Les femmes et le phallus (Podcast n° 31) cover
Les femmes et le phallus (Podcast n° 31) cover
Une psychanalyse à fleur d'inconscient

Les femmes et le phallus (Podcast n° 31)

Les femmes et le phallus (Podcast n° 31)

09min |30/08/2023|

709

Play
Les femmes et le phallus (Podcast n° 31) cover
Les femmes et le phallus (Podcast n° 31) cover
Une psychanalyse à fleur d'inconscient

Les femmes et le phallus (Podcast n° 31)

Les femmes et le phallus (Podcast n° 31)

09min |30/08/2023|

709

Play

Description



Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, célébrée par Rabelais,  qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprêtait à partir en escarmouche.   


Certes depuis mai 68, la libération des mœurs et la découverte de moyens de contraception efficaces ont modifié les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiés et surtout améliorés ? 

Aussi l'évocation de l'éthique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle être, dans notre approche,  de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de séduction non pas à l'organe masculin en tant que tel, mais à son symbole,  celui qui était célébré au temps des divins mystères, sous la forme d'un phallus érigé, ce phallus sous l'égide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangés, d'un côté ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intérêt commun. 

En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et  lui enjoignit  de les couvrir d'un lourd casque de combat.  

Rabelais accompagne la morale de l'histoire,  de ces vers : 

« Celle qui vit son mari tout armé.

Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

Armez cela, qui est le plus aimé. »

Quoi ! tel conseil doit-il être blâmé ?

Je dis que non, car sa peur la plus grande

De perdre était, le voyant animé,

Le bon morceau dont elle était friande. »    



Aussi avec cette supplique de la dame  nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité  selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.   

Ce récit  de Rabelais m'a aussi fait penser à  un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, à Genève,  qui avait pour titre le symptôme où il y évoquait ce qu'il en est de la prédominance phallique dont se plaignent beaucoup les féministes pour y souligner que, selon lui,  ce sont les femmes qui  y trouvent les plus grands avantages.  

« Moi, je serais assez porté à croire, affirmait-il,  que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».  

C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à  propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme,  toutes les  représentations de la Vierge foulant au pied le serpent. 

On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied,  comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.  

Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus,  nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algèbre, a nommé l'objet petit a. 



J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la pièce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer. 



   



Description



Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, célébrée par Rabelais,  qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprêtait à partir en escarmouche.   


Certes depuis mai 68, la libération des mœurs et la découverte de moyens de contraception efficaces ont modifié les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiés et surtout améliorés ? 

Aussi l'évocation de l'éthique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle être, dans notre approche,  de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de séduction non pas à l'organe masculin en tant que tel, mais à son symbole,  celui qui était célébré au temps des divins mystères, sous la forme d'un phallus érigé, ce phallus sous l'égide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangés, d'un côté ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intérêt commun. 

En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et  lui enjoignit  de les couvrir d'un lourd casque de combat.  

Rabelais accompagne la morale de l'histoire,  de ces vers : 

« Celle qui vit son mari tout armé.

Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

Armez cela, qui est le plus aimé. »

Quoi ! tel conseil doit-il être blâmé ?

Je dis que non, car sa peur la plus grande

De perdre était, le voyant animé,

Le bon morceau dont elle était friande. »    



Aussi avec cette supplique de la dame  nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité  selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.   

Ce récit  de Rabelais m'a aussi fait penser à  un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, à Genève,  qui avait pour titre le symptôme où il y évoquait ce qu'il en est de la prédominance phallique dont se plaignent beaucoup les féministes pour y souligner que, selon lui,  ce sont les femmes qui  y trouvent les plus grands avantages.  

« Moi, je serais assez porté à croire, affirmait-il,  que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».  

C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à  propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme,  toutes les  représentations de la Vierge foulant au pied le serpent. 

On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied,  comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.  

Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus,  nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algèbre, a nommé l'objet petit a. 



J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la pièce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer. 



   



Share

Embed

You may also like

Description



Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, célébrée par Rabelais,  qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprêtait à partir en escarmouche.   


Certes depuis mai 68, la libération des mœurs et la découverte de moyens de contraception efficaces ont modifié les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiés et surtout améliorés ? 

Aussi l'évocation de l'éthique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle être, dans notre approche,  de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de séduction non pas à l'organe masculin en tant que tel, mais à son symbole,  celui qui était célébré au temps des divins mystères, sous la forme d'un phallus érigé, ce phallus sous l'égide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangés, d'un côté ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intérêt commun. 

En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et  lui enjoignit  de les couvrir d'un lourd casque de combat.  

Rabelais accompagne la morale de l'histoire,  de ces vers : 

« Celle qui vit son mari tout armé.

Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

Armez cela, qui est le plus aimé. »

Quoi ! tel conseil doit-il être blâmé ?

Je dis que non, car sa peur la plus grande

De perdre était, le voyant animé,

Le bon morceau dont elle était friande. »    



Aussi avec cette supplique de la dame  nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité  selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.   

Ce récit  de Rabelais m'a aussi fait penser à  un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, à Genève,  qui avait pour titre le symptôme où il y évoquait ce qu'il en est de la prédominance phallique dont se plaignent beaucoup les féministes pour y souligner que, selon lui,  ce sont les femmes qui  y trouvent les plus grands avantages.  

« Moi, je serais assez porté à croire, affirmait-il,  que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».  

C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à  propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme,  toutes les  représentations de la Vierge foulant au pied le serpent. 

On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied,  comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.  

Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus,  nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algèbre, a nommé l'objet petit a. 



J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la pièce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer. 



   



Description



Aujourd'hui je voudrais vous parler d'une gente dame, célébrée par Rabelais,  qui prenait grand soin des attributs virils de son mari alors qu'il s'apprêtait à partir en escarmouche.   


Certes depuis mai 68, la libération des mœurs et la découverte de moyens de contraception efficaces ont modifié les rapports entre les hommes et les femmes, tout au moins dans nos pays, mais les ont-ils pour autant simplifiés et surtout améliorés ? 

Aussi l'évocation de l'éthique rabelaisienne qui place le souverain Bien au niveau des braies et des braguettes peut-elle être, dans notre approche,  de quelques secours pour redonner son poids et ses pouvoirs de séduction non pas à l'organe masculin en tant que tel, mais à son symbole,  celui qui était célébré au temps des divins mystères, sous la forme d'un phallus érigé, ce phallus sous l'égide duquel, les femmes et les hommes se trouvent ainsi rangés, d'un côté ou de l'autre. Ce phallus en devient ainsi un objet d'intérêt commun. 

En témoigne cette gente dame rabelaisienne, l'épouse du dit seigneur de Melville, qui voyant son mari tout armé partir en guerre avec son Roi, se préoccupait fort de ses parties intimes mal protégées selon elle et  lui enjoignit  de les couvrir d'un lourd casque de combat.  

Rabelais accompagne la morale de l'histoire,  de ces vers : 

« Celle qui vit son mari tout armé.

Fors la braguette, aller à l’escarmouche,

Lui dit : « Ami, de peur qu’on ne vous touche,

Armez cela, qui est le plus aimé. »

Quoi ! tel conseil doit-il être blâmé ?

Je dis que non, car sa peur la plus grande

De perdre était, le voyant animé,

Le bon morceau dont elle était friande. »    



Aussi avec cette supplique de la dame  nous pouvons relire par exemple l'approche freudienne de la féminité  selon laquelle il faudrait qu'une femme réussisse à étendre son amour de l'organe au porteur de celui-ci.   

Ce récit  de Rabelais m'a aussi fait penser à  un fragment d'une des plus tardives interventions de Lacan, à Genève,  qui avait pour titre le symptôme où il y évoquait ce qu'il en est de la prédominance phallique dont se plaignent beaucoup les féministes pour y souligner que, selon lui,  ce sont les femmes qui  y trouvent les plus grands avantages.  

« Moi, je serais assez porté à croire, affirmait-il,  que, contrairement à ce qui choque beaucoup de monde, c’est plutôt les femmes qui ont inventé le langage. D’ailleurs, la Genèse le laisse entendre. Avec le serpent, elles parlent – c’est-à-dire avec le phallus . Quoique ce soit l’un de mes rêves, on peut tout de même se poser la question – comment est-ce qu’une femme a inventé ça ? On peut dire qu’elle y a intérêt. Contrairement à ce qu’on croit, le phallocentrisme est la meilleure garantie de la femme. Il ne s’agit que de ça ». La Vierge Marie avec son pied sur la tête du serpent, cela veut dire qu’elle s’en soutient ».  

C'est merveilleux je trouve que Lacan évoque à  propos de ce phallocentrisme définie comme la meilleure garantie de la femme,  toutes les  représentations de la Vierge foulant au pied le serpent. 

On peut en effet considérer qu'en le foulant ainsi au pied,  comme le Petit-Hans avec sa girafe chiffonnée, elle en fait un signifiant.  

Dans cette anecdote racontée par Rabelais, outre l'importance de cette question du phallus,  nous pouvons aussi retrouver avec ce bon morceau dont elle était friande, par ce glissement de l'objet viril à l'objet oral, cet objet primordial, le sein. La friandise, la gourmandise décrivent ces plaisirs de la bouche. Ainsi est évoqué ce que Lacan, dans son algèbre, a nommé l'objet petit a. 



J'ai emprunté ce récit au Tiers livre des faits et dits du bon Pantagruel dans le chapitre « Comment la braguette est la pièce principale de l'armure pour les hommes de guerre. C'est en effet un chapitre plein d'enseignement, comme j'ai essayé de le démontrer. 



   



Share

Embed

You may also like