- Speaker #0
Bonjour à toutes et tous et bienvenue sur Uchronia. Je suis Pénélope Solette et je suis accompagnée, as usual, par le professeur John McLoughlin. Bonjour professeur. Bonjour,
- Speaker #1
bonjour, bonjour.
- Speaker #0
Oh, une petite voix aujourd'hui.
- Speaker #2
Je suis un peu grippé.
- Speaker #0
On fera attention à vous.
- Speaker #2
Merci.
- Speaker #0
Et pour cette séance en qualité de témoin du jour, nous recevons le biologiste généticien Julien Huxley. scientifique brillant et spécialisé dans les sciences marginales, fondateur de Regenetics.
- Speaker #3
Bonjour ! Bien le bonjour à toutes et à tous !
- Speaker #0
Uchronia, les chroniques du temps latent. Au sommaire de notre émission, un épisode consacré aux dérives de la théorie de l'évolution et qui nous décrit notre rapport à l'élite humaine et aux scénarios dystopiques. Un film illustrant cette fascination que nous portons sur des êtres parfaits, capables de nous représenter et voyager dans l'espace pour le salut de l'humanité. Il faut dire que nous avons été submergés par les demandes de nos auditeurs sur le sujet. Cette séance, écrite littéralement aux petits oignons, sera en immersion complète dans le centre de formation aux opérations spatiales et militaires. Excusez-moi, je n'ai pas l'habitude de mon environnement. Ce voyage sera ponctué de quelques respirations musicales avant de terminer par nos recommandations, évidemment subjectives, la séance Actu Cronia. Aujourd'hui, nous allons mettre en lumière, pour ceux qui auront reconnu la musique, le film Bienvenue à Gataca, réalisé par Andrew Nicol et sorti en salle en 1997. Un classique de l'anticipation pour s'imaginer la lutte d'un individu cherchant à progresser dans un univers où l'optimisation génétique est devenue la règle. Un film difficilement classable, à l'équilibre parfait entre futurisme philosophique et esthétique rétro-vintage. Une critique sociétale, cinématographique sur les... conséquence d'une révolution de la biologie et les technologies du vivant qui repoussent bien évidemment les limites de la catégorisation et du genre. Messieurs, nous allons pouvoir aborder notre premier sujet. Alors, selon vous, quelles pouvaient être les inspirations du réalisateur et les intentions autour de ce génie génétique en application sociétale ?
- Speaker #2
C'est ça qui est fou avec ce film, c'est qu'on est vraiment à la frontière avec la science-fiction. C'est avant tout un film d'anticipation. Qu'est-ce que pourrait être l'avenir ? Plonger dans un environnement visuel et architectural digne de la ville de Brasilia, au Brésil.
- Speaker #3
Oui, c'est vrai que c'est un film qui fait passer un message, peut-être même des messages, et ce qui en fait un film exceptionnel, plus abordable qu'avec un livre très classique dans sa structuration, qui fait vraiment prendre conscience des risques de faire des... des tests pour connaître la susceptibilité à certaines maladies ou à des compétences génétiques et tout ça en dehors d'un contexte médical pur lié à une maladie, une pathologie.
- Speaker #2
Comme dit le proverbe, le mieux est l'ennemi du bien. Et évidemment on pense tout de suite à Huxley, 84 évidemment. Toutes ces œuvres d'anticipation qui nous glacent le sang et qui nous plongent dans un futur pas forcément réjouissant.
- Speaker #0
Et pas si lointain.
- Speaker #3
Oui, et ça me fait moi aussi penser à une des histoires de Jules Verne, peut-être la moins connue ou reconnue, une fantaisie du Dr Hox, où ça se passe dans les Flandres occidentales et où toute la ville... va chercher à réfléchir et à demander aux docteurs de faire une sorte de biologie cellulaire pour soigner des malades. On est dans des sociétés qui cherchent certainement à s'optimiser. à éliminer quelque part peut-être la maladie, la pathologie, mais ça va poser des soucis de bioéthique, je pense, de question de limite de la planète. On est vraiment dans une œuvre d'anticipation à la frontière entre le malthusianisme et l'eugénisme quelque part.
- Speaker #2
Qui rappelle évidemment toute cette obsession racialiste des scientifiques du début du XXe siècle. persuadé qu'il fallait avoir une race pure, une race absolument débarrassée de tout risque de maladie, d'absence de performance, d'enjeux intellectuels insuffisants, une volonté de créer des surhommes, évidemment, à l'image de Nietzsche, et qui soient en capacité de sauver l'humanité. Ça, c'était ce rêve un peu fou que ces scientistes, évidemment, cultivaient, comme j'en ai connu quelques-uns.
- Speaker #3
Oui, c'est vrai, professeur. Il y a à la fois l'idée de la carte d'identité génétique, de l'ADN. Je pense que ça, on va en recoser. Il y a l'idée de la perfection ou de l'imperfection que l'on peut personnifier, de stigmatiser à outrance une partie de la population et peut-être le besoin de réajuster l'histoire et la science dans ses fondements. Je pense à plusieurs... Personnage historique, Harry Clay Sharp, un médecin eugéniste, il y a Charles Benedict Davenport, il y a vraiment du monde.
- Speaker #0
Et que des gens effrayants.
- Speaker #3
Et effrayants parce que...
- Speaker #2
Et effrayants et avec une légitimité. Prenez Francis Galton qui a été un grand promoteur de l'eugénisme aux Etats-Unis parce que ça reste quand même le cœur du film. On parle d'un mal américain, un pays qui est obsédé par les races, un pays qui est obsédé par la... la pureté de la race, la race blanche en l'occurrence, et qui du coup a trouvé des financements, des voies scientifiques, des voies intellectuelles, des voies administratives pour essayer de réguler réellement cette purification, en orientant par certains aspects les migrants qui venaient sur leur territoire, ou par d'autres, en faisant l'ultime horreur, à savoir... stériliser des enfants en situation de handicap pour être certain qu'ils ne soient pas eux-mêmes parents.
- Speaker #0
Et tout ça sous prétexte d'améliorer l'espèce humaine en fait.
- Speaker #3
Alors Pénélope, vous avez tout à fait raison. Le principe de Galton à la base avec cette notion d'eugénisme, c'était de littéralement proposer de bien-être, de laisser le libre-arbitre après se développer de façon positive. ou peut-être négative, peut-être... Mais voilà...
- Speaker #2
La perversité était même encore plus grande. Son fondement théorique à Francis Galton, c'était de protéger les enfants des parents handicapés, qui ne seraient pas considérés comme des parents justes, et qui devraient au mieux voir leurs enfants leur être retirés, ou au pire, leur interdire la possibilité d'avoir des enfants, ce droit... absolument fondamentale de toute espèce mammifère, leur étant supprimée par la société américaine.
- Speaker #3
Tout à fait.
- Speaker #0
Que c'est réjouissant. Cher monsieur Huxley, si on en profitait pour présenter votre activité à nos auditrices et auditeurs, s'il vous plaît.
- Speaker #3
Oui, alors c'est vrai que je suis l'arrière petit petit petit petit petit fillot de Julianne Sorel Huxley. qui était biologiste britannique, théoricien de l'eugénisme.
- Speaker #0
Votre héritage ?
- Speaker #3
Oui, mais en même temps, il a été un des promoteurs de la vulgarisation scientifique, le premier directeur de l'UNESCO, il a fondé le World Wildlife Fund quand même. Et c'est vrai que moi, j'ai travaillé pendant ma déce de doctorat, j'étais en capacité de séquencer l'ADN humaine et à pouvoir modéliser les brins. et à fortiori leur particularité, pouvoir visualiser les interactions de l'ADN dans la cellule. Et donc soit je cherchais à corriger la vie des cellules, en ce qu'on appellerait en étiologie chirurgicale, et pour moi ça passait de la stimulation inductive, comme on dit, par implantation de puces RFID actives.
- Speaker #2
Ce qui peut être particulièrement dangereux quand même, il faut le préciser. Vous abordez ça avec une légèreté qui... Ah, le bémol ! un peu déconcertant.
- Speaker #3
Je vous rejoins tout à fait, professeur, et mon chemin n'a pas été dans cette direction, sachant aussi qu'on est en recherche constante de liberté et que chacun n'accepte pas de son plein gré une implantation exogène. Et donc, face à ce constat, j'ai plutôt développé une application opérable avec un robot chirurgical. On a des doctorants dans le laboratoire qui ont... qui ont servi de bêta-testeurs de matériel, de robots à des destinations militaires ou industrielles. Et moi, ça a été plutôt l'idée d'essayer d'identifier, d'optimiser certaines caractéristiques pour supprimer des vices génétiques. Parce qu'on observe aussi au quotidien que des parents, si on identifie à la première échographie qu'il manque un doigt ou... ou qu'il y a peut-être une tare dans le développement susceptible. Moi, je préférais essayer de corriger, de supprimer ces gènes. Et c'est encore plus facile de pouvoir opérer ça avant le développement cellulaire, soit sur le spermatozoïde, soit sur le début du fitus, parce qu'il faut pouvoir corriger l'intégralité des cellules et de l'enregistrement de l'ADN. Il faut voir que l'ADN, c'est un peu comme notre manuel, notre... notre dictionnaire de comment on doit fonctionner. Et donc, mon parti pris, et à l'aune de mes ancêtres et du lourd poids de mon grand-grand-grand-père, c'était plutôt modifier l'ADN d'un fœtus, plutôt que de voir les parents avorter et ne pas permettre à cette vie de se développer. Et je pense que c'est ce qu'on retrouve dans ce film « Bienvenue à Gataca » . cette possibilité de se surpasser quel que soit le destin, quelles que soient les probabilités.
- Speaker #2
C'est tout le nœud du film d'ailleurs. En fait, le principe est assez pragmatique. Cette civilisation humaine, à l'aube probablement du XXIe ou du XXIIe siècle, vit une épopée et une conquête spatiale. Elle envoie régulièrement des éléments plutôt jeunes et... et intellectuellement charpentés dans l'espace pour participer à la conquête planétaire et extraplanétaire. Et donc forcément, vous êtes une société un peu structurée, vous envoyez des éléments qui ne risquent pas de vous faire un arrêt cardiaque, un cancer sur Mars, une hépatite fulminante sur Saturne ou des hémorroïdes sur la Lune.
- Speaker #3
Oui, c'est l'objectif de limiter les risques au maximum. Ça n'empêche pas.
- Speaker #2
Après, imaginez-vous quand même, si on avait sélectionné la génétique, on aurait peut-être renoncé à un esprit aussi brillant qu'Ellen Musk sous prétexte de signes autistiques précurseurs.
- Speaker #3
Ça n'empêche pas. Et la réflexion pourrait être, est-ce qu'on peut corriger certaines tares génétiques ? Jusqu'à quel point ? Jusqu'à quel point ? Et est-ce que les défis, c'est pas de... peut-être sélectionner, identifier le gène de la connerie. Mais qu'est-ce qu'on ferait d'une population qu'on aurait normée, peut-être affaiblie face à des envahisseurs barbares ?
- Speaker #2
Le problème, c'est surtout les géniteurs qui voudraient que chacun de leurs enfants soit un petit moseur.
- Speaker #0
Je vous remercie, M. Hexer, pour cet éclairage et cet échange avec le professeur. J'espère que tous les services juridiques sont à pied d'œuvre. Oui, pardon, je voulais qu'on aborde maintenant notre deuxième sujet, que je pensais cette fois-ci tourner vers les étoiles pour notre séquence Mitch & Mitch. Alors, qui se lance ?
- Speaker #2
Oh, avec plaisir, je suis un grand fan de Bienvenue à Gataca d'ailleurs. La composition de Gataca rappelle évidemment... Les éléments du code ADN, guanosine, adénosine, thionine et je ne sais plus.
- Speaker #3
A vos souhaits.
- Speaker #2
Je vous en prie. Dans un futur proche, la société est divisée en deux. Une sous-classe résultante de naissances naturelles à l'ancienne, avec un papa et une maman.
- Speaker #3
Les enfants de la destinée comme ils le disent.
- Speaker #2
Les enfants de la destinée, fait manuellement. Et une classe dominante, dans laquelle les individus sont nés. génétiquement modifié et choisi surtout pour des questions de longévité, de maladie, mais également de performance intellectuelle. Le héros Vincent est le produit de la reproduction naturelle et sympathique de ses géniteurs, mais souffre d'une insuffisance cardiaque, lui laissant une espérance de vie de 30 ans, voire un peu plus. Vincent défie son destin et entre sous une fausse identité à Bienvenue à Gataca, qui est l'organisme qui est le plus important de la vie. en charge de la conquête spatiale, un programme d'entraînement destiné aux astronautes en vue d'une mission spatiale. Vincent donc emprunte l'identité génétique d'un athlète paralysé, Jérôme. Lorsque l'un des superviseurs de Gattaca est assassiné, les enquêteurs découvrent la présence de l'ADN réel de Vincent, donc son ADN non non falsifié. Il devient donc alors le suspect et fait tout pour continuer à agir de façon Euh... indépendante et masquée. L'assassin est finalement rattrapé. Vincent dépasse l'âge de 30 ans et parvient à réaliser son rêve d'astronaute et conquiert l'espace. L'infini est le delà, bien sûr.
- Speaker #0
Vous dites le héros, mais moi je vois plutôt ça comme un trio. Il y a donc Vincent, celui qui trompe son monde. Il y a Eugène, celui qui lui prête son ADN. Et puis il y a Irène, jouée par Uma Thurman. Pour moi, ça fait donc un trio de vedettes, plutôt qu'un seul héros, non ?
- Speaker #3
Oui, tout à fait.
- Speaker #2
Qui est quand même la star du film. qui sortait de multiples succès, notamment Pulp Fiction, et qui évidemment a permis la promotion du film.
- Speaker #0
Et des deux autres acteurs par les mêmes occasions.
- Speaker #2
Les autres acteurs étaient plus confidentiels.
- Speaker #3
Et c'est vrai qu'Andrew Nicol nous habituera, suite à ce film, à des films intelligents, pas barbants, mais je pense au Truman Show, à Yacimone... Et...
- Speaker #0
Lord of War,
- Speaker #3
Time Out.
- Speaker #2
Il va ouvrir à Hollywood la possibilité de faire du cinéma d'auteur. Ce qui était possible dans une certaine composition américaine. Il y a eu de multiples films comme Clerks qui ont eu aussi du succès. Mais là, il se proposait de faire du cinéma grand public, mais d'auteur.
- Speaker #3
Il veut aussi taper dans le fond du bol, comme on dit dans le milieu. Il parlait de handicap, de tromperie. et d'essayer de détourner le système et de pouvoir montrer les failles d'un système qui semble parfait en outre mesure.
- Speaker #0
Je trouve que ce film était l'exemple parfait de ce qu'on essaye de faire comme distinction entre science-fiction et anticipation. En quelle mesure ce film n'est pas... pas à la frontière de l'un et de l'autre. La société évoquée dans Gataka, par exemple, elle ressemble quand même étrangement à la nôtre, voire une impression qu'elle se rapproche dangereusement de la nôtre.
- Speaker #3
Oui, c'est un film qui nous montre que distinguer les individus en catégories, sains, malades, valides, handicapés, instruits, ignorants, c'est, comme vous dites, tout à fait notre société actuelle qui se rapproche de ces dichotomies.
- Speaker #2
La force est réellement de créer une dystopie, réussir à vous plonger dans un monde de futur proche qui vous semble tout à fait accessible et effrayant par certains aspects, puisque effectivement, avoir la possibilité de choisir génétiquement sa descendance, c'est intéressant, ça permet d'avoir des enfants qui ont une longévité, qui ne meurent pas en couche, qui... qui ne contractent pas de cancer à l'enfance. Enfin, je veux dire, toute une somme de souffrances qui semble légitime d'écarter. Mais jusqu'où va-t-on ? Est-ce qu'on a envie d'avoir un docteur en maths ? Est-ce qu'on veut quelqu'un qui mesure plus d'un mètre 90, blond yeux bleus, à un moment où s'arrête la limite ?
- Speaker #3
Et c'est le risque du monde normé, du monde sans surprise, à la recherche de la perfection. Qu'est-ce qu'on fait à force ? S'il y a une faille exogène qui vient perturber ce monde que l'on estime avoir entièrement contrôlé.
- Speaker #0
Trop lisse quand même.
- Speaker #2
Comme Tim Brinshape.
- Speaker #3
C'est ça, ce monde parfait.
- Speaker #0
Merci messieurs pour cet échange passionnant. Je vous propose maintenant une petite respiration musicale, inspirée évidemment par notre sujet du jour, Perfect Day, interprété par Lauride.
- Speaker #1
Just a perfect day, drinks and graines in the water. And then later, when it gets dark, we go home. Just a perfect day, feed animals in the zoo. You just need to hang in there a little longer Just a perfect day Problems all left to me Weekenders on our own It's such fun Just a big day You made me forget myself I thought I was someone else Someone good Oh, c'est un très beau jour. Je suis heureux de te voir. Oh, c'est un très beau jour. Tu ne peux pas juste rester. Tu ne peux pas juste rester. You're not to me, just watch someone. You're not to me, just watch someone. Sous-titrage Soci
- Speaker #0
Ne cherchez pas à changer de station, vous êtes bien sur Ukronia. Ukronia, les chroniques du temps l'attendent. Professeur, cette fois je me tourne vers vous.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Je crois que vous vouliez évoquer aujourd'hui un fait qui vous tient particulièrement à cœur. Vous lancez, je crois, une distinction honorifique, cinématographique, le culte homatique.
- Speaker #1
Ah, le culte homatique, oui. À un moment, il faut faire avancer la société. Et je pense que, modestement, aborder ça par le biais de... de l'objet culturel qu'est le cinéma est intéressant. Et alors là... Alors en effet, donc pour moi, Bienvenue à Gataca est l'incarnation de ces oeuvres que nous traitons dans cette émission. Et c'est film qu'il faut vraiment voir, revoir, s'en inspirer pour nous effrayer et en même temps...
- Speaker #0
Nous questionner ?
- Speaker #1
Evidemment, il faut bien se transposer dans un monde que nous ne connaissons pas encore. Si on avait pu montrer... à tout l'électorat d'Adolf Hitler, les horaires de l'Holocauste, ça aurait été plus intéressant que les rencontres de Nuremberg. Et donc, pour faire connaître un petit peu, évidemment, ces propos défendus par ces films brillantissimes, je vous propose d'introduire officiellement, mais métaphoriquement bien sûr, je ne vais pas le faire physiquement, pourquoi ce film mérite la postérité et d'entrée. au patrimoine mondial, culturel, immatériel, potentiellement de l'ONU si on le souhaite, bien sûr, et notamment par sa facture esthétique rétrofuturiste.
- Speaker #0
Je suis pour, je vote pour.
- Speaker #1
Voilà, qui me rappelle Oscar Le Maillard, enfin, voilà, des choses absolument brillantes.
- Speaker #2
Et, alors, professeur, moi je souscris à votre projet.
- Speaker #1
Cultomatique, cultomatique.
- Speaker #2
C'est très bien et original. Voilà. Il faut quand même voir qu'en 2011, la NASA, la Société Spatiale Américaine, a officiellement décrété que Bienvenue à Gataca était le film de science-fiction le plus réaliste au monde.
- Speaker #0
Plausible.
- Speaker #2
Le plus plausible de l'histoire du cinéma. Et c'est vrai que la puissance de l'œuvre n'est pas spécialement dans les effets spéciaux.
- Speaker #0
Il y en a très peu.
- Speaker #2
Il y en a très peu, mais en même temps, ça permet de se... se projeter dans un futur où on n'ira pas essayer de critiquer le caractère plausible des effets spéciaux et des innovations post-générationnelles, mais on est dans une approche tout à fait convaincante et qui nous laisse la possibilité de nous projeter dans ce futur.
- Speaker #1
Ce sont des astuces de mise en scène aussi, c'est-à-dire que plutôt que de vous montrer tout un aéropage de gadgets technologiques à la James Bond, ils ont préféré la... La pureté de l'architecture intérieure, les commandes vocales pour exécuter la plupart des tâches automatisées. Et puis évidemment, les voitures électriques.
- Speaker #2
Et professeur, vous venez de le dire, de mémoire, le générique d'ouverture du film Bienvenue à Gataca est devenu à l'époque le générique de film le plus révolutionnaire, le plus esthétiquement chouette, qui venait de surprendre. passer justement les films de James Bond où on avait un générique super visuel et tout à l'heure vous abordiez les fameuses lettres et les initiales qu'on retrouve dans ce générique. Donc vous pensiez certainement à la guanine, adénine, thymine ou cystosine.
- Speaker #1
Cytosine. G A T C et donc recomposé G A T T A C C A, Gataca.
- Speaker #2
Et alors bon c'est vrai que...
- Speaker #1
Qui est une séquence ADN, donc du coup qui pourrait coder pour une protéine ou qui aurait réellement un sens biologique.
- Speaker #2
Oui, et les allusions à ce brin d'ADN ou à cette double hélice ADN, on la retrouve tout au long du film. Dans les escaliers, dans l'appartement, dans les escaliers extérieurs des bâtiments, on est sur une architecture dans le film faite de lignes droites, de courbes parfaites.
- Speaker #1
Et d'obsession du détail, parce qu'il faut quand même s'imaginer que pour réussir ce... ce cambriolage, ce piratage de l'institution Gataca, l'acteur principal, Vincent, doit en permanence supprimer toutes ses peaux mortes qui l'identifient en tant que possesseur de l'ADN de Vincent et régulièrement dispose une partie de l'ADN de son piraté, Jérôme, l'handicapé, en déposant des petits fragments de poils, des petits morceaux de peau sur son clavier. des crottes de nez sur son écran, etc. Et qui permet... Vous ne l'avez pas vu ? Il la colle bien, quand même. Et donc, en laissant ces traces ADN de Jérôme, et surtout en supprimant ses propres traces ADN, qui lui demandent un travail laborieux. Tous les matins, il se passe le corps au grand grain. Et d'ailleurs, c'est les scènes de nu les plus fantastiques de l'histoire du cinéma, où on voit ce jeune corps musclé, défait, ben, grec, on peut le dire, d'éthanoc. en se passant et en se massant vigoureusement la peau qui devient toute rouge d'ailleurs.
- Speaker #0
Je vois d'où vient certaines de vos obsessions.
- Speaker #2
Et c'est vrai que...
- Speaker #1
La propreté, c'est fantastique. C'est santé. C'est bon pour la santé.
- Speaker #2
Et cette esthétique, elle est hyper contemporaine. Parce que, en effet, Irène et Vincent font l'amour plusieurs fois dans cet appartement, avec une baie vitrée, quand même, avec la mer qui se jette juste au pied de l'appart, enfin de la maison.
- Speaker #1
On dirait un clip de Kenny West.
- Speaker #2
Presque. Et on aurait pu croire que le réalisateur allait plutôt attirer notre attention sur les courbes d'Oumatourman. Et malheureusement pour moi ou pour d'autres, on voit quand même plus ces tanouks. Mais c'est très contemporain comme approche.
- Speaker #1
Dont le corps nu est quand même omniprésent dans ce film.
- Speaker #2
Et puis vous avez abordé ça. Les véhicules rétro-futuristes, on voit de vieilles voitures des années 60, dont une DS de Citroën, mais qui fonctionne à l'électricité. Ce qui fait qu'on est avec une anticipation de technologies qui ne sont pas obsolètes aujourd'hui. Les systèmes de sanguins pour entrer dans les bâtiments, on aurait pu aller sur un côté digiponcture, analyse de la cornée oculaire. Et non, on a été sur des systèmes qui vont analyser une petite goutte de sang. Et on voit les personnages qui sont piqués assez régulièrement.
- Speaker #1
D'ailleurs, c'est l'astuce que trouve Vincent. Dans le film, il crée des petites capsules qu'il se cache sous la pulpe de ses doigts. Dans ces petites capsules, vous avez quelques gouttes de sang de Jérôme. Et à chaque fois, il se fait prélever une partie de ce sang. C'est le visage de Jérôme qui apparaît sur les écrans. Et on voit très distinctement que ce n'est pas le visage d'Essane-Haut qui se ressemble un petit peu, mais pas complètement. Mais personne ne prête attention à cette identification visuelle. Et ça me rappelait quelque part la carte vitale. Vous pourriez mettre n'importe quel visage dessus, ça ne pose aucun problème. Oui,
- Speaker #2
c'est tout à fait ça, professeur.
- Speaker #0
Écoutez, merci messieurs pour ce nouvel échange. Et je vous invite... dès à présent, à partir dans un nouveau voyage créatif, avec cette fois le titre « Oh, on n'en change pas, un monde parfait » par le groupe Les Innocents.
- Speaker #3
On a des livres de désir, des idoles. Je ne veux pas venir au gaz, il va au stéril. Tout un délancier. Même invisible, laisse la main dans la terre. Les chambres, les cercueils, ils laissent. Puis on en est. Comme une gueule, on cherche un emploi. Tout reste à pied. C'est qui les péridons, nos cuisses en derrière. Et on a perdu, aujourd'hui, devenue notre histoire. On a mis en oeuvre des métiers. C'est comme une porte, on a pas de planète. la vague est jusqu'à l'eau de la nuit c'est un mot pour la vie et la vie est une vie et la vie est une vie
- Speaker #0
N'achangez pas de fréquence, vous êtes bien sûr un Uchronien. Uchronien, les chroniques du temps latent. Alors avant la pause, nous étions sur une nécessaire compréhension des archétypes déconstruits. Je vous propose désormais de sonder l'avènement du règne de l'homme.
- Speaker #1
Oh, l'homme parfait, bien sûr, l'homme parfait. Effectivement, Pénélope, mes collègues admettent quand même, depuis ces dernières années, nous avons changé d'air, nous sommes rentrés dans l'ère de l'anthropocène.
- Speaker #2
Et c'est même remis en cause ces temps-ci avec des découvertes archéologiques. On voit, il y a la révolution du LIDAR, la cartographie satellitaire, spatiale. Mais on découvre aussi qu'à l'époque romaine, déjà on pouvait chercher à faire des forages pour extraire des minerais à travers du plomb. et qui aurait pu déjà avoir un énorme impact sur la société de l'époque, une pollution à échelle planétaire. Et c'est vrai que cette ère de l'anthropocène, c'est souvent l'ère de la domination de l'homme.
- Speaker #1
Alors ça veut dire surtout, stricto sensu, que l'homme est en train de modifier les schémas géologiques de la planète du fait de sa présence sur Terre. Tout à fait. Évidemment, quand on pense aux différentes aires géologiques, on se dit que chaque espèce animale a laissé ses squelettes, son mode de vie, sa végétation et a laissé une trace dans chaque strate géologique. Nous, on laissera des morceaux de plastique, des bouts de métal et des prothèses mal faites. Alors bien sûr, bienvenue à Gataca, c'est un manifeste contre l'eugénisme. L'eugénisme étant la volonté, évidemment, de contrôler le génome de la population humaine et de choisir qui a le droit et qui n'a pas le droit, surtout, d'avoir des descendants. Mais donc c'est surtout, non seulement une note contre l'eugénisme, mais une note évidemment aux imperfections. Et donc s'imaginer que ces petits pirates... soit capable de truander une institution si performante et glaçante, un système véritablement parfaitement huilé, calibré, de détection intense, de surveillance permanente, une volonté de faire des individus extrêmement brillants intellectuellement et surtout sélectionnés pour leur qualité génétique et intellectuelle. Véritablement une société de... de l'élitisme génétique. Et donc, ce jeune pirate Vincent réussit à ses fins. Il faut quand même le dire que ce film se termine bien. Du moins, il parvient effectivement à réaliser son rêve.
- Speaker #2
Oui, mais on est dans un monde où les pianistes, on s'y doit à chaque main. C'est là où on se surpasse. On est prédestiné à réussir et à accéler dans un domaine qui va servir à la société rationaliste. Et là, quand même, on a un entretien d'embauche. Vincent, quand il arrive, pense qu'il va faire son entretien d'embauche, alors que finalement, le seul entretien, c'est je fais un test génétique et si c'est conforme, c'est bon, vous êtes accepté, bienvenue à Gataca.
- Speaker #0
C'est terrible.
- Speaker #2
Alors ce film, il pose quand même au moins deux questions morales distinctes. Est-ce qu'il est moral de modifier la nature humaine ? Peut-on agir contre nos prédispositions biologiques ?
- Speaker #0
Ah oui, ça c'est un grand écart.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #1
c'est vrai que tout ça, ça met en perspective la notion même de race qui réellement est apparue au 18e siècle, pas plus tôt. Alors que les termes avaient été abordés bien avant. Henri IV par exemple avait présenté l'un des membres de sa famille en disant celui-là est de ma race. Oui. Il ne disait pas « c'est un béarnais comme moi » . Non, non, il fait partie de ma famille, il a mon sang en fait. La race était réellement la lignée en fait. Et progressivement, c'est devenu en fait quelque chose de beaucoup plus structuré scientifiquement jusqu'à faire des distinguos entre races, ce que l'humanité n'a jamais fait.
- Speaker #2
Oui, et dans le film, une des séquences clés, les parents de Vincent... De Jérôme. De Jérôme, autant pour moi. Échange avec les généticiens pour prédisposer. Et le scientifique répond, mais moi j'ai pris la liberté de supprimer toutes les conditions potentiellement préjudiciables. La calvitie, la myopie, l'alcoolisme, la propension à la violence, à l'obésité. Et le père, nous on se demandait si on devait laisser quelque chose au hasard. Et... Et le scientifique qui répond, vous voulez donner à votre enfant le meilleur départ possible ? Croyez-moi, nous avons assez d'imperfections comme ça dans la vie. Votre enfant n'a pas besoin de tard supplémentaire. Et pour à peu près 5000 dollars de plus, on peut rajouter le don de la musique ou des mathématiques.
- Speaker #0
Ne pas oublier l'argent quand même.
- Speaker #2
Oui, on est sur une approche déterministe quelque part.
- Speaker #1
Mais partant d'un bon sentiment finalement. Oui, bien sûr. Qui ne veut pas avoir des enfants qui finissent centenaires ? Ça reste légitime. On n'a pas envie de les voir souffrir, avoir une vie difficile, avoir des difficultés intellectuelles qui les amèneraient à un mauvais parcours scolaire. On a envie de les voir briller. Et forcément, si on vous donne l'outil technologique de choisir, qui ne ferait pas le choix, très sincèrement ? C'est bien pour ça que ce film pose les bonnes questions.
- Speaker #0
Du coup, puisqu'on en est là, messieurs, pour vous, c'est quoi les ingressifs ? les ingrédients de l'homme parfait ? Quelles sont ses valeurs ? Quelles sont ses capacités ?
- Speaker #1
L'homme parfait, c'est un homme responsable.
- Speaker #2
C'est quand même un homme qui sait s'amuser. Et parce que, je vous dis ça, parce que je pense à Jean-Paul Sartre qui disait même programmé, l'homme n'échappe jamais à sa liberté. Il est condamné à être libre. Mais la perfection n'est pas synonyme de bonheur.
- Speaker #1
Il est quand même toujours prêt à vous écouter également.
- Speaker #2
Oui, il reconnaît ses défauts, ses limites.
- Speaker #1
Il est intentionné.
- Speaker #2
Il aime danser.
- Speaker #1
Il est sincère.
- Speaker #2
Il sait cuisiner.
- Speaker #1
Il sait être sérieux.
- Speaker #2
Et il sait certainement être serviable.
- Speaker #1
Ah oui, c'est sûr que ça. Ça fait quand même beaucoup. Ça fait quand même beaucoup. Et là, c'est plus de la perfection, c'est de l'utopie.
- Speaker #2
C'est peut-être le surhomme. Peut-être professeur, ça vous fait penser à quelqu'un en particulier ?
- Speaker #1
Monsieur Rome, à Nietzsche bien sûr, j'imagine.
- Speaker #2
Dans notre mythologie contemporaine, peut-être Superman ? Ah,
- Speaker #1
Superman, le creptonien.
- Speaker #2
Et puis moi je pense à Thomas Pesquet.
- Speaker #1
Thomas Pesquet.
- Speaker #2
On ne peut pas ne pas aimer Thomas Pesquet.
- Speaker #1
Tout le monde l'aime.
- Speaker #2
Peut-être qu'il se drogue, peut-être qu'il se fait aider par un jumeau. En tout cas, c'est bien fait. Il est ingénieur, pilote de ligne, premier des cadets d'Air France, polyglotte, il connaît six langues, ceinture noire de judo, fan de parachutisme, alpiniste, VTT, photographe. Il a coché toutes les cases.
- Speaker #1
Il fait une centaine de pompes tous les jours.
- Speaker #2
Oui. Il n'arrivait pas de sexuel non plus.
- Speaker #1
C'est quelqu'un vraiment d'admirable. Oui,
- Speaker #2
mais moi, ça me rappelle un spectacle d'Emmanuel P... Payet, comme il s'appelle maintenant, qui évoque quand il avait mis sa fille à l'école Montessori. Peut-être que Thomas Pesquet ne devrait plus être ce modèle que l'on cherche quand même en tant que parents tous à vouloir rejoindre. Peut-être qu'on n'en peut plus de ce genre de surhomme. Peut-être dehors Buzz Léclair. Alors heureusement, il y a Sophie Adnault maintenant, qui est peut-être un nouveau modèle. de la conquête spatiale. Après,
- Speaker #0
c'est un surhomme parce qu'on se le figure comme ça.
- Speaker #1
Mais selon lui,
- Speaker #0
pour lui, il n'est pas un surhomme. Non,
- Speaker #2
peut-être qu'on rêve toutes et tous de...
- Speaker #1
C'est un projet Nietzschean, évidemment. Personne ne s'imagine être un kryptonien comme Kalel débarquant sur Terre à l'intérieur d'une capsule. Alors évidemment, après, ça vous laisse un destin intéressant, mais évidemment, ça fait beaucoup de scie.
- Speaker #0
sans cesse sous le regard des autres. C'est ça. Ce qui induit évidemment la perfection.
- Speaker #1
Avec cette fameuse maxime de Spiderman, un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités, bien sûr.
- Speaker #0
C'était pas son oncle qui disait ça, plutôt ?
- Speaker #1
Aussi.
- Speaker #0
Après toutes ces émotions et ces débats haletants, je nous propose une autre respiration musicale, cette fois avec le titre Creep, par Radiohead.
- Speaker #3
When you're in the fall Quand tu regardes, tu es comme un ange. Ta peau me fait pleurer.
- Speaker #2
Je ne veux pas que tu me vois.
- Speaker #3
Dans un beau monde. Je veux être spéciale, mais je suis plus libre. Je suis plus libre que les autres. Je ne sais pas ce que je vais dire. So fucking special I wish I was special But I'm a queer I'm a weirdo But I don't want to admit I don't belong to you Merci.
- Speaker #0
Ne cherchez pas à changer de radio, vous êtes bien sur Uchronia, Uchronia, les chroniques du temps latent. Pour notre déjà dernier échange, messieurs, je vous propose d'inaugurer la dernière création du professeur Mac Laughlin. A savoir que notre studio a été aménagé spécialement pour offrir aux auditeurs une pièce dédiée à l'immersion et la simulation en limitant les risques. J'ai une petite assurance. Aussi, je propose à notre technicien... s'il vous plaît, Frankito, de lancer la procédure d'accès au Macloth-Lenarium.
- Speaker #2
Vous êtes sûr ? J'y vais ?
- Speaker #0
Oui, allons-y.
- Speaker #2
Je crois qu'il faut qu'on s'accroche.
- Speaker #0
Alors, accrochez-vous, chers auditeurs, chères auditrices. Et pardon pour le bruit. Alors là mesdames et messieurs, notre plateau descend.
- Speaker #2
Oui.
- Speaker #0
Et je crois que c'est...
- Speaker #3
Qu'est-ce que tu,
- Speaker #0
professeur de mémoire ? Une dizaine de mètres ?
- Speaker #1
Oui, un peu plus, 25 mètres sous terre.
- Speaker #0
Et dans une pièce bunker.
- Speaker #1
Oh, je me suis dit que c'était le plus pratique. Ça me permettrait d'avoir un endroit où aller faire mes besoins.
- Speaker #0
C'est pour ça que les voisins ne doivent pas vous...
- Speaker #1
Attention à la tête !
- Speaker #0
Oula,
- Speaker #1
Laissez passer les machines, ne bougez plus ! Oui, oui, attention, oui, voilà.
- Speaker #2
C'est chouette !
- Speaker #1
Ah bah oui, quand même, il y a un peu de travail.
- Speaker #0
Impressionnant.
- Speaker #1
C'est cosy. Alors bon, auditrice, auditeur, nous voici donc dans ma salle de simulation. Le module de reproduction de scènes de films n'est pas encore tout à fait opérationnel, mais je vais vous charger donc ma nouvelle... Intelligence Artificielle Générative, Bruno Hilde, qui va nous accompagner durant cette séquence.
- Speaker #0
Bruno Hilde, vraiment, ça pique un peu quand même.
- Speaker #1
C'est un prénom très répandu sous le règne des ducs de Bourgogne, avec Marie, Catherine ou Jeanne.
- Speaker #0
C'est sympa.
- Speaker #1
Oui, j'aime bien. Il faut évidemment la prédestination, dépasser les barrières que la société nous avait commandées et programmées.
- Speaker #2
C'est vrai que ce film et dans cette pièce de simulation, on est vraiment dans une approche où le... On est avec le rêve secret de chacun. On observe au quotidien les ravages de tests ADN qui sont réalisés. Moi, je le vois dans la société Regenetics, on a la possibilité d'ajouter des gènes isolés en plus de la sélection. On peut supprimer carrément des... Je pense à du dysformisme. du palatelouse skin syndrome, des anormalités du système nerveux, tout ce qui peut être une mutation germinale.
- Speaker #1
Qui reste quand même des maladies extrêmement rares.
- Speaker #2
Oui, mais c'est souvent ce qu'on va appeler les maladies orphelines. Et ça, on peut commencer à l'identifier, à le traiter. Mais ce que montre ce film, c'est quand même qu'on peut accomplir son rêve à force de travail et de conviction.
- Speaker #1
Ah, cela me fait penser à mon frère. Ah,
- Speaker #0
c'est parce que vous avez un frère ?
- Speaker #1
Évidemment, comme tout le monde.
- Speaker #2
Alors, professeur, sans vous mettre dans l'embarras, est-ce que ce serait pas le fameux Harry Loughlin ?
- Speaker #1
Ah, Harry Hamilton Loughlin, qui, dans des temps reculés quand même, avait été... décorée de l'université d'Eidenberg en 1936 par le régime nazi. Mais bon, pour ses travaux sur l'eugénisme aux Etats-Unis, il faut le dire, les nazis étaient fascinés par les scientifiques américains.
- Speaker #0
Alors justement, est-ce que nous pourrions demander à Bruno Hilde, Bruno Hilde, les infos qu'il a en magasin ?
- Speaker #1
Oui, c'est le gros bouton rouge là.
- Speaker #2
D'accord.
- Speaker #1
Pompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompompomp ont ainsi été stérilisés au cours de la seule première année complète.
- Speaker #2
C'est hallucinant ce que peut faire l'intelligence artificielle aujourd'hui.
- Speaker #0
Et les propos sont juste effrayants.
- Speaker #1
C'était déjà l'objet d'un autre film de Costa Gavras, Amen, qui traitait de cette horreur où le régime nazi avait décidé de stériliser massivement des enfants handicapés. Et au final, c'était tout le propos du film. Le pape était intervenu pour faire stopper la procédure. Alors que précisément, il n'est pas réellement intervenu dans le massacre de la population tigane et juive.
- Speaker #2
Et homosexuelle. Et moi, ça me fait vraiment penser que Gataka est quand même avant tout un film politique.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Alors,
- Speaker #1
ça tombe bien parce que je crois que, professeur, vous avez une cartouche sur un projet ADN. Oui,
- Speaker #2
c'est évidemment encore Brunhild qui s'est permis de reconditionner des esprits contemporains impactés par notre thème du jour. Je vous propose de lancer une requête politique et génétique pour voir ce qu'elle nous propose.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Au sujet, par exemple, de... De feu, monsieur Le Pen, ça pourrait être intéressant.
- Speaker #1
Bon,
- Speaker #0
je lance ça. Allons-y.
- Speaker #2
Alors, monsieur Le Pen, alors n'est-ce pas, si tôt la vie apparaît, que la colère n'est en moi, mon tutelle de fureur me revient en mémoire l'Algérie, mes filles, et ma détestation pour les hommes de couleur, n'est-ce pas ?
- Speaker #1
C'est particulier.
- Speaker #2
C'est une simulation, évidemment. Tout ça ne repose pas sur grand-chose.
- Speaker #1
Moi, ça me fait penser que, pour de vrai, aujourd'hui, nous, on est capable de mettre en application des rêves souvent ultimes. Mais je ne sais pas si ça plairait à M. Pallant. C'est, par exemple, le triolisme génétique. C'est limite ce qu'on voit dans le film entre Irène, Vincent et Jérôme. Mais aujourd'hui, moi, je suis capable de... prendre une femme âgée qui a presque ménopausé et qui voudrait encore avoir un enfant. On peut prendre son ovule de vieille, on peut l'injecter dans un ovule de femme plus jeune et on peut rajouter à ça le spermatozoïde d'un mâle. Ça va nous faire un bébé tout à fait viable, sauf qu'il aura trois parents. Je ne sais pas si ça plairait à la famille pour tous.
- Speaker #2
C'est ce qui existe parfaitement tous les jours lors des inséminations artificielles avec des dons de vos sites.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #2
Quelque chose d'extrêmement ordinaire. Alors après, effectivement, Bienvenue Gataca est aussi un film d'amour, il faut le dire, avec une personnage principale, Irène, qui tombe amoureuse de Jérôme par le prisme de Vincent. C'est tout le paradoxe des jeux d'ombre. Au final, elle ne rêve que de Jérôme et de ses formidables capacités génétiques, voyant en elle probablement un géniteur parfait, intellectuellement et génétiquement, alors que c'est l'esprit de Jérôme dont elle est finalement amoureuse.
- Speaker #1
Et pas le corps de
- Speaker #2
Vincent. La vie est le corps parfait de Jérôme.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Le corps parfait d'Ethan Hawking. Et professeur ? On n'avait pas une seconde capsule ?
- Speaker #2
Plus douloureuse, oui, effectivement. Au sujet de mon frère, évidemment. Bruno Hilde a effectivement retrouvé une capsule simulant son épitaphe.
- Speaker #1
Je vous lance ça.
- Speaker #2
Merci, oui. Monsieur McLaughlin, c'était mon frère. Sur la modeste pierre tombale, sous ses noms, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription « Mort pour la France à l'âge de 28 ans » . Voilà, monsieur Lafline, je le répète ce que cela signifie pour moi. à la France. Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura une inscription. Elle sera ainsi débilée. John Laughlin, mort pour Hitler, fusillé par les Français. Bonne nuit, monsieur Laughlin, et dormez bien, si vous le pouvez.
- Speaker #1
Ça montre que... moi ça me rappelle un pendant de l'histoire et de nos potentiels. C'est vrai que je trouve que... Chacun, en raison de son conditionnement, estime être dans une position idéale dans la société, du fait que nul n'en vit la caste d'un autre. Et c'est ce qui pourrait contribuer peut-être à l'objectif ultime de tout système social, la stabilité. Moi, je vous propose de réfléchir à ça. On le voit même à la fin du film, juste avant le départ, Vincent va se... risque de se faire coincer. Il n'avait pas prévu, avant de monter dans la navette, qu'il y aurait un ultime test. Et le docteur Lamarre se rend compte de la vérité, voit que ça pourrait être son fils, et du coup, il le laisse partir. Et je pense que c'est beau quand même, dans un film, de voir que ça peut se terminer comme ça.
- Speaker #0
Écoutez, merci, merci beaucoup, messieurs. Je vous remercie pour ces échanges intelligents et si éclairants. Merci, M. Julien Huxley, pour votre expertise. Et merci cher professeur Mike Losslin, malgré ce moment tendu pour vous. Pour conclure, chères auditrices et chers auditeurs, place maintenant à la magie d'Actu Cronia. Pour aller plus loin sur cette thématique et explorer votre côté anti-héros, nous vous invitons à voir, revoir, visiter ou lire. Si vous en avez la possibilité, nous vous recommandons fortement de revoir le film Bienvenue à Gataca, aux éditions DVD format Superbit sorti en 2003. Chez Columbia Tristar ou l'édition 4K Ultra HD Blu-ray sorti chez Sony en 2021. Et évidemment les autres films d'Andrew, Nicole et notamment Simone par exemple. Un comics français, Genetics, en trois tomes par Richard Marazzano et Jean-Michel Ponziot, édité par Futuropolis qui est sorti en 2006. Aldous Huxley, évidemment le seul, l'unique, pour Le Meilleur des Mondes, la nouvelle traduction. Chez collector poche édition spéciale qui est sorti le 10 octobre 2024 évidemment george orwell son pendant avec la ferme des animaux accrochez-vous aux branches il est traduit de l'anglais des préfacés par stéphane labbé édition le livre de poche jeunesse achète 2021 revoir ou voir peter o'hare the true man show le combo usd 4k plus la bd chez paramount sorti en 2023 Et puis, si vous avez l'occasion, la série Fringe, que j'idolâtre, qui est par Gigi Abrams et Alex Kurzman et Roberto Orsi, sortie en 2008 chez Fox et Warner. Et puis, si vous pouvez retrouver absolument en DVD le film de Costa Graveras, dont nous parlait Professeur, amène chez Pathé en 2003. Rappelez-vous, chers auditeurs, chers auditrices, on n'est pas forcément l'image que vous percevez de nous. Mesdames, messieurs, c'est le moment de nous quitter. J'ai hâte de vous retrouver pour un prochain épisode d'Ukronia. En attendant, vous pouvez nous écrire à l'adresse mail ukronia1984.gmail.com, le tout en minuscules. Retrouvez-nous en podcast sur toutes les plateformes et en particulier sur Ausha et sur le site de Radio Campus et pour les prochains épisodes en FM sur le 92.2. Sur le DAB+, sur tous les postes modernes, en direct live sur le site www.radiodijoncampus.com. Ucronia, les chroniques du temps l'attend.