- Speaker #0
Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Bonjour Isa !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Comment ça va ?
- Speaker #1
Eh bien super et toi ?
- Speaker #0
Ça va super, je suis tellement contente que tu sois venue pour qu'on enregistre un épisode ensemble. J'adore ton contenu, ton contenu est féministe, engagée, militant. Tu es connue sur les réseaux sociaux sous le pseudo « Abrèges sœur » . À la base, tu as souhaité répondre au compte « Abrèges frère » , dont le but était de résumer des vidéos qui duraient plusieurs minutes pour expliquer, t'en gagner tant de temps. Sauf que petit à petit, les vidéos qu'il abrégait étaient de plus en plus des vidéos de femmes. Et à un moment, ta coupe a débordé quand il a abrégé le contenu d'une créatrice de contenus qui avait été victime d'agressions sexuelles. et qui n'avait pas abrégé le contenu de son agresseur. Cette chose dont tu t'es dit, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, je vais le faire. C'est un peu, j'ai l'impression, la genèse de ton compte et d'Abrège-sœur. Tu as commencé à créer un compte pour abréger les mascus. Ce que tu fais à merveille, ça manquait du coup. Forcément, tout de suite, ton compte a pris beaucoup d'ampleur pour notre plus grand plaisir, parce que c'est chouette de se sentir représentée et défendue par un compte féministe comme le tien. et aujourd'hui en fait tu alternes entre des contenus où tu abrèges encore les mascus, mais aussi tu montres la réalité d'être une femme aujourd'hui et une femme qui a de l'influence sur les réseaux sociaux et qui fait un contenu féministe. Donc, merci pour ça. Je voulais savoir, qu'est-ce qui s'est passé dans ta tête quand tu as décidé de créer ton compte, justement ?
- Speaker #1
Alors, comme tu as très bien résumé, moi, c'était vraiment une réponse à la communauté. D'ailleurs, ce n'était pas vraiment en réponse à Abrèges Frères, parce qu'on m'a beaucoup mis en... Abrége soeur vs abrège frère, pas du tout, puisque à la base, bon, il n'y avait rien de méchant, de résumé, mais c'est vrai qu'il y avait un déséquilibre entre les hommes et les femmes, même s'il l'a un petit peu rétabli après qu'on lui ait fait la remarque. C'était surtout l'abréviation de VSS d'une créatrice de contenu qui s'appelle Lila Bonbon. Et j'ai souhaité du coup tout simplement abréger son agresseur, en sachant qu'il a avoué publiquement pour les personnes qui sont à Tillionne. C'est pour ça que je ne dirais pas... potentielle.
- Speaker #0
Résumé agresseur, mais bien agresseur.
- Speaker #1
C'est ça, c'est-à-dire qu'il a avoué avoir touché le consentement de sa poitrine. Et moi, initialement, c'était vraiment en réponse à tout ça et à la misogynie d'une certaine partie de la communauté d'Abreche Frères qui se servent de Abreche Frères pour venir dire, en gros, taisez-vous aux femmes qui, parfois, partageaient des choses graves. Moi, je pense notamment à une femme qui a perdu son enfant et ça lui commentait Abreche Frères. Moi, ça m'a choquée. Donc c'est ça qu'il y a eu dans ma tête à ce moment-là, mais je n'avais pas vraiment réfléchi à faire un compte dédié à ça. Et j'ai vu que ça a pris de l'ampleur et c'est là que j'ai commencé à abréger les masculinistes. Et après, bien évidemment, j'ai étendu puisque je n'ai pas abrégé que les masculinistes, j'ai aussi abrégé des femmes, j'ai abrégé des personnes problématiques. Mais mon cœur, ça reste quand même le féminisme, effectivement, de lutter contre les masculinistes. Donc moi, mon objectif, au départ, c'était simplement... rétablir la justice d'une abréviation d'une femme qui a été victime. Et moi, j'ai abrégé du coup l'agresseur en disant tu es un agresseur. Et ensuite, je me suis dit bon, ça manque. Donc, j'ai continué à me dire il faut une posture contre les masculinistes parce qu'il n'y en a pas. Mais on va en parler parce que maintenant, je sais pourquoi il n'y en a pas.
- Speaker #0
C'est ça. Et en fait, quand tu commences à t'emparer du sujet et du coup, regarder, j'imagine, un contenu que tu ne regardais pas avant. Parce que j'imagine que tu ne regardais pas...
- Speaker #1
Si j'adore, je suis fan.
- Speaker #0
Tu as dû tomber de ta chaise. Parce qu'en fait, pour plein, en tout cas pour moi par exemple, tu évolues sans avoir conscience qu'il y a ce contenu problématique qui circule. La personne a un million d'abonnés, et donc touche beaucoup de gens avec un discours archi problématique.
- Speaker #1
Exactement, en fait, c'est des créateurs qui ont parfois 1,5 million d'abonnés. 500 000 abonnés sur YouTube, il faut savoir que sur YouTube, 500 000 personnes, c'est énorme. Ceux qui sont créateurs de contenu le savent. Sur TikTok, on va dire que tu as plus facilement des abonnés, mais quand même, 1,5, ça reste énorme. Ce n'est pas du tout des propres billets carrés. Et quand bien même ce soit des plus petits créateurs, 20 000, 30 000, ils ont une communauté qui fédère, qui est soudée. C'est un vrai problème.
- Speaker #0
On l'a vu récemment avec, par exemple, Nino Arial, qui a tenu des... propos problématiques que tu as d'ailleurs dénoncé. Mais lui, ça ne fait pas du tout bouger. J'ai l'impression que ça ne change rien pour lui.
- Speaker #1
Ah mais maintenant, on peut être misogyne, décomplexé, avoir 1,5 million d'abonnés et quand même remplir des spectacles. Et d'autant plus que Ninho, il a le soutien des femmes, c'est pour ça aussi. Oui. Les hommes qui sont très soutenus comme Ninho Arial, qui n'est pas un masculiniste, on ne peut pas le qualifier quand même comme tel, mais qui est misogyne, en tout cas dans sa prise de parole à cet instant T, il a été misogyne. Dire folle, frustrée, hystérique, pour ceux qui ne savent pas, c'était un En réaction à des femmes qui lui avaient dit, je peux peut-être donner le contexte, il a fait une vidéo où il parlait de l'affaire Bertrand Cantat. Et en fait, il défendait du coup Marie Trintignant. Et des femmes lui ont dit, c'est super ce que tu as fait, mais attention, des fois tes sketchs, ils sont un peu limite pour des femmes, mais très gentiment. Et il les a traités de folles frustrées, hystériques.
- Speaker #0
Et il a dit aussi, je m'emmerde à défendre les femmes et ça ne va toujours pas.
- Speaker #1
Exactement,
- Speaker #0
ce à quoi des tas de comptes féministes engagés ont répondu, si ça t'emmerde, ne le fais plus en fait. Pourquoi s'emmerder à faire quelque chose qui ne vient pas du cœur ? Du coup, ça démontre, à mon sens, un petit opportunisme.
- Speaker #1
Exactement, en fait, il y a deux types, il y a les masculinistes et il y a ce qui s'appelle les pro-femmes, donc c'est ceux qui se font passer pour féministes. Et en fait, souvent, c'est des hommes qui ont le beauty privilège, qui sont séduisants, qui sont beaux. Et en fait, ils ont beaucoup de soutien de femmes d'un certain âge. C'est là aussi d'où vient tout son soutien. Parce que moi, à ce moment-là, pour Ninio Arial, je tiens à le dire, parce que c'est quand même un phénomène qui est important à souligner, moi j'ai eu beaucoup de femmes cette fois-ci, alors que d'habitude, ce n'est pas le cas.
- Speaker #0
Tu veux dire qu'elles ont été opposantes à ton contenu ?
- Speaker #1
Oui, mais ce n'est pas du tout la même chose que les hommes. C'est-à-dire que les hommes, avec les masculinistes, c'est tout de suite des menaces. Les femmes, elles sont plus virulentes, mais il n'y a jamais de menaces. Elles sont moins violentes. Et donc,
- Speaker #0
par exemple, pour Ninio Arial, qu'est-ce qu'on t'avait dit ?
- Speaker #1
Alors, on m'avait dit, oui, il est super, pourquoi tu le critiques ? vous êtes jamais contente, de toute façon les féministes, vous êtes chiantes. C'était ça, mais c'était pas quand je m'attaque au masculinisme, c'est on va te tuer. Il faut quand même noter que la violence, elle est quand même avant tout masculine. Mais que pour que les gens comme Nino Ariel soient soutenus autant, c'est qu'il y a toujours du soutien un peu des deux. C'est-à-dire qu'ils peuvent être misogynes, j'espère que ça va être clair, mais comme il y a des femmes qui le soutiennent, ils se disent bon bah, c'est pas problématique. Mais c'est des femmes d'un certain âge. Et pourquoi j'insiste là-dessus ? Parce que c'était une autre génération. C'est des femmes d'un certain âge qui sont surtout présentes sur Facebook. et qui n'ont pas la même déconstruction que les jeunes. Parce que c'est souvent des femmes de 20, 30, 40 ans qui ont fait la remarque. Et au-delà de 40 ans, j'ai eu des femmes qui d'habitude ne sont pas du tout virulentes envers moi. Et là, je l'ai vraiment vue. Je me suis dit, il y a un phénomène qui est intéressant. C'est que comme il est soutenu par ses femmes, je pense qu'il s'est dit, ça va.
- Speaker #0
Il s'est acheté cette caution-là, en fait. Donc, du coup, il ne peut plus être taxé de misogyne.
- Speaker #1
Exactement, puisqu'il y a des femmes qui le soutiennent. Et il a le soutien des deux.
- Speaker #0
Oui. et qu'ils s'emparent de certaines causes qui pourraient être étiquetées d'alliés des femmes.
- Speaker #1
Exactement. Donc, il y a ces deux phénomènes qui sont importants à dissocier. Il y a les masculinistes, où eux, ils fédèrent une communauté d'hommes hyper violente qui te menacent de mort, de viol, de te tuer. Et tu as les pro-femmes, tu as ceux qui se font passer pour féministes, souvent très séduisants et qui attirent à eux des hommes, mais aussi des femmes pas déconstruites, des femmes qui sont misogynes, intériorisées parfois. Et c'est deux profils distincts, mais en tout cas, dans les deux, ils peuvent se permettre de dire des choses horribles. Et ils ont 1,5 million d'abonnés, ils sont applaudis, ils sont encensés, ils ont une communauté et ça fédère. Et on a l'impression que c'est comme un non-événement et ça, c'est fou.
- Speaker #0
Et surtout que j'ai l'impression, ça pour le coup, c'est vraiment purement un ressenti, je ne m'appuie sur aucune étude ou quoi que ce soit. Donc tu me diras si toi, de l'intérieur, tu as cette impression-là, mais qu'on va rentrer dans le vif du sujet qui est le burn-out. militants et tout ce à quoi tu t'exposes quand tu as un compte engagé. Et j'ai l'impression que les hommes, même ceux qui ont des comptes engagés, on les attend moins au tournant.
- Speaker #1
Tu vois ?
- Speaker #0
Que pour le coup, quand tu fais une petite erreur qui est purement une erreur, et on le rappelle, l'erreur est humaine, et quand tu produis beaucoup de contenu, parfois, il y a une erreur qui peut se glisser. On ne leur en tient pas vraiment rigueur. Alors qu'une femme, on va tout de suite lui faire payer même certaines prises de position. Tout de suite, une femme, elle va perdre beaucoup d'abonnés, etc.
- Speaker #1
Bien sûr. J'avais parlé de ce phénomène en vidéo. En fait, c'est parce que dans la société, la femme a beaucoup le rôle de l'émotionnel et donc de la remise en question. Et en fait, on s'attend des femmes à ce qu'elles soient en capacité de se remettre en question. Tandis que l'homme, on va se dire, de toute façon, c'est des êtres rationnels, il y a beaucoup cette idée-là. Donc ça ne sert à rien. C'est comme, par exemple, j'avais donné l'exemple, tu as ton collègue qui arrive tout le temps en retard et tu as ta collègue qui n'arrive jamais en retard. Bon ben, c'est Robert, il est tout le temps en retard de toute façon. on va pas lui demander, on a l'habitude par contre ta collègue qui arrive tout le temps à l'heure le jour où elle est en retard, là on va lui tomber dessus il y a ce phénomène là aussi effectivement auprès des personnes engagées, qui est très injuste où non seulement déjà un homme il pourra dire des choses extrêmement problématiques et ça s'est vérifié je ne sais pas combien de fois ça va pas choquer mais même si t'es engagé Alors après, ils sont quand même victimes de ce qui s'appelle le burn-out militant, la pureté militante, etc. Les hommes engagés, mais moins que les femmes. Parce que moi, je suis dans ce cercle-là et j'ai pu en discuter avec des hommes. Ils ne se reçoivent pas des menaces de mort, ils ne se reçoivent pas... Tandis que moi, oui. Et pourtant, ça fait peu de temps.
- Speaker #0
Et c'est arrivé tout de suite ?
- Speaker #1
Non, ça est arrivé une semaine quand les masculinistes ont commencé à faire des vidéos sur moi. Et que là, je suis rentrée dans leur réseau. Je suis devenue un peu leur cible. Et là, ça s'est enchaîné avec... Parce qu'en fait, ils font des dizaines de vidéos sur toi. Et après, je pourrais... C'est un phénomène un peu long, mais je peux l'expliquer parce qu'il est intéressant. Bah ouais,
- Speaker #0
mais même ce dont on parlait avant, qu'on commence à enregistrer, si t'es d'accord, moi, je trouve ça hyper intéressant parce qu'au sein des comptes engagés, je voudrais pas prendre la parole pour d'autres femmes parce que l'idée, c'est pas du tout de parler en leur nom. Mais en tout cas, toi, tu reçois quand même... de la haine à un niveau qui est vraiment énorme. Pourquoi tu déranges autant les mascules ?
- Speaker #1
C'est vrai que c'est intéressant et j'en discutais justement avec d'autres personnes qui se sont reçues aussi du harcèlement. Et souvent, je leur dis « Oui, mais toi, est-ce qu'on t'a fait des menaces de mort ? Est-ce qu'on a divulgué des informations personnelles ? » Et bien, la réponse, c'est non. Et pourtant, c'est des gens qui ont 1,5 million d'abonnés qui ont été harcelés. Et ce n'est pas autant de haine que moi. Je pense que la personne que je connais qui se reçoit Merci. plus de menaces de mort que moi, etc. Ou vraiment, c'est Rima Hassan. Elle, vraiment, c'était le pompon. Je pense que tu ne peux pas te recevoir plus de menaces. Mais sinon, j'ai beau discuter avec des gens qui sont engagés, militants, si ce n'est une personne, c'est Mathieu. Alors, je ne vais pas écorcher son nom. Mais c'est Mathieu Burr, je ne sais plus. Je m'excuse auprès de lui. À chaque fois, j'ai du mal. Mais lui, il en avait parlé. Il se recevait aussi, par contre, des vraies menaces. Mais sinon...
- Speaker #0
Oui, tu as l'impression quand même que, en tout cas, toi, tu sais que les menaces que tu reçois, elles sont quand même gratinées et énormes. Et donc, ça veut vraiment dire que ton contenu dérange.
- Speaker #1
Énormément. Et pour autant, tu as des gens qui sont pédocriminels, disent des choses sur le viol. Alors, il y a quand même, parce qu'il faut toujours donner un exemple contraire. Moi, j'avais abrégé Astéryon. Et lui, par contre, il a quand même été frappé récemment. C'est parti aussi très loin. Après lui, c'est parce qu'il a quasiment une quarantaine d'années et il estime que c'est pas choquant de sortir avec quelqu'un de 18 ans. Ça me choque terriblement. Et bien évidemment que je cautionne pas la violence. Moi, je pense pas que c'est une bonne chose à faire. Exactement, parce qu'en plus, ça les positionne en victime et ça les permet de se victimiser en disant « Regardez, je suis frappée » , alors que le propos reste choquant en soi. Mais je ne cautionne absolument pas. Mais ça existe aussi, on va dire, à part Astéryon, est-ce que des gens se font menacer de mort ? Péter la gueule, j'en...
- Speaker #0
Oui, encore une fois, et on va mettre un gros disclaimer, ça ne justifie pas de se faire justifier soi-même, etc. et d'aller le frapper. Mais à la base, et d'énoncer un comportement, alors que toi, les vidéos que tu fais, c'est justement pour permettre d'offrir aux femmes un monde plus sûr. Une femme est libre de parler, est libre de prendre son espace dans les transports en commun. Peut s'habiller comme elle veut parce que c'est une autre partie du problème. D'ailleurs, un contenu que tu as proposé il y a quelques temps, dans lequel, en fait, nous, les femmes, on est jugées en permanence. Quand on est habillée trop sexy, ça ne va pas. Quand on est habillée en jogging, on est négligée. Quand on est habillée, tu vois, avec... Tu avais fait une vidéo où tu mettais...
- Speaker #1
Ouais,
- Speaker #0
où tu mettais une femme en tailleur, elle est coincée, etc. En fait, l'image qu'on renvoie est en permanence commentée.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Un homme, pas du tout. D'ailleurs, même dans le monde du travail, Un homme qui se présenterait de manière un petit peu négligée ou quoi que ce soit, il va presque être valorisé par rapport à ça. Ça va être quelqu'un qui, le pauvre, il travaille tellement, que tu vois, il n'a pas le temps. Alors qu'une femme, ça va tout de suite jouer en sa défaveur.
- Speaker #1
Bien sûr, et c'est très intéressant ce que tu dis, et c'est effectivement pourquoi j'ai donné l'exemple d'Astéryon, pour quand même avoir un exemple opposé de quelqu'un qui a dit, selon moi, quelque chose de problématique. Et les gens, justement, me disent « Bah ouais, mais t'es menacée comme lui. » Oui, mais la différence, c'est que lui, il dit ça, qui est quand même choquant. Et moi, en tant que femme, c'est vrai que les femmes, on s'en prend dix fois plus. Et en plus, moi, je suis quand même très privilégiée, je suis une femme blanche, cisgenre, voilà. Quand en plus, tu es minorisée précaire, c'est dix fois plus. Et ça aussi, il faut quand même le notifier. C'est-à-dire qu'en tant que femme, tu n'as pas le droit à l'erreur. et encore plus si t'es une femme transgenre, si t'es une femme voilée, si t'es une femme racisée. Si t'es une femme en situation de handicap, même si les personnes qui sont... Moi, j'ai un handicap invisible, on déteste le mot situation de handicap, mais bon, ça fait débat. On en parlera aussi dans les burn-out militants. Ouais,
- Speaker #0
c'est bien sûr.
- Speaker #1
C'est un petit détail, parce que par exemple, moi, je suis concernée, j'ai un handicap invisible. Et t'as des gens qui viennent te reprendre justement sur des détails comme ça, mais ils reprennent pas un homme. Bien sûr. C'est-à-dire que moi, il faut absolument que je dise quelque chose. Alors, quand je suis une personne concernée et que j'aime pas, et ça, c'est des petites choses... Ouais,
- Speaker #0
bien sûr, des choses invisibles, mais qui en fait, au bout d'un moment, j'imagine handicap ta prise de parole. Oui.
- Speaker #1
Exactement et c'est vrai qu'en tant que femme on n'a jamais le droit à l'erreur et malheureusement, j'avais expliqué plein de fois mais j'ai l'impression encore une fois d'être toute seule à parler de ça, mais je le comprends mieux maintenant, c'est parce que quand tu vois la haine que tu te prends, c'est normal que peu de personnes prennent la parole, où les femmes ont même, et c'est ça qui est important, au sein de nos milieux qui sont censés être safe, on a quand même, moi j'ai quand même des hommes qui sans se rendre compte, se permettent de faire des vidéos pour me reprendre alors que pourtant ils se disent militants et engagés, Écoute. contribuer à mon harcèlement indirectement et venir me chercher la petite bête.
- Speaker #0
C'est incroyable. D'ailleurs, il y a même certaines personnes dont le contenu est super engagé et noble, mais qui, je trouve, c'est mon avis, appellent au harcèlement. Je porte un jugement sur la façon de procéder, parce que je suis très sensible avec le fait de pousser au harcèlement, parce que ça a des vraies conséquences sur les gens. Avec l'émergence des réseaux sociaux, le fait de recevoir, on ne se rend pas compte qu'il y a des vrais gens derrière des comptes des réseaux sociaux, tu es bien placée pour le savoir, et que la santé mentale, on en parle beaucoup plus aujourd'hui, elle doit être préservée et selon moi, quand on est créateur de contenu, on a des devoirs et on a des responsabilités.
- Speaker #1
Mais je suis entièrement d'accord avec toi, d'autant plus que ça, les gens n'y pensent pas mais quand tu attaques quelqu'un, tu n'attaques pas que la personne, tu attaques sa famille, tu attaques ses enfants, tu attaques son travail. Et moi, c'est ça aussi, que même si tu détestes la personne, c'est la pire personne sur Terre, les enfants, ils ne sont pas responsables. Et ça, les gens n'y pensent pas au... conséquences et eux, ils vont juste rester sur le « Ah, donc tu consignes. » Non, il y a une nuance. On peut dénoncer, on peut agir, on peut même critiquer, on peut même mettre des commentaires s'ils sont constructifs, il n'y a pas de souci, on a la liberté d'expression. Mais venir harceler et en plus participer à cette misogynie « Tu es une femme » , on va te condamner dix fois plus que si tu étais un homme. Et ça passe toujours pas dans le public, en fait.
- Speaker #0
C'est parce qu'en fait, il y a quand même cette idée qui vient du patriarcat qui veut silencier les femmes. En fait, les femmes sont moins légitimes à prendre la parole sur des sujets dits importants que les hommes. Donc, les hommes, comme il est dans l'inconscient collectif, qu'ils travaillent tellement, etc. Par exemple, sur notre sujet qui nous intéresse, du burn-out militant, un homme militant qui va commettre une erreur, on va dire, attends, il produit tellement de contenu, etc. que c'est normal qu'il y ait une petite erreur qui se glisse. Toi ? Pas du tout, personne n'aura cette bienveillance.
- Speaker #1
Je pourrais parler, parce que moi-même, j'ai été victime aussi de call-out militant, pour selon moi, mais encore une fois, il faut se mettre à ma place. Je suis menacée de mort, menacée de viol, et c'est des menaces réelles. Ce n'est pas Thibault, 12 ans, c'est des vraies menaces. C'est des fuites d'informations personnelles, c'est des choses graves. Et j'insiste là-dessus, parce que les gens pensent que c'est des simples critiques de gamins de 11 ans. Et ça reste grave si c'est un gamin de 11 ans qui te dit de... Mais surtout que toi,
- Speaker #0
tu es forte psychologiquement. Il faut se mettre à la place de quelqu'un qui arrive sur les réseaux sociaux, quelqu'un de plus jeune, tu vois, qui peut-être reçoit ce contenu même de certaines jeunes personnes de 11 ans, entre gros guillemets, inoffensives physiquement, qui ne vont pas porter atteinte à leur intégrité physique. Mais au bout d'un moment, quand tu reçois je ne sais combien de milliers de messages dégradants et désagréables, ça peut porter atteinte à ce que tu penses de toi, à ton image de toi. Et ça, ça devrait déjà pas être toléré.
- Speaker #1
Je suis entièrement d'accord avec toi et je pense que c'était important de faire cette précision. Et là où je voulais en venir, c'est que du coup, vous vous mettez dans la situation où moi je suis menacée et à côté, tu as des gens qui viennent me chercher la petite bête pour des détails. Et je parle vraiment de détails. Par exemple, cette histoire de situation de handicap et handicap. Réexplique. En fait, moi je souffre d'un handicap invisible. Il faut savoir que 70% des handicaps sont invisibles. J'ai une maladie auto-immune. Intestinale, c'est ça. Donc je suis concernée par le handicap, j'en souffre. Et il faut savoir que dans la communauté, on déteste situations de handicap parce que quand tu as une maladie chronique, on n'est pas dans une situation. Oui, bien sûr. Et on en souffrira toute notre vie. Il y a des gens qui sont dans des situations. Tu t'es cassé une cheville, tu es handicapé. Mais souvent, ce n'est pas des situations pour nous. On est handicapé. Donc c'est vraiment une revendication. Et c'est souvent des personnes valides, donc les personnes valides c'est ceux qui n'ont pas de maladie, qui sont, on va dire, grossièrement simplifiés, c'est ceux qui n'ont pas de soucis de santé, en gros. Et bien c'est ceux qui sont valides qui ont mis ce mot-là. Et parfois même, je me faisais reprendre par des proches qui étaient valides et qui me disaient « On dit situation de handicap » . Et c'est des petits détails comme ça où on s'en fout. Enfin, clairement, même imaginons, j'ai dit handicapé ou situation, on s'en fout. C'est pas... C'est un détail. Moi, je raconte mon histoire. Je raconte « Alors oui, mais quand même, tu ne penses pas aux personnes. T'es handicapé, toi ? » Non. Ah bah moi, oui. Et c'est souvent les gens non concernés qui vont venir en fait... parler aux gens qui sont concernés et qui se disent militants, toujours hyper bien intentionnés. Oui, mais il faut penser aux gens qui sont handicapés. Oui, mais en fait, en faisant ça, t'es validiste parce que qu'est-ce que t'en sais que je suis pas handicapée ? Bah non, t'es pas handicapée parce que t'es pas en fauteuil roulant. Bah voilà, t'es validiste. Et c'est des situations qui se reproduisent très régulièrement et les gens viennent attentionner, ils viennent t'expliquer gentiment, ils te disent là t'as fait une erreur, t'as eu un biais comme ci, comme ça. Et j'ai pu en discuter avec des personnes. Je pense qu'on pourra en discuter, si tu veux, de ce qui m'est arrivé pour parler du burn-out. militant, effectivement, j'ai failli avoir, mais je me suis... J'ai été pédagogue. J'ai discuté avec les personnes concernées qui ont compris.
- Speaker #0
Bah raconte-moi si tu as envie. En fait,
- Speaker #1
il y a quelques semaines, j'ai abrégé une personne en disant bravo pour ton coming out. Donc je l'ai pas abrégé sans raison. J'avais fait une vidéo sur Abrèges Frères en disant qu'il abrégait principalement les femmes et les hommes gays. Et il a fait une réponse à cette vidéo en disant tu sous-entends que les hommes abrégés par Abrèges Frères sont homosexuels. Moi... À ce moment-là, effectivement, je n'ai pas réfléchi aux conséquences. J'ai dit bravo pour ton coming out, j'ai trouvé ça drôle. En soi, déjà, ce n'est pas non plus quelque chose de grave. Je n'ai pas fait d'insultes, j'ai fait une maladresse et j'insiste là-dessus. Quelques temps après, je me suis rendue compte que c'était une bêtise, donc je me suis excusée auprès de la personne. Non pas pour avoir dit bravo pour ton coming out, parce que lui, en fait, l'avait pris comme une insulte. Et je trouvais que c'était assez étrange de prendre ça comme une insulte. Moi, on me dit très souvent que je suis lesbienne. Parce que je déteste les hommes, j'ai jamais pris comme une insulte. Mais je me suis quand même excusée publiquement. Et en fait, j'ai fait une autre vidéo avec la menace. Donc la menace, c'est un créateur masculiniste qui tient des propos racistes, homophobes, grossophobes, validistes. Voilà, donc une très chouette personne. Donc il a bu un matcha et en fait il disait, excusez-moi du terme, c'est quoi ce truc de pédé ? Je viens de goûter pour la première fois un matcha, c'est une boisson d'homosexuel qui m'a été servi par une lesbienne grosse aux cheveux bleus avec un piercing dans le nez, je crois que c'était ça. Et donc, pareil, j'ai repris sa vidéo et j'ai mis le même de Karine Lemarchand en disant « gay » . On est venu me dire que ce n'était pas bien, on m'a expliqué pourquoi du coup moi j'ai totalement compris, je me suis excusée, voilà. Sauf que, encore une fois, comme je suis une femme, ça a pris des proportions, où j'ai eu des dizaines de vidéos sur moi, j'ai eu ce qui s'appelle une « sauce » sur Twitter, donc il y a quelqu'un qui a tweeté « ça fait plusieurs fois que abrège-sœur abrège des masculinistes en disant simplement « gay » . » Chose qui est fausse parce que je l'ai fait du coup. Une fois, avec la menace en disant gay, et avec un autre créateur de contenu, il n'y avait rien de méchant, il ne s'est pas fait harceler, parce que je lui ai demandé, il a reçu deux méchants messages, mais c'était tout, il m'a dit, c'était rien de grave, tout va bien, juste je n'ai pas apprécié, donc il n'y avait rien de... Les conséquences n'étaient pas graves. Et je rappelle que je m'attaque à des gens qui sont homophobes, racistes, validistes, qui tiennent des propos graves, qui sont dangereux, et moi, qui ai mis le même de Karine Lemarchand qui disait gay. Donc, je me suis permise de contacter les personnes concernées, La personne qui a fait le tweet, la discussion n'a pas été possible malheureusement. Mais les gens qui ont fait les vidéos pour la plupart ont compris et je leur ai dit en fait, là vous êtes en train d'alimenter quelque chose et de me générer du harcèlement parce que ça a été repris par des masculinistes qui depuis disent que je suis homophobe, que j'ai un problème avec les geeks, etc. Et je leur ai expliqué tout ça, je leur ai dit voilà, moi j'ai fait deux vidéos. Je dis pas que c'est bien, je remets juste les choses dans leur contexte. Et là dans vos vidéos, on a l'impression que mon contenu, alors que j'ai abrégé une soixantaine de personnes, J'ai fait je sais pas combien de vidéos, je publie très régulièrement, j'essaye de publier plusieurs fois par jour. Sur l'ensemble et la totalité de mon contenu, j'ai fait que cette erreur.
- Speaker #0
Ou,
- Speaker #1
deux fois effectivement, j'ai mis le même de Karine Lemarchand, gay, et j'ai dit bravo pour ton coming out. Parce qu'ils ont fait des remarques sur l'homosexualité, sinon je me serais jamais permise de moi-même de dire gay comme ça, sans raison, comme une insulte ou une humiliation. Certes, j'ai pas réfléchi, mais dans leurs vidéos, les personnes militantes, en fait, elles disaient... En fait, c'était comme si je faisais ça tout le temps, en fait.
- Speaker #0
Oui, et... que tu étais homophobe.
- Speaker #1
Voilà. Et il y a un créateur adorable, d'ailleurs, on s'entend très bien, on s'est suivis mutuellement, qui avait fait une vidéo pareille où il disait, oui, les femmes qui disent que les mecs, c'est des gays refoulés, que c'est des... Et en fait, il avait cité mon nom. Et je lui avais dit, ta vidéo est super, laisse-la, il n'y a aucun souci, c'est top. Mais tu m'as associée à quelque chose que je n'ai jamais dit. Je n'ai pas dit que les mecs étaient des gays refoulés. et je dis, il ne faut pas oublier que moi derrière, je suis menacée. Enfin... Faut le contexte quoi, et là j'ai fait deux trucs qui n'ont eu aucun impact sur les personnes concernées. Certes c'était pas bien, du coup je me suis excusée auprès de la communauté LGBTQIA+, parce que eux je leur dois des excuses, mais faut pas oublier que moi le but c'est de lutter contre les masculinistes, et que... J'ai eu des messages gentils, et merci à eux, qui m'ont expliqué gentiment le pourquoi ça les dérangeait, etc. Mais c'était pas nécessaire de venir m'insulter, c'était pas nécessaire de venir commenter en masse, c'était pas nécessaire en masse de me dire que je suis homophobe, c'était pas nécessaire de le dire sur Twitter, parce que du coup le tweet il a eu 10 000 likes, et la personne en fait, il n'y a pas de remarques constructives, on sait que Twitter c'est un réseau qui n'est pas très bienveillant. Et je me suis dit, waouh, une erreur, au vu de tout mon engagement, de tout ce que je mets, parce que... Moi, j'ai dû arrêter mon travail. Je suis menacée de mort, encore une fois. Il faut comprendre parce qu'eux, ils diront que je me victimise. Non, pas du tout. Je vous dis juste la réalité.
- Speaker #0
Tu as dû arrêter ton travail parce que tu n'étais plus en sécurité sur ton lieu de travail ?
- Speaker #1
Oui. J'ai arrêté. J'ai plusieurs travails. Il y en a un que j'ai arrêté pour ces raisons-là. J'aurais pu très bien arrêter après. Non, j'ai choisi de continuer.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui fait que, malgré cette insécurité que tu subis au quotidien de ton militantisme, d'où tu puisses ta force de continuer ?
- Speaker #1
Parce que je trouve que c'est une cause importante et que justement je suis moi-même en fait, c'est-à-dire que je ne joue pas un rôle. C'est quelque chose qui me tient vraiment à cœur et dans lequel je m'investis. Et c'est pour ça aussi que je prends autant à cœur les critiques et que j'essaye de faire au mieux, parce que c'est important pour moi de blesser personne, d'être inclusive, mais je vais faire des erreurs encore. Et paradoxalement, je pense que c'est pour ça que c'est important de parler du burn-out militant, la force je l'ai. Je fais face aux détracteurs parce que pour moi, c'est une cause qui est importante. Mais la chose qui pourrait me faire flancher, c'est ça.
- Speaker #0
Parce que le burn-out militant, c'est quand en gros, tu pourrais davantage y être sujette quand ça vient de l'intérieur en fait. Oui. Quand est-ce que tu as commencé à le ressentir ?
- Speaker #1
Eh bien, j'ai ressenti justement à ce moment-là où cette rumeur d'homophobie, ce qui est très cocasse quand même, on parle de personnes qui sont homophobes, qui sont racistes, encore une fois, j'insiste là-dessus, qui viennent me dire à moi que je suis homophobe. Je me suis dit... Bon, c'est clairement pour me faire mal parce qu'ils savent très bien que je ne suis pas comme ça. Et quand ça a été repris par des personnes militantes, heureusement, j'ai dialogué, on a discuté, on a pu se comprendre. Je me suis dit, ah oui, donc même de l'intérieur, c'est-à-dire qu'au lieu de me dire, coucou Isa, je t'envoie un message, il faut savoir que je lis les messages en plus. Tu sais, moi, je n'ai pas trop apprécié ta vidéo avec Karine Lemarchand, tu sais, pour la communauté LGBTQ, ils sont ressentis. Mais non, que ce soit des gens qui se disent engagés et bienveillants. Là, effectivement, j'ai commencé à le ressentir et je me suis dit « Ah non, si les gens de ma propre communauté s'y mettent et adhèrent au discours masculiniste en disant que je suis homophobe, là, en fait, on participe à ce qu'ils veulent, parce que le but, c'est que ces gens-là les croient. » Et du coup, ils ne me soutiennent plus pour quelque chose qui a été une réelle erreur, que je reconnais, je m'en suis excusée, voilà, mais qui a été amplifiée et c'est ça qui m'a... ça m'a fait un peu flancher. Je me suis dit on n'a vraiment pas le droit à l'erreur.
- Speaker #0
Et est-ce que ça a changé ta manière de faire ? Est-ce que du coup tu dirais que ça a enlevé un petit peu de naturel ?
- Speaker #1
Non, je ne fais pas de faux-semblants. Au contraire, je ne mets aucun filtre. Et si demain, vous me voyez avec un coca à la main, vous savez, il y a beaucoup de gens qui ne boycottent rien, mais ils cachent. Et bien moi, vous me verrez avec le coca à la main et ouais, ce jour-là, j'ai acheté un coca. Et si je me prends des remarques, et bien tant pis, je me prends des remarques, mais il faut aussi lutter contre ce truc de burn-out militant où... Vous savez, il y a beaucoup d'influenceurs qui font semblant. Papa, moi. Oui,
- Speaker #0
parce que le Burnout Militant, finalement, c'est d'exiger des comptes militants engagés, cette espèce de perfection permanente, de prise de parole qui est sans cesse exacte. Bien sûr, c'est ce que tu essaies de faire tout le temps. Tu vois, je veux dire, quand tu produis un contenu, tu vérifies tes sources, etc. Mais l'erreur est humaine, encore une fois. Surtout qu'en plus, tu proposes beaucoup de vidéos.
- Speaker #1
Mais oui, et ce que je trouve... En fait, mais j'en ai discuté, ça, c'est que les gens, on parle des fausses accusations, et moi j'en suis victime, là, actuellement. C'est-à-dire que t'as des gens qui vont faire des vidéos militantes en disant « abrégé, je sors homophobe » , ils vont croire tout de suite. Il y a aussi une responsabilité à avoir des gens de faire leur recherche, de se renseigner, de faire attention aussi. Et ça aussi, ça contribue au burn-out militant, en fait. C'est-à-dire que faire très attention à ce phénomène qui peut venir de l'intérieur.
- Speaker #0
Et tu dirais que... C'est de plus en plus pesant au fur et à mesure que ton compte grandit ?
- Speaker #1
Oui et non. Parce que je dirais que plus mon compte grandit, plus les gens voient qui je suis et comprennent que moi, je suis authentique. Et je pense que c'est ce qui plaît. Ils se disent, voilà, Isa, c'est la créatrice de contenu. Si elle fait une erreur, elle fait une erreur. Elle l'assume. Mais oui, forcément, ça m'expose plus parce que...
- Speaker #0
Des fois, tu ne t'y attends pas à cette espèce de pureté militante. Des fois, c'est fatigant. Je sais que par exemple, moi, la dernière fois, aussi au niveau de la pureté militante, il faut savoir que moi, je ne bois pas, je ne fume pas, je ne sors pas, je ne fais pas trop de shopping, je fais du sport. J'aime bien des fois faire, comme les hommes d'ailleurs, je monte mes muscles, des choses comme ça. Très superficielle, je le reconnais. Oui, alors franchement, je suis très déçue. Est-ce que tu contribues en faisant ça ? Waouh ! Tu as des gens qui sont là à prôner le culte du corps toute la journée, toxiques alors qu'ils ont fait des BBL, des machins d'habitude. Moi, je montre juste un évolution parce que je fais du sport. J'ai pas le droit. C'est vrai que des fois, c'est fatigant, mais c'est une minorité.
- Speaker #1
T'as pas le droit parce que c'est complexe de voir...
- Speaker #0
Ok. Et puis, c'est surtout que exiger la perfection, c'est impossible. J'ai plein d'exemples, en fait. Maintenant, pareillement, j'avais donné des conseils parce que j'avais des gens qui voulaient se lancer dans la création de contenu, mais qui voulaient des petits budgets. Et je leur ai donné, du coup, des liens Amazon. J'avais eu des gens qui m'ont dit « Oui, c'est pas bien, tu fais la promotion d'Amazon. » Et je dis « Ok, pas de souci, donne-moi un lien éthique. » En sachant que c'était des choses très spécifiques. C'était un clip qui se met sur le téléphone pour faire de la lumière. Et je dis « Merci de ta remarque, je la trouve particulièrement pertinente. » Et c'était sincère. « Peux-tu me donner un autre compte ? » « Ah bah, ça n'existe pas. » Et je dis « Bah oui, moi aussi j'ai fait mes recherches avant, tu crois quoi ? » C'est des petits détails comme ça où souvent en fait, ce qui est éreintant, et qu'il n'y a pas de remarques constructives derrière. Coucou, je trouve ça pas top que tu fasses le lien d'Amazon. Si tu veux, regarde, j'ai trouvé le même produit. Éthique, c'était le boutique. Ben oui. Et là, c'est que la remarque négative. Mais il n'y a pas de dernière. C'est un proposé de solution. Voilà. C'est ça qui est fatigant. Il n'y a pas d'autre option. Si tu veux être créateur pour les micros, en petit prix j'entends, parce que lui, il m'avait aussi montré des micros, ça coûtait 200 euros. Tout le monde n'a pas ce budget. En fait, quand tu veux, Tu peux pas contenter tout le monde, c'est soit du coup j'aurais mis un truc à 200 euros et on m'aurait dit... Tu ne penses pas aux gens précaires ?
- Speaker #1
Tu vis en dehors de la réalité financière de ton interlocuteur ?
- Speaker #0
Malheureusement, dans une société capitaliste, tout est problématique.
- Speaker #1
C'est difficile aujourd'hui de bien consommer.
- Speaker #0
Exactement. Donc, moi, je suis partisane de « il faut mieux faire que rien faire du tout » .
- Speaker #1
Et puis faire des petits efforts à ton échelle, à l'échelle individuelle de tout le monde, je veux dire que chacun fasse un effort, mais la perfection est impossible à atteindre.
- Speaker #0
Ah bah ça, j'ai l'impression que pour beaucoup de personnes, vraiment, on en souffre ça dans les personnes engagées. On n'est plus des personnes lambda. On est mis sur un piédestal et moi je suis scrutée surtout par les masculinistes. La moindre phrase, la moindre erreur, la moindre vidéo, ils screenent mes commentaires, ils les exposent. Un mot de travers. Et derrière, moi j'ai 30 vidéos de masculinistes qui est malheureusement des fois repris par des personnes militantes qui vont y croire. Ils disent « Ah ! »
- Speaker #1
Tu fais référence au fait qu'on t'ait associée à une travailleuse du sexe, alors que ce n'était pas du tout le cas.
- Speaker #0
Alors, il n'y a pas eu que ça. On peut considérer que j'ai été travailleuse du sexe parce que j'ai quand même vendu des photos. Ça, j'ai toujours assumé. Mais je ne suis pas camgirl, je ne suis pas actrice porno. Et effectivement, je ne suis pas escorte. Parce que travailleuse du sexe, ça inclut tellement de choses. Même si tu vends tes pieds, qu'il y a beaucoup de gens qui en rigolent, tu es travailleuse du sexe. Travailleuse du sexe, ça peut être aussi tes cadreuses. Oui, bien sûr. Donc, c'est pour ça que je précise. Donc tic. Techniquement, oui, on peut dire que j'ai été travailleuse du sexe. Mais j'ai pas été camgirl, j'ai pas fait du porno, etc. Et quand bien même ça devrait être un non-sujet. Effectivement, il y a des masculinistes qui ont ressorti ça, parce que je me suis déclarée en tant que camgirl et modèle OnlyFans, alors que j'ai jamais eu de OnlyFans, de mimes, mais parce qu'en fait, il n'y avait pas d'autres appellations. Bon, eux ont dit, mais s'il y avait d'autres appellations, excusez-moi d'être humaine et de faire des erreurs. Si j'avais su, je me serais déclarée camionneuse, Parce qu'apparemment... C'est ça qu'il fallait faire. Moi, j'ai le bon code NAF. Le code NAF, c'est le code qui est associé quand tu es auto-entrepreneuse. Effectivement, l'appellation n'est pas la bonne. Bon, ce n'est pas un drame. Effectivement, j'ai eu des dizaines de vidéos. Et vraiment, c'est de l'harcèlement. Parce que dès qu'un masculiniste maintenant reprend une de mes vidéos, en commentaire, de toute façon, c'est une camgirl. De toute façon, elle fait ci, de toute façon. Mais là, je n'ai pas eu vraiment de burn-out militant.
- Speaker #1
Mais tu vois, moi, ce qui m'interpelle, c'est que en quoi le fait d'être une camgirl aurait fait de toi... une personne qui méritait moins que l'engagement soit visibilisé ?
- Speaker #0
Cette réponse, tu ne l'auras pas, parce qu'il n'y a pas de réponse. Ça n'a aucun sens, c'est de la misogynie pure. Bien sûr. Le porno comptabilise des milliards de vues sur Pornhub, il y a des milliards de visites. Ne me faites pas croire qu'ils n'ont jamais été voir un film porno. Le problème dans le porno, ce n'est pas le porno, c'est le fait que ce soit payant. Eux, ils veulent du porno accessible gratuitement. Ils ne veulent pas que les camgirls et les escorts soient rémunérés. Ils voudraient ça, mais gratuitement. C'est ça le véritable problème. Et quand bien même j'aurais été camgirl, ça veut dire que j'ai eu une expérience de la vie qui fait que. Ça veut dire que j'ai vu certaines choses, c'est même intéressant. Ça m'expose à des choses auxquelles je n'aurais pas forcément été exposée. Les travailleuses du sexe, les prostituées, elles ont un vécu qui... Elles voient des choses, c'est important aussi de les inclure. Et il y a vraiment ce mépris. Des prostituées se méprisent des actrices porno alors que c'est les premiers à les consommer. Ça n'a aucun sens. Ils ne luttent pas contre l'industrie du porno, ces garçons. D'ailleurs, on en parlait avant ce podcast que les premières recherches sur moi, c'est quand même avoir rejeté un nu.
- Speaker #1
C'est ça. Parce qu'en fait, ce qu'on disait, c'est que ce qui devrait être un cas d'étude, ton cas, parce que tu reçois quand même une vague de haine qui est disproportionnée par rapport au contenu que tu proposes. Et ce que je te disais tout à l'heure, c'est que mon avis... Et qu'en fait, comme tu es une très belle femme qui répond à la norme de la beauté qu'on attend d'une femme, tu vois, à savoir, tu as les yeux clairs, la peau claire, les cheveux blonds, tu as des belles formes, une belle poitrine, etc.
- Speaker #0
Je reviendrai à ce podcast. Et donc, que de compliments !
- Speaker #1
Non, mais tu vois ce que je veux dire ? t'es lancée, etc. Et bien en fait, on ne t'attend pas dans la prise de parole engagée et féministe. Ils auraient envie de te positionner comme un peu la potiche qui produit du contenu vidéo et c'est tout. Non, désolé, les femmes ont le droit d'être plurielle, les femmes ont le droit d'être belles et intelligentes, les femmes ont le droit d'être engagées et de faire attention à leur apparence parce que pareil, c'est un vrai problème. Une femme qui fait attention à son apparence, elle est toujours superficielle. Alors que tu fais encore ce que tu veux avec ton corps. si tu as envie de... beaucoup de maquiller, pas du tout te maquiller, t'habiller hyper moulant, t'habiller hyper large, tu fais ce que tu veux. Et en fait, c'est quelque chose qu'on a encore énormément besoin de poser en 2025.
- Speaker #0
Alors, c'est sûr que ça serait très présomptueux de ma part d'appuyer tout ça. Je te remercie de ton avis. Moi, je vais pas me... Enfin, je reste humble, je vais pas dire, je suis une très belle femme, je me vois pas de l'extérieur, je n'en sais rien. Mais en tout cas, une chose est sûre, que je corresponds aux standards de beauté, la femme blanche, yeux clairs, blonde, et j'en ai conscience et je l'ai conscience aussi de mes privilèges. Si j'avais été une femme voilée, il y aurait eu d'autres clichés sur moi. Si j'avais été une femme raciste, il y aurait eu d'autres clichés sur moi. Et peut-être qu'effectivement, je correspond à une certaine norme où je suis très sexualisée. C'est vrai. Mais j'ai envie de dire que toutes les femmes sont sexualisées. Je pense notamment, d'ailleurs j'en avais parlé des sites de Lik, les femmes qui sont les plus ciblées, c'est les influenceuses. Je m'excuse du terme, je vais pas le prononcer, mais les beurres, c'est une insulte, donc je le dirai pas. Mais c'est le nom qu'ils utilisent eux et les Asiatiques. Il y a cette hypersexualisation. Et peut-être qu'effectivement, je corresponds à quelque chose qui fait que, mais c'est vrai qu'il y a cette volonté, cette obsession de me voir nue et à la fois de me détester si je suis nue. Donc, il y a une dissonance cognitive, je pense, chez eux. Parce qu'ils cherchent mes photos. Et après, ils les partagent pour m'humilier.
- Speaker #1
C'est incroyable. C'est mettre beaucoup d'énergie dans un compte qui juste te déplait. donc enfin... Si t'es équilibrée dans ta tête, juste ne suis pas cette personne.
- Speaker #0
Mais moi, je remarque que c'est toujours les mêmes personnes qui commentent, ils commentent toutes mes vidéos, il y a vraiment une obsession. Mais c'est pas ça qui m'atteint, c'est ça qui est drôle.
- Speaker #1
Ce qui t'atteint, c'est vraiment quand on vient te reprocher une attitude, ce qui pourrait amener au burn-out militant.
- Speaker #0
Oui, parce qu'en fait, quand par exemple des masculinistes disent « je suis raciste » , parce qu'eux, il faut savoir qu'ils diront tout. « Je suis transphobe, je suis raciste, je suis homophobe » . J'ai tous les mots du monde, le seul truc qu'ils diront pas, c'est qu'ils ont déjà dit misogyne.
- Speaker #1
Bah dis donc !
- Speaker #0
J'ai misogyne aussi ! Mais c'est plus rare, c'est plus rare. Et c'est de la manipulation, c'est-à-dire que le but c'est de me discréditer pour que derrière justement des gens militants voient ça. Ah bah je sors raciste ! Ah bah vas-y je vais faire une vidéo ! Et en fait ils vérifient pas leur source et ils vont me voir par le biais, c'est une raciste. Et c'est ça en fait qui se passe, c'est fait exprès pour me discréditer. Même à un moment, il y avait un... C'est faux, bien évidemment, je tiens à le préciser. Des gens qui commentaient, oui, ta vidéo raciste aux Champs-Élysées. Ça n'existe pas, c'est faux, c'est de la diffamation. Mais je sais que je ne peux pas contrôler tout le monde et il faut que j'accepte qu'il y a des gens qui y croiront. Mais c'est vrai qu'en tant que personne engagée, tu t'attends à ce que quand même les gens fassent attention et recherchent. Et non, ce n'est pas le cas. Enfin, ça n'a aucun sens, je n'ai pas fait ça et ça part hyper loin.
- Speaker #1
C'est dingue. Et comment tu te positionnes par rapport à ça ? Comment tu fais pour justement échapper au burn-out militant ?
- Speaker #0
Alors, j'essaye de garder confiance en moi en me disant, bon, c'est un petit peu comme le même paradoxe avec les violences conjugales. Vous allez dire, oula, mais je vous jure que c'est vrai. Vous savez, souvent les personnes victimes de violences conjugales, elles se disent toujours, est-ce que je suis violente ? Est-ce que je suis violente ? Est-ce que je suis toxique ? Alors que non, c'est la personne. C'est pareil, c'est-à-dire que quand t'as des valeurs humaines, forcément ça m'atteint quand on me dit raciste, homophobe, transphobe, etc. Donc je me pose et je me dis, attends, est-ce que c'est mes valeurs ? Non. Même si un jour j'ai un billet, parce que ça arrive, Je saurais me remettre en question, c'est le principal, je saurais m'excuser Bah c'est le principal, tant que j'écoute les personnes en concerné que je sais me remettre en question Comme pour cette histoire de Karine Lemarchand et bravo pour ton coming out. Moi, j'ai discuté avec plein de gens. J'en ai discuté avec des amis. J'ai étudié, j'ai réfléchi, j'ai archivé mes vidéos, je me suis excusée. C'est très bien. Donc moi, je n'ai rien à me reprocher. Donc si les gens, après, continuent, au contraire, ça prouve que mon compte, il est important parce que c'est la misogynie, en fait. Parce que c'est qui qui me faisait ces reproches ? C'était des femmes. Jamais. C'est des hommes qui me font ces remarques. Tout comme moi, je suis une femme blanche. Parfois, il faut aussi que je fasse attention à me déconstruire dans le sens où on a cette attitude quand on est une personne non concernée, il y a quand même une hiérarchie, on se positionne au dessus et en tant qu'homme, même si tu es un homme gay, tu restes un homme. Et donc c'était que des hommes. J'ai vite compris cette dynamique en fait où c'était de la misogynie intériorisée et eux l'ont compris et on en a ressorti grandi mutuellement parce que eux ne l'avaient pas vu et ils ont dit ah bah oui c'est vrai qu'on s'en prend plus aux femmes. Alors qu'il y a plein de gens qui sont homophobes et je dis rien et toi tu as dit bravo pour ton coming out et j'ai fait deux vidéos. Bah je m'excuse, j'archive, ouais non, même si c'était pas bien, ça nécessitait pas de vidéo, j'aurais mieux fait de parler de tel sujet. Ok, moi, bah je m'excuse, effectivement, ça vous associe au masculiniste, c'est pas glorieux, je m'excuse. Et ça, ça fait du bien, c'est quand même, ça en ressort du positif et je me dis bon, ça sert à quelque chose quoi. Mais le temps que ça me prend, ça veut dire qu'il faut que je dé-aime les gens, qui de base font des vidéos critiques sur moi, que j'explique avec bienveillance, avec pédagogie, qu'on trouve un terrain d'entente, ça me demande du temps et de l'énergie. Mais je me dis, ça sert à quelque chose. Et au moins, peut-être les gens se diront, par exemple moi, j'ai mis le même de Karine Lemarchand. Est-ce que tu viens dire la même chose au masculiniste ? Si la réponse est non, ne viens pas me faire la remarque. Et donc c'est ça qui me fait tenir parce que je me dis, c'est utile et ça a un but. Et ça permet d'avoir une communauté bienveillante, pédagogue, qui avance. Encore une fois, il y a beaucoup de choses en lien avec la misogynie. Parce qu'il y a beaucoup de mansplaining. Et souvent, les personnes se... inconsciemment, c'est pas forcément toujours conscient, il y a quand même cette supériorité masculine où il se sent à l'aise de venir te reprendre. Il n'y a pas que des hommes, il y a aussi des femmes, mais les femmes c'est beaucoup moins violent.
- Speaker #1
Oui, c'est ce que tu disais tout à l'heure aussi, que même quand tu recevais des messages de femmes, ça n'a jamais été des menaces de mort.
- Speaker #0
Jamais. On a inconsciemment des biais où il y a quand même une supériorité qui se crée entre nous. Il faut faire attention à ça. Et ce phénomène-là, je le vois pas que avec moi. Je le vois aussi avec des femmes de ma propre communauté. Les femmes blanches, on a aussi cette tendance vis-à-vis des femmes racisées. Dès qu'une femme racisée prend la parole sur le sujet du racisme, oui, alors moi, mon avis, c'est que tu n'es pas une personne concernée. Bien sûr. Et ça, pareil, ça fait du burn-out militant parce que ça nous génère du... Moi, en tant que femme, je me dis, mais on est censé se soutenir. Et toi, t'es là, t'as une femme qui vit du racisme, mais toi, en tant que femme blanche, qui a jamais... Et tu viens l'ouvrir.
- Speaker #1
complètement. Et puis aussi, c'est vrai que aujourd'hui, ben... On vit dans un pays où, fort heureusement, la liberté d'expression règne et chacun peut donner son avis. Mais après, pas du tout que je voudrais qu'on vive en dictature. On ne veut pas vivre en dictature.
- Speaker #0
On est masquini, ce qui nous... C'est ça,
- Speaker #1
parce qu'on a l'impression que je veux en venir, mais quand même, ça, c'est pas bien. Non, mais par contre, le fait que tout le monde puisse donner son avis sur absolument tout avec l'émergence des réseaux sociaux, parfois, ça fait qu'il peut y avoir beaucoup de fake news. C'est ce dont tu parlais tout à l'heure, où les gens ne vérifient plus les sources, parce que tout le monde peut prendre la parole en disant « abrégéter est homophobe » , et dans ce cas, ça y est, ça devient une information « abrégéter est homophobe » , donc qui peut être reprise sans être vérifiée, même par des comptes qui sont plutôt des comptes sérieux, etc. Il y a beaucoup plus de fausses informations qui circulent avec les réseaux sociaux quand même, que ce que c'était à l'époque. Je pense qu'on n'est pas de la même génération, je vais avoir 37 ans, du coup j'ai quand même l'impression que le monde évoluent par rapport aux diffusions de l'information, qui font que les sources sont de moins en moins vérifiées quand même.
- Speaker #0
Exactement, et en fait le problème c'est que dès qu'on est face à un compte engagé, et moi-même je ne suis pas à l'abri que demain je fasse cette même erreur, n'hésitez pas à me le dire, un manque de renseignements, un manque de ressources, il y a cette confiance et on va croire tout de suite et forcément quand les accusations sont graves, bon, ça la met mal de dire je ne sais pas... Un brécheur homophobe, bon bah, ah bah non, j'y crois pas. Mais il y a quand même, pour dire du positif, parce que j'ai éduqué justement ma communauté à ça, c'est ça aussi qui me fait tenir, c'est que quand j'en ai parlé à ma communauté, et bah maintenant, quand les gens viennent dire des fausses rumeurs, j'ai beaucoup de gens qui disent, ah ouais, bah vas-y, donne les preuves, ah oui, et j'ai vu émerger ça. Et ça, j'ai trouvé ça génial parce que je me dis, ah les gens, ils ont compris le jeu dans lequel on jouait. Et que, oui, certes, il y a une erreur qui est vraie, mais qui est multipliée. Il y a quand même du positif. Je tiens quand même à le dire. Parce que moi, je l'ai vu. D'ailleurs,
- Speaker #1
tu disais que tu étais aussi témoin d'énormément de sororité.
- Speaker #0
Énorme.
- Speaker #1
Je voyais que tu mettais qu'il y a une abonnée qui te suit qui allait t'offrir une fleur. En disant, si eux, ils te menacent de mort, nous, on t'offre des fleurs. Ça, c'est quand même hyper beau, je trouve, comme symbole.
- Speaker #0
J'ai trouvé ça tellement touchant. C'est une abonnée que j'ai croisée. elle avait un bouquet de pivoine. Et elle m'en a donné une. Et elle m'a dit, dis-le, vraiment, dis-le. Eux, ils veulent te planter. Mais nous, on t'offre des fleurs. Et j'ai trouvé ça tellement symbolique de ce que je veux faire sur mon compte. Moi, je veux de la bienveillance. Je veux de la pédagogie. Je veux de l'amour. Je veux qu'on se tire vers le haut. Je veux une réconciliation entre les genres. Je ne veux pas creuser un fossé.
- Speaker #1
En plus, toi, tu n'es absolument pas l'ennemi des hommes. Non, du tout. Je veux dire, pas du tout.
- Speaker #0
Mais d'ailleurs, les hommes ne sont pas mes ennemis non plus. C'est les masculinistes et les misogynes.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, c'est intéressant aussi d'un point de vue sociologique, parce que quand une femme entend une femme qui a mal agi être critiquée, jamais on va dire « attention, on n'est pas toutes pareilles » .
- Speaker #0
Non, jamais.
- Speaker #1
Jamais. Alors que les hommes, c'est tout de suite le discours qui ressort.
- Speaker #0
Après, le but, c'est de nous discréditer et vraiment de nous faire passer pour des connes. Il faut dire ce qu'il y a.
- Speaker #1
Pour des personnes extrêmes.
- Speaker #0
Alors, dans certains cas, oui. Mais moi, comme je suis plutôt dans un rôle de la potiche, justement, comme tu disais, moi, ils veulent vraiment me faire passer pour une idiote. Oui,
- Speaker #1
t'es pas prise au sérieux, en fait. Ils essaient de te décrédibiliser.
- Speaker #0
Voilà, et de me faire passer pour une fille qui n'a aucune connaissance, qui est un peu idiote, qui est manipulée, qui dessert un discours. C'est très compliqué à expliquer parce qu'en fait, c'est de la manipulation. Donc, je peux pas vous l'expliquer comme ça. C'est-à-dire qu'ils prennent des extraits de mots. dans le but de me faire passer pour quelqu'un d'ignorante, de bête. Et il faudrait limite trois heures pour décortiquer tout ça. Mais en gros, ce qu'il faut retenir, c'est que c'est de la manipulation et que moi, le but, c'est me discréditer, me faire passer pour une idiote. Et pour une haineuse. C'est les trois trucs. Après, d'autres femmes, ça sera autre chose. Mais moi, en tout cas, c'est les trois trucs qui reviennent.
- Speaker #1
Et comment tu gères la haine que tu reçois quotidiennement ?
- Speaker #0
Je la gère pas, parce que de toute façon, quand tu te reçois de la haine, tu peux que t'en protéger. Donc moi souvent je dis aux gens de pas trop me tenir au courant Je suis en mode si c'est que de la haine,
- Speaker #1
le but c'est de me faire réagir Et est-ce que tu trouves que le cyberharcèlement est davantage pris au sérieux quand on arrive dans un commissariat de police ?
- Speaker #0
Ça dépend, parce que du coup comme j'ai dû déposer plainte plusieurs fois J'ai l'impression que quand tu te présentes comme influenceuse, t'es une femme apprêtée Il y a un préjugé à la base J'ai l'impression vraiment que le cyberharcèlement pour eux c'est rien, c'est des menaces en l'air À chaque fois, on me dit, même mes proches parfois, « Non, mais il ne va rien se passer. » Comme si c'était normal. Après, je pense que c'est pour me rassurer qu'ils font ça, mais ça donne l'impression de ne pas être très prise au sérieux.
- Speaker #1
En fait, ce n'est pas fait pour encourager à continuer à demander à ce que ce genre de comportement soit réprimé, tu vois.
- Speaker #0
Totalement.
- Speaker #1
Ça n'incite pas les femmes à le faire.
- Speaker #0
Mais il faut quand même déposer plainte si besoin. Je l'encourage, mais... je ne serai pas de celles qui vous diront « il faut aller porter plainte » . Ça peut être une violence, je ne sais pas sur qui tu peux tomber, donc moi je vous dirais « faites ce que vous voulez » .
- Speaker #1
Mais tu vois, c'est vrai que tu n'es pas la seule à le dire que la mentalité a quand même besoin d'évoluer de ce côté-là. Par exemple, du côté des violences conjugales, on a l'impression, même si tout n'est vraiment pas parfait, mais que quand même ça évolue un petit peu. Tu vois, moi par exemple, j'ai reçu Lio, qui me parlait de ce qu'elle, quand elle a été victime, a vécu à l'époque quand elle s'est retrouvée au commissariat. Peut-être qu'aujourd'hui, c'est un peu mieux. Tu as d'ailleurs été victime, toi aussi, de violences conjugales. J'ai l'impression quand même que ça a un petit peu évolué. Mais le cyberharcèlement, qui on le rappelle, est quand même très grave, peut déboucher sur des conséquences dramatiques. Beaucoup de personnes disent que ce n'est pas du tout pris au sérieux.
- Speaker #0
Pas du tout pris au sérieux, je dirais que non. Mais minimisé. Et ce n'est pas pareil. Parce que pas pris au sérieux, ça serait complètement nié. Ce n'est pas le cas. Par contre, c'est beaucoup... C'est le jeu, c'est normal, c'est rien. En fait, quand tu es cyber harcelé, pour moi, en tout cas pour ma part, ce n'est pas juste les réseaux. C'est dans ta vraie vie. C'est des gens qui t'arrêtent, c'est des gens qui cherchent à te faire du mal. Moi, il y a des choses qui me choquent, notamment, je pense à Aquababe. Il a fait des choses dernièrement avec Weyrenois. J'ai même dénoncé, ce n'était pas OK ce qu'il a fait. Mais il se fait casser la gueule. Il se fait séquestrer. Moi, ça me choque. Et les gens diront, non, non, c'est normal, il agit mal. En fait, il y a une impunité où ça y est, son contenu ne te plaît pas. Tu peux lui casser la gueule, tu peux attenter à sa vie. C'est choquant.
- Speaker #1
C'est une forme de justice privée qui, déjà, n'est pas tolérée, même quand c'est quelque chose qui touche à ton intégrité. Parce que tu n'es pas d'accord avec le contenu proposé par la personne, c'est intolérable.
- Speaker #0
Mais oui, c'est intolérable. Et ça mène, parce qu'eux, ils vont dire, et ça, c'est quelque chose aussi que les gens ne comprennent pas, c'est qu'en cautionnant ça pour des personnes problématiques, vous cautionnez ça aussi pour des gens comme moi qui sont dans des causes que j'estime nobles.
- Speaker #1
Et que quand quelqu'un a un contenu problématique, c'est bien de dénoncer son contenu problématique. Mais en lui cassant la gueule, du coup, cette personne va devenir la victime de l'histoire et on ne va plus parler du contenu problématique.
- Speaker #0
Et c'est exactement ce qui se passe systématiquement. Et c'est ce que j'essayais de dénoncer parce que vous les victimisez.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Et c'est pour ça que les gens me disent « oui, tu te victimises, tu te victimises » . Mais non, quand je parle de mes menaces de mort, c'est vous qui me victimisez. Je suis victime. J'ai l'impression d'être folle. J'ai l'impression d'être la seule à penser comme ça. J'ai l'impression que les gens, pour eux, c'est normal. On te menace de mort, on te frappe, on attend à ta vie. T'es sur les réseaux, c'est le jeu. Enfin, je suis choquée, vraiment, de ce qui se passe. Parce que c'est des jeunes, hein. Et tu vois, t'en parler de la responsabilité, tu as totalement raison. Il y a une responsabilité parce que c'est beaucoup de jeunes sur TikTok. Et c'est des grands comptes qui incitent à ça. Et donc, t'imagines, à 10, 11, 12, 13 ans... Tu te mets dans la tête que c'est ça la justice. Et qu'est-ce que t'en sais que demain il va pas se dire pour quelqu'un qui est innocent ? Bon bah du coup moi on m'a appris qu'il faut frapper et il va frapper quelqu'un mais qui aura pas fait quelque chose de problématique. Il se rend pas compte des conséquences.
- Speaker #1
Non mais déjà la statistique qu'il faut avoir en tête, c'est que depuis les réseaux sociaux, le taux de suicide des adolescents a complètement augmenté. Il y a de plus en plus d'adolescents harcelés qui se donnent la mort. Et il faut prendre conscience... que quand on participe au harcèlement de quelqu'un, on peut causer ça.
- Speaker #0
Merci de le dire. Et que ce n'est pas parce que c'est sur les réseaux que les règles de politesse ne s'appliquent pas.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Est-ce que ça viendrait à l'idée d'aller voir quelqu'un et lui dire « ouais, toi, meurs » .
- Speaker #1
Bien sûr. Mais même pour pousser le développement, est-ce que toi, quand tu es dans un dîner, par exemple, avec des personnes que tu ne vas pas forcément hyper bien connaître, qui ne sont pas des amis proches, etc. Est-ce que tu vas te permettre de rebondir sur le moindre mot que la personne dit pour la corriger ?
- Speaker #0
Non, et c'est vrai que les réseaux ont multiplié aussi ce phénomène-là. C'est vrai que... Et puis pareil, il y a quelque chose aussi qui est important, c'est qu'on n'est pas filmé partout. Oui. C'est-à-dire que nous, en tant qu'influenceurs, créateurs de contenu, toi, ton erreur, quand t'es raciste, toi, t'es pas filmé. Bah oui. T'es la personne la plus raciste, homophobe possible. Nous, on est filmé de tout. Bah oui. Donc on est exposé. Et... Et c'est important de ne pas oublier ça, qu'il y a des combats qui sont plus importants à mener pour lutter contre la montée de l'extrême, pour monter contre toute cette haine, toute cette violence, et que venir titiller des gens qui vont forcément faire des erreurs que d'autres font quand ils ne sont pas filmés et que c'est pire, certes, il ne faut pas tomber dans le « il y a pire » , mais en l'occurrence, des fois, il ne faut pas non plus tomber dans toujours le « il y a mieux » . Donc j'alerte là-dessus aussi, parce que du coup, tout ce phénomène-là, pourquoi je dis ça ? Parce que les gens ne vont pas comprendre. Il y a des influenceurs qui ont compris ça et qui sont les pires personnes sur Terre, mais juste derrière les caméras. Donc oui, je suis Isa derrière et devant l'écran. Donc oui, je ferai des erreurs derrière et devant l'écran.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que tu penses qui pourrait être mis en place pour justement éviter qu'on pousse les comptes engagés au burn-out ?
- Speaker #0
Je pense qu'il faudrait que les gens réfléchissent. Comme je disais, est-ce que je mettrais ce même commentaire sous la vidéo ? Moi, en l'occurrence, je parle de moi parce que c'est mon... compte voilà mais ça s'applique bien évidemment à tous je donne mon exemple moi je lutte plus contre les masculinistes donc je donne exemple des masculinistes est ce que je viendrai reprendre un masculiniste par exemple il a dit quelque chose de raciste c'est pas bien ce que tu as dit c'est raciste ok si la réponse est non mais que moi tu viens me reprendre pour une petite comme cette histoire de situation de handicap peut-être c'est pas à nous d'en jauger ensuite évaluer en termes d'urgence et de gravité moi je lutte contre les masculinistes c'est quelque chose de grave, qui est dangereux, qui est violent est-ce que c'est vraiment intelligent de venir me reprendre pour des détails ? Non. Et après comme moi, éduquer, parler faire prendre conscience que on est des êtres humains et qu'il faut être juste c'est-à-dire que c'est pas parce que t'es engagée que moi je me prends pour... je suis pas supérieure, je suis comme tout le monde et que je suis pas au-dessus des autres moi en plus je suis dans un militantisme très je me mets vraiment à la même échelle tu vois.
- Speaker #1
Et comment tu fais pour... Garder le courage et la foi.
- Speaker #0
Moi je suis hyper optimiste, je suis utopiste, je crois en l'humain, je crois au changement. Mais c'est ma façon de militer, il y a plein de gens qui diront que ma façon de militer est nulle, c'est mon idée. Je suis très dans la bienveillance, très dans la pédagogie. Je crois. Je crois en l'humain. Je crois au changement. Je suis dans une version optimiste. J'ai envie d'un engagement un peu léger, un peu fun, qui fédère, qui soutienne tout le monde, qui inclut tout le monde. Et c'est comme ça que je tiens, parce qu'en fait, c'est vraiment qui je suis. Là, on est là pour parler du négatif. Mais je n'oublie pas tout le positif, je n'oublie pas tout le soutien, je n'oublie pas tout le changement. Je n'oublie pas toutes ces choses incroyables qui se produisent. et c'est ce sur quoi je me... concentre. Parfois, oui, j'ai des moments de baisse avec le burn-out militant, quand je vois des gens me reprendre sur des détails, ça me saoule, mais c'est le but de mon compte de faire changer les choses.
- Speaker #1
Et est-ce que tu dirais que le moment où tu en as parlé, il y a eu une évolution ?
- Speaker #0
Ah oui, énorme, comme je t'ai dit, les gens ont commencé à ne plus croire comme ça, des gens se sont excusés, parce que je parle beaucoup avec mes abonnés, j'essaie de faire au mieux, j'ai beaucoup de messages, donc je ne peux pas, voilà. J'ai des gens qui m'ont dit « Ah bah oui, c'est vrai ! » Effectivement, notamment sur ma prise de parole sur les TDS, où j'ai dit que moi j'incluais les femmes TDS, etc. J'ai eu des messages archi-violents de militantes qui disaient que j'étais problématique.
- Speaker #1
Et pourquoi, du coup ?
- Speaker #0
Parce que, en fait, j'étais pour la prostitution et que j'aurais les morts de ces prostituées sur la conscience. Des choses hyper violentes comme quoi, en gros, j'étais ok avec le fait. que les hommes nous prennent pour des objets, que j'étais comme les masculinistes et les misogynes, que je favorisais la prostitution, enfin tout un tas de choses horribles. Et c'était que des gens militants engagés.
- Speaker #1
Surtout que tu vois, par exemple, moi j'ai reçu plusieurs travailleuses du sexe qui le font parce que, par exemple, tu vois, j'ai reçu une travailleuse du sexe qui est dominatrice professionnelle et qui est de base agrégée de littérature, qui était prof et qui a souhaité vraiment changer de cap. Et devenir travailleuse du sexe, c'est 100% son choix. C'est une femme libre financièrement, qui avait complètement les moyens d'évoluer dans la voie dans laquelle elle était, qui n'avait pas besoin de devenir travailleuse du sexe, avec l'image qu'on peut en avoir. Et pour le coup, c'était son choix, libre et éclairé. On peut aussi entendre ça.
- Speaker #0
Mais moi, je suis totalement pour ça. Je sais bien. Moi, je le prône. Et ce n'est pas parce qu'on n'est pour que des femmes, comme tu as partagé cette histoire, Fasse ça, que pour autant je cautionne les violences envers les prostituées. Et il y a un manque de nuance, il y a un manque de bienveillance aussi. Et ça des fois ça te fait perdre un petit peu foi effectivement en humain. Où tu te dis mais tu peux pas me l'expliquer gentiment ton point de vue ? Non c'est pas possible. Mais moi j'inclus toutes les femmes et aussi les femmes de travail du sexe. Et même les prostituées à qui on a retiré leur passeport et qui sont parfois effectivement tuées parce qu'on a bien besoin de les aider ces femmes.
- Speaker #1
Ben oui, bien sûr. Si on ne parle pas en leur nom, si on les silencie.
- Speaker #0
Ben oui, c'est une cause qui me tient à cœur, c'est d'inclure un maximum tout le monde. Ouais,
- Speaker #1
et tu reçois beaucoup de messages de remerciements au quotidien aussi ?
- Speaker #0
Énormément, mais même d'hommes. J'ai même aussi des hommes qui m'arrêtent dans la rue. Bon, des fois, je suis toujours un peu flippée, je me dis « Oula, est-ce que tu vas me péter la gueule ? » Mais j'ai énormément de soutien et en fait, j'ai l'impression vraiment que je fais quelque chose qui sert. Oui, à changer les mentalités. J'espère, en tout cas. Et j'ai l'impression que ça marche. Et c'est mon objectif, en tout cas, de fédérer et de faire quelque chose de constructif. Et justement, une safe place. Et c'est pour ça, d'ailleurs, que tu m'as définie comme militante. Moi, je me définirais plus comme engagée. Moi, si je devrais conclure, ce serait par quelque chose de positif en disant « Il faut que la pureté militante, elle s'arrête. » Parce que la pureté militante, ça devient un outil pour les personnes qui cherchent à nous discréditer. Qui savent ce phénomène. Qui font exprès de prendre les moindres erreurs qui sont humaines, que je continuerai à faire. qui vont amplifier et ils vont savoir que derrière les militants vont acquiescer, ils vont faire 20, 30, 50 vidéos dessus. N'oubliez pas que tout ça c'est de la manipulation, que ça reste important de dénoncer, ça reste important, mais il faut le faire avec intelligence, d'autant plus quand il s'agit de personnes minorisées, et j'insiste là-dessus. Moi je suis une femme très privilégiée, j'en ai conscience, mais attention quand vous parlez à des gens moins privilégiés, plus précarisés, je pense aux femmes voilées, je pense aux femmes transgenres, elles s'en prennent 20 fois plus dans la tronche que moi. et on parlait de la haine que je reçois, mais elles aussi elles s'en reçoivent et c'est très grave. Réfléchissez bien et surtout, acceptez que les erreurs ça arrive. Parce que sinon vous allez perdre les militants autour de vous, vous allez perdre les gens, plus personne ne va vouloir s'engager et vous allez vous plaindre qu'il n'y a que des influenceurs superficiels qui prennent parti pour rien. Moi je préfère quelqu'un qui soit authentique, qui fasse des erreurs, plutôt que quelqu'un qui fasse semblant devant vous d'être parfait et derrière... Voilà, donc si je devais conclure tout ce qu'on s'est dit, c'est vraiment un message positif de, venez on est unis, on s'unit tous comme les masculinistes et comme les gens qui sont problématiques le font, eux ils sont unis entre eux. Faut pas dire qu'il y a que ça, il y a aussi plein de gens qui sont super, il y a des gens qui sont positifs, oui il y a des gens, voilà, ils cherchent la petite bête, ils titillent. Bon,
- Speaker #1
passons outre, ils peuvent se remettre en question, j'en suis sûre.
- Speaker #0
Oui, et bien merci beaucoup, Mélisande, j'ai passé un super moment en ta compagnie et je continue surtout à avoir un contenu engagé.
- Speaker #1
Je continue malgré la pureté, malgré le perfectionnisme, les menaces, je suis là.
- Speaker #0
Merci pour ça. Merci. À bientôt.
- Speaker #2
Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours. et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine !