- Speaker #0
Antoine, on a enregistré un épisode ensemble, l'épisode dans lequel on a parlé de ta parentalité, ta parentalité qui a fait naître en toi une petite frustration, une petite remarque qui t'a amené à créer l'association Devenir Papa. Tu as créé une formation qui permet justement aux pères de se préparer à grand chamboulement de la paternité et tu es très intéressé par les 1000 premiers jours puisque tu as fait un DU sur les 1000 premiers jours, tu es très intéressé par ça. Est-ce que tu peux nous rappeler, s'il te plaît, les trois besoins prioritaires à remplir justement pour son enfant, pour lui permettre de développer un attachement sécure dans justement les 1000 premiers jours, s'il te plaît ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'on reçoit en fait beaucoup, beaucoup d'infos pendant cette période où on va devenir parent. Et parfois, il y a tellement d'infos qu'on se demande comment prioriser les choses. Et donc, au tout début du début, il y a Boris Cyrulny qui est intervenu et qui nous a dit qu'il y a trois priorités pour... développer au mieux son enfant et sa relation avec son enfant. C'est l'interaction. Ensuite vient l'alimentation, qu'il ait une bonne alimentation. Et ensuite vient tous les toxiques de l'environnement et les polluants. On se rend compte que l'interaction, de pouvoir parler avec son bébé aussi en tant qu'homme, en tant que père, parce que moi, au début, je le changeais, le bébé, je ne lui parlais pas. Je faisais la tâche de le changer. Je n'étais pas vraiment en interaction avec lui. Et donc, le fait de savoir ça, ça permet de vraiment développer le bébé et créer ce lien aussi entre nous. Et de l'avoir en tête, du pourquoi, ça permet de le faire plus facilement et de s'impliquer d'autant plus.
- Speaker #0
Et justement, par rapport à cette prise de place que tu as pu faire au fur et à mesure avec ton premier enfant, est-ce que tu penses que tu t'es beaucoup nourri ? des informations qui ont pu te manquer, des choses où toi tu te penses que tu aurais pu faire autrement et où tu as d'ailleurs sûrement fait autrement pour ton deuxième, pour permettre justement aux personnes qui vont suivre ta formation d'arriver avec le plus de clés possible ?
- Speaker #1
Je dirais, c'est vraiment de pouvoir dès le début montrer que c'est un projet commun. Par exemple, je t'en parlais dans l'épisode, mais sur les prénoms, de dire, ben voilà, je suis en recherche active sur les prénoms. En fait, de dire je suis là, je suis là pour toi, mais je suis là aussi pour l'être que l'on est en train de construire ensemble. Et je pense que ce que j'ai fait aussi pour le deuxième enfant, c'est vraiment de... Donc ça, ce qui m'avait manqué sur le premier, c'était de lâcher complètement le portable et de prendre trois mois où je me préparais presque aussi physiquement à accueillir le bébé. En fait, je me dis que c'est une occasion aussi de changer de mode de vie. Donc par exemple, arrêter de fumer. Faire davantage de sport parce que porter un bébé aussi tout le temps, ça fait mal au dos. Et donc de pouvoir faire des mini séances de sport de 10 minutes à la maison, rien que ça, de garder cette routine-là, ça permet au corps d'être mieux physiquement et mentalement aussi dans sa tête. C'est toutes ces petites routines-là où j'ai pu mettre en place à l'arrivée du deuxième enfant, où ça a facilité aussi l'équilibre et le fait de pouvoir gérer en manquant de sommeil. Et en faisant des micro-siestes aussi dès que c'était possible, sur cette préparation à la fois en amont, de préparer les plats aussi, et de, ah oui, ce truc-là aussi, de se construire un réseau de soutien. Surtout aujourd'hui où j'ai l'impression que nos familles sont de plus en plus éclatées, de se dire qui je peux appeler autour pour m'aider, pour qu'on se prenne une heure, de pouvoir se prendre... juste un petit moment de couple, une attention. Moi, c'est vraiment ça aussi qui m'a marqué. C'est en tant qu'en couple, pouvoir juste avoir une attention, d'apporter une tisane le soir au lit ou de pouvoir prendre ce petit moment-là. Pas besoin justement de se dire à ma main, on n'a pas le temps ou on n'a pas l'argent de sortir au resto en ce moment. Rien que ces petits moments-là, en fait, ils sont ultra précieux pour le lien du couple.
- Speaker #0
Bien sûr. Et d'ailleurs, on ne le dira jamais assez pour les personnes autour de ce couple. constituer un village, n'hésitez pas quand vous avez des personnes qui viennent d'accueillir un enfant à proposer votre aide sur des choses comme ça parce que vraiment c'est beaucoup plus précieux qu'un body ou un doudou ou quoi que ce soit d'aider un peu les parents avec soit de la nourriture, soit de l'aide dans les tâches du quotidien et tu disais quelque chose aussi que j'ai trouvé passionnant sur la responsabilité qu'avaient les parents qui élèvent des petits garçons et donc de futurs hommes pour permettre justement d'être d'élever de futurs meilleurs alliés Merci. Toi, tu parlais de l'importance d'observer un modèle, en fait, de voir un père qui prenait sa part dans les tâches ménagères, etc. Est-ce que c'est quelque chose que tu as vraiment présent en tête au quotidien, puisque toi, tu élèves deux petits garçons en plus ?
- Speaker #1
Oui. En plus, mon fils, ce week-end, il a décommandé un anniversaire parce que c'était un anniversaire licorne. Pour moi, c'est vraiment très présent en tête et je me dis, déjà moi, à la maison, je peux être cet exemple-là parce qu'il y a toute la société qui est quand même très genrée, encore plus à l'école. Et donc, si moi, je ne l'incarne pas à la maison, en fait... Ça sert à rien parce que les enfants fonctionnent par mimétisme.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
J'ai quand même beaucoup ça en tête aussi. Et puis, je trouve qu'après, c'est un mécanisme. Ça devient une habitude. Et comme je te disais justement aussi dans l'épisode, ça se trouve dans un couple. L'ordre d'une maison, ce n'est pas très important. La maison, elle peut être un bordel. Ça ne dérange pas les deux personnes. Mais si justement, il y a un besoin fondamental pour l'une des deux personnes que la maison soit rangée, moi, ça a été justement un déclic de dire au revoir En fait, je me bouge le cul dès qu'il y a quelque chose qui est en désordre et ça a réglé tous les conflits. Et le soir, après le dîner, vu que c'est un besoin prioritaire, l'ordre, si la maison est nickel, je n'ai pas de jeu vidéo, mais c'est un exemple, si j'ai envie de passer ma soirée à jouer aux jeux vidéo, je peux. Parce que justement, elle, son besoin, il est respecté.
- Speaker #0
Bien sûr. Et j'avais une dernière question. Toi, quand tu as décidé de faire ton DU, à la base, est-ce que tu l'as fait pour toi ? toi justement pour en apprendre davantage sur les 1000 premiers jours ou est-ce que tu avais déjà cette idée derrière la tête d'en faire quelque chose de professionnel ?
- Speaker #1
En fait au début je cherchais carrément un CAP petite enfance et en fait le DU c'est venu après le festival de la paternité en parlant avec justement une des chefs de projet du DU au département du Nord parce que c'est que deux jours par mois et j'ai eu le droit quand même à cette dérogation parce que le DU c'est il faut cinq ans d'expérience dans la petite enfance. Donc, il n'y avait que des directrices de crèche, des sages-femmes, des puéricultrices. Et du coup, quand j'y suis allé, j'avais vraiment cette idée de créer l'association. Parce que l'association, du coup, ça fait deux ans que je fais des actions, mais l'association, je l'ai créée là cette année. Et donc, j'avais ce projet en tête, que ça m'apporte une crédibilité pour développer l'association. Après, forcément, en étant plongé à la maison dans les mille premiers jours, tu es deux fois plus attentif aussi, parce que... tu as envie d'appliquer et de comprendre. Après, il faut aussi faire la part des choses entre toute la culture scientifique de ce que tu apprends et la mise en pratique à la maison. Parfois, il y a un gap et donc tu essayes de faire le maximum, mais il y a quand même plein de moments où tu culpabilises parce que tu sais les conséquences, tu sais comment ça fonctionne, mais c'est juste qu'il faut accepter aussi... Et je trouve ça bien aussi de ne pas être parfait dans sa parentalité parce que ça peut aussi foutre la pression à ses enfants aussi, que tout soit trop parfait. C'est bien de montrer aussi, si à un moment donné tu pètes un câble, c'est bien de montrer que je peux vivre ça aussi. Mais derrière, je montre à mon fils que je m'excuse. C'est ça.
- Speaker #0
Exactement. De toute façon, on est des êtres humains, on est faillibles. Mais la manière dont on répare et dont on gère les choses, c'est super important pour eux, dans ce qu'ils apprennent aussi de leur manière de gérer leurs propres conflits. Parce que pareil, sinon on ne s'excuse jamais. C'est difficile pour eux d'entendre qu'ils doivent s'excuser, par exemple, quand on leur demande.
- Speaker #1
C'est ça. Même là, ce que j'ai vécu ce week-end, si tu ne poses pas de limites ou tu n'exprimes pas tes sentiments à tes propres parents, toi quand tu es parent, devant tes enfants, ça leur montre aussi l'exemple que c'est important de savoir exprimer ses besoins, ses émotions.
- Speaker #0
Par exemple ?
- Speaker #1
Moi, j'ai discuté avec mes parents notamment des violences. Je pense qu'on est une génération où on est une très grande majorité. Les violences éducatives ordinaires ont été interdites par la loi en 2019. Donc, c'est très récent. Bien sûr. Avoir reçu des claques, des fessées. Et donc, voilà, en en parlant à mes parents, en parlant aussi de moi, ce que j'avais ressenti à ce moment-là, ça m'a permis de rentrer davantage en empathie avec mes enfants. Et derrière, d'être sûr aussi que mes parents... S'ils gardent mes enfants. Ne le reproduisent pas. Ne le reproduisent pas. De pouvoir en parler. Par exemple, ça m'avait marqué de voir mon fils de deux ans en train de donner à manger Ausha de mes parents. Il prend le verre pour le mettre dans la gamelle et lui donner à manger. Et puis, il en met partout. Et là, je vois mon père qui arrive et qui explose devant lui. Du coup, lui, tout apeuré. En fait, qu'est-ce qui se passe ? Et je me dis, en fait... De pouvoir en parler, papa, c'est un petit, il a deux ans, il a voulu donner à manger Ausha, il a voulu bien faire. Là, il y a juste des croquettes à côté, ça a juste débordé. Donc voilà, de remettre aussi le curseur, la limite des choses et pouvoir en parler. Et puis après, lui a son histoire aussi personnelle. Je trouve ça bien de... passer des vacances aussi avec ses parents avec des petits en bas âge parce que ça permet aussi de voir aussi comment nous aussi on a été élevé quand on était tout petit et ça dans la reproduction des modèles aussi ça permet de se dire ah tiens mon père il fait ça et puis après on rentre chez nous on dirait tiens mais je fais pareil que mon père en fait ouais
- Speaker #0
ça c'est quelque chose que j'ai à ça c'est quelque chose que je garde assez intéressant ben je te remercie beaucoup antoine et puis bah je te dis à bientôt bah merci beaucoup pauline à bientôt à bientôt