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Une autre idée du zoo

Pour sauver les animaux il faut aider les Hommes

Pour sauver les animaux il faut aider les Hommes

18min |16/12/2022
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Pour sauver les animaux il faut aider les Hommes

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18min |16/12/2022
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Description

Nous sommes en 2022. L’érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. 1 million d’espèces animales et végétales est menacé de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in-situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l’écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons, avec Pierre et François Gay. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    H on les a mis en place à l'occasion des 40 ans dans notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans.

  • Speaker #1

    Ce sont avant tout des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces avec un peu d'argent,

  • Speaker #0

    beaucoup de volonté, beaucoup de passion. On peut avoir une influence.

  • Speaker #2

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Nous sommes en 2022. L'érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. Un million d'espèces animales et végétales sont menacées de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l'écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons avec Pierre et François Gay.

  • Speaker #0

    D'après l'UICN, l'Union pour la conservation de la nature, c'est en Asie du Sud-Est que le taux de disparition des grands mammifères est le plus important. On avait décidé il y a déjà 40 ans, très loin, d'avoir des tigres Sumatra et aussi quelques espèces de gibbons. Et nous avons décidé d'y adjoindre les léopards de Java il y a quelques années parce que ça nous semble important à l'appel de l'UICN, de participer à cet effort de conservation ex situ, c'est-à-dire en captivité, de ces espèces qui sont très proches de la disparition dans leur pays d'origine.

  • Speaker #2

    Et c'est un choix qui s'applique pour l'ensemble des animaux du parc ?

  • Speaker #0

    C'est un choix qui s'applique effectivement pour l'ensemble des animaux du parc. En fait, le plan de collection s'est fait à l'origine, à la suite de visites que j'ai réalisées dans des parcs zoologiques européens, notamment Jersey et puis aussi quelques zoos hollandais et anglais. Les gens que j'ai rencontrés m'ont dit qu'il faut absolument qu'on conserve ces espèces dans les parcs zoologiques. On parle de l'okapi, de l'hippopotame pygmée, du tigre de Sumatra, de certains oiseaux, la grue de Montchoury. Et donc, à cette saison, ils m'ont dit, mais si tu veux, on peut t'aider et te les envoyer. Ma foi, pourquoi pas ? Donc, j'ai accepté de les adjoindre à notre collection. Et quand on a mis en place nos Projets Nature il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui, on s'est vite rendu compte que si on voulait être efficace avec nos moyens qui sont limités, il fallait qu'on se concentre sur certaines régions dans le monde. On n'est pas les seuls. Par exemple, Jersey se concentre sur les îles et sur les sommets de montagne. Et nous, puisqu'on avait une collection qui était déjà centrée sur certaines espèces menacées, on a pensé qu'il fallait continuer à la développer autour d'autres espèces de ces régions. C'est pour ça que l'Indonésie nous intéresse avec Sumatra et Java, ces deux îles en particulier. On peut parler aussi de l'Afrique de l'Ouest avec les hippopotames pygmées et les dianes Rolloway. On peut parler de Madagascar avec la forêt de l'Est et les différentes espèces de lémuriens qui sont affiliées, et des Andes pour l'Amérique du Sud. C'est un peu comme ça qu'on pense à l'adjonction de nouvelles espèces et au développement de nouvelles zones dans le parc.

  • Speaker #2

    Et généralement, l'accueil de ces nouvelles espèces ou de ces espèces qui sont menacées va de pair avec un projet de conservation dans la nature ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ce que j'ai expliqué quand on était dans la grande volière sud-américaine, où les ours à lunettes nous ont amenés aux condors, les condors nous ont amenés aux manchots de Humboldt, et les manchots de Humboldt nous amènent aux flamands du Chili, toutes espèces que nous avons déjà dans notre plan de collection, qui sont présentes ici, que nous élevons, et qui nous permettent d'élargir notre champ d'action in situ, dans la nature.

  • Speaker #2

    Et donc ces projets de conservation, est-ce que tu peux nous rappeler en quoi ça consiste ?

  • Speaker #0

    Les projets de conservation sont deux ordres. Il y a d'abord la conservation ex situ, c'est-à-dire le maintien en élevage, en captivité de certaines espèces dont ils risquent de disparaître à plus ou moins long terme dans la nature. Et puis nous, on a eu cette volonté, mais c'est aussi une volonté politique de l'EAZA, l'Association des zoos d'Europe, aujourd'hui d'encourager les parcs zoologiques présents de ces espèces menacées à participer, à concourir à leur conservation in situ, c'est-à-dire dans leurs régions d'origine, dans leurs écosystèmes d'origine.

  • Speaker #2

    Et donc ici, au Bioparc, ça s'appelle des Projets Nature ?

  • Speaker #0

    Ça s'appelle des Projets Nature. On les a mis en place à l'occasion des 40 ans de notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans. C'était vraiment… quelque chose qui me tenait à cœur, j'avais envie de ça, c'était important pour moi, pour ma survie et pour celle de l'établissement, de se consacrer à ce genre de projet. Et en fait, le déclic est venu suite à la rencontre de plusieurs personnes, notamment une femme, Hélène Freeman, la directrice à l'époque du Zoo de Seattle, qui a créé le Snow Leopard Trust, une association à l'origine de la protection des panthères des neiges, qui est certainement à l'origine de leur sauvetage dans la nature. Et puis aussi d'un malgache qui m'a parlé de conservation de la forêt primaire tropicale humide dans son pays. Et la suite de ces rencontres, j'ai eu envie d'aller un peu plus loin. Et le leitmotiv de ces personnes que j'ai rencontrées, c'était les communautés humaines. La nature, elle est malade, mais elle est malade de l'Homme. Donc si on veut agir sur la nature, il faut agir sur l'Homme. Encore une fois, on l'a dit déjà, la nature, c'est une énorme matrice extrêmement puissante, qui a la faculté de se régénérer sans que l'homme intervienne ; c'est l'Homme qui l'a détruit, qui l'abîme, qui l'endommage. Donc c'est sûr, en agissant sur l'Homme, en convainquant des gens qui ont, peut-être, pourquoi pas, en convainquant des gens qui ont les moyens de la détruire, ou alors en aidant des communautés qui n'ont pas les moyens de faire autrement que de vivre à ses dépens, qu'on peut avancer. Et notre choix, ça a été, suite à ces rencontres, et aussi celle d'Omer qui était responsable de l'Association de sauvegarde des girafes du Niger, qu'on a décidé vraiment de se concentrer au soutien aux communautés humaines. Donc très souvent on fait très peu de choses pour les animaux. Au Niger, pendant quelques années, on a compté les girafes. Aujourd'hui ça nous échappe, elles sont trop nombreuses. Ils font des moyens énormes dans des régions extrêmement dangereuses. Donc on ne les compte plus, mais on sait qu'il y en a un nombre important. Mais donc on agit sur les communautés humaines, on creuse des puits, on fait des micro-crédits. On fait de la reforestation en salariant les villageois pour qu'ils replantent et qu'ils aident la nature à revenir dans leur terrain. Donc c'est dans ce sens-là qu'on travaille.

  • Speaker #2

    Des actions concrètes auprès des populations.

  • Speaker #0

    Des actions concrètes auprès des populations locales, exactement.

  • Speaker #2

    Et tous ces projets, ils sont nés dans les années 2000. Comment tu les as développés en Europe ? Parce que tu as beaucoup fait pour la conservation.

  • Speaker #0

    Je me rappelle très bien quand, en 2000, novembre 2000, je rentrais de Madagascar et j'ai présenté cette idée des 40 projets aux cadres de l'entreprise, si on peut dire comme ça -Pour les 40 ans- l'idée de soutenir 40 projets. Et parce que je revenais de Madagascar, j'étais bouleversé par ce que j'avais vécu. Et à l'époque, les gens qui étaient autour de moi, qui avaient une formation plutôt scientifique, m'ont dit, ça ne veut rien dire. Un projet de conservation, ça doit s'évaluer, il faut des rapports, des machins, et toi, tu nous vendes l'émotion. Je dis, moi, l'émotion, j'en vends tous les jours, c'est mon métier. Et si ça marche pour les visiteurs d'un parc zoologique, il n'y a pas raison que ça ne marche pas pour une famille qui survit au Pérou et dont la survie dépend du bout de forêt qui est à côté de chez elle, ou à Madagascar de la même façon. Et a priori ça fonctionne comme ça sûrement et encore une fois ce qu'on vend ici c'est de l'émotion, on l'a vu encore aujourd'hui en enregistrant cette émotion, cette émission pardon, et c'est ce qui nous fait vivre.

  • Speaker #2

    Depuis 2001, le Bioparc et sa fondation Bioparc Conservation ont versé 3 630 000 euros aux associations locales soutenues par les Projets Nature, grâce aux entrées au parc et aux dons des visiteurs et partenaires. Par rapport à ces ressources, c'est l'un des plus gros zoo donateurs en Europe. Le parc reverse chaque année au moins 4% de son chiffre d'affaires à ses associations.

  • Speaker #0

    Il se trouve que ces idées de... de conservation par le soutien aux communautés locales, c'était quelque chose de tout à fait nouveau. Ça existait aux États-Unis, puisqu'encore une fois, c'est une américaine qui l'a mis au point. En Europe, on n'en parlait pas beaucoup. Et le soutien des parcs zoologiques allait plutôt vers des choses scientifiques. On envoyait des biologistes, on évaluait. Il n'empêche qu'on pouvait salarier des gardes pour les parcs, etc. Mais ça n'allait pas vers les communautés locales. C'est vraiment quelque chose que j'ai amené. Et c'est pour cette raison qu'on m'avait demandé à l'époque d'être responsable, Président de la Commission conservation des européens, parce que j'avais amené ces idées et que mes collègues ont trouvé ça intéressant, je suppose, à cette époque-là.

  • Speaker #1

    Tu as compris qu'il fallait d'abord aider l'humanité, évidemment, pour qu'elle adopte les bonnes pratiques et mieux vivre dans cet environnement fragile. Et ce qu'on mène, ce sont avant tout des projets humanitaires. Les Projets Nature sont des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces, également animales et végétales.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des choses qui sont concrétisées depuis. On a agrandi avec ça et on s'est rendu compte assez vite que dans nos projets et dans nos actions, on obéissait aux trois règles du développement durable qui sont agir sur l'environnement, le social et l'économique. Et ça, on l'a compris sans le vouloir, on l'a compris en le faisant. On a... On aide l'environnement en aidant à la reforestation, en protégeant des zones, etc. On aide l'économique en fournissant, quand on le peut, des moyens de vie, sinon de survie, à ces populations souvent isolées. Et puis le social, c'est plus compliqué parce que les États sont là, malgré tout, ils sont souverains, mais quand on peut, on encourage évidemment les responsables locaux à intervenir à nos côtés pour avancer sur ces projets de conservation.

  • Speaker #2

    Et donc, assez rapidement, pour mobiliser d'autres parcs zoologiques sur ces idées-là, tu as organisé les forums de la conservation à Angers. Ça a été un peu le chemin, au départ, qui a mis tout le monde dans le même bateau ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, moi, j'étais tellement bouleversé, je crois que c'est le terme, par les rencontres que j'ai faites et par la personnalité des gens que j'ai rencontrés un peu partout, que j'ai eu envie de les présenter. Parce que si ça faisait de l'effet à moi, il n'y a pas de raison que ça ne fasse pas de l'effet à mes collègues. Et donc, j'ai organisé un premier forum à Angers en 2002, on ne savait pas trop on ne savait pas quel accueil on allait avoir et puis ça a bien accroché. Il y a des gens qui m'en parlent encore, on soutient des amis au Brésil en particulier pour les aras hyacinthe ou pour les tapirs qui me disent encore "mais c'était formidable ce que tu avais imaginé à l'époque et c'est vraiment grâce à toi, on a l'impression que c'est grâce à toi que ces choses là se sont mises en place". Donc on a eu la possibilité de le faire trois fois de suite à deux ans d'intervalle 2002, 2004 et 2006, l'année 2006 ayant été consacré seulement au projet sud-américain. Et on a fait venir à Angers des responsables de projets de conservation, le spécialiste de la protection des condors, des ours à lunettes et des directeurs de zoos sud-américains qui n'avaient jamais entendu parler d'eux. Ils se sont rencontrés à Angers. Donc ça, c'était vraiment une grande satisfaction.

  • Speaker #2

    Et toute cette mise en relation des uns et des autres, des projets de conservation, des parcs zoologiques, de sauver des animaux, c'est ce qui a animé tout le reste de ta vie au sein du parc ?

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un homme de rencontres et de réseaux.

  • Speaker #1

    Avant Facebook d'ailleurs.

  • Speaker #0

    oui, oui.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu l'inventer d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Tu l'as lancé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Avant Facebook, mais j'ai toujours aimé ça. Et en fait, j'allais dire que c'est de la générosité, ce n'est pas de la générosité, c'est simplement du bon sens. Il y a quelqu'un là-bas qui s'intéresse au condor, il y en a un autre aussi dans un autre pays, même si c'est pas en Amérique du Sud, il faut absolument les mettre en contact pour que la synergie se mette en place et que ça fonctionne. Et je suis, alors François vient de parler de Facebook, mais je suis des heures entières tous les jours sur mon téléphone, plutôt sur WhatsApp d'ailleurs, à discuter avec des copains en Argentine, au Pérou, en Indonésie, en Afrique, à Madagascar, et en essayant d'arranger les choses. Il n'y a pas longtemps, il y a eu un énorme projet de parc éolien en Argentine, et le copain qui gère le projet là-bas tout de suite m'a dit "Tu peux nous aider, je suis sûr avec toi on va y arriver". Donc je l'ai mis en contact avec un Espagnol que je connais qui travaille sur l'opportunité du développement des parcs éoliens dans des zones qui sont naturellesnes, et il leur a donné un coup de main pour construire un dossier béton à opposer au gouvernement local là-bas et ça a marché. En fait, le parc éolien ne se fera pas à l'endroit où il était prévu, à l'endroit où des condors sont relâchés depuis près de 20 ans.

  • Speaker #2

    On voit que ça ne tient pas à grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça ne tient vraiment à grand-chose, vraiment à la volonté. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'on ne peut pas baisser les bras. Il faut être attentif en permanence parce que les dangers sont permanents. Et donc, il faut se motiver. Enfin, je n'ai pas besoin de me motiver, je le suis. Mais vraiment, il faut être là. En fait, le développement durable, on entend ça partout depuis 15 ans, 20 ans, j'en sais rien. En fait, le vrai mot dans le développement durable, c'est durable. Le soutien, il faut qu'il soit durable. Le vrai problème avec tous ces projets de développement, que l'Europe ou d'autres pays d'ailleurs financent un peu partout dans le monde, c'est que ce n'est pas durable. Ça dure trois ans. Le projet girafes aux Niger, on ne l'a pas inventé. Il avait été créé par l'Europe. Il a été imaginé par une scientifique pour l'Europe. Et puis, il a été mis en place. Et puis, au bout de six mois, tout s'est cassé de la figure parce qu'il n'y avait plus de sous. Et puis, du coup, tout le monde fout le camp quand il n'y a pas d'argent. Nous, on a cette chance d'avoir une entreprise qui a été capable d'assumer ça. Depuis, on a une fondation et on essaie, on essaie d'être présent. Quand j'ai la chance, j'espère avoir la chance de retourner au Niger assez vite, ou que ce soit à Madagascar ou Pérou, c'est un bonheur pour moi d'être accueilli par des gens que je connais depuis 20 ans et qui savent qu'ils peuvent compter sur moi et c'est important et c'est la clé du succès aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et ta qualité aussi c'est que tu fais confiance aux Hommes -oui, bah oui, je sais bien- et c'est pour ça que ça marche c'est parce que comme tu le disais on n'envoie pas des expatriés dans ces pays qui ne sont pas les nôtres. Donc tu as d'abord rencontré des gens sur place qui t'ont touché, ils t'ont ému, et que tu as senti inspirés. Et tu leur as fait confiance, tu as apporté des connaissances, de l'argent quand il le fallait, et ça a marché. Ca a pris, et ces gens sont devenus des frères depuis. Et donc sans la confiance, on ne fait pas grand-chose. Et la conservation aujourd'hui, c'est vraiment l'histoire de réseau, d'association, de compétences, de talents, de tout milieu, de toute origine. Et encore une fois, on peut vraiment faire le parallèle avec la biodiversité. C'est vraiment cette diversité qui est la clé de la réussite dans notre métier et dans de nombreux domaines.

  • Speaker #2

    François, justement depuis que ton père s'est investi corps et âme et biens, dans ses projets -mon père ce héros- t'as tout de suite compris pourquoi il faisait ça, pourquoi il dédiait sa vie à sauver la planète ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis né dedans, j'ai eu la chance de vivre mon enfance dans le Bioparc et de l'entendre rendre compte, après ces voyages, avec des récits qui sont en effet bouleversants. Donc c'est devenu de toute façon un moteur extrêmement puissant. Et je n'imagine pas mon père arrêter ces actions qui enrichissent au quotidien le Bioparc et qui nous passionnent tous, qui nous font grandir et qui nous font avancer. Tu le sais, t'inspires depuis des années toute l'équipe et c'est ce qui nous permet de faire des belles choses aussi ici à Doué-la-Fontaine pour offrir ces beaux espaces de vie aux animaux et procurer du plaisir à nos visiteurs.

  • Speaker #2

    Malgré tous les combats qui restent à mener, on ne peut jamais relâcher la pression et il faut toujours être sur le qui-vive. Qu'est-ce qui vous anime l'un et l'autre encore aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    On a l'impression de vivre une aventure incroyable, j'ai vraiment cette impression. Je m'aperçois que j'ai beaucoup voyagé, j'espère que je voyagerai encore un peu, mais je ne fais pas de tourisme. En fait ma seule idée c'est de rencontrer des gens que je connais déjà donc c'est vraiment l'inverse du tourisme, et de voir des paysages que je connais déjà. Mais savoir que'on peut avoir une influence avec un peu d'argent, beaucoup de volonté beaucoup, de passion dans un pays éloigné sur la survie d'une espèce, c'est quand même formidable. Et puis aussi, la survie d'une espèce et aussi le bien-être d'une communauté. Ça, c'est incroyable. Ça fait vraiment très plaisir. C'est enrichissant, évidemment.

  • Speaker #1

    En fait, les résultats ont été rapides et ils sont très fructueux. Donc, comme tu dis, avec peu d'argent, on aide les populations humaines à mieux vivre, on sauve des espèces et c'est la plus belle des récompenses. Donc le moteur il est là en fait, forcément.

  • Speaker #2

    Et bien pour conclure, moi j'aimerais vous dire merci de la part de ceux qui ne peuvent pas le faire. Donc merci pour les girafes, les ours à lunettes, les varis roux, les vautours, les condors, les loutres géantes, les panthères des neiges, les ibis chauves, le aras, les tortues de toutes sortes, les atèles, les gibbons, les okapis, les zèbres, les tigres de Sumatra que vous avez sauvés ; ainsi que tous les humains qui vivent à leur côté avec qui vous les avez réconciliés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Aurélie, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Merci, Aurélie.

  • Speaker #2

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr

Description

Nous sommes en 2022. L’érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. 1 million d’espèces animales et végétales est menacé de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in-situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l’écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons, avec Pierre et François Gay. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    H on les a mis en place à l'occasion des 40 ans dans notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans.

  • Speaker #1

    Ce sont avant tout des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces avec un peu d'argent,

  • Speaker #0

    beaucoup de volonté, beaucoup de passion. On peut avoir une influence.

  • Speaker #2

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Nous sommes en 2022. L'érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. Un million d'espèces animales et végétales sont menacées de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l'écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons avec Pierre et François Gay.

  • Speaker #0

    D'après l'UICN, l'Union pour la conservation de la nature, c'est en Asie du Sud-Est que le taux de disparition des grands mammifères est le plus important. On avait décidé il y a déjà 40 ans, très loin, d'avoir des tigres Sumatra et aussi quelques espèces de gibbons. Et nous avons décidé d'y adjoindre les léopards de Java il y a quelques années parce que ça nous semble important à l'appel de l'UICN, de participer à cet effort de conservation ex situ, c'est-à-dire en captivité, de ces espèces qui sont très proches de la disparition dans leur pays d'origine.

  • Speaker #2

    Et c'est un choix qui s'applique pour l'ensemble des animaux du parc ?

  • Speaker #0

    C'est un choix qui s'applique effectivement pour l'ensemble des animaux du parc. En fait, le plan de collection s'est fait à l'origine, à la suite de visites que j'ai réalisées dans des parcs zoologiques européens, notamment Jersey et puis aussi quelques zoos hollandais et anglais. Les gens que j'ai rencontrés m'ont dit qu'il faut absolument qu'on conserve ces espèces dans les parcs zoologiques. On parle de l'okapi, de l'hippopotame pygmée, du tigre de Sumatra, de certains oiseaux, la grue de Montchoury. Et donc, à cette saison, ils m'ont dit, mais si tu veux, on peut t'aider et te les envoyer. Ma foi, pourquoi pas ? Donc, j'ai accepté de les adjoindre à notre collection. Et quand on a mis en place nos Projets Nature il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui, on s'est vite rendu compte que si on voulait être efficace avec nos moyens qui sont limités, il fallait qu'on se concentre sur certaines régions dans le monde. On n'est pas les seuls. Par exemple, Jersey se concentre sur les îles et sur les sommets de montagne. Et nous, puisqu'on avait une collection qui était déjà centrée sur certaines espèces menacées, on a pensé qu'il fallait continuer à la développer autour d'autres espèces de ces régions. C'est pour ça que l'Indonésie nous intéresse avec Sumatra et Java, ces deux îles en particulier. On peut parler aussi de l'Afrique de l'Ouest avec les hippopotames pygmées et les dianes Rolloway. On peut parler de Madagascar avec la forêt de l'Est et les différentes espèces de lémuriens qui sont affiliées, et des Andes pour l'Amérique du Sud. C'est un peu comme ça qu'on pense à l'adjonction de nouvelles espèces et au développement de nouvelles zones dans le parc.

  • Speaker #2

    Et généralement, l'accueil de ces nouvelles espèces ou de ces espèces qui sont menacées va de pair avec un projet de conservation dans la nature ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ce que j'ai expliqué quand on était dans la grande volière sud-américaine, où les ours à lunettes nous ont amenés aux condors, les condors nous ont amenés aux manchots de Humboldt, et les manchots de Humboldt nous amènent aux flamands du Chili, toutes espèces que nous avons déjà dans notre plan de collection, qui sont présentes ici, que nous élevons, et qui nous permettent d'élargir notre champ d'action in situ, dans la nature.

  • Speaker #2

    Et donc ces projets de conservation, est-ce que tu peux nous rappeler en quoi ça consiste ?

  • Speaker #0

    Les projets de conservation sont deux ordres. Il y a d'abord la conservation ex situ, c'est-à-dire le maintien en élevage, en captivité de certaines espèces dont ils risquent de disparaître à plus ou moins long terme dans la nature. Et puis nous, on a eu cette volonté, mais c'est aussi une volonté politique de l'EAZA, l'Association des zoos d'Europe, aujourd'hui d'encourager les parcs zoologiques présents de ces espèces menacées à participer, à concourir à leur conservation in situ, c'est-à-dire dans leurs régions d'origine, dans leurs écosystèmes d'origine.

  • Speaker #2

    Et donc ici, au Bioparc, ça s'appelle des Projets Nature ?

  • Speaker #0

    Ça s'appelle des Projets Nature. On les a mis en place à l'occasion des 40 ans de notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans. C'était vraiment… quelque chose qui me tenait à cœur, j'avais envie de ça, c'était important pour moi, pour ma survie et pour celle de l'établissement, de se consacrer à ce genre de projet. Et en fait, le déclic est venu suite à la rencontre de plusieurs personnes, notamment une femme, Hélène Freeman, la directrice à l'époque du Zoo de Seattle, qui a créé le Snow Leopard Trust, une association à l'origine de la protection des panthères des neiges, qui est certainement à l'origine de leur sauvetage dans la nature. Et puis aussi d'un malgache qui m'a parlé de conservation de la forêt primaire tropicale humide dans son pays. Et la suite de ces rencontres, j'ai eu envie d'aller un peu plus loin. Et le leitmotiv de ces personnes que j'ai rencontrées, c'était les communautés humaines. La nature, elle est malade, mais elle est malade de l'Homme. Donc si on veut agir sur la nature, il faut agir sur l'Homme. Encore une fois, on l'a dit déjà, la nature, c'est une énorme matrice extrêmement puissante, qui a la faculté de se régénérer sans que l'homme intervienne ; c'est l'Homme qui l'a détruit, qui l'abîme, qui l'endommage. Donc c'est sûr, en agissant sur l'Homme, en convainquant des gens qui ont, peut-être, pourquoi pas, en convainquant des gens qui ont les moyens de la détruire, ou alors en aidant des communautés qui n'ont pas les moyens de faire autrement que de vivre à ses dépens, qu'on peut avancer. Et notre choix, ça a été, suite à ces rencontres, et aussi celle d'Omer qui était responsable de l'Association de sauvegarde des girafes du Niger, qu'on a décidé vraiment de se concentrer au soutien aux communautés humaines. Donc très souvent on fait très peu de choses pour les animaux. Au Niger, pendant quelques années, on a compté les girafes. Aujourd'hui ça nous échappe, elles sont trop nombreuses. Ils font des moyens énormes dans des régions extrêmement dangereuses. Donc on ne les compte plus, mais on sait qu'il y en a un nombre important. Mais donc on agit sur les communautés humaines, on creuse des puits, on fait des micro-crédits. On fait de la reforestation en salariant les villageois pour qu'ils replantent et qu'ils aident la nature à revenir dans leur terrain. Donc c'est dans ce sens-là qu'on travaille.

  • Speaker #2

    Des actions concrètes auprès des populations.

  • Speaker #0

    Des actions concrètes auprès des populations locales, exactement.

  • Speaker #2

    Et tous ces projets, ils sont nés dans les années 2000. Comment tu les as développés en Europe ? Parce que tu as beaucoup fait pour la conservation.

  • Speaker #0

    Je me rappelle très bien quand, en 2000, novembre 2000, je rentrais de Madagascar et j'ai présenté cette idée des 40 projets aux cadres de l'entreprise, si on peut dire comme ça -Pour les 40 ans- l'idée de soutenir 40 projets. Et parce que je revenais de Madagascar, j'étais bouleversé par ce que j'avais vécu. Et à l'époque, les gens qui étaient autour de moi, qui avaient une formation plutôt scientifique, m'ont dit, ça ne veut rien dire. Un projet de conservation, ça doit s'évaluer, il faut des rapports, des machins, et toi, tu nous vendes l'émotion. Je dis, moi, l'émotion, j'en vends tous les jours, c'est mon métier. Et si ça marche pour les visiteurs d'un parc zoologique, il n'y a pas raison que ça ne marche pas pour une famille qui survit au Pérou et dont la survie dépend du bout de forêt qui est à côté de chez elle, ou à Madagascar de la même façon. Et a priori ça fonctionne comme ça sûrement et encore une fois ce qu'on vend ici c'est de l'émotion, on l'a vu encore aujourd'hui en enregistrant cette émotion, cette émission pardon, et c'est ce qui nous fait vivre.

  • Speaker #2

    Depuis 2001, le Bioparc et sa fondation Bioparc Conservation ont versé 3 630 000 euros aux associations locales soutenues par les Projets Nature, grâce aux entrées au parc et aux dons des visiteurs et partenaires. Par rapport à ces ressources, c'est l'un des plus gros zoo donateurs en Europe. Le parc reverse chaque année au moins 4% de son chiffre d'affaires à ses associations.

  • Speaker #0

    Il se trouve que ces idées de... de conservation par le soutien aux communautés locales, c'était quelque chose de tout à fait nouveau. Ça existait aux États-Unis, puisqu'encore une fois, c'est une américaine qui l'a mis au point. En Europe, on n'en parlait pas beaucoup. Et le soutien des parcs zoologiques allait plutôt vers des choses scientifiques. On envoyait des biologistes, on évaluait. Il n'empêche qu'on pouvait salarier des gardes pour les parcs, etc. Mais ça n'allait pas vers les communautés locales. C'est vraiment quelque chose que j'ai amené. Et c'est pour cette raison qu'on m'avait demandé à l'époque d'être responsable, Président de la Commission conservation des européens, parce que j'avais amené ces idées et que mes collègues ont trouvé ça intéressant, je suppose, à cette époque-là.

  • Speaker #1

    Tu as compris qu'il fallait d'abord aider l'humanité, évidemment, pour qu'elle adopte les bonnes pratiques et mieux vivre dans cet environnement fragile. Et ce qu'on mène, ce sont avant tout des projets humanitaires. Les Projets Nature sont des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces, également animales et végétales.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des choses qui sont concrétisées depuis. On a agrandi avec ça et on s'est rendu compte assez vite que dans nos projets et dans nos actions, on obéissait aux trois règles du développement durable qui sont agir sur l'environnement, le social et l'économique. Et ça, on l'a compris sans le vouloir, on l'a compris en le faisant. On a... On aide l'environnement en aidant à la reforestation, en protégeant des zones, etc. On aide l'économique en fournissant, quand on le peut, des moyens de vie, sinon de survie, à ces populations souvent isolées. Et puis le social, c'est plus compliqué parce que les États sont là, malgré tout, ils sont souverains, mais quand on peut, on encourage évidemment les responsables locaux à intervenir à nos côtés pour avancer sur ces projets de conservation.

  • Speaker #2

    Et donc, assez rapidement, pour mobiliser d'autres parcs zoologiques sur ces idées-là, tu as organisé les forums de la conservation à Angers. Ça a été un peu le chemin, au départ, qui a mis tout le monde dans le même bateau ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, moi, j'étais tellement bouleversé, je crois que c'est le terme, par les rencontres que j'ai faites et par la personnalité des gens que j'ai rencontrés un peu partout, que j'ai eu envie de les présenter. Parce que si ça faisait de l'effet à moi, il n'y a pas de raison que ça ne fasse pas de l'effet à mes collègues. Et donc, j'ai organisé un premier forum à Angers en 2002, on ne savait pas trop on ne savait pas quel accueil on allait avoir et puis ça a bien accroché. Il y a des gens qui m'en parlent encore, on soutient des amis au Brésil en particulier pour les aras hyacinthe ou pour les tapirs qui me disent encore "mais c'était formidable ce que tu avais imaginé à l'époque et c'est vraiment grâce à toi, on a l'impression que c'est grâce à toi que ces choses là se sont mises en place". Donc on a eu la possibilité de le faire trois fois de suite à deux ans d'intervalle 2002, 2004 et 2006, l'année 2006 ayant été consacré seulement au projet sud-américain. Et on a fait venir à Angers des responsables de projets de conservation, le spécialiste de la protection des condors, des ours à lunettes et des directeurs de zoos sud-américains qui n'avaient jamais entendu parler d'eux. Ils se sont rencontrés à Angers. Donc ça, c'était vraiment une grande satisfaction.

  • Speaker #2

    Et toute cette mise en relation des uns et des autres, des projets de conservation, des parcs zoologiques, de sauver des animaux, c'est ce qui a animé tout le reste de ta vie au sein du parc ?

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un homme de rencontres et de réseaux.

  • Speaker #1

    Avant Facebook d'ailleurs.

  • Speaker #0

    oui, oui.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu l'inventer d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Tu l'as lancé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Avant Facebook, mais j'ai toujours aimé ça. Et en fait, j'allais dire que c'est de la générosité, ce n'est pas de la générosité, c'est simplement du bon sens. Il y a quelqu'un là-bas qui s'intéresse au condor, il y en a un autre aussi dans un autre pays, même si c'est pas en Amérique du Sud, il faut absolument les mettre en contact pour que la synergie se mette en place et que ça fonctionne. Et je suis, alors François vient de parler de Facebook, mais je suis des heures entières tous les jours sur mon téléphone, plutôt sur WhatsApp d'ailleurs, à discuter avec des copains en Argentine, au Pérou, en Indonésie, en Afrique, à Madagascar, et en essayant d'arranger les choses. Il n'y a pas longtemps, il y a eu un énorme projet de parc éolien en Argentine, et le copain qui gère le projet là-bas tout de suite m'a dit "Tu peux nous aider, je suis sûr avec toi on va y arriver". Donc je l'ai mis en contact avec un Espagnol que je connais qui travaille sur l'opportunité du développement des parcs éoliens dans des zones qui sont naturellesnes, et il leur a donné un coup de main pour construire un dossier béton à opposer au gouvernement local là-bas et ça a marché. En fait, le parc éolien ne se fera pas à l'endroit où il était prévu, à l'endroit où des condors sont relâchés depuis près de 20 ans.

  • Speaker #2

    On voit que ça ne tient pas à grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça ne tient vraiment à grand-chose, vraiment à la volonté. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'on ne peut pas baisser les bras. Il faut être attentif en permanence parce que les dangers sont permanents. Et donc, il faut se motiver. Enfin, je n'ai pas besoin de me motiver, je le suis. Mais vraiment, il faut être là. En fait, le développement durable, on entend ça partout depuis 15 ans, 20 ans, j'en sais rien. En fait, le vrai mot dans le développement durable, c'est durable. Le soutien, il faut qu'il soit durable. Le vrai problème avec tous ces projets de développement, que l'Europe ou d'autres pays d'ailleurs financent un peu partout dans le monde, c'est que ce n'est pas durable. Ça dure trois ans. Le projet girafes aux Niger, on ne l'a pas inventé. Il avait été créé par l'Europe. Il a été imaginé par une scientifique pour l'Europe. Et puis, il a été mis en place. Et puis, au bout de six mois, tout s'est cassé de la figure parce qu'il n'y avait plus de sous. Et puis, du coup, tout le monde fout le camp quand il n'y a pas d'argent. Nous, on a cette chance d'avoir une entreprise qui a été capable d'assumer ça. Depuis, on a une fondation et on essaie, on essaie d'être présent. Quand j'ai la chance, j'espère avoir la chance de retourner au Niger assez vite, ou que ce soit à Madagascar ou Pérou, c'est un bonheur pour moi d'être accueilli par des gens que je connais depuis 20 ans et qui savent qu'ils peuvent compter sur moi et c'est important et c'est la clé du succès aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et ta qualité aussi c'est que tu fais confiance aux Hommes -oui, bah oui, je sais bien- et c'est pour ça que ça marche c'est parce que comme tu le disais on n'envoie pas des expatriés dans ces pays qui ne sont pas les nôtres. Donc tu as d'abord rencontré des gens sur place qui t'ont touché, ils t'ont ému, et que tu as senti inspirés. Et tu leur as fait confiance, tu as apporté des connaissances, de l'argent quand il le fallait, et ça a marché. Ca a pris, et ces gens sont devenus des frères depuis. Et donc sans la confiance, on ne fait pas grand-chose. Et la conservation aujourd'hui, c'est vraiment l'histoire de réseau, d'association, de compétences, de talents, de tout milieu, de toute origine. Et encore une fois, on peut vraiment faire le parallèle avec la biodiversité. C'est vraiment cette diversité qui est la clé de la réussite dans notre métier et dans de nombreux domaines.

  • Speaker #2

    François, justement depuis que ton père s'est investi corps et âme et biens, dans ses projets -mon père ce héros- t'as tout de suite compris pourquoi il faisait ça, pourquoi il dédiait sa vie à sauver la planète ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis né dedans, j'ai eu la chance de vivre mon enfance dans le Bioparc et de l'entendre rendre compte, après ces voyages, avec des récits qui sont en effet bouleversants. Donc c'est devenu de toute façon un moteur extrêmement puissant. Et je n'imagine pas mon père arrêter ces actions qui enrichissent au quotidien le Bioparc et qui nous passionnent tous, qui nous font grandir et qui nous font avancer. Tu le sais, t'inspires depuis des années toute l'équipe et c'est ce qui nous permet de faire des belles choses aussi ici à Doué-la-Fontaine pour offrir ces beaux espaces de vie aux animaux et procurer du plaisir à nos visiteurs.

  • Speaker #2

    Malgré tous les combats qui restent à mener, on ne peut jamais relâcher la pression et il faut toujours être sur le qui-vive. Qu'est-ce qui vous anime l'un et l'autre encore aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    On a l'impression de vivre une aventure incroyable, j'ai vraiment cette impression. Je m'aperçois que j'ai beaucoup voyagé, j'espère que je voyagerai encore un peu, mais je ne fais pas de tourisme. En fait ma seule idée c'est de rencontrer des gens que je connais déjà donc c'est vraiment l'inverse du tourisme, et de voir des paysages que je connais déjà. Mais savoir que'on peut avoir une influence avec un peu d'argent, beaucoup de volonté beaucoup, de passion dans un pays éloigné sur la survie d'une espèce, c'est quand même formidable. Et puis aussi, la survie d'une espèce et aussi le bien-être d'une communauté. Ça, c'est incroyable. Ça fait vraiment très plaisir. C'est enrichissant, évidemment.

  • Speaker #1

    En fait, les résultats ont été rapides et ils sont très fructueux. Donc, comme tu dis, avec peu d'argent, on aide les populations humaines à mieux vivre, on sauve des espèces et c'est la plus belle des récompenses. Donc le moteur il est là en fait, forcément.

  • Speaker #2

    Et bien pour conclure, moi j'aimerais vous dire merci de la part de ceux qui ne peuvent pas le faire. Donc merci pour les girafes, les ours à lunettes, les varis roux, les vautours, les condors, les loutres géantes, les panthères des neiges, les ibis chauves, le aras, les tortues de toutes sortes, les atèles, les gibbons, les okapis, les zèbres, les tigres de Sumatra que vous avez sauvés ; ainsi que tous les humains qui vivent à leur côté avec qui vous les avez réconciliés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Aurélie, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Merci, Aurélie.

  • Speaker #2

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr

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Description

Nous sommes en 2022. L’érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. 1 million d’espèces animales et végétales est menacé de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in-situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l’écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons, avec Pierre et François Gay. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    H on les a mis en place à l'occasion des 40 ans dans notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans.

  • Speaker #1

    Ce sont avant tout des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces avec un peu d'argent,

  • Speaker #0

    beaucoup de volonté, beaucoup de passion. On peut avoir une influence.

  • Speaker #2

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Nous sommes en 2022. L'érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. Un million d'espèces animales et végétales sont menacées de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l'écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons avec Pierre et François Gay.

  • Speaker #0

    D'après l'UICN, l'Union pour la conservation de la nature, c'est en Asie du Sud-Est que le taux de disparition des grands mammifères est le plus important. On avait décidé il y a déjà 40 ans, très loin, d'avoir des tigres Sumatra et aussi quelques espèces de gibbons. Et nous avons décidé d'y adjoindre les léopards de Java il y a quelques années parce que ça nous semble important à l'appel de l'UICN, de participer à cet effort de conservation ex situ, c'est-à-dire en captivité, de ces espèces qui sont très proches de la disparition dans leur pays d'origine.

  • Speaker #2

    Et c'est un choix qui s'applique pour l'ensemble des animaux du parc ?

  • Speaker #0

    C'est un choix qui s'applique effectivement pour l'ensemble des animaux du parc. En fait, le plan de collection s'est fait à l'origine, à la suite de visites que j'ai réalisées dans des parcs zoologiques européens, notamment Jersey et puis aussi quelques zoos hollandais et anglais. Les gens que j'ai rencontrés m'ont dit qu'il faut absolument qu'on conserve ces espèces dans les parcs zoologiques. On parle de l'okapi, de l'hippopotame pygmée, du tigre de Sumatra, de certains oiseaux, la grue de Montchoury. Et donc, à cette saison, ils m'ont dit, mais si tu veux, on peut t'aider et te les envoyer. Ma foi, pourquoi pas ? Donc, j'ai accepté de les adjoindre à notre collection. Et quand on a mis en place nos Projets Nature il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui, on s'est vite rendu compte que si on voulait être efficace avec nos moyens qui sont limités, il fallait qu'on se concentre sur certaines régions dans le monde. On n'est pas les seuls. Par exemple, Jersey se concentre sur les îles et sur les sommets de montagne. Et nous, puisqu'on avait une collection qui était déjà centrée sur certaines espèces menacées, on a pensé qu'il fallait continuer à la développer autour d'autres espèces de ces régions. C'est pour ça que l'Indonésie nous intéresse avec Sumatra et Java, ces deux îles en particulier. On peut parler aussi de l'Afrique de l'Ouest avec les hippopotames pygmées et les dianes Rolloway. On peut parler de Madagascar avec la forêt de l'Est et les différentes espèces de lémuriens qui sont affiliées, et des Andes pour l'Amérique du Sud. C'est un peu comme ça qu'on pense à l'adjonction de nouvelles espèces et au développement de nouvelles zones dans le parc.

  • Speaker #2

    Et généralement, l'accueil de ces nouvelles espèces ou de ces espèces qui sont menacées va de pair avec un projet de conservation dans la nature ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ce que j'ai expliqué quand on était dans la grande volière sud-américaine, où les ours à lunettes nous ont amenés aux condors, les condors nous ont amenés aux manchots de Humboldt, et les manchots de Humboldt nous amènent aux flamands du Chili, toutes espèces que nous avons déjà dans notre plan de collection, qui sont présentes ici, que nous élevons, et qui nous permettent d'élargir notre champ d'action in situ, dans la nature.

  • Speaker #2

    Et donc ces projets de conservation, est-ce que tu peux nous rappeler en quoi ça consiste ?

  • Speaker #0

    Les projets de conservation sont deux ordres. Il y a d'abord la conservation ex situ, c'est-à-dire le maintien en élevage, en captivité de certaines espèces dont ils risquent de disparaître à plus ou moins long terme dans la nature. Et puis nous, on a eu cette volonté, mais c'est aussi une volonté politique de l'EAZA, l'Association des zoos d'Europe, aujourd'hui d'encourager les parcs zoologiques présents de ces espèces menacées à participer, à concourir à leur conservation in situ, c'est-à-dire dans leurs régions d'origine, dans leurs écosystèmes d'origine.

  • Speaker #2

    Et donc ici, au Bioparc, ça s'appelle des Projets Nature ?

  • Speaker #0

    Ça s'appelle des Projets Nature. On les a mis en place à l'occasion des 40 ans de notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans. C'était vraiment… quelque chose qui me tenait à cœur, j'avais envie de ça, c'était important pour moi, pour ma survie et pour celle de l'établissement, de se consacrer à ce genre de projet. Et en fait, le déclic est venu suite à la rencontre de plusieurs personnes, notamment une femme, Hélène Freeman, la directrice à l'époque du Zoo de Seattle, qui a créé le Snow Leopard Trust, une association à l'origine de la protection des panthères des neiges, qui est certainement à l'origine de leur sauvetage dans la nature. Et puis aussi d'un malgache qui m'a parlé de conservation de la forêt primaire tropicale humide dans son pays. Et la suite de ces rencontres, j'ai eu envie d'aller un peu plus loin. Et le leitmotiv de ces personnes que j'ai rencontrées, c'était les communautés humaines. La nature, elle est malade, mais elle est malade de l'Homme. Donc si on veut agir sur la nature, il faut agir sur l'Homme. Encore une fois, on l'a dit déjà, la nature, c'est une énorme matrice extrêmement puissante, qui a la faculté de se régénérer sans que l'homme intervienne ; c'est l'Homme qui l'a détruit, qui l'abîme, qui l'endommage. Donc c'est sûr, en agissant sur l'Homme, en convainquant des gens qui ont, peut-être, pourquoi pas, en convainquant des gens qui ont les moyens de la détruire, ou alors en aidant des communautés qui n'ont pas les moyens de faire autrement que de vivre à ses dépens, qu'on peut avancer. Et notre choix, ça a été, suite à ces rencontres, et aussi celle d'Omer qui était responsable de l'Association de sauvegarde des girafes du Niger, qu'on a décidé vraiment de se concentrer au soutien aux communautés humaines. Donc très souvent on fait très peu de choses pour les animaux. Au Niger, pendant quelques années, on a compté les girafes. Aujourd'hui ça nous échappe, elles sont trop nombreuses. Ils font des moyens énormes dans des régions extrêmement dangereuses. Donc on ne les compte plus, mais on sait qu'il y en a un nombre important. Mais donc on agit sur les communautés humaines, on creuse des puits, on fait des micro-crédits. On fait de la reforestation en salariant les villageois pour qu'ils replantent et qu'ils aident la nature à revenir dans leur terrain. Donc c'est dans ce sens-là qu'on travaille.

  • Speaker #2

    Des actions concrètes auprès des populations.

  • Speaker #0

    Des actions concrètes auprès des populations locales, exactement.

  • Speaker #2

    Et tous ces projets, ils sont nés dans les années 2000. Comment tu les as développés en Europe ? Parce que tu as beaucoup fait pour la conservation.

  • Speaker #0

    Je me rappelle très bien quand, en 2000, novembre 2000, je rentrais de Madagascar et j'ai présenté cette idée des 40 projets aux cadres de l'entreprise, si on peut dire comme ça -Pour les 40 ans- l'idée de soutenir 40 projets. Et parce que je revenais de Madagascar, j'étais bouleversé par ce que j'avais vécu. Et à l'époque, les gens qui étaient autour de moi, qui avaient une formation plutôt scientifique, m'ont dit, ça ne veut rien dire. Un projet de conservation, ça doit s'évaluer, il faut des rapports, des machins, et toi, tu nous vendes l'émotion. Je dis, moi, l'émotion, j'en vends tous les jours, c'est mon métier. Et si ça marche pour les visiteurs d'un parc zoologique, il n'y a pas raison que ça ne marche pas pour une famille qui survit au Pérou et dont la survie dépend du bout de forêt qui est à côté de chez elle, ou à Madagascar de la même façon. Et a priori ça fonctionne comme ça sûrement et encore une fois ce qu'on vend ici c'est de l'émotion, on l'a vu encore aujourd'hui en enregistrant cette émotion, cette émission pardon, et c'est ce qui nous fait vivre.

  • Speaker #2

    Depuis 2001, le Bioparc et sa fondation Bioparc Conservation ont versé 3 630 000 euros aux associations locales soutenues par les Projets Nature, grâce aux entrées au parc et aux dons des visiteurs et partenaires. Par rapport à ces ressources, c'est l'un des plus gros zoo donateurs en Europe. Le parc reverse chaque année au moins 4% de son chiffre d'affaires à ses associations.

  • Speaker #0

    Il se trouve que ces idées de... de conservation par le soutien aux communautés locales, c'était quelque chose de tout à fait nouveau. Ça existait aux États-Unis, puisqu'encore une fois, c'est une américaine qui l'a mis au point. En Europe, on n'en parlait pas beaucoup. Et le soutien des parcs zoologiques allait plutôt vers des choses scientifiques. On envoyait des biologistes, on évaluait. Il n'empêche qu'on pouvait salarier des gardes pour les parcs, etc. Mais ça n'allait pas vers les communautés locales. C'est vraiment quelque chose que j'ai amené. Et c'est pour cette raison qu'on m'avait demandé à l'époque d'être responsable, Président de la Commission conservation des européens, parce que j'avais amené ces idées et que mes collègues ont trouvé ça intéressant, je suppose, à cette époque-là.

  • Speaker #1

    Tu as compris qu'il fallait d'abord aider l'humanité, évidemment, pour qu'elle adopte les bonnes pratiques et mieux vivre dans cet environnement fragile. Et ce qu'on mène, ce sont avant tout des projets humanitaires. Les Projets Nature sont des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces, également animales et végétales.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des choses qui sont concrétisées depuis. On a agrandi avec ça et on s'est rendu compte assez vite que dans nos projets et dans nos actions, on obéissait aux trois règles du développement durable qui sont agir sur l'environnement, le social et l'économique. Et ça, on l'a compris sans le vouloir, on l'a compris en le faisant. On a... On aide l'environnement en aidant à la reforestation, en protégeant des zones, etc. On aide l'économique en fournissant, quand on le peut, des moyens de vie, sinon de survie, à ces populations souvent isolées. Et puis le social, c'est plus compliqué parce que les États sont là, malgré tout, ils sont souverains, mais quand on peut, on encourage évidemment les responsables locaux à intervenir à nos côtés pour avancer sur ces projets de conservation.

  • Speaker #2

    Et donc, assez rapidement, pour mobiliser d'autres parcs zoologiques sur ces idées-là, tu as organisé les forums de la conservation à Angers. Ça a été un peu le chemin, au départ, qui a mis tout le monde dans le même bateau ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, moi, j'étais tellement bouleversé, je crois que c'est le terme, par les rencontres que j'ai faites et par la personnalité des gens que j'ai rencontrés un peu partout, que j'ai eu envie de les présenter. Parce que si ça faisait de l'effet à moi, il n'y a pas de raison que ça ne fasse pas de l'effet à mes collègues. Et donc, j'ai organisé un premier forum à Angers en 2002, on ne savait pas trop on ne savait pas quel accueil on allait avoir et puis ça a bien accroché. Il y a des gens qui m'en parlent encore, on soutient des amis au Brésil en particulier pour les aras hyacinthe ou pour les tapirs qui me disent encore "mais c'était formidable ce que tu avais imaginé à l'époque et c'est vraiment grâce à toi, on a l'impression que c'est grâce à toi que ces choses là se sont mises en place". Donc on a eu la possibilité de le faire trois fois de suite à deux ans d'intervalle 2002, 2004 et 2006, l'année 2006 ayant été consacré seulement au projet sud-américain. Et on a fait venir à Angers des responsables de projets de conservation, le spécialiste de la protection des condors, des ours à lunettes et des directeurs de zoos sud-américains qui n'avaient jamais entendu parler d'eux. Ils se sont rencontrés à Angers. Donc ça, c'était vraiment une grande satisfaction.

  • Speaker #2

    Et toute cette mise en relation des uns et des autres, des projets de conservation, des parcs zoologiques, de sauver des animaux, c'est ce qui a animé tout le reste de ta vie au sein du parc ?

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un homme de rencontres et de réseaux.

  • Speaker #1

    Avant Facebook d'ailleurs.

  • Speaker #0

    oui, oui.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu l'inventer d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Tu l'as lancé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Avant Facebook, mais j'ai toujours aimé ça. Et en fait, j'allais dire que c'est de la générosité, ce n'est pas de la générosité, c'est simplement du bon sens. Il y a quelqu'un là-bas qui s'intéresse au condor, il y en a un autre aussi dans un autre pays, même si c'est pas en Amérique du Sud, il faut absolument les mettre en contact pour que la synergie se mette en place et que ça fonctionne. Et je suis, alors François vient de parler de Facebook, mais je suis des heures entières tous les jours sur mon téléphone, plutôt sur WhatsApp d'ailleurs, à discuter avec des copains en Argentine, au Pérou, en Indonésie, en Afrique, à Madagascar, et en essayant d'arranger les choses. Il n'y a pas longtemps, il y a eu un énorme projet de parc éolien en Argentine, et le copain qui gère le projet là-bas tout de suite m'a dit "Tu peux nous aider, je suis sûr avec toi on va y arriver". Donc je l'ai mis en contact avec un Espagnol que je connais qui travaille sur l'opportunité du développement des parcs éoliens dans des zones qui sont naturellesnes, et il leur a donné un coup de main pour construire un dossier béton à opposer au gouvernement local là-bas et ça a marché. En fait, le parc éolien ne se fera pas à l'endroit où il était prévu, à l'endroit où des condors sont relâchés depuis près de 20 ans.

  • Speaker #2

    On voit que ça ne tient pas à grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça ne tient vraiment à grand-chose, vraiment à la volonté. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'on ne peut pas baisser les bras. Il faut être attentif en permanence parce que les dangers sont permanents. Et donc, il faut se motiver. Enfin, je n'ai pas besoin de me motiver, je le suis. Mais vraiment, il faut être là. En fait, le développement durable, on entend ça partout depuis 15 ans, 20 ans, j'en sais rien. En fait, le vrai mot dans le développement durable, c'est durable. Le soutien, il faut qu'il soit durable. Le vrai problème avec tous ces projets de développement, que l'Europe ou d'autres pays d'ailleurs financent un peu partout dans le monde, c'est que ce n'est pas durable. Ça dure trois ans. Le projet girafes aux Niger, on ne l'a pas inventé. Il avait été créé par l'Europe. Il a été imaginé par une scientifique pour l'Europe. Et puis, il a été mis en place. Et puis, au bout de six mois, tout s'est cassé de la figure parce qu'il n'y avait plus de sous. Et puis, du coup, tout le monde fout le camp quand il n'y a pas d'argent. Nous, on a cette chance d'avoir une entreprise qui a été capable d'assumer ça. Depuis, on a une fondation et on essaie, on essaie d'être présent. Quand j'ai la chance, j'espère avoir la chance de retourner au Niger assez vite, ou que ce soit à Madagascar ou Pérou, c'est un bonheur pour moi d'être accueilli par des gens que je connais depuis 20 ans et qui savent qu'ils peuvent compter sur moi et c'est important et c'est la clé du succès aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et ta qualité aussi c'est que tu fais confiance aux Hommes -oui, bah oui, je sais bien- et c'est pour ça que ça marche c'est parce que comme tu le disais on n'envoie pas des expatriés dans ces pays qui ne sont pas les nôtres. Donc tu as d'abord rencontré des gens sur place qui t'ont touché, ils t'ont ému, et que tu as senti inspirés. Et tu leur as fait confiance, tu as apporté des connaissances, de l'argent quand il le fallait, et ça a marché. Ca a pris, et ces gens sont devenus des frères depuis. Et donc sans la confiance, on ne fait pas grand-chose. Et la conservation aujourd'hui, c'est vraiment l'histoire de réseau, d'association, de compétences, de talents, de tout milieu, de toute origine. Et encore une fois, on peut vraiment faire le parallèle avec la biodiversité. C'est vraiment cette diversité qui est la clé de la réussite dans notre métier et dans de nombreux domaines.

  • Speaker #2

    François, justement depuis que ton père s'est investi corps et âme et biens, dans ses projets -mon père ce héros- t'as tout de suite compris pourquoi il faisait ça, pourquoi il dédiait sa vie à sauver la planète ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis né dedans, j'ai eu la chance de vivre mon enfance dans le Bioparc et de l'entendre rendre compte, après ces voyages, avec des récits qui sont en effet bouleversants. Donc c'est devenu de toute façon un moteur extrêmement puissant. Et je n'imagine pas mon père arrêter ces actions qui enrichissent au quotidien le Bioparc et qui nous passionnent tous, qui nous font grandir et qui nous font avancer. Tu le sais, t'inspires depuis des années toute l'équipe et c'est ce qui nous permet de faire des belles choses aussi ici à Doué-la-Fontaine pour offrir ces beaux espaces de vie aux animaux et procurer du plaisir à nos visiteurs.

  • Speaker #2

    Malgré tous les combats qui restent à mener, on ne peut jamais relâcher la pression et il faut toujours être sur le qui-vive. Qu'est-ce qui vous anime l'un et l'autre encore aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    On a l'impression de vivre une aventure incroyable, j'ai vraiment cette impression. Je m'aperçois que j'ai beaucoup voyagé, j'espère que je voyagerai encore un peu, mais je ne fais pas de tourisme. En fait ma seule idée c'est de rencontrer des gens que je connais déjà donc c'est vraiment l'inverse du tourisme, et de voir des paysages que je connais déjà. Mais savoir que'on peut avoir une influence avec un peu d'argent, beaucoup de volonté beaucoup, de passion dans un pays éloigné sur la survie d'une espèce, c'est quand même formidable. Et puis aussi, la survie d'une espèce et aussi le bien-être d'une communauté. Ça, c'est incroyable. Ça fait vraiment très plaisir. C'est enrichissant, évidemment.

  • Speaker #1

    En fait, les résultats ont été rapides et ils sont très fructueux. Donc, comme tu dis, avec peu d'argent, on aide les populations humaines à mieux vivre, on sauve des espèces et c'est la plus belle des récompenses. Donc le moteur il est là en fait, forcément.

  • Speaker #2

    Et bien pour conclure, moi j'aimerais vous dire merci de la part de ceux qui ne peuvent pas le faire. Donc merci pour les girafes, les ours à lunettes, les varis roux, les vautours, les condors, les loutres géantes, les panthères des neiges, les ibis chauves, le aras, les tortues de toutes sortes, les atèles, les gibbons, les okapis, les zèbres, les tigres de Sumatra que vous avez sauvés ; ainsi que tous les humains qui vivent à leur côté avec qui vous les avez réconciliés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Aurélie, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Merci, Aurélie.

  • Speaker #2

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr

Description

Nous sommes en 2022. L’érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. 1 million d’espèces animales et végétales est menacé de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in-situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l’écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons, avec Pierre et François Gay. 


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Transcription

  • Speaker #0

    H on les a mis en place à l'occasion des 40 ans dans notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans.

  • Speaker #1

    Ce sont avant tout des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces avec un peu d'argent,

  • Speaker #0

    beaucoup de volonté, beaucoup de passion. On peut avoir une influence.

  • Speaker #2

    Une autre idée du zoo, le podcast du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Nous sommes en 2022. L'érosion de la biodiversité et la disparition des espèces est plus forte et rapide que jamais. Un million d'espèces animales et végétales sont menacées de disparaître à travers le monde. Pierre Gay se bat pour leur survie dans la nature en apportant son aide aux associations de terrain. Des projets de conservation in situ dont les espèces présentes au Bioparc se font l'écho auprès des visiteurs. Rendez-vous pour une balade indonésienne au chant des gibbons avec Pierre et François Gay.

  • Speaker #0

    D'après l'UICN, l'Union pour la conservation de la nature, c'est en Asie du Sud-Est que le taux de disparition des grands mammifères est le plus important. On avait décidé il y a déjà 40 ans, très loin, d'avoir des tigres Sumatra et aussi quelques espèces de gibbons. Et nous avons décidé d'y adjoindre les léopards de Java il y a quelques années parce que ça nous semble important à l'appel de l'UICN, de participer à cet effort de conservation ex situ, c'est-à-dire en captivité, de ces espèces qui sont très proches de la disparition dans leur pays d'origine.

  • Speaker #2

    Et c'est un choix qui s'applique pour l'ensemble des animaux du parc ?

  • Speaker #0

    C'est un choix qui s'applique effectivement pour l'ensemble des animaux du parc. En fait, le plan de collection s'est fait à l'origine, à la suite de visites que j'ai réalisées dans des parcs zoologiques européens, notamment Jersey et puis aussi quelques zoos hollandais et anglais. Les gens que j'ai rencontrés m'ont dit qu'il faut absolument qu'on conserve ces espèces dans les parcs zoologiques. On parle de l'okapi, de l'hippopotame pygmée, du tigre de Sumatra, de certains oiseaux, la grue de Montchoury. Et donc, à cette saison, ils m'ont dit, mais si tu veux, on peut t'aider et te les envoyer. Ma foi, pourquoi pas ? Donc, j'ai accepté de les adjoindre à notre collection. Et quand on a mis en place nos Projets Nature il y a un peu plus de 20 ans aujourd'hui, on s'est vite rendu compte que si on voulait être efficace avec nos moyens qui sont limités, il fallait qu'on se concentre sur certaines régions dans le monde. On n'est pas les seuls. Par exemple, Jersey se concentre sur les îles et sur les sommets de montagne. Et nous, puisqu'on avait une collection qui était déjà centrée sur certaines espèces menacées, on a pensé qu'il fallait continuer à la développer autour d'autres espèces de ces régions. C'est pour ça que l'Indonésie nous intéresse avec Sumatra et Java, ces deux îles en particulier. On peut parler aussi de l'Afrique de l'Ouest avec les hippopotames pygmées et les dianes Rolloway. On peut parler de Madagascar avec la forêt de l'Est et les différentes espèces de lémuriens qui sont affiliées, et des Andes pour l'Amérique du Sud. C'est un peu comme ça qu'on pense à l'adjonction de nouvelles espèces et au développement de nouvelles zones dans le parc.

  • Speaker #2

    Et généralement, l'accueil de ces nouvelles espèces ou de ces espèces qui sont menacées va de pair avec un projet de conservation dans la nature ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est vraiment ce que j'ai expliqué quand on était dans la grande volière sud-américaine, où les ours à lunettes nous ont amenés aux condors, les condors nous ont amenés aux manchots de Humboldt, et les manchots de Humboldt nous amènent aux flamands du Chili, toutes espèces que nous avons déjà dans notre plan de collection, qui sont présentes ici, que nous élevons, et qui nous permettent d'élargir notre champ d'action in situ, dans la nature.

  • Speaker #2

    Et donc ces projets de conservation, est-ce que tu peux nous rappeler en quoi ça consiste ?

  • Speaker #0

    Les projets de conservation sont deux ordres. Il y a d'abord la conservation ex situ, c'est-à-dire le maintien en élevage, en captivité de certaines espèces dont ils risquent de disparaître à plus ou moins long terme dans la nature. Et puis nous, on a eu cette volonté, mais c'est aussi une volonté politique de l'EAZA, l'Association des zoos d'Europe, aujourd'hui d'encourager les parcs zoologiques présents de ces espèces menacées à participer, à concourir à leur conservation in situ, c'est-à-dire dans leurs régions d'origine, dans leurs écosystèmes d'origine.

  • Speaker #2

    Et donc ici, au Bioparc, ça s'appelle des Projets Nature ?

  • Speaker #0

    Ça s'appelle des Projets Nature. On les a mis en place à l'occasion des 40 ans de notre établissement, il y a un peu plus de 20 ans. C'était vraiment… quelque chose qui me tenait à cœur, j'avais envie de ça, c'était important pour moi, pour ma survie et pour celle de l'établissement, de se consacrer à ce genre de projet. Et en fait, le déclic est venu suite à la rencontre de plusieurs personnes, notamment une femme, Hélène Freeman, la directrice à l'époque du Zoo de Seattle, qui a créé le Snow Leopard Trust, une association à l'origine de la protection des panthères des neiges, qui est certainement à l'origine de leur sauvetage dans la nature. Et puis aussi d'un malgache qui m'a parlé de conservation de la forêt primaire tropicale humide dans son pays. Et la suite de ces rencontres, j'ai eu envie d'aller un peu plus loin. Et le leitmotiv de ces personnes que j'ai rencontrées, c'était les communautés humaines. La nature, elle est malade, mais elle est malade de l'Homme. Donc si on veut agir sur la nature, il faut agir sur l'Homme. Encore une fois, on l'a dit déjà, la nature, c'est une énorme matrice extrêmement puissante, qui a la faculté de se régénérer sans que l'homme intervienne ; c'est l'Homme qui l'a détruit, qui l'abîme, qui l'endommage. Donc c'est sûr, en agissant sur l'Homme, en convainquant des gens qui ont, peut-être, pourquoi pas, en convainquant des gens qui ont les moyens de la détruire, ou alors en aidant des communautés qui n'ont pas les moyens de faire autrement que de vivre à ses dépens, qu'on peut avancer. Et notre choix, ça a été, suite à ces rencontres, et aussi celle d'Omer qui était responsable de l'Association de sauvegarde des girafes du Niger, qu'on a décidé vraiment de se concentrer au soutien aux communautés humaines. Donc très souvent on fait très peu de choses pour les animaux. Au Niger, pendant quelques années, on a compté les girafes. Aujourd'hui ça nous échappe, elles sont trop nombreuses. Ils font des moyens énormes dans des régions extrêmement dangereuses. Donc on ne les compte plus, mais on sait qu'il y en a un nombre important. Mais donc on agit sur les communautés humaines, on creuse des puits, on fait des micro-crédits. On fait de la reforestation en salariant les villageois pour qu'ils replantent et qu'ils aident la nature à revenir dans leur terrain. Donc c'est dans ce sens-là qu'on travaille.

  • Speaker #2

    Des actions concrètes auprès des populations.

  • Speaker #0

    Des actions concrètes auprès des populations locales, exactement.

  • Speaker #2

    Et tous ces projets, ils sont nés dans les années 2000. Comment tu les as développés en Europe ? Parce que tu as beaucoup fait pour la conservation.

  • Speaker #0

    Je me rappelle très bien quand, en 2000, novembre 2000, je rentrais de Madagascar et j'ai présenté cette idée des 40 projets aux cadres de l'entreprise, si on peut dire comme ça -Pour les 40 ans- l'idée de soutenir 40 projets. Et parce que je revenais de Madagascar, j'étais bouleversé par ce que j'avais vécu. Et à l'époque, les gens qui étaient autour de moi, qui avaient une formation plutôt scientifique, m'ont dit, ça ne veut rien dire. Un projet de conservation, ça doit s'évaluer, il faut des rapports, des machins, et toi, tu nous vendes l'émotion. Je dis, moi, l'émotion, j'en vends tous les jours, c'est mon métier. Et si ça marche pour les visiteurs d'un parc zoologique, il n'y a pas raison que ça ne marche pas pour une famille qui survit au Pérou et dont la survie dépend du bout de forêt qui est à côté de chez elle, ou à Madagascar de la même façon. Et a priori ça fonctionne comme ça sûrement et encore une fois ce qu'on vend ici c'est de l'émotion, on l'a vu encore aujourd'hui en enregistrant cette émotion, cette émission pardon, et c'est ce qui nous fait vivre.

  • Speaker #2

    Depuis 2001, le Bioparc et sa fondation Bioparc Conservation ont versé 3 630 000 euros aux associations locales soutenues par les Projets Nature, grâce aux entrées au parc et aux dons des visiteurs et partenaires. Par rapport à ces ressources, c'est l'un des plus gros zoo donateurs en Europe. Le parc reverse chaque année au moins 4% de son chiffre d'affaires à ses associations.

  • Speaker #0

    Il se trouve que ces idées de... de conservation par le soutien aux communautés locales, c'était quelque chose de tout à fait nouveau. Ça existait aux États-Unis, puisqu'encore une fois, c'est une américaine qui l'a mis au point. En Europe, on n'en parlait pas beaucoup. Et le soutien des parcs zoologiques allait plutôt vers des choses scientifiques. On envoyait des biologistes, on évaluait. Il n'empêche qu'on pouvait salarier des gardes pour les parcs, etc. Mais ça n'allait pas vers les communautés locales. C'est vraiment quelque chose que j'ai amené. Et c'est pour cette raison qu'on m'avait demandé à l'époque d'être responsable, Président de la Commission conservation des européens, parce que j'avais amené ces idées et que mes collègues ont trouvé ça intéressant, je suppose, à cette époque-là.

  • Speaker #1

    Tu as compris qu'il fallait d'abord aider l'humanité, évidemment, pour qu'elle adopte les bonnes pratiques et mieux vivre dans cet environnement fragile. Et ce qu'on mène, ce sont avant tout des projets humanitaires. Les Projets Nature sont des projets humanitaires qui concourent à la préservation des espèces, également animales et végétales.

  • Speaker #0

    En fait, ce sont des choses qui sont concrétisées depuis. On a agrandi avec ça et on s'est rendu compte assez vite que dans nos projets et dans nos actions, on obéissait aux trois règles du développement durable qui sont agir sur l'environnement, le social et l'économique. Et ça, on l'a compris sans le vouloir, on l'a compris en le faisant. On a... On aide l'environnement en aidant à la reforestation, en protégeant des zones, etc. On aide l'économique en fournissant, quand on le peut, des moyens de vie, sinon de survie, à ces populations souvent isolées. Et puis le social, c'est plus compliqué parce que les États sont là, malgré tout, ils sont souverains, mais quand on peut, on encourage évidemment les responsables locaux à intervenir à nos côtés pour avancer sur ces projets de conservation.

  • Speaker #2

    Et donc, assez rapidement, pour mobiliser d'autres parcs zoologiques sur ces idées-là, tu as organisé les forums de la conservation à Angers. Ça a été un peu le chemin, au départ, qui a mis tout le monde dans le même bateau ?

  • Speaker #0

    Oui, en fait, moi, j'étais tellement bouleversé, je crois que c'est le terme, par les rencontres que j'ai faites et par la personnalité des gens que j'ai rencontrés un peu partout, que j'ai eu envie de les présenter. Parce que si ça faisait de l'effet à moi, il n'y a pas de raison que ça ne fasse pas de l'effet à mes collègues. Et donc, j'ai organisé un premier forum à Angers en 2002, on ne savait pas trop on ne savait pas quel accueil on allait avoir et puis ça a bien accroché. Il y a des gens qui m'en parlent encore, on soutient des amis au Brésil en particulier pour les aras hyacinthe ou pour les tapirs qui me disent encore "mais c'était formidable ce que tu avais imaginé à l'époque et c'est vraiment grâce à toi, on a l'impression que c'est grâce à toi que ces choses là se sont mises en place". Donc on a eu la possibilité de le faire trois fois de suite à deux ans d'intervalle 2002, 2004 et 2006, l'année 2006 ayant été consacré seulement au projet sud-américain. Et on a fait venir à Angers des responsables de projets de conservation, le spécialiste de la protection des condors, des ours à lunettes et des directeurs de zoos sud-américains qui n'avaient jamais entendu parler d'eux. Ils se sont rencontrés à Angers. Donc ça, c'était vraiment une grande satisfaction.

  • Speaker #2

    Et toute cette mise en relation des uns et des autres, des projets de conservation, des parcs zoologiques, de sauver des animaux, c'est ce qui a animé tout le reste de ta vie au sein du parc ?

  • Speaker #0

    Oui, moi je suis un homme de rencontres et de réseaux.

  • Speaker #1

    Avant Facebook d'ailleurs.

  • Speaker #0

    oui, oui.

  • Speaker #2

    Tu aurais pu l'inventer d'ailleurs.

  • Speaker #1

    Tu l'as lancé.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai. Avant Facebook, mais j'ai toujours aimé ça. Et en fait, j'allais dire que c'est de la générosité, ce n'est pas de la générosité, c'est simplement du bon sens. Il y a quelqu'un là-bas qui s'intéresse au condor, il y en a un autre aussi dans un autre pays, même si c'est pas en Amérique du Sud, il faut absolument les mettre en contact pour que la synergie se mette en place et que ça fonctionne. Et je suis, alors François vient de parler de Facebook, mais je suis des heures entières tous les jours sur mon téléphone, plutôt sur WhatsApp d'ailleurs, à discuter avec des copains en Argentine, au Pérou, en Indonésie, en Afrique, à Madagascar, et en essayant d'arranger les choses. Il n'y a pas longtemps, il y a eu un énorme projet de parc éolien en Argentine, et le copain qui gère le projet là-bas tout de suite m'a dit "Tu peux nous aider, je suis sûr avec toi on va y arriver". Donc je l'ai mis en contact avec un Espagnol que je connais qui travaille sur l'opportunité du développement des parcs éoliens dans des zones qui sont naturellesnes, et il leur a donné un coup de main pour construire un dossier béton à opposer au gouvernement local là-bas et ça a marché. En fait, le parc éolien ne se fera pas à l'endroit où il était prévu, à l'endroit où des condors sont relâchés depuis près de 20 ans.

  • Speaker #2

    On voit que ça ne tient pas à grand-chose finalement.

  • Speaker #0

    Non, ça ne tient vraiment à grand-chose, vraiment à la volonté. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'on ne peut pas baisser les bras. Il faut être attentif en permanence parce que les dangers sont permanents. Et donc, il faut se motiver. Enfin, je n'ai pas besoin de me motiver, je le suis. Mais vraiment, il faut être là. En fait, le développement durable, on entend ça partout depuis 15 ans, 20 ans, j'en sais rien. En fait, le vrai mot dans le développement durable, c'est durable. Le soutien, il faut qu'il soit durable. Le vrai problème avec tous ces projets de développement, que l'Europe ou d'autres pays d'ailleurs financent un peu partout dans le monde, c'est que ce n'est pas durable. Ça dure trois ans. Le projet girafes aux Niger, on ne l'a pas inventé. Il avait été créé par l'Europe. Il a été imaginé par une scientifique pour l'Europe. Et puis, il a été mis en place. Et puis, au bout de six mois, tout s'est cassé de la figure parce qu'il n'y avait plus de sous. Et puis, du coup, tout le monde fout le camp quand il n'y a pas d'argent. Nous, on a cette chance d'avoir une entreprise qui a été capable d'assumer ça. Depuis, on a une fondation et on essaie, on essaie d'être présent. Quand j'ai la chance, j'espère avoir la chance de retourner au Niger assez vite, ou que ce soit à Madagascar ou Pérou, c'est un bonheur pour moi d'être accueilli par des gens que je connais depuis 20 ans et qui savent qu'ils peuvent compter sur moi et c'est important et c'est la clé du succès aussi.

  • Speaker #1

    Et papa et ta qualité aussi c'est que tu fais confiance aux Hommes -oui, bah oui, je sais bien- et c'est pour ça que ça marche c'est parce que comme tu le disais on n'envoie pas des expatriés dans ces pays qui ne sont pas les nôtres. Donc tu as d'abord rencontré des gens sur place qui t'ont touché, ils t'ont ému, et que tu as senti inspirés. Et tu leur as fait confiance, tu as apporté des connaissances, de l'argent quand il le fallait, et ça a marché. Ca a pris, et ces gens sont devenus des frères depuis. Et donc sans la confiance, on ne fait pas grand-chose. Et la conservation aujourd'hui, c'est vraiment l'histoire de réseau, d'association, de compétences, de talents, de tout milieu, de toute origine. Et encore une fois, on peut vraiment faire le parallèle avec la biodiversité. C'est vraiment cette diversité qui est la clé de la réussite dans notre métier et dans de nombreux domaines.

  • Speaker #2

    François, justement depuis que ton père s'est investi corps et âme et biens, dans ses projets -mon père ce héros- t'as tout de suite compris pourquoi il faisait ça, pourquoi il dédiait sa vie à sauver la planète ?

  • Speaker #1

    Oui, parce que je suis né dedans, j'ai eu la chance de vivre mon enfance dans le Bioparc et de l'entendre rendre compte, après ces voyages, avec des récits qui sont en effet bouleversants. Donc c'est devenu de toute façon un moteur extrêmement puissant. Et je n'imagine pas mon père arrêter ces actions qui enrichissent au quotidien le Bioparc et qui nous passionnent tous, qui nous font grandir et qui nous font avancer. Tu le sais, t'inspires depuis des années toute l'équipe et c'est ce qui nous permet de faire des belles choses aussi ici à Doué-la-Fontaine pour offrir ces beaux espaces de vie aux animaux et procurer du plaisir à nos visiteurs.

  • Speaker #2

    Malgré tous les combats qui restent à mener, on ne peut jamais relâcher la pression et il faut toujours être sur le qui-vive. Qu'est-ce qui vous anime l'un et l'autre encore aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    On a l'impression de vivre une aventure incroyable, j'ai vraiment cette impression. Je m'aperçois que j'ai beaucoup voyagé, j'espère que je voyagerai encore un peu, mais je ne fais pas de tourisme. En fait ma seule idée c'est de rencontrer des gens que je connais déjà donc c'est vraiment l'inverse du tourisme, et de voir des paysages que je connais déjà. Mais savoir que'on peut avoir une influence avec un peu d'argent, beaucoup de volonté beaucoup, de passion dans un pays éloigné sur la survie d'une espèce, c'est quand même formidable. Et puis aussi, la survie d'une espèce et aussi le bien-être d'une communauté. Ça, c'est incroyable. Ça fait vraiment très plaisir. C'est enrichissant, évidemment.

  • Speaker #1

    En fait, les résultats ont été rapides et ils sont très fructueux. Donc, comme tu dis, avec peu d'argent, on aide les populations humaines à mieux vivre, on sauve des espèces et c'est la plus belle des récompenses. Donc le moteur il est là en fait, forcément.

  • Speaker #2

    Et bien pour conclure, moi j'aimerais vous dire merci de la part de ceux qui ne peuvent pas le faire. Donc merci pour les girafes, les ours à lunettes, les varis roux, les vautours, les condors, les loutres géantes, les panthères des neiges, les ibis chauves, le aras, les tortues de toutes sortes, les atèles, les gibbons, les okapis, les zèbres, les tigres de Sumatra que vous avez sauvés ; ainsi que tous les humains qui vivent à leur côté avec qui vous les avez réconciliés.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Aurélie, c'est très gentil.

  • Speaker #1

    Merci, Aurélie.

  • Speaker #2

    Voilà, c'est la fin de cet épisode. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous s'il vous a plu et pour en savoir plus sur le Bioparc, rendez-vous sur www.bioparc-zoo.fr

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