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EP 85 Lorène Leroy: La maîtresse de maternelle qui enseigne le plus précieux des langages, celui des émotions. cover
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Virage

EP 85 Lorène Leroy: La maîtresse de maternelle qui enseigne le plus précieux des langages, celui des émotions.

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36min |04/12/2025
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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast.

  • Speaker #1

    Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Je suis super contente qu'on enregistre un épisode, un épisode qui va être très intéressant. Ma fille a eu la grande chance de t'avoir comme maîtresse. Quelle richesse pour des enfants que d'avoir la chance d'être accompagnée par quelqu'un comme toi. Et pour moi aussi, c'était vraiment formidable. j'ai adoré l'année que Tu as passé à enseigner à ma fille tout un tas de choses formidables et notamment ce qui m'a donné envie de te proposer de venir en parler. Tu leur as fait un programme de pleine conscience. Tu vas nous expliquer ce que c'est tout au long de l'épisode. C'est vraiment un outil dont on se sert à la maison au quotidien et qui aide beaucoup et qui laisse des traces extrêmement positives sur les enfants. Puisque j'ai discuté avec d'autres parents dont les enfants ont eu aussi la chance de t'avoir dans leur parcours. Et qui disent que des années après, ils s'en servent encore. Donc déjà, merci d'avoir cet impact incroyable sur les enfants, dans leur éducation. Et j'avais envie, s'il te plaît, pour les personnes qui nous écoutent, qui ne savent pas forcément ce que c'est que la pleine conscience, justement, ou qui savent dans les grandes lignes, est-ce que tu pourrais déjà, pour qu'on commence à savoir de quoi on parle, le définir, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je te remercie pour ces compliments. Ça me fait très, très plaisir. Ça me touche beaucoup. Oui, effectivement, je pratique la pleine conscience dans ma classe, avec mes élèves. Alors j'ai une classe avec deux niveaux, des petits et des moyens. Je pratique la pleine conscience avec les moyens, avec des enfants qui ont 4-5 ans. Alors qu'est-ce que c'est que la pleine conscience ? C'est un programme de psychoéducation qui associe à la fois une dimension psychoéducative et de la méditation. Ça a été inventé par un américain qui s'appelle John Kabat-Zinn, qui intervenait dans une clinique dans le Massachusetts. Et les personnes qu'il voulait aider étaient des gens qui souffraient de troubles, en fait de maladies chroniques et qui avaient des douleurs chroniques.

  • Speaker #0

    Donc des douleurs physiques.

  • Speaker #1

    Des douleurs physiques, absolument. Et lui, John Kabat-Zinn, il pratiquait une... une méthode de méditation bouddhiste, Vipassana. Et donc il s'est dit que cette pratique de méditation pourrait aider les personnes qu'il voyait souffrir. Donc il a commencé en fait comme ça, en pratiquant de la méditation Vipassana avec ces personnes. Et il s'est aperçu que ça permettait aux gens de mieux gérer leur souffrance physique. Et par la suite, il a été approché en fait par des psychologues, des psychologues comportementalistes qui eux s'occupaient des personnes dépressives. La pleine conscience, c'est une sorte de mix entre de la psychologie et une pratique de méditation. Donc l'alliance entre la pratique de John Kabat-Zinn et la pratique de ces psychologues comportementalistes a débouché sur la création de programmes qui durent sur un... temps donné, ça dure 6 ou 7 semaines, les gens apprennent à décoder psychologiquement les caractéristiques de ce pour quoi ils viennent et à avoir une pratique d'attention à l'instant présent, une pratique de méditation. Les deux premiers programmes qui ont été élaborés, le premier programme était sur les rechutes dépressives et le deuxième sur la réduction du stress. Pendant ces programmes, en fait... Les gens viennent et on leur, très progressivement en fait, on leur donne des indications, par exemple sur le programme pour la réduction du stress, sur qu'est-ce que c'est que le stress, quelles sont les caractéristiques du stress, qu'est-ce qui apparaît au niveau des mécanismes psychologiques quand je suis stressée, comment reconnaître en fait les mécanismes du stress, et aussi une pratique d'attention à l'instant présent, donc une pratique vraiment de méditation. Ces deux programmes ont été soumis à des études dans des universités en psychologie. Donc il y a eu des études en termes d'efficacité de ces programmes. Et aussi, cette forme de méditation, donc pleine conscience, s'est complètement dégagée de toute forme religieuse. Puisque, comme je le disais au départ, John K. Badin avait une pratique bouddhiste, Vipassana. Donc là, avec les programmes de pleine conscience, on est vraiment dans quelque chose qui n'est pas du tout religieux. ... qui est complètement laïque et où la méditation permet de revenir simplement à l'instant présent et de sortir des cogitations mentales. Parce qu'ils se sont aperçus que ce qui faisait que les gens rechutaient en dépression ou n'arrivaient pas à gérer leur stress, c'était le fait que ces personnes pensaient que... Ils allaient résoudre les difficultés de leur quotidien par la pensée. Et la proposition qui leur est faite dans ces programmes, c'est de sortir de ce schéma pour vraiment devenir attentif à ce qui se passe dans l'instant présent. Et attentif notamment à leur pensée et à leur mécanisme psychologique. Il y a un certain nombre d'autres programmes qui se sont développés. Et moi, j'ai suivi une formation dans une université en Belgique pour apprendre à développer un programme pour les enfants. Et l'orientation de ce programme est la gestion des émotions.

  • Speaker #0

    Qui est un gros sujet sur les tranches d'âge que tu côtoies, puisqu'on sait que ce n'est pas en général les enfants les champions pour gérer les émotions de manière... Enfin, c'est difficile la gestion des émotions, c'est d'ailleurs un gros défi. dans la parentalité. Et j'imagine pour vous aussi, je ne sais même pas à vrai dire comment vous faites pour en avoir autant. Par exemple, quand tu quittes des petites sections et qu'ils pleurent tous, c'est terrifiant pour les parents de se dire, mon Dieu, mais comment est-ce possible de calmer 25 enfants ? Donc, c'est un très, très gros défi. Gérer les émotions, c'est incroyable qu'ils puissent avoir ça. Et toi, en plus, tu enseignes depuis 20 ans. Tu as... passé ce diplôme pour pouvoir rajouter la pleine conscience à ton programme à toi depuis sept ans à peu près. Donc tu as quand même un recul de ce que ça a pu apporter aux enfants puisque tu as été maîtresse sans pouvoir leur apporter ce programme et maintenant avec. Qu'est-ce que tu constates en fait ? Qu'est-ce que tu trouves que ça leur apporte dans leur quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors c'est compliqué pour moi de voir si ça... provoque un changement immédiat. Parce que moi, ce que j'ai l'impression de faire, c'est de poser des petites graines, en fait. Ce que je veux, en fait, avec ce programme de pleine conscience, c'est que les enfants accueillent ce qui se passe, accueillent leurs émotions et ne rentrent pas dans une attitude de fuite. Parce que finalement, quand on a une émotion agréable, évidemment, on la vit à 100%. Mais quand on a une émotion plus désagréable, une des attitudes très courantes, c'est de vouloir éviter cette émotion. Et un des objectifs de ces programmes de pleine conscience, c'est de permettre de vivre pleinement ce qui se passe dans l'instant présent, que l'émotion soit agréable ou qu'elle soit moins agréable. Et ça, je pense qu'on peut tous le constater. Quand on a une difficulté dans notre vie, dans notre quotidien, on va avoir tendance à soit ne pas y penser.

  • Speaker #0

    Faire l'autruche, quoi.

  • Speaker #1

    Faire l'autruche, exactement. Donc, par exemple, se mettre à regarder des séries sur Netflix ou à penser à autre chose,

  • Speaker #0

    s'enfermer dans le travail ou dans le... sport, on peut imaginer, par exemple, même quand quelqu'un va traverser par un deuil, parfois la « facilité » , ça va être de penser à autre chose, de ne pas accueillir notre propre émotion. C'est vrai que souvent, même, on apprend aux enfants à gérer leurs émotions, mais nous-mêmes, on a beaucoup de mal à le faire. Même pour les adultes, c'est un outil très intéressant.

  • Speaker #1

    Et la proposition de la pleine conscience, c'est de dire que, finalement, si on accueille ce qui se passe, que si dans l'instant présent, on est... Et pleinement avec toutes les manifestations de l'émotion, c'est-à-dire ce qui se passe dans notre corps, qu'est-ce que j'ai envie de faire, quels sont les mécanismes qui arrivent, pour les plus grands, parce que les petits, évidemment, ils ne peuvent pas être conscients de ça. Mais au moins, pour les petits, qu'est-ce qui se passe dans mon corps et qu'est-ce que ça me donne envie de faire ? Eh bien, en fait, on s'aperçoit que l'émotion, elle s'en va beaucoup plus vite. vite, parce qu'une émotion est comme une sorte de vague, et si on ne la vit pas pleinement, l'émotion elle va en quelque sorte rester en arrière-plan, elle va se cristalliser. Et une autre chose aussi que moi j'ai découvert personnellement dans ma pratique de la méditation, c'est qu'en accueillant l'émotion, en étant dans l'instant, je découvre en moi un lieu, un endroit qui est une sorte de ressource. Un lieu calme, tranquille, libre par rapport à l'émotion. Mais pour ça, il faut être capable de s'arrêter, de faire une sorte de bouton stop et d'écouter ce qui se passe. Et dans cette écoute, on s'aperçoit qu'il y a une sorte de silence, de tranquillité qui est là, même s'il y a une émotion forte, même si dans le corps, il y a des manifestations qui peuvent sembler désagréables. en arrière-plan cette écoute est une ressource qui permet d'accueillir ce qui se passe et qui permet à l'émotion de passer et de vivre, tout simplement, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi une bonne manière, je trouve, ce programme pour l'avoir vécu, du coup, en tant que maman qui a accompagné sa fille dans ce programme, puisqu'il y a quand même des choses à faire après à la maison. Ça permet aussi d'ouvrir le dialogue par rapport à des émotions qui peuvent traverser les enfants, qui ne sont pas forcément toujours agréables. Et par exemple, moi, il y a eu des moments très drôles où, à un moment, tu proposais un exercice qui était de colorier à quel endroit du corps il pouvait ressentir l'émotion désagréable. Il devait, par exemple, s'il le sentait dans les mains, parce que, par exemple, ça leur donnait envie de griffer ou frapper ou quoi que ce soit, il coloriait les mains. Et donc, moi, une fois, ma fille était à table et je ne sais pas ce qu'avait fait son frère et elle s'était levée. Elle m'avait dit « Attends, je ressens ça là, il faut tout de suite que j'aille colorier les mains pour mon cahier de la pleine conscience parce que là, qu'est-ce que j'ai envie de le frapper ! » Et du coup, c'était intéressant parce qu'au final, déjà, elle ne l'avait pas fait de frapper son frère. Du coup, comme elle ne le fait pas, ça permet évidemment de ne pas gronder puisqu'elle ne l'a pas fait. Elle a juste colorié les mains parce que c'est ce dont elle avait eu envie. Et du coup, ça ouvre le dialogue aussi en disant… Pourquoi tu en as eu envie ? Qu'est-ce que tu as ressenti ? Donc là, on développe sur la jalousie ou peu importe ce que peut être l'émotion. Mais ça leur donne aussi des clés pour identifier plus facilement les émotions. Parce que c'est vrai que tous les livres qu'on peut lire avec nos enfants, par exemple comme La couleur des émotions ou quoi que ce soit, c'est bien pour qu'ils les identifient. Mais ce n'est pas toujours ce qui leur donne des clés pour réussir à les accueillir et à les surmonter. Je trouve que ce programme, il est vraiment très bien pour permettre aussi aux familles de pouvoir discuter de ce qui se passe pour les enfants, ce qui se passe vraiment au fond d'eux.

  • Speaker #1

    Oui, absolument. En fait, ce programme, déjà, il fait intervenir les familles, puisque les enfants reviennent à la maison avec des explications de ce que nous avons fait en classe avec eux. Et aussi donc avec du travail à faire entre. Oui, là, en fait, tu es en train de souligner la dimension psychoéducative du programme. C'est-à-dire que là, dans la première partie, j'ai surtout développé le côté méditation. Mais effectivement, il y a aussi un côté psychoéducatif. C'est-à-dire que moi, je lis des livres, par exemple des albums sur les émotions, pour que les enfants puissent reconnaître les caractéristiques des émotions. Peut-être que je devrais revenir sur la définition d'une émotion, pour qu'on comprenne. Oui,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi.

  • Speaker #1

    Alors une émotion, en psychologie, c'est défini, il y a trois aspects. Il y a un aspect du corps, par exemple si je suis en colère, je vais plutôt être très tendue physiquement, je ne vais pas avoir une attitude d'ouverture ou de détente, je vais être plutôt crispée. Il y a une dimension aussi, une volonté d'action, ça c'est le deuxième élément d'une émotion. Donc ça me donne envie de faire des choses. Ça me donne envie, pour la colère par exemple, de taper. Si je suis triste, je vais plus avoir envie d'aller me réfugier dans un petit coin. Je ne vais pas avoir envie d'aller vers les autres. Je vais avoir envie d'être seule. Donc ça, c'est une volonté d'action. Et aussi des pensées. Souvent, la colère, c'est lié à un sentiment d'injustice, pour reprendre cet exemple. Donc je vais me dire, oui, voilà, ça, ce n'était pas juste. Donc je vais avoir un certain nombre de pensées qui vont être associées. à cette émotion. Chez les petits de maternelle, on ne va pas tellement mettre l'accent sur les pensées parce qu'ils n'ont pas le recul nécessaire pour ça. Par contre, avec les parents, on va développer beaucoup ce que ça fait dans le corps et quelles sont les volontés d'action liées à l'émotion. Souvent, dans les albums, ce qu'on voit, c'est une émotion, je dirais, à la troisième personne. qu'est-ce que ça fait à quelqu'un d'autre d'avoir une émotion, puisque les albums décrivent des situations émotionnelles. Et là, la différence avec ce programme, c'est que vraiment, l'idée, c'est de permettre aux enfants de développer leur ressenti subjectif par rapport à l'émotion, de voir vraiment ce que ça leur fait à eux, parce qu'on peut très bien être très informé des caractéristiques des émotions sans aller voir ce que ça nous fait à nous. L'objectif du programme, c'est aussi ça, c'est ne pas fuir ce que ça nous fait intérieurement, même si ce n'est pas agréable. Et alors ce qui est formidable aussi dans ce programme, c'est que toute la première partie du programme, l'accent est mis sur les émotions positives.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça qui est, je trouve, passionnant. D'ailleurs, moi-même, j'ai pris conscience de quelque chose que je ne faisais pas assez à la maison, c'est qu'en fait, on n'apprend pas. tant à savourer une émotion positive aux enfants. Et c'est ça qui est génial que toi tu fais, par exemple, dans le programme.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est hyper mignon puisque l'objectif, pour eux, c'est de faire attention, d'être attentif à ce qui se passe. Mais qu'est-ce que ça veut dire être attentif pour des enfants aussi petits ? Il faut déjà dans un premier temps expliquer ça. Qu'est-ce que c'est que faire attention ? Donc, cette explication, elle ne se passe pas par des mots. Elle a lieu avec des petits exercices d'attention à ce qui se passe dans l'instant présent. Je leur demande, dans les premières semaines, de décrire des choses agréables qu'ils ont fait. Et donc là, c'est hyper mignon. Donc, tu as des enfants qui te décrivent qu'ils sont allés faire un câlin à leur maman, sentir l'odeur du foulard de maman. Parce que l'accent est mis aussi sur les cinq sens, en fait.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que faire attention à ce qui se passe dans l'instant présent, c'est ouvrir son attention sur ce que je vois, ce que j'entends, ce que je goûte, ce que je ressens.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, je me permets aussi, tu me diras ce que tu en penses pour les personnes qui nous écoutent et justement qui ont un peu le côté de vouloir lire des choses sur les émotions, mais de trouver que quand on lit un livre, c'est un peu voir l'émotion et pas vraiment la ressentir. Ce que je trouve aussi qui est génial, c'est des jeux de société. qui sont justement sur la couleur des émotions, le monstre des couleurs. C'est assez incroyable parce que c'est un jeu où on lance les dés et selon ce sur quoi on tombe, il faut que l'enfant puisse raconter la dernière fois qu'il a ressenti cette émotion-là. C'est souvent des moments où on se rend compte qu'il y a des choses par exemple qui ont fait peur aux enfants et on ne s'en est même pas rendu compte. Ça permet beaucoup d'ouvrir le dialogue et de leur faire comprendre que c'est d'eux qu'il s'agit de leurs émotions et qu'ils peuvent parler d'eux. Et même ça nous... permet nous aussi, parce que du coup on y joue ensemble, de nous aussi parler de nos propres émotions et donc parfois de revenir sur des petits moments peut-être qu'on connaît tous dans le quotidien où par exemple ça s'est pas très bien passé et donc de dire moi à tel moment je me suis sentie un petit peu en colère parce que tu vois tu m'écoutais pas donc c'était un petit peu difficile et qu'est-ce que tu penses qu'on pourrait faire pour que ça se passe mieux parce que moi j'aime pas non plus me sentir comme ça et donc je trouve que c'est un outil complémentaire ... qui est super et que je recommande aux parents qui écoutent, je ne sais pas si tu as pu l'utiliser, et ça permet aussi justement, on est humain, il y a des moments où nous aussi on ne gère pas bien nos émotions, on aurait aimé réagir autrement, etc. Et on ne réagit pas toujours très bien et ça nous permet aussi de revenir encore dessus. En disant par exemple, là par exemple j'ai eu peur que tu te fasses mal, donc voilà j'ai réagi comme ça mais je n'aurais pas dû, parce que ça ne te donne pas vraiment confiance quand je fais ça. parfois des choses qui n'ont rien à voir avec eux aussi, mais j'aime bien cet outil-là. Je ne sais pas ce que tu en penses, si tu penses que c'est bien à utiliser à la maison comme outil, ce jeu de société.

  • Speaker #1

    Alors, je ne connais pas ce jeu, en fait, mais dans ce que tu en dis, oui, ce n'est pas tout à fait dans le même sens. Et en fait, dans le programme aussi, il y a des moments d'échange qui sont importants. C'est-à-dire qu'il y a des moments de méditation, il y a des moments de psycho-information, où là, c'est vraiment moi qui donne des informations aux enfants, mais des moments extrêmement importants où on échange justement sur ce qu'ils ont fait pendant la semaine entre les deux journées de programme puisque c'est une fois par semaine et où là justement ils parlent de leurs émotions il y a un moment par exemple où ils doivent dessiner une émotion désagréable, où ils doivent me raconter justement, ils se racontent les uns les autres d'ailleurs, c'est à dire que les interactions elles se font entre pairs, pour eux c'est intéressant d'entendre les autres raconter ce qui se passe Et ce que tu dis par rapport aux émotions des adultes, moi je sais que mes élèves très souvent pensent que les adultes n'ont pas d'émotions, que ça ne concerne que les enfants. Donc c'est intéressant pour eux de voir qu'avoir une émotion c'est normal. Parce que souvent ils se sentent submergés en fait par les émotions. Donc de voir que tout le monde a des émotions. Je compare souvent les émotions en fait à quelque chose qu'ils connaissent en fait à une sensation physique. Quand ils se font mal dans la cour, ils savent qu'au début, ils savent qu'ils vont avoir mal au début, très très mal, après un peu mal, après un tout petit peu mal, un tout petit peu, tout petit peu mal. C'est quelque chose qui descend graduellement, en fait, la douleur qu'ils vont avoir quand ils se font mal dans la cour de récréation. Donc percevoir que non seulement les adultes ont une émotion, mais que l'émotion finalement, elle a une gradation et que c'est quelque chose qui est naturel, ça c'est vraiment important. pour eux. Et oui, oui, discuter sur les émotions, c'est important. Mais ça ne suffit pas pour les aider, en fait, à accepter ce qui se passe. Donc là, dans le programme, il y a une proposition en plus, qui est vraiment faire attention à ce qui se passe. Alors, quand je parle de méditation, je vais peut-être développer un petit peu. La méditation, ça ne veut pas dire être assis en tailleur et ne pas bouger, du tout. Être dans une posture de méditation, c'est ce que j'explique. C'est être attentif à ce qui se passe. C'est ouvrir le champ de son attention sur tout ce qui est perçu. Donc il existe des méditations qui sont informelles. Moi je demande aux enfants de faire attention quand ils se lavent les mains, quand ils mangent. Ça c'est aussi de la méditation en fait.

  • Speaker #0

    Hum, bien sûr. Et c'est ça qui est bien aussi parce qu'après, on le voit que les enfants, ils font plus attention à ce qu'ils sont en train de vivre. Quand ils font quelque chose, par exemple, comme ils doivent souvent, on doit noter des choses dans lesquelles ils ont fait vraiment attention, qui s'inscrivent dans leur quotidien, c'est-à-dire que ça peut être, bon, on peut discuter en disant, ben tiens, viens, on lit cette histoire et on fait bien attention. Par exemple, où tu regardes ce petit dessin animé, tu fais bien attention au fait que tu es en train de... de regarder ce petit dessin animé. Du coup, après, ils vont avoir le réflexe de dire, là, on fait bien attention et même parfois nous le dire. C'est-à-dire que moi, je me souviens qu'il y avait des fois où, par exemple, j'allais recevoir un message et donc répondre au message en même temps que je faisais autre chose avec mes enfants. Elle allait me dire, là, tu ne fais pas attention, par exemple, maman. C'est vrai, en fait, on se rend compte que souvent, on est les premiers à être un peu en pilote automatique. On est nombreuses et nombreux, je pense, à par moment vraiment faire les choses par automatisme, à cause de la fatigue. Je pense notamment quand on a des enfants tout petits qui se réveillent la nuit, qu'on est fatigué, qu'il faut enfiler toutes les casquettes différentes. On a tendance à plus vraiment réfléchir quand on fait les choses et du coup, ne pas réfléchir, on s'en rend compte quand on prend un pas de recul, ça déconnecte un petit peu du plaisir. plus vraiment à ressentir de plaisir dans le quotidien. Et c'est là que le programme est intéressant aussi pour les adultes, en fait, parce que ne pas prendre conscience de ce qu'on fait et le faire de manière très automatique, ça coupe souvent de la joie,

  • Speaker #1

    je trouve. Absolument, mais en fait, le fait d'être en pilote automatique, c'est normal, c'est même indispensable. On ne peut pas être tout le temps à 100% dans une attention. à ce qui se passe. On peut par exemple être un peu dans la rêverie. En fait, le problème, ce n'est pas tellement d'être en pilote automatique, c'est de ne pas avoir le choix. Là, la proposition, c'est d'avoir des outils pour, si on le veut, vraiment profiter et vivre pleinement ce qui se passe. Et en fait, ça débouche aussi sur un sentiment de gratitude parce que vivre des choses agréables... Et les vivre tout en sachant qu'on les vit, ça développe un sentiment de gratitude.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants aussi, chez les adultes.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et en fait, on se rend compte que les enfants, et c'est ce que je trouvais intéressant, c'est ce que tu disais sur ce que ça a pu apporter à ta pratique personnelle aussi, de côtoyer les enfants et de voir comment ils pouvaient recevoir ce programme. Parce que finalement, les enfants sont très curieux de nature. et je pense que qui sont à un âge où c'est facile d'apprendre pour eux que l'impact qu'on peut avoir sur eux est énorme. Et donc que les personnes qui s'en occupent toute la journée, qui leur apprennent des choses, l'impact que vous avez sur les enfants, il est colossal en fait. Et donc ce type de programme, c'est extrêmement bénéfique.

  • Speaker #1

    Bah écoute, j'espère.

  • Speaker #0

    Bah ça c'est sûr. Puisqu'on parle des émotions des enfants, c'est vrai que quand on connaît les chiffres, par exemple, quand on pense le nombre d'enfants qui sont victimes d'abus sexuels, d'inceste, etc., il y a des enfants qui vivent des choses très difficiles. Et statistiquement, il doit y en avoir chaque année dans ta classe, puisque les chiffres sont terrifiants. Ça concerne un enfant sur dix. Donc forcément, par exemple, quand on prend une classe de 30, ça peut en concerner trois. Et justement, quels sont les moyens qui sont mis en place ? place justement, tu me parlais du fait qu'il peut y avoir une psychologue qui peut venir observer l'enfant pour voir si oui ou non l'enfant peut présenter des problèmes et qu'ensuite il faut s'entretenir avec les parents pour les orienter, donc soit leur proposer d'aller voir une psychologue et si la famille n'a pas la possibilité financièrement de voir un professionnel ou une professionnelle de la santé mentale, il y a des centres qui proposent gratuitement comme le CMP. Mais que c'est difficile d'avoir des places. Mais si, par exemple, c'est les parents qui sont mis en cause, là, on rentre dans autre chose, c'est-à-dire avec une assistante sociale, etc.

  • Speaker #1

    Alors, oui, effectivement, dans les écoles, il y a un réseau, un réseau d'aide prioritaire. Et dans ce réseau d'aide, il y a une psychologue, une psychologue scolaire qui peut venir voir dans la classe, si je le demande, observer en fait en classe les enfants. Et ensuite, si c'est nécessaire, elle prend rendez-vous avec les parents pour les orienter vers le CMP. Autrement, dans le réseau, il y a aussi une assistante sociale. et un médecin scolaire. Moi, j'oriente vers ça.

  • Speaker #0

    J'avais envie de te parler, du coup, comme on parlait aussi des comportements des enfants, d'un sujet qui est très important et qui vous concerne directement au quotidien, c'est le harcèlement scolaire. Est-ce que, dès la maternelle, vous pouvez commencer à observer les premiers signes d'harcèlement ? Et je sais qu'il y a quelque chose que vous avez la chance de tester. dans cette école-là et j'aurais aimé que tu m'en parles un petit peu, si c'est possible.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que là, c'était la journée du harcèlement hier, donc c'est un sujet qui est effectivement d'actualité et qui est quelque chose d'important en fait, qu'il faut prendre en compte. Alors en maternelle, c'est vrai que, comme je te disais, les comportements des enfants ne sont pas encore figé. Il y a beaucoup de souplesse dans les comportements des enfants de 4-5 ans. Par exemple, on va être hyper copain avec quelqu'un et puis 3 jours après, on ne va plus du tout s'entendre avec lui et puis redevenir copain avec lui. Les comportements sont quand même très souples. Donc je ne sais pas si on peut vraiment parler de harcèlement en maternelle. Après, c'est sûr qu'il faut apprendre aux enfants à gérer les relations. Bon. Et à être vigilant, en fait, par rapport à ça. Voir si, oui, qu'est-ce que c'est que le harcèlement ? Ça peut être des moqueries, ça peut être l'isolement d'un enfant. Donc être vigilant par rapport à ce genre de choses. Mais moi, ce que j'ai pu constater, c'est qu'en maternelle, il y a quand même beaucoup de souplesse. Alors oui, dans l'école où je suis, on est en train de tester un programme, en fait. Mais c'est vraiment le début de cette initiative. donc je pense Je peux en parler, mais d'une manière théorique. Ce programme s'appelle Free for Morbory. L'intérêt de cette approche, c'est de dire que le harcèlement est un système. Jusque-là, on voyait le harcèlement comme étant une affaire à deux, entre celui qui était harcelé et celui qui harcèle. Ce que je trouve intéressant dans cette approche, c'est de voir que le harcèlement ne se fait pas sans...

  • Speaker #0

    tous les autres qui regardent et qui ne disent rien, voire récanent. Dans un cadre scolaire, bien sûr. C'est-à-dire que c'est un système où l'ensemble de la classe, finalement, est acteur. Donc, ce programme Free for Morbary propose, en fait, un certain nombre d'outils. Donc, c'est aussi un programme pour faire réfléchir les enfants à ces situations-là et à leur donner, en fait, des outils pour dire non. que le groupe d'enfants qui est passif devienne actif pour arrêter la situation de harcèlement quand elle arrive en germe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ce qui est difficile à cet âge-là, c'est qu'il y a quand même un tel désir d'être accepté par le groupe que souvent, vraiment leur peur, c'est qu'un tel ou une telle lui dise « t'es plus ma copine » ou « t'es plus mon copain » . Donc, on a l'impression que finalement, peu importe ce que peut faire un tel ou une telle, c'est pas grave tant qu'à la fin, il ou elle dit oui c'est bon, t'es ma copine ou t'es mon copain et donc c'est ça que je trouve vraiment très bien avec ce programme en leur apprenant ce qui est ou pas acceptable et pour faire le lien aussi je rebondis sur quelque chose que tu dis sur le côté collectif et du groupe quelque chose pour revenir au programme de pleine conscience que tu as proposé qui était aussi assez incroyable et Merci. enrichissant dans leur construction, c'est que tu leur permettais aussi de constater que l'émotion peut se communiquer et donc de dire par exemple un mot gentil à l'oreille d'une camarade ou d'un camarade et de voir que ça faisait plaisir. Donc les enfants prennent aussi conscience qu'ils ont un pouvoir pour aider les autres. En fait, ça développe j'ai trouvé leur empathie.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'effectivement les enfants finalement ne réagissent pas parce qu'ils ont peur. Donc là, ça fait partie de l'apprentissage. Entre autres, les valeurs de Free for Marbury, c'est la tolérance, le respect, l'attention aux autres. Voir effectivement que je peux aider l'autre, que mon action a un impact sur l'autre, que je peux prendre soin de l'autre. Que si je vois quelqu'un qui est un peu triste, j'ai cette capacité d'aller l'aider. Et aussi le courage, le courage de dire non. et c'est vrai qu'il en faut parce que le... Le fait d'appartenir à un groupe, d'être entraîné par les autres. Si j'adore un copain et que je le vois faire une bêtise, il faut avoir le courage, effectivement, de lui dire non. Là, ce que tu es en train de faire, c'est une bêtise. Je ne vais pas faire comme toi. Effectivement. Donc, c'est valoriser des attitudes comme ça et montrer que c'est courageux.

  • Speaker #1

    Non seulement lui dire quand tu fais une bêtise, mais par exemple aussi de comprendre que même si ça fait rire d'autres gens, Dès que ça peut faire de la peine à quelqu'un d'autre, alors c'est pas drôle. C'est aussi toujours un petit peu la limite, je trouve, quand on apprend à des enfants. Par exemple, moi, ce que j'aime bien dire, c'est quand tu fais, par exemple, une blague, si ça fait rire la personne en face de toi, ça veut dire que c'est une blague. Par contre, si ça ne fait pas rire, alors c'est une moquerie, il faut s'arrêter. Parfois, la limite, quand les enfants sont petits, elle est très, très fine. entre le fait de rigoler avec un copain ou une copine et se moquer. Et en fait, je trouve que petits, les enfants comprennent très bien quand on leur explique des choses comme ça. Et souvent, on voit des gens qui pensent que les enfants ne vont pas comprendre et ne leur expliquent pas, alors qu'en fait, je trouve les enfants très empathiques. Dans la construction du cerveau des enfants, l'empathie, je crois que c'est à partir de 7 ans qu'ils sont véritablement capables d'être empathiques, dans le sens où leur cerveau est fait pour être très égocentrique. Ça fait qu'ils pensent toujours que tout soit leur faute, soit grâce à eux. Donc ça les empêche forcément d'être un peu tournés vers les autres. Mais je trouve que quand on leur parle et qu'on leur explique comment se sentent les autres, la plupart du temps, ils arrivent à adapter leur comportement. Alors que quand on pense qu'ils ne comprennent pas, du coup, j'ai l'impression que c'est ça qui fait qu'on avance vers une société qui n'est pas très altruiste.

  • Speaker #0

    Oui, alors en classe, on peut utiliser par exemple des posters, tu vois. avec des images de situations. Donc on réfléchit tous ensemble. Il y a des étapes, en fait, quand on regarde ces images, pour d'abord essayer de décrire ce que ressentent les personnages de l'image, pour développer effectivement l'empathie, essayer de se mettre à la place de ceux qui sont sur l'image, en fait. Et ensuite, de réfléchir ensemble à quelles solutions on peut apporter à cette situation où il y a un camarade qui se moque d'un autre. ou voilà

  • Speaker #1

    Et vous, dès les premiers agissements comme ça, en général, vous parlez avec les élèves. Je sais pour le coup ce qui se passe dans l'école pour avoir... Déjà eu le cas qui s'est présenté, je trouve que c'est bien pris en main. En général, quand il y a des choses qui peuvent être un peu embêtantes, les deux élèves vont parler avec la maîtresse et la directrice, je crois, pour dire que ça n'allait pas et qu'il ne faut pas recommencer jusqu'à ce que les enfants s'excusent.

  • Speaker #0

    Oui, on essaye d'être très vigilante. Et quand il y a des conflits entre enfants... On essaie effectivement de les faire parler, de voir ce qui s'est passé, de comprendre la situation et de les aider, eux, à comprendre ce qui s'est passé et comment ils pourraient réagir autrement.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup. C'était un vrai plaisir d'approfondir ce sujet qui est super important. Et puis, de manière générale, merci d'exercer de manière aussi passionnée. et vraiment, je pense que tu ne te rends pas compte de l'importance... impact que tu as et sur les enfants et sur les familles de manière générale parce que quel soulagement de savoir que notre enfant est bien pendant la journée, que notre enfant apprend des choses super dans un bon cadre et bien entouré. Quand les enfants traversent des difficultés parfois, que ce soit des moments où la séparation est plus difficile ou quoi, je trouve vraiment que tu es formidable sur tout. tous les sujets, donc merci beaucoup pour ça.

  • Speaker #0

    Merci Pauline de m'avoir invitée. Mais je voudrais quand même faire passer un message aux parents sur les pleurs du matin. Parce que les maîtresses disent tout le temps que dès que la porte est fermée, les pleurs globalement s'arrêtent. C'est vrai. C'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est tout de suite en général, même en petite section.

  • Speaker #0

    Au début de l'année, non, mais assez rapidement, ils voient l'intérêt d'être à l'école. Il y a une sorte de passion pour le groupe. Tu disais que le regard des autres, des pères dans la classe est important. Nous sommes, en tant qu'êtres humains, des animaux sociaux. Donc, découvrir la collectivité, jouer ensemble, c'est un plaisir immense pour les enfants. Alors, c'est vrai que c'est dur de quitter les parents, mais assez rapidement, les enfants voient à quel point l'école, c'est chouette aussi.

  • Speaker #1

    Super, j'imagine que ça va rassurer pas mal de personnes. Merci pour ça. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast.

  • Speaker #1

    Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Je suis super contente qu'on enregistre un épisode, un épisode qui va être très intéressant. Ma fille a eu la grande chance de t'avoir comme maîtresse. Quelle richesse pour des enfants que d'avoir la chance d'être accompagnée par quelqu'un comme toi. Et pour moi aussi, c'était vraiment formidable. j'ai adoré l'année que Tu as passé à enseigner à ma fille tout un tas de choses formidables et notamment ce qui m'a donné envie de te proposer de venir en parler. Tu leur as fait un programme de pleine conscience. Tu vas nous expliquer ce que c'est tout au long de l'épisode. C'est vraiment un outil dont on se sert à la maison au quotidien et qui aide beaucoup et qui laisse des traces extrêmement positives sur les enfants. Puisque j'ai discuté avec d'autres parents dont les enfants ont eu aussi la chance de t'avoir dans leur parcours. Et qui disent que des années après, ils s'en servent encore. Donc déjà, merci d'avoir cet impact incroyable sur les enfants, dans leur éducation. Et j'avais envie, s'il te plaît, pour les personnes qui nous écoutent, qui ne savent pas forcément ce que c'est que la pleine conscience, justement, ou qui savent dans les grandes lignes, est-ce que tu pourrais déjà, pour qu'on commence à savoir de quoi on parle, le définir, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je te remercie pour ces compliments. Ça me fait très, très plaisir. Ça me touche beaucoup. Oui, effectivement, je pratique la pleine conscience dans ma classe, avec mes élèves. Alors j'ai une classe avec deux niveaux, des petits et des moyens. Je pratique la pleine conscience avec les moyens, avec des enfants qui ont 4-5 ans. Alors qu'est-ce que c'est que la pleine conscience ? C'est un programme de psychoéducation qui associe à la fois une dimension psychoéducative et de la méditation. Ça a été inventé par un américain qui s'appelle John Kabat-Zinn, qui intervenait dans une clinique dans le Massachusetts. Et les personnes qu'il voulait aider étaient des gens qui souffraient de troubles, en fait de maladies chroniques et qui avaient des douleurs chroniques.

  • Speaker #0

    Donc des douleurs physiques.

  • Speaker #1

    Des douleurs physiques, absolument. Et lui, John Kabat-Zinn, il pratiquait une... une méthode de méditation bouddhiste, Vipassana. Et donc il s'est dit que cette pratique de méditation pourrait aider les personnes qu'il voyait souffrir. Donc il a commencé en fait comme ça, en pratiquant de la méditation Vipassana avec ces personnes. Et il s'est aperçu que ça permettait aux gens de mieux gérer leur souffrance physique. Et par la suite, il a été approché en fait par des psychologues, des psychologues comportementalistes qui eux s'occupaient des personnes dépressives. La pleine conscience, c'est une sorte de mix entre de la psychologie et une pratique de méditation. Donc l'alliance entre la pratique de John Kabat-Zinn et la pratique de ces psychologues comportementalistes a débouché sur la création de programmes qui durent sur un... temps donné, ça dure 6 ou 7 semaines, les gens apprennent à décoder psychologiquement les caractéristiques de ce pour quoi ils viennent et à avoir une pratique d'attention à l'instant présent, une pratique de méditation. Les deux premiers programmes qui ont été élaborés, le premier programme était sur les rechutes dépressives et le deuxième sur la réduction du stress. Pendant ces programmes, en fait... Les gens viennent et on leur, très progressivement en fait, on leur donne des indications, par exemple sur le programme pour la réduction du stress, sur qu'est-ce que c'est que le stress, quelles sont les caractéristiques du stress, qu'est-ce qui apparaît au niveau des mécanismes psychologiques quand je suis stressée, comment reconnaître en fait les mécanismes du stress, et aussi une pratique d'attention à l'instant présent, donc une pratique vraiment de méditation. Ces deux programmes ont été soumis à des études dans des universités en psychologie. Donc il y a eu des études en termes d'efficacité de ces programmes. Et aussi, cette forme de méditation, donc pleine conscience, s'est complètement dégagée de toute forme religieuse. Puisque, comme je le disais au départ, John K. Badin avait une pratique bouddhiste, Vipassana. Donc là, avec les programmes de pleine conscience, on est vraiment dans quelque chose qui n'est pas du tout religieux. ... qui est complètement laïque et où la méditation permet de revenir simplement à l'instant présent et de sortir des cogitations mentales. Parce qu'ils se sont aperçus que ce qui faisait que les gens rechutaient en dépression ou n'arrivaient pas à gérer leur stress, c'était le fait que ces personnes pensaient que... Ils allaient résoudre les difficultés de leur quotidien par la pensée. Et la proposition qui leur est faite dans ces programmes, c'est de sortir de ce schéma pour vraiment devenir attentif à ce qui se passe dans l'instant présent. Et attentif notamment à leur pensée et à leur mécanisme psychologique. Il y a un certain nombre d'autres programmes qui se sont développés. Et moi, j'ai suivi une formation dans une université en Belgique pour apprendre à développer un programme pour les enfants. Et l'orientation de ce programme est la gestion des émotions.

  • Speaker #0

    Qui est un gros sujet sur les tranches d'âge que tu côtoies, puisqu'on sait que ce n'est pas en général les enfants les champions pour gérer les émotions de manière... Enfin, c'est difficile la gestion des émotions, c'est d'ailleurs un gros défi. dans la parentalité. Et j'imagine pour vous aussi, je ne sais même pas à vrai dire comment vous faites pour en avoir autant. Par exemple, quand tu quittes des petites sections et qu'ils pleurent tous, c'est terrifiant pour les parents de se dire, mon Dieu, mais comment est-ce possible de calmer 25 enfants ? Donc, c'est un très, très gros défi. Gérer les émotions, c'est incroyable qu'ils puissent avoir ça. Et toi, en plus, tu enseignes depuis 20 ans. Tu as... passé ce diplôme pour pouvoir rajouter la pleine conscience à ton programme à toi depuis sept ans à peu près. Donc tu as quand même un recul de ce que ça a pu apporter aux enfants puisque tu as été maîtresse sans pouvoir leur apporter ce programme et maintenant avec. Qu'est-ce que tu constates en fait ? Qu'est-ce que tu trouves que ça leur apporte dans leur quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors c'est compliqué pour moi de voir si ça... provoque un changement immédiat. Parce que moi, ce que j'ai l'impression de faire, c'est de poser des petites graines, en fait. Ce que je veux, en fait, avec ce programme de pleine conscience, c'est que les enfants accueillent ce qui se passe, accueillent leurs émotions et ne rentrent pas dans une attitude de fuite. Parce que finalement, quand on a une émotion agréable, évidemment, on la vit à 100%. Mais quand on a une émotion plus désagréable, une des attitudes très courantes, c'est de vouloir éviter cette émotion. Et un des objectifs de ces programmes de pleine conscience, c'est de permettre de vivre pleinement ce qui se passe dans l'instant présent, que l'émotion soit agréable ou qu'elle soit moins agréable. Et ça, je pense qu'on peut tous le constater. Quand on a une difficulté dans notre vie, dans notre quotidien, on va avoir tendance à soit ne pas y penser.

  • Speaker #0

    Faire l'autruche, quoi.

  • Speaker #1

    Faire l'autruche, exactement. Donc, par exemple, se mettre à regarder des séries sur Netflix ou à penser à autre chose,

  • Speaker #0

    s'enfermer dans le travail ou dans le... sport, on peut imaginer, par exemple, même quand quelqu'un va traverser par un deuil, parfois la « facilité » , ça va être de penser à autre chose, de ne pas accueillir notre propre émotion. C'est vrai que souvent, même, on apprend aux enfants à gérer leurs émotions, mais nous-mêmes, on a beaucoup de mal à le faire. Même pour les adultes, c'est un outil très intéressant.

  • Speaker #1

    Et la proposition de la pleine conscience, c'est de dire que, finalement, si on accueille ce qui se passe, que si dans l'instant présent, on est... Et pleinement avec toutes les manifestations de l'émotion, c'est-à-dire ce qui se passe dans notre corps, qu'est-ce que j'ai envie de faire, quels sont les mécanismes qui arrivent, pour les plus grands, parce que les petits, évidemment, ils ne peuvent pas être conscients de ça. Mais au moins, pour les petits, qu'est-ce qui se passe dans mon corps et qu'est-ce que ça me donne envie de faire ? Eh bien, en fait, on s'aperçoit que l'émotion, elle s'en va beaucoup plus vite. vite, parce qu'une émotion est comme une sorte de vague, et si on ne la vit pas pleinement, l'émotion elle va en quelque sorte rester en arrière-plan, elle va se cristalliser. Et une autre chose aussi que moi j'ai découvert personnellement dans ma pratique de la méditation, c'est qu'en accueillant l'émotion, en étant dans l'instant, je découvre en moi un lieu, un endroit qui est une sorte de ressource. Un lieu calme, tranquille, libre par rapport à l'émotion. Mais pour ça, il faut être capable de s'arrêter, de faire une sorte de bouton stop et d'écouter ce qui se passe. Et dans cette écoute, on s'aperçoit qu'il y a une sorte de silence, de tranquillité qui est là, même s'il y a une émotion forte, même si dans le corps, il y a des manifestations qui peuvent sembler désagréables. en arrière-plan cette écoute est une ressource qui permet d'accueillir ce qui se passe et qui permet à l'émotion de passer et de vivre, tout simplement, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi une bonne manière, je trouve, ce programme pour l'avoir vécu, du coup, en tant que maman qui a accompagné sa fille dans ce programme, puisqu'il y a quand même des choses à faire après à la maison. Ça permet aussi d'ouvrir le dialogue par rapport à des émotions qui peuvent traverser les enfants, qui ne sont pas forcément toujours agréables. Et par exemple, moi, il y a eu des moments très drôles où, à un moment, tu proposais un exercice qui était de colorier à quel endroit du corps il pouvait ressentir l'émotion désagréable. Il devait, par exemple, s'il le sentait dans les mains, parce que, par exemple, ça leur donnait envie de griffer ou frapper ou quoi que ce soit, il coloriait les mains. Et donc, moi, une fois, ma fille était à table et je ne sais pas ce qu'avait fait son frère et elle s'était levée. Elle m'avait dit « Attends, je ressens ça là, il faut tout de suite que j'aille colorier les mains pour mon cahier de la pleine conscience parce que là, qu'est-ce que j'ai envie de le frapper ! » Et du coup, c'était intéressant parce qu'au final, déjà, elle ne l'avait pas fait de frapper son frère. Du coup, comme elle ne le fait pas, ça permet évidemment de ne pas gronder puisqu'elle ne l'a pas fait. Elle a juste colorié les mains parce que c'est ce dont elle avait eu envie. Et du coup, ça ouvre le dialogue aussi en disant… Pourquoi tu en as eu envie ? Qu'est-ce que tu as ressenti ? Donc là, on développe sur la jalousie ou peu importe ce que peut être l'émotion. Mais ça leur donne aussi des clés pour identifier plus facilement les émotions. Parce que c'est vrai que tous les livres qu'on peut lire avec nos enfants, par exemple comme La couleur des émotions ou quoi que ce soit, c'est bien pour qu'ils les identifient. Mais ce n'est pas toujours ce qui leur donne des clés pour réussir à les accueillir et à les surmonter. Je trouve que ce programme, il est vraiment très bien pour permettre aussi aux familles de pouvoir discuter de ce qui se passe pour les enfants, ce qui se passe vraiment au fond d'eux.

  • Speaker #1

    Oui, absolument. En fait, ce programme, déjà, il fait intervenir les familles, puisque les enfants reviennent à la maison avec des explications de ce que nous avons fait en classe avec eux. Et aussi donc avec du travail à faire entre. Oui, là, en fait, tu es en train de souligner la dimension psychoéducative du programme. C'est-à-dire que là, dans la première partie, j'ai surtout développé le côté méditation. Mais effectivement, il y a aussi un côté psychoéducatif. C'est-à-dire que moi, je lis des livres, par exemple des albums sur les émotions, pour que les enfants puissent reconnaître les caractéristiques des émotions. Peut-être que je devrais revenir sur la définition d'une émotion, pour qu'on comprenne. Oui,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi.

  • Speaker #1

    Alors une émotion, en psychologie, c'est défini, il y a trois aspects. Il y a un aspect du corps, par exemple si je suis en colère, je vais plutôt être très tendue physiquement, je ne vais pas avoir une attitude d'ouverture ou de détente, je vais être plutôt crispée. Il y a une dimension aussi, une volonté d'action, ça c'est le deuxième élément d'une émotion. Donc ça me donne envie de faire des choses. Ça me donne envie, pour la colère par exemple, de taper. Si je suis triste, je vais plus avoir envie d'aller me réfugier dans un petit coin. Je ne vais pas avoir envie d'aller vers les autres. Je vais avoir envie d'être seule. Donc ça, c'est une volonté d'action. Et aussi des pensées. Souvent, la colère, c'est lié à un sentiment d'injustice, pour reprendre cet exemple. Donc je vais me dire, oui, voilà, ça, ce n'était pas juste. Donc je vais avoir un certain nombre de pensées qui vont être associées. à cette émotion. Chez les petits de maternelle, on ne va pas tellement mettre l'accent sur les pensées parce qu'ils n'ont pas le recul nécessaire pour ça. Par contre, avec les parents, on va développer beaucoup ce que ça fait dans le corps et quelles sont les volontés d'action liées à l'émotion. Souvent, dans les albums, ce qu'on voit, c'est une émotion, je dirais, à la troisième personne. qu'est-ce que ça fait à quelqu'un d'autre d'avoir une émotion, puisque les albums décrivent des situations émotionnelles. Et là, la différence avec ce programme, c'est que vraiment, l'idée, c'est de permettre aux enfants de développer leur ressenti subjectif par rapport à l'émotion, de voir vraiment ce que ça leur fait à eux, parce qu'on peut très bien être très informé des caractéristiques des émotions sans aller voir ce que ça nous fait à nous. L'objectif du programme, c'est aussi ça, c'est ne pas fuir ce que ça nous fait intérieurement, même si ce n'est pas agréable. Et alors ce qui est formidable aussi dans ce programme, c'est que toute la première partie du programme, l'accent est mis sur les émotions positives.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça qui est, je trouve, passionnant. D'ailleurs, moi-même, j'ai pris conscience de quelque chose que je ne faisais pas assez à la maison, c'est qu'en fait, on n'apprend pas. tant à savourer une émotion positive aux enfants. Et c'est ça qui est génial que toi tu fais, par exemple, dans le programme.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est hyper mignon puisque l'objectif, pour eux, c'est de faire attention, d'être attentif à ce qui se passe. Mais qu'est-ce que ça veut dire être attentif pour des enfants aussi petits ? Il faut déjà dans un premier temps expliquer ça. Qu'est-ce que c'est que faire attention ? Donc, cette explication, elle ne se passe pas par des mots. Elle a lieu avec des petits exercices d'attention à ce qui se passe dans l'instant présent. Je leur demande, dans les premières semaines, de décrire des choses agréables qu'ils ont fait. Et donc là, c'est hyper mignon. Donc, tu as des enfants qui te décrivent qu'ils sont allés faire un câlin à leur maman, sentir l'odeur du foulard de maman. Parce que l'accent est mis aussi sur les cinq sens, en fait.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que faire attention à ce qui se passe dans l'instant présent, c'est ouvrir son attention sur ce que je vois, ce que j'entends, ce que je goûte, ce que je ressens.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, je me permets aussi, tu me diras ce que tu en penses pour les personnes qui nous écoutent et justement qui ont un peu le côté de vouloir lire des choses sur les émotions, mais de trouver que quand on lit un livre, c'est un peu voir l'émotion et pas vraiment la ressentir. Ce que je trouve aussi qui est génial, c'est des jeux de société. qui sont justement sur la couleur des émotions, le monstre des couleurs. C'est assez incroyable parce que c'est un jeu où on lance les dés et selon ce sur quoi on tombe, il faut que l'enfant puisse raconter la dernière fois qu'il a ressenti cette émotion-là. C'est souvent des moments où on se rend compte qu'il y a des choses par exemple qui ont fait peur aux enfants et on ne s'en est même pas rendu compte. Ça permet beaucoup d'ouvrir le dialogue et de leur faire comprendre que c'est d'eux qu'il s'agit de leurs émotions et qu'ils peuvent parler d'eux. Et même ça nous... permet nous aussi, parce que du coup on y joue ensemble, de nous aussi parler de nos propres émotions et donc parfois de revenir sur des petits moments peut-être qu'on connaît tous dans le quotidien où par exemple ça s'est pas très bien passé et donc de dire moi à tel moment je me suis sentie un petit peu en colère parce que tu vois tu m'écoutais pas donc c'était un petit peu difficile et qu'est-ce que tu penses qu'on pourrait faire pour que ça se passe mieux parce que moi j'aime pas non plus me sentir comme ça et donc je trouve que c'est un outil complémentaire ... qui est super et que je recommande aux parents qui écoutent, je ne sais pas si tu as pu l'utiliser, et ça permet aussi justement, on est humain, il y a des moments où nous aussi on ne gère pas bien nos émotions, on aurait aimé réagir autrement, etc. Et on ne réagit pas toujours très bien et ça nous permet aussi de revenir encore dessus. En disant par exemple, là par exemple j'ai eu peur que tu te fasses mal, donc voilà j'ai réagi comme ça mais je n'aurais pas dû, parce que ça ne te donne pas vraiment confiance quand je fais ça. parfois des choses qui n'ont rien à voir avec eux aussi, mais j'aime bien cet outil-là. Je ne sais pas ce que tu en penses, si tu penses que c'est bien à utiliser à la maison comme outil, ce jeu de société.

  • Speaker #1

    Alors, je ne connais pas ce jeu, en fait, mais dans ce que tu en dis, oui, ce n'est pas tout à fait dans le même sens. Et en fait, dans le programme aussi, il y a des moments d'échange qui sont importants. C'est-à-dire qu'il y a des moments de méditation, il y a des moments de psycho-information, où là, c'est vraiment moi qui donne des informations aux enfants, mais des moments extrêmement importants où on échange justement sur ce qu'ils ont fait pendant la semaine entre les deux journées de programme puisque c'est une fois par semaine et où là justement ils parlent de leurs émotions il y a un moment par exemple où ils doivent dessiner une émotion désagréable, où ils doivent me raconter justement, ils se racontent les uns les autres d'ailleurs, c'est à dire que les interactions elles se font entre pairs, pour eux c'est intéressant d'entendre les autres raconter ce qui se passe Et ce que tu dis par rapport aux émotions des adultes, moi je sais que mes élèves très souvent pensent que les adultes n'ont pas d'émotions, que ça ne concerne que les enfants. Donc c'est intéressant pour eux de voir qu'avoir une émotion c'est normal. Parce que souvent ils se sentent submergés en fait par les émotions. Donc de voir que tout le monde a des émotions. Je compare souvent les émotions en fait à quelque chose qu'ils connaissent en fait à une sensation physique. Quand ils se font mal dans la cour, ils savent qu'au début, ils savent qu'ils vont avoir mal au début, très très mal, après un peu mal, après un tout petit peu mal, un tout petit peu, tout petit peu mal. C'est quelque chose qui descend graduellement, en fait, la douleur qu'ils vont avoir quand ils se font mal dans la cour de récréation. Donc percevoir que non seulement les adultes ont une émotion, mais que l'émotion finalement, elle a une gradation et que c'est quelque chose qui est naturel, ça c'est vraiment important. pour eux. Et oui, oui, discuter sur les émotions, c'est important. Mais ça ne suffit pas pour les aider, en fait, à accepter ce qui se passe. Donc là, dans le programme, il y a une proposition en plus, qui est vraiment faire attention à ce qui se passe. Alors, quand je parle de méditation, je vais peut-être développer un petit peu. La méditation, ça ne veut pas dire être assis en tailleur et ne pas bouger, du tout. Être dans une posture de méditation, c'est ce que j'explique. C'est être attentif à ce qui se passe. C'est ouvrir le champ de son attention sur tout ce qui est perçu. Donc il existe des méditations qui sont informelles. Moi je demande aux enfants de faire attention quand ils se lavent les mains, quand ils mangent. Ça c'est aussi de la méditation en fait.

  • Speaker #0

    Hum, bien sûr. Et c'est ça qui est bien aussi parce qu'après, on le voit que les enfants, ils font plus attention à ce qu'ils sont en train de vivre. Quand ils font quelque chose, par exemple, comme ils doivent souvent, on doit noter des choses dans lesquelles ils ont fait vraiment attention, qui s'inscrivent dans leur quotidien, c'est-à-dire que ça peut être, bon, on peut discuter en disant, ben tiens, viens, on lit cette histoire et on fait bien attention. Par exemple, où tu regardes ce petit dessin animé, tu fais bien attention au fait que tu es en train de... de regarder ce petit dessin animé. Du coup, après, ils vont avoir le réflexe de dire, là, on fait bien attention et même parfois nous le dire. C'est-à-dire que moi, je me souviens qu'il y avait des fois où, par exemple, j'allais recevoir un message et donc répondre au message en même temps que je faisais autre chose avec mes enfants. Elle allait me dire, là, tu ne fais pas attention, par exemple, maman. C'est vrai, en fait, on se rend compte que souvent, on est les premiers à être un peu en pilote automatique. On est nombreuses et nombreux, je pense, à par moment vraiment faire les choses par automatisme, à cause de la fatigue. Je pense notamment quand on a des enfants tout petits qui se réveillent la nuit, qu'on est fatigué, qu'il faut enfiler toutes les casquettes différentes. On a tendance à plus vraiment réfléchir quand on fait les choses et du coup, ne pas réfléchir, on s'en rend compte quand on prend un pas de recul, ça déconnecte un petit peu du plaisir. plus vraiment à ressentir de plaisir dans le quotidien. Et c'est là que le programme est intéressant aussi pour les adultes, en fait, parce que ne pas prendre conscience de ce qu'on fait et le faire de manière très automatique, ça coupe souvent de la joie,

  • Speaker #1

    je trouve. Absolument, mais en fait, le fait d'être en pilote automatique, c'est normal, c'est même indispensable. On ne peut pas être tout le temps à 100% dans une attention. à ce qui se passe. On peut par exemple être un peu dans la rêverie. En fait, le problème, ce n'est pas tellement d'être en pilote automatique, c'est de ne pas avoir le choix. Là, la proposition, c'est d'avoir des outils pour, si on le veut, vraiment profiter et vivre pleinement ce qui se passe. Et en fait, ça débouche aussi sur un sentiment de gratitude parce que vivre des choses agréables... Et les vivre tout en sachant qu'on les vit, ça développe un sentiment de gratitude.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants aussi, chez les adultes.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et en fait, on se rend compte que les enfants, et c'est ce que je trouvais intéressant, c'est ce que tu disais sur ce que ça a pu apporter à ta pratique personnelle aussi, de côtoyer les enfants et de voir comment ils pouvaient recevoir ce programme. Parce que finalement, les enfants sont très curieux de nature. et je pense que qui sont à un âge où c'est facile d'apprendre pour eux que l'impact qu'on peut avoir sur eux est énorme. Et donc que les personnes qui s'en occupent toute la journée, qui leur apprennent des choses, l'impact que vous avez sur les enfants, il est colossal en fait. Et donc ce type de programme, c'est extrêmement bénéfique.

  • Speaker #1

    Bah écoute, j'espère.

  • Speaker #0

    Bah ça c'est sûr. Puisqu'on parle des émotions des enfants, c'est vrai que quand on connaît les chiffres, par exemple, quand on pense le nombre d'enfants qui sont victimes d'abus sexuels, d'inceste, etc., il y a des enfants qui vivent des choses très difficiles. Et statistiquement, il doit y en avoir chaque année dans ta classe, puisque les chiffres sont terrifiants. Ça concerne un enfant sur dix. Donc forcément, par exemple, quand on prend une classe de 30, ça peut en concerner trois. Et justement, quels sont les moyens qui sont mis en place ? place justement, tu me parlais du fait qu'il peut y avoir une psychologue qui peut venir observer l'enfant pour voir si oui ou non l'enfant peut présenter des problèmes et qu'ensuite il faut s'entretenir avec les parents pour les orienter, donc soit leur proposer d'aller voir une psychologue et si la famille n'a pas la possibilité financièrement de voir un professionnel ou une professionnelle de la santé mentale, il y a des centres qui proposent gratuitement comme le CMP. Mais que c'est difficile d'avoir des places. Mais si, par exemple, c'est les parents qui sont mis en cause, là, on rentre dans autre chose, c'est-à-dire avec une assistante sociale, etc.

  • Speaker #1

    Alors, oui, effectivement, dans les écoles, il y a un réseau, un réseau d'aide prioritaire. Et dans ce réseau d'aide, il y a une psychologue, une psychologue scolaire qui peut venir voir dans la classe, si je le demande, observer en fait en classe les enfants. Et ensuite, si c'est nécessaire, elle prend rendez-vous avec les parents pour les orienter vers le CMP. Autrement, dans le réseau, il y a aussi une assistante sociale. et un médecin scolaire. Moi, j'oriente vers ça.

  • Speaker #0

    J'avais envie de te parler, du coup, comme on parlait aussi des comportements des enfants, d'un sujet qui est très important et qui vous concerne directement au quotidien, c'est le harcèlement scolaire. Est-ce que, dès la maternelle, vous pouvez commencer à observer les premiers signes d'harcèlement ? Et je sais qu'il y a quelque chose que vous avez la chance de tester. dans cette école-là et j'aurais aimé que tu m'en parles un petit peu, si c'est possible.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que là, c'était la journée du harcèlement hier, donc c'est un sujet qui est effectivement d'actualité et qui est quelque chose d'important en fait, qu'il faut prendre en compte. Alors en maternelle, c'est vrai que, comme je te disais, les comportements des enfants ne sont pas encore figé. Il y a beaucoup de souplesse dans les comportements des enfants de 4-5 ans. Par exemple, on va être hyper copain avec quelqu'un et puis 3 jours après, on ne va plus du tout s'entendre avec lui et puis redevenir copain avec lui. Les comportements sont quand même très souples. Donc je ne sais pas si on peut vraiment parler de harcèlement en maternelle. Après, c'est sûr qu'il faut apprendre aux enfants à gérer les relations. Bon. Et à être vigilant, en fait, par rapport à ça. Voir si, oui, qu'est-ce que c'est que le harcèlement ? Ça peut être des moqueries, ça peut être l'isolement d'un enfant. Donc être vigilant par rapport à ce genre de choses. Mais moi, ce que j'ai pu constater, c'est qu'en maternelle, il y a quand même beaucoup de souplesse. Alors oui, dans l'école où je suis, on est en train de tester un programme, en fait. Mais c'est vraiment le début de cette initiative. donc je pense Je peux en parler, mais d'une manière théorique. Ce programme s'appelle Free for Morbory. L'intérêt de cette approche, c'est de dire que le harcèlement est un système. Jusque-là, on voyait le harcèlement comme étant une affaire à deux, entre celui qui était harcelé et celui qui harcèle. Ce que je trouve intéressant dans cette approche, c'est de voir que le harcèlement ne se fait pas sans...

  • Speaker #0

    tous les autres qui regardent et qui ne disent rien, voire récanent. Dans un cadre scolaire, bien sûr. C'est-à-dire que c'est un système où l'ensemble de la classe, finalement, est acteur. Donc, ce programme Free for Morbary propose, en fait, un certain nombre d'outils. Donc, c'est aussi un programme pour faire réfléchir les enfants à ces situations-là et à leur donner, en fait, des outils pour dire non. que le groupe d'enfants qui est passif devienne actif pour arrêter la situation de harcèlement quand elle arrive en germe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ce qui est difficile à cet âge-là, c'est qu'il y a quand même un tel désir d'être accepté par le groupe que souvent, vraiment leur peur, c'est qu'un tel ou une telle lui dise « t'es plus ma copine » ou « t'es plus mon copain » . Donc, on a l'impression que finalement, peu importe ce que peut faire un tel ou une telle, c'est pas grave tant qu'à la fin, il ou elle dit oui c'est bon, t'es ma copine ou t'es mon copain et donc c'est ça que je trouve vraiment très bien avec ce programme en leur apprenant ce qui est ou pas acceptable et pour faire le lien aussi je rebondis sur quelque chose que tu dis sur le côté collectif et du groupe quelque chose pour revenir au programme de pleine conscience que tu as proposé qui était aussi assez incroyable et Merci. enrichissant dans leur construction, c'est que tu leur permettais aussi de constater que l'émotion peut se communiquer et donc de dire par exemple un mot gentil à l'oreille d'une camarade ou d'un camarade et de voir que ça faisait plaisir. Donc les enfants prennent aussi conscience qu'ils ont un pouvoir pour aider les autres. En fait, ça développe j'ai trouvé leur empathie.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'effectivement les enfants finalement ne réagissent pas parce qu'ils ont peur. Donc là, ça fait partie de l'apprentissage. Entre autres, les valeurs de Free for Marbury, c'est la tolérance, le respect, l'attention aux autres. Voir effectivement que je peux aider l'autre, que mon action a un impact sur l'autre, que je peux prendre soin de l'autre. Que si je vois quelqu'un qui est un peu triste, j'ai cette capacité d'aller l'aider. Et aussi le courage, le courage de dire non. et c'est vrai qu'il en faut parce que le... Le fait d'appartenir à un groupe, d'être entraîné par les autres. Si j'adore un copain et que je le vois faire une bêtise, il faut avoir le courage, effectivement, de lui dire non. Là, ce que tu es en train de faire, c'est une bêtise. Je ne vais pas faire comme toi. Effectivement. Donc, c'est valoriser des attitudes comme ça et montrer que c'est courageux.

  • Speaker #1

    Non seulement lui dire quand tu fais une bêtise, mais par exemple aussi de comprendre que même si ça fait rire d'autres gens, Dès que ça peut faire de la peine à quelqu'un d'autre, alors c'est pas drôle. C'est aussi toujours un petit peu la limite, je trouve, quand on apprend à des enfants. Par exemple, moi, ce que j'aime bien dire, c'est quand tu fais, par exemple, une blague, si ça fait rire la personne en face de toi, ça veut dire que c'est une blague. Par contre, si ça ne fait pas rire, alors c'est une moquerie, il faut s'arrêter. Parfois, la limite, quand les enfants sont petits, elle est très, très fine. entre le fait de rigoler avec un copain ou une copine et se moquer. Et en fait, je trouve que petits, les enfants comprennent très bien quand on leur explique des choses comme ça. Et souvent, on voit des gens qui pensent que les enfants ne vont pas comprendre et ne leur expliquent pas, alors qu'en fait, je trouve les enfants très empathiques. Dans la construction du cerveau des enfants, l'empathie, je crois que c'est à partir de 7 ans qu'ils sont véritablement capables d'être empathiques, dans le sens où leur cerveau est fait pour être très égocentrique. Ça fait qu'ils pensent toujours que tout soit leur faute, soit grâce à eux. Donc ça les empêche forcément d'être un peu tournés vers les autres. Mais je trouve que quand on leur parle et qu'on leur explique comment se sentent les autres, la plupart du temps, ils arrivent à adapter leur comportement. Alors que quand on pense qu'ils ne comprennent pas, du coup, j'ai l'impression que c'est ça qui fait qu'on avance vers une société qui n'est pas très altruiste.

  • Speaker #0

    Oui, alors en classe, on peut utiliser par exemple des posters, tu vois. avec des images de situations. Donc on réfléchit tous ensemble. Il y a des étapes, en fait, quand on regarde ces images, pour d'abord essayer de décrire ce que ressentent les personnages de l'image, pour développer effectivement l'empathie, essayer de se mettre à la place de ceux qui sont sur l'image, en fait. Et ensuite, de réfléchir ensemble à quelles solutions on peut apporter à cette situation où il y a un camarade qui se moque d'un autre. ou voilà

  • Speaker #1

    Et vous, dès les premiers agissements comme ça, en général, vous parlez avec les élèves. Je sais pour le coup ce qui se passe dans l'école pour avoir... Déjà eu le cas qui s'est présenté, je trouve que c'est bien pris en main. En général, quand il y a des choses qui peuvent être un peu embêtantes, les deux élèves vont parler avec la maîtresse et la directrice, je crois, pour dire que ça n'allait pas et qu'il ne faut pas recommencer jusqu'à ce que les enfants s'excusent.

  • Speaker #0

    Oui, on essaye d'être très vigilante. Et quand il y a des conflits entre enfants... On essaie effectivement de les faire parler, de voir ce qui s'est passé, de comprendre la situation et de les aider, eux, à comprendre ce qui s'est passé et comment ils pourraient réagir autrement.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup. C'était un vrai plaisir d'approfondir ce sujet qui est super important. Et puis, de manière générale, merci d'exercer de manière aussi passionnée. et vraiment, je pense que tu ne te rends pas compte de l'importance... impact que tu as et sur les enfants et sur les familles de manière générale parce que quel soulagement de savoir que notre enfant est bien pendant la journée, que notre enfant apprend des choses super dans un bon cadre et bien entouré. Quand les enfants traversent des difficultés parfois, que ce soit des moments où la séparation est plus difficile ou quoi, je trouve vraiment que tu es formidable sur tout. tous les sujets, donc merci beaucoup pour ça.

  • Speaker #0

    Merci Pauline de m'avoir invitée. Mais je voudrais quand même faire passer un message aux parents sur les pleurs du matin. Parce que les maîtresses disent tout le temps que dès que la porte est fermée, les pleurs globalement s'arrêtent. C'est vrai. C'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est tout de suite en général, même en petite section.

  • Speaker #0

    Au début de l'année, non, mais assez rapidement, ils voient l'intérêt d'être à l'école. Il y a une sorte de passion pour le groupe. Tu disais que le regard des autres, des pères dans la classe est important. Nous sommes, en tant qu'êtres humains, des animaux sociaux. Donc, découvrir la collectivité, jouer ensemble, c'est un plaisir immense pour les enfants. Alors, c'est vrai que c'est dur de quitter les parents, mais assez rapidement, les enfants voient à quel point l'école, c'est chouette aussi.

  • Speaker #1

    Super, j'imagine que ça va rassurer pas mal de personnes. Merci pour ça. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast.

  • Speaker #1

    Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Je suis super contente qu'on enregistre un épisode, un épisode qui va être très intéressant. Ma fille a eu la grande chance de t'avoir comme maîtresse. Quelle richesse pour des enfants que d'avoir la chance d'être accompagnée par quelqu'un comme toi. Et pour moi aussi, c'était vraiment formidable. j'ai adoré l'année que Tu as passé à enseigner à ma fille tout un tas de choses formidables et notamment ce qui m'a donné envie de te proposer de venir en parler. Tu leur as fait un programme de pleine conscience. Tu vas nous expliquer ce que c'est tout au long de l'épisode. C'est vraiment un outil dont on se sert à la maison au quotidien et qui aide beaucoup et qui laisse des traces extrêmement positives sur les enfants. Puisque j'ai discuté avec d'autres parents dont les enfants ont eu aussi la chance de t'avoir dans leur parcours. Et qui disent que des années après, ils s'en servent encore. Donc déjà, merci d'avoir cet impact incroyable sur les enfants, dans leur éducation. Et j'avais envie, s'il te plaît, pour les personnes qui nous écoutent, qui ne savent pas forcément ce que c'est que la pleine conscience, justement, ou qui savent dans les grandes lignes, est-ce que tu pourrais déjà, pour qu'on commence à savoir de quoi on parle, le définir, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je te remercie pour ces compliments. Ça me fait très, très plaisir. Ça me touche beaucoup. Oui, effectivement, je pratique la pleine conscience dans ma classe, avec mes élèves. Alors j'ai une classe avec deux niveaux, des petits et des moyens. Je pratique la pleine conscience avec les moyens, avec des enfants qui ont 4-5 ans. Alors qu'est-ce que c'est que la pleine conscience ? C'est un programme de psychoéducation qui associe à la fois une dimension psychoéducative et de la méditation. Ça a été inventé par un américain qui s'appelle John Kabat-Zinn, qui intervenait dans une clinique dans le Massachusetts. Et les personnes qu'il voulait aider étaient des gens qui souffraient de troubles, en fait de maladies chroniques et qui avaient des douleurs chroniques.

  • Speaker #0

    Donc des douleurs physiques.

  • Speaker #1

    Des douleurs physiques, absolument. Et lui, John Kabat-Zinn, il pratiquait une... une méthode de méditation bouddhiste, Vipassana. Et donc il s'est dit que cette pratique de méditation pourrait aider les personnes qu'il voyait souffrir. Donc il a commencé en fait comme ça, en pratiquant de la méditation Vipassana avec ces personnes. Et il s'est aperçu que ça permettait aux gens de mieux gérer leur souffrance physique. Et par la suite, il a été approché en fait par des psychologues, des psychologues comportementalistes qui eux s'occupaient des personnes dépressives. La pleine conscience, c'est une sorte de mix entre de la psychologie et une pratique de méditation. Donc l'alliance entre la pratique de John Kabat-Zinn et la pratique de ces psychologues comportementalistes a débouché sur la création de programmes qui durent sur un... temps donné, ça dure 6 ou 7 semaines, les gens apprennent à décoder psychologiquement les caractéristiques de ce pour quoi ils viennent et à avoir une pratique d'attention à l'instant présent, une pratique de méditation. Les deux premiers programmes qui ont été élaborés, le premier programme était sur les rechutes dépressives et le deuxième sur la réduction du stress. Pendant ces programmes, en fait... Les gens viennent et on leur, très progressivement en fait, on leur donne des indications, par exemple sur le programme pour la réduction du stress, sur qu'est-ce que c'est que le stress, quelles sont les caractéristiques du stress, qu'est-ce qui apparaît au niveau des mécanismes psychologiques quand je suis stressée, comment reconnaître en fait les mécanismes du stress, et aussi une pratique d'attention à l'instant présent, donc une pratique vraiment de méditation. Ces deux programmes ont été soumis à des études dans des universités en psychologie. Donc il y a eu des études en termes d'efficacité de ces programmes. Et aussi, cette forme de méditation, donc pleine conscience, s'est complètement dégagée de toute forme religieuse. Puisque, comme je le disais au départ, John K. Badin avait une pratique bouddhiste, Vipassana. Donc là, avec les programmes de pleine conscience, on est vraiment dans quelque chose qui n'est pas du tout religieux. ... qui est complètement laïque et où la méditation permet de revenir simplement à l'instant présent et de sortir des cogitations mentales. Parce qu'ils se sont aperçus que ce qui faisait que les gens rechutaient en dépression ou n'arrivaient pas à gérer leur stress, c'était le fait que ces personnes pensaient que... Ils allaient résoudre les difficultés de leur quotidien par la pensée. Et la proposition qui leur est faite dans ces programmes, c'est de sortir de ce schéma pour vraiment devenir attentif à ce qui se passe dans l'instant présent. Et attentif notamment à leur pensée et à leur mécanisme psychologique. Il y a un certain nombre d'autres programmes qui se sont développés. Et moi, j'ai suivi une formation dans une université en Belgique pour apprendre à développer un programme pour les enfants. Et l'orientation de ce programme est la gestion des émotions.

  • Speaker #0

    Qui est un gros sujet sur les tranches d'âge que tu côtoies, puisqu'on sait que ce n'est pas en général les enfants les champions pour gérer les émotions de manière... Enfin, c'est difficile la gestion des émotions, c'est d'ailleurs un gros défi. dans la parentalité. Et j'imagine pour vous aussi, je ne sais même pas à vrai dire comment vous faites pour en avoir autant. Par exemple, quand tu quittes des petites sections et qu'ils pleurent tous, c'est terrifiant pour les parents de se dire, mon Dieu, mais comment est-ce possible de calmer 25 enfants ? Donc, c'est un très, très gros défi. Gérer les émotions, c'est incroyable qu'ils puissent avoir ça. Et toi, en plus, tu enseignes depuis 20 ans. Tu as... passé ce diplôme pour pouvoir rajouter la pleine conscience à ton programme à toi depuis sept ans à peu près. Donc tu as quand même un recul de ce que ça a pu apporter aux enfants puisque tu as été maîtresse sans pouvoir leur apporter ce programme et maintenant avec. Qu'est-ce que tu constates en fait ? Qu'est-ce que tu trouves que ça leur apporte dans leur quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors c'est compliqué pour moi de voir si ça... provoque un changement immédiat. Parce que moi, ce que j'ai l'impression de faire, c'est de poser des petites graines, en fait. Ce que je veux, en fait, avec ce programme de pleine conscience, c'est que les enfants accueillent ce qui se passe, accueillent leurs émotions et ne rentrent pas dans une attitude de fuite. Parce que finalement, quand on a une émotion agréable, évidemment, on la vit à 100%. Mais quand on a une émotion plus désagréable, une des attitudes très courantes, c'est de vouloir éviter cette émotion. Et un des objectifs de ces programmes de pleine conscience, c'est de permettre de vivre pleinement ce qui se passe dans l'instant présent, que l'émotion soit agréable ou qu'elle soit moins agréable. Et ça, je pense qu'on peut tous le constater. Quand on a une difficulté dans notre vie, dans notre quotidien, on va avoir tendance à soit ne pas y penser.

  • Speaker #0

    Faire l'autruche, quoi.

  • Speaker #1

    Faire l'autruche, exactement. Donc, par exemple, se mettre à regarder des séries sur Netflix ou à penser à autre chose,

  • Speaker #0

    s'enfermer dans le travail ou dans le... sport, on peut imaginer, par exemple, même quand quelqu'un va traverser par un deuil, parfois la « facilité » , ça va être de penser à autre chose, de ne pas accueillir notre propre émotion. C'est vrai que souvent, même, on apprend aux enfants à gérer leurs émotions, mais nous-mêmes, on a beaucoup de mal à le faire. Même pour les adultes, c'est un outil très intéressant.

  • Speaker #1

    Et la proposition de la pleine conscience, c'est de dire que, finalement, si on accueille ce qui se passe, que si dans l'instant présent, on est... Et pleinement avec toutes les manifestations de l'émotion, c'est-à-dire ce qui se passe dans notre corps, qu'est-ce que j'ai envie de faire, quels sont les mécanismes qui arrivent, pour les plus grands, parce que les petits, évidemment, ils ne peuvent pas être conscients de ça. Mais au moins, pour les petits, qu'est-ce qui se passe dans mon corps et qu'est-ce que ça me donne envie de faire ? Eh bien, en fait, on s'aperçoit que l'émotion, elle s'en va beaucoup plus vite. vite, parce qu'une émotion est comme une sorte de vague, et si on ne la vit pas pleinement, l'émotion elle va en quelque sorte rester en arrière-plan, elle va se cristalliser. Et une autre chose aussi que moi j'ai découvert personnellement dans ma pratique de la méditation, c'est qu'en accueillant l'émotion, en étant dans l'instant, je découvre en moi un lieu, un endroit qui est une sorte de ressource. Un lieu calme, tranquille, libre par rapport à l'émotion. Mais pour ça, il faut être capable de s'arrêter, de faire une sorte de bouton stop et d'écouter ce qui se passe. Et dans cette écoute, on s'aperçoit qu'il y a une sorte de silence, de tranquillité qui est là, même s'il y a une émotion forte, même si dans le corps, il y a des manifestations qui peuvent sembler désagréables. en arrière-plan cette écoute est une ressource qui permet d'accueillir ce qui se passe et qui permet à l'émotion de passer et de vivre, tout simplement, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi une bonne manière, je trouve, ce programme pour l'avoir vécu, du coup, en tant que maman qui a accompagné sa fille dans ce programme, puisqu'il y a quand même des choses à faire après à la maison. Ça permet aussi d'ouvrir le dialogue par rapport à des émotions qui peuvent traverser les enfants, qui ne sont pas forcément toujours agréables. Et par exemple, moi, il y a eu des moments très drôles où, à un moment, tu proposais un exercice qui était de colorier à quel endroit du corps il pouvait ressentir l'émotion désagréable. Il devait, par exemple, s'il le sentait dans les mains, parce que, par exemple, ça leur donnait envie de griffer ou frapper ou quoi que ce soit, il coloriait les mains. Et donc, moi, une fois, ma fille était à table et je ne sais pas ce qu'avait fait son frère et elle s'était levée. Elle m'avait dit « Attends, je ressens ça là, il faut tout de suite que j'aille colorier les mains pour mon cahier de la pleine conscience parce que là, qu'est-ce que j'ai envie de le frapper ! » Et du coup, c'était intéressant parce qu'au final, déjà, elle ne l'avait pas fait de frapper son frère. Du coup, comme elle ne le fait pas, ça permet évidemment de ne pas gronder puisqu'elle ne l'a pas fait. Elle a juste colorié les mains parce que c'est ce dont elle avait eu envie. Et du coup, ça ouvre le dialogue aussi en disant… Pourquoi tu en as eu envie ? Qu'est-ce que tu as ressenti ? Donc là, on développe sur la jalousie ou peu importe ce que peut être l'émotion. Mais ça leur donne aussi des clés pour identifier plus facilement les émotions. Parce que c'est vrai que tous les livres qu'on peut lire avec nos enfants, par exemple comme La couleur des émotions ou quoi que ce soit, c'est bien pour qu'ils les identifient. Mais ce n'est pas toujours ce qui leur donne des clés pour réussir à les accueillir et à les surmonter. Je trouve que ce programme, il est vraiment très bien pour permettre aussi aux familles de pouvoir discuter de ce qui se passe pour les enfants, ce qui se passe vraiment au fond d'eux.

  • Speaker #1

    Oui, absolument. En fait, ce programme, déjà, il fait intervenir les familles, puisque les enfants reviennent à la maison avec des explications de ce que nous avons fait en classe avec eux. Et aussi donc avec du travail à faire entre. Oui, là, en fait, tu es en train de souligner la dimension psychoéducative du programme. C'est-à-dire que là, dans la première partie, j'ai surtout développé le côté méditation. Mais effectivement, il y a aussi un côté psychoéducatif. C'est-à-dire que moi, je lis des livres, par exemple des albums sur les émotions, pour que les enfants puissent reconnaître les caractéristiques des émotions. Peut-être que je devrais revenir sur la définition d'une émotion, pour qu'on comprenne. Oui,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi.

  • Speaker #1

    Alors une émotion, en psychologie, c'est défini, il y a trois aspects. Il y a un aspect du corps, par exemple si je suis en colère, je vais plutôt être très tendue physiquement, je ne vais pas avoir une attitude d'ouverture ou de détente, je vais être plutôt crispée. Il y a une dimension aussi, une volonté d'action, ça c'est le deuxième élément d'une émotion. Donc ça me donne envie de faire des choses. Ça me donne envie, pour la colère par exemple, de taper. Si je suis triste, je vais plus avoir envie d'aller me réfugier dans un petit coin. Je ne vais pas avoir envie d'aller vers les autres. Je vais avoir envie d'être seule. Donc ça, c'est une volonté d'action. Et aussi des pensées. Souvent, la colère, c'est lié à un sentiment d'injustice, pour reprendre cet exemple. Donc je vais me dire, oui, voilà, ça, ce n'était pas juste. Donc je vais avoir un certain nombre de pensées qui vont être associées. à cette émotion. Chez les petits de maternelle, on ne va pas tellement mettre l'accent sur les pensées parce qu'ils n'ont pas le recul nécessaire pour ça. Par contre, avec les parents, on va développer beaucoup ce que ça fait dans le corps et quelles sont les volontés d'action liées à l'émotion. Souvent, dans les albums, ce qu'on voit, c'est une émotion, je dirais, à la troisième personne. qu'est-ce que ça fait à quelqu'un d'autre d'avoir une émotion, puisque les albums décrivent des situations émotionnelles. Et là, la différence avec ce programme, c'est que vraiment, l'idée, c'est de permettre aux enfants de développer leur ressenti subjectif par rapport à l'émotion, de voir vraiment ce que ça leur fait à eux, parce qu'on peut très bien être très informé des caractéristiques des émotions sans aller voir ce que ça nous fait à nous. L'objectif du programme, c'est aussi ça, c'est ne pas fuir ce que ça nous fait intérieurement, même si ce n'est pas agréable. Et alors ce qui est formidable aussi dans ce programme, c'est que toute la première partie du programme, l'accent est mis sur les émotions positives.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça qui est, je trouve, passionnant. D'ailleurs, moi-même, j'ai pris conscience de quelque chose que je ne faisais pas assez à la maison, c'est qu'en fait, on n'apprend pas. tant à savourer une émotion positive aux enfants. Et c'est ça qui est génial que toi tu fais, par exemple, dans le programme.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est hyper mignon puisque l'objectif, pour eux, c'est de faire attention, d'être attentif à ce qui se passe. Mais qu'est-ce que ça veut dire être attentif pour des enfants aussi petits ? Il faut déjà dans un premier temps expliquer ça. Qu'est-ce que c'est que faire attention ? Donc, cette explication, elle ne se passe pas par des mots. Elle a lieu avec des petits exercices d'attention à ce qui se passe dans l'instant présent. Je leur demande, dans les premières semaines, de décrire des choses agréables qu'ils ont fait. Et donc là, c'est hyper mignon. Donc, tu as des enfants qui te décrivent qu'ils sont allés faire un câlin à leur maman, sentir l'odeur du foulard de maman. Parce que l'accent est mis aussi sur les cinq sens, en fait.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que faire attention à ce qui se passe dans l'instant présent, c'est ouvrir son attention sur ce que je vois, ce que j'entends, ce que je goûte, ce que je ressens.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, je me permets aussi, tu me diras ce que tu en penses pour les personnes qui nous écoutent et justement qui ont un peu le côté de vouloir lire des choses sur les émotions, mais de trouver que quand on lit un livre, c'est un peu voir l'émotion et pas vraiment la ressentir. Ce que je trouve aussi qui est génial, c'est des jeux de société. qui sont justement sur la couleur des émotions, le monstre des couleurs. C'est assez incroyable parce que c'est un jeu où on lance les dés et selon ce sur quoi on tombe, il faut que l'enfant puisse raconter la dernière fois qu'il a ressenti cette émotion-là. C'est souvent des moments où on se rend compte qu'il y a des choses par exemple qui ont fait peur aux enfants et on ne s'en est même pas rendu compte. Ça permet beaucoup d'ouvrir le dialogue et de leur faire comprendre que c'est d'eux qu'il s'agit de leurs émotions et qu'ils peuvent parler d'eux. Et même ça nous... permet nous aussi, parce que du coup on y joue ensemble, de nous aussi parler de nos propres émotions et donc parfois de revenir sur des petits moments peut-être qu'on connaît tous dans le quotidien où par exemple ça s'est pas très bien passé et donc de dire moi à tel moment je me suis sentie un petit peu en colère parce que tu vois tu m'écoutais pas donc c'était un petit peu difficile et qu'est-ce que tu penses qu'on pourrait faire pour que ça se passe mieux parce que moi j'aime pas non plus me sentir comme ça et donc je trouve que c'est un outil complémentaire ... qui est super et que je recommande aux parents qui écoutent, je ne sais pas si tu as pu l'utiliser, et ça permet aussi justement, on est humain, il y a des moments où nous aussi on ne gère pas bien nos émotions, on aurait aimé réagir autrement, etc. Et on ne réagit pas toujours très bien et ça nous permet aussi de revenir encore dessus. En disant par exemple, là par exemple j'ai eu peur que tu te fasses mal, donc voilà j'ai réagi comme ça mais je n'aurais pas dû, parce que ça ne te donne pas vraiment confiance quand je fais ça. parfois des choses qui n'ont rien à voir avec eux aussi, mais j'aime bien cet outil-là. Je ne sais pas ce que tu en penses, si tu penses que c'est bien à utiliser à la maison comme outil, ce jeu de société.

  • Speaker #1

    Alors, je ne connais pas ce jeu, en fait, mais dans ce que tu en dis, oui, ce n'est pas tout à fait dans le même sens. Et en fait, dans le programme aussi, il y a des moments d'échange qui sont importants. C'est-à-dire qu'il y a des moments de méditation, il y a des moments de psycho-information, où là, c'est vraiment moi qui donne des informations aux enfants, mais des moments extrêmement importants où on échange justement sur ce qu'ils ont fait pendant la semaine entre les deux journées de programme puisque c'est une fois par semaine et où là justement ils parlent de leurs émotions il y a un moment par exemple où ils doivent dessiner une émotion désagréable, où ils doivent me raconter justement, ils se racontent les uns les autres d'ailleurs, c'est à dire que les interactions elles se font entre pairs, pour eux c'est intéressant d'entendre les autres raconter ce qui se passe Et ce que tu dis par rapport aux émotions des adultes, moi je sais que mes élèves très souvent pensent que les adultes n'ont pas d'émotions, que ça ne concerne que les enfants. Donc c'est intéressant pour eux de voir qu'avoir une émotion c'est normal. Parce que souvent ils se sentent submergés en fait par les émotions. Donc de voir que tout le monde a des émotions. Je compare souvent les émotions en fait à quelque chose qu'ils connaissent en fait à une sensation physique. Quand ils se font mal dans la cour, ils savent qu'au début, ils savent qu'ils vont avoir mal au début, très très mal, après un peu mal, après un tout petit peu mal, un tout petit peu, tout petit peu mal. C'est quelque chose qui descend graduellement, en fait, la douleur qu'ils vont avoir quand ils se font mal dans la cour de récréation. Donc percevoir que non seulement les adultes ont une émotion, mais que l'émotion finalement, elle a une gradation et que c'est quelque chose qui est naturel, ça c'est vraiment important. pour eux. Et oui, oui, discuter sur les émotions, c'est important. Mais ça ne suffit pas pour les aider, en fait, à accepter ce qui se passe. Donc là, dans le programme, il y a une proposition en plus, qui est vraiment faire attention à ce qui se passe. Alors, quand je parle de méditation, je vais peut-être développer un petit peu. La méditation, ça ne veut pas dire être assis en tailleur et ne pas bouger, du tout. Être dans une posture de méditation, c'est ce que j'explique. C'est être attentif à ce qui se passe. C'est ouvrir le champ de son attention sur tout ce qui est perçu. Donc il existe des méditations qui sont informelles. Moi je demande aux enfants de faire attention quand ils se lavent les mains, quand ils mangent. Ça c'est aussi de la méditation en fait.

  • Speaker #0

    Hum, bien sûr. Et c'est ça qui est bien aussi parce qu'après, on le voit que les enfants, ils font plus attention à ce qu'ils sont en train de vivre. Quand ils font quelque chose, par exemple, comme ils doivent souvent, on doit noter des choses dans lesquelles ils ont fait vraiment attention, qui s'inscrivent dans leur quotidien, c'est-à-dire que ça peut être, bon, on peut discuter en disant, ben tiens, viens, on lit cette histoire et on fait bien attention. Par exemple, où tu regardes ce petit dessin animé, tu fais bien attention au fait que tu es en train de... de regarder ce petit dessin animé. Du coup, après, ils vont avoir le réflexe de dire, là, on fait bien attention et même parfois nous le dire. C'est-à-dire que moi, je me souviens qu'il y avait des fois où, par exemple, j'allais recevoir un message et donc répondre au message en même temps que je faisais autre chose avec mes enfants. Elle allait me dire, là, tu ne fais pas attention, par exemple, maman. C'est vrai, en fait, on se rend compte que souvent, on est les premiers à être un peu en pilote automatique. On est nombreuses et nombreux, je pense, à par moment vraiment faire les choses par automatisme, à cause de la fatigue. Je pense notamment quand on a des enfants tout petits qui se réveillent la nuit, qu'on est fatigué, qu'il faut enfiler toutes les casquettes différentes. On a tendance à plus vraiment réfléchir quand on fait les choses et du coup, ne pas réfléchir, on s'en rend compte quand on prend un pas de recul, ça déconnecte un petit peu du plaisir. plus vraiment à ressentir de plaisir dans le quotidien. Et c'est là que le programme est intéressant aussi pour les adultes, en fait, parce que ne pas prendre conscience de ce qu'on fait et le faire de manière très automatique, ça coupe souvent de la joie,

  • Speaker #1

    je trouve. Absolument, mais en fait, le fait d'être en pilote automatique, c'est normal, c'est même indispensable. On ne peut pas être tout le temps à 100% dans une attention. à ce qui se passe. On peut par exemple être un peu dans la rêverie. En fait, le problème, ce n'est pas tellement d'être en pilote automatique, c'est de ne pas avoir le choix. Là, la proposition, c'est d'avoir des outils pour, si on le veut, vraiment profiter et vivre pleinement ce qui se passe. Et en fait, ça débouche aussi sur un sentiment de gratitude parce que vivre des choses agréables... Et les vivre tout en sachant qu'on les vit, ça développe un sentiment de gratitude.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants aussi, chez les adultes.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et en fait, on se rend compte que les enfants, et c'est ce que je trouvais intéressant, c'est ce que tu disais sur ce que ça a pu apporter à ta pratique personnelle aussi, de côtoyer les enfants et de voir comment ils pouvaient recevoir ce programme. Parce que finalement, les enfants sont très curieux de nature. et je pense que qui sont à un âge où c'est facile d'apprendre pour eux que l'impact qu'on peut avoir sur eux est énorme. Et donc que les personnes qui s'en occupent toute la journée, qui leur apprennent des choses, l'impact que vous avez sur les enfants, il est colossal en fait. Et donc ce type de programme, c'est extrêmement bénéfique.

  • Speaker #1

    Bah écoute, j'espère.

  • Speaker #0

    Bah ça c'est sûr. Puisqu'on parle des émotions des enfants, c'est vrai que quand on connaît les chiffres, par exemple, quand on pense le nombre d'enfants qui sont victimes d'abus sexuels, d'inceste, etc., il y a des enfants qui vivent des choses très difficiles. Et statistiquement, il doit y en avoir chaque année dans ta classe, puisque les chiffres sont terrifiants. Ça concerne un enfant sur dix. Donc forcément, par exemple, quand on prend une classe de 30, ça peut en concerner trois. Et justement, quels sont les moyens qui sont mis en place ? place justement, tu me parlais du fait qu'il peut y avoir une psychologue qui peut venir observer l'enfant pour voir si oui ou non l'enfant peut présenter des problèmes et qu'ensuite il faut s'entretenir avec les parents pour les orienter, donc soit leur proposer d'aller voir une psychologue et si la famille n'a pas la possibilité financièrement de voir un professionnel ou une professionnelle de la santé mentale, il y a des centres qui proposent gratuitement comme le CMP. Mais que c'est difficile d'avoir des places. Mais si, par exemple, c'est les parents qui sont mis en cause, là, on rentre dans autre chose, c'est-à-dire avec une assistante sociale, etc.

  • Speaker #1

    Alors, oui, effectivement, dans les écoles, il y a un réseau, un réseau d'aide prioritaire. Et dans ce réseau d'aide, il y a une psychologue, une psychologue scolaire qui peut venir voir dans la classe, si je le demande, observer en fait en classe les enfants. Et ensuite, si c'est nécessaire, elle prend rendez-vous avec les parents pour les orienter vers le CMP. Autrement, dans le réseau, il y a aussi une assistante sociale. et un médecin scolaire. Moi, j'oriente vers ça.

  • Speaker #0

    J'avais envie de te parler, du coup, comme on parlait aussi des comportements des enfants, d'un sujet qui est très important et qui vous concerne directement au quotidien, c'est le harcèlement scolaire. Est-ce que, dès la maternelle, vous pouvez commencer à observer les premiers signes d'harcèlement ? Et je sais qu'il y a quelque chose que vous avez la chance de tester. dans cette école-là et j'aurais aimé que tu m'en parles un petit peu, si c'est possible.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que là, c'était la journée du harcèlement hier, donc c'est un sujet qui est effectivement d'actualité et qui est quelque chose d'important en fait, qu'il faut prendre en compte. Alors en maternelle, c'est vrai que, comme je te disais, les comportements des enfants ne sont pas encore figé. Il y a beaucoup de souplesse dans les comportements des enfants de 4-5 ans. Par exemple, on va être hyper copain avec quelqu'un et puis 3 jours après, on ne va plus du tout s'entendre avec lui et puis redevenir copain avec lui. Les comportements sont quand même très souples. Donc je ne sais pas si on peut vraiment parler de harcèlement en maternelle. Après, c'est sûr qu'il faut apprendre aux enfants à gérer les relations. Bon. Et à être vigilant, en fait, par rapport à ça. Voir si, oui, qu'est-ce que c'est que le harcèlement ? Ça peut être des moqueries, ça peut être l'isolement d'un enfant. Donc être vigilant par rapport à ce genre de choses. Mais moi, ce que j'ai pu constater, c'est qu'en maternelle, il y a quand même beaucoup de souplesse. Alors oui, dans l'école où je suis, on est en train de tester un programme, en fait. Mais c'est vraiment le début de cette initiative. donc je pense Je peux en parler, mais d'une manière théorique. Ce programme s'appelle Free for Morbory. L'intérêt de cette approche, c'est de dire que le harcèlement est un système. Jusque-là, on voyait le harcèlement comme étant une affaire à deux, entre celui qui était harcelé et celui qui harcèle. Ce que je trouve intéressant dans cette approche, c'est de voir que le harcèlement ne se fait pas sans...

  • Speaker #0

    tous les autres qui regardent et qui ne disent rien, voire récanent. Dans un cadre scolaire, bien sûr. C'est-à-dire que c'est un système où l'ensemble de la classe, finalement, est acteur. Donc, ce programme Free for Morbary propose, en fait, un certain nombre d'outils. Donc, c'est aussi un programme pour faire réfléchir les enfants à ces situations-là et à leur donner, en fait, des outils pour dire non. que le groupe d'enfants qui est passif devienne actif pour arrêter la situation de harcèlement quand elle arrive en germe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ce qui est difficile à cet âge-là, c'est qu'il y a quand même un tel désir d'être accepté par le groupe que souvent, vraiment leur peur, c'est qu'un tel ou une telle lui dise « t'es plus ma copine » ou « t'es plus mon copain » . Donc, on a l'impression que finalement, peu importe ce que peut faire un tel ou une telle, c'est pas grave tant qu'à la fin, il ou elle dit oui c'est bon, t'es ma copine ou t'es mon copain et donc c'est ça que je trouve vraiment très bien avec ce programme en leur apprenant ce qui est ou pas acceptable et pour faire le lien aussi je rebondis sur quelque chose que tu dis sur le côté collectif et du groupe quelque chose pour revenir au programme de pleine conscience que tu as proposé qui était aussi assez incroyable et Merci. enrichissant dans leur construction, c'est que tu leur permettais aussi de constater que l'émotion peut se communiquer et donc de dire par exemple un mot gentil à l'oreille d'une camarade ou d'un camarade et de voir que ça faisait plaisir. Donc les enfants prennent aussi conscience qu'ils ont un pouvoir pour aider les autres. En fait, ça développe j'ai trouvé leur empathie.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'effectivement les enfants finalement ne réagissent pas parce qu'ils ont peur. Donc là, ça fait partie de l'apprentissage. Entre autres, les valeurs de Free for Marbury, c'est la tolérance, le respect, l'attention aux autres. Voir effectivement que je peux aider l'autre, que mon action a un impact sur l'autre, que je peux prendre soin de l'autre. Que si je vois quelqu'un qui est un peu triste, j'ai cette capacité d'aller l'aider. Et aussi le courage, le courage de dire non. et c'est vrai qu'il en faut parce que le... Le fait d'appartenir à un groupe, d'être entraîné par les autres. Si j'adore un copain et que je le vois faire une bêtise, il faut avoir le courage, effectivement, de lui dire non. Là, ce que tu es en train de faire, c'est une bêtise. Je ne vais pas faire comme toi. Effectivement. Donc, c'est valoriser des attitudes comme ça et montrer que c'est courageux.

  • Speaker #1

    Non seulement lui dire quand tu fais une bêtise, mais par exemple aussi de comprendre que même si ça fait rire d'autres gens, Dès que ça peut faire de la peine à quelqu'un d'autre, alors c'est pas drôle. C'est aussi toujours un petit peu la limite, je trouve, quand on apprend à des enfants. Par exemple, moi, ce que j'aime bien dire, c'est quand tu fais, par exemple, une blague, si ça fait rire la personne en face de toi, ça veut dire que c'est une blague. Par contre, si ça ne fait pas rire, alors c'est une moquerie, il faut s'arrêter. Parfois, la limite, quand les enfants sont petits, elle est très, très fine. entre le fait de rigoler avec un copain ou une copine et se moquer. Et en fait, je trouve que petits, les enfants comprennent très bien quand on leur explique des choses comme ça. Et souvent, on voit des gens qui pensent que les enfants ne vont pas comprendre et ne leur expliquent pas, alors qu'en fait, je trouve les enfants très empathiques. Dans la construction du cerveau des enfants, l'empathie, je crois que c'est à partir de 7 ans qu'ils sont véritablement capables d'être empathiques, dans le sens où leur cerveau est fait pour être très égocentrique. Ça fait qu'ils pensent toujours que tout soit leur faute, soit grâce à eux. Donc ça les empêche forcément d'être un peu tournés vers les autres. Mais je trouve que quand on leur parle et qu'on leur explique comment se sentent les autres, la plupart du temps, ils arrivent à adapter leur comportement. Alors que quand on pense qu'ils ne comprennent pas, du coup, j'ai l'impression que c'est ça qui fait qu'on avance vers une société qui n'est pas très altruiste.

  • Speaker #0

    Oui, alors en classe, on peut utiliser par exemple des posters, tu vois. avec des images de situations. Donc on réfléchit tous ensemble. Il y a des étapes, en fait, quand on regarde ces images, pour d'abord essayer de décrire ce que ressentent les personnages de l'image, pour développer effectivement l'empathie, essayer de se mettre à la place de ceux qui sont sur l'image, en fait. Et ensuite, de réfléchir ensemble à quelles solutions on peut apporter à cette situation où il y a un camarade qui se moque d'un autre. ou voilà

  • Speaker #1

    Et vous, dès les premiers agissements comme ça, en général, vous parlez avec les élèves. Je sais pour le coup ce qui se passe dans l'école pour avoir... Déjà eu le cas qui s'est présenté, je trouve que c'est bien pris en main. En général, quand il y a des choses qui peuvent être un peu embêtantes, les deux élèves vont parler avec la maîtresse et la directrice, je crois, pour dire que ça n'allait pas et qu'il ne faut pas recommencer jusqu'à ce que les enfants s'excusent.

  • Speaker #0

    Oui, on essaye d'être très vigilante. Et quand il y a des conflits entre enfants... On essaie effectivement de les faire parler, de voir ce qui s'est passé, de comprendre la situation et de les aider, eux, à comprendre ce qui s'est passé et comment ils pourraient réagir autrement.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup. C'était un vrai plaisir d'approfondir ce sujet qui est super important. Et puis, de manière générale, merci d'exercer de manière aussi passionnée. et vraiment, je pense que tu ne te rends pas compte de l'importance... impact que tu as et sur les enfants et sur les familles de manière générale parce que quel soulagement de savoir que notre enfant est bien pendant la journée, que notre enfant apprend des choses super dans un bon cadre et bien entouré. Quand les enfants traversent des difficultés parfois, que ce soit des moments où la séparation est plus difficile ou quoi, je trouve vraiment que tu es formidable sur tout. tous les sujets, donc merci beaucoup pour ça.

  • Speaker #0

    Merci Pauline de m'avoir invitée. Mais je voudrais quand même faire passer un message aux parents sur les pleurs du matin. Parce que les maîtresses disent tout le temps que dès que la porte est fermée, les pleurs globalement s'arrêtent. C'est vrai. C'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est tout de suite en général, même en petite section.

  • Speaker #0

    Au début de l'année, non, mais assez rapidement, ils voient l'intérêt d'être à l'école. Il y a une sorte de passion pour le groupe. Tu disais que le regard des autres, des pères dans la classe est important. Nous sommes, en tant qu'êtres humains, des animaux sociaux. Donc, découvrir la collectivité, jouer ensemble, c'est un plaisir immense pour les enfants. Alors, c'est vrai que c'est dur de quitter les parents, mais assez rapidement, les enfants voient à quel point l'école, c'est chouette aussi.

  • Speaker #1

    Super, j'imagine que ça va rassurer pas mal de personnes. Merci pour ça. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast.

  • Speaker #1

    Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #0

    Bonjour Laurence.

  • Speaker #1

    Bonjour Pauline.

  • Speaker #0

    Comment ça va ?

  • Speaker #1

    Très bien, merci.

  • Speaker #0

    Je suis super contente qu'on enregistre un épisode, un épisode qui va être très intéressant. Ma fille a eu la grande chance de t'avoir comme maîtresse. Quelle richesse pour des enfants que d'avoir la chance d'être accompagnée par quelqu'un comme toi. Et pour moi aussi, c'était vraiment formidable. j'ai adoré l'année que Tu as passé à enseigner à ma fille tout un tas de choses formidables et notamment ce qui m'a donné envie de te proposer de venir en parler. Tu leur as fait un programme de pleine conscience. Tu vas nous expliquer ce que c'est tout au long de l'épisode. C'est vraiment un outil dont on se sert à la maison au quotidien et qui aide beaucoup et qui laisse des traces extrêmement positives sur les enfants. Puisque j'ai discuté avec d'autres parents dont les enfants ont eu aussi la chance de t'avoir dans leur parcours. Et qui disent que des années après, ils s'en servent encore. Donc déjà, merci d'avoir cet impact incroyable sur les enfants, dans leur éducation. Et j'avais envie, s'il te plaît, pour les personnes qui nous écoutent, qui ne savent pas forcément ce que c'est que la pleine conscience, justement, ou qui savent dans les grandes lignes, est-ce que tu pourrais déjà, pour qu'on commence à savoir de quoi on parle, le définir, s'il te plaît ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, je te remercie pour ces compliments. Ça me fait très, très plaisir. Ça me touche beaucoup. Oui, effectivement, je pratique la pleine conscience dans ma classe, avec mes élèves. Alors j'ai une classe avec deux niveaux, des petits et des moyens. Je pratique la pleine conscience avec les moyens, avec des enfants qui ont 4-5 ans. Alors qu'est-ce que c'est que la pleine conscience ? C'est un programme de psychoéducation qui associe à la fois une dimension psychoéducative et de la méditation. Ça a été inventé par un américain qui s'appelle John Kabat-Zinn, qui intervenait dans une clinique dans le Massachusetts. Et les personnes qu'il voulait aider étaient des gens qui souffraient de troubles, en fait de maladies chroniques et qui avaient des douleurs chroniques.

  • Speaker #0

    Donc des douleurs physiques.

  • Speaker #1

    Des douleurs physiques, absolument. Et lui, John Kabat-Zinn, il pratiquait une... une méthode de méditation bouddhiste, Vipassana. Et donc il s'est dit que cette pratique de méditation pourrait aider les personnes qu'il voyait souffrir. Donc il a commencé en fait comme ça, en pratiquant de la méditation Vipassana avec ces personnes. Et il s'est aperçu que ça permettait aux gens de mieux gérer leur souffrance physique. Et par la suite, il a été approché en fait par des psychologues, des psychologues comportementalistes qui eux s'occupaient des personnes dépressives. La pleine conscience, c'est une sorte de mix entre de la psychologie et une pratique de méditation. Donc l'alliance entre la pratique de John Kabat-Zinn et la pratique de ces psychologues comportementalistes a débouché sur la création de programmes qui durent sur un... temps donné, ça dure 6 ou 7 semaines, les gens apprennent à décoder psychologiquement les caractéristiques de ce pour quoi ils viennent et à avoir une pratique d'attention à l'instant présent, une pratique de méditation. Les deux premiers programmes qui ont été élaborés, le premier programme était sur les rechutes dépressives et le deuxième sur la réduction du stress. Pendant ces programmes, en fait... Les gens viennent et on leur, très progressivement en fait, on leur donne des indications, par exemple sur le programme pour la réduction du stress, sur qu'est-ce que c'est que le stress, quelles sont les caractéristiques du stress, qu'est-ce qui apparaît au niveau des mécanismes psychologiques quand je suis stressée, comment reconnaître en fait les mécanismes du stress, et aussi une pratique d'attention à l'instant présent, donc une pratique vraiment de méditation. Ces deux programmes ont été soumis à des études dans des universités en psychologie. Donc il y a eu des études en termes d'efficacité de ces programmes. Et aussi, cette forme de méditation, donc pleine conscience, s'est complètement dégagée de toute forme religieuse. Puisque, comme je le disais au départ, John K. Badin avait une pratique bouddhiste, Vipassana. Donc là, avec les programmes de pleine conscience, on est vraiment dans quelque chose qui n'est pas du tout religieux. ... qui est complètement laïque et où la méditation permet de revenir simplement à l'instant présent et de sortir des cogitations mentales. Parce qu'ils se sont aperçus que ce qui faisait que les gens rechutaient en dépression ou n'arrivaient pas à gérer leur stress, c'était le fait que ces personnes pensaient que... Ils allaient résoudre les difficultés de leur quotidien par la pensée. Et la proposition qui leur est faite dans ces programmes, c'est de sortir de ce schéma pour vraiment devenir attentif à ce qui se passe dans l'instant présent. Et attentif notamment à leur pensée et à leur mécanisme psychologique. Il y a un certain nombre d'autres programmes qui se sont développés. Et moi, j'ai suivi une formation dans une université en Belgique pour apprendre à développer un programme pour les enfants. Et l'orientation de ce programme est la gestion des émotions.

  • Speaker #0

    Qui est un gros sujet sur les tranches d'âge que tu côtoies, puisqu'on sait que ce n'est pas en général les enfants les champions pour gérer les émotions de manière... Enfin, c'est difficile la gestion des émotions, c'est d'ailleurs un gros défi. dans la parentalité. Et j'imagine pour vous aussi, je ne sais même pas à vrai dire comment vous faites pour en avoir autant. Par exemple, quand tu quittes des petites sections et qu'ils pleurent tous, c'est terrifiant pour les parents de se dire, mon Dieu, mais comment est-ce possible de calmer 25 enfants ? Donc, c'est un très, très gros défi. Gérer les émotions, c'est incroyable qu'ils puissent avoir ça. Et toi, en plus, tu enseignes depuis 20 ans. Tu as... passé ce diplôme pour pouvoir rajouter la pleine conscience à ton programme à toi depuis sept ans à peu près. Donc tu as quand même un recul de ce que ça a pu apporter aux enfants puisque tu as été maîtresse sans pouvoir leur apporter ce programme et maintenant avec. Qu'est-ce que tu constates en fait ? Qu'est-ce que tu trouves que ça leur apporte dans leur quotidien ?

  • Speaker #1

    Alors c'est compliqué pour moi de voir si ça... provoque un changement immédiat. Parce que moi, ce que j'ai l'impression de faire, c'est de poser des petites graines, en fait. Ce que je veux, en fait, avec ce programme de pleine conscience, c'est que les enfants accueillent ce qui se passe, accueillent leurs émotions et ne rentrent pas dans une attitude de fuite. Parce que finalement, quand on a une émotion agréable, évidemment, on la vit à 100%. Mais quand on a une émotion plus désagréable, une des attitudes très courantes, c'est de vouloir éviter cette émotion. Et un des objectifs de ces programmes de pleine conscience, c'est de permettre de vivre pleinement ce qui se passe dans l'instant présent, que l'émotion soit agréable ou qu'elle soit moins agréable. Et ça, je pense qu'on peut tous le constater. Quand on a une difficulté dans notre vie, dans notre quotidien, on va avoir tendance à soit ne pas y penser.

  • Speaker #0

    Faire l'autruche, quoi.

  • Speaker #1

    Faire l'autruche, exactement. Donc, par exemple, se mettre à regarder des séries sur Netflix ou à penser à autre chose,

  • Speaker #0

    s'enfermer dans le travail ou dans le... sport, on peut imaginer, par exemple, même quand quelqu'un va traverser par un deuil, parfois la « facilité » , ça va être de penser à autre chose, de ne pas accueillir notre propre émotion. C'est vrai que souvent, même, on apprend aux enfants à gérer leurs émotions, mais nous-mêmes, on a beaucoup de mal à le faire. Même pour les adultes, c'est un outil très intéressant.

  • Speaker #1

    Et la proposition de la pleine conscience, c'est de dire que, finalement, si on accueille ce qui se passe, que si dans l'instant présent, on est... Et pleinement avec toutes les manifestations de l'émotion, c'est-à-dire ce qui se passe dans notre corps, qu'est-ce que j'ai envie de faire, quels sont les mécanismes qui arrivent, pour les plus grands, parce que les petits, évidemment, ils ne peuvent pas être conscients de ça. Mais au moins, pour les petits, qu'est-ce qui se passe dans mon corps et qu'est-ce que ça me donne envie de faire ? Eh bien, en fait, on s'aperçoit que l'émotion, elle s'en va beaucoup plus vite. vite, parce qu'une émotion est comme une sorte de vague, et si on ne la vit pas pleinement, l'émotion elle va en quelque sorte rester en arrière-plan, elle va se cristalliser. Et une autre chose aussi que moi j'ai découvert personnellement dans ma pratique de la méditation, c'est qu'en accueillant l'émotion, en étant dans l'instant, je découvre en moi un lieu, un endroit qui est une sorte de ressource. Un lieu calme, tranquille, libre par rapport à l'émotion. Mais pour ça, il faut être capable de s'arrêter, de faire une sorte de bouton stop et d'écouter ce qui se passe. Et dans cette écoute, on s'aperçoit qu'il y a une sorte de silence, de tranquillité qui est là, même s'il y a une émotion forte, même si dans le corps, il y a des manifestations qui peuvent sembler désagréables. en arrière-plan cette écoute est une ressource qui permet d'accueillir ce qui se passe et qui permet à l'émotion de passer et de vivre, tout simplement, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, mais c'est aussi une bonne manière, je trouve, ce programme pour l'avoir vécu, du coup, en tant que maman qui a accompagné sa fille dans ce programme, puisqu'il y a quand même des choses à faire après à la maison. Ça permet aussi d'ouvrir le dialogue par rapport à des émotions qui peuvent traverser les enfants, qui ne sont pas forcément toujours agréables. Et par exemple, moi, il y a eu des moments très drôles où, à un moment, tu proposais un exercice qui était de colorier à quel endroit du corps il pouvait ressentir l'émotion désagréable. Il devait, par exemple, s'il le sentait dans les mains, parce que, par exemple, ça leur donnait envie de griffer ou frapper ou quoi que ce soit, il coloriait les mains. Et donc, moi, une fois, ma fille était à table et je ne sais pas ce qu'avait fait son frère et elle s'était levée. Elle m'avait dit « Attends, je ressens ça là, il faut tout de suite que j'aille colorier les mains pour mon cahier de la pleine conscience parce que là, qu'est-ce que j'ai envie de le frapper ! » Et du coup, c'était intéressant parce qu'au final, déjà, elle ne l'avait pas fait de frapper son frère. Du coup, comme elle ne le fait pas, ça permet évidemment de ne pas gronder puisqu'elle ne l'a pas fait. Elle a juste colorié les mains parce que c'est ce dont elle avait eu envie. Et du coup, ça ouvre le dialogue aussi en disant… Pourquoi tu en as eu envie ? Qu'est-ce que tu as ressenti ? Donc là, on développe sur la jalousie ou peu importe ce que peut être l'émotion. Mais ça leur donne aussi des clés pour identifier plus facilement les émotions. Parce que c'est vrai que tous les livres qu'on peut lire avec nos enfants, par exemple comme La couleur des émotions ou quoi que ce soit, c'est bien pour qu'ils les identifient. Mais ce n'est pas toujours ce qui leur donne des clés pour réussir à les accueillir et à les surmonter. Je trouve que ce programme, il est vraiment très bien pour permettre aussi aux familles de pouvoir discuter de ce qui se passe pour les enfants, ce qui se passe vraiment au fond d'eux.

  • Speaker #1

    Oui, absolument. En fait, ce programme, déjà, il fait intervenir les familles, puisque les enfants reviennent à la maison avec des explications de ce que nous avons fait en classe avec eux. Et aussi donc avec du travail à faire entre. Oui, là, en fait, tu es en train de souligner la dimension psychoéducative du programme. C'est-à-dire que là, dans la première partie, j'ai surtout développé le côté méditation. Mais effectivement, il y a aussi un côté psychoéducatif. C'est-à-dire que moi, je lis des livres, par exemple des albums sur les émotions, pour que les enfants puissent reconnaître les caractéristiques des émotions. Peut-être que je devrais revenir sur la définition d'une émotion, pour qu'on comprenne. Oui,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi.

  • Speaker #1

    Alors une émotion, en psychologie, c'est défini, il y a trois aspects. Il y a un aspect du corps, par exemple si je suis en colère, je vais plutôt être très tendue physiquement, je ne vais pas avoir une attitude d'ouverture ou de détente, je vais être plutôt crispée. Il y a une dimension aussi, une volonté d'action, ça c'est le deuxième élément d'une émotion. Donc ça me donne envie de faire des choses. Ça me donne envie, pour la colère par exemple, de taper. Si je suis triste, je vais plus avoir envie d'aller me réfugier dans un petit coin. Je ne vais pas avoir envie d'aller vers les autres. Je vais avoir envie d'être seule. Donc ça, c'est une volonté d'action. Et aussi des pensées. Souvent, la colère, c'est lié à un sentiment d'injustice, pour reprendre cet exemple. Donc je vais me dire, oui, voilà, ça, ce n'était pas juste. Donc je vais avoir un certain nombre de pensées qui vont être associées. à cette émotion. Chez les petits de maternelle, on ne va pas tellement mettre l'accent sur les pensées parce qu'ils n'ont pas le recul nécessaire pour ça. Par contre, avec les parents, on va développer beaucoup ce que ça fait dans le corps et quelles sont les volontés d'action liées à l'émotion. Souvent, dans les albums, ce qu'on voit, c'est une émotion, je dirais, à la troisième personne. qu'est-ce que ça fait à quelqu'un d'autre d'avoir une émotion, puisque les albums décrivent des situations émotionnelles. Et là, la différence avec ce programme, c'est que vraiment, l'idée, c'est de permettre aux enfants de développer leur ressenti subjectif par rapport à l'émotion, de voir vraiment ce que ça leur fait à eux, parce qu'on peut très bien être très informé des caractéristiques des émotions sans aller voir ce que ça nous fait à nous. L'objectif du programme, c'est aussi ça, c'est ne pas fuir ce que ça nous fait intérieurement, même si ce n'est pas agréable. Et alors ce qui est formidable aussi dans ce programme, c'est que toute la première partie du programme, l'accent est mis sur les émotions positives.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça qui est, je trouve, passionnant. D'ailleurs, moi-même, j'ai pris conscience de quelque chose que je ne faisais pas assez à la maison, c'est qu'en fait, on n'apprend pas. tant à savourer une émotion positive aux enfants. Et c'est ça qui est génial que toi tu fais, par exemple, dans le programme.

  • Speaker #1

    Oui, et c'est hyper mignon puisque l'objectif, pour eux, c'est de faire attention, d'être attentif à ce qui se passe. Mais qu'est-ce que ça veut dire être attentif pour des enfants aussi petits ? Il faut déjà dans un premier temps expliquer ça. Qu'est-ce que c'est que faire attention ? Donc, cette explication, elle ne se passe pas par des mots. Elle a lieu avec des petits exercices d'attention à ce qui se passe dans l'instant présent. Je leur demande, dans les premières semaines, de décrire des choses agréables qu'ils ont fait. Et donc là, c'est hyper mignon. Donc, tu as des enfants qui te décrivent qu'ils sont allés faire un câlin à leur maman, sentir l'odeur du foulard de maman. Parce que l'accent est mis aussi sur les cinq sens, en fait.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Parce que faire attention à ce qui se passe dans l'instant présent, c'est ouvrir son attention sur ce que je vois, ce que j'entends, ce que je goûte, ce que je ressens.

  • Speaker #0

    Et d'ailleurs, je me permets aussi, tu me diras ce que tu en penses pour les personnes qui nous écoutent et justement qui ont un peu le côté de vouloir lire des choses sur les émotions, mais de trouver que quand on lit un livre, c'est un peu voir l'émotion et pas vraiment la ressentir. Ce que je trouve aussi qui est génial, c'est des jeux de société. qui sont justement sur la couleur des émotions, le monstre des couleurs. C'est assez incroyable parce que c'est un jeu où on lance les dés et selon ce sur quoi on tombe, il faut que l'enfant puisse raconter la dernière fois qu'il a ressenti cette émotion-là. C'est souvent des moments où on se rend compte qu'il y a des choses par exemple qui ont fait peur aux enfants et on ne s'en est même pas rendu compte. Ça permet beaucoup d'ouvrir le dialogue et de leur faire comprendre que c'est d'eux qu'il s'agit de leurs émotions et qu'ils peuvent parler d'eux. Et même ça nous... permet nous aussi, parce que du coup on y joue ensemble, de nous aussi parler de nos propres émotions et donc parfois de revenir sur des petits moments peut-être qu'on connaît tous dans le quotidien où par exemple ça s'est pas très bien passé et donc de dire moi à tel moment je me suis sentie un petit peu en colère parce que tu vois tu m'écoutais pas donc c'était un petit peu difficile et qu'est-ce que tu penses qu'on pourrait faire pour que ça se passe mieux parce que moi j'aime pas non plus me sentir comme ça et donc je trouve que c'est un outil complémentaire ... qui est super et que je recommande aux parents qui écoutent, je ne sais pas si tu as pu l'utiliser, et ça permet aussi justement, on est humain, il y a des moments où nous aussi on ne gère pas bien nos émotions, on aurait aimé réagir autrement, etc. Et on ne réagit pas toujours très bien et ça nous permet aussi de revenir encore dessus. En disant par exemple, là par exemple j'ai eu peur que tu te fasses mal, donc voilà j'ai réagi comme ça mais je n'aurais pas dû, parce que ça ne te donne pas vraiment confiance quand je fais ça. parfois des choses qui n'ont rien à voir avec eux aussi, mais j'aime bien cet outil-là. Je ne sais pas ce que tu en penses, si tu penses que c'est bien à utiliser à la maison comme outil, ce jeu de société.

  • Speaker #1

    Alors, je ne connais pas ce jeu, en fait, mais dans ce que tu en dis, oui, ce n'est pas tout à fait dans le même sens. Et en fait, dans le programme aussi, il y a des moments d'échange qui sont importants. C'est-à-dire qu'il y a des moments de méditation, il y a des moments de psycho-information, où là, c'est vraiment moi qui donne des informations aux enfants, mais des moments extrêmement importants où on échange justement sur ce qu'ils ont fait pendant la semaine entre les deux journées de programme puisque c'est une fois par semaine et où là justement ils parlent de leurs émotions il y a un moment par exemple où ils doivent dessiner une émotion désagréable, où ils doivent me raconter justement, ils se racontent les uns les autres d'ailleurs, c'est à dire que les interactions elles se font entre pairs, pour eux c'est intéressant d'entendre les autres raconter ce qui se passe Et ce que tu dis par rapport aux émotions des adultes, moi je sais que mes élèves très souvent pensent que les adultes n'ont pas d'émotions, que ça ne concerne que les enfants. Donc c'est intéressant pour eux de voir qu'avoir une émotion c'est normal. Parce que souvent ils se sentent submergés en fait par les émotions. Donc de voir que tout le monde a des émotions. Je compare souvent les émotions en fait à quelque chose qu'ils connaissent en fait à une sensation physique. Quand ils se font mal dans la cour, ils savent qu'au début, ils savent qu'ils vont avoir mal au début, très très mal, après un peu mal, après un tout petit peu mal, un tout petit peu, tout petit peu mal. C'est quelque chose qui descend graduellement, en fait, la douleur qu'ils vont avoir quand ils se font mal dans la cour de récréation. Donc percevoir que non seulement les adultes ont une émotion, mais que l'émotion finalement, elle a une gradation et que c'est quelque chose qui est naturel, ça c'est vraiment important. pour eux. Et oui, oui, discuter sur les émotions, c'est important. Mais ça ne suffit pas pour les aider, en fait, à accepter ce qui se passe. Donc là, dans le programme, il y a une proposition en plus, qui est vraiment faire attention à ce qui se passe. Alors, quand je parle de méditation, je vais peut-être développer un petit peu. La méditation, ça ne veut pas dire être assis en tailleur et ne pas bouger, du tout. Être dans une posture de méditation, c'est ce que j'explique. C'est être attentif à ce qui se passe. C'est ouvrir le champ de son attention sur tout ce qui est perçu. Donc il existe des méditations qui sont informelles. Moi je demande aux enfants de faire attention quand ils se lavent les mains, quand ils mangent. Ça c'est aussi de la méditation en fait.

  • Speaker #0

    Hum, bien sûr. Et c'est ça qui est bien aussi parce qu'après, on le voit que les enfants, ils font plus attention à ce qu'ils sont en train de vivre. Quand ils font quelque chose, par exemple, comme ils doivent souvent, on doit noter des choses dans lesquelles ils ont fait vraiment attention, qui s'inscrivent dans leur quotidien, c'est-à-dire que ça peut être, bon, on peut discuter en disant, ben tiens, viens, on lit cette histoire et on fait bien attention. Par exemple, où tu regardes ce petit dessin animé, tu fais bien attention au fait que tu es en train de... de regarder ce petit dessin animé. Du coup, après, ils vont avoir le réflexe de dire, là, on fait bien attention et même parfois nous le dire. C'est-à-dire que moi, je me souviens qu'il y avait des fois où, par exemple, j'allais recevoir un message et donc répondre au message en même temps que je faisais autre chose avec mes enfants. Elle allait me dire, là, tu ne fais pas attention, par exemple, maman. C'est vrai, en fait, on se rend compte que souvent, on est les premiers à être un peu en pilote automatique. On est nombreuses et nombreux, je pense, à par moment vraiment faire les choses par automatisme, à cause de la fatigue. Je pense notamment quand on a des enfants tout petits qui se réveillent la nuit, qu'on est fatigué, qu'il faut enfiler toutes les casquettes différentes. On a tendance à plus vraiment réfléchir quand on fait les choses et du coup, ne pas réfléchir, on s'en rend compte quand on prend un pas de recul, ça déconnecte un petit peu du plaisir. plus vraiment à ressentir de plaisir dans le quotidien. Et c'est là que le programme est intéressant aussi pour les adultes, en fait, parce que ne pas prendre conscience de ce qu'on fait et le faire de manière très automatique, ça coupe souvent de la joie,

  • Speaker #1

    je trouve. Absolument, mais en fait, le fait d'être en pilote automatique, c'est normal, c'est même indispensable. On ne peut pas être tout le temps à 100% dans une attention. à ce qui se passe. On peut par exemple être un peu dans la rêverie. En fait, le problème, ce n'est pas tellement d'être en pilote automatique, c'est de ne pas avoir le choix. Là, la proposition, c'est d'avoir des outils pour, si on le veut, vraiment profiter et vivre pleinement ce qui se passe. Et en fait, ça débouche aussi sur un sentiment de gratitude parce que vivre des choses agréables... Et les vivre tout en sachant qu'on les vit, ça développe un sentiment de gratitude.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants aussi, chez les adultes.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Et en fait, on se rend compte que les enfants, et c'est ce que je trouvais intéressant, c'est ce que tu disais sur ce que ça a pu apporter à ta pratique personnelle aussi, de côtoyer les enfants et de voir comment ils pouvaient recevoir ce programme. Parce que finalement, les enfants sont très curieux de nature. et je pense que qui sont à un âge où c'est facile d'apprendre pour eux que l'impact qu'on peut avoir sur eux est énorme. Et donc que les personnes qui s'en occupent toute la journée, qui leur apprennent des choses, l'impact que vous avez sur les enfants, il est colossal en fait. Et donc ce type de programme, c'est extrêmement bénéfique.

  • Speaker #1

    Bah écoute, j'espère.

  • Speaker #0

    Bah ça c'est sûr. Puisqu'on parle des émotions des enfants, c'est vrai que quand on connaît les chiffres, par exemple, quand on pense le nombre d'enfants qui sont victimes d'abus sexuels, d'inceste, etc., il y a des enfants qui vivent des choses très difficiles. Et statistiquement, il doit y en avoir chaque année dans ta classe, puisque les chiffres sont terrifiants. Ça concerne un enfant sur dix. Donc forcément, par exemple, quand on prend une classe de 30, ça peut en concerner trois. Et justement, quels sont les moyens qui sont mis en place ? place justement, tu me parlais du fait qu'il peut y avoir une psychologue qui peut venir observer l'enfant pour voir si oui ou non l'enfant peut présenter des problèmes et qu'ensuite il faut s'entretenir avec les parents pour les orienter, donc soit leur proposer d'aller voir une psychologue et si la famille n'a pas la possibilité financièrement de voir un professionnel ou une professionnelle de la santé mentale, il y a des centres qui proposent gratuitement comme le CMP. Mais que c'est difficile d'avoir des places. Mais si, par exemple, c'est les parents qui sont mis en cause, là, on rentre dans autre chose, c'est-à-dire avec une assistante sociale, etc.

  • Speaker #1

    Alors, oui, effectivement, dans les écoles, il y a un réseau, un réseau d'aide prioritaire. Et dans ce réseau d'aide, il y a une psychologue, une psychologue scolaire qui peut venir voir dans la classe, si je le demande, observer en fait en classe les enfants. Et ensuite, si c'est nécessaire, elle prend rendez-vous avec les parents pour les orienter vers le CMP. Autrement, dans le réseau, il y a aussi une assistante sociale. et un médecin scolaire. Moi, j'oriente vers ça.

  • Speaker #0

    J'avais envie de te parler, du coup, comme on parlait aussi des comportements des enfants, d'un sujet qui est très important et qui vous concerne directement au quotidien, c'est le harcèlement scolaire. Est-ce que, dès la maternelle, vous pouvez commencer à observer les premiers signes d'harcèlement ? Et je sais qu'il y a quelque chose que vous avez la chance de tester. dans cette école-là et j'aurais aimé que tu m'en parles un petit peu, si c'est possible.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est vrai que là, c'était la journée du harcèlement hier, donc c'est un sujet qui est effectivement d'actualité et qui est quelque chose d'important en fait, qu'il faut prendre en compte. Alors en maternelle, c'est vrai que, comme je te disais, les comportements des enfants ne sont pas encore figé. Il y a beaucoup de souplesse dans les comportements des enfants de 4-5 ans. Par exemple, on va être hyper copain avec quelqu'un et puis 3 jours après, on ne va plus du tout s'entendre avec lui et puis redevenir copain avec lui. Les comportements sont quand même très souples. Donc je ne sais pas si on peut vraiment parler de harcèlement en maternelle. Après, c'est sûr qu'il faut apprendre aux enfants à gérer les relations. Bon. Et à être vigilant, en fait, par rapport à ça. Voir si, oui, qu'est-ce que c'est que le harcèlement ? Ça peut être des moqueries, ça peut être l'isolement d'un enfant. Donc être vigilant par rapport à ce genre de choses. Mais moi, ce que j'ai pu constater, c'est qu'en maternelle, il y a quand même beaucoup de souplesse. Alors oui, dans l'école où je suis, on est en train de tester un programme, en fait. Mais c'est vraiment le début de cette initiative. donc je pense Je peux en parler, mais d'une manière théorique. Ce programme s'appelle Free for Morbory. L'intérêt de cette approche, c'est de dire que le harcèlement est un système. Jusque-là, on voyait le harcèlement comme étant une affaire à deux, entre celui qui était harcelé et celui qui harcèle. Ce que je trouve intéressant dans cette approche, c'est de voir que le harcèlement ne se fait pas sans...

  • Speaker #0

    tous les autres qui regardent et qui ne disent rien, voire récanent. Dans un cadre scolaire, bien sûr. C'est-à-dire que c'est un système où l'ensemble de la classe, finalement, est acteur. Donc, ce programme Free for Morbary propose, en fait, un certain nombre d'outils. Donc, c'est aussi un programme pour faire réfléchir les enfants à ces situations-là et à leur donner, en fait, des outils pour dire non. que le groupe d'enfants qui est passif devienne actif pour arrêter la situation de harcèlement quand elle arrive en germe.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ce qui est difficile à cet âge-là, c'est qu'il y a quand même un tel désir d'être accepté par le groupe que souvent, vraiment leur peur, c'est qu'un tel ou une telle lui dise « t'es plus ma copine » ou « t'es plus mon copain » . Donc, on a l'impression que finalement, peu importe ce que peut faire un tel ou une telle, c'est pas grave tant qu'à la fin, il ou elle dit oui c'est bon, t'es ma copine ou t'es mon copain et donc c'est ça que je trouve vraiment très bien avec ce programme en leur apprenant ce qui est ou pas acceptable et pour faire le lien aussi je rebondis sur quelque chose que tu dis sur le côté collectif et du groupe quelque chose pour revenir au programme de pleine conscience que tu as proposé qui était aussi assez incroyable et Merci. enrichissant dans leur construction, c'est que tu leur permettais aussi de constater que l'émotion peut se communiquer et donc de dire par exemple un mot gentil à l'oreille d'une camarade ou d'un camarade et de voir que ça faisait plaisir. Donc les enfants prennent aussi conscience qu'ils ont un pouvoir pour aider les autres. En fait, ça développe j'ai trouvé leur empathie.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'effectivement les enfants finalement ne réagissent pas parce qu'ils ont peur. Donc là, ça fait partie de l'apprentissage. Entre autres, les valeurs de Free for Marbury, c'est la tolérance, le respect, l'attention aux autres. Voir effectivement que je peux aider l'autre, que mon action a un impact sur l'autre, que je peux prendre soin de l'autre. Que si je vois quelqu'un qui est un peu triste, j'ai cette capacité d'aller l'aider. Et aussi le courage, le courage de dire non. et c'est vrai qu'il en faut parce que le... Le fait d'appartenir à un groupe, d'être entraîné par les autres. Si j'adore un copain et que je le vois faire une bêtise, il faut avoir le courage, effectivement, de lui dire non. Là, ce que tu es en train de faire, c'est une bêtise. Je ne vais pas faire comme toi. Effectivement. Donc, c'est valoriser des attitudes comme ça et montrer que c'est courageux.

  • Speaker #1

    Non seulement lui dire quand tu fais une bêtise, mais par exemple aussi de comprendre que même si ça fait rire d'autres gens, Dès que ça peut faire de la peine à quelqu'un d'autre, alors c'est pas drôle. C'est aussi toujours un petit peu la limite, je trouve, quand on apprend à des enfants. Par exemple, moi, ce que j'aime bien dire, c'est quand tu fais, par exemple, une blague, si ça fait rire la personne en face de toi, ça veut dire que c'est une blague. Par contre, si ça ne fait pas rire, alors c'est une moquerie, il faut s'arrêter. Parfois, la limite, quand les enfants sont petits, elle est très, très fine. entre le fait de rigoler avec un copain ou une copine et se moquer. Et en fait, je trouve que petits, les enfants comprennent très bien quand on leur explique des choses comme ça. Et souvent, on voit des gens qui pensent que les enfants ne vont pas comprendre et ne leur expliquent pas, alors qu'en fait, je trouve les enfants très empathiques. Dans la construction du cerveau des enfants, l'empathie, je crois que c'est à partir de 7 ans qu'ils sont véritablement capables d'être empathiques, dans le sens où leur cerveau est fait pour être très égocentrique. Ça fait qu'ils pensent toujours que tout soit leur faute, soit grâce à eux. Donc ça les empêche forcément d'être un peu tournés vers les autres. Mais je trouve que quand on leur parle et qu'on leur explique comment se sentent les autres, la plupart du temps, ils arrivent à adapter leur comportement. Alors que quand on pense qu'ils ne comprennent pas, du coup, j'ai l'impression que c'est ça qui fait qu'on avance vers une société qui n'est pas très altruiste.

  • Speaker #0

    Oui, alors en classe, on peut utiliser par exemple des posters, tu vois. avec des images de situations. Donc on réfléchit tous ensemble. Il y a des étapes, en fait, quand on regarde ces images, pour d'abord essayer de décrire ce que ressentent les personnages de l'image, pour développer effectivement l'empathie, essayer de se mettre à la place de ceux qui sont sur l'image, en fait. Et ensuite, de réfléchir ensemble à quelles solutions on peut apporter à cette situation où il y a un camarade qui se moque d'un autre. ou voilà

  • Speaker #1

    Et vous, dès les premiers agissements comme ça, en général, vous parlez avec les élèves. Je sais pour le coup ce qui se passe dans l'école pour avoir... Déjà eu le cas qui s'est présenté, je trouve que c'est bien pris en main. En général, quand il y a des choses qui peuvent être un peu embêtantes, les deux élèves vont parler avec la maîtresse et la directrice, je crois, pour dire que ça n'allait pas et qu'il ne faut pas recommencer jusqu'à ce que les enfants s'excusent.

  • Speaker #0

    Oui, on essaye d'être très vigilante. Et quand il y a des conflits entre enfants... On essaie effectivement de les faire parler, de voir ce qui s'est passé, de comprendre la situation et de les aider, eux, à comprendre ce qui s'est passé et comment ils pourraient réagir autrement.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie beaucoup. C'était un vrai plaisir d'approfondir ce sujet qui est super important. Et puis, de manière générale, merci d'exercer de manière aussi passionnée. et vraiment, je pense que tu ne te rends pas compte de l'importance... impact que tu as et sur les enfants et sur les familles de manière générale parce que quel soulagement de savoir que notre enfant est bien pendant la journée, que notre enfant apprend des choses super dans un bon cadre et bien entouré. Quand les enfants traversent des difficultés parfois, que ce soit des moments où la séparation est plus difficile ou quoi, je trouve vraiment que tu es formidable sur tout. tous les sujets, donc merci beaucoup pour ça.

  • Speaker #0

    Merci Pauline de m'avoir invitée. Mais je voudrais quand même faire passer un message aux parents sur les pleurs du matin. Parce que les maîtresses disent tout le temps que dès que la porte est fermée, les pleurs globalement s'arrêtent. C'est vrai. C'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est tout de suite en général, même en petite section.

  • Speaker #0

    Au début de l'année, non, mais assez rapidement, ils voient l'intérêt d'être à l'école. Il y a une sorte de passion pour le groupe. Tu disais que le regard des autres, des pères dans la classe est important. Nous sommes, en tant qu'êtres humains, des animaux sociaux. Donc, découvrir la collectivité, jouer ensemble, c'est un plaisir immense pour les enfants. Alors, c'est vrai que c'est dur de quitter les parents, mais assez rapidement, les enfants voient à quel point l'école, c'est chouette aussi.

  • Speaker #1

    Super, j'imagine que ça va rassurer pas mal de personnes. Merci pour ça. À bientôt.

  • Speaker #0

    Merci Pauline.

  • Speaker #1

    Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

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