- Speaker #0
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Uchronia. Je suis Pénélope Solette et en principe je suis accompagnée, du jour là, par le professeur John McLoughlin. Bonjour !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Belle forme ! Et pour cette séance, en qualité de témoin du jour, nous recevons Fuyuhiko Masui, pardon pour la prononciation.
- Speaker #2
A vos souhaits !
- Speaker #0
Bravo professeur ! Professeur en gastronomie quantique et directeur de la chaire UNESCO Culture et Sensorialité Umami, détaché du Gastronomy Innovation Lab de l'Université de Tokyo sur l'Université Bourgogne-Europe. Bonjour !
- Speaker #1
Konnichiwa !
- Speaker #0
Uchronia, les chroniques du temps latent. Aujourd'hui, au sommaire de notre émission, nous allons mettre en lumière le film Le voyage de Shihiro réalisé par Hayao Miyazaki et sorti en salle en 2001. Un classique de film d'animation japonaise. Un film... difficilement classable, dont certains y voient une version actualisée d'Alice au Pays des Merveilles. Un film qui nous pousse à réfléchir sur notre rapport au travail, à la place accordée aux enfants dans un quotidien d'adultes empêtrés dans un comportement de surconsommation. Et qui repousse, bien sûr, les limites de la catégorisation et du genre. Le Voyage de Shihiro est un des films les plus salués d'Ayao Miyazaki. mais aussi un de ses plus mystérieux dans la compréhension de son scénario. Je ne suis pas sûre que le professeur nous aide sur ce coup-là. Il faut dire que nous avons été littéralement submergés par les demandes de nos auditeurs sur le sujet. Cette séance, écrite littéralement aux petits oignons, sera en immersion complète au Japon, dans la ville de Matsuyama, dans la préfecture de Eimei. C'est pareil, la prononciation doit être aléatoire. sur la grande île de Shikoku. Nous aurons le loisir de nous arrêter dans la maison de thé flottante de Jufen, une ville au nord de Taïwan. Ce voyage sera ponctué de quelques respirations musicales avant de terminer par nos recommandations, et évidemment subjectives, la séance Actu Cronia. Alors messieurs, pour notre premier échange, je vous propose de lancer la procédure d'accès au Maclouflinarium. Ah ouais, on commence ! par le McLoughinarium. En effet, monsieur Mazui, je ne sais pas si vous êtes au courant, nous vous avons préparé une petite surprise, n'est-ce pas, professeur ?
- Speaker #2
C'est une expérience, bien sûr, et nous allons descendre dans notre cave secrète. Attention, je change les manettes, je me mets la ceinture... Ça marche ! Égarde-vous ! Viens, mon soeur, prendre la pièce, s'il vous plaît.
- Speaker #0
Vous êtes au-dessus d'une dizaine de mètres.
- Speaker #1
Vous êtes toujours étrange.
- Speaker #2
Mais ce qui s'est passé, le chinois ?
- Speaker #1
Ah,
- Speaker #2
si, il est là.
- Speaker #1
Je l'ai connu, monsieur. Ah, oui,
- Speaker #0
pardon. C'est qui, l'hiver ?
- Speaker #2
Attention ! Ouh là ! Attention, les doigts !
- Speaker #0
Mais où sommes-nous, professeur ?
- Speaker #2
Eh bien, sous le studio, à 70 mètres sous terre, et derrière, une barrière de béton.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #2
Je cherche la lumière. Voilà.
- Speaker #1
On y est.
- Speaker #2
Nous allons pouvoir descendre.
- Speaker #0
Mais ne serait-ce pas la ville de Matsuyama ?
- Speaker #1
Mais oui, c'est vrai, vous avez raison. Oui, dans le Dogo Onsenonkan.
- Speaker #2
Le fameux château du samouraï à côté de Kyoto, Gemeline.
- Speaker #1
Alors, ça ressemble... On dirait que vous avez mis un filtre Tchad GPT. mais écoutez On dirait le château de l'Auxoie, mais mélangé avec cette bonne vieille province de Hansen.
- Speaker #2
C'est fabriqué avec de la pierre de Bourgogne quand même.
- Speaker #0
Messieurs, nous allons pouvoir aborder notre premier sujet.
- Speaker #2
C'est vrai, n'est-ce pas ?
- Speaker #0
On est bien, c'est vrai qu'on est bien.
- Speaker #2
J'ai mis des petites bougies au fond.
- Speaker #0
Le professeur est extrêmement dissipé, je vous prie de nous excuser. Pardon. Messieurs. Recoupez-vous un tout petit peu, professeur. Alors selon vous, quelles pouvaient être les inspirations de notre réalisateur ?
- Speaker #2
Miyazaki, évidemment, est un auteur de bande dessinée qui a avant tout écrit des mangas. et qui a créé un dessin animé événement, Nausicaa de la Vallée du Vent, qui lui a permis d'être à l'origine de ses studios, les studios Ghibli. Son aventure fantastique qu'il avait évidemment imaginée de longue date pour concurrencer les studios Disney, qui était son ambition.
- Speaker #0
Je croyais qu'il se destinait plutôt à une production pas pour les enfants, justement.
- Speaker #2
Le manga en général non, c'est plutôt destiné aux adultes, c'est perçu en fait comme de l'animation et de l'animation effectivement pour enfants en Europe mais au Japon ça a toujours été un support en fait d'images comme un autre.
- Speaker #1
Alors c'est vrai qu'en plus, vous avez raison professeur, Miyazaki c'est quand même un auteur à influence occidentale. On retrouve souvent ça... Des références à Blanche-Neige, qui était le premier film Disney sur grand écran, La Pomme, qui est souvent le symbole de la mort, et par-delà les cases étroites des mangas, Miyazaki nous transporte dans une pure tradition japonaise, notamment à partir de Mon Voisin Totoro.
- Speaker #2
Alors de l'aveu même de Miyazaki lui-même, l'une de ses grandes influences était l'auteur de bande dessinée Roland Giraud alias Moebius, dont il s'inspirait largement au niveau de ses personnages, de ses formes très biologiques, très inspirées, des formes un peu fétales.
- Speaker #0
Organiques.
- Speaker #2
Très organiques, tout à fait, avec un imaginaire particulièrement européen. Il voulait se détacher un petit peu de l'univers strictement asiatique et japonais pour s'ouvrir au monde et conquérir le monde avec sa culture et ses dessins, bien sûr.
- Speaker #0
Le haïsti ne vaut rien au professeur, visiblement.
- Speaker #2
C'est pas faux.
- Speaker #1
Il est très fermenté.
- Speaker #2
Et donc le principal démarrage et succès de Miyazaki, c'est... Les aventures d'un cochon volant en Italie, dans le golfe de Gène, où un pilote d'avion se transforme en cochon et décide de s'opposer à l'arrivée du fascisme en Italie en mettant en avant une culture de l'anarchie. très italienne, très relancharde par rapport au succès des Jemises Noires.
- Speaker #0
Mais est-ce qu'on peut dire que Miyazaki a été aussi très influencé par la Seconde Guerre mondiale ?
- Speaker #1
Par les guerres, c'est vrai qu'on peut trouver dans Porco Rosso presque une ouverture à ce qu'on appellera plus tard une vision steampunk. Et puis...
- Speaker #2
Alors il a passé également, Miyazaki, son père, dessiner des avions de chasse pour l'armée japonaise.
- Speaker #1
Et moins connus, mais ses premiers courts-métrages, Memories, renvoient au ravage de la guerre nucléaire. Miyazaki voulait vraiment permettre aux jeunes générations de ne pas oublier la Seconde Guerre mondiale. et... et les millions de morts.
- Speaker #2
Mais également mettre en avant aussi la souffrance du peuple japonais pendant la guerre et après la guerre, où ils ont vécu la misère, les orphelinats, les enfants ayant perdu leurs parents, et toute cette misère sociale qui a donné cette espèce de résilience japonaise après la guerre et leur formidable capacité de travail vient de là, précisément de la douleur et de la perte.
- Speaker #1
Miyazaki, on le verra un peu chez mon voisin Totoro, Pogno sur la falaise, il cherche vraiment à donner aux Japonais le temps de prendre... De prendre le temps d'apprendre et vraiment que l'idéal ne soit pas inaccessible. Qu'on arrive à se construire dans le monde dans lequel on est sans oublier le passé. Donc il y a à la fois la nature, le progrès, l'idée d'aller plus loin.
- Speaker #0
Oui, rappeler aux enfants le passé en comptant sur eux, sur les enfants, pour le futur.
- Speaker #1
C'est aussi une grande référence au grand maître japonais de l'animation, Osamu Tezuka, qui avait été notamment l'auteur d'Astro Boy. Il va surfer sur ce succès-là, mais il va en profiter pour redonner des lettres de noblesse à la culture japonaise.
- Speaker #2
Alors précisément en insistant, tout en s'inspirant évidemment, comme dans Porco Rosso, d'un environnement purement européen comme l'aviation italienne, mais tout en y mettant énormément de valeurs japonaises, de densité, de culture japonaise, dans un environnement qui n'est absolument pas japonais. Et d'ailleurs le studio Ghibli s'est construit aussi en opposition au réalisateur de manga Takahata. avec lequel finalement, Miyazaki s'est construit un petit peu comme une opposition entre un Roger Federer et un Rafael Nadal. Et à chaque fois se disputaient en fait les entrées en salle, les succès publics. Et aux succès publics de l'un répondait l'autre avec une version un petit peu différente. Et donc là, nous parlons aujourd'hui du Voyage de Chihiro qui est une réponse au Pob Poco de Takahata.
- Speaker #1
qui a su faire revenir les esprits et l'âme du Japon à travers des animaux presque anthropomorphiques.
- Speaker #2
Alors ce film est complètement dingue d'ailleurs, il s'agit quand même des espèces de ratons laveurs qui se glissent quand même la peau de leur testicule sur la tête pour se déguiser. C'est complètement fou.
- Speaker #1
Alors ça me rappelle...
- Speaker #0
C'est la vision, hein, professeur ?
- Speaker #2
C'est pas la mienne, c'est celle de Takahata. Alors là, pour le coup, ne me mettez pas ça sur le dos.
- Speaker #1
Ça me rappelle la recette des œufs en meurette. que vous avez en Bourgogne. Et il faut savoir qu'au Japon, on se nourrissait quasiment exclusivement de riz, jusqu'à les années 30 à peu près. Et il fallait toujours conserver un peu de reste. Et quand on n'avait plus de viande, plus de poulet, plus de poisson, on mélangeait le riz avec une sauce un peu comme vous avez, avec... les restes du bœuf bourguignon chez vous en France.
- Speaker #2
Et les marmorailles ?
- Speaker #1
Ça me donnerait l'eau à la bouche.
- Speaker #0
Écoutez, j'en profite. Monsieur Mazoui, il me semble que c'est votre épouse qui a écrit de nombreux ouvrages, dont un dictionnaire gourmand du Japon. C'est bien ça ?
- Speaker #1
Mon épouse, Shioro. Il faut savoir que la gastronomie japonaise, elle évoque une multitude de mets, de saveurs, de traditions. Le dashi, kaiseki, le nabe, ponzu, le sake, sushi, tempura, la cérémonie du thé. C'est vrai que ma femme, Chihiro, elle vous propose des livres de recettes pour faire un pont entre nos différentes cultures.
- Speaker #0
Est-ce que vous pourriez nous en profiter de l'occasion pour nous présenter votre activité quotidienne, s'il vous plaît ?
- Speaker #1
Alors avec ma femme, Chihiro, nous sommes les deux facettes d'une ingénierie, d'une exaltation de la gastronomie nippone. Elle s'évertue à influencer les chefs en alléchant le grand public de ses recettes. Et de mon côté, je contribue à faire rayonner la typicité culinaire, une signature olfactive, gustative qui reste accrochée aux papilles et aux stimuli cérébraux. Donc c'est la résonance telle que nous pourrions comparer cette sensation à une addiction quelque part.
- Speaker #2
Et de votre goût pour l'umami.
- Speaker #1
Tout à fait. Et donc j'ai cherché à ancrer la gastronomie dans l'intemporel. en aidant nos concitoyens à retrouver cette nouvelle saveur.
- Speaker #0
Ce qu'on appelle maintenant la cinquième saveur.
- Speaker #1
Cinquième saveur.
- Speaker #2
Le cinquième goût.
- Speaker #1
En japonais, ça signifie le goût savoureux. C'est à la fois un peu sucré, salé, amer et acide. Et donc, ça fait une sorte de... C'est un terme qui a été inventé par un de mes prédécesseurs, le chimiste Ikeda, en 1907. et il a découvert que C'était notamment lié au glutamate. Et donc c'est un acide aminé qui est l'un des plus courants dans notre alimentation. Et ça fait un effet « ouah » sur le palais.
- Speaker #2
Pour les Européens, ça correspondrait à peu près à l'astringence, pour vous donner l'image.
- Speaker #1
Oui, c'est ce qu'on retrouve dans notre plat très populaire qui est le dashi.
- Speaker #0
Merci beaucoup pour cet éclairage. Et pas merci parce que maintenant, évidemment, j'ai faim. Je vous propose de passer directement à notre deuxième sujet, le Mitch and Pitch, qui est A mon avis, il serait peut-être plutôt tourné sur une critique des parents, voire des adultes en général, comme pensez-vous ?
- Speaker #2
Alors, le voyage de Shiro, ou Sento Shiro no Kamakouchi, nous compte l'histoire de Shiro, une petite fille japonaise de 10 ans dont les parents sont transformés en cochons. Elle se retrouve livrée elle-même dans un monde de dieux, d'esprits et de monstres, une ville de bain régie par une sorcière, Hubaba. Et donc, dans ce lieu étrange et fantastique, les humains inutiles sont changés en animaux ou disparaissent. Pour survivre, Shihiro doit abandonner son nom et commencer à travailler. Pourra-t-elle sauver ses parents et un jour revenir dans son propre monde ? Ça, c'est le film qui tremble.
- Speaker #1
C'est vrai que Chihiro, c'est juste une enfant normale, un peu triste de devoir déménager à la campagne. Elle est vraiment très triste dès le début, mais même si elle est renfermée et même si rien ne l'enchante vraiment, elle va toujours avoir cette volonté de survivre, d'être bienveillante, d'aller de l'avant. et c'est ça qui est qui est une quête pour elle de sauver ses parents et de repartir de ce monde un peu étrange.
- Speaker #2
Alors, elle correspond aussi à la mentalité des jeunes japonais de l'époque, blasés, lassés de tout, obsédés uniquement par les univers de jeux vidéo, les mangas et le loisir, alors que leurs parents étaient au labeur et obsédés par le profit, l'argent et la construction d'une famille.
- Speaker #1
Oui, alors c'est vrai que... Miyazaki fait quand même confiance à cette nouvelle génération qui arrive et il pense qu'elle trouvera les bonnes réponses pour un développement harmonieux sans laisser tomber les anciens. Il nous présente des personnages, ça me fait toujours rêver parce que dans ses œuvres, chaque grande scène se termine par un repas plantureux. Et là, par exemple, les parents vont se retrouver à...
- Speaker #0
C'est ce qui les perd,
- Speaker #1
c'est le repas. C'est leur faiblesse.
- Speaker #2
C'est tellement japonais finalement, puisque les japonais passent assez peu de temps à table, ils arrivent à ingurgiter des quantités phénoménales de nourriture en un temps record. Ça c'est typiquement et traditionnellement japonais d'expédier un repas que vous aviez presque mis 2 ou 3 heures à réaliser, et en 10 minutes c'est réglé. Oui.
- Speaker #1
Mais il y a ce petit côté, alors on y reviendra peut-être un peu plus tard, mais il y a le repas, et par exemple je pense aux onirigues, les boulettes de riz, qui viennent consoler. Il y a toujours quelque chose qui vient sustenter, apaiser les temps, adoucir les relations, et voire même créer de la relation par-delà les blessures, le climax qu'on pourrait trouver. dans une histoire.
- Speaker #2
Oui, parce que la situation est particulièrement de crise, puisque à peine les aliments ingurgités, les parents se transforment tout de suite en cochons, et évidemment ça demande de la part de Chihiro du courage, de la force, de la vertu, pour réussir à se discipliner et puis survivre dans cet univers.
- Speaker #0
Il y a des qualités d'adaptation fantastiques.
- Speaker #1
Oui, elle doit accomplir sa tâche, Chihiro, dans un monde organisé, hiérarchisé, elle doit à la fois accepter les règles,
- Speaker #0
Sans les connaître.
- Speaker #1
Sans les connaître.
- Speaker #2
Et les deviner.
- Speaker #1
Mais elle les apprend, elle se soumet à une autre volonté qu'à la sienne, à devoir être attentive, et pour ne pas se perdre ni son identité, ni devenir transparente, comme elle craint à un moment. Et voilà, c'est le type de personne qui veut se rattacher aux autres, mais qui n'a pas conscience de soi encore. Voilà, ça symbolise le... la conscience de soi, de se rattacher, de s'adapter à la personnalité des personnes qu'on rencontre dans notre vie.
- Speaker #2
Et donc comme disait Ayumi Asaki, jusqu'à maintenant je créais un personnage principal en me disant je souhaite qu'une telle personne existe, cette fois j'ai créé une héroïne qui est une petite fille ordinaire, quelqu'un avec qui les spectateurs pourront sympathiser.
- Speaker #0
Voir s'identifier. Et bien écoutez, merci messieurs, c'était passionnant. J'ai toujours faim. Je vous propose maintenant une respiration musicale directement inspirée par notre sujet du jour, bien sûr, Chihiro, interprétée par Billie Eilish, Extended Climax Version by E.P.D. Hope.
- Speaker #3
Je suis là pour faire ce que vous avez à faire. Je suis là pour faire ce que vous avez à faire. Je suis là pour faire ce que vous avez à faire.
- Speaker #0
Ne cherchez pas à changer de station, vous êtes bien sûr Uchronia. Uchronia, les chroniques du temps latent. Alors professeur, je crois que vous vouliez évoquer aujourd'hui une séquence qui vous tient à cœur, le culte ommatique ambiance, qui s'apparenterait... peut-être à Alice au Pays des Merveilles asiatique.
- Speaker #2
C'est exactement ça. Une beauté extraordinaire qui a su également charmer le public par son histoire mystérieuse et ses personnages bien singuliers. Évidemment, on pense à Alice au Pays des Merveilles ou à la sorcière Circé de l'Odyssée d'Homère, évidemment. et la perte d'Ulysse que Circe cherchait désespérément à séduire. Parce que c'est aussi la force de Miyazaki, c'est de s'inspirer de toutes sources possibles d'imagination et de création. Parce que, évidemment, Shiro, c'est une histoire où les personnages deviennent adultes, mais c'est une histoire où ils découvrent quelque chose qui est à l'intérieur d'eux-mêmes, qui est réveillé par les circonstances particulières. Dans ces circonstances rencontrées par Chihiro, la plupart des hommes paniqueraient ou refuseraient d'y croire, évidemment. Mais ces hommes finiraient aussi par être dévorés. On peut dire qu'en fait, le talent de Chihiro est de trouver la force de ne pas se laisser dévorer, en aucune façon. Elle est devenue héroïne parce qu'elle reste évidemment une jolie petite fille dotée d'un cœur exceptionnel.
- Speaker #1
Oui, vous faisiez référence à Circé. Est-ce que l'homme est un cochon comme les autres ? Ah, vaste question !
- Speaker #0
Pour une autre émission, professeur.
- Speaker #1
J'aimerais quand même dire que par rapport à ce mythe d'Orphée ou autre, et d'ailleurs, après son mariage avec Orphée, Eurydice fut mordu au mollet par un serpent.
- Speaker #2
Le mythe d'Orphée, le mythe de Circé.
- Speaker #1
Oui, et elle mourut puis descendit au royaume des enfers. alors vous faisiez référence à à Disney, à Alice au Pays des Merveilles, qui était pour moi mon Disney préféré, jusqu'à voir Le Voyage de Chihiro. Mais Chihiro n'a pas du tout le même caractère qu'Alice. Au départ, elle cherche vraiment à... Elle refuse de suivre ses parents, elle refuse de s'engager dans le tunnel. Elle refuse de manger avec lui pour ne pas perdre courage. On n'est pas comme dans cette insouciance... désinvolte d'Alice.
- Speaker #2
Et de sa curiosité presque malsaine pour tout ce qui est étrange ou qui perd du sens et qui permet finalement de s'échapper de son quotidien. Alors que Chihiro n'a qu'une seule envie, c'est de revenir chez elle, voire même son premier chez elle et sa ville d'origine. Oui,
- Speaker #0
elle est méfiante dès le début, Chihiro. Alors que ses parents se jettent sur...
- Speaker #2
En aucune façon, elle souhaite manger quoi que ce soit du monde des dieux. En aucune façon, elle suit la démarche de ses parents qui s'accaparent des biens qui ne leur appartiennent pas.
- Speaker #0
C'est un vrai exemple de courage. Dans la vie, il faut s'accrocher, ne pas perdre courage et aller de l'avant.
- Speaker #2
Des valeurs toutes japonaises dans la résilience, dans l'observance des règles, dans la discipline et également dans l'observation et l'empathie. Et Shihiro fait preuve de toutes ces qualités.
- Speaker #1
On est presque un peu comme avec René Descartes ou Dante, comme tous ceux qui savent que c'est de l'errance que naissent les meilleures expériences. Et il faut savoir apprendre à se perdre parfois.
- Speaker #2
C'est effectivement le pacte du diable, le pacte de Dante que la sorcière Yubaba fait à Chihiro, qui transforme l'identité de la jeune fille. en Senn, qui est dans le titre du film, donc Senn Tushiro, la transformation de cette petite fille maladroite, chétive, en Senn, donc en entité japonaise, résiliente, performante, capable d'être en communication et en lien avec les dieux, et les dieux anciens de la religion Shinto, et la sorcière Yubaba, cherchent à forcer en fait ce contrat et à et à l'impliquer dans ce monde qui n'est pas le sien.
- Speaker #1
En plus, c'est un animé qui a remporté un succès phénoménal.
- Speaker #0
À sa sortie, oui.
- Speaker #2
23 millions d'entrées en salle au Japon et plus de 250 milliards de dollars de recettes au box-office. C'est hallucinant.
- Speaker #1
Et c'est peut-être même la pilule qui va soulager les Occidentaux du traumatisme du 11 septembre.
- Speaker #0
Ça et les petites noiraudes sur pattes aussi. Vous pourriez nous dire ce qu'elles représentent ces fameuses petites noiraudes ?
- Speaker #1
Les petites noiraudes,
- Speaker #2
c'est les sous-sous-atari.
- Speaker #1
Les petites créatures récurrentes qu'on retrouve depuis
- Speaker #2
Totoro. C'est une armée de boules de suie.
- Speaker #1
Voilà, des petites boules de suie humanisées qui ont une petite personnalité. En plus, elles feignent la surcharge de travail, le burn-out. quand elles sont dans la chaudière et elles sont là avec des petits bras, des petites jambes et elles doivent transporter du charbon.
- Speaker #2
Oui, c'est les esclaves du maître de la chaufferie.
- Speaker #0
Pour alimenter les chaudières et donc chauffer les bains.
- Speaker #2
Et simplement chauffer les bains parce que c'est un énorme établissement thermal.
- Speaker #1
C'est ça. Et elles raffolent de compéto. Les pailletitos confiserie traditionnelle japonaises.
- Speaker #0
C'est ce que vous nous avez ?
- Speaker #1
C'est ce que je vous ai ramené. Ah super ! Enfin,
- Speaker #2
du sucre.
- Speaker #0
Ah oui, c'est sans doute pour ça que je suis énervé. Écoutez, merci messieurs. Encore un échange captivant. D'ailleurs, en parlant de nourriture, la blague dire que vous nous avez servi, c'est ?
- Speaker #1
En staplor.
- Speaker #0
Écoutez, elle est délicieuse. Arigato. Merci. Je vous invite à présent à partir dans un nouveau voyage créatif. Cette fois, c'est un hommage à Edith Piaf et Porco Rosso avec le titre remixé Le Temps des cerises, interprété par Tokiko Kato.
- Speaker #1
Quand nous chanterons le ton des cerises, Et guérir au Seigneur et mère le moquer, Sera tout en fait. Les belles auront la folie en tête, Et les amoureux du soleil. Auquel, quand nous chanterons, le temps de ses rites, chifflera bien mieux.
- Speaker #3
Auquel,
- Speaker #1
mais il est bien court, le temps de ses rites, l'ensemble va tout payer en un bon mot.
- Speaker #3
dépendant de rêve.
- Speaker #2
Serré,
- Speaker #1
c'est un but, au rebours pareil.
- Speaker #0
Tombant sur la faille,
- Speaker #1
un goûter de sang,
- Speaker #0
mais il est bien court,
- Speaker #1
le temps de serrer.
- Speaker #0
Pendant de corail,
- Speaker #1
conquérant, rêvant,
- Speaker #0
j'aimerais
- Speaker #1
toujours le temps de servir. C'est de ce temps-là que je garde à côté le poulet.
- Speaker #0
Ne changez pas de fréquence, vous êtes bien sûr Uchronia. Uchronia, les chroniques du temps latin. Alors avant la pause et quelques confiseries, nous étions sur une nécessaire compréhension des archétypes. Là j'aimerais que nous passions, ça va se rapprocher évidemment de votre cœur de métier, monsieur Mazuy. Les arts culinaires et le développement personnel.
- Speaker #1
Alors c'est vrai que dès le début de l'histoire et au cours du voyage, les parents de Chihiro font une halte dans une étrange parc à thème un peu abandonnée et se mettent à dévorer un buffet de nourriture convaincu presque que leur carte bleue va les dispenser de demander la permission.
- Speaker #2
Mais bien oui, et puis quand vous dites qu'ils dévorent, ils dévorent, ils mangent comme des porcs.
- Speaker #1
C'est ça, c'est ça.
- Speaker #2
Et résultat, allez, vous vous êtes transformé en cochon et la pauvre Chihiro qui pleure toutes les larmes de son corps. Mais même si finalement elle réussit à intégrer en fait l'établissement de terme, elle a quand même une apparente substitution, cette jeune Rin, fille courageuse de 17 ans, qui va lui servir de mentor et qui va lui expliquer comment vivre en fait dans cet univers de Dieu.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. attendez parce que je crois qu'il y a un train Oui, je vous demande attention.
- Speaker #0
Écartez-vous, professeur. Oh,
- Speaker #2
pardon, excusez-moi. Ça, c'est bépier, ça, oui.
- Speaker #1
Alors, je pense qu'on va vers la... Ah,
- Speaker #2
la propriété d'étranger japonais. Ah,
- Speaker #1
c'est phénoménal. Oui, vous disiez... La nourriture, c'est un rapport étrange pour Shihiro, parce que si elle ne mange pas de nourriture locale, elle finira par disparaître. Disparaitre, c'est ça. Et du coup, en plus, elle pue l'humain, comme le disent très bien les esprits dès le début de... de cet animé.
- Speaker #2
Qui ressemble à des grenouilles.
- Speaker #1
Et on se retrouve toujours dans une dimension culinaire et même olfactive avec ce dieu nauséabond, avec tous ces goinfres qui ne savent pas se tenir, ou face même à cette folie de l'or qui gagne tous les occupants des bains, le sans-visage qui va vouloir avaler ses proies. Et Aku qui a été empoisonné. Je vous faisais référence sur... au château de l'Auxois, qui se trouve pas très loin de ce mur, en France. Et la Catherine d'Auxois, on l'appelait la belle empoisonneuse. Et on est toujours sur ces dimensions de manger, pas manger, être mangé ou être empoisonné. Et c'est ce qui nous fait avancer.
- Speaker #0
On le retrouve dans la plupart de ses films d'ailleurs.
- Speaker #1
Tout à fait, et de plus en plus. à partir de Shiro, mais c'est vrai que là, les pains vapeurs, le petit déjeuner gourmand dans le château ambulant...
- Speaker #2
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es, évidemment.
- Speaker #1
Tout à fait, les ramens de pognon sur la falaise, il arrive à donner une âme au plat dans ses animés, ils sont esthétiquement savoureux, ils donnent l'eau à la bouche.
- Speaker #0
C'est pour ça que j'ai les chins depuis le début de l'émission.
- Speaker #2
Oui, et pour lui, ça fait partie de l'identité japonaise et une identité à chérir, c'est-à-dire que... Ce qui caractérise aussi les Japonais, c'est leur nourriture.
- Speaker #1
C'est ça. C'est aussi parce que cette nourriture est la représentation que l'on appelle le wachoku. C'est un ensemble de procédés discursifs qui mobilisent l'art du récit au service d'une argumentation. C'est une dramatisation quelque part de la nourriture et sa consommation. C'est le fruit d'un travail esthétique et de mise en scène qui illustre le plaisir. à la fois gustatif et le plaisir à être ensemble. Là,
- Speaker #2
on est dans votre corps de métier.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Les aliments sont colorés, bien calibrés. Ils donnent envie.
- Speaker #1
C'est ça. On donne le plaisir à être en harmonie avec les saisons, dans une certaine élégance, une rareté des produits, du style. C'est quelque part de la poésie et de la beauté du quotidien. à travers cette nourriture.
- Speaker #2
Un japonais, un plat ne peut pas être savoureux s'il n'est pas esthétiquement réussi.
- Speaker #1
Je vous renvoie à une vidéo où Hayo Miyazaki cuisine des ramens pour les animateurs du studio Ghibli. C'est une vidéo que vous retrouverez assez facilement. On voit que la nourriture est un ancrage spatial et identitaire pour Chihiro.
- Speaker #2
Et d'ailleurs, c'est ce qui l'a fait intégrer finalement dans l'univers des dieux avec le Nikuman. Le Nikuman des termes ?
- Speaker #1
Tout à fait, alors c'est la célèbre recette. Alors vous prenez 300 grammes de haricots azuki en purée ou de la pâte d'anko maison. Et puis pour la pâte des Nikuman, je vous propose d'utiliser plutôt celle de ce qu'on trouve vers, je dirais peut-être plus Kyoto dans les terres. Voilà. Je peux vous proposer la recette complète ?
- Speaker #0
On va demander à nos auditeurs et auditrices de nous écrire un petit mail et puis on leur enverra la recette. J'ai trop faim. Si vous êtes d'accord, je propose que nous passions à notre troisième petite respiration musicale avec le titre au magasin des... Atare Shigako
- Speaker #2
Allons-y !
- Speaker #1
Et j'ai une omakase ! J'ai pas besoin de faire des choses que je n'aime pas tous les jours Oh non,
- Speaker #0
c'est à peu près tout Le mois de juin,
- Speaker #1
il fait pleuvoir, attends un moment J'ai rien à faire, rien, rien, rien Oh Ok, on a hit party, gara gara goya natte mo omakase Oshino to machi uke gamin, real ni aina chike mo omakase Science, d'un bambou, d'un chien, d'un chien, d'un chien, d'un chien On est dans le monde,
- Speaker #3
on est dans le monde,
- Speaker #1
on est dans le monde AGD, omakase Et j'ai eu ma casse
- Speaker #0
Je ne sais pas, à changer de radio, vous êtes bien sur Ucronia. Ucronia, les chroniques du temps latent. Alors le téléphone n'arrête pas de sonner depuis tout à l'heure, ici à Radio Campus. Alors voici notre adresse électronique pour pouvoir obtenir la recette. C'est Ucronia1984.com Ucronia1984.com Voilà messieurs, alors c'est notre dernière séquence. Je vous propose de creuser tous ensemble cette vision du travail qui apparaît dans les bains de Yubababa.
- Speaker #1
Alors c'est vrai que Miyazaki nous apprend qu'une des premières choses que fait la terrible Yubababa quand elle vous fait signer un contrat, c'est de vous voler votre nom et sans aller sur un côté peut-être causette. mais c'est... Elle prétexte que le nom est trop long, mais en fait, c'est une voluse d'identité, un peu comme si elle prenait le passeport de quelqu'un qui est dans son âme,
- Speaker #0
en fait.
- Speaker #2
On l'utilise dans la magie et à destination uniquement de gains financiers, puisque ton objectif, c'est l'engagement.
- Speaker #0
C'est tout à fait ça. C'est vraiment le pâteau.
- Speaker #1
Et heureusement, la petite scène c'est presque un dieu mu quand même par la cupidité alors elle a quasiment les pouvoirs d'un dieu cette sorcière oui mais on alors il ya quand même deux c'est ça qui est beau ce film et les magnifiques même pour les enfants c'est que il reste de l'espoir et qu'à la fin tout se passe bien quand même moi ça me fait toujours rappeler à cette on a abordé la question du du dieu dégoûtant, donc un dieu qui arrive tout en laissant des traces de son passage.
- Speaker #0
Le nœud de Zébon ?
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #2
C'était une masse informe, couverte de boue, de puanteurs, que les employés des termes d'Aboraya ne veulent pas gérer ou s'occuper. Et c'est la première tâche de Chihiro. Donc elle démarre son apprentissage du travail dans cet établissement de termes. avec le travail le plus difficile, à savoir s'occuper d'une énorme masse de puanteurs nauséabondes, à qui elle doit présenter un bain, un bain dans lequel il faut mettre une quantité de saveurs et de produits désinfectants pour réaliser...
- Speaker #0
Et odorants pour...
- Speaker #2
Et désodorisants, oui, pour cette masse informe. Et puis elle commence son travail, elle prend un énorme balai, commence à lui frotter le dos, et c'est là qu'elle se rend compte qu'il a quelque chose de coincé, en fait. dans le dos du fameux dieu Okusara et Sama.
- Speaker #1
On penserait être une épine.
- Speaker #2
Et qu'est-ce qu'elle découvre ? La poignée d'un vélo.
- Speaker #1
C'est carrément le bidon.
- Speaker #2
Et elle commence alors à tirer dessus avec tout son courage de petite fille. Et puis, à ce moment-là, l'un des employés du bain lui dit « Non, c'est plus que ça ! » Et donc ils attachent une énorme corde à ce guidon de vélo et ils commencent collectivement à tous tirer dessus. Et ils tirent et tirent jusqu'à ce qu'ils vident le contenu complètement improbable d'un fond de rivière au Japon. Donc regroupant vélo, tout ce qui a été jeté, des morceaux de pneus, une machine à laver, des cailloux, je ne sais pas. Tout ce que l'être humain est capable de jeter et de polluer dans une rivière qui a fini en fait par salir l'âme de cette rivière jusqu'à le transformer en masse informe puante contrainte d'aller dans des établissements thermaux pour se purifier.
- Speaker #0
Mais comme quoi c'est aussi une vision du système hiérarchique puisqu'elle commence au plus bas de l'échelle.
- Speaker #1
Ah oui.
- Speaker #0
Mais du coup cette position lui permet.
- Speaker #1
A l'intérieur et de pouvoir rester accroché, d'être toujours dans le respect et de monter les différentes étapes jusqu'à aller rencontrer le fils de cette Yubaba, d'aller rencontrer également la soeur de Yubaba. Donc on est vraiment dans une démarche où vous venez d'en parler avec ces déchets ou ces parents qui se goinfrent. Il y a cette histoire de la tentation consumériste, mais qu'on arrive à surmonter même si elle est généralisée.
- Speaker #0
Oui, en fait, le film fourmille de thématiques. Oui.
- Speaker #1
On est dans des propositions matérielles insistantes, je pense aux fameux sans-visage, dont on ne sait pas s'il est gentil, méchant, s'il cherche à faire quelque chose.
- Speaker #0
Est-ce qu'on doit les regarder, ne pas les regarder ?
- Speaker #1
C'est ça, on est dans une conscience soudaine de notre obsession consumériste. Et c'est ce qui en fait cet objet très riche sur le plan symbolique, visuel et scénaristique.
- Speaker #2
D'ailleurs, c'est même une prouesse scénaristique, puisque ce sans-visage personnage énigmatique qui peut se rendre invisible et dont le visage est en permanence caché par un masque, même si on devine une bouche et des dents énormes derrière lorsqu'il manifeste sa colère, on ne sait pas si c'est un dieu, si c'est un esprit malin. Ni son identité, ni ses intentions sont clairement clarifiées par l'histoire, et pire encore, en fait. Le personnage finit par s'effacer au contact de la sœur de Yubaba, sans pour autant avoir clairement déterminé le rôle qu'il a pu jouer dans cette histoire.
- Speaker #1
Je pense qu'il cherchait un peu comme un chat errant, il cherchait une bonne âme pour le maintenir, et à la fin il reste avec la sœur de Yubaba. On est vraiment dans ces actes d'altruisme qui rendent meilleurs.
- Speaker #0
qui est grand. Alors, soi-même meilleur et le monde meilleur.
- Speaker #2
Un trisme manifesté par Chihiro elle-même, en fait. C'est parce que Chihiro va vers cet esprit-là, quelque part cherche à l'affranchir aussi d'une certaine contrainte, lui offre aussi l'hospitalité, qui finit aussi par être déroutée par la démarche de cet humain. Oui,
- Speaker #1
on est peut-être dans une course effrénée que cherche à nous faire rappeler ? Miyazaki, que voilà, peut-être dans cet univers un peu spectral, tout s'enchaîne, l'homme consomme des produits, les produits consomment l'homme, et rapidement on est dans une sorte d'addiction structurelle. Est-ce qu'on achète pour oublier quelque chose ? Est-ce qu'on arrive à se rappeler qui nous sommes ? Et est-ce que c'est suffisant pour refuser une nouvelle tentation ? On est vraiment dans l'approche de frustration, ... satisfaction.
- Speaker #0
Et est-ce que c'est irréversible ?
- Speaker #1
Heureusement...
- Speaker #0
Avec Chihiro. Avec Chihiro,
- Speaker #1
tout à fait.
- Speaker #2
Alors après même un personnage comme Yubaba a aussi ses faiblesses. Son fils Bo qui l'amène à la baguette sur lequel elle n'a aucune prise et qui pique des colères d'enfant gâté qu'elle n'arrive pas du tout à gérer. Elle se met dans des états de panique complète comme si finalement cette maternité lui était insoutenable. du haut de toute sa puissance, de son pouvoir et de sa richesse, elle est incapable de gérer un enfant colérique qui fait une crise.
- Speaker #1
Oui, ça nous permet aussi de voir qu'il y a une certaine méritocratie toujours ancrée dans le Japon, et que ça se mérite, que ça ne va pas tomber tout seul du ciel. Et que même si le bébé est immense, il ne sort pas de sa chambre, Alors... Parce que le monde du dehors est rempli de microbes. On est aussi dans cette volonté de surprotéger un peu nos enfants. Et ça peut se retourner contre nous-mêmes.
- Speaker #2
Et d'en faire des monstres.
- Speaker #1
Tout à fait. Là, à toute cette période Chow, Miyazaki l'a grandi dans cette période Ausha entre 1926 et 1989.
- Speaker #0
Le baume économique.
- Speaker #1
Tout à fait. Et il a vu son pays pollué par l'industrialisation, la disparition de nombreuses... pratique culturelle. Et sa réponse, dans ses films, il cherche à rappeler aux jeunes que certaines valeurs, certaines traditions ancestrales du Japon, comme les arts martiaux, ou la cérémonie du thé, ou la gastronomie, ne doivent pas se perdre. On ne doit pas se perdre en chemin.
- Speaker #0
On ne peut pas se perdre soi-même.
- Speaker #2
Et d'ailleurs, c'est une façon aussi de répondre au Japon lui-même, puisque l'ère Meiji, avant la période Showa, ... C'était une ère où le Japon avait décidé de rentrer dans la modernité à la suite des premiers contacts avec l'Empire américain à la fin du 19ème siècle. Il avait décidé de tourner le dos à l'art du samouraï, au fait de porter des tenues cérémoniales. Le costume et la cravate devenaient de rigueur et les anciens shoguns devenaient des chefs d'entreprise et des chefs de zaibatsu qui allaient construire des empires industriels, commerciaux, bancaires. qui allaient dominer le monde pendant tout le début du XXe siècle. Ils ne pouvaient déjà pas les eux-mêmes.
- Speaker #1
Et parce qu'il y avait cette croyance ou pseudo-acceptation que peut-être c'était des traditions désuètes.
- Speaker #2
Qui entravaient d'ailleurs le Japon.
- Speaker #1
Qui entravaient le Japon. Mais ça renvoie, c'est l'exemple de la photocopieuse. au Japon il y avait du coup trois trois alphabets, l'Iragana, Katakana et le Kanji qui arrivaient. Et du coup, on avait des machines à éclatir qui faisaient un mètre de large. Et les Américains ont dit, allez, vous êtes tous des boulets, vous perdez trop de temps, passez maintenant au télégraphe et à la photocopieuse. Alors, ça nous a permis de faire un bond dans le temps, mais ça a été douloureux.
- Speaker #0
Merci messieurs pour ces échanges intelligents et puis si éclairants. Merci cher professeur Mac Laughlin pour vos assertions si pointues.
- Speaker #2
Et vous en prie.
- Speaker #0
Merci encore monsieur Mazoui, déjà pour tout ce que vous nous avez apporté. Merci pour la bière, merci pour les confiseries, merci pour votre participation.
- Speaker #1
Je vous remercie, merci à toutes et à tous.
- Speaker #0
Je remercie bien sûr notre metteur en ondes, Elfranquito Delud. Voilà. Et puis pour conclure, chères auditrices, chers auditeurs, place maintenant à la magie d'Actu Cronien. Alors pour aller plus loin sur cette thématique et explorer votre côté de l'autre côté du miroir, nous vous invitons à voir, revoir, visiter ou lire Andrew Osman, BFI les classiques du cinéma, le numéro 6 Le Voyage de Chihiro, certifié chez Aquileos en 2017. L'art de Le Voyage de Chihiro chez Glénat en 2018. Le Voyage de Chihiro, toujours chez Glénat mais manga cette fois. 832 pages ! Cet ouvrage vous propose, plan par plan, l'intégralité du film animé. Je m'en suis servi aujourd'hui. La revue Akiba, son hors-série numéro 2, Studio Ghibli, le guide non officiel, sorti en 2024. Le hors-série numéro 4 de la collection Pop-up, Studio Ghibli, un monde enchanté. L'ouvrage hommage, Ghibli, des artisans du rêve, chez Inis Editions. Merci. sorti en 2017, la revue Animand, le numéro 245, Studio Ghibli, sorti en mars 2024, et un incontournable, je vous le conseille très très très très très chaleureusement, Hayao Miyazaki, nuance d'une oeuvre, sorti en 2018 aux éditions Les Moutons Électriques. Et rappelez-vous, chers auditeurs, chères auditrices, on n'est pas forcément l'image que vous percevez de nous. Mesdames et messieurs, c'est le moment, hélas, pour moi, de nous quitter. J'ai hâte de vous retrouver pour un prochain épisode d'Ukronia. En attendant, vous pouvez nous écrire à l'adresse mail, et pas seulement pour des recettes de cuisine, ukronia u-c-h-r-o-i r-o, pardon, n-i-a 1-9-8-4 at gmail.com Retrouvez-nous en podcast sur toutes les plateformes et en particulier sur Ausha et sur le site de Radio Campus. Et pour les prochains épisodes, en FM sur le 92.2 sur le DAB+. tous les Postes Modernes en direct et live sur le site www.radiodijoncampus.com Ukronia, les chroniques du temps latent.
- Speaker #1
Radio-Compus, 92.2
- Speaker #3
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