Speaker #0Salut Internet et bienvenue sur Vie, ma vie d'artiste raté, le podcast qui te dévoile l'enfer du décor d'une vocation très souvent fantasmée. Aujourd'hui, je te parle du track, de GPS et d'Hippocampe. Je m'appelle Adrien, je suis musicien pro depuis 20 ans et je propose également une séance d'accompagnement pour t'aider de l'intention à la performance, à développer confiance et équilibre. Alors ouais, merde, chasse, lutte, corne de bidouille, je sais pas quoi dire, c'est un peu toutes les expressions qu'on peut avoir quand on a un track démesuré qui nous tombe dessus et qu'on foire, merde, loupe sa prestation. Moi ça m'est arrivé plein de fois, et je me suis dit c'est une fatalité, je suis émotif. la non-grâce me tombe dessus, la disgrâce me tombe dessus et je suis condamné toute ma vie à vivre du stress, du trac quand je vais faire une audition, un concours, que je vais jouer devant des copains. Sauf que non, grâce à ma méthode américaine. Non, je déconne, il n'y a pas de méthode américaine. Mais ceci dit, je me suis dit un jour, merde, il faut que ça change et j'ai cheminé et j'ai trouvé plein de choses pour m'aider. Donc aujourd'hui, je te livre 5 points. pour naviguer avec clémence et joyeuseté dans cet univers du stress et du trac. Alors, avant de te donner ces cinq points, je tiens à ce qu'on se pose ensemble la question de pourquoi on stresse, pourquoi le trac ? Si t'es en train de me regarder et si moi je suis en train de te parler via cette petite caméra, c'est que nos ancêtres étaient des trouillards. Voilà. Ta mère la trouillarde, mon père le trouillard, ta grand-mère la trouillarde, ton arrière-grand-père le pleutre. Et on va remonter, remonter, remonter, remonter, remonter jusqu'à il y a très très longtemps. Imaginons le Pleistocène. À l'époque, ton ancêtre, quand il rentrait du boulot, bon déjà il n'avait pas de boulot, mais quand il rentrait le soir chez lui, déjà il n'était pas sûr d'avoir un chez lui. Il n'y avait pas de chauffage, il n'y avait pas une bonne douche chaude qui l'attendait. Il y avait peut-être un espèce de petit courant d'eau gelée dans un torrent. Et il avait une chance sur deux de perdre la moitié de sa famille, mangé par des tigres aux dents de sabre. Bref, il était dans un univers hyper dangereux, hyper menaçant. Et pour faire face à ça, l'évolution petit à petit nous a doté d'un système de protection, d'un système de survie. Et ce système de protection, ce système de survie, c'est le stress. C'est le fait de pouvoir être en vigilance et d'avoir une métamorphose biochimique à l'intérieur de toi qui va faire qu'au moindre danger, tu vas être apte à fuir, à combattre. ou à te statu-fier comme ça. Si on rentre un peu plus dans la plastique du cerveau, attends je mets mes petites lunettes d'intellectuel, ping ! J'ai convi deux personnages pour vraiment simplifier l'histoire et te faire comprendre un peu comment ça marche. Et tu vas voir que cette histoire elle est cool parce que ça te permet de déculpabiliser, de te déculpabiliser par rapport au stress, de voir que quelque part c'est un mécanisme. tellement profond, tellement enfoui en toi que tu n'y es pas pour grand chose finalement. Alors les deux personnages que je vais convier pour cette histoire, c'est d'un côté Madame Amidal et de l'autre côté, bonjour, Monsieur Hippocampe. Madame Amidal, elle a un rôle. Son rôle, c'est de détecter les plans de merde. Et je dirais même plus loin, en fait, elle n'a pas le temps pour la notion de plan. Donc c'est détecter la merde, c'est détecter les menaces. Donc ton Amidal, hop, elle se met en marche dès qu'elle repère un changement dans son environnement. Donc là, Madame Amidal, elle panique, elle va toquer à la porte de Monsieur Hippocampe. Ils sont tous les deux planqués dans les couches très profondes de ton cerveau. Et là, Monsieur Hippocampe, il se réveille, il arrive avec son gros sac à dos. Son gros sac à dos, en fait, c'est toute tes mémoires émotionnelles, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Et là, Madame Amidal vient le voir, elle dit, je crois que j'ai repéré quelque chose de pas net. Et Hippocampe, il prend la missive, il regarde, il fait, ah ouais. Ok, alors lui, il est dû la monter sur scène plusieurs fois et chaque fois qu'il monte sur scène, ça se passe mal. Donc, vas-y, déclenche le mécanisme d'urgence. Et là, Amidal, elle y va à fond et elle envoie toutes les hormones de stress fois 10. Et ça, ça se passe en l'espace d'une milliseconde. Donc, c'est très, très, très rapide. Donc, tu vois qu'en fait, on a assez peu de prise sur ce mécanisme et que ce mécanisme-là, c'est un mécanisme qui se met en marche pour te protéger. Alors tu vas me dire, c'est bien beau d'être protégé, mais entre la menace de se faire manger les miches par un tigre dans le sabre, et le fait de jouer le morceau qu'on aime le plus devant un jury, voilà, il y a un sacré delta. Donc comment on va faire ? Et bien justement, je vais te donner ces 5 points. Avant de te donner ces 5 points, j'aimerais qu'on creuse un peu plus cette question du stress, et de se dire quels sont les facteurs qui vont te déclencher. Moi j'analyse principalement... 3 facteurs. Le premier facteur c'est la sidération, c'est la surprise, c'est le fait dans ton environnement de voir quelque chose auquel tu ne t'attendais pas du tout. Par exemple tu montes sur scène et là dans le jury tu vois quelqu'un que tu détestes. Ou tu montes sur scène et là dans le jury tu vois cette sublime violence élise dont tu es follement amoureux et là intérieurement il se passe beaucoup de choses pour toi et du coup tu vas te mettre à vaciller. Bref c'est vraiment un effet de surprise. Le deuxième facteur que j'attends, que j'analyse, c'est le fait de manquer de maîtrise. Typiquement, tu fais une prise de parole en public, Oui, au cœur, au rage, au désespoir et puis là, il faut improviser, et en fait, tu vas manquer de mots, tu vas te mettre à chevroter, il y a quelqu'un dans le public qui va te poser une question, ça va te dérouter, et ça, en fait, c'est OK, c'est très humain, mais tu vois que déjà, on a peut-être là un petit levier à jouer. Le troisième facteur déclenchant du stress, il est peut-être un peu plus profond, c'est les enjeux que tu mets quand tu joues sur scène. Et là, quand on dit enjeux, c'est directement un miroir de tes fêlures narcissiques, de tes blessures écotiques. Et ce n'est pas des gros mots, on a tous un égo, on est tous narcissiques, plus ou moins dans différentes échelles. Mais c'est important de savoir les enjeux qui te font monter sur scène. Je prends l'exemple d'un pote qui jouait magnifiquement bien. Quand il jouait en audition, c'était trop beau. Et quand il s'est mis à passer des concours d'orchestre, chez lui, il y avait un tel enjeu sur la survie que quand il passait un concours d'orchestre, intérieurement, il se disait OK, si je réussis ce concours, je me mets moi et ma famille en sécurité. J'ai un boulot toute ma vie, donc c'est trop important. Et vu qu'il y avait un vrai enjeu de survie qui se jouait profondément en lui, elle le faisait paniquer et il loupait tous ses concours. Et du coup, dans sa préparation, il a dû intégrer petit à petit le fait d'aller visiter cette notion de sécurité de survie. Donc voilà pour ces trois facteurs. Donc comment faire que ces trois facteurs ne t'embêtent plus, ne nous embêtent plus et qu'on puisse s'éclater sur scène ? Moi, j'analyse 5 points. Donc c'est là où je te livre mon GPS, ma petite carte du monde. Le premier point important, c'est justement, si on veut s'orienter, c'est avoir un cap. Est-ce que tu es en maîtrise de ce que tu fais ? Est-ce que tu es en maîtrise de ton propos ? Quelque part, c'est l'endroit où moi j'ai le moins de choses à te dire et où tu serais le plus autonome. Le deuxième point qui me semble essentiel, c'est maintenant qu'on a un cap, c'est est-ce que tu as une bonne carte ? Donc c'est là où vraiment on va faire de la préparation. Préparation mentale, préparation globale, vraiment se donner un plan pour arriver au cap. Le troisième point qui me semble... essentielle c'est de voir si la carte que tu as dessiné le cap où tu vas sont congruents avec ton territoire ce que j'appelle ton territoire et c'est ton intériorité c'est qui tu es c'était valeur donc là on entre un peu dans le connais toi toi même le quatrième point que j'aborde c'est maintenant qu'on connaît un peu mieux ce territoire c'est peut-être dans dessiner les récifs en explorant le corps Le corps c'est très souvent le grand oublié dans la préparation des musiciens. Très souvent on a un corps, on fait avec, mais bon voilà c'est juste un véhicule pour kiffer la vie. Le cinquième point que j'ai envie de te proposer, c'est maintenant qu'on connaît à peu près ce territoire, c'est dans relire l'histoire. Et c'est là qu'on va faire un vrai travail sur l'estime et la confiance en soi. Alors premier point qui est peut-être le plus essentiel et je pense que beaucoup d'artistes en fait peuvent... Tout faire avec ce premier point c'est est-ce que tu es en maîtrise de ce que tu fais. C'est vraiment la phase où on a un cap. Je vais tout de suite te donner un exemple. Moi quand je passais des concours d'orchestre par exemple, je les passais avec une partition devant les yeux. Or ce qui se passe c'est que moi j'ai commencé tard la musique et si autant j'ai un bon niveau instrumental ou je suis content de ce que je fais, j'ai jamais été un super lecteur. Et le fait dans une situation de stress de me mettre un handicap en plus avec... du papier devant les yeux alors que c'est pas là ma zone de génie, fait que je surjouais ce qu'on appelle le phénomène de vision tunnel. La vision tunnel, c'est quand t'es stressé, t'as tout qui se rétrécit comme ça pour être focus sur l'action. Et là, c'est juste mon exemple à moi, mais du coup, il a fallu par exemple que je travaille beaucoup sur le par cœur pour les concours et pour d'autres situations où jouer avec du papier devant les yeux, c'était pas efficient pour moi. Donc là, c'est un peu ce moment de donnée de thé radicale où tu dois regarder ta pratique, regarder ta manière de travailler. Et est-ce que tu es au clair avec ta façon de faire ? Par exemple, ça peut être un petit trait d'orchestre qui passe au feeling d'habitude, mais est-ce qu'il va passer au feeling le jour où il y aura un peu de stress ? Ça peut être une prise d'air à un moment où tu la fais un peu au feeling aussi. Est-ce que ce jour-là, le jour J, le au feeling marchera ? C'est peut-être les mots que tu ne vas pas réussir à articuler ce jour-là, donc dans ton discours, peut-être trouver des points d'appui, trouver des moments de respiration. Donc c'est pour ça que j'appelle vraiment cette étape la maîtrise. Et c'est ce moment-là où c'est important d'avoir des oreilles extérieures, donc des bons pédagogues, un bon coach, des mentors, des gens qui peuvent vraiment te faire un retour sur ce que tu fais, parce que parfois, on ne s'écoute pas. Voici pour ce premier point, il est hyper important, je pense que c'est 99% du travail, je l'ai déjà dit, il y a certains artistes qui sont seulement dans la maîtrise, ça va très bien. Je fais quand même un petit pas de côté en disant aussi dans la maîtrise, c'est de se dire qu'il faut accepter qu'on ne maîtrise jamais tout et que la vie est un processus chaotique complexe, et pose-toi la question, est-ce que tu es ok de vivre avec ce processus chaotique complexe qu'est la vie ? Et c'est parti pour le deuxième point maintenant qu'on s'est donné un cap, c'est comment tenir le cap avec une bonne carte. Voilà, j'allume mon GPS. Voilà, ça fait pas ça. Non, un GPS, c'est bizarre. Bon, moi, ma passion, c'est les imitations complètement foireuses. Donc voilà, il y en aura d'autres. Désolé, tu peux faire avance rapide si ça te saoule. Qu'est ce que c'est qu'avoir une bonne carte ? Eh bien, c'est un peu... Comme les sportifs le font depuis des années et des années, c'est se préparer mentalement, corporellement et émotionnellement à la prestation, à la performance. Eux, ils font ça depuis des années. Ils travaillent avec des hypnos, ils travaillent en EMDR, ils travaillent avec des sophrologues, ils travaillent avec des préparateurs mentaux. Moi, j'ai fait une formation de préparateur mental. Je me suis beaucoup intéressé à toutes les techniques d'hypnose et d'induction. J'en fais pas tout le temps. Je pense pas que c'est efficient pour tout le monde et puis surtout parfois ça présuppose une forme d'endormissement à soi-même. Mais en tout cas je pense que cette phase de préparation mentale elle est nécessaire. Très bientôt je vais te plaider sur cette chaîne des exemples de balades mentales que je propose. Et moi je pense que toujours l'idée de la préparation mentale, la préparation globale même, c'est en fait de faire, d'ancrer un état du corps. positif et relâché, pour aller chercher dans cet état du corps une possibilité de stimuler son imagination par la visualisation et à force de répéter la visualisation d'aller vers la manifestation. Ce qu'il faut savoir quant à l'imagination humaine c'est que le cerveau est une machine à croire. Je suis désolé d'en parler comme une machine, je pense absolument pas que l'être humain est une machine mais c'est vraiment pour l'image, c'est à dire que tout ce que tu vas croire va devenir ta réalité. Je prends l'exemple des rêves. Si un soir, dans un rêve, tu t'imagines en train d'être poursuivi par un tigre aux dents de sabre, tu vas te réveiller en sueur et il n'y aura pas de tigre aux dents de sabre et pour autant tu auras toutes les sensations de la poursuite du stress. Si à l'inverse tu fais un rêve où tu te retrouves dans les bras de ton amoureuse avec ses très beaux cheveux et toutes ses odeurs, ses effluves, tu vas te réveiller de ce rêve. un peu tout cotonneux, tout doux, et peut-être très frustré aussi de se dire que c'était juste un rêve. Et pourtant, il ne s'est absolument rien passé. L'imagination chez l'être humain, elle est incroyable. Il n'y a qu'à voir tous les récits qu'on se raconte, toutes les petites histoires qui circulent dans nos têtes, et tous les récits collectifs dont on a besoin pour fédérer les sociétés. Donc c'est très très important d'être capable de reproduire des narratifs qui sont positifs pour nous. Moi, très souvent, je fais ça en trois phases, et ça dépend. La première des phases, c'est vraiment une phase sensitive de revenir au corps, de faire un scan corporel, de voir où sont mes tensions, de danser un peu autour des zones que je n'explore pas. Tu vois, par exemple, ça peut être... Parfois, moi, quand je le fais, je passe une minute juste sur un bout de doigt. C'est hyper important, ça. Enfin, en tout cas pour moi. Après, tu peux faire moins, tu n'es pas obligé de passer une minute là-dessus. Mais c'est pour dire que parfois, on est coupé de notre corps et du coup, on n'a plus de sensation. Ensuite je vais intervenir tout un travail du souffle, de respiration pour descendre. Par exemple là je peux te proposer un petit exercice de respiration très simple. Ça va être un exercice de respiration pour calmer la machine. Ce qu'il faut savoir pour la respiration, c'est que à l'inspiration, donc quand je prends de l'air, d'une manière générale, il y a une tension qui se crée dans le corps, le rythme cardiaque augmente légèrement, et à l'expiration... le rythme cardiaque décélère un petit peu et il y a plutôt un effet de détente. Donc si on veut aller vers de la détente, il faut favoriser des longues expirations. Et si on veut favoriser un peu de la prise d'énergie, et bien favoriser des inspirations. Donc ça veut dire des inspirations plus longues que les expirations. Je vais faire de toute façon des vidéos dédiées au travail respiratoire parce que c'est passionnant, c'est incroyable et c'est surtout une des seules façons qu'on a de contrôler tout le système autonome de notre corps, c'est à dire le système qui se met en marche tout seul comme les battements du coeur, le fait de respirer, le fait de dégirer. Et bien le fait de passer par la respiration permet parfois de changer un peu le système et faire que ce soit parfois un peu plus efficient et juste pour soi quand on a besoin. Une dernière chose sur la respiration, c'est que la respiration est une forme de respiration. une respiration efficiente c'est une respiration nasale c'est à dire je prends l'air par le nez et j'expire par le nez si j'inspire par la bouche comme je le fais là c'est parce que je suis en train de vous parler donc de dépenser de l'énergie et c'est ok si quand je suis en train de chanter je vais prendre de l'air par la bouche mais je suis en train de dépenser de l'énergie et c'est ok quand je vais faire un effort intense style un sprint ou par exemple je sais pas à portée des poids faire du crossfit je vais très souvent ventilé par la bouche Parce que je suis en train de faire un effort, donc je suis en train de dépenser de l'énergie. Et c'est ok. Mais nous, en tant qu'être humain et dans la préparation, c'est se dire, tiens, comment je conserve mon énergie ? C'est vraiment une approche écologique. Donc voilà pour la respiration. Ensuite, la visualisation, c'est vraiment faire venir à soi, s'imaginer en compétence le jour Z. Le jour Z, tiens, c'est original ça. Le jour J. avec tout ce que ça peut présupposer comme sensation. La sensation des cordes sur le doigt. Donc vraiment, c'est se visualiser. Tu te visualises, donc tu t'imagines au loin, et puis tu vois comment tu joues. Le morceau que tu vas jouer, les odeurs qu'il y a autour de toi, le regard des gens, etc. De toute façon, ça, je vais le faire, je vais t'uploader des visualisations qui seront très générales. Parce que quand je travaille en tête-à-tête avec des gens, je sais quelle est la performance, quelle est l'échéance, qui ils sont, donc on peut travailler là-dessus. Il y a autant de façons de visualiser qu'il y a de gens qui visualisent. Mais quand tu commences à visualiser, en tout cas, c'est quelque chose que tu dois faire quotidiennement. Et à peu près, tu commences à faire ça 21 jours avant ta performance. Tu peux même faire ça avant. Et je te garantis que la visualisation à terme permet vraiment de changer un peu la manière dont on est câblé dans notre cerveau et du coup de manifester d'autres choses dans notre vie. Donc cette phase de préparation, pour moi, elle est essentielle. Et ce n'est pas pour rien que les sportifs le font depuis des années. Bon, maintenant qu'on a un bon cap, qu'on a une bonne carte, c'est le moment de vérifier si la carte est adéquate avec le territoire. Ce que j'appelle le territoire, c'est ton être profond, ce que tu es. Et donc dans cette étape, c'est un peu le moment de vérité où on fait face à certaines de nos peurs profondes, à certains de nos traumatismes. Parce que t'auras beau avoir fait une belle préparation, t'auras beau être clair avec ton cap, si au fond de toi, il y a ton amygdale qui te dit Attention ! monter sur scène c'est hyper dangereux pour toi, et bien ça sert à rien de se préparer, ça sert à rien d'être en maîtrise de ce que tu fais. Et parfois nos plus grandes peurs, c'est même pas les nôtres, elles nous appartiennent pas. Parfois nos peurs, c'est l'expression vianogène des peurs passées. Par exemple, si tu as la phobie des araignées, si tu as la phobie des rats, il y a de grandes chances que ce soit ton ancêtre qui, via tes amygdales, soit en train de te susurrer à l'oreille Attention, les rats c'est dangereux ! Ça transmet la peste ! Bah ouais, tu m'étonnes. Il y a eu des millions et des millions de morts au Moyen-Âge à cause de la peste, donc forcément ça a traumatisé durablement le système humain. J'ai une jolie histoire aussi sur ces histoires de traumatisme, j'ai une copine qui avait une véritable phobie des araignées, et un jour elle a fait une séance de respiration holotropique, c'est une technique respiratoire où on part en transe grâce à une forme d'hyperventilation, et en fait elle l'a fait juste pour expérimenter quelque chose de plutôt cool. Et quand elle est revenue à un état de conscience normale, elle n'a pas vraiment vu de changement, elle avait juste fait un voyage intérieur assez agréable. Et elle s'est aperçue dans les jours qui ont suivi qu'elle n'avait plus peur des araignées. Qu'en fait, cet état de trance, cet état respiratoire avait mis son corps dans une forme de reprogrammation de ses peurs primaires, notamment de l'amidale. Pour affronter nos peurs, moi je préfère le faire dans le conscient, par l'écriture, par l'écriture automatique, par le questionnement, par l'écoute, mais je pense aussi qu'à un moment c'est très intéressant d'aller travailler avec des techniques respiratoires, d'aller travailler avec de l'EMDR, d'aller travailler avec certaines formes d'hypnose. Moi par exemple je propose souvent des séances de balade mentale parce que souvent le langage symbolique permet de résoudre des choses que le langage conscient ne résout pas. C'est aussi pour ça que moi j'adore les romans, c'est aussi pour ça que j'adore la poésie, c'est que parfois en allant au-delà de la compréhension mentale au mental, on peut... soigner, penser beaucoup plus de choses que par le blablabla. Donc voici pour ce troisième point qui me semble hyper important, c'est l'exploration en profondeur de nos méandres. Et c'est parti pour le quatrième point. Maintenant qu'on a visité ce territoire, c'est un peu d'en dessiner les contours, les reliefs en l'explorant par le corps. Le corps c'est souvent le grand oublié du musicien. j'ai un corps, voilà j'en profite moi pendant longtemps c'était ça c'était un réceptacle à clope roulée pour faire de la musique, me marrer avec mes potes faire la fête, mais j'avais pas vraiment de réelle conscience corporelle, alors aujourd'hui j'ai plein de pratiques diverses et variées, sportives ou non sportives mais en tout cas je pense que la conscience du corps permet vraiment d'aller chercher beaucoup de choses, ce qu'il faut savoir c'est que le corps n'est pas séparé de la tête il n'est pas séparé de tout ton émotionnel Ainsi, quand tu vas vivre quelque chose d'un peu dur, sur le point de vue émotionnel, mettons un moment d'humiliation sur scène, où par exemple ton prof te dit c'était vraiment nul, t'es pas au niveau, nananana En fait, si l'émotion ressentie circule pas vraiment, et ce que j'entends par circule pas réellement c'est qu'une émotion doit te faire bouger. Émotion, c'est vraiment émoverer en latin, c'est vraiment quelque chose qui doit te mettre en mouvement. Et c'est une information biochimique, il faut faire quelque chose. Seulement, la plupart du temps, nos émotions, on les... qu'on tient. On est une civilisation de coincés du cul. Voilà, je suis désolé de te le dire, mais c'est ce que je pense au plus profond de moi. Nos colères, on ne les montre pas parce qu'on a honte d'être en colère. Tu sais combien de fois on t'a dit, mais ne sois pas en colère. Même aux enfants, on dit ça. Oh, attention, c'est pas bien d'être en colère. Bah si, en fait, une colère, c'est une énergie qui est en train de te dire, non, il y a quelque chose qui n'est pas juste pour moi. Donc, si on ne la met pas en mouvement, cette colère, elle reste dans le corps. Il en va de même pour la tristesse, il en va de même pour la frustration, etc. etc. Dans la tradition du yoga, on parle souvent du muscle de l'âme, le psoas. Le psoas, c'est un muscle qui s'accroche dans le bas de ton dos et qui traverse au niveau de tes hanches. On l'appelle aussi le muscle poubelle. Moi, je trouve ça plus rigolo de l'appeler le muscle poubelle. Et c'est intéressant de le voir comme ça, c'est qu'en fait, ce muscle, quand tu as une réaction émotionnelle, par exemple un coup de stress... il va tout de suite s'activer pour se mettre en mouvement et faire quelque chose. En fait, si ce mouvement n'est pas pleinement vécu, pas pleinement intégré, et bien en fait, tu stigmatise quelque chose dans ta plastique corporelle. Et si tu fais ça une fois, c'est pas grave. Si tu fais ça deux fois, on s'en tape. Si tu fais ça dix fois, c'est pas très douloureux. Par contre, si tu fais ça 10, 15, 20, 30, 50 ans, t'imagines le nombre de tensions que tu accumules dans ton corps. Donc il s'agit là de remettre du mouvement. Et pour remettre du mouvement, moi je passe par la méthode Soma. D'ailleurs le formateur avec qui je me suis formé a une très jolie phrase, il dit l'attention est un manque d'attention L'attention en termes de ce qui me tend, est un manque d'attention en termes de… conscience de ce que je vis. Ainsi par exemple si j'ai mal à la hanche c'est parce que je ne vis jamais ma hanche je suis jamais contenu dessus et quand j'ai une tension j'ai tendance à vouloir lutter contre, forcer mais voilà ce contre quoi l'on résiste et bien persiste. Alors la méthode SOMA c'est un acronyme enfin quatre mots S O M A S pour sensitif O pour organique, M pour mobilité et A pour art. La sensitivité, c'est vraiment remettre de la conscience corporelle. L'attention est un manque d'attention. Donc là, on va pleinement travailler sur la conscience du corps. On peut parler de pleine présence et c'est un peu ce que je faisais tout à l'heure en te disant tiens, je me concentre pendant une minute sur le bout de mon doigt. Simple exercice sensitif, c'est imagine que tu respires par ton côté droit et que tu expires par ton côté gauche. Tu inspires par ton côté droit, tout le côté droit, des pieds jusqu'à l'épaule, et tu expires par tout le côté gauche. Voilà, et tu peux répéter ça un moment. Et tu vas voir que juste par cette conscience, tu mets de la circulation dans ton corps et tu mets de la conscience sur des tas de zones que tu ne visites pas dans ton quotidien. Ça c'est de la sensitivité. Le haut pour organique, c'est qu'on va commencer à mettre un peu de mouvement, un tout petit peu, en restant sur place. Tu vois, j'ai toujours cette respiration circulaire où j'imagine que je respire dans tout le côté droit et je me laisse vider, expirer par tout le côté gauche. Mais je mets en plus un petit mouvement. pour délier les tissus. Et je ne cherche pas à bouger sur un modèle mécanique, muscles, muscles, à tirer des poulies comme ça. Non, tout doux. Ça c'est vraiment l'organique. Il y a plein plein plein plein d'exercices, il y a plein de micro-mouvements dans l'organique. Et à partir de l'organique, c'est là qu'on peut commencer à vraiment passer au mouvement. Le mouvement, depuis cet organique, depuis cette sensitivité du corps, et bien je commence un peu à avoir des mouvements un peu plus déliés. Et ça va nous mener assez naturellement au quatrième point qui est le A pour ART. L'art, c'est l'expression avec une conscience corporelle apaisée. Et l'art, ça va aussi bien nous amener dans ton mouvement à toi, c'est-à-dire ton mouvement interne, ton mouvement libre, que dans ton non-mouvement. Et ce que j'appelle le non-mouvement, c'est quand tu es dans cet état de méditation. Et là, tu n'es plus à te dire, tiens, je vais méditer, mais tu te dis, je suis en... méditation. Tu sors le paradigme du faire pour rentrer dans le paradigme de l'être. Et ça, ton essence, ton être profond, il en a besoin. Donc cet acronyme S-O-M-A c'est le cœur de ce pilier de l'exploration du corps. Et c'est parti pour notre cinquième point. Allez, à la tienne. Maintenant qu'on connaît un peu mieux ce territoire, est-ce qu'il serait pas temps de se faire un petit peu plus de de raconter l'histoire de ce territoire. En tout cas, de voir le récit que tu en as fait, et peut-être le récit que tu continues à vivre. C'est dans cette partie qu'on parle de confiance et d'estime en soi. Ching ! Bon, c'est un gros, gros sujet, l'estime et la confiance en soi. C'est deux notions distinctes, mais qui marchent main dans la main. La confiance, c'est vraiment la confiance sereine en ses capacités pour faire face aux adversités de la vie. L'estime de soi... Ce serait plus la valeur qu'on se donne et l'alignement avec les valeurs qu'on a. L'estime, elle est très conditionnelle et très relationnelle. On estime un bien, on estime une voiture, on estime un bien immobilier. Et très souvent, on s'estime soi, on s'estime les autres. Suis-je digne d'amour ? Un tel est-il digne de faire partie de mon groupe d'amis ? Ma chinette est-elle digne de rentrer dans tel orchestre ? L'estime de soi, très souvent, elle peut être oscillante comme ça. Et plus elle est oscillante... plus on est dans un rapport relativement dépressif. C'est assez démontré cliniquement. C'est à dire qu'il vaut mieux avoir une estime de soi basse, mais constante, qu'une estime de soi qui fait aaaaah. Seulement nous, en tant que musiciens, on est très souvent sujet à ces yo-yo dues à l'instabilité de nos métiers et puis dû au fait que très souvent, si on se retrouve à faire des professions artistiques, c'est qu'on est des gens un peu sensibles, émotifs. Donc on va vivre quelque chose qui va renforcer cette émotivité en faisant ce métier. Ainsi, si je dis ça, c'est parce que Il n'est pas rare parfois que tu fasses ce métier et tu vas monter sur scène et là, génial, les gens m'applaudissent, c'est super, j'ai un cocktail hormonal qui se déchaîne chez moi de mécanismes de récompense, de plaisir. Et puis ça redescend, tu traverses une période où il n'y a plus de concert, le téléphone ne sonne plus, et puis ça remonte, tu sors un disque, les gens tapent dans les mains, c'est super. Et puis finalement, il n'y a pas tant de gens qui viennent. les critiques sont acerbes ou il n'y a pas de critique et tu vois vraiment ce yoyo il est assez délétère pour nous donc c'est se débrouiller pour essayer de réduire un peu ses ambitus et faire de façon à ce qu'il n'y ait pas des downs qui soient horribles et c'est là où la notion de confiance elle est assez intéressante j'ai toujours l'anecdote d'un pote qui me vient qui m'a toujours dit moi j'ai pas d'estime de moi je suis pas beau je suis pas bon je suis pas fort je suis pas doué pour un truc il me dit par contre j'ai toujours eu confiance en moi c'est à dire que peu importe ce que met la vie comme défi je vais toujours trouver une façon de faire. Alors on n'a pas tous ce mindset de super mec génial, c'est clair. Moi je me suis effondré plus d'une fois au moindre obstacle. Et c'est ok, c'est aussi ce qui fait ce que je suis. Mais en tout cas, moi je trouve cette histoire assez inspirante. C'est que dans la confiance, il y a aussi de se dire ok, je suis confiant parce que je me donne le droit de trébucher. Et finalement c'est tout comme ça qu'on a appris à marcher. Tu tombes, tu te relèves, Imagine 30 secondes si à chaque fois que tu étais tombé, il y a quelqu'un qui était venu te dire T'es une merde ! T'es une grosse merde ! Ah bah t'es encore une merde, t'es tombé ! Forcément, le jour où tu te mets debout, t'es là à trembler sur tes deux jambes et à te dire C'est pas fou, fou, fou, fou ! Donc voilà, grosse question que cette notion d'estime et de confiance, l'estime elle est aussi très relationnelle, c'est dans le regard de l'autre que je me reconnais, donc c'est important d'avoir un tissu social qui nous porte, et pas qui nous pèse, si tu passes ton temps entouré de gens. Et puis il y a bien sûr le diable de la comparaison. Voilà, on est très souvent envieux, on regarde l'autre et on se dit ah, là c'est un mécanisme de désir mimétique C'est pas tellement que je désire un objet, c'est que je désire un objet qui est désiré par l'autre. Ah, regarde comme elle a de beaux cheveux elle ! Ouais, c'est parce que tu vois des magazines, des trucs comme ça. Et tu vois qu'en profondeur, ça raconte un peu la légende qu'on construit de soi, les narratifs qu'on a sur nous. Tiens, je suis comme ça et machin et comme ça, et c'est tout le prisme avec lequel je vois le monde. Et comme je te le disais plus tôt dans cette vidéo, le cerveau est une machine à croire. Et ce que je crois devient ma réalité. Ainsi, si je crois voir de partout de l'injustice, et bien je vais vivre de l'injustice. Oh, c'est pas juste, regarde, il m'a encore mal parlé ! En fait, tu vas te débrouiller pour toujours vérifier tes croyances. Le cerveau est ainsi fait. Donc peut-être que là, c'est le moment de dézoom sur l'histoire de ton territoire et de regarder et de se dire Ok, en effet, de l'injustice, j'en ai vécu, et j'en vivrai certainement. Mais est-ce que je suis rendu à toujours vivre ma vie à travers ce prisme et à toujours vivre une forme de colère et de frustration ? Et tu vois, c'est remettre un peu un... dézoom comme ça sur ce que tu es. Et là, il y a vraiment tout un travail d'intelligence émotionnelle, de comprendre ce qui m'anime, parce que parfois on a une émotion qui nous traverse, on sait même pas ce que c'est. Parfois, il y a quelque chose qui va nous déclencher, et ça nous a déclenché de manière tellement rapide qu'on a même pas vu ce qui nous a réellement déclenché. Donc c'est là que dans ce passage-là, bien sûr, on peut se faire aider, on peut discuter, il n'y a pas de problème, mais c'est important de développer l'écoute intérieure. Tiens, qu'est-ce que... Qu'est-ce que la situation que je vis dit de moi ? Plutôt que d'être toujours projeté à l'extérieur et de se dire Ouais, c'est de leur faute, tiens, c'est la faute de papa, c'est la faute de maman, c'est la faute de la société. Non. Ok. Tu n'es absolument pas responsable de ce qui t'est arrivé dans la vie. T'es pas responsable d'avoir eu des parents violents, t'es pas responsable d'avoir eu une prof de CP débile qui t'a mis un coup de pied au cul. T'es pas responsable d'être tombé au conservatoire sur des profs qui t'ont humilié. mais tu peux te responsabiliser sur les narratifs que tu construis après. Et c'est là que tu peux sortir de cet état de victimisation, de calimérisme. Oh, pauvre des mots ! Donc voilà, ce cinquième point, il est hyper important. C'est pas parce qu'on n'a pas confiance en soi et qu'on a une faible estime qu'on est obligé de vivre toute sa vie sans confiance et estime. C'est vraiment en se donnant des expériences que je construis ma confiance. Donc dans ta pratique artistique, c'est de se dire, ok. Moi ça me terrorise de jouer devant un jury de concours d'orchestre. Je vais jouer d'abord des morceaux plus simples devant peut-être un public un peu moins professionnel. Et puis petit à petit faire des rodages. C'est vraiment se dire j'ai l'élan, j'ai l'intention de faire quelque chose. Et comment je peux mesurer mes progrès en grimpant doucement sur l'échelle plutôt que direct d'aller se cogner au plafond en prenant un ascenseur invisible. Voilà pour ce cinquième point crucial, important et ô combien précieux pour la connaissance de soi. Et voilà, c'est la fin de cet épisode. Si j'ai vraiment un message à te passer, c'est que t'es pas rendu à subir ton émotivité. Si t'as, comme moi, chopé la petite carte, émotivité à ta naissance, c'est plutôt un cadeau de sensibilité qui t'est fait. Il faut juste mettre en place les bons protocoles pour faire que ça te démonte pas quand t'as un coup de crac. Donc cette petite carte des 5 points, j'en fais pas un absolu, mais je trouve qu'elle est vraiment efficiente, elle est écologique et elle est même un peu poétique. Donc moi ça me parle, si ça t'a également parlé, et bien abonne-toi. Et les petits pouces aussi, ça fait vraiment plaisir. Partage avec le plus de gens possible, il est temps que les gens se connectent avec leur intériorité. On se voit bientôt pour d'autres aventures, porte-toi bien, mange 5 fruits et légumes par jour et à très bientôt !