- Speaker #0
Salut, moi c'est Laura, et dans A Feu Doux, je m'assieds avec des restaurateurs pour échanger sur ce qui compte tellement dans nos vies, et qui fait aussi le sel de leur métier, les relations et le partage. Ici, ils nous racontent les liens tissés, tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Ceux qui les ont fait grandir, ou qui parfois les ont bousculés. Ceux qui ont forgé leur parcours, leur manière de recevoir, et qui continuent de les porter aujourd'hui. Toutes ces histoires qui rendent leur métier profondément humain. Alors, si toi aussi t'as toujours un peu de mal à refuser un dernier verre et t'aimes bien rester papoté en fin de service, viens t'asseoir avec nous. Aujourd'hui, Je me rends chez La Chaise Haute dans le 18e arrondissement de Paris pour rencontrer Eleonore et Xavier. En couple depuis 8 ans, ils ont ouvert leur restaurant en 2024, quelques mois seulement après l'arrivée de leur fils. Gérer deux si grands projets en même temps, ça pourrait paraître effrayant sur le papier, et pourtant, lorsqu'on les écoute, tout semble évident. Un peu plus d'un an après l'ouverture, ils semblent avoir trouvé leur équilibre au restaurant, dans leur couple et dans leur vie de famille. Pour les aider, ils ont pu compter sur leur famille et leurs amis, car, comme le dit si bien le proverbe, pour élever un enfant, il faut tout un village. Et en les écoutant, on comprend à quel point ce village peut être précieux dans la restauration aussi. Bonjour Eleonore, bonjour Xavier, merci beaucoup de nous recevoir chez la chaise haute aujourd'hui. Avant de parler un petit peu de votre projet d'ouvrir ce restaurant, de votre rencontre, etc., est-ce que vous pourriez me dire chacun pourquoi... Au départ, quand vous aviez 18 ans, vous avez décidé de vous orienter vers le milieu de la restauration.
- Speaker #1
Moi, j'ai d'abord fait une école d'hôtellerie. Après le lycée, je ne savais vraiment pas quoi faire. Et en fait, l'hôtellerie est venue assez facilement. Déjà, mon frère a fait la même école que moi, deux ans avant. Donc forcément, ça m'a donné une petite idée. Et puis après, en réfléchissant un peu... Il y avait pas mal de caisses qui Ausha justement parce que je suis très sociable. Donc tout ce milieu d'hôtellerie, j'aimais bien. Donc je me suis dit, allez, on va faire ça. Et du coup, j'ai fait Vattel à Paris pendant trois ans. Et ça m'a beaucoup plu, surtout les stages. Ça m'en a de la chance d'avoir des super stages pendant trois ans. D'abord, on fait de la restauration et hôtellerie, mais d'abord restauration. Et du coup, ça permet de découvrir tout ça. Et au bout du premier stage, je me suis rendue compte que la restauration me plaisait beaucoup. Parce que j'adore ce milieu, j'adore la nourriture, j'aime beaucoup manger. Donc forcément, ça parle un petit peu.
- Speaker #0
Et c'était quelque chose qui, dans ta famille, était très présent ou pas du tout ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. Avant tout près ? Non, non. On a eu la chance de voyager un petit peu, mais on n'allait pas au restaurant tout le temps non plus. Donc non, non, c'est vraiment venu comme ça au fur et à mesure.
- Speaker #0
Et tes parents ont accueilli ça assez favorablement ?
- Speaker #1
Oui, ils nous ont bien suivis. Justement, c'est les premiers à être venus à tous nos stages, donc tester un peu tous les restaurants. Donc c'était sympa.
- Speaker #0
Et toi,
- Speaker #2
Xavier ? Moi, c'est venu assez tôt, parce que dès l'âge de 5-6 ans, j'avais une idée de ce que je voulais faire. En tout cas, la cuisine m'attirait beaucoup. J'aimais beaucoup cuisiner en famille, faire de la pâtisserie, regarder. En fait, c'est venu de ma grand-mère, ma grand-mère paternelle, qui cuisinait très bien et qui cuisinait très simplement, mais avec beaucoup de produits locaux de... de la Drôme, qui aimait bien avoir toujours des super produits et faire des trucs hyper sains, mais vraiment sympas. Donc j'ai beaucoup cuisiné avec elle. Et puis après, il y a eu l'envie de faire de la cuisine, un peu le mythe de la cuisine avec les grands chefs qui m'attiraient. C'était avant toute la médiatisation et avant le côté très... Attirant la cuisine, c'était quand même un milieu, enfin ça reste un milieu dur, mais c'était un milieu qui était... Pas facilement atteignable, en tout cas quand on ne venait pas de ce milieu-là, c'était pas facile de se rendre compte de ce que ça pouvait être le travail dans une cuisine. Et puis les années ont passé et la passion est un peu restée, tout en n'ayant aucune accroche avec ce milieu-là, parce que dans ma famille personne n'était dans la cuisine, j'avais pas de... de tente, je n'avais pas d'amis de la famille qui avaient un restaurant, donc c'était quand même un truc un peu subjectif. Mes parents me poussaient quand même pour finir un bac général, tout en se disant, bon, on ne sait jamais, il vaut mieux assurer un minimum.
- Speaker #0
Je pense qu'à l'époque,
- Speaker #2
ils étaient un peu effrayés à l'idée. Non, je pense qu'ils savaient quand même que depuis tout petit, je voulais faire ça, donc ils l'avaient en tête. Mais quand même, ces métiers manuels, c'est assez binaire. C'est soit des lettres. troisième, tu sors du système scolaire et tu vas en apprentissage et ça fait un peu peur parce qu'on est quand même très jeune et que sortir de là sans bac pour se lancer dans une voie qui potentiellement ne sera pas la nôtre, c'est un peu compliqué. Donc on a poussé jusqu'au bac et puis après, de toute façon, j'ai réussi à rentrer dans une école qui m'a plu et qui a confirmé ce que je voulais faire et après c'était lancé. Ça, c'était chouette, mais c'est vrai que ça vient quand même, cette envie de cuisiner, elle vient d'un truc assez familial et assez primitif de la cuisine. On est vraiment de transmission. Transmission, beaux produits et puis l'envie de faire plaisir. Et puis, il y avait un peu le côté aussi d'être dans l'ombre, qui me plaisait, de faire des trucs dans l'ombre sans que ça se voit et de rendre heureux les gens à travers la cuisine.
- Speaker #0
Il y avait une volonté de transmettre un peu une part d'honneur. Est-ce que tu te souviens d'un plat particulièrement de ta grand-mère ?
- Speaker #2
Non, il n'y a pas de plat particulier. C'était assez différent à chaque fois. C'était des choses assez légères, assez simples. Des salades, beaucoup de fruits, beaucoup de légumes. Ils avaient la chance dans la Drôme d'être vraiment au milieu de plein de... Plein de maraîchers qui, on allait chercher dans les champs directement les pêches, les courgettes, on allait prendre les ravioles à côté, enfin c'était vraiment très local. Et voilà, elles faisaient des choses assez simples, mais hyper, je sais pas, ça me paraissait vachement naturel.
- Speaker #0
Finalement, tout l'amour, malgré tout, qu'elle mettait dedans. En fait,
- Speaker #2
c'est surtout ça. C'est plus qu'elle aimait beaucoup cuisiner et elle nous faisait ressentir. Peu importe ce qu'elle faisait, finalement, on était content d'être en cuisine avec elle parce qu'il y avait un côté assez naturel de la cuisine.
- Speaker #0
Toi, en tout cas, Réci, à te transmettre sa passion. Donc vous vous êtes rencontré plus tard, il y a 8 ans je crois, pendant vos expériences professionnelles ?
- Speaker #1
Oui c'est ça, moi j'étais en stage d'école et du coup j'avais un stage à faire à la montagne à ce moment-là et je connaissais bien Meugeve comme station et du coup je m'étais dit que... C'était sympa de le faire là-bas, dans un hôtel là-bas. Et puis, Xavier était le chef du restaurant de l'hôtel. Donc voilà, on s'est rencontrés là-bas.
- Speaker #0
Ça a été assez évident rapidement. Ouais,
- Speaker #2
ouais,
- Speaker #1
quand même. Ouais, ça a été évident. Ouais, ouais. Bah oui, oui, c'est assez rapidement. Après, on était... Oui, oui, oui, on est... on est très réservés au travail tous les deux. Donc, forcément, j'étais stagiaire. Ce n'était pas si évident au début. Mais après, non, non, on était assez jeunes tous les deux, en fait. Donc, forcément.
- Speaker #2
On était un peu dans une bulle aussi, parce que là, le côté saisonnier, c'est assez particulier. Ces trois, quatre mois hyper intenses, quasiment 7 sur 7. Dans un lieu donné où tout le monde quasiment habite sur place, il y a un côté presque couloureux.
- Speaker #1
Tu fais une petite parenthèse dans ta vie de tous les jours. Tu rencontres des nouvelles personnes, tu es dans une saison, et tu travailles tellement, un peu moins en stage, mais plus Xavier, que tu es en saison, tu fais ton truc, et tu retourneras dans ta vie classique après. donc c'était sympa d'être centre d'or, cette petite bulle aussi pendant 3-4 mois voilà et puis après on s'est rendu compte qu'on a dépité pas très loin à Paris donc c'était plutôt plutôt pratique.
- Speaker #0
Et pendant toute cette période un peu étudiante, premières années de vie pro, est-ce que vous avez rencontré des personnes, là-dessus deux, qui ont un peu forgé, en pensant positivement, votre parcours, qui vous ont un peu inspiré, qui vous ont donné vraiment envie de continuer dans cette voie ?
- Speaker #2
Oui, forcément, en cuisine, il y a des chefs qui marquent parce que c'est souvent quand même les chefs qui... imprime une pâte sur la cuisine et qui nous marque. Moi, j'ai été beaucoup marqué par mon premier poste avec Stéphane Duchiron, qui est un chef qui avait son restaurant dans le 17ème, qui maintenant est chef d'Alain Ducasse à Versailles, et qui à l'époque, c'était vraiment un peu ce restaurant-là, un peu ce qu'on a ouvert, un petit restaurant où on était deux en cuisine, un ou deux en salle, et petit gastro comme ça, où tout est fait maison, tout est petit. Et lui, il avait toujours eu à cœur d'avoir tout le temps systématiquement un apprenti ou en tout cas quelqu'un qui sort de l'école. Donc vraiment un tout jeune, informé et avec aucune expérience et qui s'occupait des entrées et des plats et des desserts. Lui, il prenait en charge les plats. Donc c'était une grosse charge de travail puisqu'on était quasiment complets tous les jours. Et en sortie d'école, je me suis retrouvé dans un resto en charge de toutes les entrées, de tous les desserts. avec ce chef-là, où je ne savais rien faire. En sortie d'école, on a toute la théorie, mais on n'a aucune pratique. On a peu d'expérience de la restauration, peu d'expérience de l'entreprise. Lui m'a vraiment arrivé pendant six mois, non-stop avec lui, et avec eux à deux dans une cuisine. On ne peut pas se cacher, on ne peut pas mentir, on ne peut pas essayer de camoufler un défaut. et il m'a vraiment formé et il m'a vraiment formé à fond pendant six mois. Après, il y a des chefs qui m'ont aussi marqué. Frédéric Anton, au Pré-Catalan, c'était mon premier trois étoiles. Et c'est vrai que ça a été marquant dans tout ce qui se fait de plus exceptionnel, de plus luxueux. On a la chance d'avoir des maisons où on peut voir des produits qu'on ne verra plus nulle part, des façons de cuisiner, des... Oui, des approches de la cuisine qui sont uniques, que ce soit auprès de Catalan ou de Georges V, c'est vrai que c'était deux expériences qui, elles, m'ont marqué, m'ont beaucoup marqué plutôt sur l'apprentissage et sur la partie technique et connaissance des produits, des produits de luxe, des produits de tous les jours. et tout cet apprentissage-là, au fur et à mesure, on le magazine, on arrive derrière à... Le but, c'est derrière de pouvoir le retranscrire, de pouvoir le remettre dans sa cuisine un jour. Oui,
- Speaker #0
en fait, ça s'infuse progressivement.
- Speaker #2
Et puis surtout, avant tout, avant d'avoir la technique, la connaissance produit, tout ça, c'est aussi ces boîtes-là qui vous font apprendre la rigueur, la dureté du travail, le côté... Il faut tenir parce que moi je savais que j'avais des objectifs en tête et que même dans ce petit restaurant-là du 17ème avec Stéphane, c'était super dur. Moi on était en coupure, je travaillais toute la journée quasiment non-stop. J'en ai vraiment bavé au début et je me suis dit, je me posais la question d'arrêter parce que c'était vraiment trop dur. Je suis seul dans ma chambre de bonne. J'avais à peine 18 ans et je m'étais dit que c'était un milieu qui n'était pas fait pour moi parce que c'était trop dur, il y avait trop peu d'interaction sociale avec mes amis, il y avait trop peu de liberté à côté et que c'était vraiment la cuisine tous les jours. Et puis en fait, cette rigueur qu'on s'impose et si on arrive à tenir ce rythme-là, derrière, une fois qu'on a pris un peu les aspects techniques, les connaissances produits, les deux, trois trucs à droite, à gauche, derrière c'est On va faire ce qu'on veut. Et je pense que vraiment, la base du métier du cuisinier, c'est quand même une rigueur qu'on s'impose à soi-même qui, derrière, va découler dans la cuisine.
- Speaker #0
Et tu dis que tu avais des objectifs qui t'ont aidé à tenir.
- Speaker #2
C'était quels objectifs à l'époque ? En fait, c'était un peu step by step. C'était vraiment le premier objectif. C'était finir ces six mois de stage qui, dès le début, étaient super durs. Et je m'étais dit, je savais que j'avais eu des... Des chefs à Ferrandi, des chefs en stage qui m'avaient beaucoup aiguillé et je savais qu'il fallait que je tienne parce que derrière, j'avais un peu ce truc-là, je savais que cette période d'apprentissage de 3, 4, 5 ans, parfois même, on apprend toujours, mais cette période d'apprentissage très jeune, elle est primordiale pour la suite. et que cette période-là Si tu arrives à la surmonter et à ne pas craquer, derrière, une fois que tu auras... pris un peu des épaules, que tu auras acquis de l'expérience, que tu seras un peu plus sur le toit, qu'il y aura moins ce stress-là du quotidien. Derrière, tu pourras faire ce que tu veux et je savais qu'en sortant de là, entre guillemets, j'aurais les connaissances nécessaires pour pouvoir, derrière, si je veux travailler en gastro, ou pas en gastro, en bistro, avoir mon restaurant, être salarié dans un grand groupe, tout ça, j'aurais l'expérience nécessaire. Mais il fallait tenir cette partie-là. Et en abandonnant au bout de 3-4 mois ou au bout d'un an ou deux ans d'apprentissage, j'aurais été un bon cuisinier, mais pas suffisant pour pouvoir prétendre à des postes plus élevés derrière ou pouvoir ouvrir mon restaurant et avoir de quoi dire. J'ai ma cuisine et j'en suis fier.
- Speaker #0
Cette idée déjà en tête d'atteindre un certain niveau d'excellence. Oui,
- Speaker #2
c'est ça. Mais c'est une période qui n'est jamais évidente, qui est un peu dure parce que c'est une période où on bosse énormément, où on en prend un peu plein la tête avec ses chefs, avec ses chefs de partie. Et en même temps, c'est une période qui nous construit beaucoup en tant que cuisinier d'abord, en tant qu'homme, et qui apprend à prendre sur soi, qui apprend à... être dure au mal et derrière, une fois qu'on est un peu sorti de cette période-là, c'est sûr que tout le reste est beaucoup plus facile. Je pense que malgré tout, c'est nécessaire, même s'il y a d'autres façons de faire, il y a d'autres moyens d'arriver là, mais malgré tout, ça reste quand même un milieu qui est difficile, quoi qu'il arrive, on est dans un environnement qui est... La cuisine, c'est pas on est debout, il y a un côté physique, il y a un côté on travaille midi, soir, il y a des amplitudes d'horaire, il y a la rigueur à avoir personnelle qui du coup va se retranscrire sur la rigueur qu'on va avoir dans le travail. ça c'est un des premiers trucs qu'on apprend en cuisine c'est la rigueur qu'on s'impose à nous mêmes sur les horaires sur la tenue sur la coiffure sur tout ça bah c'est pas pour nous embêter, mais c'est pour que derrière, on ait cette même rigueur quand on va dresser un plat, cuisiner, faire de la mise en place, tout ça. C'est un peu une rigueur de vie qu'on va s'imposer pour pouvoir derrière être hyper carré, ne pas prendre de raccourcis et être le plus juste possible.
- Speaker #0
Transposer la rigueur perso vers la rigueur pro.
- Speaker #2
C'est compliqué derrière. On peut être juste et précis dans ses cuissons, dans ses dressages, si soi-même on ne l'est pas ou si on a... Ça se fait, mais forcément, c'est plus compliqué.
- Speaker #0
Et toi, Eléonore, est-ce qu'il y a des personnes qui t'ont marquée dans ton parcours ?
- Speaker #1
Oui, je pense que mon premier stage, j'avais un maître d'hôtel qui était là depuis quelques années. Et je pense qu'il a senti que j'aimais beaucoup. C'était un stage où on faisait de la restauration et de l'hôtellerie aussi. Du coup, on est un peu obligés de faire les deux. Et moi, j'avais commencé par le restaurant. Et je pense qu'il a senti aussi que ça m'intéressait beaucoup. Et il m'a beaucoup inspirée parce que lui avait fait une école, mais il avait bossé assez rapidement sans faire. 6 ans d'études, etc. Et du coup, il m'avait vachement inspirée parce que moi, j'ai eu beaucoup de difficultés au lycée, etc. Et même à l'école après. Et du coup, c'est assez intéressant d'avoir des personnes comme ça. En fait, après les études, même si les études, c'est très important. Après, finalement,
- Speaker #0
ça ne fait pas tout.
- Speaker #1
Ça ne fait pas tout. Et même si on peut... de ne pas être très bon à l'école, si on travaille bien et si on a envie d'y arriver, je pense que on peut justement, juste en beaucoup bossant après, dans les premiers boulots ou les premiers stages. Et du coup, c'était assez inspirant. Et donc moi, on s'est très bien entendus. Donc c'était assez agréable de travailler avec lui. On n'a pas beaucoup travaillé ensemble, mais... Et après, non. Comme Xavier, moi, je suis passée aussi... J'ai bossé au Meurice. Et pareil, un stage. Et je me suis rendue compte assez vite que je n'avais pas envie de faire ça toute ma vie. Mais j'étais très contente de le faire. Et de faire un stage de six mois, en fait, six mois, c'est quand même assez intense. Et en fait, pareil que Xavier, c'est un peu différent parce que je suis en salle. le mieux. Le mieux, ça va être... On apprend tellement la rigueur et c'est super intéressant, c'est hyper hyper dur, c'est des mois où on se dit, justement, où il y a tellement de rigueur sur la tenue encore plus. Quand même, on palace beaucoup en cuisine, mais encore plus en salle. On est devant les clients. C'est la robe, le chignon, les talons hauts.
- Speaker #0
Il y a vraiment une image.
- Speaker #1
Oui, il y a un standing. Les talons 5 cm et pas moins. Hyper maquillé, puis si tu n'as pas d'eyeliner un jour, c'est tout. C'était vraiment ça. Alors moi, je suis plutôt coquette, ça ne me dérangeait pas. Mais bon, parfois, à ces heures du mat', le chignon tiré, c'est un peu une habitude, après apprendre. Et du coup, voilà ce que disait Xavier. En fait, si dans les vestiaires, tu es habillée comme ça, maquillée, etc., c'est vrai qu'après, en haut, tu as du coup un peu plus de tenue. Ça te permet aussi d'avoir plus de rigueur par rapport aux clients qui sont là, donc qui sont parfois quand même assez importants. Donc, moi, j'ai beaucoup appris. C'était vraiment super intéressant. Après, je vais dire un peu un truc bâton, mais c'est beaucoup Xavier, comme on a six ans d'écart. Du coup, lui a quand même travaillé... Avant moi, lui, ça fait quand même un peu plus de 10-12 ans qu'il travaille, donc plus que moi. Et il m'a beaucoup, beaucoup appris sur beaucoup de choses. En fait, on ne fait pas le même métier, mais ça se ressemble quand même vachement. Et puis, Xavier est très intéressé. Donc, il travaillait, il était chef d'un restaurant à Meugeve. Mais en fait, il s'occupait aussi beaucoup de la salle. Il s'occupait beaucoup de choses. Donc, moi, j'ai beaucoup appris. Justement, aujourd'hui, on ouvre notre restaurant, etc. On se complète bien, mais c'est vrai que, vu son expérience, j'ai bien appris grâce à lui aussi.
- Speaker #0
Est-ce que tu as eu des moments, toi aussi, où tu t'es dit « je ne peux pas continuer dans cette voie » , des moments de doute ou pas tant que ça, finalement ?
- Speaker #1
Pas tant que ça, parce que moi, j'ai quand même... Du coup, ouvert mon restaurant assez rapidement après la fin de mes études, au final. Mais du coup, non, non, moi, je n'ai pas eu de doute. Mais justement, pour revenir un peu à ce que je disais, vous aviez beaucoup appris. Du coup, c'était aussi, il fallait aussi que j'ai confiance en moi et que je me dise, j'ouvre mon restaurant aussi grâce à moi. Et du coup, pas. que grâce à Xavier qui a forcément plus d'expérience et puis est un peu plus âgé donc forcément voilà mais non sinon moi j'ai pas eu de doute je me suis enfin trouvé justement j'ai enfin trouvé ma voie donc non
- Speaker #0
pas trop de et est-ce que d'autant plus là maintenant que vous avez le restaurant etc en tant que femme
- Speaker #1
c'est un positionnement qui est difficile ce milieu de la restauration notamment maintenant aujourd'hui que tu es patronne oui oui oui sans rentrer dans le cliché ouais ouais ouais complètement pas tous les jours heureusement mais oui oui on a beaucoup l'exemple avec Xavier on pose beaucoup de questions à Xavier sur son restaurant et sa cuisine et son projet Merci. Donc, ça a été dur, non, parce que comme on sait tous les deux, c'est notre projet. Et puis, Xavier, qui nous a toujours défendus par rapport à ça. Donc, ça n'a pas été si dur. Mais bon, les premières années de restaurant, enfin de projet, plus de restaurant, on sent que ça a été, pour moi, ça a été un petit combat. De dire que toi aussi, t'as fait ton restaurant. Oui, exactement. Devant des gens qu'on ne connaît pas, des clients ou même des connaissances, on peut dire, moi aussi,
- Speaker #0
c'est un projet à deux. Oui,
- Speaker #1
exactement. Ça a été un sujet quand même. Alors, un petit peu moins là en ce moment, mais au début du projet. Parce qu'aussi, au-delà de... C'est même pas juste parce que je suis une femme, je pense que c'est aussi parce que Xavier est le chef de cuisine et je pense qu'on a cette image aussi de chef, c'est le chef qui gère un petit port de poule, qui gère tout le restaurant.
- Speaker #2
Oui, on a souvent le restaurant à son chef et à juste titre, c'est vrai que c'est souvent quand même marqué par le chef, par la cuisine du chef, mais en l'occurrence là, c'est un projet à deux et la salle fait pleinement partie de l'expérience qu'on offre. donc euh Moi, c'est le premier truc où les dizaines et centaines de premiers retours qu'on a eus, dans tous les retours qu'on avait, que ce soit des retours en direct ou des avis, systématiquement, ils nous parlaient de la salle, du service, du service souriant, de la qualité du service, de l'accueil qu'ils avaient reçu, de l'attention, tout ça. Et c'est vrai que moi, je disais souvent aux équipes à Meugev, c'est le premier truc qu'ils... Ce qui est important, c'est le parcours des clients. À partir du moment où il est réussi jusqu'à arriver à table, nous, en cuisine, on va juste mettre la petite touche finale. Mais il faut évidemment que ce soit bon, que ce soit pas raté. Mais si le client est bien accueilli, qu'il arrive avec un sourire, qu'il soit amené à table, que les cartes, l'eau, le pain, tout est bien amené. La moindre question est répondue. Si tout est OK, nous, derrière, le client va tout de suite être dans un bon mood, dans une disposition qui fait qu'il va être à même d'apprécier la cuisine. Et après, nous, on n'a plus qu'à servir, c'est du pain béni. Alors que l'inverse, un mauvais service. Vous mettez le client dans une disposition où il va être un peu énervé ou un peu déçu parce qu'il n'a pas été très bien accueilli, la serveuse est insupportable. Et derrière, il faut que nous on assure parce que…
- Speaker #0
Ça ne se sauve pas forcément. Oui, c'est ça.
- Speaker #2
C'est clairement un binôme, ça a toujours été le cas dans tous les restaurants, mais oui, c'est un vrai travail à deux. Et pour le coup, tous les retours qu'on a, c'est vraiment là-dessus. C'est et la cuisine et le service qui sont mis en avant. De toute façon,
- Speaker #1
nos clients le voient parce que déjà, on travaille tous les deux au restaurant tous les jours. Donc, ils nous voient travailler aussi. Et puis, Xavier... Xavier essaye aussi de venir en salle de temps en temps, donc les clients voient très bien qu'on travaille à deux et qu'on se complète, et c'est un travail à deux. Mais oui, c'est vrai qu'en tout cas, avant que le restaurant soit ouvert, peut-être plus avant que là aujourd'hui, mais oui, ça a été…
- Speaker #0
Un petit combat personnel.
- Speaker #1
Exactement, un petit combat personnel. Voilà, c'est un peu l'image qu'on a forcément.
- Speaker #0
Très masculin et masculin.
- Speaker #1
Et puis aussi vu, je pense, l'expérience que Xavier avait, de toutes ces expériences qu'il a eues, de ses palaces. Il a été chef quand même pendant quelques années dans un restaurant. Donc forcément, moi, je n'avais pas une norme et mon expérience avant. Mais aujourd'hui, je pense que c'est bon. j'ai fait mes prêts ta confiance finalement en toi, t'as réussi à faire la paix aussi avec toi-même au-delà de oui oui je pense que de toute façon au bout d'un an d'ouverture de restaurant on sait que c'est pas venu du tout seul il y a quand même beaucoup de travail derrière donc ça
- Speaker #0
aide aussi à reprendre confiance donc après il y a eu le Covid vous êtes parti, je crois, un an à Martigny où vous avez géré un restaurant. Puis vous êtes revenue et Léonard était déjà enceinte, il me semble. Et donc, à ce moment-là, vous vous êtes dit on va lancer deux projets, deux bébés en même temps, un restaurant et un enfant. Comment réagissent vos proches face à ça ?
- Speaker #1
En fait, les deux projets sont arrivés en même temps. En fait, c'est pas aussi fort
- Speaker #0
On a vraiment, on voulait de toute façon, on voulait un enfant et puis en même temps, on voulait un resto, mais ça s'est fait assez naturellement. Tous les deux, on ne se prend pas trop la tête, on se dit que si on a envie de ce projet, on le fait tout en regardant si c'est possible, bien sûr. Et du coup, forcément, c'était en plus, on était en martingale à ce moment-là. Donc, moi, j'étais enceinte en Martigny. On est rentrés deux mois avant mon accouchement. Donc, le but, c'était quand même de rentrer, d'avoir un peu une stabilité. Et voilà. En fait, nos proches ont plutôt bien réagi. Je pense qu'au tout début, ils n'ont pas tout de suite cru quand même. Quand on a visité des fonds de commerce, je pense que... Enfin, j'étais enceinte de huit mois et demi. Je crois que ce n'était pas hyper logique dans leur tête. On venait de rentrer de Marseille et qu'on était dans un studio. Il n'y avait quand même pas beaucoup de stabilité dans notre vie à ce moment-là. Je pense que dans leur tête, mettre toutes nos économies dans un fonds de commerce, avec le bébé qui n'était pas encore là, ce n'était peut-être pas hyper logique. Après, nos parents, ça fait quand même quelques années qu'on... On leur montre des projets et ils n'y croient pas forcément. Et on leur a prouvé, pour chaque projet, on leur a prouvé que ça marchait. Donc là, c'était juste encore un projet où il fallait un peu prouver que ça avait fonctionné. Après, forcément, on a acheté un fonds de commerce. Donc derrière, il y a quand même pas mal d'investissements. Donc c'est normal qu'ils aient un petit peu peur. Mais voilà. On a visité, ils ont vite vu que de toute façon, c'était quand même assez sérieux et que nous, on a été super bien entourés aussi pour la recherche de fonds de commerce, pour aussi trouver un avocat, etc. Donc, au final, ça s'est un peu apaisé au fur et à mesure. Ils y ont cru et puis on a trouvé un fonds de commerce assez rapidement. Donc,
- Speaker #1
progressivement, ils ont pris confiance aussi dans ce projet.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Donc ensuite, vous vous êtes installée ici, dans le 18e arrondissement. Comment est-ce que vous avez réussi à choisir ce nom, la chaise haute ?
- Speaker #0
Forcément, il y a eu quand même un peu de temps entre notre visite du restaurant, puis après toutes les petites démarches administratives. Donc, on a eu un peu de temps. C'était hyper compliqué pour le nom. Enfin, je pense qu'on s'est bien pris la tête au début. On voulait que ça signifie quand même quelque chose pour nous. Donc, on avait essayé de chercher nos noms de famille, nos surnoms, etc. Puis en fait, ça ne matchait pas trop. Après, on s'est dit un nom de légume ou une variété de légumes. C'était sympa parce qu'on a un réseau de saisons de marché. Donc, voilà. Mais en fait, il y a beaucoup de noms qui sont pris finalement. Et puis, pour la petite histoire, c'est maman d'un de nos très bons copains qui nous a conseillé, qui a juste dit « et la chaise haute, pourquoi pas ? » Et puis, moi, je n'ai pas du tout aimé au début. Je trouvais que ça venait un peu de nulle part. Et puis, au fur et à mesure, en cherchant un peu, on s'est dit « mais en fait, c'est sympa quand même, on est sur la butte, donc la chaise haute, un peu en hauteur. » Et puis, on trouvait que ça signifiait un peu quelque chose pour nous, parce que comme on a eu notre enfant la même année que ce projet-là, on trouvait que la chaise haute de bébé, du coup, c'était assez sympa. Et puis, en fait, c'est un nom qu'on retient, finalement. C'est un peu ce que tout le monde nous a dit, parce que forcément, on a un petit peu demandé l'avis à tous nos amis, nos familles, etc. Et en fait, on retient bien ce nom, la chaise haute, pas très... justement, ça ne fait pas trop restaurant. Et en même temps, c'était assez logique. Et puis après, je me suis beaucoup promenée dans Paris. Comme on est en scooter, on s'est beaucoup promenée dans Paris. J'ai regardé tous les noms des restos. Puis je me suis dit, mais en fait, on va arrêter de se prendre la tête parce qu'il n'y a aucun nom qui veut vraiment dire quelque chose. Et plus je regardais, plus je me disais, mais allez, en France. Donc voilà.
- Speaker #1
Puis ça change, il y a trois mots versus le nom de resto avec juste...
- Speaker #2
un peu plus long mais le nom est il fallait que ça colle quand même à l'image qu'on voulait donner dans le restaurant il y a beaucoup de noms qui ont été éliminés parce que ça faisait soit trop bistrot soit trop café soit trop gastro au contraire et donc c'est toujours un peu difficile de trouver le juste la juste image Entre le nom, l'image qu'on va donner de la devanture, du restaurant, tout ça, et ce qu'on veut donner dans l'assiette et dans le service. Et à chez d'autres, ça allait bien. On savait à peu près dans quoi on rentre. Ça ne fait pas trop bistrot, ça ne fait pas trop gastro. Le bon entre deux.
- Speaker #1
Finalement, vous l'êtes bien approprié aujourd'hui.
- Speaker #2
Après, c'est vrai que c'est bien long. On a mis deux semaines et puis au bout de deux semaines, c'était rentré.
- Speaker #1
Et donc, tout ça se met en place. Vous avez eu peu de travaux à faire, mais vous avez eu un peu de travaux de peinture, etc. Et là, vous avez été... pas mal soutenu par vos amis ? Est-ce que vous vous attendiez à avoir autant de soutien ?
- Speaker #0
Pour être honnête, oui, parce que c'est des amis qu'on a depuis 20 ans presque, tous 15 ans, donc on n'a pas été surpris, on a été très touchés par toute l'aide qu'on a pu recevoir, ça c'est sûr, et encore aujourd'hui. Mais oui, pendant les travaux, on a eu énormément d'aide. Encore plus après l'ouverture du restaurant, où ils ont été là, ils ont été présents dès qu'on envoyait un message. Donc ça, ça a été assez incroyable. Et on a fêté les un an du restaurant, il y a deux, trois mois. Et en fait, c'est grâce à tous nos amis, nos familles qui nous ont entourés, qu'on a pu réussir à à tenir tout le long puisque c'est quand même pas si facile donc on a beaucoup de chance d'être hyper bien entouré et ça je pense qu'on se rend compte parce que tout le monde je pense n'a pas la chance d'être aussi bien entouré et c'est vrai qu'on s'en a encore plus rendu compte cette année où aussi forcément on a aussi accepté de l'aide très facilement et on a demandé de l'aide sans être gêné parce que justement c'est nos amis depuis 15 ans donc on a vraiment euh... Moi, je pars un peu du principe, si on me propose, c'est que les gens ont envie de nous aider. Donc, moi, on a demandé à beaucoup d'amis sur pas mal de choses. Du coup, il fallait aussi gérer notre enfant, etc. Donc, on a été vraiment bien entourés pendant cette année.
- Speaker #1
Il y a un proverbe qui dit, pour élever un enfant, il faut tout un village. Et c'est, du coup, en plus... en étant du 18ème, vous vous êtes installé dans un village. C'est vraiment... Vous le ressentez, oui.
- Speaker #0
Oui, oui, vraiment, sans regarder.
- Speaker #2
On a eu quand même une grosse période où le restaurant, d'un coup, a un peu pris. Nous, on avait eu des gros problèmes de trésorerie au départ. On marchait un peu sur des oeufs parce que l'ouverture n'a pas été comme on l'avait espéré. Donc, on était vraiment très prudents. Et d'un coup, ça a pris et on n'a pas pu embaucher tout de suite parce qu'il fallait quand même attendre un certain nombre de mois pour pouvoir se dire qu'on embauche. Et donc, pendant plusieurs mois, on a eu un restaurant plein et un seul salarié et un enfant à garder et du bricolage à droite à gauche, de la plonge certains soirs. Voilà, et tout ça, on a eu beaucoup d'aide, mais un peu surtout, du jour au lendemain, j'ai un problème, j'ai un gars qui ne sait pas pointer, viens me filer un coup de main, ou je n'ai pas de nounou ce soir, ou je n'ai pas de bébé cette heure ce soir, donc est-ce que quelqu'un peut garder notre enfant ce soir ? En fait,
- Speaker #0
je pense qu'au-delà de tous ces gens, tous nos amis et familles qui nous ont aidés, je pense que ce qui nous a le plus touché c'était vraiment le fait de On les appelait et ils venaient en une heure. Et toute cette mobilisation qu'ils ont eue pour nous, qui nous a vachement...
- Speaker #2
De près ou de loin, tout le monde était un peu impliqué dans le projet quand même. Tout le monde était quand même content. Ils savaient qu'ils mettaient cette pierre à l'édifice. On ne s'était pas caché non plus que c'était une période où on avait besoin d'aide et que ça allait être compliqué pour nous, perso et pro. et qu'il fallait que... Voilà, qu'on a besoin d'aide. Donc chacun y a mis un peu du sien. On a été hyper touchés et reconnaissants de ça parce qu'aujourd'hui, pour le coup, ça marche mieux et on a moins besoin tous les jours d'être des copains. Mais ça arrive encore et on a toujours de temps en temps des petits coups de chaud. Mais c'est vrai que cette période-là a été quand même, malgré tout, assez sympa parce que du coup, ça a donné un...
- Speaker #0
En fait, ce que nos amis disaient, c'est que nous, on a vraiment l'impression, enfin, nous, nos amis qui viennent jour en demain, enfin, d'un coup, pour faire de la plonge, bon, d'un côté, on est un peu gênés et puis on se dit, ben, merci, c'était incroyable de faire ça. Et puis, moi, j'ai quand même, on a quand même plusieurs copains qui nous ont regardés en disant, mais attends, moi, j'adore, c'est génial, j'ai l'impression. De jouer à la vendeuse, ceux qui étaient en salle, ceux qui étaient à la plonge. On me disait, attends, nous on fait ça un jour, donc t'inquiète. Ça change du quotidien. Oui, ça change du quotidien. Ils étaient plutôt contents. Finalement, ils étaient plutôt contents de le faire. C'était un bon moyen de voir aussi nos amis, donc c'était pas mal. Mais non, non, c'était... Oui, là-dessus... Nos amis, ouais, nous ont pas mal aidés. Chacun avait un peu ça. Chacun nous a aidés à leur manière, quoi. Donc, c'était vraiment... Enfin, c'est toujours le cas, même, mais... Un peu moins, heureusement.
- Speaker #2
Ça a permis de montrer ce qu'on faisait aussi au quotidien. Et ouais, c'est vrai que c'est surtout des gens qui travaillent dans des métiers un peu moins manuels que nous. Donc, pour eux, c'est... C'est un peu nouveau et il y a un côté vraiment...
- Speaker #0
Oui, c'est quand même...
- Speaker #2
C'est très commerçant et très manuel, donc c'est vrai que c'est sympa.
- Speaker #0
Je pense que ça fait rare quand même d'avoir des amis qui ouvrent un restaurant. Donc je pense que tout le monde était un peu excité. Et puis nous, on aime bien partager un peu tout ce qu'on fait, donc c'est vrai qu'on a un peu mis tout le monde dans ce projet, quoi, sans vraiment le vouloir, mais c'est vrai que... On aime bien demander la vie de nos amis, etc. Donc forcément, on met un peu tout le monde dans ce projet. Je pense que c'est pour ça que tout le monde a voulu participer à tout ça.
- Speaker #1
J'ai une petite question sur votre petit garçon. Est-ce qu'il se rend compte que vous avez un restaurant ? Est-ce qu'il est encore trop petit pour l'instant ?
- Speaker #2
Non, il ne se rend pas compte. Enfin, il sait... Maintenant, il sait ce que fait papa, ce que fait maman, mais...
- Speaker #0
Ce que fait papa, j'ai appris à mon fils à manger. Alors, j'ai essayé de trouver les mots. Donc, qu'est-ce que fait papa ? Donc, c'est un chef, mais bon, qu'est-ce qu'un chef ? Non, je lui ai dit, papa, il fait des gâteaux, il fait du poisson, il fait de la viande. Puis du coup, il répète. Et puis, il répète à tout le monde que papa fait des gâteaux. Il fait des sauces aussi. Donc, c'était assez marrant. Donc, ça, il le répétait à tout le monde. On n'a pas encore expliqué que maman... C'est une détaille. Voilà. Je ne sais pas trop comment...
- Speaker #2
Il ne se rend pas compte. Après, il a vécu avec le restaurant. Donc, il a toujours... Il ne nous a jamais vus le soir. Et il a toujours eu un rythme un peu décalé avec nous. Donc, pour lui, c'est normal. Enfin, il n'a pas ce...
- Speaker #0
Et puis, on ne vit pas à côté du restaurant. Donc, je pense qu'il se rend moins compte parce qu'il n'est jamais dans le restaurant. Enfin, il a dû venir 4-5 fois quand même. Mais en fait, il ne vient jamais. Alors, je pense que si on habitait à côté, il viendrait assez souvent. Mais du coup, on l'amène rarement ici. Donc, je pense qu'il se rend moins compte. Mais en tout cas, on essaie de cuisiner avec lui. Oui,
- Speaker #1
parce qu'il nous avait envie de lui transmettre un amour de la cuisine ou de l'accueil. Oui, oui. Quelque chose.
- Speaker #0
Oui, forcément. Sans parler du métier, je pense qu'on a juste envie parce que c'est notre métier. Mais on adore aussi ça. Donc, on essaye de cuisiner avec lui parce que déjà, cuisiner avec un enfant, c'est génial. Et même à deux ans, c'est super. Donc, on essaye un peu de lui apprendre ça. Je pense que c'est... Franchement, je pense que tous les parents apprennent un peu la cuisine, etc. Oui, moi j'essaye. J'aimerais bien qu'il aime les bonnes choses, les légumes, etc. Bon, pour l'instant, ce n'est pas de testo comme tous les enfants. Non, il adore le magret de canard, donc je crois qu'il réussit. C'est chic, hein ? Il a fait goûter un jour, voilà, je crois que j'ai réussi. Mais non, il est encore petit, non ? Oui. Donc voilà, mais...
- Speaker #1
Ça se construit progressivement.
- Speaker #0
Exactement, oui.
- Speaker #1
Et donc là, vous avez réussi à trouver votre équilibre dans l'ensemble, entre effectivement votre vie familiale et...
- Speaker #2
Ça commence, oui, ça commence. petit à petit.
- Speaker #0
Ça a mis un peu de temps.
- Speaker #2
On a embauché une personne en plus en cuisine. Donc, ça nous permet de pouvoir un peu plus jongler des soirs qui sont un peu plus calmes. Moi, je peux être en salle. Il est au nord à la maison ou vice versa, moi, de pouvoir me libérer quelques soirées. Déjà, ça nous a quand même pas mal changé parce qu'on n'était là aucun soir de la semaine pendant assez longtemps. Donc déjà, de pouvoir être là un soir par semaine, c'est toujours mieux. Et puis, on a trouvé notre équilibre avec les grands-parents, avec le resto.
- Speaker #0
On est vraiment très aidés par nos parents. Du coup, on habite à... quatre rudes chez mes parents et pas très loin en voiture des parents de Xavier donc on a vraiment trouvé un équilibre et eux ont tout de suite compris qu'on avait besoin d'eux en tout cas cette année l'année de l'ouverture et du coup ils sont très présents ils gardent Raphaël vraiment très souvent donc grâce à ça il y a un équilibre donc Donc forcément, il dort souvent chez nos parents. Mais en fait, comme il y a toujours le même équilibre chaque semaine, en fait, ça se fait assez facilement. C'est tout le temps la même chose. Et puis nos parents le gardent depuis qu'il est tout petit. Donc il n'est pas du tout... Il a un rythme qui est calé. Exactement, qui est calé. Et nous, du coup, c'est un peu plus rassurant pour nous aussi. Parce que le fait de savoir qu'il dort à la moitié de la semaine en dehors de sa chambre, de chez lui, forcément il y a Parfois un peu de scrupuléité qui arrive, mais en fait, il est chez nos parents. Ses grands-parents, c'est génial pour lui, justement.
- Speaker #1
Il crée un lien avec ses grands-parents,
- Speaker #0
il fait affaire aux enfants. Et ça, pour le coup, moi, ça me rend très heureuse de le voir comme ça et de voir nos parents comme ça. Pour l'instant, on a trouvé cet équilibre. Et puis après, on verra plus tard. Mais on n'a pas l'impression, oui on travaille beaucoup, mais on n'a pas non plus l'impression de ne pas le voir du tout. On le voit juste à des moments très différents des autres parents, mais on va le voir plus le matin. On ne le voit pas le soir, mais on le voit le matin. On le voit notre week-end, mais on ne le voit pas le samedi, mais on le voit le lundi. Voilà, c'est juste savoir faire un peu différemment des autres, mais finalement on s'y retrouve bien.
- Speaker #1
Et en restant un peu sur cette question d'équilibre, vous, l'équilibre plutôt de couple, donc travailler ensemble, passer vos journées ensemble, est-ce que vous arrivez un petit peu à cloisonner ? Alors là, le resto n'a qu'un an, donc c'est quand même, j'imagine, très préoccupant au quotidien. Est-ce que vous arrivez un petit peu à équilibrer, couper ?
- Speaker #2
Couper, oui, parce qu'on a réussi assez vite à le faire sur les week-ends. Au quotidien, on a une contrainte physique qui fait que moi je suis au sous-sol et Léonard au rez-de-chaussée. Du coup, il y a un côté où on ne se marche pas dessus et chacun a son domaine de compétences et chacun fait ce qu'il a à faire. Ça ne nous empêche pas de nous conseiller ou d'avoir un regard sur ce que fait l'autre des deux côtés. Toujours plutôt bienveillant, mais en tout cas de travailler à deux. Mais du coup, le quotidien fait que on est physiquement à des étages différents et donc on a un peu nos journées différentes. On a aussi cette contrainte d'habiter assez loin du restaurant, ce qui fait qu'on y est toute la journée, après-midi comprise, et du coup de pouvoir avancer tous les après-midi sur l'administratif, les mails, la compta, tout d'un côté. Et du coup, ce qui nous permet de le week-end vraiment couper à 100%. 100% et d'avoir fait tout ce qu'on a à faire dans la semaine et de se dire, pour le coup, le week-end, dimanche, lundi, quand on rentre chez nous, on n'est pas au resto. Ça ne nous empêche pas d'avoir toujours des discussions du resto, d'avoir du temps en temps parler d'un truc ou deux. Et puis, en fait, pour le coup, le fait d'avoir notre enfant, ça nous coupe assez vite parce qu'on a ce quotidien. Bah, du lever, des repas, des courses, des machins, qui fait qu'en fait, t'as pas le choix de penser à autre chose et d'être focus sur autre chose. Et pour le coup, l'équilibre se fait assez naturellement. Il faut un peu certaines choses un peu se forcer ou un peu se cadrer. C'est une règle un petit peu. La règle, c'est quand même le week-end de ne pas parler de boulot, de ne pas regarder les mails, de ne pas être focus là-dessus. Mais ça se fait, moi je trouve qu'en semaine, ça se fait assez naturellement. Après, on a toujours vécu un peu comme ça. On a eu pas mal d'expériences professionnelles ensemble aussi, donc on avait déjà travaillé ensemble et je pense que ça a aidé aussi.
- Speaker #0
Et après, je pense qu'on s'est tellement mis aussi dans la tête que c'était la première année aussi du restaurant. On n'a pas été trop durs non plus avec nous deux, même en se disant, voilà, oui, parfois ça peut être dur et cette année, elle va être dure et on ne trouvera peut-être pas cet équilibre tout de suite. Que ce soit avec Raphaël, que ce soit tous les deux. Voilà, on n'avait peut-être pas le trouvé tout de suite, mais en tout cas, on était assez conscients de ça. Et du coup, je pense que ça nous a aidés aussi à avancer et à se dire, c'est pas grave. Oui, bon, là, on ne fait que bosser. Le week-end, on ne fait pas grand-chose. Et voilà, mais le plus important, c'était de voir Raphaël. Et puis... Et puis c'est tout. Et le plus important, c'est de trouver un équilibre plus tard.
- Speaker #1
C'est l'été tolérant avec vous-même.
- Speaker #0
C'est assez tolérant, oui, exactement. Je pense qu'on savait que ça allait être dur. Et du coup, on est assez conscients de ça. Et voilà, c'est pas grave.
- Speaker #2
L'équilibre, tu le trouves aussi dans le soutien qu'on peut s'apporter l'un à l'autre. Parce que c'est aussi une contrainte au quotidien d'être constamment ensemble. mais il y a aussi d'une autre façon d'une d'une d'un autre côté, un soutien que tu as au quotidien. Et d'une personne qui sait ce que tu vis tous les jours, je pense que d'être avec quelqu'un qui est dans la restauration, sans être dans la restauration, c'est toujours difficile parce que tu n'as pas de notion de ce qu'il vit. La charge de travail, ça, ok, tu peux l'imaginer, mais le côté coup de feu du service, amplitude horaire, Parce que toutes les émotions qu'on peut recevoir tous les jours, le fait d'être à deux, ça nous permet de nous comprendre et de nous épauler l'un l'autre. Et on le voit, en une année, au-delà de la fatigue, des rythmes qu'on s'impose, on a eu chacun des périodes de mou, des périodes différentes, pas liées au restaurant, mais des périodes de mou, un peu de manque de motivation, de manque de... On a l'impression de faire toujours un peu la même chose, d'être dans un truc, dans une machine à laver quotidien, tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et c'est vrai que d'avoir son restaurant, on ne peut pas se permettre de ne pas être là, on ne peut pas se permettre de lâcher, on ne peut pas se permettre de se dire, bon, je suis un peu crevé, je ne vais pas au boulot, ou j'ai un mariage, je ne viens pas ce week-end, ou il y a un truc. En fait, c'est la guerre. On n'est pas beaucoup, donc il n'y a pas le choix. Il faut qu'on soit là. Il n'y a pas le choix, il faut assurer. Il faut être là pour les équipes, pour les clients. Et d'être à deux là-dessus, c'est quand même pas mal.
- Speaker #1
Et justement, est-ce qu'il y a quelque chose chez l'un et chez l'autre que vous admirez, toi Eléonore, chez Xavier, dans le travail, et Xavier chez Eléonore ?
- Speaker #2
Oui, il n'y a pas qu'une chose. Oui, il y a plein de choses. Moi, j'admire la façon dont elle travaille déjà, premièrement, son sourire, son accueil, sa bienveillance vis-à-vis des clients, son côté hyper ouvert aux autres qui fait que les gens se sentent bien chez nous. J'admire... Son côté où elle arrive à faire la part des choses justement avec notre enfant, où elle est pleinement mère et pleinement chef d'entreprise et elle arrive à concilier les deux.
- Speaker #0
C'est bien le sujet. Non, oui, ben...
- Speaker #2
Et puis elle a un sens du... De la communication, ce qui fait que c'est vrai qu'en tant que chef d'entreprise, c'est important parce qu'elle sait aussi quand est-ce qu'il faut parler, quand est-ce qu'il faut ne pas parler. Moi, je l'ai eu beaucoup en management avec des grosses équipes en cuisine, mais c'est vrai qu'elle m'épaule vachement là-dessus, avec les employés, sur « ok, bon là, on se pose, on leur dit ça, ça, ça » . Ça là-dessus, elle arrive à mettre des mots sur des trucs où nous, en cuisine, on est un peu plus… Un peu plus renfermé, un peu plus... On bosse, on sait ce qu'on a à faire, on se parle, mais sans se parler vraiment.
- Speaker #1
C'est ce que tu disais en fait. Plus dans l'ombre.
- Speaker #2
Alors qu'on passe la journée ensemble en cuisine, mais on ne va pas forcément se dire les choses qu'il faut se dire. D'un point de vue chef d'entreprise à employé, et ça, là-dessus, elle arrive à communiquer plus facilement avec les employés, ça c'est clair.
- Speaker #0
Et moi, non, je suis animée à faire pas mal de choses. Pour le boulot, je trouve que son professionnalisme est assez incroyable. Il arrive à un peu tout gérer, que ce soit sa cuisine. Sa cuisine est quand même assez incroyable. Et je pense que je m'en rends compte encore plus maintenant qu'on a ouvert. Et c'est vraiment sa cuisine à lui. ses assiettes et du coup moi j'ai toujours déjà je trouve que tous ses plats sont incroyablement bons mais donc du coup son travail il travaille très bien, il est très rigoureux sur pas mal de choses et du coup ça sur tout le restaurant moi je suis un petit peu plus désordonnée et du coup son côté carré du coup qu'il a en cuisine parce qu'en cuisine on est quand même obligé d'être un petit peu carré et maniaque sur les bords et du coup ce côté là vous êtes beaucoup sur le restaurant parce que c'est lui qui du coup gère un peu les trucs un petit peu plus carré où il y a plus besoin de rigueur et ça vous vous équilibrez bien en fait dans vos forces et dans vos faits par rapport à tout ça
- Speaker #1
Et qui est-ce qui cuisine à la maison ?
- Speaker #2
Eh bien, vu qu'on n'y est ni au jeûne ni le soir, la question est vite à conduire.
- Speaker #0
Plus que les petits pots de notre fils plutôt.
- Speaker #2
Non, vu qu'en semaine, pour le coup, on n'y est jamais, donc ça c'est assez rapide. Le week-end, en gros, c'est plutôt tous les deux.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Moi, je n'aime pas trop cuisiner à la maison. Oui.
- Speaker #1
Et pour recevoir, etc.
- Speaker #2
Pour recevoir plus, ça me fait plus plaisir. Mais j'ai plus de mal à me lancer dans les trucs dingues à la maison parce que j'y suis toute la semaine. Et que j'ai pas le matos, j'ai pas l'ambiance. Ça me fait moins marrer de faire un truc simple. Même qui peut être très bon. Mais pour le coup, le faire à deux, pour le coup, ça j'aime bien.
- Speaker #0
On mange beaucoup de pâtes à la maison.
- Speaker #1
On peut finir peut-être par quelques petites questions. Si un couple vous demandait conseils pour se lancer dans la restauration, qu'est-ce que vous leur donneriez comme conseils ?
- Speaker #2
Je pense que c'est une super aventure et qu'il faut y aller sans hésiter.
- Speaker #0
Pour ne pas trop se poser de questions.
- Speaker #2
Oui, il ne faut pas trop se poser de questions. Il faut être vraiment avare de travail et de temps. C'est un projet qu'on ne peut pas prendre à l'égère. Parce que vraiment, c'est un truc où nous, c'est un bébé. Mais je pense que tu ne peux pas ouvrir un restaurant si ce n'est pas à 100%.
- Speaker #0
Ce n'est pas à 100%. Nous, c'est un peu le projet, pas forcément la chaise haute qui est le projet d'une vie, mais de construire ça, d'avoir un restaurant, etc. C'est vraiment le projet d'une vie. Du coup, je pense qu'il faut être hyper tolérant. Ça ne veut pas dire qu'il faut s'oublier, il ne faut pas oublier du tout notre couple, mais en tout cas, il faut juste se dire, en fait, c'est normal. C'est normal si on est fatigué, c'est normal si on ne s'entend pas bien pendant quelques semaines. En fait, on vit ensemble H24, donc enfant ou pas enfant. Donc non, moi je pense qu'il faut vachement de tolérance et juste, si tu avais envie de faire ça en couple, ça veut dire que ça va marcher. Parce que les couples qui ne peuvent pas bosser ensemble, ils ne le font pas et ils savent que ça ne va pas marcher. mais voilà il y a des couples qui se sont fait pour ça et je pense qu'il faut suivre à fond cette idée là et oui c'est dur mais heureusement que c'est dur sinon on s'ennuierait un peu franchement si c'était pas dur donc Il faut se lancer.
- Speaker #1
Il faut se lancer et être bien entouré. C'est ça qui nous a sauvé. Il faut avoir un peu de vécu aussi derrière. Parce qu'il ne faut pas se lancer comme ça sans avoir jamais travaillé en restauration ou sans jamais avoir eu une expérience en cuisine, en salle. Et tout en gardant en tête aussi que la restauration, c'est un milieu qui... qui margent assez peu. On a des rentabilités qui sont très faibles, 2 à 3 %. Donc, il ne faut pas se dire qu'on va faire ce métier compte tenu du nombre d'heures pour l'argent. Parce que c'est un nombre d'heures qui est incalculable pour une rentabilité qui est très, très faible. Donc, il faut le faire pour la passion du métier, pour l'amour du métier, pour être rentable et gagner de l'argent aussi. Parce que c'est le but d'une entreprise, c'est le but de n'importe quelle entreprise qu'on crée. Mais ce n'est pas là-dessus qu'on va... On va devenir millionnaire, donc il faut aimer.
- Speaker #2
C'est vraiment votre passion. Oui. Exactement. Est-ce que depuis l'ouverture, il y a un ou plusieurs clients qui vous ont particulièrement marqué ?
- Speaker #0
Moi, je dirais pas forcément un, mais j'ai quand même des clients un petit peu habitués. Et moi, ce qui m'a marquée, mais pas forcément qu'eux, mais tous les clients, moi, ce qui me marque, c'est tous ces gens qui sont hyper intéressés à notre projet, notre vie et à tous les deux. Et ça, ça m'a vachement étonnée et surpris. Au-delà de « ils aiment le resto » , « ils ont aimé ce qu'ils ont mangé » , etc. « ils ont bien aimé le service » , c'est… vraiment ces clients-là qui ont adoré notre projet, notre histoire, etc. Et du coup, ça, ça m'a vachement marquée.
- Speaker #1
On sentit qu'ils étaient dans une maison familiale. C'est vrai que c'est ce qui ressort aussi. Moi, ce qui m'a marqué, c'est quand même que je suis toujours très méfiant et je n'ai jamais l'impression que ça va plaire vraiment à 100%. et le premier... La première surprise, c'est que les retours sont super, super bons, et tant mieux, et pour la cuisine, et surtout pour la salle. Mais aussi que les gens ont la sensation de nous connaître.
- Speaker #2
Il y a une proximité, en fait. Ils sont contents de voir l'évolution du restaurant, tout ça. Et en fait, c'est plus ce qui est marquant, c'est pas un client entre autres, mais c'est la relation qu'on peut... entretenir avec ces clients-là, qui parfois sont juste des clients d'un soir, parfois ce sont des clients qui vont revenir régulièrement et à qui on va apprendre à connaître. Mais ce truc-là, moi c'est ce que j'aime dans la restauration, dans la cuisine, c'est qu'en un soir, on va essayer de te donner des émotions, on va essayer de te faire vivre une soirée par le cadre, par le lieu, par l'accueil, par l'ambiance, par la cuisine. et tous ces trucs-là mis bout à bout bah... Quand on a un retour qui est positif parce qu'ils ont passé une super soirée, même si on n'est pas un gastro trois étoiles et que ce ne sera pas peut-être la soirée de leur vie, il n'empêche qu'on a quand même réussi à leur faire passer un certain nombre d'émotions, qu'ils se sont sentis bien et qu'ils ont passé la soirée entière ici, qu'on a du mal à les mettre à la porte à la fin parce qu'ils se sentent trop bien. C'est trop chouette. Tu me disais tout à l'heure, effectivement... ta grand-mère, etc., que les gens étaient heureux. Les gens sont heureux en partant.
- Speaker #1
Moi, c'est vraiment le premier but quand je cuisine. Le premier truc, c'est de rendre les gens heureux. C'est clair. C'est ce qui est le plus gratifiant pour un chef. Au-delà des prouesses techniques que tu peux faire, d'avoir fait un grand plat, d'avoir fait tout ça, c'est super. Mais le ressenti, l'émotion du client, c'est quand même la première satisfaction pour un chef et pour un restaurateur.
- Speaker #0
Mais oui, c'est vrai, on a quand même une super clientèle ici aussi. On s'en est rendu compte au bout d'un an quand même qu'on a vraiment des clients adorables qui sont vraiment très contents d'être là et donc c'est vraiment chouette. Et du coup récemment, il y a quelques semaines, j'ai un couple qui est venu au moins cinq fois. depuis l'ouverture, ce qui est quand même beaucoup, 4 ou 5 fois, qui n'habitent pas du tout à Paris, qui habitent en banlieue, qui habitent à 45 minutes d'ici en voiture. Et ils m'ont encore dit, on a vraiment pas mal discuté cette fois-ci, et ils m'ont encore dit, nous on adore venir là, on adore venir avec nos amis, nos familles, et puis même si c'est loin, je me souviens de la famille qui était venue, et même si c'est loin, c'est trop génial, on se sent bien, c'est bon, c'est exactement ce qu'on aime. Donc c'est assez agréable. Ils reviennent en fait. Ils reviennent. Et pourtant, il y en a plein, des restaurants sympas, bons, etc. Et ça, c'est sympa de se dire, waouh, ils viennent de loin et...
- Speaker #2
Ils se sentent tellement bien qu'ils reviennent.
- Speaker #0
Oui, exactement. Donc non, franchement, en général, on a vraiment une clientèle assez agréable.
- Speaker #1
Et puis c'est ce qui nous fait tenir aussi au quotidien.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
On parle de la difficulté du métier, de la difficulté du quotidien, de tout ça. Quand même, ce qui nous fait tenir, à la finalité, c'est les retours clients.
- Speaker #0
Les retours clients, évidemment.
- Speaker #1
Ça le remplit de voir que les gens sont contents. Ça, il n'y a pas mieux quand même.
- Speaker #0
Évidemment, quand on a des clients pas contents, ce qui est déjà arrivé, et heureusement, c'est toujours... Voilà, ce n'est pas grave, heureusement que tout le monde n'aime pas notre cuisine. Mais ça fait toujours un petit coup et on se dit toujours... Oh, Rosmang, notre client. mais voilà et encore une fois heureusement que tout le monde n'aime pas notre cuisine et notre restaurant parce que c'est super bien d'avoir des retours qui sont un peu différents mais c'est vrai que c'est ce qui nous fait tenir d'avoir des clients qui sont super contents et comme nous c'est tellement toute notre vie en ce moment on donne tellement tout que c'est quand même agréable d'avoir des retours d'avoir une certaine reconnaissance et peut-être une toute dernière mais peut-être Merci.
- Speaker #2
On rejoindra sur les réponses. S'il y a une seule leçon que vous avez apprise grâce à la restauration sur les relations humaines, ce serait quoi ?
- Speaker #1
C'est un peu particulier parce qu'en cuisine, j'ai eu beaucoup de cas et d'exemples de jeunes avec qui j'ai travaillé qui étaient soit un peu perdus, soit qui n'avaient pas des super CV, soit qui étaient sur le papier pas géniaux et qui... Le fait d'être ensemble en cuisine quasiment à 24 fait que leur motivation, leur envie d'apprendre la cuisine les a surpassés, les a fait devenir des cuisiniers super. Et j'ai plein d'exemples de jeunes qui se sont vraiment libérés et découverts à travers la cuisine, sans avoir un parcours forcément extraordinaire d'avant, sans avoir des grandes écoles de cuisine ou sans avoir... connus des palaces ou des trois étoiles et de par leur motivation et leur envie d'apprendre et leur curiosité, ça les a... Voilà. Après, encore faut-il avoir un peu les armes et quelqu'un, un chef ou un sous-chef qui t'aide à développer tout ça, mais là-dessus, c'est clair qu'en cuisine, c'est un vivier de... Il y a plein de choses à faire. Et il n'y a pas de mauvais profils. Il n'y a pas de mauvais profil, il n'y a que des histoires à construire avec des gens qui sont hyper divers. Et ça, c'est d'autant plus dur du coup qu'en fait, un CV ne veut pas dire grand-chose. Il y a tellement de possibilités que parfois, on a été déçu par des super CV et surpris par des CV pourris.
- Speaker #2
On peut se révéler au-delà du papier et du parcours académique.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Mais je pense que comme c'est un métier qui est un petit peu différent, la restauration qui rassemble un peu tout le monde par rapport à d'autres métiers.
- Speaker #1
Tous les milieux, oui.
- Speaker #0
Tous les milieux. Et par rapport à d'autres métiers où, malheureusement, mais voilà, chaque métier peut un peu rassembler son milieu aussi. Donc forcément, du coup, nous, on est un peu avec tous les milieux. Et on est avec tous les milieux. Et du coup, c'est hyper intéressant aussi parce que tu rencontres tout le monde, tu n'as pas du tout la même vie que ton collègue, tu as des vies tellement différentes, etc. Mais du coup, c'est trop chouette parce que tu viens du même milieu, tu ne peux pas t'entendre.
- Speaker #2
Tu te réchignes l'autre aussi.
- Speaker #0
Exactement, oui. Et ça, je pense que tu l'as vraiment particulièrement en restauration, mais je pense dans plein d'autres métiers comme ça. En tout cas, en restauration, en hôtellerie, tu l'as vachement. Et du coup, c'est assez agréable parce que déjà, ça ne te ferme pas. Et tu n'es pas que dans ton milieu, que avec les mêmes copains, etc. Donc, je pense que forcément, ça t'enrichit sur plein de choses. Et puis, voilà.
- Speaker #2
Merci beaucoup à tous les deux.
- Speaker #0
Merci Laura. Merci Laura.
- Speaker #3
C'est déjà la fin de notre échange, mais si tu souhaites toi aussi rencontrer Eleonore et Xavier, tu peux te rendre chez la chaise haute, au 40 de Rivéron, dans le 18e arrondissement. Tu verras, leur cuisine est délicieuse et on est vraiment très bien accueillis. J'espère que tu as passé un bon moment et que tu as apprécié cet échange. Pour découvrir les coulisses du podcast et rester informé des prochains épisodes, tu peux suivre afeudou.podcast sur Instagram. En attendant, je te souhaite de bons petits plats mijotés, beaucoup de douceur, et te dis à très bientôt pour une nouvelle rencontre. Toujours à Feudou.