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Ville Solidaire, Ville Durable - Le podcast de la Fondation des solidarités urbaines

Episode 7 – Nathalie Hanet raconte “Au chômage, mais pas seul(e) !”, un dispositif d’accompagnement des demandeurs d’emploi isolés

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09min |26/06/2024
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Episode 7 – Nathalie Hanet raconte “Au chômage, mais pas seul(e) !”, un dispositif d’accompagnement des demandeurs d’emploi isolés

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09min |26/06/2024
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Description

Au micro du journaliste Frédéric Vuillod, ce nouvel épisode de “Ville solidaire, ville durable” donne la parole à Nathalie Hanet, présidente de l’association Solidarités Nouvelles face au Chômage. Elle raconte le projet “Au chômage, mais pas seul(e) !”, qui a fait l’objet d’une expérimentation soutenue par la Fondation des solidarités urbaines à l’occasion de son premier appel à projets qui avait pour thème “Lutter contre l’isolement des personnes fragiles”. 

Lancé début 2020, le projet a subi de plein fouet la crise Covid et a dû être repensé entièrement. SNC avait initialement prévu de déployer un accompagnement ambulant avec des binômes “volants” pour aller à la rencontre des demandeurs d’emploi les plus isolés. Face à la crise liée au Covid, elle a fait preuve de résilience et a  inventé un système d'accompagnement à distance. Résultats : une ligne d’écoute a été créée avec un numéro vert et un groupe d'accompagnement à distance d’une douzaine de bénévoles a été constitué, permettant d’accompagner des demandeurs d’emploi sur tout le territoire, y compris en dehors de la métropole.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Nathalie Hanet, présidente de l'association Solidarité Nouvelle face au chômage, SNC, une association qui propose aux chercheurs d'emploi un accompagnement humain et personnalisé grâce à son réseau d'accompagnateurs bénévoles à travers toute la France. Et de 2020 à 2022, SNC a mené un projet destiné à renforcer sa présence auprès des chômeurs isolés des quartiers populaires. Bonjour Nathalie Hanet. Bonjour. Ce projet s'appelle Au chômage, mais pas seul Actif. Quelles problématiques répondait-il ?

  • Nathalie Hanet

    Notre pratique depuis bientôt 40 ans, ce sont des binômes de bénévoles qui accompagnent dans la proximité des personnes éloignées de l'emploi ou simplement en recherche d'emploi. Et nous nous sommes rendus compte qu'il y a des territoires où il est plus difficile de proposer cet accompagnement parce que notre réseau de 2000 bénévoles ne peut naturellement pas couvrir l'intégralité du territoire métropolitain. Et c'est pour cette raison... qu'avec la Fondation des Solidarités Urbaines, nous nous sommes dit, allons au-devant et développons des moyens avec des groupes mobiles pour aller au-devant de populations qui habitent, en l'occurrence, les quartiers populaires. Donc on a visé les trois départements de la région parisienne, le 92, le 93 et le 94.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, vos objectifs de départ, c'était quoi ? Combler les trous qu'il y a dans la raquette, d'accord, mais qu'est-ce qu'il y avait d'autre derrière ?

  • Nathalie Hanet

    Notre objectif de départ, c'était de mettre à disposition de personnes qui vivent dans ces quartiers et dans lesquels ne se trouvent pas dans l'immédiat des groupes de bénévoles, la proposition d'accompagnement qui est la nôtre et de nous adresser à des personnes qui chroniquement peuvent présenter des difficultés plus importantes et auraient encore plus besoin de ce type d'accompagnement très soutenant qui apporte un réseau, qui aide dans la recherche d'emploi concrètement. Et... Et n'étant pas nous sur place, on s'est dit on va créer des groupes de bénévoles volants, capables de se projeter dans ces territoires et d'aller au devant de ces personnes. Malgré tout, crise Covid. Et donc là, on a inventé, comme tout le monde, l'accompagnement à distance. Et donc l'expérimentation que nous devions mener de groupes volants s'est transformée en expérimentation de groupes d'accompagnement à distance.

  • Frédéric Vuillod

    Donc, gros imprévus, grosses surprises, mais en même temps, résilience de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Nathalie Hanet

    Grande résilience et projection dans l'avenir. Grâce à la Fondation des Solidarités Urbaines, on a pu lancer en même temps notre ligne d'écoute, qui permet encore aujourd'hui de recevoir des appels de personnes qui entendent parler de nous et qui cherchent un premier contact avec nous. Et on a maintenu et projeté dans la durée... ce groupe d'accompagnement à distance qui aujourd'hui comprend 13 bénévoles, qui accompagne jusqu'à des personnes qui vivent hors de la métropole, mais qui comprend aussi une bénévole qui vit hors de France et qui a continué son engagement bénévole grâce à l'accompagnement à distance et en continuant à accompagner des personnes. Et on se projette dans le développement de ces accompagnements à distance qui permettent d'aller dans des territoires non seulement dans les quartiers populaires, mais aussi dans des zones rurales. où les populations sont plus isolées et ont moins de services à leur disposition.

  • Frédéric Vuillod

    Quels enseignements tirez-vous de cette expérimentation ? D'abord l'expérimentation au sens large, et puis de cette parenthèse du Covid qui vous a complètement bousculé.

  • Nathalie Hanet

    La résilience et la forte résilience qu'il y a en chacun de nous, je dirais d'abord. Et c'est d'ailleurs sur cette résilience que nous misons et que nos accompagnements visent à susciter chez ces personnes-là. Et à l'échelle de notre association, je dirais à peu près comme tout le monde, on a intégré d'autres façons de travailler et d'autres façons de déployer l'accompagnement et le service qui est celui de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que vous tirez aussi des enseignements ? des demandeurs d'emploi, de leur façon de rebondir ?

  • Nathalie Hanet

    Les difficultés restent quand même assez identiques. Et on est toujours, à un moment ou à un autre, à devoir conseiller les personnes sur la façon dont elles présentent leur parcours, à travers leur CV, mais aussi la façon dont on les entraîne à pitcher leur parcours, pour qu'elles puissent expliquer concrètement ce qu'elles ont fait et en relation avec le poste dans lequel elles se projettent. On a... pas encore développé à mon sens des ateliers pour être capable de répondre à des entretiens qui s'opèreraient en visio, c'est-à-dire développer des compétences particulières quand ça s'opère de cette façon-là. En revanche, on a développé les compétences de nos bénévoles pour que lorsqu'ils travaillent en visio, ils respectent les conseils qu'on donne assez facilement sur régler la caméra, la lumière, se tenir droit et autres usages face à l'écran.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce qu'il y a des paroles de bénévoles ou des anecdotes qui vous ont marqué dans ce projet ?

  • Nathalie Hanet

    Alors, peut-être citer l'exemple d'une jeune femme qui nous a sollicité sur la ligne d'écoute. C'est une jeune femme de 36 ans qui a un master A en langues étrangères appliquées, avec une spécialisation école de commerce et qui se retrouve au chômage depuis 4 ans. Elle n'est plus inscrite à Pôle emploi.

  • Frédéric Vuillod

    En plein Covid, on est d'accord ? Ouais,

  • Nathalie Hanet

    elle a été accidentée en 2018 et ensuite ça s'est enchaîné avec la crise Covid. Donc, naturellement, perdue comme tout le monde, isolée comme beaucoup. Elle a fait quelques remplacements de professeurs depuis, de nombreuses candidatures. Et elle n'arrive plus du tout, du tout à avancer au moment où elle nous appelle sur la ligne d'écoute. Elle n'arrive plus à construire un projet professionnel qui tienne la route. Et elle développe même une peur d'aller à Pôle emploi à l'époque, à France Travail aujourd'hui. Une peur de sortir de chez elle, qui fait que l'accompagnement de Solidarité Nouvelle face au chômage que nous lui avons proposé, Lui a permis aussi de retisser un lien et de sortir de chez elle et de se redéployer et de redéployer son existence, y compris en tirant le fil de sa recherche d'emploi.

  • Frédéric Vuillod

    Comment ça se passe de façon pratique au téléphone ? Vous avez un bénévole qui répond et qui commence par redonner confiance à la personne ?

  • Nathalie Hanet

    C'est vraiment le principe des accompagnements qu'on propose et c'est à cette relation d'aide que nos bénévoles sont formés, puisqu'il y a un gros programme de formation qui est proposé à nos bénévoles. Le B.A.B. obligatoire et des modules qui permettent d'aller plus loin. Et donc le départ, c'est effectivement de permettre aux gens de poser leur valise, d'exprimer leur peur, leurs angoisses, leurs culpabilités, tout ce qu'ils n'osent pas forcément exposer à leurs conjoints, à leurs familles, à leurs enfants, à leurs amis, parce qu'ils se sentent mal, parce qu'ils ont honte, parce qu'ils se sentent coupables de ne pas travailler. Et donc c'est ce moment-là qui leur permet de... créer une relation de confiance et sur la base de laquelle on peut bâtir ensuite une interaction qui va les amener à progresser. Parce qu'on ne reçoit pas les conseils de quelqu'un avec qui on n'a pas établi d'abord une relation de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Alors à l'origine, ce projet était daté dans le temps. Est-ce que des suites ont été données à cette expérimentation depuis la fin de cet accompagnement par la Fondation des Solidarités Urbaines ?

  • Nathalie Hanet

    Absolument, c'est ce que je vous indiquais tout à l'heure. On a décidé de maintenir... et donc fonctionne toujours cet accompagnement à distance. On va désormais même en faire une analyse qui va nous permettre de projeter, de développer cette modalité d'accompagnement au-delà du premier objectif qui consistait à aller dans ces territoires populaires. Là, on se dit que ça peut être un levier puissant pour, en plus... arriver à développer et à initier des groupes de bénévoles en les accompagnant, en faisant des binômes entre la distance et le bénévole dans des nouveaux territoires, pour les former et leur permettre de créer d'autres groupes de bénévoles dans des endroits où nous ne sommes pas encore.

  • Frédéric Vuillod

    Donc des perspectives de réplication. Absolument. Merci beaucoup Nathalie Hanet.

  • Nathalie Hanet

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast. Merci. sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat, la RIVP et Elogie-Siemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

Description

Au micro du journaliste Frédéric Vuillod, ce nouvel épisode de “Ville solidaire, ville durable” donne la parole à Nathalie Hanet, présidente de l’association Solidarités Nouvelles face au Chômage. Elle raconte le projet “Au chômage, mais pas seul(e) !”, qui a fait l’objet d’une expérimentation soutenue par la Fondation des solidarités urbaines à l’occasion de son premier appel à projets qui avait pour thème “Lutter contre l’isolement des personnes fragiles”. 

Lancé début 2020, le projet a subi de plein fouet la crise Covid et a dû être repensé entièrement. SNC avait initialement prévu de déployer un accompagnement ambulant avec des binômes “volants” pour aller à la rencontre des demandeurs d’emploi les plus isolés. Face à la crise liée au Covid, elle a fait preuve de résilience et a  inventé un système d'accompagnement à distance. Résultats : une ligne d’écoute a été créée avec un numéro vert et un groupe d'accompagnement à distance d’une douzaine de bénévoles a été constitué, permettant d’accompagner des demandeurs d’emploi sur tout le territoire, y compris en dehors de la métropole.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Nathalie Hanet, présidente de l'association Solidarité Nouvelle face au chômage, SNC, une association qui propose aux chercheurs d'emploi un accompagnement humain et personnalisé grâce à son réseau d'accompagnateurs bénévoles à travers toute la France. Et de 2020 à 2022, SNC a mené un projet destiné à renforcer sa présence auprès des chômeurs isolés des quartiers populaires. Bonjour Nathalie Hanet. Bonjour. Ce projet s'appelle Au chômage, mais pas seul Actif. Quelles problématiques répondait-il ?

  • Nathalie Hanet

    Notre pratique depuis bientôt 40 ans, ce sont des binômes de bénévoles qui accompagnent dans la proximité des personnes éloignées de l'emploi ou simplement en recherche d'emploi. Et nous nous sommes rendus compte qu'il y a des territoires où il est plus difficile de proposer cet accompagnement parce que notre réseau de 2000 bénévoles ne peut naturellement pas couvrir l'intégralité du territoire métropolitain. Et c'est pour cette raison... qu'avec la Fondation des Solidarités Urbaines, nous nous sommes dit, allons au-devant et développons des moyens avec des groupes mobiles pour aller au-devant de populations qui habitent, en l'occurrence, les quartiers populaires. Donc on a visé les trois départements de la région parisienne, le 92, le 93 et le 94.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, vos objectifs de départ, c'était quoi ? Combler les trous qu'il y a dans la raquette, d'accord, mais qu'est-ce qu'il y avait d'autre derrière ?

  • Nathalie Hanet

    Notre objectif de départ, c'était de mettre à disposition de personnes qui vivent dans ces quartiers et dans lesquels ne se trouvent pas dans l'immédiat des groupes de bénévoles, la proposition d'accompagnement qui est la nôtre et de nous adresser à des personnes qui chroniquement peuvent présenter des difficultés plus importantes et auraient encore plus besoin de ce type d'accompagnement très soutenant qui apporte un réseau, qui aide dans la recherche d'emploi concrètement. Et... Et n'étant pas nous sur place, on s'est dit on va créer des groupes de bénévoles volants, capables de se projeter dans ces territoires et d'aller au devant de ces personnes. Malgré tout, crise Covid. Et donc là, on a inventé, comme tout le monde, l'accompagnement à distance. Et donc l'expérimentation que nous devions mener de groupes volants s'est transformée en expérimentation de groupes d'accompagnement à distance.

  • Frédéric Vuillod

    Donc, gros imprévus, grosses surprises, mais en même temps, résilience de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Nathalie Hanet

    Grande résilience et projection dans l'avenir. Grâce à la Fondation des Solidarités Urbaines, on a pu lancer en même temps notre ligne d'écoute, qui permet encore aujourd'hui de recevoir des appels de personnes qui entendent parler de nous et qui cherchent un premier contact avec nous. Et on a maintenu et projeté dans la durée... ce groupe d'accompagnement à distance qui aujourd'hui comprend 13 bénévoles, qui accompagne jusqu'à des personnes qui vivent hors de la métropole, mais qui comprend aussi une bénévole qui vit hors de France et qui a continué son engagement bénévole grâce à l'accompagnement à distance et en continuant à accompagner des personnes. Et on se projette dans le développement de ces accompagnements à distance qui permettent d'aller dans des territoires non seulement dans les quartiers populaires, mais aussi dans des zones rurales. où les populations sont plus isolées et ont moins de services à leur disposition.

  • Frédéric Vuillod

    Quels enseignements tirez-vous de cette expérimentation ? D'abord l'expérimentation au sens large, et puis de cette parenthèse du Covid qui vous a complètement bousculé.

  • Nathalie Hanet

    La résilience et la forte résilience qu'il y a en chacun de nous, je dirais d'abord. Et c'est d'ailleurs sur cette résilience que nous misons et que nos accompagnements visent à susciter chez ces personnes-là. Et à l'échelle de notre association, je dirais à peu près comme tout le monde, on a intégré d'autres façons de travailler et d'autres façons de déployer l'accompagnement et le service qui est celui de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que vous tirez aussi des enseignements ? des demandeurs d'emploi, de leur façon de rebondir ?

  • Nathalie Hanet

    Les difficultés restent quand même assez identiques. Et on est toujours, à un moment ou à un autre, à devoir conseiller les personnes sur la façon dont elles présentent leur parcours, à travers leur CV, mais aussi la façon dont on les entraîne à pitcher leur parcours, pour qu'elles puissent expliquer concrètement ce qu'elles ont fait et en relation avec le poste dans lequel elles se projettent. On a... pas encore développé à mon sens des ateliers pour être capable de répondre à des entretiens qui s'opèreraient en visio, c'est-à-dire développer des compétences particulières quand ça s'opère de cette façon-là. En revanche, on a développé les compétences de nos bénévoles pour que lorsqu'ils travaillent en visio, ils respectent les conseils qu'on donne assez facilement sur régler la caméra, la lumière, se tenir droit et autres usages face à l'écran.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce qu'il y a des paroles de bénévoles ou des anecdotes qui vous ont marqué dans ce projet ?

  • Nathalie Hanet

    Alors, peut-être citer l'exemple d'une jeune femme qui nous a sollicité sur la ligne d'écoute. C'est une jeune femme de 36 ans qui a un master A en langues étrangères appliquées, avec une spécialisation école de commerce et qui se retrouve au chômage depuis 4 ans. Elle n'est plus inscrite à Pôle emploi.

  • Frédéric Vuillod

    En plein Covid, on est d'accord ? Ouais,

  • Nathalie Hanet

    elle a été accidentée en 2018 et ensuite ça s'est enchaîné avec la crise Covid. Donc, naturellement, perdue comme tout le monde, isolée comme beaucoup. Elle a fait quelques remplacements de professeurs depuis, de nombreuses candidatures. Et elle n'arrive plus du tout, du tout à avancer au moment où elle nous appelle sur la ligne d'écoute. Elle n'arrive plus à construire un projet professionnel qui tienne la route. Et elle développe même une peur d'aller à Pôle emploi à l'époque, à France Travail aujourd'hui. Une peur de sortir de chez elle, qui fait que l'accompagnement de Solidarité Nouvelle face au chômage que nous lui avons proposé, Lui a permis aussi de retisser un lien et de sortir de chez elle et de se redéployer et de redéployer son existence, y compris en tirant le fil de sa recherche d'emploi.

  • Frédéric Vuillod

    Comment ça se passe de façon pratique au téléphone ? Vous avez un bénévole qui répond et qui commence par redonner confiance à la personne ?

  • Nathalie Hanet

    C'est vraiment le principe des accompagnements qu'on propose et c'est à cette relation d'aide que nos bénévoles sont formés, puisqu'il y a un gros programme de formation qui est proposé à nos bénévoles. Le B.A.B. obligatoire et des modules qui permettent d'aller plus loin. Et donc le départ, c'est effectivement de permettre aux gens de poser leur valise, d'exprimer leur peur, leurs angoisses, leurs culpabilités, tout ce qu'ils n'osent pas forcément exposer à leurs conjoints, à leurs familles, à leurs enfants, à leurs amis, parce qu'ils se sentent mal, parce qu'ils ont honte, parce qu'ils se sentent coupables de ne pas travailler. Et donc c'est ce moment-là qui leur permet de... créer une relation de confiance et sur la base de laquelle on peut bâtir ensuite une interaction qui va les amener à progresser. Parce qu'on ne reçoit pas les conseils de quelqu'un avec qui on n'a pas établi d'abord une relation de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Alors à l'origine, ce projet était daté dans le temps. Est-ce que des suites ont été données à cette expérimentation depuis la fin de cet accompagnement par la Fondation des Solidarités Urbaines ?

  • Nathalie Hanet

    Absolument, c'est ce que je vous indiquais tout à l'heure. On a décidé de maintenir... et donc fonctionne toujours cet accompagnement à distance. On va désormais même en faire une analyse qui va nous permettre de projeter, de développer cette modalité d'accompagnement au-delà du premier objectif qui consistait à aller dans ces territoires populaires. Là, on se dit que ça peut être un levier puissant pour, en plus... arriver à développer et à initier des groupes de bénévoles en les accompagnant, en faisant des binômes entre la distance et le bénévole dans des nouveaux territoires, pour les former et leur permettre de créer d'autres groupes de bénévoles dans des endroits où nous ne sommes pas encore.

  • Frédéric Vuillod

    Donc des perspectives de réplication. Absolument. Merci beaucoup Nathalie Hanet.

  • Nathalie Hanet

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast. Merci. sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat, la RIVP et Elogie-Siemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

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Lancé début 2020, le projet a subi de plein fouet la crise Covid et a dû être repensé entièrement. SNC avait initialement prévu de déployer un accompagnement ambulant avec des binômes “volants” pour aller à la rencontre des demandeurs d’emploi les plus isolés. Face à la crise liée au Covid, elle a fait preuve de résilience et a  inventé un système d'accompagnement à distance. Résultats : une ligne d’écoute a été créée avec un numéro vert et un groupe d'accompagnement à distance d’une douzaine de bénévoles a été constitué, permettant d’accompagner des demandeurs d’emploi sur tout le territoire, y compris en dehors de la métropole.


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Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Nathalie Hanet, présidente de l'association Solidarité Nouvelle face au chômage, SNC, une association qui propose aux chercheurs d'emploi un accompagnement humain et personnalisé grâce à son réseau d'accompagnateurs bénévoles à travers toute la France. Et de 2020 à 2022, SNC a mené un projet destiné à renforcer sa présence auprès des chômeurs isolés des quartiers populaires. Bonjour Nathalie Hanet. Bonjour. Ce projet s'appelle Au chômage, mais pas seul Actif. Quelles problématiques répondait-il ?

  • Nathalie Hanet

    Notre pratique depuis bientôt 40 ans, ce sont des binômes de bénévoles qui accompagnent dans la proximité des personnes éloignées de l'emploi ou simplement en recherche d'emploi. Et nous nous sommes rendus compte qu'il y a des territoires où il est plus difficile de proposer cet accompagnement parce que notre réseau de 2000 bénévoles ne peut naturellement pas couvrir l'intégralité du territoire métropolitain. Et c'est pour cette raison... qu'avec la Fondation des Solidarités Urbaines, nous nous sommes dit, allons au-devant et développons des moyens avec des groupes mobiles pour aller au-devant de populations qui habitent, en l'occurrence, les quartiers populaires. Donc on a visé les trois départements de la région parisienne, le 92, le 93 et le 94.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, vos objectifs de départ, c'était quoi ? Combler les trous qu'il y a dans la raquette, d'accord, mais qu'est-ce qu'il y avait d'autre derrière ?

  • Nathalie Hanet

    Notre objectif de départ, c'était de mettre à disposition de personnes qui vivent dans ces quartiers et dans lesquels ne se trouvent pas dans l'immédiat des groupes de bénévoles, la proposition d'accompagnement qui est la nôtre et de nous adresser à des personnes qui chroniquement peuvent présenter des difficultés plus importantes et auraient encore plus besoin de ce type d'accompagnement très soutenant qui apporte un réseau, qui aide dans la recherche d'emploi concrètement. Et... Et n'étant pas nous sur place, on s'est dit on va créer des groupes de bénévoles volants, capables de se projeter dans ces territoires et d'aller au devant de ces personnes. Malgré tout, crise Covid. Et donc là, on a inventé, comme tout le monde, l'accompagnement à distance. Et donc l'expérimentation que nous devions mener de groupes volants s'est transformée en expérimentation de groupes d'accompagnement à distance.

  • Frédéric Vuillod

    Donc, gros imprévus, grosses surprises, mais en même temps, résilience de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Nathalie Hanet

    Grande résilience et projection dans l'avenir. Grâce à la Fondation des Solidarités Urbaines, on a pu lancer en même temps notre ligne d'écoute, qui permet encore aujourd'hui de recevoir des appels de personnes qui entendent parler de nous et qui cherchent un premier contact avec nous. Et on a maintenu et projeté dans la durée... ce groupe d'accompagnement à distance qui aujourd'hui comprend 13 bénévoles, qui accompagne jusqu'à des personnes qui vivent hors de la métropole, mais qui comprend aussi une bénévole qui vit hors de France et qui a continué son engagement bénévole grâce à l'accompagnement à distance et en continuant à accompagner des personnes. Et on se projette dans le développement de ces accompagnements à distance qui permettent d'aller dans des territoires non seulement dans les quartiers populaires, mais aussi dans des zones rurales. où les populations sont plus isolées et ont moins de services à leur disposition.

  • Frédéric Vuillod

    Quels enseignements tirez-vous de cette expérimentation ? D'abord l'expérimentation au sens large, et puis de cette parenthèse du Covid qui vous a complètement bousculé.

  • Nathalie Hanet

    La résilience et la forte résilience qu'il y a en chacun de nous, je dirais d'abord. Et c'est d'ailleurs sur cette résilience que nous misons et que nos accompagnements visent à susciter chez ces personnes-là. Et à l'échelle de notre association, je dirais à peu près comme tout le monde, on a intégré d'autres façons de travailler et d'autres façons de déployer l'accompagnement et le service qui est celui de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que vous tirez aussi des enseignements ? des demandeurs d'emploi, de leur façon de rebondir ?

  • Nathalie Hanet

    Les difficultés restent quand même assez identiques. Et on est toujours, à un moment ou à un autre, à devoir conseiller les personnes sur la façon dont elles présentent leur parcours, à travers leur CV, mais aussi la façon dont on les entraîne à pitcher leur parcours, pour qu'elles puissent expliquer concrètement ce qu'elles ont fait et en relation avec le poste dans lequel elles se projettent. On a... pas encore développé à mon sens des ateliers pour être capable de répondre à des entretiens qui s'opèreraient en visio, c'est-à-dire développer des compétences particulières quand ça s'opère de cette façon-là. En revanche, on a développé les compétences de nos bénévoles pour que lorsqu'ils travaillent en visio, ils respectent les conseils qu'on donne assez facilement sur régler la caméra, la lumière, se tenir droit et autres usages face à l'écran.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce qu'il y a des paroles de bénévoles ou des anecdotes qui vous ont marqué dans ce projet ?

  • Nathalie Hanet

    Alors, peut-être citer l'exemple d'une jeune femme qui nous a sollicité sur la ligne d'écoute. C'est une jeune femme de 36 ans qui a un master A en langues étrangères appliquées, avec une spécialisation école de commerce et qui se retrouve au chômage depuis 4 ans. Elle n'est plus inscrite à Pôle emploi.

  • Frédéric Vuillod

    En plein Covid, on est d'accord ? Ouais,

  • Nathalie Hanet

    elle a été accidentée en 2018 et ensuite ça s'est enchaîné avec la crise Covid. Donc, naturellement, perdue comme tout le monde, isolée comme beaucoup. Elle a fait quelques remplacements de professeurs depuis, de nombreuses candidatures. Et elle n'arrive plus du tout, du tout à avancer au moment où elle nous appelle sur la ligne d'écoute. Elle n'arrive plus à construire un projet professionnel qui tienne la route. Et elle développe même une peur d'aller à Pôle emploi à l'époque, à France Travail aujourd'hui. Une peur de sortir de chez elle, qui fait que l'accompagnement de Solidarité Nouvelle face au chômage que nous lui avons proposé, Lui a permis aussi de retisser un lien et de sortir de chez elle et de se redéployer et de redéployer son existence, y compris en tirant le fil de sa recherche d'emploi.

  • Frédéric Vuillod

    Comment ça se passe de façon pratique au téléphone ? Vous avez un bénévole qui répond et qui commence par redonner confiance à la personne ?

  • Nathalie Hanet

    C'est vraiment le principe des accompagnements qu'on propose et c'est à cette relation d'aide que nos bénévoles sont formés, puisqu'il y a un gros programme de formation qui est proposé à nos bénévoles. Le B.A.B. obligatoire et des modules qui permettent d'aller plus loin. Et donc le départ, c'est effectivement de permettre aux gens de poser leur valise, d'exprimer leur peur, leurs angoisses, leurs culpabilités, tout ce qu'ils n'osent pas forcément exposer à leurs conjoints, à leurs familles, à leurs enfants, à leurs amis, parce qu'ils se sentent mal, parce qu'ils ont honte, parce qu'ils se sentent coupables de ne pas travailler. Et donc c'est ce moment-là qui leur permet de... créer une relation de confiance et sur la base de laquelle on peut bâtir ensuite une interaction qui va les amener à progresser. Parce qu'on ne reçoit pas les conseils de quelqu'un avec qui on n'a pas établi d'abord une relation de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Alors à l'origine, ce projet était daté dans le temps. Est-ce que des suites ont été données à cette expérimentation depuis la fin de cet accompagnement par la Fondation des Solidarités Urbaines ?

  • Nathalie Hanet

    Absolument, c'est ce que je vous indiquais tout à l'heure. On a décidé de maintenir... et donc fonctionne toujours cet accompagnement à distance. On va désormais même en faire une analyse qui va nous permettre de projeter, de développer cette modalité d'accompagnement au-delà du premier objectif qui consistait à aller dans ces territoires populaires. Là, on se dit que ça peut être un levier puissant pour, en plus... arriver à développer et à initier des groupes de bénévoles en les accompagnant, en faisant des binômes entre la distance et le bénévole dans des nouveaux territoires, pour les former et leur permettre de créer d'autres groupes de bénévoles dans des endroits où nous ne sommes pas encore.

  • Frédéric Vuillod

    Donc des perspectives de réplication. Absolument. Merci beaucoup Nathalie Hanet.

  • Nathalie Hanet

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast. Merci. sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat, la RIVP et Elogie-Siemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

Description

Au micro du journaliste Frédéric Vuillod, ce nouvel épisode de “Ville solidaire, ville durable” donne la parole à Nathalie Hanet, présidente de l’association Solidarités Nouvelles face au Chômage. Elle raconte le projet “Au chômage, mais pas seul(e) !”, qui a fait l’objet d’une expérimentation soutenue par la Fondation des solidarités urbaines à l’occasion de son premier appel à projets qui avait pour thème “Lutter contre l’isolement des personnes fragiles”. 

Lancé début 2020, le projet a subi de plein fouet la crise Covid et a dû être repensé entièrement. SNC avait initialement prévu de déployer un accompagnement ambulant avec des binômes “volants” pour aller à la rencontre des demandeurs d’emploi les plus isolés. Face à la crise liée au Covid, elle a fait preuve de résilience et a  inventé un système d'accompagnement à distance. Résultats : une ligne d’écoute a été créée avec un numéro vert et un groupe d'accompagnement à distance d’une douzaine de bénévoles a été constitué, permettant d’accompagner des demandeurs d’emploi sur tout le territoire, y compris en dehors de la métropole.


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Transcription

  • Frédéric Vuillod

    Le monde associatif expérimente et étudie des solutions au cœur de la ville pour améliorer la vie des habitants. Souvent très riches d'enseignements, ces solutions méritent d'être partagées. Je m'appelle Frédéric Vuillon, je suis journaliste et je pars à leur découverte. Vous écoutez Ville solidaire, ville durable, le podcast de la Fondation des solidarités urbaines, le laboratoire des bailleurs sociaux de la ville de Paris, qui offre ici un espace de partage d'expériences aux projets qu'elle soutient. Aujourd'hui, nous sommes avec Nathalie Hanet, présidente de l'association Solidarité Nouvelle face au chômage, SNC, une association qui propose aux chercheurs d'emploi un accompagnement humain et personnalisé grâce à son réseau d'accompagnateurs bénévoles à travers toute la France. Et de 2020 à 2022, SNC a mené un projet destiné à renforcer sa présence auprès des chômeurs isolés des quartiers populaires. Bonjour Nathalie Hanet. Bonjour. Ce projet s'appelle Au chômage, mais pas seul Actif. Quelles problématiques répondait-il ?

  • Nathalie Hanet

    Notre pratique depuis bientôt 40 ans, ce sont des binômes de bénévoles qui accompagnent dans la proximité des personnes éloignées de l'emploi ou simplement en recherche d'emploi. Et nous nous sommes rendus compte qu'il y a des territoires où il est plus difficile de proposer cet accompagnement parce que notre réseau de 2000 bénévoles ne peut naturellement pas couvrir l'intégralité du territoire métropolitain. Et c'est pour cette raison... qu'avec la Fondation des Solidarités Urbaines, nous nous sommes dit, allons au-devant et développons des moyens avec des groupes mobiles pour aller au-devant de populations qui habitent, en l'occurrence, les quartiers populaires. Donc on a visé les trois départements de la région parisienne, le 92, le 93 et le 94.

  • Frédéric Vuillod

    Et alors, vos objectifs de départ, c'était quoi ? Combler les trous qu'il y a dans la raquette, d'accord, mais qu'est-ce qu'il y avait d'autre derrière ?

  • Nathalie Hanet

    Notre objectif de départ, c'était de mettre à disposition de personnes qui vivent dans ces quartiers et dans lesquels ne se trouvent pas dans l'immédiat des groupes de bénévoles, la proposition d'accompagnement qui est la nôtre et de nous adresser à des personnes qui chroniquement peuvent présenter des difficultés plus importantes et auraient encore plus besoin de ce type d'accompagnement très soutenant qui apporte un réseau, qui aide dans la recherche d'emploi concrètement. Et... Et n'étant pas nous sur place, on s'est dit on va créer des groupes de bénévoles volants, capables de se projeter dans ces territoires et d'aller au devant de ces personnes. Malgré tout, crise Covid. Et donc là, on a inventé, comme tout le monde, l'accompagnement à distance. Et donc l'expérimentation que nous devions mener de groupes volants s'est transformée en expérimentation de groupes d'accompagnement à distance.

  • Frédéric Vuillod

    Donc, gros imprévus, grosses surprises, mais en même temps, résilience de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Nathalie Hanet

    Grande résilience et projection dans l'avenir. Grâce à la Fondation des Solidarités Urbaines, on a pu lancer en même temps notre ligne d'écoute, qui permet encore aujourd'hui de recevoir des appels de personnes qui entendent parler de nous et qui cherchent un premier contact avec nous. Et on a maintenu et projeté dans la durée... ce groupe d'accompagnement à distance qui aujourd'hui comprend 13 bénévoles, qui accompagne jusqu'à des personnes qui vivent hors de la métropole, mais qui comprend aussi une bénévole qui vit hors de France et qui a continué son engagement bénévole grâce à l'accompagnement à distance et en continuant à accompagner des personnes. Et on se projette dans le développement de ces accompagnements à distance qui permettent d'aller dans des territoires non seulement dans les quartiers populaires, mais aussi dans des zones rurales. où les populations sont plus isolées et ont moins de services à leur disposition.

  • Frédéric Vuillod

    Quels enseignements tirez-vous de cette expérimentation ? D'abord l'expérimentation au sens large, et puis de cette parenthèse du Covid qui vous a complètement bousculé.

  • Nathalie Hanet

    La résilience et la forte résilience qu'il y a en chacun de nous, je dirais d'abord. Et c'est d'ailleurs sur cette résilience que nous misons et que nos accompagnements visent à susciter chez ces personnes-là. Et à l'échelle de notre association, je dirais à peu près comme tout le monde, on a intégré d'autres façons de travailler et d'autres façons de déployer l'accompagnement et le service qui est celui de Solidarité Nouvelle face au chômage.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce que vous tirez aussi des enseignements ? des demandeurs d'emploi, de leur façon de rebondir ?

  • Nathalie Hanet

    Les difficultés restent quand même assez identiques. Et on est toujours, à un moment ou à un autre, à devoir conseiller les personnes sur la façon dont elles présentent leur parcours, à travers leur CV, mais aussi la façon dont on les entraîne à pitcher leur parcours, pour qu'elles puissent expliquer concrètement ce qu'elles ont fait et en relation avec le poste dans lequel elles se projettent. On a... pas encore développé à mon sens des ateliers pour être capable de répondre à des entretiens qui s'opèreraient en visio, c'est-à-dire développer des compétences particulières quand ça s'opère de cette façon-là. En revanche, on a développé les compétences de nos bénévoles pour que lorsqu'ils travaillent en visio, ils respectent les conseils qu'on donne assez facilement sur régler la caméra, la lumière, se tenir droit et autres usages face à l'écran.

  • Frédéric Vuillod

    Est-ce qu'il y a des paroles de bénévoles ou des anecdotes qui vous ont marqué dans ce projet ?

  • Nathalie Hanet

    Alors, peut-être citer l'exemple d'une jeune femme qui nous a sollicité sur la ligne d'écoute. C'est une jeune femme de 36 ans qui a un master A en langues étrangères appliquées, avec une spécialisation école de commerce et qui se retrouve au chômage depuis 4 ans. Elle n'est plus inscrite à Pôle emploi.

  • Frédéric Vuillod

    En plein Covid, on est d'accord ? Ouais,

  • Nathalie Hanet

    elle a été accidentée en 2018 et ensuite ça s'est enchaîné avec la crise Covid. Donc, naturellement, perdue comme tout le monde, isolée comme beaucoup. Elle a fait quelques remplacements de professeurs depuis, de nombreuses candidatures. Et elle n'arrive plus du tout, du tout à avancer au moment où elle nous appelle sur la ligne d'écoute. Elle n'arrive plus à construire un projet professionnel qui tienne la route. Et elle développe même une peur d'aller à Pôle emploi à l'époque, à France Travail aujourd'hui. Une peur de sortir de chez elle, qui fait que l'accompagnement de Solidarité Nouvelle face au chômage que nous lui avons proposé, Lui a permis aussi de retisser un lien et de sortir de chez elle et de se redéployer et de redéployer son existence, y compris en tirant le fil de sa recherche d'emploi.

  • Frédéric Vuillod

    Comment ça se passe de façon pratique au téléphone ? Vous avez un bénévole qui répond et qui commence par redonner confiance à la personne ?

  • Nathalie Hanet

    C'est vraiment le principe des accompagnements qu'on propose et c'est à cette relation d'aide que nos bénévoles sont formés, puisqu'il y a un gros programme de formation qui est proposé à nos bénévoles. Le B.A.B. obligatoire et des modules qui permettent d'aller plus loin. Et donc le départ, c'est effectivement de permettre aux gens de poser leur valise, d'exprimer leur peur, leurs angoisses, leurs culpabilités, tout ce qu'ils n'osent pas forcément exposer à leurs conjoints, à leurs familles, à leurs enfants, à leurs amis, parce qu'ils se sentent mal, parce qu'ils ont honte, parce qu'ils se sentent coupables de ne pas travailler. Et donc c'est ce moment-là qui leur permet de... créer une relation de confiance et sur la base de laquelle on peut bâtir ensuite une interaction qui va les amener à progresser. Parce qu'on ne reçoit pas les conseils de quelqu'un avec qui on n'a pas établi d'abord une relation de confiance.

  • Frédéric Vuillod

    Alors à l'origine, ce projet était daté dans le temps. Est-ce que des suites ont été données à cette expérimentation depuis la fin de cet accompagnement par la Fondation des Solidarités Urbaines ?

  • Nathalie Hanet

    Absolument, c'est ce que je vous indiquais tout à l'heure. On a décidé de maintenir... et donc fonctionne toujours cet accompagnement à distance. On va désormais même en faire une analyse qui va nous permettre de projeter, de développer cette modalité d'accompagnement au-delà du premier objectif qui consistait à aller dans ces territoires populaires. Là, on se dit que ça peut être un levier puissant pour, en plus... arriver à développer et à initier des groupes de bénévoles en les accompagnant, en faisant des binômes entre la distance et le bénévole dans des nouveaux territoires, pour les former et leur permettre de créer d'autres groupes de bénévoles dans des endroits où nous ne sommes pas encore.

  • Frédéric Vuillod

    Donc des perspectives de réplication. Absolument. Merci beaucoup Nathalie Hanet.

  • Nathalie Hanet

    Merci à vous.

  • Frédéric Vuillod

    C'était Ville solidaire, Ville durable. Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur toutes les grandes plateformes de podcast. Merci. sur le média de l'économie sociale et solidaire Mediatico.fr et sur le site internet de la Fondation des solidarités urbaines fondée par les bailleurs sociaux Paris Habitat, la RIVP et Elogie-Siemp, Aximo, l'Habitation confortable et l'Habitat social français. A bientôt !

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