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EP 86 Khalissa Daroui: de notaire à créatrice éthique: retour à soi en changeant de vie, cover
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Virage

EP 86 Khalissa Daroui: de notaire à créatrice éthique: retour à soi en changeant de vie,

EP 86 Khalissa Daroui: de notaire à créatrice éthique: retour à soi en changeant de vie,

47min |11/12/2025
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Description

Khalissa était notaire. Elle a exploré ce métier sous toutes ses coutures : le droit de la famille, l’immobilier des particuliers, jusqu’aux opérations immobilières les plus complexes.

Elle a commencé ce travail avec passion. Mais peu à peu, la charge considérable, la pression des clients et le rythme effréné des signatures ont étouffé ce plaisir.

Petit à petit, sa carrière a fini par la dévorer, au point qu’un jour, elle réalise qu’elle ne se reconnaît plus vraiment.


Pourtant, une artiste a toujours sommeillé en elle. Sur son temps libre, Khalissa était déjà artiste peintre.

Un jour, alors qu’elle se sent au bord du burn-out, elle s’interroge : que ferait-elle pour renouer avec celle qu’elle est vraiment ?


La réponse, elle l’avait depuis longtemps. Depuis qu’elle constatait qu’elle ne trouvait pas de vêtements qui lui correspondent : des pièces pensées pour la diversité des corps, fabriquées avec des matières qui ont du sens, dans des conditions respectueuses.

C’est à ce moment-là qu’elle réveille l’artiste en elle et imagine une marque qui lui ressemble : Dalika.

Une marque 100 % dessinée et fabriquée en France, qui ne travaille que des matières nobles et délivre un merveilleux message en rendant un hommage discret à ses racines.


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Pour suivre les coulisses du podcast n'hésitez pas à me suivre sur Instagram: Pauline_virage!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Calissa. Bonjour Pauline. Comment ça va ? Très bien, merci. Écoute,

  • Speaker #0

    je suis super contente parce qu'aujourd'hui j'ai la chance de recevoir une amie à mon micro. On vient du notariat, toutes les deux, on s'est rencontrées dans le cadre de nos études de notaire. On n'a pas exercé dans la même étude mais on s'est suivi vraiment de près, on a souvent eu des dossiers ensemble, etc. On va y venir. Et puis t'as fait comme moi.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit en fait, vraiment maintenant que j'en ai bavé, que j'ai fini tous mes diplômes et que ça y est, je suis enfin notaire ? Si,

  • Speaker #0

    je partais !

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu as lancé ta marque qui s'appelle Delica, qui est magnifique. Maintenant,

  • Speaker #0

    on va parler qu'il y a une marque qui te ressemble, qui est créée avec des belles matières. Tu en avais un peu marre de voir les compos 100% polyester, etc. Donc toi, c'est vraiment de la laine principalement que tu travailles ?

  • Speaker #1

    Entièrement.

  • Speaker #0

    Super, on va... on va y venir. Du coup, est-ce que tu peux me parler un petit peu ? On va commencer par discuter du notariat et puis voilà, partager nos expériences aussi ensemble. Est-ce que tu peux me dire déjà pourquoi tu as eu envie d'être notaire à la base ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, je suis ravie d'être avec toi. Je tiens à le dire ici. Qu'est-ce qui m'a donné envie de faire du notariat ? Alors je pense que c'est un choix qui a été assez mathématique dans la réflexion. J'avais envie à l'origine d'être avocate. Tout simplement parce que j'étais pas très bonne en maths ni en physique chimie. Et donc je me suis dirigée naturellement vers le droit. Et en fait, ma mère, à l'époque, je sais pas si c'est quelque chose que tu savais, était claire de notaire. Évidemment, à la retraite, lorsqu'elle m'a parlé de ce métier passé, les choses avaient bien changé. Et c'est tout naturellement comme ça que je me suis dirigée vers le notariat, sur les conseils de ma mère, finalement.

  • Speaker #0

    Ok. T'avais pu faire des stages, etc. et voir comment ça se passait ?

  • Speaker #1

    Alors. aucun. Je me suis lancée vraiment dans...

  • Speaker #0

    À l'aveugle.

  • Speaker #1

    À l'aveugle, directement après le bac en plus. À l'époque, j'avais fait une école privée. Je ne suis même pas passée par la fac.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je me souviens, toi, en fait, aujourd'hui, c'est supprimé. Donc, pour les personnes qui nous écoutent, le parcours n'est plus possible. Mais à l'époque, tu pouvais passer le diplôme de premier clair. C'est ça. Et ensuite, passer la passerelle pour passer le concours de notaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui fait que, quand on s'est rencontrés... tu avais plus de connaissances dans le notariat pur. C'est ça. Parce que quand on vient du droit, en fait, on a un cursus qui est quand même généraliste. Donc, tout ce qui est droit constitutionnel, etc., qui est en surprise, on n'exploite plus dans le notariat. Alors que toi, tu étais tout de suite rentrée dans le vif de ce sujet, dans tes éludes, etc. Et donc, voilà. Et nous, on s'est rencontrées, du coup, à l'issue de, moi, mon Master 2, et toi, quand tu avais validé le concours d'entrée de l'école de notaire, et du coup, moi aussi. C'est ça. on a eu ces études en commun pendant deux ans et demi du coup. Et est-ce que tout de suite, quand tu commences, tu as de l'attrait pour cette profession ? Ça te plaît quand tu commences les études ?

  • Speaker #1

    Alors, si je découpe les quatre premières années, donc pour obtenir ce fameux diplôme de premier clair, il y a deux ans d'études à temps plein et ensuite deux ans d'alternance. Donc les deux premières années, j'adorais ce que j'étudiais, tout se passait bien. Et en fait, pour moi, la première fois Merci. que j'ai eu cette pensée de « Ouh là là, dans quoi je me suis lancée ? » C'était ma première expérience professionnelle, donc les deux ans d'alternance. À un moment en plus où c'était la crise, il y avait une crise économique. Et donc finalement... pas vraiment de moyens de se reporter vers une autre entreprise, une autre étude. Et c'est là que j'ai commencé à réaliser que ça ne me plaisait pas forcément.

  • Speaker #0

    Quels ont été les premiers signaux pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord mon ancien patron, qui était assez spécial. Alors dans le notariat, on pourra en reparler après, mais c'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de méthode de management de manière générale. Mais là, pour le coup, je suis tombée sur un profil assez particulier. Bon, disons les choses clairement. Au bout de trois mois dans l'entreprise, j'assiste à un point sur mes dossiers dans son bureau, en tête à tête, et il prend un appel téléphonique, donc personnel. J'essaye de m'occuper, en attendant, assez gênée de la situation. Et puis, il raccroche et il me dit... C'était mon frère, il est psychologue. Il s'assure que tout va bien parce que je suis bipolaire. Et les choses, forcément, commençaient à se corser à partir de ça. J'ai compris un peu mieux puisque c'était aussi ma première expérience professionnelle. Et elle est assez refroidissante, finalement.

  • Speaker #0

    Parce que tu pouvais constater, parce qu'on sait que quand on est bipolaire, quand on a un traitement qui est bien équilibré, ça va dans le quotidien. et d'ailleurs c'est Il y a de plus en plus la parole qui se libère sur le sujet pour pouvoir vivre avec et s'intégrer. Mais lui, tu penses que le traitement n'était pas bien dosé ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y avait un traitement à l'époque ou s'il en prenait, etc. Je ne suis pas du tout rentrée dans le détail, mais c'est vrai que...

  • Speaker #0

    Vous viez vivre les up et les down.

  • Speaker #1

    Complètement. Je me souviens, pour mon anniversaire, un petit pot qui vient de chez Au Nom de la Rose, avec plein de jolies fleurs, de roses, etc. Et le lendemain, sans raison apparente, si ce n'est que c'est le mauvais jour, rendez-vous dans mon bureau, prenez vos dossiers. Donc, tu es là avec tes 50 dossiers qui vont. Et en fait, il épluchait. Bon, à l'époque, on fonctionnait avec des mails, mais ce n'était pas aussi développé que ça. Donc, j'avais encore plein de courriers papiers, etc. Et pourquoi la virgule, elle est là ? Là, il fallait aller à la ligne. Enfin, vraiment le mauvais jour. Donc oui, je les ai vraiment vécues avec lui, finalement, malgré moi.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps dans cette étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenu deux ans, si ma mémoire est bonne. En fait, c'était la condition sine qua non pour pouvoir valider le diplôme. Et comme je te disais, la crise économique, il n'y a pas vraiment de moyens de trouver ailleurs. De changer d'études. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'était le diplôme de premier clair ou le diplôme de notaire ?

  • Speaker #1

    De premier clair.

  • Speaker #0

    De premier clair. OK. Et donc après, commencent les études du diplôme de notaire. Et en plus, il faut savoir que... quand on s'est rencontré, donc pour les gens qui viennent du notariat et pour les autres, on va faire très court, nous, au moment où on arrive, la réforme venait de passer pour le concours du notariat, parce qu'en fait, juste l'année d'avant, tu avais le concours d'entrée, puis un an de stage, tu n'avais pas d'examen pendant ton stage, et ensuite, tu avais ta soutenance de rapport de stage. En plus, il fallait un master 1 pour l'avoir. Et après, ils se sont dit, attends, c'est un peu facile quand même. On va mettre encore un peu des bâtons dans les roues à ceux-là. Je trouve qu'ils prennent un peu trop de plaisir dans la vie. Donc, on laisse le petit concours d'entrée parce que finalement, on est bien. Ensuite, on met des semestrialités tous les six mois.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Pourquoi on enlèverait la soutenance de rapport à la fin ? Donc, on l'allait. Donc, nous, on arrive dans ce milieu-là. Et en plus, ils avaient changé les règles. Donc, il fallait un master 2. À savoir que moi, par exemple, je l'avais raté l'année d'avant. J'apprends que je ne peux pas le présenter l'année d'après. Donc du coup, j'ai envoyé des mails à tous les Master 2, genre, oui, désolé, je n'ai pas postulé, est-ce que vous pouvez me prendre ? Et j'ai été prise. Et je remercie aujourd'hui d'ailleurs la fac d'Épinay-Viltaneuse qui nous ont pris à deux pour qu'on puisse passer, donc faire un Master 2 d'immobilier complexe pour pouvoir passer ensuite le concours de notaire. Donc, on se rencontre dans cette étude-là et pareil, c'est la crise au moment où on se rencontre. C'est super difficile d'avoir un stage validant, donc une étude. Tu vois, moi, je ne sais pas si tu te souviens, j'étais au Mans. Donc je faisais les allers-retours tous les jours parce que je n'avais pas trouvé à Paris.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu voulais vraiment être notaire.

  • Speaker #0

    Je voulais vraiment être notaire. Et donc, nos journées se découpaient comme ça, c'est-à-dire qu'on était quatre jours à l'étude, un jour en cours. Et puis tous les six mois, on avait des examens pour valider la matière qu'on passait. Donc ce n'était pas facile parce qu'il faut savoir aussi que dans le notariat, les salaires de notaire stagiaire... Ce n'est pas comme d'autres stagiaires, c'est-à-dire qu'on gagne un peu plus que le SMI. Donc, pour les études, ce n'est pas toujours agréable de se dire qu'on est payé, même si à l'échelle d'un salaire dans le notariat, ce n'est pas un gros salaire, mais en tout cas, ce n'est pas dans leur esprit un salaire de stagiaire. Donc, nous laisser aller en cours n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les responsabilités sont rapidement les mêmes qu'un employé qui a de l'expérience finalement.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors qu'on était encore en apprentissage.

  • Speaker #0

    Surtout à Paris, je le précise, parce que par exemple, parfois il m'arrive de parler à des amis qui exercent dans d'autres villes. Et par exemple, ce que nous on a vécu, à savoir de recevoir nos actes avant d'être notaire salarié.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Nous on a tout de suite... beaucoup de responsabilités et on gère un dossier vraiment de A à Z, comme mon notaire stagiaire.

  • Speaker #1

    Ce qui est très plaisant au passage, parce qu'au départ, on se dit c'est génial, on fait confiance et puis j'apprends énormément et puis je peux aller plus vite, entre guillemets, dans le parcours d'apprentissage. Mais qui finalement, un peu le retour de bâton, c'est il ne faut pas faire d'erreurs, ou alors les rattraper vite parce que les conséquences peuvent être assez compliquées. de l'autre côté.

  • Speaker #0

    Exactement, même si à la fin c'est pas ta responsabilité qui est en jeu, on te fait comprendre très rapidement que c'est un petit monde le notariat et que du coup si la responsabilité de ton employeur est mise en jeu parce que t'as fait une erreur dans un dossier, ce sera pas évident de retrouver derrière un emploi. Il y a un peu toujours ça qui... pèse au fil de ta tête. Je ne sais pas si toi, tu l'as vécu comme ça dans les études dans lesquelles tu es passée.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et puis même en dehors de la responsabilité, il y a ce souci du relationnel avec le client qu'il ne faut pas perdre, la réputation du notaire. Il y a tout ça derrière qui pose problème. Et je n'ai jamais compris pourquoi on n'expliquait pas que le dossier était confié à quelqu'un qui est en apprentissage avec une surveillance sur... sans trop s'étaler vis-à-vis du client, mais je veux dire quand même quelqu'un qui regarde et qui gère derrière. Et ce serait, je pense, plus simple. Déjà, ça enlève une pression aux stagiaires ou à l'alternant qui gère le dossier, en se disant, OK, je n'ai pas besoin d'être tout le temps dans cette représentation de je sais tout, je gère à la perfection, alors que ça fait trois mois que finalement j'exerce.

  • Speaker #0

    Mais au-delà de ça, tu vois, je pense que le souci... Il est un souci, clairement, on va dire, d'argent parce que, outre le fait que forcément un notaire stagiaire, il le paie moins qu'un notaire salarié, etc., ils ont aussi des aides quand ils

  • Speaker #1

    « forment » leurs futurs confrères ou consœurs.

  • Speaker #0

    Il faut savoir que dans le notariat, les notaires associés, souvent, chapotent les dossiers, etc., mais vont plus vraiment. constituer un dossier, ni même parfois dans certaines études le recevoir, etc. Donc ils vont beaucoup déléguer sur leurs équipes. Et en fait, leurs équipes à qui ils imputeraient de former leur recrut de notaire stagiaire sont déjà complètement sous l'eau.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc on va jeter vraiment la pierre à personne. Parce que pour avoir du coup, après plus tard dans notre carrière, été dans la position de former des notaires stagiaires, c'était pratiquement infaisable. Oui, c'est impossible. Parce qu'à part que la personne s'assoit à côté de toi, toi et voit comment tu fais sur tes dossiers, mais du coup, elle n'avance pas sur les siens.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, elle a besoin de poser des questions. Ça prend du temps. Finalement, l'aide que ça pourrait t'apporter, il y a ce délai qui est plus ou moins long, dans lequel le stagiaire, notaire-stagiaire a besoin d'être formé, a besoin d'être véritablement accompagné. Le sujet, c'est que la masse de travail des deux côtés ne permet pas cette belle collaboration qui serait profitable à toute l'équipe, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, et donc ensuite, quand tu as l'opportunité de changer d'étude, tu es contente tout de suite de l'étude dans laquelle tu exerces ?

  • Speaker #1

    Alors, je respire puisque je suis déchargée du côté toxique dans le relationnel slash management. Donc, je respire à ce niveau-là. Je retrouve plaisir à travailler puisque je change. en parallèle de matière. J'ai commencé par le droit des successions, le droit des familles. Ensuite, je me dirige vers les ventes, l'immobilier des particuliers. J'ai cette bouffée d'air parce que j'apprends autre chose, je découvre, c'est nouveau. Je me sens bien.

  • Speaker #0

    Et le contact humain n'est pas le même aussi, il faut le dire, parce que j'ai tout parcours dans le même sens que toi. Et c'est vrai qu'au départ, en tout cas, je pense, je ne sais pas si toi ça t'a fait pareil, mais moi au départ, j'ai vécu comme une respiration de rencontrer des gens qui étaient plutôt dans un mouvement de vie heureux. Parce que c'est vrai que ça peut être extrêmement lourd de parler à des personnes endeuillées quotidiennement. Et ce n'est pas facile, je trouve.

  • Speaker #1

    J'ai vécu la même chose que toi. quand je t'écoute parler, je me rappelle d'un souvenir où j'ai... Un jeune homme qui avait perdu sa maman, dont je gérais la succession, et qui, une fois le dossier terminé, clôturé, continuait de m'appeler en prétextant toujours une demande. Et en fait, je me suis aperçue très rapidement que c'était juste pour me parler, parce qu'il avait besoin de parler. Du coup, j'étais très jeune, j'étais dans ma petite vingtaine, et j'ai pris mon courage à deux mains pour... pour gentiment lui expliquer que j'étais là pour gérer tout le côté administratif, que je pouvais aussi avoir une écoute. Et ça a été très délicat pour moi de lui annoncer qu'il fallait qu'il arrête de m'appeler gentiment.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et donc, en effet, je te rejoins sur ce sujet. Ça a été très lourd. Et donc, dans l'immobilier des particuliers, on accompagne... Des personnes dans un moment assez sympathique de leur vie, une nouvelle acquisition, une vente, un déménagement, c'est toujours quelque chose de positif. Et là, je me retrouve un peu plus. Pareil, dans le relationnel, je vois bien que le simple fait d'avoir changé de matière change complètement le métier à ce moment-là. Donc, j'apprécie.

  • Speaker #0

    Et je me permets de te poser la question parce que je sais qu'on a ressenti la même chose. C'est vrai que quand tu arrives dans l'immobilier, au départ, c'est tout beau, tout nouveau. puis Au début, quand tu arrives dans ce monde de l'immobilier des particuliers, tu vois le côté positif d'accompagner les gens. Puis au fur et à mesure, tu as tellement de dossiers à te finir que déjà, je trouve que tu ne vois plus l'excitation. Après, parfois, c'est aussi très difficile parce que tu te retrouves. Moi, j'ai des souvenirs de vente où derrière, tu en as trois à signer et les personnes commencent à dire... « Ah, au fait, vous l'avez testé, le petit traiteur qui est en bas, etc. »

  • Speaker #1

    Le quartier est sympa, c'est élu quand tu fais la description, etc.

  • Speaker #0

    Et toi,

  • Speaker #1

    tu es déjà dans ton autre rendez-vous, tu te dis « Je suis en retard, j'ai des choses à faire. »

  • Speaker #0

    Et du coup, tu te dis « Ouah, si à chaque fois qu'on parle de quelque chose, ils y vont. » En même temps, tu ne veux pas casser la vibe des gens, tu veux que ce soit le moment le plus plaisant possible pour eux parce que c'est un grand moment dans leur vie.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et donc, tu te retrouves un petit peu à jongler en disant « Alors, si c'est possible, On va aller juste au bout de la lecture et puis pendant qu'on recueillera les signatures ou peut-être que j'aurai des copies à faire, là je vous inviterai à échanger.

  • Speaker #1

    Je me retrouve complètement dans ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Et l'humain disparaît.

  • Speaker #1

    Exactement. Tu ne peux pas allier les deux. Malheureusement, tu perds ce goût d'échanger parce qu'en fait, tu ne penses qu'à tout ce qui te reste à faire et le temps imparti dans lequel tu dois tout faire. Et à cette époque-là, je n'avais même pas encore d'enfants. C'est-à-dire que je gérais uniquement que ma vie professionnelle et personnelle. Et c'était déjà assez compliqué en termes de temps. Donc oui, je te rejoins complètement. Petit à petit, l'engouement s'est essoufflé. Et en fait, tu ne vois plus que ta charge de travail et comment tu peux réussir à tout faire dans un temps limité. Puisqu'un dossier a une vie, tu ne peux pas le conserver six mois dans ton armoire. Il faut que tu le gères en moyenne trois mois, grand maximum. Et puis, je ne sais pas si tu as eu ce ressenti-là de ton côté. Finalement, les gens qu'on a rencontrés au cours de nos vies professionnelles sont quand même le reflet de la société dans laquelle on vit. Et au fil des années, j'ai ressenti une impatience. C'est-à-dire que comme on est dans un monde où tout va vite, finalement, le côté humain a aussi disparu de l'autre côté. Alors, il y a toujours eu des clients... très agréables, qui veulent quand même échanger avec toi. Peu importe l'âge, il n'y a pas de sujet sur le profil. Mais il n'en reste pas moins que j'ai trouvé qu'ils reflétaient la société dans laquelle on vivait. Donc souvent, tu reçois des appels. On signe quand ? Je ne comprends pas. Il faut faire plus vite. Est-ce qu'on ne peut pas signer en un mois ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça vient aussi du fait que le métier de notaire est extrêmement méconnu. Et que du coup, tu te retrouves très facilement à être l'ennemi de tout le monde. parce que souvent... sans vouloir faire de généralité. Et avec tout le respect pour les agents immobiliers qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Oui, je sais ce que tu veux, oui.

  • Speaker #0

    Les agents immobiliers qui font visiter, déjà, ce n'est pas leur métier, chacun son métier. Voilà, l'agent immobilier est là pour faire visiter le lieu. Donc, son métier s'arrête ensuite une fois que le dossier arrive à l'étude de notaire. Mais souvent, il y a des problématiques qui n'ont pas été soulevées par l'agent immobilier. Par exemple, une annexion de partie commune ou quelque chose comme ça, ou quelque chose qui n'allait pas sur les plans, un mur porteur qui avait été abattu sans autorisation, des choses comme ça, qui peuvent retarder une signature que l'agent immobilier n'a pas dit ou l'agent immobilier a dit « bon ben voilà, c'est une formalité » .

  • Speaker #1

    Votre notaire le réglera rapidement ça, on a l'habitude. Oui,

  • Speaker #0

    donc par exemple quand les gens achètent sans le besoin de recourir à un prêt bancaire, ce qui arrive quand même souvent, c'est vrai que s'il n'y a pas de difficultés sur le dossier. on n'est pas obligé de signer en trois mois. On pourrait signer la promesse, puis signer, une fois qu'on a respecté les délais imposés par la loi, on peut signer en un mois et demi.

  • Speaker #1

    Le temps d'avoir les disponibilités de chaque partie. Exactement.

  • Speaker #0

    Sauf que parfois, le dossier présente des particularités qu'il faut régler. Les gens, souvent, ça leur paraît complètement abstrait, même les clients. Ils se disent, mais pourquoi on m'embête avec cette pièce-là ? Moi, je veux juste emménager et puis j'ai la rentrée scolaire que je dois préparer, etc. Mais par contre, si tu signes et qu'ensuite, ils sont attaqués ou qu'il y a un problème dans 5 ans, tu vois, ce sera les premiers à revenir te voir en te disant que tu les as mal conseillés, etc. Tout à fait. Donc en fait, nous, on a un travail qui est extrêmement ingrat. Et souvent, moi, j'avais l'impression d'être l'ennemi de tout le monde. Oui. Que tout le monde était du même côté.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Sauf moi qui étais de l'autre côté. Tu sais, la méchance qui ne veut pas.

  • Speaker #1

    signé ce dossier.

  • Speaker #0

    Je veux quitter ton appartement, je veux.

  • Speaker #1

    Non mais je te rends compte complètement.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça devient très difficile et je suis d'accord avec toi. Pareil sur l'immédiateté de réponse. Et donc tu avances un petit peu dans le notariat. C'est vrai qu'on a pu parler aussi un petit peu du côté sexiste de la profession de notaire. Est-ce que toi, t'as pu le vivre en tant que jeune femme dans les études que t'as fréquentées ? Est-ce que c'est quelque chose que t'as pu observer ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ce côté assez patriarcat, il est assez présent. C'est impalpable parfois, j'arrive pas à... C'est quelques mots, quelques attitudes, où en fait quand tu prends du recul sur la situation, tu peux te dire, ok, là j'ai vécu cette situation, ou ma collègue a vécu cette situation, parce qu'elle est une femme.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu penses qu'une petite voix en toi commence à se réveiller, à te dire que t'as fait le tour ?

  • Speaker #1

    Très rapidement, dès mes premières expériences, où j'ai senti une distance entre... Comme beaucoup d'étudiants d'ailleurs, c'est très classique de commencer ses études et de se dire c'est génial ce que j'étudie, j'adore telle ou telle matière et j'adore ce que j'étudie. Et ensuite de plonger dans l'univers professionnel et de se dire il y a un gros décalage entre ce que j'étudie et ce que je fais dans la pratique. Ça, ça a été le premier point. Le deuxième point, je pense que ça a été la charge de travail. Et ensuite, ce qui est venu enfoncer le clou et qui m'a fait définitivement quitter la profession, je dirais que c'est la perte de sens. Je ne comprenais plus pourquoi je faisais ce métier. En fait, on est tellement parasité par autre chose que le fond du métier que finalement, j'avais plus l'impression d'être un pompier qui doit éteindre des feux. J'ai toujours apprécié les challenges, résoudre des problèmes, braver les difficultés. aucun sujet là-dessus. Mais en fait, c'est quelque chose qui, quand ça t'arrive constamment, tu ne peux pas prendre de plaisir finalement. J'avais finalement aucune période assez creuse. Et donc en fait, j'ai petit à petit perdu le goût en me disant, mais ça n'a aucun sens ce que je fais. Je me suis déjà retrouvée dans des situations parce qu'après, j'ai aussi changé de domaine. Là, je suis rentrée dans une autre cour qui est l'immobilier complexe, où là, tes clients, ce sont des entreprises. Et en fonction de l'étude dans laquelle tu travailles, c'est parfois de très gros groupes. Donc, les enjeux sont...

  • Speaker #0

    Les économiques sont très importants.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc là, les petites erreurs dont on parlait tout à l'heure. Ça ne peut plus t'arriver. Ça ne peut plus t'arriver, mais pour autant, tu as toujours cette masse à abattre et qui t'empêche de pouvoir réfléchir et de te poser tout simplement.

  • Speaker #0

    En fait, c'est différent parce que dans l'immobilier complexe, c'est un gros, gros dossier, mais au long cours. Donc, tu ne vas pas avoir 50 dossiers. De toute façon, ce ne serait pas possible. Non, tu ne peux pas.

  • Speaker #1

    Tu vas en avoir 2, 3, 4 maximum. Si tu as la chance de travailler dans une étude assez importante et qu'il y a plus les moyens de recruter, il y a quand même une équipe qui bosse sur un dossier aussi important. Parfois pas. Donc, tu composes avec. En revanche, il y a quand même un regard un peu plus poussé que malheureusement sur d'autres dossiers comme on... On échangeait tout à l'heure sur l'immobilier des particuliers parce que là, les enjeux sont tellement importants économiquement parlant et sur le plan aussi de la réputation du notaire. Parce que là, le milieu est encore plus petit, plus restreint. Quelques études seulement dans Paris gèrent ce type de dossier. En province aussi, mais ce n'est quasiment que dans les grandes villes parce qu'il faut avoir ses clients finalement.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, parce que pour pouvoir donner des exemples, c'est par exemple... Tu vas vendre un site industriel non dépollué. Dépose. Voilà, défense. Oui, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, on est pour un...

  • Speaker #0

    Des grosses opérations.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc là, si tu veux, la seule chose à laquelle je me suis raccrochée pour continuer à donner du sens finalement à ce que je faisais, c'était mais tu participes à l'économie nationale. Mais je n'étais pas vraiment... Oui, tu m'as dit à toi-même. Je me suis montée clairement à moi-même. je me forçais à à prendre assez régulièrement du recul sur la situation parce que sinon, tu peux vite tomber en dépression en te disant, je ne vais pas y arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que ça t'est arrivé de tomber en dépression ou en burn-out ou en tout cas de l'avoir frôlé ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je dirais que j'ai sûrement frôlé le burn-out à la fin de ma carrière. Oui, je pense que j'ai eu une grosse fatigue physique et mentale où vraiment, et je pense que quand l'idée s'immerge peu à peu dans ton esprit que ce que tu fais ne te plaît plus, Pour moi, tu ne peux pas tenir la cadence, tu ne peux plus. Ton corps et je dirais aussi l'univers. J'ai l'impression que quand quelque chose n'est pas fait pour toi, ton corps t'envoie les signaux pour te dire il faut que tu arrêtes. Et dans ta vie professionnelle ou peu importe, il t'arrive que des choses pour que tu sortes de là en fait. Rien n'est facilité, j'ai l'impression que tu n'as que des difficultés quand ce métier n'est pas fait pour toi. Et je vais même reformuler. c'est pas que le métier n'est pas fait pour toi, c'est-à-dire que c'est un métier très difficile. Donc, ou bien tu es passionné et tu continues dans ce que tu fais, ou bien tu te dis, je gagne très bien ma vie et je tiens encore 10, 15 ans, ou que sais-je, ou alors toute une vie. Mais personnellement, je n'ai pas voulu faire ce choix. Et pour moi, c'était impensable de continuer dans ces conditions-là. En plus, en ayant le projet de construire une famille, je ne me projetais pas du tout.

  • Speaker #0

    Et en plus, je me souviens que tu as toujours été artiste. T'as toujours peint D'ailleurs je me souviens que nous nos conversations Quand on pouvait se prendre un verre après le travail Ou déjeuner près de nos études Ou quand on avait des dossiers ensemble On parlait très peu du notariat Finalement On avait vraiment des centres d'intérêt qui étaient différents Je me rappelle que toi tu peignais Tu faisais de très bonnes choses Je dessinais

  • Speaker #1

    Alors genre à l'époque je voulais absolument jouer de la guitare Donc j'avais commencé aussi A prendre des cours enfin C'est vrai que j'ai toujours eu cette partie créative en moi. Au fond de moi, je me suis toujours dit « Ok, c'est peut-être à cause de ça que je ne suis pas faite pour ce métier. Je ne suis plus appelée par autre chose. » Mais je ne savais pas quoi en faire, en fait. Je ne savais pas comment exploiter. Et pour moi, si tu veux, j'ai aussi grandi dans une génération où on te dit « Il faut faire de longues études pour avoir un bon métier, poser. » stable, qui a une bonne réputation sociale, où tu gagnes bien ta vie. Donc, à aucun moment, je me suis projetée dans un métier créatif plus incertain.

  • Speaker #0

    Et ta marque, à quel moment elle arrive ? Parce que je sais que les valeurs de ta marque te ressemblent. C'est une marque qui est engagée et qui est partie d'un constat que la mode n'était pas faite pour... la plupart des femmes et que souvent les patrons étaient réalisés sur des modèles assez filiformes. Voilà.

  • Speaker #1

    Ils ne correspondaient pas vraiment aux femmes.

  • Speaker #0

    À la pluralité des femmes qu'on peut croiser, rencontrer dans la rue. Et toi, c'est quelque chose du coup que tu as voulu vraiment contrer avec ta marque.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me dire à quel moment c'est devenu une évidence de créer cette marque d'Alica ? Marque que tu portes d'ailleurs aujourd'hui,

  • Speaker #1

    qui est magnifique.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est parti de ça, de cet agacement de toi à avoir du mal à t'habiller ?

  • Speaker #1

    Alors, si tu veux, je me suis toujours dit, je ne quitterai pas le notariat sans avoir quand même un projet établi. Et en fait, j'ai eu de la chance, j'ai eu, pas une révélation, mais j'ai eu cette idée vraiment quand j'étais au bout du rouleau. Dernière expérience dans le notariat. Et je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que j'aime ? J'aime m'habiller. Parce que si tu veux, moi, mon uniforme dans le notariat, quand t'es une femme, t'as quand même la chance d'avoir une certaine liberté pour te vêtir, comparé aux hommes qui, bien souvent, sont encore en costume. Enfermés. Exactement. Et si tu veux, mon uniforme dans le notariat, c'était souvent une veste de costume, un blazer, un carré de soie coloré. Et puis souvent un jean assez sobre pour rester élégante. Et en fait, je me suis dit, mais moi, j'adore les ensembles. Je ne trouve pas à chaque fois de pantalon. C'est vraiment parti, je t'explique, c'est vraiment la genèse de la marque. Et en fait, je ne trouve mon bonheur dans aucun vêtement en termes de coupe. Et s'il y a la coupe, il n'y a pas de qualité. C'est-à-dire que concrètement, je me retrouve à aller piocher dans la fast fashion. Du coup, je me suis dit, je suis sûre que tu n'es pas la seule, peu importe la morphologie. D'ailleurs, une fille mince peut avoir aussi des hanches larges et ne pas trouver son bonheur. C'est parti de là, je me suis dit, je vais créer des vêtements. Je ne fais pas du sur-mesure, parce que rien ne remplacera le sur-mesure. Mais en tout cas, est-ce qu'on ne peut pas essayer dans le prêt-à-porter d'adapter des coupes, un maximum de silhouettes possibles ? C'est parti de ce constat-là. Et ensuite, c'était une évidence pour moi de faire des vêtements avec des matières nobles. Finalement, tout ce qui me manquait à titre personnel. Et ensuite...

  • Speaker #0

    C'est là que l'artiste en moi a ressurgi. Je me suis dit, mais tu ne peux pas juste faire ça. Il faut que tu trouves quelque chose de singulier. Parce que j'ai toujours aimé me différencier. Alors dans le notariat, tu es assez limitée, mais sans être très extravagante, j'ai toujours aimé cette touche de singularité, soit dans une coupe de cheveux, un carré de soie ou autre dans une paire de chaussures. Et je me suis dit, mais attends, pourquoi tu ne t'insèrerais pas des empiècements brodés ? Et justement... Cette réflexion-là est venue justement quand j'ai eu le temps un petit peu de penser plus à moi et de faire un peu plus d'introspection. Et j'ai eu cette idée de puiser dans mes origines finalement algériennes, dans l'héritage algérien. Et j'ai donc pioché cette idée de broderie dans le vestiaire traditionnel algérien qu'on porte à présent que dans des occasions festives où tu trouves un panel de robes et de tenues entièrement brodées. dans des matières nobles pour certaines tenues, certaines robes. C'est comme ça que l'idée de Dalika est née.

  • Speaker #1

    Et donc, toi, les empiècements, ils sont par exemple le long des boutonnières, sur les poches. C'est des petits détails. Donc, quand on ne connaît pas, par exemple, le vestiaire algérien, on ne le remarque pas. Enfin, on remarque que c'est une broderie, mais c'est subtil. Et pour toi, ça représente aussi... Le fait que finalement, on est tous assez pluriels, on a beaucoup de personnalités. Donc toi, c'est par exemple le vestiaire parisien, assez sobre, mais en même temps...

  • Speaker #0

    Élégant. Avec... Cette bouche de singularité.

  • Speaker #1

    Bouche de singularité.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et tu me disais aussi que de choisir cette voie-là, ça t'avait permis finalement de te choisir toi et de te reconnecter à toi.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, dans cette folie et cette course... au travail, à la performance, je n'avais que peu de temps pour moi. Donc tu vois, dans les dernières années, par exemple, j'ai complètement arrêté de peindre. J'avais plus du tout de temps pour me reconnecter à ce que j'aime faire et donc à moi finalement. Et ça a été justement l'opportunité de me reconnecter à une partie de moi. Donc pour l'anecdote, je suis aussi retournée en Algérie, ça faisait... Entre 15 et 18 ans, je crois que je n'avais pas... Relu les pieds ? Exactement. Et donc, ça a été l'occasion de me reconnecter à moi et aussi de faire de ce mélange, de ce beau mélange, un beau message. C'est-à-dire que, comme tu disais, on ne le remarque pas. Et puis souvent, c'est assez rigolo parce qu'en ce moment, la marque est aussi distribuée en boutique à Paris. Et j'ai souvent des réflexions différentes. Tiens, ça me fait penser à une veste autrichienne. J'ai un monsieur qui m'a écrit avant-hier, qui m'a dit, alors j'espère ne pas me tromper dans la prononciation, mais ça me fait penser à un jod pur, quelque chose comme ça. Et en fait, c'est une veste traditionnelle indienne, si je ne dis pas de bêtises. Vraiment, pardonnez-moi si je me trompe. Et en fait, c'est ça que j'aime véhiculer aussi à travers toutes ces pièces, c'est que le mélange est beau finalement et il reste élégant. Et en fait, Dalika, ce n'est pas juste une femme, c'est des femmes. C'est une pluralité de femmes, comme tu disais, sur le plan morphologique, physique et aussi sur le profil, pas psychologique, mais on est tous différents. Chacun a ses références et ses aspérités. Et du coup, c'est ça que j'ai voulu représenter à travers toute cette marque.

  • Speaker #1

    Sachant qu'après, la personne qui va acquérir ce vêtement va écrire sa propre histoire. Finalement. Donc, quand on a envie d'y voir, comme tu disais, une veste autrichienne, on peut.

  • Speaker #0

    On y voit une veste autrichienne complètement. Exactement. Mais finalement, c'est peut-être bateau ce que je vais dire, mais c'est exactement la même réflexion que tu peux te faire face à une toile. Moi, j'aime, par exemple, quand je vais au musée, en général, les descriptions. Tu ne peux pas vraiment savoir ce que le peintre a eu en tête. Il faut faire des recherches un peu plus poussées pour connaître l'histoire derrière la peinture, etc. où les messages véhiculés derrière cette toile, mais finalement, quand tu te retrouves face à une toile, tu peux penser ce que tu veux et quelqu'un d'autre pensera autre chose et chacun fait son interprétation au-delà du beau ou du pas beau, je veux dire. Tu te retrouves ou non dans cette toile, tu te reconnais, parfois tu ne comprends même pas ce que tu ressens, mais elle te parle. Bien sûr. Finalement, c'est ça. Avant, pour moi, tu vois, la mode, c'était quelque chose d'assez futile. Si tu m'avais posé la question, il y a peut-être encore trois ans de ça. Kalissa, tu pourrais créer une marque de prêt-à-porter, mais je... Non, enfin... Non, tout simplement. Mais en fait, c'est vraiment une extension de soi. Ce qu'on porte, c'est une manière de dire voilà qui je suis. En tout cas... En partie, c'est ce qu'on voit en premier quand on rencontre une personne.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on voit en premier, c'est la première image que tu renvoies de toi.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et aussi, pour reparler des matières que tu utilises, je trouve que c'est quand même extrêmement malheureux aujourd'hui d'acheter un manteau qui ne tient absolument pas chaud.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut dire que quand on achète un manteau qui est fait en polyester, donc en plastique, on n'a absolument pas chaud. Quand tu vois les compositions des pièces de l'époque, un manteau, c'était laine, cachemire. Aujourd'hui, un manteau, pour la plupart, il n'y a pas de laine.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de laine. Oui, alors il y en a très peu. Et ça me fait aussi penser qu'en créant cette marque-là, justement, je suis quelqu'un qui regardait énormément les étiquettes. On fait toujours un projet en se disant, je le fais parce que j'ai observé un manque. Mais c'est parti de ce constat-là. Il y a eu un ras-le-bol de se dire, c'est pas possible qu'on vende à ce prix-là des pièces qui sont, comme tu le dis, en plastique finalement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement, parce qu'on ne va pas citer de marques.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'on pense à peu près tous aux mêmes marques qui sont vendues à des prix qui sont...

  • Speaker #0

    Exorbitants.

  • Speaker #1

    Exorbitants, qui ont des conditions de fabrication qui sont déplorables et des compositions qui sont... mauvaise, très mauvaise. Et en fait, beaucoup de gens pensent que parce que ça coûte cher, c'est bien. Ne vous en voulez pas parce que personnellement, je l'ai pensé aussi, avant de bien me renseigner, etc. Donc, c'est normal de penser ça. On jette vraiment la pierre à personne. Tout est fait pour qu'on pense comme ça. Mais en fait, ça ne vaut pas mieux que certaines marques de fast fashion.

  • Speaker #0

    En fait, le positionnement, bien souvent, il est premium dans l'image, la communication, le marketing. Et d'ailleurs, tu ne trouves Pas toujours le pays de fabrication quand tu regardes sur internet. Il faut vraiment se déplacer en boutique pour certaines marques qui sont conscientes que ça peut être un sujet de se faire fabriquer dans des pays très lointains et dans des conditions assez douteuses. Je pense qu'il y a quand même une conscience qui a été prise que les gens sont quand même de plus en plus informés. Je veux dire, aujourd'hui, il y a... Il y a des créateurs de contenu qui en font vraiment leur créneau et qui dénoncent ces choses-là et qui aiguillent le consommateur vers des marques plus éthiques et plus qualitatives. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai eu envie de fabriquer en France. Vraiment d'aller, parce qu'en fait, clairement, je me suis dit aussi, on n'a pas besoin d'une énième marque de prêt-à-porter. Il y a déjà tout ce qu'il faut. Donc si je le fais, il faut que je le fasse correctement, il faut que je le fasse. bien. Et qu'est-ce que c'est de le faire bien ? C'est-à-dire des matières nobles, respectables. Et durables aussi. Durables, exactement. Enfin, je veux dire, sans jeter la pierre encore une fois, chacun son mode de consommation, mais à l'origine, un vêtement, ce n'est pas fait que pour tenir deux lavages ou six mois. Surtout quand on y met le prix. En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses.

  • Speaker #1

    Oui. Et aussi, un vêtement, par exemple, quand on voue à tes pièces ou d'autres pièces de créatrices, par exemple. ou de créateur, c'est vrai que il y a mille façons de l'accessoiriser pour avoir l'impression d'avoir un vestiaire qui est plus étoffé. Et en fait, il faut, je pense aussi, réussir à accepter qu'on n'est pas fait pour avoir une garde-robe avec autant de pièces et que c'est la fast fashion qui a donné ce rythme et ce rythme. Mais qu'en fait, c'est pas tenable même d'un point de vue environnemental.

  • Speaker #0

    environnemental, financier. Enfin, je veux dire, il y a tellement de choses dans lesquelles on pourrait mettre notre argent. Et je parle vraiment du principe où, personnellement, quand je mets le prix dans quelque chose, c'est parce que soit j'ai vécu une superbe expérience, soit je sais que c'est quelque chose que je vais garder et chérir un long moment parce que je l'affectionne.

  • Speaker #1

    Et même transmettre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parce que tu vois, par exemple, moi, il y a des pièces que j'ai pu récupérer de mes grand-mères, par exemple. Ou même grand-père, parce que moi, j'adore. Et j'adore les blazers d'hommes, tu vois, avec des couches, des épaulettes, etc. Pareil, des pièces de mon père que j'ai pu récupérer et un petit peu, tu vois, upcycler les boutons, des choses comme ça. Et en fait, tu te dis de nos garde-robes à nous, qu'est-ce que nos petits-enfants pourront parler avec nous ? plaisir en le redécouvrant, etc.

  • Speaker #0

    Justement, comme tu le sais, j'ai une petite fille qui a tout juste 9 mois.

  • Speaker #1

    On va quand même saluer au passage le fait d'avoir lancé ta marque en plein postpartum. Parce que ça, je te l'ai toujours dit que je t'admirais d'avoir réussi à tout mener de front, mais vraiment, je pense que toutes les personnes qui nous écoutent vont t'admirer à leur tour. C'est incroyable. Ta fille, quand ta marque... est née avait tout juste six mois.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Donc tu as fait tout ce qui est shooting etc avec le porte bébé.

  • Speaker #0

    Alors j'ai eu la chance, non j'ai eu la conscience de ne pas l'emmener avec moi parce que c'est pas vraiment j'ai l'habitude d'emmener ma fille partout avec moi en déplacement lorsque c'est confortable pour elle. Là c'était pas le cas mais je suis d'accord j'étais quand même en en plein postpartum. Je ne sais pas si c'est vraiment courageux de ma part, je l'ai plutôt vu comme quelque chose qui s'imposait à moi. Il fallait y aller, j'avais cette idée, ce super projet. Et en même temps, je n'avais pas envie de m'empêcher de devenir la maman que j'avais envie d'être. Et donc, parmi les choses qu'on peut garder de positif dans le notariat, c'est qu'on a quand même été assez habitués à battre une énorme charge de travail.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et donc... Je n'ai pas été effrayée de devenir maman et de lancer cette marque en même temps d'Alica. Voilà, je l'ai fait parce que ça s'est imposé à moi. Le timing, on ne le choisit jamais, ni pour un enfant, ni pour lancer un projet. Sinon, les temps passent et on ne fait jamais rien. Et donc oui, quasiment deux bébés en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que c'est important pour toi aussi dans ce que ta fille voit de sa maman ? Le fait que tu aies eu le courage de suivre ton intuition, est-ce que tu penses que c'est important quand on élève une jeune fille ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose, avant d'être maman, que je projetais, mais c'était assez abstrait. Et en fait, depuis qu'elle est née, c'est vrai que tous mes choix, j'ai toujours une petite voix qui vient juste derrière mon raisonnement, mon propre raisonnement, me dire, comme une validation finalement. Je vais faire ça comme ça parce que je sais qu'elle sera fière et que plus tard, je pourrais lui dire que j'ai fait les choses le mieux possible. De mon mieux. J'ai fait de mon mieux. C'est pareil quand tu me parlais de transmission, de choses comme ça. Il y aura les vêtements, c'est certain. Mais aussi de dire, j'ai créé cette marque à l'époque, tu étais un tout petit bébé. Voilà ce que j'ai fait. J'ai fait ce choix. Je fabrique à Paris. J'ai choisi que des matières nobles. C'était un pari fou. Tout le monde m'a dit... Attention, on est quand même, ce qu'il faut le dire, le textile est un secteur sinistré, toujours en crise. Donc c'est quelque part une folie. Mais j'y crois et plus tard, j'aimerais lui dire que peu importe le résultat, peu importe ce qui va se passer, que je suis fière d'avoir tenu mes valeurs et des bonnes valeurs finalement.

  • Speaker #1

    Oui, d'avoir cru en toi et en ton... Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et évidemment, ça, ensuite, sur le plan personnel, tout ça, ce sont des valeurs que je vais lui apprendre.

  • Speaker #1

    Et tu parlais justement, juste avant, du fait que le notariat t'a apporté le fait de savoir endosser une énorme charge de travail. Est-ce que tu dirais qu'il y a d'autres choses que tu as héritées du notariat, dont tu prends le contre-pied ? Parce que tu vois, par exemple, quand je t'entends parler, enfin moi, en tout cas, moi, je l'expérimente de mon côté avec la nouvelle carrière que j'ai embrassée, je ne sais pas si toi aussi, en termes de gestion du temps. Mais tu vois, toi et moi, par exemple, quand on travaillait ensemble à l'époque, qu'on avait des dossiers en forme, je me souviens qu'il nous était arrivé, on en parlait juste avant, j'avais oublié, c'est toi qui me l'as rappelé, d'avoir un dégât des eaux en comble, par exemple. Et même quand on devait s'appeler pour des choses professionnelles sur nos heures de bureau, on n'avait pas le temps de se parler. Exactement. On se disait vraiment, on allait droit au but, mais même sur ces dossiers qu'on traitait en forme, on devait être expéditive. Et toi, comment ça va ? » Après, on s'envoyait un petit message genre « Désolée, j'ai pas du tout le temps de parler, j'espère que ça va, on essaie de se voir. » On n'avait pas le temps de l'enclencher. Alors que tu vois, par exemple, aujourd'hui, on aura l'opportunité de déjeuner ensemble suite à notre enregistrement, etc. Est-ce que c'est quelque chose qui est important pour toi aussi de reprendre le pouvoir sur ton emploi du temps ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'avais pas mesuré à quel point retrouver cette liberté de gestion du temps. était importante pour moi. Après, il faut dire que je passais clairement ma vie au bureau. Surtout dans les dernières années, quand tu me parlais de frôler le burn-out, je pouvais facilement faire du 9h30, 22h, 23h. Donc finalement, je n'avais plus le temps pour autre chose. Et là, aujourd'hui, évidemment, d'avoir la liberté de gérer mon temps comme je le veux et de composer surtout. parce que On a tous des aléas, enfin je veux dire, il y a plein de choses qui peuvent arriver dans la vie. Et de pouvoir juste se dire, ok, je vais prendre mon rendez-vous chez le médecin, mercredi à 11h, parce qu'il n'a pas d'autres créneaux, et que c'est ok parce que je pourrais travailler soit avant, soit après, et que j'ai de compte à rendre à personne, si ce n'est qu'à moi-même. Bien sûr qu'aujourd'hui, c'est une chance inouïe. Après, l'envers du décor aussi, c'est se mettre des limites. Tu peux rapidement basculer dans je ne compte plus mes heures. Puisque je suis libre, je ne peux vaquer qu'à mes occupations personnelles toute la journée et je travaillerai le soir. Je suis encore en train de, pour être tout à fait honnête, trouver mon équilibre. Je trouve qu'on s'en sort très bien. Je dis on parce que j'ai de l'aide aussi de mon mari aussi par rapport à ma marque. Sinon, il fait évidemment, comme on aime à le dire, sa part vis-à-vis de notre fille qui est tout à fait normale. mais j'ai de la chance d'avoir un véritable soutien derrière moi qui me permet aussi de gérer... Tu vois, ce matin, c'est lui qui l'a emmené à la crèche. J'ai pu me préparer tranquillement et sereinement pour venir ici.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais ça, c'est une chance. Est-ce que je retire des choses positives du notariat ? Je dirais la force de travail. que j'avais déjà en moi, mais qui s'est quand même assez développée. Et si tu arrives à la mesurer, la contrôler avec le temps, ça reste une force, sans tomber dans l'excès. Je dirais que j'ai un regard forcément plus juridique sur toute la vie économique de la marque. Quand j'ai affaire à mes partenaires, ou quand je dois signer des contrats, etc.,

  • Speaker #1

    je me sens à perdre. On va les relire.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est tout.

  • Speaker #1

    Ouais. Après, le reste, tu dirais ? Le reste,

  • Speaker #0

    c'était déjà, je veux dire, le relationnel. C'est quelque chose que j'avais déjà en moi. Donc, ça a été une qualité que j'ai mis au service de mon ancien métier, mais que je n'ai pas développé forcément grâce au notariat.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie d'être venue me raconter l'histoire de Dalika, ton histoire. Et puis, c'est aussi un peu finalement l'histoire de ta fille. L'histoire de qui tu es au fond et l'histoire de beaucoup de femmes finalement. Merci Pauline, j'étais ravie de passer ce moment avec toi. Je te dis à bientôt et merci encore d'être venue te confier. À bientôt Pauline. Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

Description

Khalissa était notaire. Elle a exploré ce métier sous toutes ses coutures : le droit de la famille, l’immobilier des particuliers, jusqu’aux opérations immobilières les plus complexes.

Elle a commencé ce travail avec passion. Mais peu à peu, la charge considérable, la pression des clients et le rythme effréné des signatures ont étouffé ce plaisir.

Petit à petit, sa carrière a fini par la dévorer, au point qu’un jour, elle réalise qu’elle ne se reconnaît plus vraiment.


Pourtant, une artiste a toujours sommeillé en elle. Sur son temps libre, Khalissa était déjà artiste peintre.

Un jour, alors qu’elle se sent au bord du burn-out, elle s’interroge : que ferait-elle pour renouer avec celle qu’elle est vraiment ?


La réponse, elle l’avait depuis longtemps. Depuis qu’elle constatait qu’elle ne trouvait pas de vêtements qui lui correspondent : des pièces pensées pour la diversité des corps, fabriquées avec des matières qui ont du sens, dans des conditions respectueuses.

C’est à ce moment-là qu’elle réveille l’artiste en elle et imagine une marque qui lui ressemble : Dalika.

Une marque 100 % dessinée et fabriquée en France, qui ne travaille que des matières nobles et délivre un merveilleux message en rendant un hommage discret à ses racines.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Calissa. Bonjour Pauline. Comment ça va ? Très bien, merci. Écoute,

  • Speaker #0

    je suis super contente parce qu'aujourd'hui j'ai la chance de recevoir une amie à mon micro. On vient du notariat, toutes les deux, on s'est rencontrées dans le cadre de nos études de notaire. On n'a pas exercé dans la même étude mais on s'est suivi vraiment de près, on a souvent eu des dossiers ensemble, etc. On va y venir. Et puis t'as fait comme moi.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit en fait, vraiment maintenant que j'en ai bavé, que j'ai fini tous mes diplômes et que ça y est, je suis enfin notaire ? Si,

  • Speaker #0

    je partais !

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu as lancé ta marque qui s'appelle Delica, qui est magnifique. Maintenant,

  • Speaker #0

    on va parler qu'il y a une marque qui te ressemble, qui est créée avec des belles matières. Tu en avais un peu marre de voir les compos 100% polyester, etc. Donc toi, c'est vraiment de la laine principalement que tu travailles ?

  • Speaker #1

    Entièrement.

  • Speaker #0

    Super, on va... on va y venir. Du coup, est-ce que tu peux me parler un petit peu ? On va commencer par discuter du notariat et puis voilà, partager nos expériences aussi ensemble. Est-ce que tu peux me dire déjà pourquoi tu as eu envie d'être notaire à la base ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, je suis ravie d'être avec toi. Je tiens à le dire ici. Qu'est-ce qui m'a donné envie de faire du notariat ? Alors je pense que c'est un choix qui a été assez mathématique dans la réflexion. J'avais envie à l'origine d'être avocate. Tout simplement parce que j'étais pas très bonne en maths ni en physique chimie. Et donc je me suis dirigée naturellement vers le droit. Et en fait, ma mère, à l'époque, je sais pas si c'est quelque chose que tu savais, était claire de notaire. Évidemment, à la retraite, lorsqu'elle m'a parlé de ce métier passé, les choses avaient bien changé. Et c'est tout naturellement comme ça que je me suis dirigée vers le notariat, sur les conseils de ma mère, finalement.

  • Speaker #0

    Ok. T'avais pu faire des stages, etc. et voir comment ça se passait ?

  • Speaker #1

    Alors. aucun. Je me suis lancée vraiment dans...

  • Speaker #0

    À l'aveugle.

  • Speaker #1

    À l'aveugle, directement après le bac en plus. À l'époque, j'avais fait une école privée. Je ne suis même pas passée par la fac.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je me souviens, toi, en fait, aujourd'hui, c'est supprimé. Donc, pour les personnes qui nous écoutent, le parcours n'est plus possible. Mais à l'époque, tu pouvais passer le diplôme de premier clair. C'est ça. Et ensuite, passer la passerelle pour passer le concours de notaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui fait que, quand on s'est rencontrés... tu avais plus de connaissances dans le notariat pur. C'est ça. Parce que quand on vient du droit, en fait, on a un cursus qui est quand même généraliste. Donc, tout ce qui est droit constitutionnel, etc., qui est en surprise, on n'exploite plus dans le notariat. Alors que toi, tu étais tout de suite rentrée dans le vif de ce sujet, dans tes éludes, etc. Et donc, voilà. Et nous, on s'est rencontrées, du coup, à l'issue de, moi, mon Master 2, et toi, quand tu avais validé le concours d'entrée de l'école de notaire, et du coup, moi aussi. C'est ça. on a eu ces études en commun pendant deux ans et demi du coup. Et est-ce que tout de suite, quand tu commences, tu as de l'attrait pour cette profession ? Ça te plaît quand tu commences les études ?

  • Speaker #1

    Alors, si je découpe les quatre premières années, donc pour obtenir ce fameux diplôme de premier clair, il y a deux ans d'études à temps plein et ensuite deux ans d'alternance. Donc les deux premières années, j'adorais ce que j'étudiais, tout se passait bien. Et en fait, pour moi, la première fois Merci. que j'ai eu cette pensée de « Ouh là là, dans quoi je me suis lancée ? » C'était ma première expérience professionnelle, donc les deux ans d'alternance. À un moment en plus où c'était la crise, il y avait une crise économique. Et donc finalement... pas vraiment de moyens de se reporter vers une autre entreprise, une autre étude. Et c'est là que j'ai commencé à réaliser que ça ne me plaisait pas forcément.

  • Speaker #0

    Quels ont été les premiers signaux pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord mon ancien patron, qui était assez spécial. Alors dans le notariat, on pourra en reparler après, mais c'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de méthode de management de manière générale. Mais là, pour le coup, je suis tombée sur un profil assez particulier. Bon, disons les choses clairement. Au bout de trois mois dans l'entreprise, j'assiste à un point sur mes dossiers dans son bureau, en tête à tête, et il prend un appel téléphonique, donc personnel. J'essaye de m'occuper, en attendant, assez gênée de la situation. Et puis, il raccroche et il me dit... C'était mon frère, il est psychologue. Il s'assure que tout va bien parce que je suis bipolaire. Et les choses, forcément, commençaient à se corser à partir de ça. J'ai compris un peu mieux puisque c'était aussi ma première expérience professionnelle. Et elle est assez refroidissante, finalement.

  • Speaker #0

    Parce que tu pouvais constater, parce qu'on sait que quand on est bipolaire, quand on a un traitement qui est bien équilibré, ça va dans le quotidien. et d'ailleurs c'est Il y a de plus en plus la parole qui se libère sur le sujet pour pouvoir vivre avec et s'intégrer. Mais lui, tu penses que le traitement n'était pas bien dosé ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y avait un traitement à l'époque ou s'il en prenait, etc. Je ne suis pas du tout rentrée dans le détail, mais c'est vrai que...

  • Speaker #0

    Vous viez vivre les up et les down.

  • Speaker #1

    Complètement. Je me souviens, pour mon anniversaire, un petit pot qui vient de chez Au Nom de la Rose, avec plein de jolies fleurs, de roses, etc. Et le lendemain, sans raison apparente, si ce n'est que c'est le mauvais jour, rendez-vous dans mon bureau, prenez vos dossiers. Donc, tu es là avec tes 50 dossiers qui vont. Et en fait, il épluchait. Bon, à l'époque, on fonctionnait avec des mails, mais ce n'était pas aussi développé que ça. Donc, j'avais encore plein de courriers papiers, etc. Et pourquoi la virgule, elle est là ? Là, il fallait aller à la ligne. Enfin, vraiment le mauvais jour. Donc oui, je les ai vraiment vécues avec lui, finalement, malgré moi.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps dans cette étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenu deux ans, si ma mémoire est bonne. En fait, c'était la condition sine qua non pour pouvoir valider le diplôme. Et comme je te disais, la crise économique, il n'y a pas vraiment de moyens de trouver ailleurs. De changer d'études. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'était le diplôme de premier clair ou le diplôme de notaire ?

  • Speaker #1

    De premier clair.

  • Speaker #0

    De premier clair. OK. Et donc après, commencent les études du diplôme de notaire. Et en plus, il faut savoir que... quand on s'est rencontré, donc pour les gens qui viennent du notariat et pour les autres, on va faire très court, nous, au moment où on arrive, la réforme venait de passer pour le concours du notariat, parce qu'en fait, juste l'année d'avant, tu avais le concours d'entrée, puis un an de stage, tu n'avais pas d'examen pendant ton stage, et ensuite, tu avais ta soutenance de rapport de stage. En plus, il fallait un master 1 pour l'avoir. Et après, ils se sont dit, attends, c'est un peu facile quand même. On va mettre encore un peu des bâtons dans les roues à ceux-là. Je trouve qu'ils prennent un peu trop de plaisir dans la vie. Donc, on laisse le petit concours d'entrée parce que finalement, on est bien. Ensuite, on met des semestrialités tous les six mois.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Pourquoi on enlèverait la soutenance de rapport à la fin ? Donc, on l'allait. Donc, nous, on arrive dans ce milieu-là. Et en plus, ils avaient changé les règles. Donc, il fallait un master 2. À savoir que moi, par exemple, je l'avais raté l'année d'avant. J'apprends que je ne peux pas le présenter l'année d'après. Donc du coup, j'ai envoyé des mails à tous les Master 2, genre, oui, désolé, je n'ai pas postulé, est-ce que vous pouvez me prendre ? Et j'ai été prise. Et je remercie aujourd'hui d'ailleurs la fac d'Épinay-Viltaneuse qui nous ont pris à deux pour qu'on puisse passer, donc faire un Master 2 d'immobilier complexe pour pouvoir passer ensuite le concours de notaire. Donc, on se rencontre dans cette étude-là et pareil, c'est la crise au moment où on se rencontre. C'est super difficile d'avoir un stage validant, donc une étude. Tu vois, moi, je ne sais pas si tu te souviens, j'étais au Mans. Donc je faisais les allers-retours tous les jours parce que je n'avais pas trouvé à Paris.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu voulais vraiment être notaire.

  • Speaker #0

    Je voulais vraiment être notaire. Et donc, nos journées se découpaient comme ça, c'est-à-dire qu'on était quatre jours à l'étude, un jour en cours. Et puis tous les six mois, on avait des examens pour valider la matière qu'on passait. Donc ce n'était pas facile parce qu'il faut savoir aussi que dans le notariat, les salaires de notaire stagiaire... Ce n'est pas comme d'autres stagiaires, c'est-à-dire qu'on gagne un peu plus que le SMI. Donc, pour les études, ce n'est pas toujours agréable de se dire qu'on est payé, même si à l'échelle d'un salaire dans le notariat, ce n'est pas un gros salaire, mais en tout cas, ce n'est pas dans leur esprit un salaire de stagiaire. Donc, nous laisser aller en cours n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les responsabilités sont rapidement les mêmes qu'un employé qui a de l'expérience finalement.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors qu'on était encore en apprentissage.

  • Speaker #0

    Surtout à Paris, je le précise, parce que par exemple, parfois il m'arrive de parler à des amis qui exercent dans d'autres villes. Et par exemple, ce que nous on a vécu, à savoir de recevoir nos actes avant d'être notaire salarié.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Nous on a tout de suite... beaucoup de responsabilités et on gère un dossier vraiment de A à Z, comme mon notaire stagiaire.

  • Speaker #1

    Ce qui est très plaisant au passage, parce qu'au départ, on se dit c'est génial, on fait confiance et puis j'apprends énormément et puis je peux aller plus vite, entre guillemets, dans le parcours d'apprentissage. Mais qui finalement, un peu le retour de bâton, c'est il ne faut pas faire d'erreurs, ou alors les rattraper vite parce que les conséquences peuvent être assez compliquées. de l'autre côté.

  • Speaker #0

    Exactement, même si à la fin c'est pas ta responsabilité qui est en jeu, on te fait comprendre très rapidement que c'est un petit monde le notariat et que du coup si la responsabilité de ton employeur est mise en jeu parce que t'as fait une erreur dans un dossier, ce sera pas évident de retrouver derrière un emploi. Il y a un peu toujours ça qui... pèse au fil de ta tête. Je ne sais pas si toi, tu l'as vécu comme ça dans les études dans lesquelles tu es passée.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et puis même en dehors de la responsabilité, il y a ce souci du relationnel avec le client qu'il ne faut pas perdre, la réputation du notaire. Il y a tout ça derrière qui pose problème. Et je n'ai jamais compris pourquoi on n'expliquait pas que le dossier était confié à quelqu'un qui est en apprentissage avec une surveillance sur... sans trop s'étaler vis-à-vis du client, mais je veux dire quand même quelqu'un qui regarde et qui gère derrière. Et ce serait, je pense, plus simple. Déjà, ça enlève une pression aux stagiaires ou à l'alternant qui gère le dossier, en se disant, OK, je n'ai pas besoin d'être tout le temps dans cette représentation de je sais tout, je gère à la perfection, alors que ça fait trois mois que finalement j'exerce.

  • Speaker #0

    Mais au-delà de ça, tu vois, je pense que le souci... Il est un souci, clairement, on va dire, d'argent parce que, outre le fait que forcément un notaire stagiaire, il le paie moins qu'un notaire salarié, etc., ils ont aussi des aides quand ils

  • Speaker #1

    « forment » leurs futurs confrères ou consœurs.

  • Speaker #0

    Il faut savoir que dans le notariat, les notaires associés, souvent, chapotent les dossiers, etc., mais vont plus vraiment. constituer un dossier, ni même parfois dans certaines études le recevoir, etc. Donc ils vont beaucoup déléguer sur leurs équipes. Et en fait, leurs équipes à qui ils imputeraient de former leur recrut de notaire stagiaire sont déjà complètement sous l'eau.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc on va jeter vraiment la pierre à personne. Parce que pour avoir du coup, après plus tard dans notre carrière, été dans la position de former des notaires stagiaires, c'était pratiquement infaisable. Oui, c'est impossible. Parce qu'à part que la personne s'assoit à côté de toi, toi et voit comment tu fais sur tes dossiers, mais du coup, elle n'avance pas sur les siens.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, elle a besoin de poser des questions. Ça prend du temps. Finalement, l'aide que ça pourrait t'apporter, il y a ce délai qui est plus ou moins long, dans lequel le stagiaire, notaire-stagiaire a besoin d'être formé, a besoin d'être véritablement accompagné. Le sujet, c'est que la masse de travail des deux côtés ne permet pas cette belle collaboration qui serait profitable à toute l'équipe, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, et donc ensuite, quand tu as l'opportunité de changer d'étude, tu es contente tout de suite de l'étude dans laquelle tu exerces ?

  • Speaker #1

    Alors, je respire puisque je suis déchargée du côté toxique dans le relationnel slash management. Donc, je respire à ce niveau-là. Je retrouve plaisir à travailler puisque je change. en parallèle de matière. J'ai commencé par le droit des successions, le droit des familles. Ensuite, je me dirige vers les ventes, l'immobilier des particuliers. J'ai cette bouffée d'air parce que j'apprends autre chose, je découvre, c'est nouveau. Je me sens bien.

  • Speaker #0

    Et le contact humain n'est pas le même aussi, il faut le dire, parce que j'ai tout parcours dans le même sens que toi. Et c'est vrai qu'au départ, en tout cas, je pense, je ne sais pas si toi ça t'a fait pareil, mais moi au départ, j'ai vécu comme une respiration de rencontrer des gens qui étaient plutôt dans un mouvement de vie heureux. Parce que c'est vrai que ça peut être extrêmement lourd de parler à des personnes endeuillées quotidiennement. Et ce n'est pas facile, je trouve.

  • Speaker #1

    J'ai vécu la même chose que toi. quand je t'écoute parler, je me rappelle d'un souvenir où j'ai... Un jeune homme qui avait perdu sa maman, dont je gérais la succession, et qui, une fois le dossier terminé, clôturé, continuait de m'appeler en prétextant toujours une demande. Et en fait, je me suis aperçue très rapidement que c'était juste pour me parler, parce qu'il avait besoin de parler. Du coup, j'étais très jeune, j'étais dans ma petite vingtaine, et j'ai pris mon courage à deux mains pour... pour gentiment lui expliquer que j'étais là pour gérer tout le côté administratif, que je pouvais aussi avoir une écoute. Et ça a été très délicat pour moi de lui annoncer qu'il fallait qu'il arrête de m'appeler gentiment.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et donc, en effet, je te rejoins sur ce sujet. Ça a été très lourd. Et donc, dans l'immobilier des particuliers, on accompagne... Des personnes dans un moment assez sympathique de leur vie, une nouvelle acquisition, une vente, un déménagement, c'est toujours quelque chose de positif. Et là, je me retrouve un peu plus. Pareil, dans le relationnel, je vois bien que le simple fait d'avoir changé de matière change complètement le métier à ce moment-là. Donc, j'apprécie.

  • Speaker #0

    Et je me permets de te poser la question parce que je sais qu'on a ressenti la même chose. C'est vrai que quand tu arrives dans l'immobilier, au départ, c'est tout beau, tout nouveau. puis Au début, quand tu arrives dans ce monde de l'immobilier des particuliers, tu vois le côté positif d'accompagner les gens. Puis au fur et à mesure, tu as tellement de dossiers à te finir que déjà, je trouve que tu ne vois plus l'excitation. Après, parfois, c'est aussi très difficile parce que tu te retrouves. Moi, j'ai des souvenirs de vente où derrière, tu en as trois à signer et les personnes commencent à dire... « Ah, au fait, vous l'avez testé, le petit traiteur qui est en bas, etc. »

  • Speaker #1

    Le quartier est sympa, c'est élu quand tu fais la description, etc.

  • Speaker #0

    Et toi,

  • Speaker #1

    tu es déjà dans ton autre rendez-vous, tu te dis « Je suis en retard, j'ai des choses à faire. »

  • Speaker #0

    Et du coup, tu te dis « Ouah, si à chaque fois qu'on parle de quelque chose, ils y vont. » En même temps, tu ne veux pas casser la vibe des gens, tu veux que ce soit le moment le plus plaisant possible pour eux parce que c'est un grand moment dans leur vie.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et donc, tu te retrouves un petit peu à jongler en disant « Alors, si c'est possible, On va aller juste au bout de la lecture et puis pendant qu'on recueillera les signatures ou peut-être que j'aurai des copies à faire, là je vous inviterai à échanger.

  • Speaker #1

    Je me retrouve complètement dans ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Et l'humain disparaît.

  • Speaker #1

    Exactement. Tu ne peux pas allier les deux. Malheureusement, tu perds ce goût d'échanger parce qu'en fait, tu ne penses qu'à tout ce qui te reste à faire et le temps imparti dans lequel tu dois tout faire. Et à cette époque-là, je n'avais même pas encore d'enfants. C'est-à-dire que je gérais uniquement que ma vie professionnelle et personnelle. Et c'était déjà assez compliqué en termes de temps. Donc oui, je te rejoins complètement. Petit à petit, l'engouement s'est essoufflé. Et en fait, tu ne vois plus que ta charge de travail et comment tu peux réussir à tout faire dans un temps limité. Puisqu'un dossier a une vie, tu ne peux pas le conserver six mois dans ton armoire. Il faut que tu le gères en moyenne trois mois, grand maximum. Et puis, je ne sais pas si tu as eu ce ressenti-là de ton côté. Finalement, les gens qu'on a rencontrés au cours de nos vies professionnelles sont quand même le reflet de la société dans laquelle on vit. Et au fil des années, j'ai ressenti une impatience. C'est-à-dire que comme on est dans un monde où tout va vite, finalement, le côté humain a aussi disparu de l'autre côté. Alors, il y a toujours eu des clients... très agréables, qui veulent quand même échanger avec toi. Peu importe l'âge, il n'y a pas de sujet sur le profil. Mais il n'en reste pas moins que j'ai trouvé qu'ils reflétaient la société dans laquelle on vivait. Donc souvent, tu reçois des appels. On signe quand ? Je ne comprends pas. Il faut faire plus vite. Est-ce qu'on ne peut pas signer en un mois ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça vient aussi du fait que le métier de notaire est extrêmement méconnu. Et que du coup, tu te retrouves très facilement à être l'ennemi de tout le monde. parce que souvent... sans vouloir faire de généralité. Et avec tout le respect pour les agents immobiliers qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Oui, je sais ce que tu veux, oui.

  • Speaker #0

    Les agents immobiliers qui font visiter, déjà, ce n'est pas leur métier, chacun son métier. Voilà, l'agent immobilier est là pour faire visiter le lieu. Donc, son métier s'arrête ensuite une fois que le dossier arrive à l'étude de notaire. Mais souvent, il y a des problématiques qui n'ont pas été soulevées par l'agent immobilier. Par exemple, une annexion de partie commune ou quelque chose comme ça, ou quelque chose qui n'allait pas sur les plans, un mur porteur qui avait été abattu sans autorisation, des choses comme ça, qui peuvent retarder une signature que l'agent immobilier n'a pas dit ou l'agent immobilier a dit « bon ben voilà, c'est une formalité » .

  • Speaker #1

    Votre notaire le réglera rapidement ça, on a l'habitude. Oui,

  • Speaker #0

    donc par exemple quand les gens achètent sans le besoin de recourir à un prêt bancaire, ce qui arrive quand même souvent, c'est vrai que s'il n'y a pas de difficultés sur le dossier. on n'est pas obligé de signer en trois mois. On pourrait signer la promesse, puis signer, une fois qu'on a respecté les délais imposés par la loi, on peut signer en un mois et demi.

  • Speaker #1

    Le temps d'avoir les disponibilités de chaque partie. Exactement.

  • Speaker #0

    Sauf que parfois, le dossier présente des particularités qu'il faut régler. Les gens, souvent, ça leur paraît complètement abstrait, même les clients. Ils se disent, mais pourquoi on m'embête avec cette pièce-là ? Moi, je veux juste emménager et puis j'ai la rentrée scolaire que je dois préparer, etc. Mais par contre, si tu signes et qu'ensuite, ils sont attaqués ou qu'il y a un problème dans 5 ans, tu vois, ce sera les premiers à revenir te voir en te disant que tu les as mal conseillés, etc. Tout à fait. Donc en fait, nous, on a un travail qui est extrêmement ingrat. Et souvent, moi, j'avais l'impression d'être l'ennemi de tout le monde. Oui. Que tout le monde était du même côté.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Sauf moi qui étais de l'autre côté. Tu sais, la méchance qui ne veut pas.

  • Speaker #1

    signé ce dossier.

  • Speaker #0

    Je veux quitter ton appartement, je veux.

  • Speaker #1

    Non mais je te rends compte complètement.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça devient très difficile et je suis d'accord avec toi. Pareil sur l'immédiateté de réponse. Et donc tu avances un petit peu dans le notariat. C'est vrai qu'on a pu parler aussi un petit peu du côté sexiste de la profession de notaire. Est-ce que toi, t'as pu le vivre en tant que jeune femme dans les études que t'as fréquentées ? Est-ce que c'est quelque chose que t'as pu observer ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ce côté assez patriarcat, il est assez présent. C'est impalpable parfois, j'arrive pas à... C'est quelques mots, quelques attitudes, où en fait quand tu prends du recul sur la situation, tu peux te dire, ok, là j'ai vécu cette situation, ou ma collègue a vécu cette situation, parce qu'elle est une femme.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu penses qu'une petite voix en toi commence à se réveiller, à te dire que t'as fait le tour ?

  • Speaker #1

    Très rapidement, dès mes premières expériences, où j'ai senti une distance entre... Comme beaucoup d'étudiants d'ailleurs, c'est très classique de commencer ses études et de se dire c'est génial ce que j'étudie, j'adore telle ou telle matière et j'adore ce que j'étudie. Et ensuite de plonger dans l'univers professionnel et de se dire il y a un gros décalage entre ce que j'étudie et ce que je fais dans la pratique. Ça, ça a été le premier point. Le deuxième point, je pense que ça a été la charge de travail. Et ensuite, ce qui est venu enfoncer le clou et qui m'a fait définitivement quitter la profession, je dirais que c'est la perte de sens. Je ne comprenais plus pourquoi je faisais ce métier. En fait, on est tellement parasité par autre chose que le fond du métier que finalement, j'avais plus l'impression d'être un pompier qui doit éteindre des feux. J'ai toujours apprécié les challenges, résoudre des problèmes, braver les difficultés. aucun sujet là-dessus. Mais en fait, c'est quelque chose qui, quand ça t'arrive constamment, tu ne peux pas prendre de plaisir finalement. J'avais finalement aucune période assez creuse. Et donc en fait, j'ai petit à petit perdu le goût en me disant, mais ça n'a aucun sens ce que je fais. Je me suis déjà retrouvée dans des situations parce qu'après, j'ai aussi changé de domaine. Là, je suis rentrée dans une autre cour qui est l'immobilier complexe, où là, tes clients, ce sont des entreprises. Et en fonction de l'étude dans laquelle tu travailles, c'est parfois de très gros groupes. Donc, les enjeux sont...

  • Speaker #0

    Les économiques sont très importants.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc là, les petites erreurs dont on parlait tout à l'heure. Ça ne peut plus t'arriver. Ça ne peut plus t'arriver, mais pour autant, tu as toujours cette masse à abattre et qui t'empêche de pouvoir réfléchir et de te poser tout simplement.

  • Speaker #0

    En fait, c'est différent parce que dans l'immobilier complexe, c'est un gros, gros dossier, mais au long cours. Donc, tu ne vas pas avoir 50 dossiers. De toute façon, ce ne serait pas possible. Non, tu ne peux pas.

  • Speaker #1

    Tu vas en avoir 2, 3, 4 maximum. Si tu as la chance de travailler dans une étude assez importante et qu'il y a plus les moyens de recruter, il y a quand même une équipe qui bosse sur un dossier aussi important. Parfois pas. Donc, tu composes avec. En revanche, il y a quand même un regard un peu plus poussé que malheureusement sur d'autres dossiers comme on... On échangeait tout à l'heure sur l'immobilier des particuliers parce que là, les enjeux sont tellement importants économiquement parlant et sur le plan aussi de la réputation du notaire. Parce que là, le milieu est encore plus petit, plus restreint. Quelques études seulement dans Paris gèrent ce type de dossier. En province aussi, mais ce n'est quasiment que dans les grandes villes parce qu'il faut avoir ses clients finalement.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, parce que pour pouvoir donner des exemples, c'est par exemple... Tu vas vendre un site industriel non dépollué. Dépose. Voilà, défense. Oui, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, on est pour un...

  • Speaker #0

    Des grosses opérations.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc là, si tu veux, la seule chose à laquelle je me suis raccrochée pour continuer à donner du sens finalement à ce que je faisais, c'était mais tu participes à l'économie nationale. Mais je n'étais pas vraiment... Oui, tu m'as dit à toi-même. Je me suis montée clairement à moi-même. je me forçais à à prendre assez régulièrement du recul sur la situation parce que sinon, tu peux vite tomber en dépression en te disant, je ne vais pas y arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que ça t'est arrivé de tomber en dépression ou en burn-out ou en tout cas de l'avoir frôlé ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je dirais que j'ai sûrement frôlé le burn-out à la fin de ma carrière. Oui, je pense que j'ai eu une grosse fatigue physique et mentale où vraiment, et je pense que quand l'idée s'immerge peu à peu dans ton esprit que ce que tu fais ne te plaît plus, Pour moi, tu ne peux pas tenir la cadence, tu ne peux plus. Ton corps et je dirais aussi l'univers. J'ai l'impression que quand quelque chose n'est pas fait pour toi, ton corps t'envoie les signaux pour te dire il faut que tu arrêtes. Et dans ta vie professionnelle ou peu importe, il t'arrive que des choses pour que tu sortes de là en fait. Rien n'est facilité, j'ai l'impression que tu n'as que des difficultés quand ce métier n'est pas fait pour toi. Et je vais même reformuler. c'est pas que le métier n'est pas fait pour toi, c'est-à-dire que c'est un métier très difficile. Donc, ou bien tu es passionné et tu continues dans ce que tu fais, ou bien tu te dis, je gagne très bien ma vie et je tiens encore 10, 15 ans, ou que sais-je, ou alors toute une vie. Mais personnellement, je n'ai pas voulu faire ce choix. Et pour moi, c'était impensable de continuer dans ces conditions-là. En plus, en ayant le projet de construire une famille, je ne me projetais pas du tout.

  • Speaker #0

    Et en plus, je me souviens que tu as toujours été artiste. T'as toujours peint D'ailleurs je me souviens que nous nos conversations Quand on pouvait se prendre un verre après le travail Ou déjeuner près de nos études Ou quand on avait des dossiers ensemble On parlait très peu du notariat Finalement On avait vraiment des centres d'intérêt qui étaient différents Je me rappelle que toi tu peignais Tu faisais de très bonnes choses Je dessinais

  • Speaker #1

    Alors genre à l'époque je voulais absolument jouer de la guitare Donc j'avais commencé aussi A prendre des cours enfin C'est vrai que j'ai toujours eu cette partie créative en moi. Au fond de moi, je me suis toujours dit « Ok, c'est peut-être à cause de ça que je ne suis pas faite pour ce métier. Je ne suis plus appelée par autre chose. » Mais je ne savais pas quoi en faire, en fait. Je ne savais pas comment exploiter. Et pour moi, si tu veux, j'ai aussi grandi dans une génération où on te dit « Il faut faire de longues études pour avoir un bon métier, poser. » stable, qui a une bonne réputation sociale, où tu gagnes bien ta vie. Donc, à aucun moment, je me suis projetée dans un métier créatif plus incertain.

  • Speaker #0

    Et ta marque, à quel moment elle arrive ? Parce que je sais que les valeurs de ta marque te ressemblent. C'est une marque qui est engagée et qui est partie d'un constat que la mode n'était pas faite pour... la plupart des femmes et que souvent les patrons étaient réalisés sur des modèles assez filiformes. Voilà.

  • Speaker #1

    Ils ne correspondaient pas vraiment aux femmes.

  • Speaker #0

    À la pluralité des femmes qu'on peut croiser, rencontrer dans la rue. Et toi, c'est quelque chose du coup que tu as voulu vraiment contrer avec ta marque.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me dire à quel moment c'est devenu une évidence de créer cette marque d'Alica ? Marque que tu portes d'ailleurs aujourd'hui,

  • Speaker #1

    qui est magnifique.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est parti de ça, de cet agacement de toi à avoir du mal à t'habiller ?

  • Speaker #1

    Alors, si tu veux, je me suis toujours dit, je ne quitterai pas le notariat sans avoir quand même un projet établi. Et en fait, j'ai eu de la chance, j'ai eu, pas une révélation, mais j'ai eu cette idée vraiment quand j'étais au bout du rouleau. Dernière expérience dans le notariat. Et je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que j'aime ? J'aime m'habiller. Parce que si tu veux, moi, mon uniforme dans le notariat, quand t'es une femme, t'as quand même la chance d'avoir une certaine liberté pour te vêtir, comparé aux hommes qui, bien souvent, sont encore en costume. Enfermés. Exactement. Et si tu veux, mon uniforme dans le notariat, c'était souvent une veste de costume, un blazer, un carré de soie coloré. Et puis souvent un jean assez sobre pour rester élégante. Et en fait, je me suis dit, mais moi, j'adore les ensembles. Je ne trouve pas à chaque fois de pantalon. C'est vraiment parti, je t'explique, c'est vraiment la genèse de la marque. Et en fait, je ne trouve mon bonheur dans aucun vêtement en termes de coupe. Et s'il y a la coupe, il n'y a pas de qualité. C'est-à-dire que concrètement, je me retrouve à aller piocher dans la fast fashion. Du coup, je me suis dit, je suis sûre que tu n'es pas la seule, peu importe la morphologie. D'ailleurs, une fille mince peut avoir aussi des hanches larges et ne pas trouver son bonheur. C'est parti de là, je me suis dit, je vais créer des vêtements. Je ne fais pas du sur-mesure, parce que rien ne remplacera le sur-mesure. Mais en tout cas, est-ce qu'on ne peut pas essayer dans le prêt-à-porter d'adapter des coupes, un maximum de silhouettes possibles ? C'est parti de ce constat-là. Et ensuite, c'était une évidence pour moi de faire des vêtements avec des matières nobles. Finalement, tout ce qui me manquait à titre personnel. Et ensuite...

  • Speaker #0

    C'est là que l'artiste en moi a ressurgi. Je me suis dit, mais tu ne peux pas juste faire ça. Il faut que tu trouves quelque chose de singulier. Parce que j'ai toujours aimé me différencier. Alors dans le notariat, tu es assez limitée, mais sans être très extravagante, j'ai toujours aimé cette touche de singularité, soit dans une coupe de cheveux, un carré de soie ou autre dans une paire de chaussures. Et je me suis dit, mais attends, pourquoi tu ne t'insèrerais pas des empiècements brodés ? Et justement... Cette réflexion-là est venue justement quand j'ai eu le temps un petit peu de penser plus à moi et de faire un peu plus d'introspection. Et j'ai eu cette idée de puiser dans mes origines finalement algériennes, dans l'héritage algérien. Et j'ai donc pioché cette idée de broderie dans le vestiaire traditionnel algérien qu'on porte à présent que dans des occasions festives où tu trouves un panel de robes et de tenues entièrement brodées. dans des matières nobles pour certaines tenues, certaines robes. C'est comme ça que l'idée de Dalika est née.

  • Speaker #1

    Et donc, toi, les empiècements, ils sont par exemple le long des boutonnières, sur les poches. C'est des petits détails. Donc, quand on ne connaît pas, par exemple, le vestiaire algérien, on ne le remarque pas. Enfin, on remarque que c'est une broderie, mais c'est subtil. Et pour toi, ça représente aussi... Le fait que finalement, on est tous assez pluriels, on a beaucoup de personnalités. Donc toi, c'est par exemple le vestiaire parisien, assez sobre, mais en même temps...

  • Speaker #0

    Élégant. Avec... Cette bouche de singularité.

  • Speaker #1

    Bouche de singularité.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et tu me disais aussi que de choisir cette voie-là, ça t'avait permis finalement de te choisir toi et de te reconnecter à toi.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, dans cette folie et cette course... au travail, à la performance, je n'avais que peu de temps pour moi. Donc tu vois, dans les dernières années, par exemple, j'ai complètement arrêté de peindre. J'avais plus du tout de temps pour me reconnecter à ce que j'aime faire et donc à moi finalement. Et ça a été justement l'opportunité de me reconnecter à une partie de moi. Donc pour l'anecdote, je suis aussi retournée en Algérie, ça faisait... Entre 15 et 18 ans, je crois que je n'avais pas... Relu les pieds ? Exactement. Et donc, ça a été l'occasion de me reconnecter à moi et aussi de faire de ce mélange, de ce beau mélange, un beau message. C'est-à-dire que, comme tu disais, on ne le remarque pas. Et puis souvent, c'est assez rigolo parce qu'en ce moment, la marque est aussi distribuée en boutique à Paris. Et j'ai souvent des réflexions différentes. Tiens, ça me fait penser à une veste autrichienne. J'ai un monsieur qui m'a écrit avant-hier, qui m'a dit, alors j'espère ne pas me tromper dans la prononciation, mais ça me fait penser à un jod pur, quelque chose comme ça. Et en fait, c'est une veste traditionnelle indienne, si je ne dis pas de bêtises. Vraiment, pardonnez-moi si je me trompe. Et en fait, c'est ça que j'aime véhiculer aussi à travers toutes ces pièces, c'est que le mélange est beau finalement et il reste élégant. Et en fait, Dalika, ce n'est pas juste une femme, c'est des femmes. C'est une pluralité de femmes, comme tu disais, sur le plan morphologique, physique et aussi sur le profil, pas psychologique, mais on est tous différents. Chacun a ses références et ses aspérités. Et du coup, c'est ça que j'ai voulu représenter à travers toute cette marque.

  • Speaker #1

    Sachant qu'après, la personne qui va acquérir ce vêtement va écrire sa propre histoire. Finalement. Donc, quand on a envie d'y voir, comme tu disais, une veste autrichienne, on peut.

  • Speaker #0

    On y voit une veste autrichienne complètement. Exactement. Mais finalement, c'est peut-être bateau ce que je vais dire, mais c'est exactement la même réflexion que tu peux te faire face à une toile. Moi, j'aime, par exemple, quand je vais au musée, en général, les descriptions. Tu ne peux pas vraiment savoir ce que le peintre a eu en tête. Il faut faire des recherches un peu plus poussées pour connaître l'histoire derrière la peinture, etc. où les messages véhiculés derrière cette toile, mais finalement, quand tu te retrouves face à une toile, tu peux penser ce que tu veux et quelqu'un d'autre pensera autre chose et chacun fait son interprétation au-delà du beau ou du pas beau, je veux dire. Tu te retrouves ou non dans cette toile, tu te reconnais, parfois tu ne comprends même pas ce que tu ressens, mais elle te parle. Bien sûr. Finalement, c'est ça. Avant, pour moi, tu vois, la mode, c'était quelque chose d'assez futile. Si tu m'avais posé la question, il y a peut-être encore trois ans de ça. Kalissa, tu pourrais créer une marque de prêt-à-porter, mais je... Non, enfin... Non, tout simplement. Mais en fait, c'est vraiment une extension de soi. Ce qu'on porte, c'est une manière de dire voilà qui je suis. En tout cas... En partie, c'est ce qu'on voit en premier quand on rencontre une personne.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on voit en premier, c'est la première image que tu renvoies de toi.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et aussi, pour reparler des matières que tu utilises, je trouve que c'est quand même extrêmement malheureux aujourd'hui d'acheter un manteau qui ne tient absolument pas chaud.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut dire que quand on achète un manteau qui est fait en polyester, donc en plastique, on n'a absolument pas chaud. Quand tu vois les compositions des pièces de l'époque, un manteau, c'était laine, cachemire. Aujourd'hui, un manteau, pour la plupart, il n'y a pas de laine.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de laine. Oui, alors il y en a très peu. Et ça me fait aussi penser qu'en créant cette marque-là, justement, je suis quelqu'un qui regardait énormément les étiquettes. On fait toujours un projet en se disant, je le fais parce que j'ai observé un manque. Mais c'est parti de ce constat-là. Il y a eu un ras-le-bol de se dire, c'est pas possible qu'on vende à ce prix-là des pièces qui sont, comme tu le dis, en plastique finalement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement, parce qu'on ne va pas citer de marques.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'on pense à peu près tous aux mêmes marques qui sont vendues à des prix qui sont...

  • Speaker #0

    Exorbitants.

  • Speaker #1

    Exorbitants, qui ont des conditions de fabrication qui sont déplorables et des compositions qui sont... mauvaise, très mauvaise. Et en fait, beaucoup de gens pensent que parce que ça coûte cher, c'est bien. Ne vous en voulez pas parce que personnellement, je l'ai pensé aussi, avant de bien me renseigner, etc. Donc, c'est normal de penser ça. On jette vraiment la pierre à personne. Tout est fait pour qu'on pense comme ça. Mais en fait, ça ne vaut pas mieux que certaines marques de fast fashion.

  • Speaker #0

    En fait, le positionnement, bien souvent, il est premium dans l'image, la communication, le marketing. Et d'ailleurs, tu ne trouves Pas toujours le pays de fabrication quand tu regardes sur internet. Il faut vraiment se déplacer en boutique pour certaines marques qui sont conscientes que ça peut être un sujet de se faire fabriquer dans des pays très lointains et dans des conditions assez douteuses. Je pense qu'il y a quand même une conscience qui a été prise que les gens sont quand même de plus en plus informés. Je veux dire, aujourd'hui, il y a... Il y a des créateurs de contenu qui en font vraiment leur créneau et qui dénoncent ces choses-là et qui aiguillent le consommateur vers des marques plus éthiques et plus qualitatives. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai eu envie de fabriquer en France. Vraiment d'aller, parce qu'en fait, clairement, je me suis dit aussi, on n'a pas besoin d'une énième marque de prêt-à-porter. Il y a déjà tout ce qu'il faut. Donc si je le fais, il faut que je le fasse correctement, il faut que je le fasse. bien. Et qu'est-ce que c'est de le faire bien ? C'est-à-dire des matières nobles, respectables. Et durables aussi. Durables, exactement. Enfin, je veux dire, sans jeter la pierre encore une fois, chacun son mode de consommation, mais à l'origine, un vêtement, ce n'est pas fait que pour tenir deux lavages ou six mois. Surtout quand on y met le prix. En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses.

  • Speaker #1

    Oui. Et aussi, un vêtement, par exemple, quand on voue à tes pièces ou d'autres pièces de créatrices, par exemple. ou de créateur, c'est vrai que il y a mille façons de l'accessoiriser pour avoir l'impression d'avoir un vestiaire qui est plus étoffé. Et en fait, il faut, je pense aussi, réussir à accepter qu'on n'est pas fait pour avoir une garde-robe avec autant de pièces et que c'est la fast fashion qui a donné ce rythme et ce rythme. Mais qu'en fait, c'est pas tenable même d'un point de vue environnemental.

  • Speaker #0

    environnemental, financier. Enfin, je veux dire, il y a tellement de choses dans lesquelles on pourrait mettre notre argent. Et je parle vraiment du principe où, personnellement, quand je mets le prix dans quelque chose, c'est parce que soit j'ai vécu une superbe expérience, soit je sais que c'est quelque chose que je vais garder et chérir un long moment parce que je l'affectionne.

  • Speaker #1

    Et même transmettre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parce que tu vois, par exemple, moi, il y a des pièces que j'ai pu récupérer de mes grand-mères, par exemple. Ou même grand-père, parce que moi, j'adore. Et j'adore les blazers d'hommes, tu vois, avec des couches, des épaulettes, etc. Pareil, des pièces de mon père que j'ai pu récupérer et un petit peu, tu vois, upcycler les boutons, des choses comme ça. Et en fait, tu te dis de nos garde-robes à nous, qu'est-ce que nos petits-enfants pourront parler avec nous ? plaisir en le redécouvrant, etc.

  • Speaker #0

    Justement, comme tu le sais, j'ai une petite fille qui a tout juste 9 mois.

  • Speaker #1

    On va quand même saluer au passage le fait d'avoir lancé ta marque en plein postpartum. Parce que ça, je te l'ai toujours dit que je t'admirais d'avoir réussi à tout mener de front, mais vraiment, je pense que toutes les personnes qui nous écoutent vont t'admirer à leur tour. C'est incroyable. Ta fille, quand ta marque... est née avait tout juste six mois.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Donc tu as fait tout ce qui est shooting etc avec le porte bébé.

  • Speaker #0

    Alors j'ai eu la chance, non j'ai eu la conscience de ne pas l'emmener avec moi parce que c'est pas vraiment j'ai l'habitude d'emmener ma fille partout avec moi en déplacement lorsque c'est confortable pour elle. Là c'était pas le cas mais je suis d'accord j'étais quand même en en plein postpartum. Je ne sais pas si c'est vraiment courageux de ma part, je l'ai plutôt vu comme quelque chose qui s'imposait à moi. Il fallait y aller, j'avais cette idée, ce super projet. Et en même temps, je n'avais pas envie de m'empêcher de devenir la maman que j'avais envie d'être. Et donc, parmi les choses qu'on peut garder de positif dans le notariat, c'est qu'on a quand même été assez habitués à battre une énorme charge de travail.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et donc... Je n'ai pas été effrayée de devenir maman et de lancer cette marque en même temps d'Alica. Voilà, je l'ai fait parce que ça s'est imposé à moi. Le timing, on ne le choisit jamais, ni pour un enfant, ni pour lancer un projet. Sinon, les temps passent et on ne fait jamais rien. Et donc oui, quasiment deux bébés en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que c'est important pour toi aussi dans ce que ta fille voit de sa maman ? Le fait que tu aies eu le courage de suivre ton intuition, est-ce que tu penses que c'est important quand on élève une jeune fille ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose, avant d'être maman, que je projetais, mais c'était assez abstrait. Et en fait, depuis qu'elle est née, c'est vrai que tous mes choix, j'ai toujours une petite voix qui vient juste derrière mon raisonnement, mon propre raisonnement, me dire, comme une validation finalement. Je vais faire ça comme ça parce que je sais qu'elle sera fière et que plus tard, je pourrais lui dire que j'ai fait les choses le mieux possible. De mon mieux. J'ai fait de mon mieux. C'est pareil quand tu me parlais de transmission, de choses comme ça. Il y aura les vêtements, c'est certain. Mais aussi de dire, j'ai créé cette marque à l'époque, tu étais un tout petit bébé. Voilà ce que j'ai fait. J'ai fait ce choix. Je fabrique à Paris. J'ai choisi que des matières nobles. C'était un pari fou. Tout le monde m'a dit... Attention, on est quand même, ce qu'il faut le dire, le textile est un secteur sinistré, toujours en crise. Donc c'est quelque part une folie. Mais j'y crois et plus tard, j'aimerais lui dire que peu importe le résultat, peu importe ce qui va se passer, que je suis fière d'avoir tenu mes valeurs et des bonnes valeurs finalement.

  • Speaker #1

    Oui, d'avoir cru en toi et en ton... Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et évidemment, ça, ensuite, sur le plan personnel, tout ça, ce sont des valeurs que je vais lui apprendre.

  • Speaker #1

    Et tu parlais justement, juste avant, du fait que le notariat t'a apporté le fait de savoir endosser une énorme charge de travail. Est-ce que tu dirais qu'il y a d'autres choses que tu as héritées du notariat, dont tu prends le contre-pied ? Parce que tu vois, par exemple, quand je t'entends parler, enfin moi, en tout cas, moi, je l'expérimente de mon côté avec la nouvelle carrière que j'ai embrassée, je ne sais pas si toi aussi, en termes de gestion du temps. Mais tu vois, toi et moi, par exemple, quand on travaillait ensemble à l'époque, qu'on avait des dossiers en forme, je me souviens qu'il nous était arrivé, on en parlait juste avant, j'avais oublié, c'est toi qui me l'as rappelé, d'avoir un dégât des eaux en comble, par exemple. Et même quand on devait s'appeler pour des choses professionnelles sur nos heures de bureau, on n'avait pas le temps de se parler. Exactement. On se disait vraiment, on allait droit au but, mais même sur ces dossiers qu'on traitait en forme, on devait être expéditive. Et toi, comment ça va ? » Après, on s'envoyait un petit message genre « Désolée, j'ai pas du tout le temps de parler, j'espère que ça va, on essaie de se voir. » On n'avait pas le temps de l'enclencher. Alors que tu vois, par exemple, aujourd'hui, on aura l'opportunité de déjeuner ensemble suite à notre enregistrement, etc. Est-ce que c'est quelque chose qui est important pour toi aussi de reprendre le pouvoir sur ton emploi du temps ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'avais pas mesuré à quel point retrouver cette liberté de gestion du temps. était importante pour moi. Après, il faut dire que je passais clairement ma vie au bureau. Surtout dans les dernières années, quand tu me parlais de frôler le burn-out, je pouvais facilement faire du 9h30, 22h, 23h. Donc finalement, je n'avais plus le temps pour autre chose. Et là, aujourd'hui, évidemment, d'avoir la liberté de gérer mon temps comme je le veux et de composer surtout. parce que On a tous des aléas, enfin je veux dire, il y a plein de choses qui peuvent arriver dans la vie. Et de pouvoir juste se dire, ok, je vais prendre mon rendez-vous chez le médecin, mercredi à 11h, parce qu'il n'a pas d'autres créneaux, et que c'est ok parce que je pourrais travailler soit avant, soit après, et que j'ai de compte à rendre à personne, si ce n'est qu'à moi-même. Bien sûr qu'aujourd'hui, c'est une chance inouïe. Après, l'envers du décor aussi, c'est se mettre des limites. Tu peux rapidement basculer dans je ne compte plus mes heures. Puisque je suis libre, je ne peux vaquer qu'à mes occupations personnelles toute la journée et je travaillerai le soir. Je suis encore en train de, pour être tout à fait honnête, trouver mon équilibre. Je trouve qu'on s'en sort très bien. Je dis on parce que j'ai de l'aide aussi de mon mari aussi par rapport à ma marque. Sinon, il fait évidemment, comme on aime à le dire, sa part vis-à-vis de notre fille qui est tout à fait normale. mais j'ai de la chance d'avoir un véritable soutien derrière moi qui me permet aussi de gérer... Tu vois, ce matin, c'est lui qui l'a emmené à la crèche. J'ai pu me préparer tranquillement et sereinement pour venir ici.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais ça, c'est une chance. Est-ce que je retire des choses positives du notariat ? Je dirais la force de travail. que j'avais déjà en moi, mais qui s'est quand même assez développée. Et si tu arrives à la mesurer, la contrôler avec le temps, ça reste une force, sans tomber dans l'excès. Je dirais que j'ai un regard forcément plus juridique sur toute la vie économique de la marque. Quand j'ai affaire à mes partenaires, ou quand je dois signer des contrats, etc.,

  • Speaker #1

    je me sens à perdre. On va les relire.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est tout.

  • Speaker #1

    Ouais. Après, le reste, tu dirais ? Le reste,

  • Speaker #0

    c'était déjà, je veux dire, le relationnel. C'est quelque chose que j'avais déjà en moi. Donc, ça a été une qualité que j'ai mis au service de mon ancien métier, mais que je n'ai pas développé forcément grâce au notariat.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie d'être venue me raconter l'histoire de Dalika, ton histoire. Et puis, c'est aussi un peu finalement l'histoire de ta fille. L'histoire de qui tu es au fond et l'histoire de beaucoup de femmes finalement. Merci Pauline, j'étais ravie de passer ce moment avec toi. Je te dis à bientôt et merci encore d'être venue te confier. À bientôt Pauline. Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

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Description

Khalissa était notaire. Elle a exploré ce métier sous toutes ses coutures : le droit de la famille, l’immobilier des particuliers, jusqu’aux opérations immobilières les plus complexes.

Elle a commencé ce travail avec passion. Mais peu à peu, la charge considérable, la pression des clients et le rythme effréné des signatures ont étouffé ce plaisir.

Petit à petit, sa carrière a fini par la dévorer, au point qu’un jour, elle réalise qu’elle ne se reconnaît plus vraiment.


Pourtant, une artiste a toujours sommeillé en elle. Sur son temps libre, Khalissa était déjà artiste peintre.

Un jour, alors qu’elle se sent au bord du burn-out, elle s’interroge : que ferait-elle pour renouer avec celle qu’elle est vraiment ?


La réponse, elle l’avait depuis longtemps. Depuis qu’elle constatait qu’elle ne trouvait pas de vêtements qui lui correspondent : des pièces pensées pour la diversité des corps, fabriquées avec des matières qui ont du sens, dans des conditions respectueuses.

C’est à ce moment-là qu’elle réveille l’artiste en elle et imagine une marque qui lui ressemble : Dalika.

Une marque 100 % dessinée et fabriquée en France, qui ne travaille que des matières nobles et délivre un merveilleux message en rendant un hommage discret à ses racines.


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Pour suivre les coulisses du podcast n'hésitez pas à me suivre sur Instagram: Pauline_virage!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Calissa. Bonjour Pauline. Comment ça va ? Très bien, merci. Écoute,

  • Speaker #0

    je suis super contente parce qu'aujourd'hui j'ai la chance de recevoir une amie à mon micro. On vient du notariat, toutes les deux, on s'est rencontrées dans le cadre de nos études de notaire. On n'a pas exercé dans la même étude mais on s'est suivi vraiment de près, on a souvent eu des dossiers ensemble, etc. On va y venir. Et puis t'as fait comme moi.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit en fait, vraiment maintenant que j'en ai bavé, que j'ai fini tous mes diplômes et que ça y est, je suis enfin notaire ? Si,

  • Speaker #0

    je partais !

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu as lancé ta marque qui s'appelle Delica, qui est magnifique. Maintenant,

  • Speaker #0

    on va parler qu'il y a une marque qui te ressemble, qui est créée avec des belles matières. Tu en avais un peu marre de voir les compos 100% polyester, etc. Donc toi, c'est vraiment de la laine principalement que tu travailles ?

  • Speaker #1

    Entièrement.

  • Speaker #0

    Super, on va... on va y venir. Du coup, est-ce que tu peux me parler un petit peu ? On va commencer par discuter du notariat et puis voilà, partager nos expériences aussi ensemble. Est-ce que tu peux me dire déjà pourquoi tu as eu envie d'être notaire à la base ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, je suis ravie d'être avec toi. Je tiens à le dire ici. Qu'est-ce qui m'a donné envie de faire du notariat ? Alors je pense que c'est un choix qui a été assez mathématique dans la réflexion. J'avais envie à l'origine d'être avocate. Tout simplement parce que j'étais pas très bonne en maths ni en physique chimie. Et donc je me suis dirigée naturellement vers le droit. Et en fait, ma mère, à l'époque, je sais pas si c'est quelque chose que tu savais, était claire de notaire. Évidemment, à la retraite, lorsqu'elle m'a parlé de ce métier passé, les choses avaient bien changé. Et c'est tout naturellement comme ça que je me suis dirigée vers le notariat, sur les conseils de ma mère, finalement.

  • Speaker #0

    Ok. T'avais pu faire des stages, etc. et voir comment ça se passait ?

  • Speaker #1

    Alors. aucun. Je me suis lancée vraiment dans...

  • Speaker #0

    À l'aveugle.

  • Speaker #1

    À l'aveugle, directement après le bac en plus. À l'époque, j'avais fait une école privée. Je ne suis même pas passée par la fac.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je me souviens, toi, en fait, aujourd'hui, c'est supprimé. Donc, pour les personnes qui nous écoutent, le parcours n'est plus possible. Mais à l'époque, tu pouvais passer le diplôme de premier clair. C'est ça. Et ensuite, passer la passerelle pour passer le concours de notaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui fait que, quand on s'est rencontrés... tu avais plus de connaissances dans le notariat pur. C'est ça. Parce que quand on vient du droit, en fait, on a un cursus qui est quand même généraliste. Donc, tout ce qui est droit constitutionnel, etc., qui est en surprise, on n'exploite plus dans le notariat. Alors que toi, tu étais tout de suite rentrée dans le vif de ce sujet, dans tes éludes, etc. Et donc, voilà. Et nous, on s'est rencontrées, du coup, à l'issue de, moi, mon Master 2, et toi, quand tu avais validé le concours d'entrée de l'école de notaire, et du coup, moi aussi. C'est ça. on a eu ces études en commun pendant deux ans et demi du coup. Et est-ce que tout de suite, quand tu commences, tu as de l'attrait pour cette profession ? Ça te plaît quand tu commences les études ?

  • Speaker #1

    Alors, si je découpe les quatre premières années, donc pour obtenir ce fameux diplôme de premier clair, il y a deux ans d'études à temps plein et ensuite deux ans d'alternance. Donc les deux premières années, j'adorais ce que j'étudiais, tout se passait bien. Et en fait, pour moi, la première fois Merci. que j'ai eu cette pensée de « Ouh là là, dans quoi je me suis lancée ? » C'était ma première expérience professionnelle, donc les deux ans d'alternance. À un moment en plus où c'était la crise, il y avait une crise économique. Et donc finalement... pas vraiment de moyens de se reporter vers une autre entreprise, une autre étude. Et c'est là que j'ai commencé à réaliser que ça ne me plaisait pas forcément.

  • Speaker #0

    Quels ont été les premiers signaux pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord mon ancien patron, qui était assez spécial. Alors dans le notariat, on pourra en reparler après, mais c'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de méthode de management de manière générale. Mais là, pour le coup, je suis tombée sur un profil assez particulier. Bon, disons les choses clairement. Au bout de trois mois dans l'entreprise, j'assiste à un point sur mes dossiers dans son bureau, en tête à tête, et il prend un appel téléphonique, donc personnel. J'essaye de m'occuper, en attendant, assez gênée de la situation. Et puis, il raccroche et il me dit... C'était mon frère, il est psychologue. Il s'assure que tout va bien parce que je suis bipolaire. Et les choses, forcément, commençaient à se corser à partir de ça. J'ai compris un peu mieux puisque c'était aussi ma première expérience professionnelle. Et elle est assez refroidissante, finalement.

  • Speaker #0

    Parce que tu pouvais constater, parce qu'on sait que quand on est bipolaire, quand on a un traitement qui est bien équilibré, ça va dans le quotidien. et d'ailleurs c'est Il y a de plus en plus la parole qui se libère sur le sujet pour pouvoir vivre avec et s'intégrer. Mais lui, tu penses que le traitement n'était pas bien dosé ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y avait un traitement à l'époque ou s'il en prenait, etc. Je ne suis pas du tout rentrée dans le détail, mais c'est vrai que...

  • Speaker #0

    Vous viez vivre les up et les down.

  • Speaker #1

    Complètement. Je me souviens, pour mon anniversaire, un petit pot qui vient de chez Au Nom de la Rose, avec plein de jolies fleurs, de roses, etc. Et le lendemain, sans raison apparente, si ce n'est que c'est le mauvais jour, rendez-vous dans mon bureau, prenez vos dossiers. Donc, tu es là avec tes 50 dossiers qui vont. Et en fait, il épluchait. Bon, à l'époque, on fonctionnait avec des mails, mais ce n'était pas aussi développé que ça. Donc, j'avais encore plein de courriers papiers, etc. Et pourquoi la virgule, elle est là ? Là, il fallait aller à la ligne. Enfin, vraiment le mauvais jour. Donc oui, je les ai vraiment vécues avec lui, finalement, malgré moi.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps dans cette étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenu deux ans, si ma mémoire est bonne. En fait, c'était la condition sine qua non pour pouvoir valider le diplôme. Et comme je te disais, la crise économique, il n'y a pas vraiment de moyens de trouver ailleurs. De changer d'études. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'était le diplôme de premier clair ou le diplôme de notaire ?

  • Speaker #1

    De premier clair.

  • Speaker #0

    De premier clair. OK. Et donc après, commencent les études du diplôme de notaire. Et en plus, il faut savoir que... quand on s'est rencontré, donc pour les gens qui viennent du notariat et pour les autres, on va faire très court, nous, au moment où on arrive, la réforme venait de passer pour le concours du notariat, parce qu'en fait, juste l'année d'avant, tu avais le concours d'entrée, puis un an de stage, tu n'avais pas d'examen pendant ton stage, et ensuite, tu avais ta soutenance de rapport de stage. En plus, il fallait un master 1 pour l'avoir. Et après, ils se sont dit, attends, c'est un peu facile quand même. On va mettre encore un peu des bâtons dans les roues à ceux-là. Je trouve qu'ils prennent un peu trop de plaisir dans la vie. Donc, on laisse le petit concours d'entrée parce que finalement, on est bien. Ensuite, on met des semestrialités tous les six mois.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Pourquoi on enlèverait la soutenance de rapport à la fin ? Donc, on l'allait. Donc, nous, on arrive dans ce milieu-là. Et en plus, ils avaient changé les règles. Donc, il fallait un master 2. À savoir que moi, par exemple, je l'avais raté l'année d'avant. J'apprends que je ne peux pas le présenter l'année d'après. Donc du coup, j'ai envoyé des mails à tous les Master 2, genre, oui, désolé, je n'ai pas postulé, est-ce que vous pouvez me prendre ? Et j'ai été prise. Et je remercie aujourd'hui d'ailleurs la fac d'Épinay-Viltaneuse qui nous ont pris à deux pour qu'on puisse passer, donc faire un Master 2 d'immobilier complexe pour pouvoir passer ensuite le concours de notaire. Donc, on se rencontre dans cette étude-là et pareil, c'est la crise au moment où on se rencontre. C'est super difficile d'avoir un stage validant, donc une étude. Tu vois, moi, je ne sais pas si tu te souviens, j'étais au Mans. Donc je faisais les allers-retours tous les jours parce que je n'avais pas trouvé à Paris.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu voulais vraiment être notaire.

  • Speaker #0

    Je voulais vraiment être notaire. Et donc, nos journées se découpaient comme ça, c'est-à-dire qu'on était quatre jours à l'étude, un jour en cours. Et puis tous les six mois, on avait des examens pour valider la matière qu'on passait. Donc ce n'était pas facile parce qu'il faut savoir aussi que dans le notariat, les salaires de notaire stagiaire... Ce n'est pas comme d'autres stagiaires, c'est-à-dire qu'on gagne un peu plus que le SMI. Donc, pour les études, ce n'est pas toujours agréable de se dire qu'on est payé, même si à l'échelle d'un salaire dans le notariat, ce n'est pas un gros salaire, mais en tout cas, ce n'est pas dans leur esprit un salaire de stagiaire. Donc, nous laisser aller en cours n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les responsabilités sont rapidement les mêmes qu'un employé qui a de l'expérience finalement.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors qu'on était encore en apprentissage.

  • Speaker #0

    Surtout à Paris, je le précise, parce que par exemple, parfois il m'arrive de parler à des amis qui exercent dans d'autres villes. Et par exemple, ce que nous on a vécu, à savoir de recevoir nos actes avant d'être notaire salarié.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Nous on a tout de suite... beaucoup de responsabilités et on gère un dossier vraiment de A à Z, comme mon notaire stagiaire.

  • Speaker #1

    Ce qui est très plaisant au passage, parce qu'au départ, on se dit c'est génial, on fait confiance et puis j'apprends énormément et puis je peux aller plus vite, entre guillemets, dans le parcours d'apprentissage. Mais qui finalement, un peu le retour de bâton, c'est il ne faut pas faire d'erreurs, ou alors les rattraper vite parce que les conséquences peuvent être assez compliquées. de l'autre côté.

  • Speaker #0

    Exactement, même si à la fin c'est pas ta responsabilité qui est en jeu, on te fait comprendre très rapidement que c'est un petit monde le notariat et que du coup si la responsabilité de ton employeur est mise en jeu parce que t'as fait une erreur dans un dossier, ce sera pas évident de retrouver derrière un emploi. Il y a un peu toujours ça qui... pèse au fil de ta tête. Je ne sais pas si toi, tu l'as vécu comme ça dans les études dans lesquelles tu es passée.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et puis même en dehors de la responsabilité, il y a ce souci du relationnel avec le client qu'il ne faut pas perdre, la réputation du notaire. Il y a tout ça derrière qui pose problème. Et je n'ai jamais compris pourquoi on n'expliquait pas que le dossier était confié à quelqu'un qui est en apprentissage avec une surveillance sur... sans trop s'étaler vis-à-vis du client, mais je veux dire quand même quelqu'un qui regarde et qui gère derrière. Et ce serait, je pense, plus simple. Déjà, ça enlève une pression aux stagiaires ou à l'alternant qui gère le dossier, en se disant, OK, je n'ai pas besoin d'être tout le temps dans cette représentation de je sais tout, je gère à la perfection, alors que ça fait trois mois que finalement j'exerce.

  • Speaker #0

    Mais au-delà de ça, tu vois, je pense que le souci... Il est un souci, clairement, on va dire, d'argent parce que, outre le fait que forcément un notaire stagiaire, il le paie moins qu'un notaire salarié, etc., ils ont aussi des aides quand ils

  • Speaker #1

    « forment » leurs futurs confrères ou consœurs.

  • Speaker #0

    Il faut savoir que dans le notariat, les notaires associés, souvent, chapotent les dossiers, etc., mais vont plus vraiment. constituer un dossier, ni même parfois dans certaines études le recevoir, etc. Donc ils vont beaucoup déléguer sur leurs équipes. Et en fait, leurs équipes à qui ils imputeraient de former leur recrut de notaire stagiaire sont déjà complètement sous l'eau.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc on va jeter vraiment la pierre à personne. Parce que pour avoir du coup, après plus tard dans notre carrière, été dans la position de former des notaires stagiaires, c'était pratiquement infaisable. Oui, c'est impossible. Parce qu'à part que la personne s'assoit à côté de toi, toi et voit comment tu fais sur tes dossiers, mais du coup, elle n'avance pas sur les siens.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, elle a besoin de poser des questions. Ça prend du temps. Finalement, l'aide que ça pourrait t'apporter, il y a ce délai qui est plus ou moins long, dans lequel le stagiaire, notaire-stagiaire a besoin d'être formé, a besoin d'être véritablement accompagné. Le sujet, c'est que la masse de travail des deux côtés ne permet pas cette belle collaboration qui serait profitable à toute l'équipe, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, et donc ensuite, quand tu as l'opportunité de changer d'étude, tu es contente tout de suite de l'étude dans laquelle tu exerces ?

  • Speaker #1

    Alors, je respire puisque je suis déchargée du côté toxique dans le relationnel slash management. Donc, je respire à ce niveau-là. Je retrouve plaisir à travailler puisque je change. en parallèle de matière. J'ai commencé par le droit des successions, le droit des familles. Ensuite, je me dirige vers les ventes, l'immobilier des particuliers. J'ai cette bouffée d'air parce que j'apprends autre chose, je découvre, c'est nouveau. Je me sens bien.

  • Speaker #0

    Et le contact humain n'est pas le même aussi, il faut le dire, parce que j'ai tout parcours dans le même sens que toi. Et c'est vrai qu'au départ, en tout cas, je pense, je ne sais pas si toi ça t'a fait pareil, mais moi au départ, j'ai vécu comme une respiration de rencontrer des gens qui étaient plutôt dans un mouvement de vie heureux. Parce que c'est vrai que ça peut être extrêmement lourd de parler à des personnes endeuillées quotidiennement. Et ce n'est pas facile, je trouve.

  • Speaker #1

    J'ai vécu la même chose que toi. quand je t'écoute parler, je me rappelle d'un souvenir où j'ai... Un jeune homme qui avait perdu sa maman, dont je gérais la succession, et qui, une fois le dossier terminé, clôturé, continuait de m'appeler en prétextant toujours une demande. Et en fait, je me suis aperçue très rapidement que c'était juste pour me parler, parce qu'il avait besoin de parler. Du coup, j'étais très jeune, j'étais dans ma petite vingtaine, et j'ai pris mon courage à deux mains pour... pour gentiment lui expliquer que j'étais là pour gérer tout le côté administratif, que je pouvais aussi avoir une écoute. Et ça a été très délicat pour moi de lui annoncer qu'il fallait qu'il arrête de m'appeler gentiment.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et donc, en effet, je te rejoins sur ce sujet. Ça a été très lourd. Et donc, dans l'immobilier des particuliers, on accompagne... Des personnes dans un moment assez sympathique de leur vie, une nouvelle acquisition, une vente, un déménagement, c'est toujours quelque chose de positif. Et là, je me retrouve un peu plus. Pareil, dans le relationnel, je vois bien que le simple fait d'avoir changé de matière change complètement le métier à ce moment-là. Donc, j'apprécie.

  • Speaker #0

    Et je me permets de te poser la question parce que je sais qu'on a ressenti la même chose. C'est vrai que quand tu arrives dans l'immobilier, au départ, c'est tout beau, tout nouveau. puis Au début, quand tu arrives dans ce monde de l'immobilier des particuliers, tu vois le côté positif d'accompagner les gens. Puis au fur et à mesure, tu as tellement de dossiers à te finir que déjà, je trouve que tu ne vois plus l'excitation. Après, parfois, c'est aussi très difficile parce que tu te retrouves. Moi, j'ai des souvenirs de vente où derrière, tu en as trois à signer et les personnes commencent à dire... « Ah, au fait, vous l'avez testé, le petit traiteur qui est en bas, etc. »

  • Speaker #1

    Le quartier est sympa, c'est élu quand tu fais la description, etc.

  • Speaker #0

    Et toi,

  • Speaker #1

    tu es déjà dans ton autre rendez-vous, tu te dis « Je suis en retard, j'ai des choses à faire. »

  • Speaker #0

    Et du coup, tu te dis « Ouah, si à chaque fois qu'on parle de quelque chose, ils y vont. » En même temps, tu ne veux pas casser la vibe des gens, tu veux que ce soit le moment le plus plaisant possible pour eux parce que c'est un grand moment dans leur vie.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et donc, tu te retrouves un petit peu à jongler en disant « Alors, si c'est possible, On va aller juste au bout de la lecture et puis pendant qu'on recueillera les signatures ou peut-être que j'aurai des copies à faire, là je vous inviterai à échanger.

  • Speaker #1

    Je me retrouve complètement dans ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Et l'humain disparaît.

  • Speaker #1

    Exactement. Tu ne peux pas allier les deux. Malheureusement, tu perds ce goût d'échanger parce qu'en fait, tu ne penses qu'à tout ce qui te reste à faire et le temps imparti dans lequel tu dois tout faire. Et à cette époque-là, je n'avais même pas encore d'enfants. C'est-à-dire que je gérais uniquement que ma vie professionnelle et personnelle. Et c'était déjà assez compliqué en termes de temps. Donc oui, je te rejoins complètement. Petit à petit, l'engouement s'est essoufflé. Et en fait, tu ne vois plus que ta charge de travail et comment tu peux réussir à tout faire dans un temps limité. Puisqu'un dossier a une vie, tu ne peux pas le conserver six mois dans ton armoire. Il faut que tu le gères en moyenne trois mois, grand maximum. Et puis, je ne sais pas si tu as eu ce ressenti-là de ton côté. Finalement, les gens qu'on a rencontrés au cours de nos vies professionnelles sont quand même le reflet de la société dans laquelle on vit. Et au fil des années, j'ai ressenti une impatience. C'est-à-dire que comme on est dans un monde où tout va vite, finalement, le côté humain a aussi disparu de l'autre côté. Alors, il y a toujours eu des clients... très agréables, qui veulent quand même échanger avec toi. Peu importe l'âge, il n'y a pas de sujet sur le profil. Mais il n'en reste pas moins que j'ai trouvé qu'ils reflétaient la société dans laquelle on vivait. Donc souvent, tu reçois des appels. On signe quand ? Je ne comprends pas. Il faut faire plus vite. Est-ce qu'on ne peut pas signer en un mois ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça vient aussi du fait que le métier de notaire est extrêmement méconnu. Et que du coup, tu te retrouves très facilement à être l'ennemi de tout le monde. parce que souvent... sans vouloir faire de généralité. Et avec tout le respect pour les agents immobiliers qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Oui, je sais ce que tu veux, oui.

  • Speaker #0

    Les agents immobiliers qui font visiter, déjà, ce n'est pas leur métier, chacun son métier. Voilà, l'agent immobilier est là pour faire visiter le lieu. Donc, son métier s'arrête ensuite une fois que le dossier arrive à l'étude de notaire. Mais souvent, il y a des problématiques qui n'ont pas été soulevées par l'agent immobilier. Par exemple, une annexion de partie commune ou quelque chose comme ça, ou quelque chose qui n'allait pas sur les plans, un mur porteur qui avait été abattu sans autorisation, des choses comme ça, qui peuvent retarder une signature que l'agent immobilier n'a pas dit ou l'agent immobilier a dit « bon ben voilà, c'est une formalité » .

  • Speaker #1

    Votre notaire le réglera rapidement ça, on a l'habitude. Oui,

  • Speaker #0

    donc par exemple quand les gens achètent sans le besoin de recourir à un prêt bancaire, ce qui arrive quand même souvent, c'est vrai que s'il n'y a pas de difficultés sur le dossier. on n'est pas obligé de signer en trois mois. On pourrait signer la promesse, puis signer, une fois qu'on a respecté les délais imposés par la loi, on peut signer en un mois et demi.

  • Speaker #1

    Le temps d'avoir les disponibilités de chaque partie. Exactement.

  • Speaker #0

    Sauf que parfois, le dossier présente des particularités qu'il faut régler. Les gens, souvent, ça leur paraît complètement abstrait, même les clients. Ils se disent, mais pourquoi on m'embête avec cette pièce-là ? Moi, je veux juste emménager et puis j'ai la rentrée scolaire que je dois préparer, etc. Mais par contre, si tu signes et qu'ensuite, ils sont attaqués ou qu'il y a un problème dans 5 ans, tu vois, ce sera les premiers à revenir te voir en te disant que tu les as mal conseillés, etc. Tout à fait. Donc en fait, nous, on a un travail qui est extrêmement ingrat. Et souvent, moi, j'avais l'impression d'être l'ennemi de tout le monde. Oui. Que tout le monde était du même côté.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Sauf moi qui étais de l'autre côté. Tu sais, la méchance qui ne veut pas.

  • Speaker #1

    signé ce dossier.

  • Speaker #0

    Je veux quitter ton appartement, je veux.

  • Speaker #1

    Non mais je te rends compte complètement.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça devient très difficile et je suis d'accord avec toi. Pareil sur l'immédiateté de réponse. Et donc tu avances un petit peu dans le notariat. C'est vrai qu'on a pu parler aussi un petit peu du côté sexiste de la profession de notaire. Est-ce que toi, t'as pu le vivre en tant que jeune femme dans les études que t'as fréquentées ? Est-ce que c'est quelque chose que t'as pu observer ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ce côté assez patriarcat, il est assez présent. C'est impalpable parfois, j'arrive pas à... C'est quelques mots, quelques attitudes, où en fait quand tu prends du recul sur la situation, tu peux te dire, ok, là j'ai vécu cette situation, ou ma collègue a vécu cette situation, parce qu'elle est une femme.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu penses qu'une petite voix en toi commence à se réveiller, à te dire que t'as fait le tour ?

  • Speaker #1

    Très rapidement, dès mes premières expériences, où j'ai senti une distance entre... Comme beaucoup d'étudiants d'ailleurs, c'est très classique de commencer ses études et de se dire c'est génial ce que j'étudie, j'adore telle ou telle matière et j'adore ce que j'étudie. Et ensuite de plonger dans l'univers professionnel et de se dire il y a un gros décalage entre ce que j'étudie et ce que je fais dans la pratique. Ça, ça a été le premier point. Le deuxième point, je pense que ça a été la charge de travail. Et ensuite, ce qui est venu enfoncer le clou et qui m'a fait définitivement quitter la profession, je dirais que c'est la perte de sens. Je ne comprenais plus pourquoi je faisais ce métier. En fait, on est tellement parasité par autre chose que le fond du métier que finalement, j'avais plus l'impression d'être un pompier qui doit éteindre des feux. J'ai toujours apprécié les challenges, résoudre des problèmes, braver les difficultés. aucun sujet là-dessus. Mais en fait, c'est quelque chose qui, quand ça t'arrive constamment, tu ne peux pas prendre de plaisir finalement. J'avais finalement aucune période assez creuse. Et donc en fait, j'ai petit à petit perdu le goût en me disant, mais ça n'a aucun sens ce que je fais. Je me suis déjà retrouvée dans des situations parce qu'après, j'ai aussi changé de domaine. Là, je suis rentrée dans une autre cour qui est l'immobilier complexe, où là, tes clients, ce sont des entreprises. Et en fonction de l'étude dans laquelle tu travailles, c'est parfois de très gros groupes. Donc, les enjeux sont...

  • Speaker #0

    Les économiques sont très importants.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc là, les petites erreurs dont on parlait tout à l'heure. Ça ne peut plus t'arriver. Ça ne peut plus t'arriver, mais pour autant, tu as toujours cette masse à abattre et qui t'empêche de pouvoir réfléchir et de te poser tout simplement.

  • Speaker #0

    En fait, c'est différent parce que dans l'immobilier complexe, c'est un gros, gros dossier, mais au long cours. Donc, tu ne vas pas avoir 50 dossiers. De toute façon, ce ne serait pas possible. Non, tu ne peux pas.

  • Speaker #1

    Tu vas en avoir 2, 3, 4 maximum. Si tu as la chance de travailler dans une étude assez importante et qu'il y a plus les moyens de recruter, il y a quand même une équipe qui bosse sur un dossier aussi important. Parfois pas. Donc, tu composes avec. En revanche, il y a quand même un regard un peu plus poussé que malheureusement sur d'autres dossiers comme on... On échangeait tout à l'heure sur l'immobilier des particuliers parce que là, les enjeux sont tellement importants économiquement parlant et sur le plan aussi de la réputation du notaire. Parce que là, le milieu est encore plus petit, plus restreint. Quelques études seulement dans Paris gèrent ce type de dossier. En province aussi, mais ce n'est quasiment que dans les grandes villes parce qu'il faut avoir ses clients finalement.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, parce que pour pouvoir donner des exemples, c'est par exemple... Tu vas vendre un site industriel non dépollué. Dépose. Voilà, défense. Oui, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, on est pour un...

  • Speaker #0

    Des grosses opérations.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc là, si tu veux, la seule chose à laquelle je me suis raccrochée pour continuer à donner du sens finalement à ce que je faisais, c'était mais tu participes à l'économie nationale. Mais je n'étais pas vraiment... Oui, tu m'as dit à toi-même. Je me suis montée clairement à moi-même. je me forçais à à prendre assez régulièrement du recul sur la situation parce que sinon, tu peux vite tomber en dépression en te disant, je ne vais pas y arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que ça t'est arrivé de tomber en dépression ou en burn-out ou en tout cas de l'avoir frôlé ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je dirais que j'ai sûrement frôlé le burn-out à la fin de ma carrière. Oui, je pense que j'ai eu une grosse fatigue physique et mentale où vraiment, et je pense que quand l'idée s'immerge peu à peu dans ton esprit que ce que tu fais ne te plaît plus, Pour moi, tu ne peux pas tenir la cadence, tu ne peux plus. Ton corps et je dirais aussi l'univers. J'ai l'impression que quand quelque chose n'est pas fait pour toi, ton corps t'envoie les signaux pour te dire il faut que tu arrêtes. Et dans ta vie professionnelle ou peu importe, il t'arrive que des choses pour que tu sortes de là en fait. Rien n'est facilité, j'ai l'impression que tu n'as que des difficultés quand ce métier n'est pas fait pour toi. Et je vais même reformuler. c'est pas que le métier n'est pas fait pour toi, c'est-à-dire que c'est un métier très difficile. Donc, ou bien tu es passionné et tu continues dans ce que tu fais, ou bien tu te dis, je gagne très bien ma vie et je tiens encore 10, 15 ans, ou que sais-je, ou alors toute une vie. Mais personnellement, je n'ai pas voulu faire ce choix. Et pour moi, c'était impensable de continuer dans ces conditions-là. En plus, en ayant le projet de construire une famille, je ne me projetais pas du tout.

  • Speaker #0

    Et en plus, je me souviens que tu as toujours été artiste. T'as toujours peint D'ailleurs je me souviens que nous nos conversations Quand on pouvait se prendre un verre après le travail Ou déjeuner près de nos études Ou quand on avait des dossiers ensemble On parlait très peu du notariat Finalement On avait vraiment des centres d'intérêt qui étaient différents Je me rappelle que toi tu peignais Tu faisais de très bonnes choses Je dessinais

  • Speaker #1

    Alors genre à l'époque je voulais absolument jouer de la guitare Donc j'avais commencé aussi A prendre des cours enfin C'est vrai que j'ai toujours eu cette partie créative en moi. Au fond de moi, je me suis toujours dit « Ok, c'est peut-être à cause de ça que je ne suis pas faite pour ce métier. Je ne suis plus appelée par autre chose. » Mais je ne savais pas quoi en faire, en fait. Je ne savais pas comment exploiter. Et pour moi, si tu veux, j'ai aussi grandi dans une génération où on te dit « Il faut faire de longues études pour avoir un bon métier, poser. » stable, qui a une bonne réputation sociale, où tu gagnes bien ta vie. Donc, à aucun moment, je me suis projetée dans un métier créatif plus incertain.

  • Speaker #0

    Et ta marque, à quel moment elle arrive ? Parce que je sais que les valeurs de ta marque te ressemblent. C'est une marque qui est engagée et qui est partie d'un constat que la mode n'était pas faite pour... la plupart des femmes et que souvent les patrons étaient réalisés sur des modèles assez filiformes. Voilà.

  • Speaker #1

    Ils ne correspondaient pas vraiment aux femmes.

  • Speaker #0

    À la pluralité des femmes qu'on peut croiser, rencontrer dans la rue. Et toi, c'est quelque chose du coup que tu as voulu vraiment contrer avec ta marque.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me dire à quel moment c'est devenu une évidence de créer cette marque d'Alica ? Marque que tu portes d'ailleurs aujourd'hui,

  • Speaker #1

    qui est magnifique.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est parti de ça, de cet agacement de toi à avoir du mal à t'habiller ?

  • Speaker #1

    Alors, si tu veux, je me suis toujours dit, je ne quitterai pas le notariat sans avoir quand même un projet établi. Et en fait, j'ai eu de la chance, j'ai eu, pas une révélation, mais j'ai eu cette idée vraiment quand j'étais au bout du rouleau. Dernière expérience dans le notariat. Et je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que j'aime ? J'aime m'habiller. Parce que si tu veux, moi, mon uniforme dans le notariat, quand t'es une femme, t'as quand même la chance d'avoir une certaine liberté pour te vêtir, comparé aux hommes qui, bien souvent, sont encore en costume. Enfermés. Exactement. Et si tu veux, mon uniforme dans le notariat, c'était souvent une veste de costume, un blazer, un carré de soie coloré. Et puis souvent un jean assez sobre pour rester élégante. Et en fait, je me suis dit, mais moi, j'adore les ensembles. Je ne trouve pas à chaque fois de pantalon. C'est vraiment parti, je t'explique, c'est vraiment la genèse de la marque. Et en fait, je ne trouve mon bonheur dans aucun vêtement en termes de coupe. Et s'il y a la coupe, il n'y a pas de qualité. C'est-à-dire que concrètement, je me retrouve à aller piocher dans la fast fashion. Du coup, je me suis dit, je suis sûre que tu n'es pas la seule, peu importe la morphologie. D'ailleurs, une fille mince peut avoir aussi des hanches larges et ne pas trouver son bonheur. C'est parti de là, je me suis dit, je vais créer des vêtements. Je ne fais pas du sur-mesure, parce que rien ne remplacera le sur-mesure. Mais en tout cas, est-ce qu'on ne peut pas essayer dans le prêt-à-porter d'adapter des coupes, un maximum de silhouettes possibles ? C'est parti de ce constat-là. Et ensuite, c'était une évidence pour moi de faire des vêtements avec des matières nobles. Finalement, tout ce qui me manquait à titre personnel. Et ensuite...

  • Speaker #0

    C'est là que l'artiste en moi a ressurgi. Je me suis dit, mais tu ne peux pas juste faire ça. Il faut que tu trouves quelque chose de singulier. Parce que j'ai toujours aimé me différencier. Alors dans le notariat, tu es assez limitée, mais sans être très extravagante, j'ai toujours aimé cette touche de singularité, soit dans une coupe de cheveux, un carré de soie ou autre dans une paire de chaussures. Et je me suis dit, mais attends, pourquoi tu ne t'insèrerais pas des empiècements brodés ? Et justement... Cette réflexion-là est venue justement quand j'ai eu le temps un petit peu de penser plus à moi et de faire un peu plus d'introspection. Et j'ai eu cette idée de puiser dans mes origines finalement algériennes, dans l'héritage algérien. Et j'ai donc pioché cette idée de broderie dans le vestiaire traditionnel algérien qu'on porte à présent que dans des occasions festives où tu trouves un panel de robes et de tenues entièrement brodées. dans des matières nobles pour certaines tenues, certaines robes. C'est comme ça que l'idée de Dalika est née.

  • Speaker #1

    Et donc, toi, les empiècements, ils sont par exemple le long des boutonnières, sur les poches. C'est des petits détails. Donc, quand on ne connaît pas, par exemple, le vestiaire algérien, on ne le remarque pas. Enfin, on remarque que c'est une broderie, mais c'est subtil. Et pour toi, ça représente aussi... Le fait que finalement, on est tous assez pluriels, on a beaucoup de personnalités. Donc toi, c'est par exemple le vestiaire parisien, assez sobre, mais en même temps...

  • Speaker #0

    Élégant. Avec... Cette bouche de singularité.

  • Speaker #1

    Bouche de singularité.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et tu me disais aussi que de choisir cette voie-là, ça t'avait permis finalement de te choisir toi et de te reconnecter à toi.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, dans cette folie et cette course... au travail, à la performance, je n'avais que peu de temps pour moi. Donc tu vois, dans les dernières années, par exemple, j'ai complètement arrêté de peindre. J'avais plus du tout de temps pour me reconnecter à ce que j'aime faire et donc à moi finalement. Et ça a été justement l'opportunité de me reconnecter à une partie de moi. Donc pour l'anecdote, je suis aussi retournée en Algérie, ça faisait... Entre 15 et 18 ans, je crois que je n'avais pas... Relu les pieds ? Exactement. Et donc, ça a été l'occasion de me reconnecter à moi et aussi de faire de ce mélange, de ce beau mélange, un beau message. C'est-à-dire que, comme tu disais, on ne le remarque pas. Et puis souvent, c'est assez rigolo parce qu'en ce moment, la marque est aussi distribuée en boutique à Paris. Et j'ai souvent des réflexions différentes. Tiens, ça me fait penser à une veste autrichienne. J'ai un monsieur qui m'a écrit avant-hier, qui m'a dit, alors j'espère ne pas me tromper dans la prononciation, mais ça me fait penser à un jod pur, quelque chose comme ça. Et en fait, c'est une veste traditionnelle indienne, si je ne dis pas de bêtises. Vraiment, pardonnez-moi si je me trompe. Et en fait, c'est ça que j'aime véhiculer aussi à travers toutes ces pièces, c'est que le mélange est beau finalement et il reste élégant. Et en fait, Dalika, ce n'est pas juste une femme, c'est des femmes. C'est une pluralité de femmes, comme tu disais, sur le plan morphologique, physique et aussi sur le profil, pas psychologique, mais on est tous différents. Chacun a ses références et ses aspérités. Et du coup, c'est ça que j'ai voulu représenter à travers toute cette marque.

  • Speaker #1

    Sachant qu'après, la personne qui va acquérir ce vêtement va écrire sa propre histoire. Finalement. Donc, quand on a envie d'y voir, comme tu disais, une veste autrichienne, on peut.

  • Speaker #0

    On y voit une veste autrichienne complètement. Exactement. Mais finalement, c'est peut-être bateau ce que je vais dire, mais c'est exactement la même réflexion que tu peux te faire face à une toile. Moi, j'aime, par exemple, quand je vais au musée, en général, les descriptions. Tu ne peux pas vraiment savoir ce que le peintre a eu en tête. Il faut faire des recherches un peu plus poussées pour connaître l'histoire derrière la peinture, etc. où les messages véhiculés derrière cette toile, mais finalement, quand tu te retrouves face à une toile, tu peux penser ce que tu veux et quelqu'un d'autre pensera autre chose et chacun fait son interprétation au-delà du beau ou du pas beau, je veux dire. Tu te retrouves ou non dans cette toile, tu te reconnais, parfois tu ne comprends même pas ce que tu ressens, mais elle te parle. Bien sûr. Finalement, c'est ça. Avant, pour moi, tu vois, la mode, c'était quelque chose d'assez futile. Si tu m'avais posé la question, il y a peut-être encore trois ans de ça. Kalissa, tu pourrais créer une marque de prêt-à-porter, mais je... Non, enfin... Non, tout simplement. Mais en fait, c'est vraiment une extension de soi. Ce qu'on porte, c'est une manière de dire voilà qui je suis. En tout cas... En partie, c'est ce qu'on voit en premier quand on rencontre une personne.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on voit en premier, c'est la première image que tu renvoies de toi.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et aussi, pour reparler des matières que tu utilises, je trouve que c'est quand même extrêmement malheureux aujourd'hui d'acheter un manteau qui ne tient absolument pas chaud.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut dire que quand on achète un manteau qui est fait en polyester, donc en plastique, on n'a absolument pas chaud. Quand tu vois les compositions des pièces de l'époque, un manteau, c'était laine, cachemire. Aujourd'hui, un manteau, pour la plupart, il n'y a pas de laine.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de laine. Oui, alors il y en a très peu. Et ça me fait aussi penser qu'en créant cette marque-là, justement, je suis quelqu'un qui regardait énormément les étiquettes. On fait toujours un projet en se disant, je le fais parce que j'ai observé un manque. Mais c'est parti de ce constat-là. Il y a eu un ras-le-bol de se dire, c'est pas possible qu'on vende à ce prix-là des pièces qui sont, comme tu le dis, en plastique finalement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement, parce qu'on ne va pas citer de marques.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'on pense à peu près tous aux mêmes marques qui sont vendues à des prix qui sont...

  • Speaker #0

    Exorbitants.

  • Speaker #1

    Exorbitants, qui ont des conditions de fabrication qui sont déplorables et des compositions qui sont... mauvaise, très mauvaise. Et en fait, beaucoup de gens pensent que parce que ça coûte cher, c'est bien. Ne vous en voulez pas parce que personnellement, je l'ai pensé aussi, avant de bien me renseigner, etc. Donc, c'est normal de penser ça. On jette vraiment la pierre à personne. Tout est fait pour qu'on pense comme ça. Mais en fait, ça ne vaut pas mieux que certaines marques de fast fashion.

  • Speaker #0

    En fait, le positionnement, bien souvent, il est premium dans l'image, la communication, le marketing. Et d'ailleurs, tu ne trouves Pas toujours le pays de fabrication quand tu regardes sur internet. Il faut vraiment se déplacer en boutique pour certaines marques qui sont conscientes que ça peut être un sujet de se faire fabriquer dans des pays très lointains et dans des conditions assez douteuses. Je pense qu'il y a quand même une conscience qui a été prise que les gens sont quand même de plus en plus informés. Je veux dire, aujourd'hui, il y a... Il y a des créateurs de contenu qui en font vraiment leur créneau et qui dénoncent ces choses-là et qui aiguillent le consommateur vers des marques plus éthiques et plus qualitatives. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai eu envie de fabriquer en France. Vraiment d'aller, parce qu'en fait, clairement, je me suis dit aussi, on n'a pas besoin d'une énième marque de prêt-à-porter. Il y a déjà tout ce qu'il faut. Donc si je le fais, il faut que je le fasse correctement, il faut que je le fasse. bien. Et qu'est-ce que c'est de le faire bien ? C'est-à-dire des matières nobles, respectables. Et durables aussi. Durables, exactement. Enfin, je veux dire, sans jeter la pierre encore une fois, chacun son mode de consommation, mais à l'origine, un vêtement, ce n'est pas fait que pour tenir deux lavages ou six mois. Surtout quand on y met le prix. En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses.

  • Speaker #1

    Oui. Et aussi, un vêtement, par exemple, quand on voue à tes pièces ou d'autres pièces de créatrices, par exemple. ou de créateur, c'est vrai que il y a mille façons de l'accessoiriser pour avoir l'impression d'avoir un vestiaire qui est plus étoffé. Et en fait, il faut, je pense aussi, réussir à accepter qu'on n'est pas fait pour avoir une garde-robe avec autant de pièces et que c'est la fast fashion qui a donné ce rythme et ce rythme. Mais qu'en fait, c'est pas tenable même d'un point de vue environnemental.

  • Speaker #0

    environnemental, financier. Enfin, je veux dire, il y a tellement de choses dans lesquelles on pourrait mettre notre argent. Et je parle vraiment du principe où, personnellement, quand je mets le prix dans quelque chose, c'est parce que soit j'ai vécu une superbe expérience, soit je sais que c'est quelque chose que je vais garder et chérir un long moment parce que je l'affectionne.

  • Speaker #1

    Et même transmettre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parce que tu vois, par exemple, moi, il y a des pièces que j'ai pu récupérer de mes grand-mères, par exemple. Ou même grand-père, parce que moi, j'adore. Et j'adore les blazers d'hommes, tu vois, avec des couches, des épaulettes, etc. Pareil, des pièces de mon père que j'ai pu récupérer et un petit peu, tu vois, upcycler les boutons, des choses comme ça. Et en fait, tu te dis de nos garde-robes à nous, qu'est-ce que nos petits-enfants pourront parler avec nous ? plaisir en le redécouvrant, etc.

  • Speaker #0

    Justement, comme tu le sais, j'ai une petite fille qui a tout juste 9 mois.

  • Speaker #1

    On va quand même saluer au passage le fait d'avoir lancé ta marque en plein postpartum. Parce que ça, je te l'ai toujours dit que je t'admirais d'avoir réussi à tout mener de front, mais vraiment, je pense que toutes les personnes qui nous écoutent vont t'admirer à leur tour. C'est incroyable. Ta fille, quand ta marque... est née avait tout juste six mois.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Donc tu as fait tout ce qui est shooting etc avec le porte bébé.

  • Speaker #0

    Alors j'ai eu la chance, non j'ai eu la conscience de ne pas l'emmener avec moi parce que c'est pas vraiment j'ai l'habitude d'emmener ma fille partout avec moi en déplacement lorsque c'est confortable pour elle. Là c'était pas le cas mais je suis d'accord j'étais quand même en en plein postpartum. Je ne sais pas si c'est vraiment courageux de ma part, je l'ai plutôt vu comme quelque chose qui s'imposait à moi. Il fallait y aller, j'avais cette idée, ce super projet. Et en même temps, je n'avais pas envie de m'empêcher de devenir la maman que j'avais envie d'être. Et donc, parmi les choses qu'on peut garder de positif dans le notariat, c'est qu'on a quand même été assez habitués à battre une énorme charge de travail.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et donc... Je n'ai pas été effrayée de devenir maman et de lancer cette marque en même temps d'Alica. Voilà, je l'ai fait parce que ça s'est imposé à moi. Le timing, on ne le choisit jamais, ni pour un enfant, ni pour lancer un projet. Sinon, les temps passent et on ne fait jamais rien. Et donc oui, quasiment deux bébés en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que c'est important pour toi aussi dans ce que ta fille voit de sa maman ? Le fait que tu aies eu le courage de suivre ton intuition, est-ce que tu penses que c'est important quand on élève une jeune fille ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose, avant d'être maman, que je projetais, mais c'était assez abstrait. Et en fait, depuis qu'elle est née, c'est vrai que tous mes choix, j'ai toujours une petite voix qui vient juste derrière mon raisonnement, mon propre raisonnement, me dire, comme une validation finalement. Je vais faire ça comme ça parce que je sais qu'elle sera fière et que plus tard, je pourrais lui dire que j'ai fait les choses le mieux possible. De mon mieux. J'ai fait de mon mieux. C'est pareil quand tu me parlais de transmission, de choses comme ça. Il y aura les vêtements, c'est certain. Mais aussi de dire, j'ai créé cette marque à l'époque, tu étais un tout petit bébé. Voilà ce que j'ai fait. J'ai fait ce choix. Je fabrique à Paris. J'ai choisi que des matières nobles. C'était un pari fou. Tout le monde m'a dit... Attention, on est quand même, ce qu'il faut le dire, le textile est un secteur sinistré, toujours en crise. Donc c'est quelque part une folie. Mais j'y crois et plus tard, j'aimerais lui dire que peu importe le résultat, peu importe ce qui va se passer, que je suis fière d'avoir tenu mes valeurs et des bonnes valeurs finalement.

  • Speaker #1

    Oui, d'avoir cru en toi et en ton... Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et évidemment, ça, ensuite, sur le plan personnel, tout ça, ce sont des valeurs que je vais lui apprendre.

  • Speaker #1

    Et tu parlais justement, juste avant, du fait que le notariat t'a apporté le fait de savoir endosser une énorme charge de travail. Est-ce que tu dirais qu'il y a d'autres choses que tu as héritées du notariat, dont tu prends le contre-pied ? Parce que tu vois, par exemple, quand je t'entends parler, enfin moi, en tout cas, moi, je l'expérimente de mon côté avec la nouvelle carrière que j'ai embrassée, je ne sais pas si toi aussi, en termes de gestion du temps. Mais tu vois, toi et moi, par exemple, quand on travaillait ensemble à l'époque, qu'on avait des dossiers en forme, je me souviens qu'il nous était arrivé, on en parlait juste avant, j'avais oublié, c'est toi qui me l'as rappelé, d'avoir un dégât des eaux en comble, par exemple. Et même quand on devait s'appeler pour des choses professionnelles sur nos heures de bureau, on n'avait pas le temps de se parler. Exactement. On se disait vraiment, on allait droit au but, mais même sur ces dossiers qu'on traitait en forme, on devait être expéditive. Et toi, comment ça va ? » Après, on s'envoyait un petit message genre « Désolée, j'ai pas du tout le temps de parler, j'espère que ça va, on essaie de se voir. » On n'avait pas le temps de l'enclencher. Alors que tu vois, par exemple, aujourd'hui, on aura l'opportunité de déjeuner ensemble suite à notre enregistrement, etc. Est-ce que c'est quelque chose qui est important pour toi aussi de reprendre le pouvoir sur ton emploi du temps ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'avais pas mesuré à quel point retrouver cette liberté de gestion du temps. était importante pour moi. Après, il faut dire que je passais clairement ma vie au bureau. Surtout dans les dernières années, quand tu me parlais de frôler le burn-out, je pouvais facilement faire du 9h30, 22h, 23h. Donc finalement, je n'avais plus le temps pour autre chose. Et là, aujourd'hui, évidemment, d'avoir la liberté de gérer mon temps comme je le veux et de composer surtout. parce que On a tous des aléas, enfin je veux dire, il y a plein de choses qui peuvent arriver dans la vie. Et de pouvoir juste se dire, ok, je vais prendre mon rendez-vous chez le médecin, mercredi à 11h, parce qu'il n'a pas d'autres créneaux, et que c'est ok parce que je pourrais travailler soit avant, soit après, et que j'ai de compte à rendre à personne, si ce n'est qu'à moi-même. Bien sûr qu'aujourd'hui, c'est une chance inouïe. Après, l'envers du décor aussi, c'est se mettre des limites. Tu peux rapidement basculer dans je ne compte plus mes heures. Puisque je suis libre, je ne peux vaquer qu'à mes occupations personnelles toute la journée et je travaillerai le soir. Je suis encore en train de, pour être tout à fait honnête, trouver mon équilibre. Je trouve qu'on s'en sort très bien. Je dis on parce que j'ai de l'aide aussi de mon mari aussi par rapport à ma marque. Sinon, il fait évidemment, comme on aime à le dire, sa part vis-à-vis de notre fille qui est tout à fait normale. mais j'ai de la chance d'avoir un véritable soutien derrière moi qui me permet aussi de gérer... Tu vois, ce matin, c'est lui qui l'a emmené à la crèche. J'ai pu me préparer tranquillement et sereinement pour venir ici.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais ça, c'est une chance. Est-ce que je retire des choses positives du notariat ? Je dirais la force de travail. que j'avais déjà en moi, mais qui s'est quand même assez développée. Et si tu arrives à la mesurer, la contrôler avec le temps, ça reste une force, sans tomber dans l'excès. Je dirais que j'ai un regard forcément plus juridique sur toute la vie économique de la marque. Quand j'ai affaire à mes partenaires, ou quand je dois signer des contrats, etc.,

  • Speaker #1

    je me sens à perdre. On va les relire.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est tout.

  • Speaker #1

    Ouais. Après, le reste, tu dirais ? Le reste,

  • Speaker #0

    c'était déjà, je veux dire, le relationnel. C'est quelque chose que j'avais déjà en moi. Donc, ça a été une qualité que j'ai mis au service de mon ancien métier, mais que je n'ai pas développé forcément grâce au notariat.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie d'être venue me raconter l'histoire de Dalika, ton histoire. Et puis, c'est aussi un peu finalement l'histoire de ta fille. L'histoire de qui tu es au fond et l'histoire de beaucoup de femmes finalement. Merci Pauline, j'étais ravie de passer ce moment avec toi. Je te dis à bientôt et merci encore d'être venue te confier. À bientôt Pauline. Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

Description

Khalissa était notaire. Elle a exploré ce métier sous toutes ses coutures : le droit de la famille, l’immobilier des particuliers, jusqu’aux opérations immobilières les plus complexes.

Elle a commencé ce travail avec passion. Mais peu à peu, la charge considérable, la pression des clients et le rythme effréné des signatures ont étouffé ce plaisir.

Petit à petit, sa carrière a fini par la dévorer, au point qu’un jour, elle réalise qu’elle ne se reconnaît plus vraiment.


Pourtant, une artiste a toujours sommeillé en elle. Sur son temps libre, Khalissa était déjà artiste peintre.

Un jour, alors qu’elle se sent au bord du burn-out, elle s’interroge : que ferait-elle pour renouer avec celle qu’elle est vraiment ?


La réponse, elle l’avait depuis longtemps. Depuis qu’elle constatait qu’elle ne trouvait pas de vêtements qui lui correspondent : des pièces pensées pour la diversité des corps, fabriquées avec des matières qui ont du sens, dans des conditions respectueuses.

C’est à ce moment-là qu’elle réveille l’artiste en elle et imagine une marque qui lui ressemble : Dalika.

Une marque 100 % dessinée et fabriquée en France, qui ne travaille que des matières nobles et délivre un merveilleux message en rendant un hommage discret à ses racines.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je m'appelle Pauline Maria, bienvenue dans Virage. Le podcast est sur la vie et ses tournants qui nous font rire, parfois pleurer, mais qui toujours nous inspirent. Je suis ravie de vous accueillir dans cette quatrième saison de Virage, qui promet d'être riche d'invités incroyables. Si vous voulez ne rien rater et soutenir ce podcast, je vous invite à vous abonner sur votre plateforme d'écoute. Et pour venir avec moi en coulisses, vous pouvez me suivre sur Instagram, pauline-du-bas-virage, et sur TikTok, virage.podcast. Je vous laisse avec l'invité du jour et je vous souhaite une très bonne écoute.

  • Speaker #1

    Bonjour Calissa. Bonjour Pauline. Comment ça va ? Très bien, merci. Écoute,

  • Speaker #0

    je suis super contente parce qu'aujourd'hui j'ai la chance de recevoir une amie à mon micro. On vient du notariat, toutes les deux, on s'est rencontrées dans le cadre de nos études de notaire. On n'a pas exercé dans la même étude mais on s'est suivi vraiment de près, on a souvent eu des dossiers ensemble, etc. On va y venir. Et puis t'as fait comme moi.

  • Speaker #1

    Tu t'es dit en fait, vraiment maintenant que j'en ai bavé, que j'ai fini tous mes diplômes et que ça y est, je suis enfin notaire ? Si,

  • Speaker #0

    je partais !

  • Speaker #1

    Et aujourd'hui, tu as lancé ta marque qui s'appelle Delica, qui est magnifique. Maintenant,

  • Speaker #0

    on va parler qu'il y a une marque qui te ressemble, qui est créée avec des belles matières. Tu en avais un peu marre de voir les compos 100% polyester, etc. Donc toi, c'est vraiment de la laine principalement que tu travailles ?

  • Speaker #1

    Entièrement.

  • Speaker #0

    Super, on va... on va y venir. Du coup, est-ce que tu peux me parler un petit peu ? On va commencer par discuter du notariat et puis voilà, partager nos expériences aussi ensemble. Est-ce que tu peux me dire déjà pourquoi tu as eu envie d'être notaire à la base ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord, je suis ravie d'être avec toi. Je tiens à le dire ici. Qu'est-ce qui m'a donné envie de faire du notariat ? Alors je pense que c'est un choix qui a été assez mathématique dans la réflexion. J'avais envie à l'origine d'être avocate. Tout simplement parce que j'étais pas très bonne en maths ni en physique chimie. Et donc je me suis dirigée naturellement vers le droit. Et en fait, ma mère, à l'époque, je sais pas si c'est quelque chose que tu savais, était claire de notaire. Évidemment, à la retraite, lorsqu'elle m'a parlé de ce métier passé, les choses avaient bien changé. Et c'est tout naturellement comme ça que je me suis dirigée vers le notariat, sur les conseils de ma mère, finalement.

  • Speaker #0

    Ok. T'avais pu faire des stages, etc. et voir comment ça se passait ?

  • Speaker #1

    Alors. aucun. Je me suis lancée vraiment dans...

  • Speaker #0

    À l'aveugle.

  • Speaker #1

    À l'aveugle, directement après le bac en plus. À l'époque, j'avais fait une école privée. Je ne suis même pas passée par la fac.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Je me souviens, toi, en fait, aujourd'hui, c'est supprimé. Donc, pour les personnes qui nous écoutent, le parcours n'est plus possible. Mais à l'époque, tu pouvais passer le diplôme de premier clair. C'est ça. Et ensuite, passer la passerelle pour passer le concours de notaire.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui fait que, quand on s'est rencontrés... tu avais plus de connaissances dans le notariat pur. C'est ça. Parce que quand on vient du droit, en fait, on a un cursus qui est quand même généraliste. Donc, tout ce qui est droit constitutionnel, etc., qui est en surprise, on n'exploite plus dans le notariat. Alors que toi, tu étais tout de suite rentrée dans le vif de ce sujet, dans tes éludes, etc. Et donc, voilà. Et nous, on s'est rencontrées, du coup, à l'issue de, moi, mon Master 2, et toi, quand tu avais validé le concours d'entrée de l'école de notaire, et du coup, moi aussi. C'est ça. on a eu ces études en commun pendant deux ans et demi du coup. Et est-ce que tout de suite, quand tu commences, tu as de l'attrait pour cette profession ? Ça te plaît quand tu commences les études ?

  • Speaker #1

    Alors, si je découpe les quatre premières années, donc pour obtenir ce fameux diplôme de premier clair, il y a deux ans d'études à temps plein et ensuite deux ans d'alternance. Donc les deux premières années, j'adorais ce que j'étudiais, tout se passait bien. Et en fait, pour moi, la première fois Merci. que j'ai eu cette pensée de « Ouh là là, dans quoi je me suis lancée ? » C'était ma première expérience professionnelle, donc les deux ans d'alternance. À un moment en plus où c'était la crise, il y avait une crise économique. Et donc finalement... pas vraiment de moyens de se reporter vers une autre entreprise, une autre étude. Et c'est là que j'ai commencé à réaliser que ça ne me plaisait pas forcément.

  • Speaker #0

    Quels ont été les premiers signaux pour toi ?

  • Speaker #1

    Alors d'abord mon ancien patron, qui était assez spécial. Alors dans le notariat, on pourra en reparler après, mais c'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de méthode de management de manière générale. Mais là, pour le coup, je suis tombée sur un profil assez particulier. Bon, disons les choses clairement. Au bout de trois mois dans l'entreprise, j'assiste à un point sur mes dossiers dans son bureau, en tête à tête, et il prend un appel téléphonique, donc personnel. J'essaye de m'occuper, en attendant, assez gênée de la situation. Et puis, il raccroche et il me dit... C'était mon frère, il est psychologue. Il s'assure que tout va bien parce que je suis bipolaire. Et les choses, forcément, commençaient à se corser à partir de ça. J'ai compris un peu mieux puisque c'était aussi ma première expérience professionnelle. Et elle est assez refroidissante, finalement.

  • Speaker #0

    Parce que tu pouvais constater, parce qu'on sait que quand on est bipolaire, quand on a un traitement qui est bien équilibré, ça va dans le quotidien. et d'ailleurs c'est Il y a de plus en plus la parole qui se libère sur le sujet pour pouvoir vivre avec et s'intégrer. Mais lui, tu penses que le traitement n'était pas bien dosé ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne sais pas s'il y avait un traitement à l'époque ou s'il en prenait, etc. Je ne suis pas du tout rentrée dans le détail, mais c'est vrai que...

  • Speaker #0

    Vous viez vivre les up et les down.

  • Speaker #1

    Complètement. Je me souviens, pour mon anniversaire, un petit pot qui vient de chez Au Nom de la Rose, avec plein de jolies fleurs, de roses, etc. Et le lendemain, sans raison apparente, si ce n'est que c'est le mauvais jour, rendez-vous dans mon bureau, prenez vos dossiers. Donc, tu es là avec tes 50 dossiers qui vont. Et en fait, il épluchait. Bon, à l'époque, on fonctionnait avec des mails, mais ce n'était pas aussi développé que ça. Donc, j'avais encore plein de courriers papiers, etc. Et pourquoi la virgule, elle est là ? Là, il fallait aller à la ligne. Enfin, vraiment le mauvais jour. Donc oui, je les ai vraiment vécues avec lui, finalement, malgré moi.

  • Speaker #0

    Et t'es restée combien de temps dans cette étude ?

  • Speaker #1

    Alors, j'ai tenu deux ans, si ma mémoire est bonne. En fait, c'était la condition sine qua non pour pouvoir valider le diplôme. Et comme je te disais, la crise économique, il n'y a pas vraiment de moyens de trouver ailleurs. De changer d'études. Tout à fait.

  • Speaker #0

    Et donc ça, c'était le diplôme de premier clair ou le diplôme de notaire ?

  • Speaker #1

    De premier clair.

  • Speaker #0

    De premier clair. OK. Et donc après, commencent les études du diplôme de notaire. Et en plus, il faut savoir que... quand on s'est rencontré, donc pour les gens qui viennent du notariat et pour les autres, on va faire très court, nous, au moment où on arrive, la réforme venait de passer pour le concours du notariat, parce qu'en fait, juste l'année d'avant, tu avais le concours d'entrée, puis un an de stage, tu n'avais pas d'examen pendant ton stage, et ensuite, tu avais ta soutenance de rapport de stage. En plus, il fallait un master 1 pour l'avoir. Et après, ils se sont dit, attends, c'est un peu facile quand même. On va mettre encore un peu des bâtons dans les roues à ceux-là. Je trouve qu'ils prennent un peu trop de plaisir dans la vie. Donc, on laisse le petit concours d'entrée parce que finalement, on est bien. Ensuite, on met des semestrialités tous les six mois.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Pourquoi on enlèverait la soutenance de rapport à la fin ? Donc, on l'allait. Donc, nous, on arrive dans ce milieu-là. Et en plus, ils avaient changé les règles. Donc, il fallait un master 2. À savoir que moi, par exemple, je l'avais raté l'année d'avant. J'apprends que je ne peux pas le présenter l'année d'après. Donc du coup, j'ai envoyé des mails à tous les Master 2, genre, oui, désolé, je n'ai pas postulé, est-ce que vous pouvez me prendre ? Et j'ai été prise. Et je remercie aujourd'hui d'ailleurs la fac d'Épinay-Viltaneuse qui nous ont pris à deux pour qu'on puisse passer, donc faire un Master 2 d'immobilier complexe pour pouvoir passer ensuite le concours de notaire. Donc, on se rencontre dans cette étude-là et pareil, c'est la crise au moment où on se rencontre. C'est super difficile d'avoir un stage validant, donc une étude. Tu vois, moi, je ne sais pas si tu te souviens, j'étais au Mans. Donc je faisais les allers-retours tous les jours parce que je n'avais pas trouvé à Paris.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu voulais vraiment être notaire.

  • Speaker #0

    Je voulais vraiment être notaire. Et donc, nos journées se découpaient comme ça, c'est-à-dire qu'on était quatre jours à l'étude, un jour en cours. Et puis tous les six mois, on avait des examens pour valider la matière qu'on passait. Donc ce n'était pas facile parce qu'il faut savoir aussi que dans le notariat, les salaires de notaire stagiaire... Ce n'est pas comme d'autres stagiaires, c'est-à-dire qu'on gagne un peu plus que le SMI. Donc, pour les études, ce n'est pas toujours agréable de se dire qu'on est payé, même si à l'échelle d'un salaire dans le notariat, ce n'est pas un gros salaire, mais en tout cas, ce n'est pas dans leur esprit un salaire de stagiaire. Donc, nous laisser aller en cours n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les responsabilités sont rapidement les mêmes qu'un employé qui a de l'expérience finalement.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Alors qu'on était encore en apprentissage.

  • Speaker #0

    Surtout à Paris, je le précise, parce que par exemple, parfois il m'arrive de parler à des amis qui exercent dans d'autres villes. Et par exemple, ce que nous on a vécu, à savoir de recevoir nos actes avant d'être notaire salarié.

  • Speaker #1

    D'accord. C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Nous on a tout de suite... beaucoup de responsabilités et on gère un dossier vraiment de A à Z, comme mon notaire stagiaire.

  • Speaker #1

    Ce qui est très plaisant au passage, parce qu'au départ, on se dit c'est génial, on fait confiance et puis j'apprends énormément et puis je peux aller plus vite, entre guillemets, dans le parcours d'apprentissage. Mais qui finalement, un peu le retour de bâton, c'est il ne faut pas faire d'erreurs, ou alors les rattraper vite parce que les conséquences peuvent être assez compliquées. de l'autre côté.

  • Speaker #0

    Exactement, même si à la fin c'est pas ta responsabilité qui est en jeu, on te fait comprendre très rapidement que c'est un petit monde le notariat et que du coup si la responsabilité de ton employeur est mise en jeu parce que t'as fait une erreur dans un dossier, ce sera pas évident de retrouver derrière un emploi. Il y a un peu toujours ça qui... pèse au fil de ta tête. Je ne sais pas si toi, tu l'as vécu comme ça dans les études dans lesquelles tu es passée.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et puis même en dehors de la responsabilité, il y a ce souci du relationnel avec le client qu'il ne faut pas perdre, la réputation du notaire. Il y a tout ça derrière qui pose problème. Et je n'ai jamais compris pourquoi on n'expliquait pas que le dossier était confié à quelqu'un qui est en apprentissage avec une surveillance sur... sans trop s'étaler vis-à-vis du client, mais je veux dire quand même quelqu'un qui regarde et qui gère derrière. Et ce serait, je pense, plus simple. Déjà, ça enlève une pression aux stagiaires ou à l'alternant qui gère le dossier, en se disant, OK, je n'ai pas besoin d'être tout le temps dans cette représentation de je sais tout, je gère à la perfection, alors que ça fait trois mois que finalement j'exerce.

  • Speaker #0

    Mais au-delà de ça, tu vois, je pense que le souci... Il est un souci, clairement, on va dire, d'argent parce que, outre le fait que forcément un notaire stagiaire, il le paie moins qu'un notaire salarié, etc., ils ont aussi des aides quand ils

  • Speaker #1

    « forment » leurs futurs confrères ou consœurs.

  • Speaker #0

    Il faut savoir que dans le notariat, les notaires associés, souvent, chapotent les dossiers, etc., mais vont plus vraiment. constituer un dossier, ni même parfois dans certaines études le recevoir, etc. Donc ils vont beaucoup déléguer sur leurs équipes. Et en fait, leurs équipes à qui ils imputeraient de former leur recrut de notaire stagiaire sont déjà complètement sous l'eau.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Donc on va jeter vraiment la pierre à personne. Parce que pour avoir du coup, après plus tard dans notre carrière, été dans la position de former des notaires stagiaires, c'était pratiquement infaisable. Oui, c'est impossible. Parce qu'à part que la personne s'assoit à côté de toi, toi et voit comment tu fais sur tes dossiers, mais du coup, elle n'avance pas sur les siens.

  • Speaker #1

    Exactement. Et puis, elle a besoin de poser des questions. Ça prend du temps. Finalement, l'aide que ça pourrait t'apporter, il y a ce délai qui est plus ou moins long, dans lequel le stagiaire, notaire-stagiaire a besoin d'être formé, a besoin d'être véritablement accompagné. Le sujet, c'est que la masse de travail des deux côtés ne permet pas cette belle collaboration qui serait profitable à toute l'équipe, finalement.

  • Speaker #0

    Oui, et donc ensuite, quand tu as l'opportunité de changer d'étude, tu es contente tout de suite de l'étude dans laquelle tu exerces ?

  • Speaker #1

    Alors, je respire puisque je suis déchargée du côté toxique dans le relationnel slash management. Donc, je respire à ce niveau-là. Je retrouve plaisir à travailler puisque je change. en parallèle de matière. J'ai commencé par le droit des successions, le droit des familles. Ensuite, je me dirige vers les ventes, l'immobilier des particuliers. J'ai cette bouffée d'air parce que j'apprends autre chose, je découvre, c'est nouveau. Je me sens bien.

  • Speaker #0

    Et le contact humain n'est pas le même aussi, il faut le dire, parce que j'ai tout parcours dans le même sens que toi. Et c'est vrai qu'au départ, en tout cas, je pense, je ne sais pas si toi ça t'a fait pareil, mais moi au départ, j'ai vécu comme une respiration de rencontrer des gens qui étaient plutôt dans un mouvement de vie heureux. Parce que c'est vrai que ça peut être extrêmement lourd de parler à des personnes endeuillées quotidiennement. Et ce n'est pas facile, je trouve.

  • Speaker #1

    J'ai vécu la même chose que toi. quand je t'écoute parler, je me rappelle d'un souvenir où j'ai... Un jeune homme qui avait perdu sa maman, dont je gérais la succession, et qui, une fois le dossier terminé, clôturé, continuait de m'appeler en prétextant toujours une demande. Et en fait, je me suis aperçue très rapidement que c'était juste pour me parler, parce qu'il avait besoin de parler. Du coup, j'étais très jeune, j'étais dans ma petite vingtaine, et j'ai pris mon courage à deux mains pour... pour gentiment lui expliquer que j'étais là pour gérer tout le côté administratif, que je pouvais aussi avoir une écoute. Et ça a été très délicat pour moi de lui annoncer qu'il fallait qu'il arrête de m'appeler gentiment.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #1

    Et donc, en effet, je te rejoins sur ce sujet. Ça a été très lourd. Et donc, dans l'immobilier des particuliers, on accompagne... Des personnes dans un moment assez sympathique de leur vie, une nouvelle acquisition, une vente, un déménagement, c'est toujours quelque chose de positif. Et là, je me retrouve un peu plus. Pareil, dans le relationnel, je vois bien que le simple fait d'avoir changé de matière change complètement le métier à ce moment-là. Donc, j'apprécie.

  • Speaker #0

    Et je me permets de te poser la question parce que je sais qu'on a ressenti la même chose. C'est vrai que quand tu arrives dans l'immobilier, au départ, c'est tout beau, tout nouveau. puis Au début, quand tu arrives dans ce monde de l'immobilier des particuliers, tu vois le côté positif d'accompagner les gens. Puis au fur et à mesure, tu as tellement de dossiers à te finir que déjà, je trouve que tu ne vois plus l'excitation. Après, parfois, c'est aussi très difficile parce que tu te retrouves. Moi, j'ai des souvenirs de vente où derrière, tu en as trois à signer et les personnes commencent à dire... « Ah, au fait, vous l'avez testé, le petit traiteur qui est en bas, etc. »

  • Speaker #1

    Le quartier est sympa, c'est élu quand tu fais la description, etc.

  • Speaker #0

    Et toi,

  • Speaker #1

    tu es déjà dans ton autre rendez-vous, tu te dis « Je suis en retard, j'ai des choses à faire. »

  • Speaker #0

    Et du coup, tu te dis « Ouah, si à chaque fois qu'on parle de quelque chose, ils y vont. » En même temps, tu ne veux pas casser la vibe des gens, tu veux que ce soit le moment le plus plaisant possible pour eux parce que c'est un grand moment dans leur vie.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et donc, tu te retrouves un petit peu à jongler en disant « Alors, si c'est possible, On va aller juste au bout de la lecture et puis pendant qu'on recueillera les signatures ou peut-être que j'aurai des copies à faire, là je vous inviterai à échanger.

  • Speaker #1

    Je me retrouve complètement dans ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Et l'humain disparaît.

  • Speaker #1

    Exactement. Tu ne peux pas allier les deux. Malheureusement, tu perds ce goût d'échanger parce qu'en fait, tu ne penses qu'à tout ce qui te reste à faire et le temps imparti dans lequel tu dois tout faire. Et à cette époque-là, je n'avais même pas encore d'enfants. C'est-à-dire que je gérais uniquement que ma vie professionnelle et personnelle. Et c'était déjà assez compliqué en termes de temps. Donc oui, je te rejoins complètement. Petit à petit, l'engouement s'est essoufflé. Et en fait, tu ne vois plus que ta charge de travail et comment tu peux réussir à tout faire dans un temps limité. Puisqu'un dossier a une vie, tu ne peux pas le conserver six mois dans ton armoire. Il faut que tu le gères en moyenne trois mois, grand maximum. Et puis, je ne sais pas si tu as eu ce ressenti-là de ton côté. Finalement, les gens qu'on a rencontrés au cours de nos vies professionnelles sont quand même le reflet de la société dans laquelle on vit. Et au fil des années, j'ai ressenti une impatience. C'est-à-dire que comme on est dans un monde où tout va vite, finalement, le côté humain a aussi disparu de l'autre côté. Alors, il y a toujours eu des clients... très agréables, qui veulent quand même échanger avec toi. Peu importe l'âge, il n'y a pas de sujet sur le profil. Mais il n'en reste pas moins que j'ai trouvé qu'ils reflétaient la société dans laquelle on vivait. Donc souvent, tu reçois des appels. On signe quand ? Je ne comprends pas. Il faut faire plus vite. Est-ce qu'on ne peut pas signer en un mois ?

  • Speaker #0

    Je pense que ça vient aussi du fait que le métier de notaire est extrêmement méconnu. Et que du coup, tu te retrouves très facilement à être l'ennemi de tout le monde. parce que souvent... sans vouloir faire de généralité. Et avec tout le respect pour les agents immobiliers qui nous écoutent.

  • Speaker #1

    Oui, je sais ce que tu veux, oui.

  • Speaker #0

    Les agents immobiliers qui font visiter, déjà, ce n'est pas leur métier, chacun son métier. Voilà, l'agent immobilier est là pour faire visiter le lieu. Donc, son métier s'arrête ensuite une fois que le dossier arrive à l'étude de notaire. Mais souvent, il y a des problématiques qui n'ont pas été soulevées par l'agent immobilier. Par exemple, une annexion de partie commune ou quelque chose comme ça, ou quelque chose qui n'allait pas sur les plans, un mur porteur qui avait été abattu sans autorisation, des choses comme ça, qui peuvent retarder une signature que l'agent immobilier n'a pas dit ou l'agent immobilier a dit « bon ben voilà, c'est une formalité » .

  • Speaker #1

    Votre notaire le réglera rapidement ça, on a l'habitude. Oui,

  • Speaker #0

    donc par exemple quand les gens achètent sans le besoin de recourir à un prêt bancaire, ce qui arrive quand même souvent, c'est vrai que s'il n'y a pas de difficultés sur le dossier. on n'est pas obligé de signer en trois mois. On pourrait signer la promesse, puis signer, une fois qu'on a respecté les délais imposés par la loi, on peut signer en un mois et demi.

  • Speaker #1

    Le temps d'avoir les disponibilités de chaque partie. Exactement.

  • Speaker #0

    Sauf que parfois, le dossier présente des particularités qu'il faut régler. Les gens, souvent, ça leur paraît complètement abstrait, même les clients. Ils se disent, mais pourquoi on m'embête avec cette pièce-là ? Moi, je veux juste emménager et puis j'ai la rentrée scolaire que je dois préparer, etc. Mais par contre, si tu signes et qu'ensuite, ils sont attaqués ou qu'il y a un problème dans 5 ans, tu vois, ce sera les premiers à revenir te voir en te disant que tu les as mal conseillés, etc. Tout à fait. Donc en fait, nous, on a un travail qui est extrêmement ingrat. Et souvent, moi, j'avais l'impression d'être l'ennemi de tout le monde. Oui. Que tout le monde était du même côté.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Sauf moi qui étais de l'autre côté. Tu sais, la méchance qui ne veut pas.

  • Speaker #1

    signé ce dossier.

  • Speaker #0

    Je veux quitter ton appartement, je veux.

  • Speaker #1

    Non mais je te rends compte complètement.

  • Speaker #0

    Et donc ça, ça devient très difficile et je suis d'accord avec toi. Pareil sur l'immédiateté de réponse. Et donc tu avances un petit peu dans le notariat. C'est vrai qu'on a pu parler aussi un petit peu du côté sexiste de la profession de notaire. Est-ce que toi, t'as pu le vivre en tant que jeune femme dans les études que t'as fréquentées ? Est-ce que c'est quelque chose que t'as pu observer ?

  • Speaker #1

    Alors oui, ce côté assez patriarcat, il est assez présent. C'est impalpable parfois, j'arrive pas à... C'est quelques mots, quelques attitudes, où en fait quand tu prends du recul sur la situation, tu peux te dire, ok, là j'ai vécu cette situation, ou ma collègue a vécu cette situation, parce qu'elle est une femme.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu penses qu'une petite voix en toi commence à se réveiller, à te dire que t'as fait le tour ?

  • Speaker #1

    Très rapidement, dès mes premières expériences, où j'ai senti une distance entre... Comme beaucoup d'étudiants d'ailleurs, c'est très classique de commencer ses études et de se dire c'est génial ce que j'étudie, j'adore telle ou telle matière et j'adore ce que j'étudie. Et ensuite de plonger dans l'univers professionnel et de se dire il y a un gros décalage entre ce que j'étudie et ce que je fais dans la pratique. Ça, ça a été le premier point. Le deuxième point, je pense que ça a été la charge de travail. Et ensuite, ce qui est venu enfoncer le clou et qui m'a fait définitivement quitter la profession, je dirais que c'est la perte de sens. Je ne comprenais plus pourquoi je faisais ce métier. En fait, on est tellement parasité par autre chose que le fond du métier que finalement, j'avais plus l'impression d'être un pompier qui doit éteindre des feux. J'ai toujours apprécié les challenges, résoudre des problèmes, braver les difficultés. aucun sujet là-dessus. Mais en fait, c'est quelque chose qui, quand ça t'arrive constamment, tu ne peux pas prendre de plaisir finalement. J'avais finalement aucune période assez creuse. Et donc en fait, j'ai petit à petit perdu le goût en me disant, mais ça n'a aucun sens ce que je fais. Je me suis déjà retrouvée dans des situations parce qu'après, j'ai aussi changé de domaine. Là, je suis rentrée dans une autre cour qui est l'immobilier complexe, où là, tes clients, ce sont des entreprises. Et en fonction de l'étude dans laquelle tu travailles, c'est parfois de très gros groupes. Donc, les enjeux sont...

  • Speaker #0

    Les économiques sont très importants.

  • Speaker #1

    Exactement. Donc là, les petites erreurs dont on parlait tout à l'heure. Ça ne peut plus t'arriver. Ça ne peut plus t'arriver, mais pour autant, tu as toujours cette masse à abattre et qui t'empêche de pouvoir réfléchir et de te poser tout simplement.

  • Speaker #0

    En fait, c'est différent parce que dans l'immobilier complexe, c'est un gros, gros dossier, mais au long cours. Donc, tu ne vas pas avoir 50 dossiers. De toute façon, ce ne serait pas possible. Non, tu ne peux pas.

  • Speaker #1

    Tu vas en avoir 2, 3, 4 maximum. Si tu as la chance de travailler dans une étude assez importante et qu'il y a plus les moyens de recruter, il y a quand même une équipe qui bosse sur un dossier aussi important. Parfois pas. Donc, tu composes avec. En revanche, il y a quand même un regard un peu plus poussé que malheureusement sur d'autres dossiers comme on... On échangeait tout à l'heure sur l'immobilier des particuliers parce que là, les enjeux sont tellement importants économiquement parlant et sur le plan aussi de la réputation du notaire. Parce que là, le milieu est encore plus petit, plus restreint. Quelques études seulement dans Paris gèrent ce type de dossier. En province aussi, mais ce n'est quasiment que dans les grandes villes parce qu'il faut avoir ses clients finalement.

  • Speaker #0

    Oui, bien sûr, parce que pour pouvoir donner des exemples, c'est par exemple... Tu vas vendre un site industriel non dépollué. Dépose. Voilà, défense. Oui, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, on est pour un...

  • Speaker #0

    Des grosses opérations.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et donc là, si tu veux, la seule chose à laquelle je me suis raccrochée pour continuer à donner du sens finalement à ce que je faisais, c'était mais tu participes à l'économie nationale. Mais je n'étais pas vraiment... Oui, tu m'as dit à toi-même. Je me suis montée clairement à moi-même. je me forçais à à prendre assez régulièrement du recul sur la situation parce que sinon, tu peux vite tomber en dépression en te disant, je ne vais pas y arriver.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que ça t'est arrivé de tomber en dépression ou en burn-out ou en tout cas de l'avoir frôlé ?

  • Speaker #1

    Peut-être, je dirais que j'ai sûrement frôlé le burn-out à la fin de ma carrière. Oui, je pense que j'ai eu une grosse fatigue physique et mentale où vraiment, et je pense que quand l'idée s'immerge peu à peu dans ton esprit que ce que tu fais ne te plaît plus, Pour moi, tu ne peux pas tenir la cadence, tu ne peux plus. Ton corps et je dirais aussi l'univers. J'ai l'impression que quand quelque chose n'est pas fait pour toi, ton corps t'envoie les signaux pour te dire il faut que tu arrêtes. Et dans ta vie professionnelle ou peu importe, il t'arrive que des choses pour que tu sortes de là en fait. Rien n'est facilité, j'ai l'impression que tu n'as que des difficultés quand ce métier n'est pas fait pour toi. Et je vais même reformuler. c'est pas que le métier n'est pas fait pour toi, c'est-à-dire que c'est un métier très difficile. Donc, ou bien tu es passionné et tu continues dans ce que tu fais, ou bien tu te dis, je gagne très bien ma vie et je tiens encore 10, 15 ans, ou que sais-je, ou alors toute une vie. Mais personnellement, je n'ai pas voulu faire ce choix. Et pour moi, c'était impensable de continuer dans ces conditions-là. En plus, en ayant le projet de construire une famille, je ne me projetais pas du tout.

  • Speaker #0

    Et en plus, je me souviens que tu as toujours été artiste. T'as toujours peint D'ailleurs je me souviens que nous nos conversations Quand on pouvait se prendre un verre après le travail Ou déjeuner près de nos études Ou quand on avait des dossiers ensemble On parlait très peu du notariat Finalement On avait vraiment des centres d'intérêt qui étaient différents Je me rappelle que toi tu peignais Tu faisais de très bonnes choses Je dessinais

  • Speaker #1

    Alors genre à l'époque je voulais absolument jouer de la guitare Donc j'avais commencé aussi A prendre des cours enfin C'est vrai que j'ai toujours eu cette partie créative en moi. Au fond de moi, je me suis toujours dit « Ok, c'est peut-être à cause de ça que je ne suis pas faite pour ce métier. Je ne suis plus appelée par autre chose. » Mais je ne savais pas quoi en faire, en fait. Je ne savais pas comment exploiter. Et pour moi, si tu veux, j'ai aussi grandi dans une génération où on te dit « Il faut faire de longues études pour avoir un bon métier, poser. » stable, qui a une bonne réputation sociale, où tu gagnes bien ta vie. Donc, à aucun moment, je me suis projetée dans un métier créatif plus incertain.

  • Speaker #0

    Et ta marque, à quel moment elle arrive ? Parce que je sais que les valeurs de ta marque te ressemblent. C'est une marque qui est engagée et qui est partie d'un constat que la mode n'était pas faite pour... la plupart des femmes et que souvent les patrons étaient réalisés sur des modèles assez filiformes. Voilà.

  • Speaker #1

    Ils ne correspondaient pas vraiment aux femmes.

  • Speaker #0

    À la pluralité des femmes qu'on peut croiser, rencontrer dans la rue. Et toi, c'est quelque chose du coup que tu as voulu vraiment contrer avec ta marque.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux me dire à quel moment c'est devenu une évidence de créer cette marque d'Alica ? Marque que tu portes d'ailleurs aujourd'hui,

  • Speaker #1

    qui est magnifique.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est parti de ça, de cet agacement de toi à avoir du mal à t'habiller ?

  • Speaker #1

    Alors, si tu veux, je me suis toujours dit, je ne quitterai pas le notariat sans avoir quand même un projet établi. Et en fait, j'ai eu de la chance, j'ai eu, pas une révélation, mais j'ai eu cette idée vraiment quand j'étais au bout du rouleau. Dernière expérience dans le notariat. Et je me suis dit, mais en fait, qu'est-ce que j'aime ? J'aime m'habiller. Parce que si tu veux, moi, mon uniforme dans le notariat, quand t'es une femme, t'as quand même la chance d'avoir une certaine liberté pour te vêtir, comparé aux hommes qui, bien souvent, sont encore en costume. Enfermés. Exactement. Et si tu veux, mon uniforme dans le notariat, c'était souvent une veste de costume, un blazer, un carré de soie coloré. Et puis souvent un jean assez sobre pour rester élégante. Et en fait, je me suis dit, mais moi, j'adore les ensembles. Je ne trouve pas à chaque fois de pantalon. C'est vraiment parti, je t'explique, c'est vraiment la genèse de la marque. Et en fait, je ne trouve mon bonheur dans aucun vêtement en termes de coupe. Et s'il y a la coupe, il n'y a pas de qualité. C'est-à-dire que concrètement, je me retrouve à aller piocher dans la fast fashion. Du coup, je me suis dit, je suis sûre que tu n'es pas la seule, peu importe la morphologie. D'ailleurs, une fille mince peut avoir aussi des hanches larges et ne pas trouver son bonheur. C'est parti de là, je me suis dit, je vais créer des vêtements. Je ne fais pas du sur-mesure, parce que rien ne remplacera le sur-mesure. Mais en tout cas, est-ce qu'on ne peut pas essayer dans le prêt-à-porter d'adapter des coupes, un maximum de silhouettes possibles ? C'est parti de ce constat-là. Et ensuite, c'était une évidence pour moi de faire des vêtements avec des matières nobles. Finalement, tout ce qui me manquait à titre personnel. Et ensuite...

  • Speaker #0

    C'est là que l'artiste en moi a ressurgi. Je me suis dit, mais tu ne peux pas juste faire ça. Il faut que tu trouves quelque chose de singulier. Parce que j'ai toujours aimé me différencier. Alors dans le notariat, tu es assez limitée, mais sans être très extravagante, j'ai toujours aimé cette touche de singularité, soit dans une coupe de cheveux, un carré de soie ou autre dans une paire de chaussures. Et je me suis dit, mais attends, pourquoi tu ne t'insèrerais pas des empiècements brodés ? Et justement... Cette réflexion-là est venue justement quand j'ai eu le temps un petit peu de penser plus à moi et de faire un peu plus d'introspection. Et j'ai eu cette idée de puiser dans mes origines finalement algériennes, dans l'héritage algérien. Et j'ai donc pioché cette idée de broderie dans le vestiaire traditionnel algérien qu'on porte à présent que dans des occasions festives où tu trouves un panel de robes et de tenues entièrement brodées. dans des matières nobles pour certaines tenues, certaines robes. C'est comme ça que l'idée de Dalika est née.

  • Speaker #1

    Et donc, toi, les empiècements, ils sont par exemple le long des boutonnières, sur les poches. C'est des petits détails. Donc, quand on ne connaît pas, par exemple, le vestiaire algérien, on ne le remarque pas. Enfin, on remarque que c'est une broderie, mais c'est subtil. Et pour toi, ça représente aussi... Le fait que finalement, on est tous assez pluriels, on a beaucoup de personnalités. Donc toi, c'est par exemple le vestiaire parisien, assez sobre, mais en même temps...

  • Speaker #0

    Élégant. Avec... Cette bouche de singularité.

  • Speaker #1

    Bouche de singularité.

  • Speaker #0

    Tout à fait.

  • Speaker #1

    Et tu me disais aussi que de choisir cette voie-là, ça t'avait permis finalement de te choisir toi et de te reconnecter à toi.

  • Speaker #0

    Exactement. En fait, dans cette folie et cette course... au travail, à la performance, je n'avais que peu de temps pour moi. Donc tu vois, dans les dernières années, par exemple, j'ai complètement arrêté de peindre. J'avais plus du tout de temps pour me reconnecter à ce que j'aime faire et donc à moi finalement. Et ça a été justement l'opportunité de me reconnecter à une partie de moi. Donc pour l'anecdote, je suis aussi retournée en Algérie, ça faisait... Entre 15 et 18 ans, je crois que je n'avais pas... Relu les pieds ? Exactement. Et donc, ça a été l'occasion de me reconnecter à moi et aussi de faire de ce mélange, de ce beau mélange, un beau message. C'est-à-dire que, comme tu disais, on ne le remarque pas. Et puis souvent, c'est assez rigolo parce qu'en ce moment, la marque est aussi distribuée en boutique à Paris. Et j'ai souvent des réflexions différentes. Tiens, ça me fait penser à une veste autrichienne. J'ai un monsieur qui m'a écrit avant-hier, qui m'a dit, alors j'espère ne pas me tromper dans la prononciation, mais ça me fait penser à un jod pur, quelque chose comme ça. Et en fait, c'est une veste traditionnelle indienne, si je ne dis pas de bêtises. Vraiment, pardonnez-moi si je me trompe. Et en fait, c'est ça que j'aime véhiculer aussi à travers toutes ces pièces, c'est que le mélange est beau finalement et il reste élégant. Et en fait, Dalika, ce n'est pas juste une femme, c'est des femmes. C'est une pluralité de femmes, comme tu disais, sur le plan morphologique, physique et aussi sur le profil, pas psychologique, mais on est tous différents. Chacun a ses références et ses aspérités. Et du coup, c'est ça que j'ai voulu représenter à travers toute cette marque.

  • Speaker #1

    Sachant qu'après, la personne qui va acquérir ce vêtement va écrire sa propre histoire. Finalement. Donc, quand on a envie d'y voir, comme tu disais, une veste autrichienne, on peut.

  • Speaker #0

    On y voit une veste autrichienne complètement. Exactement. Mais finalement, c'est peut-être bateau ce que je vais dire, mais c'est exactement la même réflexion que tu peux te faire face à une toile. Moi, j'aime, par exemple, quand je vais au musée, en général, les descriptions. Tu ne peux pas vraiment savoir ce que le peintre a eu en tête. Il faut faire des recherches un peu plus poussées pour connaître l'histoire derrière la peinture, etc. où les messages véhiculés derrière cette toile, mais finalement, quand tu te retrouves face à une toile, tu peux penser ce que tu veux et quelqu'un d'autre pensera autre chose et chacun fait son interprétation au-delà du beau ou du pas beau, je veux dire. Tu te retrouves ou non dans cette toile, tu te reconnais, parfois tu ne comprends même pas ce que tu ressens, mais elle te parle. Bien sûr. Finalement, c'est ça. Avant, pour moi, tu vois, la mode, c'était quelque chose d'assez futile. Si tu m'avais posé la question, il y a peut-être encore trois ans de ça. Kalissa, tu pourrais créer une marque de prêt-à-porter, mais je... Non, enfin... Non, tout simplement. Mais en fait, c'est vraiment une extension de soi. Ce qu'on porte, c'est une manière de dire voilà qui je suis. En tout cas... En partie, c'est ce qu'on voit en premier quand on rencontre une personne.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on voit en premier, c'est la première image que tu renvoies de toi.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et aussi, pour reparler des matières que tu utilises, je trouve que c'est quand même extrêmement malheureux aujourd'hui d'acheter un manteau qui ne tient absolument pas chaud.

  • Speaker #0

    Complètement.

  • Speaker #1

    Parce qu'il faut dire que quand on achète un manteau qui est fait en polyester, donc en plastique, on n'a absolument pas chaud. Quand tu vois les compositions des pièces de l'époque, un manteau, c'était laine, cachemire. Aujourd'hui, un manteau, pour la plupart, il n'y a pas de laine.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas de laine. Oui, alors il y en a très peu. Et ça me fait aussi penser qu'en créant cette marque-là, justement, je suis quelqu'un qui regardait énormément les étiquettes. On fait toujours un projet en se disant, je le fais parce que j'ai observé un manque. Mais c'est parti de ce constat-là. Il y a eu un ras-le-bol de se dire, c'est pas possible qu'on vende à ce prix-là des pièces qui sont, comme tu le dis, en plastique finalement.

  • Speaker #1

    Oui, complètement, parce qu'on ne va pas citer de marques.

  • Speaker #0

    Non, non.

  • Speaker #1

    Mais je pense qu'on pense à peu près tous aux mêmes marques qui sont vendues à des prix qui sont...

  • Speaker #0

    Exorbitants.

  • Speaker #1

    Exorbitants, qui ont des conditions de fabrication qui sont déplorables et des compositions qui sont... mauvaise, très mauvaise. Et en fait, beaucoup de gens pensent que parce que ça coûte cher, c'est bien. Ne vous en voulez pas parce que personnellement, je l'ai pensé aussi, avant de bien me renseigner, etc. Donc, c'est normal de penser ça. On jette vraiment la pierre à personne. Tout est fait pour qu'on pense comme ça. Mais en fait, ça ne vaut pas mieux que certaines marques de fast fashion.

  • Speaker #0

    En fait, le positionnement, bien souvent, il est premium dans l'image, la communication, le marketing. Et d'ailleurs, tu ne trouves Pas toujours le pays de fabrication quand tu regardes sur internet. Il faut vraiment se déplacer en boutique pour certaines marques qui sont conscientes que ça peut être un sujet de se faire fabriquer dans des pays très lointains et dans des conditions assez douteuses. Je pense qu'il y a quand même une conscience qui a été prise que les gens sont quand même de plus en plus informés. Je veux dire, aujourd'hui, il y a... Il y a des créateurs de contenu qui en font vraiment leur créneau et qui dénoncent ces choses-là et qui aiguillent le consommateur vers des marques plus éthiques et plus qualitatives. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai eu envie de fabriquer en France. Vraiment d'aller, parce qu'en fait, clairement, je me suis dit aussi, on n'a pas besoin d'une énième marque de prêt-à-porter. Il y a déjà tout ce qu'il faut. Donc si je le fais, il faut que je le fasse correctement, il faut que je le fasse. bien. Et qu'est-ce que c'est de le faire bien ? C'est-à-dire des matières nobles, respectables. Et durables aussi. Durables, exactement. Enfin, je veux dire, sans jeter la pierre encore une fois, chacun son mode de consommation, mais à l'origine, un vêtement, ce n'est pas fait que pour tenir deux lavages ou six mois. Surtout quand on y met le prix. En tout cas, c'est comme ça que je vois les choses.

  • Speaker #1

    Oui. Et aussi, un vêtement, par exemple, quand on voue à tes pièces ou d'autres pièces de créatrices, par exemple. ou de créateur, c'est vrai que il y a mille façons de l'accessoiriser pour avoir l'impression d'avoir un vestiaire qui est plus étoffé. Et en fait, il faut, je pense aussi, réussir à accepter qu'on n'est pas fait pour avoir une garde-robe avec autant de pièces et que c'est la fast fashion qui a donné ce rythme et ce rythme. Mais qu'en fait, c'est pas tenable même d'un point de vue environnemental.

  • Speaker #0

    environnemental, financier. Enfin, je veux dire, il y a tellement de choses dans lesquelles on pourrait mettre notre argent. Et je parle vraiment du principe où, personnellement, quand je mets le prix dans quelque chose, c'est parce que soit j'ai vécu une superbe expérience, soit je sais que c'est quelque chose que je vais garder et chérir un long moment parce que je l'affectionne.

  • Speaker #1

    Et même transmettre.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Parce que tu vois, par exemple, moi, il y a des pièces que j'ai pu récupérer de mes grand-mères, par exemple. Ou même grand-père, parce que moi, j'adore. Et j'adore les blazers d'hommes, tu vois, avec des couches, des épaulettes, etc. Pareil, des pièces de mon père que j'ai pu récupérer et un petit peu, tu vois, upcycler les boutons, des choses comme ça. Et en fait, tu te dis de nos garde-robes à nous, qu'est-ce que nos petits-enfants pourront parler avec nous ? plaisir en le redécouvrant, etc.

  • Speaker #0

    Justement, comme tu le sais, j'ai une petite fille qui a tout juste 9 mois.

  • Speaker #1

    On va quand même saluer au passage le fait d'avoir lancé ta marque en plein postpartum. Parce que ça, je te l'ai toujours dit que je t'admirais d'avoir réussi à tout mener de front, mais vraiment, je pense que toutes les personnes qui nous écoutent vont t'admirer à leur tour. C'est incroyable. Ta fille, quand ta marque... est née avait tout juste six mois.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Donc tu as fait tout ce qui est shooting etc avec le porte bébé.

  • Speaker #0

    Alors j'ai eu la chance, non j'ai eu la conscience de ne pas l'emmener avec moi parce que c'est pas vraiment j'ai l'habitude d'emmener ma fille partout avec moi en déplacement lorsque c'est confortable pour elle. Là c'était pas le cas mais je suis d'accord j'étais quand même en en plein postpartum. Je ne sais pas si c'est vraiment courageux de ma part, je l'ai plutôt vu comme quelque chose qui s'imposait à moi. Il fallait y aller, j'avais cette idée, ce super projet. Et en même temps, je n'avais pas envie de m'empêcher de devenir la maman que j'avais envie d'être. Et donc, parmi les choses qu'on peut garder de positif dans le notariat, c'est qu'on a quand même été assez habitués à battre une énorme charge de travail.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    et donc... Je n'ai pas été effrayée de devenir maman et de lancer cette marque en même temps d'Alica. Voilà, je l'ai fait parce que ça s'est imposé à moi. Le timing, on ne le choisit jamais, ni pour un enfant, ni pour lancer un projet. Sinon, les temps passent et on ne fait jamais rien. Et donc oui, quasiment deux bébés en même temps.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que c'est important pour toi aussi dans ce que ta fille voit de sa maman ? Le fait que tu aies eu le courage de suivre ton intuition, est-ce que tu penses que c'est important quand on élève une jeune fille ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose, avant d'être maman, que je projetais, mais c'était assez abstrait. Et en fait, depuis qu'elle est née, c'est vrai que tous mes choix, j'ai toujours une petite voix qui vient juste derrière mon raisonnement, mon propre raisonnement, me dire, comme une validation finalement. Je vais faire ça comme ça parce que je sais qu'elle sera fière et que plus tard, je pourrais lui dire que j'ai fait les choses le mieux possible. De mon mieux. J'ai fait de mon mieux. C'est pareil quand tu me parlais de transmission, de choses comme ça. Il y aura les vêtements, c'est certain. Mais aussi de dire, j'ai créé cette marque à l'époque, tu étais un tout petit bébé. Voilà ce que j'ai fait. J'ai fait ce choix. Je fabrique à Paris. J'ai choisi que des matières nobles. C'était un pari fou. Tout le monde m'a dit... Attention, on est quand même, ce qu'il faut le dire, le textile est un secteur sinistré, toujours en crise. Donc c'est quelque part une folie. Mais j'y crois et plus tard, j'aimerais lui dire que peu importe le résultat, peu importe ce qui va se passer, que je suis fière d'avoir tenu mes valeurs et des bonnes valeurs finalement.

  • Speaker #1

    Oui, d'avoir cru en toi et en ton... Bien sûr,

  • Speaker #0

    bien sûr. Et évidemment, ça, ensuite, sur le plan personnel, tout ça, ce sont des valeurs que je vais lui apprendre.

  • Speaker #1

    Et tu parlais justement, juste avant, du fait que le notariat t'a apporté le fait de savoir endosser une énorme charge de travail. Est-ce que tu dirais qu'il y a d'autres choses que tu as héritées du notariat, dont tu prends le contre-pied ? Parce que tu vois, par exemple, quand je t'entends parler, enfin moi, en tout cas, moi, je l'expérimente de mon côté avec la nouvelle carrière que j'ai embrassée, je ne sais pas si toi aussi, en termes de gestion du temps. Mais tu vois, toi et moi, par exemple, quand on travaillait ensemble à l'époque, qu'on avait des dossiers en forme, je me souviens qu'il nous était arrivé, on en parlait juste avant, j'avais oublié, c'est toi qui me l'as rappelé, d'avoir un dégât des eaux en comble, par exemple. Et même quand on devait s'appeler pour des choses professionnelles sur nos heures de bureau, on n'avait pas le temps de se parler. Exactement. On se disait vraiment, on allait droit au but, mais même sur ces dossiers qu'on traitait en forme, on devait être expéditive. Et toi, comment ça va ? » Après, on s'envoyait un petit message genre « Désolée, j'ai pas du tout le temps de parler, j'espère que ça va, on essaie de se voir. » On n'avait pas le temps de l'enclencher. Alors que tu vois, par exemple, aujourd'hui, on aura l'opportunité de déjeuner ensemble suite à notre enregistrement, etc. Est-ce que c'est quelque chose qui est important pour toi aussi de reprendre le pouvoir sur ton emploi du temps ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. J'avais pas mesuré à quel point retrouver cette liberté de gestion du temps. était importante pour moi. Après, il faut dire que je passais clairement ma vie au bureau. Surtout dans les dernières années, quand tu me parlais de frôler le burn-out, je pouvais facilement faire du 9h30, 22h, 23h. Donc finalement, je n'avais plus le temps pour autre chose. Et là, aujourd'hui, évidemment, d'avoir la liberté de gérer mon temps comme je le veux et de composer surtout. parce que On a tous des aléas, enfin je veux dire, il y a plein de choses qui peuvent arriver dans la vie. Et de pouvoir juste se dire, ok, je vais prendre mon rendez-vous chez le médecin, mercredi à 11h, parce qu'il n'a pas d'autres créneaux, et que c'est ok parce que je pourrais travailler soit avant, soit après, et que j'ai de compte à rendre à personne, si ce n'est qu'à moi-même. Bien sûr qu'aujourd'hui, c'est une chance inouïe. Après, l'envers du décor aussi, c'est se mettre des limites. Tu peux rapidement basculer dans je ne compte plus mes heures. Puisque je suis libre, je ne peux vaquer qu'à mes occupations personnelles toute la journée et je travaillerai le soir. Je suis encore en train de, pour être tout à fait honnête, trouver mon équilibre. Je trouve qu'on s'en sort très bien. Je dis on parce que j'ai de l'aide aussi de mon mari aussi par rapport à ma marque. Sinon, il fait évidemment, comme on aime à le dire, sa part vis-à-vis de notre fille qui est tout à fait normale. mais j'ai de la chance d'avoir un véritable soutien derrière moi qui me permet aussi de gérer... Tu vois, ce matin, c'est lui qui l'a emmené à la crèche. J'ai pu me préparer tranquillement et sereinement pour venir ici.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #0

    Mais ça, c'est une chance. Est-ce que je retire des choses positives du notariat ? Je dirais la force de travail. que j'avais déjà en moi, mais qui s'est quand même assez développée. Et si tu arrives à la mesurer, la contrôler avec le temps, ça reste une force, sans tomber dans l'excès. Je dirais que j'ai un regard forcément plus juridique sur toute la vie économique de la marque. Quand j'ai affaire à mes partenaires, ou quand je dois signer des contrats, etc.,

  • Speaker #1

    je me sens à perdre. On va les relire.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est tout.

  • Speaker #1

    Ouais. Après, le reste, tu dirais ? Le reste,

  • Speaker #0

    c'était déjà, je veux dire, le relationnel. C'est quelque chose que j'avais déjà en moi. Donc, ça a été une qualité que j'ai mis au service de mon ancien métier, mais que je n'ai pas développé forcément grâce au notariat.

  • Speaker #1

    Écoute, je te remercie d'être venue me raconter l'histoire de Dalika, ton histoire. Et puis, c'est aussi un peu finalement l'histoire de ta fille. L'histoire de qui tu es au fond et l'histoire de beaucoup de femmes finalement. Merci Pauline, j'étais ravie de passer ce moment avec toi. Je te dis à bientôt et merci encore d'être venue te confier. À bientôt Pauline. Voilà, le moment est venu de se quitter. J'espère que vous avez apprécié cet épisode. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir un nouvel invité, un nouveau parcours et se faire embarquer dans un nouveau virage. En attendant, prenez soin de vous et bonne semaine.

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