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Ville Solidaire, Ville Durable - Le podcast de la Fondation des solidarités urbaines

E10 – “L’assise inclusive” : Goli Moussavi nous parle de mobilier urbain au service de tous les habitants

E10 – “L’assise inclusive” : Goli Moussavi nous parle de mobilier urbain au service de tous les habitants

12min |02/10/2024
Play
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12min |02/10/2024
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Description

Pour ce nouvel épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu le micro à Goli Moussavi, directrice Zone Nord (Île-de-France et Hauts-de-France) de l’association La Cloche. 

L’association, qui lutte contre la grande exclusion en favorisant la création de lien social de proximité entre les personnes avec et sans domicile, a mené une expérimentation autour de la notion d’”Assise inclusive” dans l’espace public. 

Ce projet, soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, a permis de faire appel aux habitants du quartier Saint Ambroise à Paris (11e arrondissement), pour diagnostiquer les besoins puis imaginer et modéliser un mobilier urbain plus inclusif, confortable et accueillant. Mené en partenariat avec le studio d’architecture sociale Studaré et l’association Des cris des villes, ce projet collaboratif n’a laissé personne de côté – enfants, personnes âgées, personnes avec et sans domicile – afin de donner la parole et la capacité à agir aux usagers, et notamment ceux qui sont le plus ciblés par le mobilier dit “défensif”, conçu pour être inhospitalier et excluant. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Goli Moussavi. Elle est directrice de l'association La Cloche pour la zone nord, c'est-à-dire l'île de France et les Hauts-de-France, donc de Paris à Lille. La Cloche, c'est une association qui travaille avec les personnes sans domicile et à leur inclusion dans la cité, dans la ville. Bonjour Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Bonjour.

  • Frédéric Vuillod

    Vous avez lancé en 2021 à Paris, dans le 11e arrondissement, un projet qui consistait à imaginer un nouveau mobilier urbain, plus inclusif avec les habitants. Et ce projet s'appelait l'Assise. inclusive. Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous l'avez lancée et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Goli Moussavi

    Oui, tout à fait. Merci de m'accueillir. On se retrouve en fait en 2021, sorti du confinement, sorti du Covid. Et c'est Célia qui est architecte pour Studaré qui vient nous voir, nous l'association La Cloche, pour discuter un peu de ces questions de mobilier urbain, mobilier défensif, mais aussi de mobilier inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    On parle de quoi ? On parle des bancs ? On parle des sièges, on parle des arrêts de bus, on parle de quoi précisément en termes de mobilier urbain ?

  • Goli Moussavi

    On parle d'à peu près tout ce qui permet de s'asseoir en ville, de se poser, de se reposer. Mais on ne parle pas que de ce qui existe, on parle aussi de ce qui est retiré. Et elle vient nous voir avec cette question-là et ce projet d'inclure les personnes qui sont concernées par ces assises dans la ville. Donc nous, Association La Cloche, on travaille en effet avec les personnes sans domicile, et donc des personnes qui en fait occupent la ville, mais... que parfois on voudrait ne pas trop les voir occuper la ville.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on s'en doute un peu, mais dites-le nous clairement, quel est le problème ?

  • Goli Moussavi

    Le problème, c'est de voir de plus en plus de mobiliers qu'on a dit défensifs, on peut aussi dire de mobiliers excluants, ou de mobiliers qu'on appelle aussi parfois mobiliers anti-SDF. Mais on parle aussi du fait de retirer des assises en ville, de retirer des bancs dans certains endroits.

  • Frédéric Vuillod

    Pourquoi ces bancs sont retirés ?

  • Goli Moussavi

    C'est une bonne question. Je ne sais pas si on pose la question aux personnes concernées. En tout cas, dans certains quartiers, ça doit arriver parce que ça gêne certains riverains peut-être ou qu'il y a des plaintes. On a voulu lutter contre ça.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, quel est le besoin réel des personnes sans domicile ?

  • Goli Moussavi

    C'est de s'asseoir, de se poser, de se reposer, d'avoir un endroit en tout cas où elles peuvent pendant la journée s'installer. Ça a été une question aussi après le Covid, notamment parce qu'on a vu de plus en plus cette nécessité d'occuper la ville. On n'avait plus vraiment beaucoup de restrictions, par exemple de se poser en intérieur avec un nombre de personnes, respecter un peu ses règles sanitaires et du coup on a vu quand même de plus en plus de personnes s'installer dehors, des terrasses de café qui ont grandi, enfin voilà il y avait cette question de l'assise en ville et on voit que dans certaines villes et certains quartiers, il en manque énormément.

  • Frédéric Vuillod

    Et donc vous, votre objectif c'était quoi ? C'était d'en faire réinstaller davantage ? C'était d'éviter qu'il en disparaisse ?

  • Goli Moussavi

    Notre objectif initial c'était... était de peut-être déjà pointer un peu du doigt cette problématique-là et de mener un travail en impliquant plusieurs publics différents et des publics qui sont concernés. On parle de personnes sans domicile, mais on parle aussi de personnes âgées qui font leur course, par exemple, et qui, en fait, ont besoin de se poser un moment dans leur trajet. On parle de jeunes, d'enfants qui n'ont pas forcément des bancs ou des assises qui sont à leur taille. Et l'idée était vraiment de... de mobiliser et en même temps demander aux personnes concernées, et donc de mener ce travail-là avec elles.

  • Frédéric Vuillod

    Alors comment avez-vous travaillé ? Vous avez lancé une expérimentation. Comment ça s'est passé ? Quelles ont été les différentes étapes menées sur le terrain ?

  • Goli Moussavi

    J'ai parlé de Célia qui a été architecte pour Sudaré, donc un cabinet d'architecture. On a aussi mené ce projet avec une association d'éducation populaire qui s'appelle Décris des villes. Et dans les phases du projet, il y a eu une première étape qui était tout ce qui était autour du diagnostic et d'observation. Donc, impliquer des personnes concernées et des structures notamment, pour mener ce travail d'observation. Donc d'aller dans la rue directement, de les mobiliser sur cette absence de mobilier, ou justement, non, cette présence, quel genre de mobilier. Donc ça, ça a été un peu cette première étape-là, de demander, enfin de faire passer aussi des questionnaires directement dans le quartier pour les personnes concernées, donc des riverains, personnes avec et sans domicile, personnes âgées, jeunes, des commerçants. aussi, essayer d'avoir un maximum d'informations. Il y a eu une seconde étape qui était de l'ordre de la conception. Et donc là, à partir des observations qu'on a pu faire, on essaye d'imaginer. Comment est-ce qu'on imagine ce mobilier qu'on appelle inclusif ? Et en fait, on voit bien que chacune des structures et chacun des publics va l'imaginer différemment. C'est quoi les caractéristiques dont on a besoin ? Donc il y en a qui ont besoin de la coudoir, par exemple. En fait, c'est important d'avoir la coudoir. Ou des personnes qui ont tout de suite relevé le fait qu'il fallait qu'on ait un abri.

  • Frédéric Vuillod

    S'abriter de la pluie, mais peut-être aussi du soleil.

  • Goli Moussavi

    Exactement. Il y a eu par exemple des idées aussi de mettre des rangements dans ces mobiliers, des enfants qui voulaient mettre leur cartable dedans. Donc il y a eu plein d'idées qui sont sorties comme ça. De l'ordre de la conception, on a utilisé un peu des outils autour de l'utopie. Comment est-ce qu'on imagine le mobilier idéal ? Comment est-ce qu'on imagine aussi le mobilier à l'inverse pas du tout idéal pour justement trouver ce qui est idéal derrière ?

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que ça va jusqu'à l'accès à une borne de rechargement de téléphone portable, l'accès à un point d'eau potable ?

  • Goli Moussavi

    Alors oui, bien sûr, il y a eu toutes ces idées-là. Après, à la construction, on a aussi fait ce qui était faisable et ce qui était facile à gérer derrière. Parce qu'on a mené ce projet à trois structures. Et en fait, on l'a fait avec un centre d'hébergement pour des personnes âgées qui sont atteintes de maladies dégénératrices. On l'a fait avec des écoles. Et autour de cette question de ce mobilier, il y avait aussi la gestion du mobilier. Qu'est-ce qui se passe après une fois qu'il est fait, qu'il s'en occupe ? Et il faut aussi que ce soit réalisable. Cette dernière phase a été la construction de ces mobiliers. Il y a eu 4 à 6 qui ont été construites, 3 dans le 11e arrondissement et une dans le 20e arrondissement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors votre projet, vous l'avez dit, il repose sur l'implication très étroite des usagers à la conception de ces mobiliers urbains. Les personnes sans domicile, les personnes âgées, les personnes malades. On imagine aussi quelqu'un qui a une jambe dans le plâtre. Vous avez parlé des enfants. Comment est-ce que vous avez fait pour avancer en collaboration avec les participants ?

  • Goli Moussavi

    Je pense que ce qui était important, c'était le fait qu'on soit aussi ces trois structures avec clairement des particularités différentes et des compétences très différentes. On formait un peu un trio de structures avec nos spécificités, nos spécialités. Et ça a été pour moi, je pense, les outils qu'on a utilisés. Donc, il y avait, en fait, les ateliers étaient ludiques, mais ludiques aussi adaptés aux personnes. Par exemple, avec les enfants, on a fait des ateliers autour de la photographie, aller photographier ce qu'il y a dans la ville. En fait, on a aussi fait ça avec, d'ailleurs, le centre d'hébergement. L'idée, c'était aussi d'être présent très fréquemment pour la continuité du projet et pour mobiliser les personnes. Donc, il y a beaucoup sur les outils qu'on a pu utiliser, qui étaient aussi adaptés. Et selon moi, ça a été aussi l'implication des personnes qui travaillaient au sein des structures. Des travailleurs sociaux, par exemple, ou des professeurs qui travaillaient avec nous, qui sont aussi impliqués et qui nous ont aidés à impliquer les publics.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, au bout du compte, qu'est-ce que vous retenez de ce travail collaboratif et inclusif ? Quels sont les résultats de tout ce travail fait en amont ?

  • Goli Moussavi

    Les résultats, c'est déjà très concrètement 4 à 6. Gérer, c'est aussi la suite du projet. La partie construction qui continue avec nos collègues, nous ça a été aussi un moyen de lancer une campagne de sensibilisation sur le mobilier urbain excluant. On a lancé en partenariat avec la fondation Abbé Pierre. On a fait plusieurs séries d'ateliers et un shooting photo avec nos bénévoles sur du mobilier excluant. Ils font du sport sur le mobilier parce que c'était lié un peu au sujet des JO. Et du coup, c'est aussi ça qui est sorti, c'est cet aspect un peu de sensibilisation qu'on continue à apporter, nous, avec l'association La Cloche.

  • Frédéric Vuillod

    Il doit y avoir pas mal de moments forts dans une expérience comme celle-là. Est-ce que vous avez des exemples, des anecdotes, des témoignages que vous auriez envie de partager avec nous ?

  • Goli Moussavi

    Oui, c'est vrai que c'est assez fort ce qu'on peut entendre. Je retiens ça des ateliers qu'on a pu mener, en fait, et du coup, des témoignages qu'on a pu écouter et entendre. Et il y avait aussi bien... Pour, par exemple, les personnes dans le centre d'hébergement de Jaurance, donc personnes sans domicile, à qui on n'a jamais vraiment demandé leur avis pour ces questions-là, qui étaient quand même assez surprises qu'on leur demande leur avis. Enfin, non seulement on demande un avis, mais en plus, derrière, il y a un résultat. Il y a une vraie assise qui est construite. Et l'autre, c'est moi, je me rappelle aussi avec les enfants, quand on les sensibilisait un peu aussi sur ces questions de sans-abrisme et qui était un peu la naïveté de la jeunesse qui est... Mais moi, en fait, j'ai un peu honte de cette ville qui exclue. C'était des témoignages un peu de ce genre de surpris, des enfants surpris par le fait qu'on puisse installer des mobiliers comme ça pour empêcher les gens de se reposer. Et qui étaient en fait complètement déboussolés par ça.

  • Frédéric Vuillod

    Surpris par la dureté du monde. Est-ce que votre projet est réplicable par d'autres acteurs, Goli Moussavi ? Et si oui, quels conseils vous leur donneriez ?

  • Goli Moussavi

    C'est un projet, oui, je pense, qui est réplicable. Et en fait, on a même édité des fanzines sur chacune des étapes de projet. Il y a eu trois grandes étapes, donc trois fanzines, qui vont vraiment, justement, décortiquer un peu toutes ces étapes et tout ce qu'on a fait. Donc, le conseil, c'est d'aller découvrir aussi ces fanzines, qui sont d'ailleurs accessibles sur le site de lacloche.org. Je pense que c'est essayer d'utiliser un maximum les outils qui... permettre cette réflexion collective dans un premier temps. Et ensuite, il faut aussi savoir construire du mobilier, ce qui n'est pas mon cas. Donc, s'entourer un peu des personnes qui ont cette compétence-là aussi.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors aujourd'hui, quelles sont les suites que vous allez donner à ce projet ou que vous avez peut-être déjà commencé à lui donner ?

  • Goli Moussavi

    Nous, on organise avec l'association La Cloche une conférence de presse déambulatoire justement autour de ces questions du mobilier urbain excluant. pour un peu mettre ça au goût du jour et ressortir cette campagne qu'on a aussi pu faire grâce à cette expérimentation. Derrière, il y a aussi des revendications portées par nos bénévoles sur le fait de ne plus installer ce genre de mobilier, mais aussi en faire retirer quand c'est possible. Et à côté, le cabinet d'architecture Studaré et l'association d'écrit des villes continuent les ateliers avec les différentes... structures et des nouvelles structures ou des nouvelles écoles pour continuer cette démarche déjà de demander aux personnes concernées et en plus de construire du mobilier urbain inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup, Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des Solidarités Urbaines, fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

Description

Pour ce nouvel épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu le micro à Goli Moussavi, directrice Zone Nord (Île-de-France et Hauts-de-France) de l’association La Cloche. 

L’association, qui lutte contre la grande exclusion en favorisant la création de lien social de proximité entre les personnes avec et sans domicile, a mené une expérimentation autour de la notion d’”Assise inclusive” dans l’espace public. 

Ce projet, soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, a permis de faire appel aux habitants du quartier Saint Ambroise à Paris (11e arrondissement), pour diagnostiquer les besoins puis imaginer et modéliser un mobilier urbain plus inclusif, confortable et accueillant. Mené en partenariat avec le studio d’architecture sociale Studaré et l’association Des cris des villes, ce projet collaboratif n’a laissé personne de côté – enfants, personnes âgées, personnes avec et sans domicile – afin de donner la parole et la capacité à agir aux usagers, et notamment ceux qui sont le plus ciblés par le mobilier dit “défensif”, conçu pour être inhospitalier et excluant. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Goli Moussavi. Elle est directrice de l'association La Cloche pour la zone nord, c'est-à-dire l'île de France et les Hauts-de-France, donc de Paris à Lille. La Cloche, c'est une association qui travaille avec les personnes sans domicile et à leur inclusion dans la cité, dans la ville. Bonjour Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Bonjour.

  • Frédéric Vuillod

    Vous avez lancé en 2021 à Paris, dans le 11e arrondissement, un projet qui consistait à imaginer un nouveau mobilier urbain, plus inclusif avec les habitants. Et ce projet s'appelait l'Assise. inclusive. Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous l'avez lancée et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Goli Moussavi

    Oui, tout à fait. Merci de m'accueillir. On se retrouve en fait en 2021, sorti du confinement, sorti du Covid. Et c'est Célia qui est architecte pour Studaré qui vient nous voir, nous l'association La Cloche, pour discuter un peu de ces questions de mobilier urbain, mobilier défensif, mais aussi de mobilier inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    On parle de quoi ? On parle des bancs ? On parle des sièges, on parle des arrêts de bus, on parle de quoi précisément en termes de mobilier urbain ?

  • Goli Moussavi

    On parle d'à peu près tout ce qui permet de s'asseoir en ville, de se poser, de se reposer. Mais on ne parle pas que de ce qui existe, on parle aussi de ce qui est retiré. Et elle vient nous voir avec cette question-là et ce projet d'inclure les personnes qui sont concernées par ces assises dans la ville. Donc nous, Association La Cloche, on travaille en effet avec les personnes sans domicile, et donc des personnes qui en fait occupent la ville, mais... que parfois on voudrait ne pas trop les voir occuper la ville.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on s'en doute un peu, mais dites-le nous clairement, quel est le problème ?

  • Goli Moussavi

    Le problème, c'est de voir de plus en plus de mobiliers qu'on a dit défensifs, on peut aussi dire de mobiliers excluants, ou de mobiliers qu'on appelle aussi parfois mobiliers anti-SDF. Mais on parle aussi du fait de retirer des assises en ville, de retirer des bancs dans certains endroits.

  • Frédéric Vuillod

    Pourquoi ces bancs sont retirés ?

  • Goli Moussavi

    C'est une bonne question. Je ne sais pas si on pose la question aux personnes concernées. En tout cas, dans certains quartiers, ça doit arriver parce que ça gêne certains riverains peut-être ou qu'il y a des plaintes. On a voulu lutter contre ça.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, quel est le besoin réel des personnes sans domicile ?

  • Goli Moussavi

    C'est de s'asseoir, de se poser, de se reposer, d'avoir un endroit en tout cas où elles peuvent pendant la journée s'installer. Ça a été une question aussi après le Covid, notamment parce qu'on a vu de plus en plus cette nécessité d'occuper la ville. On n'avait plus vraiment beaucoup de restrictions, par exemple de se poser en intérieur avec un nombre de personnes, respecter un peu ses règles sanitaires et du coup on a vu quand même de plus en plus de personnes s'installer dehors, des terrasses de café qui ont grandi, enfin voilà il y avait cette question de l'assise en ville et on voit que dans certaines villes et certains quartiers, il en manque énormément.

  • Frédéric Vuillod

    Et donc vous, votre objectif c'était quoi ? C'était d'en faire réinstaller davantage ? C'était d'éviter qu'il en disparaisse ?

  • Goli Moussavi

    Notre objectif initial c'était... était de peut-être déjà pointer un peu du doigt cette problématique-là et de mener un travail en impliquant plusieurs publics différents et des publics qui sont concernés. On parle de personnes sans domicile, mais on parle aussi de personnes âgées qui font leur course, par exemple, et qui, en fait, ont besoin de se poser un moment dans leur trajet. On parle de jeunes, d'enfants qui n'ont pas forcément des bancs ou des assises qui sont à leur taille. Et l'idée était vraiment de... de mobiliser et en même temps demander aux personnes concernées, et donc de mener ce travail-là avec elles.

  • Frédéric Vuillod

    Alors comment avez-vous travaillé ? Vous avez lancé une expérimentation. Comment ça s'est passé ? Quelles ont été les différentes étapes menées sur le terrain ?

  • Goli Moussavi

    J'ai parlé de Célia qui a été architecte pour Sudaré, donc un cabinet d'architecture. On a aussi mené ce projet avec une association d'éducation populaire qui s'appelle Décris des villes. Et dans les phases du projet, il y a eu une première étape qui était tout ce qui était autour du diagnostic et d'observation. Donc, impliquer des personnes concernées et des structures notamment, pour mener ce travail d'observation. Donc d'aller dans la rue directement, de les mobiliser sur cette absence de mobilier, ou justement, non, cette présence, quel genre de mobilier. Donc ça, ça a été un peu cette première étape-là, de demander, enfin de faire passer aussi des questionnaires directement dans le quartier pour les personnes concernées, donc des riverains, personnes avec et sans domicile, personnes âgées, jeunes, des commerçants. aussi, essayer d'avoir un maximum d'informations. Il y a eu une seconde étape qui était de l'ordre de la conception. Et donc là, à partir des observations qu'on a pu faire, on essaye d'imaginer. Comment est-ce qu'on imagine ce mobilier qu'on appelle inclusif ? Et en fait, on voit bien que chacune des structures et chacun des publics va l'imaginer différemment. C'est quoi les caractéristiques dont on a besoin ? Donc il y en a qui ont besoin de la coudoir, par exemple. En fait, c'est important d'avoir la coudoir. Ou des personnes qui ont tout de suite relevé le fait qu'il fallait qu'on ait un abri.

  • Frédéric Vuillod

    S'abriter de la pluie, mais peut-être aussi du soleil.

  • Goli Moussavi

    Exactement. Il y a eu par exemple des idées aussi de mettre des rangements dans ces mobiliers, des enfants qui voulaient mettre leur cartable dedans. Donc il y a eu plein d'idées qui sont sorties comme ça. De l'ordre de la conception, on a utilisé un peu des outils autour de l'utopie. Comment est-ce qu'on imagine le mobilier idéal ? Comment est-ce qu'on imagine aussi le mobilier à l'inverse pas du tout idéal pour justement trouver ce qui est idéal derrière ?

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que ça va jusqu'à l'accès à une borne de rechargement de téléphone portable, l'accès à un point d'eau potable ?

  • Goli Moussavi

    Alors oui, bien sûr, il y a eu toutes ces idées-là. Après, à la construction, on a aussi fait ce qui était faisable et ce qui était facile à gérer derrière. Parce qu'on a mené ce projet à trois structures. Et en fait, on l'a fait avec un centre d'hébergement pour des personnes âgées qui sont atteintes de maladies dégénératrices. On l'a fait avec des écoles. Et autour de cette question de ce mobilier, il y avait aussi la gestion du mobilier. Qu'est-ce qui se passe après une fois qu'il est fait, qu'il s'en occupe ? Et il faut aussi que ce soit réalisable. Cette dernière phase a été la construction de ces mobiliers. Il y a eu 4 à 6 qui ont été construites, 3 dans le 11e arrondissement et une dans le 20e arrondissement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors votre projet, vous l'avez dit, il repose sur l'implication très étroite des usagers à la conception de ces mobiliers urbains. Les personnes sans domicile, les personnes âgées, les personnes malades. On imagine aussi quelqu'un qui a une jambe dans le plâtre. Vous avez parlé des enfants. Comment est-ce que vous avez fait pour avancer en collaboration avec les participants ?

  • Goli Moussavi

    Je pense que ce qui était important, c'était le fait qu'on soit aussi ces trois structures avec clairement des particularités différentes et des compétences très différentes. On formait un peu un trio de structures avec nos spécificités, nos spécialités. Et ça a été pour moi, je pense, les outils qu'on a utilisés. Donc, il y avait, en fait, les ateliers étaient ludiques, mais ludiques aussi adaptés aux personnes. Par exemple, avec les enfants, on a fait des ateliers autour de la photographie, aller photographier ce qu'il y a dans la ville. En fait, on a aussi fait ça avec, d'ailleurs, le centre d'hébergement. L'idée, c'était aussi d'être présent très fréquemment pour la continuité du projet et pour mobiliser les personnes. Donc, il y a beaucoup sur les outils qu'on a pu utiliser, qui étaient aussi adaptés. Et selon moi, ça a été aussi l'implication des personnes qui travaillaient au sein des structures. Des travailleurs sociaux, par exemple, ou des professeurs qui travaillaient avec nous, qui sont aussi impliqués et qui nous ont aidés à impliquer les publics.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, au bout du compte, qu'est-ce que vous retenez de ce travail collaboratif et inclusif ? Quels sont les résultats de tout ce travail fait en amont ?

  • Goli Moussavi

    Les résultats, c'est déjà très concrètement 4 à 6. Gérer, c'est aussi la suite du projet. La partie construction qui continue avec nos collègues, nous ça a été aussi un moyen de lancer une campagne de sensibilisation sur le mobilier urbain excluant. On a lancé en partenariat avec la fondation Abbé Pierre. On a fait plusieurs séries d'ateliers et un shooting photo avec nos bénévoles sur du mobilier excluant. Ils font du sport sur le mobilier parce que c'était lié un peu au sujet des JO. Et du coup, c'est aussi ça qui est sorti, c'est cet aspect un peu de sensibilisation qu'on continue à apporter, nous, avec l'association La Cloche.

  • Frédéric Vuillod

    Il doit y avoir pas mal de moments forts dans une expérience comme celle-là. Est-ce que vous avez des exemples, des anecdotes, des témoignages que vous auriez envie de partager avec nous ?

  • Goli Moussavi

    Oui, c'est vrai que c'est assez fort ce qu'on peut entendre. Je retiens ça des ateliers qu'on a pu mener, en fait, et du coup, des témoignages qu'on a pu écouter et entendre. Et il y avait aussi bien... Pour, par exemple, les personnes dans le centre d'hébergement de Jaurance, donc personnes sans domicile, à qui on n'a jamais vraiment demandé leur avis pour ces questions-là, qui étaient quand même assez surprises qu'on leur demande leur avis. Enfin, non seulement on demande un avis, mais en plus, derrière, il y a un résultat. Il y a une vraie assise qui est construite. Et l'autre, c'est moi, je me rappelle aussi avec les enfants, quand on les sensibilisait un peu aussi sur ces questions de sans-abrisme et qui était un peu la naïveté de la jeunesse qui est... Mais moi, en fait, j'ai un peu honte de cette ville qui exclue. C'était des témoignages un peu de ce genre de surpris, des enfants surpris par le fait qu'on puisse installer des mobiliers comme ça pour empêcher les gens de se reposer. Et qui étaient en fait complètement déboussolés par ça.

  • Frédéric Vuillod

    Surpris par la dureté du monde. Est-ce que votre projet est réplicable par d'autres acteurs, Goli Moussavi ? Et si oui, quels conseils vous leur donneriez ?

  • Goli Moussavi

    C'est un projet, oui, je pense, qui est réplicable. Et en fait, on a même édité des fanzines sur chacune des étapes de projet. Il y a eu trois grandes étapes, donc trois fanzines, qui vont vraiment, justement, décortiquer un peu toutes ces étapes et tout ce qu'on a fait. Donc, le conseil, c'est d'aller découvrir aussi ces fanzines, qui sont d'ailleurs accessibles sur le site de lacloche.org. Je pense que c'est essayer d'utiliser un maximum les outils qui... permettre cette réflexion collective dans un premier temps. Et ensuite, il faut aussi savoir construire du mobilier, ce qui n'est pas mon cas. Donc, s'entourer un peu des personnes qui ont cette compétence-là aussi.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors aujourd'hui, quelles sont les suites que vous allez donner à ce projet ou que vous avez peut-être déjà commencé à lui donner ?

  • Goli Moussavi

    Nous, on organise avec l'association La Cloche une conférence de presse déambulatoire justement autour de ces questions du mobilier urbain excluant. pour un peu mettre ça au goût du jour et ressortir cette campagne qu'on a aussi pu faire grâce à cette expérimentation. Derrière, il y a aussi des revendications portées par nos bénévoles sur le fait de ne plus installer ce genre de mobilier, mais aussi en faire retirer quand c'est possible. Et à côté, le cabinet d'architecture Studaré et l'association d'écrit des villes continuent les ateliers avec les différentes... structures et des nouvelles structures ou des nouvelles écoles pour continuer cette démarche déjà de demander aux personnes concernées et en plus de construire du mobilier urbain inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup, Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des Solidarités Urbaines, fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

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Pour ce nouvel épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu le micro à Goli Moussavi, directrice Zone Nord (Île-de-France et Hauts-de-France) de l’association La Cloche. 

L’association, qui lutte contre la grande exclusion en favorisant la création de lien social de proximité entre les personnes avec et sans domicile, a mené une expérimentation autour de la notion d’”Assise inclusive” dans l’espace public. 

Ce projet, soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, a permis de faire appel aux habitants du quartier Saint Ambroise à Paris (11e arrondissement), pour diagnostiquer les besoins puis imaginer et modéliser un mobilier urbain plus inclusif, confortable et accueillant. Mené en partenariat avec le studio d’architecture sociale Studaré et l’association Des cris des villes, ce projet collaboratif n’a laissé personne de côté – enfants, personnes âgées, personnes avec et sans domicile – afin de donner la parole et la capacité à agir aux usagers, et notamment ceux qui sont le plus ciblés par le mobilier dit “défensif”, conçu pour être inhospitalier et excluant. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Goli Moussavi. Elle est directrice de l'association La Cloche pour la zone nord, c'est-à-dire l'île de France et les Hauts-de-France, donc de Paris à Lille. La Cloche, c'est une association qui travaille avec les personnes sans domicile et à leur inclusion dans la cité, dans la ville. Bonjour Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Bonjour.

  • Frédéric Vuillod

    Vous avez lancé en 2021 à Paris, dans le 11e arrondissement, un projet qui consistait à imaginer un nouveau mobilier urbain, plus inclusif avec les habitants. Et ce projet s'appelait l'Assise. inclusive. Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous l'avez lancée et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Goli Moussavi

    Oui, tout à fait. Merci de m'accueillir. On se retrouve en fait en 2021, sorti du confinement, sorti du Covid. Et c'est Célia qui est architecte pour Studaré qui vient nous voir, nous l'association La Cloche, pour discuter un peu de ces questions de mobilier urbain, mobilier défensif, mais aussi de mobilier inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    On parle de quoi ? On parle des bancs ? On parle des sièges, on parle des arrêts de bus, on parle de quoi précisément en termes de mobilier urbain ?

  • Goli Moussavi

    On parle d'à peu près tout ce qui permet de s'asseoir en ville, de se poser, de se reposer. Mais on ne parle pas que de ce qui existe, on parle aussi de ce qui est retiré. Et elle vient nous voir avec cette question-là et ce projet d'inclure les personnes qui sont concernées par ces assises dans la ville. Donc nous, Association La Cloche, on travaille en effet avec les personnes sans domicile, et donc des personnes qui en fait occupent la ville, mais... que parfois on voudrait ne pas trop les voir occuper la ville.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on s'en doute un peu, mais dites-le nous clairement, quel est le problème ?

  • Goli Moussavi

    Le problème, c'est de voir de plus en plus de mobiliers qu'on a dit défensifs, on peut aussi dire de mobiliers excluants, ou de mobiliers qu'on appelle aussi parfois mobiliers anti-SDF. Mais on parle aussi du fait de retirer des assises en ville, de retirer des bancs dans certains endroits.

  • Frédéric Vuillod

    Pourquoi ces bancs sont retirés ?

  • Goli Moussavi

    C'est une bonne question. Je ne sais pas si on pose la question aux personnes concernées. En tout cas, dans certains quartiers, ça doit arriver parce que ça gêne certains riverains peut-être ou qu'il y a des plaintes. On a voulu lutter contre ça.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, quel est le besoin réel des personnes sans domicile ?

  • Goli Moussavi

    C'est de s'asseoir, de se poser, de se reposer, d'avoir un endroit en tout cas où elles peuvent pendant la journée s'installer. Ça a été une question aussi après le Covid, notamment parce qu'on a vu de plus en plus cette nécessité d'occuper la ville. On n'avait plus vraiment beaucoup de restrictions, par exemple de se poser en intérieur avec un nombre de personnes, respecter un peu ses règles sanitaires et du coup on a vu quand même de plus en plus de personnes s'installer dehors, des terrasses de café qui ont grandi, enfin voilà il y avait cette question de l'assise en ville et on voit que dans certaines villes et certains quartiers, il en manque énormément.

  • Frédéric Vuillod

    Et donc vous, votre objectif c'était quoi ? C'était d'en faire réinstaller davantage ? C'était d'éviter qu'il en disparaisse ?

  • Goli Moussavi

    Notre objectif initial c'était... était de peut-être déjà pointer un peu du doigt cette problématique-là et de mener un travail en impliquant plusieurs publics différents et des publics qui sont concernés. On parle de personnes sans domicile, mais on parle aussi de personnes âgées qui font leur course, par exemple, et qui, en fait, ont besoin de se poser un moment dans leur trajet. On parle de jeunes, d'enfants qui n'ont pas forcément des bancs ou des assises qui sont à leur taille. Et l'idée était vraiment de... de mobiliser et en même temps demander aux personnes concernées, et donc de mener ce travail-là avec elles.

  • Frédéric Vuillod

    Alors comment avez-vous travaillé ? Vous avez lancé une expérimentation. Comment ça s'est passé ? Quelles ont été les différentes étapes menées sur le terrain ?

  • Goli Moussavi

    J'ai parlé de Célia qui a été architecte pour Sudaré, donc un cabinet d'architecture. On a aussi mené ce projet avec une association d'éducation populaire qui s'appelle Décris des villes. Et dans les phases du projet, il y a eu une première étape qui était tout ce qui était autour du diagnostic et d'observation. Donc, impliquer des personnes concernées et des structures notamment, pour mener ce travail d'observation. Donc d'aller dans la rue directement, de les mobiliser sur cette absence de mobilier, ou justement, non, cette présence, quel genre de mobilier. Donc ça, ça a été un peu cette première étape-là, de demander, enfin de faire passer aussi des questionnaires directement dans le quartier pour les personnes concernées, donc des riverains, personnes avec et sans domicile, personnes âgées, jeunes, des commerçants. aussi, essayer d'avoir un maximum d'informations. Il y a eu une seconde étape qui était de l'ordre de la conception. Et donc là, à partir des observations qu'on a pu faire, on essaye d'imaginer. Comment est-ce qu'on imagine ce mobilier qu'on appelle inclusif ? Et en fait, on voit bien que chacune des structures et chacun des publics va l'imaginer différemment. C'est quoi les caractéristiques dont on a besoin ? Donc il y en a qui ont besoin de la coudoir, par exemple. En fait, c'est important d'avoir la coudoir. Ou des personnes qui ont tout de suite relevé le fait qu'il fallait qu'on ait un abri.

  • Frédéric Vuillod

    S'abriter de la pluie, mais peut-être aussi du soleil.

  • Goli Moussavi

    Exactement. Il y a eu par exemple des idées aussi de mettre des rangements dans ces mobiliers, des enfants qui voulaient mettre leur cartable dedans. Donc il y a eu plein d'idées qui sont sorties comme ça. De l'ordre de la conception, on a utilisé un peu des outils autour de l'utopie. Comment est-ce qu'on imagine le mobilier idéal ? Comment est-ce qu'on imagine aussi le mobilier à l'inverse pas du tout idéal pour justement trouver ce qui est idéal derrière ?

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que ça va jusqu'à l'accès à une borne de rechargement de téléphone portable, l'accès à un point d'eau potable ?

  • Goli Moussavi

    Alors oui, bien sûr, il y a eu toutes ces idées-là. Après, à la construction, on a aussi fait ce qui était faisable et ce qui était facile à gérer derrière. Parce qu'on a mené ce projet à trois structures. Et en fait, on l'a fait avec un centre d'hébergement pour des personnes âgées qui sont atteintes de maladies dégénératrices. On l'a fait avec des écoles. Et autour de cette question de ce mobilier, il y avait aussi la gestion du mobilier. Qu'est-ce qui se passe après une fois qu'il est fait, qu'il s'en occupe ? Et il faut aussi que ce soit réalisable. Cette dernière phase a été la construction de ces mobiliers. Il y a eu 4 à 6 qui ont été construites, 3 dans le 11e arrondissement et une dans le 20e arrondissement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors votre projet, vous l'avez dit, il repose sur l'implication très étroite des usagers à la conception de ces mobiliers urbains. Les personnes sans domicile, les personnes âgées, les personnes malades. On imagine aussi quelqu'un qui a une jambe dans le plâtre. Vous avez parlé des enfants. Comment est-ce que vous avez fait pour avancer en collaboration avec les participants ?

  • Goli Moussavi

    Je pense que ce qui était important, c'était le fait qu'on soit aussi ces trois structures avec clairement des particularités différentes et des compétences très différentes. On formait un peu un trio de structures avec nos spécificités, nos spécialités. Et ça a été pour moi, je pense, les outils qu'on a utilisés. Donc, il y avait, en fait, les ateliers étaient ludiques, mais ludiques aussi adaptés aux personnes. Par exemple, avec les enfants, on a fait des ateliers autour de la photographie, aller photographier ce qu'il y a dans la ville. En fait, on a aussi fait ça avec, d'ailleurs, le centre d'hébergement. L'idée, c'était aussi d'être présent très fréquemment pour la continuité du projet et pour mobiliser les personnes. Donc, il y a beaucoup sur les outils qu'on a pu utiliser, qui étaient aussi adaptés. Et selon moi, ça a été aussi l'implication des personnes qui travaillaient au sein des structures. Des travailleurs sociaux, par exemple, ou des professeurs qui travaillaient avec nous, qui sont aussi impliqués et qui nous ont aidés à impliquer les publics.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, au bout du compte, qu'est-ce que vous retenez de ce travail collaboratif et inclusif ? Quels sont les résultats de tout ce travail fait en amont ?

  • Goli Moussavi

    Les résultats, c'est déjà très concrètement 4 à 6. Gérer, c'est aussi la suite du projet. La partie construction qui continue avec nos collègues, nous ça a été aussi un moyen de lancer une campagne de sensibilisation sur le mobilier urbain excluant. On a lancé en partenariat avec la fondation Abbé Pierre. On a fait plusieurs séries d'ateliers et un shooting photo avec nos bénévoles sur du mobilier excluant. Ils font du sport sur le mobilier parce que c'était lié un peu au sujet des JO. Et du coup, c'est aussi ça qui est sorti, c'est cet aspect un peu de sensibilisation qu'on continue à apporter, nous, avec l'association La Cloche.

  • Frédéric Vuillod

    Il doit y avoir pas mal de moments forts dans une expérience comme celle-là. Est-ce que vous avez des exemples, des anecdotes, des témoignages que vous auriez envie de partager avec nous ?

  • Goli Moussavi

    Oui, c'est vrai que c'est assez fort ce qu'on peut entendre. Je retiens ça des ateliers qu'on a pu mener, en fait, et du coup, des témoignages qu'on a pu écouter et entendre. Et il y avait aussi bien... Pour, par exemple, les personnes dans le centre d'hébergement de Jaurance, donc personnes sans domicile, à qui on n'a jamais vraiment demandé leur avis pour ces questions-là, qui étaient quand même assez surprises qu'on leur demande leur avis. Enfin, non seulement on demande un avis, mais en plus, derrière, il y a un résultat. Il y a une vraie assise qui est construite. Et l'autre, c'est moi, je me rappelle aussi avec les enfants, quand on les sensibilisait un peu aussi sur ces questions de sans-abrisme et qui était un peu la naïveté de la jeunesse qui est... Mais moi, en fait, j'ai un peu honte de cette ville qui exclue. C'était des témoignages un peu de ce genre de surpris, des enfants surpris par le fait qu'on puisse installer des mobiliers comme ça pour empêcher les gens de se reposer. Et qui étaient en fait complètement déboussolés par ça.

  • Frédéric Vuillod

    Surpris par la dureté du monde. Est-ce que votre projet est réplicable par d'autres acteurs, Goli Moussavi ? Et si oui, quels conseils vous leur donneriez ?

  • Goli Moussavi

    C'est un projet, oui, je pense, qui est réplicable. Et en fait, on a même édité des fanzines sur chacune des étapes de projet. Il y a eu trois grandes étapes, donc trois fanzines, qui vont vraiment, justement, décortiquer un peu toutes ces étapes et tout ce qu'on a fait. Donc, le conseil, c'est d'aller découvrir aussi ces fanzines, qui sont d'ailleurs accessibles sur le site de lacloche.org. Je pense que c'est essayer d'utiliser un maximum les outils qui... permettre cette réflexion collective dans un premier temps. Et ensuite, il faut aussi savoir construire du mobilier, ce qui n'est pas mon cas. Donc, s'entourer un peu des personnes qui ont cette compétence-là aussi.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors aujourd'hui, quelles sont les suites que vous allez donner à ce projet ou que vous avez peut-être déjà commencé à lui donner ?

  • Goli Moussavi

    Nous, on organise avec l'association La Cloche une conférence de presse déambulatoire justement autour de ces questions du mobilier urbain excluant. pour un peu mettre ça au goût du jour et ressortir cette campagne qu'on a aussi pu faire grâce à cette expérimentation. Derrière, il y a aussi des revendications portées par nos bénévoles sur le fait de ne plus installer ce genre de mobilier, mais aussi en faire retirer quand c'est possible. Et à côté, le cabinet d'architecture Studaré et l'association d'écrit des villes continuent les ateliers avec les différentes... structures et des nouvelles structures ou des nouvelles écoles pour continuer cette démarche déjà de demander aux personnes concernées et en plus de construire du mobilier urbain inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup, Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des Solidarités Urbaines, fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

Description

Pour ce nouvel épisode, le journaliste Frédéric Vuillod a tendu le micro à Goli Moussavi, directrice Zone Nord (Île-de-France et Hauts-de-France) de l’association La Cloche. 

L’association, qui lutte contre la grande exclusion en favorisant la création de lien social de proximité entre les personnes avec et sans domicile, a mené une expérimentation autour de la notion d’”Assise inclusive” dans l’espace public. 

Ce projet, soutenu par la Fondation des solidarités urbaines dans le cadre de l’appel à projets thématique “Les espaces communs : espaces et temps partagés”, a permis de faire appel aux habitants du quartier Saint Ambroise à Paris (11e arrondissement), pour diagnostiquer les besoins puis imaginer et modéliser un mobilier urbain plus inclusif, confortable et accueillant. Mené en partenariat avec le studio d’architecture sociale Studaré et l’association Des cris des villes, ce projet collaboratif n’a laissé personne de côté – enfants, personnes âgées, personnes avec et sans domicile – afin de donner la parole et la capacité à agir aux usagers, et notamment ceux qui sont le plus ciblés par le mobilier dit “défensif”, conçu pour être inhospitalier et excluant. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Goli Moussavi. Elle est directrice de l'association La Cloche pour la zone nord, c'est-à-dire l'île de France et les Hauts-de-France, donc de Paris à Lille. La Cloche, c'est une association qui travaille avec les personnes sans domicile et à leur inclusion dans la cité, dans la ville. Bonjour Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Bonjour.

  • Frédéric Vuillod

    Vous avez lancé en 2021 à Paris, dans le 11e arrondissement, un projet qui consistait à imaginer un nouveau mobilier urbain, plus inclusif avec les habitants. Et ce projet s'appelait l'Assise. inclusive. Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous l'avez lancée et à quelles problématiques vous souhaitiez répondre ?

  • Goli Moussavi

    Oui, tout à fait. Merci de m'accueillir. On se retrouve en fait en 2021, sorti du confinement, sorti du Covid. Et c'est Célia qui est architecte pour Studaré qui vient nous voir, nous l'association La Cloche, pour discuter un peu de ces questions de mobilier urbain, mobilier défensif, mais aussi de mobilier inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    On parle de quoi ? On parle des bancs ? On parle des sièges, on parle des arrêts de bus, on parle de quoi précisément en termes de mobilier urbain ?

  • Goli Moussavi

    On parle d'à peu près tout ce qui permet de s'asseoir en ville, de se poser, de se reposer. Mais on ne parle pas que de ce qui existe, on parle aussi de ce qui est retiré. Et elle vient nous voir avec cette question-là et ce projet d'inclure les personnes qui sont concernées par ces assises dans la ville. Donc nous, Association La Cloche, on travaille en effet avec les personnes sans domicile, et donc des personnes qui en fait occupent la ville, mais... que parfois on voudrait ne pas trop les voir occuper la ville.

  • Frédéric Vuillod

    Alors, on s'en doute un peu, mais dites-le nous clairement, quel est le problème ?

  • Goli Moussavi

    Le problème, c'est de voir de plus en plus de mobiliers qu'on a dit défensifs, on peut aussi dire de mobiliers excluants, ou de mobiliers qu'on appelle aussi parfois mobiliers anti-SDF. Mais on parle aussi du fait de retirer des assises en ville, de retirer des bancs dans certains endroits.

  • Frédéric Vuillod

    Pourquoi ces bancs sont retirés ?

  • Goli Moussavi

    C'est une bonne question. Je ne sais pas si on pose la question aux personnes concernées. En tout cas, dans certains quartiers, ça doit arriver parce que ça gêne certains riverains peut-être ou qu'il y a des plaintes. On a voulu lutter contre ça.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, quel est le besoin réel des personnes sans domicile ?

  • Goli Moussavi

    C'est de s'asseoir, de se poser, de se reposer, d'avoir un endroit en tout cas où elles peuvent pendant la journée s'installer. Ça a été une question aussi après le Covid, notamment parce qu'on a vu de plus en plus cette nécessité d'occuper la ville. On n'avait plus vraiment beaucoup de restrictions, par exemple de se poser en intérieur avec un nombre de personnes, respecter un peu ses règles sanitaires et du coup on a vu quand même de plus en plus de personnes s'installer dehors, des terrasses de café qui ont grandi, enfin voilà il y avait cette question de l'assise en ville et on voit que dans certaines villes et certains quartiers, il en manque énormément.

  • Frédéric Vuillod

    Et donc vous, votre objectif c'était quoi ? C'était d'en faire réinstaller davantage ? C'était d'éviter qu'il en disparaisse ?

  • Goli Moussavi

    Notre objectif initial c'était... était de peut-être déjà pointer un peu du doigt cette problématique-là et de mener un travail en impliquant plusieurs publics différents et des publics qui sont concernés. On parle de personnes sans domicile, mais on parle aussi de personnes âgées qui font leur course, par exemple, et qui, en fait, ont besoin de se poser un moment dans leur trajet. On parle de jeunes, d'enfants qui n'ont pas forcément des bancs ou des assises qui sont à leur taille. Et l'idée était vraiment de... de mobiliser et en même temps demander aux personnes concernées, et donc de mener ce travail-là avec elles.

  • Frédéric Vuillod

    Alors comment avez-vous travaillé ? Vous avez lancé une expérimentation. Comment ça s'est passé ? Quelles ont été les différentes étapes menées sur le terrain ?

  • Goli Moussavi

    J'ai parlé de Célia qui a été architecte pour Sudaré, donc un cabinet d'architecture. On a aussi mené ce projet avec une association d'éducation populaire qui s'appelle Décris des villes. Et dans les phases du projet, il y a eu une première étape qui était tout ce qui était autour du diagnostic et d'observation. Donc, impliquer des personnes concernées et des structures notamment, pour mener ce travail d'observation. Donc d'aller dans la rue directement, de les mobiliser sur cette absence de mobilier, ou justement, non, cette présence, quel genre de mobilier. Donc ça, ça a été un peu cette première étape-là, de demander, enfin de faire passer aussi des questionnaires directement dans le quartier pour les personnes concernées, donc des riverains, personnes avec et sans domicile, personnes âgées, jeunes, des commerçants. aussi, essayer d'avoir un maximum d'informations. Il y a eu une seconde étape qui était de l'ordre de la conception. Et donc là, à partir des observations qu'on a pu faire, on essaye d'imaginer. Comment est-ce qu'on imagine ce mobilier qu'on appelle inclusif ? Et en fait, on voit bien que chacune des structures et chacun des publics va l'imaginer différemment. C'est quoi les caractéristiques dont on a besoin ? Donc il y en a qui ont besoin de la coudoir, par exemple. En fait, c'est important d'avoir la coudoir. Ou des personnes qui ont tout de suite relevé le fait qu'il fallait qu'on ait un abri.

  • Frédéric Vuillod

    S'abriter de la pluie, mais peut-être aussi du soleil.

  • Goli Moussavi

    Exactement. Il y a eu par exemple des idées aussi de mettre des rangements dans ces mobiliers, des enfants qui voulaient mettre leur cartable dedans. Donc il y a eu plein d'idées qui sont sorties comme ça. De l'ordre de la conception, on a utilisé un peu des outils autour de l'utopie. Comment est-ce qu'on imagine le mobilier idéal ? Comment est-ce qu'on imagine aussi le mobilier à l'inverse pas du tout idéal pour justement trouver ce qui est idéal derrière ?

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que ça va jusqu'à l'accès à une borne de rechargement de téléphone portable, l'accès à un point d'eau potable ?

  • Goli Moussavi

    Alors oui, bien sûr, il y a eu toutes ces idées-là. Après, à la construction, on a aussi fait ce qui était faisable et ce qui était facile à gérer derrière. Parce qu'on a mené ce projet à trois structures. Et en fait, on l'a fait avec un centre d'hébergement pour des personnes âgées qui sont atteintes de maladies dégénératrices. On l'a fait avec des écoles. Et autour de cette question de ce mobilier, il y avait aussi la gestion du mobilier. Qu'est-ce qui se passe après une fois qu'il est fait, qu'il s'en occupe ? Et il faut aussi que ce soit réalisable. Cette dernière phase a été la construction de ces mobiliers. Il y a eu 4 à 6 qui ont été construites, 3 dans le 11e arrondissement et une dans le 20e arrondissement.

  • Frédéric Vuillod

    Alors votre projet, vous l'avez dit, il repose sur l'implication très étroite des usagers à la conception de ces mobiliers urbains. Les personnes sans domicile, les personnes âgées, les personnes malades. On imagine aussi quelqu'un qui a une jambe dans le plâtre. Vous avez parlé des enfants. Comment est-ce que vous avez fait pour avancer en collaboration avec les participants ?

  • Goli Moussavi

    Je pense que ce qui était important, c'était le fait qu'on soit aussi ces trois structures avec clairement des particularités différentes et des compétences très différentes. On formait un peu un trio de structures avec nos spécificités, nos spécialités. Et ça a été pour moi, je pense, les outils qu'on a utilisés. Donc, il y avait, en fait, les ateliers étaient ludiques, mais ludiques aussi adaptés aux personnes. Par exemple, avec les enfants, on a fait des ateliers autour de la photographie, aller photographier ce qu'il y a dans la ville. En fait, on a aussi fait ça avec, d'ailleurs, le centre d'hébergement. L'idée, c'était aussi d'être présent très fréquemment pour la continuité du projet et pour mobiliser les personnes. Donc, il y a beaucoup sur les outils qu'on a pu utiliser, qui étaient aussi adaptés. Et selon moi, ça a été aussi l'implication des personnes qui travaillaient au sein des structures. Des travailleurs sociaux, par exemple, ou des professeurs qui travaillaient avec nous, qui sont aussi impliqués et qui nous ont aidés à impliquer les publics.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, au bout du compte, qu'est-ce que vous retenez de ce travail collaboratif et inclusif ? Quels sont les résultats de tout ce travail fait en amont ?

  • Goli Moussavi

    Les résultats, c'est déjà très concrètement 4 à 6. Gérer, c'est aussi la suite du projet. La partie construction qui continue avec nos collègues, nous ça a été aussi un moyen de lancer une campagne de sensibilisation sur le mobilier urbain excluant. On a lancé en partenariat avec la fondation Abbé Pierre. On a fait plusieurs séries d'ateliers et un shooting photo avec nos bénévoles sur du mobilier excluant. Ils font du sport sur le mobilier parce que c'était lié un peu au sujet des JO. Et du coup, c'est aussi ça qui est sorti, c'est cet aspect un peu de sensibilisation qu'on continue à apporter, nous, avec l'association La Cloche.

  • Frédéric Vuillod

    Il doit y avoir pas mal de moments forts dans une expérience comme celle-là. Est-ce que vous avez des exemples, des anecdotes, des témoignages que vous auriez envie de partager avec nous ?

  • Goli Moussavi

    Oui, c'est vrai que c'est assez fort ce qu'on peut entendre. Je retiens ça des ateliers qu'on a pu mener, en fait, et du coup, des témoignages qu'on a pu écouter et entendre. Et il y avait aussi bien... Pour, par exemple, les personnes dans le centre d'hébergement de Jaurance, donc personnes sans domicile, à qui on n'a jamais vraiment demandé leur avis pour ces questions-là, qui étaient quand même assez surprises qu'on leur demande leur avis. Enfin, non seulement on demande un avis, mais en plus, derrière, il y a un résultat. Il y a une vraie assise qui est construite. Et l'autre, c'est moi, je me rappelle aussi avec les enfants, quand on les sensibilisait un peu aussi sur ces questions de sans-abrisme et qui était un peu la naïveté de la jeunesse qui est... Mais moi, en fait, j'ai un peu honte de cette ville qui exclue. C'était des témoignages un peu de ce genre de surpris, des enfants surpris par le fait qu'on puisse installer des mobiliers comme ça pour empêcher les gens de se reposer. Et qui étaient en fait complètement déboussolés par ça.

  • Frédéric Vuillod

    Surpris par la dureté du monde. Est-ce que votre projet est réplicable par d'autres acteurs, Goli Moussavi ? Et si oui, quels conseils vous leur donneriez ?

  • Goli Moussavi

    C'est un projet, oui, je pense, qui est réplicable. Et en fait, on a même édité des fanzines sur chacune des étapes de projet. Il y a eu trois grandes étapes, donc trois fanzines, qui vont vraiment, justement, décortiquer un peu toutes ces étapes et tout ce qu'on a fait. Donc, le conseil, c'est d'aller découvrir aussi ces fanzines, qui sont d'ailleurs accessibles sur le site de lacloche.org. Je pense que c'est essayer d'utiliser un maximum les outils qui... permettre cette réflexion collective dans un premier temps. Et ensuite, il faut aussi savoir construire du mobilier, ce qui n'est pas mon cas. Donc, s'entourer un peu des personnes qui ont cette compétence-là aussi.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors aujourd'hui, quelles sont les suites que vous allez donner à ce projet ou que vous avez peut-être déjà commencé à lui donner ?

  • Goli Moussavi

    Nous, on organise avec l'association La Cloche une conférence de presse déambulatoire justement autour de ces questions du mobilier urbain excluant. pour un peu mettre ça au goût du jour et ressortir cette campagne qu'on a aussi pu faire grâce à cette expérimentation. Derrière, il y a aussi des revendications portées par nos bénévoles sur le fait de ne plus installer ce genre de mobilier, mais aussi en faire retirer quand c'est possible. Et à côté, le cabinet d'architecture Studaré et l'association d'écrit des villes continuent les ateliers avec les différentes... structures et des nouvelles structures ou des nouvelles écoles pour continuer cette démarche déjà de demander aux personnes concernées et en plus de construire du mobilier urbain inclusif.

  • Frédéric Vuillod

    Merci beaucoup, Goli Moussavi.

  • Goli Moussavi

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast, sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des Solidarités Urbaines, fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat. la RIVP et Logisiemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

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