- Speaker #0
Bonjour,
- Speaker #1
je suis Johanna. Depuis des années, je me passionne pour le wellness, la santé, le sport, la nutrition et tout ce qui contribue au mieux-être mental et physique. Cette quête m'a permis de croiser le chemin de nombreux experts que je souhaite aujourd'hui mettre sur la route de celles et ceux qui en ont besoin. Naturopathes, médecins esthétiques, coachs sportifs,
- Speaker #0
nutrithérapeutes ou encore astrologues,
- Speaker #1
ce rendez-vous existe pour vous les présenter et vous raconter de quelle manière ils ont changé ma vision de la santé holistique. Je vous propose de partir à leur rencontre avec moi. pour le meilleur et pour le mieux. Bienvenue dans le Wellness Wonders Podcast. J'ai grandi dans une famille de montagnards sur le plateau du Vercors. Tous les week-ends, je partais avec mon grand-père issu d'une famille de bûcherons italiens en randonnée ou en camping sauvage. Et quand on ne randonnait pas, on skiait. Arrivé à Paris des années plus tard, j'ai malheureusement dû délaisser un peu la montagne. Et quelle ne fut pas ma surprise de voir des Parisiens arpenter les rues de la ville avec des salomons aux pieds, des membranes Gore-Tex dernier cri pour affronter la pluie. Depuis quelques années, la montagne est devenue tendance. Et je n'ai jamais autant entendu « non mais la montagne l'été, en fait c'est vraiment sous-côté » . D'ailleurs, cela m'étonne toujours de voir à quel point les gens veulent immédiatement viser haut. Des ascensions spectaculaires, des bivouacs en autonomie pendant plusieurs jours, des 4000 mètres et le Mont Blanc. C'est pourquoi je tenais particulièrement à inviter des personnes qui vivent vraiment à la montagne. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir Blaise Agresti, guide et expert reconnu du secours en montagne et de la gestion de crise. Diplômé de Saint-Cyr, il a dirigé pendant plus de 20 ans diverses unités opérationnelles, notamment le peloton de gendarmerie de Haute-Montagne de Chamonix. Auteur de trois ouvrages sur le secours en montagne, il a consacré sa carrière à sauver des vies et à former les équipes de secours les plus aguerries. Typiquement, si vous tombez dans une crevasse en allant gravir un sommet, c'est un sauveteur comme lui qui viendra vous chercher. Alors Blaise, j'ai une copine qui n'a jamais mis les pieds en montagne, mais alors elle s'est équipée de la tête aux pieds et elle veut gravir le Mont Blanc la semaine prochaine. Ça te dirait de l'emmener ?
- Speaker #2
Non. On a souvent ce genre de demandes. C'est vrai que dans le métier de guide, il y a un fantasme. En plus, ça s'est accentué avec Inokstag, avec son ascension de l'Everest et le fait qu'il ait passé par le massif du Mont Blanc pour se préparer. Aujourd'hui, on a une appétence qui était déjà très forte à aller tout de suite très haut, très vite. On va s'équiper et on va chercher un guide. On dit, amène-moi au sommet du Mont Blanc. Nous, les guides, quand on a ce genre de demande, on la voit venir, ton amie. et on lui dit, écoute, c'est une super idée mais c'est vrai que le Mont Blanc c'est pas forcément la première étape pour aller vers les montagnes parce que si on fait le Mont Blanc, en fait, on fera plus rien derrière il y a plein d'alpinistes même pas d'alpinistes, c'est des gens qui ont fait le Mont Blanc, qui ont rien fait en Suisse de toute leur vie, ils ont fait une course d'alpinistes de leur vie, donc nous les guides aujourd'hui, et c'est très très fort depuis quelques années, on se refuse normalement à le faire, donc on va plutôt dire non, on va pas le faire comme ça On va peut-être faire une première course la première année qui sera 3000, 3500 pour apprendre à cramponner. Donc, utiliser les crampons, le baudrier, la corde, le casque, commencer à comprendre un peu la partie technique. Se préparer physiquement aussi parce que la haute altitude, au-dessus de 3000, on dit que c'est de l'altitude en fait. Il ne faut pas être au sommet de l'Everest pour avoir un sentiment d'être en altitude. Donc, voir comment le corps réagit. Parce qu'il y a des gens, même très jeunes, qui sont en pleine forme, qui font beaucoup de sport, qui ne sont pas très bien en altitude. Moi, j'ai eu un client... il y a deux ans, en allant sur un petit cat meal, le grand paradis en Italie, qui n'était pas très bien en fait, alors qu'il fait de l'ultra trail, qu'il fait tout un tas de compétitions, en courant, en natation, etc. Donc en fait, ce n'est pas parce qu'on est en bonne forme physique qu'on sera adapté à la haute montagne. Donc le conseil qu'on donne, c'est d'y aller doucement, pas à pas, d'avoir un apprentissage en douceur, et puis de se dire qu'il y a peut-être autre chose que le Mont Blanc. Il y a des très très beaux sommets. Le Mont Blanc, c'est une montagne qui, de mon point de vue, reste une montagne dangereuse. Il y a des chutes de pierres pour monter au premier refuge. Il y a un couloir où il y a régulièrement des chutes de pierres, notamment quand la montagne est très sèche. Sur l'autre itinéraire, il y a des risques de chutes de seracs, donc c'est des blocs de glace qui peuvent tomber. En fait, le Mont Blanc, il est loin d'être anodin. Alors qu'il y a d'autres montagnes où il n'y a pas ces risques-là. On a juste à la gravir. sans traverser des couloirs et des chutes de pierre, sans passer sous des seracs. Donc moi, c'est ce que je fais aujourd'hui avec mes clients, avec les gens qui ont la tenue, qui rêvent de montagnes. On va aller gravir peut-être une montagne vers le Mont Rose, à la frontière entre la Suisse et l'Italie, le Castor, des sommets où il y a moins de dangers objectifs, il y a plus de progressivité, et puis il y a un effort qui est mesuré.
- Speaker #0
En fait, j'ai l'impression que les gens achètent aussi un lifestyle, c'est-à-dire que... aller en montagne, c'est cool, aller faire du ski, c'est cool. Et en fait, on veut aussi acheter la tenue hyper technique, etc. Toi, tu as vraiment vu la différence aussi des personnes, ces nouveaux clients qui arrivaient en n'étant pas forcément habitués à la montagne et qui voulaient tout de suite faire des challenges de fou parce que justement, ils étaient aussi sportifs ailleurs. Alors,
- Speaker #2
je pense qu'il y a le lifestyle qui a changé, c'est-à-dire que les tenues des citadins... Je ne veux pas vous poser du tout, mais il y a des gens qui sont en ville aujourd'hui, s'habillent très Patagonia, The North Face, etc. Donc le lifestyle de l'outdoor, plus que de la montagne. C'est deux mots très différents. La montagne, c'est quelque chose. L'outdoor, c'est autre chose. On pourrait en parler d'ailleurs. Mais en fait, c'est cet outdoor, cette philosophie de la vie, très inspirée par les marques américaines. Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia. Tout ça, ça inspire beaucoup les gens qui sont... confinés dans la ville, en fait, qui aspirent à respirer. Et c'est normal. Moi, je respecte cette idée-là. Ils sont déjà un peu déguisés en « outdooristes » , entre guillemets. Mais en même temps, est-ce qu'un alpiniste du XIIe siècle, une famille anglaise aristocrate qui venait à Chamonix en 1850, qui était avec des robes à crinoline, des tenues d'aristocrate pour aller au Mont-Blanc, est-ce qu'ils étaient plus adaptés, moins adaptés qu'aujourd'hui ? Je ne crois pas. En fait, le Mont-Blanc, Reste toujours une histoire de gens inadaptés, mais qui sont nourris par le rêve, par le désir de cette montagne qui s'est construite depuis deux siècles. En fait, il y a une polarisation, mais ce n'est pas la montagne. Le Mont Blanc, ce n'est pas la montagne. C'est autre chose. C'est une histoire, une narration qui est très portée par les récits, par les imaginaires, par tout ce qu'on a entendu depuis des décennies. Et c'est normal que les gens aient envie de faire le marathon de New York, qu'ils aient envie de faire le Kilimanjaro, le Mont Blanc. Donc on est dans ces effets plutôt Instagram. Le fait que les réseaux sociaux aujourd'hui portent un peu cette identité de soi. On se met en valeur à travers l'image qu'on renvoie par Instagram. Et le fait de pouvoir faire un selfie au sommet du Mont-Blanc et dire « moi je l'ai fait » , c'est plus important que de l'avoir fait en tant que tel. C'est plus de dire qu'on l'a fait que de le faire.
- Speaker #0
Exactement, c'est vrai qu'en discutant aussi un peu avec des locaux, Tout le monde disait, mais en fait, les gens, ils veulent prendre leur challenge, prendre leur photo et après rentrer et ne plus jamais faire de rando, de sommet, d'alpinisme.
- Speaker #2
Et en même temps, si on ne donne pas ce sommet tout de suite à quelqu'un, à ton ami qui a la tenue, si on ne lui donne pas tout de suite le premier été ou la semaine prochaine, mais on l'amène ailleurs pour découvrir la montagne, la nature, voir ce que c'est qu'un magnifique torrent qui descend entre des mélèzes à l'automne, aller sur un petit sommet, passer un col, marcher, un jour faire un peu d'escalade. Ensuite, aller un peu dans la neige, cramponner l'hiver, venir faire du ski de rando. Commencer à se rendre compte qu'il y a des dizaines d'activités très différentes qui sont juste incroyables. Chaque saison, on peut faire une activité différente, avec des couleurs, avec des lieux, avec des compagnons qui sont différents. Et quand les gens mesurent le potentiel, même juste d'aller avec son sac à dos dormir dans sa tente, voir un coucher de soleil sur un lieu un peu sauvage, avec une vue sur une vallée, sur la mer, si on est en Corse ou ailleurs. Donc en fait, c'est découvrir la plénitude de cette activité de nature, qui est de s'engager. C'est pour ça que je parle d'outdoor plus que de montagne, puisque montagne, ça ne veut dire que alpinisme, gravir des choses difficiles, alors que l'outdoor, c'est vraiment outdoor, c'est franchir la porte. Et aujourd'hui, pourquoi les citadins sont heureux de faire de l'outdoor, c'est-à-dire franchir la porte, c'est qu'on les enferme trop. Les jeunes générations, mes enfants, qui sont dans les cabinets de conseil, notamment un à Paris, mais il aspire juste à faire de l'outdoor, de sortir de son tableau Excel, de ses présentations PowerPoint, ses cabinets de conseil, etc. Donc moi, je respecte vraiment cette envie, ce désir de montagne, mais il faut aider les gens à ne pas se tromper et pas aller chercher juste. le bénéfice Instagram.
- Speaker #0
Ou la performance trop rude.
- Speaker #2
Ou de ne pas trop souffrir aussi. Parce que même le Mont-Blanc, il y a de la souffrance aussi parfois. Et c'est dommage de commencer comme ça.
- Speaker #0
Et est-ce que justement, quand on t'emmène des gens en montagne, qui n'ont pas forcément été habitués, que tu t'accompagnes un peu dans des challenges, est-ce que tu as des gens qui réagissent de manière émotionnelle ? Ou tu les vois ? justement se vider un peu de tout ça, c'est-à-dire qu'ils sont venus pour un challenge un peu sportif, prendre leurs photos, etc. Et puis en fait, là, tout s'écroule et ils se révèlent autrement.
- Speaker #2
En fait, la montagne, elle est d'une puissance absolue pour aller toucher l'essentiel de soi-même, en fait, ce qui est le plus essentiel de soi. Et en fait, dès qu'on est un peu avec du vide, avec un paysage extraordinaire, sur une arête, en fait, en train de gravir, même des choses faciles, où on est un peu face à soi-même, parce qu'il faut affronter ses peurs, il faut faire un effort, il faut faire confiance en l'autre. On remet des émotions essentielles, fondamentales, au centre du sujet. On n'est pas là à regarder des choses, non, on est concentré sur des choses qui sont vraiment importantes pour pouvoir survivre dans l'instant, pas tomber, pas glisser, gérer son effort, être solidaire avec son compagnon de corde. On revient à des émotions fondamentales. Et la montagne, elle est exigeante par rapport à ça, parce que d'autres sports, on est sur un stade, on court, il n'y a pas un enjeu de survie. En montagne, on est très interdépendant, et donc ça révèle des choses extrêmement intéressantes sur le plan de ce qu'on est soi, de comment on interagit avec les autres. Donc moi, j'ai tout le temps des gens qui ont des émotions très fortes. Tout le temps. Des gens qui arrivent au sommet d'une montagne, et puis bref, voilà, ils s'effondrent en pleurs, mais un peu... Des pleurs de joie, d'émotion, mais quelque chose qui est non maîtrisable en fait. Parce qu'on est petit dans un monde qui est infini. Quand on est au sommet d'une montagne, on est proche de quelque chose de plus haut. On est dans une verticale. Et finalement, on arrive à toucher des choses très très fortes en fait. De nos humanités, de nos vies, de nos morts, de nos désirs, de notre petitesse. Et il y a peu de moments de l'existence où on touche ça. Là, on le touche pour de vrai.
- Speaker #0
Et c'est vrai, tu parlais du danger aussi en montagne. En fait, c'est vrai que je pense qu'on ne se rend pas compte.
- Speaker #1
Alors,
- Speaker #0
il y a de la randonnée facile, mais typiquement, la randonnée, le temps tourne, ça devient un cauchemar. Et en fait, il y a aussi des ascensions. Plus on monte haut, plus on est quand même dans des endroits un peu extrêmes. Et il y a aussi quand même des dangers inhérents à la montagne qui sont non négligeables.
- Speaker #2
Mais ce qui fait qu'on touche ces émotions importantes, c'est la vulnérabilité. Comme on est vulnérable et que l'environnement est dangereux et qu'il y a des vrais dangers, ça révèle tout ce qu'on a évoqué. Mais les dangers, ils sont sérieux, ils sont réels. En fait, il ne faut pas dire que la montagne est quelque chose d'insignifiant. Même une randonnée, il y a quand même pas mal d'accidents tout bêtes. Une glissade sur un sentier qui est un peu vertigineux et puis on roule et puis on se fait très mal. Donc même la randonnée, elle n'est pas si simple que ça. Les gens qui font du VTT, ça va très vite en montagne. À la descente, ça va très vite. Une chute, ça peut être catastrophique. Il y a de plus en plus d'accidents en VTT, par exemple de montagne, de descente. On appelle ça le downhill. C'est vraiment monter avec un téléphérique et redescendre en VTT de descente. Chaque chose n'est pas anodine. Même le ski alpin, quand on voit l'accident de Schumacher, c'est un accident tout bête. Il a fait quelques mètres à côté d'une piste. Il est tombé, il a touché un rocher qui a fragilisé son casque. Et puis voilà, ma vie, elle est transformée. Donc on a, nous, les montagnards, cette conscience de cette fragilité et que ça bascule vite, en fait. C'est pas vrai que je vous parlais de focus, d'attention. C'est que dans l'exercice de nos métiers de guide, en fait, on est toujours très attentifs, même aux petits détails. Là, j'étais ce matin avec des collègues du travail. On n'avait pas de visibilité, il faisait très mauvais temps. on est en train de skier à faible vitesse, il y a un peu des rochers autour moi en tant que guide j'ai toujours à me dire, si on est d'éviter de passer trop près de ces cailloux parce qu'il y a une chute en fait on a toujours une vigilance dans cet environnement là et voilà, ça donne de la valeur au temps qui passe on a un concentré de beaucoup d'émotions, on a des peurs on a des joies, on a des camaraderies des fraternités, on a des sentiments d'être d'être petit, d'être grand, de se surpasser, d'être vulnérable. C'est ça dans une journée. Tout ce que j'écris là, on peut l'avoir, on peut le ressentir dans une seule journée.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on a aussi, nous, l'habitude en France notamment, de si on a un problème, on sait que les secours vont venir nous chercher. Et c'est le cas d'ailleurs en France. On sait qu'on a typiquement le peloton de Jean-Noël de Haute-Montagne qui va venir nous secourir. Est-ce qu'il y a des gens qui ne se rendent pas compte de cette chance, où ils se disent « on essaye et puis on verra » . Et puis vous, les sauveteurs, vous vous mettez en danger extrême pour aller voir des gens qui ont été un peu inconscients, par exemple ?
- Speaker #2
On entend souvent cette remarque. Elle est partiellement vraie, mais elle est partiellement fausse. Elle est partiellement vraie, c'est qu'il y a quand même des gens qui se mettent en danger bêtement. Il y a des gens qui ne sont pas du tout prêts, qui ne savent pas lire une carte, qui ne comprennent pas bien où ils sont, qui ne maîtrisent pas techniquement les activités, l'usage du matériel, qui ne connaissent pas les dangers, les risques, les risques d'avalanche, etc. On a eu ces accidents en début de saison de ces groupes en ski hors piste avec des ados. Il y a eu deux accidents graves dont un mort avec un jeune de 14 ans. C'est les parents qui étaient là. Donc ils sont allés quelque part où ils n'étaient pas adaptés, ils n'avaient pas préparé, ils n'étaient pas en conscience. des dangers. Donc ça, ça existe. Est-ce que les secouristes se mettent en danger pour ces gens-là ? Moi, j'ai toujours répondu non. Normalement, c'est ces secouristes-là, on les a formés. Moi, j'ai dirigé ces écoles, etc. On a toujours essayé de bien faire la distinction entre les causes de l'accident et les circonstances de l'engagement du sauvetage. Les gens qui s'engagent pour faire un sauvetage, ils doivent maîtriser leurs risques aussi, de leur côté. Quelle que soit la nature de l'accident, ils ne doivent pas changer leur manière de travailler. C'est pas parce que la personne a fait des bêtises et qu'elle était un peu irresponsable ou qu'elle était totalement responsable et qu'elle s'est trompée que nous, on va changer la manière de fonctionner. Donc, cette idée de corrélation entre on met en danger des secouristes pour des gens qui sont des inconscients, cette phrase-là, on l'entend tout le temps, chaque été, chaque hiver. Moi, je la refuse, en fait. Je la refuse intellectuellement. C'est un peu vrai, donc c'est pas totalement faux qu'il y a quand même une exposition. Parce que dès que tu fais décoller un hélicoptère... Tu engages des secours, il y a un risque, ça c'est sûr. Et parfois, c'est des gens qui ont fait n'importe quoi. Donc la corrélation, elle existe, mais il ne faut pas qu'elle existe. Un sauveteur, et là je m'adresse plus à des sauveteurs, il doit appréhender le risque, diminuer, agir en contrôlant sa manière de procéder, ses modes d'action, etc. Donc j'ai toujours essayé de combattre cette phrase.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, est-ce que lorsqu'il y a... quelqu'un allait secourir, est-ce que tu sais s'il était complètement inconscient ou est-ce que c'est juste la faute à pas de chance ?
- Speaker #2
La faute à pas de chance, on oublie. C'est-à-dire,
- Speaker #0
j'ai skié tranquille et puis en fait, ça s'est dérobé sous mes pieds, je suis tombé dans une crevasse. Non,
- Speaker #2
ça, ça n'existe pas. Non.
- Speaker #0
Bon, déjà, c'est plus rassurant, mais par exemple, un serraque tombe dessus.
- Speaker #2
Oui, alors il y a quelques risques qu'on appelle les risques objectifs qui sont aléatoires et qui sont peu prévisibles. Il y a même quelqu'un de très prudent. très formés, très raisonnables. Par exemple, le risque de chute de Serac, je dois prendre un itinéraire qui passe sous ce risque-là. Le Serac tombe, aucun scientifique n'a pu aujourd'hui donner une prévision de ce risque. Je passe dessous, c'est un peu la roulette russe. Ça, c'est quelques risques très marginaux, mais un risque d'avalanche, s'il n'y a pas eu de neige qui est tombée, s'il n'y a pas un certain nombre de conditions, il n'y aura pas d'avalanche. C'est un risque qui peut quand même un peu s'anticiper. C'est difficile à anticiper, mais en tout cas, il peut s'anticiper. Les risques de chute de pierre, c'est pareil. En fait, il y a beaucoup de risques qui sont mal appréhendés. Forcément, on se fait avoir, mais c'est très difficile. Moi, j'ai souvent tendance à dire, l'effort qu'on doit tous faire, ce n'est pas que les professionnels, les guides haute montagne, les moniteurs de ski, les pisteurs touristes, mais tout le monde, y compris les clients, les gens qui viennent pour le plaisir dans la montagne, c'est qu'on est en co-responsabilité. Il y a la haute montagne. Elle impose que chacun soit acteur. On ne peut pas avoir quelqu'un qui dit je te fais un chèque à toi le guide, tu dois assurer ma sécurité, moi je suis passif. Non, ça ne peut pas marcher comme ça. On n'est pas des consommateurs de montagne. C'est pour ça que la montagne n'est pas un lieu récréatif comme les autres. Elle est un lieu de co-responsabilité. Quand je m'engage avec mes enfants pour aller skier, le pisteur-scouriste, le service des pistes, va faire le maximum pour qu'il y ait le moins de danger possible. Si je glisse dans une pente glacée qui a un obstacle en contrebas, j'aurai un accident, c'est sûr. Donc on ne peut pas réduire à zéro. Et c'est un espace où il y a quand même pas mal de petites choses à connaître.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, c'est le principe de la cordée.
- Speaker #2
Alors la cordée est un magnifique outil pour réduire ses risques. C'est déjà à deux.
- Speaker #0
Donc on explique ce que c'est la cordée ?
- Speaker #2
Alors la cordée, c'est effectivement le fait de progresser dans la montagne. à deux ou trois personnes, ou quatre ou cinq, ça dépend du terrain, et avec une corde qui nous relie. Alors la corde, elle sert à quoi ? Elle sert principalement à empêcher la chute. C'est-à-dire que si je tombe et que j'ai ma corde, et si la corde, je l'ai bien utilisée, elle sera accrochée sur un point d'ancrage, et je serai retenu dans ma chute. Voilà. Mais il y a plein d'endroits, par exemple, quand on fait le Mont Blanc, pour revenir au Mont Blanc, si je gravine le Mont Blanc à deux, c'est un sommet enneigé. C'est un dôme de neige avec une arête. On monte sur cette arête et je ne peux pas mettre d'ancrage. On pourrait mettre un piolet tous les 10 mètres, planter un piolet, le laisser et continuer. Non, ça ne marche pas comme ça. La corde, c'est celui qui est le plus fort techniquement qui va retenir celui qui est le moins fort par sa préhension. Parce qu'il va tenir la corde dans sa main et qui va être capable de retenir la chute de l'autre. La corde, dans sa forme la plus primitive, On est reliés tous les deux. Et si tu glisses, je te retiens. Mais si moi, je suis devant, tu ne pourras pas me retenir parce que je vais tomber de plus haut. Ce sera très difficile de m'arrêter. Donc ça, c'est la corde qu'on appelle déplacement en mouvement. On ne peut pas s'accrocher à la paroi. Et quand on fait d'escalade, par contre, on peut mettre des systèmes de protection dans les fissures, des pitons qu'on plante avec des marteaux ou des systèmes de coinceurs qui se coincent dans des fissures. Et là, on a une sécurité qui est améliorée. C'est ça la cordée, c'est cheminer à deux avec cette corde, avec des ancrages, et puis des relais, de temps en temps, on s'accroche vraiment à la paroi avec des sangles, avec des systèmes, et puis on peut faire venir le second, etc. Cette cordée, elle est techniquement, c'est ce que j'ai décrit, mais elle est bien plus que ça. Elle est avant tout, ce que je disais sur la co-responsabilité, c'est destin partagé. Quand on s'encorde avec quelqu'un en montagne, on sait qu'on partage son destin.
- Speaker #0
Là, c'est le risque. Il ne faut pas s'encorder avec n'importe qui.
- Speaker #2
Il ne faut pas s'encorder avec n'importe qui, vraiment. Ça, c'est vraiment un sujet très important. J'ai dit que la cordée, c'était un super outil de sécurité. Si on a le bon compagnon, si on a le mauvais compagnon, on amplifie le risque. Le compagnon, ce n'est pas qu'être agile, bien marcher, avoir la forme physique, être compétent techniquement. C'est aussi avoir un cerveau et s'en servir, c'est-à-dire d'être capable de scruter un peu ce qui se passe autour de soi. de diagnostiquer les risques, de prendre des décisions, de renoncer parfois, de faire demi-tour, d'observer aussi plein de petits détails. Donc en fait, une cordée, c'est deux cerveaux, c'est une corde qui relie, c'est des individus avec des compétences techniques, avec une volonté et de la solidarité, parce que s'il y a un pépin, il va falloir s'entraider.
- Speaker #0
Tu as déjà eu justement des gens qui prenaient... Je ne sais pas, des crises d'angoisse à un moment, un sommet où toi tu te dis, allez tiens avance, il faut franchir le pas, sauter le truc et là c'est tétanisé.
- Speaker #2
Dans les questions du métier de guide, on a beaucoup ça. Donc des clients qui à un moment donné ont des crises de panique ou des peurs très fortes en fait. Donc on a beaucoup le besoin de réassurer, de rassurer, de réassurer. Alors il y a un truc qui est, j'ai parlé de la corde, mais la corde elle est extrêmement puissante pour donner de la confiance à quelqu'un. Quand quelqu'un, on va reprendre l'exemple d'une arête, où il y a 500 mètres de vide d'un côté, 500 mètres de l'autre de vide, donc on est vraiment perché sur la montagne, et c'est normal d'avoir peur. Mais moi, si je mets une légère tension sur la corde qui me relie à mon compagnon de cordée, je lui transmets un message. Je dis, je suis là, je ne suis pas obligé de parler. Alors, je peux parler aussi, je peux lui dire, t'inquiète pas, pose bien tes pieds, Ausha, etc. Donc, je peux donner des conseils par la voix, mais la corde, elle est extrêmement puissante aussi pour dire, je suis là. Je peux mettre une petite tension pour te dire, voilà, si tu tombes, je vais te retenir. Et donc là, le stress, la peur va diminuer par ce genre de choses. Et des fois, ça ne suffit pas. Il y a des gens qui sont totalement bloqués. Il faut revenir vers eux. presque vraiment venir les toucher pour leur dire, voilà, calme-toi, regarde-moi. J'ai eu comme ça il y a un an et demi, une personne qui a eu vraiment un malaise dans un couloir un peu vertigineux et qui était dans une cordée à plusieurs et on ne lui a pas forcément donné suffisamment d'attention et à un moment donné, elle a dit je me sens mal et elle a fait un malaise.
- Speaker #0
Parce qu'il y a aussi le malaise physique.
- Speaker #2
Elle a eu un malaise physique et elle a quasiment perdu connaissance. Donc là, elle nous a dit « je me sens mal » . Je l'ai fait venir vers moi, dans une petite plateforme. Et là, elle s'est quasiment effondrée. Donc là, on est obligé de s'arrêter, de l'asseoir, de lui parler, de lui donner du sucre, boire, se reconditionner un peu sur le plan mental et sur le plan physique. Puis après, elle a dit « est-ce que tu veux qu'on redescende ? » On continue. Elle a voulu continuer, on a continué, ça s'est bien passé. Mais c'était un vrai moment de moins bien.
- Speaker #0
J'ai une expérience, en fait tu as accompagné mon compagnon pour gravir le Mont Blanc, qui était déjà assez avancé dans le niveau, mais qui devait quand même aussi essayer de gravir, de faire un peu plus d'escalade, et que tu l'avais emmené au Cosmic pour s'entraîner. Et il m'avait dit un truc, ça m'avait fait rire, mais en même temps je me suis dit que c'est vrai qu'il m'avait dit qu'il y a un moment où tu n'as pas le choix. Et à un moment j'ai vu partir Blaise en premier. J'étais en train de regarder mes mousquetons, voir la sécurité. Puis j'ai levé la tête et il était 15 mètres plus haut. Et j'étais tout seul sur mon truc et je ne savais pas. Il y a des moments où on est un peu moins sûr de soi. Et il m'a dit, de toute manière, là, je n'avais pas le choix. Je suis tout seul, je suis en bas, il va bien falloir que je le rejoigne. Et ce qui l'a aussi aidé à se dire, de toute façon, j'y vais, mais j'ai peur. Si on reprend l'expression. Mais ça force aussi. Et puis, il m'a dit après coup, finalement, je l'ai fait parce que j'étais obligée. Et je n'avais pas le choix parce que je n'allais pas rester sur mon morceau de caillou tout seul et voir l'autre disparaître.
- Speaker #2
Il y a tous ces moments-là. C'est vrai que ce moment où on pense qu'à un moment donné, on ne peut plus assister l'autre. C'est-à-dire que moi, pour reparler de Julien, à un moment donné, je ne peux pas le mettre sur mes épaules. Et effectivement, ce n'était pas une activité qu'il avait déjà trop pratiquée, l'escalade. Et là, tu te retrouves au pied d'un mur. Tu es le guide. Tu lui expliques ce qui va se passer. Puis après, tu y vas. Mais toi, tu es là-haut. Et il faut qu'il fasse l'escalade. Et là, tu ne peux plus rien pour lui, en fait. Il y a ces moments aussi, et c'est ça qui est génial aussi, c'est dans la montagne, où tu n'as pas de plan B. Si tu ne fais pas toi l'effort de te sublimer, on va dire, tu vas rester en bas, et puis ça va être compliqué. Le guide va devoir redescendre. Et puis, nous, on va être démunis à ce moment-là parce que si le client n'avance plus, c'est soit demi-tour, on fait demi-tour. Si c'est possible, soit c'est le secours. Si on ne peut pas faire demi-tour. Donc moi, j'ai eu comme ça une fois un petit incident. C'est un des rares incidents que j'ai eu en tant que guide. C'était pour un Mont Blanc, un couple. Et elle, en arrivant au sommet de l'Aiguille du Midi, qui est un sommet ici à Chabonny, où il y a un téléphérique qui arrive très haut, à 3800 mètres d'altitude. On est descendu et très vite, elle a été malade. En fait, elle a eu des nausées. En fait, à l'altitude, on peut créer des nausées, des vomissements. Donc elle vomissait de temps en temps. Mais par contre, elle avait un discours en disant tout va bien. Et moi, j'ai dit, allez, on va quand même aller voir, c'est un tout petit sommet, c'est facile, ça s'appelle les Pointes-la-Chenal, on est monté un petit peu sur la Pointe-la-Chenal. Mais elle commençait à être pas bien du tout, mais elle continuait à dire, on continue, on continue. Elle ne voulait pas contrarier le groupe, donc c'était généreux de sa part, mais en même temps, moi, je n'étais pas à l'aise avec ça. Je me disais, bon, il vaut mieux qu'on rentre au refuge. Elle disait, non, non, il faut qu'on continue, etc. Donc, on a continué encore un petit peu. On était un peu entre le début et la fin de cette course, en plein milieu. Et là, elle était vraiment mal. Donc, on a dû descendre dans une pente où je n'avais pas du tout envie d'aller parce qu'il y avait un petit risque d'avalanche. Et je ne pouvais ni finir la course, c'était trop long par rapport à son état, ni revenir en arrière. Donc, on était vraiment bloqué. La seule chose, c'était une sorte d'échappatoire latéral. Il fallait descendre une pente de 60 mètres de haut, quand même assez haut, avec un risque d'avalanche qui était évident. Vraiment, je savais que... Et en fait, je les ai fait descendre tous les deux dans cette pente. Et à un moment donné, ils sont quasiment en bas de cette pente. pente il ya une toute petite plaque de neige qui dit qui qui cède et il glisse un peu dans cette pente mais très peu à ses 10 une dizaine de mètres pour rien mais en fait avec la traction cette plaque de neige qui était quand même relativement lourde les deux mois j'étais derrière la crête là haut en fait j'ai été très tiré très violemment par la corde et j'ai été éjecté de là haut et c'est moi qui ai l'accident en fait je me suis retrouvé à faire un vol quasiment de 50 mètres là J'ai pas touché la pente et je suis venu à côté d'eux. Un soleil. J'ai fait un gros soleil. Donc c'était une pente de neige, je me suis pas fait mal, micro légère entorse mais très très légère. Presque rien, beaucoup de chance. Et en même temps, si je refais le film de cette histoire, j'aurais jamais dû l'écouter elle.
- Speaker #0
J'aurais juste dû écouter ce que je pensais moi, qui était de faire demi-tour. Il y a eu plusieurs fois où j'ai pensé que je fasse demi-tour. Mais donc faire plaisir pour un guide, c'est un problème parce qu'en fait, il faut arriver à contrarier le client, le compagnon, lui dire, là, tu penses que tu es capable, mais non, ce n'est pas raisonnable.
- Speaker #1
Oui, parce que c'est mettre en danger les autres. Après, elle a dû dire que c'était un peu sa préparation mentale en disant, si je dis que ça va aller, ça ira.
- Speaker #0
On ne peut pas en permanence dire que ça va bien se passer. Il faut être lucide et juste avec soi-même. Moi, ce que j'essaie de plus en plus de dire, mais avec l'expérience, les années qui passent, j'essaie de faire mieux, mais de dire attention à ne pas être dans le déni de réalité. C'est-à-dire qu'à un moment donné, je pense que c'est vraiment valable dans plein d'autres environnements, environnement professionnel, sur le burn-out, etc. On sait qu'on n'en peut plus, on ne peut plus. On ne peut plus. Donc, d'arriver à le verbaliser. Alors, c'est vrai que pour un guide, même si la personne continue à dire tout va bien, nous, on sait que ça ne va pas bien. Mais il faut aller jusqu'au bout de la démarche intellectuelle et dire là, on s'arrête, on fait le mytho. Et c'est très difficile. Et si on fait le pareil avec l'entreprise, à quel moment on tire sur la couenne des compagnons de cordée qui sont les salariés, quand on est manager, quand on est dirigeant, jusqu'où on s'arrête ? Soit même manager, dirigeant, à quel moment ? on est fatigué soi-même et on n'est plus en capacité de porter la charge de la responsabilité. Les gens aujourd'hui ont beaucoup de mal à le dire et c'est trop tard. Quand ils le disent, c'est que c'est trop tard.
- Speaker #1
Parce que c'est considéré comme un échec. Exactement.
- Speaker #0
On a un grand problème de société, c'est d'accepter ses propres faiblesses, ses propres vulnérabilités. Et donc l'avantage de la montagne, c'est que quand on a vraiment créé la relation de confiance avec ses compagnons, plus personne ne jouera un jeu en fait. quand on a une vraie confiance avec ses compagnons, quand ça ne va pas bien, je le dis dès le matin, je dis là, j'ai passé une mauvaise nuit, je ne suis pas en super forme, je suis à la fin du trimestre, j'en peux plus, etc. On va adapter, on va aller ailleurs, et puis il y a tellement de possibilités que... Il n'y a jamais de frustration, en fait.
- Speaker #1
C'est vrai qu'il y a aussi les conditions, typiquement, on revient encore sur le Mont-Blanc, parce que c'est un truc qui est hyper fantasmé par plein de gens, pour revenir sur... Encore une fois, l'expérience que j'ai vue, moi je ne l'ai pas fait, mais j'ai vu mon compagnon le faire, mais c'était au jour le jour. Est-ce qu'on y va ? Est-ce qu'on n'y va pas ? Est-ce que tu as prévu tes jours d'adaptation en altitude pour moins souffrir ? Est-ce que normalement on fait toujours un sommet avant pour adapter l'organisme ? Et là, je me rappelle, il s'était entraîné, etc. Dernier moment, impossible d'y aller, je ne sais plus pour quelles raisons, mais c'était des raisons climatiques, de conditions, de places en refuge, parce qu'il y a ça aussi. Et il était dégoûté, mais en même temps, il a dit, en fait, je ne vais pas y aller et risquer ma vie. Et puis, au dernier moment, tu l'as appelé en disant, si tu veux y aller, il y a une fenêtre qui s'ouvre. C'est maintenant. Il fallait descendre le lendemain, faire un sommet. Alors oui, on peut préparer le truc et le fantasmer et se dire, tel jour, je vais gravir mon truc et puis je vais faire toute ma prépa. Mais en fait, non, on ne décide pas de la montagne.
- Speaker #0
C'est la montagne qui décide. Et en fait, moi, je parle souvent, j'utilise ce mot grec qui est assez... peu connue, mais qui s'appelle le kairos, en fait, c'est que l'alpiniste, la montagne, c'est vraiment saisir la fenêtre d'opportunité. C'est être capable de dire, là, c'est le moment, on accélère, on y va, c'est bon, nickel, tous les voyants sont ouverts physiquement, la montagne nous accueille, on y va. Puis il y a des moments où ce n'est pas le cas. Et là, ce n'est même pas la peine de s'énerver, en fait. Ce n'est pas la peine de... Si c'est juste pour amener les gens au refuge, faire demi-tour, alors que c'est écrit, puis il y a les situations intermédiaires.
- Speaker #1
Puis il y a des gens, oui, qui arrivent, parce qu'il y a... je connais aussi d'autres personnes qui, avant d'arriver, il reste deux heures et là, il y a un lenticulaire, donc c'est les espèces de nuages qui se forment au-dessus. Et ben non, en fait, on fait demi-tour. Tout le monde est dégoûté,
- Speaker #0
mais... Tu peux arriver 150, 200 mètres sous le sommet avec ce lenticulaire et tu ne vas pas au sommet, parce qu'il y a beaucoup de vent et de tempêtes. C'est un phénomène météo local. Donc, il faut être... Ce n'est pas l'homme qui décide, c'est... C'est une espèce de... Alors, il faut avoir de la volonté, évidemment. Si t'as pas de volonté, si l'homme ne veut pas, il reste dans la vallée. Donc, il faut de la volonté, il faut de l'intelligence, il faut de la préparation, de l'entraînement, etc. Et aussi... de la chance. Il faut que la montagne soit dans de bonnes conditions, etc. Et c'est cet ensemble qui rend l'activité intéressante. Parce que c'est pas juste un entraînement physique et une performance sur un stade, 100 mètres, en piscine, etc. Non, non, là, il y a plein de paramètres complexes. Et puis, on n'est pas là dans une recherche de performance physique. En tout cas, moi, je ne suis pas dans cette perspective-là. C'est pas faire le plus vite possible le Mont Blanc. C'est vivre l'expérience pleinement, la recevoir, s'en souvenir après, la repartager, etc. Donc, souvent, pour nos compagnons, c'est des moments de vie vraiment importants.
- Speaker #1
D'ailleurs, c'est marrant parce que moi, ça m'étonne toujours quand j'ai des gens qui me disent « Ah, mais moi, je partirais bien trois jours et puis je partirais bien faire un 4000. » Et je fais « Mais t'as déjà fait de la montagne ? » « Ben non, jamais. En fait, va déjà faire une randonnée. » montes là, la journée, tu redescends, les gens veulent toujours dormir aussi, en montagne. Et ouais, on peut prendre la tente, mais si tu prends la tente, ton sac, il va peser 300 kilos, tu vas avoir mal au dos, tu vas arriver en haut, tu vas être mort. Va déjà dans un refuge. Va faire une nuit en refuge, tu redescends le lendemain, ça suffit.
- Speaker #0
Ça peut être, donc, la première étape, c'est effectivement d'aller dormir dans un refuge, une belle rando, un petit col, une montagne, c'est très très bien. Après, moi, j'ai beaucoup de respect aussi, pour cette philosophie américaine, de dormir dehors, dans sa tente. parce qu'en fait ce qu'il faut comprendre c'est qu'en Europe pour des raisons historiques je pourrais détailler mais en fait on a construit plein de refuges partout, aux Etats-Unis au Canada il n'y a pas de refuge, donc tu es obligé de prendre ta tente si tu veux aller faire un sommet qui est au bout d'une vallée à 30 km, tu vas aller dormir, et c'est vraiment ce qui est hyper intéressant de voir que de cheminer avec son gros sac à dos, tu reviens à l'essentiel tu reviens à quelque chose encore plus c'est toi qui vas cuisiner, c'est toi qui vas dormir dans ton duvet ... C'est des expériences assez fortes.
- Speaker #1
C'est à toi de tout gérer.
- Speaker #0
Exactement. Donc moi, j'aime bien cet esprit-là. Tu vois, là, on disait avec mon épouse, la Stéphanie, on adore faire la montagne ensemble, grimper. On a de nouveau envie d'aller dormir dans les tentes, en fait. De ne pas être dans un refuge. D'être soi. On se cale quelque part. On est tout seul dans la nature. On a fait ça cet été. On est allé au nord de New York. Là, on avait une réunion pour le boulot à côté de New York. On est allé dans un lieu de lac. qui s'appelle les Adirondacks, qui sont vers le Canada. Et là, on est partis avec un canoë. On a juste traversé un lac. On est allés dormir tous seuls dans la forêt, faire un feu et revenir.
- Speaker #1
Mais ça, c'est un peu aussi le fantasme. C'est pour ça que les gens veulent faire ça. Mais en fait, quand on voit concrètement ce qu'il faut mettre en place pour pouvoir le réaliser, alors là, c'est pas la même.
- Speaker #0
Non, mais voilà, il faut avoir la tente, savoir monter la tente, allumer le réchaud, cuisiner un petit peu. Il faut être capable de ne pas se paumer, de lire une carte. Après, il faut être capable de naviguer si c'est un canoë ou marcher à pied. Mais en même temps, je trouve que cette expérience-là, elle est accessible. J'ai envie d'encourager les gens de prendre un sac à dos, d'y mettre une tente, un duvet, deux matelas, de partir en couple, aller dormir auprès d'un lac. C'est magique. C'est génial. C'est presque plus puissant que d'aller au Mont-Blanc derrière un guide.
- Speaker #1
C'est clair.
- Speaker #0
Qui on sous-traite. Là, c'est soi qui faisons le projet d'exploration. Donc, je pense que c'est aussi une autre manière de faire l'activité.
- Speaker #1
Et tu faisais le parallèle tout à l'heure avec le monde de l'entreprise. Tu as monté une entreprise qui s'appelle Mountain Pass et qui, justement, aide les gens à mettre en relation la montagne et l'esprit d'entreprise. Et je trouve ça assez intéressant parce que je sais que tu emmènes aussi des groupes, donc des groupes, des collègues de travail. en montagne, en les mettant dans des conditions de cordée ou des conditions de montagne pour voir comment ils réagissent ou pour leur faire faire des exercices.
- Speaker #0
En fait, tout ce qu'on vient de dire sur la puissance de la montagne, c'est valable dans sa vie perso. Le fait de se recentrer, etc. Mais c'est aussi valable pour parler de coopération, parler de management, de leadership. C'est la même chose. Quand on prend des groupes, ça peut être des comités de direction, ça peut être des managers entre eux, ça peut être parfois toute l'entreprise. On a eu tous les formats. Puis même des jeunes en école. Depuis 5-6 ans, on fait l'intégration des jeunes d'HEC, les 400, ils commencent ici à Chamonix. On fait des programmes pour des MBA d'université américaine. On a vraiment toutes les possibilités en termes de sociologie dans l'entreprise. Et en fait, c'est toujours un peu le même principe. laisser les gens reprendre le pouvoir ensemble, collectivement, de faire ce qu'on a évoqué sur le lac. Mais là, c'est aller vers un refuge et un petit sommet, par exemple. C'est de se mettre en mouvement ensemble. Et qu'est-ce qui se joue dans les interactions humaines ? Moi, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est qu'est-ce qui se joue dans l'élaboration de la confiance, dans le contrôle. Est-ce que je laisse les autres prendre de l'espace ? Est-ce que je veux garder le pouvoir ? Comment je décide ? Comment je mets en place aussi une réflexion un peu plus large sur la stratégie qu'on peut mettre en place collectivement pour aller vers ce sommet ? Donc en fait, nous, on s'est rendu compte, on est dans la huitième année d'activité, on se rend compte que, en fait, si on venait faire un atelier de management avec un PowerPoint, etc., dans une salle, il ne va pas... pas se passer grand-chose. Des gens vont être assis, ils vont écouter, ils vont faire deux ateliers, etc. Là, on a quelque chose qui déplace les repères et qui nous remet sur des... Je pense que le bénéfice principal est autour de la coopération. C'est qu'on va réapprendre à coopérer avec sincérité. Et dans l'entreprise, il y a beaucoup de jeux de pouvoir, de politique, etc. Et quand on dit sincérité, c'est même un truc qu'on se méfie, en fait. Parler de sincérité dans l'entreprise... Donc, de recréer des relations sincères. Mon rêve, c'est que quand ils reviennent, ils sortent de leur séminaire avec nous, qu'ils réimportent les choses importantes qu'ils ont ressenties, en fait. Mais l'entreprise est un corps humain, parce que c'est une addition, c'est un corps vivant. C'est une addition, et on ne peut pas dire qu'on est purement assigné à une tâche avec une fiche de poste, rôle et responsabilité. Non, on est un individu complet qui arrive dans l'entreprise. et la jeune génération s'est encore plus marquée. Ils viennent avec leurs émotions, avec leurs désirs, avec leurs frustrations, avec leurs peurs, etc. Ils viennent dans l'entreprise avec tout ça. Et nous, on va dire, nous, les vieux, les managers anciens, on va dire, non, toi, tu viens ici juste pour faire des tâches et on va te fixer des missions et tu vas adhérer à nos valeurs. Ça, c'est ce qu'on entend dans le discours d'entreprise. L'entreprise, elle aurait des valeurs. Elle aurait des valeurs. Elle aurait une mission, une vision des valeurs. C'est ce qu'on raconte à la plateforme de marque. Mais non, c'est un corps vivant. C'est un corps vivant fois X personnes, qui sont des startups, c'est 10, 20, une grande entreprise, c'est 100, 500, une ETI, 1 000, 2 000. Et puis les grands groupes, c'est des espèces de gros mastodontes. Mais au bout du bout, ça reste un corps vivant. Même Amazon, ça reste un corps vivant. À la fin, il y a quand même des humains quelque part qui continuent à appuyer sur des boutons. Et donc ce corps vivant-là, qui s'appelle l'entreprise moderne, il est en train de se... de s'appauvrir beaucoup d'une approche très mécanique, très techniciste du travail où on voudrait assigner des missions à des gens, les coordonner avec des équipes de direction et qu'il n'y ait pas d'émotion. Ça veut dire qu'après, les gens, ils explosent en vol. C'est un peu ça qu'on essaie de faire en utilisant la montagne comme un magnifique outil de transformation.
- Speaker #1
Et du coup, est-ce que pendant ces exercices, les managers reprennent leur rôle de manager ou pas ? C'est-à-dire qu'ils prennent le lead spontanément ?
- Speaker #0
Non, ce qui est étonnant, c'est que la nature est injuste. C'est qu'on n'est pas tous faits pour diriger. En fait, il y a des gens qui sont en position de direction, pour être un peu cru, qui ne sont pas des leaders. En situation de coordination d'un groupe, par rapport à mettre en place une ascension, par exemple, tout simplement, un truc hyper pratique, non, les gens disparaissent. Ils sont évanescents. Donc, ça ne peut pas fonctionner. C'est pour ça qu'il y a plein de gens dans l'entreprise qui ne sont pas placés au bon endroit. Et quand on regarde un peu toutes les théories managérielles, en fait, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on définit un leader aujourd'hui ? Parce qu'il a fait des belles études, il a passé un concours, il est rentré à Polytechnique, à HEC, etc. Il est devenu un bon technicien d'une matière, ingénieur, etc. Puis, comme il a fait des belles études, on le fait monter. Puis à un moment donné, il prend des responsabilités, il gère 50, 100, 200 personnes. On le pousse vers le haut tout le temps, sans cesse vers le haut. Il y a des gens qui ne sont pas faits pour ça. Donc il y a aussi une tragédie du monde de l'entreprise, qui a beaucoup de gens qui ne sont pas à la bonne place. Ils seraient tellement heureux d'être un super ingénieur technicien qu'on a mis directeur d'une business unit, etc. Mais ils essaient de faire le boulot jusqu'au moment où ils s'effondrent.
- Speaker #1
Et en montagne, du coup, tu vois ça justement, tu vois des gens qui se révèlent aussi, sinon le leader qui n'était pas du tout...
- Speaker #0
Complètement, dans les deux sens, des gens qui ne sont pas forcément à leur place, qui ont du mal, puis d'autres qui sont dans des positions bien inférieures sur le plan de la hiérarchie, qui ont des super talents en fait.
- Speaker #1
Qui se révèlent, oui.
- Speaker #0
Tout à fait. Donc, je pense, quand je dis l'entreprise d'un corps vivant, je pense que dans le corps vivant, il y a aussi l'acceptation qu'en tant qu'humain, on n'est pas égaux, quoi. On a des... des compétences, des appétences qui sont différentes. C'est la fonction RH qui est censée avoir l'intelligence de ce potentiel-là. Mais il y a beaucoup de grilles de lecture qui sont faussées, notamment par les diplômes. Je ne parle même pas de la politique. On balance dans les cabinets ministériels les gens qui sortent de Sciences Po, ENA, ils se retrouvent dans des positions énormes en termes de responsabilité, mais ils n'ont zéro expérience pratique. Et ça... crée des situations telles qu'on les vit aujourd'hui, c'est des organisations qui sont hors sol. Ils sont déconnectés du réel. La montagne, tu ne peux pas être déconnecté du réel. Tu dois, à un moment donné, tu ne sais pas faire les choses. Donc, on aime bien aussi, dans le monde militaire, dans le monde du secours en montagne, dans le monde des guides, c'est un peu pareil, dire que quelqu'un qui dirige à un moment donné, il doit aussi avoir fait un peu l'acte pratique, en fait. Tu ne peux pas diriger un...
- Speaker #1
C'est dans tout, en fait, finalement.
- Speaker #0
Je pense que c'est dans tout, effectivement. Quelqu'un qui serait un jour patron de la RATP, le lendemain patron de Total, ensuite Premier ministre, etc., pour ne pas citer de nom. mais comme s'il avait une omniscience en fait, comme si le métier de diriger ceci ou ça, c'était la même chose que diriger la SNCF. Non, non, non, c'est pas pareil. Donc si tu diriges la SNCF, c'est bien d'avoir commencé à des fonctions très pratiques et puis d'avoir appris, d'avoir cette épaissie sur le plan humain et ensuite d'avoir une compréhension plus systémique des choses. Aujourd'hui, on jette beaucoup de gens avec une compétence technique, un diplôme. à des postes qui ne sont pas toujours adaptés. Donc, on le voit, on l'observe quand même parfois, mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a quand même des gens qui sont bien à leur place, qui font très bien leur travail de dirigeant. Il y a aussi ça.
- Speaker #1
Comme en montagne, finalement, on veut faire le Mont Blanc tout de suite, alors qu'il faut commencer par les petites randonnées.
- Speaker #0
Exactement, il faut faire ces petits pas, apprendre. Et oui, tout à fait, je suis vraiment d'accord sur la dimension de progressivité. Et en même temps, on ne peut pas se dire que le monde de demain va être piloté par des gens trop âgés, monter doucement tous les étages et on se met dans une civilisation qui est portée par des gens vieillissants qui sont au bout d'un cycle de vie aussi. Quand on voit des comités de direction où il n'y a que des mecs de plus de 50 ans, entre 50 et 60 ans ou plus, ça ne va pas non plus. Il faut quand même aussi rafraîchir, rajeunir. C'est aussi ça qui est important d'avoir en tête.
- Speaker #1
Donc, pour conclure, c'est important Moi, j'ai une dernière question à te poser, parce qu'on a parlé de secours, de bonnes pratiques, etc. Mais est-ce que tu as un sauvetage dont tu te souviens qui t'a marqué et dont tu te rappelles souvent, positif ou négatif ?
- Speaker #0
Oui, alors, il y en a un, malheureusement, qui revient très souvent pour plein de raisons. C'est une avalanche que j'ai eu à gérer ici en arrivant dans le Ville de Chamonix, qui était presque ma première expérience professionnelle, mais qui a été un truc énorme. C'est une avalanche qui a balayé un village. J'en ai témoigné un petit peu ces dernières années. Ma vie a été guidée par les conséquences de cet événement parce que ça m'a fait regarder les choses différemment. En plus,
- Speaker #1
tu avais 27 ans quand c'est arrivé.
- Speaker #0
J'avais 27 ans quand ça s'est passé. Ça m'a fait apprendre beaucoup de choses sur l'humain, sur moi aussi. J'ai essayé après d'être dans une logique de transmission. Moi je me suis dit, si j'ai eu la chance, je dis ce mot-là, d'être confronté à cet événement-là, c'est que j'ai l'obligation morale d'en transmettre les bénéfices aux générations d'après. Donc ça veut dire quoi les bénéfices ? C'est de dire que, un, ces vallées de montagne, elles sont soumises à des risques qu'on oublie beaucoup, qu'on oublie trop vite, on appelle ça le signe noir. tous les trucs qui nous dérangent, on les met sous le tapis. On les avalanche de grands impacts potentiellement qui empêchent l'urbanisme, c'est ça le sujet. Dans ces endroits où il y a beaucoup d'enjeux d'urbanisme, avec la cherté du mètre carré, etc. Donc dire attention, ça peut arriver. On s'y prépare. On s'y prépare de plein de manières. On essaie de prévenir le risque. Si le risque advient, comment on le gère ? On fait face à une crise. Comment on forme les gens ? mieux à ça. Donc ça, ça a été vraiment le fil rouge de beaucoup, beaucoup de mes actions. Et même la création de Mountain Pass, dont on parle, elle était un peu guidée par ça. C'est comment on donne la capacité à des dirigeants à être mieux équipés intellectuellement pour faire face à la complexité. Donc aujourd'hui, je fais beaucoup de conférences sur le thème de l'incertitude, la complexité, la crise, la prise de décision, comment on essaie de combattre la fabrique de l'erreur, etc. Donc ça, c'est des thèmes d'aujourd'hui. mais au lieu de le transmettre aux montagnards, ce que j'ai fait pendant pas mal d'années dans la gendarmerie avec la préparation des cadres à ce genre d'événement, maintenant, ma mission, c'est de transmettre cette expertise-là, d'essayer de la diffuser à l'ensemble des organisations. C'est ce que je fais. Je fais beaucoup de conférences, etc. Parce que je pense que ce secours-là, il a vraiment eu un impact énorme sur ma vie.
- Speaker #1
Intéressant. En tout cas, merci beaucoup. Et... N'hésitez pas aussi à... Avoir recours à des guides, en fait, les gens partent souvent aussi en montagne en se disant tiens, je ne sais pas trop où aller. Je pense que c'est aussi une bonne école. Comme tu disais, vous êtes là aussi pour transmettre et puis apprendre les premiers réflexes. Le fait de ressentir son corps quand on va en montagne et qu'on se sent étourdi parce qu'effectivement, l'altitude, en fait, on ne se rend pas compte. Mais c'est hyper puissant sur le corps. On peut être vraiment étourdi, vomir, etc. Il faut être en sécurité et ne pas hésiter justement à se dire, bon, ok, je vais aller en montagne, mais commençons par le commencement et je veux apprendre toutes les bonnes pratiques.
- Speaker #0
Oui, je pense qu'il faut voir le guide plus comme un pédagogue, un transmetteur, un passeur, plutôt qu'un guide qui prendrait toute la responsabilité, qui transporte le client comme un petit paquet derrière en le tirant avec la corde. Donc oui, moi, je partage. Je pense qu'il y a plein de jeunes guides qui ont une approche pédagogique, qui transmettent beaucoup. Il faut aller chercher un guide. qui transmet pour aller soi-même vers un peu plus d'autonomie et être capable après de conduire ses aventures soi-même. C'est génial de faire ça, de commencer avec un tuteur,
- Speaker #1
un mentor,
- Speaker #0
pour aller ensuite faire sa première expérience d'aventure. Et donc ça, c'est cool. Mais oui, je pense que c'est bien de recommander des guides.
- Speaker #1
Avec son sac à dos et après vous partirez tout seul avec votre tante, votre copine et tout ça.
- Speaker #0
Mais oui, après, je pense que reprendre la maîtrise, c'est tout bête, mais l'expérience de la outdoor, qui est de partir avec sa tente, aller même sur un tout petit sommet, mais où on fait tout soi-même, n'est pas dépendant ni de notre organisation, d'une agence de voyage, ni d'un guide, mais c'est un énorme kiff en fait. Parce qu'en fait, on fait soi quelque chose, on revient à la nature. Et pourquoi c'est aussi puissant aux Etats-Unis ? Parce qu'il y a une pensée fondamentale aux Etats-Unis qui est l'espèce de conquête de l'Ouest. où ils partaient sur leur cheval, et ils allaient dans les montagnes, ils allaient s'installer, faire une mine d'or, aller planter quelques trucs, quelques vaches, etc. Donc il y a cette conquête de l'Ouest, en fait, qui est un peu sous-jacente à cette espèce d'esprit d'aller camper dans la nature. Il y a des lectures incroyables à relire, John Muir, qui a été à la création des parcs nationaux américains. Donc c'est cet imaginaire-là, moi j'ai envie d'encourager les gens à aller se saisir de ce retour à la nature toute simple, en fait. Et le Mont Blanc, pourquoi pas, mais...
- Speaker #1
Oui, mais ce n'est pas forcément le truc le plus dur qui va vous apporter le plus d'émotion.
- Speaker #0
Exactement, voilà, tout à fait. Donc, amener les gens à avoir envie d'être non pas sous perfusion de Colquart, mais d'exprimer sa liberté, en fait, très profonde, de prendre un chemin, une carte, de se tromper, de partir à droite, à gauche, de planter sa tente, de voir un coucher de soleil. Ça, c'est juste... énorme en fait comme sentiment.
- Speaker #1
Merci Blaise.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
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- Speaker #0
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