- Speaker #0
Bonjour, je suis Johanna. Depuis des années, je me passionne pour le wellness, la santé, le sport, la nutrition et tout ce qui contribue au mieux-être mental et physique. Cette quête m'a permis de croiser le chemin de nombreux experts que je souhaite aujourd'hui mettre sur la route de celles et ceux qui en ont besoin. Naturopathes, médecins esthétiques, coachs sportifs, nutrithérapeutes ou encore astrologues, ce rendez-vous existe pour vous les présenter et vous raconter de quelle manière ils ont changé ma vision de la santé holistique. Je vous propose de partir à leur rencontre avec moi, pour le meilleur et pour le mieux. Bienvenue dans le Wellness Wonders Podcast. En venant enregistrer à Chamonix, j'étais obligée d'interviewer un trailer. Ceux qui courent en montagne pendant des heures, affrontant le froid, la chaleur, la pluie, les dénivelés vertigineux et surtout les kilomètres. Je m'attendais à rencontrer un passionné de performance, à parler technique, défi physique, UTMB. Mais en découvrant Olivier, j'ai compris que sa motivation était ailleurs. Lui, il veut juste courir en montagne, aller toujours plus loin, sans forcément chercher un chrono ou un classement. Pour lui, la course, c'est avant tout une manière de voyager, d'expérimenter la nature à son rythme, de vivre des rencontres et des moments suspendus. Mais quand on regarde de plus près ses aventures, on se rend compte que son approche, aussi contemplative soit-elle, l'a tout de même conduit à accomplir des défis hors normes. 30 à 40 jours d'itinérance en montagne, la traversée de l'Atlas, ou encore la traversée des Alpes occidentales, du lac Léman à la Méditerranée, en 21 jours de trail non-stop. Mais quelle idée de courir aussi longtemps, aussi loin, et dans des conditions aussi extrêmes ?
- Speaker #1
Quelle idée ? C'est tout simplement l'envie de vivre des choses exceptionnelles. Moi je considère qu'on n'a qu'une vie, et ça fait peur, et donc il faut la vivre pleinement, voir ce qui nous rend heureux, qu'est-ce qu'on trouve beau. se créer des expériences. Ouais, c'est vrai. Enfin, quelle idée ? Il n'y a pas de challenge derrière, c'est juste l'envie de vivre quelque chose que je trouve beau.
- Speaker #0
Et comment tu as commencé la course à pied ? Est-ce que tu t'es dit tout de suite je vais faire des longues distances, je vais courir en montagne ? Ça a commencé comment ?
- Speaker #1
Alors en fait, je faisais du VTT quand j'étais petit, gamin, adolescent. Et j'avais toujours envie de courir parce que selon moi, on est plus au contact de la nature. Tu vois, tu n'as pas de vélo, tu n'as pas de matériel qui fait... qui fait interférence avec ton environnement. Et puis tu as une liberté de mouvement qui est un peu plus incroyable. Tu peux aller n'importe où. Donc moi, j'ai toujours eu envie de courir, mais j'étais limité par des petites inflammations, des blessures, comme beaucoup de personnes ont, en tout cas beaucoup de coureurs. Et petit à petit, j'ai appris à courir. Puis on a eu du contenu qui est arrivé sur Internet pour s'éduquer à la course à pied. Et donc, dès que j'ai pu lâcher le vélo, je l'ai fait. Bon maintenant j'ai survenu un petit peu aussi au vélo mais ouais c'est pour moi c'est la course à pied c'est surtout courir en montagne en nature en tout cas plus que la course à pied pure c'est un moyen de déplacement dans un milieu que j'adore.
- Speaker #0
Et t'as tout de suite eu des belles perfs à pouvoir courir longtemps en montagne dans des conditions extrêmes ?
- Speaker #1
Alors performance je saurais pas dire mais vu que je venais du VTT et que je faisais beaucoup de compètes en vélo j'avais un peu la forme et c'est peut-être ça d'ailleurs qui m'a causé des blessures parce que le châssis les jambes étaient pas du tout adaptées à la course à pied. Donc j'ai eu pas mal de frustration dans le sens où je me sentais limité au niveau de mes jambes, de mes capacités musculaires, on va dire tendineuses, etc. par rapport à mon énergie et mes envies. Donc ça, ça m'a... Ouais, j'ai pris des années à non pas dompter cette frustration, mais à apprendre à m'adapter, en fait, à adapter mon corps à la course en montagne. Après, j'ai eu une appétence pour les longues distances. Parce que c'est un effort qui me correspond mieux. Pour moi, c'est vraiment de la souffrance du cours à distance. Pourtant, il faudrait en faire pour s'améliorer. Et c'est la notion de voyage qu'on a traversé, de découverte de voyage, au-delà même de la performance. Absolument pas ce côté-là. Mais ouais, traverser un massif, découvrir, c'est ce qui marque vraiment, qui laisse des émotions, chez moi en tout cas.
- Speaker #0
En fait, toi, au lieu de dire, je viens, je vais aller courir, toi, tu veux aller voir des endroits.
- Speaker #1
Exactement, ouais. Exactement, alors j'aime autant courir parce que pour moi dans la notion de mobilité, la course à pied, il ya de la liberté on est beaucoup plus rapide léger etc il ya vraiment cette dimension liberté voir plus de paysages aussi donc ça c'est un moyen et puis je pense aussi que mixer le contact avec la nature à l'effort physique et je pèse mes mots c'est pas du sport pour du sport c'est vraiment utiliser son corps l'effort physique il ya rien de tel pour avoir des bonnes des bonnes émotions des bonnes sensations sentir dans le moment présent sentir bien quoi tout simplement
- Speaker #0
Et est-ce que tu peux aller courir direct en montagne comme ça, à faire du trail, si tu n'en as jamais fait avant ? Parce que tu disais que tu avais commencé toi par exemple avec le VTT, puis tu t'étais dit en fait, je vais aller courir, faire des longues distances. Est-ce que moi, si je fais de la course à pied normale et je me dis tiens, je vais aller me balader dans des massifs un peu en altitude, c'est quoi un peu les warnings que tu donnerais, les conseils ?
- Speaker #1
Alors déjà, il y a un côté sécurité, parce que si jamais tu vas traverser un massif et que tu ne sais pas forcément ni t'orienter, lire une carte. comprendre la météo avoir des automatismes un petit peu des expériences déjà il ya les petits tapis en termes d'expérience pour appréhender un milieu naturel et ensuite on veut vraiment faire la distingue la distinction entre la randonnée et du trail mais à un moment et on bouge en montagne et tu vas comme tu as envie de faire un moment tu marches en montée c'est normal tu as envie même de marchandises sente mon sang fou à un moment on s'en fout de mettre dans des cases une activité juste tu bouges en montagne et tu le fais de la manière qui t'inspire. Donc, je dirais ne pas se limiter à des cases. Peu importe si tu marches, vas-y. Et après, bien sûr, ça serait d'y aller progressivement dès qu'on commence à mettre de la foulée, à courir pour adapter son corps. Encore une fois, c'est une question d'adaptation. Mais ce qui est bien avec la course en montagne, la course en nature, c'est qu'on n'est jamais sur le même mouvement, contrairement à la course à plat. Et donc, c'est moins traumatique. Après, il faut appréhender le dénivelé, c'est encore autre chose. pour avoir les jambes suffisamment solides. Mais encore une fois, si tu vas progressivement et que tu marches quand tu as envie de marcher, c'est ok.
- Speaker #0
Et c'est quoi la différence entre le trail, l'ultra trail, la course en montagne ? Est-ce qu'il y a vraiment des différences ?
- Speaker #1
Pas vraiment, je dirais. Après, ça, c'est mon point de vue. Déjà, entre trail et course en montagne, c'est une appellation. C'est les gens qui courent en montagne,
- Speaker #0
quoi.
- Speaker #1
Je crois que course en montagne, c'est quand la Fédération française de l'athlétisme, il me semble, a voulu reprendre le sport, l'activité. mais c'est la même chose et après longue distance alors les puristes veulent dire que l'ultra trail c'est au delà de 100 km de la 160 km on entend un peu de tout en fait peu importe je pense que quand on parle d'ultra trail ça touche surtout au lego pour dire ah ça y est je suis un ultra trailer mais en fait pourquoi faire une différence jean-jean tu cours longtemps tu cours quatre heures tu cours une heure évidemment tu cours une heure ça pas de l'ultra trail maintenant de dire que ça commence à 80 qui commence à 100 bornes cette fois ça combien d'heures c'est dépend du dénivelé Je pense que ça touche plus à l'ego qu'à vraiment démontrer une pratique en particulier. C'est le même sport.
- Speaker #0
Et pour se rendre compte un petit peu, par exemple, toi, tes premières courses en montagne, tes premiers trails, c'est combien de kilomètres, c'est combien de dénivelé, et c'est combien de temps à courir ?
- Speaker #1
Je ne saurais pas dire parce que ça remonte à il y a vraiment longtemps, plus de 15 ans, c'est sûr. Donc à cette époque-là, je vais parler comme un vieux, mais il n'y avait même pas de GPS pour savoir ce qu'on faisait. Donc je saurais pas dire mais une petite demi-journée en montagne je dirais en tout cas.
- Speaker #0
Ah oui quand même, c'est quand même, tu cours toute l'après-midi.
- Speaker #1
Ouais mais encore une fois...
- Speaker #0
T'as sorti quoi, c'est ça, c'est ta sortie.
- Speaker #1
Ouais c'est ma sortie, puis après quand j'allais courir autour de chez moi, au début je faisais les parcours que je faisais en VTT, et peut-être que je partais deux heures, mais c'était une erreur parce que c'est là où je me blessais aussi, donc c'est pas forcément ce que je recommande. Et encore, ça dépend pas tant de la durée, mais ça dépend aussi de l'intensité que tu mets. Encore une fois, si tu randonnes, t'es débutant, tu peux randonner la journée, normalement ça va être ok. Par contre, courir la journée, si tu es débutant, ça ne va pas le faire. Donc, tout dépend, un ratio entre le rythme que tu mets et la durée.
- Speaker #0
Et du coup, moi, j'aimerais bien parler de tes expéditions, parce que c'était un peu des expéditions. Est-ce que tu peux nous dire un peu tes expéditions les plus marquantes et on reviendra sur la dernière en date aussi ?
- Speaker #1
Oui, les expéditions les plus marquantes, c'est difficile de les classer laquelle est la plus marquante ou non, mais j'ai eu un déclic, je crois que c'était... En 2022, encore un peu avant où l'idée m'est venue, l'idée de base, c'est de traverser tout l'arc alpin depuis la Slovénie jusqu'à Monaco le plus rapidement possible. Et en fait, je n'ai pas pu le faire parce que je me suis battu des années avec une inflammation au tendon d'Achille, l'insertion du tendon d'Achille, sans vraiment trouver la solution. Mais ce n'est pas grave. Du coup, je n'ai pas pu faire ce projet.
- Speaker #0
Parce que la blessure t'a arrêté au milieu, par exemple ?
- Speaker #1
Non, parce que ça faisait deux ans que je préparais ce projet, en me disant que j'ai deux ans pour traiter ce problème que j'ai depuis des années, ça va le faire deux ans, je vais lire des bouquins, je vais faire de la kiné, je vais faire du renforcement musculaire, je vais m'éduquer à tout ça et je vais trouver la solution, c'est sûr. En fait, je n'ai pas trouvé la solution. Et je devais faire 40 bandes par jour pendant 60 jours pour compléter ce projet. Et il se trouve que je ne pouvais pas faire plus de 3 jours parce qu'en fait, je ne remarchais pas le lendemain. C'était beaucoup trop douloureux. Et donc, ça, c'était je crois 10 jours avant le départ. Donc, très frustré. Je ne voulais vraiment pas lâcher l'affaire. Très frustré. Je me suis dit, mais en fait, Olivier, si au bout de 2 jours tu rentres, tu ne peux pas marcher. Enfin, ça ne sert à rien. Et là, le hasard de la vie m'a mis sur un parcours qu'on appelle la Transalpe. ou la Haute Route des Alpes, qui part du lac Léman jusqu'à la Méditerranée, donc jusqu'à Menton, donc beaucoup plus court.
- Speaker #0
C'est combien de kilomètres ?
- Speaker #1
C'est 650 bornes, mais par contre beaucoup, beaucoup plus technique. Il n'y a quasiment pas de sentier, donc c'est du hors-sentier, des crêtes, très technique en fait. Et là, ça me correspondait beaucoup plus déjà par rapport à ce que j'aime en montagne, mes affinités, mon parcours aussi, et ça me permettait de réduire la distance. Parce que c'est vraiment la distance qui me fait mal. ça me tourne en quoi et donc je me suis dit bah en fait c'est exactement ça enfin ce projet est fait pour moi m'inspire m'inspire et m'inspire d'ailleurs beaucoup plus et donc je pars là dessus en me disant ok en fait la notion de timing de chrono de fin de chrono même de jour imparti pour faire ce projet je m'en fous vraiment j'avais deux mois devant moi je pars et je j'évolue au rythme que mes jambes ouais le rythme qu'elle veut bien prendre quoi Donc s'il faut que je me pose, que je fasse une sieste dans un alpage, que je me baigne dans un torrent ou je ne sais quoi, je le fais. Donc je pars avec une liberté absolument totale. Je mets un tout petit sac de trail avec le minimum dedans pour pouvoir évoluer au rythme qui m'intéresse, au rythme trail, course. Mais attention, pas dans un rapport de performance pour faire de la distance, mais parce que j'aime cette mobilité. Et en fait, je découvre petit à petit, effectivement, j'ai un peu mal au tendon, mais je m'adapte. Et au bout de, je dirais une semaine, je n'ai plus aucune douleur. En tout cas à ce temps-là, il y a d'autres tendons qui sont apparus, le corps s'adapte, ça c'est très intéressant. Et c'est au bout de 20 jours, non parce que j'ai fait 21 jours pour la traversée, donc je n'ai plus trop la notion du temps. Je pense au bout du... En fait c'est la dernière semaine où j'ai pu vraiment me lâcher et courir toute la journée, du matin au soir, sans aucune douleur. Et j'étais au bon endroit. Ouais, au bon moment, j'avais appris des choses. Ça, c'était... Voilà, c'est venu de là, en fait, ces idées d'expédition. Et c'est certainement encore la période la plus heureuse de toute ma vie, ouais.
- Speaker #0
Ah oui, ça, c'est cool parce qu'en plus, tu dis que tu vois que c'est au moment où tu lâches en disant, allez, c'est bon, la performance, juste je fais l'expérience et le ressenti. Et c'est là où tu arrives à te libérer, en fait, de ta douleur, quoi.
- Speaker #1
Ouais, exactement. Et j'y pense beaucoup. Je pense qu'il y a un côté aussi psychologique. Quoique l'inflammation est bien là, elle a été vue à l'IRM, mais pour autant... Enfin l'IRM à l'échographie, ouais, je crois, peu importe. Et quand je fais abstraction totalement, non pas du résultat ni de la performance, mais en tout cas de la pression que je me mets, où je m'adapte avec mon corps, où je l'accepte, j'accepte mes douleurs, mes défauts, etc. Et bien, on s'adapte. Et puis, c'est comme si on s'est apprivoisé, mon corps et moi. Et finalement, après quelques jours, on voit qu'on arrive à aller loin, à faire des belles choses et tout simplement à faire quelque chose qui nous rend heureux. Et ça, c'est tout gagné.
- Speaker #0
Et du coup, les inflammations, c'est comment le tendon d'Achille ?
- Speaker #1
J'ai appris à vivre avec lui. On est potes. Donc là, au dernier projet, sur la traversée de l'Atlas, pareil, au début, ça faisait mal. Puis à la fin, je pouvais faire mes 40 bornes par jour sans aucune douleur. Et voilà, donc il est un petit peu... Il faut l'apprivoiser, il faut qu'on s'apprivoise, et voilà, on se connaît, ça marche, ouais.
- Speaker #0
Et c'est marrant parce que pour avoir déjà, du coup, interviewé des coureurs qui avaient mal ou qui étaient blessés, etc., vous avez quand même toujours un peu un mental qui est similaire sur le... En fait, c'est bon, c'est pas ça qui va se mettre en travers de mon chemin. Moi, j'ai envie d'aller courir, j'ai envie de faire des trucs, et je vais essayer justement d'apprivoiser la douleur ou de voir comment je peux faire. pour continuer à faire mes projets. Et je trouve que c'est vachement bien de le dire parce qu'au moins, quand tu as des petits bobos du quotidien ou que tu n'es pas au top, tu te dis, c'est pas grave, j'y vais quand même. Je sors quand même, je tente quand même ma sortie, je veux me faire plaisir, je n'ai pas envie de rester chez moi et pleurer sur mon sœur.
- Speaker #1
Oui, alors il y a de ça, mais avec une mise en garde quand même parce que c'est quand même assez fin. Moi-même, j'encadre en trail, j'emmène des gens en montagne en trail et je ne peux pas leur dire... ben voilà quand t'as mal continue ça va passer non absolument pas tu vois il y a une responsabilité c'est assez subtil ça met des années à comprendre quel type de douleur tu peux accepter ou non ce qui est certain maintenant c'est que la science nous dit que le mouvement guérit quoi donc s'arrêter totalement c'est clairement pas une bonne idée maintenant des fois il faut aussi apprendre à savoir s'arrêter et tout simplement si le mouvement que tu mets te crée plus de douleur que la veille ben c'est que t'en as trop fait Donc c'est pas juste bouge et ça va passer, c'est comment bouger à quelle douleur, c'est plus subtil que ça mais clairement totalement s'arrêter c'est rarement la solution ça peut l'être, mais le mouvement quoi, clairement c'est ce qui sauve
- Speaker #0
Et du coup t'as traversé de l'Atlas, raconte nous parce que ça c'est quand même assez impressionnant enfin moi je suis hyper impressionnée parce que moi je cours même pas je déteste courir en plus, donc quand j'entends ça je trouve ça incroyable est-ce que tu peux nous dire déjà Pourquoi cet endroit-là et combien de kilomètres, combien de jours, ton expédition ?
- Speaker #1
Pourquoi cet endroit-là ? Quand j'ai traversé les Alpes en trail, je me suis dit que c'est largement possible de partir des jours et des jours avec le minimum sur soi. Il y a un petit côté philosophique aussi à partir totalement dépouillé du superflu et assez léger finalement. C'est comme ça que j'avais envie d'évoluer en itinérance, découvrir des massifs. Et ensuite, quels sont les massifs dans le monde qui permettent ça ? Parce que ça veut dire que je n'ai pas de tente, je ne peux pas bivouaquer, je dois dépendre des infrastructures de ce que je trouve sur place. Donc moi j'avais un grand projet que j'ai préparé, c'était la traversée du Népal, d'est en ouest. Donc tout était calé, à quelques exceptions près en fait, parce que quand je commence à tracer mon itinéraire, je me rends compte, contrairement à toutes les infos que j'ai pu prendre avant, qu'il n'y a rien qui correspond aux cartes. Et pourtant, normalement les cartes... je sais les lire, je maîtrise un minimum. Et là, je ne comprenais pas. Je me remets pas mal en question. Et finalement, je contacte directement le créateur de l'itinéraire qui me dit que cet itinéraire de la route culturelle, on appelle ça au Népal, c'était goudronné entièrement. Et c'est la seule infrastructure routière qui traverse le pays. Donc, ils en avaient besoin. Mais moi, c'était hors de question de couvrir ceux de la route, clairement. Et après, il restait l'idée de faire la haute route de l'Himalaya. Mais là, ça nécessitait pour le coup de partir avec un sac de trekking conventionnel, partir plus longtemps, je n'avais pas forcément envie de ça. Encore une fois, cette notion de mobilité, de légèreté, c'est vraiment ça qui m'anime. Donc j'ai dû m'orienter sur un autre massif, je ne voulais pas que ce soit une excuse pour ne rien faire. De dire, c'est bon, ça ne peut pas se faire le Népal, je ne ferai rien cet automne. Non, j'avais vraiment envie de faire quelque chose. Et donc je regarde un peu les massifs qui peuvent correspondre, et là, à un moment où j'étais sur mes cartes du Népal, je commence à... A perdre patience, je fais « tu sais quoi ? » Je vais regarder vite fait l'Atlas, ce que c'est. En fait, j'ouvre les cartes de l'Atlas en ligne, je trace quelque chose et en deux heures, l'itinéraire était calé. Donc là, je me dis « c'est un signe, il faut peut-être que je pousse un peu plus loin » . Le lendemain, je trouve un contact, un guide local. Je lui dis « écoute, on fait le même métier, peut-être que tu peux me renseigner. Voilà mon itinéraire, voilà mon plan. Partir avec un sac de trail, dormir chez l'habitant, des fois dans des gîtes, qu'est-ce que tu en penses ? » Il valide le projet, donc là je me dis ok banco ça sera ça. Par contre c'est beaucoup plus court, j'ai plus les distances, ça faisait 330 bornes. Encore une fois pas de notion de le faire rapidement etc, je m'en moque un peu. Mais non au moins ça reste beaucoup plus court que le projet initial au Népal, donc je me dis ça tombe bien j'ai un peu plus de temps, qu'est-ce que je peux faire d'autre cet automne ? Ça faisait un moment que je voulais me faire un trip en vélo, au soleil si possible. Donc je me suis dit ça serait chouette de traverser l'Espagne ou le Portugal. Et là, je me dis, là, ça fait connexion dans ma tête. Je me dis, attends, quitte à traverser l'Espagne, tu vas en vélo. Tu pars de Chamonix, tu vas à Marrakech en vélo, et puis tu feras ton projet en trail là-bas. Et le mix des deux faisait beaucoup de sens pour moi. Vraiment, cette notion de, comme je te disais tout à l'heure, la mobilité, la liberté, la fluidité, je trouvais ça trop beau. Et je me dis, ouais, ça va se faire, ça va se faire. Là, encore une fois, comme au début, j'avais l'impression d'être sur un projet qui m'animait, un moteur. Et quand je me rends compte que ce n'est pas possible, en fait, ça m'aiguille sur quelque chose qui correspond encore mieux là où je dois être.
- Speaker #0
Et du coup, tu pars avec ton vélo de chez toi, c'est-à-dire que tu descends de ton appart ou de ta maison, tu montes sur ton vélo et tu te barra-barra-cèches.
- Speaker #1
Ouais, exactement. Exactement, c'était un chouette moment quand je ferme la porte de chez moi. Alors, j'avais donné rendez-vous à des amis un peu plus loin en ville pour déjeuner ensemble avant de partir. Et c'était un chouette moment de prendre le petit déjeuner avec les amis. Et puis là, je pars. Et il y a toujours beaucoup d'émotions dans ces départs. Après avoir fait quelques aventures comme ça, on sait qu'on part pour quelque chose. On sait qu'on va vivre une expérience riche. On va s'en souvenir toute notre vie, ça va être intense. Et là, je pars pour Marrakech, effectivement.
- Speaker #0
Et du coup, tu as quoi dans ton sac ?
- Speaker #1
Tu as un petit sac ? Ouais, ouais, ouais, une petite sacoche de sel, une que j'ai mis aussi sur les prolongateurs devant le guidon, et je pars avec un tarp, donc en gros c'est une bâche qui le fait... quelques centaines de grammes qui me permet une fois tendu de m'abriter donc ça remplace une tente sauf que c'est juste une bâche quoi c'est super léger j'ai un tout petit sac de couchage, un tout petit, un 10 degrés, ça doit faire le poids d'une volume d'une doudoune j'ai une petite doudoune en plus, un t-shirt de rechange et encore même sur le vélo j'avais un cuissard, un maillot puis je le lavais le soir et ça sèche la nuit et ça fait le job quoi ma paire de baskets de trail quand même pour l'atlas, un sac de trail Une petite balise GPS, pareil, toujours pour l'Atlas, quand ça sera beaucoup plus sauvage. Et voilà, globalement, pas besoin de plus.
- Speaker #0
Parce qu'après, quand tu fais déjà l'Espagne et le Portugal en vélo jusqu'à Marrakech, tu dors où ? Tu avais repéré des auberges, des trucs comme ça ?
- Speaker #1
Non, d'ailleurs, ce n'était pas le Portugal. J'hésitais entre l'Espagne et le Portugal. Finalement, ça s'est fait par l'Espagne. Et je fais la moitié du temps dehors, sous mon tarp, et la moitié du temps en hôtel. En fonction de mon état de fatigue aussi, parce que ça faisait des grosses journées de vélo. Mon état de fatigue et puis ce que m'offre le terrain en termes de possibilités de bivouac. Voilà, donc j'ai fait moitié-moitié.
- Speaker #0
Et quand tu prends ta douche dans une vraie douche, tu t'en penses quoi ?
- Speaker #1
C'est chouette, ouais. En fait, j'adore le bivouac. Mais plus ça va, plus je me dis un peu de confort, c'est pas mal aussi. Non, mais il faut alterner les deux. C'est un équilibre, je pense. Mais ce qui se passe quand on se fait des grosses journées, des grosses journées de vélo. C'est moyennement compatible avec le bivouac. Enfin, ça se fait, mais ce n'est pas durable en termes d'hygiène, en termes de comment se reposer. Tu vois, tu roules 4 heures par jour, tu arrives à te poser, à prendre le temps de te baigner, de bien manger, etc. C'est OK. Par contre, quand tu roules 10 heures par jour, ouais, à un moment...
- Speaker #0
Parce que là, c'est ce niveau-là, c'est 10 heures par jour de vélo ?
- Speaker #1
Ouais, j'ai pas... compter exactement l'amplitude horaire, mais ouais, ça doit tourner autour de ça. En gros, j'avais une problématique, c'est que je terminais ma saison de travail mi-septembre et je devais être début octobre dans l'Atlas parce que le mauvais temps, enfin le mauvais temps, l'automne et la saison où c'est faisable de traverser l'Atlas, j'étais limite, quoi. Donc j'avais un peu une course contre la montre, quand même, pour le Chamonix-Marrakech, ce qui fait qu'il a fallu enchaîner les kilomètres, ouais. Et c'est pas mal parce que moi qui suis pas vraiment... Motivé par la performance, malgré tout, de devoir évoluer rapidement, ça donnait un sens à ce que je faisais et surtout, encore une fois, ça accentuait cette notion de liberté et de mobilité. Se faire une traversée de l'Europe, l'Europe du Sud, comme ça, de manière express, quand on regarde le point sur la carte qui bouge, on se dit « waouh, je peux faire ça ! »
- Speaker #0
Et du coup, en combien de temps tu l'as fait, ça ?
- Speaker #1
Alors, je n'ai plus du tout les chiffres. Je n'ai pas révisé avant de venir. Non,
- Speaker #0
mais c'est un mois, je crois.
- Speaker #1
On pourrait diviser parce que ça faisait 2700 bornes avec 170 vélos par jour. Ça, c'est ce que j'ai retenu comme chiffre. Un peu plus de 15 jours, je pense. Oui. Je pense que ça doit faire ça.
- Speaker #0
Et du coup, Chamonix-Marrakech. Arrête d'arriver à Marrakech. Chamonix-Marrakech, j'ai bien aimé. Tu arrives à Marrakech, tu poses ton vélo et là, tu pars à pied.
- Speaker #1
Oui. Alors, je me suis accordé deux jours de repos quand même à arriver à Marrakech. Alors malgré tout, là où j'ai eu le plus d'émotion, c'est surtout en arrivant au détroit de Gibraltar. Ça ne m'a pas tant fait d'émotion d'arriver à Marrakech, mais quand je suis arrivé au détroit de Gibraltar, parce que j'ai un peu galéré en Espagne quand même sur le vélo, et là, j'ai pas reversé ma petite larme, mais j'étais pas loin quand même. Voir le continent africain en loin, c'est chouette.
- Speaker #0
Et là, comment tu fais pour adapter aussi ton corps, parce que tu as fait des efforts à vélo, et là d'un coup tu te mets à courir ? Ouais.
- Speaker #1
Ouais, et là c'était un peu un choc d'ailleurs. Moi j'ai besoin de beaucoup courir, de faire un gros volume pour que mon corps soit adapté. Donc ça veut dire pas de tension musculaire, vraiment se sentir fluide, sans douleur. Et donc là ça nécessitait d'avoir 15 jours, 3 semaines sans course à pied. Alors déjà ça m'est arrivé sur des jours off en vélo, j'ai fait 3 jours off d'aller courir 10 bornes. Ça faisait du bien aussi de changer de mouvement, puis maintenir un petit peu les acquis.
- Speaker #0
Donc toi, tes jours off, c'est courir 10 bornes.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Non, je voulais juste faire une petite remise en contexte.
- Speaker #1
Non, mais par rapport aux journées que je faisais sur le vélo.
- Speaker #0
Ouais, bien sûr.
- Speaker #1
Et en fait, quand j'arrive à Marrakech, donc là, j'ai deux jours où je me repose. Deux jours où, en fait, la stratégie, c'est d'ingurgiter des calories en masse. Et je planifie un petit peu mon trip. dans l'atlas et ouais je réalise que comme malgré tout se lancer avec un tout petit sac dans l'atlas je commence à douter quoi.
- Speaker #0
Parce qu'en fait, c'est des conditions quand même, c'est du terrain, c'est un peu du désert, c'est du caillou, c'est... C'est du caillou,
- Speaker #1
c'est très aride. Après, j'ai eu une chance, oui et non. Il y a eu des inondations avant que je passe, donc c'est pas une chance pour les locaux, c'est clair. Il y a eu des éboulements, beaucoup d'érosions dues à ces inondations. Donc en soi, c'était pas une chance. Néanmoins, j'ai pu trouver assez d'eau. J'ai pas manqué en tout cas, donc...
- Speaker #0
Parce que c'est vrai qu'il y a ça aussi, c'est-à-dire que quand tu traverses l'Atlas, c'est ce que là, tu sais. 100% bivouac ?
- Speaker #1
Non, là, encore une fois, j'avais un tout petit sac de trail. Donc, je dépendais des quelques gîtes que je trouvais et des habitants.
- Speaker #0
Et tu parlais des conditions. Là, c'est combien de degrés ? C'est chaud ? Normalement,
- Speaker #1
il fait vraiment chaud, apparemment, dans l'Atlas. Moi, j'étais en fin de saison, donc poche de l'automne.
- Speaker #0
Mais c'est quand même du 30 degrés ?
- Speaker #1
Ouais, autour des 30 degrés, je pense, effectivement. Pas froid, en tout cas.
- Speaker #0
Mais la nuit, il fait hyper froid.
- Speaker #1
Par contre la nuit il fait froid, il y a une grosse différence de température effectivement, et il y a pas mal de 4000 là-bas sur l'Atlas. Donc j'ai eu quand même des moments le soir ou proche des 4000 où il faisait un peu froid, mais globalement j'ai eu plutôt de la chance avec les conditions pour trouver, comme je disais, de l'eau, pas trop chaud, pas trop froid. Vraiment le top au niveau des conditions. Et pour en revenir à ta question, comment ça se fait, comment on arrive à recourir directement dans l'Atlas ? En fait on adapte le rythme. encore une fois, peu importe le nombre de kilomètres que je faisais par jour presque. Quoique malgré tout, il fallait en faire un minimum pour pouvoir trouver des logements. Oui,
- Speaker #0
parce qu'en fait, tu t'étais tracé un peu, là il y a un logement, là il y a un logement, donc tu es obligé de faire la jonction.
- Speaker #1
Oui, effectivement. Alors je me suis dit, des fois, si jamais je dois me faire 50 bornes, et que j'ai mal au tendon par exemple, ou que je suis rempli de courbatures, je vais m'arrêter un jour. Et c'est ce qui s'est passé en fait. Quand j'ai fait, en fait, je n'ai pas eu le choix. Ma première journée, j'ai fait 2400 mètres de dénivelé. Ce qui était un peu trop en fait par rapport au fait que mes jambes n'étaient pas adaptées. Donc j'avais des courbatures de dingue et le logement où je devais être en fait il n'y en avait pas. Donc là ça commençait bien l'Atlas, je me suis dit ouais en fait c'est sauvage. C'est pas les Alpes donc j'ai dû me faire plus de distance que ce qui était prévu initialement. Donc j'arrive fin de journée 19h rempli de courbatures. Je me suis dit ouais ça va être compliqué de repartir, je vais pas repartir avec des courbatures pareilles quoi. Enfin pas avec ce qui m'attend. Donc je fais une journée de repos, je repars, enfin voilà, le corps s'adaptait comme ça en fait.
- Speaker #0
Et t'as dormi où du coup ?
- Speaker #1
Et j'ai dormi, alors c'était assez marrant parce que là où je devais dormir, finalement ça n'existait pas. En fait les villages sur la carte, il n'y a pas de village, ou des fois ce qu'ils appellent un village, il y a trois maisons en terre. Donc je continue et je me retrouve dans une zone totalement inondée. Et là j'arrive sur, encore une fois, sur ce que ma carte indique comme étant un village. Et là, je vois 3-4 maisons en terre. Peut-être une qui est effondrée. Il y a eu quand même un gros tremblement de terre un an avant. Et je vois un panneau, j'y te. Sur une maison un peu de briquet de broc. Et là, je suis exténué. Et j'ouvre la porte. Et en fait, dedans, c'est un palais. Il y a des moulures au plafond. Il y a des couleurs de partout. C'est propre, c'est grand. Et on m'accueille. Et je mange super bien. Et je me douche. Et il y a de l'eau chaude. Et ouais, c'était la première journée. Je m'en souviendrai.
- Speaker #0
c'est l'oasis c'est le mirage et l'oasis qu'est-ce que je te fais à manger ?
- Speaker #1
couscous,
- Speaker #0
vas-y couscous et du coup en plus ce qui est trop cool c'est que là-bas tu peux dormir hyper facilement chez l'habitant tu t'arrives à trouver facilement, t'as pas eu des moments où arrivé le soir, complètement mort tu t'annules pas où dormir ?
- Speaker #1
ouais alors il y a des endroits peut-être que je suis un peu frileux mais t'as pas forcément envie d'y rester dormir et non il y a une fois ça m'a un peu marqué parce que je dois euh passer une montagne où il n'y a pas de sentier où je vois qu'il y a eu beaucoup d'érosion et en fait ça passe pas vraiment comme je le pensais donc je galère un peu dans du hors-sentier et là je me dis waouh c'est sauvage faut pas que je me fasse mal ici et je sais pas ce qu'il y a derrière cette montagne je sais qu'il n'y a pas de village je vais devoir dormir chez l'habitant sur un village qu'on m'a indiqué qui n'est pas sur ma carte donc je sais pas du tout où je vais ça c'est un petit stress quand même et finalement j'arrive dans ce fameux village et je demande s'il y a une épicerie quelque chose y'a rien et là je fais des signes parce que ça parle ni anglais ni arabe c'est berbère là bas et on peut même pas le traduire avec un téléphone donc je m'étais enregistré des mots en phonétique sur le téléphone malgré tout et je demande où je fais des signes pour dormir et là on m'accueille et je tombe sur une famille absolument adorable et je passe sans doute la meilleure soirée de mon périple parce que j'arrive dans cette famille qui vivent de l'agriculture
- Speaker #0
qui ont une chambre pour celui qui vient, qui ont tous les moyens d'hygiène occidentale, la douche, etc. Et là, voilà, qu'est-ce que tu veux manger ? Ils ont été adorables parce que j'ai passé quand même pas mal d'heures chez eux. Ils m'ont laissé un petit peu de temps pour me retrouver un peu seul aussi. Ça n'a pas été oppressant. J'ai passé beaucoup de temps avec la famille aussi. Il y a eu quand même des beaux échanges. Le lendemain, j'avais un peu de peine à leur demander si je pouvais prendre de quoi manger pour le midi. Et je n'ai pas besoin de leur demander. En fait, ils m'ont apporté du pain, des amandes. Enfin, vraiment, un accueil dont je me souviendrai. Ça fait chaud au cœur, surtout quand on se sent dépendant de ses habitants pour pouvoir dormir, manger. Et un tel accueil, ça m'a vraiment fait chaud au cœur.
- Speaker #1
Et tu as eu des fois où tu as eu peur ou tu t'es dit, non, mais là, dans quelle panade je suis ?
- Speaker #0
Alors, oui, non, un peu de stress. Notamment quand j'ai dû passer cette montagne hors sentier où je ne savais pas ce qu'il y avait derrière. Par contre, quelques jours après... Où là, je prends un itinéraire où pareil, il n'y a absolument rien, pas de sentier. Vraiment aride, je me sens être au milieu de rien. Et là, je vois un serpent assez massif qui traverse pile devant moi. Je ne sais pas ce que c'est comme serpent. Et là, je commence à réfléchir. Je me dis, ah ouais, mais là, je me fais piquer. Je me fais mordre. Je ne sais pas ce qui se passe. J'ai beau appuyer sur ma balise de détresse, je ne sais pas ce qui se passe. Et je me suis dit, est-ce que vraiment ça vaut le coup ? À ce moment-là, je commence à réfléchir. Est-ce que ça vaut le coup, ce genre de trip, de prendre autant de risques ? Parce que j'ai beau les mesurer, les risques, je veux dire, je suis à pied, je ne suis pas en train de faire une escalade, etc. On ne sait pas ce qui peut arriver. Et tu vois, je me suis déjà pété une jambe ici en France. Déjà, tu ramasses, quoi. Tu vois, rien que pour t'emmener aux urgences, les vibrations de la voiture, tu as l'impression que tu vas mourir. Mais alors là-bas, s'il faut te descendre à dos de mulet pendant 4 heures avec une jambe pétée, ce n'est pas la même. Et là, j'ai commencé pas mal à réfléchir, à me dire, non pas qu'est-ce que je fous là, mais est-ce que ça vaut le coup ? Et j'ai toujours pas la réponse. Mais je pense que la vie mérite d'être vécue, de toute manière.
- Speaker #1
Mais c'est hyper cool parce qu'en plus, les deux moments que tu as racontés où tu dis, putain, je suis mort et tout, je me dis, putain, ça y est, j'ai plus rien pour m'accueillir et tout. En fait, à chaque fois, c'était des moments qui étaient hyper cool derrière.
- Speaker #0
Ouais, exactement. Alors que d'autres fois où je me dis, ah bah là, j'ai repéré, apparemment, il y a un village touristique.
- Speaker #1
Je vais être un king,
- Speaker #0
je vais me bouffer. Et en fait, laisse tomber. Totalement un salut, pas d'accueil, rien à manger. Ça m'est arrivé d'ailleurs, un moment un peu dur comme ça. J'arrive dans un village où pour le coup, il n'y a rien. Il y en a un qui avait bien me loué une partie de sa chambre. Bref, c'est le bordel. Mais en même temps, j'ai réussi à trouver où dormir. Et il n'y a pas de super-être. On ne peut pas me faire à manger. On me le fait comprendre. Et là, je vide mon sac et je me fais un dîner de cookies industriels que j'avais trouvé un peu avant. Et c'était ça mon dîner.
- Speaker #1
Parce qu'après, dans la performance sportive, du coup, on dit courir, etc. En fait, tu as tous les marathoniens qui prennent des gels, des trucs. C'est hyper technique. Là, en fait, tu vis de ce qu'on te donne. Ouais,
- Speaker #0
exactement.
- Speaker #1
Donc, tu arrives à performer quand même en mangeant ça et là. Alors,
- Speaker #0
c'est fou parce que comme le corps s'adapte, j'ai l'impression qu'il y a... Un peu ce qu'on nous dit en principe d'entraînement, de nutrition, la science. Puis après, il y a ce qui se passe sur le terrain. Et clairement, pour la classe, je n'ai pas mangé suffisamment par rapport à mon métabolisme, mes besoins, etc. Je n'avais pas assez de nourriture alors que j'en ai besoin. Et c'est un peu mon leitmotiv pendant ces gros trips, c'est de manger, manger, manger. Et en fait, mon corps a appris à faire avec moi. Et quand je suis rentré en France... J'avais perdu que 1,6 kg avec le trip en vélo plus le trip de l'Atlas. Et je pense que mon corps a appris à faire avec moins. Et maintenant, je mange moins qu'avant. Je recommence à bien manger comme avant, mais comme si mon métabolisme avait changé.
- Speaker #1
C'était adapté, oui.
- Speaker #0
C'était adapté, oui, exactement.
- Speaker #1
Et tu parles du départ qui était un peu émotionnel, etc., avec tes amis. Et du coup, le retour.
- Speaker #0
Le retour... Et totalement par hasard, j'ai mon groupe de potes qui propose de faire une soirée comme on en fait de temps en temps. Ça tombe bien, je suis de nouveau là. Et là, mon pote en question avait prévu de faire une tagine. Finalement, on a fait un plat bien français.
- Speaker #1
Une bonne fondue. Une bonne tartiflette.
- Speaker #0
Mais tu vois, finalement, ça me fait penser, je me retrouve avec les amis. L'inconvénient des réseaux sociaux, c'est que quand tu postes un petit peu un story, ton trip, finalement, tout le monde a... déjà compris, même quand tu peux appeler, parce que j'appelais régulièrement des amis. Tout le monde a déjà compris un peu ce que tu as vécu, etc. Et tu n'as plus grand-chose à raconter, finalement. Et ce partage, quand tu les retrouves, je ne l'ai pas forcément eu, mais parce que peut-être qu'à ce moment-là, je n'avais pas encore assez de recul aussi sur ce que j'ai vécu pour vraiment le raconter, je crois.
- Speaker #1
Oui, et puis tu devais peut-être être mort aussi.
- Speaker #0
Non, ça allait. Non, je suis fatigué.
- Speaker #1
C'était combien de jours déjà, Rosimo ? Au total,
- Speaker #0
ça faisait un mois pile. J'étais très fatigué, même si je n'ai jamais été aussi fatigué. Mais par contre, au niveau d'avoir envie de passer une soirée avec les amis, il y a différentes formes de fatigue. J'étais fatigué pour faire des bornes, oui bien sûr. Mais socialement, je n'ai vu personne depuis un mois. Je n'ai pas de fatigue là-dessus. C'est au contraire ce qui me ressourçait, c'est d'apporter de l'énergie.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, du coup, tu aides des gens à arriver à faire des courses en montagne et tu les formes et tu proposes aussi des stages pour apprendre à faire du trail.
- Speaker #0
Exactement, exactement. Donc moi, je guide des gens en montagne et donc je me suis spécialisé autour du trail parce que j'ai moi-même galéré finalement à trouver les outils pour faire ce que je voulais. Il y avait moins de contenu, comme je disais à l'époque, autour du sport et de la course à pied. Et maintenant, j'aime vraiment partager ça, donc à la fois montrer aux gens les... Beaux coins qu'on a ici à Chamonix ou dans les Alpes, mais pas que, c'est partager du contenu sur comment réaliser ses objectifs, pourquoi, et j'évite vraiment de mettre le focus sur la perf, on peut parler performance, entraînement, mais selon moi c'est vraiment comprendre ce qui nous rend heureux, pourquoi être en montagne, pourquoi vivre ces moments, et comment y arriver, avoir la motivation pour.
- Speaker #1
Et t'as des personnes du coup qui sont du coin ou t'as des gens aussi qui viennent en formation et qui sont pas du tout de la montagne et qui se disent ah bah tiens j'aimerais bien avoir ça comme nouveau passe-temps ?
- Speaker #0
Non alors c'est souvent des personnes qui viennent d'ailleurs, pas forcément de la vallée du Mont-Blanc. Typiquement ça va être la personne qui vit en ville, mettons Paris, qui fait du marathon, qui fait de la course sur route et qui a envie de découvrir la montagne, qui a envie de se mettre au trail. Ou alors une personne qui débute, ça j'adore. avec des débutants vraiment essayer de leur passer un maximum de motivation de clé en fait pour qu'ils puissent se lancer à fond là dedans quoi fond dans le trail ou pas le trail en tout cas ce rapport avec la nature bouger utiliser son corps ouais
- Speaker #1
partager tout ça à la fois cette motivation là et mon expérience mais ouais mes connaissances entre guillemets ouais et du coup comment ça se passe par exemple je sais que tu as plusieurs formats de formation mais c'est quoi une journée avec toi alors pour se former au trail ?
- Speaker #0
Une journée, typiquement, je vais discuter avec la personne de ses besoins, sa motivation, ce qu'elle recherche à travers un stage. Ça peut être, je vais arrêter d'avoir mal au ventre quand je cours. Je vais découvrir des coins de montagne que je n'ai jamais fait seul parce que j'ai un peu peur. Ça peut être également, je prépare une course, du coup, j'ai envie d'avoir mon entraînement balisé jusqu'à l'échéance. Tu vois, il y a plein de motivations différentes que j'essaie d'avoir en amont. et à partir de là on va trouver le spot de montagne qui va correspondre le plus par rapport aux conditions du moment aussi la météo l'affluence sur chamonix etc et là on va partir sur j'aime bien prendre un itinéraire qui est évolutif pour s'adapter au niveau de la personne on peut faire plus ou moins court plus ou moins long et bien souvent les stages c'est quand même plusieurs jours et donc en fonction de ce qu'on a pu voir ensemble après on va définir un parcours dans l'échange pour aller faire un beau tour, le plus beau possible, en partageant du contenu, en faisant des pauses.
- Speaker #1
Toi, tu cours avec eux ?
- Speaker #0
Complètement, oui. Je suis avec eux en montagne.
- Speaker #1
Et par exemple, moi, je n'aime pas du tout courir. Je cours 20 minutes, 30 minutes, je suis morte. Pour ça, j'ai des bonnes cuisses, je fais de la randonnée. Mais je veux quand même me dire « Merde, j'aimerais bien courir en montagne, c'est dommage. Est-ce que, par exemple, je peux aller faire des stages avec toi ? »
- Speaker #0
Mais bien sûr, c'est accessible à toute personne qui peut randonner, en fait. A partir du moment où tu peux randonner, tu peux faire du trail. Simplement, à un moment donné, tu vas commencer progressivement à mettre quelques foulées, ça va le faire. Et surtout, l'erreur, c'est que les débutants pensent qu'il faut courir tout le temps. Quand on commence à partir, quand je suis avec un débutant et qu'en fait, on commence à partir, je le vois courir de suite, je sais que ça ne va pas durer. Tu vas être assez frustré de dire « mais je n'y arrive pas » . Mais c'est normal. Personne ne court en montée sauf les très très forts sur des formats très courts. Mais ce n'est pas un rythme d'endurance. Donc c'est OK. Après, il y a des manières pour être efficace et marcher plus vite qu'en deux cours en montée. Donc, dans accessible à tout le monde, avec les bonnes techniques.
- Speaker #1
Est-ce que tu as vu, parce qu'à Chamonix, on a eu l'UTMB, est-ce que tu as vu un espèce d'essor pour le trail et l'ultra trail ici ? Est-ce qu'il y a des gens qui arrivent en disant « ouais, moi je veux faire de l'ultra trail de malade » , etc. ? Tu as vu une différence quand même, un engouement pour ce sport ?
- Speaker #0
Clairement, il y a un engouement. Et en fait, c'est assez curieux les mindsets des gens, parce que tu peux avoir des personnes qui font beaucoup de trail. qui ont un très gros niveau, mais qui n'osent pas se lancer sur une course telle que l'UTMB ou une autre, mais à 100 miles, disons, ou même à 100 kilomètres, ils n'osent pas, alors qu'ils ont largement les capacités. Voilà, il y a des blocages, peut-être qu'ils n'ont pas envie, tout simplement, mais je pense beaucoup à des blocages. Et d'autres personnes qui commencent l'activité, notamment, c'était l'été dernier, j'ai eu un bodybuilder qui n'avait quasiment jamais couru, qui me dit, moi, je veux faire l'UTMB. Et à la limite, pourquoi pas, du moment que c'est bien... Conscient que pour respecter son corps, il va falloir suivre des étapes aussi. Et si on se laisse le temps, qu'on est patient, qu'on se donne les moyens, pourquoi pas en fait, carrément. Ce n'est pas élitiste, encore une fois. Du moment où on s'en donne les moyens, mais s'en donner les moyens, ça veut dire qu'on prend suffisamment de plaisir dans l'activité. Sinon, ça risque de ne pas être soutenable à long terme. Si vraiment on a plaisir à évoluer en montagne, à courir, à faire du sport, ça prendra le temps qu'il faudra, mais ça va le faire pour tout le monde.
- Speaker #1
Et il l'a fait alors ?
- Speaker #0
Non, c'était l'année dernière, j'ai pas forcément une nouvelle d'ailleurs, mais je pense qu'il lui faudra peut-être encore un petit peu de temps, mais encore une fois, s'il s'en donne les moyens, il n'y a pas de raison.
- Speaker #1
Mais c'est fou quand même, parce que franchement, pour avoir fait pas mal d'interviews à Chamonix en rapport à la montagne, etc., quand on a le mindset des gens de la ville, pour dire ça globalement, c'est tout de suite la performance, le truc, moi je veux faire le Mont-Blanc, moi je veux faire l'UTMB, donc l'UTMB, je répète, c'est Ultra Trail du Mont-Blanc. que des trucs de challenge en fait de challenge physique et il ya toutes les personnes qui les locaux les locaux qui sont dedans tu vois qui travaillent en montagne et c'est qu'ils disent en fait c'est pas ça le kiff le kiff c'est d'être en montagne et d'évoluer et de se faire plaisir calme toi tu vois et j'aime beaucoup ça parce que c'est encore une fois tu vois encore une personne toi qui est là et qui me dit au bord je sais pas moi les plus les kilomètres Je m'en foutais un peu, je voulais juste traverser mon truc et faire mon expérience, c'était sympa quoi !
- Speaker #0
Ouais mais je pense que ça dépend aussi, tu sais il y a plusieurs types de motivation, tu dois savoir entre ta motivation intrinsèque et extrinsèque. Je pense que si jamais ça attire beaucoup, que ce soit faire l'Ascension du Mont Blanc, l'UTMB etc, c'est presque des marqueurs sociaux, ça parle aux gens. Et des personnes et même à peu près tout le monde, mais on a tous besoin d'un peu de... il y a l'ego qui rentre dans la motivation et c'est normal. Mais ça dépend dans quelle mesure. Et pose-toi la question, si tu veux faire l'UTMB, pourquoi tu veux faire l'UTMB ? Alors oui, c'est un symbole, oui, c'est beau, mais peut-être que c'est cul pour l'ego. Et pourquoi pas, à la limite ? Pourquoi pas ? Mais n'empêche, tu verras que ce sera plus simple de faire les choses si tu as une motivation qui ne tient que au plaisir. Et les deux sont compatibles dans une certaine mesure. Enfin, je veux dire, ce n'est pas tout l'un ou tout l'autre, mais c'est un équilibre à trouver. Et je pense que quand ton plaisir, c'est vraiment d'évoluer en montagne, en dehors de la performance, tu vas passer du temps dehors, tu vas faire un volume naturellement et tu vas avoir un niveau correct naturellement. Et là, après, finalement, une fois que tu l'as plus ou moins ce niveau, bon, le TMB, ouais, en fait, je m'en fous.
- Speaker #1
Tu l'as fait, toi, d'ailleurs, le TMB ?
- Speaker #0
Non, alors, cela dit, je dis je m'en fous, oui, non, c'est un exemple. Ça pourrait, quand je vois le départ, ça me fait vibrer. En vrai, ça me fait vibrer.
- Speaker #1
C'est l'expérience, en fait.
- Speaker #0
Ouais, il y a quelque chose, il y a une émotion, il y a tout un symbole. Maintenant, j'ai toujours ce problème au niveau du pied où je sais que ça... Ça ne passera pas. En tout cas, pas dans ce que je considère être le respect de mon corps. Néanmoins, je me dis, qu'est-ce que je risque ? Et peut-être qu'un jour, je le ferai, mais pas dans la course en off. Clairement, c'est ce qui m'anime aussi. Cette autonomie en montagne. Donc, si je le fais, c'est en off. Et en fait, je ne sais même pas si vraiment j'ai envie de le faire. On verra.
- Speaker #1
Et pour conclure, c'est quoi le prochain projet ?
- Speaker #0
Le prochain projet, alors tu vois c'est marrant parce que quand j'étais dans l'Atlas, c'est mon premier projet où je me dis ouais là j'ai hâte de rentrer et c'est bon fini ce genre de conneries. Je me souviens j'avais une pote au téléphone, elle m'a dit dans mon olivier, je te connais là tu dis ça mais... Effectivement sans même y penser j'ai eu des idées qui sont venues comme ça un peu de manière inconsciente et... Et ouais, je suis en train de motiver des potes pour un projet peut-être au Spitsberg, mais difficile à motiver. Je ne veux pas faire... ça me saoule un peu de faire des projets tout seul, maintenant j'ai envie de le partager. Et il y a un autre trip qui m'attire bien, ça serait la traversée des Etats-Unis en gravel pour le coup. New York, Los Angeles, je pense à ça. J'ai beaucoup aimé le combo vélo et course à pied. Et là pour le coup, je me dis qu'il y a peut-être moyen de traverser le Népal en gravel. En m'arrêtant peut-être vers les deux tiers à l'est pour faire le tour des Napurna en trail. Avant de reprendre le vélo et terminer la traversée. Ouais, il y a des idées comme ça. Je ne sais pas quand est-ce que sera le prochain, mais ce ne sont pas les idées qui manquent.
- Speaker #1
De toute façon, ça sera comme d'hab aligné, tu vas trouver. Et deux semaines plus tard, tu seras parti.
- Speaker #0
C'est à l'autre. Ouais, effectivement.
- Speaker #1
Bon, en tout cas, merci beaucoup. Et si vous aussi, vous souhaitez vous lancer dans le trail, débutant, pas débutant, marathonien, pas marathonien, coureur à pied, dilettante ou non. vous pouvez faire des stages avec Olivier, je suis sûre que c'est trop bien, même moi ça me donne envie alors que moi je déteste courir. Ouais,
- Speaker #0
bah tout de suite, au-delà de faire des stages, même fois répondre à des questions, des fois profiter en séance, c'est avec plaisir que je répondrai, vraiment.
- Speaker #1
Et on mettra tous les liens vers tes comptes, tes réseaux sociaux.
- Speaker #0
Merci ouais, c'est cool.
- Speaker #1
Merci beaucoup Olivier !
- Speaker #0
Avec grand plaisir.
- Speaker #1
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