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Un café au comptoir - interview art, culture et littérature

Charlotte Moreau, journaliste au magazine Elle et autrice parle de féminisme, de mode, et d'écriture

Charlotte Moreau, journaliste au magazine Elle et autrice parle de féminisme, de mode, et d'écriture

51min |14/01/2025
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Charlotte Moreau, journaliste au magazine Elle et autrice parle de féminisme, de mode, et d'écriture

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Description

Il est toujours intimidant d’interviewer de quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l’interviewer . De brosser  le portrait de qui, précisément, maîtrise le coup de plume pour le faire , bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. 


Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu ! Et pour m’inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste, podcasteuse, animatrice de Masterclass et d'ateliers d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerai également l'art de citer Montesquieu « La gravité est le bonheur des imbéciles ». 

 

Car oui, celle dont je parle, sans être  futile, sait néanmoins apporter  aux sujets qu’elle traite sa dose d’ d’humour. Je l’ai immédiatement compris quand j’ai découvert son pseudo  de blogueuse -Balibulle- évoquant   davantage  le nom d’un teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista dont on a souvent réduit  la biographie au nombre des chaussures qu’elle possédait a écrit un Anti-guide de la mode, essai – à mon sens- philosophique et humoristique sur les diktats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. 


En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance. 

De son jean  porté parfois  comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en  repose fesses  le temps de l’écriture de ses articles de reporter jusqu’a ses accessoires- telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême- elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. 

 

Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires des femmes pour le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. Ainsi, en plus de la newsletter LE DEBRIEF, 2 récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glory Box, qui narre les hauts et les bas de son expérience au journal Le Parisien, et 76 kilos, dans lequel l’autrice tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d’un poids qui évolue au fil de sa vie. L’histoire est en cours d'écriture et de diffusion à raison d’un chapitre par mois. 

 

C'est donc pour discuter  de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d’un vestiaire et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fan de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier, chez Arthur et Juliette, et j’ai à présent l’honneur de prendre avec elle un café au comptoir. présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Charlotte Moreau :

https://www.instagram.com/charlottemoreaubalibulle/


Interview enregistrée au café Arthur et Juliette :

51 Rue des Morillons, 75015 Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le Elle. C'est un magazine qui a un historique de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction.

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Himéros. Je suis auteur, créateur, producteur de plusieurs podcasts. Bienvenue sur Un Café au Comptoir. Ça commence maintenant.

  • Speaker #1

    Un Café au Comptoir. Un Café au Comptoir.

  • Speaker #0

    Il est toujours intimidant d'interviewer quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l'intervieweur, de brosser le portrait de qui précisément maîtrise le coup de plume pour le faire, bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu. Et pour m'inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste. podcasteuse, animatrice de masterclass et d'atelier d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerais également l'art de citer Montesquieu, la gravité et le bonheur des imbéciles. C'est ça hein ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Car oui, celle dont je parle, sans être futile, s'est néanmoins apportée au sujet qu'elle traite sa dose d'humour. Je l'ai immédiatement compris quand j'ai découvert son pseudo de blogueuse. Balibule, évoquant davantage le nom d'un Teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire. ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista, dont on a souvent réduit la biographie au nombre des chaussures qu'elle possédait, a écrit un anti-guide de la mode, et c'est, à mon sens, philosophique et humoristique, sur les dictats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance de son jean, porté parfois comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en repose-fesses le temps de l'écriture de ses articles de reporter. Jusqu'à ses accessoires, telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême, elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires pour les femmes dans le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. En plus de la newsletter Le Débrief, deux récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glorybox, qui narre les hauts et les bas de son existence au journal Le Parisien, et 76 kilos dans lequel l'autriste tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d'un poids qui évolue au fil de sa vie. L'histoire étant courte d'écriture et de diffusion à raison d'un chapitre par mois. Alors c'est donc pour discuter de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d'investisseurs et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fans de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier chez Arthur et Juliette. J'ai à présent l'honneur de prendre avec elle un café. au comptoir. Bonjour Charlotte Moreau.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on se raconte suffisamment quand on est journaliste ou alors pas du tout et c'est pour cela qu'on a besoin d'écrire des choses sur sa vie ?

  • Speaker #1

    Je ne fais que parler de moi tout le temps. Je suis quelqu'un de terriblement auto-centré. Donc quel que soit le sujet, c'est toujours soit mon expérience que je raconte, soit mon regard sur quelque chose que je transmets. Je ne crois pas du tout à l'objectivité journalistique. En tout cas, moi je n'y ai jamais été confrontée dans... tous les postes auxquels j'ai travaillé. Ça a toujours été moi, moi, moi, moi, moi.

  • Speaker #0

    Alors comment on perçoit la partie universelle de ce qu'on écrit ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une remarque de Léna Ausha qui m'avait paru assez juste quand elle avait écrit Girls et qu'elle hésitait sur certains épisodes de sa vie qu'elle utilisait pour nourrir des... Voilà, les rebondissements de l'intrigue. Et elle disait sur certains thèmes qui me paraissaient tellement perso, tellement bizarres, tellement pas concernants, pas universels. C'est là qu'elle avait le plus de feedback, finalement. Parce que je pense que ce sur quoi elle a mis le doigt à ce moment-là, c'est que plus vous parlez de manière sincère de vous, plus vous connectez non pas à l'expérience de l'autre, mais à sa sincérité et à lui aussi. Et donc, finalement, le... parallèle, il est là. Moi, ce qui m'intéresse le plus, ce sont les journalistes qui donnent leur point de vue, les auteurs qui disent je Je suis autocentrée et c'est aussi ce que j'aime consommer. J'aime qu'on dise je et j'aime écouter ça.

  • Speaker #0

    Même quand on écrit pour un magazine de mode, dans ce cas-là, on va toucher à beaucoup de personnes. Et on va souvent penser qu'il y a un côté très superficiel dans la mode. Alors que vous, vous essayez de gagner en profondeur dans tout ce que vous écrivez. Comment on vit un petit peu cette... ces deux côtés de soi-même ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est intéressant, en ce moment je travaille pour le magazine Elle, qui a une longue tradition de mise en scène de ses plumes, quand tout le sujet fut-il, il y a énormément de sujets dans lesquels on est soit en immersion, soit en mise en scène de soi. Donc quand je suis arrivée là, il y avait déjà cette possibilité de dire je que j'utilise sur le site, quand je fais des articles sur le site, mais pas dans le magazine. Mais donc, il y a une forte culture de la subjectivité, et il y a aussi cette culture de dire on raconte les choses graves avec légèreté, et les choses légèretées avec, je ne vais pas dire gravité, mais peut-être sérieux. Voilà, mettre du sérieux dans la légèreté, et de la légèreté dans le sérieux. Ce qui me correspond pas mal, et ce qui du coup permet, quand j'ai un mode d'emploi, par exemple, à faire sur telle pièce tendance du moment, J'essaie de jamais le faire de manière impérieuse ou fermée et de toujours laisser comprendre qu'il y a la possibilité de s'approprier les choses et surtout de mettre complètement à distance ce que j'écris. Je propose, vous disposez. Et puis, j'élargis toujours au-delà de la mode parce que finalement, c'est ça qui est drôle. Par exemple... tel sac, je ne vais pas vous dire juste pourquoi il est bon de choisir tel sac, mais quel type de livre vous allez avoir dedans. Voilà, qu'on essaie de voir des personnages.

  • Speaker #0

    Une dimension politique, finalement.

  • Speaker #1

    Toujours, sur le vêtement, toujours, même si c'est un sujet qui est encore très, très peu légitime. Pour le site, je fais une série d'entretiens qui s'appelle Mon Job, Mon Dressing, où je demande à des femmes qui exercent des métiers un peu emblématiques. pas au sens emblématique, au sens important du terme, mais très connue. Des métiers que tout le monde connaît, sur lesquels tout le monde a une image mentale. Il m'est déjà arrivé, quand on relaie ensuite les entretiens sur LinkedIn, par exemple, de voir l'entourage professionnel qui vient saboter la démarche en disant que l'important, c'est la compétence, ce n'est pas la manière dont tu t'habilles, et essayer de faire comprendre. que les deux sont liés surtout quand vous êtes une femme, que tout le monde est regardé même quand vous êtes un homme, ça reste compliqué. Comme si on peut avoir des conversations sur le vêtement de pouvoir, par exemple, des femmes politiques, des dirigeants. On peut avoir des conversations sur le vêtement de scène quand vous êtes artiste, avoir une conversation sur le vêtement professionnel quand vous exercez un panel de métiers complètement banal, ordinaire. ça reste compliqué. C'est un sujet qui n'est pas pensé, en fait. Je pense que ce n'est même pas tabou, c'est que ce n'est pas pensé. C'est que personne ne va vers cette conversation. Moi, ça m'intéresse vachement. Quand vous travaillez, vous êtes dans le mouvement. Ça implique quoi en matière de choix vestimentaire ? Surtout si vous êtes une femme, je me répète, c'est encore plus important pour nous. Ça a des impacts en termes d'image, comment on vous regarde. Dans certains métiers, vous êtes crédible si vous êtes détendu. Dans d'autres métiers, c'est l'inverse. Vous êtes crédible si vous êtes austère. Donc tout ça a infiniment d'importance et infiniment politique.

  • Speaker #0

    Justement, la journaliste interviewée, qui à la différence de moi ne porte pas un pull qui bouloche, mais un pull avec plein de jolis cœurs, un cœur rouge entouré d'un liseré blanc. Voilà, c'est quoi le dressing de la journaliste ?

  • Speaker #1

    Alors, le dressing de la journaliste, donc déjà, c'est un petit clin d'œil à Chloé Thibault que vous avez reçu il n'y a pas longtemps, qui est propriétaire d'un magnifique pull avec des cœurs brisés, avec lequel elle a fait pas mal de photos de promo de Désirer la violence. Et j'ai eu un coup de cœur absolu sur son pull. Et quand j'en ai trouvé un qui ressemblait, sur moi, les cœurs ne sont pas brisés, ils sont intacts. Mais je me suis dit voilà.

  • Speaker #0

    C'est un moyen justement de faire passer un message. Allez, vas-y, c'est cool.

  • Speaker #1

    En plus, je vais essayer de ne pas trop parler d'astrologie, mais je suis sagitaire. Donc, je fais partie de ces tempéraments qui ont besoin de briser la glace très, très vite.

  • Speaker #0

    Ma mère doit être une mauvaise sagitaire, mais je vous laisse continuer.

  • Speaker #1

    L'ascendant qui joue aussi. C'est vrai. Ascendant gémeaux pour moi. Aussi le côté je parle, je brise la glace, on est dans l'échange, on se connecte. Donc oui, je pense qu'il y a aussi chez moi un... une sorte de tranquillité par rapport au fait de... Non pas l'image que je donne, mais de... le sérieux. Enfin... C'est plus un sujet. Je suis une ancienne blogueuse. J'écris sur la mode et la pop culture. Je m'en fous, finalement, si on se dit... que je n'ai pas l'air extrêmement sérieuse dans ce que je fais, ou suffisamment austère, ou suffisamment altière. J'ai une tête déjà qui est relativement... On m'appelait la redoublante, par exemple, à la fac, alors que je n'ai jamais redoublé. Je fais déjà plus vieille que mon âge, et peut-être plus austère. Donc du coup... Du coup, oui, pour moi, il n'y a pas de... Comment dire ? Le seul lieu où je peux encore me poser des questions sur la manière dont je m'habille, et ça, ça va encore évoluer, je pense, c'est les Fashion Week. Pendant très longtemps, je n'ai pas eu besoin d'y aller parce qu'on ne m'envoyait pas sur ce type de sujet. Maintenant, c'est le cas. Et en fait, quand vous voyez comment les gens sont habillés là-bas, il y a une infime proportion de personnes très, très lookées. Et il y a surtout des gens ordinaires, donc vous pouvez y aller comme vous êtes, comme le dit le slogan d'un célèbre fast-food, et il n'y a pas de problème. Donc je pense qu'à la prochaine, il m'en a fallu plusieurs pour me dire, non mais ne cherche pas des vêtements particuliers, particulièrement féminines. C'était plutôt là-dessus où je me disais, il faut que je sois féminine. Non, en fait, je peux y aller avec ma casquette, mes baskets, ce n'est pas grave. Donc voilà, c'est à peu près le dernier truc que j'avais à dénouer. Donc là, c'est fait. Du coup, pour la prochaine, je me mets un petit challenge avec moi-même d'y aller exactement comme je suis habillée quand je suis à travail.

  • Speaker #0

    Comme aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #1

    Comme aujourd'hui, voilà.

  • Speaker #0

    Quand vous interviewez quelqu'un, vous y pensez ? Comment je dois m'habiller ? Je m'en suis aperçu juste avant que ça boulochait, mais je me suis dit, bon, tant pis. J'ai mis une touche de couleur parce que j'ai vu sur votre Instagram que c'est bien d'avoir une touche de couleur. Et après, je me suis dit, mince, j'ai deux touches de couleur. Comment vais-je faire ? Bon, tant pis. Assumez.

  • Speaker #1

    Il y a les trois couleurs. Ça reste une vieille recette de grand-mère qui marche toujours. Ipac, par ailleurs, la bouloche, c'est l'état naturel du pull. Donc, voilà. C'est conditionné à se dire, c'est pas bien, etc. Normalement... Par définition, ils arrivent tous à ce stade-là de leur existence, c'est-à-dire où ils l'avaient gardé longtemps. Je pense que sur le fait de réfléchir à comment je m'habille pour interviewer un tel ou tel, ce qui était très vrai au moment du Parisien, où vraiment je travaillais au service spectacle et médias, où on avait tout le temps à interagir avec des personnes extrêmement célèbres, je n'ai aucun souvenir. d'avoir mis un vêtement particulier pour interviewer une personne, à une exception près. Vous l'avez mentionné pour Justin Timberlake. Là, oui, j'avais mis...

  • Speaker #0

    Lexie Back.

  • Speaker #1

    Un petit peu. C'était bien résumé. Là, oui, une robe dont je pensais qu'elle était moderne. J'avais peut-être ce truc-là. de me dire est-ce que c'est suffisamment moderne, voilà c'est mon dernier théoblique c'était pas moderne si ? je pense que ma tenue était nickel qu'en revanche je m'étais vraiment fait une idée du personnage qui était complètement à côté de la réalité et c'est aussi ça les joies du métier de journaliste, c'est que vous avez accès en même temps en 15 minutes à la personne publique et à la personne à la ville Vous voyez les deux côtés. Et donc, c'est quand même assez fréquent que les deux images soient un peu dissonantes.

  • Speaker #0

    C'est une incompréhension. Une interview, c'est un moment qui ne devrait pas exister normalement. Ce sont des personnes qui ne devraient pas se rencontrer et discuter ensemble. C'est un malentendu ? C'est le compte rendu d'un malentendu ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est très juste. Je pense qu'il y a un truc impossible, en fait, dans le fait d'aller parler, notamment à une célébrité, surtout sur un délai aussi court. même si certains sont excellents dans l'exercice et ils vont vous sortir en neuf minutes absolument tout ce dont vous avez besoin pour votre papier, parce qu'ils savent faire et en général ils ne sont pas français.

  • Speaker #0

    Oh mais tiens, dans ta gueule.

  • Speaker #1

    Non mais c'est vrai qu'en France, on vous fait souvent sentir que c'est une purge, que c'est quelque chose qui est demandé en plus, que tout est dans l'œuvre, qu'il n'y a pas... discourir dessus, alors que dans la tradition anglo-saxonne de la promotion, ça fait partie intégrante du job et je pense qu'ils ont plus cette notion qu'ils sont aussi payés pour le faire, que ce n'est pas quelque chose qu'ils leur aient demandé en plus et sur quoi ils peuvent s'asseoir. Donc ils le font généralement très bien.

  • Speaker #0

    Quand j'ai préparé cette émission, vous m'avez parlé de Chloé Thibault, dont on a reparlé là, qui est une plume féministe. Donc j'imagine que vous avez des sensibilités plutôt féministes. Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est un magazine qui a un historique vraiment très très ancien de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction. Et c'est en ça que c'est compliqué. C'est qu'entre les universalistes et les intersectionnelles, Il y a des terrains sur lesquels le dialogue est très compliqué. Et pour nous réussir à parler de manière claire et cohérente à notre lectorat, il faut qu'on réussisse à enjamber tous ces courants et à proposer des sujets qui les réconcilient. Il n'y en a pas beaucoup. Mais quand vous y arrivez... Moi, la dernière fois que j'ai pu faire un sujet dont on m'a dit Voilà, c'est ça qu'il faut faire. C'est là qu'on rend service, c'est là qu'on renseigne. C'était un abécédaire des derniers néologismes du féminisme qu'il fallait connaître pour comprendre un petit peu les militantes et puis cette faculté qu'a le féminisme à nommer les choses, à inventer des mots pour des comportements. Et donc ce sujet, je l'avais fait initialement pour le site. Et il est remonté dans le print, ce qui n'arrive quasiment jamais, parce qu'il correspondait précisément à ce que le journal a à cœur de faire, tout en ayant du mal à le faire.

  • Speaker #0

    Un jeu d'équilibriste ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est peut-être ce qui définit le mieux le L, c'est qu'on est tout le temps là-dessus. Ce qui n'est pas super confortable, entre ne pas être trop dans l'entre-soi... Et ne pas être trop populaire non plus, parce qu'il y a d'autres magazines qui font mieux que nous, le côté populaire. Entre être sérieux et être profonde, entre être féministe et ne pas se couper des différentes sensibilités au sein du mouvement. Et du lecteurat. Alors, une fois que...

  • Speaker #0

    Il achète le magazine.

  • Speaker #1

    Une fois que le lectorat est là, il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le L. Mais une fois que les lectrices sont là, après, il faut effectivement essayer de...

  • Speaker #0

    Rassembler ? Oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est vraiment pas simple.

  • Speaker #0

    Ça vous cause des nœuds au cerveau, parfois ? J'entends par là... Excusez-moi. J'entends par là, est-ce que ça... Ce n'est pas juste, ça fait réfléchir, mais on est obligé de se censurer ou de s'obliger ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Sur les sujets de société, non. On peut vraiment y aller à partir du moment où vous avez le feu vert de la rédaction en chef. C'est quasiment... carte blanche parce qu'on a l'impression que tant que vous avez isolé la problématique, après, vous pouvez rédiger, rayonner autour et c'est bon. Ce qui est le plus compliqué, ça reste des choses très concrètes, matérielles, relatives aux annonceurs. C'est surtout ça le problème en presse féminine. Oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Oui, effectivement. C'est-à-dire que quelqu'un annonce...

  • Speaker #1

    On a besoin d'eux parce que les abonnements ne suffisent pas. On a besoin d'eux pour exister. Si on n'a plus les annonceurs, on ne peut plus faire ces sujets qui sont précieux dans un espace féminin, entre guillemets, qui fera hurler. Enfin voilà, moi, j'ai des amis journalistes qui me disent Ah, les femmes qui parlent aux femmes Oui, mais à un moment donné, c'est bien aussi que cet espace-là existe, déjà parce qu'on cristallise plein de critiques sur nous, donc au moins les choses sont dites. Et puis, il y a un côté cheval d'autre roi aussi, c'est de dire on rentre par la mode. Et moi, ça a été aussi mon parcours en tant que blogueuse. Je suis rentrée chez les gens, je dis ça avec beaucoup de guillemets, je suis rentrée chez les gens par le vêtement. Et ce sont souvent des femmes qui me suivent depuis longtemps, qui... Ensuite, vont avoir un sentiment de familiarité, de proximité suffisant avec moi pour qu'on aille parler d'autres choses, pour me raconter des épisodes dramatiques de leur vie quand je fais des témoignages plus société, pour venir en atelier d'écriture, en masterclass et quand je leur demande, pareil, d'écrire sur un épisode dramatique de leur vie pour me sortir des choses absolument chromatiques, épouvantables, terrifiantes. C'est le vêtement qui a permis ça, en fait. Donc, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure. S'il y a un impensé autour du vêtement, on ne s'autorise pas forcément à en parler de manière très réfléchie. On ne s'autorise pas toujours à penser l'impact que ça a sur notre vie. Et pourtant, on sait très bien que ça va être le premier maillon. qui va vous accrocher à quelqu'un et qu'après, vous allez pouvoir faire la suite parce qu'il y a eu ce terrain d'accroche. Ça ouvre une porte, clairement.

  • Speaker #0

    Juste une question sur la presse féminine, enfin, connecte-ça à la presse féminine. Comment ça se fait qu'il n'y a jamais eu de magazine masculin qui a réellement fonctionné ?

  • Speaker #1

    Parce que tous les magazines non féminins sont des magazines masculins, donc il n'y a pas besoin, finalement. C'est pour ça que, voilà, quand j'entends dire que... C'est QFD,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    Quand j'entends dire que ces espaces exclusivement féminins, même s'il y a quand même pas mal d'hommes qui lisent elles aussi. Quand ces espaces exclusivement féminins se trompent de méthode de combat, j'ai envie de leur dire, mais les gars, vous avez tout le reste. Vous avez toute la presse d'information générale et politique, vous avez tous les news. C'est votre jardin. Donc laissez-nous aussi, si on est un espace dans lequel le vécu de certaines femmes peut être déployé, raconté, parce que... Elles sentent qu'il va y avoir une sensibilité, une compréhension suffisante pour pouvoir se livrer. Mais tant mieux. Et ça n'interdit pas à qui que ce soit de lire le magazine. Mais oui, c'est juste que magazine masculin au sens où on les imagine, c'est-à-dire avec des mecs torse nu, le six-pack.

  • Speaker #0

    Regarde la bonne meuf du moment. C'est des trucs de robots.

  • Speaker #1

    Tout ça, ça a migré sur les réseaux, je pense. Et puis, il n'y a pas besoin.

  • Speaker #0

    Réseau où vous êtes aussi. On va en discuter. Et on va faire le vrai ou faux, Charlotte Moreau. Alors, Charlotte Moreau, vrai ou faux ? J'en ai plusieurs, je suis obligée de les choisir, je ne peux pas toutes les dire. Mais, allez, vrai ou faux ? Vous étiez inconsolable lors de la disparition de votre produit fétiche. Le woolshake de Ratkin qui donnait du volume aux cheveux, même long, sans le graisser ni les cartonner. Il sentait super bon et ça tenait toute la journée.

  • Speaker #1

    Absolument. Je m'en suis d'ailleurs toujours parmise. Je ne sais plus il y a combien de temps il a disparu parce que je n'ai absolument pas la notion des dates.

  • Speaker #0

    Mais ils sont chouettes, beaux cheveux.

  • Speaker #1

    Je vous remercie, mais ce n'est qu'un pisalé par rapport aux performances.

  • Speaker #0

    Je tire un peu le fil là-dessus. Vous vous exprimez sur votre compte Instagram. Comme vous exprimiez sur votre blog, ça paraît complètement naturel.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, il y a vraiment... Un filtre. C'est même beaucoup plus facile Instagram que l'époque du blog où il y avait une sorte de standard esthétique qui fait que mon blog a jamais pris... Moi, j'étais très, très vite limitée par la qualité de mes photos. par le fait que j'aimais faire des textes, alors que les blogs qui marchaient le mieux, il y avait soit de très belles photos avec de très beaux textes, type Garance Doré, soit de très belles photos avec quasiment pas de textes, le blog de Betty, par exemple, Betty Autier. Et moi, en plus, j'ai vraiment ce côté banlieue qui fait qu'il y a un plafond de verre assez rapidement. C'est trop poli,

  • Speaker #0

    ce truc.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, exactement. Qui est pour ceux qui ne connaîtraient pas, qui doivent être majoritaires, du coup.

  • Speaker #0

    Le Métropolis, qui est une boîte de nuit qu'on voit quand on va à Orly. On passe en dessous.

  • Speaker #1

    Vous êtes tous passés en dessous sans forcément le savoir. Oui, il y a ça. Il y a ce côté... Ce ne serait jamais une fille comme moi qui pourrait avoir une notoriété dépassant. je ne vais même pas dire les frontières de l'Essonne, mais les frontières de la France. Il y a trop de...

  • Speaker #0

    Vous le pensez réellement ?

  • Speaker #1

    Oui, mais il y a eu à un moment donné une sorte de montée en compétence esthétique, graphique des blogueuses qui fait que quand vous n'êtes pas dans les mêmes codes visuels, vous décrochez rapidement en notoriété, vous n'explosez pas. Instagram a rendu les choses un tout petit peu... Enfin, a décrispé un tout petit peu le truc. c'était beaucoup plus facile de faire des photos à l'arrache ce qui est quand même pratique surtout quand d'un coup vous avez des enfants donc et idem sur instagram je peux aussi poster des choses sur lesquelles le texte est écrit de manière conversationnelle comme je parlerais voilà où il n'y a pas d'effort d'écriture Je sais que c'est peut-être aussi un frein à son développement, parce qu'on m'a souvent dit ou conseillé d'avoir une ligne éditoriale sur mon Instagram, d'avoir, je ne vais pas dire un slogan, mais limite, pour que les gens nouveaux qui arrivent sachent ce qu'ils vont y trouver. Moi, quand on arrive, on ne comprend pas trop. J'ai écrit des livres qui n'ont pas l'air d'avoir grand-chose à voir les uns avec les autres. Je fais trop de trucs, je parle de trop de sujets différents, avec des tons différents. Donc,

  • Speaker #0

    c'est le bordel.

  • Speaker #1

    C'est le chaos du Sagittaire.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça vous ressemble. C'est ce que vous voulez, c'est votre nature profonde.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ce que je veux, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    On ne parle pas du chaos, je parle de...

  • Speaker #1

    Mais oui. L'éclatisme. Oui, en fait, je me mets en accord avec ce que je peux. C'est-à-dire que ce que je veux rejoint ce que je peux. Il y aurait trop de contraintes pour moi à supprimer des thèmes, des façons de faire.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez vu Dirty Dancing pour la première fois à 41 ans.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Ça vous fait rire ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait rire parce que c'est un super film sur l'avortement, ce que je n'imaginais pas du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, je m'en ai vu.

  • Speaker #1

    Donc j'ai découvert ça.

  • Speaker #0

    I'm out my life.

  • Speaker #1

    Patrick Swayze, pour moi, toujours pas. Mais j'étais vraiment... Je crois que j'ai toujours pas compris, en fait. Voilà, la hype. Mais j'ai découvert pas un si mauvais film et pas du tout le film que j'attendais, en fait.

  • Speaker #0

    Donc pas si déçu. Pardon ? Pas si déçu.

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est... C'est plutôt un bon référent à avoir. Je suis contente de l'avoir vu.

  • Speaker #0

    Vraie Ufo, vous menez également une carrière de ghostwriter qui s'est fait sur un malentendu. Vous étiez persuadée que vous alliez écrire sur les fantômes. Plus sérieusement. Alors, quand on écrit pour de très grands magazines français, on est quand même obligé de faire des choses à côté.

  • Speaker #1

    Alors, c'était vrai avant que je travaillais vraiment pour le print duel, quand j'étais uniquement sur le web, puisque la rémunération n'est pas la même. Maintenant que j'écris beaucoup dans le print, je fais beaucoup moins de ghostwriting, qui n'est donc pas écrire sur les fantômes. La réponse est faux. Il ne s'agit pas d'écrire sur les fantômes, mais d'écrire pour quelqu'un, d'être la plume de quelqu'un ou le nègre de quelqu'un. Expression toujours un peu bizarre. Mais oui, c'est quelque chose que je fais moins, mais que j'adore faire. Et idem. je trouve le moyen dans cet exercice-là d'être celle qui parle, de trouver chez la personne pour qui j'écris ce que moi, je vais pouvoir dire. Voilà, on en revient au côté autocentré.

  • Speaker #0

    C'est dur d'écrire et de vivre de son écriture, de vivre de sa plume ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est effectivement très compliqué parce que soit vous avez la sécurité de l'emploi, vous êtes en poste dans une rédaction et le rythme... est juste impossible, quand vous voulez avoir une vie de famille, une vie à côté, etc. Les journalistes de presse quotidienne, ils pourraient presque être comme ces flics dans les séries, ils rentrent chez eux, il n'y a rien, il y a un matelas par terre, tout est encore dans les cartons. C'est vraiment vivre pour le journal, être tout le temps joignable. Mes collègues des faits divers, ils avaient tout le temps avec eux. le petit nécessaire pour partir en reportage sur un meurtre atroce à l'autre bout de la France dans la journée. Moi, je n'ai jamais été sur le fait d'y vivre, je n'ai jamais vécu ça, mais c'est tout pour le job. Ça, c'est si vous êtes vraiment attaché à une rédaction. Et puis si vous êtes freelance comme moi, vous dites oui, beaucoup, parce que vous avez peur des périodes de creux, vous avez peur de l'incertitude, vous ne savez pas exactement ce que vous allez gagner à la fin du mois. Donc, le travail est à la fois nulle part et partout parce que ce n'est en général pas vous qu'on appelle s'il y a de l'actu. Donc, vous pouvez être injoignable. Ça, c'est vraiment ce que moi, j'ai découvert en étant freelance. J'avais le droit d'éteindre mon téléphone. Mais à côté de ça, je n'ai pas de vacances. On n'a pas de congé payé. Donc, à chaque fois que vous ne travaillez pas, il n'y a rien qui rentre. Donc, le concept de s'arrêter de travailler est toujours un petit peu inconfortable.

  • Speaker #0

    vrai ou faux ? quand un homme de 66 ans dit à une personne de 32 et vous êtes heureuse, ça peut créer un malaise ça peut ça peut,

  • Speaker #1

    alors c'était Patrick Poivre d'Arvent donc c'est un épisode que j'ai raconté dans mon récit autobiographique Glory Box que j'ai publié sur KSL qui racontait comment Je ne vais pas dire que je suis devenue journaliste parce que le passage sur mes études était quand même assez rapide, mais vraiment mon premier gros poste en tant que journaliste. Effectivement, j'avais entre 25 et 37 ans et même 23 au tout début. Et donc là, vous arrivez avec toute votre naïveté face à des personnages comme ça, dont vous vous rendez compte après coup que vous aviez tout senti, tout perçu, mais de manière totalement dissociée. C'est-à-dire que je racontais comment effectivement je m'étais fait draguer de manière assez directe. à la fin d'une interview, à la fin, et comment après, j'ai continué à avoir des contacts avec lui parce qu'il fallait avoir une info, faire une interview, etc. J'y allais pas à reculons. J'y allais pas à reculons. Et en même temps, quand tout est sorti, quand l'affaire vraiment a commencé, je suis pas tombée de ma chaise. Et donc ce chapitre-là de Glorybox, c'était comment tu peux, toi, avoir vécu ça, l'avoir digéré. Ne pas avoir de problème avec ça tant que tu étais confronté à cette personne. Et en même temps, le jour où on comprend l'ampleur de la prédation, ne pas être surprise. C'était vraiment un truc...

  • Speaker #0

    Un cas de conscience ?

  • Speaker #1

    Ça m'a fait du bien d'écrire là-dessus. Ça m'a fait du bien d'écrire que j'étais emmerdée de ça. Emmerdée de ne pas être surprise, emmerdée d'avoir été complaisante, de moi-même... avoir entendu des tas de choses en me disant si elles y vont, c'est qu'elles veulent bien. Donc, c'est... Voilà, j'ai vraiment été... J'ai commencé à être journaliste à une époque où le male gaze et tout ce qui allait avec était très prégnant. Et je faisais avec. Enfin, je ne remettais rien en question. Je cherchais juste à bien faire mon job.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, davantage.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère.

  • Speaker #0

    justement c'était ma dernière question qui m'aide à faire la transition vers votre actualité je dirais qu'elle est double moi j'ai découvert ces deux newsletters qui sont en fait des récits autobiographiques donc Glorybox et 76 kilos comment ça a commencé cette histoire de vouloir faire ce premier récit déjà Glorybox ça a commencé comme un projet qui n'a pas

  • Speaker #1

    pas trouvé d'éditeur. Après, je me suis vexée très vite. C'est un éditeur qui m'a lâchée et du coup, après, je me suis drapée.

  • Speaker #0

    Tu n'en veux pas.

  • Speaker #1

    Et puis surtout, je trouve que écrire à côté de son métier de journaliste est quelque chose de très difficile en matière de charge mentale, de survie économique. Et moi, j'ai besoin de... Je vais faire une parenthèse, il y a des phrases qui vous poursuivent comme ça. Quand j'étais en master, c'était en DEA à l'époque, mais maintenant on dit master, média et multimédia, mon directeur de mémoire m'avait dit, vous êtes une sprinteuse, pas une marathonienne. Et alors est-ce que...

  • Speaker #0

    C'est sympa, mais pas sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce que... Je l'ai mal pris, évidemment, puisque j'avais une note assez moyenne. Et en fait, je repense très, très souvent à cette phrase en me disant Est-ce qu'il a vu juste ? ou Est-ce que c'est un truc de confort de ma part ? Mais dès que je peux... Donc j'ai appris à écrire en... Enfin, j'ai appris vraiment le métier en presse quotidienne, où les articles sont très courts. Et là, maintenant, j'écris des récits autobiographiques sous forme de textes bouclés, presque comme une nouvelle, mois après mois. Est-ce que ce directeur de mémoire avait vu juste à mon sujet ? Ou est-ce que, confortée par son avis, je me suis dit c'est ok d'y aller en fait ? Et de trouver les conditions de l'écriture qui te conviennent. Et pour moi, clairement, c'est de plancher quelques jours sur un sujet. Et même si le sujet vient se raccrocher à quelque chose d'assez vaste, il y a quelque chose que j'adore et qui rend les choses possibles finalement, c'est... ce principe du feuilleton, où je vais boucler une thématique mois après mois.

  • Speaker #0

    Dans Glorybox, c'est comme ça, en tout cas ?

  • Speaker #1

    Dans Glorybox, c'était comme ça, dans 76 Kilos aussi. Et c'est une plateforme d'auto-édition qui le permet, qui s'appelle Kessel, qui est à l'origine destinée au format newsletter. Moi, je n'appelle pas ça newsletter, parce que je trouve ça confusant et que je suis vraiment dans une démarche littéraire. d'auteurs, d'autrices et du coup moi c'est ce qui m'a permis de juste de faire en fait c'est ce qui rend les choses possibles donc j'adore cet outil Évidemment, quand on me dit Ah, mais tu devrais te faire éditer ça me fait un plaisir fou parce qu'il y a toujours…

  • Speaker #0

    Et pourquoi pas un jour ?

  • Speaker #1

    Oui. Après, je ne sais pas si le fait de publier un format en ligne comme ça, ça grille votre lectorat potentiel, votre sujet. Là, il n'y a plus la question du lectorat qui se pose avec un système comme celui-là. Parce que souvent, on vous dit Tu veux écrire sur la télévision ? Les gens qui achètent des livres n'en ont rien à foutre, c'est pas un sujet pour eux. C'est pas un milieu qui les intéresse, tu peux écrire sur l'édition, tu peux écrire sur le cinéma, la télé, on s'en fout. Glorybox était quand même en partie autour de ça. Et puis on m'avait dit aussi que j'étais pas assez célèbre moi-même pour porter un récit comme celui-là en librairie. Donc j'ai trouvé finalement le système où...

  • Speaker #0

    Il y a une différence.

  • Speaker #1

    Oui, je pouvais faire abstraction de ces deux trucs-là, et qui j'étais moi, et qui allaient me lire.

  • Speaker #0

    C'est plein d'humour, ce sont plein de courts récits, plein de courtes nouvelles, pleines d'humour. Ce que j'ai bien aimé également, c'est quand vous mettez des sortes de perles de rédaction, c'est-à-dire qu'il y en a au moins quatre chapitres comme ça, que des phrases, et j'en ai noté une, et je me suis dit est-ce que c'est de vous, celle-ci ? Sylvie Tellier, c'est vraiment la blonde corporate, elle aurait pu être DRH.

  • Speaker #1

    Elle n'est pas de moi, j'adorerais qu'elle soit de moi. Non, elle n'est pas de moi, parce qu'effectivement, dans ces chapitres, je ne dis pas qui parle. Je pars du principe, comme Loïc Prigent le fait sur la mode, que la punchline est autosuffisante. Donc, du coup, c'est une collègue à moi qui est peut-être la personne la plus drôle du monde, qui avait ce sens de tracer un personnage, mais en une phrase. Et c'est ce qui a rendu mon expérience au Parisien géniale, c'est que... Vous n'avez que des personnages comme ça, qui parlent comme ça pour de vrai. Et vous allez au boulot. Et c'est très difficile de se concentrer parce que vous marrez toute la journée.

  • Speaker #0

    La leçon de 15 ans aux Parisiens, ce serait donc finalement la leçon que vous tenez, même de ce récit, en fait. Parce qu'il y a deux choses. Il y a la leçon de ces 15 ans, puis la leçon d'avoir écrit sur ces 15 ans.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai vraiment bouclé mon parcours en presse quotidienne grâce à Glorybox, avec le fait d'avoir réfléchi à tout ça, d'en avoir ri, d'avoir été parfois mal à l'aise, d'avoir mis le doigt à postériori sur des comportements aussi de ma part qui étaient problématiques, hyper jugeants par rapport aux animatrices télé par exemple. C'est Annie Ernaux qui... Je suis désolée, je suis hyper prévisible dans mes références. Annie Ernaux disait que... Enfin, elle dit toujours d'ailleurs qu'une expérience est vraiment vécue une fois qu'elle a été écrite. Et moi, je crois vachement à ça. Et je pense que j'aurais eu un caillou dans la chaussure si je n'avais pas écrit pour conclure toutes mes années là-bas. Et j'aurais encore aujourd'hui un caillou dans la chaussure permanent si je... n'écrivait pas, en fait. On revient au côté auto-centré sur ce que je vis. Je vis vraiment les choses une fois que je les ai racontées.

  • Speaker #0

    On peut revivre quelque chose par l'écriture, c'est-à-dire on peut l'embellir également par l'écriture. On peut l'enpopier.

  • Speaker #1

    Exactement. On a les pleins pouvoirs, en fait. C'est le seul endroit où on a les pleins pouvoirs. C'est pour ça que c'est aussi... aussi puissant et aussi difficile pour les femmes victimes de violences d'écrire leur vécu. C'est le seul lieu où elles peuvent dire leur vérité et en même temps c'est un processus qui draine énormément d'énergie, qui parfois ne leur permet absolument pas d'être apaisées, mais c'est le lieu du pouvoir où là il n'y a plus personne pour vous contredire, pour vous interrompre, pour imposer sa vision des choses. Et il y a une vraie ivresse de l'écriture. C'est un truc aussi de contrôle fric un petit peu. C'est-à-dire que là, vous façonnez un univers à votre main, vous contrôlez tout. Moi, je suis quelqu'un d'assez obsédé par le contrôle. Donc forcément, je pense que, comme tous les auteurs, et vous écrivez aussi, ce sentiment de contrôle qu'on a quand on écrit, c'est... absolument jubilatoire.

  • Speaker #0

    Et donc là, il y a le contrôle du poids dans 67 kilos. Est-ce qu'on écrit de la même façon à 45 kilos ou à 76 kilos ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye, c'est une vraie question. Quand j'ai décidé d'écrire la suite, je me suis dit, déjà, il n'y a pas d'histoire si vous faites 45 kilos, au sens où cette histoire-là a déjà été racontée de multiples fois. Si vous faites plus de 100 kilos aussi. Si vous faites 76 kilos, moi, cette histoire-là, je ne l'ai jamais entendue. Et une des questions que je me posais à partir du moment où j'ai décidé d'écrire là-dessus, c'était est-ce que je vais maigrir en écrivant que j'ai un problème de poids ? Pour l'instant, non.

  • Speaker #0

    C'est la dimension psychanalytique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'évidemment, j'ai eu beaucoup de personnes de mon entourage plus ou moins proches qui m'ont dit à partir du moment où tu vas te délester de ça, tu vas voir, tu vas maigrir. Pour l'instant, non. J'en suis qu'au chapitre 4, j'en ai prévu 12. Pour moi, il y a un vrai matériau qui me permettait, encore une fois, d'aller relier tous les âges de ma vie. Et c'est ça qui m'intéresse, en fait. C'est de trouver une porte, une accroche.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le fil du récit, ce n'est pas maigrir. Ce n'est pas du tout ça. Ce n'est pas une fin en soi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quelle personne on est à ce point-là. Voilà. et de raconter aussi le chapitre 3 c'était tous mes précédents poids et je crois que je n'ai jamais donc le vêtement pour moi était une porte d'entrée sur ma vie mais le poids c'est encore plus parce que là il y a tout, il y a l'enfance, l'adolescence il y a le monde du travail il y a le blog, il y a la maternité il y a le couple, le prochain chapitre sur lequel il va vraiment falloir que je me hâte de me... pencher parce que c'est dans quelques jours. Comme quoi, j'écris vraiment la dernière minute.

  • Speaker #0

    Elle arrache, quoi.

  • Speaker #1

    Voilà, elle arrache. Sagittaire. C'est sur les kilos du couple. Donc, il va y avoir l'âge aussi. Enfin, tout est là. Il y a la famille aussi.

  • Speaker #0

    Vous savez où vous allez ? Vous avez déjà un plan ? Je n'ai pas de plan.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de plan. Je pense que ne pas avoir de plan m'aide beaucoup parce que ça m'enlève une charge mentale. Et puis surtout... Ça aussi, c'est un des enseignements du parisien, c'est que je sais que quelque chose va sortir. Je sais que si je sanctuarise deux, trois jours devant mon écran, ça va sortir. C'est là, j'ai juste à laisser sortir. Et quand vous avez appris à avoir 30 minutes pour écrire un papier et à ne pas planter un bouclage, vous savez que ça va sortir. Pour moi, c'est la meilleure école.

  • Speaker #0

    C'est ça. Vous écrivez également pour ça. C'est pour ça qu'il y a cette... instantanéité de cette plateforme qu'est celle qui voit aussi bien c'est à dire il ya de ce côté récompense après le clic oui c'est super juste parce que ce qui est terrible dans le fait de décrire un manuscrit solitude

  • Speaker #1

    l'isolement et le secret pendant un ou deux ans c'est que après votre livre sort en général on vous conseille d'en parler trois semaines avant pas trop tôt sauf si vous documentez tout le process d'écriture Mais quand votre livre sort, voilà, il sort. Et puis, vous avez une semaine, 15 jours où c'est une conversation entre vous et vos lecteurs. Et puis ensuite, si vous ne faites pas de dédicaces, si votre livre n'est pas un best-seller qui est super relayé dans la presse, c'est terminé. Donc là, l'avantage de publier chapitre par chapitre, c'est que la conversation reprend tous les mois. Et moi, j'ai besoin de ça, de manière quand même narcissique, clairement.

  • Speaker #0

    Vous vous soignez avec ce concept d'écriture. Mais vous vous soignez avec l'écriture.

  • Speaker #1

    Ah, soigner, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ça fait du bien d'écrire.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien. Et en même temps, il y a toujours un truc qui se passe en moi quand je vois des auteurs dire Non, mais ce livre n'a pas du tout été thérapeutique, comme Neige Sino, par exemple, qui a écrit sur l'inceste. Et quand elles disent Voilà, moi, ça n'a rien soigné du tout. Et que le sujet du livre, c'est... est-ce que je peux écrire là-dessus et qu'est-ce que je peux écrire là-dessus ? Il y a toujours chez moi une sorte de soulagement quand je lis ça. Donc je me dis, il doit y avoir aussi chez moi quelque chose qui fait que je n'écris pas pour me soigner, mais juste pour être regardée peut-être.

  • Speaker #0

    En tout cas, c'est assez passionnant parce que ça démarre sur un drame. Mais ce n'est pas raconté de façon dramatique. Ça démarre avec la mort de votre père. Sur ce poids, vous faites le lien entre son poids et votre poids. Et ensuite, on redéroule le fil de votre vie. Mais il y a toujours de l'humour.

  • Speaker #1

    Je pense qu'en plus...

  • Speaker #0

    C'est votre marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ma marque de fabrique. J'essaie de le faire... Je ne sais pas si je le fais de manière consciente ou inconsciente. C'est vrai que je ne me suis jamais vraiment interrogée sur ce sujet-là, peut-être parce que je ne sais pas faire autrement. Je me dis peut-être qu'à un moment donné, si je veux pouvoir émouvoir, il faut aussi que je puisse faire rire. Je suis particulièrement sensible aux dramedies, c'est-à-dire ces comédies souvent britanniques où vous pouvez passer du rire aux larmes dans le même film. Ça, j'aime bien. Et puis, on en revient à ce qu'on disait à propos du duel. Il y a ce côté où on joue sur les deux tableaux. Finalement, peut-être que je n'aime pas choisir. Entre, oui, être sur quelque chose d'assez grave, je me fatiguerais toute seule si j'étais que là-dedans. Que de l'humour, ça me frustrerait aussi. Donc, oui. Il y a ce truc de ne pas choisir. Et j'aime aussi beaucoup les essais qui commencent par... Là, je commence par La mort de mon père pour parler de mon poids. On peut avoir l'impression que ça n'a absolument rien à voir. En fait, ça a tout à voir. Et j'aime tous les essais qui commencent ailleurs que sur la thématique que vous avez identifiée quand vous avez acheté le livre. Et là, je me dis, voilà, c'est ça que j'ai envie de lire parce que j'ai envie que le livre me raconte plus que son thème.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de savoir la suite.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quand tous mes codes Kessel fonctionneront bien. J'ai vraiment hâte de savoir la suite parce que on se demande jusqu'où ça va aller dans cette...

  • Speaker #1

    Je n'ai pas encore la réponse.

  • Speaker #0

    Puisque nous sommes dans un café chez Marius et Jeannette, mais pas du tout. Juliette.

  • Speaker #1

    Arthur et Juliette.

  • Speaker #0

    Arthur et Juliette. Un café que vous avez choisi d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, qui est situé en face de mon premier appartement parisien. Ce qui vous a obligé à traverser tout Paris. Vous me l'avez fait remarquer en arrivant. C'est hyper condescendant de dire ça. Quand j'ai emménagé ici, on m'a fait comprendre que le 15ème, ce n'était pas Paris. Parce que j'ai énormément d'amis qui habitent dans le 11ème et qui sont insupportables. Donc, voilà. Je suis finalement revenue ici, c'est complètement excentré, il n'y a pas de métro à côté, c'est chiant de venir là. Donc voilà, ça raconte aussi d'où je viens, je suis éternellement un pied en dehors des choses. C'est le cas aussi pour ce café qui ne s'appelait pas comme ça quand j'habitais ici, qui a changé 3 ou 4 fois de propriétaire.

  • Speaker #0

    Je vous pose des questions sur l'univers du café et lié à l'univers de la mode. Alors, quel parfum ? Fin inspirée par l'arôme du café a été lancée par une maison de luxe en 2014. Coffee, comme des garçons, Black Opium d'Yves Saint Laurent ou Café Society de Dior.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais le premier, Coffee.

  • Speaker #0

    Eh bien, pas du tout. C'est Black Opium d'Yves Saint Laurent qui est connu pour avoir une composition unique qui inclut des notes de café. Premier parfum à intégrer des notes dans une flagrance florale. Moi, je n'y connais rien. De toute façon, je n'ai pas d'odorat. Je crois à l'erreur.

  • Speaker #1

    Vous dites que c'est l'erreur, la preuve que moi non plus. Donc c'est bien.

  • Speaker #0

    Vous qui avez interviewé plein de monde, vous avez interviewé Karl Lagerfeld ou pas ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Alors,

  • Speaker #0

    détestait-il le café ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il était amateur de, non pas de Coca, mais il me semble de Pepsi. Donc j'imagine que c'est un peu incompatible avec le café, sinon vous explosez en vol.

  • Speaker #0

    Il adorait le café, il y a 13,5 par jour.

  • Speaker #1

    Non mais c'est une catastrophe ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Il a même têté son nom à une série limitée de tasses à café de la marque Nespresso. Je ne sais pas, il avait besoin d'argent pour payer ses impôts. Et dernière question. Elle est facile, vous y arrivez.

  • Speaker #1

    J'espère, sinon on finit encore sur un échec.

  • Speaker #0

    Obligé, obligé, obligé. Même moi, j'avais la réponse avant même d'écrire la question. Quel cocktail a été popularisé par la série Sex and the City ?

  • Speaker #1

    J'étais sûre que vous alliez me demander. Le Cosmopolitan. Ben voilà.

  • Speaker #0

    Il y a quoi dedans ?

  • Speaker #1

    Vodka, cranberry, triple sec. Du citron ? Je ne sais pas s'il y a du citron, en plus citron vert.

  • Speaker #0

    Vodka pointe trop, donc c'est très sec. Je ne sais pas s'il y a du citron. Je suis très mauvais dans les cocktails.

  • Speaker #1

    C'est ça, vodka cranberry triple sec.

  • Speaker #0

    Voilà, on en a une qui est la bonne. Voilà, on est super. Merci beaucoup Charlotte Moreau d'avoir répondu à cette interview. J'invite tout le monde à aller lire à la fois Glorybox et puis également 76 Kilos sur la plateforme Kessel. Celle-là, c'est bien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je l'ai placée quand même, celle-là. Elle est vraiment pourrie. Tant pis, je la mets.

  • Speaker #1

    On valide.

  • Speaker #0

    On valide. Il faut juste aller sur Kessel.

  • Speaker #1

    Absolument. Il y a un moteur de recherche.

  • Speaker #0

    K-E-S-S-E-L.

  • Speaker #1

    K-E-S-S-E-L, comme Joseph. Et donc, vous pouvez, avec le moteur de recherche, me trouver, trouver le titre des livres. Et ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et on le retrouve sur Instagram également, dans le magazine Elle. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté Un Café au Comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast. Eh bien, allez sur Apple Podcasts, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, nous, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, vous voulez, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Chapters

  • vrai ou faux

    22:50

  • quizz

    48:57

Description

Il est toujours intimidant d’interviewer de quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l’interviewer . De brosser  le portrait de qui, précisément, maîtrise le coup de plume pour le faire , bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. 


Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu ! Et pour m’inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste, podcasteuse, animatrice de Masterclass et d'ateliers d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerai également l'art de citer Montesquieu « La gravité est le bonheur des imbéciles ». 

 

Car oui, celle dont je parle, sans être  futile, sait néanmoins apporter  aux sujets qu’elle traite sa dose d’ d’humour. Je l’ai immédiatement compris quand j’ai découvert son pseudo  de blogueuse -Balibulle- évoquant   davantage  le nom d’un teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista dont on a souvent réduit  la biographie au nombre des chaussures qu’elle possédait a écrit un Anti-guide de la mode, essai – à mon sens- philosophique et humoristique sur les diktats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. 


En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance. 

De son jean  porté parfois  comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en  repose fesses  le temps de l’écriture de ses articles de reporter jusqu’a ses accessoires- telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême- elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. 

 

Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires des femmes pour le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. Ainsi, en plus de la newsletter LE DEBRIEF, 2 récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glory Box, qui narre les hauts et les bas de son expérience au journal Le Parisien, et 76 kilos, dans lequel l’autrice tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d’un poids qui évolue au fil de sa vie. L’histoire est en cours d'écriture et de diffusion à raison d’un chapitre par mois. 

 

C'est donc pour discuter  de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d’un vestiaire et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fan de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier, chez Arthur et Juliette, et j’ai à présent l’honneur de prendre avec elle un café au comptoir. présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Charlotte Moreau :

https://www.instagram.com/charlottemoreaubalibulle/


Interview enregistrée au café Arthur et Juliette :

51 Rue des Morillons, 75015 Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le Elle. C'est un magazine qui a un historique de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction.

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Himéros. Je suis auteur, créateur, producteur de plusieurs podcasts. Bienvenue sur Un Café au Comptoir. Ça commence maintenant.

  • Speaker #1

    Un Café au Comptoir. Un Café au Comptoir.

  • Speaker #0

    Il est toujours intimidant d'interviewer quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l'intervieweur, de brosser le portrait de qui précisément maîtrise le coup de plume pour le faire, bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu. Et pour m'inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste. podcasteuse, animatrice de masterclass et d'atelier d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerais également l'art de citer Montesquieu, la gravité et le bonheur des imbéciles. C'est ça hein ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Car oui, celle dont je parle, sans être futile, s'est néanmoins apportée au sujet qu'elle traite sa dose d'humour. Je l'ai immédiatement compris quand j'ai découvert son pseudo de blogueuse. Balibule, évoquant davantage le nom d'un Teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire. ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista, dont on a souvent réduit la biographie au nombre des chaussures qu'elle possédait, a écrit un anti-guide de la mode, et c'est, à mon sens, philosophique et humoristique, sur les dictats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance de son jean, porté parfois comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en repose-fesses le temps de l'écriture de ses articles de reporter. Jusqu'à ses accessoires, telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême, elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires pour les femmes dans le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. En plus de la newsletter Le Débrief, deux récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glorybox, qui narre les hauts et les bas de son existence au journal Le Parisien, et 76 kilos dans lequel l'autriste tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d'un poids qui évolue au fil de sa vie. L'histoire étant courte d'écriture et de diffusion à raison d'un chapitre par mois. Alors c'est donc pour discuter de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d'investisseurs et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fans de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier chez Arthur et Juliette. J'ai à présent l'honneur de prendre avec elle un café. au comptoir. Bonjour Charlotte Moreau.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on se raconte suffisamment quand on est journaliste ou alors pas du tout et c'est pour cela qu'on a besoin d'écrire des choses sur sa vie ?

  • Speaker #1

    Je ne fais que parler de moi tout le temps. Je suis quelqu'un de terriblement auto-centré. Donc quel que soit le sujet, c'est toujours soit mon expérience que je raconte, soit mon regard sur quelque chose que je transmets. Je ne crois pas du tout à l'objectivité journalistique. En tout cas, moi je n'y ai jamais été confrontée dans... tous les postes auxquels j'ai travaillé. Ça a toujours été moi, moi, moi, moi, moi.

  • Speaker #0

    Alors comment on perçoit la partie universelle de ce qu'on écrit ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une remarque de Léna Ausha qui m'avait paru assez juste quand elle avait écrit Girls et qu'elle hésitait sur certains épisodes de sa vie qu'elle utilisait pour nourrir des... Voilà, les rebondissements de l'intrigue. Et elle disait sur certains thèmes qui me paraissaient tellement perso, tellement bizarres, tellement pas concernants, pas universels. C'est là qu'elle avait le plus de feedback, finalement. Parce que je pense que ce sur quoi elle a mis le doigt à ce moment-là, c'est que plus vous parlez de manière sincère de vous, plus vous connectez non pas à l'expérience de l'autre, mais à sa sincérité et à lui aussi. Et donc, finalement, le... parallèle, il est là. Moi, ce qui m'intéresse le plus, ce sont les journalistes qui donnent leur point de vue, les auteurs qui disent je Je suis autocentrée et c'est aussi ce que j'aime consommer. J'aime qu'on dise je et j'aime écouter ça.

  • Speaker #0

    Même quand on écrit pour un magazine de mode, dans ce cas-là, on va toucher à beaucoup de personnes. Et on va souvent penser qu'il y a un côté très superficiel dans la mode. Alors que vous, vous essayez de gagner en profondeur dans tout ce que vous écrivez. Comment on vit un petit peu cette... ces deux côtés de soi-même ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est intéressant, en ce moment je travaille pour le magazine Elle, qui a une longue tradition de mise en scène de ses plumes, quand tout le sujet fut-il, il y a énormément de sujets dans lesquels on est soit en immersion, soit en mise en scène de soi. Donc quand je suis arrivée là, il y avait déjà cette possibilité de dire je que j'utilise sur le site, quand je fais des articles sur le site, mais pas dans le magazine. Mais donc, il y a une forte culture de la subjectivité, et il y a aussi cette culture de dire on raconte les choses graves avec légèreté, et les choses légèretées avec, je ne vais pas dire gravité, mais peut-être sérieux. Voilà, mettre du sérieux dans la légèreté, et de la légèreté dans le sérieux. Ce qui me correspond pas mal, et ce qui du coup permet, quand j'ai un mode d'emploi, par exemple, à faire sur telle pièce tendance du moment, J'essaie de jamais le faire de manière impérieuse ou fermée et de toujours laisser comprendre qu'il y a la possibilité de s'approprier les choses et surtout de mettre complètement à distance ce que j'écris. Je propose, vous disposez. Et puis, j'élargis toujours au-delà de la mode parce que finalement, c'est ça qui est drôle. Par exemple... tel sac, je ne vais pas vous dire juste pourquoi il est bon de choisir tel sac, mais quel type de livre vous allez avoir dedans. Voilà, qu'on essaie de voir des personnages.

  • Speaker #0

    Une dimension politique, finalement.

  • Speaker #1

    Toujours, sur le vêtement, toujours, même si c'est un sujet qui est encore très, très peu légitime. Pour le site, je fais une série d'entretiens qui s'appelle Mon Job, Mon Dressing, où je demande à des femmes qui exercent des métiers un peu emblématiques. pas au sens emblématique, au sens important du terme, mais très connue. Des métiers que tout le monde connaît, sur lesquels tout le monde a une image mentale. Il m'est déjà arrivé, quand on relaie ensuite les entretiens sur LinkedIn, par exemple, de voir l'entourage professionnel qui vient saboter la démarche en disant que l'important, c'est la compétence, ce n'est pas la manière dont tu t'habilles, et essayer de faire comprendre. que les deux sont liés surtout quand vous êtes une femme, que tout le monde est regardé même quand vous êtes un homme, ça reste compliqué. Comme si on peut avoir des conversations sur le vêtement de pouvoir, par exemple, des femmes politiques, des dirigeants. On peut avoir des conversations sur le vêtement de scène quand vous êtes artiste, avoir une conversation sur le vêtement professionnel quand vous exercez un panel de métiers complètement banal, ordinaire. ça reste compliqué. C'est un sujet qui n'est pas pensé, en fait. Je pense que ce n'est même pas tabou, c'est que ce n'est pas pensé. C'est que personne ne va vers cette conversation. Moi, ça m'intéresse vachement. Quand vous travaillez, vous êtes dans le mouvement. Ça implique quoi en matière de choix vestimentaire ? Surtout si vous êtes une femme, je me répète, c'est encore plus important pour nous. Ça a des impacts en termes d'image, comment on vous regarde. Dans certains métiers, vous êtes crédible si vous êtes détendu. Dans d'autres métiers, c'est l'inverse. Vous êtes crédible si vous êtes austère. Donc tout ça a infiniment d'importance et infiniment politique.

  • Speaker #0

    Justement, la journaliste interviewée, qui à la différence de moi ne porte pas un pull qui bouloche, mais un pull avec plein de jolis cœurs, un cœur rouge entouré d'un liseré blanc. Voilà, c'est quoi le dressing de la journaliste ?

  • Speaker #1

    Alors, le dressing de la journaliste, donc déjà, c'est un petit clin d'œil à Chloé Thibault que vous avez reçu il n'y a pas longtemps, qui est propriétaire d'un magnifique pull avec des cœurs brisés, avec lequel elle a fait pas mal de photos de promo de Désirer la violence. Et j'ai eu un coup de cœur absolu sur son pull. Et quand j'en ai trouvé un qui ressemblait, sur moi, les cœurs ne sont pas brisés, ils sont intacts. Mais je me suis dit voilà.

  • Speaker #0

    C'est un moyen justement de faire passer un message. Allez, vas-y, c'est cool.

  • Speaker #1

    En plus, je vais essayer de ne pas trop parler d'astrologie, mais je suis sagitaire. Donc, je fais partie de ces tempéraments qui ont besoin de briser la glace très, très vite.

  • Speaker #0

    Ma mère doit être une mauvaise sagitaire, mais je vous laisse continuer.

  • Speaker #1

    L'ascendant qui joue aussi. C'est vrai. Ascendant gémeaux pour moi. Aussi le côté je parle, je brise la glace, on est dans l'échange, on se connecte. Donc oui, je pense qu'il y a aussi chez moi un... une sorte de tranquillité par rapport au fait de... Non pas l'image que je donne, mais de... le sérieux. Enfin... C'est plus un sujet. Je suis une ancienne blogueuse. J'écris sur la mode et la pop culture. Je m'en fous, finalement, si on se dit... que je n'ai pas l'air extrêmement sérieuse dans ce que je fais, ou suffisamment austère, ou suffisamment altière. J'ai une tête déjà qui est relativement... On m'appelait la redoublante, par exemple, à la fac, alors que je n'ai jamais redoublé. Je fais déjà plus vieille que mon âge, et peut-être plus austère. Donc du coup... Du coup, oui, pour moi, il n'y a pas de... Comment dire ? Le seul lieu où je peux encore me poser des questions sur la manière dont je m'habille, et ça, ça va encore évoluer, je pense, c'est les Fashion Week. Pendant très longtemps, je n'ai pas eu besoin d'y aller parce qu'on ne m'envoyait pas sur ce type de sujet. Maintenant, c'est le cas. Et en fait, quand vous voyez comment les gens sont habillés là-bas, il y a une infime proportion de personnes très, très lookées. Et il y a surtout des gens ordinaires, donc vous pouvez y aller comme vous êtes, comme le dit le slogan d'un célèbre fast-food, et il n'y a pas de problème. Donc je pense qu'à la prochaine, il m'en a fallu plusieurs pour me dire, non mais ne cherche pas des vêtements particuliers, particulièrement féminines. C'était plutôt là-dessus où je me disais, il faut que je sois féminine. Non, en fait, je peux y aller avec ma casquette, mes baskets, ce n'est pas grave. Donc voilà, c'est à peu près le dernier truc que j'avais à dénouer. Donc là, c'est fait. Du coup, pour la prochaine, je me mets un petit challenge avec moi-même d'y aller exactement comme je suis habillée quand je suis à travail.

  • Speaker #0

    Comme aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #1

    Comme aujourd'hui, voilà.

  • Speaker #0

    Quand vous interviewez quelqu'un, vous y pensez ? Comment je dois m'habiller ? Je m'en suis aperçu juste avant que ça boulochait, mais je me suis dit, bon, tant pis. J'ai mis une touche de couleur parce que j'ai vu sur votre Instagram que c'est bien d'avoir une touche de couleur. Et après, je me suis dit, mince, j'ai deux touches de couleur. Comment vais-je faire ? Bon, tant pis. Assumez.

  • Speaker #1

    Il y a les trois couleurs. Ça reste une vieille recette de grand-mère qui marche toujours. Ipac, par ailleurs, la bouloche, c'est l'état naturel du pull. Donc, voilà. C'est conditionné à se dire, c'est pas bien, etc. Normalement... Par définition, ils arrivent tous à ce stade-là de leur existence, c'est-à-dire où ils l'avaient gardé longtemps. Je pense que sur le fait de réfléchir à comment je m'habille pour interviewer un tel ou tel, ce qui était très vrai au moment du Parisien, où vraiment je travaillais au service spectacle et médias, où on avait tout le temps à interagir avec des personnes extrêmement célèbres, je n'ai aucun souvenir. d'avoir mis un vêtement particulier pour interviewer une personne, à une exception près. Vous l'avez mentionné pour Justin Timberlake. Là, oui, j'avais mis...

  • Speaker #0

    Lexie Back.

  • Speaker #1

    Un petit peu. C'était bien résumé. Là, oui, une robe dont je pensais qu'elle était moderne. J'avais peut-être ce truc-là. de me dire est-ce que c'est suffisamment moderne, voilà c'est mon dernier théoblique c'était pas moderne si ? je pense que ma tenue était nickel qu'en revanche je m'étais vraiment fait une idée du personnage qui était complètement à côté de la réalité et c'est aussi ça les joies du métier de journaliste, c'est que vous avez accès en même temps en 15 minutes à la personne publique et à la personne à la ville Vous voyez les deux côtés. Et donc, c'est quand même assez fréquent que les deux images soient un peu dissonantes.

  • Speaker #0

    C'est une incompréhension. Une interview, c'est un moment qui ne devrait pas exister normalement. Ce sont des personnes qui ne devraient pas se rencontrer et discuter ensemble. C'est un malentendu ? C'est le compte rendu d'un malentendu ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est très juste. Je pense qu'il y a un truc impossible, en fait, dans le fait d'aller parler, notamment à une célébrité, surtout sur un délai aussi court. même si certains sont excellents dans l'exercice et ils vont vous sortir en neuf minutes absolument tout ce dont vous avez besoin pour votre papier, parce qu'ils savent faire et en général ils ne sont pas français.

  • Speaker #0

    Oh mais tiens, dans ta gueule.

  • Speaker #1

    Non mais c'est vrai qu'en France, on vous fait souvent sentir que c'est une purge, que c'est quelque chose qui est demandé en plus, que tout est dans l'œuvre, qu'il n'y a pas... discourir dessus, alors que dans la tradition anglo-saxonne de la promotion, ça fait partie intégrante du job et je pense qu'ils ont plus cette notion qu'ils sont aussi payés pour le faire, que ce n'est pas quelque chose qu'ils leur aient demandé en plus et sur quoi ils peuvent s'asseoir. Donc ils le font généralement très bien.

  • Speaker #0

    Quand j'ai préparé cette émission, vous m'avez parlé de Chloé Thibault, dont on a reparlé là, qui est une plume féministe. Donc j'imagine que vous avez des sensibilités plutôt féministes. Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est un magazine qui a un historique vraiment très très ancien de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction. Et c'est en ça que c'est compliqué. C'est qu'entre les universalistes et les intersectionnelles, Il y a des terrains sur lesquels le dialogue est très compliqué. Et pour nous réussir à parler de manière claire et cohérente à notre lectorat, il faut qu'on réussisse à enjamber tous ces courants et à proposer des sujets qui les réconcilient. Il n'y en a pas beaucoup. Mais quand vous y arrivez... Moi, la dernière fois que j'ai pu faire un sujet dont on m'a dit Voilà, c'est ça qu'il faut faire. C'est là qu'on rend service, c'est là qu'on renseigne. C'était un abécédaire des derniers néologismes du féminisme qu'il fallait connaître pour comprendre un petit peu les militantes et puis cette faculté qu'a le féminisme à nommer les choses, à inventer des mots pour des comportements. Et donc ce sujet, je l'avais fait initialement pour le site. Et il est remonté dans le print, ce qui n'arrive quasiment jamais, parce qu'il correspondait précisément à ce que le journal a à cœur de faire, tout en ayant du mal à le faire.

  • Speaker #0

    Un jeu d'équilibriste ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est peut-être ce qui définit le mieux le L, c'est qu'on est tout le temps là-dessus. Ce qui n'est pas super confortable, entre ne pas être trop dans l'entre-soi... Et ne pas être trop populaire non plus, parce qu'il y a d'autres magazines qui font mieux que nous, le côté populaire. Entre être sérieux et être profonde, entre être féministe et ne pas se couper des différentes sensibilités au sein du mouvement. Et du lecteurat. Alors, une fois que...

  • Speaker #0

    Il achète le magazine.

  • Speaker #1

    Une fois que le lectorat est là, il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le L. Mais une fois que les lectrices sont là, après, il faut effectivement essayer de...

  • Speaker #0

    Rassembler ? Oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est vraiment pas simple.

  • Speaker #0

    Ça vous cause des nœuds au cerveau, parfois ? J'entends par là... Excusez-moi. J'entends par là, est-ce que ça... Ce n'est pas juste, ça fait réfléchir, mais on est obligé de se censurer ou de s'obliger ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Sur les sujets de société, non. On peut vraiment y aller à partir du moment où vous avez le feu vert de la rédaction en chef. C'est quasiment... carte blanche parce qu'on a l'impression que tant que vous avez isolé la problématique, après, vous pouvez rédiger, rayonner autour et c'est bon. Ce qui est le plus compliqué, ça reste des choses très concrètes, matérielles, relatives aux annonceurs. C'est surtout ça le problème en presse féminine. Oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Oui, effectivement. C'est-à-dire que quelqu'un annonce...

  • Speaker #1

    On a besoin d'eux parce que les abonnements ne suffisent pas. On a besoin d'eux pour exister. Si on n'a plus les annonceurs, on ne peut plus faire ces sujets qui sont précieux dans un espace féminin, entre guillemets, qui fera hurler. Enfin voilà, moi, j'ai des amis journalistes qui me disent Ah, les femmes qui parlent aux femmes Oui, mais à un moment donné, c'est bien aussi que cet espace-là existe, déjà parce qu'on cristallise plein de critiques sur nous, donc au moins les choses sont dites. Et puis, il y a un côté cheval d'autre roi aussi, c'est de dire on rentre par la mode. Et moi, ça a été aussi mon parcours en tant que blogueuse. Je suis rentrée chez les gens, je dis ça avec beaucoup de guillemets, je suis rentrée chez les gens par le vêtement. Et ce sont souvent des femmes qui me suivent depuis longtemps, qui... Ensuite, vont avoir un sentiment de familiarité, de proximité suffisant avec moi pour qu'on aille parler d'autres choses, pour me raconter des épisodes dramatiques de leur vie quand je fais des témoignages plus société, pour venir en atelier d'écriture, en masterclass et quand je leur demande, pareil, d'écrire sur un épisode dramatique de leur vie pour me sortir des choses absolument chromatiques, épouvantables, terrifiantes. C'est le vêtement qui a permis ça, en fait. Donc, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure. S'il y a un impensé autour du vêtement, on ne s'autorise pas forcément à en parler de manière très réfléchie. On ne s'autorise pas toujours à penser l'impact que ça a sur notre vie. Et pourtant, on sait très bien que ça va être le premier maillon. qui va vous accrocher à quelqu'un et qu'après, vous allez pouvoir faire la suite parce qu'il y a eu ce terrain d'accroche. Ça ouvre une porte, clairement.

  • Speaker #0

    Juste une question sur la presse féminine, enfin, connecte-ça à la presse féminine. Comment ça se fait qu'il n'y a jamais eu de magazine masculin qui a réellement fonctionné ?

  • Speaker #1

    Parce que tous les magazines non féminins sont des magazines masculins, donc il n'y a pas besoin, finalement. C'est pour ça que, voilà, quand j'entends dire que... C'est QFD,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    Quand j'entends dire que ces espaces exclusivement féminins, même s'il y a quand même pas mal d'hommes qui lisent elles aussi. Quand ces espaces exclusivement féminins se trompent de méthode de combat, j'ai envie de leur dire, mais les gars, vous avez tout le reste. Vous avez toute la presse d'information générale et politique, vous avez tous les news. C'est votre jardin. Donc laissez-nous aussi, si on est un espace dans lequel le vécu de certaines femmes peut être déployé, raconté, parce que... Elles sentent qu'il va y avoir une sensibilité, une compréhension suffisante pour pouvoir se livrer. Mais tant mieux. Et ça n'interdit pas à qui que ce soit de lire le magazine. Mais oui, c'est juste que magazine masculin au sens où on les imagine, c'est-à-dire avec des mecs torse nu, le six-pack.

  • Speaker #0

    Regarde la bonne meuf du moment. C'est des trucs de robots.

  • Speaker #1

    Tout ça, ça a migré sur les réseaux, je pense. Et puis, il n'y a pas besoin.

  • Speaker #0

    Réseau où vous êtes aussi. On va en discuter. Et on va faire le vrai ou faux, Charlotte Moreau. Alors, Charlotte Moreau, vrai ou faux ? J'en ai plusieurs, je suis obligée de les choisir, je ne peux pas toutes les dire. Mais, allez, vrai ou faux ? Vous étiez inconsolable lors de la disparition de votre produit fétiche. Le woolshake de Ratkin qui donnait du volume aux cheveux, même long, sans le graisser ni les cartonner. Il sentait super bon et ça tenait toute la journée.

  • Speaker #1

    Absolument. Je m'en suis d'ailleurs toujours parmise. Je ne sais plus il y a combien de temps il a disparu parce que je n'ai absolument pas la notion des dates.

  • Speaker #0

    Mais ils sont chouettes, beaux cheveux.

  • Speaker #1

    Je vous remercie, mais ce n'est qu'un pisalé par rapport aux performances.

  • Speaker #0

    Je tire un peu le fil là-dessus. Vous vous exprimez sur votre compte Instagram. Comme vous exprimiez sur votre blog, ça paraît complètement naturel.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, il y a vraiment... Un filtre. C'est même beaucoup plus facile Instagram que l'époque du blog où il y avait une sorte de standard esthétique qui fait que mon blog a jamais pris... Moi, j'étais très, très vite limitée par la qualité de mes photos. par le fait que j'aimais faire des textes, alors que les blogs qui marchaient le mieux, il y avait soit de très belles photos avec de très beaux textes, type Garance Doré, soit de très belles photos avec quasiment pas de textes, le blog de Betty, par exemple, Betty Autier. Et moi, en plus, j'ai vraiment ce côté banlieue qui fait qu'il y a un plafond de verre assez rapidement. C'est trop poli,

  • Speaker #0

    ce truc.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, exactement. Qui est pour ceux qui ne connaîtraient pas, qui doivent être majoritaires, du coup.

  • Speaker #0

    Le Métropolis, qui est une boîte de nuit qu'on voit quand on va à Orly. On passe en dessous.

  • Speaker #1

    Vous êtes tous passés en dessous sans forcément le savoir. Oui, il y a ça. Il y a ce côté... Ce ne serait jamais une fille comme moi qui pourrait avoir une notoriété dépassant. je ne vais même pas dire les frontières de l'Essonne, mais les frontières de la France. Il y a trop de...

  • Speaker #0

    Vous le pensez réellement ?

  • Speaker #1

    Oui, mais il y a eu à un moment donné une sorte de montée en compétence esthétique, graphique des blogueuses qui fait que quand vous n'êtes pas dans les mêmes codes visuels, vous décrochez rapidement en notoriété, vous n'explosez pas. Instagram a rendu les choses un tout petit peu... Enfin, a décrispé un tout petit peu le truc. c'était beaucoup plus facile de faire des photos à l'arrache ce qui est quand même pratique surtout quand d'un coup vous avez des enfants donc et idem sur instagram je peux aussi poster des choses sur lesquelles le texte est écrit de manière conversationnelle comme je parlerais voilà où il n'y a pas d'effort d'écriture Je sais que c'est peut-être aussi un frein à son développement, parce qu'on m'a souvent dit ou conseillé d'avoir une ligne éditoriale sur mon Instagram, d'avoir, je ne vais pas dire un slogan, mais limite, pour que les gens nouveaux qui arrivent sachent ce qu'ils vont y trouver. Moi, quand on arrive, on ne comprend pas trop. J'ai écrit des livres qui n'ont pas l'air d'avoir grand-chose à voir les uns avec les autres. Je fais trop de trucs, je parle de trop de sujets différents, avec des tons différents. Donc,

  • Speaker #0

    c'est le bordel.

  • Speaker #1

    C'est le chaos du Sagittaire.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça vous ressemble. C'est ce que vous voulez, c'est votre nature profonde.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ce que je veux, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    On ne parle pas du chaos, je parle de...

  • Speaker #1

    Mais oui. L'éclatisme. Oui, en fait, je me mets en accord avec ce que je peux. C'est-à-dire que ce que je veux rejoint ce que je peux. Il y aurait trop de contraintes pour moi à supprimer des thèmes, des façons de faire.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez vu Dirty Dancing pour la première fois à 41 ans.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Ça vous fait rire ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait rire parce que c'est un super film sur l'avortement, ce que je n'imaginais pas du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, je m'en ai vu.

  • Speaker #1

    Donc j'ai découvert ça.

  • Speaker #0

    I'm out my life.

  • Speaker #1

    Patrick Swayze, pour moi, toujours pas. Mais j'étais vraiment... Je crois que j'ai toujours pas compris, en fait. Voilà, la hype. Mais j'ai découvert pas un si mauvais film et pas du tout le film que j'attendais, en fait.

  • Speaker #0

    Donc pas si déçu. Pardon ? Pas si déçu.

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est... C'est plutôt un bon référent à avoir. Je suis contente de l'avoir vu.

  • Speaker #0

    Vraie Ufo, vous menez également une carrière de ghostwriter qui s'est fait sur un malentendu. Vous étiez persuadée que vous alliez écrire sur les fantômes. Plus sérieusement. Alors, quand on écrit pour de très grands magazines français, on est quand même obligé de faire des choses à côté.

  • Speaker #1

    Alors, c'était vrai avant que je travaillais vraiment pour le print duel, quand j'étais uniquement sur le web, puisque la rémunération n'est pas la même. Maintenant que j'écris beaucoup dans le print, je fais beaucoup moins de ghostwriting, qui n'est donc pas écrire sur les fantômes. La réponse est faux. Il ne s'agit pas d'écrire sur les fantômes, mais d'écrire pour quelqu'un, d'être la plume de quelqu'un ou le nègre de quelqu'un. Expression toujours un peu bizarre. Mais oui, c'est quelque chose que je fais moins, mais que j'adore faire. Et idem. je trouve le moyen dans cet exercice-là d'être celle qui parle, de trouver chez la personne pour qui j'écris ce que moi, je vais pouvoir dire. Voilà, on en revient au côté autocentré.

  • Speaker #0

    C'est dur d'écrire et de vivre de son écriture, de vivre de sa plume ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est effectivement très compliqué parce que soit vous avez la sécurité de l'emploi, vous êtes en poste dans une rédaction et le rythme... est juste impossible, quand vous voulez avoir une vie de famille, une vie à côté, etc. Les journalistes de presse quotidienne, ils pourraient presque être comme ces flics dans les séries, ils rentrent chez eux, il n'y a rien, il y a un matelas par terre, tout est encore dans les cartons. C'est vraiment vivre pour le journal, être tout le temps joignable. Mes collègues des faits divers, ils avaient tout le temps avec eux. le petit nécessaire pour partir en reportage sur un meurtre atroce à l'autre bout de la France dans la journée. Moi, je n'ai jamais été sur le fait d'y vivre, je n'ai jamais vécu ça, mais c'est tout pour le job. Ça, c'est si vous êtes vraiment attaché à une rédaction. Et puis si vous êtes freelance comme moi, vous dites oui, beaucoup, parce que vous avez peur des périodes de creux, vous avez peur de l'incertitude, vous ne savez pas exactement ce que vous allez gagner à la fin du mois. Donc, le travail est à la fois nulle part et partout parce que ce n'est en général pas vous qu'on appelle s'il y a de l'actu. Donc, vous pouvez être injoignable. Ça, c'est vraiment ce que moi, j'ai découvert en étant freelance. J'avais le droit d'éteindre mon téléphone. Mais à côté de ça, je n'ai pas de vacances. On n'a pas de congé payé. Donc, à chaque fois que vous ne travaillez pas, il n'y a rien qui rentre. Donc, le concept de s'arrêter de travailler est toujours un petit peu inconfortable.

  • Speaker #0

    vrai ou faux ? quand un homme de 66 ans dit à une personne de 32 et vous êtes heureuse, ça peut créer un malaise ça peut ça peut,

  • Speaker #1

    alors c'était Patrick Poivre d'Arvent donc c'est un épisode que j'ai raconté dans mon récit autobiographique Glory Box que j'ai publié sur KSL qui racontait comment Je ne vais pas dire que je suis devenue journaliste parce que le passage sur mes études était quand même assez rapide, mais vraiment mon premier gros poste en tant que journaliste. Effectivement, j'avais entre 25 et 37 ans et même 23 au tout début. Et donc là, vous arrivez avec toute votre naïveté face à des personnages comme ça, dont vous vous rendez compte après coup que vous aviez tout senti, tout perçu, mais de manière totalement dissociée. C'est-à-dire que je racontais comment effectivement je m'étais fait draguer de manière assez directe. à la fin d'une interview, à la fin, et comment après, j'ai continué à avoir des contacts avec lui parce qu'il fallait avoir une info, faire une interview, etc. J'y allais pas à reculons. J'y allais pas à reculons. Et en même temps, quand tout est sorti, quand l'affaire vraiment a commencé, je suis pas tombée de ma chaise. Et donc ce chapitre-là de Glorybox, c'était comment tu peux, toi, avoir vécu ça, l'avoir digéré. Ne pas avoir de problème avec ça tant que tu étais confronté à cette personne. Et en même temps, le jour où on comprend l'ampleur de la prédation, ne pas être surprise. C'était vraiment un truc...

  • Speaker #0

    Un cas de conscience ?

  • Speaker #1

    Ça m'a fait du bien d'écrire là-dessus. Ça m'a fait du bien d'écrire que j'étais emmerdée de ça. Emmerdée de ne pas être surprise, emmerdée d'avoir été complaisante, de moi-même... avoir entendu des tas de choses en me disant si elles y vont, c'est qu'elles veulent bien. Donc, c'est... Voilà, j'ai vraiment été... J'ai commencé à être journaliste à une époque où le male gaze et tout ce qui allait avec était très prégnant. Et je faisais avec. Enfin, je ne remettais rien en question. Je cherchais juste à bien faire mon job.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, davantage.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère.

  • Speaker #0

    justement c'était ma dernière question qui m'aide à faire la transition vers votre actualité je dirais qu'elle est double moi j'ai découvert ces deux newsletters qui sont en fait des récits autobiographiques donc Glorybox et 76 kilos comment ça a commencé cette histoire de vouloir faire ce premier récit déjà Glorybox ça a commencé comme un projet qui n'a pas

  • Speaker #1

    pas trouvé d'éditeur. Après, je me suis vexée très vite. C'est un éditeur qui m'a lâchée et du coup, après, je me suis drapée.

  • Speaker #0

    Tu n'en veux pas.

  • Speaker #1

    Et puis surtout, je trouve que écrire à côté de son métier de journaliste est quelque chose de très difficile en matière de charge mentale, de survie économique. Et moi, j'ai besoin de... Je vais faire une parenthèse, il y a des phrases qui vous poursuivent comme ça. Quand j'étais en master, c'était en DEA à l'époque, mais maintenant on dit master, média et multimédia, mon directeur de mémoire m'avait dit, vous êtes une sprinteuse, pas une marathonienne. Et alors est-ce que...

  • Speaker #0

    C'est sympa, mais pas sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce que... Je l'ai mal pris, évidemment, puisque j'avais une note assez moyenne. Et en fait, je repense très, très souvent à cette phrase en me disant Est-ce qu'il a vu juste ? ou Est-ce que c'est un truc de confort de ma part ? Mais dès que je peux... Donc j'ai appris à écrire en... Enfin, j'ai appris vraiment le métier en presse quotidienne, où les articles sont très courts. Et là, maintenant, j'écris des récits autobiographiques sous forme de textes bouclés, presque comme une nouvelle, mois après mois. Est-ce que ce directeur de mémoire avait vu juste à mon sujet ? Ou est-ce que, confortée par son avis, je me suis dit c'est ok d'y aller en fait ? Et de trouver les conditions de l'écriture qui te conviennent. Et pour moi, clairement, c'est de plancher quelques jours sur un sujet. Et même si le sujet vient se raccrocher à quelque chose d'assez vaste, il y a quelque chose que j'adore et qui rend les choses possibles finalement, c'est... ce principe du feuilleton, où je vais boucler une thématique mois après mois.

  • Speaker #0

    Dans Glorybox, c'est comme ça, en tout cas ?

  • Speaker #1

    Dans Glorybox, c'était comme ça, dans 76 Kilos aussi. Et c'est une plateforme d'auto-édition qui le permet, qui s'appelle Kessel, qui est à l'origine destinée au format newsletter. Moi, je n'appelle pas ça newsletter, parce que je trouve ça confusant et que je suis vraiment dans une démarche littéraire. d'auteurs, d'autrices et du coup moi c'est ce qui m'a permis de juste de faire en fait c'est ce qui rend les choses possibles donc j'adore cet outil Évidemment, quand on me dit Ah, mais tu devrais te faire éditer ça me fait un plaisir fou parce qu'il y a toujours…

  • Speaker #0

    Et pourquoi pas un jour ?

  • Speaker #1

    Oui. Après, je ne sais pas si le fait de publier un format en ligne comme ça, ça grille votre lectorat potentiel, votre sujet. Là, il n'y a plus la question du lectorat qui se pose avec un système comme celui-là. Parce que souvent, on vous dit Tu veux écrire sur la télévision ? Les gens qui achètent des livres n'en ont rien à foutre, c'est pas un sujet pour eux. C'est pas un milieu qui les intéresse, tu peux écrire sur l'édition, tu peux écrire sur le cinéma, la télé, on s'en fout. Glorybox était quand même en partie autour de ça. Et puis on m'avait dit aussi que j'étais pas assez célèbre moi-même pour porter un récit comme celui-là en librairie. Donc j'ai trouvé finalement le système où...

  • Speaker #0

    Il y a une différence.

  • Speaker #1

    Oui, je pouvais faire abstraction de ces deux trucs-là, et qui j'étais moi, et qui allaient me lire.

  • Speaker #0

    C'est plein d'humour, ce sont plein de courts récits, plein de courtes nouvelles, pleines d'humour. Ce que j'ai bien aimé également, c'est quand vous mettez des sortes de perles de rédaction, c'est-à-dire qu'il y en a au moins quatre chapitres comme ça, que des phrases, et j'en ai noté une, et je me suis dit est-ce que c'est de vous, celle-ci ? Sylvie Tellier, c'est vraiment la blonde corporate, elle aurait pu être DRH.

  • Speaker #1

    Elle n'est pas de moi, j'adorerais qu'elle soit de moi. Non, elle n'est pas de moi, parce qu'effectivement, dans ces chapitres, je ne dis pas qui parle. Je pars du principe, comme Loïc Prigent le fait sur la mode, que la punchline est autosuffisante. Donc, du coup, c'est une collègue à moi qui est peut-être la personne la plus drôle du monde, qui avait ce sens de tracer un personnage, mais en une phrase. Et c'est ce qui a rendu mon expérience au Parisien géniale, c'est que... Vous n'avez que des personnages comme ça, qui parlent comme ça pour de vrai. Et vous allez au boulot. Et c'est très difficile de se concentrer parce que vous marrez toute la journée.

  • Speaker #0

    La leçon de 15 ans aux Parisiens, ce serait donc finalement la leçon que vous tenez, même de ce récit, en fait. Parce qu'il y a deux choses. Il y a la leçon de ces 15 ans, puis la leçon d'avoir écrit sur ces 15 ans.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai vraiment bouclé mon parcours en presse quotidienne grâce à Glorybox, avec le fait d'avoir réfléchi à tout ça, d'en avoir ri, d'avoir été parfois mal à l'aise, d'avoir mis le doigt à postériori sur des comportements aussi de ma part qui étaient problématiques, hyper jugeants par rapport aux animatrices télé par exemple. C'est Annie Ernaux qui... Je suis désolée, je suis hyper prévisible dans mes références. Annie Ernaux disait que... Enfin, elle dit toujours d'ailleurs qu'une expérience est vraiment vécue une fois qu'elle a été écrite. Et moi, je crois vachement à ça. Et je pense que j'aurais eu un caillou dans la chaussure si je n'avais pas écrit pour conclure toutes mes années là-bas. Et j'aurais encore aujourd'hui un caillou dans la chaussure permanent si je... n'écrivait pas, en fait. On revient au côté auto-centré sur ce que je vis. Je vis vraiment les choses une fois que je les ai racontées.

  • Speaker #0

    On peut revivre quelque chose par l'écriture, c'est-à-dire on peut l'embellir également par l'écriture. On peut l'enpopier.

  • Speaker #1

    Exactement. On a les pleins pouvoirs, en fait. C'est le seul endroit où on a les pleins pouvoirs. C'est pour ça que c'est aussi... aussi puissant et aussi difficile pour les femmes victimes de violences d'écrire leur vécu. C'est le seul lieu où elles peuvent dire leur vérité et en même temps c'est un processus qui draine énormément d'énergie, qui parfois ne leur permet absolument pas d'être apaisées, mais c'est le lieu du pouvoir où là il n'y a plus personne pour vous contredire, pour vous interrompre, pour imposer sa vision des choses. Et il y a une vraie ivresse de l'écriture. C'est un truc aussi de contrôle fric un petit peu. C'est-à-dire que là, vous façonnez un univers à votre main, vous contrôlez tout. Moi, je suis quelqu'un d'assez obsédé par le contrôle. Donc forcément, je pense que, comme tous les auteurs, et vous écrivez aussi, ce sentiment de contrôle qu'on a quand on écrit, c'est... absolument jubilatoire.

  • Speaker #0

    Et donc là, il y a le contrôle du poids dans 67 kilos. Est-ce qu'on écrit de la même façon à 45 kilos ou à 76 kilos ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye, c'est une vraie question. Quand j'ai décidé d'écrire la suite, je me suis dit, déjà, il n'y a pas d'histoire si vous faites 45 kilos, au sens où cette histoire-là a déjà été racontée de multiples fois. Si vous faites plus de 100 kilos aussi. Si vous faites 76 kilos, moi, cette histoire-là, je ne l'ai jamais entendue. Et une des questions que je me posais à partir du moment où j'ai décidé d'écrire là-dessus, c'était est-ce que je vais maigrir en écrivant que j'ai un problème de poids ? Pour l'instant, non.

  • Speaker #0

    C'est la dimension psychanalytique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'évidemment, j'ai eu beaucoup de personnes de mon entourage plus ou moins proches qui m'ont dit à partir du moment où tu vas te délester de ça, tu vas voir, tu vas maigrir. Pour l'instant, non. J'en suis qu'au chapitre 4, j'en ai prévu 12. Pour moi, il y a un vrai matériau qui me permettait, encore une fois, d'aller relier tous les âges de ma vie. Et c'est ça qui m'intéresse, en fait. C'est de trouver une porte, une accroche.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le fil du récit, ce n'est pas maigrir. Ce n'est pas du tout ça. Ce n'est pas une fin en soi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quelle personne on est à ce point-là. Voilà. et de raconter aussi le chapitre 3 c'était tous mes précédents poids et je crois que je n'ai jamais donc le vêtement pour moi était une porte d'entrée sur ma vie mais le poids c'est encore plus parce que là il y a tout, il y a l'enfance, l'adolescence il y a le monde du travail il y a le blog, il y a la maternité il y a le couple, le prochain chapitre sur lequel il va vraiment falloir que je me hâte de me... pencher parce que c'est dans quelques jours. Comme quoi, j'écris vraiment la dernière minute.

  • Speaker #0

    Elle arrache, quoi.

  • Speaker #1

    Voilà, elle arrache. Sagittaire. C'est sur les kilos du couple. Donc, il va y avoir l'âge aussi. Enfin, tout est là. Il y a la famille aussi.

  • Speaker #0

    Vous savez où vous allez ? Vous avez déjà un plan ? Je n'ai pas de plan.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de plan. Je pense que ne pas avoir de plan m'aide beaucoup parce que ça m'enlève une charge mentale. Et puis surtout... Ça aussi, c'est un des enseignements du parisien, c'est que je sais que quelque chose va sortir. Je sais que si je sanctuarise deux, trois jours devant mon écran, ça va sortir. C'est là, j'ai juste à laisser sortir. Et quand vous avez appris à avoir 30 minutes pour écrire un papier et à ne pas planter un bouclage, vous savez que ça va sortir. Pour moi, c'est la meilleure école.

  • Speaker #0

    C'est ça. Vous écrivez également pour ça. C'est pour ça qu'il y a cette... instantanéité de cette plateforme qu'est celle qui voit aussi bien c'est à dire il ya de ce côté récompense après le clic oui c'est super juste parce que ce qui est terrible dans le fait de décrire un manuscrit solitude

  • Speaker #1

    l'isolement et le secret pendant un ou deux ans c'est que après votre livre sort en général on vous conseille d'en parler trois semaines avant pas trop tôt sauf si vous documentez tout le process d'écriture Mais quand votre livre sort, voilà, il sort. Et puis, vous avez une semaine, 15 jours où c'est une conversation entre vous et vos lecteurs. Et puis ensuite, si vous ne faites pas de dédicaces, si votre livre n'est pas un best-seller qui est super relayé dans la presse, c'est terminé. Donc là, l'avantage de publier chapitre par chapitre, c'est que la conversation reprend tous les mois. Et moi, j'ai besoin de ça, de manière quand même narcissique, clairement.

  • Speaker #0

    Vous vous soignez avec ce concept d'écriture. Mais vous vous soignez avec l'écriture.

  • Speaker #1

    Ah, soigner, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ça fait du bien d'écrire.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien. Et en même temps, il y a toujours un truc qui se passe en moi quand je vois des auteurs dire Non, mais ce livre n'a pas du tout été thérapeutique, comme Neige Sino, par exemple, qui a écrit sur l'inceste. Et quand elles disent Voilà, moi, ça n'a rien soigné du tout. Et que le sujet du livre, c'est... est-ce que je peux écrire là-dessus et qu'est-ce que je peux écrire là-dessus ? Il y a toujours chez moi une sorte de soulagement quand je lis ça. Donc je me dis, il doit y avoir aussi chez moi quelque chose qui fait que je n'écris pas pour me soigner, mais juste pour être regardée peut-être.

  • Speaker #0

    En tout cas, c'est assez passionnant parce que ça démarre sur un drame. Mais ce n'est pas raconté de façon dramatique. Ça démarre avec la mort de votre père. Sur ce poids, vous faites le lien entre son poids et votre poids. Et ensuite, on redéroule le fil de votre vie. Mais il y a toujours de l'humour.

  • Speaker #1

    Je pense qu'en plus...

  • Speaker #0

    C'est votre marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ma marque de fabrique. J'essaie de le faire... Je ne sais pas si je le fais de manière consciente ou inconsciente. C'est vrai que je ne me suis jamais vraiment interrogée sur ce sujet-là, peut-être parce que je ne sais pas faire autrement. Je me dis peut-être qu'à un moment donné, si je veux pouvoir émouvoir, il faut aussi que je puisse faire rire. Je suis particulièrement sensible aux dramedies, c'est-à-dire ces comédies souvent britanniques où vous pouvez passer du rire aux larmes dans le même film. Ça, j'aime bien. Et puis, on en revient à ce qu'on disait à propos du duel. Il y a ce côté où on joue sur les deux tableaux. Finalement, peut-être que je n'aime pas choisir. Entre, oui, être sur quelque chose d'assez grave, je me fatiguerais toute seule si j'étais que là-dedans. Que de l'humour, ça me frustrerait aussi. Donc, oui. Il y a ce truc de ne pas choisir. Et j'aime aussi beaucoup les essais qui commencent par... Là, je commence par La mort de mon père pour parler de mon poids. On peut avoir l'impression que ça n'a absolument rien à voir. En fait, ça a tout à voir. Et j'aime tous les essais qui commencent ailleurs que sur la thématique que vous avez identifiée quand vous avez acheté le livre. Et là, je me dis, voilà, c'est ça que j'ai envie de lire parce que j'ai envie que le livre me raconte plus que son thème.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de savoir la suite.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quand tous mes codes Kessel fonctionneront bien. J'ai vraiment hâte de savoir la suite parce que on se demande jusqu'où ça va aller dans cette...

  • Speaker #1

    Je n'ai pas encore la réponse.

  • Speaker #0

    Puisque nous sommes dans un café chez Marius et Jeannette, mais pas du tout. Juliette.

  • Speaker #1

    Arthur et Juliette.

  • Speaker #0

    Arthur et Juliette. Un café que vous avez choisi d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, qui est situé en face de mon premier appartement parisien. Ce qui vous a obligé à traverser tout Paris. Vous me l'avez fait remarquer en arrivant. C'est hyper condescendant de dire ça. Quand j'ai emménagé ici, on m'a fait comprendre que le 15ème, ce n'était pas Paris. Parce que j'ai énormément d'amis qui habitent dans le 11ème et qui sont insupportables. Donc, voilà. Je suis finalement revenue ici, c'est complètement excentré, il n'y a pas de métro à côté, c'est chiant de venir là. Donc voilà, ça raconte aussi d'où je viens, je suis éternellement un pied en dehors des choses. C'est le cas aussi pour ce café qui ne s'appelait pas comme ça quand j'habitais ici, qui a changé 3 ou 4 fois de propriétaire.

  • Speaker #0

    Je vous pose des questions sur l'univers du café et lié à l'univers de la mode. Alors, quel parfum ? Fin inspirée par l'arôme du café a été lancée par une maison de luxe en 2014. Coffee, comme des garçons, Black Opium d'Yves Saint Laurent ou Café Society de Dior.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais le premier, Coffee.

  • Speaker #0

    Eh bien, pas du tout. C'est Black Opium d'Yves Saint Laurent qui est connu pour avoir une composition unique qui inclut des notes de café. Premier parfum à intégrer des notes dans une flagrance florale. Moi, je n'y connais rien. De toute façon, je n'ai pas d'odorat. Je crois à l'erreur.

  • Speaker #1

    Vous dites que c'est l'erreur, la preuve que moi non plus. Donc c'est bien.

  • Speaker #0

    Vous qui avez interviewé plein de monde, vous avez interviewé Karl Lagerfeld ou pas ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Alors,

  • Speaker #0

    détestait-il le café ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il était amateur de, non pas de Coca, mais il me semble de Pepsi. Donc j'imagine que c'est un peu incompatible avec le café, sinon vous explosez en vol.

  • Speaker #0

    Il adorait le café, il y a 13,5 par jour.

  • Speaker #1

    Non mais c'est une catastrophe ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Il a même têté son nom à une série limitée de tasses à café de la marque Nespresso. Je ne sais pas, il avait besoin d'argent pour payer ses impôts. Et dernière question. Elle est facile, vous y arrivez.

  • Speaker #1

    J'espère, sinon on finit encore sur un échec.

  • Speaker #0

    Obligé, obligé, obligé. Même moi, j'avais la réponse avant même d'écrire la question. Quel cocktail a été popularisé par la série Sex and the City ?

  • Speaker #1

    J'étais sûre que vous alliez me demander. Le Cosmopolitan. Ben voilà.

  • Speaker #0

    Il y a quoi dedans ?

  • Speaker #1

    Vodka, cranberry, triple sec. Du citron ? Je ne sais pas s'il y a du citron, en plus citron vert.

  • Speaker #0

    Vodka pointe trop, donc c'est très sec. Je ne sais pas s'il y a du citron. Je suis très mauvais dans les cocktails.

  • Speaker #1

    C'est ça, vodka cranberry triple sec.

  • Speaker #0

    Voilà, on en a une qui est la bonne. Voilà, on est super. Merci beaucoup Charlotte Moreau d'avoir répondu à cette interview. J'invite tout le monde à aller lire à la fois Glorybox et puis également 76 Kilos sur la plateforme Kessel. Celle-là, c'est bien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je l'ai placée quand même, celle-là. Elle est vraiment pourrie. Tant pis, je la mets.

  • Speaker #1

    On valide.

  • Speaker #0

    On valide. Il faut juste aller sur Kessel.

  • Speaker #1

    Absolument. Il y a un moteur de recherche.

  • Speaker #0

    K-E-S-S-E-L.

  • Speaker #1

    K-E-S-S-E-L, comme Joseph. Et donc, vous pouvez, avec le moteur de recherche, me trouver, trouver le titre des livres. Et ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et on le retrouve sur Instagram également, dans le magazine Elle. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté Un Café au Comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast. Eh bien, allez sur Apple Podcasts, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, nous, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, vous voulez, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

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  • vrai ou faux

    22:50

  • quizz

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Description

Il est toujours intimidant d’interviewer de quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l’interviewer . De brosser  le portrait de qui, précisément, maîtrise le coup de plume pour le faire , bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. 


Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu ! Et pour m’inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste, podcasteuse, animatrice de Masterclass et d'ateliers d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerai également l'art de citer Montesquieu « La gravité est le bonheur des imbéciles ». 

 

Car oui, celle dont je parle, sans être  futile, sait néanmoins apporter  aux sujets qu’elle traite sa dose d’ d’humour. Je l’ai immédiatement compris quand j’ai découvert son pseudo  de blogueuse -Balibulle- évoquant   davantage  le nom d’un teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista dont on a souvent réduit  la biographie au nombre des chaussures qu’elle possédait a écrit un Anti-guide de la mode, essai – à mon sens- philosophique et humoristique sur les diktats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. 


En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance. 

De son jean  porté parfois  comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en  repose fesses  le temps de l’écriture de ses articles de reporter jusqu’a ses accessoires- telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême- elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. 

 

Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires des femmes pour le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. Ainsi, en plus de la newsletter LE DEBRIEF, 2 récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glory Box, qui narre les hauts et les bas de son expérience au journal Le Parisien, et 76 kilos, dans lequel l’autrice tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d’un poids qui évolue au fil de sa vie. L’histoire est en cours d'écriture et de diffusion à raison d’un chapitre par mois. 

 

C'est donc pour discuter  de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d’un vestiaire et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fan de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier, chez Arthur et Juliette, et j’ai à présent l’honneur de prendre avec elle un café au comptoir. présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Charlotte Moreau :

https://www.instagram.com/charlottemoreaubalibulle/


Interview enregistrée au café Arthur et Juliette :

51 Rue des Morillons, 75015 Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le Elle. C'est un magazine qui a un historique de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction.

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Himéros. Je suis auteur, créateur, producteur de plusieurs podcasts. Bienvenue sur Un Café au Comptoir. Ça commence maintenant.

  • Speaker #1

    Un Café au Comptoir. Un Café au Comptoir.

  • Speaker #0

    Il est toujours intimidant d'interviewer quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l'intervieweur, de brosser le portrait de qui précisément maîtrise le coup de plume pour le faire, bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu. Et pour m'inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste. podcasteuse, animatrice de masterclass et d'atelier d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerais également l'art de citer Montesquieu, la gravité et le bonheur des imbéciles. C'est ça hein ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Car oui, celle dont je parle, sans être futile, s'est néanmoins apportée au sujet qu'elle traite sa dose d'humour. Je l'ai immédiatement compris quand j'ai découvert son pseudo de blogueuse. Balibule, évoquant davantage le nom d'un Teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire. ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista, dont on a souvent réduit la biographie au nombre des chaussures qu'elle possédait, a écrit un anti-guide de la mode, et c'est, à mon sens, philosophique et humoristique, sur les dictats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance de son jean, porté parfois comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en repose-fesses le temps de l'écriture de ses articles de reporter. Jusqu'à ses accessoires, telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême, elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires pour les femmes dans le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. En plus de la newsletter Le Débrief, deux récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glorybox, qui narre les hauts et les bas de son existence au journal Le Parisien, et 76 kilos dans lequel l'autriste tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d'un poids qui évolue au fil de sa vie. L'histoire étant courte d'écriture et de diffusion à raison d'un chapitre par mois. Alors c'est donc pour discuter de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d'investisseurs et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fans de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier chez Arthur et Juliette. J'ai à présent l'honneur de prendre avec elle un café. au comptoir. Bonjour Charlotte Moreau.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on se raconte suffisamment quand on est journaliste ou alors pas du tout et c'est pour cela qu'on a besoin d'écrire des choses sur sa vie ?

  • Speaker #1

    Je ne fais que parler de moi tout le temps. Je suis quelqu'un de terriblement auto-centré. Donc quel que soit le sujet, c'est toujours soit mon expérience que je raconte, soit mon regard sur quelque chose que je transmets. Je ne crois pas du tout à l'objectivité journalistique. En tout cas, moi je n'y ai jamais été confrontée dans... tous les postes auxquels j'ai travaillé. Ça a toujours été moi, moi, moi, moi, moi.

  • Speaker #0

    Alors comment on perçoit la partie universelle de ce qu'on écrit ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une remarque de Léna Ausha qui m'avait paru assez juste quand elle avait écrit Girls et qu'elle hésitait sur certains épisodes de sa vie qu'elle utilisait pour nourrir des... Voilà, les rebondissements de l'intrigue. Et elle disait sur certains thèmes qui me paraissaient tellement perso, tellement bizarres, tellement pas concernants, pas universels. C'est là qu'elle avait le plus de feedback, finalement. Parce que je pense que ce sur quoi elle a mis le doigt à ce moment-là, c'est que plus vous parlez de manière sincère de vous, plus vous connectez non pas à l'expérience de l'autre, mais à sa sincérité et à lui aussi. Et donc, finalement, le... parallèle, il est là. Moi, ce qui m'intéresse le plus, ce sont les journalistes qui donnent leur point de vue, les auteurs qui disent je Je suis autocentrée et c'est aussi ce que j'aime consommer. J'aime qu'on dise je et j'aime écouter ça.

  • Speaker #0

    Même quand on écrit pour un magazine de mode, dans ce cas-là, on va toucher à beaucoup de personnes. Et on va souvent penser qu'il y a un côté très superficiel dans la mode. Alors que vous, vous essayez de gagner en profondeur dans tout ce que vous écrivez. Comment on vit un petit peu cette... ces deux côtés de soi-même ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est intéressant, en ce moment je travaille pour le magazine Elle, qui a une longue tradition de mise en scène de ses plumes, quand tout le sujet fut-il, il y a énormément de sujets dans lesquels on est soit en immersion, soit en mise en scène de soi. Donc quand je suis arrivée là, il y avait déjà cette possibilité de dire je que j'utilise sur le site, quand je fais des articles sur le site, mais pas dans le magazine. Mais donc, il y a une forte culture de la subjectivité, et il y a aussi cette culture de dire on raconte les choses graves avec légèreté, et les choses légèretées avec, je ne vais pas dire gravité, mais peut-être sérieux. Voilà, mettre du sérieux dans la légèreté, et de la légèreté dans le sérieux. Ce qui me correspond pas mal, et ce qui du coup permet, quand j'ai un mode d'emploi, par exemple, à faire sur telle pièce tendance du moment, J'essaie de jamais le faire de manière impérieuse ou fermée et de toujours laisser comprendre qu'il y a la possibilité de s'approprier les choses et surtout de mettre complètement à distance ce que j'écris. Je propose, vous disposez. Et puis, j'élargis toujours au-delà de la mode parce que finalement, c'est ça qui est drôle. Par exemple... tel sac, je ne vais pas vous dire juste pourquoi il est bon de choisir tel sac, mais quel type de livre vous allez avoir dedans. Voilà, qu'on essaie de voir des personnages.

  • Speaker #0

    Une dimension politique, finalement.

  • Speaker #1

    Toujours, sur le vêtement, toujours, même si c'est un sujet qui est encore très, très peu légitime. Pour le site, je fais une série d'entretiens qui s'appelle Mon Job, Mon Dressing, où je demande à des femmes qui exercent des métiers un peu emblématiques. pas au sens emblématique, au sens important du terme, mais très connue. Des métiers que tout le monde connaît, sur lesquels tout le monde a une image mentale. Il m'est déjà arrivé, quand on relaie ensuite les entretiens sur LinkedIn, par exemple, de voir l'entourage professionnel qui vient saboter la démarche en disant que l'important, c'est la compétence, ce n'est pas la manière dont tu t'habilles, et essayer de faire comprendre. que les deux sont liés surtout quand vous êtes une femme, que tout le monde est regardé même quand vous êtes un homme, ça reste compliqué. Comme si on peut avoir des conversations sur le vêtement de pouvoir, par exemple, des femmes politiques, des dirigeants. On peut avoir des conversations sur le vêtement de scène quand vous êtes artiste, avoir une conversation sur le vêtement professionnel quand vous exercez un panel de métiers complètement banal, ordinaire. ça reste compliqué. C'est un sujet qui n'est pas pensé, en fait. Je pense que ce n'est même pas tabou, c'est que ce n'est pas pensé. C'est que personne ne va vers cette conversation. Moi, ça m'intéresse vachement. Quand vous travaillez, vous êtes dans le mouvement. Ça implique quoi en matière de choix vestimentaire ? Surtout si vous êtes une femme, je me répète, c'est encore plus important pour nous. Ça a des impacts en termes d'image, comment on vous regarde. Dans certains métiers, vous êtes crédible si vous êtes détendu. Dans d'autres métiers, c'est l'inverse. Vous êtes crédible si vous êtes austère. Donc tout ça a infiniment d'importance et infiniment politique.

  • Speaker #0

    Justement, la journaliste interviewée, qui à la différence de moi ne porte pas un pull qui bouloche, mais un pull avec plein de jolis cœurs, un cœur rouge entouré d'un liseré blanc. Voilà, c'est quoi le dressing de la journaliste ?

  • Speaker #1

    Alors, le dressing de la journaliste, donc déjà, c'est un petit clin d'œil à Chloé Thibault que vous avez reçu il n'y a pas longtemps, qui est propriétaire d'un magnifique pull avec des cœurs brisés, avec lequel elle a fait pas mal de photos de promo de Désirer la violence. Et j'ai eu un coup de cœur absolu sur son pull. Et quand j'en ai trouvé un qui ressemblait, sur moi, les cœurs ne sont pas brisés, ils sont intacts. Mais je me suis dit voilà.

  • Speaker #0

    C'est un moyen justement de faire passer un message. Allez, vas-y, c'est cool.

  • Speaker #1

    En plus, je vais essayer de ne pas trop parler d'astrologie, mais je suis sagitaire. Donc, je fais partie de ces tempéraments qui ont besoin de briser la glace très, très vite.

  • Speaker #0

    Ma mère doit être une mauvaise sagitaire, mais je vous laisse continuer.

  • Speaker #1

    L'ascendant qui joue aussi. C'est vrai. Ascendant gémeaux pour moi. Aussi le côté je parle, je brise la glace, on est dans l'échange, on se connecte. Donc oui, je pense qu'il y a aussi chez moi un... une sorte de tranquillité par rapport au fait de... Non pas l'image que je donne, mais de... le sérieux. Enfin... C'est plus un sujet. Je suis une ancienne blogueuse. J'écris sur la mode et la pop culture. Je m'en fous, finalement, si on se dit... que je n'ai pas l'air extrêmement sérieuse dans ce que je fais, ou suffisamment austère, ou suffisamment altière. J'ai une tête déjà qui est relativement... On m'appelait la redoublante, par exemple, à la fac, alors que je n'ai jamais redoublé. Je fais déjà plus vieille que mon âge, et peut-être plus austère. Donc du coup... Du coup, oui, pour moi, il n'y a pas de... Comment dire ? Le seul lieu où je peux encore me poser des questions sur la manière dont je m'habille, et ça, ça va encore évoluer, je pense, c'est les Fashion Week. Pendant très longtemps, je n'ai pas eu besoin d'y aller parce qu'on ne m'envoyait pas sur ce type de sujet. Maintenant, c'est le cas. Et en fait, quand vous voyez comment les gens sont habillés là-bas, il y a une infime proportion de personnes très, très lookées. Et il y a surtout des gens ordinaires, donc vous pouvez y aller comme vous êtes, comme le dit le slogan d'un célèbre fast-food, et il n'y a pas de problème. Donc je pense qu'à la prochaine, il m'en a fallu plusieurs pour me dire, non mais ne cherche pas des vêtements particuliers, particulièrement féminines. C'était plutôt là-dessus où je me disais, il faut que je sois féminine. Non, en fait, je peux y aller avec ma casquette, mes baskets, ce n'est pas grave. Donc voilà, c'est à peu près le dernier truc que j'avais à dénouer. Donc là, c'est fait. Du coup, pour la prochaine, je me mets un petit challenge avec moi-même d'y aller exactement comme je suis habillée quand je suis à travail.

  • Speaker #0

    Comme aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #1

    Comme aujourd'hui, voilà.

  • Speaker #0

    Quand vous interviewez quelqu'un, vous y pensez ? Comment je dois m'habiller ? Je m'en suis aperçu juste avant que ça boulochait, mais je me suis dit, bon, tant pis. J'ai mis une touche de couleur parce que j'ai vu sur votre Instagram que c'est bien d'avoir une touche de couleur. Et après, je me suis dit, mince, j'ai deux touches de couleur. Comment vais-je faire ? Bon, tant pis. Assumez.

  • Speaker #1

    Il y a les trois couleurs. Ça reste une vieille recette de grand-mère qui marche toujours. Ipac, par ailleurs, la bouloche, c'est l'état naturel du pull. Donc, voilà. C'est conditionné à se dire, c'est pas bien, etc. Normalement... Par définition, ils arrivent tous à ce stade-là de leur existence, c'est-à-dire où ils l'avaient gardé longtemps. Je pense que sur le fait de réfléchir à comment je m'habille pour interviewer un tel ou tel, ce qui était très vrai au moment du Parisien, où vraiment je travaillais au service spectacle et médias, où on avait tout le temps à interagir avec des personnes extrêmement célèbres, je n'ai aucun souvenir. d'avoir mis un vêtement particulier pour interviewer une personne, à une exception près. Vous l'avez mentionné pour Justin Timberlake. Là, oui, j'avais mis...

  • Speaker #0

    Lexie Back.

  • Speaker #1

    Un petit peu. C'était bien résumé. Là, oui, une robe dont je pensais qu'elle était moderne. J'avais peut-être ce truc-là. de me dire est-ce que c'est suffisamment moderne, voilà c'est mon dernier théoblique c'était pas moderne si ? je pense que ma tenue était nickel qu'en revanche je m'étais vraiment fait une idée du personnage qui était complètement à côté de la réalité et c'est aussi ça les joies du métier de journaliste, c'est que vous avez accès en même temps en 15 minutes à la personne publique et à la personne à la ville Vous voyez les deux côtés. Et donc, c'est quand même assez fréquent que les deux images soient un peu dissonantes.

  • Speaker #0

    C'est une incompréhension. Une interview, c'est un moment qui ne devrait pas exister normalement. Ce sont des personnes qui ne devraient pas se rencontrer et discuter ensemble. C'est un malentendu ? C'est le compte rendu d'un malentendu ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est très juste. Je pense qu'il y a un truc impossible, en fait, dans le fait d'aller parler, notamment à une célébrité, surtout sur un délai aussi court. même si certains sont excellents dans l'exercice et ils vont vous sortir en neuf minutes absolument tout ce dont vous avez besoin pour votre papier, parce qu'ils savent faire et en général ils ne sont pas français.

  • Speaker #0

    Oh mais tiens, dans ta gueule.

  • Speaker #1

    Non mais c'est vrai qu'en France, on vous fait souvent sentir que c'est une purge, que c'est quelque chose qui est demandé en plus, que tout est dans l'œuvre, qu'il n'y a pas... discourir dessus, alors que dans la tradition anglo-saxonne de la promotion, ça fait partie intégrante du job et je pense qu'ils ont plus cette notion qu'ils sont aussi payés pour le faire, que ce n'est pas quelque chose qu'ils leur aient demandé en plus et sur quoi ils peuvent s'asseoir. Donc ils le font généralement très bien.

  • Speaker #0

    Quand j'ai préparé cette émission, vous m'avez parlé de Chloé Thibault, dont on a reparlé là, qui est une plume féministe. Donc j'imagine que vous avez des sensibilités plutôt féministes. Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est un magazine qui a un historique vraiment très très ancien de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction. Et c'est en ça que c'est compliqué. C'est qu'entre les universalistes et les intersectionnelles, Il y a des terrains sur lesquels le dialogue est très compliqué. Et pour nous réussir à parler de manière claire et cohérente à notre lectorat, il faut qu'on réussisse à enjamber tous ces courants et à proposer des sujets qui les réconcilient. Il n'y en a pas beaucoup. Mais quand vous y arrivez... Moi, la dernière fois que j'ai pu faire un sujet dont on m'a dit Voilà, c'est ça qu'il faut faire. C'est là qu'on rend service, c'est là qu'on renseigne. C'était un abécédaire des derniers néologismes du féminisme qu'il fallait connaître pour comprendre un petit peu les militantes et puis cette faculté qu'a le féminisme à nommer les choses, à inventer des mots pour des comportements. Et donc ce sujet, je l'avais fait initialement pour le site. Et il est remonté dans le print, ce qui n'arrive quasiment jamais, parce qu'il correspondait précisément à ce que le journal a à cœur de faire, tout en ayant du mal à le faire.

  • Speaker #0

    Un jeu d'équilibriste ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est peut-être ce qui définit le mieux le L, c'est qu'on est tout le temps là-dessus. Ce qui n'est pas super confortable, entre ne pas être trop dans l'entre-soi... Et ne pas être trop populaire non plus, parce qu'il y a d'autres magazines qui font mieux que nous, le côté populaire. Entre être sérieux et être profonde, entre être féministe et ne pas se couper des différentes sensibilités au sein du mouvement. Et du lecteurat. Alors, une fois que...

  • Speaker #0

    Il achète le magazine.

  • Speaker #1

    Une fois que le lectorat est là, il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le L. Mais une fois que les lectrices sont là, après, il faut effectivement essayer de...

  • Speaker #0

    Rassembler ? Oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est vraiment pas simple.

  • Speaker #0

    Ça vous cause des nœuds au cerveau, parfois ? J'entends par là... Excusez-moi. J'entends par là, est-ce que ça... Ce n'est pas juste, ça fait réfléchir, mais on est obligé de se censurer ou de s'obliger ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Sur les sujets de société, non. On peut vraiment y aller à partir du moment où vous avez le feu vert de la rédaction en chef. C'est quasiment... carte blanche parce qu'on a l'impression que tant que vous avez isolé la problématique, après, vous pouvez rédiger, rayonner autour et c'est bon. Ce qui est le plus compliqué, ça reste des choses très concrètes, matérielles, relatives aux annonceurs. C'est surtout ça le problème en presse féminine. Oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Oui, effectivement. C'est-à-dire que quelqu'un annonce...

  • Speaker #1

    On a besoin d'eux parce que les abonnements ne suffisent pas. On a besoin d'eux pour exister. Si on n'a plus les annonceurs, on ne peut plus faire ces sujets qui sont précieux dans un espace féminin, entre guillemets, qui fera hurler. Enfin voilà, moi, j'ai des amis journalistes qui me disent Ah, les femmes qui parlent aux femmes Oui, mais à un moment donné, c'est bien aussi que cet espace-là existe, déjà parce qu'on cristallise plein de critiques sur nous, donc au moins les choses sont dites. Et puis, il y a un côté cheval d'autre roi aussi, c'est de dire on rentre par la mode. Et moi, ça a été aussi mon parcours en tant que blogueuse. Je suis rentrée chez les gens, je dis ça avec beaucoup de guillemets, je suis rentrée chez les gens par le vêtement. Et ce sont souvent des femmes qui me suivent depuis longtemps, qui... Ensuite, vont avoir un sentiment de familiarité, de proximité suffisant avec moi pour qu'on aille parler d'autres choses, pour me raconter des épisodes dramatiques de leur vie quand je fais des témoignages plus société, pour venir en atelier d'écriture, en masterclass et quand je leur demande, pareil, d'écrire sur un épisode dramatique de leur vie pour me sortir des choses absolument chromatiques, épouvantables, terrifiantes. C'est le vêtement qui a permis ça, en fait. Donc, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure. S'il y a un impensé autour du vêtement, on ne s'autorise pas forcément à en parler de manière très réfléchie. On ne s'autorise pas toujours à penser l'impact que ça a sur notre vie. Et pourtant, on sait très bien que ça va être le premier maillon. qui va vous accrocher à quelqu'un et qu'après, vous allez pouvoir faire la suite parce qu'il y a eu ce terrain d'accroche. Ça ouvre une porte, clairement.

  • Speaker #0

    Juste une question sur la presse féminine, enfin, connecte-ça à la presse féminine. Comment ça se fait qu'il n'y a jamais eu de magazine masculin qui a réellement fonctionné ?

  • Speaker #1

    Parce que tous les magazines non féminins sont des magazines masculins, donc il n'y a pas besoin, finalement. C'est pour ça que, voilà, quand j'entends dire que... C'est QFD,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    Quand j'entends dire que ces espaces exclusivement féminins, même s'il y a quand même pas mal d'hommes qui lisent elles aussi. Quand ces espaces exclusivement féminins se trompent de méthode de combat, j'ai envie de leur dire, mais les gars, vous avez tout le reste. Vous avez toute la presse d'information générale et politique, vous avez tous les news. C'est votre jardin. Donc laissez-nous aussi, si on est un espace dans lequel le vécu de certaines femmes peut être déployé, raconté, parce que... Elles sentent qu'il va y avoir une sensibilité, une compréhension suffisante pour pouvoir se livrer. Mais tant mieux. Et ça n'interdit pas à qui que ce soit de lire le magazine. Mais oui, c'est juste que magazine masculin au sens où on les imagine, c'est-à-dire avec des mecs torse nu, le six-pack.

  • Speaker #0

    Regarde la bonne meuf du moment. C'est des trucs de robots.

  • Speaker #1

    Tout ça, ça a migré sur les réseaux, je pense. Et puis, il n'y a pas besoin.

  • Speaker #0

    Réseau où vous êtes aussi. On va en discuter. Et on va faire le vrai ou faux, Charlotte Moreau. Alors, Charlotte Moreau, vrai ou faux ? J'en ai plusieurs, je suis obligée de les choisir, je ne peux pas toutes les dire. Mais, allez, vrai ou faux ? Vous étiez inconsolable lors de la disparition de votre produit fétiche. Le woolshake de Ratkin qui donnait du volume aux cheveux, même long, sans le graisser ni les cartonner. Il sentait super bon et ça tenait toute la journée.

  • Speaker #1

    Absolument. Je m'en suis d'ailleurs toujours parmise. Je ne sais plus il y a combien de temps il a disparu parce que je n'ai absolument pas la notion des dates.

  • Speaker #0

    Mais ils sont chouettes, beaux cheveux.

  • Speaker #1

    Je vous remercie, mais ce n'est qu'un pisalé par rapport aux performances.

  • Speaker #0

    Je tire un peu le fil là-dessus. Vous vous exprimez sur votre compte Instagram. Comme vous exprimiez sur votre blog, ça paraît complètement naturel.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, il y a vraiment... Un filtre. C'est même beaucoup plus facile Instagram que l'époque du blog où il y avait une sorte de standard esthétique qui fait que mon blog a jamais pris... Moi, j'étais très, très vite limitée par la qualité de mes photos. par le fait que j'aimais faire des textes, alors que les blogs qui marchaient le mieux, il y avait soit de très belles photos avec de très beaux textes, type Garance Doré, soit de très belles photos avec quasiment pas de textes, le blog de Betty, par exemple, Betty Autier. Et moi, en plus, j'ai vraiment ce côté banlieue qui fait qu'il y a un plafond de verre assez rapidement. C'est trop poli,

  • Speaker #0

    ce truc.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, exactement. Qui est pour ceux qui ne connaîtraient pas, qui doivent être majoritaires, du coup.

  • Speaker #0

    Le Métropolis, qui est une boîte de nuit qu'on voit quand on va à Orly. On passe en dessous.

  • Speaker #1

    Vous êtes tous passés en dessous sans forcément le savoir. Oui, il y a ça. Il y a ce côté... Ce ne serait jamais une fille comme moi qui pourrait avoir une notoriété dépassant. je ne vais même pas dire les frontières de l'Essonne, mais les frontières de la France. Il y a trop de...

  • Speaker #0

    Vous le pensez réellement ?

  • Speaker #1

    Oui, mais il y a eu à un moment donné une sorte de montée en compétence esthétique, graphique des blogueuses qui fait que quand vous n'êtes pas dans les mêmes codes visuels, vous décrochez rapidement en notoriété, vous n'explosez pas. Instagram a rendu les choses un tout petit peu... Enfin, a décrispé un tout petit peu le truc. c'était beaucoup plus facile de faire des photos à l'arrache ce qui est quand même pratique surtout quand d'un coup vous avez des enfants donc et idem sur instagram je peux aussi poster des choses sur lesquelles le texte est écrit de manière conversationnelle comme je parlerais voilà où il n'y a pas d'effort d'écriture Je sais que c'est peut-être aussi un frein à son développement, parce qu'on m'a souvent dit ou conseillé d'avoir une ligne éditoriale sur mon Instagram, d'avoir, je ne vais pas dire un slogan, mais limite, pour que les gens nouveaux qui arrivent sachent ce qu'ils vont y trouver. Moi, quand on arrive, on ne comprend pas trop. J'ai écrit des livres qui n'ont pas l'air d'avoir grand-chose à voir les uns avec les autres. Je fais trop de trucs, je parle de trop de sujets différents, avec des tons différents. Donc,

  • Speaker #0

    c'est le bordel.

  • Speaker #1

    C'est le chaos du Sagittaire.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça vous ressemble. C'est ce que vous voulez, c'est votre nature profonde.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ce que je veux, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    On ne parle pas du chaos, je parle de...

  • Speaker #1

    Mais oui. L'éclatisme. Oui, en fait, je me mets en accord avec ce que je peux. C'est-à-dire que ce que je veux rejoint ce que je peux. Il y aurait trop de contraintes pour moi à supprimer des thèmes, des façons de faire.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez vu Dirty Dancing pour la première fois à 41 ans.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Ça vous fait rire ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait rire parce que c'est un super film sur l'avortement, ce que je n'imaginais pas du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, je m'en ai vu.

  • Speaker #1

    Donc j'ai découvert ça.

  • Speaker #0

    I'm out my life.

  • Speaker #1

    Patrick Swayze, pour moi, toujours pas. Mais j'étais vraiment... Je crois que j'ai toujours pas compris, en fait. Voilà, la hype. Mais j'ai découvert pas un si mauvais film et pas du tout le film que j'attendais, en fait.

  • Speaker #0

    Donc pas si déçu. Pardon ? Pas si déçu.

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est... C'est plutôt un bon référent à avoir. Je suis contente de l'avoir vu.

  • Speaker #0

    Vraie Ufo, vous menez également une carrière de ghostwriter qui s'est fait sur un malentendu. Vous étiez persuadée que vous alliez écrire sur les fantômes. Plus sérieusement. Alors, quand on écrit pour de très grands magazines français, on est quand même obligé de faire des choses à côté.

  • Speaker #1

    Alors, c'était vrai avant que je travaillais vraiment pour le print duel, quand j'étais uniquement sur le web, puisque la rémunération n'est pas la même. Maintenant que j'écris beaucoup dans le print, je fais beaucoup moins de ghostwriting, qui n'est donc pas écrire sur les fantômes. La réponse est faux. Il ne s'agit pas d'écrire sur les fantômes, mais d'écrire pour quelqu'un, d'être la plume de quelqu'un ou le nègre de quelqu'un. Expression toujours un peu bizarre. Mais oui, c'est quelque chose que je fais moins, mais que j'adore faire. Et idem. je trouve le moyen dans cet exercice-là d'être celle qui parle, de trouver chez la personne pour qui j'écris ce que moi, je vais pouvoir dire. Voilà, on en revient au côté autocentré.

  • Speaker #0

    C'est dur d'écrire et de vivre de son écriture, de vivre de sa plume ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est effectivement très compliqué parce que soit vous avez la sécurité de l'emploi, vous êtes en poste dans une rédaction et le rythme... est juste impossible, quand vous voulez avoir une vie de famille, une vie à côté, etc. Les journalistes de presse quotidienne, ils pourraient presque être comme ces flics dans les séries, ils rentrent chez eux, il n'y a rien, il y a un matelas par terre, tout est encore dans les cartons. C'est vraiment vivre pour le journal, être tout le temps joignable. Mes collègues des faits divers, ils avaient tout le temps avec eux. le petit nécessaire pour partir en reportage sur un meurtre atroce à l'autre bout de la France dans la journée. Moi, je n'ai jamais été sur le fait d'y vivre, je n'ai jamais vécu ça, mais c'est tout pour le job. Ça, c'est si vous êtes vraiment attaché à une rédaction. Et puis si vous êtes freelance comme moi, vous dites oui, beaucoup, parce que vous avez peur des périodes de creux, vous avez peur de l'incertitude, vous ne savez pas exactement ce que vous allez gagner à la fin du mois. Donc, le travail est à la fois nulle part et partout parce que ce n'est en général pas vous qu'on appelle s'il y a de l'actu. Donc, vous pouvez être injoignable. Ça, c'est vraiment ce que moi, j'ai découvert en étant freelance. J'avais le droit d'éteindre mon téléphone. Mais à côté de ça, je n'ai pas de vacances. On n'a pas de congé payé. Donc, à chaque fois que vous ne travaillez pas, il n'y a rien qui rentre. Donc, le concept de s'arrêter de travailler est toujours un petit peu inconfortable.

  • Speaker #0

    vrai ou faux ? quand un homme de 66 ans dit à une personne de 32 et vous êtes heureuse, ça peut créer un malaise ça peut ça peut,

  • Speaker #1

    alors c'était Patrick Poivre d'Arvent donc c'est un épisode que j'ai raconté dans mon récit autobiographique Glory Box que j'ai publié sur KSL qui racontait comment Je ne vais pas dire que je suis devenue journaliste parce que le passage sur mes études était quand même assez rapide, mais vraiment mon premier gros poste en tant que journaliste. Effectivement, j'avais entre 25 et 37 ans et même 23 au tout début. Et donc là, vous arrivez avec toute votre naïveté face à des personnages comme ça, dont vous vous rendez compte après coup que vous aviez tout senti, tout perçu, mais de manière totalement dissociée. C'est-à-dire que je racontais comment effectivement je m'étais fait draguer de manière assez directe. à la fin d'une interview, à la fin, et comment après, j'ai continué à avoir des contacts avec lui parce qu'il fallait avoir une info, faire une interview, etc. J'y allais pas à reculons. J'y allais pas à reculons. Et en même temps, quand tout est sorti, quand l'affaire vraiment a commencé, je suis pas tombée de ma chaise. Et donc ce chapitre-là de Glorybox, c'était comment tu peux, toi, avoir vécu ça, l'avoir digéré. Ne pas avoir de problème avec ça tant que tu étais confronté à cette personne. Et en même temps, le jour où on comprend l'ampleur de la prédation, ne pas être surprise. C'était vraiment un truc...

  • Speaker #0

    Un cas de conscience ?

  • Speaker #1

    Ça m'a fait du bien d'écrire là-dessus. Ça m'a fait du bien d'écrire que j'étais emmerdée de ça. Emmerdée de ne pas être surprise, emmerdée d'avoir été complaisante, de moi-même... avoir entendu des tas de choses en me disant si elles y vont, c'est qu'elles veulent bien. Donc, c'est... Voilà, j'ai vraiment été... J'ai commencé à être journaliste à une époque où le male gaze et tout ce qui allait avec était très prégnant. Et je faisais avec. Enfin, je ne remettais rien en question. Je cherchais juste à bien faire mon job.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, davantage.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère.

  • Speaker #0

    justement c'était ma dernière question qui m'aide à faire la transition vers votre actualité je dirais qu'elle est double moi j'ai découvert ces deux newsletters qui sont en fait des récits autobiographiques donc Glorybox et 76 kilos comment ça a commencé cette histoire de vouloir faire ce premier récit déjà Glorybox ça a commencé comme un projet qui n'a pas

  • Speaker #1

    pas trouvé d'éditeur. Après, je me suis vexée très vite. C'est un éditeur qui m'a lâchée et du coup, après, je me suis drapée.

  • Speaker #0

    Tu n'en veux pas.

  • Speaker #1

    Et puis surtout, je trouve que écrire à côté de son métier de journaliste est quelque chose de très difficile en matière de charge mentale, de survie économique. Et moi, j'ai besoin de... Je vais faire une parenthèse, il y a des phrases qui vous poursuivent comme ça. Quand j'étais en master, c'était en DEA à l'époque, mais maintenant on dit master, média et multimédia, mon directeur de mémoire m'avait dit, vous êtes une sprinteuse, pas une marathonienne. Et alors est-ce que...

  • Speaker #0

    C'est sympa, mais pas sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce que... Je l'ai mal pris, évidemment, puisque j'avais une note assez moyenne. Et en fait, je repense très, très souvent à cette phrase en me disant Est-ce qu'il a vu juste ? ou Est-ce que c'est un truc de confort de ma part ? Mais dès que je peux... Donc j'ai appris à écrire en... Enfin, j'ai appris vraiment le métier en presse quotidienne, où les articles sont très courts. Et là, maintenant, j'écris des récits autobiographiques sous forme de textes bouclés, presque comme une nouvelle, mois après mois. Est-ce que ce directeur de mémoire avait vu juste à mon sujet ? Ou est-ce que, confortée par son avis, je me suis dit c'est ok d'y aller en fait ? Et de trouver les conditions de l'écriture qui te conviennent. Et pour moi, clairement, c'est de plancher quelques jours sur un sujet. Et même si le sujet vient se raccrocher à quelque chose d'assez vaste, il y a quelque chose que j'adore et qui rend les choses possibles finalement, c'est... ce principe du feuilleton, où je vais boucler une thématique mois après mois.

  • Speaker #0

    Dans Glorybox, c'est comme ça, en tout cas ?

  • Speaker #1

    Dans Glorybox, c'était comme ça, dans 76 Kilos aussi. Et c'est une plateforme d'auto-édition qui le permet, qui s'appelle Kessel, qui est à l'origine destinée au format newsletter. Moi, je n'appelle pas ça newsletter, parce que je trouve ça confusant et que je suis vraiment dans une démarche littéraire. d'auteurs, d'autrices et du coup moi c'est ce qui m'a permis de juste de faire en fait c'est ce qui rend les choses possibles donc j'adore cet outil Évidemment, quand on me dit Ah, mais tu devrais te faire éditer ça me fait un plaisir fou parce qu'il y a toujours…

  • Speaker #0

    Et pourquoi pas un jour ?

  • Speaker #1

    Oui. Après, je ne sais pas si le fait de publier un format en ligne comme ça, ça grille votre lectorat potentiel, votre sujet. Là, il n'y a plus la question du lectorat qui se pose avec un système comme celui-là. Parce que souvent, on vous dit Tu veux écrire sur la télévision ? Les gens qui achètent des livres n'en ont rien à foutre, c'est pas un sujet pour eux. C'est pas un milieu qui les intéresse, tu peux écrire sur l'édition, tu peux écrire sur le cinéma, la télé, on s'en fout. Glorybox était quand même en partie autour de ça. Et puis on m'avait dit aussi que j'étais pas assez célèbre moi-même pour porter un récit comme celui-là en librairie. Donc j'ai trouvé finalement le système où...

  • Speaker #0

    Il y a une différence.

  • Speaker #1

    Oui, je pouvais faire abstraction de ces deux trucs-là, et qui j'étais moi, et qui allaient me lire.

  • Speaker #0

    C'est plein d'humour, ce sont plein de courts récits, plein de courtes nouvelles, pleines d'humour. Ce que j'ai bien aimé également, c'est quand vous mettez des sortes de perles de rédaction, c'est-à-dire qu'il y en a au moins quatre chapitres comme ça, que des phrases, et j'en ai noté une, et je me suis dit est-ce que c'est de vous, celle-ci ? Sylvie Tellier, c'est vraiment la blonde corporate, elle aurait pu être DRH.

  • Speaker #1

    Elle n'est pas de moi, j'adorerais qu'elle soit de moi. Non, elle n'est pas de moi, parce qu'effectivement, dans ces chapitres, je ne dis pas qui parle. Je pars du principe, comme Loïc Prigent le fait sur la mode, que la punchline est autosuffisante. Donc, du coup, c'est une collègue à moi qui est peut-être la personne la plus drôle du monde, qui avait ce sens de tracer un personnage, mais en une phrase. Et c'est ce qui a rendu mon expérience au Parisien géniale, c'est que... Vous n'avez que des personnages comme ça, qui parlent comme ça pour de vrai. Et vous allez au boulot. Et c'est très difficile de se concentrer parce que vous marrez toute la journée.

  • Speaker #0

    La leçon de 15 ans aux Parisiens, ce serait donc finalement la leçon que vous tenez, même de ce récit, en fait. Parce qu'il y a deux choses. Il y a la leçon de ces 15 ans, puis la leçon d'avoir écrit sur ces 15 ans.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai vraiment bouclé mon parcours en presse quotidienne grâce à Glorybox, avec le fait d'avoir réfléchi à tout ça, d'en avoir ri, d'avoir été parfois mal à l'aise, d'avoir mis le doigt à postériori sur des comportements aussi de ma part qui étaient problématiques, hyper jugeants par rapport aux animatrices télé par exemple. C'est Annie Ernaux qui... Je suis désolée, je suis hyper prévisible dans mes références. Annie Ernaux disait que... Enfin, elle dit toujours d'ailleurs qu'une expérience est vraiment vécue une fois qu'elle a été écrite. Et moi, je crois vachement à ça. Et je pense que j'aurais eu un caillou dans la chaussure si je n'avais pas écrit pour conclure toutes mes années là-bas. Et j'aurais encore aujourd'hui un caillou dans la chaussure permanent si je... n'écrivait pas, en fait. On revient au côté auto-centré sur ce que je vis. Je vis vraiment les choses une fois que je les ai racontées.

  • Speaker #0

    On peut revivre quelque chose par l'écriture, c'est-à-dire on peut l'embellir également par l'écriture. On peut l'enpopier.

  • Speaker #1

    Exactement. On a les pleins pouvoirs, en fait. C'est le seul endroit où on a les pleins pouvoirs. C'est pour ça que c'est aussi... aussi puissant et aussi difficile pour les femmes victimes de violences d'écrire leur vécu. C'est le seul lieu où elles peuvent dire leur vérité et en même temps c'est un processus qui draine énormément d'énergie, qui parfois ne leur permet absolument pas d'être apaisées, mais c'est le lieu du pouvoir où là il n'y a plus personne pour vous contredire, pour vous interrompre, pour imposer sa vision des choses. Et il y a une vraie ivresse de l'écriture. C'est un truc aussi de contrôle fric un petit peu. C'est-à-dire que là, vous façonnez un univers à votre main, vous contrôlez tout. Moi, je suis quelqu'un d'assez obsédé par le contrôle. Donc forcément, je pense que, comme tous les auteurs, et vous écrivez aussi, ce sentiment de contrôle qu'on a quand on écrit, c'est... absolument jubilatoire.

  • Speaker #0

    Et donc là, il y a le contrôle du poids dans 67 kilos. Est-ce qu'on écrit de la même façon à 45 kilos ou à 76 kilos ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye, c'est une vraie question. Quand j'ai décidé d'écrire la suite, je me suis dit, déjà, il n'y a pas d'histoire si vous faites 45 kilos, au sens où cette histoire-là a déjà été racontée de multiples fois. Si vous faites plus de 100 kilos aussi. Si vous faites 76 kilos, moi, cette histoire-là, je ne l'ai jamais entendue. Et une des questions que je me posais à partir du moment où j'ai décidé d'écrire là-dessus, c'était est-ce que je vais maigrir en écrivant que j'ai un problème de poids ? Pour l'instant, non.

  • Speaker #0

    C'est la dimension psychanalytique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'évidemment, j'ai eu beaucoup de personnes de mon entourage plus ou moins proches qui m'ont dit à partir du moment où tu vas te délester de ça, tu vas voir, tu vas maigrir. Pour l'instant, non. J'en suis qu'au chapitre 4, j'en ai prévu 12. Pour moi, il y a un vrai matériau qui me permettait, encore une fois, d'aller relier tous les âges de ma vie. Et c'est ça qui m'intéresse, en fait. C'est de trouver une porte, une accroche.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le fil du récit, ce n'est pas maigrir. Ce n'est pas du tout ça. Ce n'est pas une fin en soi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quelle personne on est à ce point-là. Voilà. et de raconter aussi le chapitre 3 c'était tous mes précédents poids et je crois que je n'ai jamais donc le vêtement pour moi était une porte d'entrée sur ma vie mais le poids c'est encore plus parce que là il y a tout, il y a l'enfance, l'adolescence il y a le monde du travail il y a le blog, il y a la maternité il y a le couple, le prochain chapitre sur lequel il va vraiment falloir que je me hâte de me... pencher parce que c'est dans quelques jours. Comme quoi, j'écris vraiment la dernière minute.

  • Speaker #0

    Elle arrache, quoi.

  • Speaker #1

    Voilà, elle arrache. Sagittaire. C'est sur les kilos du couple. Donc, il va y avoir l'âge aussi. Enfin, tout est là. Il y a la famille aussi.

  • Speaker #0

    Vous savez où vous allez ? Vous avez déjà un plan ? Je n'ai pas de plan.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de plan. Je pense que ne pas avoir de plan m'aide beaucoup parce que ça m'enlève une charge mentale. Et puis surtout... Ça aussi, c'est un des enseignements du parisien, c'est que je sais que quelque chose va sortir. Je sais que si je sanctuarise deux, trois jours devant mon écran, ça va sortir. C'est là, j'ai juste à laisser sortir. Et quand vous avez appris à avoir 30 minutes pour écrire un papier et à ne pas planter un bouclage, vous savez que ça va sortir. Pour moi, c'est la meilleure école.

  • Speaker #0

    C'est ça. Vous écrivez également pour ça. C'est pour ça qu'il y a cette... instantanéité de cette plateforme qu'est celle qui voit aussi bien c'est à dire il ya de ce côté récompense après le clic oui c'est super juste parce que ce qui est terrible dans le fait de décrire un manuscrit solitude

  • Speaker #1

    l'isolement et le secret pendant un ou deux ans c'est que après votre livre sort en général on vous conseille d'en parler trois semaines avant pas trop tôt sauf si vous documentez tout le process d'écriture Mais quand votre livre sort, voilà, il sort. Et puis, vous avez une semaine, 15 jours où c'est une conversation entre vous et vos lecteurs. Et puis ensuite, si vous ne faites pas de dédicaces, si votre livre n'est pas un best-seller qui est super relayé dans la presse, c'est terminé. Donc là, l'avantage de publier chapitre par chapitre, c'est que la conversation reprend tous les mois. Et moi, j'ai besoin de ça, de manière quand même narcissique, clairement.

  • Speaker #0

    Vous vous soignez avec ce concept d'écriture. Mais vous vous soignez avec l'écriture.

  • Speaker #1

    Ah, soigner, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ça fait du bien d'écrire.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien. Et en même temps, il y a toujours un truc qui se passe en moi quand je vois des auteurs dire Non, mais ce livre n'a pas du tout été thérapeutique, comme Neige Sino, par exemple, qui a écrit sur l'inceste. Et quand elles disent Voilà, moi, ça n'a rien soigné du tout. Et que le sujet du livre, c'est... est-ce que je peux écrire là-dessus et qu'est-ce que je peux écrire là-dessus ? Il y a toujours chez moi une sorte de soulagement quand je lis ça. Donc je me dis, il doit y avoir aussi chez moi quelque chose qui fait que je n'écris pas pour me soigner, mais juste pour être regardée peut-être.

  • Speaker #0

    En tout cas, c'est assez passionnant parce que ça démarre sur un drame. Mais ce n'est pas raconté de façon dramatique. Ça démarre avec la mort de votre père. Sur ce poids, vous faites le lien entre son poids et votre poids. Et ensuite, on redéroule le fil de votre vie. Mais il y a toujours de l'humour.

  • Speaker #1

    Je pense qu'en plus...

  • Speaker #0

    C'est votre marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ma marque de fabrique. J'essaie de le faire... Je ne sais pas si je le fais de manière consciente ou inconsciente. C'est vrai que je ne me suis jamais vraiment interrogée sur ce sujet-là, peut-être parce que je ne sais pas faire autrement. Je me dis peut-être qu'à un moment donné, si je veux pouvoir émouvoir, il faut aussi que je puisse faire rire. Je suis particulièrement sensible aux dramedies, c'est-à-dire ces comédies souvent britanniques où vous pouvez passer du rire aux larmes dans le même film. Ça, j'aime bien. Et puis, on en revient à ce qu'on disait à propos du duel. Il y a ce côté où on joue sur les deux tableaux. Finalement, peut-être que je n'aime pas choisir. Entre, oui, être sur quelque chose d'assez grave, je me fatiguerais toute seule si j'étais que là-dedans. Que de l'humour, ça me frustrerait aussi. Donc, oui. Il y a ce truc de ne pas choisir. Et j'aime aussi beaucoup les essais qui commencent par... Là, je commence par La mort de mon père pour parler de mon poids. On peut avoir l'impression que ça n'a absolument rien à voir. En fait, ça a tout à voir. Et j'aime tous les essais qui commencent ailleurs que sur la thématique que vous avez identifiée quand vous avez acheté le livre. Et là, je me dis, voilà, c'est ça que j'ai envie de lire parce que j'ai envie que le livre me raconte plus que son thème.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de savoir la suite.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quand tous mes codes Kessel fonctionneront bien. J'ai vraiment hâte de savoir la suite parce que on se demande jusqu'où ça va aller dans cette...

  • Speaker #1

    Je n'ai pas encore la réponse.

  • Speaker #0

    Puisque nous sommes dans un café chez Marius et Jeannette, mais pas du tout. Juliette.

  • Speaker #1

    Arthur et Juliette.

  • Speaker #0

    Arthur et Juliette. Un café que vous avez choisi d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, qui est situé en face de mon premier appartement parisien. Ce qui vous a obligé à traverser tout Paris. Vous me l'avez fait remarquer en arrivant. C'est hyper condescendant de dire ça. Quand j'ai emménagé ici, on m'a fait comprendre que le 15ème, ce n'était pas Paris. Parce que j'ai énormément d'amis qui habitent dans le 11ème et qui sont insupportables. Donc, voilà. Je suis finalement revenue ici, c'est complètement excentré, il n'y a pas de métro à côté, c'est chiant de venir là. Donc voilà, ça raconte aussi d'où je viens, je suis éternellement un pied en dehors des choses. C'est le cas aussi pour ce café qui ne s'appelait pas comme ça quand j'habitais ici, qui a changé 3 ou 4 fois de propriétaire.

  • Speaker #0

    Je vous pose des questions sur l'univers du café et lié à l'univers de la mode. Alors, quel parfum ? Fin inspirée par l'arôme du café a été lancée par une maison de luxe en 2014. Coffee, comme des garçons, Black Opium d'Yves Saint Laurent ou Café Society de Dior.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais le premier, Coffee.

  • Speaker #0

    Eh bien, pas du tout. C'est Black Opium d'Yves Saint Laurent qui est connu pour avoir une composition unique qui inclut des notes de café. Premier parfum à intégrer des notes dans une flagrance florale. Moi, je n'y connais rien. De toute façon, je n'ai pas d'odorat. Je crois à l'erreur.

  • Speaker #1

    Vous dites que c'est l'erreur, la preuve que moi non plus. Donc c'est bien.

  • Speaker #0

    Vous qui avez interviewé plein de monde, vous avez interviewé Karl Lagerfeld ou pas ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Alors,

  • Speaker #0

    détestait-il le café ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il était amateur de, non pas de Coca, mais il me semble de Pepsi. Donc j'imagine que c'est un peu incompatible avec le café, sinon vous explosez en vol.

  • Speaker #0

    Il adorait le café, il y a 13,5 par jour.

  • Speaker #1

    Non mais c'est une catastrophe ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Il a même têté son nom à une série limitée de tasses à café de la marque Nespresso. Je ne sais pas, il avait besoin d'argent pour payer ses impôts. Et dernière question. Elle est facile, vous y arrivez.

  • Speaker #1

    J'espère, sinon on finit encore sur un échec.

  • Speaker #0

    Obligé, obligé, obligé. Même moi, j'avais la réponse avant même d'écrire la question. Quel cocktail a été popularisé par la série Sex and the City ?

  • Speaker #1

    J'étais sûre que vous alliez me demander. Le Cosmopolitan. Ben voilà.

  • Speaker #0

    Il y a quoi dedans ?

  • Speaker #1

    Vodka, cranberry, triple sec. Du citron ? Je ne sais pas s'il y a du citron, en plus citron vert.

  • Speaker #0

    Vodka pointe trop, donc c'est très sec. Je ne sais pas s'il y a du citron. Je suis très mauvais dans les cocktails.

  • Speaker #1

    C'est ça, vodka cranberry triple sec.

  • Speaker #0

    Voilà, on en a une qui est la bonne. Voilà, on est super. Merci beaucoup Charlotte Moreau d'avoir répondu à cette interview. J'invite tout le monde à aller lire à la fois Glorybox et puis également 76 Kilos sur la plateforme Kessel. Celle-là, c'est bien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je l'ai placée quand même, celle-là. Elle est vraiment pourrie. Tant pis, je la mets.

  • Speaker #1

    On valide.

  • Speaker #0

    On valide. Il faut juste aller sur Kessel.

  • Speaker #1

    Absolument. Il y a un moteur de recherche.

  • Speaker #0

    K-E-S-S-E-L.

  • Speaker #1

    K-E-S-S-E-L, comme Joseph. Et donc, vous pouvez, avec le moteur de recherche, me trouver, trouver le titre des livres. Et ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et on le retrouve sur Instagram également, dans le magazine Elle. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté Un Café au Comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast. Eh bien, allez sur Apple Podcasts, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, nous, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, vous voulez, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Chapters

  • vrai ou faux

    22:50

  • quizz

    48:57

Description

Il est toujours intimidant d’interviewer de quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l’interviewer . De brosser  le portrait de qui, précisément, maîtrise le coup de plume pour le faire , bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. 


Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu ! Et pour m’inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste, podcasteuse, animatrice de Masterclass et d'ateliers d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerai également l'art de citer Montesquieu « La gravité est le bonheur des imbéciles ». 

 

Car oui, celle dont je parle, sans être  futile, sait néanmoins apporter  aux sujets qu’elle traite sa dose d’ d’humour. Je l’ai immédiatement compris quand j’ai découvert son pseudo  de blogueuse -Balibulle- évoquant   davantage  le nom d’un teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista dont on a souvent réduit  la biographie au nombre des chaussures qu’elle possédait a écrit un Anti-guide de la mode, essai – à mon sens- philosophique et humoristique sur les diktats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. 


En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance. 

De son jean  porté parfois  comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en  repose fesses  le temps de l’écriture de ses articles de reporter jusqu’a ses accessoires- telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême- elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. 

 

Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires des femmes pour le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. Ainsi, en plus de la newsletter LE DEBRIEF, 2 récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glory Box, qui narre les hauts et les bas de son expérience au journal Le Parisien, et 76 kilos, dans lequel l’autrice tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d’un poids qui évolue au fil de sa vie. L’histoire est en cours d'écriture et de diffusion à raison d’un chapitre par mois. 

 

C'est donc pour discuter  de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d’un vestiaire et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fan de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier, chez Arthur et Juliette, et j’ai à présent l’honneur de prendre avec elle un café au comptoir. présenté par Alexis Himeros :

https://www.instagram.com/alexishimeros/



instagram Charlotte Moreau :

https://www.instagram.com/charlottemoreaubalibulle/


Interview enregistrée au café Arthur et Juliette :

51 Rue des Morillons, 75015 Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le Elle. C'est un magazine qui a un historique de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction.

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Alexis Himéros. Je suis auteur, créateur, producteur de plusieurs podcasts. Bienvenue sur Un Café au Comptoir. Ça commence maintenant.

  • Speaker #1

    Un Café au Comptoir. Un Café au Comptoir.

  • Speaker #0

    Il est toujours intimidant d'interviewer quelqu'un qui est à l'aise dans le rôle de l'intervieweur, de brosser le portrait de qui précisément maîtrise le coup de plume pour le faire, bref, d'être en face de celle ou celui qui utilise avec brio les mêmes armes que soi sur le grand champ de bataille de la vie. Évidemment, pas question de duel entre mon invité et moi, tout ceci n'est qu'un jeu. Et pour m'inspirer de son style, pourquoi ne pas tenter de marier élégamment légèreté et profondeur du propos ? D'ailleurs, à cette autrice, blogueuse, journaliste. podcasteuse, animatrice de masterclass et d'atelier d'écriture, capable de faire de Koh-Lanta un sujet de philo, je piquerais également l'art de citer Montesquieu, la gravité et le bonheur des imbéciles. C'est ça hein ?

  • Speaker #1

    Oui, absolument.

  • Speaker #0

    Car oui, celle dont je parle, sans être futile, s'est néanmoins apportée au sujet qu'elle traite sa dose d'humour. Je l'ai immédiatement compris quand j'ai découvert son pseudo de blogueuse. Balibule, évoquant davantage le nom d'un Teletubbies que celui d'un disciple de Voltaire. ou Rousseau. Et pourtant, cette fashionista, dont on a souvent réduit la biographie au nombre des chaussures qu'elle possédait, a écrit un anti-guide de la mode, et c'est, à mon sens, philosophique et humoristique, sur les dictats vestimentaires de la vie moderne, devant lesquels nous sommes tous à égalité. En gros, la mode, elle connaît, elle l'aime, mais elle sait également la mettre à distance de son jean, porté parfois comme une armure, en passant par ses manteaux détournés en repose-fesses le temps de l'écriture de ses articles de reporter. Jusqu'à ses accessoires, telle cette petite clé suspendue à un long sautoir qui lui a valu de supporter la goujaterie d'un dragueur de l'extrême, elle a tout noté, tout décodé, tout archivé. Cette chroniqueuse du quotidien, qui analyse également les codes vestimentaires pour les femmes dans le magazine Elle, a donc entrepris depuis quelques années de se raconter et de partager ses souvenirs. En plus de la newsletter Le Débrief, deux récits en ligne sont à suivre sur la plateforme Kessel. Il y a eu Glorybox, qui narre les hauts et les bas de son existence au journal Le Parisien, et 76 kilos dans lequel l'autriste tente de décrypter son vécu, son époque et ses semblables par le prisme d'un poids qui évolue au fil de sa vie. L'histoire étant courte d'écriture et de diffusion à raison d'un chapitre par mois. Alors c'est donc pour discuter de son goût pour les grands écarts thématiques, de son expertise dans l'organisation d'investisseurs et de son incapacité à dormir dans un avion que j'ai retrouvé cette ex-fans de Justin Timberlake dans un café de son ancien quartier chez Arthur et Juliette. J'ai à présent l'honneur de prendre avec elle un café. au comptoir. Bonjour Charlotte Moreau.

  • Speaker #1

    Bonjour Alexis.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'on se raconte suffisamment quand on est journaliste ou alors pas du tout et c'est pour cela qu'on a besoin d'écrire des choses sur sa vie ?

  • Speaker #1

    Je ne fais que parler de moi tout le temps. Je suis quelqu'un de terriblement auto-centré. Donc quel que soit le sujet, c'est toujours soit mon expérience que je raconte, soit mon regard sur quelque chose que je transmets. Je ne crois pas du tout à l'objectivité journalistique. En tout cas, moi je n'y ai jamais été confrontée dans... tous les postes auxquels j'ai travaillé. Ça a toujours été moi, moi, moi, moi, moi.

  • Speaker #0

    Alors comment on perçoit la partie universelle de ce qu'on écrit ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est une remarque de Léna Ausha qui m'avait paru assez juste quand elle avait écrit Girls et qu'elle hésitait sur certains épisodes de sa vie qu'elle utilisait pour nourrir des... Voilà, les rebondissements de l'intrigue. Et elle disait sur certains thèmes qui me paraissaient tellement perso, tellement bizarres, tellement pas concernants, pas universels. C'est là qu'elle avait le plus de feedback, finalement. Parce que je pense que ce sur quoi elle a mis le doigt à ce moment-là, c'est que plus vous parlez de manière sincère de vous, plus vous connectez non pas à l'expérience de l'autre, mais à sa sincérité et à lui aussi. Et donc, finalement, le... parallèle, il est là. Moi, ce qui m'intéresse le plus, ce sont les journalistes qui donnent leur point de vue, les auteurs qui disent je Je suis autocentrée et c'est aussi ce que j'aime consommer. J'aime qu'on dise je et j'aime écouter ça.

  • Speaker #0

    Même quand on écrit pour un magazine de mode, dans ce cas-là, on va toucher à beaucoup de personnes. Et on va souvent penser qu'il y a un côté très superficiel dans la mode. Alors que vous, vous essayez de gagner en profondeur dans tout ce que vous écrivez. Comment on vit un petit peu cette... ces deux côtés de soi-même ?

  • Speaker #1

    Alors ce qui est intéressant, en ce moment je travaille pour le magazine Elle, qui a une longue tradition de mise en scène de ses plumes, quand tout le sujet fut-il, il y a énormément de sujets dans lesquels on est soit en immersion, soit en mise en scène de soi. Donc quand je suis arrivée là, il y avait déjà cette possibilité de dire je que j'utilise sur le site, quand je fais des articles sur le site, mais pas dans le magazine. Mais donc, il y a une forte culture de la subjectivité, et il y a aussi cette culture de dire on raconte les choses graves avec légèreté, et les choses légèretées avec, je ne vais pas dire gravité, mais peut-être sérieux. Voilà, mettre du sérieux dans la légèreté, et de la légèreté dans le sérieux. Ce qui me correspond pas mal, et ce qui du coup permet, quand j'ai un mode d'emploi, par exemple, à faire sur telle pièce tendance du moment, J'essaie de jamais le faire de manière impérieuse ou fermée et de toujours laisser comprendre qu'il y a la possibilité de s'approprier les choses et surtout de mettre complètement à distance ce que j'écris. Je propose, vous disposez. Et puis, j'élargis toujours au-delà de la mode parce que finalement, c'est ça qui est drôle. Par exemple... tel sac, je ne vais pas vous dire juste pourquoi il est bon de choisir tel sac, mais quel type de livre vous allez avoir dedans. Voilà, qu'on essaie de voir des personnages.

  • Speaker #0

    Une dimension politique, finalement.

  • Speaker #1

    Toujours, sur le vêtement, toujours, même si c'est un sujet qui est encore très, très peu légitime. Pour le site, je fais une série d'entretiens qui s'appelle Mon Job, Mon Dressing, où je demande à des femmes qui exercent des métiers un peu emblématiques. pas au sens emblématique, au sens important du terme, mais très connue. Des métiers que tout le monde connaît, sur lesquels tout le monde a une image mentale. Il m'est déjà arrivé, quand on relaie ensuite les entretiens sur LinkedIn, par exemple, de voir l'entourage professionnel qui vient saboter la démarche en disant que l'important, c'est la compétence, ce n'est pas la manière dont tu t'habilles, et essayer de faire comprendre. que les deux sont liés surtout quand vous êtes une femme, que tout le monde est regardé même quand vous êtes un homme, ça reste compliqué. Comme si on peut avoir des conversations sur le vêtement de pouvoir, par exemple, des femmes politiques, des dirigeants. On peut avoir des conversations sur le vêtement de scène quand vous êtes artiste, avoir une conversation sur le vêtement professionnel quand vous exercez un panel de métiers complètement banal, ordinaire. ça reste compliqué. C'est un sujet qui n'est pas pensé, en fait. Je pense que ce n'est même pas tabou, c'est que ce n'est pas pensé. C'est que personne ne va vers cette conversation. Moi, ça m'intéresse vachement. Quand vous travaillez, vous êtes dans le mouvement. Ça implique quoi en matière de choix vestimentaire ? Surtout si vous êtes une femme, je me répète, c'est encore plus important pour nous. Ça a des impacts en termes d'image, comment on vous regarde. Dans certains métiers, vous êtes crédible si vous êtes détendu. Dans d'autres métiers, c'est l'inverse. Vous êtes crédible si vous êtes austère. Donc tout ça a infiniment d'importance et infiniment politique.

  • Speaker #0

    Justement, la journaliste interviewée, qui à la différence de moi ne porte pas un pull qui bouloche, mais un pull avec plein de jolis cœurs, un cœur rouge entouré d'un liseré blanc. Voilà, c'est quoi le dressing de la journaliste ?

  • Speaker #1

    Alors, le dressing de la journaliste, donc déjà, c'est un petit clin d'œil à Chloé Thibault que vous avez reçu il n'y a pas longtemps, qui est propriétaire d'un magnifique pull avec des cœurs brisés, avec lequel elle a fait pas mal de photos de promo de Désirer la violence. Et j'ai eu un coup de cœur absolu sur son pull. Et quand j'en ai trouvé un qui ressemblait, sur moi, les cœurs ne sont pas brisés, ils sont intacts. Mais je me suis dit voilà.

  • Speaker #0

    C'est un moyen justement de faire passer un message. Allez, vas-y, c'est cool.

  • Speaker #1

    En plus, je vais essayer de ne pas trop parler d'astrologie, mais je suis sagitaire. Donc, je fais partie de ces tempéraments qui ont besoin de briser la glace très, très vite.

  • Speaker #0

    Ma mère doit être une mauvaise sagitaire, mais je vous laisse continuer.

  • Speaker #1

    L'ascendant qui joue aussi. C'est vrai. Ascendant gémeaux pour moi. Aussi le côté je parle, je brise la glace, on est dans l'échange, on se connecte. Donc oui, je pense qu'il y a aussi chez moi un... une sorte de tranquillité par rapport au fait de... Non pas l'image que je donne, mais de... le sérieux. Enfin... C'est plus un sujet. Je suis une ancienne blogueuse. J'écris sur la mode et la pop culture. Je m'en fous, finalement, si on se dit... que je n'ai pas l'air extrêmement sérieuse dans ce que je fais, ou suffisamment austère, ou suffisamment altière. J'ai une tête déjà qui est relativement... On m'appelait la redoublante, par exemple, à la fac, alors que je n'ai jamais redoublé. Je fais déjà plus vieille que mon âge, et peut-être plus austère. Donc du coup... Du coup, oui, pour moi, il n'y a pas de... Comment dire ? Le seul lieu où je peux encore me poser des questions sur la manière dont je m'habille, et ça, ça va encore évoluer, je pense, c'est les Fashion Week. Pendant très longtemps, je n'ai pas eu besoin d'y aller parce qu'on ne m'envoyait pas sur ce type de sujet. Maintenant, c'est le cas. Et en fait, quand vous voyez comment les gens sont habillés là-bas, il y a une infime proportion de personnes très, très lookées. Et il y a surtout des gens ordinaires, donc vous pouvez y aller comme vous êtes, comme le dit le slogan d'un célèbre fast-food, et il n'y a pas de problème. Donc je pense qu'à la prochaine, il m'en a fallu plusieurs pour me dire, non mais ne cherche pas des vêtements particuliers, particulièrement féminines. C'était plutôt là-dessus où je me disais, il faut que je sois féminine. Non, en fait, je peux y aller avec ma casquette, mes baskets, ce n'est pas grave. Donc voilà, c'est à peu près le dernier truc que j'avais à dénouer. Donc là, c'est fait. Du coup, pour la prochaine, je me mets un petit challenge avec moi-même d'y aller exactement comme je suis habillée quand je suis à travail.

  • Speaker #0

    Comme aujourd'hui, quoi.

  • Speaker #1

    Comme aujourd'hui, voilà.

  • Speaker #0

    Quand vous interviewez quelqu'un, vous y pensez ? Comment je dois m'habiller ? Je m'en suis aperçu juste avant que ça boulochait, mais je me suis dit, bon, tant pis. J'ai mis une touche de couleur parce que j'ai vu sur votre Instagram que c'est bien d'avoir une touche de couleur. Et après, je me suis dit, mince, j'ai deux touches de couleur. Comment vais-je faire ? Bon, tant pis. Assumez.

  • Speaker #1

    Il y a les trois couleurs. Ça reste une vieille recette de grand-mère qui marche toujours. Ipac, par ailleurs, la bouloche, c'est l'état naturel du pull. Donc, voilà. C'est conditionné à se dire, c'est pas bien, etc. Normalement... Par définition, ils arrivent tous à ce stade-là de leur existence, c'est-à-dire où ils l'avaient gardé longtemps. Je pense que sur le fait de réfléchir à comment je m'habille pour interviewer un tel ou tel, ce qui était très vrai au moment du Parisien, où vraiment je travaillais au service spectacle et médias, où on avait tout le temps à interagir avec des personnes extrêmement célèbres, je n'ai aucun souvenir. d'avoir mis un vêtement particulier pour interviewer une personne, à une exception près. Vous l'avez mentionné pour Justin Timberlake. Là, oui, j'avais mis...

  • Speaker #0

    Lexie Back.

  • Speaker #1

    Un petit peu. C'était bien résumé. Là, oui, une robe dont je pensais qu'elle était moderne. J'avais peut-être ce truc-là. de me dire est-ce que c'est suffisamment moderne, voilà c'est mon dernier théoblique c'était pas moderne si ? je pense que ma tenue était nickel qu'en revanche je m'étais vraiment fait une idée du personnage qui était complètement à côté de la réalité et c'est aussi ça les joies du métier de journaliste, c'est que vous avez accès en même temps en 15 minutes à la personne publique et à la personne à la ville Vous voyez les deux côtés. Et donc, c'est quand même assez fréquent que les deux images soient un peu dissonantes.

  • Speaker #0

    C'est une incompréhension. Une interview, c'est un moment qui ne devrait pas exister normalement. Ce sont des personnes qui ne devraient pas se rencontrer et discuter ensemble. C'est un malentendu ? C'est le compte rendu d'un malentendu ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est très juste. Je pense qu'il y a un truc impossible, en fait, dans le fait d'aller parler, notamment à une célébrité, surtout sur un délai aussi court. même si certains sont excellents dans l'exercice et ils vont vous sortir en neuf minutes absolument tout ce dont vous avez besoin pour votre papier, parce qu'ils savent faire et en général ils ne sont pas français.

  • Speaker #0

    Oh mais tiens, dans ta gueule.

  • Speaker #1

    Non mais c'est vrai qu'en France, on vous fait souvent sentir que c'est une purge, que c'est quelque chose qui est demandé en plus, que tout est dans l'œuvre, qu'il n'y a pas... discourir dessus, alors que dans la tradition anglo-saxonne de la promotion, ça fait partie intégrante du job et je pense qu'ils ont plus cette notion qu'ils sont aussi payés pour le faire, que ce n'est pas quelque chose qu'ils leur aient demandé en plus et sur quoi ils peuvent s'asseoir. Donc ils le font généralement très bien.

  • Speaker #0

    Quand j'ai préparé cette émission, vous m'avez parlé de Chloé Thibault, dont on a reparlé là, qui est une plume féministe. Donc j'imagine que vous avez des sensibilités plutôt féministes. Est-ce que le magazine Elle, c'est un magazine féministe ?

  • Speaker #1

    Pour moi, c'est un magazine qui a un historique vraiment très très ancien de sensibilité aux luttes féministes, mais qui réconcilie plusieurs courants au sein de sa rédaction. Et c'est en ça que c'est compliqué. C'est qu'entre les universalistes et les intersectionnelles, Il y a des terrains sur lesquels le dialogue est très compliqué. Et pour nous réussir à parler de manière claire et cohérente à notre lectorat, il faut qu'on réussisse à enjamber tous ces courants et à proposer des sujets qui les réconcilient. Il n'y en a pas beaucoup. Mais quand vous y arrivez... Moi, la dernière fois que j'ai pu faire un sujet dont on m'a dit Voilà, c'est ça qu'il faut faire. C'est là qu'on rend service, c'est là qu'on renseigne. C'était un abécédaire des derniers néologismes du féminisme qu'il fallait connaître pour comprendre un petit peu les militantes et puis cette faculté qu'a le féminisme à nommer les choses, à inventer des mots pour des comportements. Et donc ce sujet, je l'avais fait initialement pour le site. Et il est remonté dans le print, ce qui n'arrive quasiment jamais, parce qu'il correspondait précisément à ce que le journal a à cœur de faire, tout en ayant du mal à le faire.

  • Speaker #0

    Un jeu d'équilibriste ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est peut-être ce qui définit le mieux le L, c'est qu'on est tout le temps là-dessus. Ce qui n'est pas super confortable, entre ne pas être trop dans l'entre-soi... Et ne pas être trop populaire non plus, parce qu'il y a d'autres magazines qui font mieux que nous, le côté populaire. Entre être sérieux et être profonde, entre être féministe et ne pas se couper des différentes sensibilités au sein du mouvement. Et du lecteurat. Alors, une fois que...

  • Speaker #0

    Il achète le magazine.

  • Speaker #1

    Une fois que le lectorat est là, il y a déjà énormément de féministes qui, par principe, ne liront jamais le L. Mais une fois que les lectrices sont là, après, il faut effectivement essayer de...

  • Speaker #0

    Rassembler ? Oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est vraiment pas simple.

  • Speaker #0

    Ça vous cause des nœuds au cerveau, parfois ? J'entends par là... Excusez-moi. J'entends par là, est-ce que ça... Ce n'est pas juste, ça fait réfléchir, mais on est obligé de se censurer ou de s'obliger ? Comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    Sur les sujets de société, non. On peut vraiment y aller à partir du moment où vous avez le feu vert de la rédaction en chef. C'est quasiment... carte blanche parce qu'on a l'impression que tant que vous avez isolé la problématique, après, vous pouvez rédiger, rayonner autour et c'est bon. Ce qui est le plus compliqué, ça reste des choses très concrètes, matérielles, relatives aux annonceurs. C'est surtout ça le problème en presse féminine. Oui,

  • Speaker #0

    d'accord. Oui, effectivement. C'est-à-dire que quelqu'un annonce...

  • Speaker #1

    On a besoin d'eux parce que les abonnements ne suffisent pas. On a besoin d'eux pour exister. Si on n'a plus les annonceurs, on ne peut plus faire ces sujets qui sont précieux dans un espace féminin, entre guillemets, qui fera hurler. Enfin voilà, moi, j'ai des amis journalistes qui me disent Ah, les femmes qui parlent aux femmes Oui, mais à un moment donné, c'est bien aussi que cet espace-là existe, déjà parce qu'on cristallise plein de critiques sur nous, donc au moins les choses sont dites. Et puis, il y a un côté cheval d'autre roi aussi, c'est de dire on rentre par la mode. Et moi, ça a été aussi mon parcours en tant que blogueuse. Je suis rentrée chez les gens, je dis ça avec beaucoup de guillemets, je suis rentrée chez les gens par le vêtement. Et ce sont souvent des femmes qui me suivent depuis longtemps, qui... Ensuite, vont avoir un sentiment de familiarité, de proximité suffisant avec moi pour qu'on aille parler d'autres choses, pour me raconter des épisodes dramatiques de leur vie quand je fais des témoignages plus société, pour venir en atelier d'écriture, en masterclass et quand je leur demande, pareil, d'écrire sur un épisode dramatique de leur vie pour me sortir des choses absolument chromatiques, épouvantables, terrifiantes. C'est le vêtement qui a permis ça, en fait. Donc, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure. S'il y a un impensé autour du vêtement, on ne s'autorise pas forcément à en parler de manière très réfléchie. On ne s'autorise pas toujours à penser l'impact que ça a sur notre vie. Et pourtant, on sait très bien que ça va être le premier maillon. qui va vous accrocher à quelqu'un et qu'après, vous allez pouvoir faire la suite parce qu'il y a eu ce terrain d'accroche. Ça ouvre une porte, clairement.

  • Speaker #0

    Juste une question sur la presse féminine, enfin, connecte-ça à la presse féminine. Comment ça se fait qu'il n'y a jamais eu de magazine masculin qui a réellement fonctionné ?

  • Speaker #1

    Parce que tous les magazines non féminins sont des magazines masculins, donc il n'y a pas besoin, finalement. C'est pour ça que, voilà, quand j'entends dire que... C'est QFD,

  • Speaker #0

    quoi.

  • Speaker #1

    Quand j'entends dire que ces espaces exclusivement féminins, même s'il y a quand même pas mal d'hommes qui lisent elles aussi. Quand ces espaces exclusivement féminins se trompent de méthode de combat, j'ai envie de leur dire, mais les gars, vous avez tout le reste. Vous avez toute la presse d'information générale et politique, vous avez tous les news. C'est votre jardin. Donc laissez-nous aussi, si on est un espace dans lequel le vécu de certaines femmes peut être déployé, raconté, parce que... Elles sentent qu'il va y avoir une sensibilité, une compréhension suffisante pour pouvoir se livrer. Mais tant mieux. Et ça n'interdit pas à qui que ce soit de lire le magazine. Mais oui, c'est juste que magazine masculin au sens où on les imagine, c'est-à-dire avec des mecs torse nu, le six-pack.

  • Speaker #0

    Regarde la bonne meuf du moment. C'est des trucs de robots.

  • Speaker #1

    Tout ça, ça a migré sur les réseaux, je pense. Et puis, il n'y a pas besoin.

  • Speaker #0

    Réseau où vous êtes aussi. On va en discuter. Et on va faire le vrai ou faux, Charlotte Moreau. Alors, Charlotte Moreau, vrai ou faux ? J'en ai plusieurs, je suis obligée de les choisir, je ne peux pas toutes les dire. Mais, allez, vrai ou faux ? Vous étiez inconsolable lors de la disparition de votre produit fétiche. Le woolshake de Ratkin qui donnait du volume aux cheveux, même long, sans le graisser ni les cartonner. Il sentait super bon et ça tenait toute la journée.

  • Speaker #1

    Absolument. Je m'en suis d'ailleurs toujours parmise. Je ne sais plus il y a combien de temps il a disparu parce que je n'ai absolument pas la notion des dates.

  • Speaker #0

    Mais ils sont chouettes, beaux cheveux.

  • Speaker #1

    Je vous remercie, mais ce n'est qu'un pisalé par rapport aux performances.

  • Speaker #0

    Je tire un peu le fil là-dessus. Vous vous exprimez sur votre compte Instagram. Comme vous exprimiez sur votre blog, ça paraît complètement naturel.

  • Speaker #1

    Oui, oui, oui, il y a vraiment... Un filtre. C'est même beaucoup plus facile Instagram que l'époque du blog où il y avait une sorte de standard esthétique qui fait que mon blog a jamais pris... Moi, j'étais très, très vite limitée par la qualité de mes photos. par le fait que j'aimais faire des textes, alors que les blogs qui marchaient le mieux, il y avait soit de très belles photos avec de très beaux textes, type Garance Doré, soit de très belles photos avec quasiment pas de textes, le blog de Betty, par exemple, Betty Autier. Et moi, en plus, j'ai vraiment ce côté banlieue qui fait qu'il y a un plafond de verre assez rapidement. C'est trop poli,

  • Speaker #0

    ce truc.

  • Speaker #1

    Oui, voilà, exactement. Qui est pour ceux qui ne connaîtraient pas, qui doivent être majoritaires, du coup.

  • Speaker #0

    Le Métropolis, qui est une boîte de nuit qu'on voit quand on va à Orly. On passe en dessous.

  • Speaker #1

    Vous êtes tous passés en dessous sans forcément le savoir. Oui, il y a ça. Il y a ce côté... Ce ne serait jamais une fille comme moi qui pourrait avoir une notoriété dépassant. je ne vais même pas dire les frontières de l'Essonne, mais les frontières de la France. Il y a trop de...

  • Speaker #0

    Vous le pensez réellement ?

  • Speaker #1

    Oui, mais il y a eu à un moment donné une sorte de montée en compétence esthétique, graphique des blogueuses qui fait que quand vous n'êtes pas dans les mêmes codes visuels, vous décrochez rapidement en notoriété, vous n'explosez pas. Instagram a rendu les choses un tout petit peu... Enfin, a décrispé un tout petit peu le truc. c'était beaucoup plus facile de faire des photos à l'arrache ce qui est quand même pratique surtout quand d'un coup vous avez des enfants donc et idem sur instagram je peux aussi poster des choses sur lesquelles le texte est écrit de manière conversationnelle comme je parlerais voilà où il n'y a pas d'effort d'écriture Je sais que c'est peut-être aussi un frein à son développement, parce qu'on m'a souvent dit ou conseillé d'avoir une ligne éditoriale sur mon Instagram, d'avoir, je ne vais pas dire un slogan, mais limite, pour que les gens nouveaux qui arrivent sachent ce qu'ils vont y trouver. Moi, quand on arrive, on ne comprend pas trop. J'ai écrit des livres qui n'ont pas l'air d'avoir grand-chose à voir les uns avec les autres. Je fais trop de trucs, je parle de trop de sujets différents, avec des tons différents. Donc,

  • Speaker #0

    c'est le bordel.

  • Speaker #1

    C'est le chaos du Sagittaire.

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça vous ressemble. C'est ce que vous voulez, c'est votre nature profonde.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ce que je veux, mais en tout cas...

  • Speaker #0

    On ne parle pas du chaos, je parle de...

  • Speaker #1

    Mais oui. L'éclatisme. Oui, en fait, je me mets en accord avec ce que je peux. C'est-à-dire que ce que je veux rejoint ce que je peux. Il y aurait trop de contraintes pour moi à supprimer des thèmes, des façons de faire.

  • Speaker #0

    Vrai ou faux, vous avez vu Dirty Dancing pour la première fois à 41 ans.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Ça vous fait rire ?

  • Speaker #1

    Oui, ça me fait rire parce que c'est un super film sur l'avortement, ce que je n'imaginais pas du tout.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, je m'en ai vu.

  • Speaker #1

    Donc j'ai découvert ça.

  • Speaker #0

    I'm out my life.

  • Speaker #1

    Patrick Swayze, pour moi, toujours pas. Mais j'étais vraiment... Je crois que j'ai toujours pas compris, en fait. Voilà, la hype. Mais j'ai découvert pas un si mauvais film et pas du tout le film que j'attendais, en fait.

  • Speaker #0

    Donc pas si déçu. Pardon ? Pas si déçu.

  • Speaker #1

    Non, non, non. C'est... C'est plutôt un bon référent à avoir. Je suis contente de l'avoir vu.

  • Speaker #0

    Vraie Ufo, vous menez également une carrière de ghostwriter qui s'est fait sur un malentendu. Vous étiez persuadée que vous alliez écrire sur les fantômes. Plus sérieusement. Alors, quand on écrit pour de très grands magazines français, on est quand même obligé de faire des choses à côté.

  • Speaker #1

    Alors, c'était vrai avant que je travaillais vraiment pour le print duel, quand j'étais uniquement sur le web, puisque la rémunération n'est pas la même. Maintenant que j'écris beaucoup dans le print, je fais beaucoup moins de ghostwriting, qui n'est donc pas écrire sur les fantômes. La réponse est faux. Il ne s'agit pas d'écrire sur les fantômes, mais d'écrire pour quelqu'un, d'être la plume de quelqu'un ou le nègre de quelqu'un. Expression toujours un peu bizarre. Mais oui, c'est quelque chose que je fais moins, mais que j'adore faire. Et idem. je trouve le moyen dans cet exercice-là d'être celle qui parle, de trouver chez la personne pour qui j'écris ce que moi, je vais pouvoir dire. Voilà, on en revient au côté autocentré.

  • Speaker #0

    C'est dur d'écrire et de vivre de son écriture, de vivre de sa plume ?

  • Speaker #1

    Je pense que c'est effectivement très compliqué parce que soit vous avez la sécurité de l'emploi, vous êtes en poste dans une rédaction et le rythme... est juste impossible, quand vous voulez avoir une vie de famille, une vie à côté, etc. Les journalistes de presse quotidienne, ils pourraient presque être comme ces flics dans les séries, ils rentrent chez eux, il n'y a rien, il y a un matelas par terre, tout est encore dans les cartons. C'est vraiment vivre pour le journal, être tout le temps joignable. Mes collègues des faits divers, ils avaient tout le temps avec eux. le petit nécessaire pour partir en reportage sur un meurtre atroce à l'autre bout de la France dans la journée. Moi, je n'ai jamais été sur le fait d'y vivre, je n'ai jamais vécu ça, mais c'est tout pour le job. Ça, c'est si vous êtes vraiment attaché à une rédaction. Et puis si vous êtes freelance comme moi, vous dites oui, beaucoup, parce que vous avez peur des périodes de creux, vous avez peur de l'incertitude, vous ne savez pas exactement ce que vous allez gagner à la fin du mois. Donc, le travail est à la fois nulle part et partout parce que ce n'est en général pas vous qu'on appelle s'il y a de l'actu. Donc, vous pouvez être injoignable. Ça, c'est vraiment ce que moi, j'ai découvert en étant freelance. J'avais le droit d'éteindre mon téléphone. Mais à côté de ça, je n'ai pas de vacances. On n'a pas de congé payé. Donc, à chaque fois que vous ne travaillez pas, il n'y a rien qui rentre. Donc, le concept de s'arrêter de travailler est toujours un petit peu inconfortable.

  • Speaker #0

    vrai ou faux ? quand un homme de 66 ans dit à une personne de 32 et vous êtes heureuse, ça peut créer un malaise ça peut ça peut,

  • Speaker #1

    alors c'était Patrick Poivre d'Arvent donc c'est un épisode que j'ai raconté dans mon récit autobiographique Glory Box que j'ai publié sur KSL qui racontait comment Je ne vais pas dire que je suis devenue journaliste parce que le passage sur mes études était quand même assez rapide, mais vraiment mon premier gros poste en tant que journaliste. Effectivement, j'avais entre 25 et 37 ans et même 23 au tout début. Et donc là, vous arrivez avec toute votre naïveté face à des personnages comme ça, dont vous vous rendez compte après coup que vous aviez tout senti, tout perçu, mais de manière totalement dissociée. C'est-à-dire que je racontais comment effectivement je m'étais fait draguer de manière assez directe. à la fin d'une interview, à la fin, et comment après, j'ai continué à avoir des contacts avec lui parce qu'il fallait avoir une info, faire une interview, etc. J'y allais pas à reculons. J'y allais pas à reculons. Et en même temps, quand tout est sorti, quand l'affaire vraiment a commencé, je suis pas tombée de ma chaise. Et donc ce chapitre-là de Glorybox, c'était comment tu peux, toi, avoir vécu ça, l'avoir digéré. Ne pas avoir de problème avec ça tant que tu étais confronté à cette personne. Et en même temps, le jour où on comprend l'ampleur de la prédation, ne pas être surprise. C'était vraiment un truc...

  • Speaker #0

    Un cas de conscience ?

  • Speaker #1

    Ça m'a fait du bien d'écrire là-dessus. Ça m'a fait du bien d'écrire que j'étais emmerdée de ça. Emmerdée de ne pas être surprise, emmerdée d'avoir été complaisante, de moi-même... avoir entendu des tas de choses en me disant si elles y vont, c'est qu'elles veulent bien. Donc, c'est... Voilà, j'ai vraiment été... J'ai commencé à être journaliste à une époque où le male gaze et tout ce qui allait avec était très prégnant. Et je faisais avec. Enfin, je ne remettais rien en question. Je cherchais juste à bien faire mon job.

  • Speaker #0

    Aujourd'hui, davantage.

  • Speaker #1

    Oui, j'espère.

  • Speaker #0

    justement c'était ma dernière question qui m'aide à faire la transition vers votre actualité je dirais qu'elle est double moi j'ai découvert ces deux newsletters qui sont en fait des récits autobiographiques donc Glorybox et 76 kilos comment ça a commencé cette histoire de vouloir faire ce premier récit déjà Glorybox ça a commencé comme un projet qui n'a pas

  • Speaker #1

    pas trouvé d'éditeur. Après, je me suis vexée très vite. C'est un éditeur qui m'a lâchée et du coup, après, je me suis drapée.

  • Speaker #0

    Tu n'en veux pas.

  • Speaker #1

    Et puis surtout, je trouve que écrire à côté de son métier de journaliste est quelque chose de très difficile en matière de charge mentale, de survie économique. Et moi, j'ai besoin de... Je vais faire une parenthèse, il y a des phrases qui vous poursuivent comme ça. Quand j'étais en master, c'était en DEA à l'époque, mais maintenant on dit master, média et multimédia, mon directeur de mémoire m'avait dit, vous êtes une sprinteuse, pas une marathonienne. Et alors est-ce que...

  • Speaker #0

    C'est sympa, mais pas sympa.

  • Speaker #1

    Est-ce que... Je l'ai mal pris, évidemment, puisque j'avais une note assez moyenne. Et en fait, je repense très, très souvent à cette phrase en me disant Est-ce qu'il a vu juste ? ou Est-ce que c'est un truc de confort de ma part ? Mais dès que je peux... Donc j'ai appris à écrire en... Enfin, j'ai appris vraiment le métier en presse quotidienne, où les articles sont très courts. Et là, maintenant, j'écris des récits autobiographiques sous forme de textes bouclés, presque comme une nouvelle, mois après mois. Est-ce que ce directeur de mémoire avait vu juste à mon sujet ? Ou est-ce que, confortée par son avis, je me suis dit c'est ok d'y aller en fait ? Et de trouver les conditions de l'écriture qui te conviennent. Et pour moi, clairement, c'est de plancher quelques jours sur un sujet. Et même si le sujet vient se raccrocher à quelque chose d'assez vaste, il y a quelque chose que j'adore et qui rend les choses possibles finalement, c'est... ce principe du feuilleton, où je vais boucler une thématique mois après mois.

  • Speaker #0

    Dans Glorybox, c'est comme ça, en tout cas ?

  • Speaker #1

    Dans Glorybox, c'était comme ça, dans 76 Kilos aussi. Et c'est une plateforme d'auto-édition qui le permet, qui s'appelle Kessel, qui est à l'origine destinée au format newsletter. Moi, je n'appelle pas ça newsletter, parce que je trouve ça confusant et que je suis vraiment dans une démarche littéraire. d'auteurs, d'autrices et du coup moi c'est ce qui m'a permis de juste de faire en fait c'est ce qui rend les choses possibles donc j'adore cet outil Évidemment, quand on me dit Ah, mais tu devrais te faire éditer ça me fait un plaisir fou parce qu'il y a toujours…

  • Speaker #0

    Et pourquoi pas un jour ?

  • Speaker #1

    Oui. Après, je ne sais pas si le fait de publier un format en ligne comme ça, ça grille votre lectorat potentiel, votre sujet. Là, il n'y a plus la question du lectorat qui se pose avec un système comme celui-là. Parce que souvent, on vous dit Tu veux écrire sur la télévision ? Les gens qui achètent des livres n'en ont rien à foutre, c'est pas un sujet pour eux. C'est pas un milieu qui les intéresse, tu peux écrire sur l'édition, tu peux écrire sur le cinéma, la télé, on s'en fout. Glorybox était quand même en partie autour de ça. Et puis on m'avait dit aussi que j'étais pas assez célèbre moi-même pour porter un récit comme celui-là en librairie. Donc j'ai trouvé finalement le système où...

  • Speaker #0

    Il y a une différence.

  • Speaker #1

    Oui, je pouvais faire abstraction de ces deux trucs-là, et qui j'étais moi, et qui allaient me lire.

  • Speaker #0

    C'est plein d'humour, ce sont plein de courts récits, plein de courtes nouvelles, pleines d'humour. Ce que j'ai bien aimé également, c'est quand vous mettez des sortes de perles de rédaction, c'est-à-dire qu'il y en a au moins quatre chapitres comme ça, que des phrases, et j'en ai noté une, et je me suis dit est-ce que c'est de vous, celle-ci ? Sylvie Tellier, c'est vraiment la blonde corporate, elle aurait pu être DRH.

  • Speaker #1

    Elle n'est pas de moi, j'adorerais qu'elle soit de moi. Non, elle n'est pas de moi, parce qu'effectivement, dans ces chapitres, je ne dis pas qui parle. Je pars du principe, comme Loïc Prigent le fait sur la mode, que la punchline est autosuffisante. Donc, du coup, c'est une collègue à moi qui est peut-être la personne la plus drôle du monde, qui avait ce sens de tracer un personnage, mais en une phrase. Et c'est ce qui a rendu mon expérience au Parisien géniale, c'est que... Vous n'avez que des personnages comme ça, qui parlent comme ça pour de vrai. Et vous allez au boulot. Et c'est très difficile de se concentrer parce que vous marrez toute la journée.

  • Speaker #0

    La leçon de 15 ans aux Parisiens, ce serait donc finalement la leçon que vous tenez, même de ce récit, en fait. Parce qu'il y a deux choses. Il y a la leçon de ces 15 ans, puis la leçon d'avoir écrit sur ces 15 ans.

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que j'ai vraiment bouclé mon parcours en presse quotidienne grâce à Glorybox, avec le fait d'avoir réfléchi à tout ça, d'en avoir ri, d'avoir été parfois mal à l'aise, d'avoir mis le doigt à postériori sur des comportements aussi de ma part qui étaient problématiques, hyper jugeants par rapport aux animatrices télé par exemple. C'est Annie Ernaux qui... Je suis désolée, je suis hyper prévisible dans mes références. Annie Ernaux disait que... Enfin, elle dit toujours d'ailleurs qu'une expérience est vraiment vécue une fois qu'elle a été écrite. Et moi, je crois vachement à ça. Et je pense que j'aurais eu un caillou dans la chaussure si je n'avais pas écrit pour conclure toutes mes années là-bas. Et j'aurais encore aujourd'hui un caillou dans la chaussure permanent si je... n'écrivait pas, en fait. On revient au côté auto-centré sur ce que je vis. Je vis vraiment les choses une fois que je les ai racontées.

  • Speaker #0

    On peut revivre quelque chose par l'écriture, c'est-à-dire on peut l'embellir également par l'écriture. On peut l'enpopier.

  • Speaker #1

    Exactement. On a les pleins pouvoirs, en fait. C'est le seul endroit où on a les pleins pouvoirs. C'est pour ça que c'est aussi... aussi puissant et aussi difficile pour les femmes victimes de violences d'écrire leur vécu. C'est le seul lieu où elles peuvent dire leur vérité et en même temps c'est un processus qui draine énormément d'énergie, qui parfois ne leur permet absolument pas d'être apaisées, mais c'est le lieu du pouvoir où là il n'y a plus personne pour vous contredire, pour vous interrompre, pour imposer sa vision des choses. Et il y a une vraie ivresse de l'écriture. C'est un truc aussi de contrôle fric un petit peu. C'est-à-dire que là, vous façonnez un univers à votre main, vous contrôlez tout. Moi, je suis quelqu'un d'assez obsédé par le contrôle. Donc forcément, je pense que, comme tous les auteurs, et vous écrivez aussi, ce sentiment de contrôle qu'on a quand on écrit, c'est... absolument jubilatoire.

  • Speaker #0

    Et donc là, il y a le contrôle du poids dans 67 kilos. Est-ce qu'on écrit de la même façon à 45 kilos ou à 76 kilos ?

  • Speaker #1

    Alors, j'essaye, c'est une vraie question. Quand j'ai décidé d'écrire la suite, je me suis dit, déjà, il n'y a pas d'histoire si vous faites 45 kilos, au sens où cette histoire-là a déjà été racontée de multiples fois. Si vous faites plus de 100 kilos aussi. Si vous faites 76 kilos, moi, cette histoire-là, je ne l'ai jamais entendue. Et une des questions que je me posais à partir du moment où j'ai décidé d'écrire là-dessus, c'était est-ce que je vais maigrir en écrivant que j'ai un problème de poids ? Pour l'instant, non.

  • Speaker #0

    C'est la dimension psychanalytique.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'évidemment, j'ai eu beaucoup de personnes de mon entourage plus ou moins proches qui m'ont dit à partir du moment où tu vas te délester de ça, tu vas voir, tu vas maigrir. Pour l'instant, non. J'en suis qu'au chapitre 4, j'en ai prévu 12. Pour moi, il y a un vrai matériau qui me permettait, encore une fois, d'aller relier tous les âges de ma vie. Et c'est ça qui m'intéresse, en fait. C'est de trouver une porte, une accroche.

  • Speaker #0

    Parce qu'en fait, le fil du récit, ce n'est pas maigrir. Ce n'est pas du tout ça. Ce n'est pas une fin en soi, d'ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quelle personne on est à ce point-là. Voilà. et de raconter aussi le chapitre 3 c'était tous mes précédents poids et je crois que je n'ai jamais donc le vêtement pour moi était une porte d'entrée sur ma vie mais le poids c'est encore plus parce que là il y a tout, il y a l'enfance, l'adolescence il y a le monde du travail il y a le blog, il y a la maternité il y a le couple, le prochain chapitre sur lequel il va vraiment falloir que je me hâte de me... pencher parce que c'est dans quelques jours. Comme quoi, j'écris vraiment la dernière minute.

  • Speaker #0

    Elle arrache, quoi.

  • Speaker #1

    Voilà, elle arrache. Sagittaire. C'est sur les kilos du couple. Donc, il va y avoir l'âge aussi. Enfin, tout est là. Il y a la famille aussi.

  • Speaker #0

    Vous savez où vous allez ? Vous avez déjà un plan ? Je n'ai pas de plan.

  • Speaker #1

    Je n'ai pas de plan. Je pense que ne pas avoir de plan m'aide beaucoup parce que ça m'enlève une charge mentale. Et puis surtout... Ça aussi, c'est un des enseignements du parisien, c'est que je sais que quelque chose va sortir. Je sais que si je sanctuarise deux, trois jours devant mon écran, ça va sortir. C'est là, j'ai juste à laisser sortir. Et quand vous avez appris à avoir 30 minutes pour écrire un papier et à ne pas planter un bouclage, vous savez que ça va sortir. Pour moi, c'est la meilleure école.

  • Speaker #0

    C'est ça. Vous écrivez également pour ça. C'est pour ça qu'il y a cette... instantanéité de cette plateforme qu'est celle qui voit aussi bien c'est à dire il ya de ce côté récompense après le clic oui c'est super juste parce que ce qui est terrible dans le fait de décrire un manuscrit solitude

  • Speaker #1

    l'isolement et le secret pendant un ou deux ans c'est que après votre livre sort en général on vous conseille d'en parler trois semaines avant pas trop tôt sauf si vous documentez tout le process d'écriture Mais quand votre livre sort, voilà, il sort. Et puis, vous avez une semaine, 15 jours où c'est une conversation entre vous et vos lecteurs. Et puis ensuite, si vous ne faites pas de dédicaces, si votre livre n'est pas un best-seller qui est super relayé dans la presse, c'est terminé. Donc là, l'avantage de publier chapitre par chapitre, c'est que la conversation reprend tous les mois. Et moi, j'ai besoin de ça, de manière quand même narcissique, clairement.

  • Speaker #0

    Vous vous soignez avec ce concept d'écriture. Mais vous vous soignez avec l'écriture.

  • Speaker #1

    Ah, soigner, je ne sais pas.

  • Speaker #0

    Ça fait du bien d'écrire.

  • Speaker #1

    Ça fait du bien. Et en même temps, il y a toujours un truc qui se passe en moi quand je vois des auteurs dire Non, mais ce livre n'a pas du tout été thérapeutique, comme Neige Sino, par exemple, qui a écrit sur l'inceste. Et quand elles disent Voilà, moi, ça n'a rien soigné du tout. Et que le sujet du livre, c'est... est-ce que je peux écrire là-dessus et qu'est-ce que je peux écrire là-dessus ? Il y a toujours chez moi une sorte de soulagement quand je lis ça. Donc je me dis, il doit y avoir aussi chez moi quelque chose qui fait que je n'écris pas pour me soigner, mais juste pour être regardée peut-être.

  • Speaker #0

    En tout cas, c'est assez passionnant parce que ça démarre sur un drame. Mais ce n'est pas raconté de façon dramatique. Ça démarre avec la mort de votre père. Sur ce poids, vous faites le lien entre son poids et votre poids. Et ensuite, on redéroule le fil de votre vie. Mais il y a toujours de l'humour.

  • Speaker #1

    Je pense qu'en plus...

  • Speaker #0

    C'est votre marque de fabrique.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si c'est ma marque de fabrique. J'essaie de le faire... Je ne sais pas si je le fais de manière consciente ou inconsciente. C'est vrai que je ne me suis jamais vraiment interrogée sur ce sujet-là, peut-être parce que je ne sais pas faire autrement. Je me dis peut-être qu'à un moment donné, si je veux pouvoir émouvoir, il faut aussi que je puisse faire rire. Je suis particulièrement sensible aux dramedies, c'est-à-dire ces comédies souvent britanniques où vous pouvez passer du rire aux larmes dans le même film. Ça, j'aime bien. Et puis, on en revient à ce qu'on disait à propos du duel. Il y a ce côté où on joue sur les deux tableaux. Finalement, peut-être que je n'aime pas choisir. Entre, oui, être sur quelque chose d'assez grave, je me fatiguerais toute seule si j'étais que là-dedans. Que de l'humour, ça me frustrerait aussi. Donc, oui. Il y a ce truc de ne pas choisir. Et j'aime aussi beaucoup les essais qui commencent par... Là, je commence par La mort de mon père pour parler de mon poids. On peut avoir l'impression que ça n'a absolument rien à voir. En fait, ça a tout à voir. Et j'aime tous les essais qui commencent ailleurs que sur la thématique que vous avez identifiée quand vous avez acheté le livre. Et là, je me dis, voilà, c'est ça que j'ai envie de lire parce que j'ai envie que le livre me raconte plus que son thème.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de savoir la suite.

  • Speaker #1

    Merci.

  • Speaker #0

    Quand tous mes codes Kessel fonctionneront bien. J'ai vraiment hâte de savoir la suite parce que on se demande jusqu'où ça va aller dans cette...

  • Speaker #1

    Je n'ai pas encore la réponse.

  • Speaker #0

    Puisque nous sommes dans un café chez Marius et Jeannette, mais pas du tout. Juliette.

  • Speaker #1

    Arthur et Juliette.

  • Speaker #0

    Arthur et Juliette. Un café que vous avez choisi d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Oui, qui est situé en face de mon premier appartement parisien. Ce qui vous a obligé à traverser tout Paris. Vous me l'avez fait remarquer en arrivant. C'est hyper condescendant de dire ça. Quand j'ai emménagé ici, on m'a fait comprendre que le 15ème, ce n'était pas Paris. Parce que j'ai énormément d'amis qui habitent dans le 11ème et qui sont insupportables. Donc, voilà. Je suis finalement revenue ici, c'est complètement excentré, il n'y a pas de métro à côté, c'est chiant de venir là. Donc voilà, ça raconte aussi d'où je viens, je suis éternellement un pied en dehors des choses. C'est le cas aussi pour ce café qui ne s'appelait pas comme ça quand j'habitais ici, qui a changé 3 ou 4 fois de propriétaire.

  • Speaker #0

    Je vous pose des questions sur l'univers du café et lié à l'univers de la mode. Alors, quel parfum ? Fin inspirée par l'arôme du café a été lancée par une maison de luxe en 2014. Coffee, comme des garçons, Black Opium d'Yves Saint Laurent ou Café Society de Dior.

  • Speaker #1

    Alors, je dirais le premier, Coffee.

  • Speaker #0

    Eh bien, pas du tout. C'est Black Opium d'Yves Saint Laurent qui est connu pour avoir une composition unique qui inclut des notes de café. Premier parfum à intégrer des notes dans une flagrance florale. Moi, je n'y connais rien. De toute façon, je n'ai pas d'odorat. Je crois à l'erreur.

  • Speaker #1

    Vous dites que c'est l'erreur, la preuve que moi non plus. Donc c'est bien.

  • Speaker #0

    Vous qui avez interviewé plein de monde, vous avez interviewé Karl Lagerfeld ou pas ?

  • Speaker #1

    Non, jamais. Alors,

  • Speaker #0

    détestait-il le café ?

  • Speaker #1

    Je sais qu'il était amateur de, non pas de Coca, mais il me semble de Pepsi. Donc j'imagine que c'est un peu incompatible avec le café, sinon vous explosez en vol.

  • Speaker #0

    Il adorait le café, il y a 13,5 par jour.

  • Speaker #1

    Non mais c'est une catastrophe ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Il a même têté son nom à une série limitée de tasses à café de la marque Nespresso. Je ne sais pas, il avait besoin d'argent pour payer ses impôts. Et dernière question. Elle est facile, vous y arrivez.

  • Speaker #1

    J'espère, sinon on finit encore sur un échec.

  • Speaker #0

    Obligé, obligé, obligé. Même moi, j'avais la réponse avant même d'écrire la question. Quel cocktail a été popularisé par la série Sex and the City ?

  • Speaker #1

    J'étais sûre que vous alliez me demander. Le Cosmopolitan. Ben voilà.

  • Speaker #0

    Il y a quoi dedans ?

  • Speaker #1

    Vodka, cranberry, triple sec. Du citron ? Je ne sais pas s'il y a du citron, en plus citron vert.

  • Speaker #0

    Vodka pointe trop, donc c'est très sec. Je ne sais pas s'il y a du citron. Je suis très mauvais dans les cocktails.

  • Speaker #1

    C'est ça, vodka cranberry triple sec.

  • Speaker #0

    Voilà, on en a une qui est la bonne. Voilà, on est super. Merci beaucoup Charlotte Moreau d'avoir répondu à cette interview. J'invite tout le monde à aller lire à la fois Glorybox et puis également 76 Kilos sur la plateforme Kessel. Celle-là, c'est bien.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je l'ai placée quand même, celle-là. Elle est vraiment pourrie. Tant pis, je la mets.

  • Speaker #1

    On valide.

  • Speaker #0

    On valide. Il faut juste aller sur Kessel.

  • Speaker #1

    Absolument. Il y a un moteur de recherche.

  • Speaker #0

    K-E-S-S-E-L.

  • Speaker #1

    K-E-S-S-E-L, comme Joseph. Et donc, vous pouvez, avec le moteur de recherche, me trouver, trouver le titre des livres. Et ça marche bien.

  • Speaker #0

    Et on le retrouve sur Instagram également, dans le magazine Elle. Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci, à bientôt.

  • Speaker #0

    Vous avez écouté Un Café au Comptoir. Petit mot habituel de chaque fin de podcast. Eh bien, allez sur Apple Podcasts, mettez 5 étoiles, c'est encore mieux. Et puis surtout, laissez-nous un petit mot pour expliquer comment c'était bien ce podcast, comment vous l'avez aimé. Vous mettez n'importe quel pseudo, on s'en fout. En tout cas, nous, ça nous offre de la visibilité. Allez partager ce podcast avec vos amis, vos collègues, votre famille, vous voulez, ce que vous voulez. En tout cas, merci d'être ici et à très, très, très, très bientôt pour un nouveau café.

Chapters

  • vrai ou faux

    22:50

  • quizz

    48:57

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