Speaker #0Salut les Tucettes, c'est Tucetoo ou...presque, le podcast qui donne la voix à vos ambitions. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet presque intime, presque tabou, cette idée qu'on devient son entreprise, que tout ce qu'on est se résume à une ligne de chiffre d'affaires ou à une to-do list. Eh bien non, vous n'êtes pas votre boîte, vous n'êtes pas vos résultats, mais vous avez peut-être mis un peu trop de vous là-dedans. Alors on respire, on va prendre un café, moi c'est déjà le cas, et on y va. Il y a cette phrase que j'entends souvent et que moi-même j'ai dit parfois. Je suis entrepreneur. Et c'est vrai, mais si on gratte un peu, est-ce que je suis aussi autre chose ? Ou est-ce que je définis uniquement par ce que je fais ? Parce que le piège commence là. Quand ce que je fais devient ce que je suis. On confond activité et identité. Et cette confusion, elle se voit pas toujours de l'extérieur, mais elle agit comme une colle invisible. Elle vous attache à votre entreprise de façon parfois étouffante. Alors comment ça se manifeste ? Vous voyez, c'est ce moment où un client vous dit non et vous avez l'impression qu'on vous rejette personnellement. Un lancement ne fonctionne pas et vous vous sentez incompétent, voire un imposteur. Quelqu'un critique votre offre et vous ressentez ça comme une attaque perso, sur vous. votre valeur, votre intelligence. Et ça va très vite. Vous postez quelque chose qui ne marche pas, vous doutez. Vous avez un mois creux, vous culpabilisez. Vous perdez un contrat, vous vous sentez nul. Pourquoi ? Parce que dans votre tête, ça fait « ma boîte ne marche pas, je ne vaux rien » . Et là, bonjour la spirale. Les doutes, repli, surinvestissement, fatigue, désespoir. Et si je changeais de métier, carrément ? Une petite anecdote, il y avait une entrepreneuse que j'accompagnais qui a vécu ça de plein fouet, en fait. Elle lance un programme, super quali, tout bien bossé, peu d'inscriptions, et sa réaction, elle était immédiate. C'est moi, c'est moi qu'ils ne veulent pas, c'est moi qui suis nulle. Alors je lui ai demandé si c'était juste le mauvais moment ou un problème de positionnement. Alors elle m'a regardée comme si je venais de parler chinois. Parce que quand on a tout mis de soi dans sa boîte, toute critique devient insupportable. C'est comme si on vous disait « Ton bébé est moche. » Mais non, ce n'est pas votre bébé. C'est une offre, un service, un produit. Et vous, vous êtes plus vaste que ça. Pourquoi c'est si fréquent ? Parce qu'on vous a vendu l'idée que pour réussir, il fallait vivre pour son projet. S'investir, se donner à fond, mettre du cœur, des tripes, du temps, enfin tout quoi. Et soyons clairs, oui, il faut de l'engagement, ça c'est sûr. Mais il y a une différence entre investir son énergie et mettre son identité en gage. Quand votre boîte devient votre miroir, chaque succès vous grise, chaque échec vous écrase. Et c'est pas un business. Ce sont des montagnes russes émotionnelles avec des freins coupés. Cette fusion de moi égale mon activité est aussi une façon pour l'ego de rester aux commandes. Parce qu'il adore ça l'ego. Être validé par les likes, les clients, les compliments. Mais il déteste l'échec, la critique, le flou. Et donc, il pousse à en faire toujours plus. À chercher des preuves extérieures. Et à confondre performances et valeurs personnelles. Alors les conséquences, les trois conséquences d'une identité fusionnée. La première, c'est la honte du creux de vague. Quand le chiffre d'affaires est bas, vous vous sentez nul et incompétent. Alors qu'en réalité... C'est juste un moment du cycle. Un chiffre, un signal, pas une condamnation. En deux, l'hyperréactivité émotionnelle. Une critique devient une attaque personnelle. Un bug, un drame. Un client exigeant, un monstre. En trois, la peur de ralentir. Impossible de lever le pied, vous êtes devenu le moteur, le carburant. Et la voiture, vous savez quoi ? Ça ne tient pas longtemps, ça. J'ai eu un passage à vide à mes débuts. J'avais bossé... comme une dingue pour lancer un projet et personne n'a répondu. Mon réflexe, ça a été « je suis nulle, je ne suis pas faite pour ça » . Alors qu'en fait, le problème, c'était tout simplement l'envoi du mail. Oui, oui, je vous assure que c'est vrai. Alors, on est si vite tenté de faire des liens identitaires là où on a juste un couac technique. Il ne s'agit pas de devenir froid, de ne plus rien ressentir, mais d'apprendre à dire « je suis une personne » . Mon entreprise est une structure, on travaille ensemble, mais on n'est pas fusionnel. Je vais vous donner quelques pistes. Posez vos limites internes. Quand un projet ne marche pas, je peux être déçu, mais sans me juger. Quand je reçois une critique, je l'analyse, je ne l'avale pas. Va séparer les indicateurs de vous-même. Le chiffre d'affaires n'est pas un miroir de votre valeur. Votre nombre d'abonnés ne reflète pas votre compétence. On va externaliser certaines tâches émotionnellement lourdes. Négociations, je ne sais pas faire, faites-vous accompagner. Le SAV, déléguez si possible. La communication, mettez une stratégie, mais pas juste vos tripes. Qui êtes-vous quand vous ne bossez pas ? Alors je sais, cette question, elle est un peu vertigineuse, mais elle est salutaire. Parce que votre vie a besoin d'espace non productif, de moments où vous n'êtes pas utile, mais juste vivant. Une fois en vacances, un ami m'a demandé, et sinon tu fais quoi dans la vie ? Bon, c'était avant qu'il devienne mon ami pour le coup. Et j'ai répondu, un long pavé sur mon job. Et il m'a regardée, il m'a dit, mais non, non, toi, t'aimes quoi ? Tu fais quoi quand tu ne bosses pas ? Et là, j'ai buggé. J'ai buggé parce que je ne faisais rien à part bosser. Alors, j'ai appris à me reconnecter à qui je suis en dehors de mon métier, à qui me fait vibrer sans enjeu. Et ça, ça m'a sauvée plus d'une fois. Alors, je vous le redis, vous n'êtes pas votre boîte. Vous n'êtes pas votre chiffre d'affaires. Vous êtes un être humain entier, complexe et précieux. votre boîte c'est un outil, c'est pas un miroir voilà C'était Carole Lacaze pour Tucetoo ou...presque. Merci d'avoir écouté ce podcast. Si cet épisode vous a plu, vous le partagez. Parlez-en, ça marche aussi. Et si vous avez du mal à poser une frontière, parlez-en. Faites-vous accompagner parce qu'un entrepreneur qui va bien. C'est une entreprise qui tient la route. Et surtout, n'oubliez pas, la parole est à vous.