- Speaker #0
Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Bonjour Stella ! Bonjour ! Comment ça va ?
- Speaker #1
Ça va très bien, merci.
- Speaker #0
Je suis très contente qu'on enregistre un épisode ensemble, que tu sois venue jusqu'à moi au studio pour discuter, puisque je suis complètement fan du contenu que tu proposes sur les réseaux sociaux sur le compte Stella La Psy. notamment sur Instagram et sur TikTok. Alors, donne exactement les différentes casquettes que tu as. Tu es psychopraticienne.
- Speaker #1
Oui, je suis praticienne. Je suis praticienne en psychothérapie. Je suis aussi psychanalyste et je fais du coaching. Et en plus, praticienne en psychogénéalogie. Donc justement, c'est thérapeute en transgénérationnel, comme le livre.
- Speaker #0
C'est ça. Et donc, c'est un petit peu à ce sujet auquel on va s'intéresser aujourd'hui, puisque tu as écrit un livre qui s'appelle « Héritage invisible » , qui vient de sortir. que j'ai eu le plaisir de lire, qui est passionnant, que je recommande vraiment. Et en fait, tu proposes une nouvelle clé pour aider les personnes, pour justement se libérer de liens transgénérationnels qui empêcheraient un petit peu d'avancer et qui sont un petit peu des héritages qu'on a sans s'en apercevoir. Puisque ça peut être même des ancêtres qu'on n'a pas connus qui peuvent nous transmettre ça. Alors d'abord, j'aimerais que tu me dises un petit peu quelques mots, comment tu as eu envie de t'orienter vers la psychologie.
- Speaker #1
La psychologie en général, c'est depuis mon plus jeune âge. Je suis fascinée par ce métier, mais j'avais aussi envie de faire d'autres métiers. Je n'étais pas complètement fermée, puisque j'ai un petit peu essayé autre chose aussi. Mais j'ai toujours été intéressée et je me suis aperçue, maintenant à l'âge adulte, qu'en fait, j'ai toujours été là-dedans. Puisque depuis petite, j'adorais écouter les conversations des adultes, les problématiques, essayer de trouver des solutions. Les copines à l'école, pareil, au collège, au lycée, qui me racontaient leurs problèmes, j'essayais de résoudre, de les aider à les solutionner, de remonter toujours le moral des autres, d'être positive. Et ça, en fait, j'ai toujours eu, mais je ne me rendais pas compte.
- Speaker #0
Tu as toujours été un peu psy, mais tu n'as jamais été rémunérée.
- Speaker #1
Là, j'étais la bonne psy des copines. Et en fait, j'ai gardé cette envie d'en faire mon métier. Je ne sais plus comment j'ai eu le déclic de reprendre mes études. Parce que j'avais arrêté, j'ai repris, c'est pas linéaire quoi. Je ne me rappelle plus comment, mais en tout cas le jour où j'ai eu vraiment envie de me lancer, après j'ai pas lâché.
- Speaker #0
Et t'as trouvé tout de suite ta patientelle ?
- Speaker #1
Non, ça a été très progressif, surtout qu'au départ j'avais pas vraiment encore bien confiance en moi. Ça c'était plus avec les années, donc ça a été assez progressif quand même.
- Speaker #0
Comment ça se fait, tu penses qu'au départ t'as pas eu confiance en toi, t'avais un peu ce syndrome de l'imposteur que nous les femmes on a tendance à souvent avoir ?
- Speaker #1
Oui, alors... J'ai un souci, enfin, c'est pas un souci parce que c'est bien aussi, mais je faisais vraiment plus jeune que mon âge. J'ai toujours fait plus jeune que mon âge et je faisais un peu gamine. Et j'avais l'impression de ne pas être crédible physiquement, en fait, déjà. Et en fait, c'est compliqué le rapport à l'autre. Déjà, quand on est en consultation avec une personne, bon, quand c'est un homme, c'est encore plus compliqué. Quand c'est une femme, bon, encore, ça va, mais il y a toujours cette barrière du physique. qui m'a un petit peu fait défaut quand j'étais plus jeune. Parce qu'avec la patientèle masculine, un peu compliquée, j'avais un petit peu peur. Et puis, tu sais, on se retrouve seule avec la personne en consultation. Ce n'est pas évident. Il faut quand même avoir confiance en soi, être sûre de soi. Parfois, on tombe sur des gens qui nous déstabilisent. Et quand on est jeune et qu'on discute avec des personnes qui sont plus âgées, on est un peu hésité. temps, on est un peu... On doute. C'est bien beau d'avoir des diplômes, d'avoir fait des études, d'avoir lu, de s'être informé. Mais c'est important d'avoir confiance en soi et d'être sûr de soi aussi.
- Speaker #0
Et puis la pratique est souvent presque plus importante.
- Speaker #1
J'avais l'impression de ne pas avoir assez de charisme pour faire ça. Pour moi, c'est comme un peu... Tu t'imagines un bon médecin, tu l'imagines un peu âgé ou qui a de l'expérience, tu vois. Et... Et puis, je me sentais trop débutante. Il faut bien commencer par quelque part. Il faut bien être débutant. Mais disons que j'avais besoin de passer de cette aide. Et en fait, en ayant des enfants, ça m'a permis de gagner cette confiance en soi. Parce que ça, c'est automatique. Une femme, quand elle a des enfants, elle mûrit et elle prend confiance en elle. C'est automatiquement en ayant des enfants. Ça m'a fait du bien. C'est là que je me suis vraiment lancée.
- Speaker #0
Et j'imagine aussi que ta pratique a dû t'aider dans l'éducation de tes enfants.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Parce que c'est quelque chose que tu mets vraiment en avant sur les réseaux sociaux et qui est un véritable outil pour les parents d'enfants en bas âge. Et pas qu'en bas âge d'ailleurs, parce que moi je m'intéresse à tout.
- Speaker #1
Même pour les plus grands. Alors beaucoup, mais attention, ça peut faire effet inverse, où on veut être trop perfectionniste. Je me suis retrouvée dans des cas comme ça personnellement, où on en fait trop. où on a peur de traumatiser son enfant pour chaque chose. On peut aller un peu aussi dans l'extrême. J'essaie de garder le juste milieu, mais il m'est arrivé de partir dans l'extrême ou de trop en faire. Parce que le fait de savoir, c'est bien et c'est pas bien d'un autre côté. Parce que quand on sait les choses, on se culpabilise. On dit « Ah ben non, j'ai pas fait ça, mon enfant va être traumatisé. Ah ben non, pourquoi j'ai pas fait ça ? » Il y a cette culpabilité de dire « Je sais, j'ai des connaissances, alors je dois être une mère parfaite. » Donc aujourd'hui, je déconstruis tout ça. J'ai voulu être une mère parfaite. Je suis passée par cette phase. Je fais des vidéos d'ailleurs là-dessus pour déculpabiliser les mamans parce que la société vraiment nous pousse à être des mamans parfaites, avec des enfants parfaits. Et ben non, en fait, là, je vais vraiment à contre-courant maintenant.
- Speaker #0
C'est vrai. Et ça fait du bien d'ailleurs.
- Speaker #1
Ça fait du bien.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, tu as vraiment rencontré une communauté de personnes à qui ça fait beaucoup de bien parce que tu es très suivie sur les réseaux sociaux. Et je pense que tu aides beaucoup de parents d'enfants et notamment d'enfants en bas âge quand même. Oui. Parce que c'est vrai que c'est une période où la gestion des émotions est particulièrement challengeante.
- Speaker #1
C'est ça. Et les parents se posent beaucoup de questions. Pas que pour le premier. J'ai des parents qui viennent vers moi, qui ont deux, trois, quatre enfants. Pas forcément le premier, mais le premier, c'est sûr et certain. Les parents se remettent beaucoup en question. Il y a beaucoup de culpabilité. Ils n'ont pas le mode d'emploi. Et ils aimeraient avoir un mode d'emploi. Il n'y en a pas vraiment de mode d'emploi. Après, il y a des petits outils que je donne en consultation pour les aider et tout. mais En fait, c'est pour ça que c'est très important de déculpabiliser et de ne pas chercher la perfection. Parce qu'un parent qui cherche à être parfait, il va mettre la barre trop haute, il va être trop exigeant envers lui-même, mais aussi envers son enfant. Et là, ça pose problème. Oui,
- Speaker #0
bien sûr. Et à quel moment tu as eu envie d'ajouter l'aspect du transgénérationnel, justement ? Est-ce que c'est parti un peu d'un constat ? Parce que dans le livre, tu parles aussi de certaines choses dont tu as pu prendre connaissance par rapport à ta propre histoire et à dont passaient tes ancêtres. des héritages invisibles. Est-ce que c'est ça qui a été un petit peu un déclic pour l'ajouter à ta pratique ?
- Speaker #1
Oui, parce que ça, c'est venu après. En fait, j'ai toujours baigné là-dedans, mais sans le savoir. J'ai connu le transgénérationnel, c'est-à-dire la psychogénéalogie, il y a déjà pas mal d'années. Tout de suite, je me suis dit « Ouah, c'est génial et tout ! » Mais je ne pensais pas en faire mon métier, d'abord. Mais par contre, je voulais, moi, en savoir plus pour moi. personnellement. Donc j'ai commencé à faire un petit travail pour moi-même seulement d'abord. Et ensuite, ça m'a tellement passionnée que je me suis dit en fait, je voudrais me former à ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux expliquer un petit peu ce que c'est pour les personnes qui nous écoutent, qui ne savent pas vraiment ce que c'est ? Comment ça peut se transmettre ? Comment scientifiquement ça peut se comprendre ?
- Speaker #1
Alors, les liens transgénérationnels, c'est ce qui nous lie avec nos ancêtres, qu'ils soient vivants ou décédés, sur plusieurs générations. Ce sont des héritages comme des traumatismes, des conflits non résolus, des secrets non dits. C'est tout ça qui va se transmettre de génération en génération. Tant que c'est gardé secret, tant que ça n'a pas été résolu, ça se transmet. Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'on dit que c'est important de parler pour régler le problème avant qu'il se transmette. Ça se transmet dans l'ADN, c'est prouvé par la science, puisque je parle d'épigénétique dans mon livre. C'est ça. Donc, c'est prouvé par la science et ça se transmet, en fait, je parle d'héritage invisible parce que c'est un héritage psychologique. Contrairement aux biens matériels, patrimoine, des bijoux, des maisons. Parce que quand on parle d'héritage, les gens tout de suite s'imaginent bien matériel. C'est ça,
- Speaker #0
bien sûr.
- Speaker #1
Et c'est pour ça que j'ai voulu faire un jeu de mots. Mais c'est un héritage et c'est même plus important. On hérite des tris physiques. La couleur des yeux, des cheveux, le type de peau, les traits du visage, etc. C'est génétique. Mais les gens oublient la partie psychologique invisible, ce qu'on ne voit pas.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, ce que tu dis aussi, c'est qu'il y a des héritages conscients des choses qu'on a envie de transmettre. Et ça, c'est un petit peu dans l'inconscient collectif. Tout le monde sait que ça existe.
- Speaker #1
Tout le monde sait. Les traditions, les cultures. Moi, j'appelle ça l'héritage positif. Parce qu'après, il y a les liens toxiques. Donc bon, c'est vrai que je mets vraiment l'accent dessus parce que tout le monde a envie de se libérer des liens toxiques. Donc, je n'aurais pas pu écrire un livre que sur l'héritage positif et tout le bien que ça apporte parce que bon, on le sait déjà, c'est important de parler de ce qui est toxique aussi. Mais c'est vrai que je parle aussi un petit peu de ça dans le livre, des coutumes, des traditions, de certains plats familiaux, des rituels qui se transmettent. Et ça, oui, c'est un héritage conscient et c'est bien aussi. Heureusement qu'on a ça.
- Speaker #0
Et j'avais envie de recueillir ton avis par rapport à quelque chose, parce qu'à un moment, brièvement, dans le livre, tu en parles, et c'est quelque chose auquel moi j'ai pu m'intéresser aussi quand j'ai eu mes enfants, quant au fait de donner, par exemple, en deuxième prénom ou en troisième prénom, les prénoms de personnes de notre famille qui sont mortes avant. quel effet tu penses que ça peut faire est-ce que c'est pas un moyen de leur faire porter justement un peu trop l'histoire, une histoire qui leur appartient pas. Comment toi, en tant que professionnel, quel regard tu portes sur ce genre de démarche qui, pour la majorité des gens, n'est pas vraiment remise en cause et continue à se perpétuer ?
- Speaker #1
Sans réfléchir. C'est une question très intéressante. L'héritage peut être un fardeau. Et donner, il faut faire très attention à ça quand on donne un prénom. Le problème, c'est que la personne, l'enfant qui porte ce prénom, hérite aussi. En fait, des liens, elle a un lien direct avec cette personne-là. Donc, il vaut mieux étudier d'abord le cas, c'est-à-dire comment était cette personne, quelle vie elle a eue, dans quelles conditions elle est décédée. Est-ce qu'elle était heureuse, malheureuse ? C'est très important d'abord d'étudier ça avant de donner le prénom à l'enfant. Il y a des familles, il y a des cultures où c'est vraiment presque obligatoire. Et on m'a interrogée là-dessus il n'y a pas très longtemps justement, un papa qui me posait la question parce que sa femme était enceinte. Et dans leur culture, c'est très important. Et il hésitait justement à se remettre en question par rapport à ça. Et c'est ce que je lui ai répondu. Il faut faire très attention. À moins d'être sûre que la personne, elle a une super bonne vie. C'est pas évident parce qu'on a tous, surtout les gens d'avant, de l'ancienne époque. Donc, je suis très prudente là-dessus. Alors, je ne suis pas vraiment pour. Je porte moi-même le prénom de ma grand-mère. Je suis fière de le porter. Alors là, tu vois, comme quoi c'est drôle parce que... Mon papa me dit très souvent que je ressemble à ma grand-mère. Et en fait, je me suis aperçue qu'il y avait des choses que j'avais reproduites. Je n'ai pas fait exprès. Donc, il y a quand même quelque chose. Qu'on le veuille ou pas. Donc, il faut être vraiment très prudent là-dessus. J'aurais tendance à déconseiller. Alors, je ne dis pas non, c'est interdit, ne le faites pas. Chacun fait par rapport à sa famille, pour ne pas vexer, pour l'honneur de la famille, etc. Mais soyez prudent. Si vous pouvez y échapper, si vous pouvez ne pas le faire, ne le faites pas.
- Speaker #0
C'est mieux de ne pas le faire.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Et... Autre chose qui a attiré mon attention quand je lisais ton livre, c'est que tu parles des choses qu'on peut transmettre à l'enfant qu'on est en train de porter dans notre ventre. Par exemple, les femmes qui vont vivre un gros trauma pendant la grossesse, que ça peut jouer sur la construction de l'enfant et que ça va lui apporter une réaction au stress qui va être différente dans sa vie, etc. Et en fait, moi, j'avais envie déjà que tu nous expliques un petit peu comment ça se passe. Et aussi... D'aider les femmes qui le vivent à déculpabiliser, parce que c'est difficile de se dire que non seulement on vit une épreuve, mais qu'en plus,
- Speaker #1
on est en train de transmettre des traumas aux enfants. Alors,
- Speaker #0
comment elles peuvent faire si elles vivent une épreuve très difficile ? Je pense par exemple à un deuil enceinte.
- Speaker #1
Un gros choc émotionnel.
- Speaker #0
Un gros choc émotionnel.
- Speaker #1
Très souvent, et on ne choisit pas. C'est ça. Si la maman est au courant, si elle est informée, c'est bien qu'elle apprenne à gérer ses émotions. On ne demande pas de nier les émotions. D'accord ? Ça existe, elles sont là, les émotions, il n'y a pas de problème. Il faut juste savoir les accueillir. On a le droit d'être triste, on a le droit d'être en colère, il n'y a pas de problème. Sauf qu'il faut savoir les gérer et il faut arriver à faire en sorte que ça ne se transforme pas en pathologie, que ça ne devienne pas au niveau des émotions, qu'on puisse encore être dans le contrôle, ne pas perdre le contrôle. Et si on perd le contrôle, ce n'est pas grave. L'essentiel, c'est que ça ne dure pas. Donc on peut craquer, on a le droit de craquer. On a même le droit de faire un burn-out, etc. Je pense aux mamans qui font des dépressions postpartum. Il faut vraiment les déculpabiliser, ça peut arriver. Mais il faut tout de suite arriver à se relever. Donc ça, c'est pour les mamans qui sont informées sur ça. Il faut qu'elles arrivent à gérer. Maintenant, celles qui ne le savent pas, et qui ont craqué, et qui sont parties dans les extrêmes, etc., et qui culpabilisent, il y a toujours un moyen de se rattraper. D'accord ? C'est-à-dire qu'en fait, l'enfant, certes, il a senti ses émotions. Ça ne veut pas dire qu'il va être traumatisé à vie et qu'il va rater sa vie. Mais par contre, la maman, ensuite, ce qu'elle va faire, c'est qu'elle va parler à son enfant.
- Speaker #0
Dès qu'il est, qu'il vient de naître.
- Speaker #1
Alors oui, moi je suis pour la maman qui parle au bébé dans son ventre déjà. Il faut savoir que j'ai étudié aussi la psychologie du fœtus, la femme enceinte, je me suis beaucoup informée là-dessus. Je trouve que la maman aussi doit parler à son bébé, c'est très important de parler à son bébé, même si on a l'impression qu'il ne comprend pas, en fait pas du tout. C'est très important la communication avec le bébé. On ne va pas lui parler comme s'il avait 5 ou 6 ans, ou 10 ans, c'est différent, mais ensuite après, on peut y mettre les mots. en s'adaptant à l'enfant. Le principe est de ne pas cacher s'il y a une maladie. Mais par exemple, une maman qui a un gros choc émotionnel pendant la grossesse, qui a une grossesse traumatique, qui a une dépression postpartum, elle peut parler à son bébé. Elle peut le rassurer, elle peut lui parler. C'est très très important de le faire pour les mamans qui nous écoutent. Vraiment, je mets l'accent dessus. Et de toute façon, tout est rattrapable. Donc cette maman-là, elle parle à son enfant. Et puis même cet enfant-là, il peut faire plus tard une thérapie. Il y a toujours un moyen d'arranger les choses. Il ne faut pas rester sur la culpabilité. Les choses sont faites, elles sont faites. Maintenant, on va vraiment mettre l'accent sur ce qu'on peut apporter comme solution et on ne va pas se concentrer sur le passé.
- Speaker #0
Et c'est ça que j'apprécie tout particulièrement, que ce soit sur le contenu que tu proposes ou dans ton livre. C'est que justement, toi, la culpabilité, ce n'est vraiment pas quelque chose que tu prônes. Tu aides beaucoup les gens à s'en défaire et à ne pas rester filé dans cette émotion-là. Et justement, tu es... dit aussi beaucoup que quand on a un héritage invisible, c'est-à-dire qu'on a une phobie ou une angoisse qui nous a été transmise par un ancêtre, ce n'est pas non plus une fatalité. Non. On peut s'en défaire.
- Speaker #1
Oui, on peut s'en défaire. À partir du moment où on sait d'où ça vient, c'est beaucoup plus difficile de s'en défaire. Il y a beaucoup de gens qui font des thérapies mais qui ne savent pas d'où viennent leurs problèmes. C'est comme mettre un pansement Et laisser la plaie ouverte en dessous. Ou alors, tu vois, tu vas prendre un médicament parce que tu as mal à la tête, mais tu ne sais pas pourquoi tu as mal à la tête. Alors, tu prends ton médicament, ça passe. Mais après, le mal de tête, il revient. Oui. Et en fait, tu n'as pas solutionné ton problème. Et tu continues à prendre des médicaments et tu ne sais toujours pas d'où vient ce mal de tête. C'est beaucoup plus intéressant de comprendre d'où ça vient. Pour ça, parfois, on fait des examens médicaux pour aller à la source du problème. Ensuite, tu prends le traitement qui convient. C'est exactement la même chose, en fait.
- Speaker #0
Et comment tu aides des patientes ou des patients à comprendre que c'est un héritage invisible, quelque chose qui vient de leurs ancêtres, et à les libérer de ça ? Est-ce que déjà tu dirais qu'en prendre conscience, c'est un premier pas vers la guérison ?
- Speaker #1
Ah oui, je le dis, je le dis, je l'écris. Prendre conscience, il y a des gens, ça leur suffit de prendre conscience. Ils ont pris conscience, ils ont cassé un truc. En prenant conscience, on casse la chaîne, déjà. Après, ça dépend des cas. Mais on a besoin après de faire un travail sur soi, de faire une thérapie, de faire certains rituels pour se libérer. Je donne d'ailleurs des outils dans le livre pour se libérer, mais on peut le faire seul.
- Speaker #0
Oui, parce qu'il faut juste comprendre et faire ce petit travail. D'ailleurs, tu donnes des outils que les gens pourront faire eux-mêmes chez eux pour réussir à l'identifier. Mais est-ce que tu dirais que quelqu'un qui va avoir des angoisses, par exemple, assez irrationnelles, ça va... toujours être quelque chose qui nous vient de nos enfances ?
- Speaker #1
Non, parce que ça peut venir de la grossesse de la maman, qui a une très grande peur. Ça peut venir de la naissance. Par exemple, dans le cas de naissance, accouchement traumatique, par exemple. Ça peut venir de l'enfance. Je te donne un exemple. Tu t'es fait attaquer par un gros chien quand t'es petite. Bon, t'as de grandes chances de développer la phobie du chien. Et ce n'est pas forcément un lien de temps générationnel. Bien qu'on puisse quand même trouver parfois des similitudes. Parce que c'est assez drôle, mais parfois, les gens disent « Ah ben moi, j'ai peur des chiens. Ma grand-mère avait peur des chiens. Ma mère a peur des chiens. » C'est ça. Même ça, quoi, ça se transmet.
- Speaker #0
D'ailleurs, tu l'expliques par rapport aux pigeons dans le livre.
- Speaker #1
Ma mère qui a la phobie des... Elle a une peur bleue des pigeons. C'est-à-dire que moi, je devais, depuis petite, quand on marche dans la rue et tout, il faut que je regarde s'il n'y a pas de... de pigeons, c'est vraiment... On passait dans des endroits, enfin, je sais que je suis habituée depuis petite de faire attention aux pigeons quand on va quelque part. Mais il y a souvent des pigeons. Oui,
- Speaker #0
bien sûr.
- Speaker #1
Donc, là, c'est moi qui devais protéger ma mère. Parce que je l'ai déjà vu courir, crier et tout. Et ma petite sœur,
- Speaker #0
la petite dernière,
- Speaker #1
heureusement, moi, je n'ai pas cette phobie. Elle l'a. Donc, tu vois, c'est la preuve.
- Speaker #0
Et tu l'as dit avec un petit sourire quand tu dis que c'était moi qui devais protéger ma mère à ce moment-là. Là, pas en l'occurrence pour des détails comme ça, mais c'est quelque chose aussi que tu vois souvent, j'imagine, en consultation.
- Speaker #1
Oui. Après, pour d'autres raisons que des phobies. Oui, voilà. Mais j'ai beaucoup de cas en consultation, ce qu'on appelle la parentification, c'est-à-dire c'est l'enfant, le parent, et le parent, l'enfant. Les rôles sont inversés. Oui. Ça arrive aussi, ça.
- Speaker #0
Et ça, est-ce que tu penses que quand une personne s'est construite avec ce mode-là, c'est-à-dire a plutôt pris la place du parent et n'a pas vraiment pu compter sur un parent solide, est-ce que tu penses qu'il y a une possibilité de réparer cette relation ?
- Speaker #1
C'est compliqué. En général, de ce que moi j'ai vu, que j'ai entendu comme exemple, Ça ne s'arrange pas. Ça dure toute la vie. Ce qu'on appelle les enfants parents de leurs parents. Je n'ai pas encore eu de cas où ça s'est arrangé, où ça s'est stabilisé ou retourné. À part pour des cas qui ont fait des thérapies, du coaching et tout. Mais c'est difficile parce qu'il faut que les deux se remettent en question. Donc en général, moi j'ai l'enfant en thérapie. Donc en fait, l'enfant, il baisse un peu les bras parce qu'il se dit mais de toute façon, mon parent, mon père ou ma mère ne changera jamais. Donc, il part déjà sur un point négatif. Et de toute façon, ça ne sert à rien. Il ou elle est âgé. Et donc, en fait, c'est l'enfant qui fait le travail sur lui. On ne va pas vraiment résoudre parce qu'il faudrait retourner dans le passé. C'est un peu négatif ce que je vais dire. Moi qui suis d'abord toujours très positive, mais je suis très réaliste aussi. En général, on ne peut pas restaurer quelque chose. Non, je suis honnête.
- Speaker #0
et d'ailleurs aussi elle a beaucoup la parole qui se libère par rapport à ça, il n'y a pas forcément de nécessité de restaurer ce lien. Quand on a un parent toxique, on a le droit, on a l'autorisation aussi de s'en libérer.
- Speaker #1
De s'en libérer et de couper les liens toxiques. Il y a des degrés, bien sûr. Il ne faut pas que ce soit abusif non plus, évidemment. On va essayer de garder le lien parce que c'est très important dans une famille. Il faut savoir que quand on coupe les liens, attention, ça c'est encore un truc qui va encore se donner. Ce n'est pas bon. C'est encore du négatif dans la lignée. Il faut éviter de mettre des petits points négatifs. Et malheureusement, couper les ponts, parce qu'il y a des gens qui le font super bien comme ça, « Ouais, on coupe les ponts pour... Il m'a vexé, elle m'a vexé. Allez, hop, on coupe les ponts. » Comme si c'était super génial et tout. Mais non, en fait, il faut réfléchir avant de couper les ponts. On coupe les ponts seulement lorsque c'est nécessaire. Parce que ce qui va se passer, c'est que ce sont les autres, les descendants, qui vont payer le prix.
- Speaker #0
Quand on est dans une nécessité de le faire, c'est-à-dire, par exemple, un parent... extrêmement toxiques ou un cas d'inceste ou de violences intrafamiliales.
- Speaker #1
Là, ce sont des cas exceptionnels.
- Speaker #0
Comment on le gère pour l'expliquer aux enfants et aux petits-enfants pour justement que ce ne soit pas un non-dit et l'adapter avec des mots pour eux pour qu'ils comprennent que parfois justement, se protéger et les protéger aussi de cette personne, c'est nécessaire.
- Speaker #1
Ce sont des cas aussi qui reviennent beaucoup chez moi en consultation. Il y a des âges pour parler à l'enfant. Lorsqu'on sent que l'enfant est prêt, on peut lui dire la vérité. Je pense que le plus adapté, c'est à l'écrit. C'est beaucoup plus simple d'écrire une lettre que d'en parler. Il y a des gens qui n'arrivent pas à parler. On peut aussi se servir d'un intermédiaire. Il y a plusieurs manières d'y arriver. Ça peut être écrire une lettre à son enfant lorsqu'il a l'âge, en discuter, peut-être d'une manière plus détournée d'abord. Chacun va trouver sa manière de se libérer et de libérer ses enfants. Encore une fois, je pense que ça doit se faire progressivement, mais ça doit se faire. C'est très désagréable, mais ça doit se faire.
- Speaker #0
Justement, tu parlais tout à l'heure d'une naissance traumatique qui pourrait marquer les personnes qui l'ont vécu. Ça pareil, tu recommandes d'en parler tout de suite, parce que je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui te suivent, qui ont pu vivre des accouchements.
- Speaker #1
Oui, alors là, on parle au bébé directement. Quand on l'a dans les bras, quand on lui donne le biberon ou le sein, on parle. Très, très important. d'en parler. Puis voilà, après, lorsque l'enfant grandit, en regardant des photos, c'est ce que je conseille en consultation, de regarder un album photo de la naissance, l'enfant va poser des questions. C'était comment, maman ? Et là, la maman va pouvoir expliquer à l'enfant, tu sais, quand tu es née, c'était difficile, maman, elle était un petit peu triste, c'était compliqué, ou alors, il y en a avec un peu d'humour, tu sais, tu ne voulais pas sortir, on a dû te... Voilà, par exemple, on a dû un peu te forcer à sortir avec les docteurs. Parce que tu étais bien au chaud. On peut mettre un peu de l'humour. Ou alors, tu sais, tu étais en couveuse parce que tu arrivais trop tôt. Tu n'étais pas prêt. Et donc, expliquer. Tu vois, tu étais relié à une machine. Expliquer à l'enfant, parce qu'il y a des photos parfois de l'enfant. Il en est honnête. Expliquer. L'enfant, il va dire, mais maman, pourquoi j'avais des tuyaux ? Pourquoi j'étais tout maigre ? Pour être tout petit, la maman l'a peut expliquer. C'est important.
- Speaker #0
Et toi, est-ce que ça t'a permis aussi d'étudier ça, de libérer un petit peu la parole avec certains membres de ta famille, tes parents par exemple, quand tu as compris certains héritages que tu avais eus de tes ancêtres ?
- Speaker #1
Oui, alors moi j'ai de la chance quand même, parce que c'est pour ça que c'était facile d'écrire le livre pour moi, parce qu'avec mes parents, on a toujours beaucoup dialogué. Et on a toujours parlé de la famille, de d'où venaient les choses. En fait, j'ai des parents qui analysent beaucoup, qui auraient pu être psy en fait. Ils m'ont donné le truc. Ils sont tout le temps dans l'analyse de tout en fait. Donc j'ai grandi comme ça, analyser, ah tu ressembles à ta tante, ah tu ressembles, c'est toujours, elle a toujours un truc, elle est comme ça, analyser les traits de caractère des uns, des autres, qui se ressemblent, qu'est-ce qu'on a transmis. J'ai toujours grandi avec ma mère qui me disait, ah bah tu vois, là tu me ressembles sur ça, je t'ai transmis ça, ah là tu ressembles à mémé machin ou à papy machin, mon père pareil. C'est pour ça que je le dis toujours, j'ai été bercée là-dedans, sans le savoir, sans savoir qu'un jour j'écrirai un livre là-dessus, c'est facile pour moi. C'est vrai que j'ai eu de la chance quand même d'avoir une famille qui dit les choses. Il y a aussi des secrets, il y a aussi peut-être certainement des choses que je ne sais pas encore, peut-être que j'apprendrai plus tard. C'est difficile de tout savoir, mais il y a des familles vraiment qui ne parlent pas du tout.
- Speaker #0
J'imagine que c'est compliqué pour que les enfants se construisent.
- Speaker #1
Alors, ça dépend. Si vraiment il y a eu des gros traumas, il y a vraiment des choses, vraiment des secrets qui sont lourds, ça peut porter atteinte au développement de l'enfant. À un moment donné, ça va ressortir. Tu sais, je dis toujours ça, je dis toujours, t'as beau fermer les tiroirs à clé à double tour et tout, Les tiroirs transgénérationnels, c'est des tiroirs qui s'ouvrent tout seuls. C'est comme si tu remplissais une armoire de plein d'habits, et d'un coup, l'armoire, elle explose. Tout qui tombe dessus. C'est mal rangé, tu as tout qui tombe dessus. Là, c'est pareil. Les gens sont persuadés, et surtout les gens des anciennes générations, pensaient que le fait de ne pas parler, ça allait arranger les choses, et que ça allait s'envoler, comme ça, par Majdi. C'est vrai, c'est vraiment le truc. Même encore aujourd'hui, on peut penser ça. Ah, j'en parle pas, j'oublie.
- Speaker #0
Ça n'existe pas.
- Speaker #1
Ça ne sera ni vu ni connu. Elle est très bien. C'est là que mon livre déconstruit tout ça, parce que les liens transgénérationnels, justement, c'est tout ce qu'on a voulu cacher qui ressort et qui nous tombe en pleine figure.
- Speaker #0
Et finalement, les gens sont quand même ouverts à cette pratique parce que pour le côté positif que tu mets aussi en lumière dans ton livre, par exemple, le fait de transmettre des passions. Toi, t'en parles, par exemple, la musique, le chant, c'est une passion qui s'est transmise.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
ta mère l'avait, tu l'as,
- Speaker #1
ta fille et mon fils. Mon fils qui est tout petit, qui chante toute la journée. Il chante des chansons à son petit frère pour s'endormir, parce qu'ils sont dans la même chambre. Il chante dans la voiture. Il avait même pas... Il avait un an et quelques, il était encore dans le lit à Barreau. C'est là que je te dis. Et en fait, il chantait des petites comptines. Je ne sais pas si tu connais les Titounis.
- Speaker #0
Non,
- Speaker #1
je ne connais pas. C'est des petites comptines pour enfants qu'il y a sur Youtube. Donc, ça reprend toutes les comptines et tout connues. Et en fait, il commençait à peine à parler, quoi. Et je l'entendais chanter à peine. Il commençait à marcher. Il était dans le lit à bord, vraiment. Il avait encore les couches et le biberon. Je me disais, mais ce n'est pas possible. Il chante, il fredonne la chanson qu'il a entendue. Et là, tout de suite, j'ai compris. Je me suis dit, à cet âge-là, sitôt. Et ça, c'est...
- Speaker #0
Et c'est des gènes, en fait. C'est vraiment... C'est dans les gènes que c'est transmis.
- Speaker #1
Oui, vraiment. Et ça, c'est prouvé. la musique le le Le sport, il y a vraiment des choses qui se transmettent dans certains dons, certains talents. La peinture, le dessin, ça, ça se transmet.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, tu disais que c'était aussi pour ça que souvent, on s'étonne que des artistes, leurs enfants soient eux-mêmes artistes, etc. On peut penser aussi que c'était plus facile pour eux, etc. Oui,
- Speaker #1
je pense que le public peut penser ça, alors que pour moi, c'est logique. Ça se transmet. Ce n'est pas seulement du mimétisme. Ce n'est pas parce que le petit garçon a vu son papa chanteur très connu. Si l'enfant n'a pas envie, s'il n'est pas attiré par ça, s'il n'a pas le talent, même si son papa est un chanteur connu, il ne fera pas le même métier. Il y en a des tas de cas comme ça. Oui, bien sûr. Donc, c'est quand même que l'enfant a les gènes.
- Speaker #0
Il a ça en lui. Et est-ce que tu commences à beaucoup t'en servir dans ta pratique ?
- Speaker #1
Du transgénérationnel ? Oui. Ah oui, mais ça fait déjà dix ans que... Que tu l'as adressée dans ta consultation ? Ah oui, oui, oui, ça fait longtemps que je suis là-dedans, moi. Sauf que là, j'ai vraiment décidé d'en parler. Parce que je me suis aperçue que les gens ne connaissaient pas. Et puis à chaque fois, je dois expliquer ce que c'est. En fait, les gens ne connaissent pas ce que c'est. C'est ça.
- Speaker #0
Et puis je pense que les gens peuvent avoir un a priori de ne pas forcément reconnaître la portée scientifique de la chose. Alors que tu le...
- Speaker #1
Parce que c'est peut-être un peu ésotérique.
- Speaker #0
C'est ça, exactement.
- Speaker #1
Pas du tout, quoi. Vraiment, je... Mais attention, ça commence à se savoir. Et là, j'espère, avec le livre, on commence à en parler, même dans les médias. Il y a des médecins qui en parlent. Mais c'est vrai qu'il y a encore quelques années, il fallait vraiment que j'explique ce que c'est, que je donne la définition. Mais c'est vrai que ça peut paraître un peu irrationnel. Oui. Alors qu'en fait, c'est très logique. Quand on lit le livre, on comprend en fait et tout le monde s'identifie. Et c'est là que les gens y croient. Parce qu'en fait, c'est quand tu t'identifies que tu y crois.
- Speaker #0
C'est vrai que je pense que les personnes qui vont le lire vont forcément s'identifier. Moi, je me suis identifiée parce que tu donnes aussi des choses.
- Speaker #1
T'es obligée de te retrouver au moins dans un exercice. C'est ça, tu n'es citée par le différent pour que chacun... puissent retrouver, qu'on se voit dedans. J'ai eu des témoignages, pour l'instant c'est très récent, donc les premiers témoignages que j'ai recueillis, ce sont des gens de tous les âges, hommes, femmes, ça c'est très intéressant pour moi, d'avoir vraiment un peu tous les ressentis, tous les âges, toutes les générations. Ils m'ont tous dit la même chose.
- Speaker #0
Je me vois dans le livre. L'impression que le livre me parle. Il me dit, j'ai l'impression que tu es venu me parler à moi directement. Que tu es rentré dans ma vie.
- Speaker #1
Oui, ça ne m'étonne pas.
- Speaker #0
Et ça, c'est une satisfaction pour moi. Parce que pendant que j'étais en train de l'écrire, je pensais à ça. C'était vraiment mon envie pendant que je l'écrivais. Je me disais, il faut que les gens... Je me disais, je vais leur écrire comme si j'étais dans leur vie. Les premiers témoignages, vraiment, c'est ça. Et là, pour moi, c'est une immense satisfaction. Vraiment, c'est une grande récompense.
- Speaker #1
Et est-ce que tu dirais que l'envie de venir sur les réseaux sociaux et de faire des vidéos dans lesquelles tu donnes des outils pour les gens, ça t'est venu justement de tes consultations ?
- Speaker #0
Oui et non, je t'explique. Le fait de faire des vidéos, c'était plus pour partager un peu mon savoir, aider un maximum de gens, parce que j'aime bien communiquer, parce que je ne suis pas timide, je suis à l'aise pour parler, etc. Ensuite, là où ça m'aide, les consultations, je vais t'expliquer, c'est que parfois j'ai des cas en consultation. qui reviennent ou un cas en particulier. Et là, je décide d'en parler. Oui. Tu vois, c'est dans ce sens-là. Ça me donne l'idée d'en parler dans une vidéo. Donc, ça veut dire que ça m'inspire. Mes consultations m'inspirent. Et parfois, il y a des gens qui me demandent de faire des vidéos sur tel ou tel sujet. Mais ce n'est pas grâce à mes consultations que j'ai eu l'idée de faire des vidéos parce que ça fait très longtemps, en fait, que je suis sur les réseaux. Sauf que j'ai démarré sur Facebook à l'époque et je ne restais que sur Facebook. Je n'étais pas à fond dans la création de contenu, etc. Et je me suis... Je me suis spécialisée il n'y a pas si longtemps finalement. Vraiment, je me suis mise à fond.
- Speaker #1
Et justement, tes enfants souvent participent aux vidéos. Du coup, ils doivent avoir un petit peu en eux le côté très... On respecte les émotions. Ils doivent se sentir extrêmement écoutés, extrêmement...
- Speaker #0
Oui, ils me le disent même d'eux-mêmes. Parce que par exemple, mon fils de 4 ans, je l'ai surpris en train de... Il me dit, je ne suis pas content. Parce que je lui ai appris qu'il fallait dire quand on n'était pas content. Maintenant, c'est lui qui... Je suis en colère. Il fait la tête comme ça. Je suis en colère. Il verbalise. Même après l'école, quand on l'embêtait, il me dit, tu vois, je ne me suis pas fâchée. Et lui-même, il est fier de lui. Donc, oui.
- Speaker #1
Mais c'est vrai que ça, c'est très amusant, comme les enfants sont des éponges. Parce que la dernière fois, j'ai entendu ma fille dire à son petit frère, non, toutes les émotions sont OK, mais pas tous les comportements.
- Speaker #0
Magnifique.
- Speaker #1
Il a 4 ans et demi.
- Speaker #0
ça aurait pu être ma fille ça aurait pu être ma fille alors mes enfants parlent un peu comme ça la petite fille qu'on voit souvent sur les vidéos qui est 8 ans elle parle un peu comme ça à ses frères aussi ça c'est hyper marrant il y a plein de choses comme ça qui ressortent c'est
- Speaker #1
drôle en fait on se rend compte que quand on parle beaucoup aux enfants qu'on leur explique beaucoup ils sont complètement capables de se réapproprier et puis ils adorent tout ça ils m'écoutent ils jouent le jeu
- Speaker #0
Ils sont réceptifs, quoi.
- Speaker #1
Et quand on a étudié à ce point la psychologie, et notamment par rapport des enfants et de ce qu'on transmet en tant que mère, comment on fait quand on est mère, justement, pour ne pas tomber dans le côté... J'imagine que tu connais toi aussi des difficultés dans ta parentalité.
- Speaker #0
Pour ne pas tomber dans l'extrême aussi. Je trouve que c'est assez difficile quand même. C'est pour ça qu'il faut se déculpabiliser, en fait. Il faut lâcher prise. Il ne faut pas être dans le contrôle. C'est très difficile de lâcher prise en tant que maman. Même pour moi. Mais en fait, le problème, c'est ça. C'est que comme on sait beaucoup de choses, on veut absolument tout mettre en pratique, que tout soit bien. On peut parfois même s'inquiéter, peut-être un peu trop vite. En fait, on va être dans la surobservation. Par exemple, moi, je peux me surprendre en train de trop m'investir, trop observer l'enfant, trop écouter ses émotions, trop vouloir que tout aille bien. On peut être dans l'hypervigilance. Ça, c'est le risque. Et trop de protection. Et ce n'est pas bon. Il faut laisser l'enfant aussi et tout. Donc, moi, j'essaye de le faire. Mais je me suis déjà surprise. Et puis, oui, des difficultés, j'en ai aussi. J'ai déjà eu droit à des caprices. J'ai déjà eu droit à des crises de colère. Plein de fois. Sauf que la différence, c'est que je sais les gérer. Pour moi, c'est beaucoup plus facile. Puisque je donne des conseils aux autres pour gérer les crises de colère. Donc, évidemment, il faut savoir quelque chose. C'est que tous les conseils que je donne en séance de guidance parentale, je me les applique. Et c'est ce que je dis aux parents, je dis ne vous inquiétez pas, moi j'ai déjà testé ma méthode. La méthode que je vous donne, je l'ai testée sur mes enfants, ça marche. Par exemple, je leur dis ne faites pas ça, ça ne marche pas. Pourquoi ? Parce que je sais que moi j'ai déjà essayé et que ça ne marche pas. Par exemple, rentrer dans la colère avec l'enfant. Et lui dire, mais tu veux, arrête-toi de pleurer, ça suffit, calme-toi. Plus vous allez faire ça, et plus l'enfant, il va pleurer, il va surenchérir. Il ne va pas se calmer, par exemple. Il y a certaines erreurs, soit que j'ai déjà faites. Et du coup, c'est bien parce que mon expérience à moi, je la partage. Et c'est pour ça que je fais aussi des vidéos.
- Speaker #1
Et pas mal de professionnels de la santé mentale disent aussi que une émotion, elle est censée durer entre 60 et 90 secondes.
- Speaker #0
Oui, alors ça, c'est nouveau. On en parle beaucoup. C'est encore un peu un effet de mode. il y a quelques années on ne disait pas ça mais on peut très bien gérer
- Speaker #1
Et que du coup, si toi, en tant qu'adulte, ta réaction du road-là, c'est que c'est un problème avec ton émotion à toi et pas avec l'émotion de ton enfant.
- Speaker #0
Ça veut dire que tu n'es pas capable de gérer tes émotions. Tu restes trop longtemps. Tu te rappelles tout à l'heure ce que je te disais pour une femme qui a eu un choc émotionnel pendant la grossesse, etc., qui va le transmettre. C'est pareil. Elle a le droit d'avoir des émotions, etc. Après, il y a des émotions qui sont extrêmes, comme un deuil, etc. Ça ne passe pas en deux heures. En fait, il faut avoir des limites. Il faut savoir quand ça commence et quand ça s'arrête. Et là, en fait, oui, c'est vrai ça, que très souvent, le parent se met lui-même en colère parce que son enfant est en colère. Donc, en fait, on s'en sort plus. L'enfant est en colère, le parent est en colère. Du coup, l'enfant se met encore plus en colère, le parent aussi.
- Speaker #1
Sachant que les enfants apprennent énormément en observant et que donc, du coup, c'est bien qu'ils nous observent gérer une situation correctement pour qu'eux soient à même de le reproduire.
- Speaker #0
C'est très important de garder tout le temps son calme, tout le temps, à toute épreuve. On a le droit de lever un peu le ton de la voix, de parler avec une grosse voix de temps en temps pour montrer un peu l'autorité, de faire les gros yeux, de temps en temps même crier.
- Speaker #1
On a le droit de craquer, on est humain.
- Speaker #0
On a le droit de craquer, mais il faut essayer quand même de se canaliser et de vite vite se ressaisir. L'enfant observe, il regarde, il prend exemple et puis ça met du stress. C'est bon pour personne en fait.
- Speaker #1
Et tu parles de cas très spécifiques, par exemple, quand des... Les ancêtres ont vécu des moments historiques extrêmement traumatiques, comme par exemple l'esclavage.
- Speaker #0
Oui, tu en parles dans mon livre. Tu en parles dans le livre. Tu donnes plein d'exemples.
- Speaker #1
Est-ce que tu conseillerais à des personnes dont les ancêtres ont vécu...
- Speaker #0
Le génocide.
- Speaker #1
Voilà, de consulter un peu d'office pour pouvoir se libérer de ces traumas ?
- Speaker #0
Oui. Après, ça dépend comment la personne le vit. Il y a des personnes qui l'ont conscientisé, qui l'ont accepté. Accepter, ça ne veut pas dire « ouais, c'est génial, c'est super » . Oui. Donc ça dépend des cas. Encore une fois, j'ai des exemples comme ça autour de moi où ils le vivent très bien. Ça dépend comment on le vit. On le ressent. On sent qu'on répète des schémas, qu'on a un mal-être profond, qu'on ne sait pas d'où ça vient, qu'on a une tristesse. On le sent quand on doit consulter. Par contre, il faut s'écouter. Il ne faut pas être dans le déni.
- Speaker #1
Et est-ce que tu dirais que toi, ça t'aide tout ton savoir pour toi, pour tes émotions à toi au quotidien, pour apprendre à te... te gérer en fait, parce que c'est difficile parfois de gérer nos propres émotions. Est-ce que tu dirais que ton bagage t'aide ?
- Speaker #0
Complètement, du matin jusqu'au soir. En fait, moi j'essaie d'appliquer ce que j'apprends. Parce que tu sais, j'apprends encore. Bien sûr. C'est une profession où on apprend tout le temps. Je m'informe toujours, je lis. C'est très très important. Parce qu'en fait, il y a tellement, tellement, tellement de choses. À savoir, et j'apprends encore sur moi-même et encore sur ceux qui m'entourent. Je suis tout le temps dans l'analyse. Mais ça m'aide énormément dans ma relation aux autres, dans ma vie familiale, professionnelle. Mais c'est parce que moi, j'ai décidé de l'appliquer dans mon quotidien. C'est une philosophie de vie, je dis. Quand je dis, oui, il faut être positif pour amener le positif, pour attirer le positif. J'y crois. Je le fais moi-même.
- Speaker #1
Et tu as l'impression que tes enfants, ça fait partie de leur héritage, pour le coup, visible et pas en visuel.
- Speaker #0
Oui, parce que j'ai ma plus grande qui est un peu comme moi. Et je le vois dans sa façon de penser, tout ça. Les autres qui sont plus petits, je le vois un peu dans leur comportement. Je pense que oui, forcément, d'avoir une maman comme moi, c'est sûr que ça doit aider, même rien que par mimétisme, comme je te disais tout à l'heure. Après, au niveau des liens transgénérationnels, je ne vois pas encore tout. T'imagines que je ne fais que ça les observer un tout le temps. Bien sûr. Un défaut professionnel. De toute façon, tous ceux qui sont autour de moi, je ne passe mon temps à les regarder tout le temps. Mais je ne peux pas faire autrement. Tu sais ce qui m'est arrivé ? Alors, pour la petite parenthèse, je suis capable de mettre à la terrasse d'un café, de regarder les gens passer. Je l'ai fait à l'aéroport, dans des gares. C'est plus fort que moi. Je regarde les gens qui passent et j'analyse chaque personne. C'est-à-dire que lui, je lui dis, lui peut-être, il doit être comme ça. Oh, elle, elle est un peu comme ça.
- Speaker #1
Peut-être qu'il arrive en place, tu te dis quelque chose sur moi.
- Speaker #0
Alors, pas quand je suis dans l'action, parce que là, on discute, etc. Et tout, tu vois. Mais quand je suis dans l'observation, c'est-à-dire que je scanne, je vais te donner un exemple. Je suis dans une salle d'attente, je m'ennuie, il y a les gens qui sont avec moi chez le médecin. La prochaine fois qu'il y a quelqu'un qui me voit, il va dire qu'il est en train de m'analyser,
- Speaker #1
ils vont regarder dans l'observation.
- Speaker #0
Et en fait, je vais les analyser, j'ai les regardés. Et c'est vrai que je vais te donner l'exemple d'une gare ou d'un aéroport, où tu sais, parfois, tu es en attente, tu attends ton avion, tu n'as rien à faire, puis tu vois les gens passer. Et c'est plus fort que moi, je regarde chaque personne, chaque mouvement, sa façon de faire, d'être. Après, les gens qui m'entourent, etc., il y a une analyse, mais qui est inconsciente. Tu vois, quand tu me demandes est-ce que je t'ai analysé ? Oui, mais inconsciemment. C'est-à-dire qu'en fait, je t'ai cerné. Ça ne veut pas dire que je te mets dans une case, mais tout de suite, je vois si tu es sympathique, ce que tu dégages, tu es solaire, tu es sociable, tu es agréable, tout ça. Tu vois, c'est vrai que je cerne les gens très, très rapidement. Mais ça, c'est vraiment des gens qui passent dans la rue, quoi. Oui, bien sûr. Un cercleur dans un restaurant, je sens en fait la personne, tu vois.
- Speaker #1
En t'écoutant, je pense aux personnes, tu vois, j'ai reçu plusieurs personnes à mon micro qui ont été adoptées, dont par exemple Colline Fanon, une super autrice et activiste aujourd'hui, qui a été victime d'un trafic d'êtres humains, tu vois, qu'elle a dénoncé au Guatemala. En fait, en gros, elle s'est rendue compte que ses parents, eux, étaient dans la parfaite légalité quand ils l'ont adopté. Ils pensaient qu'ils faisaient le bien. Mais en fait, à cette époque, pendant la guerre civile au Guatemala, les enfants étaient enlevés à leurs parents, à qui on faisait croire que les enfants étaient morts. Et bien... Tu vois, pour des personnes comme ça, comment ils font avec ce transgénérationnel ? Ou parfois, elle en l'occurrence que j'ai reçue, elle a eu la chance de retrouver sa mère biologique et sa famille, etc. Et justement maintenant, elle a créé une association pour aider les autres personnes à retrouver leur famille. Parce qu'au Guatemala, il y a eu énormément d'adoptions illégales pendant cette période-là. Et bon, elle, elle m'a parlé du Guatemala.
- Speaker #0
Il y a d'autres trafics d'enfants. D'autres trafics d'enfants. Un sujet qui me touche beaucoup.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #1
Et comment ces enfants font pour justement se libérer du transgénérationnel quand parfois ils n'y ont jamais accès ?
- Speaker #0
Tu sais que c'est un gros trauma. Là, on est vraiment dans les cas extrêmes, sans connaître parfois ses origines. J'ai beaucoup de gens aussi qui ont été adoptés, qui me consultent. C'est très difficile quand on a une branche maternelle ou paternelle qui n'existe pas. Enfin, ça existe, mais on n'a pas d'informations. C'est très compliqué. On se bat sur des suppositions. Le travail ne va pas être le même, mais on va essayer de faire en sorte d'aider la personne à guérir de ses blessures. Parce que cette personne-là, elle va avoir la blessure de l'abandon, la blessure du rejet, la blessure de l'injustice. Elle va cumuler vraiment toutes les blessures et ces gens-là sont obligés de consulter. Parce que dans leur vie de couple, surtout je pense, familiale, dans la relation avec leurs enfants, ça va se ressentir. Il va y avoir des répercussions. Même s'il y a un semblant de vie normale, de personnes qui paraissent équilibrées à l'intérieur, il y a des grosses, grosses blessures qui n'ont pas été refermées. Et la blessure de trahison aussi.
- Speaker #1
Tu parles des cinq blessures de l'âme que tu rappelles dans le livre. Oui, oui.
- Speaker #0
Là, pour le coup, par exemple, cette dame-là que tu cites, elle écula toutes les blessures.
- Speaker #1
Donc, il va falloir employer du temps pour les soigner. Oui.
- Speaker #0
Le fait qu'elle en ait conscience, qu'elle connaisse son histoire. Il y en a qui ne connaissent même pas leur histoire. Même si ça fait mal de le savoir, je pense qu'elle est libérée de le savoir. Oui. Parce que regarde, elle en parle. Tu vois, ça, par exemple, c'est sa guérison. Ça, c'est sa libération. Parce qu'elle fait quelque chose. Et c'est bien que tu m'en parles, comme ça, au moins, les gens qui nous écoutent peuvent aussi le savoir. Le fait de monter une association, défendre une cause, s'investir dans quelque chose, c'est une libération. C'est juste ça, et bien, c'est une thérapie.
- Speaker #1
Et puis, en parler aussi.
- Speaker #0
En parler. très important. D'abord, c'est la libération par la parole.
- Speaker #1
Je te remercie beaucoup.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #1
J'ai adoré discuter autour de ton livre. Merci déjà de l'avoir écrit pour donner des clés. Et puis merci de m'avoir accordé du temps. Merci de l'avoir lu. Avec plaisir. A très bientôt.
- Speaker #0
A bientôt.
- Speaker #1
Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.