Speaker #0Salut Internet, et bienvenue sur Vie, ma vie d'artiste ratée le podcast qui te dévoile l'enfer du décor d'une vocation très souvent fantasmée. Alors me voici de retour avec mon petit baluchon aimé, chaussure trouée, et je voulais te poser une question aujourd'hui, c'est est-ce que toi aussi, comme le lapin d'Alice au Pays des Merveilles, tu passes ton temps à te dire que t'es en retard, en retard, en retard ? Je m'appelle Adrien, je suis musicien professionnel depuis 20 ans et je propose également des séances d'accompagnement pour t'aider à développer confiance et équilibre. Alors oui, l'épineuse question du temps, ce temps qui passe son temps à m'échapper, que j'essaye de saisir et qui file entre mes doigts malhabiles. Voilà, petite improvisation en prose, c'est votre serviteur qui parle. Ouais, moi, peut-être que ça va résonner pour toi, peut-être que ça va te parler. Moi, j'ai souvent vécu avec l'impression que le temps m'échappait beaucoup trop vite et qu'il fallait que je me dépaise de faire les choses, que j'avais pas le temps de vivre l'instant présent, qu'il fallait que je cours, que je cours pour apprendre, que je cours pour finir ce que j'avais à faire. Et la question que je me pose alors c'est, quid de notre rapport au temps ? Comment se fait-il qu'on puisse avoir l'impression de toujours vouloir courir ? Et qu'est-ce qu'on perd aussi à courir ? Alors, je vais convoquer un peu plus qu'une anecdote, c'est un mode de fonctionnement que j'ai eu quand j'étais étudiant au conservatoire. Donc j'ai commencé assez tard les études, donc ça allait parfaitement de commencer assez tard. Il y avait déjà ce rapport au temps de si je commence tard, il faut que je me dépêche Donc là, inconsciemment, je venais valider une croyance très profonde chez moi qui est dépêche-toi, dépêche-toi Donc j'arrive au conservatoire, et quand t'es au conservatoire, tu travailles des gammes, tu travailles des morceaux, et pour faire un peu le lien entre les deux, tu travailles ce qu'on appelle des études. Des études, c'est des morceaux mais qui font pas directement partie du répertoire, où tu travailles spécifiquement un aspect technique et musical pour justement faire le lien entre le travail des gammes et le travail des morceaux, et faire que tu te manges pas les dents sur les partitions quand t'abordes des morceaux avec des... problèmes techniques particuliers donc ainsi moi j'ai passé beaucoup de temps dans mes années de contrebasse sur les études de Storch Rabbe, de Fyndaison et d'autres que sais-je et moi j'adorais les études et surtout j'avais un challenge, c'était à chaque fois que je commençais une étude c'était déjà commencer à regarder la prochaine pour me dire je prends de l'avance je prends de l'avance et à chaque fois que je commençais une étude je regardais même tout le cahier en entier en me disant ah je serais ok quand je serais à tel niveau... Alors, je pense avoir déjà résolu un peu cette question du syndrome du dépêche-toi, c'est de se dire qu'en fait, le dépêche-toi, c'est que tu regardes dans l'avenir et tu te dis Ouais, ok, quand je serai là, ça sera ok. Il y a un peu une envie de toujours futuriser les... choses. Et pour aller plus loin dans cette envie de futuriser, quand je suis rentré au conservatoire, c'était déjà bien, j'étais content. Mais c'était pas assez pour moi, donc je regardais l'avenir et je me disais, ça serait encore plus cool quand je rentrerais dans la classe de tel professeur. prestigieux dans telle classe parisienne, ça sera encore plus cool quand je rentrerai dans tel orchestre, ça sera encore plus cool quand j'aurai tel niveau. En gros il y a une forme d'aveuglement à ce qui est là, tout de suite, maintenant, à ce que je suis dans l'instant, pour quelque part se fantasmer, se projeter. Et je ne sais pas si ça te parle, ça, mais en tout cas, c'est quelque chose que j'ai beaucoup observé chez moi et que je vois chez certaines personnes. Et je trouve qu'on perd vachement de choses à faire ça. Le fait de toujours fuir l'instant dans une espèce de futurisation, même si c'est pour se visualiser des projets hyper cool, des projets de réussite, des projets qui nous donnent envie. En fait, on oublie d'être là présent. Et c'est un peu le message que je voulais te transmettre aujourd'hui, c'est de te dire... En fait, si on fuit l'instant présent, c'est qu'en fait, on a une espèce de gourmandise de l'instant d'après, de se dire Tiens, ça va être tellement bien après ! Tiens, ce moment, il est cool, mais juste après, je vais aller manger un hamburger, ça va être trop bien ! Tiens, là, je joue pas mal, mais ça sera encore mieux quand je jouerai encore mieux ! Et on se fuit comme ça, on passe son temps à s'enfuir. Et la deuxième conséquence de ce mécanisme, ça ne favorise pas l'apprentissage. En fait, si quand tu es en train d'apprendre quelque chose, tu es en train de regarder l'avenir en te disant Tiens, je serais OK quand j'aurais complètement maîtrisé l'apprentissage que je suis en train de faire en fait, tu n'es pas en train de vivre l'apprentissage. C'est pour ça que maintenant, quand je travaille un morceau, quand je travaille sur ma contrebasse, je me suis mis à la guitare il n'y a pas très longtemps, il y a deux ans. quand je fais des prods aussi sur l'ordinateur ou quand je travaille du chant, je passe toujours par un retour au corps pour vraiment revenir à la sensation, à ce que je perçois de là tout de suite et à s'apercevoir qu'en fait il n'y a rien d'autre que l'instant. Et c'est quelque chose que j'aborde toujours lorsque je fais des séances, que ce soit pour les artistes ou un peu pour tout le monde, c'est vraiment ce retour au corps. On ne se rend pas à... compte à quel point parfois on est coupé de notre sensitivité. Et le fait d'être coupé de cette sensitivité fait qu'on remonte vachement dans la tête et qu'on blablate, qu'on projette. Et en fait, il y a quelque chose de très simple. Alors moi, c'est ce que j'appelle les mouvements somatiques. Il ne s'agit pas de s'ancrer au sol en imaginant des choses comme si j'étais un arbre. Non, non. Il s'agit de revenir à ces sensations et de gagner en discernement quant à ce qui se passe dans mon corps. Et ça permet, et demain, de dissoudre beaucoup de tensions physiques, parce que la tension est toujours un manque d'attention. Et ça permet aussi d'arrêter de se projeter, de se futuriser en permanence. Et d'être pleinement là, sans être dans le passé, ni dans le futur. Ce qui est passé est révolu, ce qui va arriver n'est que de l'ordre du fantasme. Même si c'est ok de se préparer, même si c'est ok de vouloir mettre en... mettre des plans en marche, ce qui me reste c'est l'instant. C'est pour ça que les anciens disaient qu'arpédième, il y a en effet ce côté jouisseur, bah cueille le jour profite, mais c'est aussi, en fait, surtout tu n'as que ça. Donc vu que c'est la seule chose qu'on a, que j'ai, et ben allez, je vais le croquer, et dans l'apprentissage, et ben je vais savourer chaque seconde de mon apprentissage. Alors si toi aussi, ton lapin d'anis au pays des merveilles revient te voir et te dit Octa, Octa, Octa... je t'invite à lui répondre, écoute petit lapinou, t'es sympa, mais là je vais prendre mon temps, je vais savourer cette tasse de thé, je vais même tremper mon gâteau dedans, et puis je vais prendre le temps de l'instant. Voilà, si ça t'a parlé, si ça a résonné pour toi, et bien partage sur les réseaux sociaux, partage de partout, partage avec tes grands-parents, avec ta sœur, si t'as pas de sœur, avec ton ami, enfin bref, partage, mets plein d'étoiles. sur les plateformes de podcast, ça aide vachement au référencement de cette toute jeune aventure. Et puis on se voit bientôt pour un prochain épisode. D'ici là, porte-toi bien, mange 5 fruits et 1 par jour, et à très vite !