- Speaker #0
Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspire. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Isabelle.
- Speaker #1
Bonjour Pauline.
- Speaker #0
Comment ça va ?
- Speaker #1
Ça va très bien et toi ?
- Speaker #0
Ça va. Je suis super contente qu'on enregistre un épisode dans lequel on va parler de ton histoire, de santé, de changement de vie, de diagnostics qui provoquent une envie profonde de rapporter du sens et de faire un petit peu basculer tes croyances et ta vie de manière générale puisqu'on va parler de SIBO. Ça vous parle peut-être pas forcément, mais... si vous avez des douleurs digestives et qu'on vous a diagnostiqué un syndrome de l'intestin irritable, restez nous écouter parce que ça va sûrement vous parler grandement en cours d'épisode. Est-ce que tu peux me parler, s'il te plaît, de l'Isabelle que tu étais avant d'être malade ?
- Speaker #1
Oui. Alors l'Isabelle qui est avant d'être malade était totalement différente de la Isabelle que tu as aujourd'hui puisque j'ai connu la maladie, j'ai connu l'errance, j'ai connu les douleurs, j'ai connu l'incompréhension, la solitude. Et tout ça, forcément, ça transforme une personne. Donc, je dirais que la Isabelle d'avant était innocente, naïve, pensait qu'en fait, par exemple, quand on avait une maladie ou des douleurs, on allait chez le médecin et puis on repartait avec un médicament, une solution, et puis au bout de quelques jours, on n'aurait plus mal. Aujourd'hui, je sais que ce n'est pas le cas pour toutes les maladies, dont notamment celle dont j'ai souffert, le SIBO.
- Speaker #0
Et quand tu as commencé à avoir des symptômes, quel était ton environnement professionnel ?
- Speaker #1
Alors, à cette époque-là, j'étais actuaire. Donc, pour ceux que ça ne parle pas trop. Donc, ce n'est pas moi,
- Speaker #0
donc n'ayez pas honte.
- Speaker #1
Exactement, c'est ça, parce que c'est un métier qui existe depuis les années 2000 environ. Donc, c'est les mathématiques de l'assurance. Je travaillais comme cadre dans un grand groupe de courtage d'assurance. Donc, je faisais des calculs, notamment des probabilités de décès au quotidien. Donc, j'estimais les retraites des personnes pour quand ils partiraient à la retraite.
- Speaker #0
D'accord. Et est-ce que c'était un métier qui était stressant ?
- Speaker #1
C'était pas forcément stressant déjà, c'est quelque chose que j'aimais beaucoup. J'ai toujours été quelqu'un qui adorait les maths, donc ça me plaisait énormément, ça ne me stressait pas, j'étais plutôt une passionnée. J'ai toujours d'ailleurs été passionnée dans tout ce que je faisais. Donc non, je pense pas que j'étais plus stressée que la moyenne ou dans un environnement plus stressant que la normale.
- Speaker #0
Tu me vois venir si je te pose cette question, c'est parce que très souvent, du coup, ce qui revient quand on commence à consulter, c'est qu'on est stressé. C'est dans la tête. etc. quand il n'y a pas de réponse du corps médical. Et donc toi, tu me dis que tu n'étais pas particulièrement stressée.
- Speaker #1
Non, je ne l'étais pas. Mais quand je suis tombée malade et que justement, je me prenais ces phrases en pleine gueule, clairement, c'est dans votre tête, va falloir vous déstresser, va falloir aller voir un psychiatre, prendre des antidépresseurs, anxiolytiques. Ça, je les ai eus, mais maintes et maintes fois. Et à force de les entendre, c'est là qu'on commence vraiment à stresser. Parce qu'en fait, on a mal. Et on se prend ces phrases en pleine figure et on commence à se dire mais est-ce que c'est moi finalement le problème ? Donc du coup le problème vient que c'est une remise en question de soi-même. Et à partir de ce moment-là où on se remet en question, on ressent de la culpabilité, voire de la honte et complètement de l'isolement.
- Speaker #0
Parce que toi quand tu as commencé à être malade, est-ce que ça a tout de suite été dans des proportions importantes ? Ou est-ce qu'au départ c'était un petit peu, tu vois, un petit signal de ton corps ? presque silencieux ?
- Speaker #1
Alors au départ, c'était un petit peu. Et puis au fil du temps, ça augmente. Au début, c'était juste des brûlures d'estomac, des reflux. Puis après, ça s'est intensifié, ça a commencé à toucher les intestins. Donc là, j'avais des ballonnements, le ventre gonflé, qui pouvait gonfler comme une femme enceinte de 8-9 mois. De plus en plus d'intolérance alimentaire, c'est-à-dire de plus en plus d'aliments que je ne tolérais pas et qui me donnaient des crises. Et puis une constipation de plus en plus importante. Donc vraiment, ça a grossi au fil du temps. Au début, c'était tenable, vivable, et à la fin, ce n'en était plus du tout, en fait.
- Speaker #0
Et tu as commencé à prendre les choses en main tout de suite, dès les premiers symptômes, ou au départ, tu t'es dit, bon, tu vois, on ne va pas toujours chez le médecin dès qu'on a un petit quelque chose. Donc, est-ce que toi, tu as pris les choses en main tout de suite ?
- Speaker #1
J'ai été plutôt rapide. Au bout de trois semaines, je consultais. C'était à cette époque-là pour mes brûlures d'estomac. Et donc, au début, je suis allée voir un médecin qui m'a envoyée vers un gastro-entérologue. Et là, on m'a fait les examens classico-classiques qu'on fait à ce moment-là, la fibroscopie. Donc, c'est un examen où on met une caméra dans l'estomac pour voir ce qui se passe. Et là, on a commencé à me trouver des choses, notamment herniatal. On m'a dit que j'avais du reflux gastro-osophagien, une osophagite et une gastrite. Donc là, je me suis dit, c'est chouette, j'ai des diagnostics. Donc du coup, on va me donner un médicament. Donc bon, allez, dans un mois, c'est terminé. C'est du passif, etc. Et pas du tout. Ça a été le début de l'enfer qui a duré de nombreuses, nombreuses, nombreuses années.
- Speaker #0
Ça a duré cinq ans, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça, cinq ans. Et ça aurait pu durer encore plus longtemps si je n'avais pas finalement pris les choses en main et moi-même trouvé les solutions pour m'en sortir.
- Speaker #0
Oui, parce que du coup, donc... Spoiler alert, ce n'était pas la gastrite et tous les autres diagnostics qu'on t'avait posés. À quel moment tu t'en rends compte ? Tu as un traitement pour ça ? J'imagine un traitement type... Enfin, on ne va pas donner des noms de médicaments, mais...
- Speaker #1
C'était des IPP, c'est dans la classe des inhibiteurs de pompe à protons qu'on donne justement quand on a des douleurs à l'estomac. C'est ça.
- Speaker #0
Le gaviscon et ceux de la même famille, c'est ça ? C'est ça. Ça ne t'a pas fait tant de bien que ça ?
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Est-ce qu'au départ, au moins, il y avait le côté un petit peu où... Ça te soulageait momentanément ou même pas ?
- Speaker #1
Alors ça m'a soulagée au niveau de l'estomac, mais ça a eu un impact sur mes intestins. C'est-à-dire que ces médicaments, on ne nous le dit pas, mais ont des effets secondaires. Et notamment constipation et en enlevant en fait, parce que ces médicaments bloquent l'acidité normale de l'estomac. Et en faisant cela, on ne peut pas digérer correctement. Et donc c'est là qu'on commence à développer des douleurs au niveau des intestins. Et donc c'est là que j'ai commencé à développer mon SIBO. Et que donc, par ricochet, en voulant soulager l'estomac, on a aggravé mes intestins.
- Speaker #0
D'accord, parce que tu penses qu'au départ, tu n'avais pas forcément un SIBO.
- Speaker #1
Je n'avais pas le SIBO. Le SIBO, il est venu de la prise des IPP et c'est démontré par les études scientifiques qu'effectivement, il y a un risque de développer un SIBO quand on prend des IPP.
- Speaker #0
Oui, tu l'expliques dans ton livre parce que du coup, tu as écrit un livre qui s'appelle « Et si c'était un SIBO ? » qui te l'a sorti aux éditions Le Duc. Tu expliques les différents moyens d'attraper un SIBO.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
On va y revenir tout à l'heure pour que tu les donnes. Et donc, c'est là que tu développes ton SIBO. Mais au départ, alors, ce que tu avais, ça aurait pu se soigner comment ?
- Speaker #1
Très bonne question. Je n'ai pas vraiment la réponse. Je ne sais pas. Parce que c'est vrai que quand on a des problèmes à l'estomac, directement, c'est les inhibiteurs de pompe à protons, les pansements gastriques, mais surtout les inhibiteurs de pompe à protons qui sont donnés. Donc, je n'ai pas vraiment la réponse parce que c'est vrai que c'est ce qui est fait actuellement dans la médecine.
- Speaker #0
Mais maintenant que toi, par exemple, tu es naturopathe, On va revenir aussi à comment tu as décidé de faire ça, mais est-ce que tu proposes aux personnes qui viennent te consulter des changements peut-être un peu plus naturels et notamment dans leur manière de s'alimenter ? On parle beaucoup de l'alimentation anti-inflammatoire. Est-ce que tu penses qu'il y a des solutions aussi qui ne sont pas dans la médecine allopathique ?
- Speaker #1
Totalement. En fait, aujourd'hui, si j'avais tout mon background d'aujourd'hui par rapport à mon métier, je n'aurais pas pris d'IPP. J'aurais pris des traitements naturels. et accompagné d'une alimentation adéquate pour empêcher justement les brûlures d'estomac et les reflux. Oui, totalement.
- Speaker #0
Et donc au moment où tu développes ton SIBO, c'est là que ton état se dégrade. Est-ce que c'est pris en compte par les médecins ? Est-ce que tu t'es sentie comprise et écoutée ?
- Speaker #1
Pas du tout. Pas du tout parce que j'ai consulté en deux ans. Donc j'ai eu vraiment deux ans d'errance où j'ai vraiment consulté massivement. J'ai dû consulter plus de 50 médecins spécialistes gastro-entérologues. Et à chaque fois, j'avais la même réponse, qui pour moi n'était pas une réponse, c'est « vous avez le syndrome de l'intestin irritable, va falloir apprendre à vivre avec » . Apprendre à vivre avec. Pour moi, c'était des mots qui n'avaient aucun sens, parce qu'on n'est pas à apprendre à vivre avec, on est dans la survie, quand on a cette maladie et ces douleurs. Et donc du coup, j'insistais. J'insistais auprès de ces médecins, et là, je me prenais en pleine face des phrases du type « Madame, vous avez l'air vraiment stressée. Madame, va falloir aller voir un psychiatre. » Madame, vous devriez prendre des anxiolytiques, des antidépresseurs. Et à force d'entendre ces phrases encore et encore, on commence à se poser des questions, à se dire mais est-ce que finalement, ce n'est pas moi le problème ? Et là, ça rajoute une douleur supplémentaire à la douleur physique qui est déjà existante. Ça va rajouter de la honte, de la culpabilité et de l'isolement. Parce qu'on se pose la question, est-ce qu'on a encore le droit finalement d'avoir mal ? Et est-ce qu'on a... encore le droit de dire qu'on a mal.
- Speaker #0
Bien sûr, parce qu'en plus de tout, on te place en actrice de ta douleur. On dit que c'est toi qui es responsable de la douleur que tu te crées.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc c'est terrible. Et est-ce que toi... Tu y croyais, au fait que c'était dans ta tête et que tu avais un syndrome de l'intestin irritable ? Et déjà, est-ce que tu en avais déjà entendu parler avant, de ce syndrome de l'intestin irritable ?
- Speaker #1
Alors, jusqu'à ce qu'on me dit ce nom, syndrome de l'intestin irritable, je n'en avais jamais entendu parler. Après, effectivement, je me suis renseignée. Et j'ai compris, en fait, rapidement que ce n'était pas réellement un diagnostic, parce que quand on m'a dit la première fois, vous avez le syndrome de l'intestin irritable, j'ai ressenti un soulagement de fou. Je me suis dit, mais ça y est ! On m'a donné le nom de ma maladie, on va me donner le médicament, je suis guérie dans pas longtemps. Mais pas du tout, parce qu'on m'a très vite dit, au bout de même pas 5 minutes, Madame, il n'y a aucun traitement pour cette maladie, ça ne se guérit pas, il faut vivre avec. Donc là, c'est la descente de 50 étages, en même pas 2 minutes. Donc je n'en avais jamais entendu parler, et j'ai rapidement, après, au fil de mes recherches, compris que ce n'était pas réellement un diagnostic. Mais c'était un fourre-tout, c'est-à-dire que quand on va voir un médecin et qu'on lui dit j'ai mal, j'ai des douleurs digestives, et que tous les examens classico-classiques qu'on fait reviennent normaux, là on met l'étiquette, on nous met dans ce fourre-tout de vous avez le syndrome de l'intestin irritable. Et donc la personne, elle, croit que c'est un diagnostic, mais en réalité ce n'est pas du tout un diagnostic, c'est une étiquette. Et justement aussi, au fil de mes recherches, et c'est ça qui m'a sauvée, c'est qu'il y a des études qui disent que jusqu'à 84% Des personnes qui ont un syndrome de l'intestin irritable ont en réalité un SIBO. C'est-à-dire plus de 8 personnes sur 10. C'est énorme.
- Speaker #0
Parce qu'en fait, le syndrome de l'intestin irritable, pour que les personnes qui nous écoutent comprennent bien, c'est un peu ce que les médecins te disent quand ils ne savent pas ce que tu as, pour arrêter les recherches finalement, arrêter d'investiguer.
- Speaker #1
Exactement, c'est ça. C'est « on a mal » , « vous avez mal madame » , « vous avez mal monsieur » . Mais en fait, tous les examens qu'on vous a faits sont normaux. Donc, en fait, voilà, je vous mets dans cette catégorie. Parce qu'il n'y a pas un examen qui montre qu'on a le syndrome de l'intestin irritable. C'est vraiment par étiquette et par élimination, en fait, qu'on donne ce diagnostic.
- Speaker #0
C'est on ne trouve rien d'autre. Donc, vous avez ça. Et quand tu te penches dans des recherches, etc., est-ce que tu t'y penches tout de suite ? Ou est-ce que c'est parce que toi, ça s'est détérioré jusqu'à ce que tu l'expliques dans le livre ? Tu ne pèses plus que 27 kilos et tu manges 4 aliments, il y avait 4 aliments que tu tolérais.
- Speaker #1
3.
- Speaker #0
Ah oui, 3. C'est même 3. C'était carottes,
- Speaker #1
blanc de poulet et... Carottes cuites, filet de poulet sans pot et de l'huile. C'était les seuls 3 aliments, au bout de 2 ans d'errance, que je tolérais et qui ne me tordaient pas de douleur après. Parce qu'au fil du temps, qu'est-ce qu'on a comme solution vu que personne ne nous en donne ? Et bien en fait, c'est la seule solution, c'est d'enlever les aliments qui nous font mal. Donc au fur et à mesure j'ai enlevé tout ce qui me faisait mal Et j'ai atteint malheureusement ce qui devait arriver Un poids catastrophique de 27 kilos Et j'ai clairement frôlé la mort Puisqu'à 27 kilos ça a duré que quelques jours Deux jours plus exactement Et au bout du deuxième jour je finissais hospitalisée d'urgence Renutrie par sonde gastrique Pour me faire gagner des kilos vitaux Pour pas que je meure
- Speaker #0
Et à ce moment là toi est-ce que tu te dis que tu vas en mourir ?
- Speaker #1
Oui Merci. Sur mon lit d'hôpital, je me suis vraiment dit que j'allais en mourir. J'ai ressenti que là, j'étais à un tournant de ma vie, entre la mort et la vie. Et ce qui est dingue, c'est que quand j'étais hospitalisée, donc quasiment en train de crever, j'ai eu le déclic, le vrai déclic, à me dire, ça fait deux ans que tu es en train d'errer, ça fait deux ans que tu espères avoir une solution qu'on te donne, ça fait deux ans finalement qu'on te permet de survivre, mais en fait, au final, il n'y a que toi. qui peut te sauver. Et si moi, je ne me sauve pas, je vais mourir. Et en fait, cette pensée ne m'a pas lâchée. Et sur mon lit d'hôpital, je me suis faite deux promesses. La première promesse, c'est de me battre. De me battre seule, à trouver moi-même la solution, et de guérir. De ne pas lâcher jusqu'à ce que je guérisse. Et la deuxième promesse que je me suis faite, c'est si je guéris, si je m'en sors, je consacrerai ma vie et ma mission de vie sera d'aider les autres à s'en sortir aussi. Et finalement, j'ai réussi.
- Speaker #0
Ouais, bravo.
- Speaker #1
Je n'ai pas lâché et j'ai réussi puisque ça fait maintenant neuf ans que j'ai guéri.
- Speaker #0
Et que tu accompagnes quotidiennement d'autres personnes qui sont dans cette errance et dans cette solitude.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Parce que c'est ça aussi, c'est qu'on en parlait un petit peu juste avant, c'est aussi très difficile quand les médecins mettent l'étiquette et disent que c'est dans la tête. C'est difficile que l'entourage prenne en considération les douleurs et la maladie parce que toi en plus, là où tu appartiens, pas eu de chance dans ton parcours, c'est que tu as pu connaître des troubles du comportement alimentaire. dans ta jeunesse. Et donc, comme l'un des symptômes principaux du SIBO, en tout cas le symptôme le plus visible, c'était ton immense perte de poids, ton entourage avait tendance à penser que c'était l'anorexie qui était de retour.
- Speaker #1
Exactement. On m'a remis ça tout le temps sur le tapis. Puisqu'en fait, le symptôme le plus visible, c'était évidemment le physique, le poids que je perdais, puisque je mangeais de moins en moins. Donc on me disait, mais il faut que tu manges, Isabelle. T'es en train de repartir dans l'anorexie, etc. Alors que ça faisait énormément d'années que je ne l'étais plus. Mais ils se sont dit que c'était une rechute. Alors qu'en fait, je disais la différence, et je leur disais tout le temps cette phrase. La différence, c'est qu'avant, quand j'étais anorexique, je ne voulais pas manger. Là, c'est que je ne peux pas manger. Mais ils n'entendaient pas cette différence. Et c'est vrai que quand ils nous voient souffrir, l'entourage, ils nous disent tout le temps cette phrase. Mais pourquoi tu ne vas pas consulter ? Pourquoi tu ne vas pas voir un médecin ? Pourquoi tu as encore mal au ventre ? Parce qu'ils ne comprennent pas qu'on a beau consulter, on n'a pas la réponse.
- Speaker #0
Oui, les médecins étaient impuissants dans ton cas.
- Speaker #1
Exactement, c'est ça.
- Speaker #0
Et donc, dans tes recherches, quand on t'a diagnostiqué un syndrome de l'intestin irritable, est-ce que rapidement, tu tombes sur le SIBO et tu te dis que c'est peut-être pas ça et tu as envie de creuser ?
- Speaker #1
Alors, en fait, ça a été plus compliqué que ça. Au départ, quand je suis sortie de l'hôpital, j'avais vraiment cette mission de ne pas lâcher, de vraiment chercher par moi-même. Donc, j'ai vraiment épluché des milliers et des milliers d'études scientifiques qui parlaient du syndrome de l'intestin irritable. puisque c'est ce qu'on m'avait dit dont je souffrais. J'ai aussi lu plus de 50 ouvrages sur le sujet. Et puis, j'ai aussi échangé avec des spécialistes à l'étranger, notamment aux États-Unis, parce que j'ai très vite compris que c'était là-bas que j'aurais certainement ma solution, parce qu'ils avaient plus de 10 à 15 ans d'écart et d'avancée par rapport à la France. Et en fait, au fil de mes recherches, j'ai eu la chance de pouvoir parler avec un des auteurs américains reconnus qui avait écrit un ouvrage. Et là, il me dit cette phrase. Alors que je lui explique tout mon parcours, tous mes symptômes, il me dit « et si c'était un SIBO ? » Et c'est d'ailleurs le titre de mon livre. Parce que cette phrase, en fait, « et si c'était un SIBO ? » , elle m'a sauvée.
- Speaker #0
Elle a changé ta vie.
- Speaker #1
Elle a changé ma vie. Et donc du coup, c'est pour ça, logiquement, que j'ai écrit ce livre « et si c'était un SIBO ? » Parce que n'importe qui qui a des douleurs digestives, qui l'ait eu un diagnostic, il n'en a pas eu, il doit se poser cette question. « Et si c'était un SIBO ? »
- Speaker #0
Et quand tu te dis que c'est peut-être un SIBO ? Déjà, est-ce que tu en parles à des médecins ?
- Speaker #1
Oui, j'en parle à des médecins et à chaque fois, on me répond « un quoi ? » Et là, je me dis « ok » . Donc là, je leur explique tout ce que j'ai appris, puisque moi, je continuais ensuite à chercher dans les études scientifiques, maintenant sur le SIBO. C'est-à-dire vraiment, j'avais laissé de côté le syndrome de l'intestin irritable et je suis partie sur le SIBO. Et d'ailleurs, c'est à ce moment-là que j'ai compris le lien qu'il y avait entre les deux maladies, puisque j'ai trouvé plein d'études qui parlaient du lien de 84% des personnes qui ont le syndrome de l'intestin irritable ont un SIBO. Et donc du coup, effectivement, je vais voir des médecins, je leur parle que je pense que j'ai un SIBO et à chaque fois, on me répond un quoi. Et là, je pars en explication sur ce qu'est le SIBO, sur pourquoi je pense que c'est le SIBO, sur le test respiratoire qu'il faut qu'ils me fassent passer et qu'en France, malheureusement, soit ils ne sont pas équipés, soit ils sont mal équipés pour réaliser les tests du SIBO.
- Speaker #0
Parce que le SIBO, du coup, pour l'expliquer aux personnes qui nous écoutent, je l'ai appris moi dans ton livre, c'est super bien expliqué. Tu expliques... qu'en fait, ce sont des bonnes bactéries, mais qui sont dans l'intestin grêle, alors qu'il ne devrait pas y en avoir à cet endroit-là. Et donc, du coup, qui crée toute la suite de problèmes qui sont listés dans ton livre et dont toi, tu as pu souffrir.
- Speaker #1
C'est ça. En fait, quand les médecins font des examens, ils regardent tout le temps le côlon. Et c'est pour ça qu'ils ne trouvent rien. Ils ne trouvent pas le SIBO, puisque déjà, cette maladie est méconnue, mais en plus, ils ne regardent pas dans le bon organe, en fait.
- Speaker #0
Il n'est pas connu ? ce test respiratoire quand on parle que te disent les médecins est-ce que déjà parce que pas tous les médecins aiment bien qu'on leur apprenne des choses est-ce que déjà quand tu leur parles du SIBO et que tu leur expliques ce que c'est est-ce que c'est bien un accueil ça dépend des personnes il y en a où ils n'écoutent pas et il y en a d'autres qui vont être curieux ils vont dire ah c'est très intéressant je ne connaissais pas puis
- Speaker #1
après Alors que c'est moi qui leur ai enseigné. C'est assez comique. Donc, je me souviens de beaucoup de rendez-vous comme ça. J'ai passé les 15 minutes de consultation à leur expliquer ce qu'était le SIBO. Et à la fin, c'est bon, alors ça coûte autant. Merci de faire le chèque.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Donc, il y avait de tout. Mais la plupart, effectivement, enfin, même tous, ne connaissaient pas. En fait, il faut savoir que je suis la première Française à avoir parlé du SIBO. Aujourd'hui, on commence à en parler. J'espère que ma voix, justement... joue sur ça et que les choses bougent. Mais ce n'est pas encore ça du tout.
- Speaker #0
Toi, en plus, ce que tu expliques dans ton livre, c'est que le test du SIBO, il ne faut pas non seulement le faire, mais il faut bien le faire. On ne va pas le développer ici, mais il y a tout un protocole que tu as pu développer par la suite. Mais toi, avant de pouvoir avoir un test positif au SIBO, tu en as eu plusieurs qui étaient négatifs.
- Speaker #1
C'est ça. Alors, j'ai vraiment galéré, c'est-à-dire à partir du moment où j'ai ressenti, mais vraiment au plus profond de mon être, Quand on m'avait dit « et si c'était un SIBO ? » Eh bien, je souffrais d'un SIBO. Il a fallu que je me batte pour trouver un endroit où je puisse faire un bon test du SIBO. Au début, je me suis dit « il faut juste que je trouve un endroit où je peux faire le test » . Mais ce que je ne savais pas, c'est que j'allais faire un test qui allait être mauvais et qui allait être faux et qui allait encore me faire galérer et errer pendant deux ans supplémentaires. Et c'est quand j'ai continué mes recherches... et que je voyais que ça n'allait pas mieux pour moi, que je me suis dit, il y a quelque chose qui ne va pas, il faut creuser. Et c'est là que j'ai compris, en lisant les études scientifiques, qu'il y avait vraiment un vrai protocole hyper précis qui n'était pas bien mis en œuvre, et même dans des hôpitaux en France, en fait.
- Speaker #0
Et donc, quand tu as ce diagnostic du SIBO, tu avais en même temps engrangé énormément de connaissances en lisant beaucoup d'études. Quelle est ta réaction ? Est-ce que tu te dis, enfin, je sais ce que j'ai, je vais pouvoir... Mettre en place un protocole et m'en sortir, quelle est ta réaction ?
- Speaker #1
Alors, quand j'ai vu mon test SIBO positif, ça a été le plus beau jour de ma vie, clairement. Je l'ai même accroché sur le réfrigérateur parce que ça a réparé toute la partie de moi qu'on avait dit pendant des années que c'était dans ma tête. Là, j'avais la preuve scientifique que ce n'était pas dans ma tête et que j'avais eu raison de me battre. Et donc du coup, ça a été une délivrance pour moi. Et effectivement, j'avais tellement lu d'études, tout co-atteigné, engrangé énormément d'informations, que je me sentais prête pour pouvoir justement m'en sortir par moi-même. Et effectivement, je me suis guérie par moi-même. Et j'ai reconstruit pas à pas toute ma santé.
- Speaker #0
Et donc là, est-ce que quand tu... On ne va pas en parler de ce que tu as mis en place, parce que ce serait effectivement un peu dangereux pour les personnes qui nous écoutent. Et il vaut mieux toujours prendre une consultation, notamment. Aujourd'hui, toi, tu es naturopathe et tu suis des personnes qui ont un SIBO pour leur aider à justement se refaire une santé comme toi, c'est ça ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai des programmes en ligne qui partagent vraiment le chemin exact que j'ai moi-même suivi pour réaliser correctement mon test du SIBO, en enlevant toutes les erreurs qu'il ne faut pas commettre et en donnant les bonnes solutions. Et aussi, je partage dans mon programme Vaincre son SIBO tout le chemin de A jusqu'à Z qui m'a permis d'éradiquer mon SIBO. Voilà.
- Speaker #0
Ok. Et est-ce que le SIBO, imagine, quelqu'un qui fait partie des 84%, à qui on dit qu'il a un syndrome de l'intestin irritable, mais qui a en réalité un SIBO, alors il va toujours vivre avec son SIBO ?
- Speaker #1
Non, j'en suis la preuve.
- Speaker #0
Oui, mais s'il ne se diagnostique pas, quelqu'un qui est moins renseigné et qui se contente de cette étiquette qu'on lui pose ?
- Speaker #1
Oui, il vivra toute sa vie avec un SIBO. Je vais donner une petite anecdote réelle. Il y a une personne, donc c'était environ il y a six mois, qui m'a contactée. plus de 80 ans, donc une dame de plus de 80 ans qui m'a dit écoutez, en fait, grâce à vous, je viens d'apprendre que j'avais un SIBO. Et toute ma vie, je n'ai pas eu de vie, je n'ai pas eu d'enfant, pas de conjoint, rien, malade. Depuis mes 25 ans environ, elle m'avait dit alors 24 ou 25, je ne sais plus. Et on lui avait dit qu'elle avait une colopathie fonctionnelle, parce qu'à l'époque, c'était le terme qu'on employait. Aujourd'hui, c'est plus le terme syndrome de l'intestin irritable ou colon irritable, mais à l'époque, c'était colopathie fonctionnelle. Et elle m'a dit, toute ma vie, on m'a dit que j'étais trop stressée. Je suis allée voir maintes et maintes psys. J'ai pris des antidépresseurs. Mais j'ai vécu une mauvaise vie. Et je viens juste d'apprendre maintenant que j'ai un SIBO à plus de 80 ans.
- Speaker #0
C'est terrible la pauvre.
- Speaker #1
Ça m'a hantée et choquée pendant longtemps.
- Speaker #0
La pauvre, elle aurait pu avoir une vie tellement plus douce.
- Speaker #1
Mais complètement.
- Speaker #0
Si elle avait été écoutée et si elle avait pu mettre le doigt sur ce qu'elle avait. Et si on vit avec un SIBO toute sa vie ? Parce qu'on n'investit pas sans vouloir culpabiliser et remettre la faute sur les malades, le fait de devoir se diagnostiquer eux-mêmes. Mais bon, tristement, parfois c'est ce qu'il faut faire, là tu en es la preuve. Quelle est l'issue possible ? C'est impossible que ça s'en aille tout seul.
- Speaker #1
Impossible. Impossible et même pire puisque le SIBO s'aggrave. Donc on va avoir de plus en plus de douleurs, de plus en plus d'intolérances alimentaires et on va faire des boucles sur son alimentation, à essayer de calmer les crises. à essayer de chercher l'aliment qui est coupable, mais il n'y a pas d'aliment coupable. Parce que moi, quand j'ai guéri, j'ai pu tout réintroduire, en fait. Et aujourd'hui, je mange de tout et je n'ai plus de douleur, alors que j'avais fini avec trois aliments.
- Speaker #0
Et à quel moment tu commences à ressentir des effets positifs de ce que tu mets en place quand tu as un diagnostic de SIBO ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai mis six mois pour éradiquer mon SIBO. Six mois, sachant que j'avais déjà mis des années pour trouver la solution. C'est-à-dire, vraiment, j'ai passé vraiment... des années complètes, matin, midi, soir et même parfois la nuit, parce que j'avais du mal à dormir à cause des douleurs, à chercher, chercher, je ne faisais que ça, chercher, chercher. Donc j'ai mis six mois pour éradiquer mon SIBO et ce n'est que quand j'ai éradiqué mon SIBO que là j'ai senti, ça y est là, tu vas pouvoir remanger d'autres choses.
- Speaker #0
Pendant toute cette période où tu étais malade, comment se passe ta vie en entreprise ?
- Speaker #1
Oula, gros sujet. Alors il faut savoir que la maladie, clairement, elle détruit toute une vie. C'est-à-dire qu'au début, c'est des douleurs. des douleurs physiques, mais en réalité, ça va toucher tous les paramètres d'une vie. Le social, le professionnel, ça m'a aussi transformée intérieurement, extérieurement, complètement tout, tous les champs. Donc au niveau professionnel, très rapidement, j'ai senti des difficultés à gérer mon quotidien, mes douleurs et la vie pro. C'est dur de garder le rythme, sachant qu'il y a les problèmes de transit. Donc on passe la majeure partie de sa journée à faire des allers-retours aux toilettes. Et puis aussi après les repas, les ballonnements, le ventre gonflé, donc il faut rapidement déboutonner son pantalon. Ça on ne peut pas le faire quand on est en réunion. Donc moi j'ai été deux ans en arrêt maladie et mon arrêt maladie a commencé à partir du moment où j'ai fait un malaise vagal pendant une réunion. Puisque je n'avais pas pu déboutonner mon pantalon. Donc effectivement, il y a le côté professionnel qui est anéanti. Et il y a aussi le côté social. Le côté social parce qu'on ne peut plus rapidement aller au restaurant. Parce qu'on a trop peur d'avoir mal en fait. Et qu'au restaurant, on ne maîtrise pas les aliments qui sont donnés, forcément. Et puis quand on est invité par des personnes chez eux, rapidement, moi j'ai compris qu'il fallait que j'amène mon Tupperware. Parce que demander, oui, est-ce que vous pouvez faire attention de ne pas mettre d'ail, d'oignon ? de gluten, de produits laitiers, et puis la liste elle sera allongée, on ne peut pas imposer ça aux gens. Donc du coup j'ai amené mes tupperware, et là il y avait le regard des gens. Avec mon tupperware je me sentais vraiment tellement mal, culpabilité à fond, isolement, etc. que très vite j'ai décidé de ne plus amener mon tupperware, donc de ne plus aller chez les gens pour manger. Donc la vie sociale est impactée, sans parler évidemment du regard des gens qui vont toujours poser la question de « mais t'as encore mal au ventre ? » T'es toujours avec tes problèmes, mais tu vas pas consulter. Et là, on se prend un boomerang aussi dans la tête. Ce qui est très compliqué, c'est qu'on n'est plus sur des douleurs physiques. Il y a les douleurs physiques, ça c'est la base, mais il y a tout un panel d'autres choses qu'on ressent. Culpabilité, honte, isolement. Et puis aussi, ça va commencer à impacter la tête. Parce qu'au début, on n'est pas stressé, mais on nous dit tout le temps qu'on est stressé. Mais au finalité, on va le devenir. parce que qui ne deviendrait pas stressé à vivre cette errance ? Donc effectivement, on devient stressé, voire anxiété, voire même limite dépression parce qu'on a hyper mal. On nous dit d'apprendre à vivre avec, ce qui est impossible puisqu'on subit notre vie, on subit nos douleurs et on commence à avoir des idées noires, à se dire comment on va s'en sortir.
- Speaker #0
De toute façon, la douleur physique, comme tu le disais, c'est isolant, mais ça tape forcément sur le système nerveux, sur le moral.
- Speaker #1
Exactement. Et en plus, sans parler de l'axe intestin-cerveau.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Donc il y a ce paramètre aussi qui rentre en jeu.
- Speaker #0
Bien sûr. D'ailleurs, on dit beaucoup que c'est notre deuxième cerveau.
- Speaker #1
Exactement, c'est ça.
- Speaker #0
Et donc là, toi, au moment de ta vie, quand tu guéris de ton SIBO ou tu avais tenu ta première promesse que tu t'étais faite sur ton lit d'hôpital, à savoir de rien lâcher et guérir, donc déjà, bravo pour ça parce que tu t'es vraiment battue contre vents et marées. Et restait ta seconde promesse qui était d'aider les autres à s'en sortir. Comment tu souhaites le mettre en place au départ ?
- Speaker #1
Au départ, j'ai pour mission de ne pas... Quand je guéris, ça va te paraître peut-être bizarre, mais en fait, je tiens un site internet qui, au départ, s'appelait « Vivre avec un colon malade » , puisqu'on me disait qu'il fallait que je vive avec mon colon malade et qu'aujourd'hui, il s'appelle « Santé Digestion » . Je l'ai changé le nom quand j'ai guéri, puisque j'ai compris, j'ai fait le switch, j'ai compris que je ne devais pas vivre avec, mais j'avais guéri. Et au départ, en fait, j'avais pour mission quand... j'ai guéri, j'en pouvais tellement plus des douleurs, j'avais tellement vécu l'enfer que je ne voulais plus du tout entendre parler de tout ça et je m'étais dit bon je vais le laisser mourir mon site alors même qu'il avait énormément énormément de visibilité et puis après j'ai enchaîné puisque je suis tombée enceinte ce qui est magnifique parce que pendant que j'étais malade je n'arrivais pas du tout à tomber enceinte et quelques mois après avoir guéri je suis tombée enceinte et donc là je me suis mise Merci. pleinement dans ma grossesse et puis après la naissance de ma fille. Et puis après, rapidement, je me suis posé la question « Est-ce que tu reprends ton ancien métier ? » Et j'avais énormément de demandes de personnes qui m'avaient suivie tout le long, qui me découvraient et qui me demandaient de les aider.
- Speaker #0
et comment j'avais fait pour m'en sortir. Et puis, je me suis vite, rapidement posé la question et je me suis dit, mais ça n'a pas de sens. Ça n'a aucun sens de repartir à ton ancien métier, sachant que je m'étais faite cette promesse. Et donc, du coup, j'ai démissionné de mon ancien métier et je suis devenue naturopathe en suivant une formation, évidemment, de naturopathie, entre-temps.
- Speaker #1
Génial. Et donc, aujourd'hui, c'est ce que tu fais au quotidien, tu es naturopathe, mais spécialisée vraiment dans les troubles digestifs.
- Speaker #0
Exactement, c'est ça.
- Speaker #1
Et comment tu te sens aujourd'hui de te dire que tu as tenu et réalisé les deux promesses que tu t'es faites ? Il y a une part qui est fière d'elle,
- Speaker #0
et puis aussi je suis très heureuse. C'est-à-dire, j'ai le sentiment que la maladie m'a déconstruit, mais que la guérison m'a reconstruit et en mille fois meilleure. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, je suis une personne beaucoup plus douce, beaucoup plus libre, beaucoup plus alignée avec ce que je fais et ce que je vis. Avant, j'étais une personne... plutôt dans la logique, c'est-à-dire 1 plus 1 égale 2, et pas autre chose. Aujourd'hui, pour moi, 1 plus 1, ça peut être 2, 3, 4, 20, 50, parce que chaque personne, en fait, a sa vérité, son ressenti. Par exemple, il y avait... Enfin, aujourd'hui, il y a une personne qui va me dire « Je me sens pas bien » , alors que tout, normalement, dans l'environnement, fait qu'elle devrait se sentir bien. Je vais la croire. Je vais la croire parce que, pour cette personne, c'est vrai. Donc pour moi aussi c'est vrai. J'étais avant quelqu'un qui avait besoin de comprendre, aujourd'hui j'ai vraiment besoin de ressentir. C'est-à-dire que dans chaque regard, dans chaque silence, dans chaque souffle, je vais ressentir les choses. Donc ça m'a apporté finalement énormément de choses, cette expérience, même si en fait elle était douloureuse à vivre, même horriblement douloureuse. Je ne la souhaite à personne, mais elle m'a fait grandir et elle m'a fait devenir une personne mille fois mieux.
- Speaker #1
Et toi, tu le dis, tu as été la première personne en France qui a commencé à parler du SIBO. Aujourd'hui, maintenant que tu accompagnes beaucoup de personnes et que tu les vois, j'imagine au moment où ils ont eu un petit peu, ils sont arrivés au bout de ce que pouvaient les médecins pour eux et que les diagnostics n'ont pas toujours été posés, est-ce que tu as quand même l'impression que les médecins l'envisagent davantage avec les gens qui viennent te voir ? Est-ce que ça leur a été proposé ? Ou est-ce que tu as toujours l'impression qu'on parle facilement de syndrome de l'intestin irritable ?
- Speaker #0
On parle toujours facilement du syndrome de l'intestin irritable. Après, le SIBO est un mot beaucoup plus connu que quand moi j'en ai parlé, puisque personne n'en parlait en France, quand moi j'en ai parlé. Donc quand on dit SIBO, il y a quelques médecins qui comprennent ce que c'est, mais il est totalement mal pris en charge, que ce soit dans le diagnostic, dans les tests qui sont réalisés et encore plus dans les traitements qui sont proposés. Donc il y a encore beaucoup de chemin à faire. Donc effectivement, il y a encore beaucoup, beaucoup de personnes qui sont en errance. Et cette errance, elle peut durer des années, voire toute une vie, encore aujourd'hui.
- Speaker #1
Les personnes qui viennent te voir, qu'est-ce qu'ils te disent en général ? Quel est le point commun de tous ces parcours qui viennent juste frapper à ta porte ?
- Speaker #0
Alors déjà, ils se reconnaissent dans les symptômes que je décris, que j'ai vécu aussi. Ça, c'est clair. Et aussi, c'est la même errance, la même solitude, le même isolement. La même culpabilité, la même honte, exactement les mêmes sentiments que moi j'ai ressentis, la même errance aussi.
- Speaker #1
Et est-ce que toi, tu penses que le fait de l'avoir vécu, ça te rend plus empathique et légitime pour les accompagner ?
- Speaker #0
Totalement. Je pense que personne, même si on essaye de se mettre à la place d'une personne qui souffre et qui connaît cette maladie et ces douleurs, personne qui ne l'a pas vécu dans sa chair ne peut vraiment la comprendre.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, toi, tu es maman, tu as plusieurs filles, mais tes filles ne t'ont pas connue au moment où tu étais malade. Est-ce que tu leur en parles, de ce combat qui a été le tien ?
- Speaker #0
Alors, je ne leur en parlais pas jusqu'à ce que j'écrive mon livre. Quand j'ai commencé à écrire mon livre, là, elles me demandaient « Maman, qu'est-ce que tu fais ? » Voilà, parce que ça a pris nombreux mois pour l'écrire. Et c'est là que j'ai commencé à leur en parler, mais avec des mots d'enfant. C'est-à-dire que je ne vais pas leur dire que j'ai frôlé la mort ou des choses comme ça. Je leur ai dit « Maman, elle a eu des problèmes au niveau des intestins » .
- Speaker #1
Est-ce que tu as l'impression que les maladies intestinales sont genrées ? Est-ce que tu as l'impression que ça touche plutôt les femmes que les hommes ou pas ?
- Speaker #0
Oui, alors cette maladie touche plus en proportion les femmes que les hommes. Donc effectivement, il y a plus de femmes qui vont être touchées. Et par rapport à la prise en charge, je pense aussi, pour l'avoir vécu, qu'un homme est plus écouté lors d'une consultation qu'une femme. C'est-à-dire que moi, j'avais très vite compris qu'il fallait que je me fasse accompagner par un homme pour avoir une écoute plus active. C'est-à-dire que j'ai eu des rendez-vous, et pas qu'un seul, pas un, pas deux, nombreux rendez-vous. où en fait, je savais que mon temps était limité. Ça faisait des mois, souvent, que j'attendais ce rendez-vous parce que c'était des spécialistes. Il y a une attente pour avoir les rendez-vous. Donc du coup, je mettais beaucoup, beaucoup d'espoir dans ces rendez-vous. J'arrive et la personne, je commence à lui expliquer. J'ai le sourire, il me rit quasiment au nez.
- Speaker #1
Est-ce que tu penses qu'il y a aussi le fait qu'il y a un tabou autour des troubles digestifs pour les femmes, que les femmes osent beaucoup moins en parler, que c'est quelque chose qui est encore... malheureusement trop qualifiée de gênant et qui rend l'isolement encore plus grand.
- Speaker #0
Mais totalement. Parce que cette maladie, ça va être quoi ? Ça va être des flatulences, des paix, ça va être des troubles du transit, constipation, diarrhée, avoir des crises où on doit courir aux toilettes. C'est la gênance, en fait. Donc, effectivement, on va tout faire, surtout les femmes, pour le cacher.
- Speaker #1
Ce qui aggrave en plus, j'imagine...
- Speaker #0
La solitude.
- Speaker #1
Oui. Et même, est-ce que tu as remarqué que le fait d'avoir honte d'en parler, c'était même parfois... Ça retardait le fait d'aller voir un médecin ?
- Speaker #0
Oui. En fait, à force, on se tait. On se tait parce qu'on comprend qu'en fait, de toutes les manières, on n'aura pas l'écoute qu'on mérite d'avoir. Et il y a un truc très moche, c'est que beaucoup de fois, c'est horrible ce que je vais dire, mais beaucoup de fois, je me suis dit, mais j'aimerais tellement avoir une vraie maladie, type un cancer, parce que là, au moins, on me dirait, oh ma pauvre, franchement, j'aurais quelqu'un qui me dirait, oh ma pauvre, là, j'ai été jugée. Comme si, en fait, c'était moi la coupable.
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Alors qu'en fait... Je méritais, hein. Oh, ma pauvre.
- Speaker #1
Bien sûr. Mais c'est vrai que ça fait beaucoup de mal que de dire que c'est dans la tête des gens. Parce que du coup, tu places les personnes comme responsables de leur mal-être, finalement. Oui. Donc c'est terrible.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Et est-ce que tu penses que ça fera de toi aussi une mère plus empathique, mais c'est pas forcément le mot approprié, mais en tout cas plus tournée vers le champ des possibles ? Tu vois, si une de tes filles a quelque chose et qu'on nie leur douleur, est-ce que tu penses que ça va... te déclencher davantage que peut-être que ce que ça l'aurait fait si tu n'étais pas passée par là ?
- Speaker #0
Ça, c'est une certitude. Ouais, c'est une certitude. Parce que même, par exemple, une de mes filles, sans être malade, peut me dire « Maman, je ressens ça » . Avant, je pense que je lui aurais dit « Mais non, il n'y a pas de raison » , etc. Là, je lui dis « Ok, tu ressens ça, explique-moi » . Et j'essaye de comprendre. Parce que je me dis « Si elle me dit ça, c'est qu'il y a une raison. » Donc, pour elle, c'est vrai. Donc, il y a de quoi écouter et la comprendre et solutionner le problème. Oui. Donc ça a complètement changé mon regard sur les émotions des autres, le ressenti des autres, parce que tout ressenti finalement est bon à prendre. Si la personne dit quelque chose, c'est qu'elle le ressent. Et donc c'est une vérité, sa vérité.
- Speaker #1
Écoute, c'était passionnant, je te remercie beaucoup. Je vous recommande de suivre Isabelle si vous êtes concerné par un trouble digestif, voire d'acheter son livre « Et si c'était un SIBO » pour pouvoir aller plus loin. dans votre diagnostic et notamment pour comprendre comment bien faire le test. Merci beaucoup Isabelle.
- Speaker #0
Merci beaucoup Pauline.
- Speaker #1
À bientôt.
- Speaker #0
À très bientôt.
- Speaker #1
Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.