Speaker #0Salut les Tucettes, bienvenue chez Tucetoo ou...presque, le podcast qui donne la voix à vos ambitions. Moi c'est Carole Lacaze et bienvenue dans ce nouvel épisode. Aujourd'hui, un épisode un peu particulier. Silence, on parle. Ou comment gérer les silences et le rythme quand vous prenez la parole. Parce que parler, ce n'est pas aligner des mots à la vitesse de l'éclair. Et parce que parfois, c'est quand vous vous taisez qu'on vous écoute vraiment. On n'est pas à la SNCF et vous n'êtes pas un TGV. Alors franchement, vous avez sûrement déjà vécu cette scène. Une personne en réunion qui parle comme si elle avait une alarme incendie dans la gorge. Zéro pause, zéro respiration, zéro échappatoire. Vous l'écoutez, puis au bout de deux minutes, votre cerveau lâche prise. Ce n'est pas de la communication, c'est du sprint vocal. Personne ne retient rien. On entend, mais on n'écoute plus. On capte des mots, mais pas le message. Et si c'est vous l'orateur, eh bien vous terminez en sueur sans avoir vraiment dit ce que vous vouliez. Donc non, le débit ne fait pas la qualité. Une phrase lente, posée, avec un petit silence, peut être dix fois plus puissante qu'un long monologue essoufflé. Votre auditoire a besoin de respirer. Et vous aussi. Et vous savez quoi ? Les silences ça capte l'attention, ça la ramène, ça crée de la tension narrative, comme dans les films. Alors je vais vous faire une petite confession, ma toute première conférence, 80 personnes, fringues impeccables, diapo nickel, j'avais même repassé mes notes, c'est pour dire, tout était au top. Je monte sur scène, la lumière en pleine tronche, micro mains, je respire, eh bah enfin non, justement je ne respire pas. Je me transforme en mitraillette à syllabes, tout y passe, pas un blanc, pas un euh, rien, le public, figé. Hypnotisé ? Non, KO technique. À la fin, il y a un monsieur qui vient me voir, il me sort un truc du genre, c'était dense, très dense, j'ai pas tout suivi mais vous aviez l'air vraiment très investi. Alors la traduction en fait ici c'est tout simple, on n'a rien compris mais au moins vous y avez mis du cœur. Voilà, moralité. Le stress nous pousse à combler le vide. Et c'est justement là qu'il faut résister. Depuis, j'ai appris que parler, c'était aussi faire des pauses. Alors pourquoi ce malaise avec le silence ? Le silence, on le perçoit souvent comme un moment de vide, voire de gêne. Vous l'avez sûrement déjà ressenti, vous parlez, vous perdez un mot, et là, le grand blanc. Panique ! Vous avez l'impression que tout le monde vous juge. Mais le silence n'est pas un vide. C'est un outil, un surligneur émotionnel. Il marque ce que vous venez de dire. Il annonce ce que vous allez dire. Et parfois, il dit à votre place ce que vous n'osez pas formuler. En fait, le silence, c'est votre moment de pouvoir. Quand vous vous taisez après une phrase forte, vous obligez l'autre à l'encaisser. Vous créez de la tension. Vous prenez de la place. Sans dire un mot, c'est presque un superpouvoir. Mais attention, je parle du silence volontaire, pas du blanc chelou. Le silence maîtrisé, c'est après une idée clé, avant un mot fort, ou pour laisser le temps de réagir. Le blanc gênant, lui, c'est quand vous êtes en train de chercher le nom d'un gars, par exemple. Et donc, comme on disait le monsieur, là, avec des lunettes, enfin bref. Alors celui-là, on l'évite. Mais même avec ça... Avec un peu d'humour ou d'autodérision, ça passe. Du style, j'avais une super citation, mais mon cerveau a décidé de faire une pause. On respecte son choix. Alors, voici une petite technique que j'adore, le mot « pause » . Dès que vous dites quelque chose d'important, faites une pause juste après. Comme si vous disiez à votre auditoire, je viens de dire un truc super puissant, n'est-ce pas ? Tu veux le rejouer dans ta tête, non ? Exemple, ce n'est pas parce qu'on parle fort. Qu'on est entendu. Pause. Deuxième exemple. Ce n'est pas parce qu'on parle vite qu'on est compris. Pause. Effet garanti. Pas besoin d'hurler, ni de gesticuler comme un moulin. Un discours, c'est un peu comme une chanson. Si c'est plat, monotone, sans variation, vous endormez tout le monde, même votre chat. Mais s'il est trop rapide, sans respiration, vous les perdez aussi. L'idée, c'est de jouer avec le rythme. Alternez le rapide. et le lent, le parler et le silence. l'intensité et la douceur, un peu comme un bon vieux slow des années 80. Alors la prochaine fois que vous prenez la parole, souvenez-vous, ce n'est pas la vitesse ni la quantité de mots qui fait la force de votre message. C'est le rythme, la respiration et surtout le silence que vous osez laisser vivre. Parce que oui le silence peut être plus percutant qu'un cri, qu'un mot. Il attire l'attention, il donne du poids à vos idées. Merci de m'avoir écouté jusqu'ici et merci d'avoir supporté mes pauses. Si cet épisode vous a plu, partagez-le, parlez-en ou restez silencieux mais content, ça marche aussi. Merci les Tucettes et n'oubliez pas, respirez, parlez et n'ayez pas peur des silences. A très bientôt et en attendant, la parole est à vous.