undefined cover
undefined cover
#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste. cover
#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste. cover
Toucher du doigt la santé

#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste.

#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste.

2h15 |01/08/2025
Play
undefined cover
undefined cover
#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste. cover
#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste. cover
Toucher du doigt la santé

#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste.

#28 Et la santé là dedans ? Docteur Bourgeois, chirurgien-dentiste.

2h15 |01/08/2025
Play

Description

Le docteur Bourgeois, chirurgien dentiste, est connu pour ses compétences dans la gestion des troubles oro-myo-fonctionnels (OMF) ainsi que par son approche préventive de santé.

Il pratique une activité pédiatrique importante nécessitant parfois des interventions sous AG et son appétence pour un travail collaboratif fait écho à un des fils rouges du podcast : la pluridisciplinarité.


Dans cet épisode nous vous proposons de prendre le temps de découvrir une partie de son parcours assez atypique puis d'explorer ensemble des sujets qui animent le quotidien d'un grand nombre de soignants et de patients !


Une conversation comme on les aime : riche, humaine et pleine de sens.


Chapitrage :

00 introduction, présentation 

11’ « La santé pour toi » ?

17’ Diplômes Universitaires, formation et construction de la "transmission"

30’ « Un soignant pour toi » ?

47’10 Poids de l’industrie pharmaceutique

1h 20' L’argent, le temps, la qualité des soins 

1h 33 Bien être et mal être des soignants. Burn Out

1h 47 Moment des questions « en vrac »

2h micro ouvert et conseils


Notions abordées dans l’épisode :

Un parcours "atypique"…

Contamination croisée

Respiration buccale

Différence entre compétence et expérience 

Les paroles de certains professionnels de santé et leurs impacts.

Recommandations HAS 

Formations


Quelques unes des questions posées : 

  • La santé pour toi ?

  • Qu’est qu’un (bon) soignant ?

  • Que faire quand quelqu'un nous dit «ce n’est pas grave, qu’on verra plus tard, qu’il faut attendre ou même que « tout ça » ça ne compte pas ?


Personnes citées dans le podcast : Alexandre Astier, Dr Camille Laulan, Dr Baptiste Beaulieu, L’homme étoilé, Dr Jean Claude Guimberteau, Dr Laurent Delsol, Dr Frédéric Dusserre


Pour suivre le Docteur Bourgeois : @doc.bourgeois

Ses formations avec la BC Academy


Retrouvons-nous sur  Instagram  Facebook LinkedIn

Si vous appréciez le podcast, je vous invite à nous laisser 5 ⭐️ Sur Apple sur Spotify

C'est gratuit, fait en quelques secondes et cela nous aide à progresser 😌

Merci d’avance pour la reconnaissance du travail.

Belle écoute à bientôt,

Antoine


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, j'exerce l'ostéopathie et la sophrologie depuis plus de dix ans maintenant et je suis ravi de vous retrouver pour la fin de cette seconde saison du podcast. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous proposer un format long avec la rencontre du docteur Cédric Bourgeois, chirurgien dentiste à Montpellier, c'est un être humain profondément passionné par son métier, qui a développé de nombreux liens, de nombreuses connexions, associations, proposant ainsi des prises en soins complètes et des collaborations enrichissantes. Il est connu sur les réseaux à travers son compte Instagram Doc Bourgeois, où il s'applique à rendre accessible de nombreuses informations d'utilité publique. Le travail pluridisciplinaire fait partie de son quotidien. A propos de santé, il intègre dans sa vision et son exercice les compétences spécifiques de chaque professionnel pour répondre le mieux possible aux demandes des patients. Ces formations au sein de la BC Academy sont une occasion de progresser dans des domaines spécifiques comme les troubles oromio-fonctionnels ou le syndrome d'apnée du sommeil avec des connaissances pointues, des informations actualisées sur les dernières recommandations, le tout dans un esprit bienveillant et collaboratif. Dans cet épisode particulier, nous abordons différents sujets. Une présentation, bien sûr, sa définition de la santé et aussi sa vision d'un bon soignant, en passant par des notions de contamination croisée, les différentes recommandations qui impactent directement nos quotidiens de soignants, de parents, les enfants, et aussi des sujets plus délicats comme l'argent, la rémunération des soignants, le poids de industrie pharmaceutique, la différence entre compétences et expériences et de nombreuses anecdotes directement issues du cabinet. Bref, un épisode qui contient de nombreuses graines et quelques pépites selon moi. J'ai particulièrement apprécié cette rencontre et ce nouveau format qui permet d'aller plus en profondeur dans l'exploration de certains sujets. et dans la découverte de notre invité du jour. J'espère que vous trouverez des choses qui serviront vos pratiques, vos réflexions, peut-être votre manière d'agir dans certaines situations, ou simplement de partager un bon moment en compagnie d'un soignant bienveillant. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Cédric.

  • Dr Bourgeois

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Je te remercie de m'accueillir ici à Montpellier avec un soleil magnifique.

  • Dr Bourgeois

    C'est souvent comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    Là ça commence bien pour toutes les personnes qui sont au-dessus de Montpellier, donc il y en a un paquet quand même.

  • Dr Bourgeois

    Le Nord donc.

  • Antoine Lacouturière

    Le Grand Nord. Depuis le Limousin c'est le Grand Nord. Donc je te remercie pour l'accueil aujourd'hui. On vient de passer quelques heures ensemble sur la partie observation de ta consultation avec plein de cas différents. On aura sûrement l'occasion d'y revenir dans le podcast. Aujourd'hui, je suis avec toi pour plusieurs raisons. Je vais te laisser te présenter, mais avant de faire ça, ce que je peux peut-être poser en introduction, c'est que tu as des particularités en tant que soignant, en tant que praticien, avec différentes casquettes. Je l'ai dit en introduction et dans ces différentes casquettes, il y en a une qui m'intéresse particulièrement, c'est ta vision de la santé, ta vision du soin, de ce que c'est un soignant. Et je crois qu'à travers ton parcours, c'est une vision qui a évolué, qui évolue. Et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai envie de te rencontrer aujourd'hui, de partager ce moment avec toi. Donc, je te laisse la parole si tu veux bien te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore à travers les réseaux sociaux, tes formations ou ton cabinet.

  • Dr Bourgeois

    Alors, c'est gentil. Je pense que les gens qui connaissent à travers les réseaux sociaux, ils ne te connaissent pas du tout. Ils ne connaissent pas les gens. du coup on a La réalité des choses, c'est que je suis juste un soignant et que j'essaye de soigner de la façon qui me paraît être celle que j'aimerais recevoir du soin. Je vais répondre à des questions que les gens n'ont pas posées parfois en me disant que j'aurais posé cette question, ce qui peut être parfois un peu bête. Mais ma vision du soin, c'est celle-là et donc je suis ce type de soignant-là, si tu peux les classer. Et je suis un peu hyper actif, j'aime bien faire pas mal de choses et donc j'aime bien m'intéresser à des sujets. Au début ça a commencé en regardant des... en cartales encyclopédie quand j'étais gamin et puis en fait j'ai poussé sur youtube et trucs comme ça et donc ça m'a plu de découvrir d'autres mondes la géologie la physique la science la sociologie etc et donc pendant mes études j'ai eu l'occasion d'aller explorer ces trucs là et donc j'ai fait des études en sociologie en parallèle de mes études de base qui étaient les études de chirurgien dentiste et puis à J'ai fait des diplômes universitaires qui sont des espèces de cordes qu'on rajoute à son arc sur des sujets assez divers et variés. Et c'était sympa. Et c'était ça qui m'a changé ma vision de soignant. Donc à chaque fois que je vais faire un DU qui n'a aucun rapport avec la dentiste OI, je change quand même ma vision de soignant du cabinet. Et c'est très bien, je pense, parce que ça tout construit.

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour cette... premières présentations, on devine, on entend, ça respire beaucoup d'humilité comme à ton habitude, en tout cas à travers ce que je connais de toi jusqu'à présent, mais est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus par rapport à tous ces DU ? Parce que en l'écoutant comme ça, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut se dire, bon, il a fait une ou deux formations. Mais en connaissant ce qui se passe derrière, il y a quand même un certain nombre. Est-ce que tu peux nous dire sans rentrer dans les détails de tous, mais pour qu'on ait un ordre de grandeur et aussi peut-être pour colorer un peu le paysage de tes différentes activités ?

  • Dr Bourgeois

    Alors, juste en préambule de ça, les gens ont l'impression que quand tu donnes ce que tu as fait, ton parcours, c'est une sorte d'auto-valorisation. Je pensais un peu ça avant, à l'époque. Et puis un jour, j'ai rencontré un professeur d'université qui n'a jamais soigné un patient, parce qu'il était chercheur, et qui avait passé 27 DU dans sa vie.

  • Antoine Lacouturière

    27 ?

  • Dr Bourgeois

    Je ne sais pas si tu imagines, 27 DU, mettons qu'un DU, ça soit à peu près un an. Tu peux en faire deux en même temps, mais c'est compliqué. Et cette personne est arrivée à 67 ans avec 27 DU. Et il n'avait jamais soigné une seule personne, alors que c'était un diplôme de médecine à la base qu'il avait, mais il faisait côté enseignement et recherche. Donc les DU, ce n'est pas du tout une idée de tu deviens meilleur soignant. Pas du tout. Je pense que les DU, c'est plutôt des choses que tu fais pour des raisons diverses et variées. Ça peut être augmenter la qualité de ta pratique sur un domaine particulier, ouvrir ton esprit. améliorer la rentabilité de ton cabinet parce que, j'en sais rien, dans médecine du sport tu préfères t'orienter vers ça parce que c'est plus rentable que la pédiatrie, vice versa. Donc il y a plein de raisons. Donc moi les DU que j'ai faits ils n'ont rien à voir, beaucoup de DU n'ont rien à voir. Et les gens qui se diraient, tiens mais il a fait ce DU mais c'est pas possible, il y en a sûrement parce que dans la vie de quotidien quand je dis que j'ai fait ce DU on me dit bah non c'est pas possible en fait. Donc, quand je parle des DU, je ne vais pas forcément parler d'une compétence, mais plutôt d'un apprentissage. Il y a plein de DU que j'ai fait que je ne mets pas en apprentissage, en fait. Parce que dans ma pratique au quotidien, je ne le fais pas. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Antoine Lacouturière

    Je comprends. Ça t'a apporté quelque chose à un moment, ça t'a permis de voir les choses différemment. Mais concrètement, dans la pratique,

  • Dr Bourgeois

    ce n'est pas quelque chose que tu utilises au quotidien. Je pense que le DU, pour moi, c'est une espèce de méga vidéo YouTube d'un vulgarisateur. Pour moi, c'est ça un DU. C'est un vulgarisateur qui va te parler de comment on fait de l'écologie en Islande, sur tout ce qui est thermo, géologie, etc. Sauf que au lieu de faire une vidéo de deux heures dessus, tu vas faire un DU ou un master là-dessus parce que ça t'intéresse vraiment. Ta pratique de dentiste, elle n'est pas impactée par ça. Ta pratique de citoyen peut-être, mais pas ta pratique dentiste. Donc moi, j'ai commencé les DU en rapport avec mon activité quand même, pendant que j'étais étudiant, puisqu'il y a quelques DU que tu peux faire pendant que tu es étudiant, et qui ne sont pas... ouverts que aux praticiens diplômés. Donc j'ai fait des DU d'anatomie chirurgicale, parce que je trouvais ça intéressant de comprendre bien le corps dans lequel on travaillait. Tout ça, ces DU, je ne les ai pas pendus de mon cerveau. On m'a orienté, on m'en a parlé. Mon mentor en chirurgie m'avait dit « Tiens, tu devrais peut-être regarder ça, tu vois. » Donc j'ai fait ce DU-là, puis après je me suis intéressé pas mal aux droits de la santé. Donc j'ai fait un DU de droit à la fac de sciences politiques, qui parlait de droits de la santé. Évidemment, je n'ai aucune compétence en droit général. Et après, j'ai fait des DU d'expertise médicale et odontologique, de dommages corporels. J'ai fait des DU de sensibilisation aux questions de défense nationale, parce que j'avais un attrait sur comment fonctionnait le... l'État, au sens large du terme, d'essayer de comprendre la différence entre la police, la gendarmerie, l'armée, etc. Après, je suis devenu militaire, comme on en avait discuté dans le monde de la réserve. Et après, j'ai fait des DU qui étaient plus orientés sur la pédiatrie, donc des DU d'odontologie pédiatrique, des DU d'anesthésie-réanimation pédiatrique. J'ai beaucoup aimé l'urgence, donc j'ai fait aussi un DU de médecine d'urgence et de... d'apprentissage de la médecine d'urgence. C'est des DU qui sont souvent faits par les médecins, pour les médecins, et donc on a quelques personnes qui sont des épiphénomènes qui vont se retrouver dans ces DU-là. Non mais c'est vrai, et donc tu peux te retrouver en dentaire, avec un DU spécifique pour dentaire, fait par une assistante dentaire, ou un prothésiste. Les gens vont dire, mais qu'est-ce qu'il fait là, celui-là, il va même pas le pratiquer. Mais non, mais il a quand même le droit d'apprendre. Il va payer sa place au DU comme tout le monde. donc quand j'ai fait le DU de médecine urgence Il y avait deux grands types de personnes. Il y avait ceux qui trouvaient ça super dans mon DU et qui disaient c'est trop cool d'avoir un dentiste parce que les urgences dentaires, autant te dire que comment on les articule dans les urgences générales, on ne comprend pas grand-chose et c'est hyper dur. Et puis tu avais une autre moitié des gens qui disaient il n'a rien à faire ici puisqu'il n'est pas un vrai médecin, il est que dentiste et donc il est hors de question qu'il fasse, je ne sais rien, une ponction lombaire aux urgences. Et donc je leur ai dit mais c'est pas du tout mon objectif, je veux pas faire une fonction lobaire, j'ai pas envie de faire ça, je ne sais pas faire, je ne veux pas savoir faire ça, je veux juste comprendre comment marche le monde des urgences. Et j'ai été soumis comme tout le monde à l'examen du DU, au stage du DU, etc. Et j'ai fait mes stages, j'ai fait mon examen et j'ai réussi, j'ai eu mon DU comme tout le monde et donc voilà. Et dans mon DU on était 40 étudiants et je crois que quasiment une dizaine de personnes n'ont pas eu. Soit parce qu'ils ne sont pas venus aux exams, soit parce qu'ils ont raté l'exam. Et je ne me suis pas trouvé plus valeureux que les autres si moi j'ai réussi et les autres n'ont pas réussi. J'en avais discuté à l'époque, je te dis ça parce que ça a soulevé beaucoup de questions de mes collègues quand j'ai fait ce DU, qui n'a aucune valeur dans ma pratique actuelle, tu as bien compris. Mais j'ai appliqué un protocole qu'on m'a donné dans le DU, le médecine d'urgence. On m'a dit pour sauver une vie, il faut mettre tac, tac, tac comme protocole. J'ai dit. Ok, je suis bête et méchant, je vais faire ça. Et en fait, le jour de l'examen, on a eu un choc anaphylactique sur une piqûre de guêpe. et moi j'ai appliqué ce qu'on m'avait dit. Et des gens ont cherché... l'origine, etc. On fait une démarche diagnostique de médecin. Et le chef du DU, il a dit « Mais moi, c'est pas ça que je veux. Je veux pas que vous soyez des super médecins qui diagnostiquent les patients. Je veux que vous soyez des gens qui agissent en urgence pour maintenir la vie du patient pendant les quelques minutes où on attend le vrai médecin urgentiste du SAMU. Vous êtes peut-être gériatre dans un EHPAD, vous êtes peut-être médecin généraliste dans le limousin et vous avez pas de SAMU de suite à... » Et donc, il a dit « Moi, mon intérêt de ce DU, c'est que vous soyez capables... » de faire les premiers soins d'urgence. Et donc moi, j'ai appliqué ce qu'on m'a demandé. Et il m'a dit, donc, tu as eu la moyenne, il n'y a pas de souci. Mais certaines personnes sont allées trop loin, et ont dit, moi, je pense qu'il faudrait faire ça. Et donc, ça a été une des raisons pour lesquelles certaines personnes ont échoué à l'examen. Et donc moi, je ne suis pas plus fort, je suis plus con. Parce que justement, je n'avais pas cette connaissance médicale qui va me permettre de chercher si le patient n'est pas en acidose, etc. Donc c'est particulier, tu vois, comme truc, c'est moins t'es bon et plus t'as un DU, t'es méchant, dans lequel on te fait appliquer quelque chose.

  • Antoine Lacouturière

    Et on entend aussi la prise de recul que tu as, à la fois le côté statistique de dire, bon ben voilà, il y en a 10 qui ne l'ont pas eu, on était 40. L'analyse de dire, mais il y a une raison aussi, parce qu'ils avaient plus d'informations que moi, et toujours cette pondération. À nouveau, ça fait écho avec ce côté prise de recul, prise de distance sur les faits une nouvelle fois. il y a plusieurs questions. En fait, j'ai fait une petite carte mentale, un petit mind map comme ça que je prépare les invitations et puis les enregistrements. Et avec toi, il y a le côté praticien, il y a le côté militaire, il y a le côté enseignant. Je me suis dit chercheur pendant l'interrogation, mais on en reparlera peut-être. Je n'ai pas trouvé chercheur au sens pur comme on pourrait l'entendre, mais malgré tout. Côté expert, le côté légiste. Et puis, il y a ce master en sociologie. Et finalement, je me disais comment est-ce qu'on va commencer le podcast ? Je ne sais pas trop. Du coup, j'ai envie de te poser une question avec ton parcours, avec ta particularité, cette succession de diplômes, d'apprentissage à la fac comme le reste des dentistes et la partie, je vais dire, traditionnelle,

  • Dr Bourgeois

    entre guillemets. Bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, la santé, docteur Bourgeois, Cédric, qu'est-ce que c'est pour toi ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que ce qui... le plus la santé, le mot-clé, je pense que c'est le patient. Pour moi, la santé, c'est la personne que tu prends en charge. Et dans ce que tu décris, de ce que j'ai fait comme parcours, Quand je t'écoute, j'ai des petits flashs mentaux de ce que j'ai fait. Pour moi, je suis un cancre. Il faut te dire que j'ai échoué à l'école. J'ai détesté l'école et l'école m'a détesté. Je suis dyslexique. J'ai fait de l'orthophonie de mes 6 ans et demi à mes 14 ans. Mon orthophoniste, c'est devenu ma marraine dans la vie, tellement elle a pris de la place quand tu y vas toutes les semaines. Donc, je n'ai pas du tout aimé la scolarité. J'ai détesté la façon dont on nous a imposé d'apprendre. On ne m'a jamais valorisé l'échec alors qu'on aurait pu, vu le nombre d'échecs. Et tu vois, j'ai fait des dictées qui étaient notées en négatif. Donc, j'avais des profs, quand j'étais en quatrième, en troisième, qui disaient, Mélanie, 7 sur 10, Cédric, moins 28, bravo. donc le mec t'expliquer à quel point t'étais mauvais devant toute la classe. Et j'en veux un peu, maintenant j'en veux plus, mais j'en voulais un peu à ce prof de se dire, mais pourquoi t'as besoin de le dire à voix haute, que je suis si mauvais ? Et les gens, c'est marrant, parce que quand je dis que j'étais mauvais à l'école et qu'après je suis allé en médecine, en première année, quoi. Les gens me disent « Ah mais là, tu t'es rendu compte qu'il fallait bosser ? » Non mais en fait, vous n'avez pas compris, moi je travaillais déjà 10 heures par jour quand j'étais au collège et au lycée. Ma mère m'imposait des cours particuliers le soir jusqu'à 21h30 parce que je n'étais pas assez bon pour comprendre ce qu'on me demandait de comprendre, tu vois. Donc je suis très mauvais. J'ai raté mon brevet, j'ai raté mon bac, je suis allé au rattrapage du bac. J'ai raté ma première année de médecine. Bref. C'est une cata. Et en fait, quand tu me parles de ce que tu me dis sur ta carte mentale, il y a un truc que j'ai adoré. Vraiment, un truc que j'ai adoré. C'est la sociologie. J'ai fait un master 1, un master 2 en socio. Et mon master 2, c'était une année dédiée à ça. Pendant un an, j'ai mis en pause un peu tout le reste. J'ai fait 2-3 remplats à droite à gauche. Mais pendant un an, je me suis retrouvé, enfin pendant 10 mois, avec des collègues de master. Et on venait en cours. On était 14, c'est une petite promo tu vois, on était 14, il y avait du médecin généraliste, il y avait du psychiatre, il y avait sage-femme, kiné, un dentiste donc, et j'oublie probablement des gens, des internes, et cette année-là ça a été mon... année la plus heureuse de tout ce que j'ai pu faire en termes de scolarité parce que pendant un an on a eu que de la vision partagée et non notée de notre exercice nos apprentissages ce soit de la philo la socio les sciences humaines les biais cognitifs tout ça en fait pendant un an on l'a étudié ensemble et pas on nous l'a imposé et cette cette vision je remercie d'ailleurs d'ailleurs énormément l'enseignant qui a créé ce master et qui est à Montpellier. Et cette vision des choses-là, c'est vraiment ce qui m'a le plus plu des bancs de la fac. Tout compris.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce que c'est qu'il t'a... Déjà, merci pour le témoignage, pour le partage, pour l'histoire. Ça fait aussi sens quand on voit ta pratique, ton quotidien, quand on voit les personnes avec lesquelles tu collabores aujourd'hui, les formations que tu mets en place. Je trouve que de connaître l'histoire, que je ne connaissais pas, je trouve ça...

  • Dr Bourgeois

    Personne ne connaît, je pense.

  • Antoine Lacouturière

    je trouve ça encore plus... Ça fait des liens. Je trouve que ça donne du sens. Et puis, c'est aussi une forme de... C'est précieux d'avoir un professionnel de santé qui témoigne d'une partie de son histoire pour dire « ça n'a pas toujours été tout beau, tout rose, tout facile et on peut transformer ça aussi. » Je trouve que ça donne une autre dimension de compréhension. C'est ce que je ressens en tout cas. Je pense que d'autres auditeurs, d'autres auditrices le capteront. Pour ton master, je te sens animé quand tu en parles. Tu n'as pas les mêmes yeux, le même regard sur le fait de te replonger dans ce moment-là. Qu'est-ce que c'est qui t'a touché ? C'est les sujets que vous abordiez ? C'est le fait que vous soyez différents, pluridisciplinaires ? C'est le fait d'avoir du temps pour toi ? Qu'est-ce que c'était ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que les sujets abordés étaient fascinants. Donc ça, c'était déjà incroyable de parler de sujets qui te plaisaient à l'école, à l'école au sens large. Les relations qu'on avait entre les gens de Master, qui n'étaient pas forcément toujours fantastiques, les gens ne sont pas tous...

  • Antoine Lacouturière

    que c'est pas merveilleux dans le meilleur des mondes.

  • Dr Bourgeois

    tu ne passes pas ton temps avec des gens forcément tous fantastiques mais la synergie du groupe en fait c'était une énorme colo, c'était une sorte d'auberge espagnole énorme et tout le monde avait son rôle tout le monde avait sa place tu avais toujours à apprendre de quelqu'un on avait un interne qui avait eu un boulot avant et qui était interne en psychiatrie il s'appelle Emmanuel et ce gars il avait une sagesse Merci. Si je lui posais la question maintenant, il me dirait « Oh, t'es con, pas du tout » . Et en fait, si, il avait une sagesse de malade. Et tous les sujets sur lesquels tu pouvais t'enflammer un peu, lui, il allait te dire « Attends, mais peut-être que lui dit ça parce qu'il a eu ça » . « Ah ouais, ah ouais, j'avais pas vu moi ça » . Et j'ai fait ce master il y a quelques années maintenant, c'était en 2017, je pense. Et avec la sagesse de... avec la vieillesse plutôt, on va dire ça honnêtement. Avec la vieillesse, tu prends... aussi du recul sur des choses qui te faisaient bouillir avant ou quoi. Ou là, tu te dis, maintenant, je l'ai vécu. Donc voilà, maintenant, je comprends mieux ces trucs-là. Et donc, je pense que dans le master, ce qui était génial, c'était la vision partagée de tout le monde qui venait ensemble réfléchir sur un sujet. La kiné ne disait pas la même chose que la sage-femme, etc. Et on avait des profs qui étaient bienveillants et qui, justement, laissaient le partage de ça. On allait boire un coup quasiment tous les soirs. peut-être pas tous les soirs, mais très souvent après le master, pour débriefer de la journée. À quel moment tu fais ça ? Dans quelles études ? Il n'y a quand même pas beaucoup d'études où, avec ta promo, tu te retrouves le soir pour rééchanger sur ce qu'il s'est passé la journée. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    clairement. Et puis, des profs bienveillants qui permettent ce climat, cette petite alchimie au sein d'un groupe, ça demande une compétence particulière aussi, quand même.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'un... Un prof bienveillant, c'est un prof qui ne se sent pas en danger. Et moi, j'ai eu des profs dans mes différents trucs qui se sentaient en danger, qu'on leur enlève quelque chose, qu'on les juge, qu'on leur prenne leur travail, qu'on dise du mal d'eux à d'autres profs. J'en sais rien, je ne sais pas. Mais le fait est que ce n'étaient pas des profs qui étaient très bienveillants. On en a tous connu, je pense. Tu vois, ma prof de maths, elle me disait que j'étais un gros nul et que j'aurais 4 au bac parce que j'avais 4 en terminale. Bon, j'ai eu 4 au bac. mais C'était Nostradamus en fait, elle savait tout. Mais c'est dur de dire, c'est un élève de terminale qui galère de dire « t'as son, t'es nul, t'auras 4 au bac » . Et elle m'a probablement fait une espèce de prophétie où j'ai eu 4 au bac du coup. Alors la bonne nouvelle, c'est que je suis allé au repêche du bac en maths et j'ai re-eu 4. Ce qui est quand même assez fascinant de te dire que j'ai pas réussi à dépasser 4, quoi qu'il arrive quoi. Ni pendant l'année, ni au bac, ni au repêche.

  • Antoine Lacouturière

    Et puis tu vois, ça me fait réagir qu'un prof, un enseignant, quelqu'un qui transmette, il n'est pas conscient de l'impact des mots sur un adulte en construction. Le fait de programmer ça, je trouve que ça fait écho à ce que tu viens de dire pour moi avec le fait qu'ils se sentent sous pression. Mes parents étaient enseignants et donc il y a ce côté un peu sensibilisé. Pour une partie de l'auditoire qu'on a, il y a des gens qui sont vraiment dans le milieu de la santé ou autour. Et donc, il y a les fameux patients MGUN, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, oui,

  • Dr Bourgeois

    tu vois. Ma mère était MGUN.

  • Antoine Lacouturière

    OK, bon, ben voilà, comme ça, ça fait un point commun.

  • Dr Bourgeois

    Bisous, maman, je t'aime.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, et moi aussi, très fort. Mais du coup, pour la partie, on va dire passionnée, parce que souvent, les enseignants, c'est aussi des gens passionnés. Eh ben, je trouve ça intéressant d'avoir mis la notion de pression, des conditions, tu vois, qui peuvent aussi les mettre dans une pression, soit parce qu'il y a Peut-être des qualités intrinsèques et de l'ego qui fait que du pouvoir ou de l'argent ou de la reconnaissance. Mais aussi cette notion de pression, quand tu l'as formulée, je me suis dit, tiens, c'est marrant. Ça veut dire que les enseignants, à ce moment-là, ils se sentaient aussi dans un climat qui permettait de délivrer ça.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je pense que, en tout cas, la fac, qui est un petit milieu de façon globale, ce n'est pas un truc énorme, nos facs en tout cas, génèrent des milieux... de jalousie un peu entre les enseignants. Maintenant, je suis passé du côté enseignant. Donc, je vois un peu le monde des profs plus que des élèves, même si je suis un tout bébé, dans le sens en jeunesse par rapport à des professeurs, et en volume. C'est-à-dire, moi, je ne fais rien à la fac. Je fais une petite journée par semaine. Et ce milieu-là, il est difficile pour la publication scientifique, pour la recherche. pour le nombre d'heures de cours, etc. Ce n'est pas un milieu qui est très bienveillant. La fameuse salle des profs qui est un truc fantastique où tout le monde se tape sur l'épaule en disant « Ah bravo, ton cours était super ! » Ce n'est pas vrai. Ma mère, elle était dans l'enseignement pendant 35 ans. Elle était du mauvais côté. Elle était intendante comptable gestionnaire. Donc, elle allait dans la salle des profs, mais pas en tant que prof. Donc, elle avait ce côté où elle pouvait passer partout. Parce qu'elle avait... là, c'était celle qui gérait le lycée et le collège, mais elle n'était pas enseignante. Et donc elle a vu des profs géniaux, qu'elle m'a dit après, tu te rappelles monsieur Garcia, tu vois, il n'écoutera jamais le podcast, mais franchement Dimitri Garcia, si vous écoutez le podcast, merci. Elle me dit, tu vois, il était jeune, bon il était vieux, mais en fait il devait avoir 25 ans à l'époque. Nous, on en avait 15 et ce gars-là nous a absolument passionnés. Et pourtant, il vivait dans le même milieu d'enseignement parfois toxique que le prof qui lui nous rabrouait. Et je me dis, mais la force mentale pour sortir la tête de ce monde un peu crado, de te dire, moi, mes élèves, j'ai envie qu'ils apprennent un truc. Et c'est même pas j'ai envie qu'ils m'aiment, parce que tu t'en fiches de ça. C'est bien si tes élèves t'aiment, mais en fait quand tu veux transmettre quelque chose, tu veux pas le transmettre par le fait qu'ils t'aiment, tu veux le transmettre par la pédagogie du truc. Et ça c'est incroyable. Et pour moi on confond un truc énorme en France, on confond la compétence et la pédagogie. Quelqu'un qui a des très bonnes notes peut être un très mauvais enseignant, et moi j'ai une prof de maths particulière à la maison qui était ultra bonne en maths, mais qui était une pédagogue horrible. horrible. Et donc, je ne comprenais strictement rien. Et plus t'es surdoué, je pense, et moins t'es pédagogue. Moi, plus j'en ai chié pour apprendre un truc, et plus j'étais capable de l'expliquer aux gens en disant on va repartir du tout tout tout début. Alors que quand pour toi c'est évident cette ère sous courbe de l'intégrale, c'est très dur à expliquer.

  • Antoine Lacouturière

    Oui. Te mettre à la place de l'autre parce que toi tu l'as vécu, parce que tu l'as éprouvé dans tes cellules à toi et que t'as galéré et que t'as trouvé la solution, ça facilite peut-être le fait de te mettre à la hauteur de l'autre.

  • Dr Bourgeois

    Oui. tu vois le tir, le tir au fusil, enfin le tir, il y a un peu de ça. Il y a des mecs qui sont très doués au tir de base. Donc, ils prennent une arme, tu leur dis, il faut faire comme ci, comme ça, ils tirent et ça rentre dedans. Et puis, il y a des gens qui sont plutôt mauvais. Et ces gens qui sont plutôt mauvais, moi, c'est eux qui m'ont le plus appris au tir. Parce qu'en fait, ils te disent, ah, tu vois les erreurs que t'as fait ? Ben, je l'ai fait aussi. Alors, je l'ai résolu comme ça. Et celle-là, ben, je l'ai fait aussi. Et donc, je l'ai résolu comme ça. alors que le mec qui tire bien va te dire je ne sais pas trop comment te dire tu prends l'arme, tu tires et puis ça et donc Moi j'ai beaucoup appris des gens qui ont galéré et j'essaye d'apprendre aux gens parce que j'ai galéré et on en a parlé un peu avant mais je suis assez fasciné par les sociétés qui valorisent l'échec parce qu'en fait tu apprends que avec l'échec tu n'apprends jamais en réussissant tu apprends te plantant et en faisant différemment et donc il y avait un mec qui avait dit ça qui avait dit moi mon autre père nous a valorisé l'échec à fond à chaque fois qu'on se plantait, on rentrait à la maison en disant j'ai eu 6, il disait bah c'est bien c'est très bien d'avoir eu 6, on va essayer de comprendre pourquoi, et quand t'arrivais en disant j'ai eu 17 il te disait c'est pas fou d'avoir eu 17 parce que attention tu peux descendre c'est exagéré mais en fait la valorisation de l'échec, je rêverais que l'éducation en France passe par ça, c'est à dire tu te plantes et il faut un suivi évidemment pour se dire que tu fais de mieux en mieux,

  • Antoine Lacouturière

    mais ça serait génial ouais ça me parle beaucoup ce que tu dis, je fais une toute petite parenthèse perso parce que dans le podcast je le fais pas souvent l'idée c'est de mettre en avant les invités mais ça résonne vraiment fort je rentre des états unis où j'ai passé trois semaines pour interviewer principalement pour rencontrer des soignants avec des questions qui m'anime et dont certaines sont là prêtes à être posée pour juste après et je suis parti avec cette trouille de parler anglais correctement je vois je sais pas si oui oui je vois très très bien il Il y a des moments dans lesquels j'étais à l'aise. Petit, j'ai fait du sport à... assez facilement et par contre, alors je ne suis pas complètement dyslexique, mais par contre, l'anglais, c'était vraiment un truc super dur pour moi. Et je me suis fait taper sur les doigts littéralement en disant, mais non, t'es nul, t'as fait une faute. Non, stop, recommence. Tu vois, au point de dire, ok, en fait, si je ne parle plus, je ne vais pas faire de faute. Et je pense qu'on est un certain nombre à avoir vécu ça. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis rendu compte d'un truc, c'est que, alors en tout cas pas tous, mais les Américains, les américaines que j'ai rencontrées, ils s'en foutent. en fait ils sont contents que tu fasses l'effort de parler leur langue et ils viennent chercher l'intention de ce que tu dis, tu vois ils sont enthousiastes et pour faire un point supplémentaire, dans la globalité oui t'as fait une ou deux fautes, en fait t'as dit ça et ça et tu vois cette faute là la prochaine fois j'ai vraiment ressenti ça et dans une des familles dans lesquelles j'ai passé un peu de temps j'ai découvert un truc extraordinaire pour les dicter c'est qu'on peut aussi noter les mots justes

  • Dr Bourgeois

    Ah.

  • Antoine Lacouturière

    Et pas que les fautes. Ouais. À l'autre sens.

  • Dr Bourgeois

    Tu te rends compte du truc ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je ne me rends pas compte.

  • Dr Bourgeois

    Mais t'imagines ?

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ouais, ouais. Moi, je faisais deux fautes par mot, des fois, tu vois. Donc, il peut retrancher deux points.

  • Dr Bourgeois

    Mais ça veut dire que sur le même mot, t'as moins 4. Tu fais 10 mots comme ça, c'est fini, t'as zéro. Imagine la fois d'après. Tu fais la moitié des fautes, mais tu passes de moins 30 à moins 15. T'as zéro. Je ferme la parenthèse, mais par rapport à tout ce qu'on s'est dit aujourd'hui, et cette réflexion-là sur l'enseignement et la santé, parce qu'on va arriver sur le bien-être et la santé, le fait que tu sois prof à la fac, c'est aussi comment est-ce que tu transmets, et cette valorisation des échecs, des erreurs dont tu parles, pour moi, elle a aussi des répercussions importantes dans notre vision de la santé.

  • Antoine Lacouturière

    Pour te faire un petit parallèle, quand un Américain qui vient en France et qui essaye de parler français avec un français pas trop dégueu, Moi je le regarde avec le sourire parce que je me dis c'est génial, je comprends, tu vois, c'est super. Toi aussi je pense, la majorité des gens qui nous écoutent se disent la même chose. Quand tu imagines celui qui dit « Ah je comprends rien à ce qu'il dit au rosebif » , c'est un français plutôt vénère. Et il nous plaît, il plaît à personne ce gars. Donc en fait, c'est la même chose quand on se met dans leur peau. Et donc, ça ne m'étonne pas qu'en allant aux États-Unis, les gens, tu es relativement très bien accueilli quand tu essaies de parler leur langue, parce que nous, on fait la même chose. Et je pense que c'est une peur un peu extrapolée de se dire, c'est une peur de toi-même, de te dire je vais passer pour un mec pas bon, nul et tout. Alors qu'en vrai, les gens sont heureux que tu fasses cet effort-là. Regarde, bon Macron, il parle anglais, mais regarde François Hollande qui était plutôt mauvais orateur en anglais. quand il essayait de parler anglais il y avait une une petite minorité qui se fichait de lui. Et puis, il y avait une grande majorité des gens qui étaient contents d'entendre quelques mots en anglais, de bienvenue, de choses comme ça. Parce que globalement, je m'en fiche de la politique, mais globalement, ça fait plaisir quand la personne fait un effort pour l'autre. Là, quand tu essayes de parler anglais très bien, tu fais un énorme effort pour eux. Tu pourrais très bien parler juste français et les regarder en disant « Vous ne comprenez pas ce que je dis. »

  • Dr Bourgeois

    Effectivement. Je trouve ça intéressant. Je trouve ça intéressant. Est-ce que tu fais des parallèles de ces deux anecdotes avec le soin, la santé, le monde dans lequel on évolue ? Est-ce qu'il y a des choses qui te viennent ?

  • Antoine Lacouturière

    Juste, quand tu as parlé des MGEN, moi j'adore avoir des MGEN au cabinet. J'aime moins avoir des médecins au cabinet, parce qu'il y en a une part que j'adore, mais il y a une petite part des médecins qui a le sentiment de déjà savoir globalement ce qui se passe. Tu m'as vu en consulte tout à l'heure. J'ai parlé à des parents de la contamination croisée, en leur expliquant que quand ils prenaient la tétine dans leur bouche et qu'ils la mettaient dans la bouche de leur enfant, ils augmentaient énormément les bactéries pathogènes. Les parents sont tombés des nues en consulte. Oui,

  • Dr Bourgeois

    clairement.

  • Antoine Lacouturière

    Ils te disaient le sucre, oui, ça, oui, mais alors ça... Et tu vois, les médecins, quand j'en parle avec eux, je n'en ai jamais rencontré un qui m'a dit, évidemment, je le sais, je le dis aux parents même. Pourtant, c'est écrit, ça, sur le bilan buccodentaire que la Sécu envoie à toutes les femmes enceintes. Il y a marqué risque de contamination croisée. Donc, toutes les femmes médecins qui ont eu des enfants, théoriquement, ont pu avoir ce papier entre les mains. Donc, tu n'as pas forcément lu. Et je me dis, c'est difficile de parfois parler à des gens qui sont convaincus de savoir mieux que le reste de la population sur un sujet en particulier. et de leur dire, reset votre cerveau et juste, sur ce tout petit domaine-là, faites-moi confiance là-dessus. Le reste, ne faites absolument pas confiance. Mais alors par contre ça, juste écoutez ce que j'ai à dire et passez-le dans votre moulinette cérébrale si ça vous intéresse ou pas. Mais les MGEN, ce qui les casse les pieds des soignants, c'est qu'ils ont envie de comprendre. Et moi j'adore expliquer les trucs. Donc moi les MGEN, j'adore quand les mecs arrivent en me disant, et pourquoi ? Et ceci, et... Ça prend du temps, mais moi je fais des consultes qui durent 45 minutes, donc ça me va très bien. Et surtout, j'adore leur expliquer. Et c'est des super patients, les MGEN. C'est des super patients quand ils ont compris. Mais par contre, quand ils n'ont pas compris, ils sont très casse-pieds. Ouais. Et c'est ça, je pense, le truc. Alors, il y a des MGEN avec qui je ne m'entends pas, parce que c'est comme tout. Mais la majorité des MGEN que je soigne, c'est des gens qui ont envie de comprendre. Et on te dit, ouais, mais c'est un peu des monsieur je-sais-tout. quand tu leur poses trois questions et que les trois ils savent pas répondre et qu'ils te disent eux-mêmes qu'ils savent pas répondre bah il te dit oui bon alors dites moi docteur parce que je sache le fait j'avoue je sais pas quoi bah oui quand tu ne connais pas l'impact sur les tubules ligne d'une bio dentine évidemment tu vois mais c'est pas grave si c'est mon job c'est pas le tien voilà

  • Dr Bourgeois

    intéressant d'entendre ça comme ça intéressant ok cédric je te remercie pour pour ses parallèles pour ses idées pour ses C'est parenthèse de parenthèse. Et pour ce point commun que je ne connaissais pas... d'histoire.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Ça me donne envie de te poser une autre question, je crois que je n'ai jamais posé dans le podcast. La question un peu transversale, celle qui revient à chaque fois, c'est qu'est-ce que c'est la santé pour toi et pour l'invité ? Donc là, on a entendu, finalement, le premier mot que tu as dit, c'était le patient de mémoire. C'est-à-dire que tu as remis tout de suite le patient au centre. Et là, une nouvelle fois, à chaque fois, c'est magnifique parce que c'est nouveau et la première fois le patient. La question que j'ai envie de te poser, c'est qu'est-ce que c'est un soignant pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant au sens où moi je l'entends, c'est un mec qui cherche à aller mieux.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant, je ne parle pas du soignant marketing qui fait de la médecine ou de la santé comme on tient une entreprise. Je parle du soignant qui, lors d'un repas avec les collègues de sa femme, va s'ambiancer sur sa spécialité en expliquant pourquoi c'est hyper important de ne pas manger trop salé parce que... Je pense que c'est quelqu'un qui a peut-être vécu des choses qui ont créé potentiellement des failles. Et c'est quelqu'un qui cherche à aller mieux d'une certaine façon, peu importe la façon. Mais je pense qu'il y a quelque chose de ça qui se joue. C'est une petite réponse partielle. Tous les soignants que je connais, qui sont des vrais, purs soignants, bienveillants, C'est des gens qui ont vécu quelque chose ou qui ont subi quelque chose qui était un peu difficile. Et qui me l'ont dit. Je le sais maintenant, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois bien.

  • Antoine Lacouturière

    En tout cas, j'aime beaucoup Alexandre Astier, je te l'ai dit.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alexandre Astier, dans une de ses interviews, il dit... le vrai point commun de tous les gens qui sont bons c'est qu'ils sont bienveillants c'est qu'ils sont bienveillants et il dit quand quelqu'un écrit quelque chose de méchant sur quelqu'un d'autre c'est que c'est pas un vrai qu'il aurait aimé être bon, mais qu'il ne l'est pas. Il aurait aimé être peut-être à la place de celui qu'il critique, mais il ne l'est pas. Et en fait, là où je suis assez halluciné, donc mon père, moi j'ai perdu mon papa, j'en parle jamais, mais c'est comme ça. Et mon père disait, pour juger quelqu'un, il faut être à sa place et avoir vécu ce qu'il a vécu. Donc c'est impossible en fait. Tu peux pas juger quelqu'un. Tu peux pas juger quelqu'un sur ses actes. Je te parle pas du psychiatrique, je te parle de quelqu'un où tu vas dire « Mais pourquoi elle a fait ça ? Mais pourquoi elle a fait ça dans son cabinet ? Et pourquoi il a fait ça ? » fait comme si. Mais en fait, qu'est-ce que tu sais de sa vie ? Tu vois, des fois en voiture, je suis très peace and love en voiture. Je ne klaxonne jamais, je ne m'énerve jamais et tout, jusqu'au jour où je roule sur les gens. Non, je rigole, mais je suis assez peace, tu vois, je ne fais pas partie des gens un peu à la marseillaise. Pourtant, j'ai été éduqué dans cette région-là avec tout le monde qui est okono. Ce n'est pas du tout mon genre. Et des fois, rarement, ça me saoule. Des fois, les trucs me saoulent et je me dis, tiens, j'ai envie de déboîter et de passer devant cette voiture parce qu'il fait n'importe quoi. Mais dans 99% du temps, je ne suis pas comme ça. Et en fait, quand je vois des gens qui sont énervés en voiture, je me dis, ils sont peut-être dans ce 1% des cas où moi, ça me saoule. Tu vois ce que je veux dire ? Je me dis mais qu'est-ce qu'il a eu comme journée pourrie ce gars pour klaxonner cette dame qui est en train de traverser quoi ? Et peut-être qu'il est juste con en fait, c'est possible aussi qu'il soit juste méchant, etc. Mais je crois que mon cerveau, il préfère s'imaginer que ce gars-là a eu une journée pourrie et qu'il est en train de décharger sur cette pauvre dame parce qu'il est dans sa voiture, que c'est sa safe place. Et que c'est un peu comme quand son enfant est avec le parent et qu'il décharge tout, tu vois. C'est con, j'ai jamais réfléchi à ça plus que ça, mais j'ai un peu ce sentiment-là, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Que la posture, presque la compétence de savoir-être de ton papa, de dire pour vraiment comprendre, il faudrait que je sois à sa place, et du coup je suis pas à sa place, du coup je peux pas juger, ça te permet aujourd'hui de se dire, attends, ce que je vois avec mes yeux, ça me saoule, c'est pas acceptable, il roule mal, il fait suer. Et 99% du temps, tu as cette espèce de prise de recul, de prise de conscience de dire, peut-être que de laisser la place et finalement de le voir...

  • Antoine Lacouturière

    Alors peut-être que je me suis mis dans une situation qui ne me l'impose pas aussi. Tu vois, j'imagine que... Thomas Pesquet, quand il doit arriver dans sa station, dans son fusée pour partir dans l'espace, et qu'il est en retard sur la route et qu'il y a quelqu'un devant, je ne suis pas sûr qu'il soit zen à mort. Je pense qu'il peut se klaxonner un peu. Moi j'ai décidé de ne pas être Thomas Pesquet, enfin je ne pouvais pas, mais de façon globale j'ai décidé de ne pas avoir une pression de malade mental en me disant je pars 5 minutes plus tôt que mon heure théorique, comme ça si jamais il y a un problème sur la route, je ne m'angoisse pas. En fait... Je pense que ce discours-là, il faut le tenir aux gens qui n'arrivent pas à se détendre. Les gens qui arrivent à se détendre et qui sont en retard et qui s'en foutent, pas de problème. Les gens qui sont sur la route et qui se disent « j'ai déjà 10 minutes de retard et en fait, ça ne me stresse pas plus que ça » , eux, ils sont pisses dans tous les cas, ce n'est pas eux qui vont se faire annuler le cerf. Par contre, les gens qui, eux, vont se faire annuler le cerf, comme ma mère par exemple, qui se sent en retard et qui se dit et c'est pas possible et donc c'est nerveux exprime son énervement sur les autres potentiellement, dont moi je peux être en face, ces gens là il faut leur dire, bah partez cinq minutes plus tôt, dix minutes plus tôt, si vous connaissez la combine parce que ça vous énerve, anticipez-la, tu vois. C'est ça qui me paraît essentiel, mais on le fait pas.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve ça génial ce que tu dis, et en même temps, ça me fait penser à tout de suite comment. C'est-à-dire que quand je t'écoute, je me dis, oui, d'un point de vue ostéo, tu vois, quand on met les mains, on en parlait encore un peu hors antenne, en off, mais quand tu mets les mains de l'être humain sur un être humain, un tissu vivant, il y a les tensions, restrictions physiques habituelles. Tu vois, ça tire ici, tu as une cicatrice, tu as une fibrose. Bon, OK, tu as différents niveaux de pression, OK. mais Avec nos mains d'ostéo, même si on a des discours parfois différents, on a ce point commun de dire qu'il y a un état de tension qui est majoré par ses comportements et le stress. Et la question qui me vient, c'est, je me dis, quel est le pourcentage des patients, des gens malades, qui consultent et qui arrivent à s'en foutre, comme dit Alexandre Axier, ceux qui s'en foutent de la problématique d'être en retard ou de la problématique de bosser pour quelqu'un pour qui ce n'est pas agréable. Je crois que son exemple, c'est ça. Il dit, si tu arrives à t'en foutre, c'est pas grave.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle de bosser pour des connards, ouais. Voilà. Ou avec des connards.

  • Dr Bourgeois

    Mais là, du coup, dans nos patients, respectivement, au cabinet et toi, dans la consulte, il y a quand même un certain nombre de patients qui n'arrivent pas à s'en foutre.

  • Antoine Lacouturière

    Mais ces gens-là, ta vie ne dépend pas d'eux. Et là, pour leur donner de l'information, leur donner du soin, mais moi, j'ai tendance à dire que... cette décision leur appartient tu m'as entendu le dire en consultation cet après-midi je leur ai dit moi je suis là pour vous informer pour diagnostiquer et après vous ferez exactement comme vous voulez vous allez sortir de ce cabinet et cette décision vous appartient de faire opérer votre enfant ou pas de soigner ses caries ou pas de changer les comportements alimentaires ou pas tu vois ma chef de service au cahu qui est quelqu'un de fantastique que j'apprécie énormément elle a 25 ans de vol dans la tronche de soins dentaires des enfants t'imagines l'expérience qu'elle a et ce qu'elle a vu c'est juste faudrait qu'elle fasse un bouquin et ben elle ça la rend folle encore aujourd'hui et je mange avec elle souvent et donc on en débrief entre un petit ph attaché de rien et une chef de service. Quand un parent dit non mais moi j'arrive pas à lui brosser les dents parce qu'il veut pas. Et elle me dit non mais il fait 80 centimètres, il a 4 ans, je vais y arriver à lui brosser les dents en fait. Y'a pas de soucis. Et tu vois, elle va réagir comme ça en disant mais y'a pas le choix en fait. C'est soit on va les denter parce qu'il aura plus avoir de chicots, soit on lui brosse les dents. Et moi je lui dis mais pourquoi tu t'énerves ? Tu l'as dit aux parents qu'il fallait brosser les dents ? Tu rentres chez toi, tu vas voir tes filles, tu vas faire du yoga. Calme-toi. Ce côté-là, moi, j'ai beaucoup pris les choses à cœur. Je vais te dire un truc qui m'a changé la vie, vraiment. Le moment confidence. Pendant des années, j'ai lutté pour exprimer ma pensée en essayant d'expliquer aux gens que c'était indispensable qu'ils comprennent ce que je voulais dire. On va parler des freins restrictifs, mais plus facilement de la respiration buccale. La respiration buccale, on sait maintenant que c'est quelque chose de pathologique. On sait toutes les conséquences que ça a et on va en découvrir encore d'autres. Et pendant des années, j'ai essayé de dire aux gens, mais si, mais si, mais si, c'est important, mais si, votre gamin, il a une respiration buccale, etc. Et les gens m'écoutaient plus ou moins, ils s'en foutaient, ils se disaient, c'est quoi ce gars ? Donc il y en avait qui étaient contents de la boire. Sur la globalité, je pense que 20% ont fait des mesures de changement et 80% n'ont rien fait. Et puis, on me disait en consultation, « Oui, mais docteur, notre médecin, il a dit que t'es pas grave. » D'accord ? Et donc, moi, je devenais fou.

  • Dr Bourgeois

    Ça, c'est un élément important, tu vois, que tu viens de souligner là.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ?

  • Dr Bourgeois

    Mais termine, on y revient après.

  • Antoine Lacouturière

    C'est très important, mais moi, ça me rend des fous. Et pour être toi, en tant qu'ostéo, il y a des choses qui te rendent fou. Je sais que les ostéos, c'est la plagio qui les rend un peu fous aussi. Quand on dit, oui, la plagio, c'est pas grave, ça passera en grandissant, ou il aura des cheveux. Moi, je l'ai entendu, tu vois. On sait qu'on peut y prévenir, donc on a envie de faire quelque chose. Et un jour, je parle avec un chirurgien qui s'appelle Frédéric, que j'aime beaucoup et qui travaille dans la même clinique que moi. Donc, lui, il opère de la chirurgie de la main. c'est un chirurgien qui est spécialisé ... en chirurgie, microchirurgie de la main. Donc c'est de la chirurgie assez fine, assez haute. Et donc j'aime bien aller au bloc avec lui, voir ce qu'il fait, comprendre et tout ça, parce que j'aime bien ces liens-là. Et puis la chirurgie, c'est un peu toujours la même chose. Ouvrir un corps, que ce soit des dents, une bouche, une main, dans tous les cas, tu viens agresser un corps, donc c'est intéressant. Je parle avec lui de ce phénomène, et il trouve ça fascinant, il me dit « Oh, tu vois, c'est fou, moi je ne savais pas du tout en tant que médecin ces histoires de restrictions, de respiration buccale et tout. » Et je lui dis que des fois ça me goufle au plus haut point d'avoir des gens qui me disent « Oui, mais mon médecin m'a dit que c'était pas grave. » Et je me dis « Mais attends, mais le médecin, il a quand même un devoir préventif, d'information, etc. » Et donc ça me saoule. Et lui, il me dit « Moi, j'avais la même chose avec les canaux carpiens. » Pendant des années, moi je voulais opérer les gens du canal carpien parce que ça leur faisait mal et que l'intervention dure littéralement deux minutes. Je l'ai vu opérer, c'est un orfèvre, tu vois, tu as l'impression qu'il dessine. C'est fou. Et les patients, dans la seconde, ils vont mieux. Et tu te dis, franchement, OK, il y a peut-être des risques, mais le gain, le rapport bénéfique, il est incroyablement positif. Et moi, j'avais des gens qui me disaient, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, machin. Et lui, pendant des années, il me dit « Mais pourquoi ? Mais on peut vous aider ! » Et un jour, il m'a dit « Un jour, j'ai changé de vie. » Je lui ai dit « Vas-y bébé, dis-moi ! »

  • Dr Bourgeois

    Partage ça !

  • Antoine Lacouturière

    Partage ce truc-là, et si je vous le dis et que ça vous change la vie, mais mon Dieu, j'ai fait mon taf dans ce podcast. il dit aux gens ah bon il vous a dit de pas opérer d'accord ok et comment a-t-il proposé de résoudre le problème alors et en fait il balançait ça et les gens en face il bug et il disait il n'y a rien rien proposé. Et Frédéric disait, ok, très bien, au revoir alors. Lui, il propose quelque chose. La personne en face ne propose rien et on te dit, il faut écouter celui qui ne propose rien. Mais le patient, il te consulte pour une doléance, en fait. Il ne te consulte pas parce qu'il a vu de la lumière. Donc quand toi, tu proposes une solution, bonne ou pas bonne, peu importe, mais qui mérite d'être réfléchie pour cette doléance-là... et que quelqu'un dit « Non, ne réfléchissez même pas, n'allez même pas voir le chirurgien, juste, je ne vous propose rien, je vous annule cette réflexion potentielle » , moi, ça me rendait fou, sauf qu'en fait, ce n'est pas du tout dans ma compétence. Donc, ma compétence, c'est juste de dire « Qu'est-ce que propose d'autre ? Rien. Bon, très bien, vous réfléchirez à la maison, à ce qui vous paraît le mieux. » Ça m'a changé la vie, ce truc-là.

  • Dr Bourgeois

    Je veux bien croire que ça a changé ta vie. Puis là, je vais rebondir sur ce que tu disais un tout petit peu plus tôt par rapport à la... Allez, je vais dire au méplat-occipitoparietal, parce que plagiocephalie, du coup, c'est le diagnostic médical. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    désolé.

  • Dr Bourgeois

    Pour être bien dans les clous. Et puis, j'ai une pensée pour plusieurs des invités du podcast que je salue. On a exploré ça précédemment. Je crois qu'heureusement, pour nous, les choses évoluent. Il y a des collaborations de plus en plus nombreuses entre les pédiatres et les ostéos. Ma sœur, qui est une thérapeute que j'adore et que je salue, et puis les orthophonistes, notamment précoces. Et puis, en fait, on est une grande équipe et on commence à intégrer ça. Mais pour la plagio ou autre, quand on dit c'est pas grave, tu vois, par exemple, dans les consuls de ce matin, il y a un des petits bouts qui s'installait en W, mais très, très fort, à 4 ans et demi. Tu vois, il s'assied avec les pieds très en dehors ou en unilatéral. et des fois on voit des... des trois pattes tellement importants qui n'appréhendent l'espace qu'avec un némicor, tu vois, vraiment. Et je me dis, bah oui, on peut toujours dire c'est pas grave et on verra plus tard, mais parfois on a cette réaction-là, comme toi, de dire, mais non, c'est pas possible, en fait, non. Et le c'est pas grave, ou mais qui est-ce qui a dit ça, mais on s'en fiche, ou faut pas aller voir l'ostéo, c'est des charlatans. Du coup, le fait d'entendre ça, de me dire, qu'est-ce qu'il propose ? De renvoyer chez l'autre la responsabilité ou le fait de le retourner en question, de dire, OK, et qu'est-ce qu'il propose pour régler l'histoire ? Ah ouais, je trouve ça passionnant. Et je pense qu'il y a un certain nombre de thérapeutes qui vont se sentir soutenus là-dedans.

  • Antoine Lacouturière

    Moi, j'ai souvent dit aux gens, j'ai souvent expliqué à des gens hors consultation le travail que je fais, les pathologies et tout, mais même... des assistantes avec qui j'ai eu l'occasion de travailler qui ont découvert ces problèmes de respiration du cap ce qu'on ne l'enseigne pas pendant notre notre cursus et qui du coup sont d'y aller j'en ai parlé en famille avec des amis machin il dit ah ouais bah lucas lui respire par la bouche blablabla et des fois je regrette d'avoir parlé Je regrette parce que je me dis, les gens, ils n'ont rien demandé, en fait.

  • Dr Bourgeois

    Tu regrettes d'avoir amené une information potentiellement inconfortable, voire même douloureuse, alors qu'ils ne sont pas chercheurs demandeurs de ça ?

  • Antoine Lacouturière

    En fait, je me dis, pourquoi tu n'as pas fermé ta gueule ? Tu es un barbecue avec des copains, et puis on te dit, moi j'ai dû arrêter l'allaitement il y a une semaine parce que j'avais une mastite. Et en fait, moi, mon cerveau, on me dit que j'ai un syndrome de Batman, mais mon cerveau de... j'ai envie de vous aider va dire ah bon et alors pourquoi et si et me et truc et en fait des fois je me dis juste c'est quoi la différence entre celui qui dit même pas que il a une info là dessus et celui qui est incapable va pas incapable mais qui va avoir du mal à se réfréner pour dire je peux vous aider quoi si

  • Dr Bourgeois

    tu allais voir dans sa bouche avec une paire de gants pendant le barbecue et qu'il faut absolument faire ça tu vois je me dis c'est peut-être exagéré mais qu'est ce que c'est aussi de retenir une information qui peut-être va changer de façon significative la croissance de son massif facial, sa respiration, les nuits de ses parents, les nuits de ses frères et sœurs ?

  • Antoine Lacouturière

    Alors, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    J'exagère un peu.

  • Antoine Lacouturière

    Non, alors t'exagères plus loin, parce que les gens en feront quand même ce qu'ils en veulent, c'est-à-dire que ça ne les intéresse pas, voilà. Mais je vais te donner une info que tu n'as pas, et que tu vas dire, j'aurais préféré ne pas la voir, pourtant elle est très importante. Je l'ai appris il y a deux jours, en lisant une étude de sociaux. l'entreprise, le secteur industriel qui fait les plus gros bénéfices dans le monde, tu sais ce que c'est ?

  • Dr Bourgeois

    Alors comme ça sans réfléchir à chaud, j'imagine que c'est en lien avec la maladie, que c'est quelque chose qui, parce que les gens sont malades, mais je sais pas où tu peux en arriver, le sommeil, le sucre, l'alimentaire, la nourriture, non je sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Moi j'ai pensé que c'était les armes, mais non.

  • Dr Bourgeois

    Alors attends, laisse-moi 5 secondes, tu peux reformuler s'il te plaît ? Comme ça les auditeurs ils vont réfléchir avec nous.

  • Antoine Lacouturière

    Quel est le domaine d'activité dans la vente de quelque chose dans le monde qui est le plus rentable ?

  • Dr Bourgeois

    J'ai plein d'images qui me viennent, mais je t'écoute.

  • Antoine Lacouturière

    C'est la pharmaceutique. La pharmaceutique parce que quand tu crées une molécule, tu peux l'exploiter pendant 100 ans sans jamais changer quoi que ce soit. Tant que la maladie est là, tu peux l'exploiter avec le même processus. cesse, tant que ça marche, c'est illimité. La voiture, t'as intérêt à te réinventer, parce qu'il y a des concurrents, machin. Mais quand t'as découvert une hydroxychloroquine, quand t'as découvert le paracetamol, et que tu l'as, c'est un truc de malade. Et aujourd'hui, je trouve ça hallucinant que les gens puissent imaginer que la santé est faite autrement que comme un business par cette industrie-là. Je trouve ça fou que les gens, et moi le premier, aient la naïveté de penser que c'est envisagé comme autre chose qu'un business. Et quand tu sais ça, tu te dis merde, j'aurais préféré ne pas avoir cette info parce que ça grise un peu quand même. Tu vois, je crois que c'est Pfizer qui a un truc comme 40 milliards d'euros de bénéfices. ce qu'on...

  • Dr Bourgeois

    Et tu parles de quoi ? De par mois, par an ? Par an,

  • Antoine Lacouturière

    c'est-à-dire que... Ah ouais, Elon Musk peut-être, mais en fait, cette industrie-là, et ce n'est pas une critique, cette industrie-là qui est nécessaire parce qu'on sauve des centaines de millions de vignes probablement avec les vaccins et tout ça, juste, c'est quand même un business, c'est-à-dire que la santé des gens un par un... toi, moi, à des réflexions de ce type-là étatiques ou à des milliards d'euros, on peut faire mourir des milliers de personnes pour faire avancer tel médicament ou autre. C'est une certitude. Donc quand moi je réfléchis avec mon patient au cabinet et toi en consultation derrière moi, c'est l'équivalent de j'éteins ma lumière pour pas polluer pendant qu'en Chine on a des usines de charbon qui réouvrent. C'est un tout petit geste.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, ça me touche ce que tu dis à différents niveaux dans mon histoire, dans le quotidien. Ça me donne envie d'orienter sur le podcast sur comment faire, mais avant ce comment faire là, c'est quand t'as pris conscience de ça, toi, comment t'as vécu ça ? Le fait de se dire, cette prise de conscience, de se dire mais... Comment c'était pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je me suis dit, je le sais, ça ne va pas changer ma pratique au quotidien, parce que je ne prescris pas de médicaments au quotidien. Je soigne des gens, je soigne littéralement des gens, mais en fait, dans nos métiers, on fait de la thérapie manuelle, toi et moi. Un chirurgien dentiste, il a besoin d'enlever, d'ouvrir. Quand je prescris un médicament, c'est très, très rare. Là j'ai eu mon SNIR, qui est pour ceux qui ne connaissent pas ton relevé annuel de prescriptions, de tarifs, d'actes et tout ça. Je n'ai pas prescrit de médicaments. Sur l'année, si j'ai fait 10 prescriptions, c'est le maximum de ce que j'ai fait. En fait, je prescris de la rééducation et je soigne les gens en intervenant. J'enlève une dent qui est infectée, je nettoie une carie que je vais reboucher, etc. Mais je ne prescris pas, donc ça ne va pas changer ma vie au quotidien. Je ne vais pas me faire offrir des voyages par Sanofi parce que je ne suis pas un prescripteur, mais dans le monde des gens qui m'entourent, notamment en médecine du sommeil, l'argent, c'est une valeur hyper présente en termes de diagnostic, en termes de placement sur le marché. Je regardais à peu près le nombre de prestataires qu'il y avait sur la médecine du sommeil, c'est-à-dire ceux qui te mettent les polysomnographies, ceux qui te mettent les PPC pour dormir. Il y a des dizaines de prestataires qui se séparent. qui se partagent ce marché et qui font du démarchage auprès des pneumologues et des médecins généralistes pour leur dire « S'il vous plaît, venez, je vous offre telle place au congrès » . Ils se battent pour offrir aux médecins ça, tu vois. Et tu te dis, du coup, quand tu vas voir un médecin, est-ce qu'il est vraiment neutre dans ce qu'il va te proposer ? Est-ce qu'il va t'expliquer ? Est-ce qu'il va te laisser le choix ? Moi, il y a quelque chose de la médecine que je trouve très dur, c'est qu'on ne te parle pas des alternatives thérapeutiques et on ne te parle pas de l'abstention thérapeutique. Que va-t-il se passer si je ne me traite pas ? Que va-t-il se passer si je choisis un autre traitement ? On ne te parle pas de ça. Moi j'explique quand les gens me disent « Hé docteur, cette histoire de frein, si on ne le coupe pas, qu'est-ce qui peut se passer ? » J'explique, je leur dis « ça peut très bien aller, comme on peut voir apparaître ça, ou ça, ou peut-être plus tard ça. » Mais en tout cas les symptômes qui sont présents aujourd'hui risquent de ne pas régresser. Et je me sens très à l'aise parce que si les gens viennent se faire opérer, Je suis 100% transparent. Si les gens ne viennent pas se faire opérer, je leur ai donné de l'information. Le biais qu'on a, c'est que les gens... qui sont des opérateurs sont un peu des scalpelophiles. Ils veulent opérer parce qu'ils en obtiennent un bénéfice secondaire. Soit parce qu'ils sont convaincus, donc ça fait du bien à leur cerveau, soit parce qu'il y a de l'argent derrière, soit parce qu'il y a un réseau à entretenir de praticiens, etc. Et moi, ça me fait assez peur, ce truc-là. Tu vois, je suis allé dans des centres qui opèrent beaucoup de freins. Je suis allé voir comment ça se passait. Il n'y a pas de consultation préalable. Tu viens, on te dit il faut, on coupe, et tu repars. Imagine ça avec la circoncision. Imagine, tu prends ton enfant et tu dis je vais aller voir un chirurgien viscéral pour me poser la question de qu'est-ce que ça impliquerait la circoncision. On te dit bougez pas, attrapez-le, tenez-le, je coupe et voilà. T'imagines si tu extrapoles ça à la médecine et pourtant c'est deux freins. Le frein en bas et les freins en haut, ça reste des frénectomies, entre guillemets. Mais c'est inenvisageable dans la médecine générale, dans la médecine en général. Et pourquoi nous, on se le permet, tu vois ?

  • Dr Bourgeois

    C'est hyper intéressant comme ouverture, comme analogie, comme métaphore aussi. Je pense que ça illustre, ça impacte.

  • Antoine Lacouturière

    Peut-être que des gens vont se dire, ah oui, tiens, j'avais pas pensé ça comme ça, mais oui. Mais moi, on n'a pas beaucoup parlé d'argent, mais en fait...

  • Dr Bourgeois

    On va y aller. va y arriver.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, on en reparlera alors.

  • Dr Bourgeois

    Oui. D'accord Cédric, et du coup, par rapport à ce qu'on vient d'exprimer, si je reprends ce cas de la vie du quotidien où t'es à un barbecue et où t'as ton observation avec toute ta conscience et tout tes capteurs à toi de soignants avertis, consciencieux, qui détectent, comment tu te positionnes par rapport à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'il faut un peu tâter la température, ça va dépendre de la première phrase que tu vas dire. En fait si tu dis c'est marrant que tu as eu des mastites et que tu as arrêté ton allaitement, on a cherché trop, un peu pourquoi ou quoi je sais pas, si tu vois que c'est un peu bon et non, c'est bon allez, est-ce qu'il reste des chipolatas, je pense qu'il faut pas y aller. Si par contre c'est quelqu'un qui a envie d'en parler et que tu sens que ça a ouvert une vanne chez cette personne, tu sais que tu as passé ton barbeque loin du monde à discuter avec cette personne de pourquoi et comment. Et c'est assez dur de balancer deux, trois infos importantes sur la santé et puis de dire je te laisse avec ça, je vais me resservir du sident.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ça touche les gens. Ce qu'on pourrait peut-être faire dans le monde du business, je vends des objets et on en parle, on n'en parle plus et puis on passe à autre chose, ou là tu viens toucher quelque chose qui est différent. Je trouve que ça fait partie des vraies différences. Quand on parle de rémunération notamment, quand on parle d'investissement, de passion, le fait de donner ces conseils-là ou en tout cas ces observations à quelqu'un, ça va le toucher de manière... c'est significatif. Tu ne laisses pas les gens indifférents quand tu parles de leur état de santé.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, tu les laisses pas indifférents. Après, il y a des gens qui ne veulent pas savoir. Moi, j'ai rencontré des gens, notamment à un moment de mes études, j'ai été amené à annoncer des maladies graves. hors du côté dentaire. Il y a des gens qui ne veulent pas savoir ou qui ne comprennent pas qu'ils ne veulent pas savoir. Je doublais un médecin qui était avec moi. C'est une petite anecdote, mais il se reconnaîtra s'il l'entend, c'est sûr. J'étais aux urgences tête et cou. Donc, tu sais que dans le monde dentaire, on est quand même plutôt côté urgence tête et cou qu'urgence digestive. Et il nous est amené par les sapeurs-pompiers une jeune fille qui a fait un malaise pendant son... repas de famille avec tout le monde. J'ai jamais raconté, je pense, ce truc, mais c'était il y a quelques années. Et cette fille arrive avec son malaise et elle tombe, en fait, elle tombe dans son plat, la tête dans le plat, dans le repas. Donc les pompiers arrivent, ils la récupèrent, ils la mènent aux urgences et toute la famille est là. Donc elle a un nouveau-né qui a six mois, le compagnon, évidemment, le papa, la famille, les beaux-parents, bref. Ils sont genre douze. Ils arrivent aux urgences à 12. Donc tout le monde dit, oulala, attention, juste l'accompagner en direct, le bébé reste. Et donc mon collègue médecin dit, hop, on la pousse au scanner directement parce qu'elle est restée inconsciente. Donc elle part au scanner. Et moi je vais avec tout le monde dans le scanner, dans la pièce à côté, tu sais, où tu regardes les images et tout. Et l'image du scanner cérébral sort et tout le monde fait… Et moi je comprends rien. J'étais jeune. j'avais pas vraiment d'idée de ça, et je vois un espèce de gros blanc de tout le monde avec un petit « bon, ben voilà quoi » . Et je me retourne vers mon collègue qui s'appelle Olivier, et je me retourne vers lui et je lui dis « mais il se passe quoi là ? » . Et il me dit « tu vois toute la partie grise là ? » . Je lui dis « ouais, ben c'est une tumeur » . Et en fait, ça représentait plus de la moitié du cerveau je pense. Et là je me dis, enfin en tout cas sur cette coupe là, je me dis mais c'est pas possible qu'on découvre ce truc là maintenant. Et donc je dis à Olivier mais il faut faire quoi ? Il me dit, ben là il faut expliquer à la famille que c'est grave déjà, que c'est pas juste un malaise mais que c'est quelque chose de beaucoup plus grave. Bref, je te passe un peu les détails et on fait une espèce d'annonce. Alors moi dans un coin de la pièce et lui qui vient expliquer à la famille que c'est grave. Donc on met tout le monde dans la même pièce, tous les gens qui sont là. J'espère que personne de cette famille entend ce truc-là parce que c'est ma vision des choses. Et il dit, je voulais juste m'entretenir avec vous de l'état de santé de mademoiselle machin. Donc elle est dans le coma en fait. Voilà ce qui s'est passé. Elle a fait un malaise très grave parce qu'il y a un problème au niveau de son cerveau. Et les gens de la famille étaient dans une espèce de planète où ils rigolaient presque. Ils disaient, on peut aller la voir parce qu'au four, là, on a un chapon. Je pense que ce soir, il sera moins bon quand même. Et donc là, Olivier dit, attendez, je ne vous ai pas... Attendez. Je ne vais pas être clair, là il y a une notion de malaise grave, important, avec il va falloir voir un neurologue et tout. Et en fait la famille était dans le déni complet, mais était dans un truc que tu ne peux pas imaginer quand tu es d'un point de vue extérieur, où ça paraît tellement évident pour toi que c'est vrai ce qui se passe. Et c'était un état de sidération. Et donc il dit, non, non, mais là, bon, elle se réveille quand on va la voir et tout. Et là, donc, il se passe deux, trois phrases comme ça. Et puis Olivier finit par dire, bon, en fait, là, elle a une tumeur. Donc il balance le... le mot. Ils ne comprennent pas plus. En tout cas, dans mon souvenir, ils ne comprennent pas plus le truc. Il y a un peu plus de blanc dans la famille. Attendez, mais comment ça ? Qu'est-ce que vous voulez dire ? Elle ne va pas dormir là cette nuit quand même et tout. Et là, il s'est passé en backup des choses que moi, je n'ai pas. pas vu. Là, il y a une femme qui tape à la porte et qui vient voir Olivier et qui lui dit « Je peux te parler deux secondes ? » Donc il sort. Donc je sors avec lui et elle dit « Machine est arrivée. » Et il dit « Oula, non, mais c'est pas le moment là. » Et je lui dis « Mais c'est qui Machine ? » Il me dit « C'est l'infirmière pour le PMO, le prélèvement d'organes. » Je lui dis « Quoi ? » Il me dit, tu sais, quand il y a des gens qui sont en état de mort encéphalique, machin, et en fait, ce truc-là qui est, si des gens m'entendent et ont déjà vécu ce truc-là du côté soignant, ils se sont dit, ça ne s'est peut-être pas du tout passé comme ça, machin, mais là, ça s'est passé comme ça. probablement le radiologue ou je ne sais pas qui a appelé l'histoire du PMO qui a dit « Ah ben l'infirmière doit être pas loin, la coordinatrice, je ne sais pas quoi. » Et donc là, tu passes d'une nana qui est tombée la tête dans le chapon à « On va vous demander l'autorisation de prélever ses organes, si elle vous en a parlé, de son vivant. » T'imagines la violence du truc. J'étais dans cette putain de pièce en fait. Je m'en rappelle comme c'était hier. J'avais 23 ans, 24 ans. Je crois que j'ai perdu mon père un an après ça, tu vois. Le truc était d'une violence et je pense que ce déni des gens qui ne veulent pas savoir ou leur cerveau qui ne veut pas savoir, il est bien plus fort que tout ce que toi tu peux imaginer en tant que soignant qui essaye de dispenser juste une parole qui a trait à la santé. de quelqu'un en fait. Là c'est un truc très grave évidemment, je te prends un exemple que j'ai vécu et qui m'a marqué mais je pense qu'il y a des gens à qui tu dis « ah vous savez que ce grain de beauté il est pas top top » qui vont être dans le déni parce qu'ils ne veulent pas être malades. Je pense que c'est une réalité ça en fait et la première phrase que tu dis « il faut être capable de juger avec ton sensibilité si la personne elle est capable de ça » parce qu'elle n'a rien demandé sur le soin tu vois elle n'a pas demandé ça

  • Dr Bourgeois

    Oui, je comprends mieux. Merci pour le fait de sonder, de voir s'ils sont demandeurs ou pas pour le barbecue. Et dans les milieux, je crois qu'un bon nombre de soignants vont se reconnaître. On est quand même hyper sollicité par la famille. les copains les tu me confier tout à l'heure le nombre de messages que tu recevais pour dire qu'est ce que vous en pensez qu'il faut faire on est archi sollicité et parfois on a envie de faire du bien et c'est comment est ce que je me positionne et puis j'entends aussi l'anecdote l'histoire c'est pas une anecdote cette histoire terrible de je

  • Antoine Lacouturière

    sais pas ce qu'elle est venue cette non plus. j'imagine qu'elle est décédée mais je sais pas ce qu'est devenue sa famille et moi c'est des choses qui me courent un peu sur l'encéphale de temps en temps me disant tiens il y a eu ça c'est fou quoi ça me fait penser à Baptiste Beaulieu qui écrit sur

  • Dr Bourgeois

    des cas qu'il a pu vivre et à d'autres soignants, il y a un certain nombre qui publie je pense aussi à l'homme étoilé je connais pas c'est un infirmier dans les soins. intensifs palliatifs plutôt même qui raconte à travers des bd la fin de vie de certains de ses patients et il la rend noble parfois humoristique parfois simplement horrible en fait il raconte sa vision à travers ses yeux à lui de de cette étape-là. Et bon, il est devenu connu aujourd'hui sur les réseaux. Et puis, il a écrit, il a fait des BD. Mais je pense à ces soignants-là, parce que ce que tu viens de dire, je me demande, t'es préparé à 23 ans ? Est-ce qu'à un moment dans tes études, on te prépare à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, en tout cas, on ne me prépare pas à ça. Et tu ne t'y exposes pas si tu n'y es pas prêt non plus. Moi, je suis allé taper à la porte des urgences, en fait.

  • Dr Bourgeois

    C'est une démarche de ta part ? Oui, oui, oui. Tous les étudiants en dentaire le font pas ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, non, non. Moi, je... en fait dans le cadre d'un DU J'ai fait ce DU avec des internes en chirurgie maxillofaciale qui faisaient le même DU que moi. Et quand ils me disaient qu'ils faisaient des gardes, moi je disais, ça doit être trop cool de voir une garde comme ça. Et eux, ils étaient plus gavés de faire des gardes parce que quand on a fait plein, c'est ta routine. Et ils me disent, si tu veux, viens sur une garde. Je demande au chef du service, machin. Mais viens, c'est toujours cool d'avoir un étudiant en dentaire qui, lui, peut... Avoir une vision peut-être un peu différente. Un mec super sympa, tu vois, un interne très gentil. Et donc je vais là-bas et j'arrive dans le service comme un trou de balle. J'arrive, j'ai aucune légitimité, je comprends même pas trop comment est fichu le service. Il me dit, tu vois, le mec qui passe là-bas, c'est le chef de service, va te présenter. Donc t'imagines, t'es étudiant, t'es en quatrième année de dentaire ou cinquième, je sais plus, et tu tombes sur un mec qui est le chef du service d'urgence tête et cou. Et tu dois aller voir, bonjour monsieur, je suis un pauvre caca et en fait je suis là parce qu'il y a un interne. Et le gars, je lui dis ça, je lui dis pas que je suis un pauvre caca, mais je lui dis bonjour, je viens parce que machin. Et le mec me dit, bah écoute, enchanté, t'es ici chez toi, c'est les urgences, voilà, il y a deux, trois trucs à pas faire. Tout le reste, tu peux poser autant de questions que tu veux. On est toujours... Il me dit exactement ces mots-là. On est toujours heureux d'avoir des gens qui veulent apprendre. Je m'en rappellerai toute ma vie puisqu'il était dans mon jury de thèse, ce mec, à la fin, pour te donner une idée. Et je lui dis, je veux bien apprendre, mais je ne veux pas gêner. Et il me dit, non, mais... tu gêneras pas si jamais tu as un problème tu viens me chercher tu viens me chercher et donc j'ai fait cette soirée de garde j'ai fini à 4 heures du matin à 4 heures du matin il m'a dit tu peux rentrer chez toi là je pense il ya plus de tram et en fait j'en ai fait un nom nombre innombrable avec lui. Alors évidemment, c'est pas moi qui viens suturer des crânes, on est bien d'accord. Par contre, le fait d'être immergé dans ce truc-là, de voir, pendant que tous mes potes, eux, étaient en soirée, faisaient la fête, rentraient chez leurs parents et tout, moi j'ai passé, j'étais en couple à l'époque, je rentrais chez ma copine, qui habitait moins loin de l'hôpital que mon appartement, je rentrais chez elle, littéralement à 4-5h du matin, après une nuit, avoir bu les chocolats la chose dégueulasse que tout le monde essaye de faire de l'hôpital tu vois parce que j'ai trouvé ça passionnant et le pire de ça c'est que des collègues qui étaient avec moi en enterre qui n'ont pas du tout fait ça m'en ont voulu d'avoir fait ça pourquoi bah ils n'ont pas cru ils n'ont pas cru que c'était possible alors que pour le coup tu veux je je pense que j'ai toutes les photos de toutes les gardes que j'ai fait Et ils n'y ont pas cru et j'ai eu le sentiment que ça leur a enlevé quelque chose. Moi, je ne le disais pas, tu vois, que j'allais en garde et tout, mais forcément, tu vois plus de trucs que si tu étais resté chez toi. Donc moi, je voyais des choses sur des cas, sur des trucs comme ça et tout. et juste des gens qui l'ont su n'ont pas apprécié le fait que moi j'ai pu accéder à des trucs médicaux comme si c'était j'aime pas dire ça en fait j'aime pas raconter ça parce que j'ai toujours eu ce truc là de me dire n'en dis pas pas trop parce qu'en fait, ça va pas plaire aux gens. J'ai rien fait, on m'a pas donné diplôme, on m'a rien filé, tu vois. Genre j'ai passé toutes mes soirées, pas toutes, mais au moins une soirée par semaine, voire deux, en garde avec ce mec qui lui était juste un mec bienveillant, qui s'était dit c'est super sympa d'avoir un gars, il m'utilisait même pas, tu vois, il se disait pas tiens c'est ma petite main, il va faire ma place. Je peux rien faire, je suis rien moi. Je suis un externe qui vient... voir comment ça se passe. Donc des fois, je suivais le neurologue qui me disait « Ah bah tiens, tu veux voir ce que c'est le stroke, les urgences intensives vasculaires ? » Ouais, ok. Des fois, je suivais l'ophtalmo qui me disait « Bah tiens, on a encore une limaille de fer dans l'œil. Tiens, t'as déjà vu comment ça s'enlevait ? Bah non, bah viens voir. » Et en fait, pour moi, c'est ni plus ni moins de la culture médicale.

  • Dr Bourgeois

    Une forme de formation continue aussi en parallèle.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, sauf que j'étais pas formé à la base, donc c'était une sorte de double formation initiale. Ouais. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça passionnant. Et aujourd'hui... Je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. Je trouve que c'est génial. Ça ne me sert pas, évidemment. Ça ne me sert pas pour être dentiste, tu te doutes bien.

  • Dr Bourgeois

    La limaille de fer, non.

  • Antoine Lacouturière

    Non, non. Oui,

  • Dr Bourgeois

    vraiment.

  • Antoine Lacouturière

    Par contre, je retrouve des jeunes aujourd'hui qui me... me contactent en première année, des trucs comme ça, qui ont ce truc-là. Qui ont ce truc de dire, je m'en fous en fait de ce que ça me coûte du temps, machin. Je veux juste y aller. Je veux juste voir. Et j'en ai rencontré quand j'enseignais en prépa, tu sais, pour la fameuse, les écuries, là. Moi, j'ai enseigné les sciences humaines et sociales quand j'étais en deuxième, troisième, au tutorat, et puis après dans les prépas pour gagner des sous, quand mon père est décédé. Et j'ai rencontré des étudiants qui était facile. et passionnés par ce type de parcours qu'ils voulaient faire aussi. Et on leur a pas laissé souvent la chance d'aller en médecine. C'est des gens qui n'ont pas réussi la première année et qui sont allés faire autre chose. Parce que l'intelligence qu'on te demande en première année, c'est de la mémoire. C'est pas de l'intelligence, c'est beaucoup moins de la réflexion et de la compréhension. C'est beaucoup, beaucoup de mémoire. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment j'ai passé cette année.

  • Dr Bourgeois

    Mais tu es là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, oui. Mais bon.

  • Dr Bourgeois

    Je reviens sur ce que tu disais par rapport à ça ne me sert pas pour être dentiste. Je le perçois un peu différemment, Cédric. J'ai le sentiment, en tout cas, que le fait de... d'être capable de te mettre à la place de l'autre. C'est un des éléments de ta boîte à outils.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais il n'a rien à voir avec ce que j'ai fait là.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je précise quand je dis ça, quand tu vas voir ce qui se fait dans les autres SP, tu vois aussi différentes histoires de patients, différentes problématiques, différents gestes techniques et peut-être différents soignants pratiqués. Tu vois, là, pour le coup, je refais une parenthèse perso, mais j'ai été voir énormément de profs en école d'ostéo. très vite, je me suis dit, bon... Il y a énormément de manières de faire différentes. Je vais aller m'imprégner des profs et j'ai passé des demi-journées de stages d'observation. Je leur ai demandé de mettre les mains sur moi. J'ai vraiment fait cet effort de me dire, OK, je paye une consule, je viens te voir, je lis tes bouquins. Tu vois, je me retrouve un peu dans cette démarche d'exploration. Et même s'il y a des techniques que je n'utilise pas, le fait de les avoir reçues ou de les avoir vues ou d'avoir vu des patients les faire, Les vivres, je me dis que malgré tout, dans ta carte du territoire de l'autre, toi, tu ne l'utilises pas en vecteur principal, mais tu as cette conscience-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais je pense que tu l'as ou tu ne l'as pas dans ton cerveau à la base. Ce n'est pas le fait d'avoir passé... J'aurais pu passer trois gardes aux urgences et avoir cette conscience-là, mais j'ai décidé d'en passer 300, tu vois. et je pense que j'exagère même pas sur le nombre parce que quand tu en fais une à deux par semaine pendant quasiment quatre ans t'es pas loin de ça quoi et j'ai pas fait que des gardes complètes mais des équipes, des urgences de ces urgences que je connais du coup plus maintenant parce que c'était il y a des années mais qui à l'époque me voyait un soir sur trois, se disait ce mec est complètement marteau. Il vient gratos, il boit des cafés dégueulasses de l'hôpital.

  • Dr Bourgeois

    Et chocolat.

  • Antoine Lacouturière

    Pendant que ses copains sont tranquillement dans leur plumard ou en train de regarder des films. Il n'y avait pas Netflix à l'époque, je suis trop vieux. Mais il y avait quand même ce truc-là, tu vois. Et pour rien au monde, j'aurais été ailleurs qu'aux urgences. Parce que j'avais le sentiment, même si deux fois je me faisais chier, j'avais le sentiment qu'il n'y avait pas un meilleur endroit pour apprendre des trucs. Et en plus j'étais utile, parce que je brancardais, parce que je poussais des gens au scanner, parce que je rebranchais des paires. perf qui était vide. On me filait des missions. Je gérais des conflits à l'accueil puisque j'étais complètement extérieur. Des fois, il y a des gens qui disent « Oui, moi, je veux rentrer. » Non, c'est un accompagnant. Donc, moi, j'y allais. On me disait « Vas-y, va dire au père qu'il ne peut pas venir. » Ah, d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Je vais rajouter ça sur ma ligne de compétence. Allez dire au père « Non, vous ne pouvez pas rentrer. » Mais tu vois, je trouve ça paradoxal. Quand je te réentends dire ça, je souligne, c'est des compétences pour moi, j'ai l'impression, peut-être que je me trompe toujours, mais j'ai l'impression que c'est des compétences que tu as acquises ici.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense que c'est plus de l'expérience que des compétences, c'est comme l'humanitaire, moi j'ai fait un peu d'humanitaire et en humanitaire... tu ne gagnes pas des compétences, tu ne gagnes pas de l'XP, tu ne gagnes pas des sorts de magie que tu n'as pas dans un jeu vidéo. Par contre, j'ai exploré de la map. J'ai exploré et donc j'ai une vague idée un peu plus de l'ensemble de la map. Je pense que quand j'ai fait de l'humanitaire, notamment au Maroc, on était parti à deux dans les histoires. Je suis parti à deux avec une interne de pédiatrie à l'époque et moi j'étais tout jeune dentiste diplômé. mais on est parti à deux et on a fait une semaine là-bas. Donc elle, elle a soigné des enfants, et moi j'ai soigné de tout, des enfants, des adultes, pour les dents. En une semaine, j'ai fait 70 chirurgies, 70 extractions. En une semaine. Tu n'as pas idée, quand tu es étudiant en dentaire, tu dois en faire 10 sur l'année, tu vois, d'extraction. Et encore, peut-être que ça a baissé. J'en ai fait 70 dans la semaine. T'imagines l'expérience que tu prends. Des fois ça se passait pas bien, des fois t'arrives pas à enlever la dent, parce que t'es jeune et parce que t'as pas le bon matos et tout, mais j'ai pas de radio. Donc j'ai fait des trucs sans radio alors qu'on nous apprend à bosser avec des radios. Mais en fait les gens ils sont, ils s'en fichent en fait, ils veulent juste que tu soulages leur truc donc je disais j'essaye peut-être j'y arrive pas. Et l'infirmier marocain il traduisait et le mec il disait peut-être tu y arrives aussi hein. Donc j'ai essayé tu vois et j'ai gagné beaucoup d'expérience en faisant ça. énormément rassuré sur mes capacités manuelles parce que je me suis dit en fait tu vois je me lance pas dans des trucs que je sais pas faire des fois j'ai plein de fois j'ai dit non ou là dans de sagesse là en plein milieu du maroc du désert tu vois c'est moyen mais ça cette expérience là tu l'as parce que tu vois d'autres choses sur un certain temps donné alors que pour moi la compétence c'est aussi une connaissance que tu vas mettre en application là j'avais pas de connaissances supplémentaires j'ai expérimenté quoi.

  • Dr Bourgeois

    J'entends cette nuance et je te remercie pour cette nouvelle histoire et parce que c'est riche d'imaginer ça Je m'enverrai la vidéo Youtube,

  • Antoine Lacouturière

    on avait fait un montage

  • Dr Bourgeois

    Avec plaisir et j'anticipe je suis sûr qu'il y a des auditeurs et des autrices qui vont me dire est-ce qu'on peut la voir,

  • Antoine Lacouturière

    donc on la mettra en lien Ils peuvent pas commenter les podcasts les gens aussi Alors du coup j'en profite c'est le moment de faire un petit point

  • Dr Bourgeois

    Tu peux pas commenter Alors là, il y aura peut-être une vidéo YouTube. C'est une des premières fois qu'il va y avoir ça dans le podcast. On va tout faire pour, en tout cas. Donc, dans YouTube, je pense que tu peux commenter. Et puis, dans Apple Podcast, tu peux aussi mettre des commentaires. Donc, tu peux. Et puis après, il y a un certain nombre d'usagers qui utilisent les réseaux sociaux pour dire est-ce que je pourrais avoir ça ou en direct. Oui, tu pourrais. Oui, si, quand même.

  • Antoine Lacouturière

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est pas faux. Les semaines, il y a ça. Je reviens sur cette histoire de compétences. Est-ce que... Tu vois, j'entends savoir-connaissance. Donc, tu as dit, c'est une connaissance-savoir. Oui. Savoir-faire, la technique. Je vais m'appliquer avec mes mains. Mais il y a un savoir-être qui, pour moi, est aussi un peu entre les deux, tu vois, dans la compétence. Je reprends tes exemples. Je me permets. Le brancardier, tu vois, aux urgences, je ne savais pas. Il y a quelques semaines, moi, j'ai réagi à une de tes stories.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Sur un habillage en super héros, genre en tenue de super héros pour un enfant qui part au bloc.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Alors t'es pas le seul à le faire. Il y en a quelques uns d'autres qui le font. Mais si on pouvait faire une prise de sang de ce petit bout là, tu vois, deux groupes témoins. Je pars au bloc avec ce staff là, cet encouragement, c'était un champion. Tu vois, tu me vois venir.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je te vois venir.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est rien. Biochimiquement parlant, je suis certain que son analyse, j'ai la conviction, l'intuition, la croyance, l'espoir aussi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, on l'a prouvé ça. On a prouvé qu'on mettait moins d'anxiolithique chez les enfants qui avaient ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, et dans un podcast précédent avec les trois cafés gourmands que je salue au passage, on avait parlé des études qui montraient que la musique, ça diminuait les quantités de sédation et les quantités de médication en salle de réveil. Mais je reviens sur mon exemple. Ton petit bout qui part là, est-ce que le fait que tu aies été brancardier à un moment, t'as pu t'immerger dans les questions des parents du dernier moment ? Tu vois, regarde, replonge-toi là avec ta mémoire photographique et ton arborescence là, replonge-toi, t'es brancardier, tu viens de gérer le papa à qui t'as pu dire « Eh toi, tu rentres pas, s'il te plaît, t'as des baskets et t'es pas en costume, tu rentres pas. » Non, j'exagère, mais t'es brancardier, t'as un petit bonhomme qui part au bloc pour l'avoir vécu moi. Oui. comme un bon nombre de personnes qui nous regardent,

  • Antoine Lacouturière

    qui nous écoutent.

  • Dr Bourgeois

    Va aller au bloc. Une des dernières personnes avec qui tu discutes, c'est les êtres humains qui sont là.

  • Antoine Lacouturière

    Mais là,

  • Dr Bourgeois

    à ce moment là, qu'est ce que tu vis ? Qu'est ce que tu te dis ?

  • Antoine Lacouturière

    Je ne sais pas si le fait d'avoir été brancardier, ou en tout cas de pousser des brancards, puisque c'est un vrai métier brancardier, ce n'était pas le mien, mais d'avoir poussé des brancards, ça te change vraiment ta vision des choses par rapport au fait d'être parent. Et je pense que l'expérience d'être parent et d'avoir un enfant... quand tu deviens soignant d'enfant, elle est un milliard de fois plus violente que d'avoir été brancardier dans un service d'urgence tout pourri. Je mets une nuance. Quand j'étais aux urgences, de temps en temps... il y a des brancards qui sont sur les côtés des couloirs avec des gens dedans qui attendent, etc. C'est un peu le pire empire, mais c'était déjà comme ça à l'époque. De temps en temps, même régulièrement, je m'arrêtais à côté de la dame ou du monsieur, je leur prenais la main et je leur disais ça va. Vraiment, je m'intéressais vraiment déjà parce que je voulais savoir pourquoi ils étaient là, leur pathologie, machin. Et je leur disais tout va bien. J'étais en blanc, j'avais une blouse comme les gens des Urgents. Ça, j'en ai parlé après avec Olivier, il m'a dit ça a Ça a changé la géographie des urgences. ce truc là il m'a dit parce que tu n'avais rien à là bas tu n'avais rien à faire tu n'étais pas attendu on ne tue des personnes ne dépendait de toi un infirmier quand il aux urgences il se fait avoiner mais complet il passe sa vie à courir entre droite et gauche machin il peut pas s'arrêter dire coucou comment ça va michel c'est impossible moi je n'avais que ça à faire donc moi j'étais un espèce d'électrons libres où je m'arrêtais je papote avec madame tu vois et ça Je l'ai vu, c'est vrai, mais lui m'a dit que ça a complètement modifié le fait que les gens devenaient ou pas agressifs parce qu'ils avaient l'impression qu'on ne les considérait pas, etc. Donc en fait, un des enseignements que j'en ai ressorti, c'est pourquoi est-ce que dans les urgences on ne met pas une espèce d'engagé volontaire, un mec comme un service civique qui, habillé en blanc, donne l'illusion qu'il est un soignant comme les autres, qui vient juste s'enquérir de comment vont les gens.

  • Dr Bourgeois

    Là, il y a un truc hyper important pour moi qui fait-il, c'est Carl Rogers. Je ne sais pas si tu vois. L'écoute active, l'approche centrée sur la personne, donc la puissance de l'écoute. Je vais te laisser parler sans t'interrompre. Je ne sais plus combien c'est la moyenne en France pour être interrompu chez un soignant. Je crois qu'il y a des...

  • Antoine Lacouturière

    14 secondes.

  • Dr Bourgeois

    Ouais. Donc, pour les auditeurs et ceux qui ne connaissent pas, il faut 14 secondes. Je ne sais plus si c'est des medjets, parce que j'ai beaucoup de respect pour les medjets malgré tout et les responsabilités qu'ils ont. Mais je crois que l'étude, c'était au bout de 14 secondes. En moyenne, on est coupé. C'est-à-dire que des fois, c'est avant ça. Merci. Et là, ce que tu dis, c'est que le fait d'avoir pu les toucher avec une main, aller les voir, mettre une présence physique, leur offrir un espace pour verbaliser peut-être, ça change des choses. Alors, j'insiste un peu, mais ça, pour moi, c'est une compétence. Tu ne l'avais pas à savoir. Tu ne l'avais pas. C'est un truc que tu as.

  • Antoine Lacouturière

    Je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    Tu penses que tu l'avais en toi avant ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    C'est parce que tu es comme ça, parce que tu as peut-être intrinsèquement cette qualité d'être qui te permet de faire ça, que ça développe ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je suis convaincu que ce truc-là, je l'avais. Tu ne peux pas l'apprendre. Il y a des gens qui ont essayé de l'apprendre. J'ai des internes, des externes, à qui on a dit, il faut que tu fasses ça, il faut que tu ailles voir les gens. En fait, ils le font une fois, deux fois, puis après ils arrêtent.

  • Dr Bourgeois

    Si c'était forcé, ça marche.

  • Antoine Lacouturière

    Ça ne fait pas partie de leur logiciel. Moi, ce truc-là, je l'avais avant. Je vais aider quelqu'un qui s'est pété la gueule dans la rue, parce que je ne sais pas faire autrement. J'ai qu'un seul logiciel, c'est celui-là. Je ne peux pas laisser quelqu'un la souffrance, ça me rend... Ça ne me plaît pas. et donc il faut que j'apporte de l'aide là-dessus. Et donc, les urgences, ça a juste été un moyen d'exprimer ce truc-là en me disant, tiens, j'ai mis plusieurs mois à être capable de faire ça, à oser le faire. À ce qu'on me dise, non, non, mais tu peux parler à ce patient-là. Je dis, mais peut-être, il ne faut pas qu'il parle, tu sais, comme il doit être âgé, il ne faut pas non plus qu'il parle. non non mais tu peux, c'est pas grave, tu peux dire aux gens bonjour ça va Vous avez besoin de quelque chose ? Et des fois, j'amenais une serviette, un coussin de plus pour relever les gens. Je bougeais le brancard, tu vois ? Je relevais le dossier du brancard. Donc pareil, il faut apprendre à le faire, ça. Parce que tous les brancards sont différents, et au début, tu ne sais pas comment faire. Et tous ces petits trucs-là, lever la barrière, machin et tout, ça paraît absurde. Je me rappelle une dame qui m'avait dit, je vous en supplie, allez dire à mon mari, qui est en salle d'attente, que je ne sais plus quoi. Du coup, j'ai pris mes petits pieds, j'ai fait deux couloirs, je suis allé en salle d'attente, j'ai dit, il y a le mari de madame machin, il s'est levé, il m'a dit oui. Donc, je lui ai donné l'info, il m'a dit, merci beaucoup, elle n'a pas de téléphone, c'est une personne âgée. Et en fait, je me suis dit, tu te rends compte, cette transmission d'infos qui m'a pris littéralement 17 secondes, pour aller traverser la porte et dire ça à ce monsieur ? Aux urgences, tu n'as pas le temps de le faire. Et peut-être que les urgences ne veulent pas que tu le fasses. Ils se disent que quand tu es dans les urgences, le but n'est pas de tenir au courant la personne dehors, le but est de soigner la personne à l'intérieur.

  • Dr Bourgeois

    Mais dans ce cas-là, ils oublient, à mon avis, que l'état interne de la personne, elle dépend aussi de sa représentation, de son monde, et c'est fondamental pour le pronostic.

  • Antoine Lacouturière

    Ça, ça marcherait si on avait six personnes à soigner par jour, pas 30 passages.

  • Dr Bourgeois

    Je suis d'accord.

  • Antoine Lacouturière

    Et en fait, le système, il travaille en mode dégradé en permanence, et ça, ce n'est pas possible. Et les cabinets dentaires c'est pareil, quand tu reçois dans la même journée 6 appels pour des urgences, plus ton patient à toi qui a fait tomber la couronne, plus machin, en fait comment tu veux te dire oh stop Je suis avec mon patient, personne ne m'embête, je suis dans ma bulle, je vais bien le soigner. Tu gagnes pas mieux ta vie, tu te fais plus pourrir sur Google parce que les gens ne sont pas contents que tu n'aies pas répondu. Le système de soins, il n'est pas adapté à du soin de qualité. C'est la fameuse médecine à deux vitesses, c'est ce qui se passe aux Etats-Unis. Mais la réalité, c'est que ça se passe en France et que tu n'as pas le choix. C'est-à-dire que même quand tu payes un soin, tu te dis, moi j'ai des sous, c'est pas grave. Je me paye un super soignant. Tu ne l'as pas, en fait. Ça, c'est une réalité.

  • Dr Bourgeois

    C'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    S Tu veux nous dire quelques mots par rapport à ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je te sens... Agressif ? Non, pas du tout.

  • Antoine Lacouturière

    Touché, concerné ?

  • Dr Bourgeois

    En fait, je me sens... J'ai vécu la maladie, j'ai vécu... Chez mes deux parents, mon père en est mort et ma mère a eu un cancer. Donc j'ai vécu de la maladie, du côté soignant mais du côté patient aussi. Et en fait, j'ai été assez bouleversé par le fait que même quand tu veux t'occuper de toi-même, quand tu veux t'enquérir de ton traitement, quand tu veux mettre de l'investissement financier dedans, tout ce que tu veux, tu ne peux pas. Tu ne peux pas le faire. Et je ne dis pas qu'il faudrait qu'il y ait deux vitesses, comme ça, mais je me dis, quelqu'un qui n'est pas qui fait de la prévention, parce que se brosser les dents, tu peux les brosser quatre fois par jour et tu n'auras pas de caries, c'est parfait. Mais quelqu'un qui est malade, d'une maladie non évitable, et qui se dit, j'aimerais, j'aimerais me soigner, mais vraiment me soigner, tu vois. Il va appliquer des choses saines dans sa vie, mais l'accès aux soins qu'il a, il ne peut pas faire mieux que ce qu'on lui propose. Tu vois, quand tu te retrouves dans un hôpital qui est pas du tout à la pointe, mais qui te dit c'est comme ça et sinon il faut aller aux Etats-Unis ou en Suisse ou j'en sais rien pour se soigner, tu peux pas forcément le faire. Ton état de santé permet pas de transférer un malade, etc. Et en fait, pour moi, c'est quelque chose qui est très difficile. Pour te donner une idée, encore une anecdote à la con, mais quand j'étais dans mon ancien cabinet, je soigne des enfants sous anesthésie générale, comme tu as vu tout à l'heure, pour des polycaries, des enfants qui ont 8, 10, 15, 20, 30 caries parfois, à des petits âges, 2 ans, 3 ans, donc c'est beaucoup les habitudes alimentaires, brossage, hygiène, biberon de coca et tout ce que tu veux. Bref, je fais ça, et un jour, je reçois un patient, des Émirats Arabes Unis. qui vient me voir avec son enfant, le papa et une accompagnante qui je pense était la maman qui s'est pas présentée dans mon ancien cabinet. Il me dit on vient vous voir parce que le petit a des caries machin. Ok très bien, vous avez soigné telle personne qui tient un truc de chevaux là, un hara ou un truc je sais pas comment ça s'appelle, mais voilà qui nous a parlé de vous et nous on veut vous pour soigner le petit. Donc je lui dis ok, vous êtes en consultation avec moi donc c'est bon. Et il me dit, voilà, anesthésie générale. Donc, je programme l'anesthésie générale et je leur dis, voilà, je vous fais le devis. Je fais le devis pour anesthésie générale qui était de 600 euros. 600 euros, ça représentait l'anesthésie générale. Donc, tu mets un enfant dans le corps. coma, littéralement, tu l'intubes, tu le soignes, tu le réveilles, et tu t'en occupes avant et après. Donc je lui donne, devine, 600 euros, et je lui dis, voilà, ça sera ce qu'il faudra régler à la clinique, pour ses soins, souhaits et général. Il faut que tu te rendes compte que 600 euros, c'est même pas le prix d'une couronne, en France. pour une dent.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ça permet d'avoir un repère.

  • Dr Bourgeois

    Voilà, un implant, on est sur 1 000 euros. Avec la couronne, on est sur plutôt 2 000 euros. Une couronne toute seule, t'es à peu près à 700, 800 euros maintenant. Donc là, on parle d'un tarif qui est en dessous d'une couronne. Donc dans la tête des gens qui sont déjà allés chez le dentiste en tant qu'adulte, ils ont une vague idée des tarifs. Et donc, je lui donne ce devis et le mec me sort 600 euros en espèces et il me les donne. Je lui dis, alors non, ce n'est pas pour moi, c'est pour la clinique directement. Et le gars me dit, je ne comprends pas. Donc, je lui dis, ne me donnez pas 600 euros, gardez-les, il faudrait les donner à la clinique le jour de l'opération, vous payerez à la clinique. Et le gars me dit, attendez, ça c'est 600 euros pour la consultation aujourd'hui. et l'opération c'est combien ? Je lui dis, c'est 600 euros. Il me dit, non, l'opération, quand vous allez tout faire. Je lui dis, mais c'est ça ? Il me dit, c'est quoi ? C'est 10 000 euros ? Je lui dis, non, pas du tout. C'est 600 euros. Il me dit, ah non, attendez, on n'a pas compris. Moi, je veux que ce soit vous qui l'opérez. Je lui dis, mais c'est moi qui l'opère. Je ne parle que de moi, là. Enfin, il n'y a pas de... Je ne parle pas pour quelqu'un d'autre. Et il me dit, mais vous n'allez pas l'opérer pour 600 euros, je veux pas. Et je lui dis, mais pourquoi ? Mais c'est le tarif. Et mon ancienne assistante, qui me regardait à côté, elle me faisait un espèce de signe, genre, bah plus, alors tant pis. Et moi, j'avais déjà imprimé le devis, et je lui dis, non, non, mais moi, mon tarif, il est comme ça, en fait, c'est ça, c'est 600 euros. Et le gars n'a pas eu confiance que pour 600 euros, je prenne en charge la vie de son fils, sous anesthésie générale, sachant qu'il y a un anesthésiste, bien sûr, c'est pas moi qui le fais. Et sur le coup, je me suis dit, on ne réfléchit pas avec le même cerveau de système de santé, en fait. C'est-à-dire que lui, il est trop biaisé en se disant que c'est l'argent qui achète la bonne qualité du soin. Et moi, je ne comprends pas qu'il y a une valeur de soin qui n'est pas la même chez tout le monde. Alors, il y a plein de gens qui vont écouter ça et qui vont se dire, c'est bien, il est resté droit dans ses bottes et tout ça. Évidemment, je n'allais pas dire, c'est à géométrie variable pour vous, c'est 2000. Mais en fait, cette notion de l'argent-là en France, si demain je me dis, écoute, moi, je veux vraiment très, très, très, très, très, très bien faire mon travail et je prends deux fois moins de patients. Tu vois, j'ai une orthodontiste avec qui je travaille souvent qui prend 20 patients par jour. Donc là, s'il y a des orthodontistes qui entendent ce podcast, 20 patients par jour, c'est vraiment très rare chez l'orthodontiste. C'est plutôt 30, 40, 50, 60, voire des orthodontistes qui sont à 70, même 80 patients par jour sur plusieurs fauteuils avec des assistantes et tout.

  • Antoine Lacouturière

    Avec des consultations de 10, 15 minutes au lieu de 30, 40 du coup.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, même pas au lieu, c'est des consultations de suivi qui vont très vite. Bref. C'est pas un jugement, c'est un constat. Non, c'est un fait,

  • Antoine Lacouturière

    c'est comme ça.

  • Dr Bourgeois

    Moi, je travaille avec pas mal d'orthodontistes autour de moi en pédiatrie, et c'est la réalité. Cette ortho, elle fait 20 patients par jour. Et elle me dit, j'ai le sentiment, en faisant 20 patients par jour, que j'arrive à connaître mes patients, à leur expliquer, à savoir s'ils adhèrent au traitement, etc. C'est quelqu'un que je respecte beaucoup sur sa qualité de travail, qui est très forte, qui se forme, qui est en plus maman, enfin, tu vois, elle gère. et elle me dit je ne veux pas mieux gagner ma vie Je ne veux pas plus mal gagner ma vie. En fait, quand elle m'a dit ça, elle l'a dit, elle l'a balancé entre la poire et le dessert, tu vois. On était en formation tous les deux. Et j'ai compris ce qu'elle voulait dire. En fait, au fond, elle ne veut pas avoir plus de chiffres sur son compte et elle ne veut pas mal gagner sa vie. Elle ne veut pas la gagner au détriment d'un patient moins bien soigné. Et en fait, je crois que je suis pareil que ça. Je ne veux pas me dire que j'augmente mon nombre de patients parce que j'aurais le sentiment de faire moins bien.

  • Antoine Lacouturière

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et c'est un des sujets que j'avais envie d'aborder avec toi. En rentrant des États-Unis, je suis parti avec ces questions de rémunération.

  • Dr Bourgeois

    Oui, j'imagine.

  • Antoine Lacouturière

    Mais vraiment. Parce que c'est un vrai sujet et là, on va choquer des gens. Il y a des gens qui écoutent qui vont dire, mais c'est horrible parce que moi, j'ai vu un anesthésiste qui m'a regardé trois minutes par-dessus le bureau et qui m'a dit ouvrez la bouche, regardez, tout va bien. Et j'adore les anesthésistes et il faut des anesthésistes. Oui, il en faut. Clairement. Mais c'est la même chose avec les spécialités et qu'il y a malgré tout certains patients qui peuvent dire « L'ORL, j'ai attendu six mois, ça a duré une minute trente, il m'a dit que ça passerait, au revoir. » Et encore une fois, je le dis, on a besoin des ORL et c'est la même chose pour les ostéos. Je me mets dans le même grand panier en disant qu'il y a des ostéos qui sont incompétents, voleurs, menteurs. Bref, c'est comme tout le temps.

  • Dr Bourgeois

    Ça marche que les plombiers aussi.

  • Antoine Lacouturière

    Exactement. Donc, une fois qu'on a dit ça, maintenant, on peut parler d'argent. En rentrant des États-Unis, j'ai une anecdote à partager avec toi, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alors je peux pas parler de tout, j'ai vu la Californie un bout et puis Dallas, le Texas, mais Dallas au Texas et donc sur trois semaines je peux pas parler de tous les états et de tous les américains évidemment. Mais de ce que j'ai vu, de ce qu'on m'a raconté, de ce que j'ai pu voir et assister, le prix d'une consultation, le soignant... est rémunéré à une valeur importante. C'est-à-dire qu'il y a des prix qui varient en fonction des chirurgies, il y a des prix qui varient en fonction de la compétence, en fonction de l'âge.

  • Dr Bourgeois

    En fonction de la formation du soignant.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, parce que tu vois, pour partir d'un point de vue qui en ce moment me saoule et me questionne, tu te formes, et là je vais mettre tout le monde dans le même lot, tous les rééducateurs. Ma sœur kinésithérapeute a 16,13€ la consulte.

  • Dr Bourgeois

    J'ai lu.

  • Antoine Lacouturière

    Tes sages-femmes à gérer une maternité de nuit un dimanche soir à payer 25 centimes de plus de l'heure. Tu es orthophoniste ? Allez, je vais même mettre les ostéopathes dedans, même si on n'est pas par la sécu et qu'il y a une petite différence. Tu as des gens dans ce monde-là qui font des formations, qui lisent des bouquins, qui font des podcasts, qui partent chercher de l'info, qui vont être payés la même chose que d'autres qui ne font rien.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est parce que tu le fais pour toi, tu le fais pas pour eux. Tu le fais parce que t'as envie de donner du bon soin.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, c'est comme ça que je vis et tu vois, j'ai pas envie de vivre autrement, moi, égoïstement. Mais si tu transposes à autre chose que de la santé, est-ce que n'importe où ailleurs dans l'environnement, t'as ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que oui. Je pense que c'est pareil avec les enseignants.

  • Antoine Lacouturière

    Alors oui,

  • Dr Bourgeois

    oui. Un enseignant qui bosse ses cours tous les soirs ou un qui ne les a pas bossés depuis 20 ans, c'est pareil. Je pense qu'en fait, ça se retrouve finalement à assez fréquemment, il y a juste quand c'est toi qui décide purement de ton tarif que tu peux le changer. Et tout le monde ne le change pas.

  • Antoine Lacouturière

    Pour revenir sur la santé, on reviendra sur ce qui se fait aux États-Unis, du coup, et l'anecdote que j'aimerais te partager, mais... Tu trouves ça anormal ?

  • Dr Bourgeois

    Non, non, je trouve pas ça anormal. Pour que tu comprennes, j'ai... Enfin, pour que tu comprennes... Non, mais il y a un gars aux États-Unis qui s'appelle Zaghi. Ce gars, il publie, il est chirurgien maxillofacial, ORL et il opère des freins de langue. Il publie beaucoup en littérature scientifique, etc. Et j'ai reçu un patient, à lui, il y a quelque temps, dont le papa travaille dans une compagnie aérienne qui fait France-États-Unis beaucoup. Et donc... Il y a cette notion de peut-être qu'il va falloir couper le frein de notre grande fille qui a 10 ou 11 ans, mais on habite aussi en France. Donc ils se renseignent et ils vont voir ce gars-là dans sa clinique. Tu ne le vois même pas, tu vois des sbires à l'une. Et on lui explique que si jamais intervention du frein il doit avoir par ce gars-là, c'est 3000 dollars l'intervention. 3000 dollars. Ok. Ils se renseignent et ils disent, tiens, en France, on habite plutôt dans le sud de la France, etc. Il y a bourgeois. Donc, la mère décide de prendre rendez-vous avec moi au cabinet. Le truc se passe et moi, je la vois. Je fais ma consulte normale. J'explique la chirurgie. Ça prend 40 minutes. Et je donne mon tarif. Donc, entre 200 et 300 euros à peu près pour des chirurgies de ce type-là. On appelle ça de la chirurgie parodontale. Donc, il y a des tissus mous de la bouche. Et la mère me raconte cette histoire de 3000 dollars. Et en fait, moi, j'ai fait des formations. de ce gars-là. Et ce gars-là te dit que si tu fractures moins que ce que lui fait, tu dévalues son travail à lui. Parce que lui, il a pris un temps pour te former. Toi, t'as payé 4 à 5 000 dollars les 4 jours de formation pour te former, et tu vas faire un acte à 200 balles. Mais pourquoi tu fais ça ? La valeur de ce que tu fais, de ce que tu proposes, elle est importante, tu vois. Et pourquoi on met un acte à ce tarif-là ? Parce que la sécu nous a dit que ça valait ça. Aujourd'hui, je travaille beaucoup avec un copain Merci. qui est implantologiste, donc il fait des implants, il me dit, poser un implant pour moi, c'est dix fois plus simple, littéralement dix fois plus simple qu'enlever une dent de lait chez un enfant. Un enfant, ça chouine, ça braille, ça machin. Poser un implant sur un patient qui ouvre la bouche et qui te dit, c'est fini. Un implant, c'est un peu plus de 1000 euros. Enlever une dent de lait chez un enfant, c'est 25 euros. La dent, 5 euros celle d'après, et 3 euros celle d'encore après. Si demain, on inverse au temps passé, à la difficulté du truc, tu vas retrouver redescendre d'un plan beaucoup moins cher et tu vas remonter beaucoup plus cher l'extraction de la dent de l'œil.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est quelque chose qui me fait vraiment réfléchir en ce moment et il y a quand même beaucoup de questions chez les soignants actuellement sur la rémunération, le prix, le mal-être. Pour moi, une partie du mal-être, il vient de la pression du fait de ne pas avoir assez de moyens, de ne pas avoir assez de personnel, de ne pas avoir assez de temps, de toujours plus de patients et de moins de monde et tu augmentes la pression, c'est le sentiment que j'ai en tout cas, c'est ma lecture de ça. Tu es plutôt d'accord ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    oui.

  • Antoine Lacouturière

    Et l'autre côté, c'est aussi qu'on ne les rémunère pas, on ne les valorise pas, les soignants.

  • Dr Bourgeois

    Ah bien sûr, il faut les burn-out les soignants, parce qu'ils ne sont pas valorisés.

  • Antoine Lacouturière

    Il faut quand même le dire, c'est-à-dire que progressivement, la qualité des soins qu'on dispense, elle est aussi amenée et proposée par des patients, par des soignants qui ne sont pas forcément en grand état de santé, en grand état de forme.

  • Dr Bourgeois

    Non, ça c'est un vrai problème.

  • Antoine Lacouturière

    Tout à l'heure, je disais, je reviens sur ça, parce que c'était peut-être maladroit, mes propos pour les anesthésistes et les ORL.

  • Dr Bourgeois

    Ils ont arrêté d'écouter, désolé pour toi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, je salue ceux qui restent. Mais dans nos consultations, on le dit souvent, il y a aussi ces excès-là, malheureusement. Tu parlais de chirurgie qui avait été effectuée alors qu'il n'y avait pas besoin, que ce soit pour les freins. J'ai un très bon copain, Oftalmo, que je salue, et il me disait qu'il faisait aussi parfois des consultes après des confrères qui avaient officiellement opéré des trucs qui sont... hors recommandations, mais parce qu'il y avait un vrai gain financier. C'est horrible d'entendre ça, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Les dents de sagesse, c'est ça tous les jours. Les recommandations ont changé, on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif. On continue à opérer en France et dans le SLS à titre préventif. Parce que... Parce que c'est le gagne-pain de pas mal de gens. Quand un orthodontiste dit qu'il faut enlever les dents de sagesse parce que peut-être ça fera bouger les dents, on sait maintenant, ça a été prouvé que ça ne fait pas bouger les dents.

  • Antoine Lacouturière

    Énorme ce que tu es en train de nous partager.

  • Dr Bourgeois

    Il y a des recommandations de la Haute Autorité de Santé qui sont sorties, disant qu'on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif, ça ne peut pas déplacer les dents. A chaque fois que j'en parle à un patient, il me dit « mais pourtant, l'orthodontiste en 2024 m'a dit qu'il faut les enlever, et pourtant les recours sont de 2018 » . Mais ça, c'est vrai pour tous les domaines de la médecine, que ce soit l'ophtalmo, l'uro, le machin, tout ce que tu veux, tout ce qui génère un gain financier derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc j'entends. Donc je reviens sur ce côté un peu, on va dire... Petite proportion. Il y a des spécialistes qui exagèrent avec des dépassements et qui ne gardent pas les patients assez longtemps et qui ne font pas les bilans qu'ils devraient. C'est vrai. Il y a de la pression, il y a certaines choses. De l'autre côté, je pense aux rééducateurs qui gardent les gens qui ne sont pas assez payés. Et malgré tout, c'est quand même la grande majorité des professionnels de santé. Même chose pour les médecins. Pour moi, les médecins, j'ai à 25 euros si tu veux faire ton job correctement.

  • Dr Bourgeois

    C'est à monter, là, je crois. Ils arrivent à 30 bientôt.

  • Antoine Lacouturière

    Mais même mettant 30, pour gérer ce qu'ils gèrent, tu ne prends pas en charge les lectures de comptes rendus à distance. Non, non. C'est la pression. Bref, il y a un vrai truc qui ne va pas. On ne va pas le résoudre ce soir, toi et moi. On n'est pas ministre de la Santé. Je ne sais même pas si le ministre de la Santé peut résoudre ça. Ce qu'il ne peut pas. On va mettre nos petites graines quand même. On va semer ces graines-là pour ceux qui écoutent. Pour l'argent, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Alors, aux États-Unis, il m'a dit un truc quand je me suis formé là-bas. Oui. Ils m'ont dit c'est très simple, tu te casses la tête, mais c'est très simple, l'argent et le soin. Donc je lui dis, alors éclaire ma lanterne, je t'en supplie. Et il m'a dit, trop d'attente, pas assez cher, pas assez d'attente, trop cher. Et en fait, il a résumé comment tu peux faire varier ton délai d'attente au cabinet en fonction de tes tarifs. Ça marche en commerce. C'est-à-dire que si ton restaurant, il est toujours vide, c'est que tu es trop cher par rapport à ce que tu proposes. Si par contre, il est trop plein... plein, c'est qu'il faut monter des tarifs pour diminuer la quantité de gens qui attendent. En fait, en santé, des gens font la même chose. C'est-à-dire qu'ils disent, moi je suis plein sur 3 mois, je vais monter le prix de ma consulte, ça va trier, je serai plein que sur 2 mois, et ça va sélectionner les plus motivés. Ça s'appelle la sélection par l'argent. Le problème, c'est qu'en France, tu ne peux pas faire ça puisqu'on a une nomenclature des soins. Et donc, si, vous, oui, les ostéos, vous pouvez le faire. Un ostéo qui est très connu et qui a beaucoup d'attentes, il peut faire une consultation à 150 euros. Et il y en a qui le font. Peu ? Il y en a peu. Il y en a peu. Il y en a qui le font. Moi, j'en ai un dans ma région qui fait des consultations de 10 minutes à 140 euros. Et il continue à travailler. Donc, il a une aura... Je ne sais pas... Les gens disent que ce n'est pas bien ce qui se passe en termes de soins, etc. qu'il faut pas, c'est histoire de syndrome de quiste machin. Moi, je ne suis pas du tout ostéo. Donc moi, j'ai un avis qui est personnel dessus et on s'en fiche. Mais la réalité, c'est qu'il y a une patientèle pour ça. Il y a des gens, une clientèle si tu veux, il y a des gens qui sont prêts à payer cher parce qu'il y a une aura, parce qu'il y a ce truc-là. Et ça, je pense que si on avait la compétence dans notre métier de pouvoir changer, faire varier un petit peu ce truc-là, peut-être que des gens se diraient, va pas là-bas, c'est cher pour ce que c'est. Plutôt que de dire, va n'importe où, dès qu'il y a de la place sur sur Doctolib. Oui. Parce que je pense que ça c'est... c'est une connerie. Quelqu'un qui te dit je vais au plus tôt sur Doctolib parce que j'ai mal à une dent, vraiment, une fois sur deux, il s'est fait flinguer sa dent encore plus. C'est de l'expérience personnelle, mais le nombre de gens qui m'ont dit je suis allé au plus tôt, j'ai fait ça pour mon gamin et alors, bah alors il a mis de la pâte dessus mais il y avait déjà une nécrose. Et bah ouais, du coup ça a gonflé après, il a fallu le mettre sous un tibio, bah oui parce que le traitement c'était pas mettre de la pâte, c'était enlever la dent, mais mettre de de la pâte, c'est beaucoup plus rentable et ça prend zéro risque. Alors qu'enlever une dent, il faut faire une piqûre, c'est pas rentable et tout. Pour moi, extraire une dent de lait chez un enfant, c'est un acte qui est littéralement compliqué par rapport à ouvre la bouche, je te mets un petit bout de... de verrier au nommer. Et c'est quatre fois moins rémunérateur. Il y a un gros problème.

  • Antoine Lacouturière

    Et du coup, j'ai une question. Qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui à travailler avec des enfants, à passer du temps, à ne pas augmenter ta tarif alors que tu es un des plus formés sur ce sujet, à continuer de recevoir des stagiaires ? Qu'est-ce qui t'amène à faire ça ?

  • Dr Bourgeois

    Probablement parce que j'ai un cerveau assez limité. Non, parce que... Euh... C'est une bonne question. Je fais du soin pédiatrique parce que je pense que c'est le plus utile. Je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en pédiatrie. Et je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en prévention. C'est-à-dire, intervenir sur une respiration buccale, c'est sauver 43 000 fois par jour un enfant qui respire. Tu respires 43 000 fois par jour. Intervenir sur une fluoration, c'est sauver... des dents pour plus tard c'est pas valoriser on s'en fiche réparer une carie chez un patient qui a 74 ans j'y vois moins d'intérêt bien sûr que non il ya autant d'intérêt parce que la qualité de vie de ce patient est bien sûr importante mais moi personnellement ça touche moi j'ai le sentiment que je suis plus utile à faire ça et puis surtout je t'ai parlé de de la flûte tout à l'heure il ya un truc pour ceux qui connaissent pas en sociologie qui est la théorie de la flûte trois personnes se disent plus une flûte pour trois ans différentes il y en a un qui la veut parce que c'est lui qui l'a créé et construite avec ses mains donc lui c'est celui qui est propriétaire qui en a qui la veut parce que c'est le seul à savoir en jouer donc lui c'est l'utilitariste il y en a un troisième qui la veut parce qu'il ne possède rien d'autre et qui dit c'est Sinon... notion d'égalité, moi je mérite au moins la flûte, vous avez chacun un autre instrument. Moi j'ai l'impression de faire de la pédiatrie parce que ça me coûte moins qu'aux autres. Parce que j'arrive à en faire et que donc il faut bien que quelqu'un en fasse, c'est assez facile pour moi d'en faire. J'ai fait des formations pour un organisme de formation de dentiste qui s'appelle Learnilim, qui est très bien. Et j'ai formé en vidéo, j'ai fait avec une consoeur qui s'appelle Camille Lolland, qui est passée dans ton podcast d'ailleurs. Comment ça va ? Voilà, et que j'embrasse. Et on a fait des heures de formation vidéo pour expliquer l'odontologie péiatrique à des dentistes qui voudraient en apprendre un peu plus. C'est très bien. On avait deux patrons de cet organisme, qui étaient deux dentistes qui ont créé cet organisme. Et on a fait une petite interview avec eux. Tu vois, en mode genre, coucou, bâton rompu, alors machin. Et le premier truc de leur interview, ça a été, alors Camille, alors Cédric, alors... comment vous faites pour soigner des enfants ? Parce que moi, quand je vois dans mon planning que j'ai des chirurgies, des machins, mais qu'à 16h, il y a un gamin de 7 ans, je suis en angoisse toute la journée, parce que je me dis « Mon Dieu, il y a un enfant, il a 7 ans, dans le planning, c'est une angoisse. » Ça, ça m'est complètement imperméable, ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, ça te touche pas, quand tu veux dire « ça t'est imperméable » ?

  • Dr Bourgeois

    Non, ça m'est imperméable dans le sens, c'est l'inverse de ce que moi je pense.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu ressens pas ça, quoi.

  • Dr Bourgeois

    Moi, quand je vois un enfant dans mon planning, je me dis c'est un parmi 14 autres. Et Et en fait, si ça me coûtait beaucoup, si tu me disais maintenant, tu vas faire de la géontologie, géontologie et puis tu vas aller faire des clacos, des appareils dentaires en maison de retraite, ça me coûterait beaucoup parce que je n'y serais pas à l'aise. Probablement que j'adorerais le contact avec les personnes âgées et j'adore ça. Tu vois, quand j'ai des grands parents qui viennent, j'adore parler avec eux et tout, mais ça me coûterait beaucoup plus que faire des soins pédiatriques. Donc. je fais ce dans quoi je me sens utile et aussi plus efficace. Tu vois ? C'est une des raisons pour lesquelles je le fais. C'est pas la seule, mais c'est une des raisons pour lesquelles je le fais.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va comme réponse ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, très bien, merci. C'est une question qui est... Qui n'est pas si simple, pourquoi ?

  • Dr Bourgeois

    Quand j'ai fait mon master de socio, il y avait deux mecs, deux médecins, qui s'opposaient tout le temps. Il y en avait un qui disait « pourquoi » à chaque fois, et un qui disait « comment » à chaque fois. Et donc, c'était monsieur « pourquoi » et monsieur « comment » . Et moi, je suis assez monsieur pourquoi. Moi, j'ai besoin de comprendre tous les trucs. Et quand je suis avec quelqu'un dans la vie qui ne parle pas et qui n'exprime pas, c'est difficile pour moi. Parce que je me dis, mais qu'est-ce qu'il pense et comment on fait ? Est-ce qu'on l'aide ? Et du coup, c'est difficile pour moi d'être avec des gens, quelqu'un se reconnaîtra, qui n'arrivent pas à verbaliser les choses. J'ai une mère qui parle beaucoup. Je l'aime du fond du cœur, vraiment. C'est la personne la plus importante de ma vie, ma maman, mais elle parle énormément. Et donc, je suis habitué à ce qu'elle verbalise tout ce qu'elle dit. Tout le temps, elle fait un truc, elle en parle et tout. Et donc, quand je suis moi avec des gens qui ne verbalisent pas, il y a toujours cette possibilité de me dire mais pourquoi ? Pourquoi ils ne verbalisent pas ? Qu'est-ce qui se passe, tu vois ? et je En consulte, j'en parle. Quand je fais des formations, je parle, je réponds aux questions, etc. Je parle beaucoup pour expliquer les choses. Et donc, en pédiatrie, tu peux parler. Les enfants, ils ont envie que tu leur expliques des choses. Ils ont envie de te parler, ils ont envie que tu leur répondes. Les enfants, ils ne sont pas de mauvaise humeur. Jamais. Moi, je n'ai jamais d'enfants de mauvaise humeur. J'ai des enfants qui font des chagrins ou des caprices, mais il n'est pas de mauvaise humeur, cet enfant. Tu vois ?

  • Antoine Lacouturière

    Je vois bien.

  • Dr Bourgeois

    Tu vois, tu as un enfant, donc tu sais que quand il est de mauvaise humeur et que tu le distrais avec. avec autre chose, genre un jeton magique de la salle d'attente pour avoir un cadeau, cette mauvaise humeur disparaît. Est-ce que tu te rappelles quand tu étais enfant et que tu devais aller à Disney ou dans un parc d'attractions et qu'on te disait c'est à la fin du mois ? Tout ton mois, tu étais excité parce que tu savais que tu allais y aller. Aujourd'hui, ça n'existe plus en tant qu'adulte. Aujourd'hui, même s'il y a un truc qui t'excite à fond, ta journée va quand même t'impacter négativement, etc. Je n'arrive plus à avoir ce truc-là de ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien. et c'est Et ça me manque terriblement. Et je trouve que les enfants ont ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, tout à fait. Je me demande si c'est quelque part ici que j'ai vu une photo du petit prince ou pas. Oui,

  • Dr Bourgeois

    là.

  • Antoine Lacouturière

    Ah génial !

  • Dr Bourgeois

    Juste derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Tu vois le moment où il dit parce qu'à partir de telle heure je commencerai à t'attendre ?

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me fait penser à ce moment-là. Oui, oui.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'on s'est un peu trop éloigné des enfants. Oui. Et aujourd'hui, cette âme d'enfant qu'on est capable de garder, cette âme d'émerveillement, mais de libération de la colère aussi en fait. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    carrément.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve que c'est dommage qu'on l'ait plus. Astier il a dit je travaillerai pas avec des cons, non avec des connards, il a dit je travaillerai pas avec des connards, ben moi je travaillerai pas avec des gens trop sérieux. Tu vois j'ai un orthodontiste avec qui je travaille régulièrement, qui est un mec qui a une 5, 55 ans, et qui... qui me fait mourir de rire. Quand on va au resto ensemble, vraiment, je me pisse dessus à chaque fois tellement il me fait rire. Il est drôle, il est acide, il est percutant, il est... Tout est drôle, tu vois, à chaque fois. dis mais quel kiff à chaque fois je le vois je me dis mais qu'est ce que c'est cool de passer du temps avec lui parce que il est très bon techniquement c'est un énorme conférencier c'est un énorme orthodontiste vraiment tu lui confie ta bouche sans problème mais surtout tu passes un moment génial t'as pas un moment où tu es avec lui déjà j'ai pris l'avion avec lui il n'y a pas très longtemps je te jure on nous entendait rire dans le terminal parce que je vraiment se pisser dessus quoi et je trouve ces gens là je trouve ces gens là on va me pouvoir fantastique. Je rêverais d'avoir ce... pouvoir là de dire aux gens je vais juste éclairer votre life tu vois parce que lui je pense que c'est ça qui fait alors peut-être que ça fait chier des gens est ce qu'il emmerde des gens certains mais moi moi moi il faut que je note tous les gens dont je parle dans le podcast ça

  • Antoine Lacouturière

    va commencer à faire un paquet c'est clair Cédric, on aborde plein de sujets passionnants le podcast, j'avais imaginé une trame et en fait finalement c'est pas tout à fait ça mais je te remercie pour ces confidences ces partages plutôt j'ai envie de terminer on se rapproche de la fin du podcast mais j'ai envie de terminer avec deux petits chapitres qu'on pourra peut-être exporter en vidéo Ouais Sur une, c'est les questions que j'ai reçues, les questions en vrac.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ah bah oui.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, et puis peut-être le micro ouvert à la fin sur la partie conseils. Tu vois, on pourrait faire deux parties si ça te convient.

  • Dr Bourgeois

    Comme si j'avais des conseils à donner aux gens, quoi.

  • Antoine Lacouturière

    Comme si tu pouvais semer des graines de santé. Ceux qui veulent, ils prennent. Ceux qui ne veulent pas, ils ne prennent pas. Vous devez absolument faire ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Les recommandations, c'est ça. Et peut-être que ça et ça, ça peut changer la vie ou pas.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    T'es libre.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va ?

  • Antoine Lacouturière

    Ça me va. Ok, donc j'ouvre le chapitre questions en vrac. Merci. Et l'idée, c'est de répondre plutôt rapidement. Ça te va ?

  • Dr Bourgeois

    Ça me va.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce qui t'amène à être sensible à l'ostéo ?

  • Dr Bourgeois

    Principalement parce qu'ils apportent des réponses et une vision de choses que je n'ai pas et que je ne comprends pas. Et donc, quand je ne comprends pas et que quelqu'un comprend ou connaît, j'y suis sensible. Ok. Voilà. Donc,

  • Antoine Lacouturière

    tu fais partie de ces praticiens de santé ? Alors pluridisciplinaire, ça maintenant, c'est plus en secret pour les gens qui te connaissent.

  • Dr Bourgeois

    J'ai un pédiatre dans mon entourage qui est anti-ostéo à fond, qui dit que c'est des charlatans, etc. Je pense simplement qu'il ne s'est jamais questionné, pas méchant, mais sur ce que peut apporter l'ostéo, ou écouter un parent ou un patient qui te dit « heureusement que j'ai mon ostéo » . Je pense que c'est ça, c'est tout.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu as été sensible à ça, tu es sensible à ça.

  • Dr Bourgeois

    Je suis sensible à ça, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Tu reçois de l'ostéo de temps en temps ? Est-ce que tu reçois des soins d'ostéopathie ?

  • Dr Bourgeois

    Très rarement. Lié à ma condition physique qui fait que j'aime pas trop être touché. Physiquement, pardon. Et du coup, c'est un peu plus difficile pour moi. Mais ça ne change absolument rien au fait que j'y crois. Je pense que c'est un vrai, vrai apport. Et que ça me ferait probablement du bien, mais je suis un peu bête.

  • Antoine Lacouturière

    T'es bien entouré de plein de personnes différentes pour passer le cap à un moment. Dans la partie question, il y en a une que je trouvais pertinente, c'était les cicatrices. C'est quelqu'un qui a écouté le podcast avec le docteur Jean-Claude Guimberto, qui est une forme de confrère à toi, un chirurgien qui au départ est chirurgien de la main, et puis plasticien, et puis il a pas mal fait d'études. Je ne sais pas si tu vois sur Promenade sous la peau.

  • Dr Bourgeois

    Ça me dit quelque chose, ça, mais je ne sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle d'un réseau multifibrilaire qu'on pourrait communément appeler les fascias, mais qu'il n'aime pas appeler les fascias. Il a fait de l'endoscopie intratissulaire sur plus de 1500 opérations à Bordeaux. Il part avec un endoscope sous la peau et il regarde comment ce réseau s'organise. En fonction du mouvement, tu pourrais imaginer qu'il y a une forme de continuité.

  • Dr Bourgeois

    La structure est visible,

  • Antoine Lacouturière

    mais en fait, le tissu humain s'organise de manière fractale avec des déplacements qui sont non prévisibles et pas toujours linéaires. Et donc, on sort de la physique traditionnelle. Il fait appel à la physique quantique pour dire qu'il y a des déplacements que je ne suis pas en capacité d'expliquer aujourd'hui, mais que j'observe. Et donc, lui, il parle de l'importance des cicatrices et du fait de dire qu'une cicatrice dans le corps humain, c'est quelque chose qui est important. Oui. Tu partages ça ?

  • Dr Bourgeois

    Complètement.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc, la question de la personne qui m'a demandé ça, c'est comment est-ce qu'on fait la cicatrice sous la langue ? Est-ce que c'est important pour le docteur Bourgeois, les cicatrices sous la langue, quand il intervient ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    je suis très, très sensibilisé à la notion de cicatrisation, comment on cicatrise et ce que ça va donner plus tard, et l'impact que ça va avoir. Je soigne beaucoup, beaucoup, beaucoup ma cicatrisation sur mes patients. J'essaie de faire quelque chose de vraiment très propre, non déchiré, non déchiqueté, etc. J'essaie de toujours respecter les lignes de tension du corps, de faire des dissections entre les plans existants, etc. Et je suis très touché par les...

  • Antoine Lacouturière

    par les récits des parents qui me disent qu'ils ont subi leur enfant a subi des chirurgies du frein sont un peu sauvage sans joie la maternité au ciseau machin et moi je retrouve ces patients là qui eux ont des cicatrices épaisse cartonné qui font très souvent plus de dégâts que si on avait laissé le corps tranquille et qu'on est peut-être opéré plus tard dans des meilleures conditions avec une vraie dissection des sutures et c'est donc oui je suis très Je suis, je pense, très sensible aux cicatrices. Je ne me suis jamais posé la question comme ça, mais pour moi, ça a une vraie, vraie importance.

  • Dr Bourgeois

    OK, merci pour la réponse. D'un point de vue ostéo, je pense qu'on est plusieurs à partager ça. On donne souvent cette image-là, tu vois, de ça tire ici, j'ai des répercussions ailleurs. Elle est simple, mais si ça marche avec un tissu d'influence, c'est le tissu humain.

  • Antoine Lacouturière

    Encore plus.

  • Dr Bourgeois

    Et deuxième question, là, c'est plutôt moi qui la pose celle-ci. Quelle répercussion ça peut avoir ? pour toi, une cicatrice par exemple dans la bouche, quel lien tu fais avec le reste du corps ?

  • Antoine Lacouturière

    Tous les éléments qui sont dans la bouche vont perturber ton équilibre de deux. de ta bouche, de ta façon dont ta langue va se positionner, de tes tics, de morsures et autres. Et imaginer que la bouche évolue toute seule dans son système, c'est une bêtise. Et donc, dès que tu vas avoir quelque chose qui va se mettre en place au niveau buccal ou oculaire, d'ailleurs, tu vas avoir des répercussions au niveau de ta mâchoire, de ta nuque, de ton osseoïde, etc. Et donc, tu as des compensations imprévisibles. plus ou moins importante chez les gens. Et ça, je suis assez convaincu qu'on n'étudie pas, pas assez. Et par exemple, la cicatrice des freins de lèvres supérieurs, donc pour les freins de lèvres qu'on coupe de façon très abusive chez les bébés, qui est assez catastrophique, engendre des adhérences au niveau de l'os et du périoste qui va générer moins de mobilité de la lèvre et qui peut même générer des dents du bonheur, ce qu'on souhaite supprimer. et qu'en fait on crée avec des adhérences entre le tissu de la muqueuse gingivale et l'os qui est dessous, à cause de cette cicatrice. Et donc ces fameuses chirurgies préventives du frein de la lèvre supérieure qu'il faudrait bannir vraiment, enfin qu'il faut bannir, je pense que ça a des vraies répercussions. Et alors les freins de joues, les soi-disant freins de joues, c'est une catastrophe. On balance des coups de ciseaux, de lasers ou de scalpels dans la muqueuse des joues des bébés, sans aucune preuve de quoi que ce soit. Et on a même prouvé que ça ne servait à rien. Et c'est encore fait. Et c'est très dommageable.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. Autre question. Tu parles des recommandations, tu fais l'effort de te tenir à jour.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Dans le podcast, quelques minutes plus tôt, on vient de parler des recommandations par rapport aux dents de sagesse qui avaient évolué. La question, c'est ici, comment tu fais pour travailler avec des gens qui ne respectent pas les recommandations et qui ne se tiennent pas à jour de ça ? Quand les patients viennent te voir par exemple en disant mais moi on m'a dit ça. ça, c'est quoi ton... C'est du pratique au pratique, là c'est une soignante qui demande ça.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je pense que la plus commune qu'on a, c'est l'innexium chez les bébés, qui n'est pas recommandé et pas prescrit avant un an. C'est hors autorisation de mise sur le marché et c'est prescrit beaucoup. Et quand moi en fait je demande aux patients, je leur dis vous étiez d'accord du coup pour que l'innexium soit mis hors recommandation ? Et les parents me disent mais... De quoi vous parlez ? Donc je leur dis bah c'est hors recommandation, donc le pédiatre qui... qui vous l'a prescrit, probablement vous a dit que c'était hors recommandation, mais que pour votre enfant, il y avait des choses particulières qui le... Ah non, on ne l'a pas dit. Posez-lui la question.

  • Dr Bourgeois

    Là, ça fait écho chez moi avec le consentement. Consentement et le fait d'être éclairé.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, libre et éclairé, oui.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est une obligation légale dans le contrat de soins.

  • Antoine Lacouturière

    Le consentement libre et éclairé, ça fait partie de la loi Kouchner de 2002. Il doit être recueilli par le professionnel de santé avant les actes invasifs ou non invasifs. Donc, par exemple, un frein, etc. Un consentement libre, c'est un consentement qui n'est pas sous pression. De dire, attention, si vous ne le faites pas, il va y avoir des choses. Comme tu le sais, peut-être qu'il y a un bébé qui est décédé suite à une frénectomie. au laser. Le jugement est en cours pour la dentiste. Il n'est pas remis en question son acte chirurgical en disant qu'elle l'a mal fait. Il est remis en question six chefs d'inculpation, dont pas de consentement libre et éclairé, avec une pression d'avoir menti aux parents en disant que s'ils ne le faisaient pas, l'enfant serait moqué en classe, traité de langue de fesse, qu'il aurait des difficultés d'élocution et autres. Donc tu ne peux pas avoir un consentement libre et éclairé sur les informations médicales. J'essaye de ne pas travailler avec des gens qui ne travaillent pas avec les recommandations. Néanmoins, quand c'est le cas, je ne dis pas que c'est un méchant docteur qui travaille aux recommandations. Je dis juste que vous avez donc accepté. Et quand les gens me disent oui, oui, je dis OK. Et quand ils me disent non, non, on n'est pas au courant, je leur dis parlez-en avec lui. Alors, je ne me fais pas des copains, parce que quand les gens retournent voir leur pédiatre et qu'ils disent mais on n'était pas au courant, et le pédiatre dit oui, mais qui vous a dit ça ? Un dentiste ? Un dentiste, il n'y connaît rien du tout.

  • Dr Bourgeois

    Un dentiste pédiatrique en plus ?

  • Antoine Lacouturière

    En plus, cette réponse me va bien, je m'en fiche en fait. Moi, ce que je veux, c'est que les parents aient l'info, ils en feront ce qu'ils veulent. si dans 98% des cas, ils n'osent pas retourner voir le pédiatre. Oui, je le sais.

  • Dr Bourgeois

    Parce qu'aller défier un pédiatre, c'est quand même quelque chose de difficile.

  • Antoine Lacouturière

    Mais moi, j'ai ma confiance tranquille et je note dans mon dossier médical, on a accepté une oxyome sans information qu'aura elle-même. Et si jamais demain, on vient me chercher en expertise, puisque c'est mon boulot l'expertise, en me disant « vous avez été d'accord avec la poursuite de l'inexium » , je vais dire « non, non, celui qui l'a prescrit, ce n'est pas moi » . Et donc, on n'enlève pas le traitement prescrit par un autre médecin. Ça c'est aussi un truc assez clair en médecine, quand c'est pas vous qui prescrivez, c'est pas vous qui l'arrêtez. Sauf pour raisons graves. Mais par exemple, un médicament anticoagulant positionné par un confrère, je vais pas dire « Arrêtez-le ! » Tu vois, c'est pas du tout le truc. Donc, il le prescrit, il est responsable, s'il l'arrête, c'est sa pratique.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. L'argent, on en a quand même parlé un petit peu sur les compétences.

  • Antoine Lacouturière

    Il y avait une question sur l'argent ? plusieurs même plusieurs j'en ai pas 40, j'ai 2 ou 3 personnes qui m'ont écrit pour dire c'est quoi ces tarifs j'aimerais aller le voir et c'est peut-être des gens qui n'ont pas osé t'écrire directement ou comme je réponds pas trop sur Instagram parce que ça me prenait trop de temps il y a peut-être ça aussi je pense qu'on serait beaucoup plus à l'aise comme les parodontologistes donc ceux qui sont principalement de la gencive dans la chirurgie dentaire ils sont payés à l'heure Les parodontologistes ont payé au quart d'heure même. Il te dit voilà, moi mon quart d'heure il est à 100 euros par exemple. Donc tu veux un détertrage par un spécialiste, ils sont hors nomenclature.

  • Dr Bourgeois

    C'est quoi c'est des secteurs 2, 3 ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est pas en dentaire le secteur 2. En fait, un peu compliqué, nous en dentaire, on a une nomenclature à suivre et dans la nomenclature il y a des actes à 0 euro. à tarif libre. Le blanchiment mentaire, par exemple. Ça existe. HB, quelque chose, machin, truc. Mais c'est tarif libre. Et donc, nous, toi, tu es parodontologiste, tu fais des surfaçages, du nettoyage de gencives. Je vulgarise, désolé les paros qui écoutent, mais tu peux... je peux dire que mon surfaçage est à tant d'euros. Donc si ça c'est une heure, ça va faire tant d'euros. Si c'est un quart d'heure, on fait un quart du surfaçage. Et je pense qu'on serait tous beaucoup plus à l'aise si on était facturé au temps passé. Et qu'on fasse de la prévention ou de l'acte technique, on serait payé la même chose. Donc les gens feraient beaucoup plus de prévention, puisqu'en fait, t'as moins de risques. Bien sûr. Tu as moins de moyens engagés. Bien sûr. Et les patients t'écoutent consensueusement quand ils payent leur prévention. Oui. Moi, quand je dis à mes militaires, maintenant tu vas brosser matin, midi et soir, et que j'ai des légionnaires en face, ils me répondent, reçus mon capitaine. Parce que c'est un ordre. Alors, je ne le dis pas comme ça, mais pour eux, c'est un ordre. Alors que quand je dis à un patient, il faudrait brosser matin, midi et soir, je ne dis pas il faut, je dis il faudrait brosser matin, midi et soir, et qu'il me dit, oui, il est pas. C'est un peu quand même le gamin. En fait, il ne peut pas faire plus.

  • Dr Bourgeois

    Merci pour ça. Ce que je te propose maintenant, c'est d'aborder la dernière partie. C'est la partie bonus, un peu conseil. Citation, sans toi libre. Il n'y a pas de... Il faut absolument deux. C'est juste qu'on ouvre le micro et on partage ça.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Alors, les petits conseils que je pourrais te donner. Par rapport à la santé, déjà... Je pense que la majorité des gens qu'on soigne en France sont des gens qui ne sont pas malades. Pas malades dans le sens, pas vraiment malades. Il y a beaucoup de choses qu'on fait, qu'on s'est auto-créé comme maladie. J'ai été dans le monde militaire en Afrique subsaharienne et j'ai soigné des gens là-bas qui étaient des populations locales. C'est des gens qui sont malades, malades vraiment. Des gens qui ont perdu des organes, qui ont perdu des membres, etc. Et en les soignant, je me suis dit, ça me paraît un peu futile parfois tout ce qu'on fait en France. Le patient qui te rappelle pour te dire, oui, le composite qu'on m'avait fait, il n'est pas parfaitement poli. Et je sens un tout petit peu en passant ma langue, ça me gêne terriblement. évidemment qu'il faut le prendre en charge cette doléance de patients mais c'est juste que quand tu remets ça dans le contexte des gens qui sont vraiment beaucoup malades ça fait bizarre et donc cette dichotomie qui fait que quand tu reviens en france tu as un oeil différent puis après ça se lisse évidemment comme après l'humanitaire ou quoi je pense qu'il faut la garder de temps en temps en tête ça c'est le premier truc Le deuxième c'est que quand j'étais donc dans ces pays là aussi J'ai mon infirmier là-bas, qui était un local, qui m'a dit... tout ce qui peut se résoudre avec de l'argent n'est pas grave, tout ce qui ne peut pas se résoudre avec de l'argent est grave. Et sur le coup, je n'ai pas très bien compris. Et après, quand tu es malade ou quoi, tu te rends compte qu'en fait, quand tu dis la phrase, mais je vous donne ce que vous voulez, juste enlevez-moi ça, et que ça ne peut pas être le cas. c'est vraiment grave quand ton enfant est malade etc alors que quand finalement c'est un problème d'argent c'est pas c'est important mais c'est pas forcément très grave tu peux peut-être t'en passer de ce truc là etc tu vois donc ça ça fait partie des choses aussi qui sont des sortes de mantra où je je me rappelle de temps en temps tu vois Troisième truc, c'est encore cet infirmier qui m'avait dit, on parlait d'argent, je ne sais plus quoi, et là-bas, ils n'ont pas beaucoup de moyens. Et je lui disais qu'un plombier, le déplacement du plombier dans mon cabinet m'avait coûté plus cher juste sur le déplacement que la visite à domicile de SOS médecin qui était venu. Et en fait, il n'a pas compris ce truc-là. Il m'a dit... Il m'a dit... « Qu'est-ce qui vaut plus cher que la santé ? » Il m'a posé cette question, il m'a dit « Mais qu'est-ce qui vaut plus que la santé ? Qu'est-ce qui a plus de valeur à vos yeux que la santé ? » Et je lui ai dit « Mais rien n'a plus de valeur. » Il m'a dit « Mais alors pourquoi ça a plus de valeur d'argent que la santé ? » Autre chose. Et je me suis retrouvé un peu con. Donc il y a des gens qui vont écouter ce podcast qui vont dire « Mais la santé ne doit rien coûter. » Le problème c'est qu'elle n'est pas faite par personne. Et comme ce qui ne coûte rien ne vaut rien, bah si ça vaut rien la personne qui le fait ne vaut rien non plus plus. Et donc en faisant ça, on va avoir une santé de moins en moins bonne qualité. Et tu vois, j'ai fait un burn-out l'an dernier, assez costaud, et mon ancienne assistante, que je salue, Camille, elle a appelé, elle a pris son téléphone pendant une journée pour décaler un mois de patient. Pendant une journée, elle a pris son téléphone, elle a fait que ça. Elle a décalé un mois de patient. Elle s'est fait insulter. Insulter, j'étais à côté, par beaucoup de patients qui disaient « putain, mais c'est pas possible ! » Et donc, je lui avais dit, pour consigne, de dire que les travaux du cabinet n'étaient pas finis, et que donc elle était obligée de décaler. Et je lui avais dit « si vraiment on vous casse les pieds, vous dites que j'ai fait un burn-out et que je suis arrêté. » Et donc, elle a fini par dire à certains patients « non mais voilà, le docteur, il a fait un burn-out. » Et les gens disent « Ouais, mais moi je m'en fous, moi, et mon gamin ! » Et en fait, quand j'ai vu ça, ça m'a beaucoup marqué. Déjà, je la remercie du fond du cœur d'avoir fait ça, même si c'était son taf. Mon dieu, qu'est-ce que c'est dur Et deuxièmement, j'ai pris conscience qu'en fait, j'étais rien pour les gens. Tout le monde s'en fout, en fait. Et c'est pas quand t'as un gamin qui te fait un dessin et qui te dit merci beaucoup et tout, et t'es trop content. En fait, tu n'es rien pour les gens. Tu es du consommable aussi. C'est trop bien d'avoir des relations importantes avec les patients. Mais dans le fond de la globalité, tu es juste... C'est pas ta famille que tu soignes. C'est des gens qui sont requérants, qui veulent du soin. Et donc, des fois, ils te considèrent comme un prestataire de service. Il faut l'avoir en tête parce que si tu soignes tout le monde comme ta famille, tu vas prendre des grosses claques quand même. Donc voilà. Et pour faire court, parce que je n'ai pas envie que ça dure trois plombes non plus, je pense qu'il faut que vous vous entouriez absolument des gens que vous aimez. Entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens avec qui vous aimeriez passer un week-end ou une soirée. Vraiment, c'est indispensable. Ne travaillez pas avec des gens avec qui vous avez des faux semblants. Vraiment, on a des métiers de santé qui sont souvent libéraux, pas tout le temps, mais quand même régulièrement. Peut-être dans les gens qui nous écoutent, il y a des gens qui sont salariés, qui n'ont pas le choix. Enfin, on a toujours le choix au bout du compte, mais les libéraux, vous avez le putain de choix de choisir vos alliés. Donc entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez, même s'ils sont loin, orientés vers des gens qui ont les mêmes valeurs que vous, dans un réseau de soins. de gens que vous appréciez. C'est indispensable, je pense. Quand vous travaillez avec des gens que vous n'aimez pas, c'est la qualité de vos soins, c'est votre espace cérébral qui se réduit, c'est votre façon de voir le jour qui se lève, qui s'impacte. Les cons vont travailler avec les cons. C'est méchant de dire ça, mais mon maçon véreux, il n'était pas véreux celui-là, mais mon maçon véreux va m'envoyer un plaquiste véreux. Parce qu'ils travaillent ensemble. T'as rarement un maçon vers eux qui va t'envoyer un plaquiste incroyable qui va prendre moins cher que les autres. Par contre, les gens qui sont bien, travaillent avec des gens bien, souvent. Parce qu'ils ont les mêmes valeurs. Et parce que c'est la même chose dans votre travail, dans la santé. Donc travaillez avec des gens que vous aimez et qui travaillent de la même façon. Big up Virginie. Et surtout, surtout, je pense, faites ce qui vous fait vibrer. Parce que l'orthodontiste dont je te parlais tout à l'heure, qui est quelqu'un qui me fait beaucoup rire, il me dit, il a plein de phrases super, mais il me dit, il faut être réduit. Tu vois les sportifs de haut niveau, il faut être mais il faut durer aussi. Et bien dans le métier c'est pareil. Donc faites ce qui vous fait vibrer, vous n'aurez pas besoin de durer, vous ferez juste bien. Si tu fais un truc qui ne te fait pas vibrer, si tu es tordu, si tu as le sentiment que tu fais quelque chose qui te contraint, qui te contorsionne, que dans ton métier tu te dis « putain, j'aime pas ça » , tu vois, et qu'il faut pas le faire. Et pas « il faut pas le faire en mode, faut être bougon et machin » , il faut pas le faire parce que c'est quelque chose qui va vous coûter beaucoup plus cher que ce que ça vous rapporte. J'en suis convaincu. Même si aujourd'hui on n'a pas les moyens diagnostiques, d'IRM fonctionnels, de voir ça sur votre cerveau, je suis convaincu que les ulcères, les cancers, tous ces trucs-là qu'on se fait, et qui sont des espèces de trucs beaucoup autogénérés, qu'on avait beaucoup moins avant, et je n'ai pas une vision magnétique du monde. Je suis convaincu physiquement de ça, on le voit tous les jours sur les patients. La parodontite agressive de stress, ça existe. Perdre ses dents parce que tu as eu un choc dans ta vie, ça existe vraiment. Si tu fais quelque chose qui au quotidien te plaît, te fait vibrer, tu as beaucoup moins de risques de le subir. Donc tu peux être et durer.

  • Dr Bourgeois

    Une superbe et transition délicate après cette philosophie-là. Merci docteur Bourgeois pour ces conseils empreintes philosophiques quand même. Beaucoup dans ce que tu disais tout à l'heure de l'infirmier subsaharien. Ça me faisait penser à Socrate qui dit « Existe-t-il un bien ? Existe-t-il quelque chose de plus précieux que la santé ? » oui je crois que c'est lui enfin je suis presque le jeu c'est plus si ce vote mais voilà petit petit clin d'oeil pour pour la philosophie donc il me reste deux choses à faire te laisser le micro en deux pour le mot de la fin tu conclus comme tu as envie et puis l'avant dernière chose du coup c'est remercier ok une petite tradition dans le podcast mais pour moi c'est un moment important ce moment tu vois de reconnaissance et de gratitude quelque chose qu'on oublie parfois mais qui est aussi important donc Je te remercie pour ton accueil global, ton accueil dans ton cabinet, dans ta consulte. Ce n'est pas rien d'accueillir quelqu'un malgré tout.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Donc, merci pour cet espace dans l'âme. Je te remercie pour le travail que tu fais au quotidien avec beaucoup. Des fois, beaucoup, beaucoup d'humilité en disant mais non, c'est pas grand chose. Et quand même, de vulgarisation, de rendre accessible de l'information, tu vois, de sensibiliser les gens. Pour moi, ça me fait vraiment penser à cette petite infusion douce où ces graines consèment. J'adore cette image. Et tu as utilisé plusieurs images dans le podcast. Je ne sais pas si tu connais celle du tailleur de pierre.

  • Antoine Lacouturière

    Comme ça, non.

  • Dr Bourgeois

    Il y a trois tailleurs de pierres différents sur la rivière et puis il y a une famille qui se balade et qui va interroger le premier tailleur de pierres en disant « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » Et il dit « je suis en train de tailler des pierres, point » . Et puis un peu plus loin, il y a le deuxième tailleur de pierres et le deuxième tailleur de pierres va dire à la même famille qui demande « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » « Je suis en train de tailler des pierres pour nourrir ma famille » . Et puis, encore un peu plus loin, la famille repose la question au troisième tailleur de pierre. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de construire une cathédrale. Et j'adore cette image de... C'est la même action, mais pas avec la même vision. Et donc la dernière chose, c'est que je te remercie parce que, à travers les réseaux sociaux, il y a quand même eu ça de positif, à travers ce message que tu infuses, que tu diffuses de pluridisciplinarité, de se former, de complémentarité, On n'est pas parfait sur tout, il y a des choses qu'on ne sait pas faire, mais il y a des choses qu'on sait faire. Cette humilité, je trouve, qui te caractérise, tu vois, en ayant passé autant d'heures avec toi, je trouve que c'est quelque chose qui perspire. Et donc, moi, je vois cette troisième image de, tu es en train de construire petit à petit, en semant ces petites graines, en polissant ces pierres. Une autre manière de soigner dans un monde où ce n'est pas toujours facile et ça fait du bien de rencontrer des gens comme ça. Donc, c'est des remerciements un peu longs, mais ça me tenait à cœur. Donc, voilà, Cédric, je te remercie pour tout ça.

  • Antoine Lacouturière

    Merci. C'est adorable. Merci beaucoup à toi d'être venu jusqu'ici. C'était un plaisir de t'accueillir et de t'ouvrir les portes du cabinet, du petit cabinet à une petite échelle, mais de pouvoir faire le podcast ici. Et comme mot de la fin, je pense... que l'expérience m'a apporté le fait qu'il faut encourager et valoriser l'échec. Et vraiment, la façon dont les gens veulent apprendre, il faut pousser les gens à apprendre quand ils veulent apprendre. C'est une des choses les plus importantes, je pense. Parce qu'on a tendance à réfréner ces gens qui veulent apprendre, peu importe le domaine. Et mon mot le plus important de ma vie, soyez bienveillant. Ça ne coûte rien. Ça ne coûte strictement rien. Et ça soigne les gens. Littéralement. Donc, soyez bienveillants.

  • Speaker #2

    L'épisode touche à sa fin avec ces mots. Je vous remercie de l'avoir écouté en entier et je vous félicite, entre guillemets, pour ce temps consacré à de la formation continue, de la formation initiale, de la découverte. Pour celles et ceux qui ont envie d'aller plus loin, deux options, suivre le compte Instagram du Dr Bourgeois, at doc bourgeois, sur la pluridisciplinarité, sur son quotidien avec ses différentes casquettes. Pour les professionnels de la santé, de santé qui souhaitent se former, je vous invite à jeter un coup d'œil sur le site BC Academy. Pour les personnes qui ont envie de donner un coup de pouce pour ce podcast, qui ont envie de reconnaître le travail derrière ces épisodes, ces nombreuses heures partagées avec vous, je vous suis infiniment reconnaissant de prendre quelques instants pour déposer 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Un petit commentaire, pourquoi pas. Apple Podcasts, Spotify, ça prend quelques secondes et c'est vraiment une bonne manière de faire monter le podcast dans les référencements et aussi de saluer ce travail partagé avec ces invités d'exception, avec ces invités experts dans leur domaine. Merci par avance pour ça, je vous embrasse et je vous dis à très bientôt.

Description

Le docteur Bourgeois, chirurgien dentiste, est connu pour ses compétences dans la gestion des troubles oro-myo-fonctionnels (OMF) ainsi que par son approche préventive de santé.

Il pratique une activité pédiatrique importante nécessitant parfois des interventions sous AG et son appétence pour un travail collaboratif fait écho à un des fils rouges du podcast : la pluridisciplinarité.


Dans cet épisode nous vous proposons de prendre le temps de découvrir une partie de son parcours assez atypique puis d'explorer ensemble des sujets qui animent le quotidien d'un grand nombre de soignants et de patients !


Une conversation comme on les aime : riche, humaine et pleine de sens.


Chapitrage :

00 introduction, présentation 

11’ « La santé pour toi » ?

17’ Diplômes Universitaires, formation et construction de la "transmission"

30’ « Un soignant pour toi » ?

47’10 Poids de l’industrie pharmaceutique

1h 20' L’argent, le temps, la qualité des soins 

1h 33 Bien être et mal être des soignants. Burn Out

1h 47 Moment des questions « en vrac »

2h micro ouvert et conseils


Notions abordées dans l’épisode :

Un parcours "atypique"…

Contamination croisée

Respiration buccale

Différence entre compétence et expérience 

Les paroles de certains professionnels de santé et leurs impacts.

Recommandations HAS 

Formations


Quelques unes des questions posées : 

  • La santé pour toi ?

  • Qu’est qu’un (bon) soignant ?

  • Que faire quand quelqu'un nous dit «ce n’est pas grave, qu’on verra plus tard, qu’il faut attendre ou même que « tout ça » ça ne compte pas ?


Personnes citées dans le podcast : Alexandre Astier, Dr Camille Laulan, Dr Baptiste Beaulieu, L’homme étoilé, Dr Jean Claude Guimberteau, Dr Laurent Delsol, Dr Frédéric Dusserre


Pour suivre le Docteur Bourgeois : @doc.bourgeois

Ses formations avec la BC Academy


Retrouvons-nous sur  Instagram  Facebook LinkedIn

Si vous appréciez le podcast, je vous invite à nous laisser 5 ⭐️ Sur Apple sur Spotify

C'est gratuit, fait en quelques secondes et cela nous aide à progresser 😌

Merci d’avance pour la reconnaissance du travail.

Belle écoute à bientôt,

Antoine


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, j'exerce l'ostéopathie et la sophrologie depuis plus de dix ans maintenant et je suis ravi de vous retrouver pour la fin de cette seconde saison du podcast. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous proposer un format long avec la rencontre du docteur Cédric Bourgeois, chirurgien dentiste à Montpellier, c'est un être humain profondément passionné par son métier, qui a développé de nombreux liens, de nombreuses connexions, associations, proposant ainsi des prises en soins complètes et des collaborations enrichissantes. Il est connu sur les réseaux à travers son compte Instagram Doc Bourgeois, où il s'applique à rendre accessible de nombreuses informations d'utilité publique. Le travail pluridisciplinaire fait partie de son quotidien. A propos de santé, il intègre dans sa vision et son exercice les compétences spécifiques de chaque professionnel pour répondre le mieux possible aux demandes des patients. Ces formations au sein de la BC Academy sont une occasion de progresser dans des domaines spécifiques comme les troubles oromio-fonctionnels ou le syndrome d'apnée du sommeil avec des connaissances pointues, des informations actualisées sur les dernières recommandations, le tout dans un esprit bienveillant et collaboratif. Dans cet épisode particulier, nous abordons différents sujets. Une présentation, bien sûr, sa définition de la santé et aussi sa vision d'un bon soignant, en passant par des notions de contamination croisée, les différentes recommandations qui impactent directement nos quotidiens de soignants, de parents, les enfants, et aussi des sujets plus délicats comme l'argent, la rémunération des soignants, le poids de industrie pharmaceutique, la différence entre compétences et expériences et de nombreuses anecdotes directement issues du cabinet. Bref, un épisode qui contient de nombreuses graines et quelques pépites selon moi. J'ai particulièrement apprécié cette rencontre et ce nouveau format qui permet d'aller plus en profondeur dans l'exploration de certains sujets. et dans la découverte de notre invité du jour. J'espère que vous trouverez des choses qui serviront vos pratiques, vos réflexions, peut-être votre manière d'agir dans certaines situations, ou simplement de partager un bon moment en compagnie d'un soignant bienveillant. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Cédric.

  • Dr Bourgeois

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Je te remercie de m'accueillir ici à Montpellier avec un soleil magnifique.

  • Dr Bourgeois

    C'est souvent comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    Là ça commence bien pour toutes les personnes qui sont au-dessus de Montpellier, donc il y en a un paquet quand même.

  • Dr Bourgeois

    Le Nord donc.

  • Antoine Lacouturière

    Le Grand Nord. Depuis le Limousin c'est le Grand Nord. Donc je te remercie pour l'accueil aujourd'hui. On vient de passer quelques heures ensemble sur la partie observation de ta consultation avec plein de cas différents. On aura sûrement l'occasion d'y revenir dans le podcast. Aujourd'hui, je suis avec toi pour plusieurs raisons. Je vais te laisser te présenter, mais avant de faire ça, ce que je peux peut-être poser en introduction, c'est que tu as des particularités en tant que soignant, en tant que praticien, avec différentes casquettes. Je l'ai dit en introduction et dans ces différentes casquettes, il y en a une qui m'intéresse particulièrement, c'est ta vision de la santé, ta vision du soin, de ce que c'est un soignant. Et je crois qu'à travers ton parcours, c'est une vision qui a évolué, qui évolue. Et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai envie de te rencontrer aujourd'hui, de partager ce moment avec toi. Donc, je te laisse la parole si tu veux bien te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore à travers les réseaux sociaux, tes formations ou ton cabinet.

  • Dr Bourgeois

    Alors, c'est gentil. Je pense que les gens qui connaissent à travers les réseaux sociaux, ils ne te connaissent pas du tout. Ils ne connaissent pas les gens. du coup on a La réalité des choses, c'est que je suis juste un soignant et que j'essaye de soigner de la façon qui me paraît être celle que j'aimerais recevoir du soin. Je vais répondre à des questions que les gens n'ont pas posées parfois en me disant que j'aurais posé cette question, ce qui peut être parfois un peu bête. Mais ma vision du soin, c'est celle-là et donc je suis ce type de soignant-là, si tu peux les classer. Et je suis un peu hyper actif, j'aime bien faire pas mal de choses et donc j'aime bien m'intéresser à des sujets. Au début ça a commencé en regardant des... en cartales encyclopédie quand j'étais gamin et puis en fait j'ai poussé sur youtube et trucs comme ça et donc ça m'a plu de découvrir d'autres mondes la géologie la physique la science la sociologie etc et donc pendant mes études j'ai eu l'occasion d'aller explorer ces trucs là et donc j'ai fait des études en sociologie en parallèle de mes études de base qui étaient les études de chirurgien dentiste et puis à J'ai fait des diplômes universitaires qui sont des espèces de cordes qu'on rajoute à son arc sur des sujets assez divers et variés. Et c'était sympa. Et c'était ça qui m'a changé ma vision de soignant. Donc à chaque fois que je vais faire un DU qui n'a aucun rapport avec la dentiste OI, je change quand même ma vision de soignant du cabinet. Et c'est très bien, je pense, parce que ça tout construit.

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour cette... premières présentations, on devine, on entend, ça respire beaucoup d'humilité comme à ton habitude, en tout cas à travers ce que je connais de toi jusqu'à présent, mais est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus par rapport à tous ces DU ? Parce que en l'écoutant comme ça, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut se dire, bon, il a fait une ou deux formations. Mais en connaissant ce qui se passe derrière, il y a quand même un certain nombre. Est-ce que tu peux nous dire sans rentrer dans les détails de tous, mais pour qu'on ait un ordre de grandeur et aussi peut-être pour colorer un peu le paysage de tes différentes activités ?

  • Dr Bourgeois

    Alors, juste en préambule de ça, les gens ont l'impression que quand tu donnes ce que tu as fait, ton parcours, c'est une sorte d'auto-valorisation. Je pensais un peu ça avant, à l'époque. Et puis un jour, j'ai rencontré un professeur d'université qui n'a jamais soigné un patient, parce qu'il était chercheur, et qui avait passé 27 DU dans sa vie.

  • Antoine Lacouturière

    27 ?

  • Dr Bourgeois

    Je ne sais pas si tu imagines, 27 DU, mettons qu'un DU, ça soit à peu près un an. Tu peux en faire deux en même temps, mais c'est compliqué. Et cette personne est arrivée à 67 ans avec 27 DU. Et il n'avait jamais soigné une seule personne, alors que c'était un diplôme de médecine à la base qu'il avait, mais il faisait côté enseignement et recherche. Donc les DU, ce n'est pas du tout une idée de tu deviens meilleur soignant. Pas du tout. Je pense que les DU, c'est plutôt des choses que tu fais pour des raisons diverses et variées. Ça peut être augmenter la qualité de ta pratique sur un domaine particulier, ouvrir ton esprit. améliorer la rentabilité de ton cabinet parce que, j'en sais rien, dans médecine du sport tu préfères t'orienter vers ça parce que c'est plus rentable que la pédiatrie, vice versa. Donc il y a plein de raisons. Donc moi les DU que j'ai faits ils n'ont rien à voir, beaucoup de DU n'ont rien à voir. Et les gens qui se diraient, tiens mais il a fait ce DU mais c'est pas possible, il y en a sûrement parce que dans la vie de quotidien quand je dis que j'ai fait ce DU on me dit bah non c'est pas possible en fait. Donc, quand je parle des DU, je ne vais pas forcément parler d'une compétence, mais plutôt d'un apprentissage. Il y a plein de DU que j'ai fait que je ne mets pas en apprentissage, en fait. Parce que dans ma pratique au quotidien, je ne le fais pas. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Antoine Lacouturière

    Je comprends. Ça t'a apporté quelque chose à un moment, ça t'a permis de voir les choses différemment. Mais concrètement, dans la pratique,

  • Dr Bourgeois

    ce n'est pas quelque chose que tu utilises au quotidien. Je pense que le DU, pour moi, c'est une espèce de méga vidéo YouTube d'un vulgarisateur. Pour moi, c'est ça un DU. C'est un vulgarisateur qui va te parler de comment on fait de l'écologie en Islande, sur tout ce qui est thermo, géologie, etc. Sauf que au lieu de faire une vidéo de deux heures dessus, tu vas faire un DU ou un master là-dessus parce que ça t'intéresse vraiment. Ta pratique de dentiste, elle n'est pas impactée par ça. Ta pratique de citoyen peut-être, mais pas ta pratique dentiste. Donc moi, j'ai commencé les DU en rapport avec mon activité quand même, pendant que j'étais étudiant, puisqu'il y a quelques DU que tu peux faire pendant que tu es étudiant, et qui ne sont pas... ouverts que aux praticiens diplômés. Donc j'ai fait des DU d'anatomie chirurgicale, parce que je trouvais ça intéressant de comprendre bien le corps dans lequel on travaillait. Tout ça, ces DU, je ne les ai pas pendus de mon cerveau. On m'a orienté, on m'en a parlé. Mon mentor en chirurgie m'avait dit « Tiens, tu devrais peut-être regarder ça, tu vois. » Donc j'ai fait ce DU-là, puis après je me suis intéressé pas mal aux droits de la santé. Donc j'ai fait un DU de droit à la fac de sciences politiques, qui parlait de droits de la santé. Évidemment, je n'ai aucune compétence en droit général. Et après, j'ai fait des DU d'expertise médicale et odontologique, de dommages corporels. J'ai fait des DU de sensibilisation aux questions de défense nationale, parce que j'avais un attrait sur comment fonctionnait le... l'État, au sens large du terme, d'essayer de comprendre la différence entre la police, la gendarmerie, l'armée, etc. Après, je suis devenu militaire, comme on en avait discuté dans le monde de la réserve. Et après, j'ai fait des DU qui étaient plus orientés sur la pédiatrie, donc des DU d'odontologie pédiatrique, des DU d'anesthésie-réanimation pédiatrique. J'ai beaucoup aimé l'urgence, donc j'ai fait aussi un DU de médecine d'urgence et de... d'apprentissage de la médecine d'urgence. C'est des DU qui sont souvent faits par les médecins, pour les médecins, et donc on a quelques personnes qui sont des épiphénomènes qui vont se retrouver dans ces DU-là. Non mais c'est vrai, et donc tu peux te retrouver en dentaire, avec un DU spécifique pour dentaire, fait par une assistante dentaire, ou un prothésiste. Les gens vont dire, mais qu'est-ce qu'il fait là, celui-là, il va même pas le pratiquer. Mais non, mais il a quand même le droit d'apprendre. Il va payer sa place au DU comme tout le monde. donc quand j'ai fait le DU de médecine urgence Il y avait deux grands types de personnes. Il y avait ceux qui trouvaient ça super dans mon DU et qui disaient c'est trop cool d'avoir un dentiste parce que les urgences dentaires, autant te dire que comment on les articule dans les urgences générales, on ne comprend pas grand-chose et c'est hyper dur. Et puis tu avais une autre moitié des gens qui disaient il n'a rien à faire ici puisqu'il n'est pas un vrai médecin, il est que dentiste et donc il est hors de question qu'il fasse, je ne sais rien, une ponction lombaire aux urgences. Et donc je leur ai dit mais c'est pas du tout mon objectif, je veux pas faire une fonction lobaire, j'ai pas envie de faire ça, je ne sais pas faire, je ne veux pas savoir faire ça, je veux juste comprendre comment marche le monde des urgences. Et j'ai été soumis comme tout le monde à l'examen du DU, au stage du DU, etc. Et j'ai fait mes stages, j'ai fait mon examen et j'ai réussi, j'ai eu mon DU comme tout le monde et donc voilà. Et dans mon DU on était 40 étudiants et je crois que quasiment une dizaine de personnes n'ont pas eu. Soit parce qu'ils ne sont pas venus aux exams, soit parce qu'ils ont raté l'exam. Et je ne me suis pas trouvé plus valeureux que les autres si moi j'ai réussi et les autres n'ont pas réussi. J'en avais discuté à l'époque, je te dis ça parce que ça a soulevé beaucoup de questions de mes collègues quand j'ai fait ce DU, qui n'a aucune valeur dans ma pratique actuelle, tu as bien compris. Mais j'ai appliqué un protocole qu'on m'a donné dans le DU, le médecine d'urgence. On m'a dit pour sauver une vie, il faut mettre tac, tac, tac comme protocole. J'ai dit. Ok, je suis bête et méchant, je vais faire ça. Et en fait, le jour de l'examen, on a eu un choc anaphylactique sur une piqûre de guêpe. et moi j'ai appliqué ce qu'on m'avait dit. Et des gens ont cherché... l'origine, etc. On fait une démarche diagnostique de médecin. Et le chef du DU, il a dit « Mais moi, c'est pas ça que je veux. Je veux pas que vous soyez des super médecins qui diagnostiquent les patients. Je veux que vous soyez des gens qui agissent en urgence pour maintenir la vie du patient pendant les quelques minutes où on attend le vrai médecin urgentiste du SAMU. Vous êtes peut-être gériatre dans un EHPAD, vous êtes peut-être médecin généraliste dans le limousin et vous avez pas de SAMU de suite à... » Et donc, il a dit « Moi, mon intérêt de ce DU, c'est que vous soyez capables... » de faire les premiers soins d'urgence. Et donc moi, j'ai appliqué ce qu'on m'a demandé. Et il m'a dit, donc, tu as eu la moyenne, il n'y a pas de souci. Mais certaines personnes sont allées trop loin, et ont dit, moi, je pense qu'il faudrait faire ça. Et donc, ça a été une des raisons pour lesquelles certaines personnes ont échoué à l'examen. Et donc moi, je ne suis pas plus fort, je suis plus con. Parce que justement, je n'avais pas cette connaissance médicale qui va me permettre de chercher si le patient n'est pas en acidose, etc. Donc c'est particulier, tu vois, comme truc, c'est moins t'es bon et plus t'as un DU, t'es méchant, dans lequel on te fait appliquer quelque chose.

  • Antoine Lacouturière

    Et on entend aussi la prise de recul que tu as, à la fois le côté statistique de dire, bon ben voilà, il y en a 10 qui ne l'ont pas eu, on était 40. L'analyse de dire, mais il y a une raison aussi, parce qu'ils avaient plus d'informations que moi, et toujours cette pondération. À nouveau, ça fait écho avec ce côté prise de recul, prise de distance sur les faits une nouvelle fois. il y a plusieurs questions. En fait, j'ai fait une petite carte mentale, un petit mind map comme ça que je prépare les invitations et puis les enregistrements. Et avec toi, il y a le côté praticien, il y a le côté militaire, il y a le côté enseignant. Je me suis dit chercheur pendant l'interrogation, mais on en reparlera peut-être. Je n'ai pas trouvé chercheur au sens pur comme on pourrait l'entendre, mais malgré tout. Côté expert, le côté légiste. Et puis, il y a ce master en sociologie. Et finalement, je me disais comment est-ce qu'on va commencer le podcast ? Je ne sais pas trop. Du coup, j'ai envie de te poser une question avec ton parcours, avec ta particularité, cette succession de diplômes, d'apprentissage à la fac comme le reste des dentistes et la partie, je vais dire, traditionnelle,

  • Dr Bourgeois

    entre guillemets. Bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, la santé, docteur Bourgeois, Cédric, qu'est-ce que c'est pour toi ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que ce qui... le plus la santé, le mot-clé, je pense que c'est le patient. Pour moi, la santé, c'est la personne que tu prends en charge. Et dans ce que tu décris, de ce que j'ai fait comme parcours, Quand je t'écoute, j'ai des petits flashs mentaux de ce que j'ai fait. Pour moi, je suis un cancre. Il faut te dire que j'ai échoué à l'école. J'ai détesté l'école et l'école m'a détesté. Je suis dyslexique. J'ai fait de l'orthophonie de mes 6 ans et demi à mes 14 ans. Mon orthophoniste, c'est devenu ma marraine dans la vie, tellement elle a pris de la place quand tu y vas toutes les semaines. Donc, je n'ai pas du tout aimé la scolarité. J'ai détesté la façon dont on nous a imposé d'apprendre. On ne m'a jamais valorisé l'échec alors qu'on aurait pu, vu le nombre d'échecs. Et tu vois, j'ai fait des dictées qui étaient notées en négatif. Donc, j'avais des profs, quand j'étais en quatrième, en troisième, qui disaient, Mélanie, 7 sur 10, Cédric, moins 28, bravo. donc le mec t'expliquer à quel point t'étais mauvais devant toute la classe. Et j'en veux un peu, maintenant j'en veux plus, mais j'en voulais un peu à ce prof de se dire, mais pourquoi t'as besoin de le dire à voix haute, que je suis si mauvais ? Et les gens, c'est marrant, parce que quand je dis que j'étais mauvais à l'école et qu'après je suis allé en médecine, en première année, quoi. Les gens me disent « Ah mais là, tu t'es rendu compte qu'il fallait bosser ? » Non mais en fait, vous n'avez pas compris, moi je travaillais déjà 10 heures par jour quand j'étais au collège et au lycée. Ma mère m'imposait des cours particuliers le soir jusqu'à 21h30 parce que je n'étais pas assez bon pour comprendre ce qu'on me demandait de comprendre, tu vois. Donc je suis très mauvais. J'ai raté mon brevet, j'ai raté mon bac, je suis allé au rattrapage du bac. J'ai raté ma première année de médecine. Bref. C'est une cata. Et en fait, quand tu me parles de ce que tu me dis sur ta carte mentale, il y a un truc que j'ai adoré. Vraiment, un truc que j'ai adoré. C'est la sociologie. J'ai fait un master 1, un master 2 en socio. Et mon master 2, c'était une année dédiée à ça. Pendant un an, j'ai mis en pause un peu tout le reste. J'ai fait 2-3 remplats à droite à gauche. Mais pendant un an, je me suis retrouvé, enfin pendant 10 mois, avec des collègues de master. Et on venait en cours. On était 14, c'est une petite promo tu vois, on était 14, il y avait du médecin généraliste, il y avait du psychiatre, il y avait sage-femme, kiné, un dentiste donc, et j'oublie probablement des gens, des internes, et cette année-là ça a été mon... année la plus heureuse de tout ce que j'ai pu faire en termes de scolarité parce que pendant un an on a eu que de la vision partagée et non notée de notre exercice nos apprentissages ce soit de la philo la socio les sciences humaines les biais cognitifs tout ça en fait pendant un an on l'a étudié ensemble et pas on nous l'a imposé et cette cette vision je remercie d'ailleurs d'ailleurs énormément l'enseignant qui a créé ce master et qui est à Montpellier. Et cette vision des choses-là, c'est vraiment ce qui m'a le plus plu des bancs de la fac. Tout compris.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce que c'est qu'il t'a... Déjà, merci pour le témoignage, pour le partage, pour l'histoire. Ça fait aussi sens quand on voit ta pratique, ton quotidien, quand on voit les personnes avec lesquelles tu collabores aujourd'hui, les formations que tu mets en place. Je trouve que de connaître l'histoire, que je ne connaissais pas, je trouve ça...

  • Dr Bourgeois

    Personne ne connaît, je pense.

  • Antoine Lacouturière

    je trouve ça encore plus... Ça fait des liens. Je trouve que ça donne du sens. Et puis, c'est aussi une forme de... C'est précieux d'avoir un professionnel de santé qui témoigne d'une partie de son histoire pour dire « ça n'a pas toujours été tout beau, tout rose, tout facile et on peut transformer ça aussi. » Je trouve que ça donne une autre dimension de compréhension. C'est ce que je ressens en tout cas. Je pense que d'autres auditeurs, d'autres auditrices le capteront. Pour ton master, je te sens animé quand tu en parles. Tu n'as pas les mêmes yeux, le même regard sur le fait de te replonger dans ce moment-là. Qu'est-ce que c'est qui t'a touché ? C'est les sujets que vous abordiez ? C'est le fait que vous soyez différents, pluridisciplinaires ? C'est le fait d'avoir du temps pour toi ? Qu'est-ce que c'était ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que les sujets abordés étaient fascinants. Donc ça, c'était déjà incroyable de parler de sujets qui te plaisaient à l'école, à l'école au sens large. Les relations qu'on avait entre les gens de Master, qui n'étaient pas forcément toujours fantastiques, les gens ne sont pas tous...

  • Antoine Lacouturière

    que c'est pas merveilleux dans le meilleur des mondes.

  • Dr Bourgeois

    tu ne passes pas ton temps avec des gens forcément tous fantastiques mais la synergie du groupe en fait c'était une énorme colo, c'était une sorte d'auberge espagnole énorme et tout le monde avait son rôle tout le monde avait sa place tu avais toujours à apprendre de quelqu'un on avait un interne qui avait eu un boulot avant et qui était interne en psychiatrie il s'appelle Emmanuel et ce gars il avait une sagesse Merci. Si je lui posais la question maintenant, il me dirait « Oh, t'es con, pas du tout » . Et en fait, si, il avait une sagesse de malade. Et tous les sujets sur lesquels tu pouvais t'enflammer un peu, lui, il allait te dire « Attends, mais peut-être que lui dit ça parce qu'il a eu ça » . « Ah ouais, ah ouais, j'avais pas vu moi ça » . Et j'ai fait ce master il y a quelques années maintenant, c'était en 2017, je pense. Et avec la sagesse de... avec la vieillesse plutôt, on va dire ça honnêtement. Avec la vieillesse, tu prends... aussi du recul sur des choses qui te faisaient bouillir avant ou quoi. Ou là, tu te dis, maintenant, je l'ai vécu. Donc voilà, maintenant, je comprends mieux ces trucs-là. Et donc, je pense que dans le master, ce qui était génial, c'était la vision partagée de tout le monde qui venait ensemble réfléchir sur un sujet. La kiné ne disait pas la même chose que la sage-femme, etc. Et on avait des profs qui étaient bienveillants et qui, justement, laissaient le partage de ça. On allait boire un coup quasiment tous les soirs. peut-être pas tous les soirs, mais très souvent après le master, pour débriefer de la journée. À quel moment tu fais ça ? Dans quelles études ? Il n'y a quand même pas beaucoup d'études où, avec ta promo, tu te retrouves le soir pour rééchanger sur ce qu'il s'est passé la journée. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    clairement. Et puis, des profs bienveillants qui permettent ce climat, cette petite alchimie au sein d'un groupe, ça demande une compétence particulière aussi, quand même.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'un... Un prof bienveillant, c'est un prof qui ne se sent pas en danger. Et moi, j'ai eu des profs dans mes différents trucs qui se sentaient en danger, qu'on leur enlève quelque chose, qu'on les juge, qu'on leur prenne leur travail, qu'on dise du mal d'eux à d'autres profs. J'en sais rien, je ne sais pas. Mais le fait est que ce n'étaient pas des profs qui étaient très bienveillants. On en a tous connu, je pense. Tu vois, ma prof de maths, elle me disait que j'étais un gros nul et que j'aurais 4 au bac parce que j'avais 4 en terminale. Bon, j'ai eu 4 au bac. mais C'était Nostradamus en fait, elle savait tout. Mais c'est dur de dire, c'est un élève de terminale qui galère de dire « t'as son, t'es nul, t'auras 4 au bac » . Et elle m'a probablement fait une espèce de prophétie où j'ai eu 4 au bac du coup. Alors la bonne nouvelle, c'est que je suis allé au repêche du bac en maths et j'ai re-eu 4. Ce qui est quand même assez fascinant de te dire que j'ai pas réussi à dépasser 4, quoi qu'il arrive quoi. Ni pendant l'année, ni au bac, ni au repêche.

  • Antoine Lacouturière

    Et puis tu vois, ça me fait réagir qu'un prof, un enseignant, quelqu'un qui transmette, il n'est pas conscient de l'impact des mots sur un adulte en construction. Le fait de programmer ça, je trouve que ça fait écho à ce que tu viens de dire pour moi avec le fait qu'ils se sentent sous pression. Mes parents étaient enseignants et donc il y a ce côté un peu sensibilisé. Pour une partie de l'auditoire qu'on a, il y a des gens qui sont vraiment dans le milieu de la santé ou autour. Et donc, il y a les fameux patients MGUN, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, oui,

  • Dr Bourgeois

    tu vois. Ma mère était MGUN.

  • Antoine Lacouturière

    OK, bon, ben voilà, comme ça, ça fait un point commun.

  • Dr Bourgeois

    Bisous, maman, je t'aime.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, et moi aussi, très fort. Mais du coup, pour la partie, on va dire passionnée, parce que souvent, les enseignants, c'est aussi des gens passionnés. Eh ben, je trouve ça intéressant d'avoir mis la notion de pression, des conditions, tu vois, qui peuvent aussi les mettre dans une pression, soit parce qu'il y a Peut-être des qualités intrinsèques et de l'ego qui fait que du pouvoir ou de l'argent ou de la reconnaissance. Mais aussi cette notion de pression, quand tu l'as formulée, je me suis dit, tiens, c'est marrant. Ça veut dire que les enseignants, à ce moment-là, ils se sentaient aussi dans un climat qui permettait de délivrer ça.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je pense que, en tout cas, la fac, qui est un petit milieu de façon globale, ce n'est pas un truc énorme, nos facs en tout cas, génèrent des milieux... de jalousie un peu entre les enseignants. Maintenant, je suis passé du côté enseignant. Donc, je vois un peu le monde des profs plus que des élèves, même si je suis un tout bébé, dans le sens en jeunesse par rapport à des professeurs, et en volume. C'est-à-dire, moi, je ne fais rien à la fac. Je fais une petite journée par semaine. Et ce milieu-là, il est difficile pour la publication scientifique, pour la recherche. pour le nombre d'heures de cours, etc. Ce n'est pas un milieu qui est très bienveillant. La fameuse salle des profs qui est un truc fantastique où tout le monde se tape sur l'épaule en disant « Ah bravo, ton cours était super ! » Ce n'est pas vrai. Ma mère, elle était dans l'enseignement pendant 35 ans. Elle était du mauvais côté. Elle était intendante comptable gestionnaire. Donc, elle allait dans la salle des profs, mais pas en tant que prof. Donc, elle avait ce côté où elle pouvait passer partout. Parce qu'elle avait... là, c'était celle qui gérait le lycée et le collège, mais elle n'était pas enseignante. Et donc elle a vu des profs géniaux, qu'elle m'a dit après, tu te rappelles monsieur Garcia, tu vois, il n'écoutera jamais le podcast, mais franchement Dimitri Garcia, si vous écoutez le podcast, merci. Elle me dit, tu vois, il était jeune, bon il était vieux, mais en fait il devait avoir 25 ans à l'époque. Nous, on en avait 15 et ce gars-là nous a absolument passionnés. Et pourtant, il vivait dans le même milieu d'enseignement parfois toxique que le prof qui lui nous rabrouait. Et je me dis, mais la force mentale pour sortir la tête de ce monde un peu crado, de te dire, moi, mes élèves, j'ai envie qu'ils apprennent un truc. Et c'est même pas j'ai envie qu'ils m'aiment, parce que tu t'en fiches de ça. C'est bien si tes élèves t'aiment, mais en fait quand tu veux transmettre quelque chose, tu veux pas le transmettre par le fait qu'ils t'aiment, tu veux le transmettre par la pédagogie du truc. Et ça c'est incroyable. Et pour moi on confond un truc énorme en France, on confond la compétence et la pédagogie. Quelqu'un qui a des très bonnes notes peut être un très mauvais enseignant, et moi j'ai une prof de maths particulière à la maison qui était ultra bonne en maths, mais qui était une pédagogue horrible. horrible. Et donc, je ne comprenais strictement rien. Et plus t'es surdoué, je pense, et moins t'es pédagogue. Moi, plus j'en ai chié pour apprendre un truc, et plus j'étais capable de l'expliquer aux gens en disant on va repartir du tout tout tout début. Alors que quand pour toi c'est évident cette ère sous courbe de l'intégrale, c'est très dur à expliquer.

  • Antoine Lacouturière

    Oui. Te mettre à la place de l'autre parce que toi tu l'as vécu, parce que tu l'as éprouvé dans tes cellules à toi et que t'as galéré et que t'as trouvé la solution, ça facilite peut-être le fait de te mettre à la hauteur de l'autre.

  • Dr Bourgeois

    Oui. tu vois le tir, le tir au fusil, enfin le tir, il y a un peu de ça. Il y a des mecs qui sont très doués au tir de base. Donc, ils prennent une arme, tu leur dis, il faut faire comme ci, comme ça, ils tirent et ça rentre dedans. Et puis, il y a des gens qui sont plutôt mauvais. Et ces gens qui sont plutôt mauvais, moi, c'est eux qui m'ont le plus appris au tir. Parce qu'en fait, ils te disent, ah, tu vois les erreurs que t'as fait ? Ben, je l'ai fait aussi. Alors, je l'ai résolu comme ça. Et celle-là, ben, je l'ai fait aussi. Et donc, je l'ai résolu comme ça. alors que le mec qui tire bien va te dire je ne sais pas trop comment te dire tu prends l'arme, tu tires et puis ça et donc Moi j'ai beaucoup appris des gens qui ont galéré et j'essaye d'apprendre aux gens parce que j'ai galéré et on en a parlé un peu avant mais je suis assez fasciné par les sociétés qui valorisent l'échec parce qu'en fait tu apprends que avec l'échec tu n'apprends jamais en réussissant tu apprends te plantant et en faisant différemment et donc il y avait un mec qui avait dit ça qui avait dit moi mon autre père nous a valorisé l'échec à fond à chaque fois qu'on se plantait, on rentrait à la maison en disant j'ai eu 6, il disait bah c'est bien c'est très bien d'avoir eu 6, on va essayer de comprendre pourquoi, et quand t'arrivais en disant j'ai eu 17 il te disait c'est pas fou d'avoir eu 17 parce que attention tu peux descendre c'est exagéré mais en fait la valorisation de l'échec, je rêverais que l'éducation en France passe par ça, c'est à dire tu te plantes et il faut un suivi évidemment pour se dire que tu fais de mieux en mieux,

  • Antoine Lacouturière

    mais ça serait génial ouais ça me parle beaucoup ce que tu dis, je fais une toute petite parenthèse perso parce que dans le podcast je le fais pas souvent l'idée c'est de mettre en avant les invités mais ça résonne vraiment fort je rentre des états unis où j'ai passé trois semaines pour interviewer principalement pour rencontrer des soignants avec des questions qui m'anime et dont certaines sont là prêtes à être posée pour juste après et je suis parti avec cette trouille de parler anglais correctement je vois je sais pas si oui oui je vois très très bien il Il y a des moments dans lesquels j'étais à l'aise. Petit, j'ai fait du sport à... assez facilement et par contre, alors je ne suis pas complètement dyslexique, mais par contre, l'anglais, c'était vraiment un truc super dur pour moi. Et je me suis fait taper sur les doigts littéralement en disant, mais non, t'es nul, t'as fait une faute. Non, stop, recommence. Tu vois, au point de dire, ok, en fait, si je ne parle plus, je ne vais pas faire de faute. Et je pense qu'on est un certain nombre à avoir vécu ça. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis rendu compte d'un truc, c'est que, alors en tout cas pas tous, mais les Américains, les américaines que j'ai rencontrées, ils s'en foutent. en fait ils sont contents que tu fasses l'effort de parler leur langue et ils viennent chercher l'intention de ce que tu dis, tu vois ils sont enthousiastes et pour faire un point supplémentaire, dans la globalité oui t'as fait une ou deux fautes, en fait t'as dit ça et ça et tu vois cette faute là la prochaine fois j'ai vraiment ressenti ça et dans une des familles dans lesquelles j'ai passé un peu de temps j'ai découvert un truc extraordinaire pour les dicter c'est qu'on peut aussi noter les mots justes

  • Dr Bourgeois

    Ah.

  • Antoine Lacouturière

    Et pas que les fautes. Ouais. À l'autre sens.

  • Dr Bourgeois

    Tu te rends compte du truc ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je ne me rends pas compte.

  • Dr Bourgeois

    Mais t'imagines ?

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ouais, ouais. Moi, je faisais deux fautes par mot, des fois, tu vois. Donc, il peut retrancher deux points.

  • Dr Bourgeois

    Mais ça veut dire que sur le même mot, t'as moins 4. Tu fais 10 mots comme ça, c'est fini, t'as zéro. Imagine la fois d'après. Tu fais la moitié des fautes, mais tu passes de moins 30 à moins 15. T'as zéro. Je ferme la parenthèse, mais par rapport à tout ce qu'on s'est dit aujourd'hui, et cette réflexion-là sur l'enseignement et la santé, parce qu'on va arriver sur le bien-être et la santé, le fait que tu sois prof à la fac, c'est aussi comment est-ce que tu transmets, et cette valorisation des échecs, des erreurs dont tu parles, pour moi, elle a aussi des répercussions importantes dans notre vision de la santé.

  • Antoine Lacouturière

    Pour te faire un petit parallèle, quand un Américain qui vient en France et qui essaye de parler français avec un français pas trop dégueu, Moi je le regarde avec le sourire parce que je me dis c'est génial, je comprends, tu vois, c'est super. Toi aussi je pense, la majorité des gens qui nous écoutent se disent la même chose. Quand tu imagines celui qui dit « Ah je comprends rien à ce qu'il dit au rosebif » , c'est un français plutôt vénère. Et il nous plaît, il plaît à personne ce gars. Donc en fait, c'est la même chose quand on se met dans leur peau. Et donc, ça ne m'étonne pas qu'en allant aux États-Unis, les gens, tu es relativement très bien accueilli quand tu essaies de parler leur langue, parce que nous, on fait la même chose. Et je pense que c'est une peur un peu extrapolée de se dire, c'est une peur de toi-même, de te dire je vais passer pour un mec pas bon, nul et tout. Alors qu'en vrai, les gens sont heureux que tu fasses cet effort-là. Regarde, bon Macron, il parle anglais, mais regarde François Hollande qui était plutôt mauvais orateur en anglais. quand il essayait de parler anglais il y avait une une petite minorité qui se fichait de lui. Et puis, il y avait une grande majorité des gens qui étaient contents d'entendre quelques mots en anglais, de bienvenue, de choses comme ça. Parce que globalement, je m'en fiche de la politique, mais globalement, ça fait plaisir quand la personne fait un effort pour l'autre. Là, quand tu essayes de parler anglais très bien, tu fais un énorme effort pour eux. Tu pourrais très bien parler juste français et les regarder en disant « Vous ne comprenez pas ce que je dis. »

  • Dr Bourgeois

    Effectivement. Je trouve ça intéressant. Je trouve ça intéressant. Est-ce que tu fais des parallèles de ces deux anecdotes avec le soin, la santé, le monde dans lequel on évolue ? Est-ce qu'il y a des choses qui te viennent ?

  • Antoine Lacouturière

    Juste, quand tu as parlé des MGEN, moi j'adore avoir des MGEN au cabinet. J'aime moins avoir des médecins au cabinet, parce qu'il y en a une part que j'adore, mais il y a une petite part des médecins qui a le sentiment de déjà savoir globalement ce qui se passe. Tu m'as vu en consulte tout à l'heure. J'ai parlé à des parents de la contamination croisée, en leur expliquant que quand ils prenaient la tétine dans leur bouche et qu'ils la mettaient dans la bouche de leur enfant, ils augmentaient énormément les bactéries pathogènes. Les parents sont tombés des nues en consulte. Oui,

  • Dr Bourgeois

    clairement.

  • Antoine Lacouturière

    Ils te disaient le sucre, oui, ça, oui, mais alors ça... Et tu vois, les médecins, quand j'en parle avec eux, je n'en ai jamais rencontré un qui m'a dit, évidemment, je le sais, je le dis aux parents même. Pourtant, c'est écrit, ça, sur le bilan buccodentaire que la Sécu envoie à toutes les femmes enceintes. Il y a marqué risque de contamination croisée. Donc, toutes les femmes médecins qui ont eu des enfants, théoriquement, ont pu avoir ce papier entre les mains. Donc, tu n'as pas forcément lu. Et je me dis, c'est difficile de parfois parler à des gens qui sont convaincus de savoir mieux que le reste de la population sur un sujet en particulier. et de leur dire, reset votre cerveau et juste, sur ce tout petit domaine-là, faites-moi confiance là-dessus. Le reste, ne faites absolument pas confiance. Mais alors par contre ça, juste écoutez ce que j'ai à dire et passez-le dans votre moulinette cérébrale si ça vous intéresse ou pas. Mais les MGEN, ce qui les casse les pieds des soignants, c'est qu'ils ont envie de comprendre. Et moi j'adore expliquer les trucs. Donc moi les MGEN, j'adore quand les mecs arrivent en me disant, et pourquoi ? Et ceci, et... Ça prend du temps, mais moi je fais des consultes qui durent 45 minutes, donc ça me va très bien. Et surtout, j'adore leur expliquer. Et c'est des super patients, les MGEN. C'est des super patients quand ils ont compris. Mais par contre, quand ils n'ont pas compris, ils sont très casse-pieds. Ouais. Et c'est ça, je pense, le truc. Alors, il y a des MGEN avec qui je ne m'entends pas, parce que c'est comme tout. Mais la majorité des MGEN que je soigne, c'est des gens qui ont envie de comprendre. Et on te dit, ouais, mais c'est un peu des monsieur je-sais-tout. quand tu leur poses trois questions et que les trois ils savent pas répondre et qu'ils te disent eux-mêmes qu'ils savent pas répondre bah il te dit oui bon alors dites moi docteur parce que je sache le fait j'avoue je sais pas quoi bah oui quand tu ne connais pas l'impact sur les tubules ligne d'une bio dentine évidemment tu vois mais c'est pas grave si c'est mon job c'est pas le tien voilà

  • Dr Bourgeois

    intéressant d'entendre ça comme ça intéressant ok cédric je te remercie pour pour ses parallèles pour ses idées pour ses C'est parenthèse de parenthèse. Et pour ce point commun que je ne connaissais pas... d'histoire.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Ça me donne envie de te poser une autre question, je crois que je n'ai jamais posé dans le podcast. La question un peu transversale, celle qui revient à chaque fois, c'est qu'est-ce que c'est la santé pour toi et pour l'invité ? Donc là, on a entendu, finalement, le premier mot que tu as dit, c'était le patient de mémoire. C'est-à-dire que tu as remis tout de suite le patient au centre. Et là, une nouvelle fois, à chaque fois, c'est magnifique parce que c'est nouveau et la première fois le patient. La question que j'ai envie de te poser, c'est qu'est-ce que c'est un soignant pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant au sens où moi je l'entends, c'est un mec qui cherche à aller mieux.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant, je ne parle pas du soignant marketing qui fait de la médecine ou de la santé comme on tient une entreprise. Je parle du soignant qui, lors d'un repas avec les collègues de sa femme, va s'ambiancer sur sa spécialité en expliquant pourquoi c'est hyper important de ne pas manger trop salé parce que... Je pense que c'est quelqu'un qui a peut-être vécu des choses qui ont créé potentiellement des failles. Et c'est quelqu'un qui cherche à aller mieux d'une certaine façon, peu importe la façon. Mais je pense qu'il y a quelque chose de ça qui se joue. C'est une petite réponse partielle. Tous les soignants que je connais, qui sont des vrais, purs soignants, bienveillants, C'est des gens qui ont vécu quelque chose ou qui ont subi quelque chose qui était un peu difficile. Et qui me l'ont dit. Je le sais maintenant, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois bien.

  • Antoine Lacouturière

    En tout cas, j'aime beaucoup Alexandre Astier, je te l'ai dit.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alexandre Astier, dans une de ses interviews, il dit... le vrai point commun de tous les gens qui sont bons c'est qu'ils sont bienveillants c'est qu'ils sont bienveillants et il dit quand quelqu'un écrit quelque chose de méchant sur quelqu'un d'autre c'est que c'est pas un vrai qu'il aurait aimé être bon, mais qu'il ne l'est pas. Il aurait aimé être peut-être à la place de celui qu'il critique, mais il ne l'est pas. Et en fait, là où je suis assez halluciné, donc mon père, moi j'ai perdu mon papa, j'en parle jamais, mais c'est comme ça. Et mon père disait, pour juger quelqu'un, il faut être à sa place et avoir vécu ce qu'il a vécu. Donc c'est impossible en fait. Tu peux pas juger quelqu'un. Tu peux pas juger quelqu'un sur ses actes. Je te parle pas du psychiatrique, je te parle de quelqu'un où tu vas dire « Mais pourquoi elle a fait ça ? Mais pourquoi elle a fait ça dans son cabinet ? Et pourquoi il a fait ça ? » fait comme si. Mais en fait, qu'est-ce que tu sais de sa vie ? Tu vois, des fois en voiture, je suis très peace and love en voiture. Je ne klaxonne jamais, je ne m'énerve jamais et tout, jusqu'au jour où je roule sur les gens. Non, je rigole, mais je suis assez peace, tu vois, je ne fais pas partie des gens un peu à la marseillaise. Pourtant, j'ai été éduqué dans cette région-là avec tout le monde qui est okono. Ce n'est pas du tout mon genre. Et des fois, rarement, ça me saoule. Des fois, les trucs me saoulent et je me dis, tiens, j'ai envie de déboîter et de passer devant cette voiture parce qu'il fait n'importe quoi. Mais dans 99% du temps, je ne suis pas comme ça. Et en fait, quand je vois des gens qui sont énervés en voiture, je me dis, ils sont peut-être dans ce 1% des cas où moi, ça me saoule. Tu vois ce que je veux dire ? Je me dis mais qu'est-ce qu'il a eu comme journée pourrie ce gars pour klaxonner cette dame qui est en train de traverser quoi ? Et peut-être qu'il est juste con en fait, c'est possible aussi qu'il soit juste méchant, etc. Mais je crois que mon cerveau, il préfère s'imaginer que ce gars-là a eu une journée pourrie et qu'il est en train de décharger sur cette pauvre dame parce qu'il est dans sa voiture, que c'est sa safe place. Et que c'est un peu comme quand son enfant est avec le parent et qu'il décharge tout, tu vois. C'est con, j'ai jamais réfléchi à ça plus que ça, mais j'ai un peu ce sentiment-là, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Que la posture, presque la compétence de savoir-être de ton papa, de dire pour vraiment comprendre, il faudrait que je sois à sa place, et du coup je suis pas à sa place, du coup je peux pas juger, ça te permet aujourd'hui de se dire, attends, ce que je vois avec mes yeux, ça me saoule, c'est pas acceptable, il roule mal, il fait suer. Et 99% du temps, tu as cette espèce de prise de recul, de prise de conscience de dire, peut-être que de laisser la place et finalement de le voir...

  • Antoine Lacouturière

    Alors peut-être que je me suis mis dans une situation qui ne me l'impose pas aussi. Tu vois, j'imagine que... Thomas Pesquet, quand il doit arriver dans sa station, dans son fusée pour partir dans l'espace, et qu'il est en retard sur la route et qu'il y a quelqu'un devant, je ne suis pas sûr qu'il soit zen à mort. Je pense qu'il peut se klaxonner un peu. Moi j'ai décidé de ne pas être Thomas Pesquet, enfin je ne pouvais pas, mais de façon globale j'ai décidé de ne pas avoir une pression de malade mental en me disant je pars 5 minutes plus tôt que mon heure théorique, comme ça si jamais il y a un problème sur la route, je ne m'angoisse pas. En fait... Je pense que ce discours-là, il faut le tenir aux gens qui n'arrivent pas à se détendre. Les gens qui arrivent à se détendre et qui sont en retard et qui s'en foutent, pas de problème. Les gens qui sont sur la route et qui se disent « j'ai déjà 10 minutes de retard et en fait, ça ne me stresse pas plus que ça » , eux, ils sont pisses dans tous les cas, ce n'est pas eux qui vont se faire annuler le cerf. Par contre, les gens qui, eux, vont se faire annuler le cerf, comme ma mère par exemple, qui se sent en retard et qui se dit et c'est pas possible et donc c'est nerveux exprime son énervement sur les autres potentiellement, dont moi je peux être en face, ces gens là il faut leur dire, bah partez cinq minutes plus tôt, dix minutes plus tôt, si vous connaissez la combine parce que ça vous énerve, anticipez-la, tu vois. C'est ça qui me paraît essentiel, mais on le fait pas.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve ça génial ce que tu dis, et en même temps, ça me fait penser à tout de suite comment. C'est-à-dire que quand je t'écoute, je me dis, oui, d'un point de vue ostéo, tu vois, quand on met les mains, on en parlait encore un peu hors antenne, en off, mais quand tu mets les mains de l'être humain sur un être humain, un tissu vivant, il y a les tensions, restrictions physiques habituelles. Tu vois, ça tire ici, tu as une cicatrice, tu as une fibrose. Bon, OK, tu as différents niveaux de pression, OK. mais Avec nos mains d'ostéo, même si on a des discours parfois différents, on a ce point commun de dire qu'il y a un état de tension qui est majoré par ses comportements et le stress. Et la question qui me vient, c'est, je me dis, quel est le pourcentage des patients, des gens malades, qui consultent et qui arrivent à s'en foutre, comme dit Alexandre Axier, ceux qui s'en foutent de la problématique d'être en retard ou de la problématique de bosser pour quelqu'un pour qui ce n'est pas agréable. Je crois que son exemple, c'est ça. Il dit, si tu arrives à t'en foutre, c'est pas grave.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle de bosser pour des connards, ouais. Voilà. Ou avec des connards.

  • Dr Bourgeois

    Mais là, du coup, dans nos patients, respectivement, au cabinet et toi, dans la consulte, il y a quand même un certain nombre de patients qui n'arrivent pas à s'en foutre.

  • Antoine Lacouturière

    Mais ces gens-là, ta vie ne dépend pas d'eux. Et là, pour leur donner de l'information, leur donner du soin, mais moi, j'ai tendance à dire que... cette décision leur appartient tu m'as entendu le dire en consultation cet après-midi je leur ai dit moi je suis là pour vous informer pour diagnostiquer et après vous ferez exactement comme vous voulez vous allez sortir de ce cabinet et cette décision vous appartient de faire opérer votre enfant ou pas de soigner ses caries ou pas de changer les comportements alimentaires ou pas tu vois ma chef de service au cahu qui est quelqu'un de fantastique que j'apprécie énormément elle a 25 ans de vol dans la tronche de soins dentaires des enfants t'imagines l'expérience qu'elle a et ce qu'elle a vu c'est juste faudrait qu'elle fasse un bouquin et ben elle ça la rend folle encore aujourd'hui et je mange avec elle souvent et donc on en débrief entre un petit ph attaché de rien et une chef de service. Quand un parent dit non mais moi j'arrive pas à lui brosser les dents parce qu'il veut pas. Et elle me dit non mais il fait 80 centimètres, il a 4 ans, je vais y arriver à lui brosser les dents en fait. Y'a pas de soucis. Et tu vois, elle va réagir comme ça en disant mais y'a pas le choix en fait. C'est soit on va les denter parce qu'il aura plus avoir de chicots, soit on lui brosse les dents. Et moi je lui dis mais pourquoi tu t'énerves ? Tu l'as dit aux parents qu'il fallait brosser les dents ? Tu rentres chez toi, tu vas voir tes filles, tu vas faire du yoga. Calme-toi. Ce côté-là, moi, j'ai beaucoup pris les choses à cœur. Je vais te dire un truc qui m'a changé la vie, vraiment. Le moment confidence. Pendant des années, j'ai lutté pour exprimer ma pensée en essayant d'expliquer aux gens que c'était indispensable qu'ils comprennent ce que je voulais dire. On va parler des freins restrictifs, mais plus facilement de la respiration buccale. La respiration buccale, on sait maintenant que c'est quelque chose de pathologique. On sait toutes les conséquences que ça a et on va en découvrir encore d'autres. Et pendant des années, j'ai essayé de dire aux gens, mais si, mais si, mais si, c'est important, mais si, votre gamin, il a une respiration buccale, etc. Et les gens m'écoutaient plus ou moins, ils s'en foutaient, ils se disaient, c'est quoi ce gars ? Donc il y en avait qui étaient contents de la boire. Sur la globalité, je pense que 20% ont fait des mesures de changement et 80% n'ont rien fait. Et puis, on me disait en consultation, « Oui, mais docteur, notre médecin, il a dit que t'es pas grave. » D'accord ? Et donc, moi, je devenais fou.

  • Dr Bourgeois

    Ça, c'est un élément important, tu vois, que tu viens de souligner là.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ?

  • Dr Bourgeois

    Mais termine, on y revient après.

  • Antoine Lacouturière

    C'est très important, mais moi, ça me rend des fous. Et pour être toi, en tant qu'ostéo, il y a des choses qui te rendent fou. Je sais que les ostéos, c'est la plagio qui les rend un peu fous aussi. Quand on dit, oui, la plagio, c'est pas grave, ça passera en grandissant, ou il aura des cheveux. Moi, je l'ai entendu, tu vois. On sait qu'on peut y prévenir, donc on a envie de faire quelque chose. Et un jour, je parle avec un chirurgien qui s'appelle Frédéric, que j'aime beaucoup et qui travaille dans la même clinique que moi. Donc, lui, il opère de la chirurgie de la main. c'est un chirurgien qui est spécialisé ... en chirurgie, microchirurgie de la main. Donc c'est de la chirurgie assez fine, assez haute. Et donc j'aime bien aller au bloc avec lui, voir ce qu'il fait, comprendre et tout ça, parce que j'aime bien ces liens-là. Et puis la chirurgie, c'est un peu toujours la même chose. Ouvrir un corps, que ce soit des dents, une bouche, une main, dans tous les cas, tu viens agresser un corps, donc c'est intéressant. Je parle avec lui de ce phénomène, et il trouve ça fascinant, il me dit « Oh, tu vois, c'est fou, moi je ne savais pas du tout en tant que médecin ces histoires de restrictions, de respiration buccale et tout. » Et je lui dis que des fois ça me goufle au plus haut point d'avoir des gens qui me disent « Oui, mais mon médecin m'a dit que c'était pas grave. » Et je me dis « Mais attends, mais le médecin, il a quand même un devoir préventif, d'information, etc. » Et donc ça me saoule. Et lui, il me dit « Moi, j'avais la même chose avec les canaux carpiens. » Pendant des années, moi je voulais opérer les gens du canal carpien parce que ça leur faisait mal et que l'intervention dure littéralement deux minutes. Je l'ai vu opérer, c'est un orfèvre, tu vois, tu as l'impression qu'il dessine. C'est fou. Et les patients, dans la seconde, ils vont mieux. Et tu te dis, franchement, OK, il y a peut-être des risques, mais le gain, le rapport bénéfique, il est incroyablement positif. Et moi, j'avais des gens qui me disaient, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, machin. Et lui, pendant des années, il me dit « Mais pourquoi ? Mais on peut vous aider ! » Et un jour, il m'a dit « Un jour, j'ai changé de vie. » Je lui ai dit « Vas-y bébé, dis-moi ! »

  • Dr Bourgeois

    Partage ça !

  • Antoine Lacouturière

    Partage ce truc-là, et si je vous le dis et que ça vous change la vie, mais mon Dieu, j'ai fait mon taf dans ce podcast. il dit aux gens ah bon il vous a dit de pas opérer d'accord ok et comment a-t-il proposé de résoudre le problème alors et en fait il balançait ça et les gens en face il bug et il disait il n'y a rien rien proposé. Et Frédéric disait, ok, très bien, au revoir alors. Lui, il propose quelque chose. La personne en face ne propose rien et on te dit, il faut écouter celui qui ne propose rien. Mais le patient, il te consulte pour une doléance, en fait. Il ne te consulte pas parce qu'il a vu de la lumière. Donc quand toi, tu proposes une solution, bonne ou pas bonne, peu importe, mais qui mérite d'être réfléchie pour cette doléance-là... et que quelqu'un dit « Non, ne réfléchissez même pas, n'allez même pas voir le chirurgien, juste, je ne vous propose rien, je vous annule cette réflexion potentielle » , moi, ça me rendait fou, sauf qu'en fait, ce n'est pas du tout dans ma compétence. Donc, ma compétence, c'est juste de dire « Qu'est-ce que propose d'autre ? Rien. Bon, très bien, vous réfléchirez à la maison, à ce qui vous paraît le mieux. » Ça m'a changé la vie, ce truc-là.

  • Dr Bourgeois

    Je veux bien croire que ça a changé ta vie. Puis là, je vais rebondir sur ce que tu disais un tout petit peu plus tôt par rapport à la... Allez, je vais dire au méplat-occipitoparietal, parce que plagiocephalie, du coup, c'est le diagnostic médical. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    désolé.

  • Dr Bourgeois

    Pour être bien dans les clous. Et puis, j'ai une pensée pour plusieurs des invités du podcast que je salue. On a exploré ça précédemment. Je crois qu'heureusement, pour nous, les choses évoluent. Il y a des collaborations de plus en plus nombreuses entre les pédiatres et les ostéos. Ma sœur, qui est une thérapeute que j'adore et que je salue, et puis les orthophonistes, notamment précoces. Et puis, en fait, on est une grande équipe et on commence à intégrer ça. Mais pour la plagio ou autre, quand on dit c'est pas grave, tu vois, par exemple, dans les consuls de ce matin, il y a un des petits bouts qui s'installait en W, mais très, très fort, à 4 ans et demi. Tu vois, il s'assied avec les pieds très en dehors ou en unilatéral. et des fois on voit des... des trois pattes tellement importants qui n'appréhendent l'espace qu'avec un némicor, tu vois, vraiment. Et je me dis, bah oui, on peut toujours dire c'est pas grave et on verra plus tard, mais parfois on a cette réaction-là, comme toi, de dire, mais non, c'est pas possible, en fait, non. Et le c'est pas grave, ou mais qui est-ce qui a dit ça, mais on s'en fiche, ou faut pas aller voir l'ostéo, c'est des charlatans. Du coup, le fait d'entendre ça, de me dire, qu'est-ce qu'il propose ? De renvoyer chez l'autre la responsabilité ou le fait de le retourner en question, de dire, OK, et qu'est-ce qu'il propose pour régler l'histoire ? Ah ouais, je trouve ça passionnant. Et je pense qu'il y a un certain nombre de thérapeutes qui vont se sentir soutenus là-dedans.

  • Antoine Lacouturière

    Moi, j'ai souvent dit aux gens, j'ai souvent expliqué à des gens hors consultation le travail que je fais, les pathologies et tout, mais même... des assistantes avec qui j'ai eu l'occasion de travailler qui ont découvert ces problèmes de respiration du cap ce qu'on ne l'enseigne pas pendant notre notre cursus et qui du coup sont d'y aller j'en ai parlé en famille avec des amis machin il dit ah ouais bah lucas lui respire par la bouche blablabla et des fois je regrette d'avoir parlé Je regrette parce que je me dis, les gens, ils n'ont rien demandé, en fait.

  • Dr Bourgeois

    Tu regrettes d'avoir amené une information potentiellement inconfortable, voire même douloureuse, alors qu'ils ne sont pas chercheurs demandeurs de ça ?

  • Antoine Lacouturière

    En fait, je me dis, pourquoi tu n'as pas fermé ta gueule ? Tu es un barbecue avec des copains, et puis on te dit, moi j'ai dû arrêter l'allaitement il y a une semaine parce que j'avais une mastite. Et en fait, moi, mon cerveau, on me dit que j'ai un syndrome de Batman, mais mon cerveau de... j'ai envie de vous aider va dire ah bon et alors pourquoi et si et me et truc et en fait des fois je me dis juste c'est quoi la différence entre celui qui dit même pas que il a une info là dessus et celui qui est incapable va pas incapable mais qui va avoir du mal à se réfréner pour dire je peux vous aider quoi si

  • Dr Bourgeois

    tu allais voir dans sa bouche avec une paire de gants pendant le barbecue et qu'il faut absolument faire ça tu vois je me dis c'est peut-être exagéré mais qu'est ce que c'est aussi de retenir une information qui peut-être va changer de façon significative la croissance de son massif facial, sa respiration, les nuits de ses parents, les nuits de ses frères et sœurs ?

  • Antoine Lacouturière

    Alors, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    J'exagère un peu.

  • Antoine Lacouturière

    Non, alors t'exagères plus loin, parce que les gens en feront quand même ce qu'ils en veulent, c'est-à-dire que ça ne les intéresse pas, voilà. Mais je vais te donner une info que tu n'as pas, et que tu vas dire, j'aurais préféré ne pas la voir, pourtant elle est très importante. Je l'ai appris il y a deux jours, en lisant une étude de sociaux. l'entreprise, le secteur industriel qui fait les plus gros bénéfices dans le monde, tu sais ce que c'est ?

  • Dr Bourgeois

    Alors comme ça sans réfléchir à chaud, j'imagine que c'est en lien avec la maladie, que c'est quelque chose qui, parce que les gens sont malades, mais je sais pas où tu peux en arriver, le sommeil, le sucre, l'alimentaire, la nourriture, non je sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Moi j'ai pensé que c'était les armes, mais non.

  • Dr Bourgeois

    Alors attends, laisse-moi 5 secondes, tu peux reformuler s'il te plaît ? Comme ça les auditeurs ils vont réfléchir avec nous.

  • Antoine Lacouturière

    Quel est le domaine d'activité dans la vente de quelque chose dans le monde qui est le plus rentable ?

  • Dr Bourgeois

    J'ai plein d'images qui me viennent, mais je t'écoute.

  • Antoine Lacouturière

    C'est la pharmaceutique. La pharmaceutique parce que quand tu crées une molécule, tu peux l'exploiter pendant 100 ans sans jamais changer quoi que ce soit. Tant que la maladie est là, tu peux l'exploiter avec le même processus. cesse, tant que ça marche, c'est illimité. La voiture, t'as intérêt à te réinventer, parce qu'il y a des concurrents, machin. Mais quand t'as découvert une hydroxychloroquine, quand t'as découvert le paracetamol, et que tu l'as, c'est un truc de malade. Et aujourd'hui, je trouve ça hallucinant que les gens puissent imaginer que la santé est faite autrement que comme un business par cette industrie-là. Je trouve ça fou que les gens, et moi le premier, aient la naïveté de penser que c'est envisagé comme autre chose qu'un business. Et quand tu sais ça, tu te dis merde, j'aurais préféré ne pas avoir cette info parce que ça grise un peu quand même. Tu vois, je crois que c'est Pfizer qui a un truc comme 40 milliards d'euros de bénéfices. ce qu'on...

  • Dr Bourgeois

    Et tu parles de quoi ? De par mois, par an ? Par an,

  • Antoine Lacouturière

    c'est-à-dire que... Ah ouais, Elon Musk peut-être, mais en fait, cette industrie-là, et ce n'est pas une critique, cette industrie-là qui est nécessaire parce qu'on sauve des centaines de millions de vignes probablement avec les vaccins et tout ça, juste, c'est quand même un business, c'est-à-dire que la santé des gens un par un... toi, moi, à des réflexions de ce type-là étatiques ou à des milliards d'euros, on peut faire mourir des milliers de personnes pour faire avancer tel médicament ou autre. C'est une certitude. Donc quand moi je réfléchis avec mon patient au cabinet et toi en consultation derrière moi, c'est l'équivalent de j'éteins ma lumière pour pas polluer pendant qu'en Chine on a des usines de charbon qui réouvrent. C'est un tout petit geste.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, ça me touche ce que tu dis à différents niveaux dans mon histoire, dans le quotidien. Ça me donne envie d'orienter sur le podcast sur comment faire, mais avant ce comment faire là, c'est quand t'as pris conscience de ça, toi, comment t'as vécu ça ? Le fait de se dire, cette prise de conscience, de se dire mais... Comment c'était pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je me suis dit, je le sais, ça ne va pas changer ma pratique au quotidien, parce que je ne prescris pas de médicaments au quotidien. Je soigne des gens, je soigne littéralement des gens, mais en fait, dans nos métiers, on fait de la thérapie manuelle, toi et moi. Un chirurgien dentiste, il a besoin d'enlever, d'ouvrir. Quand je prescris un médicament, c'est très, très rare. Là j'ai eu mon SNIR, qui est pour ceux qui ne connaissent pas ton relevé annuel de prescriptions, de tarifs, d'actes et tout ça. Je n'ai pas prescrit de médicaments. Sur l'année, si j'ai fait 10 prescriptions, c'est le maximum de ce que j'ai fait. En fait, je prescris de la rééducation et je soigne les gens en intervenant. J'enlève une dent qui est infectée, je nettoie une carie que je vais reboucher, etc. Mais je ne prescris pas, donc ça ne va pas changer ma vie au quotidien. Je ne vais pas me faire offrir des voyages par Sanofi parce que je ne suis pas un prescripteur, mais dans le monde des gens qui m'entourent, notamment en médecine du sommeil, l'argent, c'est une valeur hyper présente en termes de diagnostic, en termes de placement sur le marché. Je regardais à peu près le nombre de prestataires qu'il y avait sur la médecine du sommeil, c'est-à-dire ceux qui te mettent les polysomnographies, ceux qui te mettent les PPC pour dormir. Il y a des dizaines de prestataires qui se séparent. qui se partagent ce marché et qui font du démarchage auprès des pneumologues et des médecins généralistes pour leur dire « S'il vous plaît, venez, je vous offre telle place au congrès » . Ils se battent pour offrir aux médecins ça, tu vois. Et tu te dis, du coup, quand tu vas voir un médecin, est-ce qu'il est vraiment neutre dans ce qu'il va te proposer ? Est-ce qu'il va t'expliquer ? Est-ce qu'il va te laisser le choix ? Moi, il y a quelque chose de la médecine que je trouve très dur, c'est qu'on ne te parle pas des alternatives thérapeutiques et on ne te parle pas de l'abstention thérapeutique. Que va-t-il se passer si je ne me traite pas ? Que va-t-il se passer si je choisis un autre traitement ? On ne te parle pas de ça. Moi j'explique quand les gens me disent « Hé docteur, cette histoire de frein, si on ne le coupe pas, qu'est-ce qui peut se passer ? » J'explique, je leur dis « ça peut très bien aller, comme on peut voir apparaître ça, ou ça, ou peut-être plus tard ça. » Mais en tout cas les symptômes qui sont présents aujourd'hui risquent de ne pas régresser. Et je me sens très à l'aise parce que si les gens viennent se faire opérer, Je suis 100% transparent. Si les gens ne viennent pas se faire opérer, je leur ai donné de l'information. Le biais qu'on a, c'est que les gens... qui sont des opérateurs sont un peu des scalpelophiles. Ils veulent opérer parce qu'ils en obtiennent un bénéfice secondaire. Soit parce qu'ils sont convaincus, donc ça fait du bien à leur cerveau, soit parce qu'il y a de l'argent derrière, soit parce qu'il y a un réseau à entretenir de praticiens, etc. Et moi, ça me fait assez peur, ce truc-là. Tu vois, je suis allé dans des centres qui opèrent beaucoup de freins. Je suis allé voir comment ça se passait. Il n'y a pas de consultation préalable. Tu viens, on te dit il faut, on coupe, et tu repars. Imagine ça avec la circoncision. Imagine, tu prends ton enfant et tu dis je vais aller voir un chirurgien viscéral pour me poser la question de qu'est-ce que ça impliquerait la circoncision. On te dit bougez pas, attrapez-le, tenez-le, je coupe et voilà. T'imagines si tu extrapoles ça à la médecine et pourtant c'est deux freins. Le frein en bas et les freins en haut, ça reste des frénectomies, entre guillemets. Mais c'est inenvisageable dans la médecine générale, dans la médecine en général. Et pourquoi nous, on se le permet, tu vois ?

  • Dr Bourgeois

    C'est hyper intéressant comme ouverture, comme analogie, comme métaphore aussi. Je pense que ça illustre, ça impacte.

  • Antoine Lacouturière

    Peut-être que des gens vont se dire, ah oui, tiens, j'avais pas pensé ça comme ça, mais oui. Mais moi, on n'a pas beaucoup parlé d'argent, mais en fait...

  • Dr Bourgeois

    On va y aller. va y arriver.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, on en reparlera alors.

  • Dr Bourgeois

    Oui. D'accord Cédric, et du coup, par rapport à ce qu'on vient d'exprimer, si je reprends ce cas de la vie du quotidien où t'es à un barbecue et où t'as ton observation avec toute ta conscience et tout tes capteurs à toi de soignants avertis, consciencieux, qui détectent, comment tu te positionnes par rapport à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'il faut un peu tâter la température, ça va dépendre de la première phrase que tu vas dire. En fait si tu dis c'est marrant que tu as eu des mastites et que tu as arrêté ton allaitement, on a cherché trop, un peu pourquoi ou quoi je sais pas, si tu vois que c'est un peu bon et non, c'est bon allez, est-ce qu'il reste des chipolatas, je pense qu'il faut pas y aller. Si par contre c'est quelqu'un qui a envie d'en parler et que tu sens que ça a ouvert une vanne chez cette personne, tu sais que tu as passé ton barbeque loin du monde à discuter avec cette personne de pourquoi et comment. Et c'est assez dur de balancer deux, trois infos importantes sur la santé et puis de dire je te laisse avec ça, je vais me resservir du sident.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ça touche les gens. Ce qu'on pourrait peut-être faire dans le monde du business, je vends des objets et on en parle, on n'en parle plus et puis on passe à autre chose, ou là tu viens toucher quelque chose qui est différent. Je trouve que ça fait partie des vraies différences. Quand on parle de rémunération notamment, quand on parle d'investissement, de passion, le fait de donner ces conseils-là ou en tout cas ces observations à quelqu'un, ça va le toucher de manière... c'est significatif. Tu ne laisses pas les gens indifférents quand tu parles de leur état de santé.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, tu les laisses pas indifférents. Après, il y a des gens qui ne veulent pas savoir. Moi, j'ai rencontré des gens, notamment à un moment de mes études, j'ai été amené à annoncer des maladies graves. hors du côté dentaire. Il y a des gens qui ne veulent pas savoir ou qui ne comprennent pas qu'ils ne veulent pas savoir. Je doublais un médecin qui était avec moi. C'est une petite anecdote, mais il se reconnaîtra s'il l'entend, c'est sûr. J'étais aux urgences tête et cou. Donc, tu sais que dans le monde dentaire, on est quand même plutôt côté urgence tête et cou qu'urgence digestive. Et il nous est amené par les sapeurs-pompiers une jeune fille qui a fait un malaise pendant son... repas de famille avec tout le monde. J'ai jamais raconté, je pense, ce truc, mais c'était il y a quelques années. Et cette fille arrive avec son malaise et elle tombe, en fait, elle tombe dans son plat, la tête dans le plat, dans le repas. Donc les pompiers arrivent, ils la récupèrent, ils la mènent aux urgences et toute la famille est là. Donc elle a un nouveau-né qui a six mois, le compagnon, évidemment, le papa, la famille, les beaux-parents, bref. Ils sont genre douze. Ils arrivent aux urgences à 12. Donc tout le monde dit, oulala, attention, juste l'accompagner en direct, le bébé reste. Et donc mon collègue médecin dit, hop, on la pousse au scanner directement parce qu'elle est restée inconsciente. Donc elle part au scanner. Et moi je vais avec tout le monde dans le scanner, dans la pièce à côté, tu sais, où tu regardes les images et tout. Et l'image du scanner cérébral sort et tout le monde fait… Et moi je comprends rien. J'étais jeune. j'avais pas vraiment d'idée de ça, et je vois un espèce de gros blanc de tout le monde avec un petit « bon, ben voilà quoi » . Et je me retourne vers mon collègue qui s'appelle Olivier, et je me retourne vers lui et je lui dis « mais il se passe quoi là ? » . Et il me dit « tu vois toute la partie grise là ? » . Je lui dis « ouais, ben c'est une tumeur » . Et en fait, ça représentait plus de la moitié du cerveau je pense. Et là je me dis, enfin en tout cas sur cette coupe là, je me dis mais c'est pas possible qu'on découvre ce truc là maintenant. Et donc je dis à Olivier mais il faut faire quoi ? Il me dit, ben là il faut expliquer à la famille que c'est grave déjà, que c'est pas juste un malaise mais que c'est quelque chose de beaucoup plus grave. Bref, je te passe un peu les détails et on fait une espèce d'annonce. Alors moi dans un coin de la pièce et lui qui vient expliquer à la famille que c'est grave. Donc on met tout le monde dans la même pièce, tous les gens qui sont là. J'espère que personne de cette famille entend ce truc-là parce que c'est ma vision des choses. Et il dit, je voulais juste m'entretenir avec vous de l'état de santé de mademoiselle machin. Donc elle est dans le coma en fait. Voilà ce qui s'est passé. Elle a fait un malaise très grave parce qu'il y a un problème au niveau de son cerveau. Et les gens de la famille étaient dans une espèce de planète où ils rigolaient presque. Ils disaient, on peut aller la voir parce qu'au four, là, on a un chapon. Je pense que ce soir, il sera moins bon quand même. Et donc là, Olivier dit, attendez, je ne vous ai pas... Attendez. Je ne vais pas être clair, là il y a une notion de malaise grave, important, avec il va falloir voir un neurologue et tout. Et en fait la famille était dans le déni complet, mais était dans un truc que tu ne peux pas imaginer quand tu es d'un point de vue extérieur, où ça paraît tellement évident pour toi que c'est vrai ce qui se passe. Et c'était un état de sidération. Et donc il dit, non, non, mais là, bon, elle se réveille quand on va la voir et tout. Et là, donc, il se passe deux, trois phrases comme ça. Et puis Olivier finit par dire, bon, en fait, là, elle a une tumeur. Donc il balance le... le mot. Ils ne comprennent pas plus. En tout cas, dans mon souvenir, ils ne comprennent pas plus le truc. Il y a un peu plus de blanc dans la famille. Attendez, mais comment ça ? Qu'est-ce que vous voulez dire ? Elle ne va pas dormir là cette nuit quand même et tout. Et là, il s'est passé en backup des choses que moi, je n'ai pas. pas vu. Là, il y a une femme qui tape à la porte et qui vient voir Olivier et qui lui dit « Je peux te parler deux secondes ? » Donc il sort. Donc je sors avec lui et elle dit « Machine est arrivée. » Et il dit « Oula, non, mais c'est pas le moment là. » Et je lui dis « Mais c'est qui Machine ? » Il me dit « C'est l'infirmière pour le PMO, le prélèvement d'organes. » Je lui dis « Quoi ? » Il me dit, tu sais, quand il y a des gens qui sont en état de mort encéphalique, machin, et en fait, ce truc-là qui est, si des gens m'entendent et ont déjà vécu ce truc-là du côté soignant, ils se sont dit, ça ne s'est peut-être pas du tout passé comme ça, machin, mais là, ça s'est passé comme ça. probablement le radiologue ou je ne sais pas qui a appelé l'histoire du PMO qui a dit « Ah ben l'infirmière doit être pas loin, la coordinatrice, je ne sais pas quoi. » Et donc là, tu passes d'une nana qui est tombée la tête dans le chapon à « On va vous demander l'autorisation de prélever ses organes, si elle vous en a parlé, de son vivant. » T'imagines la violence du truc. J'étais dans cette putain de pièce en fait. Je m'en rappelle comme c'était hier. J'avais 23 ans, 24 ans. Je crois que j'ai perdu mon père un an après ça, tu vois. Le truc était d'une violence et je pense que ce déni des gens qui ne veulent pas savoir ou leur cerveau qui ne veut pas savoir, il est bien plus fort que tout ce que toi tu peux imaginer en tant que soignant qui essaye de dispenser juste une parole qui a trait à la santé. de quelqu'un en fait. Là c'est un truc très grave évidemment, je te prends un exemple que j'ai vécu et qui m'a marqué mais je pense qu'il y a des gens à qui tu dis « ah vous savez que ce grain de beauté il est pas top top » qui vont être dans le déni parce qu'ils ne veulent pas être malades. Je pense que c'est une réalité ça en fait et la première phrase que tu dis « il faut être capable de juger avec ton sensibilité si la personne elle est capable de ça » parce qu'elle n'a rien demandé sur le soin tu vois elle n'a pas demandé ça

  • Dr Bourgeois

    Oui, je comprends mieux. Merci pour le fait de sonder, de voir s'ils sont demandeurs ou pas pour le barbecue. Et dans les milieux, je crois qu'un bon nombre de soignants vont se reconnaître. On est quand même hyper sollicité par la famille. les copains les tu me confier tout à l'heure le nombre de messages que tu recevais pour dire qu'est ce que vous en pensez qu'il faut faire on est archi sollicité et parfois on a envie de faire du bien et c'est comment est ce que je me positionne et puis j'entends aussi l'anecdote l'histoire c'est pas une anecdote cette histoire terrible de je

  • Antoine Lacouturière

    sais pas ce qu'elle est venue cette non plus. j'imagine qu'elle est décédée mais je sais pas ce qu'est devenue sa famille et moi c'est des choses qui me courent un peu sur l'encéphale de temps en temps me disant tiens il y a eu ça c'est fou quoi ça me fait penser à Baptiste Beaulieu qui écrit sur

  • Dr Bourgeois

    des cas qu'il a pu vivre et à d'autres soignants, il y a un certain nombre qui publie je pense aussi à l'homme étoilé je connais pas c'est un infirmier dans les soins. intensifs palliatifs plutôt même qui raconte à travers des bd la fin de vie de certains de ses patients et il la rend noble parfois humoristique parfois simplement horrible en fait il raconte sa vision à travers ses yeux à lui de de cette étape-là. Et bon, il est devenu connu aujourd'hui sur les réseaux. Et puis, il a écrit, il a fait des BD. Mais je pense à ces soignants-là, parce que ce que tu viens de dire, je me demande, t'es préparé à 23 ans ? Est-ce qu'à un moment dans tes études, on te prépare à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, en tout cas, on ne me prépare pas à ça. Et tu ne t'y exposes pas si tu n'y es pas prêt non plus. Moi, je suis allé taper à la porte des urgences, en fait.

  • Dr Bourgeois

    C'est une démarche de ta part ? Oui, oui, oui. Tous les étudiants en dentaire le font pas ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, non, non. Moi, je... en fait dans le cadre d'un DU J'ai fait ce DU avec des internes en chirurgie maxillofaciale qui faisaient le même DU que moi. Et quand ils me disaient qu'ils faisaient des gardes, moi je disais, ça doit être trop cool de voir une garde comme ça. Et eux, ils étaient plus gavés de faire des gardes parce que quand on a fait plein, c'est ta routine. Et ils me disent, si tu veux, viens sur une garde. Je demande au chef du service, machin. Mais viens, c'est toujours cool d'avoir un étudiant en dentaire qui, lui, peut... Avoir une vision peut-être un peu différente. Un mec super sympa, tu vois, un interne très gentil. Et donc je vais là-bas et j'arrive dans le service comme un trou de balle. J'arrive, j'ai aucune légitimité, je comprends même pas trop comment est fichu le service. Il me dit, tu vois, le mec qui passe là-bas, c'est le chef de service, va te présenter. Donc t'imagines, t'es étudiant, t'es en quatrième année de dentaire ou cinquième, je sais plus, et tu tombes sur un mec qui est le chef du service d'urgence tête et cou. Et tu dois aller voir, bonjour monsieur, je suis un pauvre caca et en fait je suis là parce qu'il y a un interne. Et le gars, je lui dis ça, je lui dis pas que je suis un pauvre caca, mais je lui dis bonjour, je viens parce que machin. Et le mec me dit, bah écoute, enchanté, t'es ici chez toi, c'est les urgences, voilà, il y a deux, trois trucs à pas faire. Tout le reste, tu peux poser autant de questions que tu veux. On est toujours... Il me dit exactement ces mots-là. On est toujours heureux d'avoir des gens qui veulent apprendre. Je m'en rappellerai toute ma vie puisqu'il était dans mon jury de thèse, ce mec, à la fin, pour te donner une idée. Et je lui dis, je veux bien apprendre, mais je ne veux pas gêner. Et il me dit, non, mais... tu gêneras pas si jamais tu as un problème tu viens me chercher tu viens me chercher et donc j'ai fait cette soirée de garde j'ai fini à 4 heures du matin à 4 heures du matin il m'a dit tu peux rentrer chez toi là je pense il ya plus de tram et en fait j'en ai fait un nom nombre innombrable avec lui. Alors évidemment, c'est pas moi qui viens suturer des crânes, on est bien d'accord. Par contre, le fait d'être immergé dans ce truc-là, de voir, pendant que tous mes potes, eux, étaient en soirée, faisaient la fête, rentraient chez leurs parents et tout, moi j'ai passé, j'étais en couple à l'époque, je rentrais chez ma copine, qui habitait moins loin de l'hôpital que mon appartement, je rentrais chez elle, littéralement à 4-5h du matin, après une nuit, avoir bu les chocolats la chose dégueulasse que tout le monde essaye de faire de l'hôpital tu vois parce que j'ai trouvé ça passionnant et le pire de ça c'est que des collègues qui étaient avec moi en enterre qui n'ont pas du tout fait ça m'en ont voulu d'avoir fait ça pourquoi bah ils n'ont pas cru ils n'ont pas cru que c'était possible alors que pour le coup tu veux je je pense que j'ai toutes les photos de toutes les gardes que j'ai fait Et ils n'y ont pas cru et j'ai eu le sentiment que ça leur a enlevé quelque chose. Moi, je ne le disais pas, tu vois, que j'allais en garde et tout, mais forcément, tu vois plus de trucs que si tu étais resté chez toi. Donc moi, je voyais des choses sur des cas, sur des trucs comme ça et tout. et juste des gens qui l'ont su n'ont pas apprécié le fait que moi j'ai pu accéder à des trucs médicaux comme si c'était j'aime pas dire ça en fait j'aime pas raconter ça parce que j'ai toujours eu ce truc là de me dire n'en dis pas pas trop parce qu'en fait, ça va pas plaire aux gens. J'ai rien fait, on m'a pas donné diplôme, on m'a rien filé, tu vois. Genre j'ai passé toutes mes soirées, pas toutes, mais au moins une soirée par semaine, voire deux, en garde avec ce mec qui lui était juste un mec bienveillant, qui s'était dit c'est super sympa d'avoir un gars, il m'utilisait même pas, tu vois, il se disait pas tiens c'est ma petite main, il va faire ma place. Je peux rien faire, je suis rien moi. Je suis un externe qui vient... voir comment ça se passe. Donc des fois, je suivais le neurologue qui me disait « Ah bah tiens, tu veux voir ce que c'est le stroke, les urgences intensives vasculaires ? » Ouais, ok. Des fois, je suivais l'ophtalmo qui me disait « Bah tiens, on a encore une limaille de fer dans l'œil. Tiens, t'as déjà vu comment ça s'enlevait ? Bah non, bah viens voir. » Et en fait, pour moi, c'est ni plus ni moins de la culture médicale.

  • Dr Bourgeois

    Une forme de formation continue aussi en parallèle.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, sauf que j'étais pas formé à la base, donc c'était une sorte de double formation initiale. Ouais. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça passionnant. Et aujourd'hui... Je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. Je trouve que c'est génial. Ça ne me sert pas, évidemment. Ça ne me sert pas pour être dentiste, tu te doutes bien.

  • Dr Bourgeois

    La limaille de fer, non.

  • Antoine Lacouturière

    Non, non. Oui,

  • Dr Bourgeois

    vraiment.

  • Antoine Lacouturière

    Par contre, je retrouve des jeunes aujourd'hui qui me... me contactent en première année, des trucs comme ça, qui ont ce truc-là. Qui ont ce truc de dire, je m'en fous en fait de ce que ça me coûte du temps, machin. Je veux juste y aller. Je veux juste voir. Et j'en ai rencontré quand j'enseignais en prépa, tu sais, pour la fameuse, les écuries, là. Moi, j'ai enseigné les sciences humaines et sociales quand j'étais en deuxième, troisième, au tutorat, et puis après dans les prépas pour gagner des sous, quand mon père est décédé. Et j'ai rencontré des étudiants qui était facile. et passionnés par ce type de parcours qu'ils voulaient faire aussi. Et on leur a pas laissé souvent la chance d'aller en médecine. C'est des gens qui n'ont pas réussi la première année et qui sont allés faire autre chose. Parce que l'intelligence qu'on te demande en première année, c'est de la mémoire. C'est pas de l'intelligence, c'est beaucoup moins de la réflexion et de la compréhension. C'est beaucoup, beaucoup de mémoire. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment j'ai passé cette année.

  • Dr Bourgeois

    Mais tu es là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, oui. Mais bon.

  • Dr Bourgeois

    Je reviens sur ce que tu disais par rapport à ça ne me sert pas pour être dentiste. Je le perçois un peu différemment, Cédric. J'ai le sentiment, en tout cas, que le fait de... d'être capable de te mettre à la place de l'autre. C'est un des éléments de ta boîte à outils.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais il n'a rien à voir avec ce que j'ai fait là.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je précise quand je dis ça, quand tu vas voir ce qui se fait dans les autres SP, tu vois aussi différentes histoires de patients, différentes problématiques, différents gestes techniques et peut-être différents soignants pratiqués. Tu vois, là, pour le coup, je refais une parenthèse perso, mais j'ai été voir énormément de profs en école d'ostéo. très vite, je me suis dit, bon... Il y a énormément de manières de faire différentes. Je vais aller m'imprégner des profs et j'ai passé des demi-journées de stages d'observation. Je leur ai demandé de mettre les mains sur moi. J'ai vraiment fait cet effort de me dire, OK, je paye une consule, je viens te voir, je lis tes bouquins. Tu vois, je me retrouve un peu dans cette démarche d'exploration. Et même s'il y a des techniques que je n'utilise pas, le fait de les avoir reçues ou de les avoir vues ou d'avoir vu des patients les faire, Les vivres, je me dis que malgré tout, dans ta carte du territoire de l'autre, toi, tu ne l'utilises pas en vecteur principal, mais tu as cette conscience-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais je pense que tu l'as ou tu ne l'as pas dans ton cerveau à la base. Ce n'est pas le fait d'avoir passé... J'aurais pu passer trois gardes aux urgences et avoir cette conscience-là, mais j'ai décidé d'en passer 300, tu vois. et je pense que j'exagère même pas sur le nombre parce que quand tu en fais une à deux par semaine pendant quasiment quatre ans t'es pas loin de ça quoi et j'ai pas fait que des gardes complètes mais des équipes, des urgences de ces urgences que je connais du coup plus maintenant parce que c'était il y a des années mais qui à l'époque me voyait un soir sur trois, se disait ce mec est complètement marteau. Il vient gratos, il boit des cafés dégueulasses de l'hôpital.

  • Dr Bourgeois

    Et chocolat.

  • Antoine Lacouturière

    Pendant que ses copains sont tranquillement dans leur plumard ou en train de regarder des films. Il n'y avait pas Netflix à l'époque, je suis trop vieux. Mais il y avait quand même ce truc-là, tu vois. Et pour rien au monde, j'aurais été ailleurs qu'aux urgences. Parce que j'avais le sentiment, même si deux fois je me faisais chier, j'avais le sentiment qu'il n'y avait pas un meilleur endroit pour apprendre des trucs. Et en plus j'étais utile, parce que je brancardais, parce que je poussais des gens au scanner, parce que je rebranchais des paires. perf qui était vide. On me filait des missions. Je gérais des conflits à l'accueil puisque j'étais complètement extérieur. Des fois, il y a des gens qui disent « Oui, moi, je veux rentrer. » Non, c'est un accompagnant. Donc, moi, j'y allais. On me disait « Vas-y, va dire au père qu'il ne peut pas venir. » Ah, d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Je vais rajouter ça sur ma ligne de compétence. Allez dire au père « Non, vous ne pouvez pas rentrer. » Mais tu vois, je trouve ça paradoxal. Quand je te réentends dire ça, je souligne, c'est des compétences pour moi, j'ai l'impression, peut-être que je me trompe toujours, mais j'ai l'impression que c'est des compétences que tu as acquises ici.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense que c'est plus de l'expérience que des compétences, c'est comme l'humanitaire, moi j'ai fait un peu d'humanitaire et en humanitaire... tu ne gagnes pas des compétences, tu ne gagnes pas de l'XP, tu ne gagnes pas des sorts de magie que tu n'as pas dans un jeu vidéo. Par contre, j'ai exploré de la map. J'ai exploré et donc j'ai une vague idée un peu plus de l'ensemble de la map. Je pense que quand j'ai fait de l'humanitaire, notamment au Maroc, on était parti à deux dans les histoires. Je suis parti à deux avec une interne de pédiatrie à l'époque et moi j'étais tout jeune dentiste diplômé. mais on est parti à deux et on a fait une semaine là-bas. Donc elle, elle a soigné des enfants, et moi j'ai soigné de tout, des enfants, des adultes, pour les dents. En une semaine, j'ai fait 70 chirurgies, 70 extractions. En une semaine. Tu n'as pas idée, quand tu es étudiant en dentaire, tu dois en faire 10 sur l'année, tu vois, d'extraction. Et encore, peut-être que ça a baissé. J'en ai fait 70 dans la semaine. T'imagines l'expérience que tu prends. Des fois ça se passait pas bien, des fois t'arrives pas à enlever la dent, parce que t'es jeune et parce que t'as pas le bon matos et tout, mais j'ai pas de radio. Donc j'ai fait des trucs sans radio alors qu'on nous apprend à bosser avec des radios. Mais en fait les gens ils sont, ils s'en fichent en fait, ils veulent juste que tu soulages leur truc donc je disais j'essaye peut-être j'y arrive pas. Et l'infirmier marocain il traduisait et le mec il disait peut-être tu y arrives aussi hein. Donc j'ai essayé tu vois et j'ai gagné beaucoup d'expérience en faisant ça. énormément rassuré sur mes capacités manuelles parce que je me suis dit en fait tu vois je me lance pas dans des trucs que je sais pas faire des fois j'ai plein de fois j'ai dit non ou là dans de sagesse là en plein milieu du maroc du désert tu vois c'est moyen mais ça cette expérience là tu l'as parce que tu vois d'autres choses sur un certain temps donné alors que pour moi la compétence c'est aussi une connaissance que tu vas mettre en application là j'avais pas de connaissances supplémentaires j'ai expérimenté quoi.

  • Dr Bourgeois

    J'entends cette nuance et je te remercie pour cette nouvelle histoire et parce que c'est riche d'imaginer ça Je m'enverrai la vidéo Youtube,

  • Antoine Lacouturière

    on avait fait un montage

  • Dr Bourgeois

    Avec plaisir et j'anticipe je suis sûr qu'il y a des auditeurs et des autrices qui vont me dire est-ce qu'on peut la voir,

  • Antoine Lacouturière

    donc on la mettra en lien Ils peuvent pas commenter les podcasts les gens aussi Alors du coup j'en profite c'est le moment de faire un petit point

  • Dr Bourgeois

    Tu peux pas commenter Alors là, il y aura peut-être une vidéo YouTube. C'est une des premières fois qu'il va y avoir ça dans le podcast. On va tout faire pour, en tout cas. Donc, dans YouTube, je pense que tu peux commenter. Et puis, dans Apple Podcast, tu peux aussi mettre des commentaires. Donc, tu peux. Et puis après, il y a un certain nombre d'usagers qui utilisent les réseaux sociaux pour dire est-ce que je pourrais avoir ça ou en direct. Oui, tu pourrais. Oui, si, quand même.

  • Antoine Lacouturière

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est pas faux. Les semaines, il y a ça. Je reviens sur cette histoire de compétences. Est-ce que... Tu vois, j'entends savoir-connaissance. Donc, tu as dit, c'est une connaissance-savoir. Oui. Savoir-faire, la technique. Je vais m'appliquer avec mes mains. Mais il y a un savoir-être qui, pour moi, est aussi un peu entre les deux, tu vois, dans la compétence. Je reprends tes exemples. Je me permets. Le brancardier, tu vois, aux urgences, je ne savais pas. Il y a quelques semaines, moi, j'ai réagi à une de tes stories.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Sur un habillage en super héros, genre en tenue de super héros pour un enfant qui part au bloc.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Alors t'es pas le seul à le faire. Il y en a quelques uns d'autres qui le font. Mais si on pouvait faire une prise de sang de ce petit bout là, tu vois, deux groupes témoins. Je pars au bloc avec ce staff là, cet encouragement, c'était un champion. Tu vois, tu me vois venir.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je te vois venir.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est rien. Biochimiquement parlant, je suis certain que son analyse, j'ai la conviction, l'intuition, la croyance, l'espoir aussi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, on l'a prouvé ça. On a prouvé qu'on mettait moins d'anxiolithique chez les enfants qui avaient ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, et dans un podcast précédent avec les trois cafés gourmands que je salue au passage, on avait parlé des études qui montraient que la musique, ça diminuait les quantités de sédation et les quantités de médication en salle de réveil. Mais je reviens sur mon exemple. Ton petit bout qui part là, est-ce que le fait que tu aies été brancardier à un moment, t'as pu t'immerger dans les questions des parents du dernier moment ? Tu vois, regarde, replonge-toi là avec ta mémoire photographique et ton arborescence là, replonge-toi, t'es brancardier, tu viens de gérer le papa à qui t'as pu dire « Eh toi, tu rentres pas, s'il te plaît, t'as des baskets et t'es pas en costume, tu rentres pas. » Non, j'exagère, mais t'es brancardier, t'as un petit bonhomme qui part au bloc pour l'avoir vécu moi. Oui. comme un bon nombre de personnes qui nous regardent,

  • Antoine Lacouturière

    qui nous écoutent.

  • Dr Bourgeois

    Va aller au bloc. Une des dernières personnes avec qui tu discutes, c'est les êtres humains qui sont là.

  • Antoine Lacouturière

    Mais là,

  • Dr Bourgeois

    à ce moment là, qu'est ce que tu vis ? Qu'est ce que tu te dis ?

  • Antoine Lacouturière

    Je ne sais pas si le fait d'avoir été brancardier, ou en tout cas de pousser des brancards, puisque c'est un vrai métier brancardier, ce n'était pas le mien, mais d'avoir poussé des brancards, ça te change vraiment ta vision des choses par rapport au fait d'être parent. Et je pense que l'expérience d'être parent et d'avoir un enfant... quand tu deviens soignant d'enfant, elle est un milliard de fois plus violente que d'avoir été brancardier dans un service d'urgence tout pourri. Je mets une nuance. Quand j'étais aux urgences, de temps en temps... il y a des brancards qui sont sur les côtés des couloirs avec des gens dedans qui attendent, etc. C'est un peu le pire empire, mais c'était déjà comme ça à l'époque. De temps en temps, même régulièrement, je m'arrêtais à côté de la dame ou du monsieur, je leur prenais la main et je leur disais ça va. Vraiment, je m'intéressais vraiment déjà parce que je voulais savoir pourquoi ils étaient là, leur pathologie, machin. Et je leur disais tout va bien. J'étais en blanc, j'avais une blouse comme les gens des Urgents. Ça, j'en ai parlé après avec Olivier, il m'a dit ça a Ça a changé la géographie des urgences. ce truc là il m'a dit parce que tu n'avais rien à là bas tu n'avais rien à faire tu n'étais pas attendu on ne tue des personnes ne dépendait de toi un infirmier quand il aux urgences il se fait avoiner mais complet il passe sa vie à courir entre droite et gauche machin il peut pas s'arrêter dire coucou comment ça va michel c'est impossible moi je n'avais que ça à faire donc moi j'étais un espèce d'électrons libres où je m'arrêtais je papote avec madame tu vois et ça Je l'ai vu, c'est vrai, mais lui m'a dit que ça a complètement modifié le fait que les gens devenaient ou pas agressifs parce qu'ils avaient l'impression qu'on ne les considérait pas, etc. Donc en fait, un des enseignements que j'en ai ressorti, c'est pourquoi est-ce que dans les urgences on ne met pas une espèce d'engagé volontaire, un mec comme un service civique qui, habillé en blanc, donne l'illusion qu'il est un soignant comme les autres, qui vient juste s'enquérir de comment vont les gens.

  • Dr Bourgeois

    Là, il y a un truc hyper important pour moi qui fait-il, c'est Carl Rogers. Je ne sais pas si tu vois. L'écoute active, l'approche centrée sur la personne, donc la puissance de l'écoute. Je vais te laisser parler sans t'interrompre. Je ne sais plus combien c'est la moyenne en France pour être interrompu chez un soignant. Je crois qu'il y a des...

  • Antoine Lacouturière

    14 secondes.

  • Dr Bourgeois

    Ouais. Donc, pour les auditeurs et ceux qui ne connaissent pas, il faut 14 secondes. Je ne sais plus si c'est des medjets, parce que j'ai beaucoup de respect pour les medjets malgré tout et les responsabilités qu'ils ont. Mais je crois que l'étude, c'était au bout de 14 secondes. En moyenne, on est coupé. C'est-à-dire que des fois, c'est avant ça. Merci. Et là, ce que tu dis, c'est que le fait d'avoir pu les toucher avec une main, aller les voir, mettre une présence physique, leur offrir un espace pour verbaliser peut-être, ça change des choses. Alors, j'insiste un peu, mais ça, pour moi, c'est une compétence. Tu ne l'avais pas à savoir. Tu ne l'avais pas. C'est un truc que tu as.

  • Antoine Lacouturière

    Je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    Tu penses que tu l'avais en toi avant ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    C'est parce que tu es comme ça, parce que tu as peut-être intrinsèquement cette qualité d'être qui te permet de faire ça, que ça développe ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je suis convaincu que ce truc-là, je l'avais. Tu ne peux pas l'apprendre. Il y a des gens qui ont essayé de l'apprendre. J'ai des internes, des externes, à qui on a dit, il faut que tu fasses ça, il faut que tu ailles voir les gens. En fait, ils le font une fois, deux fois, puis après ils arrêtent.

  • Dr Bourgeois

    Si c'était forcé, ça marche.

  • Antoine Lacouturière

    Ça ne fait pas partie de leur logiciel. Moi, ce truc-là, je l'avais avant. Je vais aider quelqu'un qui s'est pété la gueule dans la rue, parce que je ne sais pas faire autrement. J'ai qu'un seul logiciel, c'est celui-là. Je ne peux pas laisser quelqu'un la souffrance, ça me rend... Ça ne me plaît pas. et donc il faut que j'apporte de l'aide là-dessus. Et donc, les urgences, ça a juste été un moyen d'exprimer ce truc-là en me disant, tiens, j'ai mis plusieurs mois à être capable de faire ça, à oser le faire. À ce qu'on me dise, non, non, mais tu peux parler à ce patient-là. Je dis, mais peut-être, il ne faut pas qu'il parle, tu sais, comme il doit être âgé, il ne faut pas non plus qu'il parle. non non mais tu peux, c'est pas grave, tu peux dire aux gens bonjour ça va Vous avez besoin de quelque chose ? Et des fois, j'amenais une serviette, un coussin de plus pour relever les gens. Je bougeais le brancard, tu vois ? Je relevais le dossier du brancard. Donc pareil, il faut apprendre à le faire, ça. Parce que tous les brancards sont différents, et au début, tu ne sais pas comment faire. Et tous ces petits trucs-là, lever la barrière, machin et tout, ça paraît absurde. Je me rappelle une dame qui m'avait dit, je vous en supplie, allez dire à mon mari, qui est en salle d'attente, que je ne sais plus quoi. Du coup, j'ai pris mes petits pieds, j'ai fait deux couloirs, je suis allé en salle d'attente, j'ai dit, il y a le mari de madame machin, il s'est levé, il m'a dit oui. Donc, je lui ai donné l'info, il m'a dit, merci beaucoup, elle n'a pas de téléphone, c'est une personne âgée. Et en fait, je me suis dit, tu te rends compte, cette transmission d'infos qui m'a pris littéralement 17 secondes, pour aller traverser la porte et dire ça à ce monsieur ? Aux urgences, tu n'as pas le temps de le faire. Et peut-être que les urgences ne veulent pas que tu le fasses. Ils se disent que quand tu es dans les urgences, le but n'est pas de tenir au courant la personne dehors, le but est de soigner la personne à l'intérieur.

  • Dr Bourgeois

    Mais dans ce cas-là, ils oublient, à mon avis, que l'état interne de la personne, elle dépend aussi de sa représentation, de son monde, et c'est fondamental pour le pronostic.

  • Antoine Lacouturière

    Ça, ça marcherait si on avait six personnes à soigner par jour, pas 30 passages.

  • Dr Bourgeois

    Je suis d'accord.

  • Antoine Lacouturière

    Et en fait, le système, il travaille en mode dégradé en permanence, et ça, ce n'est pas possible. Et les cabinets dentaires c'est pareil, quand tu reçois dans la même journée 6 appels pour des urgences, plus ton patient à toi qui a fait tomber la couronne, plus machin, en fait comment tu veux te dire oh stop Je suis avec mon patient, personne ne m'embête, je suis dans ma bulle, je vais bien le soigner. Tu gagnes pas mieux ta vie, tu te fais plus pourrir sur Google parce que les gens ne sont pas contents que tu n'aies pas répondu. Le système de soins, il n'est pas adapté à du soin de qualité. C'est la fameuse médecine à deux vitesses, c'est ce qui se passe aux Etats-Unis. Mais la réalité, c'est que ça se passe en France et que tu n'as pas le choix. C'est-à-dire que même quand tu payes un soin, tu te dis, moi j'ai des sous, c'est pas grave. Je me paye un super soignant. Tu ne l'as pas, en fait. Ça, c'est une réalité.

  • Dr Bourgeois

    C'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    S Tu veux nous dire quelques mots par rapport à ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je te sens... Agressif ? Non, pas du tout.

  • Antoine Lacouturière

    Touché, concerné ?

  • Dr Bourgeois

    En fait, je me sens... J'ai vécu la maladie, j'ai vécu... Chez mes deux parents, mon père en est mort et ma mère a eu un cancer. Donc j'ai vécu de la maladie, du côté soignant mais du côté patient aussi. Et en fait, j'ai été assez bouleversé par le fait que même quand tu veux t'occuper de toi-même, quand tu veux t'enquérir de ton traitement, quand tu veux mettre de l'investissement financier dedans, tout ce que tu veux, tu ne peux pas. Tu ne peux pas le faire. Et je ne dis pas qu'il faudrait qu'il y ait deux vitesses, comme ça, mais je me dis, quelqu'un qui n'est pas qui fait de la prévention, parce que se brosser les dents, tu peux les brosser quatre fois par jour et tu n'auras pas de caries, c'est parfait. Mais quelqu'un qui est malade, d'une maladie non évitable, et qui se dit, j'aimerais, j'aimerais me soigner, mais vraiment me soigner, tu vois. Il va appliquer des choses saines dans sa vie, mais l'accès aux soins qu'il a, il ne peut pas faire mieux que ce qu'on lui propose. Tu vois, quand tu te retrouves dans un hôpital qui est pas du tout à la pointe, mais qui te dit c'est comme ça et sinon il faut aller aux Etats-Unis ou en Suisse ou j'en sais rien pour se soigner, tu peux pas forcément le faire. Ton état de santé permet pas de transférer un malade, etc. Et en fait, pour moi, c'est quelque chose qui est très difficile. Pour te donner une idée, encore une anecdote à la con, mais quand j'étais dans mon ancien cabinet, je soigne des enfants sous anesthésie générale, comme tu as vu tout à l'heure, pour des polycaries, des enfants qui ont 8, 10, 15, 20, 30 caries parfois, à des petits âges, 2 ans, 3 ans, donc c'est beaucoup les habitudes alimentaires, brossage, hygiène, biberon de coca et tout ce que tu veux. Bref, je fais ça, et un jour, je reçois un patient, des Émirats Arabes Unis. qui vient me voir avec son enfant, le papa et une accompagnante qui je pense était la maman qui s'est pas présentée dans mon ancien cabinet. Il me dit on vient vous voir parce que le petit a des caries machin. Ok très bien, vous avez soigné telle personne qui tient un truc de chevaux là, un hara ou un truc je sais pas comment ça s'appelle, mais voilà qui nous a parlé de vous et nous on veut vous pour soigner le petit. Donc je lui dis ok, vous êtes en consultation avec moi donc c'est bon. Et il me dit, voilà, anesthésie générale. Donc, je programme l'anesthésie générale et je leur dis, voilà, je vous fais le devis. Je fais le devis pour anesthésie générale qui était de 600 euros. 600 euros, ça représentait l'anesthésie générale. Donc, tu mets un enfant dans le corps. coma, littéralement, tu l'intubes, tu le soignes, tu le réveilles, et tu t'en occupes avant et après. Donc je lui donne, devine, 600 euros, et je lui dis, voilà, ça sera ce qu'il faudra régler à la clinique, pour ses soins, souhaits et général. Il faut que tu te rendes compte que 600 euros, c'est même pas le prix d'une couronne, en France. pour une dent.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ça permet d'avoir un repère.

  • Dr Bourgeois

    Voilà, un implant, on est sur 1 000 euros. Avec la couronne, on est sur plutôt 2 000 euros. Une couronne toute seule, t'es à peu près à 700, 800 euros maintenant. Donc là, on parle d'un tarif qui est en dessous d'une couronne. Donc dans la tête des gens qui sont déjà allés chez le dentiste en tant qu'adulte, ils ont une vague idée des tarifs. Et donc, je lui donne ce devis et le mec me sort 600 euros en espèces et il me les donne. Je lui dis, alors non, ce n'est pas pour moi, c'est pour la clinique directement. Et le gars me dit, je ne comprends pas. Donc, je lui dis, ne me donnez pas 600 euros, gardez-les, il faudrait les donner à la clinique le jour de l'opération, vous payerez à la clinique. Et le gars me dit, attendez, ça c'est 600 euros pour la consultation aujourd'hui. et l'opération c'est combien ? Je lui dis, c'est 600 euros. Il me dit, non, l'opération, quand vous allez tout faire. Je lui dis, mais c'est ça ? Il me dit, c'est quoi ? C'est 10 000 euros ? Je lui dis, non, pas du tout. C'est 600 euros. Il me dit, ah non, attendez, on n'a pas compris. Moi, je veux que ce soit vous qui l'opérez. Je lui dis, mais c'est moi qui l'opère. Je ne parle que de moi, là. Enfin, il n'y a pas de... Je ne parle pas pour quelqu'un d'autre. Et il me dit, mais vous n'allez pas l'opérer pour 600 euros, je veux pas. Et je lui dis, mais pourquoi ? Mais c'est le tarif. Et mon ancienne assistante, qui me regardait à côté, elle me faisait un espèce de signe, genre, bah plus, alors tant pis. Et moi, j'avais déjà imprimé le devis, et je lui dis, non, non, mais moi, mon tarif, il est comme ça, en fait, c'est ça, c'est 600 euros. Et le gars n'a pas eu confiance que pour 600 euros, je prenne en charge la vie de son fils, sous anesthésie générale, sachant qu'il y a un anesthésiste, bien sûr, c'est pas moi qui le fais. Et sur le coup, je me suis dit, on ne réfléchit pas avec le même cerveau de système de santé, en fait. C'est-à-dire que lui, il est trop biaisé en se disant que c'est l'argent qui achète la bonne qualité du soin. Et moi, je ne comprends pas qu'il y a une valeur de soin qui n'est pas la même chez tout le monde. Alors, il y a plein de gens qui vont écouter ça et qui vont se dire, c'est bien, il est resté droit dans ses bottes et tout ça. Évidemment, je n'allais pas dire, c'est à géométrie variable pour vous, c'est 2000. Mais en fait, cette notion de l'argent-là en France, si demain je me dis, écoute, moi, je veux vraiment très, très, très, très, très, très bien faire mon travail et je prends deux fois moins de patients. Tu vois, j'ai une orthodontiste avec qui je travaille souvent qui prend 20 patients par jour. Donc là, s'il y a des orthodontistes qui entendent ce podcast, 20 patients par jour, c'est vraiment très rare chez l'orthodontiste. C'est plutôt 30, 40, 50, 60, voire des orthodontistes qui sont à 70, même 80 patients par jour sur plusieurs fauteuils avec des assistantes et tout.

  • Antoine Lacouturière

    Avec des consultations de 10, 15 minutes au lieu de 30, 40 du coup.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, même pas au lieu, c'est des consultations de suivi qui vont très vite. Bref. C'est pas un jugement, c'est un constat. Non, c'est un fait,

  • Antoine Lacouturière

    c'est comme ça.

  • Dr Bourgeois

    Moi, je travaille avec pas mal d'orthodontistes autour de moi en pédiatrie, et c'est la réalité. Cette ortho, elle fait 20 patients par jour. Et elle me dit, j'ai le sentiment, en faisant 20 patients par jour, que j'arrive à connaître mes patients, à leur expliquer, à savoir s'ils adhèrent au traitement, etc. C'est quelqu'un que je respecte beaucoup sur sa qualité de travail, qui est très forte, qui se forme, qui est en plus maman, enfin, tu vois, elle gère. et elle me dit je ne veux pas mieux gagner ma vie Je ne veux pas plus mal gagner ma vie. En fait, quand elle m'a dit ça, elle l'a dit, elle l'a balancé entre la poire et le dessert, tu vois. On était en formation tous les deux. Et j'ai compris ce qu'elle voulait dire. En fait, au fond, elle ne veut pas avoir plus de chiffres sur son compte et elle ne veut pas mal gagner sa vie. Elle ne veut pas la gagner au détriment d'un patient moins bien soigné. Et en fait, je crois que je suis pareil que ça. Je ne veux pas me dire que j'augmente mon nombre de patients parce que j'aurais le sentiment de faire moins bien.

  • Antoine Lacouturière

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et c'est un des sujets que j'avais envie d'aborder avec toi. En rentrant des États-Unis, je suis parti avec ces questions de rémunération.

  • Dr Bourgeois

    Oui, j'imagine.

  • Antoine Lacouturière

    Mais vraiment. Parce que c'est un vrai sujet et là, on va choquer des gens. Il y a des gens qui écoutent qui vont dire, mais c'est horrible parce que moi, j'ai vu un anesthésiste qui m'a regardé trois minutes par-dessus le bureau et qui m'a dit ouvrez la bouche, regardez, tout va bien. Et j'adore les anesthésistes et il faut des anesthésistes. Oui, il en faut. Clairement. Mais c'est la même chose avec les spécialités et qu'il y a malgré tout certains patients qui peuvent dire « L'ORL, j'ai attendu six mois, ça a duré une minute trente, il m'a dit que ça passerait, au revoir. » Et encore une fois, je le dis, on a besoin des ORL et c'est la même chose pour les ostéos. Je me mets dans le même grand panier en disant qu'il y a des ostéos qui sont incompétents, voleurs, menteurs. Bref, c'est comme tout le temps.

  • Dr Bourgeois

    Ça marche que les plombiers aussi.

  • Antoine Lacouturière

    Exactement. Donc, une fois qu'on a dit ça, maintenant, on peut parler d'argent. En rentrant des États-Unis, j'ai une anecdote à partager avec toi, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alors je peux pas parler de tout, j'ai vu la Californie un bout et puis Dallas, le Texas, mais Dallas au Texas et donc sur trois semaines je peux pas parler de tous les états et de tous les américains évidemment. Mais de ce que j'ai vu, de ce qu'on m'a raconté, de ce que j'ai pu voir et assister, le prix d'une consultation, le soignant... est rémunéré à une valeur importante. C'est-à-dire qu'il y a des prix qui varient en fonction des chirurgies, il y a des prix qui varient en fonction de la compétence, en fonction de l'âge.

  • Dr Bourgeois

    En fonction de la formation du soignant.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, parce que tu vois, pour partir d'un point de vue qui en ce moment me saoule et me questionne, tu te formes, et là je vais mettre tout le monde dans le même lot, tous les rééducateurs. Ma sœur kinésithérapeute a 16,13€ la consulte.

  • Dr Bourgeois

    J'ai lu.

  • Antoine Lacouturière

    Tes sages-femmes à gérer une maternité de nuit un dimanche soir à payer 25 centimes de plus de l'heure. Tu es orthophoniste ? Allez, je vais même mettre les ostéopathes dedans, même si on n'est pas par la sécu et qu'il y a une petite différence. Tu as des gens dans ce monde-là qui font des formations, qui lisent des bouquins, qui font des podcasts, qui partent chercher de l'info, qui vont être payés la même chose que d'autres qui ne font rien.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est parce que tu le fais pour toi, tu le fais pas pour eux. Tu le fais parce que t'as envie de donner du bon soin.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, c'est comme ça que je vis et tu vois, j'ai pas envie de vivre autrement, moi, égoïstement. Mais si tu transposes à autre chose que de la santé, est-ce que n'importe où ailleurs dans l'environnement, t'as ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que oui. Je pense que c'est pareil avec les enseignants.

  • Antoine Lacouturière

    Alors oui,

  • Dr Bourgeois

    oui. Un enseignant qui bosse ses cours tous les soirs ou un qui ne les a pas bossés depuis 20 ans, c'est pareil. Je pense qu'en fait, ça se retrouve finalement à assez fréquemment, il y a juste quand c'est toi qui décide purement de ton tarif que tu peux le changer. Et tout le monde ne le change pas.

  • Antoine Lacouturière

    Pour revenir sur la santé, on reviendra sur ce qui se fait aux États-Unis, du coup, et l'anecdote que j'aimerais te partager, mais... Tu trouves ça anormal ?

  • Dr Bourgeois

    Non, non, je trouve pas ça anormal. Pour que tu comprennes, j'ai... Enfin, pour que tu comprennes... Non, mais il y a un gars aux États-Unis qui s'appelle Zaghi. Ce gars, il publie, il est chirurgien maxillofacial, ORL et il opère des freins de langue. Il publie beaucoup en littérature scientifique, etc. Et j'ai reçu un patient, à lui, il y a quelque temps, dont le papa travaille dans une compagnie aérienne qui fait France-États-Unis beaucoup. Et donc... Il y a cette notion de peut-être qu'il va falloir couper le frein de notre grande fille qui a 10 ou 11 ans, mais on habite aussi en France. Donc ils se renseignent et ils vont voir ce gars-là dans sa clinique. Tu ne le vois même pas, tu vois des sbires à l'une. Et on lui explique que si jamais intervention du frein il doit avoir par ce gars-là, c'est 3000 dollars l'intervention. 3000 dollars. Ok. Ils se renseignent et ils disent, tiens, en France, on habite plutôt dans le sud de la France, etc. Il y a bourgeois. Donc, la mère décide de prendre rendez-vous avec moi au cabinet. Le truc se passe et moi, je la vois. Je fais ma consulte normale. J'explique la chirurgie. Ça prend 40 minutes. Et je donne mon tarif. Donc, entre 200 et 300 euros à peu près pour des chirurgies de ce type-là. On appelle ça de la chirurgie parodontale. Donc, il y a des tissus mous de la bouche. Et la mère me raconte cette histoire de 3000 dollars. Et en fait, moi, j'ai fait des formations. de ce gars-là. Et ce gars-là te dit que si tu fractures moins que ce que lui fait, tu dévalues son travail à lui. Parce que lui, il a pris un temps pour te former. Toi, t'as payé 4 à 5 000 dollars les 4 jours de formation pour te former, et tu vas faire un acte à 200 balles. Mais pourquoi tu fais ça ? La valeur de ce que tu fais, de ce que tu proposes, elle est importante, tu vois. Et pourquoi on met un acte à ce tarif-là ? Parce que la sécu nous a dit que ça valait ça. Aujourd'hui, je travaille beaucoup avec un copain Merci. qui est implantologiste, donc il fait des implants, il me dit, poser un implant pour moi, c'est dix fois plus simple, littéralement dix fois plus simple qu'enlever une dent de lait chez un enfant. Un enfant, ça chouine, ça braille, ça machin. Poser un implant sur un patient qui ouvre la bouche et qui te dit, c'est fini. Un implant, c'est un peu plus de 1000 euros. Enlever une dent de lait chez un enfant, c'est 25 euros. La dent, 5 euros celle d'après, et 3 euros celle d'encore après. Si demain, on inverse au temps passé, à la difficulté du truc, tu vas retrouver redescendre d'un plan beaucoup moins cher et tu vas remonter beaucoup plus cher l'extraction de la dent de l'œil.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est quelque chose qui me fait vraiment réfléchir en ce moment et il y a quand même beaucoup de questions chez les soignants actuellement sur la rémunération, le prix, le mal-être. Pour moi, une partie du mal-être, il vient de la pression du fait de ne pas avoir assez de moyens, de ne pas avoir assez de personnel, de ne pas avoir assez de temps, de toujours plus de patients et de moins de monde et tu augmentes la pression, c'est le sentiment que j'ai en tout cas, c'est ma lecture de ça. Tu es plutôt d'accord ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    oui.

  • Antoine Lacouturière

    Et l'autre côté, c'est aussi qu'on ne les rémunère pas, on ne les valorise pas, les soignants.

  • Dr Bourgeois

    Ah bien sûr, il faut les burn-out les soignants, parce qu'ils ne sont pas valorisés.

  • Antoine Lacouturière

    Il faut quand même le dire, c'est-à-dire que progressivement, la qualité des soins qu'on dispense, elle est aussi amenée et proposée par des patients, par des soignants qui ne sont pas forcément en grand état de santé, en grand état de forme.

  • Dr Bourgeois

    Non, ça c'est un vrai problème.

  • Antoine Lacouturière

    Tout à l'heure, je disais, je reviens sur ça, parce que c'était peut-être maladroit, mes propos pour les anesthésistes et les ORL.

  • Dr Bourgeois

    Ils ont arrêté d'écouter, désolé pour toi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, je salue ceux qui restent. Mais dans nos consultations, on le dit souvent, il y a aussi ces excès-là, malheureusement. Tu parlais de chirurgie qui avait été effectuée alors qu'il n'y avait pas besoin, que ce soit pour les freins. J'ai un très bon copain, Oftalmo, que je salue, et il me disait qu'il faisait aussi parfois des consultes après des confrères qui avaient officiellement opéré des trucs qui sont... hors recommandations, mais parce qu'il y avait un vrai gain financier. C'est horrible d'entendre ça, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Les dents de sagesse, c'est ça tous les jours. Les recommandations ont changé, on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif. On continue à opérer en France et dans le SLS à titre préventif. Parce que... Parce que c'est le gagne-pain de pas mal de gens. Quand un orthodontiste dit qu'il faut enlever les dents de sagesse parce que peut-être ça fera bouger les dents, on sait maintenant, ça a été prouvé que ça ne fait pas bouger les dents.

  • Antoine Lacouturière

    Énorme ce que tu es en train de nous partager.

  • Dr Bourgeois

    Il y a des recommandations de la Haute Autorité de Santé qui sont sorties, disant qu'on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif, ça ne peut pas déplacer les dents. A chaque fois que j'en parle à un patient, il me dit « mais pourtant, l'orthodontiste en 2024 m'a dit qu'il faut les enlever, et pourtant les recours sont de 2018 » . Mais ça, c'est vrai pour tous les domaines de la médecine, que ce soit l'ophtalmo, l'uro, le machin, tout ce que tu veux, tout ce qui génère un gain financier derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc j'entends. Donc je reviens sur ce côté un peu, on va dire... Petite proportion. Il y a des spécialistes qui exagèrent avec des dépassements et qui ne gardent pas les patients assez longtemps et qui ne font pas les bilans qu'ils devraient. C'est vrai. Il y a de la pression, il y a certaines choses. De l'autre côté, je pense aux rééducateurs qui gardent les gens qui ne sont pas assez payés. Et malgré tout, c'est quand même la grande majorité des professionnels de santé. Même chose pour les médecins. Pour moi, les médecins, j'ai à 25 euros si tu veux faire ton job correctement.

  • Dr Bourgeois

    C'est à monter, là, je crois. Ils arrivent à 30 bientôt.

  • Antoine Lacouturière

    Mais même mettant 30, pour gérer ce qu'ils gèrent, tu ne prends pas en charge les lectures de comptes rendus à distance. Non, non. C'est la pression. Bref, il y a un vrai truc qui ne va pas. On ne va pas le résoudre ce soir, toi et moi. On n'est pas ministre de la Santé. Je ne sais même pas si le ministre de la Santé peut résoudre ça. Ce qu'il ne peut pas. On va mettre nos petites graines quand même. On va semer ces graines-là pour ceux qui écoutent. Pour l'argent, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Alors, aux États-Unis, il m'a dit un truc quand je me suis formé là-bas. Oui. Ils m'ont dit c'est très simple, tu te casses la tête, mais c'est très simple, l'argent et le soin. Donc je lui dis, alors éclaire ma lanterne, je t'en supplie. Et il m'a dit, trop d'attente, pas assez cher, pas assez d'attente, trop cher. Et en fait, il a résumé comment tu peux faire varier ton délai d'attente au cabinet en fonction de tes tarifs. Ça marche en commerce. C'est-à-dire que si ton restaurant, il est toujours vide, c'est que tu es trop cher par rapport à ce que tu proposes. Si par contre, il est trop plein... plein, c'est qu'il faut monter des tarifs pour diminuer la quantité de gens qui attendent. En fait, en santé, des gens font la même chose. C'est-à-dire qu'ils disent, moi je suis plein sur 3 mois, je vais monter le prix de ma consulte, ça va trier, je serai plein que sur 2 mois, et ça va sélectionner les plus motivés. Ça s'appelle la sélection par l'argent. Le problème, c'est qu'en France, tu ne peux pas faire ça puisqu'on a une nomenclature des soins. Et donc, si, vous, oui, les ostéos, vous pouvez le faire. Un ostéo qui est très connu et qui a beaucoup d'attentes, il peut faire une consultation à 150 euros. Et il y en a qui le font. Peu ? Il y en a peu. Il y en a peu. Il y en a qui le font. Moi, j'en ai un dans ma région qui fait des consultations de 10 minutes à 140 euros. Et il continue à travailler. Donc, il a une aura... Je ne sais pas... Les gens disent que ce n'est pas bien ce qui se passe en termes de soins, etc. qu'il faut pas, c'est histoire de syndrome de quiste machin. Moi, je ne suis pas du tout ostéo. Donc moi, j'ai un avis qui est personnel dessus et on s'en fiche. Mais la réalité, c'est qu'il y a une patientèle pour ça. Il y a des gens, une clientèle si tu veux, il y a des gens qui sont prêts à payer cher parce qu'il y a une aura, parce qu'il y a ce truc-là. Et ça, je pense que si on avait la compétence dans notre métier de pouvoir changer, faire varier un petit peu ce truc-là, peut-être que des gens se diraient, va pas là-bas, c'est cher pour ce que c'est. Plutôt que de dire, va n'importe où, dès qu'il y a de la place sur sur Doctolib. Oui. Parce que je pense que ça c'est... c'est une connerie. Quelqu'un qui te dit je vais au plus tôt sur Doctolib parce que j'ai mal à une dent, vraiment, une fois sur deux, il s'est fait flinguer sa dent encore plus. C'est de l'expérience personnelle, mais le nombre de gens qui m'ont dit je suis allé au plus tôt, j'ai fait ça pour mon gamin et alors, bah alors il a mis de la pâte dessus mais il y avait déjà une nécrose. Et bah ouais, du coup ça a gonflé après, il a fallu le mettre sous un tibio, bah oui parce que le traitement c'était pas mettre de la pâte, c'était enlever la dent, mais mettre de de la pâte, c'est beaucoup plus rentable et ça prend zéro risque. Alors qu'enlever une dent, il faut faire une piqûre, c'est pas rentable et tout. Pour moi, extraire une dent de lait chez un enfant, c'est un acte qui est littéralement compliqué par rapport à ouvre la bouche, je te mets un petit bout de... de verrier au nommer. Et c'est quatre fois moins rémunérateur. Il y a un gros problème.

  • Antoine Lacouturière

    Et du coup, j'ai une question. Qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui à travailler avec des enfants, à passer du temps, à ne pas augmenter ta tarif alors que tu es un des plus formés sur ce sujet, à continuer de recevoir des stagiaires ? Qu'est-ce qui t'amène à faire ça ?

  • Dr Bourgeois

    Probablement parce que j'ai un cerveau assez limité. Non, parce que... Euh... C'est une bonne question. Je fais du soin pédiatrique parce que je pense que c'est le plus utile. Je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en pédiatrie. Et je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en prévention. C'est-à-dire, intervenir sur une respiration buccale, c'est sauver 43 000 fois par jour un enfant qui respire. Tu respires 43 000 fois par jour. Intervenir sur une fluoration, c'est sauver... des dents pour plus tard c'est pas valoriser on s'en fiche réparer une carie chez un patient qui a 74 ans j'y vois moins d'intérêt bien sûr que non il ya autant d'intérêt parce que la qualité de vie de ce patient est bien sûr importante mais moi personnellement ça touche moi j'ai le sentiment que je suis plus utile à faire ça et puis surtout je t'ai parlé de de la flûte tout à l'heure il ya un truc pour ceux qui connaissent pas en sociologie qui est la théorie de la flûte trois personnes se disent plus une flûte pour trois ans différentes il y en a un qui la veut parce que c'est lui qui l'a créé et construite avec ses mains donc lui c'est celui qui est propriétaire qui en a qui la veut parce que c'est le seul à savoir en jouer donc lui c'est l'utilitariste il y en a un troisième qui la veut parce qu'il ne possède rien d'autre et qui dit c'est Sinon... notion d'égalité, moi je mérite au moins la flûte, vous avez chacun un autre instrument. Moi j'ai l'impression de faire de la pédiatrie parce que ça me coûte moins qu'aux autres. Parce que j'arrive à en faire et que donc il faut bien que quelqu'un en fasse, c'est assez facile pour moi d'en faire. J'ai fait des formations pour un organisme de formation de dentiste qui s'appelle Learnilim, qui est très bien. Et j'ai formé en vidéo, j'ai fait avec une consoeur qui s'appelle Camille Lolland, qui est passée dans ton podcast d'ailleurs. Comment ça va ? Voilà, et que j'embrasse. Et on a fait des heures de formation vidéo pour expliquer l'odontologie péiatrique à des dentistes qui voudraient en apprendre un peu plus. C'est très bien. On avait deux patrons de cet organisme, qui étaient deux dentistes qui ont créé cet organisme. Et on a fait une petite interview avec eux. Tu vois, en mode genre, coucou, bâton rompu, alors machin. Et le premier truc de leur interview, ça a été, alors Camille, alors Cédric, alors... comment vous faites pour soigner des enfants ? Parce que moi, quand je vois dans mon planning que j'ai des chirurgies, des machins, mais qu'à 16h, il y a un gamin de 7 ans, je suis en angoisse toute la journée, parce que je me dis « Mon Dieu, il y a un enfant, il a 7 ans, dans le planning, c'est une angoisse. » Ça, ça m'est complètement imperméable, ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, ça te touche pas, quand tu veux dire « ça t'est imperméable » ?

  • Dr Bourgeois

    Non, ça m'est imperméable dans le sens, c'est l'inverse de ce que moi je pense.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu ressens pas ça, quoi.

  • Dr Bourgeois

    Moi, quand je vois un enfant dans mon planning, je me dis c'est un parmi 14 autres. Et Et en fait, si ça me coûtait beaucoup, si tu me disais maintenant, tu vas faire de la géontologie, géontologie et puis tu vas aller faire des clacos, des appareils dentaires en maison de retraite, ça me coûterait beaucoup parce que je n'y serais pas à l'aise. Probablement que j'adorerais le contact avec les personnes âgées et j'adore ça. Tu vois, quand j'ai des grands parents qui viennent, j'adore parler avec eux et tout, mais ça me coûterait beaucoup plus que faire des soins pédiatriques. Donc. je fais ce dans quoi je me sens utile et aussi plus efficace. Tu vois ? C'est une des raisons pour lesquelles je le fais. C'est pas la seule, mais c'est une des raisons pour lesquelles je le fais.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va comme réponse ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, très bien, merci. C'est une question qui est... Qui n'est pas si simple, pourquoi ?

  • Dr Bourgeois

    Quand j'ai fait mon master de socio, il y avait deux mecs, deux médecins, qui s'opposaient tout le temps. Il y en avait un qui disait « pourquoi » à chaque fois, et un qui disait « comment » à chaque fois. Et donc, c'était monsieur « pourquoi » et monsieur « comment » . Et moi, je suis assez monsieur pourquoi. Moi, j'ai besoin de comprendre tous les trucs. Et quand je suis avec quelqu'un dans la vie qui ne parle pas et qui n'exprime pas, c'est difficile pour moi. Parce que je me dis, mais qu'est-ce qu'il pense et comment on fait ? Est-ce qu'on l'aide ? Et du coup, c'est difficile pour moi d'être avec des gens, quelqu'un se reconnaîtra, qui n'arrivent pas à verbaliser les choses. J'ai une mère qui parle beaucoup. Je l'aime du fond du cœur, vraiment. C'est la personne la plus importante de ma vie, ma maman, mais elle parle énormément. Et donc, je suis habitué à ce qu'elle verbalise tout ce qu'elle dit. Tout le temps, elle fait un truc, elle en parle et tout. Et donc, quand je suis moi avec des gens qui ne verbalisent pas, il y a toujours cette possibilité de me dire mais pourquoi ? Pourquoi ils ne verbalisent pas ? Qu'est-ce qui se passe, tu vois ? et je En consulte, j'en parle. Quand je fais des formations, je parle, je réponds aux questions, etc. Je parle beaucoup pour expliquer les choses. Et donc, en pédiatrie, tu peux parler. Les enfants, ils ont envie que tu leur expliques des choses. Ils ont envie de te parler, ils ont envie que tu leur répondes. Les enfants, ils ne sont pas de mauvaise humeur. Jamais. Moi, je n'ai jamais d'enfants de mauvaise humeur. J'ai des enfants qui font des chagrins ou des caprices, mais il n'est pas de mauvaise humeur, cet enfant. Tu vois ?

  • Antoine Lacouturière

    Je vois bien.

  • Dr Bourgeois

    Tu vois, tu as un enfant, donc tu sais que quand il est de mauvaise humeur et que tu le distrais avec. avec autre chose, genre un jeton magique de la salle d'attente pour avoir un cadeau, cette mauvaise humeur disparaît. Est-ce que tu te rappelles quand tu étais enfant et que tu devais aller à Disney ou dans un parc d'attractions et qu'on te disait c'est à la fin du mois ? Tout ton mois, tu étais excité parce que tu savais que tu allais y aller. Aujourd'hui, ça n'existe plus en tant qu'adulte. Aujourd'hui, même s'il y a un truc qui t'excite à fond, ta journée va quand même t'impacter négativement, etc. Je n'arrive plus à avoir ce truc-là de ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien. et c'est Et ça me manque terriblement. Et je trouve que les enfants ont ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, tout à fait. Je me demande si c'est quelque part ici que j'ai vu une photo du petit prince ou pas. Oui,

  • Dr Bourgeois

    là.

  • Antoine Lacouturière

    Ah génial !

  • Dr Bourgeois

    Juste derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Tu vois le moment où il dit parce qu'à partir de telle heure je commencerai à t'attendre ?

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me fait penser à ce moment-là. Oui, oui.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'on s'est un peu trop éloigné des enfants. Oui. Et aujourd'hui, cette âme d'enfant qu'on est capable de garder, cette âme d'émerveillement, mais de libération de la colère aussi en fait. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    carrément.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve que c'est dommage qu'on l'ait plus. Astier il a dit je travaillerai pas avec des cons, non avec des connards, il a dit je travaillerai pas avec des connards, ben moi je travaillerai pas avec des gens trop sérieux. Tu vois j'ai un orthodontiste avec qui je travaille régulièrement, qui est un mec qui a une 5, 55 ans, et qui... qui me fait mourir de rire. Quand on va au resto ensemble, vraiment, je me pisse dessus à chaque fois tellement il me fait rire. Il est drôle, il est acide, il est percutant, il est... Tout est drôle, tu vois, à chaque fois. dis mais quel kiff à chaque fois je le vois je me dis mais qu'est ce que c'est cool de passer du temps avec lui parce que il est très bon techniquement c'est un énorme conférencier c'est un énorme orthodontiste vraiment tu lui confie ta bouche sans problème mais surtout tu passes un moment génial t'as pas un moment où tu es avec lui déjà j'ai pris l'avion avec lui il n'y a pas très longtemps je te jure on nous entendait rire dans le terminal parce que je vraiment se pisser dessus quoi et je trouve ces gens là je trouve ces gens là on va me pouvoir fantastique. Je rêverais d'avoir ce... pouvoir là de dire aux gens je vais juste éclairer votre life tu vois parce que lui je pense que c'est ça qui fait alors peut-être que ça fait chier des gens est ce qu'il emmerde des gens certains mais moi moi moi il faut que je note tous les gens dont je parle dans le podcast ça

  • Antoine Lacouturière

    va commencer à faire un paquet c'est clair Cédric, on aborde plein de sujets passionnants le podcast, j'avais imaginé une trame et en fait finalement c'est pas tout à fait ça mais je te remercie pour ces confidences ces partages plutôt j'ai envie de terminer on se rapproche de la fin du podcast mais j'ai envie de terminer avec deux petits chapitres qu'on pourra peut-être exporter en vidéo Ouais Sur une, c'est les questions que j'ai reçues, les questions en vrac.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ah bah oui.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, et puis peut-être le micro ouvert à la fin sur la partie conseils. Tu vois, on pourrait faire deux parties si ça te convient.

  • Dr Bourgeois

    Comme si j'avais des conseils à donner aux gens, quoi.

  • Antoine Lacouturière

    Comme si tu pouvais semer des graines de santé. Ceux qui veulent, ils prennent. Ceux qui ne veulent pas, ils ne prennent pas. Vous devez absolument faire ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Les recommandations, c'est ça. Et peut-être que ça et ça, ça peut changer la vie ou pas.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    T'es libre.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va ?

  • Antoine Lacouturière

    Ça me va. Ok, donc j'ouvre le chapitre questions en vrac. Merci. Et l'idée, c'est de répondre plutôt rapidement. Ça te va ?

  • Dr Bourgeois

    Ça me va.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce qui t'amène à être sensible à l'ostéo ?

  • Dr Bourgeois

    Principalement parce qu'ils apportent des réponses et une vision de choses que je n'ai pas et que je ne comprends pas. Et donc, quand je ne comprends pas et que quelqu'un comprend ou connaît, j'y suis sensible. Ok. Voilà. Donc,

  • Antoine Lacouturière

    tu fais partie de ces praticiens de santé ? Alors pluridisciplinaire, ça maintenant, c'est plus en secret pour les gens qui te connaissent.

  • Dr Bourgeois

    J'ai un pédiatre dans mon entourage qui est anti-ostéo à fond, qui dit que c'est des charlatans, etc. Je pense simplement qu'il ne s'est jamais questionné, pas méchant, mais sur ce que peut apporter l'ostéo, ou écouter un parent ou un patient qui te dit « heureusement que j'ai mon ostéo » . Je pense que c'est ça, c'est tout.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu as été sensible à ça, tu es sensible à ça.

  • Dr Bourgeois

    Je suis sensible à ça, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Tu reçois de l'ostéo de temps en temps ? Est-ce que tu reçois des soins d'ostéopathie ?

  • Dr Bourgeois

    Très rarement. Lié à ma condition physique qui fait que j'aime pas trop être touché. Physiquement, pardon. Et du coup, c'est un peu plus difficile pour moi. Mais ça ne change absolument rien au fait que j'y crois. Je pense que c'est un vrai, vrai apport. Et que ça me ferait probablement du bien, mais je suis un peu bête.

  • Antoine Lacouturière

    T'es bien entouré de plein de personnes différentes pour passer le cap à un moment. Dans la partie question, il y en a une que je trouvais pertinente, c'était les cicatrices. C'est quelqu'un qui a écouté le podcast avec le docteur Jean-Claude Guimberto, qui est une forme de confrère à toi, un chirurgien qui au départ est chirurgien de la main, et puis plasticien, et puis il a pas mal fait d'études. Je ne sais pas si tu vois sur Promenade sous la peau.

  • Dr Bourgeois

    Ça me dit quelque chose, ça, mais je ne sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle d'un réseau multifibrilaire qu'on pourrait communément appeler les fascias, mais qu'il n'aime pas appeler les fascias. Il a fait de l'endoscopie intratissulaire sur plus de 1500 opérations à Bordeaux. Il part avec un endoscope sous la peau et il regarde comment ce réseau s'organise. En fonction du mouvement, tu pourrais imaginer qu'il y a une forme de continuité.

  • Dr Bourgeois

    La structure est visible,

  • Antoine Lacouturière

    mais en fait, le tissu humain s'organise de manière fractale avec des déplacements qui sont non prévisibles et pas toujours linéaires. Et donc, on sort de la physique traditionnelle. Il fait appel à la physique quantique pour dire qu'il y a des déplacements que je ne suis pas en capacité d'expliquer aujourd'hui, mais que j'observe. Et donc, lui, il parle de l'importance des cicatrices et du fait de dire qu'une cicatrice dans le corps humain, c'est quelque chose qui est important. Oui. Tu partages ça ?

  • Dr Bourgeois

    Complètement.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc, la question de la personne qui m'a demandé ça, c'est comment est-ce qu'on fait la cicatrice sous la langue ? Est-ce que c'est important pour le docteur Bourgeois, les cicatrices sous la langue, quand il intervient ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    je suis très, très sensibilisé à la notion de cicatrisation, comment on cicatrise et ce que ça va donner plus tard, et l'impact que ça va avoir. Je soigne beaucoup, beaucoup, beaucoup ma cicatrisation sur mes patients. J'essaie de faire quelque chose de vraiment très propre, non déchiré, non déchiqueté, etc. J'essaie de toujours respecter les lignes de tension du corps, de faire des dissections entre les plans existants, etc. Et je suis très touché par les...

  • Antoine Lacouturière

    par les récits des parents qui me disent qu'ils ont subi leur enfant a subi des chirurgies du frein sont un peu sauvage sans joie la maternité au ciseau machin et moi je retrouve ces patients là qui eux ont des cicatrices épaisse cartonné qui font très souvent plus de dégâts que si on avait laissé le corps tranquille et qu'on est peut-être opéré plus tard dans des meilleures conditions avec une vraie dissection des sutures et c'est donc oui je suis très Je suis, je pense, très sensible aux cicatrices. Je ne me suis jamais posé la question comme ça, mais pour moi, ça a une vraie, vraie importance.

  • Dr Bourgeois

    OK, merci pour la réponse. D'un point de vue ostéo, je pense qu'on est plusieurs à partager ça. On donne souvent cette image-là, tu vois, de ça tire ici, j'ai des répercussions ailleurs. Elle est simple, mais si ça marche avec un tissu d'influence, c'est le tissu humain.

  • Antoine Lacouturière

    Encore plus.

  • Dr Bourgeois

    Et deuxième question, là, c'est plutôt moi qui la pose celle-ci. Quelle répercussion ça peut avoir ? pour toi, une cicatrice par exemple dans la bouche, quel lien tu fais avec le reste du corps ?

  • Antoine Lacouturière

    Tous les éléments qui sont dans la bouche vont perturber ton équilibre de deux. de ta bouche, de ta façon dont ta langue va se positionner, de tes tics, de morsures et autres. Et imaginer que la bouche évolue toute seule dans son système, c'est une bêtise. Et donc, dès que tu vas avoir quelque chose qui va se mettre en place au niveau buccal ou oculaire, d'ailleurs, tu vas avoir des répercussions au niveau de ta mâchoire, de ta nuque, de ton osseoïde, etc. Et donc, tu as des compensations imprévisibles. plus ou moins importante chez les gens. Et ça, je suis assez convaincu qu'on n'étudie pas, pas assez. Et par exemple, la cicatrice des freins de lèvres supérieurs, donc pour les freins de lèvres qu'on coupe de façon très abusive chez les bébés, qui est assez catastrophique, engendre des adhérences au niveau de l'os et du périoste qui va générer moins de mobilité de la lèvre et qui peut même générer des dents du bonheur, ce qu'on souhaite supprimer. et qu'en fait on crée avec des adhérences entre le tissu de la muqueuse gingivale et l'os qui est dessous, à cause de cette cicatrice. Et donc ces fameuses chirurgies préventives du frein de la lèvre supérieure qu'il faudrait bannir vraiment, enfin qu'il faut bannir, je pense que ça a des vraies répercussions. Et alors les freins de joues, les soi-disant freins de joues, c'est une catastrophe. On balance des coups de ciseaux, de lasers ou de scalpels dans la muqueuse des joues des bébés, sans aucune preuve de quoi que ce soit. Et on a même prouvé que ça ne servait à rien. Et c'est encore fait. Et c'est très dommageable.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. Autre question. Tu parles des recommandations, tu fais l'effort de te tenir à jour.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Dans le podcast, quelques minutes plus tôt, on vient de parler des recommandations par rapport aux dents de sagesse qui avaient évolué. La question, c'est ici, comment tu fais pour travailler avec des gens qui ne respectent pas les recommandations et qui ne se tiennent pas à jour de ça ? Quand les patients viennent te voir par exemple en disant mais moi on m'a dit ça. ça, c'est quoi ton... C'est du pratique au pratique, là c'est une soignante qui demande ça.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je pense que la plus commune qu'on a, c'est l'innexium chez les bébés, qui n'est pas recommandé et pas prescrit avant un an. C'est hors autorisation de mise sur le marché et c'est prescrit beaucoup. Et quand moi en fait je demande aux patients, je leur dis vous étiez d'accord du coup pour que l'innexium soit mis hors recommandation ? Et les parents me disent mais... De quoi vous parlez ? Donc je leur dis bah c'est hors recommandation, donc le pédiatre qui... qui vous l'a prescrit, probablement vous a dit que c'était hors recommandation, mais que pour votre enfant, il y avait des choses particulières qui le... Ah non, on ne l'a pas dit. Posez-lui la question.

  • Dr Bourgeois

    Là, ça fait écho chez moi avec le consentement. Consentement et le fait d'être éclairé.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, libre et éclairé, oui.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est une obligation légale dans le contrat de soins.

  • Antoine Lacouturière

    Le consentement libre et éclairé, ça fait partie de la loi Kouchner de 2002. Il doit être recueilli par le professionnel de santé avant les actes invasifs ou non invasifs. Donc, par exemple, un frein, etc. Un consentement libre, c'est un consentement qui n'est pas sous pression. De dire, attention, si vous ne le faites pas, il va y avoir des choses. Comme tu le sais, peut-être qu'il y a un bébé qui est décédé suite à une frénectomie. au laser. Le jugement est en cours pour la dentiste. Il n'est pas remis en question son acte chirurgical en disant qu'elle l'a mal fait. Il est remis en question six chefs d'inculpation, dont pas de consentement libre et éclairé, avec une pression d'avoir menti aux parents en disant que s'ils ne le faisaient pas, l'enfant serait moqué en classe, traité de langue de fesse, qu'il aurait des difficultés d'élocution et autres. Donc tu ne peux pas avoir un consentement libre et éclairé sur les informations médicales. J'essaye de ne pas travailler avec des gens qui ne travaillent pas avec les recommandations. Néanmoins, quand c'est le cas, je ne dis pas que c'est un méchant docteur qui travaille aux recommandations. Je dis juste que vous avez donc accepté. Et quand les gens me disent oui, oui, je dis OK. Et quand ils me disent non, non, on n'est pas au courant, je leur dis parlez-en avec lui. Alors, je ne me fais pas des copains, parce que quand les gens retournent voir leur pédiatre et qu'ils disent mais on n'était pas au courant, et le pédiatre dit oui, mais qui vous a dit ça ? Un dentiste ? Un dentiste, il n'y connaît rien du tout.

  • Dr Bourgeois

    Un dentiste pédiatrique en plus ?

  • Antoine Lacouturière

    En plus, cette réponse me va bien, je m'en fiche en fait. Moi, ce que je veux, c'est que les parents aient l'info, ils en feront ce qu'ils veulent. si dans 98% des cas, ils n'osent pas retourner voir le pédiatre. Oui, je le sais.

  • Dr Bourgeois

    Parce qu'aller défier un pédiatre, c'est quand même quelque chose de difficile.

  • Antoine Lacouturière

    Mais moi, j'ai ma confiance tranquille et je note dans mon dossier médical, on a accepté une oxyome sans information qu'aura elle-même. Et si jamais demain, on vient me chercher en expertise, puisque c'est mon boulot l'expertise, en me disant « vous avez été d'accord avec la poursuite de l'inexium » , je vais dire « non, non, celui qui l'a prescrit, ce n'est pas moi » . Et donc, on n'enlève pas le traitement prescrit par un autre médecin. Ça c'est aussi un truc assez clair en médecine, quand c'est pas vous qui prescrivez, c'est pas vous qui l'arrêtez. Sauf pour raisons graves. Mais par exemple, un médicament anticoagulant positionné par un confrère, je vais pas dire « Arrêtez-le ! » Tu vois, c'est pas du tout le truc. Donc, il le prescrit, il est responsable, s'il l'arrête, c'est sa pratique.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. L'argent, on en a quand même parlé un petit peu sur les compétences.

  • Antoine Lacouturière

    Il y avait une question sur l'argent ? plusieurs même plusieurs j'en ai pas 40, j'ai 2 ou 3 personnes qui m'ont écrit pour dire c'est quoi ces tarifs j'aimerais aller le voir et c'est peut-être des gens qui n'ont pas osé t'écrire directement ou comme je réponds pas trop sur Instagram parce que ça me prenait trop de temps il y a peut-être ça aussi je pense qu'on serait beaucoup plus à l'aise comme les parodontologistes donc ceux qui sont principalement de la gencive dans la chirurgie dentaire ils sont payés à l'heure Les parodontologistes ont payé au quart d'heure même. Il te dit voilà, moi mon quart d'heure il est à 100 euros par exemple. Donc tu veux un détertrage par un spécialiste, ils sont hors nomenclature.

  • Dr Bourgeois

    C'est quoi c'est des secteurs 2, 3 ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est pas en dentaire le secteur 2. En fait, un peu compliqué, nous en dentaire, on a une nomenclature à suivre et dans la nomenclature il y a des actes à 0 euro. à tarif libre. Le blanchiment mentaire, par exemple. Ça existe. HB, quelque chose, machin, truc. Mais c'est tarif libre. Et donc, nous, toi, tu es parodontologiste, tu fais des surfaçages, du nettoyage de gencives. Je vulgarise, désolé les paros qui écoutent, mais tu peux... je peux dire que mon surfaçage est à tant d'euros. Donc si ça c'est une heure, ça va faire tant d'euros. Si c'est un quart d'heure, on fait un quart du surfaçage. Et je pense qu'on serait tous beaucoup plus à l'aise si on était facturé au temps passé. Et qu'on fasse de la prévention ou de l'acte technique, on serait payé la même chose. Donc les gens feraient beaucoup plus de prévention, puisqu'en fait, t'as moins de risques. Bien sûr. Tu as moins de moyens engagés. Bien sûr. Et les patients t'écoutent consensueusement quand ils payent leur prévention. Oui. Moi, quand je dis à mes militaires, maintenant tu vas brosser matin, midi et soir, et que j'ai des légionnaires en face, ils me répondent, reçus mon capitaine. Parce que c'est un ordre. Alors, je ne le dis pas comme ça, mais pour eux, c'est un ordre. Alors que quand je dis à un patient, il faudrait brosser matin, midi et soir, je ne dis pas il faut, je dis il faudrait brosser matin, midi et soir, et qu'il me dit, oui, il est pas. C'est un peu quand même le gamin. En fait, il ne peut pas faire plus.

  • Dr Bourgeois

    Merci pour ça. Ce que je te propose maintenant, c'est d'aborder la dernière partie. C'est la partie bonus, un peu conseil. Citation, sans toi libre. Il n'y a pas de... Il faut absolument deux. C'est juste qu'on ouvre le micro et on partage ça.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Alors, les petits conseils que je pourrais te donner. Par rapport à la santé, déjà... Je pense que la majorité des gens qu'on soigne en France sont des gens qui ne sont pas malades. Pas malades dans le sens, pas vraiment malades. Il y a beaucoup de choses qu'on fait, qu'on s'est auto-créé comme maladie. J'ai été dans le monde militaire en Afrique subsaharienne et j'ai soigné des gens là-bas qui étaient des populations locales. C'est des gens qui sont malades, malades vraiment. Des gens qui ont perdu des organes, qui ont perdu des membres, etc. Et en les soignant, je me suis dit, ça me paraît un peu futile parfois tout ce qu'on fait en France. Le patient qui te rappelle pour te dire, oui, le composite qu'on m'avait fait, il n'est pas parfaitement poli. Et je sens un tout petit peu en passant ma langue, ça me gêne terriblement. évidemment qu'il faut le prendre en charge cette doléance de patients mais c'est juste que quand tu remets ça dans le contexte des gens qui sont vraiment beaucoup malades ça fait bizarre et donc cette dichotomie qui fait que quand tu reviens en france tu as un oeil différent puis après ça se lisse évidemment comme après l'humanitaire ou quoi je pense qu'il faut la garder de temps en temps en tête ça c'est le premier truc Le deuxième c'est que quand j'étais donc dans ces pays là aussi J'ai mon infirmier là-bas, qui était un local, qui m'a dit... tout ce qui peut se résoudre avec de l'argent n'est pas grave, tout ce qui ne peut pas se résoudre avec de l'argent est grave. Et sur le coup, je n'ai pas très bien compris. Et après, quand tu es malade ou quoi, tu te rends compte qu'en fait, quand tu dis la phrase, mais je vous donne ce que vous voulez, juste enlevez-moi ça, et que ça ne peut pas être le cas. c'est vraiment grave quand ton enfant est malade etc alors que quand finalement c'est un problème d'argent c'est pas c'est important mais c'est pas forcément très grave tu peux peut-être t'en passer de ce truc là etc tu vois donc ça ça fait partie des choses aussi qui sont des sortes de mantra où je je me rappelle de temps en temps tu vois Troisième truc, c'est encore cet infirmier qui m'avait dit, on parlait d'argent, je ne sais plus quoi, et là-bas, ils n'ont pas beaucoup de moyens. Et je lui disais qu'un plombier, le déplacement du plombier dans mon cabinet m'avait coûté plus cher juste sur le déplacement que la visite à domicile de SOS médecin qui était venu. Et en fait, il n'a pas compris ce truc-là. Il m'a dit... Il m'a dit... « Qu'est-ce qui vaut plus cher que la santé ? » Il m'a posé cette question, il m'a dit « Mais qu'est-ce qui vaut plus que la santé ? Qu'est-ce qui a plus de valeur à vos yeux que la santé ? » Et je lui ai dit « Mais rien n'a plus de valeur. » Il m'a dit « Mais alors pourquoi ça a plus de valeur d'argent que la santé ? » Autre chose. Et je me suis retrouvé un peu con. Donc il y a des gens qui vont écouter ce podcast qui vont dire « Mais la santé ne doit rien coûter. » Le problème c'est qu'elle n'est pas faite par personne. Et comme ce qui ne coûte rien ne vaut rien, bah si ça vaut rien la personne qui le fait ne vaut rien non plus plus. Et donc en faisant ça, on va avoir une santé de moins en moins bonne qualité. Et tu vois, j'ai fait un burn-out l'an dernier, assez costaud, et mon ancienne assistante, que je salue, Camille, elle a appelé, elle a pris son téléphone pendant une journée pour décaler un mois de patient. Pendant une journée, elle a pris son téléphone, elle a fait que ça. Elle a décalé un mois de patient. Elle s'est fait insulter. Insulter, j'étais à côté, par beaucoup de patients qui disaient « putain, mais c'est pas possible ! » Et donc, je lui avais dit, pour consigne, de dire que les travaux du cabinet n'étaient pas finis, et que donc elle était obligée de décaler. Et je lui avais dit « si vraiment on vous casse les pieds, vous dites que j'ai fait un burn-out et que je suis arrêté. » Et donc, elle a fini par dire à certains patients « non mais voilà, le docteur, il a fait un burn-out. » Et les gens disent « Ouais, mais moi je m'en fous, moi, et mon gamin ! » Et en fait, quand j'ai vu ça, ça m'a beaucoup marqué. Déjà, je la remercie du fond du cœur d'avoir fait ça, même si c'était son taf. Mon dieu, qu'est-ce que c'est dur Et deuxièmement, j'ai pris conscience qu'en fait, j'étais rien pour les gens. Tout le monde s'en fout, en fait. Et c'est pas quand t'as un gamin qui te fait un dessin et qui te dit merci beaucoup et tout, et t'es trop content. En fait, tu n'es rien pour les gens. Tu es du consommable aussi. C'est trop bien d'avoir des relations importantes avec les patients. Mais dans le fond de la globalité, tu es juste... C'est pas ta famille que tu soignes. C'est des gens qui sont requérants, qui veulent du soin. Et donc, des fois, ils te considèrent comme un prestataire de service. Il faut l'avoir en tête parce que si tu soignes tout le monde comme ta famille, tu vas prendre des grosses claques quand même. Donc voilà. Et pour faire court, parce que je n'ai pas envie que ça dure trois plombes non plus, je pense qu'il faut que vous vous entouriez absolument des gens que vous aimez. Entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens avec qui vous aimeriez passer un week-end ou une soirée. Vraiment, c'est indispensable. Ne travaillez pas avec des gens avec qui vous avez des faux semblants. Vraiment, on a des métiers de santé qui sont souvent libéraux, pas tout le temps, mais quand même régulièrement. Peut-être dans les gens qui nous écoutent, il y a des gens qui sont salariés, qui n'ont pas le choix. Enfin, on a toujours le choix au bout du compte, mais les libéraux, vous avez le putain de choix de choisir vos alliés. Donc entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez, même s'ils sont loin, orientés vers des gens qui ont les mêmes valeurs que vous, dans un réseau de soins. de gens que vous appréciez. C'est indispensable, je pense. Quand vous travaillez avec des gens que vous n'aimez pas, c'est la qualité de vos soins, c'est votre espace cérébral qui se réduit, c'est votre façon de voir le jour qui se lève, qui s'impacte. Les cons vont travailler avec les cons. C'est méchant de dire ça, mais mon maçon véreux, il n'était pas véreux celui-là, mais mon maçon véreux va m'envoyer un plaquiste véreux. Parce qu'ils travaillent ensemble. T'as rarement un maçon vers eux qui va t'envoyer un plaquiste incroyable qui va prendre moins cher que les autres. Par contre, les gens qui sont bien, travaillent avec des gens bien, souvent. Parce qu'ils ont les mêmes valeurs. Et parce que c'est la même chose dans votre travail, dans la santé. Donc travaillez avec des gens que vous aimez et qui travaillent de la même façon. Big up Virginie. Et surtout, surtout, je pense, faites ce qui vous fait vibrer. Parce que l'orthodontiste dont je te parlais tout à l'heure, qui est quelqu'un qui me fait beaucoup rire, il me dit, il a plein de phrases super, mais il me dit, il faut être réduit. Tu vois les sportifs de haut niveau, il faut être mais il faut durer aussi. Et bien dans le métier c'est pareil. Donc faites ce qui vous fait vibrer, vous n'aurez pas besoin de durer, vous ferez juste bien. Si tu fais un truc qui ne te fait pas vibrer, si tu es tordu, si tu as le sentiment que tu fais quelque chose qui te contraint, qui te contorsionne, que dans ton métier tu te dis « putain, j'aime pas ça » , tu vois, et qu'il faut pas le faire. Et pas « il faut pas le faire en mode, faut être bougon et machin » , il faut pas le faire parce que c'est quelque chose qui va vous coûter beaucoup plus cher que ce que ça vous rapporte. J'en suis convaincu. Même si aujourd'hui on n'a pas les moyens diagnostiques, d'IRM fonctionnels, de voir ça sur votre cerveau, je suis convaincu que les ulcères, les cancers, tous ces trucs-là qu'on se fait, et qui sont des espèces de trucs beaucoup autogénérés, qu'on avait beaucoup moins avant, et je n'ai pas une vision magnétique du monde. Je suis convaincu physiquement de ça, on le voit tous les jours sur les patients. La parodontite agressive de stress, ça existe. Perdre ses dents parce que tu as eu un choc dans ta vie, ça existe vraiment. Si tu fais quelque chose qui au quotidien te plaît, te fait vibrer, tu as beaucoup moins de risques de le subir. Donc tu peux être et durer.

  • Dr Bourgeois

    Une superbe et transition délicate après cette philosophie-là. Merci docteur Bourgeois pour ces conseils empreintes philosophiques quand même. Beaucoup dans ce que tu disais tout à l'heure de l'infirmier subsaharien. Ça me faisait penser à Socrate qui dit « Existe-t-il un bien ? Existe-t-il quelque chose de plus précieux que la santé ? » oui je crois que c'est lui enfin je suis presque le jeu c'est plus si ce vote mais voilà petit petit clin d'oeil pour pour la philosophie donc il me reste deux choses à faire te laisser le micro en deux pour le mot de la fin tu conclus comme tu as envie et puis l'avant dernière chose du coup c'est remercier ok une petite tradition dans le podcast mais pour moi c'est un moment important ce moment tu vois de reconnaissance et de gratitude quelque chose qu'on oublie parfois mais qui est aussi important donc Je te remercie pour ton accueil global, ton accueil dans ton cabinet, dans ta consulte. Ce n'est pas rien d'accueillir quelqu'un malgré tout.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Donc, merci pour cet espace dans l'âme. Je te remercie pour le travail que tu fais au quotidien avec beaucoup. Des fois, beaucoup, beaucoup d'humilité en disant mais non, c'est pas grand chose. Et quand même, de vulgarisation, de rendre accessible de l'information, tu vois, de sensibiliser les gens. Pour moi, ça me fait vraiment penser à cette petite infusion douce où ces graines consèment. J'adore cette image. Et tu as utilisé plusieurs images dans le podcast. Je ne sais pas si tu connais celle du tailleur de pierre.

  • Antoine Lacouturière

    Comme ça, non.

  • Dr Bourgeois

    Il y a trois tailleurs de pierres différents sur la rivière et puis il y a une famille qui se balade et qui va interroger le premier tailleur de pierres en disant « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » Et il dit « je suis en train de tailler des pierres, point » . Et puis un peu plus loin, il y a le deuxième tailleur de pierres et le deuxième tailleur de pierres va dire à la même famille qui demande « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » « Je suis en train de tailler des pierres pour nourrir ma famille » . Et puis, encore un peu plus loin, la famille repose la question au troisième tailleur de pierre. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de construire une cathédrale. Et j'adore cette image de... C'est la même action, mais pas avec la même vision. Et donc la dernière chose, c'est que je te remercie parce que, à travers les réseaux sociaux, il y a quand même eu ça de positif, à travers ce message que tu infuses, que tu diffuses de pluridisciplinarité, de se former, de complémentarité, On n'est pas parfait sur tout, il y a des choses qu'on ne sait pas faire, mais il y a des choses qu'on sait faire. Cette humilité, je trouve, qui te caractérise, tu vois, en ayant passé autant d'heures avec toi, je trouve que c'est quelque chose qui perspire. Et donc, moi, je vois cette troisième image de, tu es en train de construire petit à petit, en semant ces petites graines, en polissant ces pierres. Une autre manière de soigner dans un monde où ce n'est pas toujours facile et ça fait du bien de rencontrer des gens comme ça. Donc, c'est des remerciements un peu longs, mais ça me tenait à cœur. Donc, voilà, Cédric, je te remercie pour tout ça.

  • Antoine Lacouturière

    Merci. C'est adorable. Merci beaucoup à toi d'être venu jusqu'ici. C'était un plaisir de t'accueillir et de t'ouvrir les portes du cabinet, du petit cabinet à une petite échelle, mais de pouvoir faire le podcast ici. Et comme mot de la fin, je pense... que l'expérience m'a apporté le fait qu'il faut encourager et valoriser l'échec. Et vraiment, la façon dont les gens veulent apprendre, il faut pousser les gens à apprendre quand ils veulent apprendre. C'est une des choses les plus importantes, je pense. Parce qu'on a tendance à réfréner ces gens qui veulent apprendre, peu importe le domaine. Et mon mot le plus important de ma vie, soyez bienveillant. Ça ne coûte rien. Ça ne coûte strictement rien. Et ça soigne les gens. Littéralement. Donc, soyez bienveillants.

  • Speaker #2

    L'épisode touche à sa fin avec ces mots. Je vous remercie de l'avoir écouté en entier et je vous félicite, entre guillemets, pour ce temps consacré à de la formation continue, de la formation initiale, de la découverte. Pour celles et ceux qui ont envie d'aller plus loin, deux options, suivre le compte Instagram du Dr Bourgeois, at doc bourgeois, sur la pluridisciplinarité, sur son quotidien avec ses différentes casquettes. Pour les professionnels de la santé, de santé qui souhaitent se former, je vous invite à jeter un coup d'œil sur le site BC Academy. Pour les personnes qui ont envie de donner un coup de pouce pour ce podcast, qui ont envie de reconnaître le travail derrière ces épisodes, ces nombreuses heures partagées avec vous, je vous suis infiniment reconnaissant de prendre quelques instants pour déposer 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Un petit commentaire, pourquoi pas. Apple Podcasts, Spotify, ça prend quelques secondes et c'est vraiment une bonne manière de faire monter le podcast dans les référencements et aussi de saluer ce travail partagé avec ces invités d'exception, avec ces invités experts dans leur domaine. Merci par avance pour ça, je vous embrasse et je vous dis à très bientôt.

Share

Embed

You may also like

Description

Le docteur Bourgeois, chirurgien dentiste, est connu pour ses compétences dans la gestion des troubles oro-myo-fonctionnels (OMF) ainsi que par son approche préventive de santé.

Il pratique une activité pédiatrique importante nécessitant parfois des interventions sous AG et son appétence pour un travail collaboratif fait écho à un des fils rouges du podcast : la pluridisciplinarité.


Dans cet épisode nous vous proposons de prendre le temps de découvrir une partie de son parcours assez atypique puis d'explorer ensemble des sujets qui animent le quotidien d'un grand nombre de soignants et de patients !


Une conversation comme on les aime : riche, humaine et pleine de sens.


Chapitrage :

00 introduction, présentation 

11’ « La santé pour toi » ?

17’ Diplômes Universitaires, formation et construction de la "transmission"

30’ « Un soignant pour toi » ?

47’10 Poids de l’industrie pharmaceutique

1h 20' L’argent, le temps, la qualité des soins 

1h 33 Bien être et mal être des soignants. Burn Out

1h 47 Moment des questions « en vrac »

2h micro ouvert et conseils


Notions abordées dans l’épisode :

Un parcours "atypique"…

Contamination croisée

Respiration buccale

Différence entre compétence et expérience 

Les paroles de certains professionnels de santé et leurs impacts.

Recommandations HAS 

Formations


Quelques unes des questions posées : 

  • La santé pour toi ?

  • Qu’est qu’un (bon) soignant ?

  • Que faire quand quelqu'un nous dit «ce n’est pas grave, qu’on verra plus tard, qu’il faut attendre ou même que « tout ça » ça ne compte pas ?


Personnes citées dans le podcast : Alexandre Astier, Dr Camille Laulan, Dr Baptiste Beaulieu, L’homme étoilé, Dr Jean Claude Guimberteau, Dr Laurent Delsol, Dr Frédéric Dusserre


Pour suivre le Docteur Bourgeois : @doc.bourgeois

Ses formations avec la BC Academy


Retrouvons-nous sur  Instagram  Facebook LinkedIn

Si vous appréciez le podcast, je vous invite à nous laisser 5 ⭐️ Sur Apple sur Spotify

C'est gratuit, fait en quelques secondes et cela nous aide à progresser 😌

Merci d’avance pour la reconnaissance du travail.

Belle écoute à bientôt,

Antoine


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, j'exerce l'ostéopathie et la sophrologie depuis plus de dix ans maintenant et je suis ravi de vous retrouver pour la fin de cette seconde saison du podcast. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous proposer un format long avec la rencontre du docteur Cédric Bourgeois, chirurgien dentiste à Montpellier, c'est un être humain profondément passionné par son métier, qui a développé de nombreux liens, de nombreuses connexions, associations, proposant ainsi des prises en soins complètes et des collaborations enrichissantes. Il est connu sur les réseaux à travers son compte Instagram Doc Bourgeois, où il s'applique à rendre accessible de nombreuses informations d'utilité publique. Le travail pluridisciplinaire fait partie de son quotidien. A propos de santé, il intègre dans sa vision et son exercice les compétences spécifiques de chaque professionnel pour répondre le mieux possible aux demandes des patients. Ces formations au sein de la BC Academy sont une occasion de progresser dans des domaines spécifiques comme les troubles oromio-fonctionnels ou le syndrome d'apnée du sommeil avec des connaissances pointues, des informations actualisées sur les dernières recommandations, le tout dans un esprit bienveillant et collaboratif. Dans cet épisode particulier, nous abordons différents sujets. Une présentation, bien sûr, sa définition de la santé et aussi sa vision d'un bon soignant, en passant par des notions de contamination croisée, les différentes recommandations qui impactent directement nos quotidiens de soignants, de parents, les enfants, et aussi des sujets plus délicats comme l'argent, la rémunération des soignants, le poids de industrie pharmaceutique, la différence entre compétences et expériences et de nombreuses anecdotes directement issues du cabinet. Bref, un épisode qui contient de nombreuses graines et quelques pépites selon moi. J'ai particulièrement apprécié cette rencontre et ce nouveau format qui permet d'aller plus en profondeur dans l'exploration de certains sujets. et dans la découverte de notre invité du jour. J'espère que vous trouverez des choses qui serviront vos pratiques, vos réflexions, peut-être votre manière d'agir dans certaines situations, ou simplement de partager un bon moment en compagnie d'un soignant bienveillant. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Cédric.

  • Dr Bourgeois

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Je te remercie de m'accueillir ici à Montpellier avec un soleil magnifique.

  • Dr Bourgeois

    C'est souvent comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    Là ça commence bien pour toutes les personnes qui sont au-dessus de Montpellier, donc il y en a un paquet quand même.

  • Dr Bourgeois

    Le Nord donc.

  • Antoine Lacouturière

    Le Grand Nord. Depuis le Limousin c'est le Grand Nord. Donc je te remercie pour l'accueil aujourd'hui. On vient de passer quelques heures ensemble sur la partie observation de ta consultation avec plein de cas différents. On aura sûrement l'occasion d'y revenir dans le podcast. Aujourd'hui, je suis avec toi pour plusieurs raisons. Je vais te laisser te présenter, mais avant de faire ça, ce que je peux peut-être poser en introduction, c'est que tu as des particularités en tant que soignant, en tant que praticien, avec différentes casquettes. Je l'ai dit en introduction et dans ces différentes casquettes, il y en a une qui m'intéresse particulièrement, c'est ta vision de la santé, ta vision du soin, de ce que c'est un soignant. Et je crois qu'à travers ton parcours, c'est une vision qui a évolué, qui évolue. Et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai envie de te rencontrer aujourd'hui, de partager ce moment avec toi. Donc, je te laisse la parole si tu veux bien te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore à travers les réseaux sociaux, tes formations ou ton cabinet.

  • Dr Bourgeois

    Alors, c'est gentil. Je pense que les gens qui connaissent à travers les réseaux sociaux, ils ne te connaissent pas du tout. Ils ne connaissent pas les gens. du coup on a La réalité des choses, c'est que je suis juste un soignant et que j'essaye de soigner de la façon qui me paraît être celle que j'aimerais recevoir du soin. Je vais répondre à des questions que les gens n'ont pas posées parfois en me disant que j'aurais posé cette question, ce qui peut être parfois un peu bête. Mais ma vision du soin, c'est celle-là et donc je suis ce type de soignant-là, si tu peux les classer. Et je suis un peu hyper actif, j'aime bien faire pas mal de choses et donc j'aime bien m'intéresser à des sujets. Au début ça a commencé en regardant des... en cartales encyclopédie quand j'étais gamin et puis en fait j'ai poussé sur youtube et trucs comme ça et donc ça m'a plu de découvrir d'autres mondes la géologie la physique la science la sociologie etc et donc pendant mes études j'ai eu l'occasion d'aller explorer ces trucs là et donc j'ai fait des études en sociologie en parallèle de mes études de base qui étaient les études de chirurgien dentiste et puis à J'ai fait des diplômes universitaires qui sont des espèces de cordes qu'on rajoute à son arc sur des sujets assez divers et variés. Et c'était sympa. Et c'était ça qui m'a changé ma vision de soignant. Donc à chaque fois que je vais faire un DU qui n'a aucun rapport avec la dentiste OI, je change quand même ma vision de soignant du cabinet. Et c'est très bien, je pense, parce que ça tout construit.

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour cette... premières présentations, on devine, on entend, ça respire beaucoup d'humilité comme à ton habitude, en tout cas à travers ce que je connais de toi jusqu'à présent, mais est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus par rapport à tous ces DU ? Parce que en l'écoutant comme ça, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut se dire, bon, il a fait une ou deux formations. Mais en connaissant ce qui se passe derrière, il y a quand même un certain nombre. Est-ce que tu peux nous dire sans rentrer dans les détails de tous, mais pour qu'on ait un ordre de grandeur et aussi peut-être pour colorer un peu le paysage de tes différentes activités ?

  • Dr Bourgeois

    Alors, juste en préambule de ça, les gens ont l'impression que quand tu donnes ce que tu as fait, ton parcours, c'est une sorte d'auto-valorisation. Je pensais un peu ça avant, à l'époque. Et puis un jour, j'ai rencontré un professeur d'université qui n'a jamais soigné un patient, parce qu'il était chercheur, et qui avait passé 27 DU dans sa vie.

  • Antoine Lacouturière

    27 ?

  • Dr Bourgeois

    Je ne sais pas si tu imagines, 27 DU, mettons qu'un DU, ça soit à peu près un an. Tu peux en faire deux en même temps, mais c'est compliqué. Et cette personne est arrivée à 67 ans avec 27 DU. Et il n'avait jamais soigné une seule personne, alors que c'était un diplôme de médecine à la base qu'il avait, mais il faisait côté enseignement et recherche. Donc les DU, ce n'est pas du tout une idée de tu deviens meilleur soignant. Pas du tout. Je pense que les DU, c'est plutôt des choses que tu fais pour des raisons diverses et variées. Ça peut être augmenter la qualité de ta pratique sur un domaine particulier, ouvrir ton esprit. améliorer la rentabilité de ton cabinet parce que, j'en sais rien, dans médecine du sport tu préfères t'orienter vers ça parce que c'est plus rentable que la pédiatrie, vice versa. Donc il y a plein de raisons. Donc moi les DU que j'ai faits ils n'ont rien à voir, beaucoup de DU n'ont rien à voir. Et les gens qui se diraient, tiens mais il a fait ce DU mais c'est pas possible, il y en a sûrement parce que dans la vie de quotidien quand je dis que j'ai fait ce DU on me dit bah non c'est pas possible en fait. Donc, quand je parle des DU, je ne vais pas forcément parler d'une compétence, mais plutôt d'un apprentissage. Il y a plein de DU que j'ai fait que je ne mets pas en apprentissage, en fait. Parce que dans ma pratique au quotidien, je ne le fais pas. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Antoine Lacouturière

    Je comprends. Ça t'a apporté quelque chose à un moment, ça t'a permis de voir les choses différemment. Mais concrètement, dans la pratique,

  • Dr Bourgeois

    ce n'est pas quelque chose que tu utilises au quotidien. Je pense que le DU, pour moi, c'est une espèce de méga vidéo YouTube d'un vulgarisateur. Pour moi, c'est ça un DU. C'est un vulgarisateur qui va te parler de comment on fait de l'écologie en Islande, sur tout ce qui est thermo, géologie, etc. Sauf que au lieu de faire une vidéo de deux heures dessus, tu vas faire un DU ou un master là-dessus parce que ça t'intéresse vraiment. Ta pratique de dentiste, elle n'est pas impactée par ça. Ta pratique de citoyen peut-être, mais pas ta pratique dentiste. Donc moi, j'ai commencé les DU en rapport avec mon activité quand même, pendant que j'étais étudiant, puisqu'il y a quelques DU que tu peux faire pendant que tu es étudiant, et qui ne sont pas... ouverts que aux praticiens diplômés. Donc j'ai fait des DU d'anatomie chirurgicale, parce que je trouvais ça intéressant de comprendre bien le corps dans lequel on travaillait. Tout ça, ces DU, je ne les ai pas pendus de mon cerveau. On m'a orienté, on m'en a parlé. Mon mentor en chirurgie m'avait dit « Tiens, tu devrais peut-être regarder ça, tu vois. » Donc j'ai fait ce DU-là, puis après je me suis intéressé pas mal aux droits de la santé. Donc j'ai fait un DU de droit à la fac de sciences politiques, qui parlait de droits de la santé. Évidemment, je n'ai aucune compétence en droit général. Et après, j'ai fait des DU d'expertise médicale et odontologique, de dommages corporels. J'ai fait des DU de sensibilisation aux questions de défense nationale, parce que j'avais un attrait sur comment fonctionnait le... l'État, au sens large du terme, d'essayer de comprendre la différence entre la police, la gendarmerie, l'armée, etc. Après, je suis devenu militaire, comme on en avait discuté dans le monde de la réserve. Et après, j'ai fait des DU qui étaient plus orientés sur la pédiatrie, donc des DU d'odontologie pédiatrique, des DU d'anesthésie-réanimation pédiatrique. J'ai beaucoup aimé l'urgence, donc j'ai fait aussi un DU de médecine d'urgence et de... d'apprentissage de la médecine d'urgence. C'est des DU qui sont souvent faits par les médecins, pour les médecins, et donc on a quelques personnes qui sont des épiphénomènes qui vont se retrouver dans ces DU-là. Non mais c'est vrai, et donc tu peux te retrouver en dentaire, avec un DU spécifique pour dentaire, fait par une assistante dentaire, ou un prothésiste. Les gens vont dire, mais qu'est-ce qu'il fait là, celui-là, il va même pas le pratiquer. Mais non, mais il a quand même le droit d'apprendre. Il va payer sa place au DU comme tout le monde. donc quand j'ai fait le DU de médecine urgence Il y avait deux grands types de personnes. Il y avait ceux qui trouvaient ça super dans mon DU et qui disaient c'est trop cool d'avoir un dentiste parce que les urgences dentaires, autant te dire que comment on les articule dans les urgences générales, on ne comprend pas grand-chose et c'est hyper dur. Et puis tu avais une autre moitié des gens qui disaient il n'a rien à faire ici puisqu'il n'est pas un vrai médecin, il est que dentiste et donc il est hors de question qu'il fasse, je ne sais rien, une ponction lombaire aux urgences. Et donc je leur ai dit mais c'est pas du tout mon objectif, je veux pas faire une fonction lobaire, j'ai pas envie de faire ça, je ne sais pas faire, je ne veux pas savoir faire ça, je veux juste comprendre comment marche le monde des urgences. Et j'ai été soumis comme tout le monde à l'examen du DU, au stage du DU, etc. Et j'ai fait mes stages, j'ai fait mon examen et j'ai réussi, j'ai eu mon DU comme tout le monde et donc voilà. Et dans mon DU on était 40 étudiants et je crois que quasiment une dizaine de personnes n'ont pas eu. Soit parce qu'ils ne sont pas venus aux exams, soit parce qu'ils ont raté l'exam. Et je ne me suis pas trouvé plus valeureux que les autres si moi j'ai réussi et les autres n'ont pas réussi. J'en avais discuté à l'époque, je te dis ça parce que ça a soulevé beaucoup de questions de mes collègues quand j'ai fait ce DU, qui n'a aucune valeur dans ma pratique actuelle, tu as bien compris. Mais j'ai appliqué un protocole qu'on m'a donné dans le DU, le médecine d'urgence. On m'a dit pour sauver une vie, il faut mettre tac, tac, tac comme protocole. J'ai dit. Ok, je suis bête et méchant, je vais faire ça. Et en fait, le jour de l'examen, on a eu un choc anaphylactique sur une piqûre de guêpe. et moi j'ai appliqué ce qu'on m'avait dit. Et des gens ont cherché... l'origine, etc. On fait une démarche diagnostique de médecin. Et le chef du DU, il a dit « Mais moi, c'est pas ça que je veux. Je veux pas que vous soyez des super médecins qui diagnostiquent les patients. Je veux que vous soyez des gens qui agissent en urgence pour maintenir la vie du patient pendant les quelques minutes où on attend le vrai médecin urgentiste du SAMU. Vous êtes peut-être gériatre dans un EHPAD, vous êtes peut-être médecin généraliste dans le limousin et vous avez pas de SAMU de suite à... » Et donc, il a dit « Moi, mon intérêt de ce DU, c'est que vous soyez capables... » de faire les premiers soins d'urgence. Et donc moi, j'ai appliqué ce qu'on m'a demandé. Et il m'a dit, donc, tu as eu la moyenne, il n'y a pas de souci. Mais certaines personnes sont allées trop loin, et ont dit, moi, je pense qu'il faudrait faire ça. Et donc, ça a été une des raisons pour lesquelles certaines personnes ont échoué à l'examen. Et donc moi, je ne suis pas plus fort, je suis plus con. Parce que justement, je n'avais pas cette connaissance médicale qui va me permettre de chercher si le patient n'est pas en acidose, etc. Donc c'est particulier, tu vois, comme truc, c'est moins t'es bon et plus t'as un DU, t'es méchant, dans lequel on te fait appliquer quelque chose.

  • Antoine Lacouturière

    Et on entend aussi la prise de recul que tu as, à la fois le côté statistique de dire, bon ben voilà, il y en a 10 qui ne l'ont pas eu, on était 40. L'analyse de dire, mais il y a une raison aussi, parce qu'ils avaient plus d'informations que moi, et toujours cette pondération. À nouveau, ça fait écho avec ce côté prise de recul, prise de distance sur les faits une nouvelle fois. il y a plusieurs questions. En fait, j'ai fait une petite carte mentale, un petit mind map comme ça que je prépare les invitations et puis les enregistrements. Et avec toi, il y a le côté praticien, il y a le côté militaire, il y a le côté enseignant. Je me suis dit chercheur pendant l'interrogation, mais on en reparlera peut-être. Je n'ai pas trouvé chercheur au sens pur comme on pourrait l'entendre, mais malgré tout. Côté expert, le côté légiste. Et puis, il y a ce master en sociologie. Et finalement, je me disais comment est-ce qu'on va commencer le podcast ? Je ne sais pas trop. Du coup, j'ai envie de te poser une question avec ton parcours, avec ta particularité, cette succession de diplômes, d'apprentissage à la fac comme le reste des dentistes et la partie, je vais dire, traditionnelle,

  • Dr Bourgeois

    entre guillemets. Bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, la santé, docteur Bourgeois, Cédric, qu'est-ce que c'est pour toi ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que ce qui... le plus la santé, le mot-clé, je pense que c'est le patient. Pour moi, la santé, c'est la personne que tu prends en charge. Et dans ce que tu décris, de ce que j'ai fait comme parcours, Quand je t'écoute, j'ai des petits flashs mentaux de ce que j'ai fait. Pour moi, je suis un cancre. Il faut te dire que j'ai échoué à l'école. J'ai détesté l'école et l'école m'a détesté. Je suis dyslexique. J'ai fait de l'orthophonie de mes 6 ans et demi à mes 14 ans. Mon orthophoniste, c'est devenu ma marraine dans la vie, tellement elle a pris de la place quand tu y vas toutes les semaines. Donc, je n'ai pas du tout aimé la scolarité. J'ai détesté la façon dont on nous a imposé d'apprendre. On ne m'a jamais valorisé l'échec alors qu'on aurait pu, vu le nombre d'échecs. Et tu vois, j'ai fait des dictées qui étaient notées en négatif. Donc, j'avais des profs, quand j'étais en quatrième, en troisième, qui disaient, Mélanie, 7 sur 10, Cédric, moins 28, bravo. donc le mec t'expliquer à quel point t'étais mauvais devant toute la classe. Et j'en veux un peu, maintenant j'en veux plus, mais j'en voulais un peu à ce prof de se dire, mais pourquoi t'as besoin de le dire à voix haute, que je suis si mauvais ? Et les gens, c'est marrant, parce que quand je dis que j'étais mauvais à l'école et qu'après je suis allé en médecine, en première année, quoi. Les gens me disent « Ah mais là, tu t'es rendu compte qu'il fallait bosser ? » Non mais en fait, vous n'avez pas compris, moi je travaillais déjà 10 heures par jour quand j'étais au collège et au lycée. Ma mère m'imposait des cours particuliers le soir jusqu'à 21h30 parce que je n'étais pas assez bon pour comprendre ce qu'on me demandait de comprendre, tu vois. Donc je suis très mauvais. J'ai raté mon brevet, j'ai raté mon bac, je suis allé au rattrapage du bac. J'ai raté ma première année de médecine. Bref. C'est une cata. Et en fait, quand tu me parles de ce que tu me dis sur ta carte mentale, il y a un truc que j'ai adoré. Vraiment, un truc que j'ai adoré. C'est la sociologie. J'ai fait un master 1, un master 2 en socio. Et mon master 2, c'était une année dédiée à ça. Pendant un an, j'ai mis en pause un peu tout le reste. J'ai fait 2-3 remplats à droite à gauche. Mais pendant un an, je me suis retrouvé, enfin pendant 10 mois, avec des collègues de master. Et on venait en cours. On était 14, c'est une petite promo tu vois, on était 14, il y avait du médecin généraliste, il y avait du psychiatre, il y avait sage-femme, kiné, un dentiste donc, et j'oublie probablement des gens, des internes, et cette année-là ça a été mon... année la plus heureuse de tout ce que j'ai pu faire en termes de scolarité parce que pendant un an on a eu que de la vision partagée et non notée de notre exercice nos apprentissages ce soit de la philo la socio les sciences humaines les biais cognitifs tout ça en fait pendant un an on l'a étudié ensemble et pas on nous l'a imposé et cette cette vision je remercie d'ailleurs d'ailleurs énormément l'enseignant qui a créé ce master et qui est à Montpellier. Et cette vision des choses-là, c'est vraiment ce qui m'a le plus plu des bancs de la fac. Tout compris.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce que c'est qu'il t'a... Déjà, merci pour le témoignage, pour le partage, pour l'histoire. Ça fait aussi sens quand on voit ta pratique, ton quotidien, quand on voit les personnes avec lesquelles tu collabores aujourd'hui, les formations que tu mets en place. Je trouve que de connaître l'histoire, que je ne connaissais pas, je trouve ça...

  • Dr Bourgeois

    Personne ne connaît, je pense.

  • Antoine Lacouturière

    je trouve ça encore plus... Ça fait des liens. Je trouve que ça donne du sens. Et puis, c'est aussi une forme de... C'est précieux d'avoir un professionnel de santé qui témoigne d'une partie de son histoire pour dire « ça n'a pas toujours été tout beau, tout rose, tout facile et on peut transformer ça aussi. » Je trouve que ça donne une autre dimension de compréhension. C'est ce que je ressens en tout cas. Je pense que d'autres auditeurs, d'autres auditrices le capteront. Pour ton master, je te sens animé quand tu en parles. Tu n'as pas les mêmes yeux, le même regard sur le fait de te replonger dans ce moment-là. Qu'est-ce que c'est qui t'a touché ? C'est les sujets que vous abordiez ? C'est le fait que vous soyez différents, pluridisciplinaires ? C'est le fait d'avoir du temps pour toi ? Qu'est-ce que c'était ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que les sujets abordés étaient fascinants. Donc ça, c'était déjà incroyable de parler de sujets qui te plaisaient à l'école, à l'école au sens large. Les relations qu'on avait entre les gens de Master, qui n'étaient pas forcément toujours fantastiques, les gens ne sont pas tous...

  • Antoine Lacouturière

    que c'est pas merveilleux dans le meilleur des mondes.

  • Dr Bourgeois

    tu ne passes pas ton temps avec des gens forcément tous fantastiques mais la synergie du groupe en fait c'était une énorme colo, c'était une sorte d'auberge espagnole énorme et tout le monde avait son rôle tout le monde avait sa place tu avais toujours à apprendre de quelqu'un on avait un interne qui avait eu un boulot avant et qui était interne en psychiatrie il s'appelle Emmanuel et ce gars il avait une sagesse Merci. Si je lui posais la question maintenant, il me dirait « Oh, t'es con, pas du tout » . Et en fait, si, il avait une sagesse de malade. Et tous les sujets sur lesquels tu pouvais t'enflammer un peu, lui, il allait te dire « Attends, mais peut-être que lui dit ça parce qu'il a eu ça » . « Ah ouais, ah ouais, j'avais pas vu moi ça » . Et j'ai fait ce master il y a quelques années maintenant, c'était en 2017, je pense. Et avec la sagesse de... avec la vieillesse plutôt, on va dire ça honnêtement. Avec la vieillesse, tu prends... aussi du recul sur des choses qui te faisaient bouillir avant ou quoi. Ou là, tu te dis, maintenant, je l'ai vécu. Donc voilà, maintenant, je comprends mieux ces trucs-là. Et donc, je pense que dans le master, ce qui était génial, c'était la vision partagée de tout le monde qui venait ensemble réfléchir sur un sujet. La kiné ne disait pas la même chose que la sage-femme, etc. Et on avait des profs qui étaient bienveillants et qui, justement, laissaient le partage de ça. On allait boire un coup quasiment tous les soirs. peut-être pas tous les soirs, mais très souvent après le master, pour débriefer de la journée. À quel moment tu fais ça ? Dans quelles études ? Il n'y a quand même pas beaucoup d'études où, avec ta promo, tu te retrouves le soir pour rééchanger sur ce qu'il s'est passé la journée. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    clairement. Et puis, des profs bienveillants qui permettent ce climat, cette petite alchimie au sein d'un groupe, ça demande une compétence particulière aussi, quand même.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'un... Un prof bienveillant, c'est un prof qui ne se sent pas en danger. Et moi, j'ai eu des profs dans mes différents trucs qui se sentaient en danger, qu'on leur enlève quelque chose, qu'on les juge, qu'on leur prenne leur travail, qu'on dise du mal d'eux à d'autres profs. J'en sais rien, je ne sais pas. Mais le fait est que ce n'étaient pas des profs qui étaient très bienveillants. On en a tous connu, je pense. Tu vois, ma prof de maths, elle me disait que j'étais un gros nul et que j'aurais 4 au bac parce que j'avais 4 en terminale. Bon, j'ai eu 4 au bac. mais C'était Nostradamus en fait, elle savait tout. Mais c'est dur de dire, c'est un élève de terminale qui galère de dire « t'as son, t'es nul, t'auras 4 au bac » . Et elle m'a probablement fait une espèce de prophétie où j'ai eu 4 au bac du coup. Alors la bonne nouvelle, c'est que je suis allé au repêche du bac en maths et j'ai re-eu 4. Ce qui est quand même assez fascinant de te dire que j'ai pas réussi à dépasser 4, quoi qu'il arrive quoi. Ni pendant l'année, ni au bac, ni au repêche.

  • Antoine Lacouturière

    Et puis tu vois, ça me fait réagir qu'un prof, un enseignant, quelqu'un qui transmette, il n'est pas conscient de l'impact des mots sur un adulte en construction. Le fait de programmer ça, je trouve que ça fait écho à ce que tu viens de dire pour moi avec le fait qu'ils se sentent sous pression. Mes parents étaient enseignants et donc il y a ce côté un peu sensibilisé. Pour une partie de l'auditoire qu'on a, il y a des gens qui sont vraiment dans le milieu de la santé ou autour. Et donc, il y a les fameux patients MGUN, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, oui,

  • Dr Bourgeois

    tu vois. Ma mère était MGUN.

  • Antoine Lacouturière

    OK, bon, ben voilà, comme ça, ça fait un point commun.

  • Dr Bourgeois

    Bisous, maman, je t'aime.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, et moi aussi, très fort. Mais du coup, pour la partie, on va dire passionnée, parce que souvent, les enseignants, c'est aussi des gens passionnés. Eh ben, je trouve ça intéressant d'avoir mis la notion de pression, des conditions, tu vois, qui peuvent aussi les mettre dans une pression, soit parce qu'il y a Peut-être des qualités intrinsèques et de l'ego qui fait que du pouvoir ou de l'argent ou de la reconnaissance. Mais aussi cette notion de pression, quand tu l'as formulée, je me suis dit, tiens, c'est marrant. Ça veut dire que les enseignants, à ce moment-là, ils se sentaient aussi dans un climat qui permettait de délivrer ça.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je pense que, en tout cas, la fac, qui est un petit milieu de façon globale, ce n'est pas un truc énorme, nos facs en tout cas, génèrent des milieux... de jalousie un peu entre les enseignants. Maintenant, je suis passé du côté enseignant. Donc, je vois un peu le monde des profs plus que des élèves, même si je suis un tout bébé, dans le sens en jeunesse par rapport à des professeurs, et en volume. C'est-à-dire, moi, je ne fais rien à la fac. Je fais une petite journée par semaine. Et ce milieu-là, il est difficile pour la publication scientifique, pour la recherche. pour le nombre d'heures de cours, etc. Ce n'est pas un milieu qui est très bienveillant. La fameuse salle des profs qui est un truc fantastique où tout le monde se tape sur l'épaule en disant « Ah bravo, ton cours était super ! » Ce n'est pas vrai. Ma mère, elle était dans l'enseignement pendant 35 ans. Elle était du mauvais côté. Elle était intendante comptable gestionnaire. Donc, elle allait dans la salle des profs, mais pas en tant que prof. Donc, elle avait ce côté où elle pouvait passer partout. Parce qu'elle avait... là, c'était celle qui gérait le lycée et le collège, mais elle n'était pas enseignante. Et donc elle a vu des profs géniaux, qu'elle m'a dit après, tu te rappelles monsieur Garcia, tu vois, il n'écoutera jamais le podcast, mais franchement Dimitri Garcia, si vous écoutez le podcast, merci. Elle me dit, tu vois, il était jeune, bon il était vieux, mais en fait il devait avoir 25 ans à l'époque. Nous, on en avait 15 et ce gars-là nous a absolument passionnés. Et pourtant, il vivait dans le même milieu d'enseignement parfois toxique que le prof qui lui nous rabrouait. Et je me dis, mais la force mentale pour sortir la tête de ce monde un peu crado, de te dire, moi, mes élèves, j'ai envie qu'ils apprennent un truc. Et c'est même pas j'ai envie qu'ils m'aiment, parce que tu t'en fiches de ça. C'est bien si tes élèves t'aiment, mais en fait quand tu veux transmettre quelque chose, tu veux pas le transmettre par le fait qu'ils t'aiment, tu veux le transmettre par la pédagogie du truc. Et ça c'est incroyable. Et pour moi on confond un truc énorme en France, on confond la compétence et la pédagogie. Quelqu'un qui a des très bonnes notes peut être un très mauvais enseignant, et moi j'ai une prof de maths particulière à la maison qui était ultra bonne en maths, mais qui était une pédagogue horrible. horrible. Et donc, je ne comprenais strictement rien. Et plus t'es surdoué, je pense, et moins t'es pédagogue. Moi, plus j'en ai chié pour apprendre un truc, et plus j'étais capable de l'expliquer aux gens en disant on va repartir du tout tout tout début. Alors que quand pour toi c'est évident cette ère sous courbe de l'intégrale, c'est très dur à expliquer.

  • Antoine Lacouturière

    Oui. Te mettre à la place de l'autre parce que toi tu l'as vécu, parce que tu l'as éprouvé dans tes cellules à toi et que t'as galéré et que t'as trouvé la solution, ça facilite peut-être le fait de te mettre à la hauteur de l'autre.

  • Dr Bourgeois

    Oui. tu vois le tir, le tir au fusil, enfin le tir, il y a un peu de ça. Il y a des mecs qui sont très doués au tir de base. Donc, ils prennent une arme, tu leur dis, il faut faire comme ci, comme ça, ils tirent et ça rentre dedans. Et puis, il y a des gens qui sont plutôt mauvais. Et ces gens qui sont plutôt mauvais, moi, c'est eux qui m'ont le plus appris au tir. Parce qu'en fait, ils te disent, ah, tu vois les erreurs que t'as fait ? Ben, je l'ai fait aussi. Alors, je l'ai résolu comme ça. Et celle-là, ben, je l'ai fait aussi. Et donc, je l'ai résolu comme ça. alors que le mec qui tire bien va te dire je ne sais pas trop comment te dire tu prends l'arme, tu tires et puis ça et donc Moi j'ai beaucoup appris des gens qui ont galéré et j'essaye d'apprendre aux gens parce que j'ai galéré et on en a parlé un peu avant mais je suis assez fasciné par les sociétés qui valorisent l'échec parce qu'en fait tu apprends que avec l'échec tu n'apprends jamais en réussissant tu apprends te plantant et en faisant différemment et donc il y avait un mec qui avait dit ça qui avait dit moi mon autre père nous a valorisé l'échec à fond à chaque fois qu'on se plantait, on rentrait à la maison en disant j'ai eu 6, il disait bah c'est bien c'est très bien d'avoir eu 6, on va essayer de comprendre pourquoi, et quand t'arrivais en disant j'ai eu 17 il te disait c'est pas fou d'avoir eu 17 parce que attention tu peux descendre c'est exagéré mais en fait la valorisation de l'échec, je rêverais que l'éducation en France passe par ça, c'est à dire tu te plantes et il faut un suivi évidemment pour se dire que tu fais de mieux en mieux,

  • Antoine Lacouturière

    mais ça serait génial ouais ça me parle beaucoup ce que tu dis, je fais une toute petite parenthèse perso parce que dans le podcast je le fais pas souvent l'idée c'est de mettre en avant les invités mais ça résonne vraiment fort je rentre des états unis où j'ai passé trois semaines pour interviewer principalement pour rencontrer des soignants avec des questions qui m'anime et dont certaines sont là prêtes à être posée pour juste après et je suis parti avec cette trouille de parler anglais correctement je vois je sais pas si oui oui je vois très très bien il Il y a des moments dans lesquels j'étais à l'aise. Petit, j'ai fait du sport à... assez facilement et par contre, alors je ne suis pas complètement dyslexique, mais par contre, l'anglais, c'était vraiment un truc super dur pour moi. Et je me suis fait taper sur les doigts littéralement en disant, mais non, t'es nul, t'as fait une faute. Non, stop, recommence. Tu vois, au point de dire, ok, en fait, si je ne parle plus, je ne vais pas faire de faute. Et je pense qu'on est un certain nombre à avoir vécu ça. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis rendu compte d'un truc, c'est que, alors en tout cas pas tous, mais les Américains, les américaines que j'ai rencontrées, ils s'en foutent. en fait ils sont contents que tu fasses l'effort de parler leur langue et ils viennent chercher l'intention de ce que tu dis, tu vois ils sont enthousiastes et pour faire un point supplémentaire, dans la globalité oui t'as fait une ou deux fautes, en fait t'as dit ça et ça et tu vois cette faute là la prochaine fois j'ai vraiment ressenti ça et dans une des familles dans lesquelles j'ai passé un peu de temps j'ai découvert un truc extraordinaire pour les dicter c'est qu'on peut aussi noter les mots justes

  • Dr Bourgeois

    Ah.

  • Antoine Lacouturière

    Et pas que les fautes. Ouais. À l'autre sens.

  • Dr Bourgeois

    Tu te rends compte du truc ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je ne me rends pas compte.

  • Dr Bourgeois

    Mais t'imagines ?

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ouais, ouais. Moi, je faisais deux fautes par mot, des fois, tu vois. Donc, il peut retrancher deux points.

  • Dr Bourgeois

    Mais ça veut dire que sur le même mot, t'as moins 4. Tu fais 10 mots comme ça, c'est fini, t'as zéro. Imagine la fois d'après. Tu fais la moitié des fautes, mais tu passes de moins 30 à moins 15. T'as zéro. Je ferme la parenthèse, mais par rapport à tout ce qu'on s'est dit aujourd'hui, et cette réflexion-là sur l'enseignement et la santé, parce qu'on va arriver sur le bien-être et la santé, le fait que tu sois prof à la fac, c'est aussi comment est-ce que tu transmets, et cette valorisation des échecs, des erreurs dont tu parles, pour moi, elle a aussi des répercussions importantes dans notre vision de la santé.

  • Antoine Lacouturière

    Pour te faire un petit parallèle, quand un Américain qui vient en France et qui essaye de parler français avec un français pas trop dégueu, Moi je le regarde avec le sourire parce que je me dis c'est génial, je comprends, tu vois, c'est super. Toi aussi je pense, la majorité des gens qui nous écoutent se disent la même chose. Quand tu imagines celui qui dit « Ah je comprends rien à ce qu'il dit au rosebif » , c'est un français plutôt vénère. Et il nous plaît, il plaît à personne ce gars. Donc en fait, c'est la même chose quand on se met dans leur peau. Et donc, ça ne m'étonne pas qu'en allant aux États-Unis, les gens, tu es relativement très bien accueilli quand tu essaies de parler leur langue, parce que nous, on fait la même chose. Et je pense que c'est une peur un peu extrapolée de se dire, c'est une peur de toi-même, de te dire je vais passer pour un mec pas bon, nul et tout. Alors qu'en vrai, les gens sont heureux que tu fasses cet effort-là. Regarde, bon Macron, il parle anglais, mais regarde François Hollande qui était plutôt mauvais orateur en anglais. quand il essayait de parler anglais il y avait une une petite minorité qui se fichait de lui. Et puis, il y avait une grande majorité des gens qui étaient contents d'entendre quelques mots en anglais, de bienvenue, de choses comme ça. Parce que globalement, je m'en fiche de la politique, mais globalement, ça fait plaisir quand la personne fait un effort pour l'autre. Là, quand tu essayes de parler anglais très bien, tu fais un énorme effort pour eux. Tu pourrais très bien parler juste français et les regarder en disant « Vous ne comprenez pas ce que je dis. »

  • Dr Bourgeois

    Effectivement. Je trouve ça intéressant. Je trouve ça intéressant. Est-ce que tu fais des parallèles de ces deux anecdotes avec le soin, la santé, le monde dans lequel on évolue ? Est-ce qu'il y a des choses qui te viennent ?

  • Antoine Lacouturière

    Juste, quand tu as parlé des MGEN, moi j'adore avoir des MGEN au cabinet. J'aime moins avoir des médecins au cabinet, parce qu'il y en a une part que j'adore, mais il y a une petite part des médecins qui a le sentiment de déjà savoir globalement ce qui se passe. Tu m'as vu en consulte tout à l'heure. J'ai parlé à des parents de la contamination croisée, en leur expliquant que quand ils prenaient la tétine dans leur bouche et qu'ils la mettaient dans la bouche de leur enfant, ils augmentaient énormément les bactéries pathogènes. Les parents sont tombés des nues en consulte. Oui,

  • Dr Bourgeois

    clairement.

  • Antoine Lacouturière

    Ils te disaient le sucre, oui, ça, oui, mais alors ça... Et tu vois, les médecins, quand j'en parle avec eux, je n'en ai jamais rencontré un qui m'a dit, évidemment, je le sais, je le dis aux parents même. Pourtant, c'est écrit, ça, sur le bilan buccodentaire que la Sécu envoie à toutes les femmes enceintes. Il y a marqué risque de contamination croisée. Donc, toutes les femmes médecins qui ont eu des enfants, théoriquement, ont pu avoir ce papier entre les mains. Donc, tu n'as pas forcément lu. Et je me dis, c'est difficile de parfois parler à des gens qui sont convaincus de savoir mieux que le reste de la population sur un sujet en particulier. et de leur dire, reset votre cerveau et juste, sur ce tout petit domaine-là, faites-moi confiance là-dessus. Le reste, ne faites absolument pas confiance. Mais alors par contre ça, juste écoutez ce que j'ai à dire et passez-le dans votre moulinette cérébrale si ça vous intéresse ou pas. Mais les MGEN, ce qui les casse les pieds des soignants, c'est qu'ils ont envie de comprendre. Et moi j'adore expliquer les trucs. Donc moi les MGEN, j'adore quand les mecs arrivent en me disant, et pourquoi ? Et ceci, et... Ça prend du temps, mais moi je fais des consultes qui durent 45 minutes, donc ça me va très bien. Et surtout, j'adore leur expliquer. Et c'est des super patients, les MGEN. C'est des super patients quand ils ont compris. Mais par contre, quand ils n'ont pas compris, ils sont très casse-pieds. Ouais. Et c'est ça, je pense, le truc. Alors, il y a des MGEN avec qui je ne m'entends pas, parce que c'est comme tout. Mais la majorité des MGEN que je soigne, c'est des gens qui ont envie de comprendre. Et on te dit, ouais, mais c'est un peu des monsieur je-sais-tout. quand tu leur poses trois questions et que les trois ils savent pas répondre et qu'ils te disent eux-mêmes qu'ils savent pas répondre bah il te dit oui bon alors dites moi docteur parce que je sache le fait j'avoue je sais pas quoi bah oui quand tu ne connais pas l'impact sur les tubules ligne d'une bio dentine évidemment tu vois mais c'est pas grave si c'est mon job c'est pas le tien voilà

  • Dr Bourgeois

    intéressant d'entendre ça comme ça intéressant ok cédric je te remercie pour pour ses parallèles pour ses idées pour ses C'est parenthèse de parenthèse. Et pour ce point commun que je ne connaissais pas... d'histoire.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Ça me donne envie de te poser une autre question, je crois que je n'ai jamais posé dans le podcast. La question un peu transversale, celle qui revient à chaque fois, c'est qu'est-ce que c'est la santé pour toi et pour l'invité ? Donc là, on a entendu, finalement, le premier mot que tu as dit, c'était le patient de mémoire. C'est-à-dire que tu as remis tout de suite le patient au centre. Et là, une nouvelle fois, à chaque fois, c'est magnifique parce que c'est nouveau et la première fois le patient. La question que j'ai envie de te poser, c'est qu'est-ce que c'est un soignant pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant au sens où moi je l'entends, c'est un mec qui cherche à aller mieux.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant, je ne parle pas du soignant marketing qui fait de la médecine ou de la santé comme on tient une entreprise. Je parle du soignant qui, lors d'un repas avec les collègues de sa femme, va s'ambiancer sur sa spécialité en expliquant pourquoi c'est hyper important de ne pas manger trop salé parce que... Je pense que c'est quelqu'un qui a peut-être vécu des choses qui ont créé potentiellement des failles. Et c'est quelqu'un qui cherche à aller mieux d'une certaine façon, peu importe la façon. Mais je pense qu'il y a quelque chose de ça qui se joue. C'est une petite réponse partielle. Tous les soignants que je connais, qui sont des vrais, purs soignants, bienveillants, C'est des gens qui ont vécu quelque chose ou qui ont subi quelque chose qui était un peu difficile. Et qui me l'ont dit. Je le sais maintenant, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois bien.

  • Antoine Lacouturière

    En tout cas, j'aime beaucoup Alexandre Astier, je te l'ai dit.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alexandre Astier, dans une de ses interviews, il dit... le vrai point commun de tous les gens qui sont bons c'est qu'ils sont bienveillants c'est qu'ils sont bienveillants et il dit quand quelqu'un écrit quelque chose de méchant sur quelqu'un d'autre c'est que c'est pas un vrai qu'il aurait aimé être bon, mais qu'il ne l'est pas. Il aurait aimé être peut-être à la place de celui qu'il critique, mais il ne l'est pas. Et en fait, là où je suis assez halluciné, donc mon père, moi j'ai perdu mon papa, j'en parle jamais, mais c'est comme ça. Et mon père disait, pour juger quelqu'un, il faut être à sa place et avoir vécu ce qu'il a vécu. Donc c'est impossible en fait. Tu peux pas juger quelqu'un. Tu peux pas juger quelqu'un sur ses actes. Je te parle pas du psychiatrique, je te parle de quelqu'un où tu vas dire « Mais pourquoi elle a fait ça ? Mais pourquoi elle a fait ça dans son cabinet ? Et pourquoi il a fait ça ? » fait comme si. Mais en fait, qu'est-ce que tu sais de sa vie ? Tu vois, des fois en voiture, je suis très peace and love en voiture. Je ne klaxonne jamais, je ne m'énerve jamais et tout, jusqu'au jour où je roule sur les gens. Non, je rigole, mais je suis assez peace, tu vois, je ne fais pas partie des gens un peu à la marseillaise. Pourtant, j'ai été éduqué dans cette région-là avec tout le monde qui est okono. Ce n'est pas du tout mon genre. Et des fois, rarement, ça me saoule. Des fois, les trucs me saoulent et je me dis, tiens, j'ai envie de déboîter et de passer devant cette voiture parce qu'il fait n'importe quoi. Mais dans 99% du temps, je ne suis pas comme ça. Et en fait, quand je vois des gens qui sont énervés en voiture, je me dis, ils sont peut-être dans ce 1% des cas où moi, ça me saoule. Tu vois ce que je veux dire ? Je me dis mais qu'est-ce qu'il a eu comme journée pourrie ce gars pour klaxonner cette dame qui est en train de traverser quoi ? Et peut-être qu'il est juste con en fait, c'est possible aussi qu'il soit juste méchant, etc. Mais je crois que mon cerveau, il préfère s'imaginer que ce gars-là a eu une journée pourrie et qu'il est en train de décharger sur cette pauvre dame parce qu'il est dans sa voiture, que c'est sa safe place. Et que c'est un peu comme quand son enfant est avec le parent et qu'il décharge tout, tu vois. C'est con, j'ai jamais réfléchi à ça plus que ça, mais j'ai un peu ce sentiment-là, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Que la posture, presque la compétence de savoir-être de ton papa, de dire pour vraiment comprendre, il faudrait que je sois à sa place, et du coup je suis pas à sa place, du coup je peux pas juger, ça te permet aujourd'hui de se dire, attends, ce que je vois avec mes yeux, ça me saoule, c'est pas acceptable, il roule mal, il fait suer. Et 99% du temps, tu as cette espèce de prise de recul, de prise de conscience de dire, peut-être que de laisser la place et finalement de le voir...

  • Antoine Lacouturière

    Alors peut-être que je me suis mis dans une situation qui ne me l'impose pas aussi. Tu vois, j'imagine que... Thomas Pesquet, quand il doit arriver dans sa station, dans son fusée pour partir dans l'espace, et qu'il est en retard sur la route et qu'il y a quelqu'un devant, je ne suis pas sûr qu'il soit zen à mort. Je pense qu'il peut se klaxonner un peu. Moi j'ai décidé de ne pas être Thomas Pesquet, enfin je ne pouvais pas, mais de façon globale j'ai décidé de ne pas avoir une pression de malade mental en me disant je pars 5 minutes plus tôt que mon heure théorique, comme ça si jamais il y a un problème sur la route, je ne m'angoisse pas. En fait... Je pense que ce discours-là, il faut le tenir aux gens qui n'arrivent pas à se détendre. Les gens qui arrivent à se détendre et qui sont en retard et qui s'en foutent, pas de problème. Les gens qui sont sur la route et qui se disent « j'ai déjà 10 minutes de retard et en fait, ça ne me stresse pas plus que ça » , eux, ils sont pisses dans tous les cas, ce n'est pas eux qui vont se faire annuler le cerf. Par contre, les gens qui, eux, vont se faire annuler le cerf, comme ma mère par exemple, qui se sent en retard et qui se dit et c'est pas possible et donc c'est nerveux exprime son énervement sur les autres potentiellement, dont moi je peux être en face, ces gens là il faut leur dire, bah partez cinq minutes plus tôt, dix minutes plus tôt, si vous connaissez la combine parce que ça vous énerve, anticipez-la, tu vois. C'est ça qui me paraît essentiel, mais on le fait pas.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve ça génial ce que tu dis, et en même temps, ça me fait penser à tout de suite comment. C'est-à-dire que quand je t'écoute, je me dis, oui, d'un point de vue ostéo, tu vois, quand on met les mains, on en parlait encore un peu hors antenne, en off, mais quand tu mets les mains de l'être humain sur un être humain, un tissu vivant, il y a les tensions, restrictions physiques habituelles. Tu vois, ça tire ici, tu as une cicatrice, tu as une fibrose. Bon, OK, tu as différents niveaux de pression, OK. mais Avec nos mains d'ostéo, même si on a des discours parfois différents, on a ce point commun de dire qu'il y a un état de tension qui est majoré par ses comportements et le stress. Et la question qui me vient, c'est, je me dis, quel est le pourcentage des patients, des gens malades, qui consultent et qui arrivent à s'en foutre, comme dit Alexandre Axier, ceux qui s'en foutent de la problématique d'être en retard ou de la problématique de bosser pour quelqu'un pour qui ce n'est pas agréable. Je crois que son exemple, c'est ça. Il dit, si tu arrives à t'en foutre, c'est pas grave.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle de bosser pour des connards, ouais. Voilà. Ou avec des connards.

  • Dr Bourgeois

    Mais là, du coup, dans nos patients, respectivement, au cabinet et toi, dans la consulte, il y a quand même un certain nombre de patients qui n'arrivent pas à s'en foutre.

  • Antoine Lacouturière

    Mais ces gens-là, ta vie ne dépend pas d'eux. Et là, pour leur donner de l'information, leur donner du soin, mais moi, j'ai tendance à dire que... cette décision leur appartient tu m'as entendu le dire en consultation cet après-midi je leur ai dit moi je suis là pour vous informer pour diagnostiquer et après vous ferez exactement comme vous voulez vous allez sortir de ce cabinet et cette décision vous appartient de faire opérer votre enfant ou pas de soigner ses caries ou pas de changer les comportements alimentaires ou pas tu vois ma chef de service au cahu qui est quelqu'un de fantastique que j'apprécie énormément elle a 25 ans de vol dans la tronche de soins dentaires des enfants t'imagines l'expérience qu'elle a et ce qu'elle a vu c'est juste faudrait qu'elle fasse un bouquin et ben elle ça la rend folle encore aujourd'hui et je mange avec elle souvent et donc on en débrief entre un petit ph attaché de rien et une chef de service. Quand un parent dit non mais moi j'arrive pas à lui brosser les dents parce qu'il veut pas. Et elle me dit non mais il fait 80 centimètres, il a 4 ans, je vais y arriver à lui brosser les dents en fait. Y'a pas de soucis. Et tu vois, elle va réagir comme ça en disant mais y'a pas le choix en fait. C'est soit on va les denter parce qu'il aura plus avoir de chicots, soit on lui brosse les dents. Et moi je lui dis mais pourquoi tu t'énerves ? Tu l'as dit aux parents qu'il fallait brosser les dents ? Tu rentres chez toi, tu vas voir tes filles, tu vas faire du yoga. Calme-toi. Ce côté-là, moi, j'ai beaucoup pris les choses à cœur. Je vais te dire un truc qui m'a changé la vie, vraiment. Le moment confidence. Pendant des années, j'ai lutté pour exprimer ma pensée en essayant d'expliquer aux gens que c'était indispensable qu'ils comprennent ce que je voulais dire. On va parler des freins restrictifs, mais plus facilement de la respiration buccale. La respiration buccale, on sait maintenant que c'est quelque chose de pathologique. On sait toutes les conséquences que ça a et on va en découvrir encore d'autres. Et pendant des années, j'ai essayé de dire aux gens, mais si, mais si, mais si, c'est important, mais si, votre gamin, il a une respiration buccale, etc. Et les gens m'écoutaient plus ou moins, ils s'en foutaient, ils se disaient, c'est quoi ce gars ? Donc il y en avait qui étaient contents de la boire. Sur la globalité, je pense que 20% ont fait des mesures de changement et 80% n'ont rien fait. Et puis, on me disait en consultation, « Oui, mais docteur, notre médecin, il a dit que t'es pas grave. » D'accord ? Et donc, moi, je devenais fou.

  • Dr Bourgeois

    Ça, c'est un élément important, tu vois, que tu viens de souligner là.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ?

  • Dr Bourgeois

    Mais termine, on y revient après.

  • Antoine Lacouturière

    C'est très important, mais moi, ça me rend des fous. Et pour être toi, en tant qu'ostéo, il y a des choses qui te rendent fou. Je sais que les ostéos, c'est la plagio qui les rend un peu fous aussi. Quand on dit, oui, la plagio, c'est pas grave, ça passera en grandissant, ou il aura des cheveux. Moi, je l'ai entendu, tu vois. On sait qu'on peut y prévenir, donc on a envie de faire quelque chose. Et un jour, je parle avec un chirurgien qui s'appelle Frédéric, que j'aime beaucoup et qui travaille dans la même clinique que moi. Donc, lui, il opère de la chirurgie de la main. c'est un chirurgien qui est spécialisé ... en chirurgie, microchirurgie de la main. Donc c'est de la chirurgie assez fine, assez haute. Et donc j'aime bien aller au bloc avec lui, voir ce qu'il fait, comprendre et tout ça, parce que j'aime bien ces liens-là. Et puis la chirurgie, c'est un peu toujours la même chose. Ouvrir un corps, que ce soit des dents, une bouche, une main, dans tous les cas, tu viens agresser un corps, donc c'est intéressant. Je parle avec lui de ce phénomène, et il trouve ça fascinant, il me dit « Oh, tu vois, c'est fou, moi je ne savais pas du tout en tant que médecin ces histoires de restrictions, de respiration buccale et tout. » Et je lui dis que des fois ça me goufle au plus haut point d'avoir des gens qui me disent « Oui, mais mon médecin m'a dit que c'était pas grave. » Et je me dis « Mais attends, mais le médecin, il a quand même un devoir préventif, d'information, etc. » Et donc ça me saoule. Et lui, il me dit « Moi, j'avais la même chose avec les canaux carpiens. » Pendant des années, moi je voulais opérer les gens du canal carpien parce que ça leur faisait mal et que l'intervention dure littéralement deux minutes. Je l'ai vu opérer, c'est un orfèvre, tu vois, tu as l'impression qu'il dessine. C'est fou. Et les patients, dans la seconde, ils vont mieux. Et tu te dis, franchement, OK, il y a peut-être des risques, mais le gain, le rapport bénéfique, il est incroyablement positif. Et moi, j'avais des gens qui me disaient, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, machin. Et lui, pendant des années, il me dit « Mais pourquoi ? Mais on peut vous aider ! » Et un jour, il m'a dit « Un jour, j'ai changé de vie. » Je lui ai dit « Vas-y bébé, dis-moi ! »

  • Dr Bourgeois

    Partage ça !

  • Antoine Lacouturière

    Partage ce truc-là, et si je vous le dis et que ça vous change la vie, mais mon Dieu, j'ai fait mon taf dans ce podcast. il dit aux gens ah bon il vous a dit de pas opérer d'accord ok et comment a-t-il proposé de résoudre le problème alors et en fait il balançait ça et les gens en face il bug et il disait il n'y a rien rien proposé. Et Frédéric disait, ok, très bien, au revoir alors. Lui, il propose quelque chose. La personne en face ne propose rien et on te dit, il faut écouter celui qui ne propose rien. Mais le patient, il te consulte pour une doléance, en fait. Il ne te consulte pas parce qu'il a vu de la lumière. Donc quand toi, tu proposes une solution, bonne ou pas bonne, peu importe, mais qui mérite d'être réfléchie pour cette doléance-là... et que quelqu'un dit « Non, ne réfléchissez même pas, n'allez même pas voir le chirurgien, juste, je ne vous propose rien, je vous annule cette réflexion potentielle » , moi, ça me rendait fou, sauf qu'en fait, ce n'est pas du tout dans ma compétence. Donc, ma compétence, c'est juste de dire « Qu'est-ce que propose d'autre ? Rien. Bon, très bien, vous réfléchirez à la maison, à ce qui vous paraît le mieux. » Ça m'a changé la vie, ce truc-là.

  • Dr Bourgeois

    Je veux bien croire que ça a changé ta vie. Puis là, je vais rebondir sur ce que tu disais un tout petit peu plus tôt par rapport à la... Allez, je vais dire au méplat-occipitoparietal, parce que plagiocephalie, du coup, c'est le diagnostic médical. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    désolé.

  • Dr Bourgeois

    Pour être bien dans les clous. Et puis, j'ai une pensée pour plusieurs des invités du podcast que je salue. On a exploré ça précédemment. Je crois qu'heureusement, pour nous, les choses évoluent. Il y a des collaborations de plus en plus nombreuses entre les pédiatres et les ostéos. Ma sœur, qui est une thérapeute que j'adore et que je salue, et puis les orthophonistes, notamment précoces. Et puis, en fait, on est une grande équipe et on commence à intégrer ça. Mais pour la plagio ou autre, quand on dit c'est pas grave, tu vois, par exemple, dans les consuls de ce matin, il y a un des petits bouts qui s'installait en W, mais très, très fort, à 4 ans et demi. Tu vois, il s'assied avec les pieds très en dehors ou en unilatéral. et des fois on voit des... des trois pattes tellement importants qui n'appréhendent l'espace qu'avec un némicor, tu vois, vraiment. Et je me dis, bah oui, on peut toujours dire c'est pas grave et on verra plus tard, mais parfois on a cette réaction-là, comme toi, de dire, mais non, c'est pas possible, en fait, non. Et le c'est pas grave, ou mais qui est-ce qui a dit ça, mais on s'en fiche, ou faut pas aller voir l'ostéo, c'est des charlatans. Du coup, le fait d'entendre ça, de me dire, qu'est-ce qu'il propose ? De renvoyer chez l'autre la responsabilité ou le fait de le retourner en question, de dire, OK, et qu'est-ce qu'il propose pour régler l'histoire ? Ah ouais, je trouve ça passionnant. Et je pense qu'il y a un certain nombre de thérapeutes qui vont se sentir soutenus là-dedans.

  • Antoine Lacouturière

    Moi, j'ai souvent dit aux gens, j'ai souvent expliqué à des gens hors consultation le travail que je fais, les pathologies et tout, mais même... des assistantes avec qui j'ai eu l'occasion de travailler qui ont découvert ces problèmes de respiration du cap ce qu'on ne l'enseigne pas pendant notre notre cursus et qui du coup sont d'y aller j'en ai parlé en famille avec des amis machin il dit ah ouais bah lucas lui respire par la bouche blablabla et des fois je regrette d'avoir parlé Je regrette parce que je me dis, les gens, ils n'ont rien demandé, en fait.

  • Dr Bourgeois

    Tu regrettes d'avoir amené une information potentiellement inconfortable, voire même douloureuse, alors qu'ils ne sont pas chercheurs demandeurs de ça ?

  • Antoine Lacouturière

    En fait, je me dis, pourquoi tu n'as pas fermé ta gueule ? Tu es un barbecue avec des copains, et puis on te dit, moi j'ai dû arrêter l'allaitement il y a une semaine parce que j'avais une mastite. Et en fait, moi, mon cerveau, on me dit que j'ai un syndrome de Batman, mais mon cerveau de... j'ai envie de vous aider va dire ah bon et alors pourquoi et si et me et truc et en fait des fois je me dis juste c'est quoi la différence entre celui qui dit même pas que il a une info là dessus et celui qui est incapable va pas incapable mais qui va avoir du mal à se réfréner pour dire je peux vous aider quoi si

  • Dr Bourgeois

    tu allais voir dans sa bouche avec une paire de gants pendant le barbecue et qu'il faut absolument faire ça tu vois je me dis c'est peut-être exagéré mais qu'est ce que c'est aussi de retenir une information qui peut-être va changer de façon significative la croissance de son massif facial, sa respiration, les nuits de ses parents, les nuits de ses frères et sœurs ?

  • Antoine Lacouturière

    Alors, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    J'exagère un peu.

  • Antoine Lacouturière

    Non, alors t'exagères plus loin, parce que les gens en feront quand même ce qu'ils en veulent, c'est-à-dire que ça ne les intéresse pas, voilà. Mais je vais te donner une info que tu n'as pas, et que tu vas dire, j'aurais préféré ne pas la voir, pourtant elle est très importante. Je l'ai appris il y a deux jours, en lisant une étude de sociaux. l'entreprise, le secteur industriel qui fait les plus gros bénéfices dans le monde, tu sais ce que c'est ?

  • Dr Bourgeois

    Alors comme ça sans réfléchir à chaud, j'imagine que c'est en lien avec la maladie, que c'est quelque chose qui, parce que les gens sont malades, mais je sais pas où tu peux en arriver, le sommeil, le sucre, l'alimentaire, la nourriture, non je sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Moi j'ai pensé que c'était les armes, mais non.

  • Dr Bourgeois

    Alors attends, laisse-moi 5 secondes, tu peux reformuler s'il te plaît ? Comme ça les auditeurs ils vont réfléchir avec nous.

  • Antoine Lacouturière

    Quel est le domaine d'activité dans la vente de quelque chose dans le monde qui est le plus rentable ?

  • Dr Bourgeois

    J'ai plein d'images qui me viennent, mais je t'écoute.

  • Antoine Lacouturière

    C'est la pharmaceutique. La pharmaceutique parce que quand tu crées une molécule, tu peux l'exploiter pendant 100 ans sans jamais changer quoi que ce soit. Tant que la maladie est là, tu peux l'exploiter avec le même processus. cesse, tant que ça marche, c'est illimité. La voiture, t'as intérêt à te réinventer, parce qu'il y a des concurrents, machin. Mais quand t'as découvert une hydroxychloroquine, quand t'as découvert le paracetamol, et que tu l'as, c'est un truc de malade. Et aujourd'hui, je trouve ça hallucinant que les gens puissent imaginer que la santé est faite autrement que comme un business par cette industrie-là. Je trouve ça fou que les gens, et moi le premier, aient la naïveté de penser que c'est envisagé comme autre chose qu'un business. Et quand tu sais ça, tu te dis merde, j'aurais préféré ne pas avoir cette info parce que ça grise un peu quand même. Tu vois, je crois que c'est Pfizer qui a un truc comme 40 milliards d'euros de bénéfices. ce qu'on...

  • Dr Bourgeois

    Et tu parles de quoi ? De par mois, par an ? Par an,

  • Antoine Lacouturière

    c'est-à-dire que... Ah ouais, Elon Musk peut-être, mais en fait, cette industrie-là, et ce n'est pas une critique, cette industrie-là qui est nécessaire parce qu'on sauve des centaines de millions de vignes probablement avec les vaccins et tout ça, juste, c'est quand même un business, c'est-à-dire que la santé des gens un par un... toi, moi, à des réflexions de ce type-là étatiques ou à des milliards d'euros, on peut faire mourir des milliers de personnes pour faire avancer tel médicament ou autre. C'est une certitude. Donc quand moi je réfléchis avec mon patient au cabinet et toi en consultation derrière moi, c'est l'équivalent de j'éteins ma lumière pour pas polluer pendant qu'en Chine on a des usines de charbon qui réouvrent. C'est un tout petit geste.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, ça me touche ce que tu dis à différents niveaux dans mon histoire, dans le quotidien. Ça me donne envie d'orienter sur le podcast sur comment faire, mais avant ce comment faire là, c'est quand t'as pris conscience de ça, toi, comment t'as vécu ça ? Le fait de se dire, cette prise de conscience, de se dire mais... Comment c'était pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je me suis dit, je le sais, ça ne va pas changer ma pratique au quotidien, parce que je ne prescris pas de médicaments au quotidien. Je soigne des gens, je soigne littéralement des gens, mais en fait, dans nos métiers, on fait de la thérapie manuelle, toi et moi. Un chirurgien dentiste, il a besoin d'enlever, d'ouvrir. Quand je prescris un médicament, c'est très, très rare. Là j'ai eu mon SNIR, qui est pour ceux qui ne connaissent pas ton relevé annuel de prescriptions, de tarifs, d'actes et tout ça. Je n'ai pas prescrit de médicaments. Sur l'année, si j'ai fait 10 prescriptions, c'est le maximum de ce que j'ai fait. En fait, je prescris de la rééducation et je soigne les gens en intervenant. J'enlève une dent qui est infectée, je nettoie une carie que je vais reboucher, etc. Mais je ne prescris pas, donc ça ne va pas changer ma vie au quotidien. Je ne vais pas me faire offrir des voyages par Sanofi parce que je ne suis pas un prescripteur, mais dans le monde des gens qui m'entourent, notamment en médecine du sommeil, l'argent, c'est une valeur hyper présente en termes de diagnostic, en termes de placement sur le marché. Je regardais à peu près le nombre de prestataires qu'il y avait sur la médecine du sommeil, c'est-à-dire ceux qui te mettent les polysomnographies, ceux qui te mettent les PPC pour dormir. Il y a des dizaines de prestataires qui se séparent. qui se partagent ce marché et qui font du démarchage auprès des pneumologues et des médecins généralistes pour leur dire « S'il vous plaît, venez, je vous offre telle place au congrès » . Ils se battent pour offrir aux médecins ça, tu vois. Et tu te dis, du coup, quand tu vas voir un médecin, est-ce qu'il est vraiment neutre dans ce qu'il va te proposer ? Est-ce qu'il va t'expliquer ? Est-ce qu'il va te laisser le choix ? Moi, il y a quelque chose de la médecine que je trouve très dur, c'est qu'on ne te parle pas des alternatives thérapeutiques et on ne te parle pas de l'abstention thérapeutique. Que va-t-il se passer si je ne me traite pas ? Que va-t-il se passer si je choisis un autre traitement ? On ne te parle pas de ça. Moi j'explique quand les gens me disent « Hé docteur, cette histoire de frein, si on ne le coupe pas, qu'est-ce qui peut se passer ? » J'explique, je leur dis « ça peut très bien aller, comme on peut voir apparaître ça, ou ça, ou peut-être plus tard ça. » Mais en tout cas les symptômes qui sont présents aujourd'hui risquent de ne pas régresser. Et je me sens très à l'aise parce que si les gens viennent se faire opérer, Je suis 100% transparent. Si les gens ne viennent pas se faire opérer, je leur ai donné de l'information. Le biais qu'on a, c'est que les gens... qui sont des opérateurs sont un peu des scalpelophiles. Ils veulent opérer parce qu'ils en obtiennent un bénéfice secondaire. Soit parce qu'ils sont convaincus, donc ça fait du bien à leur cerveau, soit parce qu'il y a de l'argent derrière, soit parce qu'il y a un réseau à entretenir de praticiens, etc. Et moi, ça me fait assez peur, ce truc-là. Tu vois, je suis allé dans des centres qui opèrent beaucoup de freins. Je suis allé voir comment ça se passait. Il n'y a pas de consultation préalable. Tu viens, on te dit il faut, on coupe, et tu repars. Imagine ça avec la circoncision. Imagine, tu prends ton enfant et tu dis je vais aller voir un chirurgien viscéral pour me poser la question de qu'est-ce que ça impliquerait la circoncision. On te dit bougez pas, attrapez-le, tenez-le, je coupe et voilà. T'imagines si tu extrapoles ça à la médecine et pourtant c'est deux freins. Le frein en bas et les freins en haut, ça reste des frénectomies, entre guillemets. Mais c'est inenvisageable dans la médecine générale, dans la médecine en général. Et pourquoi nous, on se le permet, tu vois ?

  • Dr Bourgeois

    C'est hyper intéressant comme ouverture, comme analogie, comme métaphore aussi. Je pense que ça illustre, ça impacte.

  • Antoine Lacouturière

    Peut-être que des gens vont se dire, ah oui, tiens, j'avais pas pensé ça comme ça, mais oui. Mais moi, on n'a pas beaucoup parlé d'argent, mais en fait...

  • Dr Bourgeois

    On va y aller. va y arriver.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, on en reparlera alors.

  • Dr Bourgeois

    Oui. D'accord Cédric, et du coup, par rapport à ce qu'on vient d'exprimer, si je reprends ce cas de la vie du quotidien où t'es à un barbecue et où t'as ton observation avec toute ta conscience et tout tes capteurs à toi de soignants avertis, consciencieux, qui détectent, comment tu te positionnes par rapport à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'il faut un peu tâter la température, ça va dépendre de la première phrase que tu vas dire. En fait si tu dis c'est marrant que tu as eu des mastites et que tu as arrêté ton allaitement, on a cherché trop, un peu pourquoi ou quoi je sais pas, si tu vois que c'est un peu bon et non, c'est bon allez, est-ce qu'il reste des chipolatas, je pense qu'il faut pas y aller. Si par contre c'est quelqu'un qui a envie d'en parler et que tu sens que ça a ouvert une vanne chez cette personne, tu sais que tu as passé ton barbeque loin du monde à discuter avec cette personne de pourquoi et comment. Et c'est assez dur de balancer deux, trois infos importantes sur la santé et puis de dire je te laisse avec ça, je vais me resservir du sident.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ça touche les gens. Ce qu'on pourrait peut-être faire dans le monde du business, je vends des objets et on en parle, on n'en parle plus et puis on passe à autre chose, ou là tu viens toucher quelque chose qui est différent. Je trouve que ça fait partie des vraies différences. Quand on parle de rémunération notamment, quand on parle d'investissement, de passion, le fait de donner ces conseils-là ou en tout cas ces observations à quelqu'un, ça va le toucher de manière... c'est significatif. Tu ne laisses pas les gens indifférents quand tu parles de leur état de santé.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, tu les laisses pas indifférents. Après, il y a des gens qui ne veulent pas savoir. Moi, j'ai rencontré des gens, notamment à un moment de mes études, j'ai été amené à annoncer des maladies graves. hors du côté dentaire. Il y a des gens qui ne veulent pas savoir ou qui ne comprennent pas qu'ils ne veulent pas savoir. Je doublais un médecin qui était avec moi. C'est une petite anecdote, mais il se reconnaîtra s'il l'entend, c'est sûr. J'étais aux urgences tête et cou. Donc, tu sais que dans le monde dentaire, on est quand même plutôt côté urgence tête et cou qu'urgence digestive. Et il nous est amené par les sapeurs-pompiers une jeune fille qui a fait un malaise pendant son... repas de famille avec tout le monde. J'ai jamais raconté, je pense, ce truc, mais c'était il y a quelques années. Et cette fille arrive avec son malaise et elle tombe, en fait, elle tombe dans son plat, la tête dans le plat, dans le repas. Donc les pompiers arrivent, ils la récupèrent, ils la mènent aux urgences et toute la famille est là. Donc elle a un nouveau-né qui a six mois, le compagnon, évidemment, le papa, la famille, les beaux-parents, bref. Ils sont genre douze. Ils arrivent aux urgences à 12. Donc tout le monde dit, oulala, attention, juste l'accompagner en direct, le bébé reste. Et donc mon collègue médecin dit, hop, on la pousse au scanner directement parce qu'elle est restée inconsciente. Donc elle part au scanner. Et moi je vais avec tout le monde dans le scanner, dans la pièce à côté, tu sais, où tu regardes les images et tout. Et l'image du scanner cérébral sort et tout le monde fait… Et moi je comprends rien. J'étais jeune. j'avais pas vraiment d'idée de ça, et je vois un espèce de gros blanc de tout le monde avec un petit « bon, ben voilà quoi » . Et je me retourne vers mon collègue qui s'appelle Olivier, et je me retourne vers lui et je lui dis « mais il se passe quoi là ? » . Et il me dit « tu vois toute la partie grise là ? » . Je lui dis « ouais, ben c'est une tumeur » . Et en fait, ça représentait plus de la moitié du cerveau je pense. Et là je me dis, enfin en tout cas sur cette coupe là, je me dis mais c'est pas possible qu'on découvre ce truc là maintenant. Et donc je dis à Olivier mais il faut faire quoi ? Il me dit, ben là il faut expliquer à la famille que c'est grave déjà, que c'est pas juste un malaise mais que c'est quelque chose de beaucoup plus grave. Bref, je te passe un peu les détails et on fait une espèce d'annonce. Alors moi dans un coin de la pièce et lui qui vient expliquer à la famille que c'est grave. Donc on met tout le monde dans la même pièce, tous les gens qui sont là. J'espère que personne de cette famille entend ce truc-là parce que c'est ma vision des choses. Et il dit, je voulais juste m'entretenir avec vous de l'état de santé de mademoiselle machin. Donc elle est dans le coma en fait. Voilà ce qui s'est passé. Elle a fait un malaise très grave parce qu'il y a un problème au niveau de son cerveau. Et les gens de la famille étaient dans une espèce de planète où ils rigolaient presque. Ils disaient, on peut aller la voir parce qu'au four, là, on a un chapon. Je pense que ce soir, il sera moins bon quand même. Et donc là, Olivier dit, attendez, je ne vous ai pas... Attendez. Je ne vais pas être clair, là il y a une notion de malaise grave, important, avec il va falloir voir un neurologue et tout. Et en fait la famille était dans le déni complet, mais était dans un truc que tu ne peux pas imaginer quand tu es d'un point de vue extérieur, où ça paraît tellement évident pour toi que c'est vrai ce qui se passe. Et c'était un état de sidération. Et donc il dit, non, non, mais là, bon, elle se réveille quand on va la voir et tout. Et là, donc, il se passe deux, trois phrases comme ça. Et puis Olivier finit par dire, bon, en fait, là, elle a une tumeur. Donc il balance le... le mot. Ils ne comprennent pas plus. En tout cas, dans mon souvenir, ils ne comprennent pas plus le truc. Il y a un peu plus de blanc dans la famille. Attendez, mais comment ça ? Qu'est-ce que vous voulez dire ? Elle ne va pas dormir là cette nuit quand même et tout. Et là, il s'est passé en backup des choses que moi, je n'ai pas. pas vu. Là, il y a une femme qui tape à la porte et qui vient voir Olivier et qui lui dit « Je peux te parler deux secondes ? » Donc il sort. Donc je sors avec lui et elle dit « Machine est arrivée. » Et il dit « Oula, non, mais c'est pas le moment là. » Et je lui dis « Mais c'est qui Machine ? » Il me dit « C'est l'infirmière pour le PMO, le prélèvement d'organes. » Je lui dis « Quoi ? » Il me dit, tu sais, quand il y a des gens qui sont en état de mort encéphalique, machin, et en fait, ce truc-là qui est, si des gens m'entendent et ont déjà vécu ce truc-là du côté soignant, ils se sont dit, ça ne s'est peut-être pas du tout passé comme ça, machin, mais là, ça s'est passé comme ça. probablement le radiologue ou je ne sais pas qui a appelé l'histoire du PMO qui a dit « Ah ben l'infirmière doit être pas loin, la coordinatrice, je ne sais pas quoi. » Et donc là, tu passes d'une nana qui est tombée la tête dans le chapon à « On va vous demander l'autorisation de prélever ses organes, si elle vous en a parlé, de son vivant. » T'imagines la violence du truc. J'étais dans cette putain de pièce en fait. Je m'en rappelle comme c'était hier. J'avais 23 ans, 24 ans. Je crois que j'ai perdu mon père un an après ça, tu vois. Le truc était d'une violence et je pense que ce déni des gens qui ne veulent pas savoir ou leur cerveau qui ne veut pas savoir, il est bien plus fort que tout ce que toi tu peux imaginer en tant que soignant qui essaye de dispenser juste une parole qui a trait à la santé. de quelqu'un en fait. Là c'est un truc très grave évidemment, je te prends un exemple que j'ai vécu et qui m'a marqué mais je pense qu'il y a des gens à qui tu dis « ah vous savez que ce grain de beauté il est pas top top » qui vont être dans le déni parce qu'ils ne veulent pas être malades. Je pense que c'est une réalité ça en fait et la première phrase que tu dis « il faut être capable de juger avec ton sensibilité si la personne elle est capable de ça » parce qu'elle n'a rien demandé sur le soin tu vois elle n'a pas demandé ça

  • Dr Bourgeois

    Oui, je comprends mieux. Merci pour le fait de sonder, de voir s'ils sont demandeurs ou pas pour le barbecue. Et dans les milieux, je crois qu'un bon nombre de soignants vont se reconnaître. On est quand même hyper sollicité par la famille. les copains les tu me confier tout à l'heure le nombre de messages que tu recevais pour dire qu'est ce que vous en pensez qu'il faut faire on est archi sollicité et parfois on a envie de faire du bien et c'est comment est ce que je me positionne et puis j'entends aussi l'anecdote l'histoire c'est pas une anecdote cette histoire terrible de je

  • Antoine Lacouturière

    sais pas ce qu'elle est venue cette non plus. j'imagine qu'elle est décédée mais je sais pas ce qu'est devenue sa famille et moi c'est des choses qui me courent un peu sur l'encéphale de temps en temps me disant tiens il y a eu ça c'est fou quoi ça me fait penser à Baptiste Beaulieu qui écrit sur

  • Dr Bourgeois

    des cas qu'il a pu vivre et à d'autres soignants, il y a un certain nombre qui publie je pense aussi à l'homme étoilé je connais pas c'est un infirmier dans les soins. intensifs palliatifs plutôt même qui raconte à travers des bd la fin de vie de certains de ses patients et il la rend noble parfois humoristique parfois simplement horrible en fait il raconte sa vision à travers ses yeux à lui de de cette étape-là. Et bon, il est devenu connu aujourd'hui sur les réseaux. Et puis, il a écrit, il a fait des BD. Mais je pense à ces soignants-là, parce que ce que tu viens de dire, je me demande, t'es préparé à 23 ans ? Est-ce qu'à un moment dans tes études, on te prépare à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, en tout cas, on ne me prépare pas à ça. Et tu ne t'y exposes pas si tu n'y es pas prêt non plus. Moi, je suis allé taper à la porte des urgences, en fait.

  • Dr Bourgeois

    C'est une démarche de ta part ? Oui, oui, oui. Tous les étudiants en dentaire le font pas ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, non, non. Moi, je... en fait dans le cadre d'un DU J'ai fait ce DU avec des internes en chirurgie maxillofaciale qui faisaient le même DU que moi. Et quand ils me disaient qu'ils faisaient des gardes, moi je disais, ça doit être trop cool de voir une garde comme ça. Et eux, ils étaient plus gavés de faire des gardes parce que quand on a fait plein, c'est ta routine. Et ils me disent, si tu veux, viens sur une garde. Je demande au chef du service, machin. Mais viens, c'est toujours cool d'avoir un étudiant en dentaire qui, lui, peut... Avoir une vision peut-être un peu différente. Un mec super sympa, tu vois, un interne très gentil. Et donc je vais là-bas et j'arrive dans le service comme un trou de balle. J'arrive, j'ai aucune légitimité, je comprends même pas trop comment est fichu le service. Il me dit, tu vois, le mec qui passe là-bas, c'est le chef de service, va te présenter. Donc t'imagines, t'es étudiant, t'es en quatrième année de dentaire ou cinquième, je sais plus, et tu tombes sur un mec qui est le chef du service d'urgence tête et cou. Et tu dois aller voir, bonjour monsieur, je suis un pauvre caca et en fait je suis là parce qu'il y a un interne. Et le gars, je lui dis ça, je lui dis pas que je suis un pauvre caca, mais je lui dis bonjour, je viens parce que machin. Et le mec me dit, bah écoute, enchanté, t'es ici chez toi, c'est les urgences, voilà, il y a deux, trois trucs à pas faire. Tout le reste, tu peux poser autant de questions que tu veux. On est toujours... Il me dit exactement ces mots-là. On est toujours heureux d'avoir des gens qui veulent apprendre. Je m'en rappellerai toute ma vie puisqu'il était dans mon jury de thèse, ce mec, à la fin, pour te donner une idée. Et je lui dis, je veux bien apprendre, mais je ne veux pas gêner. Et il me dit, non, mais... tu gêneras pas si jamais tu as un problème tu viens me chercher tu viens me chercher et donc j'ai fait cette soirée de garde j'ai fini à 4 heures du matin à 4 heures du matin il m'a dit tu peux rentrer chez toi là je pense il ya plus de tram et en fait j'en ai fait un nom nombre innombrable avec lui. Alors évidemment, c'est pas moi qui viens suturer des crânes, on est bien d'accord. Par contre, le fait d'être immergé dans ce truc-là, de voir, pendant que tous mes potes, eux, étaient en soirée, faisaient la fête, rentraient chez leurs parents et tout, moi j'ai passé, j'étais en couple à l'époque, je rentrais chez ma copine, qui habitait moins loin de l'hôpital que mon appartement, je rentrais chez elle, littéralement à 4-5h du matin, après une nuit, avoir bu les chocolats la chose dégueulasse que tout le monde essaye de faire de l'hôpital tu vois parce que j'ai trouvé ça passionnant et le pire de ça c'est que des collègues qui étaient avec moi en enterre qui n'ont pas du tout fait ça m'en ont voulu d'avoir fait ça pourquoi bah ils n'ont pas cru ils n'ont pas cru que c'était possible alors que pour le coup tu veux je je pense que j'ai toutes les photos de toutes les gardes que j'ai fait Et ils n'y ont pas cru et j'ai eu le sentiment que ça leur a enlevé quelque chose. Moi, je ne le disais pas, tu vois, que j'allais en garde et tout, mais forcément, tu vois plus de trucs que si tu étais resté chez toi. Donc moi, je voyais des choses sur des cas, sur des trucs comme ça et tout. et juste des gens qui l'ont su n'ont pas apprécié le fait que moi j'ai pu accéder à des trucs médicaux comme si c'était j'aime pas dire ça en fait j'aime pas raconter ça parce que j'ai toujours eu ce truc là de me dire n'en dis pas pas trop parce qu'en fait, ça va pas plaire aux gens. J'ai rien fait, on m'a pas donné diplôme, on m'a rien filé, tu vois. Genre j'ai passé toutes mes soirées, pas toutes, mais au moins une soirée par semaine, voire deux, en garde avec ce mec qui lui était juste un mec bienveillant, qui s'était dit c'est super sympa d'avoir un gars, il m'utilisait même pas, tu vois, il se disait pas tiens c'est ma petite main, il va faire ma place. Je peux rien faire, je suis rien moi. Je suis un externe qui vient... voir comment ça se passe. Donc des fois, je suivais le neurologue qui me disait « Ah bah tiens, tu veux voir ce que c'est le stroke, les urgences intensives vasculaires ? » Ouais, ok. Des fois, je suivais l'ophtalmo qui me disait « Bah tiens, on a encore une limaille de fer dans l'œil. Tiens, t'as déjà vu comment ça s'enlevait ? Bah non, bah viens voir. » Et en fait, pour moi, c'est ni plus ni moins de la culture médicale.

  • Dr Bourgeois

    Une forme de formation continue aussi en parallèle.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, sauf que j'étais pas formé à la base, donc c'était une sorte de double formation initiale. Ouais. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça passionnant. Et aujourd'hui... Je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. Je trouve que c'est génial. Ça ne me sert pas, évidemment. Ça ne me sert pas pour être dentiste, tu te doutes bien.

  • Dr Bourgeois

    La limaille de fer, non.

  • Antoine Lacouturière

    Non, non. Oui,

  • Dr Bourgeois

    vraiment.

  • Antoine Lacouturière

    Par contre, je retrouve des jeunes aujourd'hui qui me... me contactent en première année, des trucs comme ça, qui ont ce truc-là. Qui ont ce truc de dire, je m'en fous en fait de ce que ça me coûte du temps, machin. Je veux juste y aller. Je veux juste voir. Et j'en ai rencontré quand j'enseignais en prépa, tu sais, pour la fameuse, les écuries, là. Moi, j'ai enseigné les sciences humaines et sociales quand j'étais en deuxième, troisième, au tutorat, et puis après dans les prépas pour gagner des sous, quand mon père est décédé. Et j'ai rencontré des étudiants qui était facile. et passionnés par ce type de parcours qu'ils voulaient faire aussi. Et on leur a pas laissé souvent la chance d'aller en médecine. C'est des gens qui n'ont pas réussi la première année et qui sont allés faire autre chose. Parce que l'intelligence qu'on te demande en première année, c'est de la mémoire. C'est pas de l'intelligence, c'est beaucoup moins de la réflexion et de la compréhension. C'est beaucoup, beaucoup de mémoire. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment j'ai passé cette année.

  • Dr Bourgeois

    Mais tu es là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, oui. Mais bon.

  • Dr Bourgeois

    Je reviens sur ce que tu disais par rapport à ça ne me sert pas pour être dentiste. Je le perçois un peu différemment, Cédric. J'ai le sentiment, en tout cas, que le fait de... d'être capable de te mettre à la place de l'autre. C'est un des éléments de ta boîte à outils.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais il n'a rien à voir avec ce que j'ai fait là.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je précise quand je dis ça, quand tu vas voir ce qui se fait dans les autres SP, tu vois aussi différentes histoires de patients, différentes problématiques, différents gestes techniques et peut-être différents soignants pratiqués. Tu vois, là, pour le coup, je refais une parenthèse perso, mais j'ai été voir énormément de profs en école d'ostéo. très vite, je me suis dit, bon... Il y a énormément de manières de faire différentes. Je vais aller m'imprégner des profs et j'ai passé des demi-journées de stages d'observation. Je leur ai demandé de mettre les mains sur moi. J'ai vraiment fait cet effort de me dire, OK, je paye une consule, je viens te voir, je lis tes bouquins. Tu vois, je me retrouve un peu dans cette démarche d'exploration. Et même s'il y a des techniques que je n'utilise pas, le fait de les avoir reçues ou de les avoir vues ou d'avoir vu des patients les faire, Les vivres, je me dis que malgré tout, dans ta carte du territoire de l'autre, toi, tu ne l'utilises pas en vecteur principal, mais tu as cette conscience-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais je pense que tu l'as ou tu ne l'as pas dans ton cerveau à la base. Ce n'est pas le fait d'avoir passé... J'aurais pu passer trois gardes aux urgences et avoir cette conscience-là, mais j'ai décidé d'en passer 300, tu vois. et je pense que j'exagère même pas sur le nombre parce que quand tu en fais une à deux par semaine pendant quasiment quatre ans t'es pas loin de ça quoi et j'ai pas fait que des gardes complètes mais des équipes, des urgences de ces urgences que je connais du coup plus maintenant parce que c'était il y a des années mais qui à l'époque me voyait un soir sur trois, se disait ce mec est complètement marteau. Il vient gratos, il boit des cafés dégueulasses de l'hôpital.

  • Dr Bourgeois

    Et chocolat.

  • Antoine Lacouturière

    Pendant que ses copains sont tranquillement dans leur plumard ou en train de regarder des films. Il n'y avait pas Netflix à l'époque, je suis trop vieux. Mais il y avait quand même ce truc-là, tu vois. Et pour rien au monde, j'aurais été ailleurs qu'aux urgences. Parce que j'avais le sentiment, même si deux fois je me faisais chier, j'avais le sentiment qu'il n'y avait pas un meilleur endroit pour apprendre des trucs. Et en plus j'étais utile, parce que je brancardais, parce que je poussais des gens au scanner, parce que je rebranchais des paires. perf qui était vide. On me filait des missions. Je gérais des conflits à l'accueil puisque j'étais complètement extérieur. Des fois, il y a des gens qui disent « Oui, moi, je veux rentrer. » Non, c'est un accompagnant. Donc, moi, j'y allais. On me disait « Vas-y, va dire au père qu'il ne peut pas venir. » Ah, d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Je vais rajouter ça sur ma ligne de compétence. Allez dire au père « Non, vous ne pouvez pas rentrer. » Mais tu vois, je trouve ça paradoxal. Quand je te réentends dire ça, je souligne, c'est des compétences pour moi, j'ai l'impression, peut-être que je me trompe toujours, mais j'ai l'impression que c'est des compétences que tu as acquises ici.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense que c'est plus de l'expérience que des compétences, c'est comme l'humanitaire, moi j'ai fait un peu d'humanitaire et en humanitaire... tu ne gagnes pas des compétences, tu ne gagnes pas de l'XP, tu ne gagnes pas des sorts de magie que tu n'as pas dans un jeu vidéo. Par contre, j'ai exploré de la map. J'ai exploré et donc j'ai une vague idée un peu plus de l'ensemble de la map. Je pense que quand j'ai fait de l'humanitaire, notamment au Maroc, on était parti à deux dans les histoires. Je suis parti à deux avec une interne de pédiatrie à l'époque et moi j'étais tout jeune dentiste diplômé. mais on est parti à deux et on a fait une semaine là-bas. Donc elle, elle a soigné des enfants, et moi j'ai soigné de tout, des enfants, des adultes, pour les dents. En une semaine, j'ai fait 70 chirurgies, 70 extractions. En une semaine. Tu n'as pas idée, quand tu es étudiant en dentaire, tu dois en faire 10 sur l'année, tu vois, d'extraction. Et encore, peut-être que ça a baissé. J'en ai fait 70 dans la semaine. T'imagines l'expérience que tu prends. Des fois ça se passait pas bien, des fois t'arrives pas à enlever la dent, parce que t'es jeune et parce que t'as pas le bon matos et tout, mais j'ai pas de radio. Donc j'ai fait des trucs sans radio alors qu'on nous apprend à bosser avec des radios. Mais en fait les gens ils sont, ils s'en fichent en fait, ils veulent juste que tu soulages leur truc donc je disais j'essaye peut-être j'y arrive pas. Et l'infirmier marocain il traduisait et le mec il disait peut-être tu y arrives aussi hein. Donc j'ai essayé tu vois et j'ai gagné beaucoup d'expérience en faisant ça. énormément rassuré sur mes capacités manuelles parce que je me suis dit en fait tu vois je me lance pas dans des trucs que je sais pas faire des fois j'ai plein de fois j'ai dit non ou là dans de sagesse là en plein milieu du maroc du désert tu vois c'est moyen mais ça cette expérience là tu l'as parce que tu vois d'autres choses sur un certain temps donné alors que pour moi la compétence c'est aussi une connaissance que tu vas mettre en application là j'avais pas de connaissances supplémentaires j'ai expérimenté quoi.

  • Dr Bourgeois

    J'entends cette nuance et je te remercie pour cette nouvelle histoire et parce que c'est riche d'imaginer ça Je m'enverrai la vidéo Youtube,

  • Antoine Lacouturière

    on avait fait un montage

  • Dr Bourgeois

    Avec plaisir et j'anticipe je suis sûr qu'il y a des auditeurs et des autrices qui vont me dire est-ce qu'on peut la voir,

  • Antoine Lacouturière

    donc on la mettra en lien Ils peuvent pas commenter les podcasts les gens aussi Alors du coup j'en profite c'est le moment de faire un petit point

  • Dr Bourgeois

    Tu peux pas commenter Alors là, il y aura peut-être une vidéo YouTube. C'est une des premières fois qu'il va y avoir ça dans le podcast. On va tout faire pour, en tout cas. Donc, dans YouTube, je pense que tu peux commenter. Et puis, dans Apple Podcast, tu peux aussi mettre des commentaires. Donc, tu peux. Et puis après, il y a un certain nombre d'usagers qui utilisent les réseaux sociaux pour dire est-ce que je pourrais avoir ça ou en direct. Oui, tu pourrais. Oui, si, quand même.

  • Antoine Lacouturière

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est pas faux. Les semaines, il y a ça. Je reviens sur cette histoire de compétences. Est-ce que... Tu vois, j'entends savoir-connaissance. Donc, tu as dit, c'est une connaissance-savoir. Oui. Savoir-faire, la technique. Je vais m'appliquer avec mes mains. Mais il y a un savoir-être qui, pour moi, est aussi un peu entre les deux, tu vois, dans la compétence. Je reprends tes exemples. Je me permets. Le brancardier, tu vois, aux urgences, je ne savais pas. Il y a quelques semaines, moi, j'ai réagi à une de tes stories.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Sur un habillage en super héros, genre en tenue de super héros pour un enfant qui part au bloc.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Alors t'es pas le seul à le faire. Il y en a quelques uns d'autres qui le font. Mais si on pouvait faire une prise de sang de ce petit bout là, tu vois, deux groupes témoins. Je pars au bloc avec ce staff là, cet encouragement, c'était un champion. Tu vois, tu me vois venir.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je te vois venir.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est rien. Biochimiquement parlant, je suis certain que son analyse, j'ai la conviction, l'intuition, la croyance, l'espoir aussi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, on l'a prouvé ça. On a prouvé qu'on mettait moins d'anxiolithique chez les enfants qui avaient ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, et dans un podcast précédent avec les trois cafés gourmands que je salue au passage, on avait parlé des études qui montraient que la musique, ça diminuait les quantités de sédation et les quantités de médication en salle de réveil. Mais je reviens sur mon exemple. Ton petit bout qui part là, est-ce que le fait que tu aies été brancardier à un moment, t'as pu t'immerger dans les questions des parents du dernier moment ? Tu vois, regarde, replonge-toi là avec ta mémoire photographique et ton arborescence là, replonge-toi, t'es brancardier, tu viens de gérer le papa à qui t'as pu dire « Eh toi, tu rentres pas, s'il te plaît, t'as des baskets et t'es pas en costume, tu rentres pas. » Non, j'exagère, mais t'es brancardier, t'as un petit bonhomme qui part au bloc pour l'avoir vécu moi. Oui. comme un bon nombre de personnes qui nous regardent,

  • Antoine Lacouturière

    qui nous écoutent.

  • Dr Bourgeois

    Va aller au bloc. Une des dernières personnes avec qui tu discutes, c'est les êtres humains qui sont là.

  • Antoine Lacouturière

    Mais là,

  • Dr Bourgeois

    à ce moment là, qu'est ce que tu vis ? Qu'est ce que tu te dis ?

  • Antoine Lacouturière

    Je ne sais pas si le fait d'avoir été brancardier, ou en tout cas de pousser des brancards, puisque c'est un vrai métier brancardier, ce n'était pas le mien, mais d'avoir poussé des brancards, ça te change vraiment ta vision des choses par rapport au fait d'être parent. Et je pense que l'expérience d'être parent et d'avoir un enfant... quand tu deviens soignant d'enfant, elle est un milliard de fois plus violente que d'avoir été brancardier dans un service d'urgence tout pourri. Je mets une nuance. Quand j'étais aux urgences, de temps en temps... il y a des brancards qui sont sur les côtés des couloirs avec des gens dedans qui attendent, etc. C'est un peu le pire empire, mais c'était déjà comme ça à l'époque. De temps en temps, même régulièrement, je m'arrêtais à côté de la dame ou du monsieur, je leur prenais la main et je leur disais ça va. Vraiment, je m'intéressais vraiment déjà parce que je voulais savoir pourquoi ils étaient là, leur pathologie, machin. Et je leur disais tout va bien. J'étais en blanc, j'avais une blouse comme les gens des Urgents. Ça, j'en ai parlé après avec Olivier, il m'a dit ça a Ça a changé la géographie des urgences. ce truc là il m'a dit parce que tu n'avais rien à là bas tu n'avais rien à faire tu n'étais pas attendu on ne tue des personnes ne dépendait de toi un infirmier quand il aux urgences il se fait avoiner mais complet il passe sa vie à courir entre droite et gauche machin il peut pas s'arrêter dire coucou comment ça va michel c'est impossible moi je n'avais que ça à faire donc moi j'étais un espèce d'électrons libres où je m'arrêtais je papote avec madame tu vois et ça Je l'ai vu, c'est vrai, mais lui m'a dit que ça a complètement modifié le fait que les gens devenaient ou pas agressifs parce qu'ils avaient l'impression qu'on ne les considérait pas, etc. Donc en fait, un des enseignements que j'en ai ressorti, c'est pourquoi est-ce que dans les urgences on ne met pas une espèce d'engagé volontaire, un mec comme un service civique qui, habillé en blanc, donne l'illusion qu'il est un soignant comme les autres, qui vient juste s'enquérir de comment vont les gens.

  • Dr Bourgeois

    Là, il y a un truc hyper important pour moi qui fait-il, c'est Carl Rogers. Je ne sais pas si tu vois. L'écoute active, l'approche centrée sur la personne, donc la puissance de l'écoute. Je vais te laisser parler sans t'interrompre. Je ne sais plus combien c'est la moyenne en France pour être interrompu chez un soignant. Je crois qu'il y a des...

  • Antoine Lacouturière

    14 secondes.

  • Dr Bourgeois

    Ouais. Donc, pour les auditeurs et ceux qui ne connaissent pas, il faut 14 secondes. Je ne sais plus si c'est des medjets, parce que j'ai beaucoup de respect pour les medjets malgré tout et les responsabilités qu'ils ont. Mais je crois que l'étude, c'était au bout de 14 secondes. En moyenne, on est coupé. C'est-à-dire que des fois, c'est avant ça. Merci. Et là, ce que tu dis, c'est que le fait d'avoir pu les toucher avec une main, aller les voir, mettre une présence physique, leur offrir un espace pour verbaliser peut-être, ça change des choses. Alors, j'insiste un peu, mais ça, pour moi, c'est une compétence. Tu ne l'avais pas à savoir. Tu ne l'avais pas. C'est un truc que tu as.

  • Antoine Lacouturière

    Je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    Tu penses que tu l'avais en toi avant ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    C'est parce que tu es comme ça, parce que tu as peut-être intrinsèquement cette qualité d'être qui te permet de faire ça, que ça développe ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je suis convaincu que ce truc-là, je l'avais. Tu ne peux pas l'apprendre. Il y a des gens qui ont essayé de l'apprendre. J'ai des internes, des externes, à qui on a dit, il faut que tu fasses ça, il faut que tu ailles voir les gens. En fait, ils le font une fois, deux fois, puis après ils arrêtent.

  • Dr Bourgeois

    Si c'était forcé, ça marche.

  • Antoine Lacouturière

    Ça ne fait pas partie de leur logiciel. Moi, ce truc-là, je l'avais avant. Je vais aider quelqu'un qui s'est pété la gueule dans la rue, parce que je ne sais pas faire autrement. J'ai qu'un seul logiciel, c'est celui-là. Je ne peux pas laisser quelqu'un la souffrance, ça me rend... Ça ne me plaît pas. et donc il faut que j'apporte de l'aide là-dessus. Et donc, les urgences, ça a juste été un moyen d'exprimer ce truc-là en me disant, tiens, j'ai mis plusieurs mois à être capable de faire ça, à oser le faire. À ce qu'on me dise, non, non, mais tu peux parler à ce patient-là. Je dis, mais peut-être, il ne faut pas qu'il parle, tu sais, comme il doit être âgé, il ne faut pas non plus qu'il parle. non non mais tu peux, c'est pas grave, tu peux dire aux gens bonjour ça va Vous avez besoin de quelque chose ? Et des fois, j'amenais une serviette, un coussin de plus pour relever les gens. Je bougeais le brancard, tu vois ? Je relevais le dossier du brancard. Donc pareil, il faut apprendre à le faire, ça. Parce que tous les brancards sont différents, et au début, tu ne sais pas comment faire. Et tous ces petits trucs-là, lever la barrière, machin et tout, ça paraît absurde. Je me rappelle une dame qui m'avait dit, je vous en supplie, allez dire à mon mari, qui est en salle d'attente, que je ne sais plus quoi. Du coup, j'ai pris mes petits pieds, j'ai fait deux couloirs, je suis allé en salle d'attente, j'ai dit, il y a le mari de madame machin, il s'est levé, il m'a dit oui. Donc, je lui ai donné l'info, il m'a dit, merci beaucoup, elle n'a pas de téléphone, c'est une personne âgée. Et en fait, je me suis dit, tu te rends compte, cette transmission d'infos qui m'a pris littéralement 17 secondes, pour aller traverser la porte et dire ça à ce monsieur ? Aux urgences, tu n'as pas le temps de le faire. Et peut-être que les urgences ne veulent pas que tu le fasses. Ils se disent que quand tu es dans les urgences, le but n'est pas de tenir au courant la personne dehors, le but est de soigner la personne à l'intérieur.

  • Dr Bourgeois

    Mais dans ce cas-là, ils oublient, à mon avis, que l'état interne de la personne, elle dépend aussi de sa représentation, de son monde, et c'est fondamental pour le pronostic.

  • Antoine Lacouturière

    Ça, ça marcherait si on avait six personnes à soigner par jour, pas 30 passages.

  • Dr Bourgeois

    Je suis d'accord.

  • Antoine Lacouturière

    Et en fait, le système, il travaille en mode dégradé en permanence, et ça, ce n'est pas possible. Et les cabinets dentaires c'est pareil, quand tu reçois dans la même journée 6 appels pour des urgences, plus ton patient à toi qui a fait tomber la couronne, plus machin, en fait comment tu veux te dire oh stop Je suis avec mon patient, personne ne m'embête, je suis dans ma bulle, je vais bien le soigner. Tu gagnes pas mieux ta vie, tu te fais plus pourrir sur Google parce que les gens ne sont pas contents que tu n'aies pas répondu. Le système de soins, il n'est pas adapté à du soin de qualité. C'est la fameuse médecine à deux vitesses, c'est ce qui se passe aux Etats-Unis. Mais la réalité, c'est que ça se passe en France et que tu n'as pas le choix. C'est-à-dire que même quand tu payes un soin, tu te dis, moi j'ai des sous, c'est pas grave. Je me paye un super soignant. Tu ne l'as pas, en fait. Ça, c'est une réalité.

  • Dr Bourgeois

    C'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    S Tu veux nous dire quelques mots par rapport à ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je te sens... Agressif ? Non, pas du tout.

  • Antoine Lacouturière

    Touché, concerné ?

  • Dr Bourgeois

    En fait, je me sens... J'ai vécu la maladie, j'ai vécu... Chez mes deux parents, mon père en est mort et ma mère a eu un cancer. Donc j'ai vécu de la maladie, du côté soignant mais du côté patient aussi. Et en fait, j'ai été assez bouleversé par le fait que même quand tu veux t'occuper de toi-même, quand tu veux t'enquérir de ton traitement, quand tu veux mettre de l'investissement financier dedans, tout ce que tu veux, tu ne peux pas. Tu ne peux pas le faire. Et je ne dis pas qu'il faudrait qu'il y ait deux vitesses, comme ça, mais je me dis, quelqu'un qui n'est pas qui fait de la prévention, parce que se brosser les dents, tu peux les brosser quatre fois par jour et tu n'auras pas de caries, c'est parfait. Mais quelqu'un qui est malade, d'une maladie non évitable, et qui se dit, j'aimerais, j'aimerais me soigner, mais vraiment me soigner, tu vois. Il va appliquer des choses saines dans sa vie, mais l'accès aux soins qu'il a, il ne peut pas faire mieux que ce qu'on lui propose. Tu vois, quand tu te retrouves dans un hôpital qui est pas du tout à la pointe, mais qui te dit c'est comme ça et sinon il faut aller aux Etats-Unis ou en Suisse ou j'en sais rien pour se soigner, tu peux pas forcément le faire. Ton état de santé permet pas de transférer un malade, etc. Et en fait, pour moi, c'est quelque chose qui est très difficile. Pour te donner une idée, encore une anecdote à la con, mais quand j'étais dans mon ancien cabinet, je soigne des enfants sous anesthésie générale, comme tu as vu tout à l'heure, pour des polycaries, des enfants qui ont 8, 10, 15, 20, 30 caries parfois, à des petits âges, 2 ans, 3 ans, donc c'est beaucoup les habitudes alimentaires, brossage, hygiène, biberon de coca et tout ce que tu veux. Bref, je fais ça, et un jour, je reçois un patient, des Émirats Arabes Unis. qui vient me voir avec son enfant, le papa et une accompagnante qui je pense était la maman qui s'est pas présentée dans mon ancien cabinet. Il me dit on vient vous voir parce que le petit a des caries machin. Ok très bien, vous avez soigné telle personne qui tient un truc de chevaux là, un hara ou un truc je sais pas comment ça s'appelle, mais voilà qui nous a parlé de vous et nous on veut vous pour soigner le petit. Donc je lui dis ok, vous êtes en consultation avec moi donc c'est bon. Et il me dit, voilà, anesthésie générale. Donc, je programme l'anesthésie générale et je leur dis, voilà, je vous fais le devis. Je fais le devis pour anesthésie générale qui était de 600 euros. 600 euros, ça représentait l'anesthésie générale. Donc, tu mets un enfant dans le corps. coma, littéralement, tu l'intubes, tu le soignes, tu le réveilles, et tu t'en occupes avant et après. Donc je lui donne, devine, 600 euros, et je lui dis, voilà, ça sera ce qu'il faudra régler à la clinique, pour ses soins, souhaits et général. Il faut que tu te rendes compte que 600 euros, c'est même pas le prix d'une couronne, en France. pour une dent.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ça permet d'avoir un repère.

  • Dr Bourgeois

    Voilà, un implant, on est sur 1 000 euros. Avec la couronne, on est sur plutôt 2 000 euros. Une couronne toute seule, t'es à peu près à 700, 800 euros maintenant. Donc là, on parle d'un tarif qui est en dessous d'une couronne. Donc dans la tête des gens qui sont déjà allés chez le dentiste en tant qu'adulte, ils ont une vague idée des tarifs. Et donc, je lui donne ce devis et le mec me sort 600 euros en espèces et il me les donne. Je lui dis, alors non, ce n'est pas pour moi, c'est pour la clinique directement. Et le gars me dit, je ne comprends pas. Donc, je lui dis, ne me donnez pas 600 euros, gardez-les, il faudrait les donner à la clinique le jour de l'opération, vous payerez à la clinique. Et le gars me dit, attendez, ça c'est 600 euros pour la consultation aujourd'hui. et l'opération c'est combien ? Je lui dis, c'est 600 euros. Il me dit, non, l'opération, quand vous allez tout faire. Je lui dis, mais c'est ça ? Il me dit, c'est quoi ? C'est 10 000 euros ? Je lui dis, non, pas du tout. C'est 600 euros. Il me dit, ah non, attendez, on n'a pas compris. Moi, je veux que ce soit vous qui l'opérez. Je lui dis, mais c'est moi qui l'opère. Je ne parle que de moi, là. Enfin, il n'y a pas de... Je ne parle pas pour quelqu'un d'autre. Et il me dit, mais vous n'allez pas l'opérer pour 600 euros, je veux pas. Et je lui dis, mais pourquoi ? Mais c'est le tarif. Et mon ancienne assistante, qui me regardait à côté, elle me faisait un espèce de signe, genre, bah plus, alors tant pis. Et moi, j'avais déjà imprimé le devis, et je lui dis, non, non, mais moi, mon tarif, il est comme ça, en fait, c'est ça, c'est 600 euros. Et le gars n'a pas eu confiance que pour 600 euros, je prenne en charge la vie de son fils, sous anesthésie générale, sachant qu'il y a un anesthésiste, bien sûr, c'est pas moi qui le fais. Et sur le coup, je me suis dit, on ne réfléchit pas avec le même cerveau de système de santé, en fait. C'est-à-dire que lui, il est trop biaisé en se disant que c'est l'argent qui achète la bonne qualité du soin. Et moi, je ne comprends pas qu'il y a une valeur de soin qui n'est pas la même chez tout le monde. Alors, il y a plein de gens qui vont écouter ça et qui vont se dire, c'est bien, il est resté droit dans ses bottes et tout ça. Évidemment, je n'allais pas dire, c'est à géométrie variable pour vous, c'est 2000. Mais en fait, cette notion de l'argent-là en France, si demain je me dis, écoute, moi, je veux vraiment très, très, très, très, très, très bien faire mon travail et je prends deux fois moins de patients. Tu vois, j'ai une orthodontiste avec qui je travaille souvent qui prend 20 patients par jour. Donc là, s'il y a des orthodontistes qui entendent ce podcast, 20 patients par jour, c'est vraiment très rare chez l'orthodontiste. C'est plutôt 30, 40, 50, 60, voire des orthodontistes qui sont à 70, même 80 patients par jour sur plusieurs fauteuils avec des assistantes et tout.

  • Antoine Lacouturière

    Avec des consultations de 10, 15 minutes au lieu de 30, 40 du coup.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, même pas au lieu, c'est des consultations de suivi qui vont très vite. Bref. C'est pas un jugement, c'est un constat. Non, c'est un fait,

  • Antoine Lacouturière

    c'est comme ça.

  • Dr Bourgeois

    Moi, je travaille avec pas mal d'orthodontistes autour de moi en pédiatrie, et c'est la réalité. Cette ortho, elle fait 20 patients par jour. Et elle me dit, j'ai le sentiment, en faisant 20 patients par jour, que j'arrive à connaître mes patients, à leur expliquer, à savoir s'ils adhèrent au traitement, etc. C'est quelqu'un que je respecte beaucoup sur sa qualité de travail, qui est très forte, qui se forme, qui est en plus maman, enfin, tu vois, elle gère. et elle me dit je ne veux pas mieux gagner ma vie Je ne veux pas plus mal gagner ma vie. En fait, quand elle m'a dit ça, elle l'a dit, elle l'a balancé entre la poire et le dessert, tu vois. On était en formation tous les deux. Et j'ai compris ce qu'elle voulait dire. En fait, au fond, elle ne veut pas avoir plus de chiffres sur son compte et elle ne veut pas mal gagner sa vie. Elle ne veut pas la gagner au détriment d'un patient moins bien soigné. Et en fait, je crois que je suis pareil que ça. Je ne veux pas me dire que j'augmente mon nombre de patients parce que j'aurais le sentiment de faire moins bien.

  • Antoine Lacouturière

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et c'est un des sujets que j'avais envie d'aborder avec toi. En rentrant des États-Unis, je suis parti avec ces questions de rémunération.

  • Dr Bourgeois

    Oui, j'imagine.

  • Antoine Lacouturière

    Mais vraiment. Parce que c'est un vrai sujet et là, on va choquer des gens. Il y a des gens qui écoutent qui vont dire, mais c'est horrible parce que moi, j'ai vu un anesthésiste qui m'a regardé trois minutes par-dessus le bureau et qui m'a dit ouvrez la bouche, regardez, tout va bien. Et j'adore les anesthésistes et il faut des anesthésistes. Oui, il en faut. Clairement. Mais c'est la même chose avec les spécialités et qu'il y a malgré tout certains patients qui peuvent dire « L'ORL, j'ai attendu six mois, ça a duré une minute trente, il m'a dit que ça passerait, au revoir. » Et encore une fois, je le dis, on a besoin des ORL et c'est la même chose pour les ostéos. Je me mets dans le même grand panier en disant qu'il y a des ostéos qui sont incompétents, voleurs, menteurs. Bref, c'est comme tout le temps.

  • Dr Bourgeois

    Ça marche que les plombiers aussi.

  • Antoine Lacouturière

    Exactement. Donc, une fois qu'on a dit ça, maintenant, on peut parler d'argent. En rentrant des États-Unis, j'ai une anecdote à partager avec toi, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alors je peux pas parler de tout, j'ai vu la Californie un bout et puis Dallas, le Texas, mais Dallas au Texas et donc sur trois semaines je peux pas parler de tous les états et de tous les américains évidemment. Mais de ce que j'ai vu, de ce qu'on m'a raconté, de ce que j'ai pu voir et assister, le prix d'une consultation, le soignant... est rémunéré à une valeur importante. C'est-à-dire qu'il y a des prix qui varient en fonction des chirurgies, il y a des prix qui varient en fonction de la compétence, en fonction de l'âge.

  • Dr Bourgeois

    En fonction de la formation du soignant.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, parce que tu vois, pour partir d'un point de vue qui en ce moment me saoule et me questionne, tu te formes, et là je vais mettre tout le monde dans le même lot, tous les rééducateurs. Ma sœur kinésithérapeute a 16,13€ la consulte.

  • Dr Bourgeois

    J'ai lu.

  • Antoine Lacouturière

    Tes sages-femmes à gérer une maternité de nuit un dimanche soir à payer 25 centimes de plus de l'heure. Tu es orthophoniste ? Allez, je vais même mettre les ostéopathes dedans, même si on n'est pas par la sécu et qu'il y a une petite différence. Tu as des gens dans ce monde-là qui font des formations, qui lisent des bouquins, qui font des podcasts, qui partent chercher de l'info, qui vont être payés la même chose que d'autres qui ne font rien.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est parce que tu le fais pour toi, tu le fais pas pour eux. Tu le fais parce que t'as envie de donner du bon soin.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, c'est comme ça que je vis et tu vois, j'ai pas envie de vivre autrement, moi, égoïstement. Mais si tu transposes à autre chose que de la santé, est-ce que n'importe où ailleurs dans l'environnement, t'as ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que oui. Je pense que c'est pareil avec les enseignants.

  • Antoine Lacouturière

    Alors oui,

  • Dr Bourgeois

    oui. Un enseignant qui bosse ses cours tous les soirs ou un qui ne les a pas bossés depuis 20 ans, c'est pareil. Je pense qu'en fait, ça se retrouve finalement à assez fréquemment, il y a juste quand c'est toi qui décide purement de ton tarif que tu peux le changer. Et tout le monde ne le change pas.

  • Antoine Lacouturière

    Pour revenir sur la santé, on reviendra sur ce qui se fait aux États-Unis, du coup, et l'anecdote que j'aimerais te partager, mais... Tu trouves ça anormal ?

  • Dr Bourgeois

    Non, non, je trouve pas ça anormal. Pour que tu comprennes, j'ai... Enfin, pour que tu comprennes... Non, mais il y a un gars aux États-Unis qui s'appelle Zaghi. Ce gars, il publie, il est chirurgien maxillofacial, ORL et il opère des freins de langue. Il publie beaucoup en littérature scientifique, etc. Et j'ai reçu un patient, à lui, il y a quelque temps, dont le papa travaille dans une compagnie aérienne qui fait France-États-Unis beaucoup. Et donc... Il y a cette notion de peut-être qu'il va falloir couper le frein de notre grande fille qui a 10 ou 11 ans, mais on habite aussi en France. Donc ils se renseignent et ils vont voir ce gars-là dans sa clinique. Tu ne le vois même pas, tu vois des sbires à l'une. Et on lui explique que si jamais intervention du frein il doit avoir par ce gars-là, c'est 3000 dollars l'intervention. 3000 dollars. Ok. Ils se renseignent et ils disent, tiens, en France, on habite plutôt dans le sud de la France, etc. Il y a bourgeois. Donc, la mère décide de prendre rendez-vous avec moi au cabinet. Le truc se passe et moi, je la vois. Je fais ma consulte normale. J'explique la chirurgie. Ça prend 40 minutes. Et je donne mon tarif. Donc, entre 200 et 300 euros à peu près pour des chirurgies de ce type-là. On appelle ça de la chirurgie parodontale. Donc, il y a des tissus mous de la bouche. Et la mère me raconte cette histoire de 3000 dollars. Et en fait, moi, j'ai fait des formations. de ce gars-là. Et ce gars-là te dit que si tu fractures moins que ce que lui fait, tu dévalues son travail à lui. Parce que lui, il a pris un temps pour te former. Toi, t'as payé 4 à 5 000 dollars les 4 jours de formation pour te former, et tu vas faire un acte à 200 balles. Mais pourquoi tu fais ça ? La valeur de ce que tu fais, de ce que tu proposes, elle est importante, tu vois. Et pourquoi on met un acte à ce tarif-là ? Parce que la sécu nous a dit que ça valait ça. Aujourd'hui, je travaille beaucoup avec un copain Merci. qui est implantologiste, donc il fait des implants, il me dit, poser un implant pour moi, c'est dix fois plus simple, littéralement dix fois plus simple qu'enlever une dent de lait chez un enfant. Un enfant, ça chouine, ça braille, ça machin. Poser un implant sur un patient qui ouvre la bouche et qui te dit, c'est fini. Un implant, c'est un peu plus de 1000 euros. Enlever une dent de lait chez un enfant, c'est 25 euros. La dent, 5 euros celle d'après, et 3 euros celle d'encore après. Si demain, on inverse au temps passé, à la difficulté du truc, tu vas retrouver redescendre d'un plan beaucoup moins cher et tu vas remonter beaucoup plus cher l'extraction de la dent de l'œil.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est quelque chose qui me fait vraiment réfléchir en ce moment et il y a quand même beaucoup de questions chez les soignants actuellement sur la rémunération, le prix, le mal-être. Pour moi, une partie du mal-être, il vient de la pression du fait de ne pas avoir assez de moyens, de ne pas avoir assez de personnel, de ne pas avoir assez de temps, de toujours plus de patients et de moins de monde et tu augmentes la pression, c'est le sentiment que j'ai en tout cas, c'est ma lecture de ça. Tu es plutôt d'accord ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    oui.

  • Antoine Lacouturière

    Et l'autre côté, c'est aussi qu'on ne les rémunère pas, on ne les valorise pas, les soignants.

  • Dr Bourgeois

    Ah bien sûr, il faut les burn-out les soignants, parce qu'ils ne sont pas valorisés.

  • Antoine Lacouturière

    Il faut quand même le dire, c'est-à-dire que progressivement, la qualité des soins qu'on dispense, elle est aussi amenée et proposée par des patients, par des soignants qui ne sont pas forcément en grand état de santé, en grand état de forme.

  • Dr Bourgeois

    Non, ça c'est un vrai problème.

  • Antoine Lacouturière

    Tout à l'heure, je disais, je reviens sur ça, parce que c'était peut-être maladroit, mes propos pour les anesthésistes et les ORL.

  • Dr Bourgeois

    Ils ont arrêté d'écouter, désolé pour toi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, je salue ceux qui restent. Mais dans nos consultations, on le dit souvent, il y a aussi ces excès-là, malheureusement. Tu parlais de chirurgie qui avait été effectuée alors qu'il n'y avait pas besoin, que ce soit pour les freins. J'ai un très bon copain, Oftalmo, que je salue, et il me disait qu'il faisait aussi parfois des consultes après des confrères qui avaient officiellement opéré des trucs qui sont... hors recommandations, mais parce qu'il y avait un vrai gain financier. C'est horrible d'entendre ça, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Les dents de sagesse, c'est ça tous les jours. Les recommandations ont changé, on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif. On continue à opérer en France et dans le SLS à titre préventif. Parce que... Parce que c'est le gagne-pain de pas mal de gens. Quand un orthodontiste dit qu'il faut enlever les dents de sagesse parce que peut-être ça fera bouger les dents, on sait maintenant, ça a été prouvé que ça ne fait pas bouger les dents.

  • Antoine Lacouturière

    Énorme ce que tu es en train de nous partager.

  • Dr Bourgeois

    Il y a des recommandations de la Haute Autorité de Santé qui sont sorties, disant qu'on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif, ça ne peut pas déplacer les dents. A chaque fois que j'en parle à un patient, il me dit « mais pourtant, l'orthodontiste en 2024 m'a dit qu'il faut les enlever, et pourtant les recours sont de 2018 » . Mais ça, c'est vrai pour tous les domaines de la médecine, que ce soit l'ophtalmo, l'uro, le machin, tout ce que tu veux, tout ce qui génère un gain financier derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc j'entends. Donc je reviens sur ce côté un peu, on va dire... Petite proportion. Il y a des spécialistes qui exagèrent avec des dépassements et qui ne gardent pas les patients assez longtemps et qui ne font pas les bilans qu'ils devraient. C'est vrai. Il y a de la pression, il y a certaines choses. De l'autre côté, je pense aux rééducateurs qui gardent les gens qui ne sont pas assez payés. Et malgré tout, c'est quand même la grande majorité des professionnels de santé. Même chose pour les médecins. Pour moi, les médecins, j'ai à 25 euros si tu veux faire ton job correctement.

  • Dr Bourgeois

    C'est à monter, là, je crois. Ils arrivent à 30 bientôt.

  • Antoine Lacouturière

    Mais même mettant 30, pour gérer ce qu'ils gèrent, tu ne prends pas en charge les lectures de comptes rendus à distance. Non, non. C'est la pression. Bref, il y a un vrai truc qui ne va pas. On ne va pas le résoudre ce soir, toi et moi. On n'est pas ministre de la Santé. Je ne sais même pas si le ministre de la Santé peut résoudre ça. Ce qu'il ne peut pas. On va mettre nos petites graines quand même. On va semer ces graines-là pour ceux qui écoutent. Pour l'argent, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Alors, aux États-Unis, il m'a dit un truc quand je me suis formé là-bas. Oui. Ils m'ont dit c'est très simple, tu te casses la tête, mais c'est très simple, l'argent et le soin. Donc je lui dis, alors éclaire ma lanterne, je t'en supplie. Et il m'a dit, trop d'attente, pas assez cher, pas assez d'attente, trop cher. Et en fait, il a résumé comment tu peux faire varier ton délai d'attente au cabinet en fonction de tes tarifs. Ça marche en commerce. C'est-à-dire que si ton restaurant, il est toujours vide, c'est que tu es trop cher par rapport à ce que tu proposes. Si par contre, il est trop plein... plein, c'est qu'il faut monter des tarifs pour diminuer la quantité de gens qui attendent. En fait, en santé, des gens font la même chose. C'est-à-dire qu'ils disent, moi je suis plein sur 3 mois, je vais monter le prix de ma consulte, ça va trier, je serai plein que sur 2 mois, et ça va sélectionner les plus motivés. Ça s'appelle la sélection par l'argent. Le problème, c'est qu'en France, tu ne peux pas faire ça puisqu'on a une nomenclature des soins. Et donc, si, vous, oui, les ostéos, vous pouvez le faire. Un ostéo qui est très connu et qui a beaucoup d'attentes, il peut faire une consultation à 150 euros. Et il y en a qui le font. Peu ? Il y en a peu. Il y en a peu. Il y en a qui le font. Moi, j'en ai un dans ma région qui fait des consultations de 10 minutes à 140 euros. Et il continue à travailler. Donc, il a une aura... Je ne sais pas... Les gens disent que ce n'est pas bien ce qui se passe en termes de soins, etc. qu'il faut pas, c'est histoire de syndrome de quiste machin. Moi, je ne suis pas du tout ostéo. Donc moi, j'ai un avis qui est personnel dessus et on s'en fiche. Mais la réalité, c'est qu'il y a une patientèle pour ça. Il y a des gens, une clientèle si tu veux, il y a des gens qui sont prêts à payer cher parce qu'il y a une aura, parce qu'il y a ce truc-là. Et ça, je pense que si on avait la compétence dans notre métier de pouvoir changer, faire varier un petit peu ce truc-là, peut-être que des gens se diraient, va pas là-bas, c'est cher pour ce que c'est. Plutôt que de dire, va n'importe où, dès qu'il y a de la place sur sur Doctolib. Oui. Parce que je pense que ça c'est... c'est une connerie. Quelqu'un qui te dit je vais au plus tôt sur Doctolib parce que j'ai mal à une dent, vraiment, une fois sur deux, il s'est fait flinguer sa dent encore plus. C'est de l'expérience personnelle, mais le nombre de gens qui m'ont dit je suis allé au plus tôt, j'ai fait ça pour mon gamin et alors, bah alors il a mis de la pâte dessus mais il y avait déjà une nécrose. Et bah ouais, du coup ça a gonflé après, il a fallu le mettre sous un tibio, bah oui parce que le traitement c'était pas mettre de la pâte, c'était enlever la dent, mais mettre de de la pâte, c'est beaucoup plus rentable et ça prend zéro risque. Alors qu'enlever une dent, il faut faire une piqûre, c'est pas rentable et tout. Pour moi, extraire une dent de lait chez un enfant, c'est un acte qui est littéralement compliqué par rapport à ouvre la bouche, je te mets un petit bout de... de verrier au nommer. Et c'est quatre fois moins rémunérateur. Il y a un gros problème.

  • Antoine Lacouturière

    Et du coup, j'ai une question. Qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui à travailler avec des enfants, à passer du temps, à ne pas augmenter ta tarif alors que tu es un des plus formés sur ce sujet, à continuer de recevoir des stagiaires ? Qu'est-ce qui t'amène à faire ça ?

  • Dr Bourgeois

    Probablement parce que j'ai un cerveau assez limité. Non, parce que... Euh... C'est une bonne question. Je fais du soin pédiatrique parce que je pense que c'est le plus utile. Je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en pédiatrie. Et je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en prévention. C'est-à-dire, intervenir sur une respiration buccale, c'est sauver 43 000 fois par jour un enfant qui respire. Tu respires 43 000 fois par jour. Intervenir sur une fluoration, c'est sauver... des dents pour plus tard c'est pas valoriser on s'en fiche réparer une carie chez un patient qui a 74 ans j'y vois moins d'intérêt bien sûr que non il ya autant d'intérêt parce que la qualité de vie de ce patient est bien sûr importante mais moi personnellement ça touche moi j'ai le sentiment que je suis plus utile à faire ça et puis surtout je t'ai parlé de de la flûte tout à l'heure il ya un truc pour ceux qui connaissent pas en sociologie qui est la théorie de la flûte trois personnes se disent plus une flûte pour trois ans différentes il y en a un qui la veut parce que c'est lui qui l'a créé et construite avec ses mains donc lui c'est celui qui est propriétaire qui en a qui la veut parce que c'est le seul à savoir en jouer donc lui c'est l'utilitariste il y en a un troisième qui la veut parce qu'il ne possède rien d'autre et qui dit c'est Sinon... notion d'égalité, moi je mérite au moins la flûte, vous avez chacun un autre instrument. Moi j'ai l'impression de faire de la pédiatrie parce que ça me coûte moins qu'aux autres. Parce que j'arrive à en faire et que donc il faut bien que quelqu'un en fasse, c'est assez facile pour moi d'en faire. J'ai fait des formations pour un organisme de formation de dentiste qui s'appelle Learnilim, qui est très bien. Et j'ai formé en vidéo, j'ai fait avec une consoeur qui s'appelle Camille Lolland, qui est passée dans ton podcast d'ailleurs. Comment ça va ? Voilà, et que j'embrasse. Et on a fait des heures de formation vidéo pour expliquer l'odontologie péiatrique à des dentistes qui voudraient en apprendre un peu plus. C'est très bien. On avait deux patrons de cet organisme, qui étaient deux dentistes qui ont créé cet organisme. Et on a fait une petite interview avec eux. Tu vois, en mode genre, coucou, bâton rompu, alors machin. Et le premier truc de leur interview, ça a été, alors Camille, alors Cédric, alors... comment vous faites pour soigner des enfants ? Parce que moi, quand je vois dans mon planning que j'ai des chirurgies, des machins, mais qu'à 16h, il y a un gamin de 7 ans, je suis en angoisse toute la journée, parce que je me dis « Mon Dieu, il y a un enfant, il a 7 ans, dans le planning, c'est une angoisse. » Ça, ça m'est complètement imperméable, ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, ça te touche pas, quand tu veux dire « ça t'est imperméable » ?

  • Dr Bourgeois

    Non, ça m'est imperméable dans le sens, c'est l'inverse de ce que moi je pense.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu ressens pas ça, quoi.

  • Dr Bourgeois

    Moi, quand je vois un enfant dans mon planning, je me dis c'est un parmi 14 autres. Et Et en fait, si ça me coûtait beaucoup, si tu me disais maintenant, tu vas faire de la géontologie, géontologie et puis tu vas aller faire des clacos, des appareils dentaires en maison de retraite, ça me coûterait beaucoup parce que je n'y serais pas à l'aise. Probablement que j'adorerais le contact avec les personnes âgées et j'adore ça. Tu vois, quand j'ai des grands parents qui viennent, j'adore parler avec eux et tout, mais ça me coûterait beaucoup plus que faire des soins pédiatriques. Donc. je fais ce dans quoi je me sens utile et aussi plus efficace. Tu vois ? C'est une des raisons pour lesquelles je le fais. C'est pas la seule, mais c'est une des raisons pour lesquelles je le fais.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va comme réponse ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, très bien, merci. C'est une question qui est... Qui n'est pas si simple, pourquoi ?

  • Dr Bourgeois

    Quand j'ai fait mon master de socio, il y avait deux mecs, deux médecins, qui s'opposaient tout le temps. Il y en avait un qui disait « pourquoi » à chaque fois, et un qui disait « comment » à chaque fois. Et donc, c'était monsieur « pourquoi » et monsieur « comment » . Et moi, je suis assez monsieur pourquoi. Moi, j'ai besoin de comprendre tous les trucs. Et quand je suis avec quelqu'un dans la vie qui ne parle pas et qui n'exprime pas, c'est difficile pour moi. Parce que je me dis, mais qu'est-ce qu'il pense et comment on fait ? Est-ce qu'on l'aide ? Et du coup, c'est difficile pour moi d'être avec des gens, quelqu'un se reconnaîtra, qui n'arrivent pas à verbaliser les choses. J'ai une mère qui parle beaucoup. Je l'aime du fond du cœur, vraiment. C'est la personne la plus importante de ma vie, ma maman, mais elle parle énormément. Et donc, je suis habitué à ce qu'elle verbalise tout ce qu'elle dit. Tout le temps, elle fait un truc, elle en parle et tout. Et donc, quand je suis moi avec des gens qui ne verbalisent pas, il y a toujours cette possibilité de me dire mais pourquoi ? Pourquoi ils ne verbalisent pas ? Qu'est-ce qui se passe, tu vois ? et je En consulte, j'en parle. Quand je fais des formations, je parle, je réponds aux questions, etc. Je parle beaucoup pour expliquer les choses. Et donc, en pédiatrie, tu peux parler. Les enfants, ils ont envie que tu leur expliques des choses. Ils ont envie de te parler, ils ont envie que tu leur répondes. Les enfants, ils ne sont pas de mauvaise humeur. Jamais. Moi, je n'ai jamais d'enfants de mauvaise humeur. J'ai des enfants qui font des chagrins ou des caprices, mais il n'est pas de mauvaise humeur, cet enfant. Tu vois ?

  • Antoine Lacouturière

    Je vois bien.

  • Dr Bourgeois

    Tu vois, tu as un enfant, donc tu sais que quand il est de mauvaise humeur et que tu le distrais avec. avec autre chose, genre un jeton magique de la salle d'attente pour avoir un cadeau, cette mauvaise humeur disparaît. Est-ce que tu te rappelles quand tu étais enfant et que tu devais aller à Disney ou dans un parc d'attractions et qu'on te disait c'est à la fin du mois ? Tout ton mois, tu étais excité parce que tu savais que tu allais y aller. Aujourd'hui, ça n'existe plus en tant qu'adulte. Aujourd'hui, même s'il y a un truc qui t'excite à fond, ta journée va quand même t'impacter négativement, etc. Je n'arrive plus à avoir ce truc-là de ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien. et c'est Et ça me manque terriblement. Et je trouve que les enfants ont ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, tout à fait. Je me demande si c'est quelque part ici que j'ai vu une photo du petit prince ou pas. Oui,

  • Dr Bourgeois

    là.

  • Antoine Lacouturière

    Ah génial !

  • Dr Bourgeois

    Juste derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Tu vois le moment où il dit parce qu'à partir de telle heure je commencerai à t'attendre ?

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me fait penser à ce moment-là. Oui, oui.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'on s'est un peu trop éloigné des enfants. Oui. Et aujourd'hui, cette âme d'enfant qu'on est capable de garder, cette âme d'émerveillement, mais de libération de la colère aussi en fait. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    carrément.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve que c'est dommage qu'on l'ait plus. Astier il a dit je travaillerai pas avec des cons, non avec des connards, il a dit je travaillerai pas avec des connards, ben moi je travaillerai pas avec des gens trop sérieux. Tu vois j'ai un orthodontiste avec qui je travaille régulièrement, qui est un mec qui a une 5, 55 ans, et qui... qui me fait mourir de rire. Quand on va au resto ensemble, vraiment, je me pisse dessus à chaque fois tellement il me fait rire. Il est drôle, il est acide, il est percutant, il est... Tout est drôle, tu vois, à chaque fois. dis mais quel kiff à chaque fois je le vois je me dis mais qu'est ce que c'est cool de passer du temps avec lui parce que il est très bon techniquement c'est un énorme conférencier c'est un énorme orthodontiste vraiment tu lui confie ta bouche sans problème mais surtout tu passes un moment génial t'as pas un moment où tu es avec lui déjà j'ai pris l'avion avec lui il n'y a pas très longtemps je te jure on nous entendait rire dans le terminal parce que je vraiment se pisser dessus quoi et je trouve ces gens là je trouve ces gens là on va me pouvoir fantastique. Je rêverais d'avoir ce... pouvoir là de dire aux gens je vais juste éclairer votre life tu vois parce que lui je pense que c'est ça qui fait alors peut-être que ça fait chier des gens est ce qu'il emmerde des gens certains mais moi moi moi il faut que je note tous les gens dont je parle dans le podcast ça

  • Antoine Lacouturière

    va commencer à faire un paquet c'est clair Cédric, on aborde plein de sujets passionnants le podcast, j'avais imaginé une trame et en fait finalement c'est pas tout à fait ça mais je te remercie pour ces confidences ces partages plutôt j'ai envie de terminer on se rapproche de la fin du podcast mais j'ai envie de terminer avec deux petits chapitres qu'on pourra peut-être exporter en vidéo Ouais Sur une, c'est les questions que j'ai reçues, les questions en vrac.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ah bah oui.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, et puis peut-être le micro ouvert à la fin sur la partie conseils. Tu vois, on pourrait faire deux parties si ça te convient.

  • Dr Bourgeois

    Comme si j'avais des conseils à donner aux gens, quoi.

  • Antoine Lacouturière

    Comme si tu pouvais semer des graines de santé. Ceux qui veulent, ils prennent. Ceux qui ne veulent pas, ils ne prennent pas. Vous devez absolument faire ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Les recommandations, c'est ça. Et peut-être que ça et ça, ça peut changer la vie ou pas.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    T'es libre.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va ?

  • Antoine Lacouturière

    Ça me va. Ok, donc j'ouvre le chapitre questions en vrac. Merci. Et l'idée, c'est de répondre plutôt rapidement. Ça te va ?

  • Dr Bourgeois

    Ça me va.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce qui t'amène à être sensible à l'ostéo ?

  • Dr Bourgeois

    Principalement parce qu'ils apportent des réponses et une vision de choses que je n'ai pas et que je ne comprends pas. Et donc, quand je ne comprends pas et que quelqu'un comprend ou connaît, j'y suis sensible. Ok. Voilà. Donc,

  • Antoine Lacouturière

    tu fais partie de ces praticiens de santé ? Alors pluridisciplinaire, ça maintenant, c'est plus en secret pour les gens qui te connaissent.

  • Dr Bourgeois

    J'ai un pédiatre dans mon entourage qui est anti-ostéo à fond, qui dit que c'est des charlatans, etc. Je pense simplement qu'il ne s'est jamais questionné, pas méchant, mais sur ce que peut apporter l'ostéo, ou écouter un parent ou un patient qui te dit « heureusement que j'ai mon ostéo » . Je pense que c'est ça, c'est tout.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu as été sensible à ça, tu es sensible à ça.

  • Dr Bourgeois

    Je suis sensible à ça, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Tu reçois de l'ostéo de temps en temps ? Est-ce que tu reçois des soins d'ostéopathie ?

  • Dr Bourgeois

    Très rarement. Lié à ma condition physique qui fait que j'aime pas trop être touché. Physiquement, pardon. Et du coup, c'est un peu plus difficile pour moi. Mais ça ne change absolument rien au fait que j'y crois. Je pense que c'est un vrai, vrai apport. Et que ça me ferait probablement du bien, mais je suis un peu bête.

  • Antoine Lacouturière

    T'es bien entouré de plein de personnes différentes pour passer le cap à un moment. Dans la partie question, il y en a une que je trouvais pertinente, c'était les cicatrices. C'est quelqu'un qui a écouté le podcast avec le docteur Jean-Claude Guimberto, qui est une forme de confrère à toi, un chirurgien qui au départ est chirurgien de la main, et puis plasticien, et puis il a pas mal fait d'études. Je ne sais pas si tu vois sur Promenade sous la peau.

  • Dr Bourgeois

    Ça me dit quelque chose, ça, mais je ne sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle d'un réseau multifibrilaire qu'on pourrait communément appeler les fascias, mais qu'il n'aime pas appeler les fascias. Il a fait de l'endoscopie intratissulaire sur plus de 1500 opérations à Bordeaux. Il part avec un endoscope sous la peau et il regarde comment ce réseau s'organise. En fonction du mouvement, tu pourrais imaginer qu'il y a une forme de continuité.

  • Dr Bourgeois

    La structure est visible,

  • Antoine Lacouturière

    mais en fait, le tissu humain s'organise de manière fractale avec des déplacements qui sont non prévisibles et pas toujours linéaires. Et donc, on sort de la physique traditionnelle. Il fait appel à la physique quantique pour dire qu'il y a des déplacements que je ne suis pas en capacité d'expliquer aujourd'hui, mais que j'observe. Et donc, lui, il parle de l'importance des cicatrices et du fait de dire qu'une cicatrice dans le corps humain, c'est quelque chose qui est important. Oui. Tu partages ça ?

  • Dr Bourgeois

    Complètement.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc, la question de la personne qui m'a demandé ça, c'est comment est-ce qu'on fait la cicatrice sous la langue ? Est-ce que c'est important pour le docteur Bourgeois, les cicatrices sous la langue, quand il intervient ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    je suis très, très sensibilisé à la notion de cicatrisation, comment on cicatrise et ce que ça va donner plus tard, et l'impact que ça va avoir. Je soigne beaucoup, beaucoup, beaucoup ma cicatrisation sur mes patients. J'essaie de faire quelque chose de vraiment très propre, non déchiré, non déchiqueté, etc. J'essaie de toujours respecter les lignes de tension du corps, de faire des dissections entre les plans existants, etc. Et je suis très touché par les...

  • Antoine Lacouturière

    par les récits des parents qui me disent qu'ils ont subi leur enfant a subi des chirurgies du frein sont un peu sauvage sans joie la maternité au ciseau machin et moi je retrouve ces patients là qui eux ont des cicatrices épaisse cartonné qui font très souvent plus de dégâts que si on avait laissé le corps tranquille et qu'on est peut-être opéré plus tard dans des meilleures conditions avec une vraie dissection des sutures et c'est donc oui je suis très Je suis, je pense, très sensible aux cicatrices. Je ne me suis jamais posé la question comme ça, mais pour moi, ça a une vraie, vraie importance.

  • Dr Bourgeois

    OK, merci pour la réponse. D'un point de vue ostéo, je pense qu'on est plusieurs à partager ça. On donne souvent cette image-là, tu vois, de ça tire ici, j'ai des répercussions ailleurs. Elle est simple, mais si ça marche avec un tissu d'influence, c'est le tissu humain.

  • Antoine Lacouturière

    Encore plus.

  • Dr Bourgeois

    Et deuxième question, là, c'est plutôt moi qui la pose celle-ci. Quelle répercussion ça peut avoir ? pour toi, une cicatrice par exemple dans la bouche, quel lien tu fais avec le reste du corps ?

  • Antoine Lacouturière

    Tous les éléments qui sont dans la bouche vont perturber ton équilibre de deux. de ta bouche, de ta façon dont ta langue va se positionner, de tes tics, de morsures et autres. Et imaginer que la bouche évolue toute seule dans son système, c'est une bêtise. Et donc, dès que tu vas avoir quelque chose qui va se mettre en place au niveau buccal ou oculaire, d'ailleurs, tu vas avoir des répercussions au niveau de ta mâchoire, de ta nuque, de ton osseoïde, etc. Et donc, tu as des compensations imprévisibles. plus ou moins importante chez les gens. Et ça, je suis assez convaincu qu'on n'étudie pas, pas assez. Et par exemple, la cicatrice des freins de lèvres supérieurs, donc pour les freins de lèvres qu'on coupe de façon très abusive chez les bébés, qui est assez catastrophique, engendre des adhérences au niveau de l'os et du périoste qui va générer moins de mobilité de la lèvre et qui peut même générer des dents du bonheur, ce qu'on souhaite supprimer. et qu'en fait on crée avec des adhérences entre le tissu de la muqueuse gingivale et l'os qui est dessous, à cause de cette cicatrice. Et donc ces fameuses chirurgies préventives du frein de la lèvre supérieure qu'il faudrait bannir vraiment, enfin qu'il faut bannir, je pense que ça a des vraies répercussions. Et alors les freins de joues, les soi-disant freins de joues, c'est une catastrophe. On balance des coups de ciseaux, de lasers ou de scalpels dans la muqueuse des joues des bébés, sans aucune preuve de quoi que ce soit. Et on a même prouvé que ça ne servait à rien. Et c'est encore fait. Et c'est très dommageable.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. Autre question. Tu parles des recommandations, tu fais l'effort de te tenir à jour.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Dans le podcast, quelques minutes plus tôt, on vient de parler des recommandations par rapport aux dents de sagesse qui avaient évolué. La question, c'est ici, comment tu fais pour travailler avec des gens qui ne respectent pas les recommandations et qui ne se tiennent pas à jour de ça ? Quand les patients viennent te voir par exemple en disant mais moi on m'a dit ça. ça, c'est quoi ton... C'est du pratique au pratique, là c'est une soignante qui demande ça.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je pense que la plus commune qu'on a, c'est l'innexium chez les bébés, qui n'est pas recommandé et pas prescrit avant un an. C'est hors autorisation de mise sur le marché et c'est prescrit beaucoup. Et quand moi en fait je demande aux patients, je leur dis vous étiez d'accord du coup pour que l'innexium soit mis hors recommandation ? Et les parents me disent mais... De quoi vous parlez ? Donc je leur dis bah c'est hors recommandation, donc le pédiatre qui... qui vous l'a prescrit, probablement vous a dit que c'était hors recommandation, mais que pour votre enfant, il y avait des choses particulières qui le... Ah non, on ne l'a pas dit. Posez-lui la question.

  • Dr Bourgeois

    Là, ça fait écho chez moi avec le consentement. Consentement et le fait d'être éclairé.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, libre et éclairé, oui.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est une obligation légale dans le contrat de soins.

  • Antoine Lacouturière

    Le consentement libre et éclairé, ça fait partie de la loi Kouchner de 2002. Il doit être recueilli par le professionnel de santé avant les actes invasifs ou non invasifs. Donc, par exemple, un frein, etc. Un consentement libre, c'est un consentement qui n'est pas sous pression. De dire, attention, si vous ne le faites pas, il va y avoir des choses. Comme tu le sais, peut-être qu'il y a un bébé qui est décédé suite à une frénectomie. au laser. Le jugement est en cours pour la dentiste. Il n'est pas remis en question son acte chirurgical en disant qu'elle l'a mal fait. Il est remis en question six chefs d'inculpation, dont pas de consentement libre et éclairé, avec une pression d'avoir menti aux parents en disant que s'ils ne le faisaient pas, l'enfant serait moqué en classe, traité de langue de fesse, qu'il aurait des difficultés d'élocution et autres. Donc tu ne peux pas avoir un consentement libre et éclairé sur les informations médicales. J'essaye de ne pas travailler avec des gens qui ne travaillent pas avec les recommandations. Néanmoins, quand c'est le cas, je ne dis pas que c'est un méchant docteur qui travaille aux recommandations. Je dis juste que vous avez donc accepté. Et quand les gens me disent oui, oui, je dis OK. Et quand ils me disent non, non, on n'est pas au courant, je leur dis parlez-en avec lui. Alors, je ne me fais pas des copains, parce que quand les gens retournent voir leur pédiatre et qu'ils disent mais on n'était pas au courant, et le pédiatre dit oui, mais qui vous a dit ça ? Un dentiste ? Un dentiste, il n'y connaît rien du tout.

  • Dr Bourgeois

    Un dentiste pédiatrique en plus ?

  • Antoine Lacouturière

    En plus, cette réponse me va bien, je m'en fiche en fait. Moi, ce que je veux, c'est que les parents aient l'info, ils en feront ce qu'ils veulent. si dans 98% des cas, ils n'osent pas retourner voir le pédiatre. Oui, je le sais.

  • Dr Bourgeois

    Parce qu'aller défier un pédiatre, c'est quand même quelque chose de difficile.

  • Antoine Lacouturière

    Mais moi, j'ai ma confiance tranquille et je note dans mon dossier médical, on a accepté une oxyome sans information qu'aura elle-même. Et si jamais demain, on vient me chercher en expertise, puisque c'est mon boulot l'expertise, en me disant « vous avez été d'accord avec la poursuite de l'inexium » , je vais dire « non, non, celui qui l'a prescrit, ce n'est pas moi » . Et donc, on n'enlève pas le traitement prescrit par un autre médecin. Ça c'est aussi un truc assez clair en médecine, quand c'est pas vous qui prescrivez, c'est pas vous qui l'arrêtez. Sauf pour raisons graves. Mais par exemple, un médicament anticoagulant positionné par un confrère, je vais pas dire « Arrêtez-le ! » Tu vois, c'est pas du tout le truc. Donc, il le prescrit, il est responsable, s'il l'arrête, c'est sa pratique.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. L'argent, on en a quand même parlé un petit peu sur les compétences.

  • Antoine Lacouturière

    Il y avait une question sur l'argent ? plusieurs même plusieurs j'en ai pas 40, j'ai 2 ou 3 personnes qui m'ont écrit pour dire c'est quoi ces tarifs j'aimerais aller le voir et c'est peut-être des gens qui n'ont pas osé t'écrire directement ou comme je réponds pas trop sur Instagram parce que ça me prenait trop de temps il y a peut-être ça aussi je pense qu'on serait beaucoup plus à l'aise comme les parodontologistes donc ceux qui sont principalement de la gencive dans la chirurgie dentaire ils sont payés à l'heure Les parodontologistes ont payé au quart d'heure même. Il te dit voilà, moi mon quart d'heure il est à 100 euros par exemple. Donc tu veux un détertrage par un spécialiste, ils sont hors nomenclature.

  • Dr Bourgeois

    C'est quoi c'est des secteurs 2, 3 ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est pas en dentaire le secteur 2. En fait, un peu compliqué, nous en dentaire, on a une nomenclature à suivre et dans la nomenclature il y a des actes à 0 euro. à tarif libre. Le blanchiment mentaire, par exemple. Ça existe. HB, quelque chose, machin, truc. Mais c'est tarif libre. Et donc, nous, toi, tu es parodontologiste, tu fais des surfaçages, du nettoyage de gencives. Je vulgarise, désolé les paros qui écoutent, mais tu peux... je peux dire que mon surfaçage est à tant d'euros. Donc si ça c'est une heure, ça va faire tant d'euros. Si c'est un quart d'heure, on fait un quart du surfaçage. Et je pense qu'on serait tous beaucoup plus à l'aise si on était facturé au temps passé. Et qu'on fasse de la prévention ou de l'acte technique, on serait payé la même chose. Donc les gens feraient beaucoup plus de prévention, puisqu'en fait, t'as moins de risques. Bien sûr. Tu as moins de moyens engagés. Bien sûr. Et les patients t'écoutent consensueusement quand ils payent leur prévention. Oui. Moi, quand je dis à mes militaires, maintenant tu vas brosser matin, midi et soir, et que j'ai des légionnaires en face, ils me répondent, reçus mon capitaine. Parce que c'est un ordre. Alors, je ne le dis pas comme ça, mais pour eux, c'est un ordre. Alors que quand je dis à un patient, il faudrait brosser matin, midi et soir, je ne dis pas il faut, je dis il faudrait brosser matin, midi et soir, et qu'il me dit, oui, il est pas. C'est un peu quand même le gamin. En fait, il ne peut pas faire plus.

  • Dr Bourgeois

    Merci pour ça. Ce que je te propose maintenant, c'est d'aborder la dernière partie. C'est la partie bonus, un peu conseil. Citation, sans toi libre. Il n'y a pas de... Il faut absolument deux. C'est juste qu'on ouvre le micro et on partage ça.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Alors, les petits conseils que je pourrais te donner. Par rapport à la santé, déjà... Je pense que la majorité des gens qu'on soigne en France sont des gens qui ne sont pas malades. Pas malades dans le sens, pas vraiment malades. Il y a beaucoup de choses qu'on fait, qu'on s'est auto-créé comme maladie. J'ai été dans le monde militaire en Afrique subsaharienne et j'ai soigné des gens là-bas qui étaient des populations locales. C'est des gens qui sont malades, malades vraiment. Des gens qui ont perdu des organes, qui ont perdu des membres, etc. Et en les soignant, je me suis dit, ça me paraît un peu futile parfois tout ce qu'on fait en France. Le patient qui te rappelle pour te dire, oui, le composite qu'on m'avait fait, il n'est pas parfaitement poli. Et je sens un tout petit peu en passant ma langue, ça me gêne terriblement. évidemment qu'il faut le prendre en charge cette doléance de patients mais c'est juste que quand tu remets ça dans le contexte des gens qui sont vraiment beaucoup malades ça fait bizarre et donc cette dichotomie qui fait que quand tu reviens en france tu as un oeil différent puis après ça se lisse évidemment comme après l'humanitaire ou quoi je pense qu'il faut la garder de temps en temps en tête ça c'est le premier truc Le deuxième c'est que quand j'étais donc dans ces pays là aussi J'ai mon infirmier là-bas, qui était un local, qui m'a dit... tout ce qui peut se résoudre avec de l'argent n'est pas grave, tout ce qui ne peut pas se résoudre avec de l'argent est grave. Et sur le coup, je n'ai pas très bien compris. Et après, quand tu es malade ou quoi, tu te rends compte qu'en fait, quand tu dis la phrase, mais je vous donne ce que vous voulez, juste enlevez-moi ça, et que ça ne peut pas être le cas. c'est vraiment grave quand ton enfant est malade etc alors que quand finalement c'est un problème d'argent c'est pas c'est important mais c'est pas forcément très grave tu peux peut-être t'en passer de ce truc là etc tu vois donc ça ça fait partie des choses aussi qui sont des sortes de mantra où je je me rappelle de temps en temps tu vois Troisième truc, c'est encore cet infirmier qui m'avait dit, on parlait d'argent, je ne sais plus quoi, et là-bas, ils n'ont pas beaucoup de moyens. Et je lui disais qu'un plombier, le déplacement du plombier dans mon cabinet m'avait coûté plus cher juste sur le déplacement que la visite à domicile de SOS médecin qui était venu. Et en fait, il n'a pas compris ce truc-là. Il m'a dit... Il m'a dit... « Qu'est-ce qui vaut plus cher que la santé ? » Il m'a posé cette question, il m'a dit « Mais qu'est-ce qui vaut plus que la santé ? Qu'est-ce qui a plus de valeur à vos yeux que la santé ? » Et je lui ai dit « Mais rien n'a plus de valeur. » Il m'a dit « Mais alors pourquoi ça a plus de valeur d'argent que la santé ? » Autre chose. Et je me suis retrouvé un peu con. Donc il y a des gens qui vont écouter ce podcast qui vont dire « Mais la santé ne doit rien coûter. » Le problème c'est qu'elle n'est pas faite par personne. Et comme ce qui ne coûte rien ne vaut rien, bah si ça vaut rien la personne qui le fait ne vaut rien non plus plus. Et donc en faisant ça, on va avoir une santé de moins en moins bonne qualité. Et tu vois, j'ai fait un burn-out l'an dernier, assez costaud, et mon ancienne assistante, que je salue, Camille, elle a appelé, elle a pris son téléphone pendant une journée pour décaler un mois de patient. Pendant une journée, elle a pris son téléphone, elle a fait que ça. Elle a décalé un mois de patient. Elle s'est fait insulter. Insulter, j'étais à côté, par beaucoup de patients qui disaient « putain, mais c'est pas possible ! » Et donc, je lui avais dit, pour consigne, de dire que les travaux du cabinet n'étaient pas finis, et que donc elle était obligée de décaler. Et je lui avais dit « si vraiment on vous casse les pieds, vous dites que j'ai fait un burn-out et que je suis arrêté. » Et donc, elle a fini par dire à certains patients « non mais voilà, le docteur, il a fait un burn-out. » Et les gens disent « Ouais, mais moi je m'en fous, moi, et mon gamin ! » Et en fait, quand j'ai vu ça, ça m'a beaucoup marqué. Déjà, je la remercie du fond du cœur d'avoir fait ça, même si c'était son taf. Mon dieu, qu'est-ce que c'est dur Et deuxièmement, j'ai pris conscience qu'en fait, j'étais rien pour les gens. Tout le monde s'en fout, en fait. Et c'est pas quand t'as un gamin qui te fait un dessin et qui te dit merci beaucoup et tout, et t'es trop content. En fait, tu n'es rien pour les gens. Tu es du consommable aussi. C'est trop bien d'avoir des relations importantes avec les patients. Mais dans le fond de la globalité, tu es juste... C'est pas ta famille que tu soignes. C'est des gens qui sont requérants, qui veulent du soin. Et donc, des fois, ils te considèrent comme un prestataire de service. Il faut l'avoir en tête parce que si tu soignes tout le monde comme ta famille, tu vas prendre des grosses claques quand même. Donc voilà. Et pour faire court, parce que je n'ai pas envie que ça dure trois plombes non plus, je pense qu'il faut que vous vous entouriez absolument des gens que vous aimez. Entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens avec qui vous aimeriez passer un week-end ou une soirée. Vraiment, c'est indispensable. Ne travaillez pas avec des gens avec qui vous avez des faux semblants. Vraiment, on a des métiers de santé qui sont souvent libéraux, pas tout le temps, mais quand même régulièrement. Peut-être dans les gens qui nous écoutent, il y a des gens qui sont salariés, qui n'ont pas le choix. Enfin, on a toujours le choix au bout du compte, mais les libéraux, vous avez le putain de choix de choisir vos alliés. Donc entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez, même s'ils sont loin, orientés vers des gens qui ont les mêmes valeurs que vous, dans un réseau de soins. de gens que vous appréciez. C'est indispensable, je pense. Quand vous travaillez avec des gens que vous n'aimez pas, c'est la qualité de vos soins, c'est votre espace cérébral qui se réduit, c'est votre façon de voir le jour qui se lève, qui s'impacte. Les cons vont travailler avec les cons. C'est méchant de dire ça, mais mon maçon véreux, il n'était pas véreux celui-là, mais mon maçon véreux va m'envoyer un plaquiste véreux. Parce qu'ils travaillent ensemble. T'as rarement un maçon vers eux qui va t'envoyer un plaquiste incroyable qui va prendre moins cher que les autres. Par contre, les gens qui sont bien, travaillent avec des gens bien, souvent. Parce qu'ils ont les mêmes valeurs. Et parce que c'est la même chose dans votre travail, dans la santé. Donc travaillez avec des gens que vous aimez et qui travaillent de la même façon. Big up Virginie. Et surtout, surtout, je pense, faites ce qui vous fait vibrer. Parce que l'orthodontiste dont je te parlais tout à l'heure, qui est quelqu'un qui me fait beaucoup rire, il me dit, il a plein de phrases super, mais il me dit, il faut être réduit. Tu vois les sportifs de haut niveau, il faut être mais il faut durer aussi. Et bien dans le métier c'est pareil. Donc faites ce qui vous fait vibrer, vous n'aurez pas besoin de durer, vous ferez juste bien. Si tu fais un truc qui ne te fait pas vibrer, si tu es tordu, si tu as le sentiment que tu fais quelque chose qui te contraint, qui te contorsionne, que dans ton métier tu te dis « putain, j'aime pas ça » , tu vois, et qu'il faut pas le faire. Et pas « il faut pas le faire en mode, faut être bougon et machin » , il faut pas le faire parce que c'est quelque chose qui va vous coûter beaucoup plus cher que ce que ça vous rapporte. J'en suis convaincu. Même si aujourd'hui on n'a pas les moyens diagnostiques, d'IRM fonctionnels, de voir ça sur votre cerveau, je suis convaincu que les ulcères, les cancers, tous ces trucs-là qu'on se fait, et qui sont des espèces de trucs beaucoup autogénérés, qu'on avait beaucoup moins avant, et je n'ai pas une vision magnétique du monde. Je suis convaincu physiquement de ça, on le voit tous les jours sur les patients. La parodontite agressive de stress, ça existe. Perdre ses dents parce que tu as eu un choc dans ta vie, ça existe vraiment. Si tu fais quelque chose qui au quotidien te plaît, te fait vibrer, tu as beaucoup moins de risques de le subir. Donc tu peux être et durer.

  • Dr Bourgeois

    Une superbe et transition délicate après cette philosophie-là. Merci docteur Bourgeois pour ces conseils empreintes philosophiques quand même. Beaucoup dans ce que tu disais tout à l'heure de l'infirmier subsaharien. Ça me faisait penser à Socrate qui dit « Existe-t-il un bien ? Existe-t-il quelque chose de plus précieux que la santé ? » oui je crois que c'est lui enfin je suis presque le jeu c'est plus si ce vote mais voilà petit petit clin d'oeil pour pour la philosophie donc il me reste deux choses à faire te laisser le micro en deux pour le mot de la fin tu conclus comme tu as envie et puis l'avant dernière chose du coup c'est remercier ok une petite tradition dans le podcast mais pour moi c'est un moment important ce moment tu vois de reconnaissance et de gratitude quelque chose qu'on oublie parfois mais qui est aussi important donc Je te remercie pour ton accueil global, ton accueil dans ton cabinet, dans ta consulte. Ce n'est pas rien d'accueillir quelqu'un malgré tout.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Donc, merci pour cet espace dans l'âme. Je te remercie pour le travail que tu fais au quotidien avec beaucoup. Des fois, beaucoup, beaucoup d'humilité en disant mais non, c'est pas grand chose. Et quand même, de vulgarisation, de rendre accessible de l'information, tu vois, de sensibiliser les gens. Pour moi, ça me fait vraiment penser à cette petite infusion douce où ces graines consèment. J'adore cette image. Et tu as utilisé plusieurs images dans le podcast. Je ne sais pas si tu connais celle du tailleur de pierre.

  • Antoine Lacouturière

    Comme ça, non.

  • Dr Bourgeois

    Il y a trois tailleurs de pierres différents sur la rivière et puis il y a une famille qui se balade et qui va interroger le premier tailleur de pierres en disant « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » Et il dit « je suis en train de tailler des pierres, point » . Et puis un peu plus loin, il y a le deuxième tailleur de pierres et le deuxième tailleur de pierres va dire à la même famille qui demande « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » « Je suis en train de tailler des pierres pour nourrir ma famille » . Et puis, encore un peu plus loin, la famille repose la question au troisième tailleur de pierre. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de construire une cathédrale. Et j'adore cette image de... C'est la même action, mais pas avec la même vision. Et donc la dernière chose, c'est que je te remercie parce que, à travers les réseaux sociaux, il y a quand même eu ça de positif, à travers ce message que tu infuses, que tu diffuses de pluridisciplinarité, de se former, de complémentarité, On n'est pas parfait sur tout, il y a des choses qu'on ne sait pas faire, mais il y a des choses qu'on sait faire. Cette humilité, je trouve, qui te caractérise, tu vois, en ayant passé autant d'heures avec toi, je trouve que c'est quelque chose qui perspire. Et donc, moi, je vois cette troisième image de, tu es en train de construire petit à petit, en semant ces petites graines, en polissant ces pierres. Une autre manière de soigner dans un monde où ce n'est pas toujours facile et ça fait du bien de rencontrer des gens comme ça. Donc, c'est des remerciements un peu longs, mais ça me tenait à cœur. Donc, voilà, Cédric, je te remercie pour tout ça.

  • Antoine Lacouturière

    Merci. C'est adorable. Merci beaucoup à toi d'être venu jusqu'ici. C'était un plaisir de t'accueillir et de t'ouvrir les portes du cabinet, du petit cabinet à une petite échelle, mais de pouvoir faire le podcast ici. Et comme mot de la fin, je pense... que l'expérience m'a apporté le fait qu'il faut encourager et valoriser l'échec. Et vraiment, la façon dont les gens veulent apprendre, il faut pousser les gens à apprendre quand ils veulent apprendre. C'est une des choses les plus importantes, je pense. Parce qu'on a tendance à réfréner ces gens qui veulent apprendre, peu importe le domaine. Et mon mot le plus important de ma vie, soyez bienveillant. Ça ne coûte rien. Ça ne coûte strictement rien. Et ça soigne les gens. Littéralement. Donc, soyez bienveillants.

  • Speaker #2

    L'épisode touche à sa fin avec ces mots. Je vous remercie de l'avoir écouté en entier et je vous félicite, entre guillemets, pour ce temps consacré à de la formation continue, de la formation initiale, de la découverte. Pour celles et ceux qui ont envie d'aller plus loin, deux options, suivre le compte Instagram du Dr Bourgeois, at doc bourgeois, sur la pluridisciplinarité, sur son quotidien avec ses différentes casquettes. Pour les professionnels de la santé, de santé qui souhaitent se former, je vous invite à jeter un coup d'œil sur le site BC Academy. Pour les personnes qui ont envie de donner un coup de pouce pour ce podcast, qui ont envie de reconnaître le travail derrière ces épisodes, ces nombreuses heures partagées avec vous, je vous suis infiniment reconnaissant de prendre quelques instants pour déposer 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Un petit commentaire, pourquoi pas. Apple Podcasts, Spotify, ça prend quelques secondes et c'est vraiment une bonne manière de faire monter le podcast dans les référencements et aussi de saluer ce travail partagé avec ces invités d'exception, avec ces invités experts dans leur domaine. Merci par avance pour ça, je vous embrasse et je vous dis à très bientôt.

Description

Le docteur Bourgeois, chirurgien dentiste, est connu pour ses compétences dans la gestion des troubles oro-myo-fonctionnels (OMF) ainsi que par son approche préventive de santé.

Il pratique une activité pédiatrique importante nécessitant parfois des interventions sous AG et son appétence pour un travail collaboratif fait écho à un des fils rouges du podcast : la pluridisciplinarité.


Dans cet épisode nous vous proposons de prendre le temps de découvrir une partie de son parcours assez atypique puis d'explorer ensemble des sujets qui animent le quotidien d'un grand nombre de soignants et de patients !


Une conversation comme on les aime : riche, humaine et pleine de sens.


Chapitrage :

00 introduction, présentation 

11’ « La santé pour toi » ?

17’ Diplômes Universitaires, formation et construction de la "transmission"

30’ « Un soignant pour toi » ?

47’10 Poids de l’industrie pharmaceutique

1h 20' L’argent, le temps, la qualité des soins 

1h 33 Bien être et mal être des soignants. Burn Out

1h 47 Moment des questions « en vrac »

2h micro ouvert et conseils


Notions abordées dans l’épisode :

Un parcours "atypique"…

Contamination croisée

Respiration buccale

Différence entre compétence et expérience 

Les paroles de certains professionnels de santé et leurs impacts.

Recommandations HAS 

Formations


Quelques unes des questions posées : 

  • La santé pour toi ?

  • Qu’est qu’un (bon) soignant ?

  • Que faire quand quelqu'un nous dit «ce n’est pas grave, qu’on verra plus tard, qu’il faut attendre ou même que « tout ça » ça ne compte pas ?


Personnes citées dans le podcast : Alexandre Astier, Dr Camille Laulan, Dr Baptiste Beaulieu, L’homme étoilé, Dr Jean Claude Guimberteau, Dr Laurent Delsol, Dr Frédéric Dusserre


Pour suivre le Docteur Bourgeois : @doc.bourgeois

Ses formations avec la BC Academy


Retrouvons-nous sur  Instagram  Facebook LinkedIn

Si vous appréciez le podcast, je vous invite à nous laisser 5 ⭐️ Sur Apple sur Spotify

C'est gratuit, fait en quelques secondes et cela nous aide à progresser 😌

Merci d’avance pour la reconnaissance du travail.

Belle écoute à bientôt,

Antoine


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Antoine Lacouturière

    Bonjour, soyez les bienvenus sur Toucher du doigt la santé, le podcast autour des soins, du bien-être et de la santé. Je m'appelle Antoine Lacouturière, j'exerce l'ostéopathie et la sophrologie depuis plus de dix ans maintenant et je suis ravi de vous retrouver pour la fin de cette seconde saison du podcast. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous proposer un format long avec la rencontre du docteur Cédric Bourgeois, chirurgien dentiste à Montpellier, c'est un être humain profondément passionné par son métier, qui a développé de nombreux liens, de nombreuses connexions, associations, proposant ainsi des prises en soins complètes et des collaborations enrichissantes. Il est connu sur les réseaux à travers son compte Instagram Doc Bourgeois, où il s'applique à rendre accessible de nombreuses informations d'utilité publique. Le travail pluridisciplinaire fait partie de son quotidien. A propos de santé, il intègre dans sa vision et son exercice les compétences spécifiques de chaque professionnel pour répondre le mieux possible aux demandes des patients. Ces formations au sein de la BC Academy sont une occasion de progresser dans des domaines spécifiques comme les troubles oromio-fonctionnels ou le syndrome d'apnée du sommeil avec des connaissances pointues, des informations actualisées sur les dernières recommandations, le tout dans un esprit bienveillant et collaboratif. Dans cet épisode particulier, nous abordons différents sujets. Une présentation, bien sûr, sa définition de la santé et aussi sa vision d'un bon soignant, en passant par des notions de contamination croisée, les différentes recommandations qui impactent directement nos quotidiens de soignants, de parents, les enfants, et aussi des sujets plus délicats comme l'argent, la rémunération des soignants, le poids de industrie pharmaceutique, la différence entre compétences et expériences et de nombreuses anecdotes directement issues du cabinet. Bref, un épisode qui contient de nombreuses graines et quelques pépites selon moi. J'ai particulièrement apprécié cette rencontre et ce nouveau format qui permet d'aller plus en profondeur dans l'exploration de certains sujets. et dans la découverte de notre invité du jour. J'espère que vous trouverez des choses qui serviront vos pratiques, vos réflexions, peut-être votre manière d'agir dans certaines situations, ou simplement de partager un bon moment en compagnie d'un soignant bienveillant. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Cédric.

  • Dr Bourgeois

    Bonjour Antoine.

  • Antoine Lacouturière

    Je te remercie de m'accueillir ici à Montpellier avec un soleil magnifique.

  • Dr Bourgeois

    C'est souvent comme ça.

  • Antoine Lacouturière

    Là ça commence bien pour toutes les personnes qui sont au-dessus de Montpellier, donc il y en a un paquet quand même.

  • Dr Bourgeois

    Le Nord donc.

  • Antoine Lacouturière

    Le Grand Nord. Depuis le Limousin c'est le Grand Nord. Donc je te remercie pour l'accueil aujourd'hui. On vient de passer quelques heures ensemble sur la partie observation de ta consultation avec plein de cas différents. On aura sûrement l'occasion d'y revenir dans le podcast. Aujourd'hui, je suis avec toi pour plusieurs raisons. Je vais te laisser te présenter, mais avant de faire ça, ce que je peux peut-être poser en introduction, c'est que tu as des particularités en tant que soignant, en tant que praticien, avec différentes casquettes. Je l'ai dit en introduction et dans ces différentes casquettes, il y en a une qui m'intéresse particulièrement, c'est ta vision de la santé, ta vision du soin, de ce que c'est un soignant. Et je crois qu'à travers ton parcours, c'est une vision qui a évolué, qui évolue. Et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai envie de te rencontrer aujourd'hui, de partager ce moment avec toi. Donc, je te laisse la parole si tu veux bien te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore à travers les réseaux sociaux, tes formations ou ton cabinet.

  • Dr Bourgeois

    Alors, c'est gentil. Je pense que les gens qui connaissent à travers les réseaux sociaux, ils ne te connaissent pas du tout. Ils ne connaissent pas les gens. du coup on a La réalité des choses, c'est que je suis juste un soignant et que j'essaye de soigner de la façon qui me paraît être celle que j'aimerais recevoir du soin. Je vais répondre à des questions que les gens n'ont pas posées parfois en me disant que j'aurais posé cette question, ce qui peut être parfois un peu bête. Mais ma vision du soin, c'est celle-là et donc je suis ce type de soignant-là, si tu peux les classer. Et je suis un peu hyper actif, j'aime bien faire pas mal de choses et donc j'aime bien m'intéresser à des sujets. Au début ça a commencé en regardant des... en cartales encyclopédie quand j'étais gamin et puis en fait j'ai poussé sur youtube et trucs comme ça et donc ça m'a plu de découvrir d'autres mondes la géologie la physique la science la sociologie etc et donc pendant mes études j'ai eu l'occasion d'aller explorer ces trucs là et donc j'ai fait des études en sociologie en parallèle de mes études de base qui étaient les études de chirurgien dentiste et puis à J'ai fait des diplômes universitaires qui sont des espèces de cordes qu'on rajoute à son arc sur des sujets assez divers et variés. Et c'était sympa. Et c'était ça qui m'a changé ma vision de soignant. Donc à chaque fois que je vais faire un DU qui n'a aucun rapport avec la dentiste OI, je change quand même ma vision de soignant du cabinet. Et c'est très bien, je pense, parce que ça tout construit.

  • Antoine Lacouturière

    Merci pour cette... premières présentations, on devine, on entend, ça respire beaucoup d'humilité comme à ton habitude, en tout cas à travers ce que je connais de toi jusqu'à présent, mais est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus par rapport à tous ces DU ? Parce que en l'écoutant comme ça, pour les auditeurs qui ne te connaissent pas, on peut se dire, bon, il a fait une ou deux formations. Mais en connaissant ce qui se passe derrière, il y a quand même un certain nombre. Est-ce que tu peux nous dire sans rentrer dans les détails de tous, mais pour qu'on ait un ordre de grandeur et aussi peut-être pour colorer un peu le paysage de tes différentes activités ?

  • Dr Bourgeois

    Alors, juste en préambule de ça, les gens ont l'impression que quand tu donnes ce que tu as fait, ton parcours, c'est une sorte d'auto-valorisation. Je pensais un peu ça avant, à l'époque. Et puis un jour, j'ai rencontré un professeur d'université qui n'a jamais soigné un patient, parce qu'il était chercheur, et qui avait passé 27 DU dans sa vie.

  • Antoine Lacouturière

    27 ?

  • Dr Bourgeois

    Je ne sais pas si tu imagines, 27 DU, mettons qu'un DU, ça soit à peu près un an. Tu peux en faire deux en même temps, mais c'est compliqué. Et cette personne est arrivée à 67 ans avec 27 DU. Et il n'avait jamais soigné une seule personne, alors que c'était un diplôme de médecine à la base qu'il avait, mais il faisait côté enseignement et recherche. Donc les DU, ce n'est pas du tout une idée de tu deviens meilleur soignant. Pas du tout. Je pense que les DU, c'est plutôt des choses que tu fais pour des raisons diverses et variées. Ça peut être augmenter la qualité de ta pratique sur un domaine particulier, ouvrir ton esprit. améliorer la rentabilité de ton cabinet parce que, j'en sais rien, dans médecine du sport tu préfères t'orienter vers ça parce que c'est plus rentable que la pédiatrie, vice versa. Donc il y a plein de raisons. Donc moi les DU que j'ai faits ils n'ont rien à voir, beaucoup de DU n'ont rien à voir. Et les gens qui se diraient, tiens mais il a fait ce DU mais c'est pas possible, il y en a sûrement parce que dans la vie de quotidien quand je dis que j'ai fait ce DU on me dit bah non c'est pas possible en fait. Donc, quand je parle des DU, je ne vais pas forcément parler d'une compétence, mais plutôt d'un apprentissage. Il y a plein de DU que j'ai fait que je ne mets pas en apprentissage, en fait. Parce que dans ma pratique au quotidien, je ne le fais pas. Tu vois ce que je veux dire ?

  • Antoine Lacouturière

    Je comprends. Ça t'a apporté quelque chose à un moment, ça t'a permis de voir les choses différemment. Mais concrètement, dans la pratique,

  • Dr Bourgeois

    ce n'est pas quelque chose que tu utilises au quotidien. Je pense que le DU, pour moi, c'est une espèce de méga vidéo YouTube d'un vulgarisateur. Pour moi, c'est ça un DU. C'est un vulgarisateur qui va te parler de comment on fait de l'écologie en Islande, sur tout ce qui est thermo, géologie, etc. Sauf que au lieu de faire une vidéo de deux heures dessus, tu vas faire un DU ou un master là-dessus parce que ça t'intéresse vraiment. Ta pratique de dentiste, elle n'est pas impactée par ça. Ta pratique de citoyen peut-être, mais pas ta pratique dentiste. Donc moi, j'ai commencé les DU en rapport avec mon activité quand même, pendant que j'étais étudiant, puisqu'il y a quelques DU que tu peux faire pendant que tu es étudiant, et qui ne sont pas... ouverts que aux praticiens diplômés. Donc j'ai fait des DU d'anatomie chirurgicale, parce que je trouvais ça intéressant de comprendre bien le corps dans lequel on travaillait. Tout ça, ces DU, je ne les ai pas pendus de mon cerveau. On m'a orienté, on m'en a parlé. Mon mentor en chirurgie m'avait dit « Tiens, tu devrais peut-être regarder ça, tu vois. » Donc j'ai fait ce DU-là, puis après je me suis intéressé pas mal aux droits de la santé. Donc j'ai fait un DU de droit à la fac de sciences politiques, qui parlait de droits de la santé. Évidemment, je n'ai aucune compétence en droit général. Et après, j'ai fait des DU d'expertise médicale et odontologique, de dommages corporels. J'ai fait des DU de sensibilisation aux questions de défense nationale, parce que j'avais un attrait sur comment fonctionnait le... l'État, au sens large du terme, d'essayer de comprendre la différence entre la police, la gendarmerie, l'armée, etc. Après, je suis devenu militaire, comme on en avait discuté dans le monde de la réserve. Et après, j'ai fait des DU qui étaient plus orientés sur la pédiatrie, donc des DU d'odontologie pédiatrique, des DU d'anesthésie-réanimation pédiatrique. J'ai beaucoup aimé l'urgence, donc j'ai fait aussi un DU de médecine d'urgence et de... d'apprentissage de la médecine d'urgence. C'est des DU qui sont souvent faits par les médecins, pour les médecins, et donc on a quelques personnes qui sont des épiphénomènes qui vont se retrouver dans ces DU-là. Non mais c'est vrai, et donc tu peux te retrouver en dentaire, avec un DU spécifique pour dentaire, fait par une assistante dentaire, ou un prothésiste. Les gens vont dire, mais qu'est-ce qu'il fait là, celui-là, il va même pas le pratiquer. Mais non, mais il a quand même le droit d'apprendre. Il va payer sa place au DU comme tout le monde. donc quand j'ai fait le DU de médecine urgence Il y avait deux grands types de personnes. Il y avait ceux qui trouvaient ça super dans mon DU et qui disaient c'est trop cool d'avoir un dentiste parce que les urgences dentaires, autant te dire que comment on les articule dans les urgences générales, on ne comprend pas grand-chose et c'est hyper dur. Et puis tu avais une autre moitié des gens qui disaient il n'a rien à faire ici puisqu'il n'est pas un vrai médecin, il est que dentiste et donc il est hors de question qu'il fasse, je ne sais rien, une ponction lombaire aux urgences. Et donc je leur ai dit mais c'est pas du tout mon objectif, je veux pas faire une fonction lobaire, j'ai pas envie de faire ça, je ne sais pas faire, je ne veux pas savoir faire ça, je veux juste comprendre comment marche le monde des urgences. Et j'ai été soumis comme tout le monde à l'examen du DU, au stage du DU, etc. Et j'ai fait mes stages, j'ai fait mon examen et j'ai réussi, j'ai eu mon DU comme tout le monde et donc voilà. Et dans mon DU on était 40 étudiants et je crois que quasiment une dizaine de personnes n'ont pas eu. Soit parce qu'ils ne sont pas venus aux exams, soit parce qu'ils ont raté l'exam. Et je ne me suis pas trouvé plus valeureux que les autres si moi j'ai réussi et les autres n'ont pas réussi. J'en avais discuté à l'époque, je te dis ça parce que ça a soulevé beaucoup de questions de mes collègues quand j'ai fait ce DU, qui n'a aucune valeur dans ma pratique actuelle, tu as bien compris. Mais j'ai appliqué un protocole qu'on m'a donné dans le DU, le médecine d'urgence. On m'a dit pour sauver une vie, il faut mettre tac, tac, tac comme protocole. J'ai dit. Ok, je suis bête et méchant, je vais faire ça. Et en fait, le jour de l'examen, on a eu un choc anaphylactique sur une piqûre de guêpe. et moi j'ai appliqué ce qu'on m'avait dit. Et des gens ont cherché... l'origine, etc. On fait une démarche diagnostique de médecin. Et le chef du DU, il a dit « Mais moi, c'est pas ça que je veux. Je veux pas que vous soyez des super médecins qui diagnostiquent les patients. Je veux que vous soyez des gens qui agissent en urgence pour maintenir la vie du patient pendant les quelques minutes où on attend le vrai médecin urgentiste du SAMU. Vous êtes peut-être gériatre dans un EHPAD, vous êtes peut-être médecin généraliste dans le limousin et vous avez pas de SAMU de suite à... » Et donc, il a dit « Moi, mon intérêt de ce DU, c'est que vous soyez capables... » de faire les premiers soins d'urgence. Et donc moi, j'ai appliqué ce qu'on m'a demandé. Et il m'a dit, donc, tu as eu la moyenne, il n'y a pas de souci. Mais certaines personnes sont allées trop loin, et ont dit, moi, je pense qu'il faudrait faire ça. Et donc, ça a été une des raisons pour lesquelles certaines personnes ont échoué à l'examen. Et donc moi, je ne suis pas plus fort, je suis plus con. Parce que justement, je n'avais pas cette connaissance médicale qui va me permettre de chercher si le patient n'est pas en acidose, etc. Donc c'est particulier, tu vois, comme truc, c'est moins t'es bon et plus t'as un DU, t'es méchant, dans lequel on te fait appliquer quelque chose.

  • Antoine Lacouturière

    Et on entend aussi la prise de recul que tu as, à la fois le côté statistique de dire, bon ben voilà, il y en a 10 qui ne l'ont pas eu, on était 40. L'analyse de dire, mais il y a une raison aussi, parce qu'ils avaient plus d'informations que moi, et toujours cette pondération. À nouveau, ça fait écho avec ce côté prise de recul, prise de distance sur les faits une nouvelle fois. il y a plusieurs questions. En fait, j'ai fait une petite carte mentale, un petit mind map comme ça que je prépare les invitations et puis les enregistrements. Et avec toi, il y a le côté praticien, il y a le côté militaire, il y a le côté enseignant. Je me suis dit chercheur pendant l'interrogation, mais on en reparlera peut-être. Je n'ai pas trouvé chercheur au sens pur comme on pourrait l'entendre, mais malgré tout. Côté expert, le côté légiste. Et puis, il y a ce master en sociologie. Et finalement, je me disais comment est-ce qu'on va commencer le podcast ? Je ne sais pas trop. Du coup, j'ai envie de te poser une question avec ton parcours, avec ta particularité, cette succession de diplômes, d'apprentissage à la fac comme le reste des dentistes et la partie, je vais dire, traditionnelle,

  • Dr Bourgeois

    entre guillemets. Bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, la santé, docteur Bourgeois, Cédric, qu'est-ce que c'est pour toi ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que ce qui... le plus la santé, le mot-clé, je pense que c'est le patient. Pour moi, la santé, c'est la personne que tu prends en charge. Et dans ce que tu décris, de ce que j'ai fait comme parcours, Quand je t'écoute, j'ai des petits flashs mentaux de ce que j'ai fait. Pour moi, je suis un cancre. Il faut te dire que j'ai échoué à l'école. J'ai détesté l'école et l'école m'a détesté. Je suis dyslexique. J'ai fait de l'orthophonie de mes 6 ans et demi à mes 14 ans. Mon orthophoniste, c'est devenu ma marraine dans la vie, tellement elle a pris de la place quand tu y vas toutes les semaines. Donc, je n'ai pas du tout aimé la scolarité. J'ai détesté la façon dont on nous a imposé d'apprendre. On ne m'a jamais valorisé l'échec alors qu'on aurait pu, vu le nombre d'échecs. Et tu vois, j'ai fait des dictées qui étaient notées en négatif. Donc, j'avais des profs, quand j'étais en quatrième, en troisième, qui disaient, Mélanie, 7 sur 10, Cédric, moins 28, bravo. donc le mec t'expliquer à quel point t'étais mauvais devant toute la classe. Et j'en veux un peu, maintenant j'en veux plus, mais j'en voulais un peu à ce prof de se dire, mais pourquoi t'as besoin de le dire à voix haute, que je suis si mauvais ? Et les gens, c'est marrant, parce que quand je dis que j'étais mauvais à l'école et qu'après je suis allé en médecine, en première année, quoi. Les gens me disent « Ah mais là, tu t'es rendu compte qu'il fallait bosser ? » Non mais en fait, vous n'avez pas compris, moi je travaillais déjà 10 heures par jour quand j'étais au collège et au lycée. Ma mère m'imposait des cours particuliers le soir jusqu'à 21h30 parce que je n'étais pas assez bon pour comprendre ce qu'on me demandait de comprendre, tu vois. Donc je suis très mauvais. J'ai raté mon brevet, j'ai raté mon bac, je suis allé au rattrapage du bac. J'ai raté ma première année de médecine. Bref. C'est une cata. Et en fait, quand tu me parles de ce que tu me dis sur ta carte mentale, il y a un truc que j'ai adoré. Vraiment, un truc que j'ai adoré. C'est la sociologie. J'ai fait un master 1, un master 2 en socio. Et mon master 2, c'était une année dédiée à ça. Pendant un an, j'ai mis en pause un peu tout le reste. J'ai fait 2-3 remplats à droite à gauche. Mais pendant un an, je me suis retrouvé, enfin pendant 10 mois, avec des collègues de master. Et on venait en cours. On était 14, c'est une petite promo tu vois, on était 14, il y avait du médecin généraliste, il y avait du psychiatre, il y avait sage-femme, kiné, un dentiste donc, et j'oublie probablement des gens, des internes, et cette année-là ça a été mon... année la plus heureuse de tout ce que j'ai pu faire en termes de scolarité parce que pendant un an on a eu que de la vision partagée et non notée de notre exercice nos apprentissages ce soit de la philo la socio les sciences humaines les biais cognitifs tout ça en fait pendant un an on l'a étudié ensemble et pas on nous l'a imposé et cette cette vision je remercie d'ailleurs d'ailleurs énormément l'enseignant qui a créé ce master et qui est à Montpellier. Et cette vision des choses-là, c'est vraiment ce qui m'a le plus plu des bancs de la fac. Tout compris.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce que c'est qu'il t'a... Déjà, merci pour le témoignage, pour le partage, pour l'histoire. Ça fait aussi sens quand on voit ta pratique, ton quotidien, quand on voit les personnes avec lesquelles tu collabores aujourd'hui, les formations que tu mets en place. Je trouve que de connaître l'histoire, que je ne connaissais pas, je trouve ça...

  • Dr Bourgeois

    Personne ne connaît, je pense.

  • Antoine Lacouturière

    je trouve ça encore plus... Ça fait des liens. Je trouve que ça donne du sens. Et puis, c'est aussi une forme de... C'est précieux d'avoir un professionnel de santé qui témoigne d'une partie de son histoire pour dire « ça n'a pas toujours été tout beau, tout rose, tout facile et on peut transformer ça aussi. » Je trouve que ça donne une autre dimension de compréhension. C'est ce que je ressens en tout cas. Je pense que d'autres auditeurs, d'autres auditrices le capteront. Pour ton master, je te sens animé quand tu en parles. Tu n'as pas les mêmes yeux, le même regard sur le fait de te replonger dans ce moment-là. Qu'est-ce que c'est qui t'a touché ? C'est les sujets que vous abordiez ? C'est le fait que vous soyez différents, pluridisciplinaires ? C'est le fait d'avoir du temps pour toi ? Qu'est-ce que c'était ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que les sujets abordés étaient fascinants. Donc ça, c'était déjà incroyable de parler de sujets qui te plaisaient à l'école, à l'école au sens large. Les relations qu'on avait entre les gens de Master, qui n'étaient pas forcément toujours fantastiques, les gens ne sont pas tous...

  • Antoine Lacouturière

    que c'est pas merveilleux dans le meilleur des mondes.

  • Dr Bourgeois

    tu ne passes pas ton temps avec des gens forcément tous fantastiques mais la synergie du groupe en fait c'était une énorme colo, c'était une sorte d'auberge espagnole énorme et tout le monde avait son rôle tout le monde avait sa place tu avais toujours à apprendre de quelqu'un on avait un interne qui avait eu un boulot avant et qui était interne en psychiatrie il s'appelle Emmanuel et ce gars il avait une sagesse Merci. Si je lui posais la question maintenant, il me dirait « Oh, t'es con, pas du tout » . Et en fait, si, il avait une sagesse de malade. Et tous les sujets sur lesquels tu pouvais t'enflammer un peu, lui, il allait te dire « Attends, mais peut-être que lui dit ça parce qu'il a eu ça » . « Ah ouais, ah ouais, j'avais pas vu moi ça » . Et j'ai fait ce master il y a quelques années maintenant, c'était en 2017, je pense. Et avec la sagesse de... avec la vieillesse plutôt, on va dire ça honnêtement. Avec la vieillesse, tu prends... aussi du recul sur des choses qui te faisaient bouillir avant ou quoi. Ou là, tu te dis, maintenant, je l'ai vécu. Donc voilà, maintenant, je comprends mieux ces trucs-là. Et donc, je pense que dans le master, ce qui était génial, c'était la vision partagée de tout le monde qui venait ensemble réfléchir sur un sujet. La kiné ne disait pas la même chose que la sage-femme, etc. Et on avait des profs qui étaient bienveillants et qui, justement, laissaient le partage de ça. On allait boire un coup quasiment tous les soirs. peut-être pas tous les soirs, mais très souvent après le master, pour débriefer de la journée. À quel moment tu fais ça ? Dans quelles études ? Il n'y a quand même pas beaucoup d'études où, avec ta promo, tu te retrouves le soir pour rééchanger sur ce qu'il s'est passé la journée. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    clairement. Et puis, des profs bienveillants qui permettent ce climat, cette petite alchimie au sein d'un groupe, ça demande une compétence particulière aussi, quand même.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'un... Un prof bienveillant, c'est un prof qui ne se sent pas en danger. Et moi, j'ai eu des profs dans mes différents trucs qui se sentaient en danger, qu'on leur enlève quelque chose, qu'on les juge, qu'on leur prenne leur travail, qu'on dise du mal d'eux à d'autres profs. J'en sais rien, je ne sais pas. Mais le fait est que ce n'étaient pas des profs qui étaient très bienveillants. On en a tous connu, je pense. Tu vois, ma prof de maths, elle me disait que j'étais un gros nul et que j'aurais 4 au bac parce que j'avais 4 en terminale. Bon, j'ai eu 4 au bac. mais C'était Nostradamus en fait, elle savait tout. Mais c'est dur de dire, c'est un élève de terminale qui galère de dire « t'as son, t'es nul, t'auras 4 au bac » . Et elle m'a probablement fait une espèce de prophétie où j'ai eu 4 au bac du coup. Alors la bonne nouvelle, c'est que je suis allé au repêche du bac en maths et j'ai re-eu 4. Ce qui est quand même assez fascinant de te dire que j'ai pas réussi à dépasser 4, quoi qu'il arrive quoi. Ni pendant l'année, ni au bac, ni au repêche.

  • Antoine Lacouturière

    Et puis tu vois, ça me fait réagir qu'un prof, un enseignant, quelqu'un qui transmette, il n'est pas conscient de l'impact des mots sur un adulte en construction. Le fait de programmer ça, je trouve que ça fait écho à ce que tu viens de dire pour moi avec le fait qu'ils se sentent sous pression. Mes parents étaient enseignants et donc il y a ce côté un peu sensibilisé. Pour une partie de l'auditoire qu'on a, il y a des gens qui sont vraiment dans le milieu de la santé ou autour. Et donc, il y a les fameux patients MGUN, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, oui,

  • Dr Bourgeois

    tu vois. Ma mère était MGUN.

  • Antoine Lacouturière

    OK, bon, ben voilà, comme ça, ça fait un point commun.

  • Dr Bourgeois

    Bisous, maman, je t'aime.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, et moi aussi, très fort. Mais du coup, pour la partie, on va dire passionnée, parce que souvent, les enseignants, c'est aussi des gens passionnés. Eh ben, je trouve ça intéressant d'avoir mis la notion de pression, des conditions, tu vois, qui peuvent aussi les mettre dans une pression, soit parce qu'il y a Peut-être des qualités intrinsèques et de l'ego qui fait que du pouvoir ou de l'argent ou de la reconnaissance. Mais aussi cette notion de pression, quand tu l'as formulée, je me suis dit, tiens, c'est marrant. Ça veut dire que les enseignants, à ce moment-là, ils se sentaient aussi dans un climat qui permettait de délivrer ça.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je pense que, en tout cas, la fac, qui est un petit milieu de façon globale, ce n'est pas un truc énorme, nos facs en tout cas, génèrent des milieux... de jalousie un peu entre les enseignants. Maintenant, je suis passé du côté enseignant. Donc, je vois un peu le monde des profs plus que des élèves, même si je suis un tout bébé, dans le sens en jeunesse par rapport à des professeurs, et en volume. C'est-à-dire, moi, je ne fais rien à la fac. Je fais une petite journée par semaine. Et ce milieu-là, il est difficile pour la publication scientifique, pour la recherche. pour le nombre d'heures de cours, etc. Ce n'est pas un milieu qui est très bienveillant. La fameuse salle des profs qui est un truc fantastique où tout le monde se tape sur l'épaule en disant « Ah bravo, ton cours était super ! » Ce n'est pas vrai. Ma mère, elle était dans l'enseignement pendant 35 ans. Elle était du mauvais côté. Elle était intendante comptable gestionnaire. Donc, elle allait dans la salle des profs, mais pas en tant que prof. Donc, elle avait ce côté où elle pouvait passer partout. Parce qu'elle avait... là, c'était celle qui gérait le lycée et le collège, mais elle n'était pas enseignante. Et donc elle a vu des profs géniaux, qu'elle m'a dit après, tu te rappelles monsieur Garcia, tu vois, il n'écoutera jamais le podcast, mais franchement Dimitri Garcia, si vous écoutez le podcast, merci. Elle me dit, tu vois, il était jeune, bon il était vieux, mais en fait il devait avoir 25 ans à l'époque. Nous, on en avait 15 et ce gars-là nous a absolument passionnés. Et pourtant, il vivait dans le même milieu d'enseignement parfois toxique que le prof qui lui nous rabrouait. Et je me dis, mais la force mentale pour sortir la tête de ce monde un peu crado, de te dire, moi, mes élèves, j'ai envie qu'ils apprennent un truc. Et c'est même pas j'ai envie qu'ils m'aiment, parce que tu t'en fiches de ça. C'est bien si tes élèves t'aiment, mais en fait quand tu veux transmettre quelque chose, tu veux pas le transmettre par le fait qu'ils t'aiment, tu veux le transmettre par la pédagogie du truc. Et ça c'est incroyable. Et pour moi on confond un truc énorme en France, on confond la compétence et la pédagogie. Quelqu'un qui a des très bonnes notes peut être un très mauvais enseignant, et moi j'ai une prof de maths particulière à la maison qui était ultra bonne en maths, mais qui était une pédagogue horrible. horrible. Et donc, je ne comprenais strictement rien. Et plus t'es surdoué, je pense, et moins t'es pédagogue. Moi, plus j'en ai chié pour apprendre un truc, et plus j'étais capable de l'expliquer aux gens en disant on va repartir du tout tout tout début. Alors que quand pour toi c'est évident cette ère sous courbe de l'intégrale, c'est très dur à expliquer.

  • Antoine Lacouturière

    Oui. Te mettre à la place de l'autre parce que toi tu l'as vécu, parce que tu l'as éprouvé dans tes cellules à toi et que t'as galéré et que t'as trouvé la solution, ça facilite peut-être le fait de te mettre à la hauteur de l'autre.

  • Dr Bourgeois

    Oui. tu vois le tir, le tir au fusil, enfin le tir, il y a un peu de ça. Il y a des mecs qui sont très doués au tir de base. Donc, ils prennent une arme, tu leur dis, il faut faire comme ci, comme ça, ils tirent et ça rentre dedans. Et puis, il y a des gens qui sont plutôt mauvais. Et ces gens qui sont plutôt mauvais, moi, c'est eux qui m'ont le plus appris au tir. Parce qu'en fait, ils te disent, ah, tu vois les erreurs que t'as fait ? Ben, je l'ai fait aussi. Alors, je l'ai résolu comme ça. Et celle-là, ben, je l'ai fait aussi. Et donc, je l'ai résolu comme ça. alors que le mec qui tire bien va te dire je ne sais pas trop comment te dire tu prends l'arme, tu tires et puis ça et donc Moi j'ai beaucoup appris des gens qui ont galéré et j'essaye d'apprendre aux gens parce que j'ai galéré et on en a parlé un peu avant mais je suis assez fasciné par les sociétés qui valorisent l'échec parce qu'en fait tu apprends que avec l'échec tu n'apprends jamais en réussissant tu apprends te plantant et en faisant différemment et donc il y avait un mec qui avait dit ça qui avait dit moi mon autre père nous a valorisé l'échec à fond à chaque fois qu'on se plantait, on rentrait à la maison en disant j'ai eu 6, il disait bah c'est bien c'est très bien d'avoir eu 6, on va essayer de comprendre pourquoi, et quand t'arrivais en disant j'ai eu 17 il te disait c'est pas fou d'avoir eu 17 parce que attention tu peux descendre c'est exagéré mais en fait la valorisation de l'échec, je rêverais que l'éducation en France passe par ça, c'est à dire tu te plantes et il faut un suivi évidemment pour se dire que tu fais de mieux en mieux,

  • Antoine Lacouturière

    mais ça serait génial ouais ça me parle beaucoup ce que tu dis, je fais une toute petite parenthèse perso parce que dans le podcast je le fais pas souvent l'idée c'est de mettre en avant les invités mais ça résonne vraiment fort je rentre des états unis où j'ai passé trois semaines pour interviewer principalement pour rencontrer des soignants avec des questions qui m'anime et dont certaines sont là prêtes à être posée pour juste après et je suis parti avec cette trouille de parler anglais correctement je vois je sais pas si oui oui je vois très très bien il Il y a des moments dans lesquels j'étais à l'aise. Petit, j'ai fait du sport à... assez facilement et par contre, alors je ne suis pas complètement dyslexique, mais par contre, l'anglais, c'était vraiment un truc super dur pour moi. Et je me suis fait taper sur les doigts littéralement en disant, mais non, t'es nul, t'as fait une faute. Non, stop, recommence. Tu vois, au point de dire, ok, en fait, si je ne parle plus, je ne vais pas faire de faute. Et je pense qu'on est un certain nombre à avoir vécu ça. Et quand je suis arrivé là-bas, je me suis rendu compte d'un truc, c'est que, alors en tout cas pas tous, mais les Américains, les américaines que j'ai rencontrées, ils s'en foutent. en fait ils sont contents que tu fasses l'effort de parler leur langue et ils viennent chercher l'intention de ce que tu dis, tu vois ils sont enthousiastes et pour faire un point supplémentaire, dans la globalité oui t'as fait une ou deux fautes, en fait t'as dit ça et ça et tu vois cette faute là la prochaine fois j'ai vraiment ressenti ça et dans une des familles dans lesquelles j'ai passé un peu de temps j'ai découvert un truc extraordinaire pour les dicter c'est qu'on peut aussi noter les mots justes

  • Dr Bourgeois

    Ah.

  • Antoine Lacouturière

    Et pas que les fautes. Ouais. À l'autre sens.

  • Dr Bourgeois

    Tu te rends compte du truc ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je ne me rends pas compte.

  • Dr Bourgeois

    Mais t'imagines ?

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ouais, ouais. Moi, je faisais deux fautes par mot, des fois, tu vois. Donc, il peut retrancher deux points.

  • Dr Bourgeois

    Mais ça veut dire que sur le même mot, t'as moins 4. Tu fais 10 mots comme ça, c'est fini, t'as zéro. Imagine la fois d'après. Tu fais la moitié des fautes, mais tu passes de moins 30 à moins 15. T'as zéro. Je ferme la parenthèse, mais par rapport à tout ce qu'on s'est dit aujourd'hui, et cette réflexion-là sur l'enseignement et la santé, parce qu'on va arriver sur le bien-être et la santé, le fait que tu sois prof à la fac, c'est aussi comment est-ce que tu transmets, et cette valorisation des échecs, des erreurs dont tu parles, pour moi, elle a aussi des répercussions importantes dans notre vision de la santé.

  • Antoine Lacouturière

    Pour te faire un petit parallèle, quand un Américain qui vient en France et qui essaye de parler français avec un français pas trop dégueu, Moi je le regarde avec le sourire parce que je me dis c'est génial, je comprends, tu vois, c'est super. Toi aussi je pense, la majorité des gens qui nous écoutent se disent la même chose. Quand tu imagines celui qui dit « Ah je comprends rien à ce qu'il dit au rosebif » , c'est un français plutôt vénère. Et il nous plaît, il plaît à personne ce gars. Donc en fait, c'est la même chose quand on se met dans leur peau. Et donc, ça ne m'étonne pas qu'en allant aux États-Unis, les gens, tu es relativement très bien accueilli quand tu essaies de parler leur langue, parce que nous, on fait la même chose. Et je pense que c'est une peur un peu extrapolée de se dire, c'est une peur de toi-même, de te dire je vais passer pour un mec pas bon, nul et tout. Alors qu'en vrai, les gens sont heureux que tu fasses cet effort-là. Regarde, bon Macron, il parle anglais, mais regarde François Hollande qui était plutôt mauvais orateur en anglais. quand il essayait de parler anglais il y avait une une petite minorité qui se fichait de lui. Et puis, il y avait une grande majorité des gens qui étaient contents d'entendre quelques mots en anglais, de bienvenue, de choses comme ça. Parce que globalement, je m'en fiche de la politique, mais globalement, ça fait plaisir quand la personne fait un effort pour l'autre. Là, quand tu essayes de parler anglais très bien, tu fais un énorme effort pour eux. Tu pourrais très bien parler juste français et les regarder en disant « Vous ne comprenez pas ce que je dis. »

  • Dr Bourgeois

    Effectivement. Je trouve ça intéressant. Je trouve ça intéressant. Est-ce que tu fais des parallèles de ces deux anecdotes avec le soin, la santé, le monde dans lequel on évolue ? Est-ce qu'il y a des choses qui te viennent ?

  • Antoine Lacouturière

    Juste, quand tu as parlé des MGEN, moi j'adore avoir des MGEN au cabinet. J'aime moins avoir des médecins au cabinet, parce qu'il y en a une part que j'adore, mais il y a une petite part des médecins qui a le sentiment de déjà savoir globalement ce qui se passe. Tu m'as vu en consulte tout à l'heure. J'ai parlé à des parents de la contamination croisée, en leur expliquant que quand ils prenaient la tétine dans leur bouche et qu'ils la mettaient dans la bouche de leur enfant, ils augmentaient énormément les bactéries pathogènes. Les parents sont tombés des nues en consulte. Oui,

  • Dr Bourgeois

    clairement.

  • Antoine Lacouturière

    Ils te disaient le sucre, oui, ça, oui, mais alors ça... Et tu vois, les médecins, quand j'en parle avec eux, je n'en ai jamais rencontré un qui m'a dit, évidemment, je le sais, je le dis aux parents même. Pourtant, c'est écrit, ça, sur le bilan buccodentaire que la Sécu envoie à toutes les femmes enceintes. Il y a marqué risque de contamination croisée. Donc, toutes les femmes médecins qui ont eu des enfants, théoriquement, ont pu avoir ce papier entre les mains. Donc, tu n'as pas forcément lu. Et je me dis, c'est difficile de parfois parler à des gens qui sont convaincus de savoir mieux que le reste de la population sur un sujet en particulier. et de leur dire, reset votre cerveau et juste, sur ce tout petit domaine-là, faites-moi confiance là-dessus. Le reste, ne faites absolument pas confiance. Mais alors par contre ça, juste écoutez ce que j'ai à dire et passez-le dans votre moulinette cérébrale si ça vous intéresse ou pas. Mais les MGEN, ce qui les casse les pieds des soignants, c'est qu'ils ont envie de comprendre. Et moi j'adore expliquer les trucs. Donc moi les MGEN, j'adore quand les mecs arrivent en me disant, et pourquoi ? Et ceci, et... Ça prend du temps, mais moi je fais des consultes qui durent 45 minutes, donc ça me va très bien. Et surtout, j'adore leur expliquer. Et c'est des super patients, les MGEN. C'est des super patients quand ils ont compris. Mais par contre, quand ils n'ont pas compris, ils sont très casse-pieds. Ouais. Et c'est ça, je pense, le truc. Alors, il y a des MGEN avec qui je ne m'entends pas, parce que c'est comme tout. Mais la majorité des MGEN que je soigne, c'est des gens qui ont envie de comprendre. Et on te dit, ouais, mais c'est un peu des monsieur je-sais-tout. quand tu leur poses trois questions et que les trois ils savent pas répondre et qu'ils te disent eux-mêmes qu'ils savent pas répondre bah il te dit oui bon alors dites moi docteur parce que je sache le fait j'avoue je sais pas quoi bah oui quand tu ne connais pas l'impact sur les tubules ligne d'une bio dentine évidemment tu vois mais c'est pas grave si c'est mon job c'est pas le tien voilà

  • Dr Bourgeois

    intéressant d'entendre ça comme ça intéressant ok cédric je te remercie pour pour ses parallèles pour ses idées pour ses C'est parenthèse de parenthèse. Et pour ce point commun que je ne connaissais pas... d'histoire.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Ça me donne envie de te poser une autre question, je crois que je n'ai jamais posé dans le podcast. La question un peu transversale, celle qui revient à chaque fois, c'est qu'est-ce que c'est la santé pour toi et pour l'invité ? Donc là, on a entendu, finalement, le premier mot que tu as dit, c'était le patient de mémoire. C'est-à-dire que tu as remis tout de suite le patient au centre. Et là, une nouvelle fois, à chaque fois, c'est magnifique parce que c'est nouveau et la première fois le patient. La question que j'ai envie de te poser, c'est qu'est-ce que c'est un soignant pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant au sens où moi je l'entends, c'est un mec qui cherche à aller mieux.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'un soignant, je ne parle pas du soignant marketing qui fait de la médecine ou de la santé comme on tient une entreprise. Je parle du soignant qui, lors d'un repas avec les collègues de sa femme, va s'ambiancer sur sa spécialité en expliquant pourquoi c'est hyper important de ne pas manger trop salé parce que... Je pense que c'est quelqu'un qui a peut-être vécu des choses qui ont créé potentiellement des failles. Et c'est quelqu'un qui cherche à aller mieux d'une certaine façon, peu importe la façon. Mais je pense qu'il y a quelque chose de ça qui se joue. C'est une petite réponse partielle. Tous les soignants que je connais, qui sont des vrais, purs soignants, bienveillants, C'est des gens qui ont vécu quelque chose ou qui ont subi quelque chose qui était un peu difficile. Et qui me l'ont dit. Je le sais maintenant, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Oui, je vois bien.

  • Antoine Lacouturière

    En tout cas, j'aime beaucoup Alexandre Astier, je te l'ai dit.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alexandre Astier, dans une de ses interviews, il dit... le vrai point commun de tous les gens qui sont bons c'est qu'ils sont bienveillants c'est qu'ils sont bienveillants et il dit quand quelqu'un écrit quelque chose de méchant sur quelqu'un d'autre c'est que c'est pas un vrai qu'il aurait aimé être bon, mais qu'il ne l'est pas. Il aurait aimé être peut-être à la place de celui qu'il critique, mais il ne l'est pas. Et en fait, là où je suis assez halluciné, donc mon père, moi j'ai perdu mon papa, j'en parle jamais, mais c'est comme ça. Et mon père disait, pour juger quelqu'un, il faut être à sa place et avoir vécu ce qu'il a vécu. Donc c'est impossible en fait. Tu peux pas juger quelqu'un. Tu peux pas juger quelqu'un sur ses actes. Je te parle pas du psychiatrique, je te parle de quelqu'un où tu vas dire « Mais pourquoi elle a fait ça ? Mais pourquoi elle a fait ça dans son cabinet ? Et pourquoi il a fait ça ? » fait comme si. Mais en fait, qu'est-ce que tu sais de sa vie ? Tu vois, des fois en voiture, je suis très peace and love en voiture. Je ne klaxonne jamais, je ne m'énerve jamais et tout, jusqu'au jour où je roule sur les gens. Non, je rigole, mais je suis assez peace, tu vois, je ne fais pas partie des gens un peu à la marseillaise. Pourtant, j'ai été éduqué dans cette région-là avec tout le monde qui est okono. Ce n'est pas du tout mon genre. Et des fois, rarement, ça me saoule. Des fois, les trucs me saoulent et je me dis, tiens, j'ai envie de déboîter et de passer devant cette voiture parce qu'il fait n'importe quoi. Mais dans 99% du temps, je ne suis pas comme ça. Et en fait, quand je vois des gens qui sont énervés en voiture, je me dis, ils sont peut-être dans ce 1% des cas où moi, ça me saoule. Tu vois ce que je veux dire ? Je me dis mais qu'est-ce qu'il a eu comme journée pourrie ce gars pour klaxonner cette dame qui est en train de traverser quoi ? Et peut-être qu'il est juste con en fait, c'est possible aussi qu'il soit juste méchant, etc. Mais je crois que mon cerveau, il préfère s'imaginer que ce gars-là a eu une journée pourrie et qu'il est en train de décharger sur cette pauvre dame parce qu'il est dans sa voiture, que c'est sa safe place. Et que c'est un peu comme quand son enfant est avec le parent et qu'il décharge tout, tu vois. C'est con, j'ai jamais réfléchi à ça plus que ça, mais j'ai un peu ce sentiment-là, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Que la posture, presque la compétence de savoir-être de ton papa, de dire pour vraiment comprendre, il faudrait que je sois à sa place, et du coup je suis pas à sa place, du coup je peux pas juger, ça te permet aujourd'hui de se dire, attends, ce que je vois avec mes yeux, ça me saoule, c'est pas acceptable, il roule mal, il fait suer. Et 99% du temps, tu as cette espèce de prise de recul, de prise de conscience de dire, peut-être que de laisser la place et finalement de le voir...

  • Antoine Lacouturière

    Alors peut-être que je me suis mis dans une situation qui ne me l'impose pas aussi. Tu vois, j'imagine que... Thomas Pesquet, quand il doit arriver dans sa station, dans son fusée pour partir dans l'espace, et qu'il est en retard sur la route et qu'il y a quelqu'un devant, je ne suis pas sûr qu'il soit zen à mort. Je pense qu'il peut se klaxonner un peu. Moi j'ai décidé de ne pas être Thomas Pesquet, enfin je ne pouvais pas, mais de façon globale j'ai décidé de ne pas avoir une pression de malade mental en me disant je pars 5 minutes plus tôt que mon heure théorique, comme ça si jamais il y a un problème sur la route, je ne m'angoisse pas. En fait... Je pense que ce discours-là, il faut le tenir aux gens qui n'arrivent pas à se détendre. Les gens qui arrivent à se détendre et qui sont en retard et qui s'en foutent, pas de problème. Les gens qui sont sur la route et qui se disent « j'ai déjà 10 minutes de retard et en fait, ça ne me stresse pas plus que ça » , eux, ils sont pisses dans tous les cas, ce n'est pas eux qui vont se faire annuler le cerf. Par contre, les gens qui, eux, vont se faire annuler le cerf, comme ma mère par exemple, qui se sent en retard et qui se dit et c'est pas possible et donc c'est nerveux exprime son énervement sur les autres potentiellement, dont moi je peux être en face, ces gens là il faut leur dire, bah partez cinq minutes plus tôt, dix minutes plus tôt, si vous connaissez la combine parce que ça vous énerve, anticipez-la, tu vois. C'est ça qui me paraît essentiel, mais on le fait pas.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve ça génial ce que tu dis, et en même temps, ça me fait penser à tout de suite comment. C'est-à-dire que quand je t'écoute, je me dis, oui, d'un point de vue ostéo, tu vois, quand on met les mains, on en parlait encore un peu hors antenne, en off, mais quand tu mets les mains de l'être humain sur un être humain, un tissu vivant, il y a les tensions, restrictions physiques habituelles. Tu vois, ça tire ici, tu as une cicatrice, tu as une fibrose. Bon, OK, tu as différents niveaux de pression, OK. mais Avec nos mains d'ostéo, même si on a des discours parfois différents, on a ce point commun de dire qu'il y a un état de tension qui est majoré par ses comportements et le stress. Et la question qui me vient, c'est, je me dis, quel est le pourcentage des patients, des gens malades, qui consultent et qui arrivent à s'en foutre, comme dit Alexandre Axier, ceux qui s'en foutent de la problématique d'être en retard ou de la problématique de bosser pour quelqu'un pour qui ce n'est pas agréable. Je crois que son exemple, c'est ça. Il dit, si tu arrives à t'en foutre, c'est pas grave.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle de bosser pour des connards, ouais. Voilà. Ou avec des connards.

  • Dr Bourgeois

    Mais là, du coup, dans nos patients, respectivement, au cabinet et toi, dans la consulte, il y a quand même un certain nombre de patients qui n'arrivent pas à s'en foutre.

  • Antoine Lacouturière

    Mais ces gens-là, ta vie ne dépend pas d'eux. Et là, pour leur donner de l'information, leur donner du soin, mais moi, j'ai tendance à dire que... cette décision leur appartient tu m'as entendu le dire en consultation cet après-midi je leur ai dit moi je suis là pour vous informer pour diagnostiquer et après vous ferez exactement comme vous voulez vous allez sortir de ce cabinet et cette décision vous appartient de faire opérer votre enfant ou pas de soigner ses caries ou pas de changer les comportements alimentaires ou pas tu vois ma chef de service au cahu qui est quelqu'un de fantastique que j'apprécie énormément elle a 25 ans de vol dans la tronche de soins dentaires des enfants t'imagines l'expérience qu'elle a et ce qu'elle a vu c'est juste faudrait qu'elle fasse un bouquin et ben elle ça la rend folle encore aujourd'hui et je mange avec elle souvent et donc on en débrief entre un petit ph attaché de rien et une chef de service. Quand un parent dit non mais moi j'arrive pas à lui brosser les dents parce qu'il veut pas. Et elle me dit non mais il fait 80 centimètres, il a 4 ans, je vais y arriver à lui brosser les dents en fait. Y'a pas de soucis. Et tu vois, elle va réagir comme ça en disant mais y'a pas le choix en fait. C'est soit on va les denter parce qu'il aura plus avoir de chicots, soit on lui brosse les dents. Et moi je lui dis mais pourquoi tu t'énerves ? Tu l'as dit aux parents qu'il fallait brosser les dents ? Tu rentres chez toi, tu vas voir tes filles, tu vas faire du yoga. Calme-toi. Ce côté-là, moi, j'ai beaucoup pris les choses à cœur. Je vais te dire un truc qui m'a changé la vie, vraiment. Le moment confidence. Pendant des années, j'ai lutté pour exprimer ma pensée en essayant d'expliquer aux gens que c'était indispensable qu'ils comprennent ce que je voulais dire. On va parler des freins restrictifs, mais plus facilement de la respiration buccale. La respiration buccale, on sait maintenant que c'est quelque chose de pathologique. On sait toutes les conséquences que ça a et on va en découvrir encore d'autres. Et pendant des années, j'ai essayé de dire aux gens, mais si, mais si, mais si, c'est important, mais si, votre gamin, il a une respiration buccale, etc. Et les gens m'écoutaient plus ou moins, ils s'en foutaient, ils se disaient, c'est quoi ce gars ? Donc il y en avait qui étaient contents de la boire. Sur la globalité, je pense que 20% ont fait des mesures de changement et 80% n'ont rien fait. Et puis, on me disait en consultation, « Oui, mais docteur, notre médecin, il a dit que t'es pas grave. » D'accord ? Et donc, moi, je devenais fou.

  • Dr Bourgeois

    Ça, c'est un élément important, tu vois, que tu viens de souligner là.

  • Antoine Lacouturière

    Alors ?

  • Dr Bourgeois

    Mais termine, on y revient après.

  • Antoine Lacouturière

    C'est très important, mais moi, ça me rend des fous. Et pour être toi, en tant qu'ostéo, il y a des choses qui te rendent fou. Je sais que les ostéos, c'est la plagio qui les rend un peu fous aussi. Quand on dit, oui, la plagio, c'est pas grave, ça passera en grandissant, ou il aura des cheveux. Moi, je l'ai entendu, tu vois. On sait qu'on peut y prévenir, donc on a envie de faire quelque chose. Et un jour, je parle avec un chirurgien qui s'appelle Frédéric, que j'aime beaucoup et qui travaille dans la même clinique que moi. Donc, lui, il opère de la chirurgie de la main. c'est un chirurgien qui est spécialisé ... en chirurgie, microchirurgie de la main. Donc c'est de la chirurgie assez fine, assez haute. Et donc j'aime bien aller au bloc avec lui, voir ce qu'il fait, comprendre et tout ça, parce que j'aime bien ces liens-là. Et puis la chirurgie, c'est un peu toujours la même chose. Ouvrir un corps, que ce soit des dents, une bouche, une main, dans tous les cas, tu viens agresser un corps, donc c'est intéressant. Je parle avec lui de ce phénomène, et il trouve ça fascinant, il me dit « Oh, tu vois, c'est fou, moi je ne savais pas du tout en tant que médecin ces histoires de restrictions, de respiration buccale et tout. » Et je lui dis que des fois ça me goufle au plus haut point d'avoir des gens qui me disent « Oui, mais mon médecin m'a dit que c'était pas grave. » Et je me dis « Mais attends, mais le médecin, il a quand même un devoir préventif, d'information, etc. » Et donc ça me saoule. Et lui, il me dit « Moi, j'avais la même chose avec les canaux carpiens. » Pendant des années, moi je voulais opérer les gens du canal carpien parce que ça leur faisait mal et que l'intervention dure littéralement deux minutes. Je l'ai vu opérer, c'est un orfèvre, tu vois, tu as l'impression qu'il dessine. C'est fou. Et les patients, dans la seconde, ils vont mieux. Et tu te dis, franchement, OK, il y a peut-être des risques, mais le gain, le rapport bénéfique, il est incroyablement positif. Et moi, j'avais des gens qui me disaient, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, mon médecin m'a dit qu'il ne fallait pas opérer, machin. Et lui, pendant des années, il me dit « Mais pourquoi ? Mais on peut vous aider ! » Et un jour, il m'a dit « Un jour, j'ai changé de vie. » Je lui ai dit « Vas-y bébé, dis-moi ! »

  • Dr Bourgeois

    Partage ça !

  • Antoine Lacouturière

    Partage ce truc-là, et si je vous le dis et que ça vous change la vie, mais mon Dieu, j'ai fait mon taf dans ce podcast. il dit aux gens ah bon il vous a dit de pas opérer d'accord ok et comment a-t-il proposé de résoudre le problème alors et en fait il balançait ça et les gens en face il bug et il disait il n'y a rien rien proposé. Et Frédéric disait, ok, très bien, au revoir alors. Lui, il propose quelque chose. La personne en face ne propose rien et on te dit, il faut écouter celui qui ne propose rien. Mais le patient, il te consulte pour une doléance, en fait. Il ne te consulte pas parce qu'il a vu de la lumière. Donc quand toi, tu proposes une solution, bonne ou pas bonne, peu importe, mais qui mérite d'être réfléchie pour cette doléance-là... et que quelqu'un dit « Non, ne réfléchissez même pas, n'allez même pas voir le chirurgien, juste, je ne vous propose rien, je vous annule cette réflexion potentielle » , moi, ça me rendait fou, sauf qu'en fait, ce n'est pas du tout dans ma compétence. Donc, ma compétence, c'est juste de dire « Qu'est-ce que propose d'autre ? Rien. Bon, très bien, vous réfléchirez à la maison, à ce qui vous paraît le mieux. » Ça m'a changé la vie, ce truc-là.

  • Dr Bourgeois

    Je veux bien croire que ça a changé ta vie. Puis là, je vais rebondir sur ce que tu disais un tout petit peu plus tôt par rapport à la... Allez, je vais dire au méplat-occipitoparietal, parce que plagiocephalie, du coup, c'est le diagnostic médical. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    désolé.

  • Dr Bourgeois

    Pour être bien dans les clous. Et puis, j'ai une pensée pour plusieurs des invités du podcast que je salue. On a exploré ça précédemment. Je crois qu'heureusement, pour nous, les choses évoluent. Il y a des collaborations de plus en plus nombreuses entre les pédiatres et les ostéos. Ma sœur, qui est une thérapeute que j'adore et que je salue, et puis les orthophonistes, notamment précoces. Et puis, en fait, on est une grande équipe et on commence à intégrer ça. Mais pour la plagio ou autre, quand on dit c'est pas grave, tu vois, par exemple, dans les consuls de ce matin, il y a un des petits bouts qui s'installait en W, mais très, très fort, à 4 ans et demi. Tu vois, il s'assied avec les pieds très en dehors ou en unilatéral. et des fois on voit des... des trois pattes tellement importants qui n'appréhendent l'espace qu'avec un némicor, tu vois, vraiment. Et je me dis, bah oui, on peut toujours dire c'est pas grave et on verra plus tard, mais parfois on a cette réaction-là, comme toi, de dire, mais non, c'est pas possible, en fait, non. Et le c'est pas grave, ou mais qui est-ce qui a dit ça, mais on s'en fiche, ou faut pas aller voir l'ostéo, c'est des charlatans. Du coup, le fait d'entendre ça, de me dire, qu'est-ce qu'il propose ? De renvoyer chez l'autre la responsabilité ou le fait de le retourner en question, de dire, OK, et qu'est-ce qu'il propose pour régler l'histoire ? Ah ouais, je trouve ça passionnant. Et je pense qu'il y a un certain nombre de thérapeutes qui vont se sentir soutenus là-dedans.

  • Antoine Lacouturière

    Moi, j'ai souvent dit aux gens, j'ai souvent expliqué à des gens hors consultation le travail que je fais, les pathologies et tout, mais même... des assistantes avec qui j'ai eu l'occasion de travailler qui ont découvert ces problèmes de respiration du cap ce qu'on ne l'enseigne pas pendant notre notre cursus et qui du coup sont d'y aller j'en ai parlé en famille avec des amis machin il dit ah ouais bah lucas lui respire par la bouche blablabla et des fois je regrette d'avoir parlé Je regrette parce que je me dis, les gens, ils n'ont rien demandé, en fait.

  • Dr Bourgeois

    Tu regrettes d'avoir amené une information potentiellement inconfortable, voire même douloureuse, alors qu'ils ne sont pas chercheurs demandeurs de ça ?

  • Antoine Lacouturière

    En fait, je me dis, pourquoi tu n'as pas fermé ta gueule ? Tu es un barbecue avec des copains, et puis on te dit, moi j'ai dû arrêter l'allaitement il y a une semaine parce que j'avais une mastite. Et en fait, moi, mon cerveau, on me dit que j'ai un syndrome de Batman, mais mon cerveau de... j'ai envie de vous aider va dire ah bon et alors pourquoi et si et me et truc et en fait des fois je me dis juste c'est quoi la différence entre celui qui dit même pas que il a une info là dessus et celui qui est incapable va pas incapable mais qui va avoir du mal à se réfréner pour dire je peux vous aider quoi si

  • Dr Bourgeois

    tu allais voir dans sa bouche avec une paire de gants pendant le barbecue et qu'il faut absolument faire ça tu vois je me dis c'est peut-être exagéré mais qu'est ce que c'est aussi de retenir une information qui peut-être va changer de façon significative la croissance de son massif facial, sa respiration, les nuits de ses parents, les nuits de ses frères et sœurs ?

  • Antoine Lacouturière

    Alors, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    J'exagère un peu.

  • Antoine Lacouturière

    Non, alors t'exagères plus loin, parce que les gens en feront quand même ce qu'ils en veulent, c'est-à-dire que ça ne les intéresse pas, voilà. Mais je vais te donner une info que tu n'as pas, et que tu vas dire, j'aurais préféré ne pas la voir, pourtant elle est très importante. Je l'ai appris il y a deux jours, en lisant une étude de sociaux. l'entreprise, le secteur industriel qui fait les plus gros bénéfices dans le monde, tu sais ce que c'est ?

  • Dr Bourgeois

    Alors comme ça sans réfléchir à chaud, j'imagine que c'est en lien avec la maladie, que c'est quelque chose qui, parce que les gens sont malades, mais je sais pas où tu peux en arriver, le sommeil, le sucre, l'alimentaire, la nourriture, non je sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Moi j'ai pensé que c'était les armes, mais non.

  • Dr Bourgeois

    Alors attends, laisse-moi 5 secondes, tu peux reformuler s'il te plaît ? Comme ça les auditeurs ils vont réfléchir avec nous.

  • Antoine Lacouturière

    Quel est le domaine d'activité dans la vente de quelque chose dans le monde qui est le plus rentable ?

  • Dr Bourgeois

    J'ai plein d'images qui me viennent, mais je t'écoute.

  • Antoine Lacouturière

    C'est la pharmaceutique. La pharmaceutique parce que quand tu crées une molécule, tu peux l'exploiter pendant 100 ans sans jamais changer quoi que ce soit. Tant que la maladie est là, tu peux l'exploiter avec le même processus. cesse, tant que ça marche, c'est illimité. La voiture, t'as intérêt à te réinventer, parce qu'il y a des concurrents, machin. Mais quand t'as découvert une hydroxychloroquine, quand t'as découvert le paracetamol, et que tu l'as, c'est un truc de malade. Et aujourd'hui, je trouve ça hallucinant que les gens puissent imaginer que la santé est faite autrement que comme un business par cette industrie-là. Je trouve ça fou que les gens, et moi le premier, aient la naïveté de penser que c'est envisagé comme autre chose qu'un business. Et quand tu sais ça, tu te dis merde, j'aurais préféré ne pas avoir cette info parce que ça grise un peu quand même. Tu vois, je crois que c'est Pfizer qui a un truc comme 40 milliards d'euros de bénéfices. ce qu'on...

  • Dr Bourgeois

    Et tu parles de quoi ? De par mois, par an ? Par an,

  • Antoine Lacouturière

    c'est-à-dire que... Ah ouais, Elon Musk peut-être, mais en fait, cette industrie-là, et ce n'est pas une critique, cette industrie-là qui est nécessaire parce qu'on sauve des centaines de millions de vignes probablement avec les vaccins et tout ça, juste, c'est quand même un business, c'est-à-dire que la santé des gens un par un... toi, moi, à des réflexions de ce type-là étatiques ou à des milliards d'euros, on peut faire mourir des milliers de personnes pour faire avancer tel médicament ou autre. C'est une certitude. Donc quand moi je réfléchis avec mon patient au cabinet et toi en consultation derrière moi, c'est l'équivalent de j'éteins ma lumière pour pas polluer pendant qu'en Chine on a des usines de charbon qui réouvrent. C'est un tout petit geste.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, ça me touche ce que tu dis à différents niveaux dans mon histoire, dans le quotidien. Ça me donne envie d'orienter sur le podcast sur comment faire, mais avant ce comment faire là, c'est quand t'as pris conscience de ça, toi, comment t'as vécu ça ? Le fait de se dire, cette prise de conscience, de se dire mais... Comment c'était pour toi ?

  • Antoine Lacouturière

    Moi, je me suis dit, je le sais, ça ne va pas changer ma pratique au quotidien, parce que je ne prescris pas de médicaments au quotidien. Je soigne des gens, je soigne littéralement des gens, mais en fait, dans nos métiers, on fait de la thérapie manuelle, toi et moi. Un chirurgien dentiste, il a besoin d'enlever, d'ouvrir. Quand je prescris un médicament, c'est très, très rare. Là j'ai eu mon SNIR, qui est pour ceux qui ne connaissent pas ton relevé annuel de prescriptions, de tarifs, d'actes et tout ça. Je n'ai pas prescrit de médicaments. Sur l'année, si j'ai fait 10 prescriptions, c'est le maximum de ce que j'ai fait. En fait, je prescris de la rééducation et je soigne les gens en intervenant. J'enlève une dent qui est infectée, je nettoie une carie que je vais reboucher, etc. Mais je ne prescris pas, donc ça ne va pas changer ma vie au quotidien. Je ne vais pas me faire offrir des voyages par Sanofi parce que je ne suis pas un prescripteur, mais dans le monde des gens qui m'entourent, notamment en médecine du sommeil, l'argent, c'est une valeur hyper présente en termes de diagnostic, en termes de placement sur le marché. Je regardais à peu près le nombre de prestataires qu'il y avait sur la médecine du sommeil, c'est-à-dire ceux qui te mettent les polysomnographies, ceux qui te mettent les PPC pour dormir. Il y a des dizaines de prestataires qui se séparent. qui se partagent ce marché et qui font du démarchage auprès des pneumologues et des médecins généralistes pour leur dire « S'il vous plaît, venez, je vous offre telle place au congrès » . Ils se battent pour offrir aux médecins ça, tu vois. Et tu te dis, du coup, quand tu vas voir un médecin, est-ce qu'il est vraiment neutre dans ce qu'il va te proposer ? Est-ce qu'il va t'expliquer ? Est-ce qu'il va te laisser le choix ? Moi, il y a quelque chose de la médecine que je trouve très dur, c'est qu'on ne te parle pas des alternatives thérapeutiques et on ne te parle pas de l'abstention thérapeutique. Que va-t-il se passer si je ne me traite pas ? Que va-t-il se passer si je choisis un autre traitement ? On ne te parle pas de ça. Moi j'explique quand les gens me disent « Hé docteur, cette histoire de frein, si on ne le coupe pas, qu'est-ce qui peut se passer ? » J'explique, je leur dis « ça peut très bien aller, comme on peut voir apparaître ça, ou ça, ou peut-être plus tard ça. » Mais en tout cas les symptômes qui sont présents aujourd'hui risquent de ne pas régresser. Et je me sens très à l'aise parce que si les gens viennent se faire opérer, Je suis 100% transparent. Si les gens ne viennent pas se faire opérer, je leur ai donné de l'information. Le biais qu'on a, c'est que les gens... qui sont des opérateurs sont un peu des scalpelophiles. Ils veulent opérer parce qu'ils en obtiennent un bénéfice secondaire. Soit parce qu'ils sont convaincus, donc ça fait du bien à leur cerveau, soit parce qu'il y a de l'argent derrière, soit parce qu'il y a un réseau à entretenir de praticiens, etc. Et moi, ça me fait assez peur, ce truc-là. Tu vois, je suis allé dans des centres qui opèrent beaucoup de freins. Je suis allé voir comment ça se passait. Il n'y a pas de consultation préalable. Tu viens, on te dit il faut, on coupe, et tu repars. Imagine ça avec la circoncision. Imagine, tu prends ton enfant et tu dis je vais aller voir un chirurgien viscéral pour me poser la question de qu'est-ce que ça impliquerait la circoncision. On te dit bougez pas, attrapez-le, tenez-le, je coupe et voilà. T'imagines si tu extrapoles ça à la médecine et pourtant c'est deux freins. Le frein en bas et les freins en haut, ça reste des frénectomies, entre guillemets. Mais c'est inenvisageable dans la médecine générale, dans la médecine en général. Et pourquoi nous, on se le permet, tu vois ?

  • Dr Bourgeois

    C'est hyper intéressant comme ouverture, comme analogie, comme métaphore aussi. Je pense que ça illustre, ça impacte.

  • Antoine Lacouturière

    Peut-être que des gens vont se dire, ah oui, tiens, j'avais pas pensé ça comme ça, mais oui. Mais moi, on n'a pas beaucoup parlé d'argent, mais en fait...

  • Dr Bourgeois

    On va y aller. va y arriver.

  • Antoine Lacouturière

    Ok, on en reparlera alors.

  • Dr Bourgeois

    Oui. D'accord Cédric, et du coup, par rapport à ce qu'on vient d'exprimer, si je reprends ce cas de la vie du quotidien où t'es à un barbecue et où t'as ton observation avec toute ta conscience et tout tes capteurs à toi de soignants avertis, consciencieux, qui détectent, comment tu te positionnes par rapport à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je pense qu'il faut un peu tâter la température, ça va dépendre de la première phrase que tu vas dire. En fait si tu dis c'est marrant que tu as eu des mastites et que tu as arrêté ton allaitement, on a cherché trop, un peu pourquoi ou quoi je sais pas, si tu vois que c'est un peu bon et non, c'est bon allez, est-ce qu'il reste des chipolatas, je pense qu'il faut pas y aller. Si par contre c'est quelqu'un qui a envie d'en parler et que tu sens que ça a ouvert une vanne chez cette personne, tu sais que tu as passé ton barbeque loin du monde à discuter avec cette personne de pourquoi et comment. Et c'est assez dur de balancer deux, trois infos importantes sur la santé et puis de dire je te laisse avec ça, je vais me resservir du sident.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ça touche les gens. Ce qu'on pourrait peut-être faire dans le monde du business, je vends des objets et on en parle, on n'en parle plus et puis on passe à autre chose, ou là tu viens toucher quelque chose qui est différent. Je trouve que ça fait partie des vraies différences. Quand on parle de rémunération notamment, quand on parle d'investissement, de passion, le fait de donner ces conseils-là ou en tout cas ces observations à quelqu'un, ça va le toucher de manière... c'est significatif. Tu ne laisses pas les gens indifférents quand tu parles de leur état de santé.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, tu les laisses pas indifférents. Après, il y a des gens qui ne veulent pas savoir. Moi, j'ai rencontré des gens, notamment à un moment de mes études, j'ai été amené à annoncer des maladies graves. hors du côté dentaire. Il y a des gens qui ne veulent pas savoir ou qui ne comprennent pas qu'ils ne veulent pas savoir. Je doublais un médecin qui était avec moi. C'est une petite anecdote, mais il se reconnaîtra s'il l'entend, c'est sûr. J'étais aux urgences tête et cou. Donc, tu sais que dans le monde dentaire, on est quand même plutôt côté urgence tête et cou qu'urgence digestive. Et il nous est amené par les sapeurs-pompiers une jeune fille qui a fait un malaise pendant son... repas de famille avec tout le monde. J'ai jamais raconté, je pense, ce truc, mais c'était il y a quelques années. Et cette fille arrive avec son malaise et elle tombe, en fait, elle tombe dans son plat, la tête dans le plat, dans le repas. Donc les pompiers arrivent, ils la récupèrent, ils la mènent aux urgences et toute la famille est là. Donc elle a un nouveau-né qui a six mois, le compagnon, évidemment, le papa, la famille, les beaux-parents, bref. Ils sont genre douze. Ils arrivent aux urgences à 12. Donc tout le monde dit, oulala, attention, juste l'accompagner en direct, le bébé reste. Et donc mon collègue médecin dit, hop, on la pousse au scanner directement parce qu'elle est restée inconsciente. Donc elle part au scanner. Et moi je vais avec tout le monde dans le scanner, dans la pièce à côté, tu sais, où tu regardes les images et tout. Et l'image du scanner cérébral sort et tout le monde fait… Et moi je comprends rien. J'étais jeune. j'avais pas vraiment d'idée de ça, et je vois un espèce de gros blanc de tout le monde avec un petit « bon, ben voilà quoi » . Et je me retourne vers mon collègue qui s'appelle Olivier, et je me retourne vers lui et je lui dis « mais il se passe quoi là ? » . Et il me dit « tu vois toute la partie grise là ? » . Je lui dis « ouais, ben c'est une tumeur » . Et en fait, ça représentait plus de la moitié du cerveau je pense. Et là je me dis, enfin en tout cas sur cette coupe là, je me dis mais c'est pas possible qu'on découvre ce truc là maintenant. Et donc je dis à Olivier mais il faut faire quoi ? Il me dit, ben là il faut expliquer à la famille que c'est grave déjà, que c'est pas juste un malaise mais que c'est quelque chose de beaucoup plus grave. Bref, je te passe un peu les détails et on fait une espèce d'annonce. Alors moi dans un coin de la pièce et lui qui vient expliquer à la famille que c'est grave. Donc on met tout le monde dans la même pièce, tous les gens qui sont là. J'espère que personne de cette famille entend ce truc-là parce que c'est ma vision des choses. Et il dit, je voulais juste m'entretenir avec vous de l'état de santé de mademoiselle machin. Donc elle est dans le coma en fait. Voilà ce qui s'est passé. Elle a fait un malaise très grave parce qu'il y a un problème au niveau de son cerveau. Et les gens de la famille étaient dans une espèce de planète où ils rigolaient presque. Ils disaient, on peut aller la voir parce qu'au four, là, on a un chapon. Je pense que ce soir, il sera moins bon quand même. Et donc là, Olivier dit, attendez, je ne vous ai pas... Attendez. Je ne vais pas être clair, là il y a une notion de malaise grave, important, avec il va falloir voir un neurologue et tout. Et en fait la famille était dans le déni complet, mais était dans un truc que tu ne peux pas imaginer quand tu es d'un point de vue extérieur, où ça paraît tellement évident pour toi que c'est vrai ce qui se passe. Et c'était un état de sidération. Et donc il dit, non, non, mais là, bon, elle se réveille quand on va la voir et tout. Et là, donc, il se passe deux, trois phrases comme ça. Et puis Olivier finit par dire, bon, en fait, là, elle a une tumeur. Donc il balance le... le mot. Ils ne comprennent pas plus. En tout cas, dans mon souvenir, ils ne comprennent pas plus le truc. Il y a un peu plus de blanc dans la famille. Attendez, mais comment ça ? Qu'est-ce que vous voulez dire ? Elle ne va pas dormir là cette nuit quand même et tout. Et là, il s'est passé en backup des choses que moi, je n'ai pas. pas vu. Là, il y a une femme qui tape à la porte et qui vient voir Olivier et qui lui dit « Je peux te parler deux secondes ? » Donc il sort. Donc je sors avec lui et elle dit « Machine est arrivée. » Et il dit « Oula, non, mais c'est pas le moment là. » Et je lui dis « Mais c'est qui Machine ? » Il me dit « C'est l'infirmière pour le PMO, le prélèvement d'organes. » Je lui dis « Quoi ? » Il me dit, tu sais, quand il y a des gens qui sont en état de mort encéphalique, machin, et en fait, ce truc-là qui est, si des gens m'entendent et ont déjà vécu ce truc-là du côté soignant, ils se sont dit, ça ne s'est peut-être pas du tout passé comme ça, machin, mais là, ça s'est passé comme ça. probablement le radiologue ou je ne sais pas qui a appelé l'histoire du PMO qui a dit « Ah ben l'infirmière doit être pas loin, la coordinatrice, je ne sais pas quoi. » Et donc là, tu passes d'une nana qui est tombée la tête dans le chapon à « On va vous demander l'autorisation de prélever ses organes, si elle vous en a parlé, de son vivant. » T'imagines la violence du truc. J'étais dans cette putain de pièce en fait. Je m'en rappelle comme c'était hier. J'avais 23 ans, 24 ans. Je crois que j'ai perdu mon père un an après ça, tu vois. Le truc était d'une violence et je pense que ce déni des gens qui ne veulent pas savoir ou leur cerveau qui ne veut pas savoir, il est bien plus fort que tout ce que toi tu peux imaginer en tant que soignant qui essaye de dispenser juste une parole qui a trait à la santé. de quelqu'un en fait. Là c'est un truc très grave évidemment, je te prends un exemple que j'ai vécu et qui m'a marqué mais je pense qu'il y a des gens à qui tu dis « ah vous savez que ce grain de beauté il est pas top top » qui vont être dans le déni parce qu'ils ne veulent pas être malades. Je pense que c'est une réalité ça en fait et la première phrase que tu dis « il faut être capable de juger avec ton sensibilité si la personne elle est capable de ça » parce qu'elle n'a rien demandé sur le soin tu vois elle n'a pas demandé ça

  • Dr Bourgeois

    Oui, je comprends mieux. Merci pour le fait de sonder, de voir s'ils sont demandeurs ou pas pour le barbecue. Et dans les milieux, je crois qu'un bon nombre de soignants vont se reconnaître. On est quand même hyper sollicité par la famille. les copains les tu me confier tout à l'heure le nombre de messages que tu recevais pour dire qu'est ce que vous en pensez qu'il faut faire on est archi sollicité et parfois on a envie de faire du bien et c'est comment est ce que je me positionne et puis j'entends aussi l'anecdote l'histoire c'est pas une anecdote cette histoire terrible de je

  • Antoine Lacouturière

    sais pas ce qu'elle est venue cette non plus. j'imagine qu'elle est décédée mais je sais pas ce qu'est devenue sa famille et moi c'est des choses qui me courent un peu sur l'encéphale de temps en temps me disant tiens il y a eu ça c'est fou quoi ça me fait penser à Baptiste Beaulieu qui écrit sur

  • Dr Bourgeois

    des cas qu'il a pu vivre et à d'autres soignants, il y a un certain nombre qui publie je pense aussi à l'homme étoilé je connais pas c'est un infirmier dans les soins. intensifs palliatifs plutôt même qui raconte à travers des bd la fin de vie de certains de ses patients et il la rend noble parfois humoristique parfois simplement horrible en fait il raconte sa vision à travers ses yeux à lui de de cette étape-là. Et bon, il est devenu connu aujourd'hui sur les réseaux. Et puis, il a écrit, il a fait des BD. Mais je pense à ces soignants-là, parce que ce que tu viens de dire, je me demande, t'es préparé à 23 ans ? Est-ce qu'à un moment dans tes études, on te prépare à ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, en tout cas, on ne me prépare pas à ça. Et tu ne t'y exposes pas si tu n'y es pas prêt non plus. Moi, je suis allé taper à la porte des urgences, en fait.

  • Dr Bourgeois

    C'est une démarche de ta part ? Oui, oui, oui. Tous les étudiants en dentaire le font pas ?

  • Antoine Lacouturière

    Non, non, non. Moi, je... en fait dans le cadre d'un DU J'ai fait ce DU avec des internes en chirurgie maxillofaciale qui faisaient le même DU que moi. Et quand ils me disaient qu'ils faisaient des gardes, moi je disais, ça doit être trop cool de voir une garde comme ça. Et eux, ils étaient plus gavés de faire des gardes parce que quand on a fait plein, c'est ta routine. Et ils me disent, si tu veux, viens sur une garde. Je demande au chef du service, machin. Mais viens, c'est toujours cool d'avoir un étudiant en dentaire qui, lui, peut... Avoir une vision peut-être un peu différente. Un mec super sympa, tu vois, un interne très gentil. Et donc je vais là-bas et j'arrive dans le service comme un trou de balle. J'arrive, j'ai aucune légitimité, je comprends même pas trop comment est fichu le service. Il me dit, tu vois, le mec qui passe là-bas, c'est le chef de service, va te présenter. Donc t'imagines, t'es étudiant, t'es en quatrième année de dentaire ou cinquième, je sais plus, et tu tombes sur un mec qui est le chef du service d'urgence tête et cou. Et tu dois aller voir, bonjour monsieur, je suis un pauvre caca et en fait je suis là parce qu'il y a un interne. Et le gars, je lui dis ça, je lui dis pas que je suis un pauvre caca, mais je lui dis bonjour, je viens parce que machin. Et le mec me dit, bah écoute, enchanté, t'es ici chez toi, c'est les urgences, voilà, il y a deux, trois trucs à pas faire. Tout le reste, tu peux poser autant de questions que tu veux. On est toujours... Il me dit exactement ces mots-là. On est toujours heureux d'avoir des gens qui veulent apprendre. Je m'en rappellerai toute ma vie puisqu'il était dans mon jury de thèse, ce mec, à la fin, pour te donner une idée. Et je lui dis, je veux bien apprendre, mais je ne veux pas gêner. Et il me dit, non, mais... tu gêneras pas si jamais tu as un problème tu viens me chercher tu viens me chercher et donc j'ai fait cette soirée de garde j'ai fini à 4 heures du matin à 4 heures du matin il m'a dit tu peux rentrer chez toi là je pense il ya plus de tram et en fait j'en ai fait un nom nombre innombrable avec lui. Alors évidemment, c'est pas moi qui viens suturer des crânes, on est bien d'accord. Par contre, le fait d'être immergé dans ce truc-là, de voir, pendant que tous mes potes, eux, étaient en soirée, faisaient la fête, rentraient chez leurs parents et tout, moi j'ai passé, j'étais en couple à l'époque, je rentrais chez ma copine, qui habitait moins loin de l'hôpital que mon appartement, je rentrais chez elle, littéralement à 4-5h du matin, après une nuit, avoir bu les chocolats la chose dégueulasse que tout le monde essaye de faire de l'hôpital tu vois parce que j'ai trouvé ça passionnant et le pire de ça c'est que des collègues qui étaient avec moi en enterre qui n'ont pas du tout fait ça m'en ont voulu d'avoir fait ça pourquoi bah ils n'ont pas cru ils n'ont pas cru que c'était possible alors que pour le coup tu veux je je pense que j'ai toutes les photos de toutes les gardes que j'ai fait Et ils n'y ont pas cru et j'ai eu le sentiment que ça leur a enlevé quelque chose. Moi, je ne le disais pas, tu vois, que j'allais en garde et tout, mais forcément, tu vois plus de trucs que si tu étais resté chez toi. Donc moi, je voyais des choses sur des cas, sur des trucs comme ça et tout. et juste des gens qui l'ont su n'ont pas apprécié le fait que moi j'ai pu accéder à des trucs médicaux comme si c'était j'aime pas dire ça en fait j'aime pas raconter ça parce que j'ai toujours eu ce truc là de me dire n'en dis pas pas trop parce qu'en fait, ça va pas plaire aux gens. J'ai rien fait, on m'a pas donné diplôme, on m'a rien filé, tu vois. Genre j'ai passé toutes mes soirées, pas toutes, mais au moins une soirée par semaine, voire deux, en garde avec ce mec qui lui était juste un mec bienveillant, qui s'était dit c'est super sympa d'avoir un gars, il m'utilisait même pas, tu vois, il se disait pas tiens c'est ma petite main, il va faire ma place. Je peux rien faire, je suis rien moi. Je suis un externe qui vient... voir comment ça se passe. Donc des fois, je suivais le neurologue qui me disait « Ah bah tiens, tu veux voir ce que c'est le stroke, les urgences intensives vasculaires ? » Ouais, ok. Des fois, je suivais l'ophtalmo qui me disait « Bah tiens, on a encore une limaille de fer dans l'œil. Tiens, t'as déjà vu comment ça s'enlevait ? Bah non, bah viens voir. » Et en fait, pour moi, c'est ni plus ni moins de la culture médicale.

  • Dr Bourgeois

    Une forme de formation continue aussi en parallèle.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, sauf que j'étais pas formé à la base, donc c'était une sorte de double formation initiale. Ouais. Et en fait, ça, j'ai trouvé ça passionnant. Et aujourd'hui... Je ne regrette absolument pas d'avoir fait ça. Je trouve que c'est génial. Ça ne me sert pas, évidemment. Ça ne me sert pas pour être dentiste, tu te doutes bien.

  • Dr Bourgeois

    La limaille de fer, non.

  • Antoine Lacouturière

    Non, non. Oui,

  • Dr Bourgeois

    vraiment.

  • Antoine Lacouturière

    Par contre, je retrouve des jeunes aujourd'hui qui me... me contactent en première année, des trucs comme ça, qui ont ce truc-là. Qui ont ce truc de dire, je m'en fous en fait de ce que ça me coûte du temps, machin. Je veux juste y aller. Je veux juste voir. Et j'en ai rencontré quand j'enseignais en prépa, tu sais, pour la fameuse, les écuries, là. Moi, j'ai enseigné les sciences humaines et sociales quand j'étais en deuxième, troisième, au tutorat, et puis après dans les prépas pour gagner des sous, quand mon père est décédé. Et j'ai rencontré des étudiants qui était facile. et passionnés par ce type de parcours qu'ils voulaient faire aussi. Et on leur a pas laissé souvent la chance d'aller en médecine. C'est des gens qui n'ont pas réussi la première année et qui sont allés faire autre chose. Parce que l'intelligence qu'on te demande en première année, c'est de la mémoire. C'est pas de l'intelligence, c'est beaucoup moins de la réflexion et de la compréhension. C'est beaucoup, beaucoup de mémoire. D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment j'ai passé cette année.

  • Dr Bourgeois

    Mais tu es là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, oui. Mais bon.

  • Dr Bourgeois

    Je reviens sur ce que tu disais par rapport à ça ne me sert pas pour être dentiste. Je le perçois un peu différemment, Cédric. J'ai le sentiment, en tout cas, que le fait de... d'être capable de te mettre à la place de l'autre. C'est un des éléments de ta boîte à outils.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais il n'a rien à voir avec ce que j'ai fait là.

  • Dr Bourgeois

    Alors, je précise quand je dis ça, quand tu vas voir ce qui se fait dans les autres SP, tu vois aussi différentes histoires de patients, différentes problématiques, différents gestes techniques et peut-être différents soignants pratiqués. Tu vois, là, pour le coup, je refais une parenthèse perso, mais j'ai été voir énormément de profs en école d'ostéo. très vite, je me suis dit, bon... Il y a énormément de manières de faire différentes. Je vais aller m'imprégner des profs et j'ai passé des demi-journées de stages d'observation. Je leur ai demandé de mettre les mains sur moi. J'ai vraiment fait cet effort de me dire, OK, je paye une consule, je viens te voir, je lis tes bouquins. Tu vois, je me retrouve un peu dans cette démarche d'exploration. Et même s'il y a des techniques que je n'utilise pas, le fait de les avoir reçues ou de les avoir vues ou d'avoir vu des patients les faire, Les vivres, je me dis que malgré tout, dans ta carte du territoire de l'autre, toi, tu ne l'utilises pas en vecteur principal, mais tu as cette conscience-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, mais je pense que tu l'as ou tu ne l'as pas dans ton cerveau à la base. Ce n'est pas le fait d'avoir passé... J'aurais pu passer trois gardes aux urgences et avoir cette conscience-là, mais j'ai décidé d'en passer 300, tu vois. et je pense que j'exagère même pas sur le nombre parce que quand tu en fais une à deux par semaine pendant quasiment quatre ans t'es pas loin de ça quoi et j'ai pas fait que des gardes complètes mais des équipes, des urgences de ces urgences que je connais du coup plus maintenant parce que c'était il y a des années mais qui à l'époque me voyait un soir sur trois, se disait ce mec est complètement marteau. Il vient gratos, il boit des cafés dégueulasses de l'hôpital.

  • Dr Bourgeois

    Et chocolat.

  • Antoine Lacouturière

    Pendant que ses copains sont tranquillement dans leur plumard ou en train de regarder des films. Il n'y avait pas Netflix à l'époque, je suis trop vieux. Mais il y avait quand même ce truc-là, tu vois. Et pour rien au monde, j'aurais été ailleurs qu'aux urgences. Parce que j'avais le sentiment, même si deux fois je me faisais chier, j'avais le sentiment qu'il n'y avait pas un meilleur endroit pour apprendre des trucs. Et en plus j'étais utile, parce que je brancardais, parce que je poussais des gens au scanner, parce que je rebranchais des paires. perf qui était vide. On me filait des missions. Je gérais des conflits à l'accueil puisque j'étais complètement extérieur. Des fois, il y a des gens qui disent « Oui, moi, je veux rentrer. » Non, c'est un accompagnant. Donc, moi, j'y allais. On me disait « Vas-y, va dire au père qu'il ne peut pas venir. » Ah, d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Je vais rajouter ça sur ma ligne de compétence. Allez dire au père « Non, vous ne pouvez pas rentrer. » Mais tu vois, je trouve ça paradoxal. Quand je te réentends dire ça, je souligne, c'est des compétences pour moi, j'ai l'impression, peut-être que je me trompe toujours, mais j'ai l'impression que c'est des compétences que tu as acquises ici.

  • Antoine Lacouturière

    Je pense que c'est plus de l'expérience que des compétences, c'est comme l'humanitaire, moi j'ai fait un peu d'humanitaire et en humanitaire... tu ne gagnes pas des compétences, tu ne gagnes pas de l'XP, tu ne gagnes pas des sorts de magie que tu n'as pas dans un jeu vidéo. Par contre, j'ai exploré de la map. J'ai exploré et donc j'ai une vague idée un peu plus de l'ensemble de la map. Je pense que quand j'ai fait de l'humanitaire, notamment au Maroc, on était parti à deux dans les histoires. Je suis parti à deux avec une interne de pédiatrie à l'époque et moi j'étais tout jeune dentiste diplômé. mais on est parti à deux et on a fait une semaine là-bas. Donc elle, elle a soigné des enfants, et moi j'ai soigné de tout, des enfants, des adultes, pour les dents. En une semaine, j'ai fait 70 chirurgies, 70 extractions. En une semaine. Tu n'as pas idée, quand tu es étudiant en dentaire, tu dois en faire 10 sur l'année, tu vois, d'extraction. Et encore, peut-être que ça a baissé. J'en ai fait 70 dans la semaine. T'imagines l'expérience que tu prends. Des fois ça se passait pas bien, des fois t'arrives pas à enlever la dent, parce que t'es jeune et parce que t'as pas le bon matos et tout, mais j'ai pas de radio. Donc j'ai fait des trucs sans radio alors qu'on nous apprend à bosser avec des radios. Mais en fait les gens ils sont, ils s'en fichent en fait, ils veulent juste que tu soulages leur truc donc je disais j'essaye peut-être j'y arrive pas. Et l'infirmier marocain il traduisait et le mec il disait peut-être tu y arrives aussi hein. Donc j'ai essayé tu vois et j'ai gagné beaucoup d'expérience en faisant ça. énormément rassuré sur mes capacités manuelles parce que je me suis dit en fait tu vois je me lance pas dans des trucs que je sais pas faire des fois j'ai plein de fois j'ai dit non ou là dans de sagesse là en plein milieu du maroc du désert tu vois c'est moyen mais ça cette expérience là tu l'as parce que tu vois d'autres choses sur un certain temps donné alors que pour moi la compétence c'est aussi une connaissance que tu vas mettre en application là j'avais pas de connaissances supplémentaires j'ai expérimenté quoi.

  • Dr Bourgeois

    J'entends cette nuance et je te remercie pour cette nouvelle histoire et parce que c'est riche d'imaginer ça Je m'enverrai la vidéo Youtube,

  • Antoine Lacouturière

    on avait fait un montage

  • Dr Bourgeois

    Avec plaisir et j'anticipe je suis sûr qu'il y a des auditeurs et des autrices qui vont me dire est-ce qu'on peut la voir,

  • Antoine Lacouturière

    donc on la mettra en lien Ils peuvent pas commenter les podcasts les gens aussi Alors du coup j'en profite c'est le moment de faire un petit point

  • Dr Bourgeois

    Tu peux pas commenter Alors là, il y aura peut-être une vidéo YouTube. C'est une des premières fois qu'il va y avoir ça dans le podcast. On va tout faire pour, en tout cas. Donc, dans YouTube, je pense que tu peux commenter. Et puis, dans Apple Podcast, tu peux aussi mettre des commentaires. Donc, tu peux. Et puis après, il y a un certain nombre d'usagers qui utilisent les réseaux sociaux pour dire est-ce que je pourrais avoir ça ou en direct. Oui, tu pourrais. Oui, si, quand même.

  • Antoine Lacouturière

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est pas faux. Les semaines, il y a ça. Je reviens sur cette histoire de compétences. Est-ce que... Tu vois, j'entends savoir-connaissance. Donc, tu as dit, c'est une connaissance-savoir. Oui. Savoir-faire, la technique. Je vais m'appliquer avec mes mains. Mais il y a un savoir-être qui, pour moi, est aussi un peu entre les deux, tu vois, dans la compétence. Je reprends tes exemples. Je me permets. Le brancardier, tu vois, aux urgences, je ne savais pas. Il y a quelques semaines, moi, j'ai réagi à une de tes stories.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Sur un habillage en super héros, genre en tenue de super héros pour un enfant qui part au bloc.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais.

  • Dr Bourgeois

    Alors t'es pas le seul à le faire. Il y en a quelques uns d'autres qui le font. Mais si on pouvait faire une prise de sang de ce petit bout là, tu vois, deux groupes témoins. Je pars au bloc avec ce staff là, cet encouragement, c'était un champion. Tu vois, tu me vois venir.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je te vois venir.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est rien. Biochimiquement parlant, je suis certain que son analyse, j'ai la conviction, l'intuition, la croyance, l'espoir aussi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, on l'a prouvé ça. On a prouvé qu'on mettait moins d'anxiolithique chez les enfants qui avaient ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, et dans un podcast précédent avec les trois cafés gourmands que je salue au passage, on avait parlé des études qui montraient que la musique, ça diminuait les quantités de sédation et les quantités de médication en salle de réveil. Mais je reviens sur mon exemple. Ton petit bout qui part là, est-ce que le fait que tu aies été brancardier à un moment, t'as pu t'immerger dans les questions des parents du dernier moment ? Tu vois, regarde, replonge-toi là avec ta mémoire photographique et ton arborescence là, replonge-toi, t'es brancardier, tu viens de gérer le papa à qui t'as pu dire « Eh toi, tu rentres pas, s'il te plaît, t'as des baskets et t'es pas en costume, tu rentres pas. » Non, j'exagère, mais t'es brancardier, t'as un petit bonhomme qui part au bloc pour l'avoir vécu moi. Oui. comme un bon nombre de personnes qui nous regardent,

  • Antoine Lacouturière

    qui nous écoutent.

  • Dr Bourgeois

    Va aller au bloc. Une des dernières personnes avec qui tu discutes, c'est les êtres humains qui sont là.

  • Antoine Lacouturière

    Mais là,

  • Dr Bourgeois

    à ce moment là, qu'est ce que tu vis ? Qu'est ce que tu te dis ?

  • Antoine Lacouturière

    Je ne sais pas si le fait d'avoir été brancardier, ou en tout cas de pousser des brancards, puisque c'est un vrai métier brancardier, ce n'était pas le mien, mais d'avoir poussé des brancards, ça te change vraiment ta vision des choses par rapport au fait d'être parent. Et je pense que l'expérience d'être parent et d'avoir un enfant... quand tu deviens soignant d'enfant, elle est un milliard de fois plus violente que d'avoir été brancardier dans un service d'urgence tout pourri. Je mets une nuance. Quand j'étais aux urgences, de temps en temps... il y a des brancards qui sont sur les côtés des couloirs avec des gens dedans qui attendent, etc. C'est un peu le pire empire, mais c'était déjà comme ça à l'époque. De temps en temps, même régulièrement, je m'arrêtais à côté de la dame ou du monsieur, je leur prenais la main et je leur disais ça va. Vraiment, je m'intéressais vraiment déjà parce que je voulais savoir pourquoi ils étaient là, leur pathologie, machin. Et je leur disais tout va bien. J'étais en blanc, j'avais une blouse comme les gens des Urgents. Ça, j'en ai parlé après avec Olivier, il m'a dit ça a Ça a changé la géographie des urgences. ce truc là il m'a dit parce que tu n'avais rien à là bas tu n'avais rien à faire tu n'étais pas attendu on ne tue des personnes ne dépendait de toi un infirmier quand il aux urgences il se fait avoiner mais complet il passe sa vie à courir entre droite et gauche machin il peut pas s'arrêter dire coucou comment ça va michel c'est impossible moi je n'avais que ça à faire donc moi j'étais un espèce d'électrons libres où je m'arrêtais je papote avec madame tu vois et ça Je l'ai vu, c'est vrai, mais lui m'a dit que ça a complètement modifié le fait que les gens devenaient ou pas agressifs parce qu'ils avaient l'impression qu'on ne les considérait pas, etc. Donc en fait, un des enseignements que j'en ai ressorti, c'est pourquoi est-ce que dans les urgences on ne met pas une espèce d'engagé volontaire, un mec comme un service civique qui, habillé en blanc, donne l'illusion qu'il est un soignant comme les autres, qui vient juste s'enquérir de comment vont les gens.

  • Dr Bourgeois

    Là, il y a un truc hyper important pour moi qui fait-il, c'est Carl Rogers. Je ne sais pas si tu vois. L'écoute active, l'approche centrée sur la personne, donc la puissance de l'écoute. Je vais te laisser parler sans t'interrompre. Je ne sais plus combien c'est la moyenne en France pour être interrompu chez un soignant. Je crois qu'il y a des...

  • Antoine Lacouturière

    14 secondes.

  • Dr Bourgeois

    Ouais. Donc, pour les auditeurs et ceux qui ne connaissent pas, il faut 14 secondes. Je ne sais plus si c'est des medjets, parce que j'ai beaucoup de respect pour les medjets malgré tout et les responsabilités qu'ils ont. Mais je crois que l'étude, c'était au bout de 14 secondes. En moyenne, on est coupé. C'est-à-dire que des fois, c'est avant ça. Merci. Et là, ce que tu dis, c'est que le fait d'avoir pu les toucher avec une main, aller les voir, mettre une présence physique, leur offrir un espace pour verbaliser peut-être, ça change des choses. Alors, j'insiste un peu, mais ça, pour moi, c'est une compétence. Tu ne l'avais pas à savoir. Tu ne l'avais pas. C'est un truc que tu as.

  • Antoine Lacouturière

    Je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    Tu penses que tu l'avais en toi avant ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je l'avais.

  • Dr Bourgeois

    C'est parce que tu es comme ça, parce que tu as peut-être intrinsèquement cette qualité d'être qui te permet de faire ça, que ça développe ça ?

  • Antoine Lacouturière

    Je suis convaincu que ce truc-là, je l'avais. Tu ne peux pas l'apprendre. Il y a des gens qui ont essayé de l'apprendre. J'ai des internes, des externes, à qui on a dit, il faut que tu fasses ça, il faut que tu ailles voir les gens. En fait, ils le font une fois, deux fois, puis après ils arrêtent.

  • Dr Bourgeois

    Si c'était forcé, ça marche.

  • Antoine Lacouturière

    Ça ne fait pas partie de leur logiciel. Moi, ce truc-là, je l'avais avant. Je vais aider quelqu'un qui s'est pété la gueule dans la rue, parce que je ne sais pas faire autrement. J'ai qu'un seul logiciel, c'est celui-là. Je ne peux pas laisser quelqu'un la souffrance, ça me rend... Ça ne me plaît pas. et donc il faut que j'apporte de l'aide là-dessus. Et donc, les urgences, ça a juste été un moyen d'exprimer ce truc-là en me disant, tiens, j'ai mis plusieurs mois à être capable de faire ça, à oser le faire. À ce qu'on me dise, non, non, mais tu peux parler à ce patient-là. Je dis, mais peut-être, il ne faut pas qu'il parle, tu sais, comme il doit être âgé, il ne faut pas non plus qu'il parle. non non mais tu peux, c'est pas grave, tu peux dire aux gens bonjour ça va Vous avez besoin de quelque chose ? Et des fois, j'amenais une serviette, un coussin de plus pour relever les gens. Je bougeais le brancard, tu vois ? Je relevais le dossier du brancard. Donc pareil, il faut apprendre à le faire, ça. Parce que tous les brancards sont différents, et au début, tu ne sais pas comment faire. Et tous ces petits trucs-là, lever la barrière, machin et tout, ça paraît absurde. Je me rappelle une dame qui m'avait dit, je vous en supplie, allez dire à mon mari, qui est en salle d'attente, que je ne sais plus quoi. Du coup, j'ai pris mes petits pieds, j'ai fait deux couloirs, je suis allé en salle d'attente, j'ai dit, il y a le mari de madame machin, il s'est levé, il m'a dit oui. Donc, je lui ai donné l'info, il m'a dit, merci beaucoup, elle n'a pas de téléphone, c'est une personne âgée. Et en fait, je me suis dit, tu te rends compte, cette transmission d'infos qui m'a pris littéralement 17 secondes, pour aller traverser la porte et dire ça à ce monsieur ? Aux urgences, tu n'as pas le temps de le faire. Et peut-être que les urgences ne veulent pas que tu le fasses. Ils se disent que quand tu es dans les urgences, le but n'est pas de tenir au courant la personne dehors, le but est de soigner la personne à l'intérieur.

  • Dr Bourgeois

    Mais dans ce cas-là, ils oublient, à mon avis, que l'état interne de la personne, elle dépend aussi de sa représentation, de son monde, et c'est fondamental pour le pronostic.

  • Antoine Lacouturière

    Ça, ça marcherait si on avait six personnes à soigner par jour, pas 30 passages.

  • Dr Bourgeois

    Je suis d'accord.

  • Antoine Lacouturière

    Et en fait, le système, il travaille en mode dégradé en permanence, et ça, ce n'est pas possible. Et les cabinets dentaires c'est pareil, quand tu reçois dans la même journée 6 appels pour des urgences, plus ton patient à toi qui a fait tomber la couronne, plus machin, en fait comment tu veux te dire oh stop Je suis avec mon patient, personne ne m'embête, je suis dans ma bulle, je vais bien le soigner. Tu gagnes pas mieux ta vie, tu te fais plus pourrir sur Google parce que les gens ne sont pas contents que tu n'aies pas répondu. Le système de soins, il n'est pas adapté à du soin de qualité. C'est la fameuse médecine à deux vitesses, c'est ce qui se passe aux Etats-Unis. Mais la réalité, c'est que ça se passe en France et que tu n'as pas le choix. C'est-à-dire que même quand tu payes un soin, tu te dis, moi j'ai des sous, c'est pas grave. Je me paye un super soignant. Tu ne l'as pas, en fait. Ça, c'est une réalité.

  • Dr Bourgeois

    C'est vrai.

  • Antoine Lacouturière

    S Tu veux nous dire quelques mots par rapport à ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je te sens... Agressif ? Non, pas du tout.

  • Antoine Lacouturière

    Touché, concerné ?

  • Dr Bourgeois

    En fait, je me sens... J'ai vécu la maladie, j'ai vécu... Chez mes deux parents, mon père en est mort et ma mère a eu un cancer. Donc j'ai vécu de la maladie, du côté soignant mais du côté patient aussi. Et en fait, j'ai été assez bouleversé par le fait que même quand tu veux t'occuper de toi-même, quand tu veux t'enquérir de ton traitement, quand tu veux mettre de l'investissement financier dedans, tout ce que tu veux, tu ne peux pas. Tu ne peux pas le faire. Et je ne dis pas qu'il faudrait qu'il y ait deux vitesses, comme ça, mais je me dis, quelqu'un qui n'est pas qui fait de la prévention, parce que se brosser les dents, tu peux les brosser quatre fois par jour et tu n'auras pas de caries, c'est parfait. Mais quelqu'un qui est malade, d'une maladie non évitable, et qui se dit, j'aimerais, j'aimerais me soigner, mais vraiment me soigner, tu vois. Il va appliquer des choses saines dans sa vie, mais l'accès aux soins qu'il a, il ne peut pas faire mieux que ce qu'on lui propose. Tu vois, quand tu te retrouves dans un hôpital qui est pas du tout à la pointe, mais qui te dit c'est comme ça et sinon il faut aller aux Etats-Unis ou en Suisse ou j'en sais rien pour se soigner, tu peux pas forcément le faire. Ton état de santé permet pas de transférer un malade, etc. Et en fait, pour moi, c'est quelque chose qui est très difficile. Pour te donner une idée, encore une anecdote à la con, mais quand j'étais dans mon ancien cabinet, je soigne des enfants sous anesthésie générale, comme tu as vu tout à l'heure, pour des polycaries, des enfants qui ont 8, 10, 15, 20, 30 caries parfois, à des petits âges, 2 ans, 3 ans, donc c'est beaucoup les habitudes alimentaires, brossage, hygiène, biberon de coca et tout ce que tu veux. Bref, je fais ça, et un jour, je reçois un patient, des Émirats Arabes Unis. qui vient me voir avec son enfant, le papa et une accompagnante qui je pense était la maman qui s'est pas présentée dans mon ancien cabinet. Il me dit on vient vous voir parce que le petit a des caries machin. Ok très bien, vous avez soigné telle personne qui tient un truc de chevaux là, un hara ou un truc je sais pas comment ça s'appelle, mais voilà qui nous a parlé de vous et nous on veut vous pour soigner le petit. Donc je lui dis ok, vous êtes en consultation avec moi donc c'est bon. Et il me dit, voilà, anesthésie générale. Donc, je programme l'anesthésie générale et je leur dis, voilà, je vous fais le devis. Je fais le devis pour anesthésie générale qui était de 600 euros. 600 euros, ça représentait l'anesthésie générale. Donc, tu mets un enfant dans le corps. coma, littéralement, tu l'intubes, tu le soignes, tu le réveilles, et tu t'en occupes avant et après. Donc je lui donne, devine, 600 euros, et je lui dis, voilà, ça sera ce qu'il faudra régler à la clinique, pour ses soins, souhaits et général. Il faut que tu te rendes compte que 600 euros, c'est même pas le prix d'une couronne, en France. pour une dent.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, ça permet d'avoir un repère.

  • Dr Bourgeois

    Voilà, un implant, on est sur 1 000 euros. Avec la couronne, on est sur plutôt 2 000 euros. Une couronne toute seule, t'es à peu près à 700, 800 euros maintenant. Donc là, on parle d'un tarif qui est en dessous d'une couronne. Donc dans la tête des gens qui sont déjà allés chez le dentiste en tant qu'adulte, ils ont une vague idée des tarifs. Et donc, je lui donne ce devis et le mec me sort 600 euros en espèces et il me les donne. Je lui dis, alors non, ce n'est pas pour moi, c'est pour la clinique directement. Et le gars me dit, je ne comprends pas. Donc, je lui dis, ne me donnez pas 600 euros, gardez-les, il faudrait les donner à la clinique le jour de l'opération, vous payerez à la clinique. Et le gars me dit, attendez, ça c'est 600 euros pour la consultation aujourd'hui. et l'opération c'est combien ? Je lui dis, c'est 600 euros. Il me dit, non, l'opération, quand vous allez tout faire. Je lui dis, mais c'est ça ? Il me dit, c'est quoi ? C'est 10 000 euros ? Je lui dis, non, pas du tout. C'est 600 euros. Il me dit, ah non, attendez, on n'a pas compris. Moi, je veux que ce soit vous qui l'opérez. Je lui dis, mais c'est moi qui l'opère. Je ne parle que de moi, là. Enfin, il n'y a pas de... Je ne parle pas pour quelqu'un d'autre. Et il me dit, mais vous n'allez pas l'opérer pour 600 euros, je veux pas. Et je lui dis, mais pourquoi ? Mais c'est le tarif. Et mon ancienne assistante, qui me regardait à côté, elle me faisait un espèce de signe, genre, bah plus, alors tant pis. Et moi, j'avais déjà imprimé le devis, et je lui dis, non, non, mais moi, mon tarif, il est comme ça, en fait, c'est ça, c'est 600 euros. Et le gars n'a pas eu confiance que pour 600 euros, je prenne en charge la vie de son fils, sous anesthésie générale, sachant qu'il y a un anesthésiste, bien sûr, c'est pas moi qui le fais. Et sur le coup, je me suis dit, on ne réfléchit pas avec le même cerveau de système de santé, en fait. C'est-à-dire que lui, il est trop biaisé en se disant que c'est l'argent qui achète la bonne qualité du soin. Et moi, je ne comprends pas qu'il y a une valeur de soin qui n'est pas la même chez tout le monde. Alors, il y a plein de gens qui vont écouter ça et qui vont se dire, c'est bien, il est resté droit dans ses bottes et tout ça. Évidemment, je n'allais pas dire, c'est à géométrie variable pour vous, c'est 2000. Mais en fait, cette notion de l'argent-là en France, si demain je me dis, écoute, moi, je veux vraiment très, très, très, très, très, très bien faire mon travail et je prends deux fois moins de patients. Tu vois, j'ai une orthodontiste avec qui je travaille souvent qui prend 20 patients par jour. Donc là, s'il y a des orthodontistes qui entendent ce podcast, 20 patients par jour, c'est vraiment très rare chez l'orthodontiste. C'est plutôt 30, 40, 50, 60, voire des orthodontistes qui sont à 70, même 80 patients par jour sur plusieurs fauteuils avec des assistantes et tout.

  • Antoine Lacouturière

    Avec des consultations de 10, 15 minutes au lieu de 30, 40 du coup.

  • Dr Bourgeois

    Ouais, même pas au lieu, c'est des consultations de suivi qui vont très vite. Bref. C'est pas un jugement, c'est un constat. Non, c'est un fait,

  • Antoine Lacouturière

    c'est comme ça.

  • Dr Bourgeois

    Moi, je travaille avec pas mal d'orthodontistes autour de moi en pédiatrie, et c'est la réalité. Cette ortho, elle fait 20 patients par jour. Et elle me dit, j'ai le sentiment, en faisant 20 patients par jour, que j'arrive à connaître mes patients, à leur expliquer, à savoir s'ils adhèrent au traitement, etc. C'est quelqu'un que je respecte beaucoup sur sa qualité de travail, qui est très forte, qui se forme, qui est en plus maman, enfin, tu vois, elle gère. et elle me dit je ne veux pas mieux gagner ma vie Je ne veux pas plus mal gagner ma vie. En fait, quand elle m'a dit ça, elle l'a dit, elle l'a balancé entre la poire et le dessert, tu vois. On était en formation tous les deux. Et j'ai compris ce qu'elle voulait dire. En fait, au fond, elle ne veut pas avoir plus de chiffres sur son compte et elle ne veut pas mal gagner sa vie. Elle ne veut pas la gagner au détriment d'un patient moins bien soigné. Et en fait, je crois que je suis pareil que ça. Je ne veux pas me dire que j'augmente mon nombre de patients parce que j'aurais le sentiment de faire moins bien.

  • Antoine Lacouturière

    C'est hyper intéressant ce que tu dis et c'est un des sujets que j'avais envie d'aborder avec toi. En rentrant des États-Unis, je suis parti avec ces questions de rémunération.

  • Dr Bourgeois

    Oui, j'imagine.

  • Antoine Lacouturière

    Mais vraiment. Parce que c'est un vrai sujet et là, on va choquer des gens. Il y a des gens qui écoutent qui vont dire, mais c'est horrible parce que moi, j'ai vu un anesthésiste qui m'a regardé trois minutes par-dessus le bureau et qui m'a dit ouvrez la bouche, regardez, tout va bien. Et j'adore les anesthésistes et il faut des anesthésistes. Oui, il en faut. Clairement. Mais c'est la même chose avec les spécialités et qu'il y a malgré tout certains patients qui peuvent dire « L'ORL, j'ai attendu six mois, ça a duré une minute trente, il m'a dit que ça passerait, au revoir. » Et encore une fois, je le dis, on a besoin des ORL et c'est la même chose pour les ostéos. Je me mets dans le même grand panier en disant qu'il y a des ostéos qui sont incompétents, voleurs, menteurs. Bref, c'est comme tout le temps.

  • Dr Bourgeois

    Ça marche que les plombiers aussi.

  • Antoine Lacouturière

    Exactement. Donc, une fois qu'on a dit ça, maintenant, on peut parler d'argent. En rentrant des États-Unis, j'ai une anecdote à partager avec toi, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Alors je peux pas parler de tout, j'ai vu la Californie un bout et puis Dallas, le Texas, mais Dallas au Texas et donc sur trois semaines je peux pas parler de tous les états et de tous les américains évidemment. Mais de ce que j'ai vu, de ce qu'on m'a raconté, de ce que j'ai pu voir et assister, le prix d'une consultation, le soignant... est rémunéré à une valeur importante. C'est-à-dire qu'il y a des prix qui varient en fonction des chirurgies, il y a des prix qui varient en fonction de la compétence, en fonction de l'âge.

  • Dr Bourgeois

    En fonction de la formation du soignant.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, parce que tu vois, pour partir d'un point de vue qui en ce moment me saoule et me questionne, tu te formes, et là je vais mettre tout le monde dans le même lot, tous les rééducateurs. Ma sœur kinésithérapeute a 16,13€ la consulte.

  • Dr Bourgeois

    J'ai lu.

  • Antoine Lacouturière

    Tes sages-femmes à gérer une maternité de nuit un dimanche soir à payer 25 centimes de plus de l'heure. Tu es orthophoniste ? Allez, je vais même mettre les ostéopathes dedans, même si on n'est pas par la sécu et qu'il y a une petite différence. Tu as des gens dans ce monde-là qui font des formations, qui lisent des bouquins, qui font des podcasts, qui partent chercher de l'info, qui vont être payés la même chose que d'autres qui ne font rien.

  • Dr Bourgeois

    Et c'est parce que tu le fais pour toi, tu le fais pas pour eux. Tu le fais parce que t'as envie de donner du bon soin.

  • Antoine Lacouturière

    Alors, c'est comme ça que je vis et tu vois, j'ai pas envie de vivre autrement, moi, égoïstement. Mais si tu transposes à autre chose que de la santé, est-ce que n'importe où ailleurs dans l'environnement, t'as ça ?

  • Dr Bourgeois

    Je pense que oui. Je pense que c'est pareil avec les enseignants.

  • Antoine Lacouturière

    Alors oui,

  • Dr Bourgeois

    oui. Un enseignant qui bosse ses cours tous les soirs ou un qui ne les a pas bossés depuis 20 ans, c'est pareil. Je pense qu'en fait, ça se retrouve finalement à assez fréquemment, il y a juste quand c'est toi qui décide purement de ton tarif que tu peux le changer. Et tout le monde ne le change pas.

  • Antoine Lacouturière

    Pour revenir sur la santé, on reviendra sur ce qui se fait aux États-Unis, du coup, et l'anecdote que j'aimerais te partager, mais... Tu trouves ça anormal ?

  • Dr Bourgeois

    Non, non, je trouve pas ça anormal. Pour que tu comprennes, j'ai... Enfin, pour que tu comprennes... Non, mais il y a un gars aux États-Unis qui s'appelle Zaghi. Ce gars, il publie, il est chirurgien maxillofacial, ORL et il opère des freins de langue. Il publie beaucoup en littérature scientifique, etc. Et j'ai reçu un patient, à lui, il y a quelque temps, dont le papa travaille dans une compagnie aérienne qui fait France-États-Unis beaucoup. Et donc... Il y a cette notion de peut-être qu'il va falloir couper le frein de notre grande fille qui a 10 ou 11 ans, mais on habite aussi en France. Donc ils se renseignent et ils vont voir ce gars-là dans sa clinique. Tu ne le vois même pas, tu vois des sbires à l'une. Et on lui explique que si jamais intervention du frein il doit avoir par ce gars-là, c'est 3000 dollars l'intervention. 3000 dollars. Ok. Ils se renseignent et ils disent, tiens, en France, on habite plutôt dans le sud de la France, etc. Il y a bourgeois. Donc, la mère décide de prendre rendez-vous avec moi au cabinet. Le truc se passe et moi, je la vois. Je fais ma consulte normale. J'explique la chirurgie. Ça prend 40 minutes. Et je donne mon tarif. Donc, entre 200 et 300 euros à peu près pour des chirurgies de ce type-là. On appelle ça de la chirurgie parodontale. Donc, il y a des tissus mous de la bouche. Et la mère me raconte cette histoire de 3000 dollars. Et en fait, moi, j'ai fait des formations. de ce gars-là. Et ce gars-là te dit que si tu fractures moins que ce que lui fait, tu dévalues son travail à lui. Parce que lui, il a pris un temps pour te former. Toi, t'as payé 4 à 5 000 dollars les 4 jours de formation pour te former, et tu vas faire un acte à 200 balles. Mais pourquoi tu fais ça ? La valeur de ce que tu fais, de ce que tu proposes, elle est importante, tu vois. Et pourquoi on met un acte à ce tarif-là ? Parce que la sécu nous a dit que ça valait ça. Aujourd'hui, je travaille beaucoup avec un copain Merci. qui est implantologiste, donc il fait des implants, il me dit, poser un implant pour moi, c'est dix fois plus simple, littéralement dix fois plus simple qu'enlever une dent de lait chez un enfant. Un enfant, ça chouine, ça braille, ça machin. Poser un implant sur un patient qui ouvre la bouche et qui te dit, c'est fini. Un implant, c'est un peu plus de 1000 euros. Enlever une dent de lait chez un enfant, c'est 25 euros. La dent, 5 euros celle d'après, et 3 euros celle d'encore après. Si demain, on inverse au temps passé, à la difficulté du truc, tu vas retrouver redescendre d'un plan beaucoup moins cher et tu vas remonter beaucoup plus cher l'extraction de la dent de l'œil.

  • Antoine Lacouturière

    Mais c'est quelque chose qui me fait vraiment réfléchir en ce moment et il y a quand même beaucoup de questions chez les soignants actuellement sur la rémunération, le prix, le mal-être. Pour moi, une partie du mal-être, il vient de la pression du fait de ne pas avoir assez de moyens, de ne pas avoir assez de personnel, de ne pas avoir assez de temps, de toujours plus de patients et de moins de monde et tu augmentes la pression, c'est le sentiment que j'ai en tout cas, c'est ma lecture de ça. Tu es plutôt d'accord ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    oui.

  • Antoine Lacouturière

    Et l'autre côté, c'est aussi qu'on ne les rémunère pas, on ne les valorise pas, les soignants.

  • Dr Bourgeois

    Ah bien sûr, il faut les burn-out les soignants, parce qu'ils ne sont pas valorisés.

  • Antoine Lacouturière

    Il faut quand même le dire, c'est-à-dire que progressivement, la qualité des soins qu'on dispense, elle est aussi amenée et proposée par des patients, par des soignants qui ne sont pas forcément en grand état de santé, en grand état de forme.

  • Dr Bourgeois

    Non, ça c'est un vrai problème.

  • Antoine Lacouturière

    Tout à l'heure, je disais, je reviens sur ça, parce que c'était peut-être maladroit, mes propos pour les anesthésistes et les ORL.

  • Dr Bourgeois

    Ils ont arrêté d'écouter, désolé pour toi.

  • Antoine Lacouturière

    C'est sûr, je salue ceux qui restent. Mais dans nos consultations, on le dit souvent, il y a aussi ces excès-là, malheureusement. Tu parlais de chirurgie qui avait été effectuée alors qu'il n'y avait pas besoin, que ce soit pour les freins. J'ai un très bon copain, Oftalmo, que je salue, et il me disait qu'il faisait aussi parfois des consultes après des confrères qui avaient officiellement opéré des trucs qui sont... hors recommandations, mais parce qu'il y avait un vrai gain financier. C'est horrible d'entendre ça, tu vois.

  • Dr Bourgeois

    Les dents de sagesse, c'est ça tous les jours. Les recommandations ont changé, on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif. On continue à opérer en France et dans le SLS à titre préventif. Parce que... Parce que c'est le gagne-pain de pas mal de gens. Quand un orthodontiste dit qu'il faut enlever les dents de sagesse parce que peut-être ça fera bouger les dents, on sait maintenant, ça a été prouvé que ça ne fait pas bouger les dents.

  • Antoine Lacouturière

    Énorme ce que tu es en train de nous partager.

  • Dr Bourgeois

    Il y a des recommandations de la Haute Autorité de Santé qui sont sorties, disant qu'on n'opère plus les dents de sagesse à titre préventif, ça ne peut pas déplacer les dents. A chaque fois que j'en parle à un patient, il me dit « mais pourtant, l'orthodontiste en 2024 m'a dit qu'il faut les enlever, et pourtant les recours sont de 2018 » . Mais ça, c'est vrai pour tous les domaines de la médecine, que ce soit l'ophtalmo, l'uro, le machin, tout ce que tu veux, tout ce qui génère un gain financier derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc j'entends. Donc je reviens sur ce côté un peu, on va dire... Petite proportion. Il y a des spécialistes qui exagèrent avec des dépassements et qui ne gardent pas les patients assez longtemps et qui ne font pas les bilans qu'ils devraient. C'est vrai. Il y a de la pression, il y a certaines choses. De l'autre côté, je pense aux rééducateurs qui gardent les gens qui ne sont pas assez payés. Et malgré tout, c'est quand même la grande majorité des professionnels de santé. Même chose pour les médecins. Pour moi, les médecins, j'ai à 25 euros si tu veux faire ton job correctement.

  • Dr Bourgeois

    C'est à monter, là, je crois. Ils arrivent à 30 bientôt.

  • Antoine Lacouturière

    Mais même mettant 30, pour gérer ce qu'ils gèrent, tu ne prends pas en charge les lectures de comptes rendus à distance. Non, non. C'est la pression. Bref, il y a un vrai truc qui ne va pas. On ne va pas le résoudre ce soir, toi et moi. On n'est pas ministre de la Santé. Je ne sais même pas si le ministre de la Santé peut résoudre ça. Ce qu'il ne peut pas. On va mettre nos petites graines quand même. On va semer ces graines-là pour ceux qui écoutent. Pour l'argent, du coup.

  • Dr Bourgeois

    Alors, aux États-Unis, il m'a dit un truc quand je me suis formé là-bas. Oui. Ils m'ont dit c'est très simple, tu te casses la tête, mais c'est très simple, l'argent et le soin. Donc je lui dis, alors éclaire ma lanterne, je t'en supplie. Et il m'a dit, trop d'attente, pas assez cher, pas assez d'attente, trop cher. Et en fait, il a résumé comment tu peux faire varier ton délai d'attente au cabinet en fonction de tes tarifs. Ça marche en commerce. C'est-à-dire que si ton restaurant, il est toujours vide, c'est que tu es trop cher par rapport à ce que tu proposes. Si par contre, il est trop plein... plein, c'est qu'il faut monter des tarifs pour diminuer la quantité de gens qui attendent. En fait, en santé, des gens font la même chose. C'est-à-dire qu'ils disent, moi je suis plein sur 3 mois, je vais monter le prix de ma consulte, ça va trier, je serai plein que sur 2 mois, et ça va sélectionner les plus motivés. Ça s'appelle la sélection par l'argent. Le problème, c'est qu'en France, tu ne peux pas faire ça puisqu'on a une nomenclature des soins. Et donc, si, vous, oui, les ostéos, vous pouvez le faire. Un ostéo qui est très connu et qui a beaucoup d'attentes, il peut faire une consultation à 150 euros. Et il y en a qui le font. Peu ? Il y en a peu. Il y en a peu. Il y en a qui le font. Moi, j'en ai un dans ma région qui fait des consultations de 10 minutes à 140 euros. Et il continue à travailler. Donc, il a une aura... Je ne sais pas... Les gens disent que ce n'est pas bien ce qui se passe en termes de soins, etc. qu'il faut pas, c'est histoire de syndrome de quiste machin. Moi, je ne suis pas du tout ostéo. Donc moi, j'ai un avis qui est personnel dessus et on s'en fiche. Mais la réalité, c'est qu'il y a une patientèle pour ça. Il y a des gens, une clientèle si tu veux, il y a des gens qui sont prêts à payer cher parce qu'il y a une aura, parce qu'il y a ce truc-là. Et ça, je pense que si on avait la compétence dans notre métier de pouvoir changer, faire varier un petit peu ce truc-là, peut-être que des gens se diraient, va pas là-bas, c'est cher pour ce que c'est. Plutôt que de dire, va n'importe où, dès qu'il y a de la place sur sur Doctolib. Oui. Parce que je pense que ça c'est... c'est une connerie. Quelqu'un qui te dit je vais au plus tôt sur Doctolib parce que j'ai mal à une dent, vraiment, une fois sur deux, il s'est fait flinguer sa dent encore plus. C'est de l'expérience personnelle, mais le nombre de gens qui m'ont dit je suis allé au plus tôt, j'ai fait ça pour mon gamin et alors, bah alors il a mis de la pâte dessus mais il y avait déjà une nécrose. Et bah ouais, du coup ça a gonflé après, il a fallu le mettre sous un tibio, bah oui parce que le traitement c'était pas mettre de la pâte, c'était enlever la dent, mais mettre de de la pâte, c'est beaucoup plus rentable et ça prend zéro risque. Alors qu'enlever une dent, il faut faire une piqûre, c'est pas rentable et tout. Pour moi, extraire une dent de lait chez un enfant, c'est un acte qui est littéralement compliqué par rapport à ouvre la bouche, je te mets un petit bout de... de verrier au nommer. Et c'est quatre fois moins rémunérateur. Il y a un gros problème.

  • Antoine Lacouturière

    Et du coup, j'ai une question. Qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui à travailler avec des enfants, à passer du temps, à ne pas augmenter ta tarif alors que tu es un des plus formés sur ce sujet, à continuer de recevoir des stagiaires ? Qu'est-ce qui t'amène à faire ça ?

  • Dr Bourgeois

    Probablement parce que j'ai un cerveau assez limité. Non, parce que... Euh... C'est une bonne question. Je fais du soin pédiatrique parce que je pense que c'est le plus utile. Je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en pédiatrie. Et je n'ai jamais eu autant de valeur ajoutée sur mes soins qu'en prévention. C'est-à-dire, intervenir sur une respiration buccale, c'est sauver 43 000 fois par jour un enfant qui respire. Tu respires 43 000 fois par jour. Intervenir sur une fluoration, c'est sauver... des dents pour plus tard c'est pas valoriser on s'en fiche réparer une carie chez un patient qui a 74 ans j'y vois moins d'intérêt bien sûr que non il ya autant d'intérêt parce que la qualité de vie de ce patient est bien sûr importante mais moi personnellement ça touche moi j'ai le sentiment que je suis plus utile à faire ça et puis surtout je t'ai parlé de de la flûte tout à l'heure il ya un truc pour ceux qui connaissent pas en sociologie qui est la théorie de la flûte trois personnes se disent plus une flûte pour trois ans différentes il y en a un qui la veut parce que c'est lui qui l'a créé et construite avec ses mains donc lui c'est celui qui est propriétaire qui en a qui la veut parce que c'est le seul à savoir en jouer donc lui c'est l'utilitariste il y en a un troisième qui la veut parce qu'il ne possède rien d'autre et qui dit c'est Sinon... notion d'égalité, moi je mérite au moins la flûte, vous avez chacun un autre instrument. Moi j'ai l'impression de faire de la pédiatrie parce que ça me coûte moins qu'aux autres. Parce que j'arrive à en faire et que donc il faut bien que quelqu'un en fasse, c'est assez facile pour moi d'en faire. J'ai fait des formations pour un organisme de formation de dentiste qui s'appelle Learnilim, qui est très bien. Et j'ai formé en vidéo, j'ai fait avec une consoeur qui s'appelle Camille Lolland, qui est passée dans ton podcast d'ailleurs. Comment ça va ? Voilà, et que j'embrasse. Et on a fait des heures de formation vidéo pour expliquer l'odontologie péiatrique à des dentistes qui voudraient en apprendre un peu plus. C'est très bien. On avait deux patrons de cet organisme, qui étaient deux dentistes qui ont créé cet organisme. Et on a fait une petite interview avec eux. Tu vois, en mode genre, coucou, bâton rompu, alors machin. Et le premier truc de leur interview, ça a été, alors Camille, alors Cédric, alors... comment vous faites pour soigner des enfants ? Parce que moi, quand je vois dans mon planning que j'ai des chirurgies, des machins, mais qu'à 16h, il y a un gamin de 7 ans, je suis en angoisse toute la journée, parce que je me dis « Mon Dieu, il y a un enfant, il a 7 ans, dans le planning, c'est une angoisse. » Ça, ça m'est complètement imperméable, ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Aujourd'hui, ça te touche pas, quand tu veux dire « ça t'est imperméable » ?

  • Dr Bourgeois

    Non, ça m'est imperméable dans le sens, c'est l'inverse de ce que moi je pense.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu ressens pas ça, quoi.

  • Dr Bourgeois

    Moi, quand je vois un enfant dans mon planning, je me dis c'est un parmi 14 autres. Et Et en fait, si ça me coûtait beaucoup, si tu me disais maintenant, tu vas faire de la géontologie, géontologie et puis tu vas aller faire des clacos, des appareils dentaires en maison de retraite, ça me coûterait beaucoup parce que je n'y serais pas à l'aise. Probablement que j'adorerais le contact avec les personnes âgées et j'adore ça. Tu vois, quand j'ai des grands parents qui viennent, j'adore parler avec eux et tout, mais ça me coûterait beaucoup plus que faire des soins pédiatriques. Donc. je fais ce dans quoi je me sens utile et aussi plus efficace. Tu vois ? C'est une des raisons pour lesquelles je le fais. C'est pas la seule, mais c'est une des raisons pour lesquelles je le fais.

  • Antoine Lacouturière

    J'entends.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va comme réponse ?

  • Antoine Lacouturière

    Oui, très bien, merci. C'est une question qui est... Qui n'est pas si simple, pourquoi ?

  • Dr Bourgeois

    Quand j'ai fait mon master de socio, il y avait deux mecs, deux médecins, qui s'opposaient tout le temps. Il y en avait un qui disait « pourquoi » à chaque fois, et un qui disait « comment » à chaque fois. Et donc, c'était monsieur « pourquoi » et monsieur « comment » . Et moi, je suis assez monsieur pourquoi. Moi, j'ai besoin de comprendre tous les trucs. Et quand je suis avec quelqu'un dans la vie qui ne parle pas et qui n'exprime pas, c'est difficile pour moi. Parce que je me dis, mais qu'est-ce qu'il pense et comment on fait ? Est-ce qu'on l'aide ? Et du coup, c'est difficile pour moi d'être avec des gens, quelqu'un se reconnaîtra, qui n'arrivent pas à verbaliser les choses. J'ai une mère qui parle beaucoup. Je l'aime du fond du cœur, vraiment. C'est la personne la plus importante de ma vie, ma maman, mais elle parle énormément. Et donc, je suis habitué à ce qu'elle verbalise tout ce qu'elle dit. Tout le temps, elle fait un truc, elle en parle et tout. Et donc, quand je suis moi avec des gens qui ne verbalisent pas, il y a toujours cette possibilité de me dire mais pourquoi ? Pourquoi ils ne verbalisent pas ? Qu'est-ce qui se passe, tu vois ? et je En consulte, j'en parle. Quand je fais des formations, je parle, je réponds aux questions, etc. Je parle beaucoup pour expliquer les choses. Et donc, en pédiatrie, tu peux parler. Les enfants, ils ont envie que tu leur expliques des choses. Ils ont envie de te parler, ils ont envie que tu leur répondes. Les enfants, ils ne sont pas de mauvaise humeur. Jamais. Moi, je n'ai jamais d'enfants de mauvaise humeur. J'ai des enfants qui font des chagrins ou des caprices, mais il n'est pas de mauvaise humeur, cet enfant. Tu vois ?

  • Antoine Lacouturière

    Je vois bien.

  • Dr Bourgeois

    Tu vois, tu as un enfant, donc tu sais que quand il est de mauvaise humeur et que tu le distrais avec. avec autre chose, genre un jeton magique de la salle d'attente pour avoir un cadeau, cette mauvaise humeur disparaît. Est-ce que tu te rappelles quand tu étais enfant et que tu devais aller à Disney ou dans un parc d'attractions et qu'on te disait c'est à la fin du mois ? Tout ton mois, tu étais excité parce que tu savais que tu allais y aller. Aujourd'hui, ça n'existe plus en tant qu'adulte. Aujourd'hui, même s'il y a un truc qui t'excite à fond, ta journée va quand même t'impacter négativement, etc. Je n'arrive plus à avoir ce truc-là de ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien, ça va être trop bien. et c'est Et ça me manque terriblement. Et je trouve que les enfants ont ce truc-là.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, tout à fait. Je me demande si c'est quelque part ici que j'ai vu une photo du petit prince ou pas. Oui,

  • Dr Bourgeois

    là.

  • Antoine Lacouturière

    Ah génial !

  • Dr Bourgeois

    Juste derrière.

  • Antoine Lacouturière

    Tu vois le moment où il dit parce qu'à partir de telle heure je commencerai à t'attendre ?

  • Dr Bourgeois

    Oui.

  • Antoine Lacouturière

    Ça me fait penser à ce moment-là. Oui, oui.

  • Dr Bourgeois

    Je pense qu'on s'est un peu trop éloigné des enfants. Oui. Et aujourd'hui, cette âme d'enfant qu'on est capable de garder, cette âme d'émerveillement, mais de libération de la colère aussi en fait. Oui,

  • Antoine Lacouturière

    carrément.

  • Dr Bourgeois

    Je trouve que c'est dommage qu'on l'ait plus. Astier il a dit je travaillerai pas avec des cons, non avec des connards, il a dit je travaillerai pas avec des connards, ben moi je travaillerai pas avec des gens trop sérieux. Tu vois j'ai un orthodontiste avec qui je travaille régulièrement, qui est un mec qui a une 5, 55 ans, et qui... qui me fait mourir de rire. Quand on va au resto ensemble, vraiment, je me pisse dessus à chaque fois tellement il me fait rire. Il est drôle, il est acide, il est percutant, il est... Tout est drôle, tu vois, à chaque fois. dis mais quel kiff à chaque fois je le vois je me dis mais qu'est ce que c'est cool de passer du temps avec lui parce que il est très bon techniquement c'est un énorme conférencier c'est un énorme orthodontiste vraiment tu lui confie ta bouche sans problème mais surtout tu passes un moment génial t'as pas un moment où tu es avec lui déjà j'ai pris l'avion avec lui il n'y a pas très longtemps je te jure on nous entendait rire dans le terminal parce que je vraiment se pisser dessus quoi et je trouve ces gens là je trouve ces gens là on va me pouvoir fantastique. Je rêverais d'avoir ce... pouvoir là de dire aux gens je vais juste éclairer votre life tu vois parce que lui je pense que c'est ça qui fait alors peut-être que ça fait chier des gens est ce qu'il emmerde des gens certains mais moi moi moi il faut que je note tous les gens dont je parle dans le podcast ça

  • Antoine Lacouturière

    va commencer à faire un paquet c'est clair Cédric, on aborde plein de sujets passionnants le podcast, j'avais imaginé une trame et en fait finalement c'est pas tout à fait ça mais je te remercie pour ces confidences ces partages plutôt j'ai envie de terminer on se rapproche de la fin du podcast mais j'ai envie de terminer avec deux petits chapitres qu'on pourra peut-être exporter en vidéo Ouais Sur une, c'est les questions que j'ai reçues, les questions en vrac.

  • Dr Bourgeois

    Oui, ah bah oui.

  • Antoine Lacouturière

    Voilà, et puis peut-être le micro ouvert à la fin sur la partie conseils. Tu vois, on pourrait faire deux parties si ça te convient.

  • Dr Bourgeois

    Comme si j'avais des conseils à donner aux gens, quoi.

  • Antoine Lacouturière

    Comme si tu pouvais semer des graines de santé. Ceux qui veulent, ils prennent. Ceux qui ne veulent pas, ils ne prennent pas. Vous devez absolument faire ça.

  • Dr Bourgeois

    Oui, bien sûr.

  • Antoine Lacouturière

    Les recommandations, c'est ça. Et peut-être que ça et ça, ça peut changer la vie ou pas.

  • Dr Bourgeois

    Ok.

  • Antoine Lacouturière

    T'es libre.

  • Dr Bourgeois

    Ça te va ?

  • Antoine Lacouturière

    Ça me va. Ok, donc j'ouvre le chapitre questions en vrac. Merci. Et l'idée, c'est de répondre plutôt rapidement. Ça te va ?

  • Dr Bourgeois

    Ça me va.

  • Antoine Lacouturière

    Qu'est-ce qui t'amène à être sensible à l'ostéo ?

  • Dr Bourgeois

    Principalement parce qu'ils apportent des réponses et une vision de choses que je n'ai pas et que je ne comprends pas. Et donc, quand je ne comprends pas et que quelqu'un comprend ou connaît, j'y suis sensible. Ok. Voilà. Donc,

  • Antoine Lacouturière

    tu fais partie de ces praticiens de santé ? Alors pluridisciplinaire, ça maintenant, c'est plus en secret pour les gens qui te connaissent.

  • Dr Bourgeois

    J'ai un pédiatre dans mon entourage qui est anti-ostéo à fond, qui dit que c'est des charlatans, etc. Je pense simplement qu'il ne s'est jamais questionné, pas méchant, mais sur ce que peut apporter l'ostéo, ou écouter un parent ou un patient qui te dit « heureusement que j'ai mon ostéo » . Je pense que c'est ça, c'est tout.

  • Antoine Lacouturière

    Toi, tu as été sensible à ça, tu es sensible à ça.

  • Dr Bourgeois

    Je suis sensible à ça, oui.

  • Antoine Lacouturière

    Tu reçois de l'ostéo de temps en temps ? Est-ce que tu reçois des soins d'ostéopathie ?

  • Dr Bourgeois

    Très rarement. Lié à ma condition physique qui fait que j'aime pas trop être touché. Physiquement, pardon. Et du coup, c'est un peu plus difficile pour moi. Mais ça ne change absolument rien au fait que j'y crois. Je pense que c'est un vrai, vrai apport. Et que ça me ferait probablement du bien, mais je suis un peu bête.

  • Antoine Lacouturière

    T'es bien entouré de plein de personnes différentes pour passer le cap à un moment. Dans la partie question, il y en a une que je trouvais pertinente, c'était les cicatrices. C'est quelqu'un qui a écouté le podcast avec le docteur Jean-Claude Guimberto, qui est une forme de confrère à toi, un chirurgien qui au départ est chirurgien de la main, et puis plasticien, et puis il a pas mal fait d'études. Je ne sais pas si tu vois sur Promenade sous la peau.

  • Dr Bourgeois

    Ça me dit quelque chose, ça, mais je ne sais pas.

  • Antoine Lacouturière

    Il parle d'un réseau multifibrilaire qu'on pourrait communément appeler les fascias, mais qu'il n'aime pas appeler les fascias. Il a fait de l'endoscopie intratissulaire sur plus de 1500 opérations à Bordeaux. Il part avec un endoscope sous la peau et il regarde comment ce réseau s'organise. En fonction du mouvement, tu pourrais imaginer qu'il y a une forme de continuité.

  • Dr Bourgeois

    La structure est visible,

  • Antoine Lacouturière

    mais en fait, le tissu humain s'organise de manière fractale avec des déplacements qui sont non prévisibles et pas toujours linéaires. Et donc, on sort de la physique traditionnelle. Il fait appel à la physique quantique pour dire qu'il y a des déplacements que je ne suis pas en capacité d'expliquer aujourd'hui, mais que j'observe. Et donc, lui, il parle de l'importance des cicatrices et du fait de dire qu'une cicatrice dans le corps humain, c'est quelque chose qui est important. Oui. Tu partages ça ?

  • Dr Bourgeois

    Complètement.

  • Antoine Lacouturière

    Et donc, la question de la personne qui m'a demandé ça, c'est comment est-ce qu'on fait la cicatrice sous la langue ? Est-ce que c'est important pour le docteur Bourgeois, les cicatrices sous la langue, quand il intervient ? Oui,

  • Dr Bourgeois

    je suis très, très sensibilisé à la notion de cicatrisation, comment on cicatrise et ce que ça va donner plus tard, et l'impact que ça va avoir. Je soigne beaucoup, beaucoup, beaucoup ma cicatrisation sur mes patients. J'essaie de faire quelque chose de vraiment très propre, non déchiré, non déchiqueté, etc. J'essaie de toujours respecter les lignes de tension du corps, de faire des dissections entre les plans existants, etc. Et je suis très touché par les...

  • Antoine Lacouturière

    par les récits des parents qui me disent qu'ils ont subi leur enfant a subi des chirurgies du frein sont un peu sauvage sans joie la maternité au ciseau machin et moi je retrouve ces patients là qui eux ont des cicatrices épaisse cartonné qui font très souvent plus de dégâts que si on avait laissé le corps tranquille et qu'on est peut-être opéré plus tard dans des meilleures conditions avec une vraie dissection des sutures et c'est donc oui je suis très Je suis, je pense, très sensible aux cicatrices. Je ne me suis jamais posé la question comme ça, mais pour moi, ça a une vraie, vraie importance.

  • Dr Bourgeois

    OK, merci pour la réponse. D'un point de vue ostéo, je pense qu'on est plusieurs à partager ça. On donne souvent cette image-là, tu vois, de ça tire ici, j'ai des répercussions ailleurs. Elle est simple, mais si ça marche avec un tissu d'influence, c'est le tissu humain.

  • Antoine Lacouturière

    Encore plus.

  • Dr Bourgeois

    Et deuxième question, là, c'est plutôt moi qui la pose celle-ci. Quelle répercussion ça peut avoir ? pour toi, une cicatrice par exemple dans la bouche, quel lien tu fais avec le reste du corps ?

  • Antoine Lacouturière

    Tous les éléments qui sont dans la bouche vont perturber ton équilibre de deux. de ta bouche, de ta façon dont ta langue va se positionner, de tes tics, de morsures et autres. Et imaginer que la bouche évolue toute seule dans son système, c'est une bêtise. Et donc, dès que tu vas avoir quelque chose qui va se mettre en place au niveau buccal ou oculaire, d'ailleurs, tu vas avoir des répercussions au niveau de ta mâchoire, de ta nuque, de ton osseoïde, etc. Et donc, tu as des compensations imprévisibles. plus ou moins importante chez les gens. Et ça, je suis assez convaincu qu'on n'étudie pas, pas assez. Et par exemple, la cicatrice des freins de lèvres supérieurs, donc pour les freins de lèvres qu'on coupe de façon très abusive chez les bébés, qui est assez catastrophique, engendre des adhérences au niveau de l'os et du périoste qui va générer moins de mobilité de la lèvre et qui peut même générer des dents du bonheur, ce qu'on souhaite supprimer. et qu'en fait on crée avec des adhérences entre le tissu de la muqueuse gingivale et l'os qui est dessous, à cause de cette cicatrice. Et donc ces fameuses chirurgies préventives du frein de la lèvre supérieure qu'il faudrait bannir vraiment, enfin qu'il faut bannir, je pense que ça a des vraies répercussions. Et alors les freins de joues, les soi-disant freins de joues, c'est une catastrophe. On balance des coups de ciseaux, de lasers ou de scalpels dans la muqueuse des joues des bébés, sans aucune preuve de quoi que ce soit. Et on a même prouvé que ça ne servait à rien. Et c'est encore fait. Et c'est très dommageable.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. Autre question. Tu parles des recommandations, tu fais l'effort de te tenir à jour.

  • Antoine Lacouturière

    Oui.

  • Dr Bourgeois

    Dans le podcast, quelques minutes plus tôt, on vient de parler des recommandations par rapport aux dents de sagesse qui avaient évolué. La question, c'est ici, comment tu fais pour travailler avec des gens qui ne respectent pas les recommandations et qui ne se tiennent pas à jour de ça ? Quand les patients viennent te voir par exemple en disant mais moi on m'a dit ça. ça, c'est quoi ton... C'est du pratique au pratique, là c'est une soignante qui demande ça.

  • Antoine Lacouturière

    Ouais, je pense que la plus commune qu'on a, c'est l'innexium chez les bébés, qui n'est pas recommandé et pas prescrit avant un an. C'est hors autorisation de mise sur le marché et c'est prescrit beaucoup. Et quand moi en fait je demande aux patients, je leur dis vous étiez d'accord du coup pour que l'innexium soit mis hors recommandation ? Et les parents me disent mais... De quoi vous parlez ? Donc je leur dis bah c'est hors recommandation, donc le pédiatre qui... qui vous l'a prescrit, probablement vous a dit que c'était hors recommandation, mais que pour votre enfant, il y avait des choses particulières qui le... Ah non, on ne l'a pas dit. Posez-lui la question.

  • Dr Bourgeois

    Là, ça fait écho chez moi avec le consentement. Consentement et le fait d'être éclairé.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, libre et éclairé, oui.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Dr Bourgeois

    c'est une obligation légale dans le contrat de soins.

  • Antoine Lacouturière

    Le consentement libre et éclairé, ça fait partie de la loi Kouchner de 2002. Il doit être recueilli par le professionnel de santé avant les actes invasifs ou non invasifs. Donc, par exemple, un frein, etc. Un consentement libre, c'est un consentement qui n'est pas sous pression. De dire, attention, si vous ne le faites pas, il va y avoir des choses. Comme tu le sais, peut-être qu'il y a un bébé qui est décédé suite à une frénectomie. au laser. Le jugement est en cours pour la dentiste. Il n'est pas remis en question son acte chirurgical en disant qu'elle l'a mal fait. Il est remis en question six chefs d'inculpation, dont pas de consentement libre et éclairé, avec une pression d'avoir menti aux parents en disant que s'ils ne le faisaient pas, l'enfant serait moqué en classe, traité de langue de fesse, qu'il aurait des difficultés d'élocution et autres. Donc tu ne peux pas avoir un consentement libre et éclairé sur les informations médicales. J'essaye de ne pas travailler avec des gens qui ne travaillent pas avec les recommandations. Néanmoins, quand c'est le cas, je ne dis pas que c'est un méchant docteur qui travaille aux recommandations. Je dis juste que vous avez donc accepté. Et quand les gens me disent oui, oui, je dis OK. Et quand ils me disent non, non, on n'est pas au courant, je leur dis parlez-en avec lui. Alors, je ne me fais pas des copains, parce que quand les gens retournent voir leur pédiatre et qu'ils disent mais on n'était pas au courant, et le pédiatre dit oui, mais qui vous a dit ça ? Un dentiste ? Un dentiste, il n'y connaît rien du tout.

  • Dr Bourgeois

    Un dentiste pédiatrique en plus ?

  • Antoine Lacouturière

    En plus, cette réponse me va bien, je m'en fiche en fait. Moi, ce que je veux, c'est que les parents aient l'info, ils en feront ce qu'ils veulent. si dans 98% des cas, ils n'osent pas retourner voir le pédiatre. Oui, je le sais.

  • Dr Bourgeois

    Parce qu'aller défier un pédiatre, c'est quand même quelque chose de difficile.

  • Antoine Lacouturière

    Mais moi, j'ai ma confiance tranquille et je note dans mon dossier médical, on a accepté une oxyome sans information qu'aura elle-même. Et si jamais demain, on vient me chercher en expertise, puisque c'est mon boulot l'expertise, en me disant « vous avez été d'accord avec la poursuite de l'inexium » , je vais dire « non, non, celui qui l'a prescrit, ce n'est pas moi » . Et donc, on n'enlève pas le traitement prescrit par un autre médecin. Ça c'est aussi un truc assez clair en médecine, quand c'est pas vous qui prescrivez, c'est pas vous qui l'arrêtez. Sauf pour raisons graves. Mais par exemple, un médicament anticoagulant positionné par un confrère, je vais pas dire « Arrêtez-le ! » Tu vois, c'est pas du tout le truc. Donc, il le prescrit, il est responsable, s'il l'arrête, c'est sa pratique.

  • Dr Bourgeois

    Ok, merci pour ça. L'argent, on en a quand même parlé un petit peu sur les compétences.

  • Antoine Lacouturière

    Il y avait une question sur l'argent ? plusieurs même plusieurs j'en ai pas 40, j'ai 2 ou 3 personnes qui m'ont écrit pour dire c'est quoi ces tarifs j'aimerais aller le voir et c'est peut-être des gens qui n'ont pas osé t'écrire directement ou comme je réponds pas trop sur Instagram parce que ça me prenait trop de temps il y a peut-être ça aussi je pense qu'on serait beaucoup plus à l'aise comme les parodontologistes donc ceux qui sont principalement de la gencive dans la chirurgie dentaire ils sont payés à l'heure Les parodontologistes ont payé au quart d'heure même. Il te dit voilà, moi mon quart d'heure il est à 100 euros par exemple. Donc tu veux un détertrage par un spécialiste, ils sont hors nomenclature.

  • Dr Bourgeois

    C'est quoi c'est des secteurs 2, 3 ?

  • Antoine Lacouturière

    C'est pas en dentaire le secteur 2. En fait, un peu compliqué, nous en dentaire, on a une nomenclature à suivre et dans la nomenclature il y a des actes à 0 euro. à tarif libre. Le blanchiment mentaire, par exemple. Ça existe. HB, quelque chose, machin, truc. Mais c'est tarif libre. Et donc, nous, toi, tu es parodontologiste, tu fais des surfaçages, du nettoyage de gencives. Je vulgarise, désolé les paros qui écoutent, mais tu peux... je peux dire que mon surfaçage est à tant d'euros. Donc si ça c'est une heure, ça va faire tant d'euros. Si c'est un quart d'heure, on fait un quart du surfaçage. Et je pense qu'on serait tous beaucoup plus à l'aise si on était facturé au temps passé. Et qu'on fasse de la prévention ou de l'acte technique, on serait payé la même chose. Donc les gens feraient beaucoup plus de prévention, puisqu'en fait, t'as moins de risques. Bien sûr. Tu as moins de moyens engagés. Bien sûr. Et les patients t'écoutent consensueusement quand ils payent leur prévention. Oui. Moi, quand je dis à mes militaires, maintenant tu vas brosser matin, midi et soir, et que j'ai des légionnaires en face, ils me répondent, reçus mon capitaine. Parce que c'est un ordre. Alors, je ne le dis pas comme ça, mais pour eux, c'est un ordre. Alors que quand je dis à un patient, il faudrait brosser matin, midi et soir, je ne dis pas il faut, je dis il faudrait brosser matin, midi et soir, et qu'il me dit, oui, il est pas. C'est un peu quand même le gamin. En fait, il ne peut pas faire plus.

  • Dr Bourgeois

    Merci pour ça. Ce que je te propose maintenant, c'est d'aborder la dernière partie. C'est la partie bonus, un peu conseil. Citation, sans toi libre. Il n'y a pas de... Il faut absolument deux. C'est juste qu'on ouvre le micro et on partage ça.

  • Antoine Lacouturière

    D'accord. Alors, les petits conseils que je pourrais te donner. Par rapport à la santé, déjà... Je pense que la majorité des gens qu'on soigne en France sont des gens qui ne sont pas malades. Pas malades dans le sens, pas vraiment malades. Il y a beaucoup de choses qu'on fait, qu'on s'est auto-créé comme maladie. J'ai été dans le monde militaire en Afrique subsaharienne et j'ai soigné des gens là-bas qui étaient des populations locales. C'est des gens qui sont malades, malades vraiment. Des gens qui ont perdu des organes, qui ont perdu des membres, etc. Et en les soignant, je me suis dit, ça me paraît un peu futile parfois tout ce qu'on fait en France. Le patient qui te rappelle pour te dire, oui, le composite qu'on m'avait fait, il n'est pas parfaitement poli. Et je sens un tout petit peu en passant ma langue, ça me gêne terriblement. évidemment qu'il faut le prendre en charge cette doléance de patients mais c'est juste que quand tu remets ça dans le contexte des gens qui sont vraiment beaucoup malades ça fait bizarre et donc cette dichotomie qui fait que quand tu reviens en france tu as un oeil différent puis après ça se lisse évidemment comme après l'humanitaire ou quoi je pense qu'il faut la garder de temps en temps en tête ça c'est le premier truc Le deuxième c'est que quand j'étais donc dans ces pays là aussi J'ai mon infirmier là-bas, qui était un local, qui m'a dit... tout ce qui peut se résoudre avec de l'argent n'est pas grave, tout ce qui ne peut pas se résoudre avec de l'argent est grave. Et sur le coup, je n'ai pas très bien compris. Et après, quand tu es malade ou quoi, tu te rends compte qu'en fait, quand tu dis la phrase, mais je vous donne ce que vous voulez, juste enlevez-moi ça, et que ça ne peut pas être le cas. c'est vraiment grave quand ton enfant est malade etc alors que quand finalement c'est un problème d'argent c'est pas c'est important mais c'est pas forcément très grave tu peux peut-être t'en passer de ce truc là etc tu vois donc ça ça fait partie des choses aussi qui sont des sortes de mantra où je je me rappelle de temps en temps tu vois Troisième truc, c'est encore cet infirmier qui m'avait dit, on parlait d'argent, je ne sais plus quoi, et là-bas, ils n'ont pas beaucoup de moyens. Et je lui disais qu'un plombier, le déplacement du plombier dans mon cabinet m'avait coûté plus cher juste sur le déplacement que la visite à domicile de SOS médecin qui était venu. Et en fait, il n'a pas compris ce truc-là. Il m'a dit... Il m'a dit... « Qu'est-ce qui vaut plus cher que la santé ? » Il m'a posé cette question, il m'a dit « Mais qu'est-ce qui vaut plus que la santé ? Qu'est-ce qui a plus de valeur à vos yeux que la santé ? » Et je lui ai dit « Mais rien n'a plus de valeur. » Il m'a dit « Mais alors pourquoi ça a plus de valeur d'argent que la santé ? » Autre chose. Et je me suis retrouvé un peu con. Donc il y a des gens qui vont écouter ce podcast qui vont dire « Mais la santé ne doit rien coûter. » Le problème c'est qu'elle n'est pas faite par personne. Et comme ce qui ne coûte rien ne vaut rien, bah si ça vaut rien la personne qui le fait ne vaut rien non plus plus. Et donc en faisant ça, on va avoir une santé de moins en moins bonne qualité. Et tu vois, j'ai fait un burn-out l'an dernier, assez costaud, et mon ancienne assistante, que je salue, Camille, elle a appelé, elle a pris son téléphone pendant une journée pour décaler un mois de patient. Pendant une journée, elle a pris son téléphone, elle a fait que ça. Elle a décalé un mois de patient. Elle s'est fait insulter. Insulter, j'étais à côté, par beaucoup de patients qui disaient « putain, mais c'est pas possible ! » Et donc, je lui avais dit, pour consigne, de dire que les travaux du cabinet n'étaient pas finis, et que donc elle était obligée de décaler. Et je lui avais dit « si vraiment on vous casse les pieds, vous dites que j'ai fait un burn-out et que je suis arrêté. » Et donc, elle a fini par dire à certains patients « non mais voilà, le docteur, il a fait un burn-out. » Et les gens disent « Ouais, mais moi je m'en fous, moi, et mon gamin ! » Et en fait, quand j'ai vu ça, ça m'a beaucoup marqué. Déjà, je la remercie du fond du cœur d'avoir fait ça, même si c'était son taf. Mon dieu, qu'est-ce que c'est dur Et deuxièmement, j'ai pris conscience qu'en fait, j'étais rien pour les gens. Tout le monde s'en fout, en fait. Et c'est pas quand t'as un gamin qui te fait un dessin et qui te dit merci beaucoup et tout, et t'es trop content. En fait, tu n'es rien pour les gens. Tu es du consommable aussi. C'est trop bien d'avoir des relations importantes avec les patients. Mais dans le fond de la globalité, tu es juste... C'est pas ta famille que tu soignes. C'est des gens qui sont requérants, qui veulent du soin. Et donc, des fois, ils te considèrent comme un prestataire de service. Il faut l'avoir en tête parce que si tu soignes tout le monde comme ta famille, tu vas prendre des grosses claques quand même. Donc voilà. Et pour faire court, parce que je n'ai pas envie que ça dure trois plombes non plus, je pense qu'il faut que vous vous entouriez absolument des gens que vous aimez. Entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens que vous aimez. Travaillez avec des gens avec qui vous aimeriez passer un week-end ou une soirée. Vraiment, c'est indispensable. Ne travaillez pas avec des gens avec qui vous avez des faux semblants. Vraiment, on a des métiers de santé qui sont souvent libéraux, pas tout le temps, mais quand même régulièrement. Peut-être dans les gens qui nous écoutent, il y a des gens qui sont salariés, qui n'ont pas le choix. Enfin, on a toujours le choix au bout du compte, mais les libéraux, vous avez le putain de choix de choisir vos alliés. Donc entourez-vous des gens que vous aimez. Travaillez, même s'ils sont loin, orientés vers des gens qui ont les mêmes valeurs que vous, dans un réseau de soins. de gens que vous appréciez. C'est indispensable, je pense. Quand vous travaillez avec des gens que vous n'aimez pas, c'est la qualité de vos soins, c'est votre espace cérébral qui se réduit, c'est votre façon de voir le jour qui se lève, qui s'impacte. Les cons vont travailler avec les cons. C'est méchant de dire ça, mais mon maçon véreux, il n'était pas véreux celui-là, mais mon maçon véreux va m'envoyer un plaquiste véreux. Parce qu'ils travaillent ensemble. T'as rarement un maçon vers eux qui va t'envoyer un plaquiste incroyable qui va prendre moins cher que les autres. Par contre, les gens qui sont bien, travaillent avec des gens bien, souvent. Parce qu'ils ont les mêmes valeurs. Et parce que c'est la même chose dans votre travail, dans la santé. Donc travaillez avec des gens que vous aimez et qui travaillent de la même façon. Big up Virginie. Et surtout, surtout, je pense, faites ce qui vous fait vibrer. Parce que l'orthodontiste dont je te parlais tout à l'heure, qui est quelqu'un qui me fait beaucoup rire, il me dit, il a plein de phrases super, mais il me dit, il faut être réduit. Tu vois les sportifs de haut niveau, il faut être mais il faut durer aussi. Et bien dans le métier c'est pareil. Donc faites ce qui vous fait vibrer, vous n'aurez pas besoin de durer, vous ferez juste bien. Si tu fais un truc qui ne te fait pas vibrer, si tu es tordu, si tu as le sentiment que tu fais quelque chose qui te contraint, qui te contorsionne, que dans ton métier tu te dis « putain, j'aime pas ça » , tu vois, et qu'il faut pas le faire. Et pas « il faut pas le faire en mode, faut être bougon et machin » , il faut pas le faire parce que c'est quelque chose qui va vous coûter beaucoup plus cher que ce que ça vous rapporte. J'en suis convaincu. Même si aujourd'hui on n'a pas les moyens diagnostiques, d'IRM fonctionnels, de voir ça sur votre cerveau, je suis convaincu que les ulcères, les cancers, tous ces trucs-là qu'on se fait, et qui sont des espèces de trucs beaucoup autogénérés, qu'on avait beaucoup moins avant, et je n'ai pas une vision magnétique du monde. Je suis convaincu physiquement de ça, on le voit tous les jours sur les patients. La parodontite agressive de stress, ça existe. Perdre ses dents parce que tu as eu un choc dans ta vie, ça existe vraiment. Si tu fais quelque chose qui au quotidien te plaît, te fait vibrer, tu as beaucoup moins de risques de le subir. Donc tu peux être et durer.

  • Dr Bourgeois

    Une superbe et transition délicate après cette philosophie-là. Merci docteur Bourgeois pour ces conseils empreintes philosophiques quand même. Beaucoup dans ce que tu disais tout à l'heure de l'infirmier subsaharien. Ça me faisait penser à Socrate qui dit « Existe-t-il un bien ? Existe-t-il quelque chose de plus précieux que la santé ? » oui je crois que c'est lui enfin je suis presque le jeu c'est plus si ce vote mais voilà petit petit clin d'oeil pour pour la philosophie donc il me reste deux choses à faire te laisser le micro en deux pour le mot de la fin tu conclus comme tu as envie et puis l'avant dernière chose du coup c'est remercier ok une petite tradition dans le podcast mais pour moi c'est un moment important ce moment tu vois de reconnaissance et de gratitude quelque chose qu'on oublie parfois mais qui est aussi important donc Je te remercie pour ton accueil global, ton accueil dans ton cabinet, dans ta consulte. Ce n'est pas rien d'accueillir quelqu'un malgré tout.

  • Antoine Lacouturière

    Oui, je suis d'accord.

  • Dr Bourgeois

    Donc, merci pour cet espace dans l'âme. Je te remercie pour le travail que tu fais au quotidien avec beaucoup. Des fois, beaucoup, beaucoup d'humilité en disant mais non, c'est pas grand chose. Et quand même, de vulgarisation, de rendre accessible de l'information, tu vois, de sensibiliser les gens. Pour moi, ça me fait vraiment penser à cette petite infusion douce où ces graines consèment. J'adore cette image. Et tu as utilisé plusieurs images dans le podcast. Je ne sais pas si tu connais celle du tailleur de pierre.

  • Antoine Lacouturière

    Comme ça, non.

  • Dr Bourgeois

    Il y a trois tailleurs de pierres différents sur la rivière et puis il y a une famille qui se balade et qui va interroger le premier tailleur de pierres en disant « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » Et il dit « je suis en train de tailler des pierres, point » . Et puis un peu plus loin, il y a le deuxième tailleur de pierres et le deuxième tailleur de pierres va dire à la même famille qui demande « qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? » « Je suis en train de tailler des pierres pour nourrir ma famille » . Et puis, encore un peu plus loin, la famille repose la question au troisième tailleur de pierre. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ? Je suis en train de construire une cathédrale. Et j'adore cette image de... C'est la même action, mais pas avec la même vision. Et donc la dernière chose, c'est que je te remercie parce que, à travers les réseaux sociaux, il y a quand même eu ça de positif, à travers ce message que tu infuses, que tu diffuses de pluridisciplinarité, de se former, de complémentarité, On n'est pas parfait sur tout, il y a des choses qu'on ne sait pas faire, mais il y a des choses qu'on sait faire. Cette humilité, je trouve, qui te caractérise, tu vois, en ayant passé autant d'heures avec toi, je trouve que c'est quelque chose qui perspire. Et donc, moi, je vois cette troisième image de, tu es en train de construire petit à petit, en semant ces petites graines, en polissant ces pierres. Une autre manière de soigner dans un monde où ce n'est pas toujours facile et ça fait du bien de rencontrer des gens comme ça. Donc, c'est des remerciements un peu longs, mais ça me tenait à cœur. Donc, voilà, Cédric, je te remercie pour tout ça.

  • Antoine Lacouturière

    Merci. C'est adorable. Merci beaucoup à toi d'être venu jusqu'ici. C'était un plaisir de t'accueillir et de t'ouvrir les portes du cabinet, du petit cabinet à une petite échelle, mais de pouvoir faire le podcast ici. Et comme mot de la fin, je pense... que l'expérience m'a apporté le fait qu'il faut encourager et valoriser l'échec. Et vraiment, la façon dont les gens veulent apprendre, il faut pousser les gens à apprendre quand ils veulent apprendre. C'est une des choses les plus importantes, je pense. Parce qu'on a tendance à réfréner ces gens qui veulent apprendre, peu importe le domaine. Et mon mot le plus important de ma vie, soyez bienveillant. Ça ne coûte rien. Ça ne coûte strictement rien. Et ça soigne les gens. Littéralement. Donc, soyez bienveillants.

  • Speaker #2

    L'épisode touche à sa fin avec ces mots. Je vous remercie de l'avoir écouté en entier et je vous félicite, entre guillemets, pour ce temps consacré à de la formation continue, de la formation initiale, de la découverte. Pour celles et ceux qui ont envie d'aller plus loin, deux options, suivre le compte Instagram du Dr Bourgeois, at doc bourgeois, sur la pluridisciplinarité, sur son quotidien avec ses différentes casquettes. Pour les professionnels de la santé, de santé qui souhaitent se former, je vous invite à jeter un coup d'œil sur le site BC Academy. Pour les personnes qui ont envie de donner un coup de pouce pour ce podcast, qui ont envie de reconnaître le travail derrière ces épisodes, ces nombreuses heures partagées avec vous, je vous suis infiniment reconnaissant de prendre quelques instants pour déposer 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Un petit commentaire, pourquoi pas. Apple Podcasts, Spotify, ça prend quelques secondes et c'est vraiment une bonne manière de faire monter le podcast dans les référencements et aussi de saluer ce travail partagé avec ces invités d'exception, avec ces invités experts dans leur domaine. Merci par avance pour ça, je vous embrasse et je vous dis à très bientôt.

Share

Embed

You may also like