- Marie
Bonjour, je m'appelle Marie et vous écoutez Un Beau Jour, le podcast qui donne la parole à des croyants dont la vie et la foi ont été changées à jamais par un événement imprévu. Et dans cet épisode, je reçois Victor Dubois de Montreynaud, alias le Catho de service, sur YouTube et les réseaux sociaux. Victor a été élevé dans une famille catholique très pratiquante. Mais au moment de l’adolescence, il ressent le besoin de tester les fondations de cette foi reçue dès le berceau : l’Eglise détient-elle la Vérité comme elle le proclame ? Quels sont les arguments rationnels et vérifiables qui permettent d’adhérer à cette religion, plutôt qu’à une autre ? Au détour d’une conversation, il entend parler de la « propédeutique », cette année qui permet de discerner si l’on est appelé à être prêtre ou non. L’occasion rêvée de se consacrer à sa quête de vérité ! Le jeune homme décide alors de sauter le pas et d'entrer en propédeutique... il ignore encore combien cette décision, prise en deux petits jours seulement, va bouleverser sa vie. Bonjour Victor.
- Victor
Bonjour.
- Marie
Alors merci pour ta présence au micro d'un beau jour. Pour commencer, quel est l'objet symbolique de ton histoire que tu as apporté s'il te plaît ?
- Victor
L'objet symbolique c'est le livre « Catéchisme de l'Église catholique » . C'est le gros truc, le gros bloc. Exactement. Mais en fait, c'est le livre peut-être ou le texte qui a vraiment renforcé ma foi en quelque sorte ou qui m'a donné envie de creuser encore plus. Quand j'ai voulu étudier la foi catholique et vérifier la foi par la raison, je me suis demandé quelle est la position de l'Église sur plein de sujets différents. Et je voulais savoir pourquoi. Pourquoi l'Église enseigne ce qu'elle enseigne ? Et d'où ça vient ? Et en fait, dans le catéchisme de l'Église catholique, il y a globalement toutes les réponses. Et c'est comme ça que je me suis rendu compte de la cohérence de l'enseignement de l'Église. En me disant, mais il y a tout dedans. C'est extraordinaire. C'est trop bien expliqué. On comprend d'où viennent les choses, pourquoi. Après, le catéchisme de l'Église catholique, c'est vraiment le résumé de la foi. Mais il y a en tout cas plein de références, plein de liens vers soi. d'autres réflexions, soit pour comprendre simplement d'où vient l'enseignement de l'Église, d'où viennent toutes ces réponses-là. Et dans les notes de bas de page, il y a des choses extraordinaires, et même dans le texte, c'est par chapitre, par petit numéro, plein d'explications hyper concises sur ce qu'enseigne l'Église.
- Marie
Même les notes de bas de page ont intéressé Victor, c'est vraiment une tête bien faite. Alors on va revenir à ce moment fondateur de ta vie, effectivement, mais pour replacer un peu les choses dans leur contexte. Est-ce que tu peux nous dire dans quelle famille tu as grandi et quelle éducation tu as reçue ?
- Victor
J'ai grandi dans une famille catholique pratiquante et j'ai reçu une éducation chrétienne catholique pratiquante. On allait à la messe tous les dimanches, on priait le soir en famille, j'allais me confesser tous les mois parce qu'on allait nous confesser, etc.
- Marie
C'était très pratique.
- Victor
Oui, j'ai grandi dedans et j'en suis très heureux et très fier et je suis vraiment très reconnaissant d'avoir grandi dans cette famille-là. Et à la fin de l'adolescence, on va dire début de l'âge adulte, je me suis reposé les questions de la foi en me demandant.
- Marie
Mais comment ça se fait ? Parce que du coup, tu étais dans cette foi très vivante, de ce que j'entends, très vécue. Souvent, quand on remet en cause sa foi, c'est parce qu'elle n'est pas très bien transmise. Qu'est-ce qui s'est passé ? du coup, à la fin de l'adolescence ?
- Victor
Moi, je n'ai jamais rejeté la foi. Je m'en suis simplement reposé la question de savoir si c'est vrai. C'est-à-dire que je voyais les effets de la foi dans ma vie et autour de moi. Je voyais que ça donnait des belles valeurs. On va dire qu'il y avait des beaux résultats, mais ce n'est pas parce que c'est beau que c'est forcément vrai. Moi, je voulais quelque chose de vrai, de vérifiable, rationnellement. Je voulais la vérité, être sûr que c'est la vérité. Donc, je me suis demandé, OK, la foi, c'est beau. effectivement, je crois que je crois en Dieu. Du moins, c'est là-dedans que j'ai été éduqué et je vois que ça porte des beaux fruits dans ma vie. Mais maintenant, si la foi chrétienne, c'est la vérité, que Jésus est la vérité, et que donc, en étant chrétien, que je suis Jésus, je veux que ce soit démontrable. Si c'est la vérité, alors il y a des arguments qui sont forts et qui sont convaincants.
- Marie
Et alors, qu'est-ce que tu as fait ? Tu as été voir dans les autres religions aussi ? Parce que tu as dû te poser la question.
- Victor
J'ai regardé un petit peu. C'était très progressif, c'est-à-dire que ça n'a pas pris un jour. C'est vraiment une longue transition, on va dire, une longue recherche. Parfois, au départ, même, je n'avais pas vraiment conscience que j'étais en recherche. C'était juste l'envie d'approfondir les choses. de passer de la foi d'enfant qui suit ses parents, sa famille, qui suit son éducation. à quelqu'un qui choisit et qui est chrétien parce qu'il veut être chrétien et qu'il y voit le vrai et le bon là-dedans. Et donc, effectivement, j'ai commencé à regarder, à écouter un petit peu plus assidûment ce que disent les prêtres lors des homélies à la messe. J'allais en camp d'été avec des jeunes.
- Marie
C'est l'adolescent rêvé ça !
- Victor
J'en sais rien, mais en tout cas, ça m'intéressait. Donc j'ai écouté un petit peu plus lors des camps de jeunes en été. Et puis, ce que certains prêtres disaient, je trouvais ça très beau, donc je voulais creuser un petit peu plus. Et puis, en même temps, je me disais, mais moi, je suis catholique et je vois que c'est beau. Mais il y a des musulmans qui sont sûrs d'avoir raison. Il y a des protestants qui sont sûrs d'avoir raison. Il y a des athées qui sont sûrs d'avoir raison. Mais moi, si je suis sûr d'avoir raison, est-ce que je peux vraiment en être sûr ? Et donc, pourquoi est-ce que les musulmans, les athées, les protestants, les hindous, tout ce qu'on veut, pourquoi est-ce qu'ils sont sûrs d'avoir raison ? C'est quoi leurs arguments ? D'où vient leur religion ? Et puis le christianisme, d'où il vient ? Donc on essaie de comparer ce que disent chacun. En fait, on voit simplement qu'à un moment donné, le christianisme est incomparable.
- Marie
Ah oui ? C'est-à-dire ?
- Victor
C'est-à-dire que de toutes les religions, de toutes les spiritualités ou idéologies ou philosophies, il n'y en a absolument aucune qui dit que Dieu s'est fait être humain pour qu'on puisse être avec lui, pour pas qu'on se trompe dans la recherche et qu'on puisse vivre au paradis. de sa vie à lui et qu'il nous aime. En plus de ça, parmi tous les grands sages dans l'histoire, il n'y en a aucun qui a dit être la vérité et être le Dieu unique qui s'incarne.
- Marie
Mais c'est rationnel ça ?
- Victor
C'est maintenant, c'est là justement que commence la réflexion. Si Jésus l'a dit, il n'y a pas mille possibilités. Soit il est fou, soit il ment, soit il a raison. C'est le fameux trilemme de Lewis. Si Jésus dit qu'il est Dieu, soit il pense l'être, mais il ne l'est pas, donc il est fou, soit il sait qu'il ne l'est pas, mais il dit qu'il l'est, donc il ment, soit il est vraiment celui qu'il dit être. Maintenant, on peut aller encore plus loin avec le témoignage des apôtres, avec ce qu'il laisse dans l'histoire.
- Marie
J'imagine que tu as étudié toutes les raisons démontrables de la foi.
- Victor
J'ai essayé de voir les arguments du christianisme.
- Marie
Et alors finalement, ça a duré combien de temps cette quête ?
- Victor
je ne sais pas si elle est encore finie mais en tout cas je pense que ça a peut-être pris jusqu'à ce que je sois certain d'avoir trouvé l'endroit où chercher, c'est plutôt ça c'est à dire que de toutes les questions que je me posais et que je me pose encore finalement parce que ça me prend toute la vie je suis loin d'avoir toutes les réponses je ne suis pas sûr qu'on puisse un jour avoir toutes les réponses mais on peut arriver à un stade où on se dit Merci. je sais au moins où chercher. Et aujourd'hui, je me dis, même si je n'ai pas la réponse, je sais que dans l'Église catholique, là, il y a la réponse. Je sais que je peux rester catholique et mettre ma vie là-dessus. Pour arriver à ce stade-là, ça m'a pris à peu près un an et demi, un an.
- Marie
Ah oui, c'est court,
- Victor
finalement. En tout cas, c'était un an de propédotique, où j'étais, je me suis, avant ça, la réflexion avait commencé. Et j'entendais des prêtres parler de choses hyper belles et je me disais, peut-être que moi aussi, du coup, pour comprendre ça comme ça, pour parler de ça comme ça,
- Marie
je devrais être prêtre. Ah c'est drôle, tu t'es dit, je vais rentrer au séminaire, parce que la propédotique, pour ceux qui ne savent pas, c'est une année de réflexion.
- Victor
C'est ça, de discernement. Ce n'est pas encore le séminaire, mais c'est la réflexion de, est-ce que je suis appelé à être prêtre ou pas ? Et donc moi, dans ma réflexion, j'étais en, comme je veux comprendre toutes ces choses sur Dieu, je vois que les prêtres, ils comprennent tout ça visiblement, ils l'enseignent. Donc peut-être que moi aussi, je devrais étudier un peu plus là-dedans. Donc je suis entré en propéthéotique et cette année-là, quand on dit un an, c'est court pour arriver à ce stade-là, c'est peut-être court, mais en même temps, c'était un an uniquement dédié à ça. C'est ça. Donc c'est peut-être pour ça que je suis arrivé au moment où je me dis que j'ai assez confiance en l'Église. Ok.
- Marie
Et qu'est-ce que ça a changé concrètement, du coup, pour toi, la fin de cette année-là, quand tu t'es dit, ok, ça y est, je suis... catholique.
- Victor
Ce que ça a changé pour moi, c'était que ça m'avait donné le désir explicite d'être saint. Je savais que je vivais maintenant pour être saint. Et que peu importe ce que je ferais de ma vie, que je sois prêtre ou pas, que je sois ouvrier, avocat, boulanger, je vis pour être saint. Et si la foi chrétienne est vraie, et elle l'est, alors je vis pour le paradis. Parce que la foi chrétienne me dit que j'ai une place au paradis, que Dieu me crée pour ça. que j'ai une place dans le monde et que cette vie là sur terre sert à choisir librement le paradis. Et donc je sais que je vis pour ça. Et donc si je vis pour autre chose qu'être saint, je passe à côté de ma vie, je la gâche, ce serait terrible. Et donc je vis pour ça. Alors maintenant, la question, ce ne sera pas qu'est-ce que je fais de ma vie, ce sera plutôt comment est-ce que je fais pour être saint. Et peu importe ce que je fais dans ma vie, il faudra qu'il y ait Dieu au centre. Et donc, comment est-ce que je fais pour mettre Dieu au centre de ce que je fais ? Et la seule chose que je savais faire à ce moment-là, moi, c'était à peu près, ce que je savais faire, c'était du théâtre, parce que j'avais commencé par faire un an de théâtre. Je me disais, OK, je ne suis probablement pas appelé à être prêtre. Du moins, je n'avais pas...
- Marie
Tu n'as pas eu d'appel pendant cette année de propédie ?
- Victor
Je ne crois pas. En tout cas, je voyais aussi la beauté d'être, on va dire, dans le monde et d'être laïque, engagé. Et c'était très beau. Et je voyais en tout cas le bien que je pouvais faire aussi dans le monde et pas d'élan particulier vers la prêtrise. Donc, je me suis dit, bon... Si Dieu me veut prêtre, il m'enverra des signes bien forts. Mais jusque-là, j'ai l'impression d'avoir plus de paix et de joie à être laïque dans le monde, à plus tard fonder une famille plutôt que maintenant rentrer au séminaire. Et donc, je suis retourné au cours Florent. Donc là où j'étais, je faisais du théâtre. Je me suis dit, si Dieu me veut saint, il me donne déjà les moyens pour ça. Qu'est-ce qu'il m'a donné jusque-là ? Tout ce que j'ai commencé après mes études, après mon bac, c'était le théâtre. Donc, je vais continuer là-dedans.
- Marie
Ok, mais alors, moi, la question que je me pose... On a l'impression que tu as fait une recherche rationnelle pour trouver Dieu. Mais tu as dû sûrement faire une rencontre aussi avec Jésus, affective, parce qu'on ne quitte pas tout comme ça pendant une année. On ne décide pas de dédier sa vie à quelque chose pour un raisonnement. Oui. Voilà, aussi.
- Victor
Évidemment, il y a quelque chose d'émotionnel aussi, de très fort là-dedans. Moi, à la base, pour prendre un an pour aller en propédotique, pour moi, c'était très simple. Ça s'est décidé en deux semaines. J'ai appris l'existence de la propédotique et deux semaines après, je me disais, OK, j'y vais. Parce que j'avais, entre guillemets, un an d'avance, je suis né en fin d'année, donc je me suis dit que j'ai globalement un an d'avance sur tous les gens dans ma classe. Je peux prendre un an et je n'aurai pas de retard. Et puis surtout, je faisais du théâtre. Ce n'est pas non plus comme si j'avais des grosses études qu'il faut absolument garder et terminer maintenant. Donc, j'avais entre guillemets ce confort-là. Maintenant, il y a aussi eu des rencontres, on va dire, émotionnelles, affectives très fortes ici et là. C'est-à-dire, depuis cette année-là, j'en ai eu quelques-unes dans des églises, par exemple, lors de moments de prière, des choses hyper fortes. ou des rencontres avec quelqu'un, il y avait des moments de gens qui venaient témoigner. Par exemple, il y a pas mal de soirées auxquelles on peut aller. Ou alors au JMJ, j'étais au JMJ à Krakow quand j'avais 16 ans. J'étais pile poil dans la limite de l'âge, j'ai pu rentrer encore à 16 ans. Il y a eu des moments très forts là, avec des témoins qui venaient. Et tout ça me faisait juste me dire qu'il y a vraiment quelque chose qui peut changer la vie des gens dans la foi. avec des moments très émouvants. Mais pour moi, je crois que vraiment, au début, c'était juste l'intellect. C'était vraiment rationnel. Après, depuis, il y a eu des événements plutôt marquants, avec une nouvelle fois lors de prières, de groupes, etc. Je me souviens d'un moment où on priait un jour dans l'église, dans une église à Paris, avec des amis. Et en fait, c'était le moment, je crois, le plus joyeux. de toute ma vie. Je ne me souviens pas avoir une plus grande joie depuis ce moment-là. C'est assez fou, bizarrement explicable. Je crois que je ne pourrais pas expliquer ça, mais simplement une énorme joie. Tellement qu'à ce moment-là, je me suis dit, hors de question que je rentre chez moi comme si de rien n'était. Je ne peux pas juste... On est sortis de l'église, il était 22h, c'était le soir. Hors de question que je rentre chez moi comme d'habitude. Ce n'est pas possible. j'ai invité deux trois potes autour de moi je leur ai dit venez on va dans la rue on parle de dieu à des gens et c'était la première fois que je proposais ça de moi même c'était il y a trois ans quatre ans j'avais déjà lancé les réseaux sociaux et tout mais ça fait partie des moments qui m'ont oui encouragé qui m'ont donné envie d'en faire plus Et en fait, cette soirée-là a été magnifique parce qu'on a rencontré du monde. Tout le monde repartait les larmes aux yeux. C'était extraordinaire. Après, on a même vu des guérisons avec un prix pour un homme. Sa femme, ils sont déjà bien avancés dans l'âge. Ils n'arrivent pas à avoir d'enfants. Et on prie pour eux. Et puis, deux mois plus tard, trois mois plus tard, ce gars nous reconnaît dans la rue. Il revient nous voir en criant « Ma femme est enceinte ! »
- Marie
C'est pas vrai !
- Victor
Oui,
- Marie
c'était cette nuit-là où vous aviez prié pour lui et tout.
- Victor
Ou des gens, quelqu'un qui arrive, qui est complètement saoul. Il nous voit prier pour deux filles dans la rue qui sont en larmes. Il arrive complètement saoul et il dit « Ah, vous êtes en train de prier, je peux venir ? » Du coup, oui, il vient. Normalement, quelqu'un qui est saoul, on l'évite un petit peu. Mais là, non, il n'y a qu'un esprit d'accueil. On vient, on prie. C'est lui qui prie le plus fort. C'est quand même assez fou. On dit Amen et au Amen, il dessoule d'un coup. Et puis, il est droit, il est clair. Et on parle ensuite 20 minutes avec lui. Aussi, une histoire hyper forte. Je ne vais pas rentrer dans les détails de toutes les rencontres. Mais en tout cas, il y a quelque chose de fort qui se passe. Tous les quelques temps, il y a une expérience particulière, on va dire émotionnelle. qui arrivent et qui viennent encourager toute la recherche intellectuelle.
- Marie
Donc tu as commencé par du théâtre des lettres et c'est là que je crois que tu as commencé à parler de ta foi. Qu'est-ce qui te poussait à le faire ? Alors que c'est un milieu, je pense, le théâtre assez éloigné de ça. Je pense que c'est plutôt un milieu, on a plutôt intérêt à se taire, sinon on est mis au banc. Pourquoi toi tu t'es mis à parler de Jésus,
- Victor
de l'ordre dans ce milieu ? C'est en sortant de cette année de propédotique où je me disais je vis pour être saint. Donc si je ne vis pas pour ça, si je ne mets pas Dieu au centre de ce que je fais, je gâche ma vie. Et donc il n'y a aucune raison de ne pas parler de Dieu si ça implique de gâcher ma vie en quelque sorte. Peu importe si les gens me regardent bizarrement parce que je suis chrétien. S'il s'agit de ma vie là, la vie des autres... ce qu'ils peuvent dire, leur opinion, on s'en cogne un petit peu, c'est ce que je me disais. Donc là, si Dieu me veut saint, il me donne les moyens pour ça, et les moyens qu'il m'a donnés, une nouvelle fois, je ne voyais pas quoi faire d'autre que ce que j'avais déjà commencé, donc le théâtre. Alors je me disais, je vais parler de Dieu par le théâtre. Et donc, j'avais écrit une pièce, une deuxième après, et je parlais avec les gens en répétition. C'est là où, en fait, je voyais le... comment dire... confirmation de ce que je me disais, parce que dans les répétitions entre deux pièces, entre deux choses qu'on répétait pour les cours de théâtre, il y a des gens qui venaient me parler et qui me disaient « Tu sais que moi j'ai grandi dans une famille chrétienne ? » ou un autre qui me dit « Mais toi t'es catholique, moi je suis orthodoxe. » C'est des gens avec qui je n'avais pas parlé jusque-là, je ne les connaissais pas ou à peine, et ils venaient me parler de ça comme si vraiment c'était marqué sur mon front que je suis catholique, ou qu'il y avait même marqué le catho de service. Parce que c'était mon surnom. Il y avait un ami en soirée qui m'a surnommé le cathode service. Juste avant ça, d'ailleurs, à peu près à cette période-là. Et c'est à cette période-là aussi que je me suis dit, OK.
- Marie
Tu n'as pas eu de réaction contre, de mauvaise réaction ?
- Victor
En fait, je pense qu'il y avait un peu d'incompréhension parfois. Il y avait des clichés, des choses comme ça. Mais en fait, quand les gens voient qu'on est à fond dans la foi et qu'on est convaincu de ça, ils n'ont aucune raison de se moquer. Parce qu'en fait, il y a des gens qui sont passionnés de plein de trucs différents. Il y a des gens qui sont passionnés de danse, de théâtre, de cinéma, d'art, de plein de trucs différents.
- Marie
Et toi, t'étais passionné de Dieu.
- Victor
Moi, c'était Dieu, exactement. Et en fait, si les gens, c'est pas leur passion, il n'y a pas de problème. Et s'ils voient quelqu'un à fond là-dedans, la première réaction spontanée de quelqu'un de sain d'esprit, c'est pas de se moquer, c'est d'essayer de comprendre, de poser des questions éventuellement. Si ça interroge, moi, je me dis tant mieux. Et justement, ça donnait... un bon terrain, un bon espace pour poser des questions et en discuter un peu plus en détail. Et je me souviens vraiment de discussions passionnantes avec des gens qui n'étaient pas du tout chrétiens. Et en fait, on parle de Dieu et il y a des vraies questions qui se posent, des vraies réponses aussi. C'était très très beau.
- Marie
Alors pourquoi tu n'as pas continué dans cette voie ?
- Victor
Parce que j'avais lancé la chaîne sur les réseaux en même temps. Le chat de service, exactement. Moi, je me disais, je veux en parler largement. Le théâtre, c'est bien. Mes amis, c'est bien. Mais en parler à une vingtaine de personnes, grosso modo, autour de moi, c'est déjà bien. Je vois des belles choses qui se passent. Je vois beaucoup de questions qui me sont posées. Je crois avoir quelques réponses. Et je vois que les gens continuent de me poser des questions à chaque fois. Et donc, si je veux parler de Dieu plus largement... Parce que ça fait ma joie et donc si je veux le dire largement, il faut aussi m'en donner les moyens. Je ne savais pas où aller exactement et donc je pense aux réseaux sociaux parce que j'y allais déjà moi-même. Enfin, j'utilisais un peu Instagram quoi. Il y a mes amis qui me disent, si t'aimes autant parler de Dieu et que les gens te posent des questions, va sur les réseaux. Donc je vois une confirmation extérieure d'un élan intérieur, disons. Donc je me dis, ok, je vais créer une chaîne sur YouTube, sur Insta, après il y a TikTok qui est suivi et Facebook. Et je voyais plus de fruits, plus de résultats directs et entre guillemets palpables sur les réseaux plutôt que ce que je faisais dans le théâtre. Mais par le théâtre, ça m'a facilité les choses pour aller sur les réseaux. pour oser me filmer, parler devant des gens, pour avoir une forme d'aisance. Et puis en même temps, les discussions que j'avais au théâtre, ça a alimenté des réflexions que j'avais pour les réseaux sociaux. Donc je vois vraiment une continuité. L'un a servi l'autre.
- Marie
Effectivement, on voit un fil rouge entre des domaines pourtant qui paraissent quand même très éloignés les uns des autres. La prêtrise, le théâtre, YouTube, ça paraît des domaines très différents. Et toi, tu dirais que c'est quoi le fil rouge qui relie tout ça ?
- Victor
Pour moi, c'est parler, c'est la parole. La parole. C'est le fait de parler de Dieu, de parler de la beauté, de la foi. C'est-à-dire que moi, si je suis allé en propédotique, c'était parce que j'étais émerveillé de voir des prêtres parler de Jésus et parler bien, et moi aussi, je voulais faire ça. Ensuite, le théâtre, c'est parce que je voulais parler de la foi. Les réseaux sociaux, c'est pour parler de la foi. À chaque fois, j'ai l'impression que ça tourne autour de ça.
- Marie
Mais comment tu as fait pour découvrir ce fil rouge ? Parce que tu dis, voilà, je voulais être sain, peu importe ce que je fais, mais sa mission de vie, ce pourquoi en effet, c'est quand même hyper important. Je pense aux jeunes qui vont nous écouter et qui peut-être se posent des questions sur leur vocation, à quoi je suis appelée. Comment toi, tu as découvert ça ? Ce fil rouge, cette mission de vie, est-ce qu'il y a Dieu qui t'a parlé ? Parce que vraiment, quand on cherche sa vocation, on aimerait bien, et puis Dieu se montre parfois très silencieux.
- Victor
Je crois que Dieu nous donne déjà les outils pour la mission qu'il nous donne. Et je crois que ces outils, c'est les talents, la paix et la joie dans ce qu'on fait. Il y a des choses dans lesquelles on est objectivement plus fort que les autres. Et c'est bien. Et il y a des gens qui sont plus forts que nous dans plein d'autres trucs. C'est bien aussi. Il y a des choses qu'on aime faire plus que les autres. Et c'est bien. Et il y a juste à voir ce qu'on aime faire, ce qu'on sait faire, et là où il y a la paix et la joie. Quand on fait quelque chose et qu'on ne voit pas le temps passer, qu'on est heureux de le faire, et qu'en plus on voit que ça fait du bien aux gens autour de nous, et qu'en plus de ça, ça répond à un besoin du monde, là je pense qu'il y a une mission de vie. Et moi, je me disais que j'aime vraiment parler de Dieu. Et puis, j'ai l'impression de savoir un peu parler de Dieu, parce que les gens continuent de me poser des questions. C'est moi qui viens de voir pour les poser leurs questions. Donc, si je sais parler de Dieu, que j'aime parler de Dieu, qu'en parlant de Dieu, je ne vois pas le temps passer, que je suis heureux de faire ça, ça me donne vraiment beaucoup de joie. Et qu'en même temps, ça répond clairement à un besoin du monde. Il y a des gens qui sont désespérés, qui ne connaissent pas le sens de leur vie, qui ne connaissent pas Dieu. Et moi, je me dis que c'est le principal. Et donc, je vais parler de Dieu. j'ai l'impression qu'il y a une mission de vie en fait pour n'importe qui d'autre ça pourrait être n'importe quoi Quels sont ses talents ? Qu'est-ce qu'il aime faire ? Qu'est-ce qu'il sait faire ? Où est-ce qu'il a un besoin du monde ? Et dans quoi est-ce qu'il est joyeux, heureux ? Là, il y a quelque chose à creuser.
- Marie
Merci, c'est des bons outils, effectivement. J'espère que ça aidera ceux qui nous écoutent.
- Victor
En tout cas, ça m'a aidé, moi.
- Marie
Et donc, tu es heureux de ce que tu fais. Maintenant, tu consacres ta vie à ta chaîne YouTube, tes réseaux sociaux.
- Victor
C'est l'activité principale, effectivement. Le principal, c'est les réseaux sociaux. les vidéos, les réponses aux messages. En plus de ça, je donne des conférences un peu partout et j'écris mon deuxième livre.
- Marie
Ok ! Dis donc, ça sera sur quoi ?
- Victor
Ça sera sur les raisons de croire, le deuxième. Ah bah évidemment ! Le premier, c'était globalement tout ce qu'on s'est dit jusque-là, trouver sa mission de vie et oser être sain, vouloir être sain et se rendre compte que c'est vraiment le principal. Et le deuxième, c'est en gros, quelles sont nos raisons d'y croire.
- Marie
Comment s'appelle le premier livre ?
- Victor
Soyons sains, méthode pour ne pas gâcher sa vie.
- Marie
Alors, quand on est converti, reconverti, tout plein de l'amour de Dieu, comme tu l'étais au lancement de ta chaîne YouTube, on est généralement tout feu, tout flamme. On est enflammé de cet amour. Et puis, il y a le temps qui passe, parfois la routine, l'habitude qui s'installe, l'aridité même qu'on peut ressentir parfois, et qui émousse un peu ce feu initial. Aujourd'hui, quatre ans ou cinq ans plus tard, comment tu fais pour... toujours ressentir ce feu ? Est-ce que tu le ressens toujours déjà ? Comment tu fais pour toujours être enflammé de l'amour de Dieu ?
- Victor
Il y a des moments où je ne sens pas du tout ce feu, où je ne sens pas du tout Dieu, où c'est complètement sec, mais c'est aussi complètement normal. La foi, ce n'est pas constamment des papillons, des trucs tout roses. Les émotions, elles sont hyper fluctuantes. Moi, je ne me base pas sur les émotions pour être engagé vers Dieu. Je me fonde sur quelque chose de beaucoup plus stable, qui est la foi et la confiance que je fais à Dieu et ce que je crois dans l'enseignement de l'Église. Ce que je crois dans l'enseignement de l'Église, c'est tout en entier. Mais il y a cette confiance-là. Et en même temps, il y a tout ce que j'ai vérifié rationnellement. Je suis à peu près sûr de ma foi catholique. Et donc, je me dis, peu importe ce que je ressens, j'ai déjà vérifié ça intellectuellement. Je sais que c'est vrai. Et donc, je peux ressentir quelque chose de très positif ou de très négatif, peu importe. Mes émotions, elles sont fluctuantes. Je veux dire, on passe de la tristesse à la joie, à la peur, à la peine hyper rapidement. On ne peut pas se fonder là-dessus pour motiver ce qu'on fait. Je me dis, si à un moment donné, c'est sec ou c'est aride, que je ne ressens rien, ce n'est pas grave. Mes émotions, j'appelle un pote, je mange une glace, je ne sais pas. Mes émotions, je peux les combler autrement. toute proportion gardée. Parfois, il y a des vraies grosses galères et c'est compliqué. Mais je me dis que les émotions sont trop fluctuantes pour me fonder dessus. Donc, je me fonde sur quelque chose de beaucoup plus concret, qui est ma foi est vérifiée rationnellement. Je sais que c'est la vérité. Et en me disant ça, je me dis qu'il y a toujours des gens qui n'ont pas la foi. Il y a toujours des gens qui sont désespérés. Il y a toujours des gens qui vivent des choses terribles et compliquées. Et ils ont besoin d'entendre parler de Dieu. En même temps, je relis quelques messages. j'ai de gens qui se sont convertis grâce aux vidéos. Et je me dis, mais s'il y a un gars qui s'est converti là, il y en a combien d'autres qui l'attendent, cette conversion, ou qui se posent ces questions ? Il y a comme une forme d'urgence.
- Marie
Tu reçois beaucoup de ces messages ? Oui, beaucoup.
- Victor
Là, j'en ai 400 non-lus sur les réseaux. Donc, je mets beaucoup de temps à répondre. J'essaye de répondre. Parfois, il y en a qui passent entre les mailles du filet. Je suis trop désolé, mais je reçois beaucoup de messages. En fait, tous ceux qui parlent de Jésus sur les réseaux, on reçoit beaucoup de messages. C'est pour dire le besoin qu'il y a derrière. Et moi, je me dis, en même temps, Jésus a dit, vous ne connaissez ni le jour ni l'heure, c'est peut-être demain la fin du monde, quoi. En vrai. C'est peut-être dans mille ans, mais c'est peut-être pas. Et en même temps, peu importe que ce soit dans mille ans ou demain, moi, j'ai un truc à faire, c'est être saint. Je me dis que je veux suivre ce à quoi me pousse la foi chrétienne, c'est-à-dire annoncer, c'est-à-dire évangéliser. En même temps, c'est ce que disent tous les saints. En même temps, c'est ce à quoi invitent les papes. Un chrétien est un disciple missionnaire. On est et disciple et missionnaire en même temps. L'un ne va pas sans l'autre. Donc, si je dois être missionnaire, il faut que je parle de Jésus. Et il y a cette urgence. Et donc, peu importe si je ne le sens pas, si j'ai la flemme, il y a une urgence. Il y a des gens qui ont besoin d'entendre parler de Jésus. Et à partir de ce moment-là,
- Marie
on y va. Ce que je me pose aussi comme question, c'est que YouTube, les réseaux sociaux, ce sont des milieux que je trouve très durs. il y a la course au like au titre et au contenu le plus accrocheur, le plus choquant. C'est la course toujours plus, toujours plus de contenu, toujours plus de likes. Et est-ce qu'on finit pas un peu par y perdre son âme ?
- Victor
Il y a une forme de danger, peut-être, effectivement, à vouloir trop chercher les likes, le nombre de vues, etc. À vouloir, à tout prix, essayer de convenir à l'algorithme en quelque sorte. Mais c'est là où, en fait, on se rappelle pourquoi on fait les choses. Moi, je fais pas les choses... pour les likes et les vues et tout ça. Mais en même temps, c'est la seule manière de vérifier si la mission est toujours utile. Si les vidéos sont vues, elles sont aimées, c'est que ça touche les gens. Et le jour où ça s'arrête, c'est peut-être que j'ai autre chose à faire. Mais en même temps, il y a la source. À la base, je fais ça vraiment pour parler de Dieu. Et c'est trop bien que ça fonctionne. Mais c'est là la distinction, en quelque sorte. C'est que les vues, les likes... Ça n'a jamais été le but. C'est-à-dire que c'est toujours un moyen, c'est un outil. Et il faut l'utiliser. Si je suis sur les réseaux sociaux, il faut que j'utilise les codes des réseaux pour que ce soit vu. Et mon but, c'est de parler de Dieu au maximum de gens. Et donc, le maximum de gens voient ça. Et donc, effectivement, il faut une accroche qui est percutante. Il faut un rythme dans la vidéo, un bon montage. Il faut un titre qui va bien, une miniature assez aguicheuse. Mais c'est... Enfin, aguicheuse, je ne sais pas si c'est le bon terme, mais en tout cas un truc qui attire l'œil. Et donc, il faut utiliser ces trucs-là. Donc,
- Marie
tu utilises les codes de ces plateformes pour...
- Victor
Oui, mais après, on essaye de voir toujours et de servir le but qu'il y a. Le but, c'est toujours parler de Dieu et qu'il soit entendu. Et donc, j'ai l'impression que tant qu'on n'oublie pas ce but-là, ça va, on ne se perd pas trop. Le jour où j'oublie ça et je me dis que je veux juste... que les vidéos fonctionnent pour moi-même.
- Marie
Là, j'espère, je crois qu'il y a des gens qui pourront me passer un coup de fil et me dire « Victor, t'es en train de faire n'importe quoi » .
- Victor
T'as un entourage qui veille à ça ?
- Marie
Oui, en tout cas, je pense que oui.
- Victor
Parce que t'es pas un peu seul, c'est un peu le danger aussi.
- Marie
Oui, c'est clair que c'est le danger, mais je pense que je suis assez entouré. Déjà, j'ai un accompagnateur spirituel, j'ai des amis autour de moi, j'ai de la famille. Il y a d'autres gens qui font des vidéos sur les réseaux. et qui sont dans la même situation, qui ont le même état d'esprit. Donc, on essaie de veiller un peu les uns sur les autres. Donc, j'espère, je pense que du côté là, ça va. De ce côté là, ça va. Et si un jour, je devais dérailler, il y a des gens qui pourraient me reprendre, me retirer un peu le bras.
- Victor
De façon corollaire, peut-être. Est-ce que ce n'est pas un peu trop lourd ? Est-ce que tu n'as pas parfois envie ou la tentation, un peu comme tout prophète finalement, de déserter ? de te délester de ce fardeau ? Je me dis que ça doit être... Cette communauté, elle est tellement grande, c'est génial, et en même temps, c'est lourd. Et tu n'as pas envie, parfois, de te déserter ?
- Marie
Je n'ai pas envie de... Ça dépend, peut-être un peu. Tout dépend dans quelle situation. Parfois, s'il y a des bains de foule, quand il y a énormément de personnes d'un coup, lors d'un événement, et qu'en fait, il n'y a plus aucune place pour... prier par exemple ou que c'est un peu le revers de la médaille en quelque sorte, j'ai choisi de m'exposer sur les réseaux sociaux, la conséquence c'est que quand ça marche bien, il y a des gens qui reconnaissent donc c'est toujours très chouette, vraiment trop bien de parler avec des gens qui reconnaissent des réseaux il y a des moments où c'est un peu pesant, où je vais à l'église pour prier et quand on commence à sentir des regards à droite ou à gauche c'est un peu dur de prier quoi donc dans ces cas là il y a comme une envie de d'être incognito. Et encore, pour l'instant, la chaîne, si on la compare à d'autres chaînes, elle est minuscule. Donc, ça va. Mais en revanche, je n'ai pas vraiment l'envie de déserter ce que je fais sur les réseaux, parce que je vois combien ça porte de fruits. Et je me dis qu'il y a toujours des gens à qui ça sert, à qui c'est utile. Et je vois ça comme une forme de responsabilité. C'est-à-dire que, si j'ai commencé ça, et que c'est réellement une mission, c'est-à-dire qu'il y a vraiment un appel de Dieu derrière et le fait que ça devienne mon métier, c'est la forme, le fond, c'est toujours la mission. La première chose pour laquelle je suis là, c'est parce qu'il y a une mission qui est de parler de la foi. Et donc ça, je n'ai pas envie de le laisser de côté. C'est que j'ai suivi cet élan-là, cette forme d'appel, et il y a des fruits qui sont bons et j'ai l'impression que c'est Dieu qui encourage. Alors si je désertais, si j'arrêtais de faire ça, déjà que je n'en ai pas envie, mais si j'arrêtais, j'ai l'impression que ce serait comme renier ce que Dieu m'a donné et ce à quoi il m'appelle.
- Victor
Qu'est-ce que YouTube et les réseaux sociaux ont changé à ta foi ?
- Marie
Ça m'a donné comme une forme de responsabilité, j'ai l'impression. Ça a cadré ma foi en un sens. C'est-à-dire ? C'est-à-dire que si je parle de Dieu et que je parle de la messe, je suis obligé d'y aller. Je n'ai pas la tentation de ne pas aller à la messe. Pour moi, c'est essentiel, mais ça me force à prier tous les jours, à aller à la messe, à aller me confesser régulièrement. En fait, ça me donne un cadre et je suis comme obligé de le faire. Si j'en parle et que je ne le fais pas, je suis hypocrite. Je n'ai pas envie d'être hypocrite, je le fais. Évidemment, ce n'est pas pour ça que je le fais, mais ça m'aide à cadrer les choses et à y rester fidèle. en plus de ça, comme on pose plein de questions sur la foi, avec le temps, on commence aussi à avoir pas mal de réponses. Et donc, ça m'aide moi à y croire encore plus et à toujours avoir en tête de manière fraîche et constamment nouvelle le pourquoi, je crois. Et ça, ça aide pas mal quand même.
- Victor
Elle est renouvelée.
- Marie
Toujours renouvelée. Exactement. Il n'y a jamais d'ennui. Il n'y a jamais d'habitude, en quelque sorte.
- Victor
Et donc, ta relation à Dieu, aujourd'hui, comment tu la qualifierais ?
- Marie
Comment je la qualifierais ? C'est compliqué, elle est bien pauvre, comme toujours. Elle est toujours bien pauvre, notre relation à Dieu. Il donne beaucoup et moi je fais de mon mieux pour ne pas lui mettre de bâton dans les roues. Je dirais ça.
- Victor
Est-ce qu'il y a un livre qui t'a aidé dans ton cheminement personnel que tu voudrais recommander à nos auditeurs ?
- Marie
Il y a un livre qui m'a aidé. Il y a un livre que j'avais lu il y a sept ans à peu près qui m'avait beaucoup... plus parce qu'il résume globalement la foi catholique.
- Victor
Le catéchisme de l'Église catholique ! Non, peut-être un plus facile d'accès.
- Marie
Après, le catéchisme de l'Église catholique, il est accessible si on achète le YouCat. Il est résumé, vulgarisé, il est très chouette. Mais sinon, le livre qui m'avait assez plu, j'en ai deux en tête là. Le premier, c'était Joie de croire, joie de vivre, de François Varillon. Tous les paragraphes, il a une punchline, c'est assez extraordinaire. Je me souviens l'avoir lu et... En ayant fini l'introduction du livre, j'avais l'impression d'avoir terminé le livre. C'est pour dire combien c'est dense et assez exceptionnel. C'est très dense, mais c'était passionnant. Et donc le fait d'après découvrir que j'avais encore tout le livre à lire après l'introduction, j'étais trop content. Mais il y avait ce livre-là, et sinon celui que j'ai découvert quelques années plus tard, mais que j'aurais été tellement heureux d'avoir quand j'avais 18 ans. C'est le livre de Mathieu, un des livres de Mathieu Lavagna, qui s'appelle « Soyez rationnels, devenez catholiques » . C'est un titre du coup assez accrocheur, mais il dit tout. Et il dit avec une méthode que je trouve vraiment extraordinaire, il prouve la foi chrétienne. Sincèrement, en lisant ça, j'ai du mal à me dire qu'on puisse lire ça et ne pas au moins se poser la question, sinon se convertir. Après, tout le monde ne... n'est pas touché par les mêmes choses. Il y en a, les arguments rationnels, ce n'est pas ça qui va les toucher d'abord. Moi, oui. Et donc, en lisant ça, je me dis, vraiment, c'est une pépite.
- Victor
Est-ce que tu aurais un conseil ? Enfin, j'imagine que tu en as plein. Mais est-ce que tu pourrais donner un conseil à un jeune ou d'ailleurs à un moins jeune qui cherche un sens à sa vie ?
- Marie
Il y a une réflexion qui m'a pas mal aidé, c'était de me dire, si j'existe ici et maintenant, C'est pour quelque chose. Enfin, je veux dire, je suis absolument unique. J'ai qu'à regarder mes mains, mes empreintes digitales, elles sont uniques au monde. Personne n'a jamais eu les mêmes, personne actuellement n'a les mêmes, personne n'aura jamais les mêmes. En plus des empreintes digitales, l'iris dans mes yeux, la forme de mes oreilles, l'ADN dans chaque cellule de mon corps, je suis absolument unique. En plus, psychologiquement, par mon histoire, mes expériences, je suis complètement unique. Pourquoi est-ce que je suis si unique si ce n'était pas nécessaire, si ce n'était pas voulu ? C'est-à-dire que j'ai quelque chose à faire. En plus de ça, j'existe ici, mais j'aurais pu et maintenant. J'aurais pu vivre il y a 500 ans aux Philippines, dans 200 ans au Mexique, pourquoi pas ? Mais j'existe ici et maintenant. Pourquoi ? C'est pour quelque chose, ça veut dire qu'il y a quelque chose à faire, que moi seul peut faire, ici et maintenant. En plus de ça, si Dieu n'existe pas, donc si l'athéisme est vrai, pas l'agnosticisme, où on ne sait pas, l'athéisme qui dit il n'y a pas de Dieu. Si l'athéisme est vrai, qu'il n'y a vraiment pas de Dieu, ça veut dire que quoi que je fasse, ça n'a aucune utilité, aucun but en soi. Ça vient du néant, ça retourne au néant. Un jour je mourrai, tout le monde m'oubliera. Et puis même si on ne m'oublie pas, je veux dire, l'humanité un jour mourra, mes proches mourront, et puis peut-être un jour la Terre arrêtera de tourner, j'en sais rien, il n'y aura plus d'humains sur Terre, ça retournera au néant. Donc au bout d'un moment, si Dieu n'existe pas, il y aura du néant pour toujours. Donc quoi que je fasse maintenant, ça n'a aucun sens en soi. Rien n'est bon ou mauvais en soi. Et donc si vraiment l'athéisme est vrai, quoi que je fasse, ça n'a aucun but, aucune utilité. ça sert à rien que je fasse ça Mais si Dieu existe, alors tous mes actes ont une portée éternelle. Donc maintenant, la question, c'est pourquoi est-ce que je veux vivre ? Est-ce que je vis pour le néant ?
- Victor
Oui, le nihilisme.
- Marie
Ou est-ce que je vis pour cette espérance que donne la foi chrétienne ? Maintenant, on peut aussi, même si ces réflexions-là un peu philosophiques ne nous chauffent pas trop, je peux tout à fait comprendre. Mais on peut aussi se demander, se parler de Jésus. Si on parle du monde et de ce qu'on connaît autour de nous, voyons la personne au monde qui a tout changé et qui est incomparable. Jésus, peu importe comment on voit les choses, qu'on soit chrétien ou pas chrétien, il est incomparable, il n'y a pas deux personnes comme lui, il a coupé l'histoire en deux. On est en 2025 après Jésus-Christ, ça c'est fou quand même. C'est le seul qui a dit être Dieu, c'est le seul qui avait cette prétention-là, c'est extraordinaire. Donc maintenant, écoutons-le, regardons ce qu'il dit, lisons sa biographie. l'évangile dans la Bible, c'est quand même la biographie de Jésus. Écoutons ce que disent les premiers chrétiens à son sujet et voyons est-ce que ça vaut le coup d'être suivi ou pas. Lis l'évangile, lis ce que disent les chrétiens. Est-ce que ça vaut le coup de fonder sa vie là-dessus ou pas ? Moi, je pense que oui à chacun de décider.
- Victor
Ok, on va l'essayer. Nos auditeurs méditer. Quelle est ta prière préférée ou bien celle qui t'a aidé dans ton chemin vers le Christ ?
- Marie
Ma prière préférée, en fait, c'est quand j'ai vu commencer à prier avec la prière des psaumes. En lisant les psaumes, il y en a 150. Dans les psaumes, il y a globalement toutes les émotions humaines, tous ceux par quoi on peut passer.
- Victor
Est-ce qu'il y en a un qui t'a touché particulièrement ?
- Marie
Il y en a un qui m'a touché, c'est le psaume 41. « Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. » Et moi, je trouve ça, c'est fou quoi. Il y a le psalmiste qui écrit sa recherche de Dieu avec des mots qui peuvent me toucher moins. C'est beaucoup de poésie, c'est très beau, mais... Il y a quand même quelque chose qui m'a porté là-dedans. Il y a dans ce psaume-là, 41, une recherche, une forme de tristesse chez le psalmiste, mais il attend vraiment une action de Dieu concrète. Et il demande en gros à Dieu, mais qu'est-ce que tu fais là où tout le monde autour de moi me dit, mais où est-il ton Dieu dans les scandales, dans le mal, dans les incompréhensions, etc. Où est-il ton Dieu ? Et lui, il dit, mais je rendrai grâce au Seigneur mon Dieu. Et il garde cette espérance-là. que je trouve très belle. Il y a d'un côté la recherche de Dieu, et de l'autre côté l'adversité qu'on peut connaître autour de nous dans la recherche, dans les gens qui ne comprennent pas trop notre foi, etc. Et en même temps, la ferme confiance qu'on garde en Dieu,
- Victor
je le trouve très beau. Est-ce que tu peux nous le lire ?
- Marie
Je peux le lire, oui. Comme un cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant. Quand pourrais-je m'avancer par être face à Dieu ? Je n'ai d'autre pain que mes larmes le jour, la nuit, moi qui chaque jour entend dire « Où est-il ton Dieu ? » Je me souviens et mon âme déborde. En ce temps-là, je franchissais les portails. Je conduisais vers la maison de mon Dieu, la multitude en fait, parmi les cris de joie et les actions de grâce. Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu, de nouveau je rendrai grâce. Il est mon Sauveur et mon Dieu. Si mon âme se désole, je me souviens de toi. Depuis les terres du Jourdain et de l'Ermond, depuis mon humble montagne, l'abîme appelant l'abîme à la voix de tes cataractes, la masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi. Au long du jour, le Seigneur m'envoie son amour, et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie. Je dirai adieu, mon rocher, pourquoi m'oublies-tu ? Pourquoi vais-je assombrir, pressé par l'ennemi ? Outragé par mes adversaires, je suis meurtri jusqu'aux eaux, moi qui chaque jour entends dire « Où est-il ton Dieu ? » Pourquoi te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? Espère en Dieu, de nouveau je rendrai grâce. Il est mon sauveur et mon Dieu.
- Victor
Amen, c'est vrai qu'il est magnifique.
- Marie
Il est très beau.
- Victor
Et ma toute dernière question, si Jésus était en face de toi, là, dans ce studio, à ce moment, qu'est-ce que tu lui dirais vis-à-vis de ton cheminement ?
- Marie
Je lui dirais pardon, merci, pardon. Merci, pardon, merci. Il n'y a rien de particulier d'autre à dire. Jésus me connaît déjà parfaitement, il me connaît mieux que moi-même, il voit toute ma vie. C'est lui qui appelle et c'est lui qui a vu comment j'ai répondu ou pas. Et c'est lui qui a vu aussi toutes les failles et toutes les forces. C'est lui qui m'a donné tout ce que j'ai maintenant et qui a vu aussi toutes les ratées. Donc pardon, mais merci. Mais pardon, mais merci.
- Victor
Merci beaucoup Victor pour cette interview.
- Marie
Merci à toi.
- Victor
Merci pour votre écoute et merci d'être toujours plus nombreux à écouter Un Beau Jour, à vous abonner, à partager cet épisode sur les réseaux sociaux et à mettre 5 étoiles et des commentaires sur Apple Podcasts et Spotify. Pour découvrir d'autres témoignages de feu, Vous pouvez bien sûr écouter les autres épisodes du podcast, mais aussi lire chaque semaine nos rencontres dans le magazine Famille Chrétienne. Enfin, n'hésitez pas à découvrir les autres podcasts de Famille Chrétienne. Toussaint, ses témoins de la foi racontés par Bénédicte de Lelys, Maman Prie, Sexo, Prières catholiques et d'autres encore. Encore merci et au prochain premier lundi du mois pour un nouvel épisode.