- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur 1, 2, 3 français, le podcast des parents expatriés. Je m'appelle Audrey, je suis franco-allemande et je vis en Allemagne depuis 15 ans. Je suis maman de deux enfants nés en Allemagne et qui grandissent avec deux langues, l'allemand et le français. Je suis professeur de français langue étrangère et langue maternelle. En 2022, j'ai lancé les Franco-Expat pour permettre aux enfants francophones de Cologne et de l'étranger de garder un lien actif avec la langue française ainsi qu'avec la culture francophone. Aujourd'hui, je lance le podcast 1, 2, 3 Français afin de donner la parole aux parents expatriés sur leur expérience de l'éducation bilingue au quotidien de leurs enfants. J'accueillerai aussi des professionnels qui apporteront des conseils et donneront des idées pour soutenir ces familles expatriées.
- Speaker #1
Bonne écoute !
- Speaker #0
Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Morgane, qui s'est expatriée il y a de cela un peu plus de deux ans en Suède, avec son mari et ses deux enfants. Bonjour Morgane !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Est-ce que tu peux te présenter ?
- Speaker #1
Je m'appelle Morgane, j'ai pour l'instant encore 32 ans. Je suis française, il y a encore presque trois ans j'habitais dans le sud de la France. Et je suis mariée, j'ai deux enfants, une fille de 5 ans et un petit garçon de presque 3 ans. Et je suis expatriée en Suède du coup depuis août 2022. Et je suis professeure de yoga, voilà, professeure de yoga, je donne des cours en ligne. J'en donne peu parce que pour l'instant j'ai deux enfants en bas âge, donc je profite surtout de ma vie de famille et de mettre les choses en place après l'expatriation. Et voilà, et après, je reprendrai ma vie professionnelle.
- Speaker #0
Alors, généralement, dans les entretiens, je demande toujours comment se passe la transmission du français. Mais du coup, pour toi, pour ta famille, c'est comment se passe le maintien du français puisque tes enfants sont nés en France et qu'ils se sont expatriés avec vous.
- Speaker #1
Nous, c'est vrai que du coup, ils se sont expatriés petits. Bon, ma grande, du coup, avait trois ans quand on a déménagé. Donc, du coup, elle parlait déjà français. Et mon tout petit, il avait même pas six mois. donc du coup Du coup, on ne les parlait pas. Mais du coup, on continue, nous, à la maison, à leur parler français puisqu'on ne parle pas encore suédois. Donc, on ne leur parle quasiment qu'en français. Je dis quasiment puisque maintenant, du coup, ils parlent un petit peu suédois, eux deux. Donc, de temps en temps, ils aiment bien nous parler en suédois. Mais donc, pour continuer à parler français, nous, on leur parle en français. Ma famille et la famille de mon mari aussi, quand ils viennent ici, on retourne aussi régulièrement en France, au minimum une à deux fois par an. parce qu'il y a encore nos grands-parents à nous, donc les arrière-grands-parents de mes enfants. Et donc, c'est important qu'ils les voient pour nous encore un petit peu. On leur lit des livres en français. Ils lisent beaucoup de livres. Et on a une association, en fait, on fait partie d'une association en Suède qui réunit des parents francophones, des familles francophones. Et donc, toutes les semaines, à peu près, on voit... nos petits copains francophones avec l'association. Donc ça permet de faire des activités, d'avoir des copains aussi qui parlent la même langue, de faire des activités en français et donc de continuer à garder ce lien un petit peu avec notre culture et surtout avec la langue pour continuer à la parler, à l'écrire. Pour l'instant, ils sont petits, mais on va commencer à donner des cours de français dans l'association pour qu'ils puissent notamment... apprendre à lire et à écrire en français puisqu'on s'est rendu compte que c'était différent pour nos enfants qui commençaient à apprendre à lire et à écrire quand ils lisent des mots en français, ils les lisent avec la prononciation suédoise donc ça veut pas dire la même chose en fait on comprend pas vraiment donc voilà ils continuent à apprendre cette langue du coup alors on participe un petit peu dans cette association.
- Speaker #0
Donc c'est une association FLAM c'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça l'association FLAM oui
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous présenter justement ce que c'est une association FLAMME et nous décrire peut-être ce que vous faites dans ces activités chaque semaine ?
- Speaker #1
Donc l'association FLAMME ça veut dire français langue maternelle. Donc c'est une association française. Nous on est basé dans le sud de la Suède, dans la Scanie, ce qu'on appelle la Scanie, c'est aux alentours de Malmö. Donc l'association a été créée il me semble il y a deux ans déjà. L'année dernière, c'était la première année effective où il y a eu des activités. Donc moi, je n'y étais pas encore. Je viens d'arriver cette année, fin 2024. Mais en tout cas, c'était les premières activités avec les premiers enfants. C'était donc trois familles qui ont créé, deux mamans, un papa, qui ont créé du coup l'association pour commencer à faire des activités. Nous en avons fait quelques-unes un petit peu pour commencer à créer du lien, parler un peu, faire du bouche à oreille, parce qu'il y a quand même une grosse communauté de Français, notamment aux alentours de Malmeux. Et cette année, du coup, enfin 2024, en termes d'années scolaires, je vais dire septembre 2024 jusque-là 2025, on fait plusieurs activités. On a deux groupes. On a un groupe, donc les trois à six ans, deux six ans en fait. On accepte aussi les bébés évidemment, mais qui ne sont pas vraiment inscrits, enfin qui ne sont pas comptés dans les effectifs. Mais en tout cas, c'est à partir de 3 à 6 ans le premier groupe. Et le deuxième groupe, c'est 7 à 12 ans environ. Moi, je suis surtout sur le groupe des petits pour l'instant, puisque du coup, je n'ai pas de grands. Et c'est vrai que du coup, je ne les ai pas trop vus. Je les ai rencontrés déjà plusieurs fois, mais je ne les ai pas encore vus. J'aurai l'occasion de les voir la semaine prochaine. Et donc, on fait des réunions maintenant toutes les semaines. Au début, on en avait deux par mois. Maintenant, on en a tous les samedis. On fait de 10h à midi le samedi, on fait une présentation de la journée, on dit le jour de la semaine, on dit la date, on essaye de faire participer les enfants, on leur fait un appel, on lit un livre, donc on leur présente déjà le programme de la journée. Souvent, on commence par lire un livre, on peut aussi chanter des chansons. On a toujours une activité, on fait toujours une petite activité manuelle adaptée pour les petits et on a toujours en même temps que l'activité manuelle des jeux. qu'on peut faire. Donc on fait plusieurs espaces de jeux pour que justement les plus petits puissent jouer parce que c'est vrai qu'ils décrochent vite en général de l'activité. Les deux, trois ans, ils sont très peu concentrés. Donc ils font vite l'activité et ensuite ils vont passer sur des jeux. On est dans une bibliothèque qui est réservée pour nous, qui est fermée, enfin qui est ouverte, mais fermée pour le reste des personnes. Et voilà, on fait les activités, donc lecture, tout ça. Ça, c'est deux rendez-vous par mois. Et après, les deux autres rendez-vous, on a une activité que je donne moi, puisque je suis prestataire dans cette association, en tant que professeur de yoga, du coup, je leur fais un petit cours de yoga. C'est pareil, ils ont toujours la possibilité de quitter le cours, de revenir, ça bouge un petit peu. Mais c'est vrai qu'on a quand même un bon groupe qui est bien concentré et puis c'est vrai qu'ils aiment bien bouger les enfants. Ça leur permet de... de faire une activité où on parle de toutes les parties du corps, des mouvements, on parle beaucoup des animaux, parce que c'est vrai que pour les intéresser au yoga, souvent à cet âge-là, on fait beaucoup de... En fait, je crée une histoire, et dans cette histoire, je leur fais passer d'un animal à l'autre qu'on va rencontrer et qu'on va bouger avec pour arriver à un certain but. Et donc, on a toujours, sur cette journée-là, pareil, on lit un livre, on a toujours les jeux. Et le dernier samedi du mois, on fait une activité manuelle avec une... Une personne qui est professionnelle et donc qui nous fait faire une vraie activité. Les autres jours, c'est aussi une vraie activité, mais ce qu'elle veut dire, c'est qu'elle est plus spécifique à nous faire faire quelque chose d'un peu plus difficile que nous, on ne saurait pas faire. Et donc voilà, on a lancé cette activité. Elle a commencé juste en 2025. On a fait la première il y a 15 jours. Et toujours pareil, on lit une histoire. En fait, le premier rituel de la journée, c'est toujours de se présenter, de faire l'appel, de compter les enfants. de lire notre petite histoire. Et après, par rapport à ça, on tisse le reste de l'activité, si c'est le yoga ou si c'est l'activité manuelle. On fait aussi des jeux, on essaye de garder des jeux, notamment en français. Moi, je leur fais faire des parcours, je leur fais faire jouer à cache-cache. C'est vrai que les petits aiment bien et puis ça fédère un peu le groupe. C'est vrai que jouer ensemble, ça leur permet tout de suite, pas forcément d'être amis, mais de se dire, OK, je reconnais un petit peu des visages. Et du coup, ça me permet de jouer ensemble. commencer à discuter ensemble aussi.
- Speaker #0
C'est sympa tout ça.
- Speaker #1
Oui, très sympa. Elle est très sympa cette association et on est de plus en plus nombreux, ça marche bien, donc c'est cool, c'est un bon groupe.
- Speaker #0
Oui, du coup, est-ce qu'il y a, alors tu dis ça marche, mais il y a beaucoup de familles françaises, francophones en fait, dans cette région ?
- Speaker #1
On est nombreux, oui, apparemment à Malmeux, aux alentours de Malmeux, on est assez nombreux. Il y a une personne, je n'ai pas vérifié le chiffre, mais il paraît qu'on serait entre 3 000 à 4 000 Français dans la région de Scamie. Oui, ça fait beaucoup. Après, on a... des familles comme nous, françaises, donc je vais dire avec deux parents français qui se sont expatriés en Suède. Et on a aussi souvent du coup un conjoint français, un conjoint suédois. Et du coup, pour permettre de parler français, vu qu'ils parlent déjà suédois à l'école, on a aussi ces familles francophones. On a d'autres familles d'ailleurs, on a une maman je crois qui est canadienne. On a des personnes de plusieurs endroits qui ont toujours un conjoint français ou en tout cas un conjoint qui parle français. Et du coup, c'est pour ça que je dis plutôt des familles francophones plutôt que des familles françaises, puisqu'il y a un peu de tous les horizons. Et c'est ça qui est sympa aussi de pouvoir partager un peu sur notre culture, notamment avec les mamans, les papas suédois. C'est vrai qu'on n'a pas forcément les mêmes cultures, mais ça nous permet à ce moment-là de se rejoindre et de pouvoir... en parlant français ou anglais, puisque des fois, il y a des difficultés, alors on fait le lien en anglais, vu qu'ici, tout le monde parle anglais. Mais oui, pas mal de familles et un très bon groupe.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a d'autres actions locales ? Alors, on va dire, est-ce qu'il y a des écoles où les enfants vont pouvoir apprendre le français un peu plus que des Suédois ? Ou est-ce que, voilà, vu qu'il y a une grosse communauté francophone, est-ce qu'il y a d'autres groupes qui se font ? Ou voilà, des écoles ?
- Speaker #1
Alors, les écoles, je pense... pas, en tout cas ça ne me parle pas. Par contre, je sais qu'en Suède, il y a un programme en fait à partir du moment où je crois qu'il y a cinq enfants dans l'école qui parlent la même langue. La commune organise un groupe pour donner un cours de français, en l'occurrence là, parce que c'est le français, pour leur permettre de garder leur langue, il me semble. Je n'y suis pas encore, parce que ma petite du coup, elle est encore trop petite, et parce qu'en plus, nous c'est vrai qu'on n'est pas dans Malmeux, on est plus loin de la ville, donc on est vraiment dans un village presque. Donc nous, pour le coup, les deux seuls français, c'est les nôtres. donc je ne suis pas sûre qu'il y ait ce cours de français qui soit mis en place mais en tout cas j'en ai entendu parler qu'il fallait s'inscrire et qu'à partir de 5 français 5 personnes de la même langue ils organisaient un groupe pour permettre de parler cette langue après en termes d'école non en tout cas ça ne me parle pas et après non l'association nous l'association flamme mais je n'en ai pas entendu trop parler d'autres après moi je ne suis là que depuis la 3 ans de cette année peut-être c'est moi qui n'ai pas Très bien connaissant ça.
- Speaker #0
Ça introduit déjà ma question suivante. Comment est vu le bilinguisme ? Donc visiblement, c'est très bien vu, puisque s'ils disent à partir de 5 enfants d'une langue, il y a des cours de 7 langues maternelles. Donc je suppose que c'est bien vu d'être bilingue ou multilingue en Suède ?
- Speaker #1
Alors déjà, il faut savoir qu'en Suède, ils sont tous minimum bilingues. Même les gens, même les adultes les plus vieux que tu peux croiser, ils vont toujours te dire « Désolée, mon anglais n'est pas bon » . Et ils ont un anglais. Moi, mon anglais est très mauvais, je le sais. Mais eux, ils ont un anglais. Quand ils me disent que leur anglais, il n'est pas beau, je me dis non, ça, ce n'est pas... Après, c'est vrai que c'est facilité par rapport à la France. En Suède, les films ne sont pas traduits. Nous, en France, on a la possibilité... En fait, tout est traduit. On va dans un magasin, les livres sont traduits, la musique, bon, la musique, elle est dans la langue qu'elle est, mais les livres, les films, tout a été traduit en français. Tandis qu'en Suède, par exemple, au cinéma, le film est en version originale et on a les sous-titres en suédois. donc à part les dessins animés pour enfants à la télé qui eux sont traduits mais à partir d'un certain âge en fait les personnes ont directement accès à des oeuvres originales notamment en anglais beaucoup en anglais en tout cas et donc ça aide beaucoup en fait à développer cette langue là donc déjà les suédois sont tous bilingues pour moi vraiment je peux dire ils sont bilingues ils ont un très bon anglais en tout cas un très bon niveau Et du coup, c'est vrai que ça facilite déjà notre intégration à nous personnellement. Après, au niveau du français, ce n'est pas mal vu. Je pense que c'est bien vu, en fait, de venir d'ailleurs. Les Suédois, moi, en tout cas, je les trouve, pour ma part, très ouverts et très accueillants. Ils sont contents de nous rencontrer. On est un peu, je pense, comme de partout, pas une curiosité, mais c'est vrai qu'ils sont contents de nous voir arriver là et de se dire… Comment vous êtes arrivés là ? Quel est le chemin ? Est-ce que vous venez souvent ? On nous dit que c'est pour le travail. Donc nous, c'était pour d'autres raisons, mais ils sont contents de nous rencontrer. Et après, ils ont toujours ce trait de caractère qui nous fait rire. Au début, quand on arrivait, quand on rencontrait des personnes, elles nous demandaient toujours si on aimait la Suède. Et après, elles nous disaient, maintenant, on va falloir apprendre le suédois. Donc, ils sont très ouverts, mais ils ont aussi envie qu'on s'intègre à leur culture, à leur langue. pour faciliter les échanges. Après, vraiment, tous les échanges sont faits en anglais, donc c'est vrai que pour le français, pour nous, c'est bien d'avoir une communauté quand même pour garder notre langue. Après, ça ne nous permet pas de nous intégrer plus aux suédois, mais en tout cas, ils sont assez ouverts sur l'idée d'avoir d'autres cultures et d'autres langues. Nous, en l'occurrence, on est français, mais je sais que dans le travail de mon mari, il y a plein d'autres personnes, il y a des polonais. Il y a des tchèques. Vraiment, ils viennent un peu de tous les horizons. Ce qui les lie, c'est surtout l'anglais au niveau du travail. Mais c'est vrai que... En tout cas, moi, je n'ai pas vu cette barrière-là du fait qu'on était étrangers. On ne parlait pas la même langue et tout ça.
- Speaker #0
C'est bien ça. Ce n'est pas une évidence d'être bien vu quand on parle une autre langue maternelle, justement. Même le français. Est-ce que tu as des conseils ? pour les familles qui vont s'expatrier, donc avec des enfants comme toi, dont les enfants sont nés dans le pays francophone et donc qui vont partir à l'étranger pour maintenir justement ce lien avec le français, avec la culture aussi ?
- Speaker #1
Moi, je dirais, ce qui nous a aidés, enfin, ce qui m'a aidés, c'est vrai que mon mari avait directement un travail dès le premier jour. Moi, je me suis retrouvée avec les enfants. Mon bébé, du coup, était tout petit. Donc, du coup, j'étais encore à le garder vraiment avec moi jusqu'à ses un an, un an et demi. Donc c'est vrai que j'étais assez isolée par rapport à mon mari. Et du coup, la première chose que j'ai fait et que j'ai trouvé utile et qui a très bien fonctionné, ça a été déjà d'aller sur des groupes sur les réseaux sociaux, de trouver des groupes en fonction du pays où... on va évidemment, des groupes de francophones, déjà parce que ça nous permet d'avoir plein d'infos sur l'expatriation, sur les démarches à faire, notamment administratives. Ça nous permet d'avoir plein de conseils et ça m'a aussi permis de trouver notamment mon premier groupe de mamans francophones. C'était ce qu'on appelait à l'époque le club poussette. C'était des mamans notamment avec des bébés en congé maternité ou congé parental. C'est vrai qu'en Suède, du coup, le congé parental est très long et bien divisé pour les parents. Donc, en l'occurrence, là, c'était les mamans, mais après, on a ajouté aussi les papas. Et donc, ce groupe, ça m'a permis de me faire un premier groupe d'amis, donc déjà francophones, mais en plus, dans la même situation que moi, donc mamans avec des jeunes enfants pour permettre de se retrouver, de boire un café, d'avoir un groupe de discussion. Et c'est vrai que dès le départ, je pense que mon expatriation a été facilitée par ça. d'avoir une base de personnes francophones, une base de personnes avec plus ou moins la même histoire. Donc des fois c'était des personnes qui avaient rencontré leur conjoint en Suède ou qui s'étaient rencontrés pendant leurs études et qui étaient venues habiter en Suède. Et donc voilà, ça nous liait un peu. Donc ouais, commencer par trouver des groupes de personnes avec un peu la même expérience et tout ça. Et après... Encore une fois, rencontrer les gens. Une fois qu'on arrive directement à rencontrer les gens, on est tous un peu des horizons différents, mais avec la même envie finalement de parler français, de continuer à garder une part de nos racines aussi, à transmettre à nos enfants. Et donc ça fait forcément du bien au moral d'avoir des personnes qu'on comprend facilement, avec qui on a la même culture aussi. Parce que c'est vrai que le fait de parler anglais... finalement, on se rend compte que même si on parle anglais aussi, on n'a pas... Des fois, on n'a pas toutes les subtilités. Ce n'est pas notre langue, l'anglais, donc on n'a pas toutes les subtilités. Donc, avoir des personnes avec qui, vraiment, on sait qu'on s'est très bien compris et tout ça, c'est vrai que ça aide et ça fait du bien. Donc, oui, je pense que ce seraient mes deux conseils, vraiment, avant de partir, commencer à créer du lien, commencer à trouver les infos, commencer à trouver des personnes dans la région et tout ça. Et ensuite... Les rencontrer de temps en temps, ne serait-ce qu'une fois par mois, ça fait du bien aussi de ne pas perdre le lien social. Je pense que c'est ça qui est un petit peu dur quand on s'expatrie. Au début, on n'a plus notre famille, on n'a plus nos repères, il y a tout qui change. Et avoir ne serait-ce que cette base-là, déjà ça fait du bien et ça nous fait nous dire, OK, on est bien, on est installés, on a fait nos démarches administratives et on n'est pas tout seul. Ce n'est pas nos meilleurs amis, ce n'est pas notre famille, mais on a quand même ce lien commun et ça fait du bien. Et ça permet de continuer et de ne pas se décourager au début. Ça peut être difficile, je pense, une expatriation.
- Speaker #0
Surtout avec des enfants.
- Speaker #1
Surtout avec des enfants. Et c'est vrai, même, là, je parle surtout en tant qu'adulte, mais pour les enfants, c'est vrai que ma petite, quand elle est arrivée, elle était un petit peu à la crèche en France avant de partir. Et quand on est arrivée en Suède, quand on a commencé à aller au parc et tout ça, elle s'est vite rendue compte qu'elle ne comprenait pas les autres enfants. Et elle est assez sociable, et du coup, elle allait beaucoup vers eux, et elle ne comprenait pas pourquoi il y avait un moment cette barrière-là, qu'ils ne se comprenaient pas, ils se regardaient un peu ébêtés, qu'est-ce qui se passe, quoi. Et moi, je n'étais pas en capacité de l'aider, parce que pour le coup, je ne parlais pas un mot de suédois, et c'est des enfants, donc je ne pouvais pas leur dire en anglais non plus. Et du coup, c'est vrai que ça lui a fait du bien, quand la première semaine, puisque nous, du coup, on avait ce groupe que j'avais trouvé avant de venir, ce groupe de mamans. Et donc, dès la première semaine où on est arrivés, on les a rencontrés. Et je pense que ça a fait du bien à ma fille de se dire, OK, on n'est pas non plus complètement dépaysés. Il y a des gens que je comprends et il y a des enfants avec qui je peux jouer et qui me comprennent et voilà, et ça va le faire. Et ça a été plus facile aussi après de lui expliquer qu'il y avait nos amis francophones avec qui on pouvait parler, qui nous comprenaient et il y avait les amis qu'on allait se faire à l'école et qu'elle allait apprendre la langue et que ça allait aller. Et ça lui a gardé aussi cette base un peu.
- Speaker #0
sociale aussi de se dire ok ça va pas être tous les jours facile parce que je vais apprendre mais j'ai quand même des amis avec qui je peux jouer avec qui je peux parler quoi et justement j pense comment ça s'est passé pour ta fille cette intégration est ce qu'elle a rapidement appris le suédois est ce qu'elle a pu aller déjà dans une collectivité en
- Speaker #1
fait nous du coup on n'était pas comme j'ai dit on n'était pas dans dans le centre donc on est dans un village un petit peu plus loin et pour le coup on est dans un tout petit village dans une toute petite donc ensuite ça s'appelle la La force cola, en fait, le système est un petit peu différent. L'école en Suède n'est pas obligatoire jusqu'à 6 ans, 7 ans, il me semble. Donc, 7 ans, c'est pour donner une base. En fait, c'est le CP en France. Donc il y a un an de décalage, en France on rentre à 6 ans, l'année de nos 6 ans à la petite école, du coup aux primaires. En Suède du coup ils rentrent à 7 ans, mais l'année des 6 ans ils font une classe qu'on pourrait appeler une classe préparatoire. Oui là ils vont apprendre à être dans une classe avec d'autres enfants, donc à être assis à des tables, à faire des activités plus précises, apprendre à lire, apprendre à écrire avec un système plus scolaire je dirais, avec un programme. Avant ça, du coup, ce n'est pas obligatoire. Donc, c'est la force scola. C'est de un an à l'année des six ans. Et donc, ma fille est rentrée dans une toute petite force scola où ils étaient en tout sur la force scola, ils étaient 30. Et donc, ils étaient divisés en deux groupes, il me semble. Donc, les petits de un à trois ans. Et après, le groupe, c'était de quatre à l'année des six ans. Et donc, elle avait une super pédagogue qui, dès le début, C'était un peu la pédagogue désignée, donc c'est celle qui nous a permis de nous intégrer, qui nous a expliqué le fonctionnement de la force cola et tout ça. Après, c'est aussi facilité en Suède, puisqu'on a une intégration qui est très longue. Non, qui est bien, mais qui est plus longue. En tout cas, moi, j'ai pu rester presque trois semaines avec ma fille, avec elle à l'école. Donc, j'avais mon fils aussi qui était en poussette, donc qui faisait sa sieste. et j'avais ma fille, donc c'est vrai que la première semaine, je suis vraiment restée avec elle du début à la fin, donc j'ai fait les activités avec elle, j'ai mangé avec elle à la cantine, on a été à la sieste, j'ai vraiment participé à sa vie dans ses premiers jours à l'école, et après je me suis mis un petit peu en retrait, c'est vrai qu'elle avait du mal avec la barrière de la langue à s'intégrer, donc c'était difficile pour moi de la laisser, et de vraiment, enfin difficile aussi pour elle, de me voir partir et de... pas comprendre. Mais c'est vrai qu'elle avait cette super pédagogue qui était avec elle. C'était devenu presque la meilleure amie. Le copier-coller, elle restait avec elle tout le long. Elle lui parlait en suédois, mais elle l'aidait à s'intégrer. C'était elle qui l'amenait vers d'autres groupes, qui l'amenait au toboggan, qui l'amenait au balançoire, qui l'amenait à faire des activités avec les autres enfants. Et moi, du coup, j'ai pu me mettre un petit peu en retrait. J'étais dans l'école, j'étais dans la cour avec elle, mais je m'occupais et surtout de mon fils, je lui montrais que j'étais là. mais que je ne m'occupais pas d'elle, qu'elle pouvait être en sécurité, mais aussi s'intégrer. Donc, elle a de suite été dans une école, dans une force scola où on ne lui parlait que suédois. Et donc, c'est comme ça qu'elle a appris finalement le suédois. Aujourd'hui, ça fait... Elle n'est pas rentrée tout de suite à la force scola le temps qu'on puisse l'inscrire et tout ça, mais là, ça fait deux ans maintenant qu'elle y est. Et elle a des meilleurs amis, elle leur parle en suédois. Maintenant, je la laisse à l'entrée de la porte.
- Speaker #0
c'est à peine si je peux lui enlever ses chaussures et son nom mc ou en deux je me débrouille pas et elle a plus aucune crainte par rapport à ça c'est super alors pour finir est ce que tu as eu une ou plusieurs anecdotes sur le bilinguisme alors de ta fille puisque ton fils peut-être aussi mais du coup ta fille a vraiment vécu dans les deux pays sur
- Speaker #1
plusieurs années on va dire fille c'est marrant du coup j'allais dire ma fille mais je pense notamment à mon fils C'est vrai que pour mon fils qui est plus petit, lui, il a vraiment appris le suédois en apprenant à parler puisqu'il est rentré à la first scola, il avait un an à peu près. Donc, du coup, il a appris en même temps un peu les deux. Et c'est marrant parce que mon fils, lui, pour le coup, il ne se pose pas de questions. Il va leur parler en français, il va leur parler en suédois, il va mélanger. Des fois, c'est vrai que j'aime bien regarder quand je vais le chercher, me mettre dans un coin et le regarder. parler et il va parler la langue qui lui vient en premier quoi, le premier truc qui lui vient. Il a vraiment, bon maintenant il va avoir trois ans, il n'a pas de barrière sur le fait qu'on le comprenne ou qu'on ne le comprenne pas. Et ma fille, ma fille elle est marrante parce que du coup elle parle français et suédois. Il y a encore des mots qu'elle ne sait pas dire ou donc du coup elle ne dit pas en fait, elle essaye de détourner et d'expliquer autrement. Et en fait, ce qui est rigolo c'est qu'elle ne sait pas elle ne sait pas traduire en direct dans sa tête. Donc, elle peut nous parler français, sans problème. Elle peut parler en suédois quand elle est à la force scola, sans problème. Mais si nous, en tant que français, on lui donne une phrase à traduire, par exemple, on lui dit « comment tu dis ? » « comment tu t'appelles ? » Elle nous dit « ça, je ne sais pas le dire » . Alors qu'on sait qu'elle sait le dire puisqu'on l'a déjà vu à l'école, on l'a déjà vu avec des copains suédois au parc, elle l'a déjà demandé en direct, mais le lien se fait différemment, en fait. la traduction ne se fait pas, elle ne peut pas traduire une phrase du français au suédois. Elle sait les dire en français, elle sait les dire en suédois, mais elle ne peut pas assembler les deux.
- Speaker #0
C'est rigolo, hein ? On voit tous les mécanismes dans le cerveau qui se mettent en place petit à petit. Enfin, ça je trouve ça toujours fascinant de voir ça chez les enfants, notamment quand ils apprennent deux langues justement, de voir presque concrètement comment ça se développe dans le cerveau.
- Speaker #1
Complètement, ouais. On a l'impression que c'est vraiment deux trucs séparés, quoi. Ils ont vraiment... Le français, ce serait un peu comme on pourrait dire le français et les mathématiques. C'est vraiment deux trucs séparés chez elle. Elle parle français. Avec nous, elle parle suédois avec ses copains, mais entre les deux, elle nous dit qu'elle ne sait pas faire. Alors qu'on sait qu'elle se débrouille bien. On a demandé aussi à l'école si elle parlait, si elle participait et tout. Et il n'y a aucun problème d'intégration et de langage. Elle a un langage qui est moins développé, j'imagine. Elle a moins de vocabulaire que ses copines au même âge. Mais voilà, elle fait vraiment la distinction entre le français et le suédois. Et entre les deux, il n'y a pas de traduction possible. Elle pense qu'elle ne peut pas traduire. C'est juste que ça ne se fait pas, pour l'instant en tout cas, ça ne se fait pas naturellement.
- Speaker #0
Je te dis merci pour ce témoignage, c'était très intéressant.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Ça va intéresser beaucoup de gens, ça va rassurer aussi beaucoup de gens qui prévoient de partir avec des enfants, plus jeunes ou moins jeunes, dans un autre pays et qui se demandent justement comment va se faire ce maintien et cette intégration des enfants.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Et bonne journée, au revoir.
- Speaker #1
Merci, bonne journée à toi aussi.
- Speaker #0
J'espère que cet épisode vous a plu et je vous donne rendez-vous bientôt pour un nouvel épisode. N'hésitez pas à me partager en commentaire vos impressions et vos questions. A bientôt !