert. Et là, gros gros défi de prod parce que vraiment dans le plat chaud, il y a 18 manips. Et nous, le gros problème en traiteur, c'est le plat chaud. Parce que c'est là où tu es obligé de le faire sur place quoi qu'il arrive. Tu peux réanticiper parce que tu ne peux pas assembler avant. Là, on réfléchit.
- Speaker #1
Tu dois faire la cuisson sur place.
- Speaker #0
La cuisson pas spécialement, mais remonter en température.
- Speaker #1
Ouais, ok.
- Speaker #0
La cuisson, on ne la fait pas sur place, surtout pour 5000. On fait tout en sous-vide pour avoir la précision exacte de la température. Enfin, voilà, c'est hyper important. Mais si tu veux, on avait une carotte avec un petit Ausha de purée de carotte à cardamome, tu vois, je me souviens, avec des pétales de pickles de carotte dessus, 3 par carotte et 3 girolles confites au miel. Donc, ça faisait 3, 3, 6, 6 avec la carotte, 7. En plus, il fallait la tourner, la carotte. Juste la carotte, il y avait 10 manips dessus. Et après, il y avait la volaille. la sauce et l'herbe. Donc là, si tu faisais les 10 manips de la carotte, t'étais mort. Donc on a tout monté les carottes, ici. Toutes mises à plat, toutes jolies, toutes alignées, tout monté. Donc ici, on a posé 5000 fois 3 girolles, donc 15 000 girolles.
- Speaker #1
Pour préparer cet événement-là, t'as combien de personnes qui travaillent dessus ? Pendant combien de temps ?
- Speaker #0
Ça, c'est compliqué à dire. Je ne saurais pas te le dire. On s'organise pour... tout le monde y a participé. À la fin, les 110, ils ont mis un peu leur pierre à l'édifice. Alors, il y en a certains, ils ont mis leur pierre à l'édifice une heure, et d'autres, ils y ont passé 15 jours. Mais c'est dur à quantifier le temps, parce qu'on fait tellement d'autres trucs aussi à côté. J'avais toutes mes boutiques en même temps.
- Speaker #1
T'as d'autres événements aussi ?
- Speaker #0
Ouais, ouais. Pas le même soir, mais il faut que j'anticipe les événements du lendemain, c'est sûr. Mais donc, on anticipe tout au maximum. Les entrées, bien sûr, c'était au mois de juin. Le homard, tu le sors pas 45 minutes avant Toutes les entrées prédressées ici, 5000 entrées, envoyées en camion. Et donc pour parler un peu chiffres, sur place, table, chaise, nappe, assiette, couteau, fourchette, verre. 36 semi-remorques. En cuisine, on était 52, pas énorme.
- Speaker #1
Le soir de l'événement.
- Speaker #0
52 cuisiniers, 1 pour 1000, 1 pour 100, 1 pour 100 à peu près. J'avais fait 4 offices de 1250, qu'en fait on fait 4 prestats différentes.
- Speaker #1
On sait faire 1250. C'est comme ça que tu l'as imaginé. 4 événements différents.
- Speaker #0
Avec des chefs briefés de la même manière. Comme s'ils faisaient le...
- Speaker #1
Ils font tous la même chose.
- Speaker #0
Et moi je suis au toki et je donne le timing. Avec les gars qui avaient les oreillettes. Moi je suis dans la cuisine VIP mais du coup on avance tous en même temps. On a le même nombre de personnes donc on doit tous avancer en même temps. Quoi qu'il arrive.
- Speaker #1
Et sur cet événement là, t'as réussi à tout anticiper.
- Speaker #0
Ouais. Et même le client, il vient me voir, le client, l'agence d'événementiel, enfin, il peut dire qu'il doit s'en souvenir, mais il vient me voir un moment, il me dit, t'as pas l'air stressé. Mais moi, dès que le moment où mes camions étaient posés, la presse a été faite.
- Speaker #1
Parce que tu sais que derrière, ça va dérouler.
- Speaker #0
Parce que je sais que c'est organisé maintenant. Maintenant, en fait, moi, ma peur, c'était d'amener tout dressé là-bas. Je sais pas, il y a un camion qui crève. Alors, même si c'est pas loin, mais ouf, Il y a un fou sur la route qui crée un accident. A partir du moment où les camions étaient garés, la presse a été faite. En cuisine a été faite. Il y a toujours le service, il ne faut pas se louper et tout ça. En cuisine a été faite.
- Speaker #1
Donc ça, c'est le plus gros que tu as fait ?
- Speaker #0
Ça, oui. C'est le plus gros que j'ai fait. je suis pas sûr de le refaire tout de suite. Des 100 000, c'est un budget. Moi, j'adorerais le refaire. Ce n'est pas le problème de vouloir le refaire, mais il faut qu'il y ait quelqu'un qui soit en capacité de payer.
- Speaker #1
C'est quoi le budget de cet événement ?
- Speaker #0
Je ne sais pas. Deux millions en tout.
- Speaker #1
Enfin, non, mais sur la partie traiteur.
- Speaker #0
Un quart de ça. C'est énorme. C'est 100 balles par tête avec le vin.
- Speaker #1
Donc, toi, tu aimerais le refaire ? Tu n'es pas sûr de trouver les clients ?
- Speaker #0
Mais 100 euros par tête, vu ce qu'on a servi, tu vas dans un resto, ça te coûte 250. Mais oui, ça coûte un peu d'argent.
- Speaker #1
Et donc ça, c'est le plus gros. On parlait du plus insolite.
- Speaker #0
Les insolites, il y en a toujours. Alors ça, les insolites, je te garantis qu'on en a toujours. Et on a un de mes chefs qui est abonné à l'insolite. Dès qu'on appelle ça, c'est un peu moche, mais on dit un cul à faire. Dès que c'est un cul, la presta. C'est Olivier qui va. Il adore. Mais lui, il s'est retrouvé debout sur des camions à couper les branches d'arbres avec une tronçonneuse. La tronçonneuse du voisin de l'événement pour faire passer le camion. Des trucs où à deux heures du mat, elle se fait ressortir le camion par un tracteur. Enfin voilà, des trucs assez délires. Mais oui, ou tu cuisines dans une grange, il y a des poules qui te passent sur le pied. Et tous les jours, rien.
- Speaker #1
Est-ce que ça t'arrive d'avoir des imprévus, des ratés sur ces événements ?
- Speaker #0
Alors les ratés, il y en a tout le temps, tous les jours.
- Speaker #1
C'est quoi les trucs courants ?
- Speaker #0
Il peut y avoir, je ne sais pas, tu demandes, le client a dit, je veux 150 volailles et il y aura trois personnes qui mangent végé. Mais à la fin, il y en a une quatrième. Et tu ne l'as pas anticipé. Tu ne l'as pas. Après, alors ça, ce n'est pas pour grand chose. Ou tu les as oubliés. Du coup, là, tu es pour quelque chose. Ça, ça peut être genre de couac. Après, tu as des couacs aussi de vaisselle. C'est très bête. Mais je prends souvent cet exemple-là, l'exemple de la petite cuillère. Tu vas sur un événement, un mariage, tu sers les cafés à la fin du repas, s'il n'y a pas de petite cuillère pour touiller le sucre, il touille comment ?
- Speaker #1
Ça, ça t'est arrivé ?
- Speaker #0
Ça m'arrive.
- Speaker #1
Ça t'est arrivé plusieurs fois ?
- Speaker #0
La petite cuillère, c'est l'image, mais qu'on oublie.
- Speaker #1
Un petit truc, un dé.
- Speaker #0
Oui, il manque d'hiver. Pour d'hiver, des fois, t'es obligé de faire 4 heures de route. C'est ça le truc de notre métier. Il manque d'hiver, les gens ne boivent pas dans leurs mains. Il y a un moment... Et donc, ouais, c'est un peu ça la complexité de notre métier. Donc, il y a des couacs. Alors, tous les jours, je touche un peu de bois. Pas exactement tous les jours, mais il y en a vraiment souvent. C'est normal, c'est de l'humain. Il y a tout qui rentre en compte. On fait un métier qui est hyper éphémère. Ça bouge, c'est mouvant tout le temps. Mais l'objectif, c'est que le client, il ne s'en rende jamais compte. Et ça, globalement, ça n'arrive absolument jamais. Globalement, on rattrape toujours le truc. C'est rare qu'on ait un couac total où on dit, écoutez, on est incapable de le faire. Moi, ça ne m'est pas arrivé. Ça ne m'est pas arrivé. J'espère franchement que ça ne m'arrivera jamais parce que je serai très mal à l'aise.
- Speaker #1
Oui, j'imagine.
- Speaker #0
Et nous, notre métier, c'est de se remettre tout le temps en question. Tu arrives toujours dans des lieux différents, donc tu n'as pas le choix en fait. Tu n'es jamais dans ta cuisine avec ton petit confort. Tu n'es jamais confortable dans notre métier. Moi, j'adore ça. tout le monde n'aime pas, mais t'es jamais confortable C'est une remise en question permanente et tu dois toujours trouver une solution.
- Speaker #1
Et en termes de logistique, à chaque fois que tu fais un événement, devoir tout prévoir, ce que tu disais, les tables, les chaises, les nappes, en permanence pour chaque événement, tu dois avoir tes process pour jamais rien oublier. Ça a un côté un peu hyper épuisant aussi, non ?
- Speaker #0
Ne leur dis pas ça, ils vont me demander une augmentation.
- Speaker #1
Parce que tu vois, quand tu fais un service au resto, tu as fait ta mise en place. C'est ce qu'on se dit, si au bout d'un moment, il te manque quelque chose, un item à ta carte, en fait, ce n'est pas grave, tout le monde le comprend. Mais globalement, tu es toujours dans ta cuisine, tu as toujours tout à disposition. Quand tu pars en événement, c'est en fait recommencer en permanence de charger les camions et de vérifier, et je ne sais pas combien de fois vous vérifiez, de n'avoir rien oublié. C'est hyper lourd en fait.
- Speaker #0
Et si on a oublié un truc, il faut l'anticiper le plus tôt possible pour qu'on puisse réagir. C'est pas au moment du café que tu réagis, il n'y a pas de cuillère à café. Idéalement, non. Mais c'est un métier. C'est un métier logisticien, figure-toi. C'est un métier, je pense, passionnant parce que tu travailles sur plein de thématiques différentes. Mais oui, c'est clairement un métier. Comme tous les autres métiers, il faut qu'ils soient pros dans leur domaine. Et on vérifie comment ça se passe pour la logistique matérielle. J'ai mon responsable qui fait des fiches matérielles en lisant les prestations. Derrière, il y a les gars qui reprennent ces fiches matérielles et qui font le tour de l'espace logistique pour récupérer tout le matériel. C'est chargé dans le camion. Au moment du chargement, il y a première vérification. Et au moment du déchargement, par le maître d'hôtel, celui qui va réaliser la prestation, il doit vérifier tout ce qu'il a pour être sûr que ça passe.
- Speaker #1
Donc, tu as ce moment du déchargement. En fait, tu as... C'est le dernier instant où tu peux te rendre compte qu'il y a un truc qui ne va pas, un truc qui manque.
- Speaker #0
C'est ça. Si tu veux, le samedi entre 15h et 17h, c'est là où les gars arrivent sur les mariages. Je sais que ça appelle à ce moment-là. Donc, il faut que j'aille à mon téléphone.
- Speaker #1
Et tu as des trucs qui manquent un petit peu partout régulièrement ?
- Speaker #0
Non. Franchement, non. Franchement, j'ai de la chance. Non. Mais si tu veux, l'autre jour, il manquait un poisson. je lui ai dit tu prends ta voiture, tu vas en terre marcher et t'achètes un bout de poisson Pas faire 4 heures de route pour te ramener un morceau de poisson alors que tu as un intermarché. Ça peut être un moyen aussi de se dépanner.
- Speaker #1
Parce que les événements, c'est quoi en fait ?
- Speaker #0
Le périmètre ?
- Speaker #1
Oui, exactement.
- Speaker #0
Le périmètre, alors région lyonnaise, c'est le périmètre dans lequel on est tout le temps. Région lyonnaise, Rhône-Alpes, on est tout le temps dans ce périmètre-là. Après, je peux aller où tu veux, mais ça coûte de l'argent. C'est toujours pareil. C'est que je déplace des équipes, je déplace des camions. C'est qu'à la fin, tu vas payer des heures de mecs qui sont dans des camions. Donc, tu as tout intérêt de prendre le traiteur qui est à côté de chez toi.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui te plaît dans le côté événementiel ? Tu vois, tout à l'heure, on parlait d'adrénaline. Il y a plus dans les événements, forcément. Tu es en permanence dans des environnements où tu n'es pas familier, en fait.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. C'est cette remise en cause permanente. c'est de ne pas avoir trop de redondance, c'est d'être toujours dans un modèle complètement différent, avec des clientaux complètement différents, t'es jamais dans tes chaussons pour le coup, ça c'est vraiment ce qui me plaît je pense dans l'événementiel, et puis après tu vois des trucs extraordinaires, on accède quand même à des lieux que personne ne voit, personne ne verra. On fait manger à la préfecture, on fait manger à l'hôtel de ville, on fait manger... Il y a plein de gens lyonnais qui n'ont jamais vu l'intérieur de l'hôtel de ville. Nous, on y est quatre fois par mois. Tu vois que... ou des châteaux, des châteaux extraordinaires, même des propriétés privées extraordinaires. On voit de ces trucs, c'est dingue. Donc ça aussi, ça fait partie de la beauté un peu de notre métier.
- Speaker #1
On peut parler chiffres un peu ?
- Speaker #0
On peut parler chiffres ?
- Speaker #1
Bah, pour qu'on... alors... Tout à l'heure, tu disais, par exemple, que vous faisiez tout maison. Est-ce qu'en termes de marge, c'est plus intéressant de faire du tout maison ou pas ?
- Speaker #0
Ça dépend quand. Je vais toujours nuancer le propos. C'est hyper... Moi, je vois difficilement faire l'inverse, même si la conjoncture fait qu'il vaut mieux peut-être faire l'inverse. Mais c'est des charges fixes, faire tout maison, parce que tu as des collaborateurs. qui ont un vrai savoir-faire, donc forcément qui coûtent un peu d'argent, mais que tu as envie de garder, évidemment. Donc tu travailles avec des collaborateurs en CDI, tu ne travailles pas avec des extras, donc c'est des charges fixes. Quand ça débaroule et qu'il y a du boulot de partout, c'est hyper intéressant parce que tu fais bosser tout le monde à fond, et mec, tu les nourris, quand je dis tu les nourris, tu les payes bien, tout le monde bosse, tout le monde bosse, tout le monde bosse, à la fin tu as le chiffre qui rentre en face, donc c'est super bon. Là, je pense que c'est très bon de faire du maison. Et en plus, tu te différencies grave des autres parce que je pense que sur la région, j'en suis certain, il n'y a aucun traiteur qui fait autant de trucs que nous. En partant du pain à la petite déco sur le dessert faite par nous-mêmes, c'est sûr et certain, j'en suis convaincu. Mais à côté de ça, la conjoncture actuelle fait que quand même, ce n'est pas hyper évident, notamment l'événementiel, parce qu'on a peut-être le budget qui... qui est supprimé en premier aujourd'hui dans les boîtes ou même dans les ménages. Du coup, le jour où tu as un mois creux, faire tout maison, ça t'abasse. Ça te fait exploser. Donc c'est notre parti prié. Je n'ai pas envie de le lâcher parce que je n'ai pas envie qu'on tombe dans la simplicité. Le jour où tu es dans la simplicité, je pense que tu es mort. Moi, ce n'est pas le métier que j'ai envie de faire, d'acheter pour revendre. Ça ne m'intéresse pas. Et je pense que ça n'intéressera pas du tout mes gars non plus. Alors on va se battre pour ne pas avoir à le faire. On va essayer de trouver des contrats un maximum et travailler encore sur plein de choses, sur la régularité aussi de nos contrats. Parce qu'en fait, il faut combler les zones un peu plus calmes de l'année.
- Speaker #1
C'est toi qui prospectes ?
- Speaker #0
Alors moi, je prospecte pas mal. Enfin, c'est pas que je prospecte, mais je suis quand même l'image de marque aujourd'hui. Alors, soit je suis contacté directement. J'aime bien faire un petit rendez-vous, moi, je trouve que c'est important. Et après, j'envoie ma directrice commerciale ou quelqu'un de mon équipe commerciale. Mais globalement, je pense que le côté, il n'y a rien de mieux qu'un contact humain. Donc, je prospecte pas spécialement, mais je suis attentif à ce qui passe autour de moi. J'ai la chance de participer à plein de choses, d'être invité aussi à plein d'endroits, rencontrer plein de gens. Donc, ça se fait de fil en aiguille.
- Speaker #1
C'est ta visibilité qui t'apporte du business ? C'est ta notoriété ?
- Speaker #0
Il y a la notoriété de base de l'entreprise qui apporte du business sans que j'ai rien à faire. Qui tombe direct soit sur le mail, soit sur le téléphone des commerciales. Moi, je n'y touche même pas et je n'en entends même pas parler. et après et après moi j'en ramène des Oui, j'arrive à ramener un peu de business en plus lié à plein de choses, lié à la notoriété des réseaux sociaux, lié à mon travail, lié au travail qu'on fait tous les jours, lié que je m'appelle quand même Baptiste Pignol et que ça aide un petit peu. Aujourd'hui, même sur Lyon, on est le seul traiteur nominatif où la famille bosse toujours dedans. Ça, c'est quand même assez ouf.
- Speaker #1
Et c'est toi aussi qui fais les recrutements ?
- Speaker #0
Je ne fais pas tous les recrutements, pas du tout, mais je fais tous mes recrutements au labo. Ça, j'y tiens. Parce que je suis tout le temps là, donc je tiens à faire. En plus, je n'en ai pas beaucoup à recruter.
- Speaker #1
Tu n'as pas de turnover ?
- Speaker #0
J'en ai un peu, mais pas tant que ça. Ils sont bien chez nous.
- Speaker #1
Pourquoi ils sont bien ?
- Speaker #0
Ils sont bien parce que je pense qu'on essaye de faire au mieux les choses. On est hyper transparent sur tout, enfin un maximum sur toutes les décisions qu'on prend. Et le plus rapidement possible, on parle avec eux, ils nous connaissent, ils savent que... Mes parents, ils n'ont pas de vis. Ils n'ont jamais eu de vis dans leur vie. Moi, je n'en ai pas. Donc voilà, c'est aussi ce que cherchent les gens. C'est des relations de confiance qu'on a entre nous et c'est essentiel. Essentiel. Si cette année, l'entreprise, elle fait un mauvais chiffre, je leur dis, l'entreprise, elle fait un mauvais chiffre. Je ne veux pas leur dire, tout est bleu, tout est rose, les gars, pompez l'op. S'il faut leur dire, les gars, vous coupez le robinet, vous coupez le robinet. Donc non, on travaille tous bien ensemble et je pense que ça c'est hyper important et ils sont hyper attentifs à ça. Ils adorent quand on leur donne des chiffres qui soient bons ou qui soient mauvais. Alors, jamais cool d'entendre des mauvais chiffres mais voilà, on est transparent sur tout ce qu'on fait et on l'a toujours été et c'est vraiment une de mes philosophies aussi de continuer dans cette voie-là.
- Speaker #1
Sur les horaires et les conditions de travail, t'as l'impression que t'arrives à tirer ?
- Speaker #0
Ça c'est sûr que mes horaires et les... On ne sort pas là de condition de travail, mais les horaires, ils attirent. On fait du 6h à 14h, les gars, à peu près. Donc oui, c'est quand même des horaires qui sont plutôt...
- Speaker #1
La prod, c'est du lundi au vendredi ?
- Speaker #0
La prod, c'est du lundi au samedi.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Lundi, samedi, j'ai une équipe qui fait lundi, vendredi, et une équipe qui fait mardi, samedi. Donc le labo, il est plein, plein à craquer entre mardi et vendredi.
- Speaker #1
Ok. Et donc globalement, la plupart des gens ont un... ont des horaires en semaine.
- Speaker #0
En semaine et deux jours off consécutifs.
- Speaker #1
Et donc, samedi, dimanche, tu n'as que les personnes qui se retrouvent sur les events.
- Speaker #0
Et samedi, dimanche, déjà tous les soirs, il n'y a que les personnes sur les events de la semaine. Également le week-end. Sauf que la plus-value, c'est que c'est de l'extra. C'est de l'argent supplémentaire. Donc, celui qui a envie de gagner de l'argent, chez nous, il peut bosser plus et gagner plus.
- Speaker #1
t'as les conditions de travail, les horaires toi tu fais aussi pas mal d'événements on parlait tout à l'heure du championnat de France de pâte écoute du monde, du monde madame championnat du monde ça aussi est-ce que c'est pas un truc j'imagine en fait vous êtes plusieurs à travailler sur ce championnat peut-être est-ce que ça c'est pas aussi un truc qui aide qui motive les équipes. Il y a du challenge peut-être aussi dans la recherche, dans l'investissement.
- Speaker #0
C'est sûr que ça motive les équipes, c'est sûr et certain. Le championnat du vente de pâtes et croûtes, c'est un bon exemple, mais c'est une aiguille dans une botte de foin. On est obligé de les motiver tout le temps avec des challenges, avec des idées, avec des manières de travailler, avec un concours, avec une recette, avec un produit. C'est vraiment... C'est sûr que ça, ça participe aussi au bien-être au travail, sans parler de... Oui, c'est le bien-être au travail, je pense. Et le concours, ça galvanise une équipe. Alors, tout le monde ne bosse pas dessus, mais les gars, ils goûtent. On n'a empêché personne de venir goûter le pâté gros de quand on l'a fait. On n'a empêché personne de nous donner un conseil. On n'a empêché personne de nous dire ce qu'il en pensait. Donc en vrai, c'est trop bien. Et puis, tu as 220 cerveaux qui bossent sur un truc. Normalement, ça marche.
- Speaker #1
Tu fais aussi pas mal de collabs, tu me disais, avec des grands chefs. C'est quoi ces collabs, ces events que tu fais ?
- Speaker #0
Ça, c'est des collabs, c'est des exigences des clients. Ce n'est pas moi qui décide absolument de faire une collab avec un grand chef. C'est des exigences des clients qui soit nous disent, il nous faut un chef. Et là, je choisis. C'est-à-dire qu'en fonction du profil des clients, je choisis.
- Speaker #1
Pourquoi ils veulent un chef ?
- Speaker #0
Pour signer leur menu, ça fait classe.
- Speaker #1
Donc, c'est le chef qui prépare le menu, qui fait le menu.
- Speaker #0
Qui signe le menu, il m'envoie les fiches techniques et moi, je réalise.
- Speaker #1
Et toi, tu produis.
- Speaker #0
Ça se passe comme ça. Et après, il y a des clients. qui ont un chef copain, copain, pas copain, mais avec qui ils travaillent très régulièrement. Et du coup, ils nous l'imposent, imposé entre guillemets, mais ils nous l'imposent et on doit travailler avec ce chef et on doit réaliser son menu quoi qu'il arrive. Il y a deux méthodes de travail, mais c'est rarement moi qui dis tiens, je vais faire l'événement avec ce chef-là. Non, non.
- Speaker #1
Et donc les collabs, elles se passent bien ? Oui. En fait, pour toi, est-ce que ça peut être un challenge ? Parce que j'imagine quand c'est un chef, ça peut être un chef étoilé ?
- Speaker #0
Il y a des chefs étoilés, il y a des meufs. C'est souvent d'ailleurs des chefs étoilés et des meufs, principalement.
- Speaker #1
Est-ce que parfois, ils vont dans les menus aller chercher des choses qui sont peut-être un peu plus complexes à réaliser pour toi ? En tout cas, à réaliser en extérieur. Est-ce que ça te demande un peu de travail à ce niveau-là, pour adapter leur menu à l'événementiel ?
- Speaker #0
Alors évidemment que ça demande du travail. Mais la base de la réussite, c'est la discussion. Et c'est ce que j'impose tout de suite, de toute façon. L'idée, c'est qu'une fois que j'ai reçu la fiche technique du chef, évidemment, je la lis, je la décortique. Et si ça ne passe pas, je lui dis. Je lui dis, ça ne va pas le faire. Je ne peux pas vous inventer. Je ne vous en dis pas plus ni moins, ça ne le fera pas. Donc, il faut changer un truc. Et alors, des fois, je donne des idées. Des fois, je n'en ai pas plus que ça. Ou alors, je lui explique comment on va faire pour que ça passe. Et c'est peut-être. pas ce qu'il entendait exactement à la base. Mais c'est... La grande chance qu'on a, c'est que quand même, ce métier, il est quand même insolite et peu de gens savent le faire correctement. Et c'est pas parce qu'on est chef étoilé ou mof qu'on sait faire le métier qu'on fait et qu'on sait travailler avec les équipes qu'on a. Enfin, c'est nos équipes. Globalement, j'ai jamais eu trop de problèmes à expliquer à qui que ce soit ou mof, pas mof, chef étoilé. Ça passe pas, ça passe pas, je vous le dis. Après... Parce qu'à la fin, ça m'a retombé sur moi. Donc après, c'est une discussion intelligente, qui fait plaisir ou pas, mais s'il faut qu'il trouve autre chose, il trouve autre chose. Et à ce moment-là, on l'envoie au client. Une fois qu'on est d'accord, après on l'envoie au client.
- Speaker #1
Et c'est quel collab que tu as préféré ?
- Speaker #0
Je n'ai pas de collab préféré en vrai. C'est pareil, ils sont tous tellement différents.
- Speaker #1
Une peut-être qui t'a marqué ? Qui t'a challengé ?
- Speaker #0
La dernière avec Marguerite, elle était marrante. C'est un personnage. Mais après, nous, on travaille beaucoup avec Mathieu Vianney. Et lui, il nous connaît bien. Donc lui, il sait aussi me pousser un peu dans mes retranchements. L'autre jour, il m'a fait faire du bœuf Wellington pour 1000 personnes. J'avais un peu les pétoches quand même. Parce qu'il sort de saignant dans une pâte feuilletée. À la maison, je sais le faire pour 6. Mais en traiteur, sachant qu'on n'a pas de four, on a des étuves. C'était un challenge. Écoute, ça s'est très bien passé. Maintenant, c'est faire, donc j'en suis ravi. Mais lui, il a été confiant. Et là, c'est moi qui l'ai écouté.
- Speaker #1
C'est lui qui t'a dit comment il fallait que tu fasses ? Ouais,
- Speaker #0
je l'ai écouté. Je lui ai dit, je suis arrivé, j'ai dit, ça, je ne sais pas faire. Je lui ai dit, bah, direct. Alors là, je ne vais pas dire, je fais genre, je sais faire pour que tout foire. Mon intérêt, il n'est pas là. donc je lui ai dit écoute je vais pas faire écoutez chef On peut y aller, on peut tenter si vous êtes sûr, mais moi, je ne sais pas faire. Bon, maintenant, du coup, je sais faire.
- Speaker #1
Tu as suivi à la lettre ?
- Speaker #0
Après, on a tatillonné. Je te garantis que sur le moment, ni lui, ni moi n'étaient sortis. Puis, tu ne le vois pas, le bœuf, il est enfermé dans une côte.
- Speaker #1
Tu ne peux pas vérifier.
- Speaker #0
Tu as des sondes, tu as des trucs qui t'aident quand même, mais il faut que les gens passent à table au bon moment. Ça s'est bien passé et je l'ai refait dernièrement, donc pareil, pour un peu moins, mais super bien passé.
- Speaker #1
À côté de Maison Pignol, est-ce que tu développes d'autres choses ?
- Speaker #0
À côté de Maison Pignol, ben...
- Speaker #1
Est-ce que t'as envie de développer d'autres choses ?
- Speaker #0
Ouais, on est à fond dans le développement. Ça permet de bouger aussi, de pas avoir ses oeufs dans le même panier. Là dernièrement, il y a un peu moins d'un an, on a racheté une boîte de travailleurs handicapés, enfin en tout cas sujet au handicap, et on a monté un traiteur qui s'appelle Talent Pluriel. Moi je dis on, mais oui, on est plusieurs à avoir travaillé dessus, et on travaille à plusieurs dessus. Et là l'idée c'est de travailler avec des jeunes aujourd'hui, c'est plutôt des jeunes, de les former à la cuisine, à l'événementiel, de les former aux pièces cocktail. Derrière, on propose une gamme de pièces cocktail pour soit compléter l'offre Pignol, soit en totale autonomie. Et qu'avec des personnes atteintes de handicap.
- Speaker #1
Donc cette offre, elle est marketée comme ça ?
- Speaker #0
Elle est marketée comme ça, elle n'est pas du tout Pignol d'ailleurs. Elle n'appartient pas du tout à la société Pignol, elle m'appartient à moi en direct. C'est moi qui ai mis de l'argent en solo dedans. Et d'ailleurs, il faut qu'elle soit complètement détachée de Pignol. Alors aujourd'hui, ils travaillent dans les mêmes locaux, tout ça, parce qu'il faut optimiser, on ne va pas faire des locaux pour faire des locaux. Mais c'est une entreprise complètement à part entière, qui fait ses propres achats, qui fait ses propres factures, qui fait ses propres fiches de paye.
- Speaker #1
Donc tu as combien de personnes en situation de handicap qui travaillent aujourd'hui ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, 5, avec un encadrant. Donc c'est génial. 5 plus Paulin au restaurant qui fait le service. Le petit Paulin. Et puis ce qui est incroyable avec ces personnes-là, c'est qu'elles ont chacun un talent, il faut juste savoir s'en servir. Elles ne le démultiplient pas comme nous on pourrait le faire, c'est-à-dire que nous on peut en avoir plusieurs, plutôt bons dans plusieurs domaines. Là, eux ils sont bons dans un domaine, par contre quand ils sont bons dans le domaine, ils sont excellents dans le domaine. Là on a une petite avec nous, tu lui fais faire des plateaux de pièces cocktail, t'es garanti qu'il n'y en a pas une qui dépasse. On les fait toi et moi, je te garantis, tout dépasse. Elle, elle prend le temps de le faire, par contre, c'est au cordeau.
- Speaker #1
Donc ça, c'est quelque chose que tu veux développer.
- Speaker #0
Et ça, on continue de le développer à fond. L'objectif, c'est de former ces jeunes. Une fois qu'ils sont formés un peu à notre métier, c'est de les faire basculer, cette fois-ci, dans Pignol. Donc, j'ai une démission.
- Speaker #1
Là, ils sont en CDI ?
- Speaker #0
CDI. J'en ai deux en CDI et les autres, ils sont en stage. On prend des stagiaires pour les tester parce que tout le monde n'est pas capable de faire ce qu'on fait quand même. Et ça dépend pas du tout de la... Ça dépend vraiment de la personne, ça dépend pas du tout de la pathologie. Il y en a un qui peut être trisomique, qui va super bien arriver, parce que sa trisomie fait que ça fonctionne, ou qu'il est très précis dans un domaine. Et il y en a un autre où... Il n'y a aucun domaine chez nous qui lui correspond. Donc, nous, on veut vraiment écrire des histoires dans la longueur. Le but, ce n'est pas de garder des jeunes pour leur faire plaisir. C'est de garder des jeunes pour les faire vraiment bosser et qu'ils rentrent dans la vie active.
- Speaker #1
Et c'est des gens qu'on...
- Speaker #0
C'est un peu creux dit comme ça, mais c'est important. Ce n'est pas une asso. C'est une société, c'est une entreprise.
- Speaker #1
Donc, tu veux des gens qui te délivrent, en fait. Ah bah je veux des gens qui délivrent le travail pour lequel tu es en gauche.
- Speaker #0
Si on les prend, c'est pas pour faire de la figuration, tu vois. Je pourrais dire à mes gars, vous faites les pièces, eux ils restent, ils font des tours, mais c'est pas le but.
- Speaker #1
Ouais. Est-ce que c'est des gens qui ont déjà une affinité avec la cuisine quand ils arrivent ici ? Pas forcément ?
- Speaker #0
Alors pas tous, pas tous. Mais il y en a pas mal qui cuisinent chez eux, grave, à fond. Mais non, non, vraiment pas tous.
- Speaker #1
Et l'encadrant, c'est quelqu'un qui cuisine ?
- Speaker #0
Par contre, l'encadrant, c'est un cuisinier. C'est Dominique Moreau aujourd'hui. qui est toque blanche lonaise et qui était un peu porteur du projet initialement et le jour où j'ai repris je lui ai dit Dominique faut que tu restes avec moi enfin t'as pas le choix sinon j'y vais pas parce que c'est toi qui les connais ces jeunes moi je connais pas ce monde là je connais rien et c'est quand même un monde un peu particulier où il faut avoir c'est des techniques encore différentes c'est une manière de communiquer encore différente enfin donc voilà Il est resté avec moi et tant mieux,
- Speaker #1
je suis ravi. Aujourd'hui, c'est déjà une boîte, la Maison Pignol, qui est énorme. Dans les prochaines années, comment t'imagines le développement ? T'as envie de quoi ?
- Speaker #0
De quoi j'ai envie ? C'est de faire en sorte qu'elle soit vraiment pérenne, la boîte, qu'elle tourne à fond, entre guillemets, le plus facilement possible. C'est-à-dire qu'on... qu'on mette bien tout en place pour que tout fonctionne de façon carré, que les bonnes personnes soient au bon endroit, qu'on arrive à former des gens hyper importants et qu'on arrive aussi à sortir de l'argent pour payer. Enfin voilà, ça reste une entreprise. Et derrière, pour moi, c'est... Alors toujours de garder cette énergie, cette boîte et de pouvoir m'éclater avec. Mais à côté de ça, j'ai vraiment envie de mettre à fond l'événementiel et le traiteur. Globalement, il faut qu'on explique aux gens ce qu'on fait comme métier.
- Speaker #1
C'est pour ça que tu commences à beaucoup en parler sur tes réseaux sociaux, par exemple. Tu as envie de montrer les coulisses.
- Speaker #0
Je suis à fond sur les réseaux sociaux et je suis à fond sur montrer les coulisses nature peinture. je te garantis que Quand je faisais des vidéos avec des grands chefs, des machins, il fallait tout essuyer, que tout soit nickel avant tout. Moi, je prends la caméra, allez, viens, on y va et on va voir la vérité. Et s'il y a une poubelle, il y a une poubelle.
- Speaker #1
Qui fait ces vidéos ?
- Speaker #0
J'ai une fille qui travaille avec moi, on travaille toute la journée ensemble, qui me suit. Pas toute la journée sur ma tronche, mais elle gère aussi le reste de la communication de l'entreprise. On essaye d'en sortir une par semaine. Et c'est des vidéos à vocation entre guillemets, pas à prétention d'apprendre quoi que ce soit, mais pédagogiques sur l'ouverture sur notre métier et comprendre comment nous on travaille. Et que entre le moment où tu décroches le téléphone pour dire j'aimerais un cocktail de 150 ou un dîner de 150, et le moment où c'est un parti en prod, c'est parti sur la prestat, c'est servi, c'est rechargé dans le camion et c'est le nettoyé, il y a un paquet de personnes qui bossent dessus. Pas tout à temps complet, mais il y a un paquet de personnes qui bossent dessus. Chacun met sa petite pierre à l'édifice.
- Speaker #1
Est-ce que les plus gros défis sont humains ou logistiques, à ton avis, sur ces événements-là ?
- Speaker #0
Non, les plus gros défis sont humains. Ils seront toujours humains. On a un métier d'humain. La logistique, c'est bidon. La logistique, c'est de la concentration. L'humain, c'est le plus gros défi de nos métiers. Parce qu'aujourd'hui, on est des métiers quand même à faible marge, quoi qu'il en soit. Donc, ce n'est pas des métiers très lucratifs. Tu mets tout bout à bout dans un resto où ils bossent 70 heures. Tu regardes même les chefs, ils sont payés moins que des femmes de ménage. Donc, je te parle en taux horaire.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Donc non, le défi, il est humain. Et le défi, c'est de montrer aussi que ce n'est pas parce qu'on fait du nombre qu'on est obligé de se prostituer sur les prix parce qu'on ne peut pas. Et qu'à un moment, il y a une équipe qui travaille derrière. Ou alors, on travaille d'une autre manière. Mais moi, je ne suis pas trop de cette team-là, encore une fois. Donc je pense que l'intérêt aujourd'hui, c'est de montrer que c'est encore un métier différent de la cuisine et de la pâtisserie. Et tu vois, je suis... convaincu que les cuisiniers, ils ont été mis grave en avant avec Paul Bocuse après dans les années 90, 2000 à fond. Derrière, les pâtissiers depuis les 2010 avec les Cédric Grolet, enfin tout ça, ça éclate. Et nous, personne ne parle de nous.
- Speaker #1
Donc c'est ta mission.
- Speaker #0
Ouais, on va aller faire un peu de bruit. On va essayer en tout cas.
- Speaker #1
Est-ce que t'as trois noms d'entrepreneurs de la restauration qui ont des parcours ? qui t'inspirent et dont tu voudrais donner les noms pour que peut-être on les contacte et qu'on leur propose de participer au podcast.
- Speaker #0
Yes. Le premier, je vais te dire Tom Meyer, qui vient de reprendre la direction, la cuisine de la Chèvre d'Or. On s'est rencontrés à la Chèvre d'Or, d'ailleurs. J'étais le commis, il était demi-chef de partie. Et ce mec-là, c'est un génie de la cuisine. Aujourd'hui, ce qu'il fait, c'est dément. Et juste en photo, c'est beau, t'as faim, tu vois. Donc ça c'est génial. Et puis on parlait d'entreprendre, c'était plutôt autour de l'entrepreneuriat ce podcast. Lui il n'a pas entrepris, il n'a pas créé une boîte, mais il travaille pour une boîte. Mais il a entrepris dans sa vie perso, il s'est mis des contraintes, il s'est mis des défis, il s'est mis sûrement énormément de doutes et il a passé tous ses concours, il a passé notamment le meilleur volet de France il y a un an ou deux. Donc il est meilleur au Ville de France, ce qui n'est pas rien. Je crois qu'il a un peu plus de 30 ans. Il doit avoir 4 ans de plus que moi. Il doit avoir 33, 34. Et ça, c'est énorme. Je trouve ça énorme et c'est hyper inspirant. Le mec qui part de rien, c'est personne. Pour le coup, moi j'arrive, j'ai un nom qui n'est pas lié du tout à moi. Mais lui, il part de rien et il s'est fait un nom de dingue. Il est tout jeune et il boit un gros, gros, gros respect. J'adore. Et le mec est adorable et trop humble et il dira jamais que c'est le meilleur, mais moi je pense que c'est le meilleur. Deuxième, qui a un peu beaucoup marqué mon parcours, c'est Daniel Boulu. Autre registre, pas le même âge, mais en termes de performance entrepreneuriale, trop fort. Trop fort aussi. Aujourd'hui, il a plus de 1000 salariés, 1300 salariés.
- Speaker #1
Tous aux Etats-Unis ?
- Speaker #0
Non, aux Etats-Unis, Canada, Dubaï, Hong Kong. Il doit avoir, je ne veux pas me tromper, mais un peu plus de 60 ans. Je suis gentil.
- Speaker #1
70,
- Speaker #0
ouais. Et il est trop fort. J'ai la chance de le côtoyer quand même toujours. Quand je vais aux Etats-Unis, mais même quand il vient à Lyon, il vient me dire bonjour. Ou je vais lui dire bonjour. Et c'est un gars d'une simplicité hors normes par rapport à son parcours. Il a une espèce d'aura qui t'attire vers lui. Et d'ailleurs, il a des équipes qui lui sont fidèles. C'est incroyable. Il a attiré des gens avec lui. D'ailleurs, moi...
- Speaker #1
Ça t'a inspiré, sa posture, justement ?
- Speaker #0
Ah ouais, ouais. Incroyable. Et t'as mal à la tête, c'est lui qui t'amène un Doliprane. C'est complètement fou. Et si tu veux, même moi, j'aurais pas eu tout ce cadre familial, je restais là-bas, c'est sûr. Et je devenais son soldat.
- Speaker #1
Et lui, il t'inspire en tant que chef, en tant que manager, et aussi en tant qu'entrepreneur. T'as eu des discussions avec lui ? justement sur l'entrepreneuriat et sur peut-être sa vision de comment il voulait continuer à faire grandir son entreprise.
- Speaker #0
J'ai eu des discussions avec lui, mais c'est surtout ce que je vois. Il se challenge tout le temps, il challenge ses équipes. Et ça, c'est hors norme. Il y a son côté, c'est sa simplicité naturelle qui est extraordinaire, sachant que trop de projets à gérer. C'est un gars, il travaille du lundi matin, je pense, à 7h30 après le café. Et il finit le dimanche soir à 22h. Il est en week-end entre 22h et 7h30 entre dimanche et lundi. C'est trop fort. Tout le monde ne veut pas ça, ce que je peux très bien comprendre. Mais là où il est, il peut la voler à personne. Donc ouais, exemple de ouf, exemple de ouf.
- Speaker #1
Et un troisième ?
- Speaker #0
Et un troisième, je dirais autre registre, mais un gars que j'aime bien. On se connaît un peu et on n'est pas hyper proches, mais c'est Hugo Pralu. Je pense qu'on a un parcours un petit peu similaire. On a sensiblement le même âge aussi. On est tous les deux nés avec un nom de famille qui a un peu de résonance. Et on a tous les deux cette envie de reprendre l'entreprise familiale. Alors je suis un tout petit peu plus avancé dans le process que lui aujourd'hui, lié à l'âge de mes parents tout simplement. Mais il est à fond en prod, il fait des trucs trop cool. Il a relancé une gamme de chocolat hyper intéressante pour la maison Pralue, je pense. Et ouais, c'est un mec génial et j'espère qu'on va se tirer vers le haut tout le long de notre carrière parce que c'est sûr que lui, il le mérite. Donc voilà. Et puis, il est dans la passation père-fils et je sais ce que c'est. C'est pas facile. On montre sur les réseaux que c'est super, que c'est génial et qu'on s'adore. Mais des fois, c'est chaud.
- Speaker #1
Et là, je rebondis juste sur Daniel Boulu. Tu parles du fait que c'est un gros bosseur. Tu disais tout à l'heure l'importance. que tes salariés, en fait, ils aient des bonnes conditions de travail. Le fait qu'en fait, ils ne travaillent pas le soir ou très peu, qu'ils ont un travail de semaine. Toi, en fait, cet équilibre-là dans ta vie perso, est-ce que tu te l'appliques ? Est-ce que tu fais attention ?
- Speaker #0
Alors, je ne me l'applique pas tout à fait de la même manière. Je ne me l'applique pas tout à fait de la même manière, mais je fais attention. Si, si, je fais attention. Après, je m'éclate. Il y a un moment, si tu es bien là où tu es... Je compte pas mes heures, je regarde pas.
- Speaker #1
T'as pas l'impression de travailler ?
- Speaker #0
Si, des fois j'ai un peu l'impression de travailler quand même, mais pas souvent. Puis je suis dans mon truc là, j'ai envie de performer, c'est ce côté performance aussi qui m'intéresse. J'ai pas, si tu veux, en termes de famille aujourd'hui, j'ai pas trop de contraintes. Donc c'est maintenant qu'il faut y aller quoi. Donc oui, je bosse un petit peu et je bosse un peu plus que certains chez moi. Mais je pense que c'est normal aussi. Tu dépends ce que tu veux. Et aujourd'hui, c'est ce que je veux. Donc, ce n'est pas du tout une contrainte loin de là. Et je fais attention à moi. Ne t'inquiète pas. J'ai le temps de faire plein de choses à côté.
- Speaker #1
Je ne m'inquiétais pas. Est-ce que... Je pense que cet épisode, il va inspirer beaucoup de gens qui ont sans doute envie de se lancer dans l'événementiel.
- Speaker #0
Venez nous voir.
- Speaker #1
C'est un secteur quand même hyper sexy, l'événementiel. Est-ce que tu aurais... un conseil à donner à ceux qui ont envie de se lancer. Ou peut-être, soit un conseil à leur donner, ou alors peut-être partager une erreur que toi, tu as faite, et qui pourrait éviter, grâce à ton expérience.
- Speaker #0
Le conseil que je donne assez souvent, c'est la constance. T'es rien sans constance. Notre métier, c'est pas un sprint. C'est une course de fond. Ça, c'est ma mère qui me le disait tout le temps. Et c'est 100% vrai. T'es bon du lundi. Tu dois être bon. Tu prends ton dimanche, tu prends ton samedi, on s'en fout. Mais tu dois être bon de la première minute où tu rentres dans ton personnage de travail jusqu'à la dernière. Le week-end, tu bois, tu fais ce que tu veux, on s'en fout. Mais par contre, quand tu es au boulot, tu es au boulot. Et ça, la constance, les jeunes, là, aujourd'hui, c'est un peu compliqué. Pas tous, mais c'est peut-être le plus compliqué. Tu vois, juste le fait d'être à l'heure au boulot.
- Speaker #1
Dans tes équipes, tu le sens un petit peu, parfois ?
- Speaker #0
Oui, même dans mes équipes. Même dans mes équipes. J'ai plutôt de la chance, mais même dans mes équipes, il y a ce manque peut-être de maturité ou je ne sais pas. Mais si tu veux performer dans notre métier, il faut être constant. Et après, il faut être constant. Alors là, c'est la constance basique qui arrive à l'heure. Après, il faut être constant dans ses produits. Tu ne peux pas être top quali le lundi et pas quali jeudi. Ça n'a pas de sens. Donc, c'est cette constance qu'il faut garder en tête. Des fois, il faut mettre le curseur un petit peu moins haut. Mais il vaut mieux être constant, je pense. Ça, ce serait mon petit conseil.
- Speaker #1
Et une erreur que tu pourrais leur éviter ? Tu penses à quelque chose ?
- Speaker #0
Reprenez surtout pas une boîte de 220 personnes.
- Speaker #1
Vous n'êtes pas comme moi. Bon, en même temps, ça ne court pas les rues, je pense.
- Speaker #0
Non, Je sais pas, une erreur à éviter, je sais pas. Non, faites-vous plaisir, il faut faire un métier que t'aimes. C'est sûr, t'es de toute façon plus performant quand tu fais un truc que t'aimes. Ça, j'en suis convaincu. Et d'ailleurs, c'est comme ça que je travaille avec mes équipes, c'est... Mettez-vous là où vous vous sentez bien. Et après, on vous... Alors nous, on est là pour vous challenger, pour vous montrer d'autres trucs et vous faire apprendre des choses. Pour pas s'endormir quand même sur ces lauriers, mais... Mais oui. L'amour de ce qu'on fait, c'est hyper important pour faire du bon travail et pour être performant dans son travail et dans son entreprise.
- Speaker #1
Ça, toi, tu le fais. S'il y a quelqu'un dans ton équipe qui vient te dire « En fait, je ne suis pas hyper à l'aise à mon poste, je préférerais passer sur autre chose » , t'écoutes ?
- Speaker #0
J'écoute, mais des fois, je ne leur pose même pas la question. On les change sans qu'ils soient 100% d'accord, soit pas d'accord, mais ce qu'ils découvrent sur tous les jeunes. Ils sont capables de pas bouger, putain, pour certains. C'est incroyable, quoi. C'est sédentaire. Moi, je peux pas. Moi, je fais deux heures le même truc. Je suis comme ça. Donc, je suis pro. Ouais, faut bouger à fond. J'essaye de les emmener avec moi sur les événements, mais ils veulent pas tous aussi. Ah ouais ? J'arrive pas à comprendre, mais bon, c'est comme ça.
- Speaker #1
Pourquoi ? À ton avis, ils ont pas envie ?
- Speaker #0
Parce que c'est tellement mieux d'être à la maison à boire des bières.
- Speaker #1
Ah, ok.
- Speaker #0
Je pense, moi aujourd'hui, je me fais plutôt cette conclusion-là.
- Speaker #1
Ils n'ont pas trop envie d'être challengés ?
- Speaker #0
Ce n'est pas de se faire trop mal, ce n'est pas de se challenger, c'est de se faire mal. Et en plus, ils gagneront un peu plus d'argent. Il y a tout qui va avec. Pas que le fait de voir un truc un peu différent. Il y en a, ils sont là depuis 8 ans, ils n'ont jamais vu un événement chez nous. Et on en fait, je ne sais pas, on peut en faire 20 par semaine. Je ne comprends pas. Mais ça, je ne comprendrai jamais, je pense.
- Speaker #1
C'est peut-être déjà un choc générationnel.
- Speaker #0
Ils ont quatre ans de moins que moi.
- Speaker #1
Je sais.
- Speaker #0
Ce n'est pas normal.
- Speaker #1
OK. Bon, écoute, en tout cas, ce qu'on a compris, c'est que toi, tu continues la maison Pignol.
- Speaker #0
À fond, à fond, à fond. On sera encore là pendant quelques années.
- Speaker #1
Trop bien. Un grand merci, Baptiste.
- Speaker #0
Merci à toi. C'était très cool.
- Speaker #1
C'était hyper intéressant. Et puis, j'espère à très bientôt.
- Speaker #0
Et bien, à très vite. Viens nous voir à Lyon. Viens manger dans nos boutiques, dans nos restos.
- Speaker #1
Merci. Merci d'avoir écouté cet épisode de Toquée de Restauration. Si ça vous a plu, pensez à en parler autour de vous et à le partager à des personnes que ça pourrait intéresser. C'est comme ça qu'on fait grandir cette belle communauté. Vous pouvez aussi nous laisser 5 étoiles et un petit mot sur Apple Podcasts, Spotify ou toute autre appli où vous écoutez vos podcasts. Ça compte vraiment pour la suite. Et si vous connaissez quelqu'un qu'on devrait inviter, ou si vous voulez partager votre propre histoire, écrivez-nous sur toquetsderestauration.com. On lit tout. A très vite, dans Toquets de Restauration.