Speaker #0Salut les tucettes et bienvenue dans ce nouvel épisode de Tu sais tout ou presque, moi c'est Carole Lacaze. Et puis surtout bienvenue aussi dans cette nouvelle saison. Alors j'ai longtemps hésité avant de danser cette saison, alors pas sur le fond mais sur le courage qu'il y a de la faire, parce que cette fois on va pas parler de chiffres, enfin pas vraiment, on va pas parler de stratégie, de croissance, de réussite visible, on va parler de ce qui se passe quand objectivement tout va bien, mais que vous à l'intérieur, ça ne suit pas. Et si vous êtes en train de vous dire, mais attends, pourquoi je me sens comme ça alors que je n'ai pas à me plaindre ? Alors vous êtes exactement au bon endroit. Allez, zou ! Dans la sédan précédente, j'ai raconté l'envers du décor de l'entrepreneuriat. Les galères, les mois zéro, les clients qui ne paient pas, les décisions prises, la boule au ventre. Mais il y a un moment dont on parle très peu, c'est le moment après. Quand l'entreprise tient, l'équipe est là, les projets avancent et la structure fonctionne. Et pourtant, vous êtes fatigué. Alors, ce n'est pas une fatigue de bonne semaine chargée. C'est une fatigue plus sourde, plus profonde, peut-être plus dérangeante. Et souvent, on n'ose pas le dire parce que tout va bien. On est censé aller bien aussi. C'est un grand décalage. Il y a un décalage énorme entre ce que les autres voient Et ce que vous ressentez ? De l'extérieur, bravo, quelle énergie tu gères, tu devrais être fière de toi. Et à l'intérieur, lassitude, moins d'enthousiasme, une irritabilité nouvelle, parfois même une forme de vide. Et là, la culpabilité arrive. Parce que vous vous dites, franchement j'exagère, il y a pire que moi, je n'ai pas le droit de me plaindre. Alors ce n'est pas se plaindre que de constater qu'on ne va pas bien. Ce malaise ? n'a rien à voir avec un manque de gratitude. Il a tout à voir avec l'usure invisible du rôle. Quand on dirige, quand on entreprend ou quand on manage, on décide tout le temps, on anticipe tout le temps. On porte des responsabilités qui ne s'éteignent jamais vraiment. Même quand vous êtes en vacances, même quand vous dormez, même quand vous riez, votre cerveau, lui, reste en alerte. Et à force, l'enthousiasme devient mécanique. La motivation devient une obligation et l'envie devient une consigne interne. Et c'est là que quelque chose fissure. Je vais être honnête avec vous, il y a des moments où objectivement tout allait bien pour moi et pourtant je n'allais pas bien. Pas de drame, pas de crise spectaculaire, juste une perte de saveur. Et le plus perturbant c'est ça, quand rien ne va mal mais que rien ne fait vraiment du bien non plus. On se lève, on fait ce qu'il y a à faire, on gère, on assume. Mais on ne vibre plus pareil. Et on n'ose pas le dire parce que tu te rends compte de la chance que tu as ? Ben ouais, justement. Alors quand on se sent comme ça, on a tendance à se forcer, à se durcir, à se juger, se dire « allez, secoue-toi » ou pire, à remplir encore plus notre agenda, comme si le problème venait d'un manque d'action, alors qu'il vient d'un trop plein d'actions. Trop de décisions, de responsabilités, d'attentes, de relâtenir. Ce que personne ne dit, on ne vous dit jamais que la stabilité fatigue, la réussite use, la responsabilité isole. On vous apprend à tenir, pas à vous écouter quand vous tenez depuis trop longtemps. Et pourtant, ce moment-là, il est crucial. Parce que ce n'est pas un échec, c'est un signal. Un signal qui dit, ce que tu fais fonctionne, mais la manière dont tu le fais t'épuise. On va changer de posture. La question n'est pas, est-ce que je dois arrêter ? La vraie question, c'est comment je peux continuer sans me perdre. Et cette saison, on va parler de ça. Pas de performance, pas de recette miracle, pas de pensée positive. Juste de lucidité, de permission, de réajustement. Alors, si aujourd'hui, tout va bien sur le papier, mais que vous vous sentez fatigué, vidé ou en décalage, vous n'êtes pas un gras, vous êtes juste humain. Ça, je vous le dis souvent, on est des humains. Et surtout, il y a tu sais tout. Vous n'êtes pas seul. Donc dans les prochains épisodes, on va parler de la fatigue décisionnelle, de la culpabilité du dirigeant, du corps qui lâche, de délégation et de nouvelles façons de rester debout, sans s'abîmer. Allez, ce fut court. Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes. Merci d'avoir écouté cet épisode. Merci d'être là, les Tussettes. Si cet épisode vous a parlé, vraiment parlez, partagez-le à quelqu'un qui va bien. Mais pas tant que ça. Et on se retrouve très, très vite par la suite. Et puis surtout, n'oubliez pas, la parole est à vous. Allez, prenez soin de vous, vraiment.