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Africa Fashion Tour

Amélie Essesse, architecte spécialiste de la gestion du patrimoine

Amélie Essesse, architecte spécialiste de la gestion du patrimoine

38min |20/11/2025
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Amélie Essesse, architecte spécialiste de la gestion du patrimoine

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38min |20/11/2025
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Description

Les 3 leçons d'une architecture africaine, identitaire et éco-responsable.


J’ai eu le plaisir d'interviewer Amélie essesse, architecte spécialisée dans le patrimoine, surnommée katirou au Burkina Faso pour son engagement. sa vision est un pilier du soft power africain.


Son travail va bien au-delà de la brique ; c'est un plaidoyer pour un habitat qui réconcilie tradition, dignité et modernité.


Les 3 leçons à retenir de cette masterclasse :

  1. le choix radical de la terre 🌍 : l'utilisation des matériaux locaux n'est pas un retour en arrière, mais un choix d'avenir. la terre, avec ses propriétés thermiques exceptionnelles, minimise l'empreinte carbone et offre une indépendance matérielle face aux importations coûteuses et polluantes.

  2. l'architecture comme soft power : l'habitat est un vecteur d'influence culturelle, au même titre que la mode ou le cinéma. amélie essesse rejette le terme générique "africain" et milite pour une approche glolocale qui valorise la richesse et la diversité des savoir-faire propres à chaque ethnie et à chaque pays.

  3. l'impératif de dignité : l'immobilier en afrique doit se questionner : valorise-t-il le patrimoine ? confère-t-il une dignité à ses habitants ? son approche holistique (génie civil, architecture, développement international) prouve que l'esthétique et l'écologie ne doivent plus faire de compromis.


Amélie Essesse est une voix essentielle pour la renaissance constructive africaine, invitant à bâtir un avenir prospère sur des fondations ancestrales.


Si vous êtes curieux de découvrir les architectures du continent au 54 pays, cet épisode est fait pour vous


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • amelie

    Voilà, il y a une diversité de typologies architecturales. Je parle de ce qu'il y a beaucoup. On peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages. en terre, en bambou, etc., il faut qu'on les préserve, il faut qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent.

  • ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique, et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Amélie Essécé. Elle est architecte spécialiste de la conservation et de la gestion du patrimoine. Elle milite pour un habitat respectueux des êtres humains et de leur environnement et elle a été surnommée Katiru par les femmes au Burkina, ce qui signifie la femme qui construit avec la terre, celle qui fonde. Je l'ai invitée aujourd'hui afin qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses initiatives pour proposer de nouvelles ambitions créatives en architecture en Afrique. Bienvenue Amélie, comment vas-tu ?

  • amelie

    Bonjour Ramata, Thialo, merci. de m'avoir invitée, je le fais bien. Et je suis ravie d'être avec toi et avec toute ton équipe pour cette interview. Voilà, donc je suis effectivement architecte, mais j'ai un parcours assez atypique. J'ai fait un bac génie civil bâtiment avant. Et donc ensuite, j'ai atterri à l'école d'architecture de Charenton. C'était une expo aux arts où j'ai appris à faire de l'architecture et de l'art. Et j'ai terminé mon diplôme des PLG, c'est-à-dire diplômé par le gouvernement, à la Villette, à l'école d'architecture de la Villette. Voilà. Ensuite, je me suis spécialisée en 2SS à l'époque. C'était comme ça. sur la thématique coopération internationale et développement, parce que ça m'intéressait aussi de faire de la coopération, notamment dans nos pays d'Afrique. À partir de là, j'ai commencé à travailler en agence d'architecture à Paris. Et ensuite, je ne sais pas si... Après mon diplôme, en fait, j'ai... J'ai été marquée par une architecture en terre. Je me suis formée par les communautés locales au Burkina Faso, au stade Burkina Faso à Pau, dans le Nauri, puis dans la cour royale de Tibélé, qui est une architecture emblématique, organique, qui raconte une histoire d'une communauté, d'un peuple, avec Ces formes rondes, carrées, qui ont toute une signification, et des décorations, des gravures et des décorations faites par les femmes. Ça m'a beaucoup, beaucoup intéressée. Et c'est comme ça que j'ai demandé aux communautés de me former. Bien que j'ai été bientôt diplômée architecte, je me suis formée par les communautés. Donc les hommes m'ont appris à construire en terre. avec le système, la technique de la boule de terre, on appelle ça la bouge. Ensuite, j'ai appris l'autorchie, etc. Les femmes ont appris à faire des enduits en terre et des peintures naturelles, parce que c'est leur travail. Après la construction de l'état brut de la bâtisse, c'est les femmes qui interviennent dans les enduits et les peintures, et les peintures-décorations qui sont aussi. des symboles liés à la culture du peuple Kasséna. Et face à tout cet enrichissement par les communautés, j'ai décidé de me spécialiser. J'ai fait une formation dans le centre de recherche à Grenoble sur l'architecture de terre. Et donc, j'ai eu mon certificat en tant que conservateur. du patrimoine architectural interne. Ensuite, j'ai continué à promouvoir ce patrimoine architectural africain, aussi bien en architecture de terre qu'en architecture de bois, de bambou ou de végétal. Comme vous le savez, le Camel Afrique a beaucoup de diversité. psychologie architecturale qui raconte les histoires des communautés. Et donc, ça m'a beaucoup intéressée parce que je trouve que cette architecture, c'est une architecture vivante, parlante, qui représente une identité, une culture d'un peuple. Ensuite, j'ai créé cette association qui s'appelle... bâtir et développer pour un environnement sain, qui est devenu aujourd'hui un club UNESCO, un club affilié à l'UNESCO, et qui continue ce travail de promouvoir le patrimoine architectural, aussi bien matériel, patrimoine culturel, matériel et immatériel, matériel architectural, mais culturel aussi dans tous les sens du terme, dans les pays d'Afrique, mais aussi en Europe. Voilà, je pense que je me suis un peu présentée. Et puis, oui, ça m'a permis de faire des chantiers de restauration au Niger, au Mali. Je suis allée aussi au Cameroun. Et j'ai intervenu aussi... dans le cadre d'identification des sites à classe au patrimoine mondial, en faisant des missions d'expertise à l'UNESCO, Centre du patrimoine mondial et de l'Unité d'Afrique, où j'accompagne aussi les pays à promouvoir leur patrimoine et à promouvoir la Convention de 1972 sur la conservation et la gestion du patrimoine culturel, notamment en Afrique. Et puis moi-même, je réalise des projets de construction qui mettent en valeur les matériaux locaux, notamment la terre, le bois, le bambou et pourquoi pas le végétal, pour promouvoir ce patrimoine qui est très riche et qui est très peu connu, ou pas beaucoup en tout cas. j'essaye de promouvoir ce patrimoine exceptionnel. J'étais un peu longue, non ?

  • ramata

    Le Vite News Podcast, c'est de te donner justement l'opportunité de t'exprimer. Tu as le temps, tu as une heure devant toi, donc tu peux être aussi longue que tu le souhaites. Tu ne seras pas interrompue. Donc, en tout cas, je te remercie pour avoir été aussi détaillée dans tes explications. Donc, ce que tu évoques, c'est cette notion de... d'utiliser des techniques, des savoir-faire qui sont peu connues.

  • amelie

    Oui, effectivement. C'est un peu comme je disais, le fait d'avoir fait un génie civil et d'avoir travaillé aussi sur le continent me permet de dire, voilà, nous aussi, on a une identité architecturale qu'on doit présenter. Et donc, aller vers ces matériaux qui sont adaptés à nos climats, parce que pourquoi... Nos édifices, moi je les appelle contemporains, quand on voit des architectures de terre emblématiques, de pierres, de bois, de bambous, qui sont toujours debout depuis la nuit des temps, ça veut dire que cette architecture-là avait un sens et a du sens. Parce que non seulement elle s'intègre à l'environnement, mais en plus de ça elle s'adapte. et nos anciens, nos bâtisseurs et bâtisseuses, et je peux dire même nos architectes, ingénieurs, ont perçu ça et ont fait des architectures vernaculaires extraordinaires. et qui sont adaptés. Et donc, c'est vrai qu'avec l'avènement des matériaux, disons, modernes, enfin, on dit ça moderne, le ciment, il est issu de la terre, il est issu du sable, il est issu de tout ce que la nature nous a donné. Donc, il vient aussi de ces concepts-là. donc du coup Pour moi, il est important que nous aussi nous montrons notre identité. Quand on va en Normandie, on va voir l'architecture de terre avec des maisons en colombage, mais qui sont en bois et avec la terre et de la chaux. Et nous aussi, on a ces architectures en colombage en Afrique. Mais pourquoi ? Et moi, l'idée, c'est effectivement de faire ça, c'est-à-dire de dire à tout le monde que... Nous avons des matériaux qui sont adaptés, nous avons des technologies qui sont là, qui peuvent être revisitées, améliorées, mais essayons d'avoir notre propre identité architecturale. Parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'un peuple, d'un pays, d'un continent. Et nous, nous avons, parce que notre patrimoine architectural est ancré dans notre identité culturelle. Quand on va chez les bakas de la forêt tropicale en Afrique centrale, c'est des architectures végétales avec des feuilles spécifiques, avec une structure architecturale emblématique qui, quand on monte dessus, non seulement elle ne s'affaisse pas, mais en plus de ça, elle est perméable. Et donc, ça fait que la structure existe et c'est lié avec cette communauté qui vit dans la forêt et qui a su construire une architecture. À nous, architectes, de prendre cette structure architecturale qui est végétale et de l'adapter avec une architecture contemporaine d'aujourd'hui, avec peut-être des matériaux d'aujourd'hui éventuellement, mais en se référant sur cette architecture complémentaire qui est l'architecture des peuples autoconservateurs. autour d'Afrique centrale. Je peux prendre encore l'architecture, on a parlé beaucoup d'architecture de terre, l'architecture Kassina qui est aujourd'hui inscrite, la partie burkinabée qui est aujourd'hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, montre encore cette architecture emblématique en terre avec une cosmogonie extraordinaire, une passion d'habiter qui est... On rentre... dans la terre pour se protéger, d'avoir les énergies positives pour pouvoir respirer, conserver la fraîcheur quand on a 45-50 degrés à l'extérieur. Je peux parler de l'architecture nomade de Djibouti, par exemple, où les populations, c'est toujours des femmes d'ailleurs, puisque l'architecture nomade. est une architecture au féminin, où la structure est pareille, avec du bois récupéré, et avec une façon de tisser la natte pour qu'elle soit perméable, imperméable à l'eau, avec des techniques et des matériaux naturels, un savoir-faire de tissage extraordinaire. Et c'est ça qui fait la beauté de l'abri.

  • Est-ce que tu peux nous parler d'autres techniques provenant d'autres pays d'Afrique ?

  • amelie

    L'architecture en bambou, à l'ouest du Cameroun, avec cette forme pyramidale inversée des peuples de l'ouest, ou encore l'architecture surpilotée des peuples sawas du Cameroun, avec aussi toute cette forme architecturale liée à l'eau. structures en voie, cette fois-ci, mais avec aussi des feuilles de raffia tissées et cousues. Donc voilà, il y a une diversité de typologie architecturale. Je parle de ce que... Il y a beaucoup, on peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages en terre, en bambou, etc. il faut qu'on les préserve il faut qu'on qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent. Je n'ai pas parlé des autres pays ou de l'Afrique du Sud, où on voit encore cette architecture d'un débellé peinte par les femmes, etc. Je pense que nous avons la place de montrer notre patrimoine architectural dans le monde et que nous devons nous référer à nos architectures vernaculaires et proposer justement cette architecture. qui est liée avec le climat, avec nos climats, pour cette architecture d'avenir de demain, moderne, entre guillemets, sachant que pour moi, cette architecture vernaculaire, elle est aussi moderne.

  • ramata

    Donc, ce que je vais te demander maintenant, c'est peut-être de nous parler d'un des premiers projets sur lesquels tu as pu travailler et puis tu as pu intégrer des savoir-faire et des techniques made in Africa.

  • amelie

    Ce qui m'a inspiré le plus, c'est d'abord des architectures vernaculaires. dans ce sens, c'est nos bâtisseurs, nos bâtisseuses, qui ont posé des actes forts sur le patrimoine architectural africain. Donc, je parlais aussi bien de ces mamans que de ces papas qui ont donné cette diversité, cette diversité de typologie architecturale. Quand je prends un bâtisseur, alors... Je n'ai pas les mots en tête parce que quand on fait de la recherche architecturale, on voit beaucoup de personnes. Ce que je veux dire, c'est que ceux qui m'ont inspiré le plus, j'avais un ouvrage qui s'appelle Afro-architecture de Passassi, qui est un Nigérian. qui a fait un livre dans les années 70 et qui m'a inspirée sur comment il a interprété l'architecture, justement nos architectures du Mosgoum, du Cameroun ou du Tchad, ou encore les Tata Samba du Bénin et du Togo, et en s'inspirant de ces architectures-là pour en faire une architecture contemporaine. Il y a un livre qui est pour moi une des bibles sur l'architecture vernaculaire qui va vers l'architecture contemporaine. C'est ce livre que je recommande beaucoup aux étudiants en architecture de l'avoir, et même aux écoles africaines, pour apprendre nos typologies architecturales vernaculaires. Et c'est ce que j'essaie de faire passer comme un message, que nos écoles d'architecture, et que nos États prennent en compte ce patrimoine architectural qui est culturel d'abord, parce que c'est notre identité, et qui nous accompagne pour pouvoir faire cette recherche de sauvegarde, de valorisation, de promotion, et de faire de ces villages une vraie carte postale aujourd'hui. Ça c'est d'un... et de développer la recherche dans les techniques de construction et de SOPCA, de ces matériaux. Aujourd'hui, en Europe, on revient sur l'architecture vernaculaire, on revient sur la terre. Vous avez vu, aujourd'hui, on parle de béton léger, on parle de matériaux recyclés. La terre, le bois, le bambou ou la pierre sont des matériaux recyclés et recyclables. Et donc, nous, on les a... l'alture nous a donné ces matériaux-là, que les États nous accompagnent aussi pour pouvoir promouvoir ces matériaux-là. C'est vrai que le béton est là, il a pris tout. Voilà, il y a cette influence. Mais on a des bâtiments en Casamance. Moi, j'ai vu des maisons à étage en terre. Quand on dit qu'on veut construire en terre, À étage, on dit non, ce n'est pas possible. Quand on voit la mosquée de Djenné, qui est à 15 mètres de haut, ou le minaret de la mosquée d'Agadez, qui est le minaret le plus haut en terre au monde, c'est possible et elle tient jusqu'à aujourd'hui. Quelle est la technique qui a été utilisée ? Et c'est ça aussi qu'il faut qu'on s'interroge, nous, les architectes africains, de savoir quelle typologie d'architecture on veut faire, quelle est l'identité de nos villes, aujourd'hui nos secondes villes ou nos troisième villes, qu'on veut donner au monde. Quel est le message qu'on veut donner au monde ? Et quelle est la place de l'architecture africaine qu'on veut donner au monde ? Et c'est à travers... ce patrimoine architectural que nous allons arriver à montrer au monde que nous avons aussi une culture qui est très riche et qui est divertie. Voilà. Donc, recherche et action, recherche et promotion et conservation, tout en adaptant, bien sûr, les nouvelles technologies de construction d'aujourd'hui et de demain. se baser vraiment sur notre patrimoine architectural, nos savoir-faire locaux, développer les technologies pour avoir une lecture, avoir aussi des bâtiments aussi emblématiques comme fait Kire, comme fait Adjaïe, comme fait tous ces confrères et consoeurs architectes africains et qui ont une place dans le monde parce que nous avons aussi notre place.

  • ramata

    Ok, donc on comprend bien que toi, en fait, assez tôt, dans le cadre de tes études, tu as mené un certain nombre de réflexions qui t'ont amené à un petit peu challenger les idées reçues sur la manière dont on fait l'architecture et de vouloir aller chercher des concepts, des techniques, des savoir-faire qui sont peut-être peu usités. Moi, je vois beaucoup, donc moi, je suis basée à Paris, je fais des allers-retours réguliers en Afrique. J'ai des parents, j'ai de la famille basée en France qui font construire des maisons sur le continent africain et avec des modèles qui sont des modèles occidentaux en fait, avec parfois des plans et sans forcément respecter le climat local, les matériaux locaux, en ayant vraiment une perspective qui est une perspective un petit peu, enfin très… occidentalisées. Toi, quel est ton retour là-dessus, ne serait-ce qu'au niveau du climat, des matériaux disponibles ? Quel est ton retour et peut-être ton conseil à ceux qui ont des projets de construction sur le continent, mais qui sont à l'extérieur ?

  • amelie

    En fait, les matériaux en tant que tels existent dans le monde entier. C'est les mêmes, sauf que ce sont les terminologies qui sont complètement différentes. Les unes, enfin, suivant les pays, suivant, voilà. la région dans laquelle on est, etc. Mais voilà, on a toujours eu en France, on oublie de dire en Europe, jusqu'aux États-Unis, on construit en terre. Il y a des exemples qui sont, donc qu'on n'a pas besoin de le dire, ils existent et sont conservés. Donc pourquoi nous, dans le continent, en tout cas en Afrique subsaharienne, parce qu'en Afrique du Nord, en Afrique de la Méditerranée, éternelle. tout un programme de conservation, les Médinas, les Casbah, etc. Et qui sont beaucoup, ils sont aussi en avance comme en Europe, mais en Afrique subsaharienne, tu vends des pays, bien sûr, je ne mets pas tout le monde dans le même bateau, dans le même sac, mais en tout cas, voilà, il y a encore... Alors est-ce que, c'est pour ça qu'on interpelle beaucoup nos gouvernements, nos ministères de tutelle, pour leur dire, voilà, donnez-nous les moyens pour que nous aussi, nous puissions préserver non seulement ce patrimoine-là, mais aussi donner une nouvelle lecture à nos villes pour que justement nous devenons des villes durables, comme nos villages le sont, parce que nos villages sont tous durables, parce qu'ils utilisent des matériaux recyclés, la terre, le bois, le bambou, la pierre. etc. Et puis il y a une connaissance effective de ces matériaux-là, parce que ces matériaux-là sont justement naturels, ils font du bien au corps, et qu'ils développent des énergies qui donnent une meilleure santé. Quand on habite dans une maison en terre, on boit un matériau naturel, on développe aussi des énergies positives, parce qu'elles envoient des énergies positives. dans le corps et on est bien dans la maison. Il y a toute la partie thermique, la partie acoustique. Donc ce sont matériaux vraiment non seulement nobles, mais qui aujourd'hui sont dans l'air du temps et que nous devrons, nous, justement, s'appuyer de plus en plus pour développer justement ces architectures. Ces typologies architecturales que nous avons, qui sont extraordinaires, qui sont liées avec notre propre culture et surtout l'environnement. Et donc là, on va lancer ce projet, non seulement d'aller d'abord étudier avec les étudiants, amener les étudiants à comprendre ce que c'est que cette typologie architecturale, si la COBO en Côte d'Ivoire, ce matériautaire, que sont les techniques ancestrales, Et comme ça, les étudiants pourront après, par la suite, développer... des techniques.

  • ramata

    Très bien. On comprend que tu as développé une énorme culture et expertise des différentes architectures et savoir-faire en termes de matériaux de construction en Afrique. Et c'est vrai que ce sont des sujets qui sont peu connus et on va avoir tendance à se référer à l'Occident et à citer de grands architectes occidentaux. pour citer les plus grands monuments, pour citer les réalisations les plus spectaculaires. Et donc, c'est important d'avoir un profil comme le tien qui va permettre de remettre les choses en perspective. Quelque part, et c'est pour ça qu'on parle dans l'architecture de conservation, préservation de patrimoine. En fait, à partir du moment où on sollicite un architecte africain pour aller travailler sur une œuvre qui va avoir une portée Merci. international, ça contribue en fait au storytelling et ça contribue à quelque part promouvoir une certaine culture africaine. Toi, est-ce qu'il y a des architectes africains qui t'ont inspiré ? Et est-ce que toi, tu as aussi une volonté de pouvoir inspirer d'autres architectes ou tout simplement des personnes qui souhaitent se cultiver sur l'Afrique ? Quel est un petit peu le rôle de l'architecte dans la prochaine. promotion d'un patrimoine et d'un savoir-faire selon toi ?

  • amelie

    Oui, effectivement, on a toujours tendance à dire qu'on n'a pas d'architecture et après, moi, je réponds en disant mais est-ce que vous êtes allé chez votre grand-mère ? Est-ce que vous avez vu son architecture ? Est-ce que vous avez vu là où elle habite ? Est-ce que vous êtes rentré dedans ? Est-ce que vous avez posé des questions ? Il y a certains qui me disent, oui, c'est vrai que quand je rentre chez ma grand-mère, la maison, vraiment, elle est fraîche. et que maintenant on a un fonctionnement en béton et qu'il faut mettre la climatisation, etc. alors que chez Z, voilà. C'est pour dire que c'est hyper important pour nous de valoriser ce patrimoine-là et la Maison de l'Afrique, pour moi, ça a été l'une des premières portes que j'ai... Bien sûr, ce n'est pas le premier projet. On a fait beaucoup de... on a fait... des restaurations, on l'a fait au Niger, on l'a fait au Burkina, on a fait un chantier au Mali, etc. Et on a toujours été soutenu effectivement par d'autres institutions. Et j'ai proposé à la Maison de l'Afrique de commencer ce projet, mais de ne pas s'arrêter là, parce que c'est une maison de l'Afrique qui devrait montrer cette diversité, cette diversité des patrimoines. Et donc cet événement, c'est le début d'une coopération à long terme, à travers non seulement ce projet de chantier de restauration en Côte d'Ivoire, avec bien sûr un chantier de restauration avec des étudiants, mais aussi... avec ceux qui sont intéressés à la conservation de patrimoine, et ensuite en collaboration avec le Centre de recherche architecturale et urbaine de l'Université Félicite-Fedouani, le COU. qui est un centre de recherche et qui va développer justement par la suite les matériaux sur lesquels on va utiliser avec le laboratoire de recherche de l'université pour en faire le lancement du laboratoire des matériaux sur la restauration du patrimoine. Nous avons dans ce cadre-là aussi proposé une chaire UNESCO. qui va sur la conservation et la valorisation du patrimoine architectural et urbain. Donc ce projet avec la Maison de l'Afrique n'est pas seulement un événement du sein, ce événement du sein va permettre d'ouvrir, de contribuer à la recherche, à la restauration d'un patrimoine et à la promotion des patrimoines de l'Afrique avec des actions concrètes. la restauration d'une maison, la valorisation du savoir-faire des femmes bâtisseuses de Silaporo dans la région du Pafing et aussi par la suite si on a d'autres financements, c'est de réaliser un prototype d'une maison en terre contemporaine qui va servir de modèle pour des projets contemporains. C'est vraiment une action concrète, visible et qui va permettre d'ouvrir et de promouvoir ces bâtisseuses et ces bâtisseurs d'Afrique qui sont dans l'ombre. C'est aussi ça le projet et c'est de mettre en commun des compétences architecturales, urbaines, ingénierie, paysagistes et des communautés. à réaliser et à promouvoir un patrimoine. Donc j'invite beaucoup à tous ceux qui nous écoutent de soutenir cette activité, ce gala, qui va permettre d'un voyage, un voyage à travers les patrimoines de l'Afrique et notamment autour de l'architecture et de la conservation du patrimoine culturel, matériel et immatériel. Voilà.

  • ramata

    Très bien, on va en revenir maintenant à la collaboration avec la Maison de l'Afrique et notamment le gala qui aura lieu début décembre. Donc moi, j'ai eu l'occasion d'interviewer Youssouf Kamara, le directeur de la Maison de l'Afrique. Et je suis toujours en partenariat avec eux sur différents sujets de promotion de leurs initiatives. et l'idée c'était un peu de parler de l'organisation de ce gala et de comment en fait il y a vraiment une volonté de... Comme on le fait souvent dans l'organisation d'un gala, l'idée, c'est de soutenir une cause, c'est de soutenir une initiative et de faire en sorte que les personnes qui achètent leur billet pour le gala contribuent à financer une initiative, un projet. Et donc, pour le gala qui aura lieu en fin d'année 2025, l'idée, c'est de contribuer à favoriser l'une de tes initiatives. Donc, est-ce que tu peux nous en parler ?

  • amelie

    Je te remercie. En fait, ce n'est pas moi. Je pense qu'on a toute une mission dans ce monde et c'est toute une équipe qui travaille sur les confrères et les consoeurs. Mais c'est surtout ce que je veux mettre en avant, c'est ces bâtisseuses et ces bâtisseurs qu'on a toujours tendance un petit peu à voir là, qui sont dans l'ombre en tout cas et qui méritent vraiment. des applaudissements parce que c'est eux qui ont fait ce patrimoine et quand tu parles effectivement d'industrie culturelle on a fait des films où ce sont eux qui présentent ce savoir-faire là et c'est à eux que je rends hommage parce que ces bâtisseuses et ces bâtisseurs nous ont tendu la perche à nous de prendre cette Perche et de continuer ce travail qui continue de le faire puisqu'il continue à nous enseigner. Ce workshop qu'on va faire avec les bâtisseurs, les bâtisseuses et les bâtisseurs, c'est justement transmettre toujours ce savoir-faire-là à la nouvelle génération. Et donc, c'est à eux que je rends hommage. Et bien sûr, à travers la Maison de l'Afrique et à travers vous, à travers toi, à travers ton équipe, je vous dis merci. de nous avoir écoutés et surtout merci aux communautés. qui préserve et qui essaye en tout cas de promouvoir ce patrimoine qui malheureusement est beaucoup en danger. Voilà, merci beaucoup, merci à la Maison de l'Afrique. Et puis de notre côté, on essaye aussi de faire cette promotion du gala et on espère avoir beaucoup de monde pour soutenir cette Maison de l'Afrique d'abord, parce qu'elle porte un grand nom. et bien sûr, et puis toutes ses activités et son équipe.

  • ramata

    Écoute, je te remercie d'avoir pris le temps de bien expliciter ton initiative et de parler de concret. J'aime bien aussi le rapport que tu fais entre, effectivement, la structure La Maison de l'Afrique. C'est finalement la structure la plus pertinente pour promouvoir le concept de la maison africaine, de l'architecture africaine. Donc, il y a quelque chose d'assez symbolique ici. qui paraît quelque part quelque chose d'assez immédiat. Et pour moi, en fait, à travers le podcast Africa Fashion Tour, il y a vraiment une volonté de promouvoir les industries culturelles et créatives africaines, de promouvoir des savoir-faire et du patrimoine africain. Et l'architecture fait partie de l'art, des grandes disciplines qui contribuent. un storytelling, un narratif africain. On a effectivement, à travers le cinéma, à travers la musique, on a poussé énormément de portes et on est allé, comment dire, challenger des institutions et des autorités qui sont installées depuis des années et qui dominent les charts, on va dire. Et à travers l'architecture, à travers la mode, à travers l'art, on a aussi d'autres disciplines sur lesquelles l'Afrique... peut briller et c'était important pour moi d'avoir l'opportunité de pouvoir discuter d'architecture avec une experte parce que c'est des sujets qui me tiennent à cœur qui font partie de ce que j'appelle le soft power africain qui est vraiment une manière de mettre en avant, de valoriser des cultures parce qu'à chaque fois on dit africain mais tu l'as précisé il y a énormément de pays derrière il y a énormément de Merci. de sous-catégorie et ça entre complètement dans la volonté du podcast vraiment de favoriser cette connaissance en fait du local et du glo local en Afrique moi je mettrais en note de l'épisode toutes les informations liées au gala mais également toutes les informations liées à tes différentes initiatives afin qu'on puisse en fait découvrir tes différents travaux ... et puis se questionner sur nos projets d'immobilier en Afrique à s'assurer qu'on valorise bien le patrimoine et les savoir-faire locaux. Je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs, mais probablement en décembre au gala de la Maison de l'Afrique.

  • amelie

    Merci beaucoup. Merci pour le soutien. Au revoir.

  • ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort. pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Amélie Essécé

    00:44

  • Parcours d'Amélie : de l'architecture à la conservation du patrimoine

    01:48

  • Techniques de construction traditionnelles et matériaux locaux

    02:38

  • Importance de l'architecture vernaculaire en Afrique

    06:26

  • Projets de restauration et initiatives en cours

    08:17

  • Réflexions sur l'identité architecturale et l'avenir de l'architecture en Afrique

    20:36

Description

Les 3 leçons d'une architecture africaine, identitaire et éco-responsable.


J’ai eu le plaisir d'interviewer Amélie essesse, architecte spécialisée dans le patrimoine, surnommée katirou au Burkina Faso pour son engagement. sa vision est un pilier du soft power africain.


Son travail va bien au-delà de la brique ; c'est un plaidoyer pour un habitat qui réconcilie tradition, dignité et modernité.


Les 3 leçons à retenir de cette masterclasse :

  1. le choix radical de la terre 🌍 : l'utilisation des matériaux locaux n'est pas un retour en arrière, mais un choix d'avenir. la terre, avec ses propriétés thermiques exceptionnelles, minimise l'empreinte carbone et offre une indépendance matérielle face aux importations coûteuses et polluantes.

  2. l'architecture comme soft power : l'habitat est un vecteur d'influence culturelle, au même titre que la mode ou le cinéma. amélie essesse rejette le terme générique "africain" et milite pour une approche glolocale qui valorise la richesse et la diversité des savoir-faire propres à chaque ethnie et à chaque pays.

  3. l'impératif de dignité : l'immobilier en afrique doit se questionner : valorise-t-il le patrimoine ? confère-t-il une dignité à ses habitants ? son approche holistique (génie civil, architecture, développement international) prouve que l'esthétique et l'écologie ne doivent plus faire de compromis.


Amélie Essesse est une voix essentielle pour la renaissance constructive africaine, invitant à bâtir un avenir prospère sur des fondations ancestrales.


Si vous êtes curieux de découvrir les architectures du continent au 54 pays, cet épisode est fait pour vous


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • amelie

    Voilà, il y a une diversité de typologies architecturales. Je parle de ce qu'il y a beaucoup. On peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages. en terre, en bambou, etc., il faut qu'on les préserve, il faut qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent.

  • ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique, et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Amélie Essécé. Elle est architecte spécialiste de la conservation et de la gestion du patrimoine. Elle milite pour un habitat respectueux des êtres humains et de leur environnement et elle a été surnommée Katiru par les femmes au Burkina, ce qui signifie la femme qui construit avec la terre, celle qui fonde. Je l'ai invitée aujourd'hui afin qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses initiatives pour proposer de nouvelles ambitions créatives en architecture en Afrique. Bienvenue Amélie, comment vas-tu ?

  • amelie

    Bonjour Ramata, Thialo, merci. de m'avoir invitée, je le fais bien. Et je suis ravie d'être avec toi et avec toute ton équipe pour cette interview. Voilà, donc je suis effectivement architecte, mais j'ai un parcours assez atypique. J'ai fait un bac génie civil bâtiment avant. Et donc ensuite, j'ai atterri à l'école d'architecture de Charenton. C'était une expo aux arts où j'ai appris à faire de l'architecture et de l'art. Et j'ai terminé mon diplôme des PLG, c'est-à-dire diplômé par le gouvernement, à la Villette, à l'école d'architecture de la Villette. Voilà. Ensuite, je me suis spécialisée en 2SS à l'époque. C'était comme ça. sur la thématique coopération internationale et développement, parce que ça m'intéressait aussi de faire de la coopération, notamment dans nos pays d'Afrique. À partir de là, j'ai commencé à travailler en agence d'architecture à Paris. Et ensuite, je ne sais pas si... Après mon diplôme, en fait, j'ai... J'ai été marquée par une architecture en terre. Je me suis formée par les communautés locales au Burkina Faso, au stade Burkina Faso à Pau, dans le Nauri, puis dans la cour royale de Tibélé, qui est une architecture emblématique, organique, qui raconte une histoire d'une communauté, d'un peuple, avec Ces formes rondes, carrées, qui ont toute une signification, et des décorations, des gravures et des décorations faites par les femmes. Ça m'a beaucoup, beaucoup intéressée. Et c'est comme ça que j'ai demandé aux communautés de me former. Bien que j'ai été bientôt diplômée architecte, je me suis formée par les communautés. Donc les hommes m'ont appris à construire en terre. avec le système, la technique de la boule de terre, on appelle ça la bouge. Ensuite, j'ai appris l'autorchie, etc. Les femmes ont appris à faire des enduits en terre et des peintures naturelles, parce que c'est leur travail. Après la construction de l'état brut de la bâtisse, c'est les femmes qui interviennent dans les enduits et les peintures, et les peintures-décorations qui sont aussi. des symboles liés à la culture du peuple Kasséna. Et face à tout cet enrichissement par les communautés, j'ai décidé de me spécialiser. J'ai fait une formation dans le centre de recherche à Grenoble sur l'architecture de terre. Et donc, j'ai eu mon certificat en tant que conservateur. du patrimoine architectural interne. Ensuite, j'ai continué à promouvoir ce patrimoine architectural africain, aussi bien en architecture de terre qu'en architecture de bois, de bambou ou de végétal. Comme vous le savez, le Camel Afrique a beaucoup de diversité. psychologie architecturale qui raconte les histoires des communautés. Et donc, ça m'a beaucoup intéressée parce que je trouve que cette architecture, c'est une architecture vivante, parlante, qui représente une identité, une culture d'un peuple. Ensuite, j'ai créé cette association qui s'appelle... bâtir et développer pour un environnement sain, qui est devenu aujourd'hui un club UNESCO, un club affilié à l'UNESCO, et qui continue ce travail de promouvoir le patrimoine architectural, aussi bien matériel, patrimoine culturel, matériel et immatériel, matériel architectural, mais culturel aussi dans tous les sens du terme, dans les pays d'Afrique, mais aussi en Europe. Voilà, je pense que je me suis un peu présentée. Et puis, oui, ça m'a permis de faire des chantiers de restauration au Niger, au Mali. Je suis allée aussi au Cameroun. Et j'ai intervenu aussi... dans le cadre d'identification des sites à classe au patrimoine mondial, en faisant des missions d'expertise à l'UNESCO, Centre du patrimoine mondial et de l'Unité d'Afrique, où j'accompagne aussi les pays à promouvoir leur patrimoine et à promouvoir la Convention de 1972 sur la conservation et la gestion du patrimoine culturel, notamment en Afrique. Et puis moi-même, je réalise des projets de construction qui mettent en valeur les matériaux locaux, notamment la terre, le bois, le bambou et pourquoi pas le végétal, pour promouvoir ce patrimoine qui est très riche et qui est très peu connu, ou pas beaucoup en tout cas. j'essaye de promouvoir ce patrimoine exceptionnel. J'étais un peu longue, non ?

  • ramata

    Le Vite News Podcast, c'est de te donner justement l'opportunité de t'exprimer. Tu as le temps, tu as une heure devant toi, donc tu peux être aussi longue que tu le souhaites. Tu ne seras pas interrompue. Donc, en tout cas, je te remercie pour avoir été aussi détaillée dans tes explications. Donc, ce que tu évoques, c'est cette notion de... d'utiliser des techniques, des savoir-faire qui sont peu connues.

  • amelie

    Oui, effectivement. C'est un peu comme je disais, le fait d'avoir fait un génie civil et d'avoir travaillé aussi sur le continent me permet de dire, voilà, nous aussi, on a une identité architecturale qu'on doit présenter. Et donc, aller vers ces matériaux qui sont adaptés à nos climats, parce que pourquoi... Nos édifices, moi je les appelle contemporains, quand on voit des architectures de terre emblématiques, de pierres, de bois, de bambous, qui sont toujours debout depuis la nuit des temps, ça veut dire que cette architecture-là avait un sens et a du sens. Parce que non seulement elle s'intègre à l'environnement, mais en plus de ça elle s'adapte. et nos anciens, nos bâtisseurs et bâtisseuses, et je peux dire même nos architectes, ingénieurs, ont perçu ça et ont fait des architectures vernaculaires extraordinaires. et qui sont adaptés. Et donc, c'est vrai qu'avec l'avènement des matériaux, disons, modernes, enfin, on dit ça moderne, le ciment, il est issu de la terre, il est issu du sable, il est issu de tout ce que la nature nous a donné. Donc, il vient aussi de ces concepts-là. donc du coup Pour moi, il est important que nous aussi nous montrons notre identité. Quand on va en Normandie, on va voir l'architecture de terre avec des maisons en colombage, mais qui sont en bois et avec la terre et de la chaux. Et nous aussi, on a ces architectures en colombage en Afrique. Mais pourquoi ? Et moi, l'idée, c'est effectivement de faire ça, c'est-à-dire de dire à tout le monde que... Nous avons des matériaux qui sont adaptés, nous avons des technologies qui sont là, qui peuvent être revisitées, améliorées, mais essayons d'avoir notre propre identité architecturale. Parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'un peuple, d'un pays, d'un continent. Et nous, nous avons, parce que notre patrimoine architectural est ancré dans notre identité culturelle. Quand on va chez les bakas de la forêt tropicale en Afrique centrale, c'est des architectures végétales avec des feuilles spécifiques, avec une structure architecturale emblématique qui, quand on monte dessus, non seulement elle ne s'affaisse pas, mais en plus de ça, elle est perméable. Et donc, ça fait que la structure existe et c'est lié avec cette communauté qui vit dans la forêt et qui a su construire une architecture. À nous, architectes, de prendre cette structure architecturale qui est végétale et de l'adapter avec une architecture contemporaine d'aujourd'hui, avec peut-être des matériaux d'aujourd'hui éventuellement, mais en se référant sur cette architecture complémentaire qui est l'architecture des peuples autoconservateurs. autour d'Afrique centrale. Je peux prendre encore l'architecture, on a parlé beaucoup d'architecture de terre, l'architecture Kassina qui est aujourd'hui inscrite, la partie burkinabée qui est aujourd'hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, montre encore cette architecture emblématique en terre avec une cosmogonie extraordinaire, une passion d'habiter qui est... On rentre... dans la terre pour se protéger, d'avoir les énergies positives pour pouvoir respirer, conserver la fraîcheur quand on a 45-50 degrés à l'extérieur. Je peux parler de l'architecture nomade de Djibouti, par exemple, où les populations, c'est toujours des femmes d'ailleurs, puisque l'architecture nomade. est une architecture au féminin, où la structure est pareille, avec du bois récupéré, et avec une façon de tisser la natte pour qu'elle soit perméable, imperméable à l'eau, avec des techniques et des matériaux naturels, un savoir-faire de tissage extraordinaire. Et c'est ça qui fait la beauté de l'abri.

  • Est-ce que tu peux nous parler d'autres techniques provenant d'autres pays d'Afrique ?

  • amelie

    L'architecture en bambou, à l'ouest du Cameroun, avec cette forme pyramidale inversée des peuples de l'ouest, ou encore l'architecture surpilotée des peuples sawas du Cameroun, avec aussi toute cette forme architecturale liée à l'eau. structures en voie, cette fois-ci, mais avec aussi des feuilles de raffia tissées et cousues. Donc voilà, il y a une diversité de typologie architecturale. Je parle de ce que... Il y a beaucoup, on peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages en terre, en bambou, etc. il faut qu'on les préserve il faut qu'on qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent. Je n'ai pas parlé des autres pays ou de l'Afrique du Sud, où on voit encore cette architecture d'un débellé peinte par les femmes, etc. Je pense que nous avons la place de montrer notre patrimoine architectural dans le monde et que nous devons nous référer à nos architectures vernaculaires et proposer justement cette architecture. qui est liée avec le climat, avec nos climats, pour cette architecture d'avenir de demain, moderne, entre guillemets, sachant que pour moi, cette architecture vernaculaire, elle est aussi moderne.

  • ramata

    Donc, ce que je vais te demander maintenant, c'est peut-être de nous parler d'un des premiers projets sur lesquels tu as pu travailler et puis tu as pu intégrer des savoir-faire et des techniques made in Africa.

  • amelie

    Ce qui m'a inspiré le plus, c'est d'abord des architectures vernaculaires. dans ce sens, c'est nos bâtisseurs, nos bâtisseuses, qui ont posé des actes forts sur le patrimoine architectural africain. Donc, je parlais aussi bien de ces mamans que de ces papas qui ont donné cette diversité, cette diversité de typologie architecturale. Quand je prends un bâtisseur, alors... Je n'ai pas les mots en tête parce que quand on fait de la recherche architecturale, on voit beaucoup de personnes. Ce que je veux dire, c'est que ceux qui m'ont inspiré le plus, j'avais un ouvrage qui s'appelle Afro-architecture de Passassi, qui est un Nigérian. qui a fait un livre dans les années 70 et qui m'a inspirée sur comment il a interprété l'architecture, justement nos architectures du Mosgoum, du Cameroun ou du Tchad, ou encore les Tata Samba du Bénin et du Togo, et en s'inspirant de ces architectures-là pour en faire une architecture contemporaine. Il y a un livre qui est pour moi une des bibles sur l'architecture vernaculaire qui va vers l'architecture contemporaine. C'est ce livre que je recommande beaucoup aux étudiants en architecture de l'avoir, et même aux écoles africaines, pour apprendre nos typologies architecturales vernaculaires. Et c'est ce que j'essaie de faire passer comme un message, que nos écoles d'architecture, et que nos États prennent en compte ce patrimoine architectural qui est culturel d'abord, parce que c'est notre identité, et qui nous accompagne pour pouvoir faire cette recherche de sauvegarde, de valorisation, de promotion, et de faire de ces villages une vraie carte postale aujourd'hui. Ça c'est d'un... et de développer la recherche dans les techniques de construction et de SOPCA, de ces matériaux. Aujourd'hui, en Europe, on revient sur l'architecture vernaculaire, on revient sur la terre. Vous avez vu, aujourd'hui, on parle de béton léger, on parle de matériaux recyclés. La terre, le bois, le bambou ou la pierre sont des matériaux recyclés et recyclables. Et donc, nous, on les a... l'alture nous a donné ces matériaux-là, que les États nous accompagnent aussi pour pouvoir promouvoir ces matériaux-là. C'est vrai que le béton est là, il a pris tout. Voilà, il y a cette influence. Mais on a des bâtiments en Casamance. Moi, j'ai vu des maisons à étage en terre. Quand on dit qu'on veut construire en terre, À étage, on dit non, ce n'est pas possible. Quand on voit la mosquée de Djenné, qui est à 15 mètres de haut, ou le minaret de la mosquée d'Agadez, qui est le minaret le plus haut en terre au monde, c'est possible et elle tient jusqu'à aujourd'hui. Quelle est la technique qui a été utilisée ? Et c'est ça aussi qu'il faut qu'on s'interroge, nous, les architectes africains, de savoir quelle typologie d'architecture on veut faire, quelle est l'identité de nos villes, aujourd'hui nos secondes villes ou nos troisième villes, qu'on veut donner au monde. Quel est le message qu'on veut donner au monde ? Et quelle est la place de l'architecture africaine qu'on veut donner au monde ? Et c'est à travers... ce patrimoine architectural que nous allons arriver à montrer au monde que nous avons aussi une culture qui est très riche et qui est divertie. Voilà. Donc, recherche et action, recherche et promotion et conservation, tout en adaptant, bien sûr, les nouvelles technologies de construction d'aujourd'hui et de demain. se baser vraiment sur notre patrimoine architectural, nos savoir-faire locaux, développer les technologies pour avoir une lecture, avoir aussi des bâtiments aussi emblématiques comme fait Kire, comme fait Adjaïe, comme fait tous ces confrères et consoeurs architectes africains et qui ont une place dans le monde parce que nous avons aussi notre place.

  • ramata

    Ok, donc on comprend bien que toi, en fait, assez tôt, dans le cadre de tes études, tu as mené un certain nombre de réflexions qui t'ont amené à un petit peu challenger les idées reçues sur la manière dont on fait l'architecture et de vouloir aller chercher des concepts, des techniques, des savoir-faire qui sont peut-être peu usités. Moi, je vois beaucoup, donc moi, je suis basée à Paris, je fais des allers-retours réguliers en Afrique. J'ai des parents, j'ai de la famille basée en France qui font construire des maisons sur le continent africain et avec des modèles qui sont des modèles occidentaux en fait, avec parfois des plans et sans forcément respecter le climat local, les matériaux locaux, en ayant vraiment une perspective qui est une perspective un petit peu, enfin très… occidentalisées. Toi, quel est ton retour là-dessus, ne serait-ce qu'au niveau du climat, des matériaux disponibles ? Quel est ton retour et peut-être ton conseil à ceux qui ont des projets de construction sur le continent, mais qui sont à l'extérieur ?

  • amelie

    En fait, les matériaux en tant que tels existent dans le monde entier. C'est les mêmes, sauf que ce sont les terminologies qui sont complètement différentes. Les unes, enfin, suivant les pays, suivant, voilà. la région dans laquelle on est, etc. Mais voilà, on a toujours eu en France, on oublie de dire en Europe, jusqu'aux États-Unis, on construit en terre. Il y a des exemples qui sont, donc qu'on n'a pas besoin de le dire, ils existent et sont conservés. Donc pourquoi nous, dans le continent, en tout cas en Afrique subsaharienne, parce qu'en Afrique du Nord, en Afrique de la Méditerranée, éternelle. tout un programme de conservation, les Médinas, les Casbah, etc. Et qui sont beaucoup, ils sont aussi en avance comme en Europe, mais en Afrique subsaharienne, tu vends des pays, bien sûr, je ne mets pas tout le monde dans le même bateau, dans le même sac, mais en tout cas, voilà, il y a encore... Alors est-ce que, c'est pour ça qu'on interpelle beaucoup nos gouvernements, nos ministères de tutelle, pour leur dire, voilà, donnez-nous les moyens pour que nous aussi, nous puissions préserver non seulement ce patrimoine-là, mais aussi donner une nouvelle lecture à nos villes pour que justement nous devenons des villes durables, comme nos villages le sont, parce que nos villages sont tous durables, parce qu'ils utilisent des matériaux recyclés, la terre, le bois, le bambou, la pierre. etc. Et puis il y a une connaissance effective de ces matériaux-là, parce que ces matériaux-là sont justement naturels, ils font du bien au corps, et qu'ils développent des énergies qui donnent une meilleure santé. Quand on habite dans une maison en terre, on boit un matériau naturel, on développe aussi des énergies positives, parce qu'elles envoient des énergies positives. dans le corps et on est bien dans la maison. Il y a toute la partie thermique, la partie acoustique. Donc ce sont matériaux vraiment non seulement nobles, mais qui aujourd'hui sont dans l'air du temps et que nous devrons, nous, justement, s'appuyer de plus en plus pour développer justement ces architectures. Ces typologies architecturales que nous avons, qui sont extraordinaires, qui sont liées avec notre propre culture et surtout l'environnement. Et donc là, on va lancer ce projet, non seulement d'aller d'abord étudier avec les étudiants, amener les étudiants à comprendre ce que c'est que cette typologie architecturale, si la COBO en Côte d'Ivoire, ce matériautaire, que sont les techniques ancestrales, Et comme ça, les étudiants pourront après, par la suite, développer... des techniques.

  • ramata

    Très bien. On comprend que tu as développé une énorme culture et expertise des différentes architectures et savoir-faire en termes de matériaux de construction en Afrique. Et c'est vrai que ce sont des sujets qui sont peu connus et on va avoir tendance à se référer à l'Occident et à citer de grands architectes occidentaux. pour citer les plus grands monuments, pour citer les réalisations les plus spectaculaires. Et donc, c'est important d'avoir un profil comme le tien qui va permettre de remettre les choses en perspective. Quelque part, et c'est pour ça qu'on parle dans l'architecture de conservation, préservation de patrimoine. En fait, à partir du moment où on sollicite un architecte africain pour aller travailler sur une œuvre qui va avoir une portée Merci. international, ça contribue en fait au storytelling et ça contribue à quelque part promouvoir une certaine culture africaine. Toi, est-ce qu'il y a des architectes africains qui t'ont inspiré ? Et est-ce que toi, tu as aussi une volonté de pouvoir inspirer d'autres architectes ou tout simplement des personnes qui souhaitent se cultiver sur l'Afrique ? Quel est un petit peu le rôle de l'architecte dans la prochaine. promotion d'un patrimoine et d'un savoir-faire selon toi ?

  • amelie

    Oui, effectivement, on a toujours tendance à dire qu'on n'a pas d'architecture et après, moi, je réponds en disant mais est-ce que vous êtes allé chez votre grand-mère ? Est-ce que vous avez vu son architecture ? Est-ce que vous avez vu là où elle habite ? Est-ce que vous êtes rentré dedans ? Est-ce que vous avez posé des questions ? Il y a certains qui me disent, oui, c'est vrai que quand je rentre chez ma grand-mère, la maison, vraiment, elle est fraîche. et que maintenant on a un fonctionnement en béton et qu'il faut mettre la climatisation, etc. alors que chez Z, voilà. C'est pour dire que c'est hyper important pour nous de valoriser ce patrimoine-là et la Maison de l'Afrique, pour moi, ça a été l'une des premières portes que j'ai... Bien sûr, ce n'est pas le premier projet. On a fait beaucoup de... on a fait... des restaurations, on l'a fait au Niger, on l'a fait au Burkina, on a fait un chantier au Mali, etc. Et on a toujours été soutenu effectivement par d'autres institutions. Et j'ai proposé à la Maison de l'Afrique de commencer ce projet, mais de ne pas s'arrêter là, parce que c'est une maison de l'Afrique qui devrait montrer cette diversité, cette diversité des patrimoines. Et donc cet événement, c'est le début d'une coopération à long terme, à travers non seulement ce projet de chantier de restauration en Côte d'Ivoire, avec bien sûr un chantier de restauration avec des étudiants, mais aussi... avec ceux qui sont intéressés à la conservation de patrimoine, et ensuite en collaboration avec le Centre de recherche architecturale et urbaine de l'Université Félicite-Fedouani, le COU. qui est un centre de recherche et qui va développer justement par la suite les matériaux sur lesquels on va utiliser avec le laboratoire de recherche de l'université pour en faire le lancement du laboratoire des matériaux sur la restauration du patrimoine. Nous avons dans ce cadre-là aussi proposé une chaire UNESCO. qui va sur la conservation et la valorisation du patrimoine architectural et urbain. Donc ce projet avec la Maison de l'Afrique n'est pas seulement un événement du sein, ce événement du sein va permettre d'ouvrir, de contribuer à la recherche, à la restauration d'un patrimoine et à la promotion des patrimoines de l'Afrique avec des actions concrètes. la restauration d'une maison, la valorisation du savoir-faire des femmes bâtisseuses de Silaporo dans la région du Pafing et aussi par la suite si on a d'autres financements, c'est de réaliser un prototype d'une maison en terre contemporaine qui va servir de modèle pour des projets contemporains. C'est vraiment une action concrète, visible et qui va permettre d'ouvrir et de promouvoir ces bâtisseuses et ces bâtisseurs d'Afrique qui sont dans l'ombre. C'est aussi ça le projet et c'est de mettre en commun des compétences architecturales, urbaines, ingénierie, paysagistes et des communautés. à réaliser et à promouvoir un patrimoine. Donc j'invite beaucoup à tous ceux qui nous écoutent de soutenir cette activité, ce gala, qui va permettre d'un voyage, un voyage à travers les patrimoines de l'Afrique et notamment autour de l'architecture et de la conservation du patrimoine culturel, matériel et immatériel. Voilà.

  • ramata

    Très bien, on va en revenir maintenant à la collaboration avec la Maison de l'Afrique et notamment le gala qui aura lieu début décembre. Donc moi, j'ai eu l'occasion d'interviewer Youssouf Kamara, le directeur de la Maison de l'Afrique. Et je suis toujours en partenariat avec eux sur différents sujets de promotion de leurs initiatives. et l'idée c'était un peu de parler de l'organisation de ce gala et de comment en fait il y a vraiment une volonté de... Comme on le fait souvent dans l'organisation d'un gala, l'idée, c'est de soutenir une cause, c'est de soutenir une initiative et de faire en sorte que les personnes qui achètent leur billet pour le gala contribuent à financer une initiative, un projet. Et donc, pour le gala qui aura lieu en fin d'année 2025, l'idée, c'est de contribuer à favoriser l'une de tes initiatives. Donc, est-ce que tu peux nous en parler ?

  • amelie

    Je te remercie. En fait, ce n'est pas moi. Je pense qu'on a toute une mission dans ce monde et c'est toute une équipe qui travaille sur les confrères et les consoeurs. Mais c'est surtout ce que je veux mettre en avant, c'est ces bâtisseuses et ces bâtisseurs qu'on a toujours tendance un petit peu à voir là, qui sont dans l'ombre en tout cas et qui méritent vraiment. des applaudissements parce que c'est eux qui ont fait ce patrimoine et quand tu parles effectivement d'industrie culturelle on a fait des films où ce sont eux qui présentent ce savoir-faire là et c'est à eux que je rends hommage parce que ces bâtisseuses et ces bâtisseurs nous ont tendu la perche à nous de prendre cette Perche et de continuer ce travail qui continue de le faire puisqu'il continue à nous enseigner. Ce workshop qu'on va faire avec les bâtisseurs, les bâtisseuses et les bâtisseurs, c'est justement transmettre toujours ce savoir-faire-là à la nouvelle génération. Et donc, c'est à eux que je rends hommage. Et bien sûr, à travers la Maison de l'Afrique et à travers vous, à travers toi, à travers ton équipe, je vous dis merci. de nous avoir écoutés et surtout merci aux communautés. qui préserve et qui essaye en tout cas de promouvoir ce patrimoine qui malheureusement est beaucoup en danger. Voilà, merci beaucoup, merci à la Maison de l'Afrique. Et puis de notre côté, on essaye aussi de faire cette promotion du gala et on espère avoir beaucoup de monde pour soutenir cette Maison de l'Afrique d'abord, parce qu'elle porte un grand nom. et bien sûr, et puis toutes ses activités et son équipe.

  • ramata

    Écoute, je te remercie d'avoir pris le temps de bien expliciter ton initiative et de parler de concret. J'aime bien aussi le rapport que tu fais entre, effectivement, la structure La Maison de l'Afrique. C'est finalement la structure la plus pertinente pour promouvoir le concept de la maison africaine, de l'architecture africaine. Donc, il y a quelque chose d'assez symbolique ici. qui paraît quelque part quelque chose d'assez immédiat. Et pour moi, en fait, à travers le podcast Africa Fashion Tour, il y a vraiment une volonté de promouvoir les industries culturelles et créatives africaines, de promouvoir des savoir-faire et du patrimoine africain. Et l'architecture fait partie de l'art, des grandes disciplines qui contribuent. un storytelling, un narratif africain. On a effectivement, à travers le cinéma, à travers la musique, on a poussé énormément de portes et on est allé, comment dire, challenger des institutions et des autorités qui sont installées depuis des années et qui dominent les charts, on va dire. Et à travers l'architecture, à travers la mode, à travers l'art, on a aussi d'autres disciplines sur lesquelles l'Afrique... peut briller et c'était important pour moi d'avoir l'opportunité de pouvoir discuter d'architecture avec une experte parce que c'est des sujets qui me tiennent à cœur qui font partie de ce que j'appelle le soft power africain qui est vraiment une manière de mettre en avant, de valoriser des cultures parce qu'à chaque fois on dit africain mais tu l'as précisé il y a énormément de pays derrière il y a énormément de Merci. de sous-catégorie et ça entre complètement dans la volonté du podcast vraiment de favoriser cette connaissance en fait du local et du glo local en Afrique moi je mettrais en note de l'épisode toutes les informations liées au gala mais également toutes les informations liées à tes différentes initiatives afin qu'on puisse en fait découvrir tes différents travaux ... et puis se questionner sur nos projets d'immobilier en Afrique à s'assurer qu'on valorise bien le patrimoine et les savoir-faire locaux. Je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs, mais probablement en décembre au gala de la Maison de l'Afrique.

  • amelie

    Merci beaucoup. Merci pour le soutien. Au revoir.

  • ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort. pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Amélie Essécé

    00:44

  • Parcours d'Amélie : de l'architecture à la conservation du patrimoine

    01:48

  • Techniques de construction traditionnelles et matériaux locaux

    02:38

  • Importance de l'architecture vernaculaire en Afrique

    06:26

  • Projets de restauration et initiatives en cours

    08:17

  • Réflexions sur l'identité architecturale et l'avenir de l'architecture en Afrique

    20:36

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Description

Les 3 leçons d'une architecture africaine, identitaire et éco-responsable.


J’ai eu le plaisir d'interviewer Amélie essesse, architecte spécialisée dans le patrimoine, surnommée katirou au Burkina Faso pour son engagement. sa vision est un pilier du soft power africain.


Son travail va bien au-delà de la brique ; c'est un plaidoyer pour un habitat qui réconcilie tradition, dignité et modernité.


Les 3 leçons à retenir de cette masterclasse :

  1. le choix radical de la terre 🌍 : l'utilisation des matériaux locaux n'est pas un retour en arrière, mais un choix d'avenir. la terre, avec ses propriétés thermiques exceptionnelles, minimise l'empreinte carbone et offre une indépendance matérielle face aux importations coûteuses et polluantes.

  2. l'architecture comme soft power : l'habitat est un vecteur d'influence culturelle, au même titre que la mode ou le cinéma. amélie essesse rejette le terme générique "africain" et milite pour une approche glolocale qui valorise la richesse et la diversité des savoir-faire propres à chaque ethnie et à chaque pays.

  3. l'impératif de dignité : l'immobilier en afrique doit se questionner : valorise-t-il le patrimoine ? confère-t-il une dignité à ses habitants ? son approche holistique (génie civil, architecture, développement international) prouve que l'esthétique et l'écologie ne doivent plus faire de compromis.


Amélie Essesse est une voix essentielle pour la renaissance constructive africaine, invitant à bâtir un avenir prospère sur des fondations ancestrales.


Si vous êtes curieux de découvrir les architectures du continent au 54 pays, cet épisode est fait pour vous


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


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Transcription

  • amelie

    Voilà, il y a une diversité de typologies architecturales. Je parle de ce qu'il y a beaucoup. On peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages. en terre, en bambou, etc., il faut qu'on les préserve, il faut qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent.

  • ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique, et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Amélie Essécé. Elle est architecte spécialiste de la conservation et de la gestion du patrimoine. Elle milite pour un habitat respectueux des êtres humains et de leur environnement et elle a été surnommée Katiru par les femmes au Burkina, ce qui signifie la femme qui construit avec la terre, celle qui fonde. Je l'ai invitée aujourd'hui afin qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses initiatives pour proposer de nouvelles ambitions créatives en architecture en Afrique. Bienvenue Amélie, comment vas-tu ?

  • amelie

    Bonjour Ramata, Thialo, merci. de m'avoir invitée, je le fais bien. Et je suis ravie d'être avec toi et avec toute ton équipe pour cette interview. Voilà, donc je suis effectivement architecte, mais j'ai un parcours assez atypique. J'ai fait un bac génie civil bâtiment avant. Et donc ensuite, j'ai atterri à l'école d'architecture de Charenton. C'était une expo aux arts où j'ai appris à faire de l'architecture et de l'art. Et j'ai terminé mon diplôme des PLG, c'est-à-dire diplômé par le gouvernement, à la Villette, à l'école d'architecture de la Villette. Voilà. Ensuite, je me suis spécialisée en 2SS à l'époque. C'était comme ça. sur la thématique coopération internationale et développement, parce que ça m'intéressait aussi de faire de la coopération, notamment dans nos pays d'Afrique. À partir de là, j'ai commencé à travailler en agence d'architecture à Paris. Et ensuite, je ne sais pas si... Après mon diplôme, en fait, j'ai... J'ai été marquée par une architecture en terre. Je me suis formée par les communautés locales au Burkina Faso, au stade Burkina Faso à Pau, dans le Nauri, puis dans la cour royale de Tibélé, qui est une architecture emblématique, organique, qui raconte une histoire d'une communauté, d'un peuple, avec Ces formes rondes, carrées, qui ont toute une signification, et des décorations, des gravures et des décorations faites par les femmes. Ça m'a beaucoup, beaucoup intéressée. Et c'est comme ça que j'ai demandé aux communautés de me former. Bien que j'ai été bientôt diplômée architecte, je me suis formée par les communautés. Donc les hommes m'ont appris à construire en terre. avec le système, la technique de la boule de terre, on appelle ça la bouge. Ensuite, j'ai appris l'autorchie, etc. Les femmes ont appris à faire des enduits en terre et des peintures naturelles, parce que c'est leur travail. Après la construction de l'état brut de la bâtisse, c'est les femmes qui interviennent dans les enduits et les peintures, et les peintures-décorations qui sont aussi. des symboles liés à la culture du peuple Kasséna. Et face à tout cet enrichissement par les communautés, j'ai décidé de me spécialiser. J'ai fait une formation dans le centre de recherche à Grenoble sur l'architecture de terre. Et donc, j'ai eu mon certificat en tant que conservateur. du patrimoine architectural interne. Ensuite, j'ai continué à promouvoir ce patrimoine architectural africain, aussi bien en architecture de terre qu'en architecture de bois, de bambou ou de végétal. Comme vous le savez, le Camel Afrique a beaucoup de diversité. psychologie architecturale qui raconte les histoires des communautés. Et donc, ça m'a beaucoup intéressée parce que je trouve que cette architecture, c'est une architecture vivante, parlante, qui représente une identité, une culture d'un peuple. Ensuite, j'ai créé cette association qui s'appelle... bâtir et développer pour un environnement sain, qui est devenu aujourd'hui un club UNESCO, un club affilié à l'UNESCO, et qui continue ce travail de promouvoir le patrimoine architectural, aussi bien matériel, patrimoine culturel, matériel et immatériel, matériel architectural, mais culturel aussi dans tous les sens du terme, dans les pays d'Afrique, mais aussi en Europe. Voilà, je pense que je me suis un peu présentée. Et puis, oui, ça m'a permis de faire des chantiers de restauration au Niger, au Mali. Je suis allée aussi au Cameroun. Et j'ai intervenu aussi... dans le cadre d'identification des sites à classe au patrimoine mondial, en faisant des missions d'expertise à l'UNESCO, Centre du patrimoine mondial et de l'Unité d'Afrique, où j'accompagne aussi les pays à promouvoir leur patrimoine et à promouvoir la Convention de 1972 sur la conservation et la gestion du patrimoine culturel, notamment en Afrique. Et puis moi-même, je réalise des projets de construction qui mettent en valeur les matériaux locaux, notamment la terre, le bois, le bambou et pourquoi pas le végétal, pour promouvoir ce patrimoine qui est très riche et qui est très peu connu, ou pas beaucoup en tout cas. j'essaye de promouvoir ce patrimoine exceptionnel. J'étais un peu longue, non ?

  • ramata

    Le Vite News Podcast, c'est de te donner justement l'opportunité de t'exprimer. Tu as le temps, tu as une heure devant toi, donc tu peux être aussi longue que tu le souhaites. Tu ne seras pas interrompue. Donc, en tout cas, je te remercie pour avoir été aussi détaillée dans tes explications. Donc, ce que tu évoques, c'est cette notion de... d'utiliser des techniques, des savoir-faire qui sont peu connues.

  • amelie

    Oui, effectivement. C'est un peu comme je disais, le fait d'avoir fait un génie civil et d'avoir travaillé aussi sur le continent me permet de dire, voilà, nous aussi, on a une identité architecturale qu'on doit présenter. Et donc, aller vers ces matériaux qui sont adaptés à nos climats, parce que pourquoi... Nos édifices, moi je les appelle contemporains, quand on voit des architectures de terre emblématiques, de pierres, de bois, de bambous, qui sont toujours debout depuis la nuit des temps, ça veut dire que cette architecture-là avait un sens et a du sens. Parce que non seulement elle s'intègre à l'environnement, mais en plus de ça elle s'adapte. et nos anciens, nos bâtisseurs et bâtisseuses, et je peux dire même nos architectes, ingénieurs, ont perçu ça et ont fait des architectures vernaculaires extraordinaires. et qui sont adaptés. Et donc, c'est vrai qu'avec l'avènement des matériaux, disons, modernes, enfin, on dit ça moderne, le ciment, il est issu de la terre, il est issu du sable, il est issu de tout ce que la nature nous a donné. Donc, il vient aussi de ces concepts-là. donc du coup Pour moi, il est important que nous aussi nous montrons notre identité. Quand on va en Normandie, on va voir l'architecture de terre avec des maisons en colombage, mais qui sont en bois et avec la terre et de la chaux. Et nous aussi, on a ces architectures en colombage en Afrique. Mais pourquoi ? Et moi, l'idée, c'est effectivement de faire ça, c'est-à-dire de dire à tout le monde que... Nous avons des matériaux qui sont adaptés, nous avons des technologies qui sont là, qui peuvent être revisitées, améliorées, mais essayons d'avoir notre propre identité architecturale. Parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'un peuple, d'un pays, d'un continent. Et nous, nous avons, parce que notre patrimoine architectural est ancré dans notre identité culturelle. Quand on va chez les bakas de la forêt tropicale en Afrique centrale, c'est des architectures végétales avec des feuilles spécifiques, avec une structure architecturale emblématique qui, quand on monte dessus, non seulement elle ne s'affaisse pas, mais en plus de ça, elle est perméable. Et donc, ça fait que la structure existe et c'est lié avec cette communauté qui vit dans la forêt et qui a su construire une architecture. À nous, architectes, de prendre cette structure architecturale qui est végétale et de l'adapter avec une architecture contemporaine d'aujourd'hui, avec peut-être des matériaux d'aujourd'hui éventuellement, mais en se référant sur cette architecture complémentaire qui est l'architecture des peuples autoconservateurs. autour d'Afrique centrale. Je peux prendre encore l'architecture, on a parlé beaucoup d'architecture de terre, l'architecture Kassina qui est aujourd'hui inscrite, la partie burkinabée qui est aujourd'hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, montre encore cette architecture emblématique en terre avec une cosmogonie extraordinaire, une passion d'habiter qui est... On rentre... dans la terre pour se protéger, d'avoir les énergies positives pour pouvoir respirer, conserver la fraîcheur quand on a 45-50 degrés à l'extérieur. Je peux parler de l'architecture nomade de Djibouti, par exemple, où les populations, c'est toujours des femmes d'ailleurs, puisque l'architecture nomade. est une architecture au féminin, où la structure est pareille, avec du bois récupéré, et avec une façon de tisser la natte pour qu'elle soit perméable, imperméable à l'eau, avec des techniques et des matériaux naturels, un savoir-faire de tissage extraordinaire. Et c'est ça qui fait la beauté de l'abri.

  • Est-ce que tu peux nous parler d'autres techniques provenant d'autres pays d'Afrique ?

  • amelie

    L'architecture en bambou, à l'ouest du Cameroun, avec cette forme pyramidale inversée des peuples de l'ouest, ou encore l'architecture surpilotée des peuples sawas du Cameroun, avec aussi toute cette forme architecturale liée à l'eau. structures en voie, cette fois-ci, mais avec aussi des feuilles de raffia tissées et cousues. Donc voilà, il y a une diversité de typologie architecturale. Je parle de ce que... Il y a beaucoup, on peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages en terre, en bambou, etc. il faut qu'on les préserve il faut qu'on qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent. Je n'ai pas parlé des autres pays ou de l'Afrique du Sud, où on voit encore cette architecture d'un débellé peinte par les femmes, etc. Je pense que nous avons la place de montrer notre patrimoine architectural dans le monde et que nous devons nous référer à nos architectures vernaculaires et proposer justement cette architecture. qui est liée avec le climat, avec nos climats, pour cette architecture d'avenir de demain, moderne, entre guillemets, sachant que pour moi, cette architecture vernaculaire, elle est aussi moderne.

  • ramata

    Donc, ce que je vais te demander maintenant, c'est peut-être de nous parler d'un des premiers projets sur lesquels tu as pu travailler et puis tu as pu intégrer des savoir-faire et des techniques made in Africa.

  • amelie

    Ce qui m'a inspiré le plus, c'est d'abord des architectures vernaculaires. dans ce sens, c'est nos bâtisseurs, nos bâtisseuses, qui ont posé des actes forts sur le patrimoine architectural africain. Donc, je parlais aussi bien de ces mamans que de ces papas qui ont donné cette diversité, cette diversité de typologie architecturale. Quand je prends un bâtisseur, alors... Je n'ai pas les mots en tête parce que quand on fait de la recherche architecturale, on voit beaucoup de personnes. Ce que je veux dire, c'est que ceux qui m'ont inspiré le plus, j'avais un ouvrage qui s'appelle Afro-architecture de Passassi, qui est un Nigérian. qui a fait un livre dans les années 70 et qui m'a inspirée sur comment il a interprété l'architecture, justement nos architectures du Mosgoum, du Cameroun ou du Tchad, ou encore les Tata Samba du Bénin et du Togo, et en s'inspirant de ces architectures-là pour en faire une architecture contemporaine. Il y a un livre qui est pour moi une des bibles sur l'architecture vernaculaire qui va vers l'architecture contemporaine. C'est ce livre que je recommande beaucoup aux étudiants en architecture de l'avoir, et même aux écoles africaines, pour apprendre nos typologies architecturales vernaculaires. Et c'est ce que j'essaie de faire passer comme un message, que nos écoles d'architecture, et que nos États prennent en compte ce patrimoine architectural qui est culturel d'abord, parce que c'est notre identité, et qui nous accompagne pour pouvoir faire cette recherche de sauvegarde, de valorisation, de promotion, et de faire de ces villages une vraie carte postale aujourd'hui. Ça c'est d'un... et de développer la recherche dans les techniques de construction et de SOPCA, de ces matériaux. Aujourd'hui, en Europe, on revient sur l'architecture vernaculaire, on revient sur la terre. Vous avez vu, aujourd'hui, on parle de béton léger, on parle de matériaux recyclés. La terre, le bois, le bambou ou la pierre sont des matériaux recyclés et recyclables. Et donc, nous, on les a... l'alture nous a donné ces matériaux-là, que les États nous accompagnent aussi pour pouvoir promouvoir ces matériaux-là. C'est vrai que le béton est là, il a pris tout. Voilà, il y a cette influence. Mais on a des bâtiments en Casamance. Moi, j'ai vu des maisons à étage en terre. Quand on dit qu'on veut construire en terre, À étage, on dit non, ce n'est pas possible. Quand on voit la mosquée de Djenné, qui est à 15 mètres de haut, ou le minaret de la mosquée d'Agadez, qui est le minaret le plus haut en terre au monde, c'est possible et elle tient jusqu'à aujourd'hui. Quelle est la technique qui a été utilisée ? Et c'est ça aussi qu'il faut qu'on s'interroge, nous, les architectes africains, de savoir quelle typologie d'architecture on veut faire, quelle est l'identité de nos villes, aujourd'hui nos secondes villes ou nos troisième villes, qu'on veut donner au monde. Quel est le message qu'on veut donner au monde ? Et quelle est la place de l'architecture africaine qu'on veut donner au monde ? Et c'est à travers... ce patrimoine architectural que nous allons arriver à montrer au monde que nous avons aussi une culture qui est très riche et qui est divertie. Voilà. Donc, recherche et action, recherche et promotion et conservation, tout en adaptant, bien sûr, les nouvelles technologies de construction d'aujourd'hui et de demain. se baser vraiment sur notre patrimoine architectural, nos savoir-faire locaux, développer les technologies pour avoir une lecture, avoir aussi des bâtiments aussi emblématiques comme fait Kire, comme fait Adjaïe, comme fait tous ces confrères et consoeurs architectes africains et qui ont une place dans le monde parce que nous avons aussi notre place.

  • ramata

    Ok, donc on comprend bien que toi, en fait, assez tôt, dans le cadre de tes études, tu as mené un certain nombre de réflexions qui t'ont amené à un petit peu challenger les idées reçues sur la manière dont on fait l'architecture et de vouloir aller chercher des concepts, des techniques, des savoir-faire qui sont peut-être peu usités. Moi, je vois beaucoup, donc moi, je suis basée à Paris, je fais des allers-retours réguliers en Afrique. J'ai des parents, j'ai de la famille basée en France qui font construire des maisons sur le continent africain et avec des modèles qui sont des modèles occidentaux en fait, avec parfois des plans et sans forcément respecter le climat local, les matériaux locaux, en ayant vraiment une perspective qui est une perspective un petit peu, enfin très… occidentalisées. Toi, quel est ton retour là-dessus, ne serait-ce qu'au niveau du climat, des matériaux disponibles ? Quel est ton retour et peut-être ton conseil à ceux qui ont des projets de construction sur le continent, mais qui sont à l'extérieur ?

  • amelie

    En fait, les matériaux en tant que tels existent dans le monde entier. C'est les mêmes, sauf que ce sont les terminologies qui sont complètement différentes. Les unes, enfin, suivant les pays, suivant, voilà. la région dans laquelle on est, etc. Mais voilà, on a toujours eu en France, on oublie de dire en Europe, jusqu'aux États-Unis, on construit en terre. Il y a des exemples qui sont, donc qu'on n'a pas besoin de le dire, ils existent et sont conservés. Donc pourquoi nous, dans le continent, en tout cas en Afrique subsaharienne, parce qu'en Afrique du Nord, en Afrique de la Méditerranée, éternelle. tout un programme de conservation, les Médinas, les Casbah, etc. Et qui sont beaucoup, ils sont aussi en avance comme en Europe, mais en Afrique subsaharienne, tu vends des pays, bien sûr, je ne mets pas tout le monde dans le même bateau, dans le même sac, mais en tout cas, voilà, il y a encore... Alors est-ce que, c'est pour ça qu'on interpelle beaucoup nos gouvernements, nos ministères de tutelle, pour leur dire, voilà, donnez-nous les moyens pour que nous aussi, nous puissions préserver non seulement ce patrimoine-là, mais aussi donner une nouvelle lecture à nos villes pour que justement nous devenons des villes durables, comme nos villages le sont, parce que nos villages sont tous durables, parce qu'ils utilisent des matériaux recyclés, la terre, le bois, le bambou, la pierre. etc. Et puis il y a une connaissance effective de ces matériaux-là, parce que ces matériaux-là sont justement naturels, ils font du bien au corps, et qu'ils développent des énergies qui donnent une meilleure santé. Quand on habite dans une maison en terre, on boit un matériau naturel, on développe aussi des énergies positives, parce qu'elles envoient des énergies positives. dans le corps et on est bien dans la maison. Il y a toute la partie thermique, la partie acoustique. Donc ce sont matériaux vraiment non seulement nobles, mais qui aujourd'hui sont dans l'air du temps et que nous devrons, nous, justement, s'appuyer de plus en plus pour développer justement ces architectures. Ces typologies architecturales que nous avons, qui sont extraordinaires, qui sont liées avec notre propre culture et surtout l'environnement. Et donc là, on va lancer ce projet, non seulement d'aller d'abord étudier avec les étudiants, amener les étudiants à comprendre ce que c'est que cette typologie architecturale, si la COBO en Côte d'Ivoire, ce matériautaire, que sont les techniques ancestrales, Et comme ça, les étudiants pourront après, par la suite, développer... des techniques.

  • ramata

    Très bien. On comprend que tu as développé une énorme culture et expertise des différentes architectures et savoir-faire en termes de matériaux de construction en Afrique. Et c'est vrai que ce sont des sujets qui sont peu connus et on va avoir tendance à se référer à l'Occident et à citer de grands architectes occidentaux. pour citer les plus grands monuments, pour citer les réalisations les plus spectaculaires. Et donc, c'est important d'avoir un profil comme le tien qui va permettre de remettre les choses en perspective. Quelque part, et c'est pour ça qu'on parle dans l'architecture de conservation, préservation de patrimoine. En fait, à partir du moment où on sollicite un architecte africain pour aller travailler sur une œuvre qui va avoir une portée Merci. international, ça contribue en fait au storytelling et ça contribue à quelque part promouvoir une certaine culture africaine. Toi, est-ce qu'il y a des architectes africains qui t'ont inspiré ? Et est-ce que toi, tu as aussi une volonté de pouvoir inspirer d'autres architectes ou tout simplement des personnes qui souhaitent se cultiver sur l'Afrique ? Quel est un petit peu le rôle de l'architecte dans la prochaine. promotion d'un patrimoine et d'un savoir-faire selon toi ?

  • amelie

    Oui, effectivement, on a toujours tendance à dire qu'on n'a pas d'architecture et après, moi, je réponds en disant mais est-ce que vous êtes allé chez votre grand-mère ? Est-ce que vous avez vu son architecture ? Est-ce que vous avez vu là où elle habite ? Est-ce que vous êtes rentré dedans ? Est-ce que vous avez posé des questions ? Il y a certains qui me disent, oui, c'est vrai que quand je rentre chez ma grand-mère, la maison, vraiment, elle est fraîche. et que maintenant on a un fonctionnement en béton et qu'il faut mettre la climatisation, etc. alors que chez Z, voilà. C'est pour dire que c'est hyper important pour nous de valoriser ce patrimoine-là et la Maison de l'Afrique, pour moi, ça a été l'une des premières portes que j'ai... Bien sûr, ce n'est pas le premier projet. On a fait beaucoup de... on a fait... des restaurations, on l'a fait au Niger, on l'a fait au Burkina, on a fait un chantier au Mali, etc. Et on a toujours été soutenu effectivement par d'autres institutions. Et j'ai proposé à la Maison de l'Afrique de commencer ce projet, mais de ne pas s'arrêter là, parce que c'est une maison de l'Afrique qui devrait montrer cette diversité, cette diversité des patrimoines. Et donc cet événement, c'est le début d'une coopération à long terme, à travers non seulement ce projet de chantier de restauration en Côte d'Ivoire, avec bien sûr un chantier de restauration avec des étudiants, mais aussi... avec ceux qui sont intéressés à la conservation de patrimoine, et ensuite en collaboration avec le Centre de recherche architecturale et urbaine de l'Université Félicite-Fedouani, le COU. qui est un centre de recherche et qui va développer justement par la suite les matériaux sur lesquels on va utiliser avec le laboratoire de recherche de l'université pour en faire le lancement du laboratoire des matériaux sur la restauration du patrimoine. Nous avons dans ce cadre-là aussi proposé une chaire UNESCO. qui va sur la conservation et la valorisation du patrimoine architectural et urbain. Donc ce projet avec la Maison de l'Afrique n'est pas seulement un événement du sein, ce événement du sein va permettre d'ouvrir, de contribuer à la recherche, à la restauration d'un patrimoine et à la promotion des patrimoines de l'Afrique avec des actions concrètes. la restauration d'une maison, la valorisation du savoir-faire des femmes bâtisseuses de Silaporo dans la région du Pafing et aussi par la suite si on a d'autres financements, c'est de réaliser un prototype d'une maison en terre contemporaine qui va servir de modèle pour des projets contemporains. C'est vraiment une action concrète, visible et qui va permettre d'ouvrir et de promouvoir ces bâtisseuses et ces bâtisseurs d'Afrique qui sont dans l'ombre. C'est aussi ça le projet et c'est de mettre en commun des compétences architecturales, urbaines, ingénierie, paysagistes et des communautés. à réaliser et à promouvoir un patrimoine. Donc j'invite beaucoup à tous ceux qui nous écoutent de soutenir cette activité, ce gala, qui va permettre d'un voyage, un voyage à travers les patrimoines de l'Afrique et notamment autour de l'architecture et de la conservation du patrimoine culturel, matériel et immatériel. Voilà.

  • ramata

    Très bien, on va en revenir maintenant à la collaboration avec la Maison de l'Afrique et notamment le gala qui aura lieu début décembre. Donc moi, j'ai eu l'occasion d'interviewer Youssouf Kamara, le directeur de la Maison de l'Afrique. Et je suis toujours en partenariat avec eux sur différents sujets de promotion de leurs initiatives. et l'idée c'était un peu de parler de l'organisation de ce gala et de comment en fait il y a vraiment une volonté de... Comme on le fait souvent dans l'organisation d'un gala, l'idée, c'est de soutenir une cause, c'est de soutenir une initiative et de faire en sorte que les personnes qui achètent leur billet pour le gala contribuent à financer une initiative, un projet. Et donc, pour le gala qui aura lieu en fin d'année 2025, l'idée, c'est de contribuer à favoriser l'une de tes initiatives. Donc, est-ce que tu peux nous en parler ?

  • amelie

    Je te remercie. En fait, ce n'est pas moi. Je pense qu'on a toute une mission dans ce monde et c'est toute une équipe qui travaille sur les confrères et les consoeurs. Mais c'est surtout ce que je veux mettre en avant, c'est ces bâtisseuses et ces bâtisseurs qu'on a toujours tendance un petit peu à voir là, qui sont dans l'ombre en tout cas et qui méritent vraiment. des applaudissements parce que c'est eux qui ont fait ce patrimoine et quand tu parles effectivement d'industrie culturelle on a fait des films où ce sont eux qui présentent ce savoir-faire là et c'est à eux que je rends hommage parce que ces bâtisseuses et ces bâtisseurs nous ont tendu la perche à nous de prendre cette Perche et de continuer ce travail qui continue de le faire puisqu'il continue à nous enseigner. Ce workshop qu'on va faire avec les bâtisseurs, les bâtisseuses et les bâtisseurs, c'est justement transmettre toujours ce savoir-faire-là à la nouvelle génération. Et donc, c'est à eux que je rends hommage. Et bien sûr, à travers la Maison de l'Afrique et à travers vous, à travers toi, à travers ton équipe, je vous dis merci. de nous avoir écoutés et surtout merci aux communautés. qui préserve et qui essaye en tout cas de promouvoir ce patrimoine qui malheureusement est beaucoup en danger. Voilà, merci beaucoup, merci à la Maison de l'Afrique. Et puis de notre côté, on essaye aussi de faire cette promotion du gala et on espère avoir beaucoup de monde pour soutenir cette Maison de l'Afrique d'abord, parce qu'elle porte un grand nom. et bien sûr, et puis toutes ses activités et son équipe.

  • ramata

    Écoute, je te remercie d'avoir pris le temps de bien expliciter ton initiative et de parler de concret. J'aime bien aussi le rapport que tu fais entre, effectivement, la structure La Maison de l'Afrique. C'est finalement la structure la plus pertinente pour promouvoir le concept de la maison africaine, de l'architecture africaine. Donc, il y a quelque chose d'assez symbolique ici. qui paraît quelque part quelque chose d'assez immédiat. Et pour moi, en fait, à travers le podcast Africa Fashion Tour, il y a vraiment une volonté de promouvoir les industries culturelles et créatives africaines, de promouvoir des savoir-faire et du patrimoine africain. Et l'architecture fait partie de l'art, des grandes disciplines qui contribuent. un storytelling, un narratif africain. On a effectivement, à travers le cinéma, à travers la musique, on a poussé énormément de portes et on est allé, comment dire, challenger des institutions et des autorités qui sont installées depuis des années et qui dominent les charts, on va dire. Et à travers l'architecture, à travers la mode, à travers l'art, on a aussi d'autres disciplines sur lesquelles l'Afrique... peut briller et c'était important pour moi d'avoir l'opportunité de pouvoir discuter d'architecture avec une experte parce que c'est des sujets qui me tiennent à cœur qui font partie de ce que j'appelle le soft power africain qui est vraiment une manière de mettre en avant, de valoriser des cultures parce qu'à chaque fois on dit africain mais tu l'as précisé il y a énormément de pays derrière il y a énormément de Merci. de sous-catégorie et ça entre complètement dans la volonté du podcast vraiment de favoriser cette connaissance en fait du local et du glo local en Afrique moi je mettrais en note de l'épisode toutes les informations liées au gala mais également toutes les informations liées à tes différentes initiatives afin qu'on puisse en fait découvrir tes différents travaux ... et puis se questionner sur nos projets d'immobilier en Afrique à s'assurer qu'on valorise bien le patrimoine et les savoir-faire locaux. Je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs, mais probablement en décembre au gala de la Maison de l'Afrique.

  • amelie

    Merci beaucoup. Merci pour le soutien. Au revoir.

  • ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort. pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Amélie Essécé

    00:44

  • Parcours d'Amélie : de l'architecture à la conservation du patrimoine

    01:48

  • Techniques de construction traditionnelles et matériaux locaux

    02:38

  • Importance de l'architecture vernaculaire en Afrique

    06:26

  • Projets de restauration et initiatives en cours

    08:17

  • Réflexions sur l'identité architecturale et l'avenir de l'architecture en Afrique

    20:36

Description

Les 3 leçons d'une architecture africaine, identitaire et éco-responsable.


J’ai eu le plaisir d'interviewer Amélie essesse, architecte spécialisée dans le patrimoine, surnommée katirou au Burkina Faso pour son engagement. sa vision est un pilier du soft power africain.


Son travail va bien au-delà de la brique ; c'est un plaidoyer pour un habitat qui réconcilie tradition, dignité et modernité.


Les 3 leçons à retenir de cette masterclasse :

  1. le choix radical de la terre 🌍 : l'utilisation des matériaux locaux n'est pas un retour en arrière, mais un choix d'avenir. la terre, avec ses propriétés thermiques exceptionnelles, minimise l'empreinte carbone et offre une indépendance matérielle face aux importations coûteuses et polluantes.

  2. l'architecture comme soft power : l'habitat est un vecteur d'influence culturelle, au même titre que la mode ou le cinéma. amélie essesse rejette le terme générique "africain" et milite pour une approche glolocale qui valorise la richesse et la diversité des savoir-faire propres à chaque ethnie et à chaque pays.

  3. l'impératif de dignité : l'immobilier en afrique doit se questionner : valorise-t-il le patrimoine ? confère-t-il une dignité à ses habitants ? son approche holistique (génie civil, architecture, développement international) prouve que l'esthétique et l'écologie ne doivent plus faire de compromis.


Amélie Essesse est une voix essentielle pour la renaissance constructive africaine, invitant à bâtir un avenir prospère sur des fondations ancestrales.


Si vous êtes curieux de découvrir les architectures du continent au 54 pays, cet épisode est fait pour vous


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • amelie

    Voilà, il y a une diversité de typologies architecturales. Je parle de ce qu'il y a beaucoup. On peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages. en terre, en bambou, etc., il faut qu'on les préserve, il faut qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent.

  • ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique, et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie d'Amélie Essécé. Elle est architecte spécialiste de la conservation et de la gestion du patrimoine. Elle milite pour un habitat respectueux des êtres humains et de leur environnement et elle a été surnommée Katiru par les femmes au Burkina, ce qui signifie la femme qui construit avec la terre, celle qui fonde. Je l'ai invitée aujourd'hui afin qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses initiatives pour proposer de nouvelles ambitions créatives en architecture en Afrique. Bienvenue Amélie, comment vas-tu ?

  • amelie

    Bonjour Ramata, Thialo, merci. de m'avoir invitée, je le fais bien. Et je suis ravie d'être avec toi et avec toute ton équipe pour cette interview. Voilà, donc je suis effectivement architecte, mais j'ai un parcours assez atypique. J'ai fait un bac génie civil bâtiment avant. Et donc ensuite, j'ai atterri à l'école d'architecture de Charenton. C'était une expo aux arts où j'ai appris à faire de l'architecture et de l'art. Et j'ai terminé mon diplôme des PLG, c'est-à-dire diplômé par le gouvernement, à la Villette, à l'école d'architecture de la Villette. Voilà. Ensuite, je me suis spécialisée en 2SS à l'époque. C'était comme ça. sur la thématique coopération internationale et développement, parce que ça m'intéressait aussi de faire de la coopération, notamment dans nos pays d'Afrique. À partir de là, j'ai commencé à travailler en agence d'architecture à Paris. Et ensuite, je ne sais pas si... Après mon diplôme, en fait, j'ai... J'ai été marquée par une architecture en terre. Je me suis formée par les communautés locales au Burkina Faso, au stade Burkina Faso à Pau, dans le Nauri, puis dans la cour royale de Tibélé, qui est une architecture emblématique, organique, qui raconte une histoire d'une communauté, d'un peuple, avec Ces formes rondes, carrées, qui ont toute une signification, et des décorations, des gravures et des décorations faites par les femmes. Ça m'a beaucoup, beaucoup intéressée. Et c'est comme ça que j'ai demandé aux communautés de me former. Bien que j'ai été bientôt diplômée architecte, je me suis formée par les communautés. Donc les hommes m'ont appris à construire en terre. avec le système, la technique de la boule de terre, on appelle ça la bouge. Ensuite, j'ai appris l'autorchie, etc. Les femmes ont appris à faire des enduits en terre et des peintures naturelles, parce que c'est leur travail. Après la construction de l'état brut de la bâtisse, c'est les femmes qui interviennent dans les enduits et les peintures, et les peintures-décorations qui sont aussi. des symboles liés à la culture du peuple Kasséna. Et face à tout cet enrichissement par les communautés, j'ai décidé de me spécialiser. J'ai fait une formation dans le centre de recherche à Grenoble sur l'architecture de terre. Et donc, j'ai eu mon certificat en tant que conservateur. du patrimoine architectural interne. Ensuite, j'ai continué à promouvoir ce patrimoine architectural africain, aussi bien en architecture de terre qu'en architecture de bois, de bambou ou de végétal. Comme vous le savez, le Camel Afrique a beaucoup de diversité. psychologie architecturale qui raconte les histoires des communautés. Et donc, ça m'a beaucoup intéressée parce que je trouve que cette architecture, c'est une architecture vivante, parlante, qui représente une identité, une culture d'un peuple. Ensuite, j'ai créé cette association qui s'appelle... bâtir et développer pour un environnement sain, qui est devenu aujourd'hui un club UNESCO, un club affilié à l'UNESCO, et qui continue ce travail de promouvoir le patrimoine architectural, aussi bien matériel, patrimoine culturel, matériel et immatériel, matériel architectural, mais culturel aussi dans tous les sens du terme, dans les pays d'Afrique, mais aussi en Europe. Voilà, je pense que je me suis un peu présentée. Et puis, oui, ça m'a permis de faire des chantiers de restauration au Niger, au Mali. Je suis allée aussi au Cameroun. Et j'ai intervenu aussi... dans le cadre d'identification des sites à classe au patrimoine mondial, en faisant des missions d'expertise à l'UNESCO, Centre du patrimoine mondial et de l'Unité d'Afrique, où j'accompagne aussi les pays à promouvoir leur patrimoine et à promouvoir la Convention de 1972 sur la conservation et la gestion du patrimoine culturel, notamment en Afrique. Et puis moi-même, je réalise des projets de construction qui mettent en valeur les matériaux locaux, notamment la terre, le bois, le bambou et pourquoi pas le végétal, pour promouvoir ce patrimoine qui est très riche et qui est très peu connu, ou pas beaucoup en tout cas. j'essaye de promouvoir ce patrimoine exceptionnel. J'étais un peu longue, non ?

  • ramata

    Le Vite News Podcast, c'est de te donner justement l'opportunité de t'exprimer. Tu as le temps, tu as une heure devant toi, donc tu peux être aussi longue que tu le souhaites. Tu ne seras pas interrompue. Donc, en tout cas, je te remercie pour avoir été aussi détaillée dans tes explications. Donc, ce que tu évoques, c'est cette notion de... d'utiliser des techniques, des savoir-faire qui sont peu connues.

  • amelie

    Oui, effectivement. C'est un peu comme je disais, le fait d'avoir fait un génie civil et d'avoir travaillé aussi sur le continent me permet de dire, voilà, nous aussi, on a une identité architecturale qu'on doit présenter. Et donc, aller vers ces matériaux qui sont adaptés à nos climats, parce que pourquoi... Nos édifices, moi je les appelle contemporains, quand on voit des architectures de terre emblématiques, de pierres, de bois, de bambous, qui sont toujours debout depuis la nuit des temps, ça veut dire que cette architecture-là avait un sens et a du sens. Parce que non seulement elle s'intègre à l'environnement, mais en plus de ça elle s'adapte. et nos anciens, nos bâtisseurs et bâtisseuses, et je peux dire même nos architectes, ingénieurs, ont perçu ça et ont fait des architectures vernaculaires extraordinaires. et qui sont adaptés. Et donc, c'est vrai qu'avec l'avènement des matériaux, disons, modernes, enfin, on dit ça moderne, le ciment, il est issu de la terre, il est issu du sable, il est issu de tout ce que la nature nous a donné. Donc, il vient aussi de ces concepts-là. donc du coup Pour moi, il est important que nous aussi nous montrons notre identité. Quand on va en Normandie, on va voir l'architecture de terre avec des maisons en colombage, mais qui sont en bois et avec la terre et de la chaux. Et nous aussi, on a ces architectures en colombage en Afrique. Mais pourquoi ? Et moi, l'idée, c'est effectivement de faire ça, c'est-à-dire de dire à tout le monde que... Nous avons des matériaux qui sont adaptés, nous avons des technologies qui sont là, qui peuvent être revisitées, améliorées, mais essayons d'avoir notre propre identité architecturale. Parce que c'est ça aussi qui fait la richesse d'un peuple, d'un pays, d'un continent. Et nous, nous avons, parce que notre patrimoine architectural est ancré dans notre identité culturelle. Quand on va chez les bakas de la forêt tropicale en Afrique centrale, c'est des architectures végétales avec des feuilles spécifiques, avec une structure architecturale emblématique qui, quand on monte dessus, non seulement elle ne s'affaisse pas, mais en plus de ça, elle est perméable. Et donc, ça fait que la structure existe et c'est lié avec cette communauté qui vit dans la forêt et qui a su construire une architecture. À nous, architectes, de prendre cette structure architecturale qui est végétale et de l'adapter avec une architecture contemporaine d'aujourd'hui, avec peut-être des matériaux d'aujourd'hui éventuellement, mais en se référant sur cette architecture complémentaire qui est l'architecture des peuples autoconservateurs. autour d'Afrique centrale. Je peux prendre encore l'architecture, on a parlé beaucoup d'architecture de terre, l'architecture Kassina qui est aujourd'hui inscrite, la partie burkinabée qui est aujourd'hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, montre encore cette architecture emblématique en terre avec une cosmogonie extraordinaire, une passion d'habiter qui est... On rentre... dans la terre pour se protéger, d'avoir les énergies positives pour pouvoir respirer, conserver la fraîcheur quand on a 45-50 degrés à l'extérieur. Je peux parler de l'architecture nomade de Djibouti, par exemple, où les populations, c'est toujours des femmes d'ailleurs, puisque l'architecture nomade. est une architecture au féminin, où la structure est pareille, avec du bois récupéré, et avec une façon de tisser la natte pour qu'elle soit perméable, imperméable à l'eau, avec des techniques et des matériaux naturels, un savoir-faire de tissage extraordinaire. Et c'est ça qui fait la beauté de l'abri.

  • Est-ce que tu peux nous parler d'autres techniques provenant d'autres pays d'Afrique ?

  • amelie

    L'architecture en bambou, à l'ouest du Cameroun, avec cette forme pyramidale inversée des peuples de l'ouest, ou encore l'architecture surpilotée des peuples sawas du Cameroun, avec aussi toute cette forme architecturale liée à l'eau. structures en voie, cette fois-ci, mais avec aussi des feuilles de raffia tissées et cousues. Donc voilà, il y a une diversité de typologie architecturale. Je parle de ce que... Il y a beaucoup, on peut avoir des greniers de 15 mètres de haut du Niger ou encore la mosquée emblématique de Djenné que j'ai eu la chance de visiter et toutes ces villes en terre ou ces villes en bois ou encore ces villages en terre, en bambou, etc. il faut qu'on les préserve il faut qu'on qu'on les valorise, parce que c'est ça qui fait l'identité et la richesse du continent. Je n'ai pas parlé des autres pays ou de l'Afrique du Sud, où on voit encore cette architecture d'un débellé peinte par les femmes, etc. Je pense que nous avons la place de montrer notre patrimoine architectural dans le monde et que nous devons nous référer à nos architectures vernaculaires et proposer justement cette architecture. qui est liée avec le climat, avec nos climats, pour cette architecture d'avenir de demain, moderne, entre guillemets, sachant que pour moi, cette architecture vernaculaire, elle est aussi moderne.

  • ramata

    Donc, ce que je vais te demander maintenant, c'est peut-être de nous parler d'un des premiers projets sur lesquels tu as pu travailler et puis tu as pu intégrer des savoir-faire et des techniques made in Africa.

  • amelie

    Ce qui m'a inspiré le plus, c'est d'abord des architectures vernaculaires. dans ce sens, c'est nos bâtisseurs, nos bâtisseuses, qui ont posé des actes forts sur le patrimoine architectural africain. Donc, je parlais aussi bien de ces mamans que de ces papas qui ont donné cette diversité, cette diversité de typologie architecturale. Quand je prends un bâtisseur, alors... Je n'ai pas les mots en tête parce que quand on fait de la recherche architecturale, on voit beaucoup de personnes. Ce que je veux dire, c'est que ceux qui m'ont inspiré le plus, j'avais un ouvrage qui s'appelle Afro-architecture de Passassi, qui est un Nigérian. qui a fait un livre dans les années 70 et qui m'a inspirée sur comment il a interprété l'architecture, justement nos architectures du Mosgoum, du Cameroun ou du Tchad, ou encore les Tata Samba du Bénin et du Togo, et en s'inspirant de ces architectures-là pour en faire une architecture contemporaine. Il y a un livre qui est pour moi une des bibles sur l'architecture vernaculaire qui va vers l'architecture contemporaine. C'est ce livre que je recommande beaucoup aux étudiants en architecture de l'avoir, et même aux écoles africaines, pour apprendre nos typologies architecturales vernaculaires. Et c'est ce que j'essaie de faire passer comme un message, que nos écoles d'architecture, et que nos États prennent en compte ce patrimoine architectural qui est culturel d'abord, parce que c'est notre identité, et qui nous accompagne pour pouvoir faire cette recherche de sauvegarde, de valorisation, de promotion, et de faire de ces villages une vraie carte postale aujourd'hui. Ça c'est d'un... et de développer la recherche dans les techniques de construction et de SOPCA, de ces matériaux. Aujourd'hui, en Europe, on revient sur l'architecture vernaculaire, on revient sur la terre. Vous avez vu, aujourd'hui, on parle de béton léger, on parle de matériaux recyclés. La terre, le bois, le bambou ou la pierre sont des matériaux recyclés et recyclables. Et donc, nous, on les a... l'alture nous a donné ces matériaux-là, que les États nous accompagnent aussi pour pouvoir promouvoir ces matériaux-là. C'est vrai que le béton est là, il a pris tout. Voilà, il y a cette influence. Mais on a des bâtiments en Casamance. Moi, j'ai vu des maisons à étage en terre. Quand on dit qu'on veut construire en terre, À étage, on dit non, ce n'est pas possible. Quand on voit la mosquée de Djenné, qui est à 15 mètres de haut, ou le minaret de la mosquée d'Agadez, qui est le minaret le plus haut en terre au monde, c'est possible et elle tient jusqu'à aujourd'hui. Quelle est la technique qui a été utilisée ? Et c'est ça aussi qu'il faut qu'on s'interroge, nous, les architectes africains, de savoir quelle typologie d'architecture on veut faire, quelle est l'identité de nos villes, aujourd'hui nos secondes villes ou nos troisième villes, qu'on veut donner au monde. Quel est le message qu'on veut donner au monde ? Et quelle est la place de l'architecture africaine qu'on veut donner au monde ? Et c'est à travers... ce patrimoine architectural que nous allons arriver à montrer au monde que nous avons aussi une culture qui est très riche et qui est divertie. Voilà. Donc, recherche et action, recherche et promotion et conservation, tout en adaptant, bien sûr, les nouvelles technologies de construction d'aujourd'hui et de demain. se baser vraiment sur notre patrimoine architectural, nos savoir-faire locaux, développer les technologies pour avoir une lecture, avoir aussi des bâtiments aussi emblématiques comme fait Kire, comme fait Adjaïe, comme fait tous ces confrères et consoeurs architectes africains et qui ont une place dans le monde parce que nous avons aussi notre place.

  • ramata

    Ok, donc on comprend bien que toi, en fait, assez tôt, dans le cadre de tes études, tu as mené un certain nombre de réflexions qui t'ont amené à un petit peu challenger les idées reçues sur la manière dont on fait l'architecture et de vouloir aller chercher des concepts, des techniques, des savoir-faire qui sont peut-être peu usités. Moi, je vois beaucoup, donc moi, je suis basée à Paris, je fais des allers-retours réguliers en Afrique. J'ai des parents, j'ai de la famille basée en France qui font construire des maisons sur le continent africain et avec des modèles qui sont des modèles occidentaux en fait, avec parfois des plans et sans forcément respecter le climat local, les matériaux locaux, en ayant vraiment une perspective qui est une perspective un petit peu, enfin très… occidentalisées. Toi, quel est ton retour là-dessus, ne serait-ce qu'au niveau du climat, des matériaux disponibles ? Quel est ton retour et peut-être ton conseil à ceux qui ont des projets de construction sur le continent, mais qui sont à l'extérieur ?

  • amelie

    En fait, les matériaux en tant que tels existent dans le monde entier. C'est les mêmes, sauf que ce sont les terminologies qui sont complètement différentes. Les unes, enfin, suivant les pays, suivant, voilà. la région dans laquelle on est, etc. Mais voilà, on a toujours eu en France, on oublie de dire en Europe, jusqu'aux États-Unis, on construit en terre. Il y a des exemples qui sont, donc qu'on n'a pas besoin de le dire, ils existent et sont conservés. Donc pourquoi nous, dans le continent, en tout cas en Afrique subsaharienne, parce qu'en Afrique du Nord, en Afrique de la Méditerranée, éternelle. tout un programme de conservation, les Médinas, les Casbah, etc. Et qui sont beaucoup, ils sont aussi en avance comme en Europe, mais en Afrique subsaharienne, tu vends des pays, bien sûr, je ne mets pas tout le monde dans le même bateau, dans le même sac, mais en tout cas, voilà, il y a encore... Alors est-ce que, c'est pour ça qu'on interpelle beaucoup nos gouvernements, nos ministères de tutelle, pour leur dire, voilà, donnez-nous les moyens pour que nous aussi, nous puissions préserver non seulement ce patrimoine-là, mais aussi donner une nouvelle lecture à nos villes pour que justement nous devenons des villes durables, comme nos villages le sont, parce que nos villages sont tous durables, parce qu'ils utilisent des matériaux recyclés, la terre, le bois, le bambou, la pierre. etc. Et puis il y a une connaissance effective de ces matériaux-là, parce que ces matériaux-là sont justement naturels, ils font du bien au corps, et qu'ils développent des énergies qui donnent une meilleure santé. Quand on habite dans une maison en terre, on boit un matériau naturel, on développe aussi des énergies positives, parce qu'elles envoient des énergies positives. dans le corps et on est bien dans la maison. Il y a toute la partie thermique, la partie acoustique. Donc ce sont matériaux vraiment non seulement nobles, mais qui aujourd'hui sont dans l'air du temps et que nous devrons, nous, justement, s'appuyer de plus en plus pour développer justement ces architectures. Ces typologies architecturales que nous avons, qui sont extraordinaires, qui sont liées avec notre propre culture et surtout l'environnement. Et donc là, on va lancer ce projet, non seulement d'aller d'abord étudier avec les étudiants, amener les étudiants à comprendre ce que c'est que cette typologie architecturale, si la COBO en Côte d'Ivoire, ce matériautaire, que sont les techniques ancestrales, Et comme ça, les étudiants pourront après, par la suite, développer... des techniques.

  • ramata

    Très bien. On comprend que tu as développé une énorme culture et expertise des différentes architectures et savoir-faire en termes de matériaux de construction en Afrique. Et c'est vrai que ce sont des sujets qui sont peu connus et on va avoir tendance à se référer à l'Occident et à citer de grands architectes occidentaux. pour citer les plus grands monuments, pour citer les réalisations les plus spectaculaires. Et donc, c'est important d'avoir un profil comme le tien qui va permettre de remettre les choses en perspective. Quelque part, et c'est pour ça qu'on parle dans l'architecture de conservation, préservation de patrimoine. En fait, à partir du moment où on sollicite un architecte africain pour aller travailler sur une œuvre qui va avoir une portée Merci. international, ça contribue en fait au storytelling et ça contribue à quelque part promouvoir une certaine culture africaine. Toi, est-ce qu'il y a des architectes africains qui t'ont inspiré ? Et est-ce que toi, tu as aussi une volonté de pouvoir inspirer d'autres architectes ou tout simplement des personnes qui souhaitent se cultiver sur l'Afrique ? Quel est un petit peu le rôle de l'architecte dans la prochaine. promotion d'un patrimoine et d'un savoir-faire selon toi ?

  • amelie

    Oui, effectivement, on a toujours tendance à dire qu'on n'a pas d'architecture et après, moi, je réponds en disant mais est-ce que vous êtes allé chez votre grand-mère ? Est-ce que vous avez vu son architecture ? Est-ce que vous avez vu là où elle habite ? Est-ce que vous êtes rentré dedans ? Est-ce que vous avez posé des questions ? Il y a certains qui me disent, oui, c'est vrai que quand je rentre chez ma grand-mère, la maison, vraiment, elle est fraîche. et que maintenant on a un fonctionnement en béton et qu'il faut mettre la climatisation, etc. alors que chez Z, voilà. C'est pour dire que c'est hyper important pour nous de valoriser ce patrimoine-là et la Maison de l'Afrique, pour moi, ça a été l'une des premières portes que j'ai... Bien sûr, ce n'est pas le premier projet. On a fait beaucoup de... on a fait... des restaurations, on l'a fait au Niger, on l'a fait au Burkina, on a fait un chantier au Mali, etc. Et on a toujours été soutenu effectivement par d'autres institutions. Et j'ai proposé à la Maison de l'Afrique de commencer ce projet, mais de ne pas s'arrêter là, parce que c'est une maison de l'Afrique qui devrait montrer cette diversité, cette diversité des patrimoines. Et donc cet événement, c'est le début d'une coopération à long terme, à travers non seulement ce projet de chantier de restauration en Côte d'Ivoire, avec bien sûr un chantier de restauration avec des étudiants, mais aussi... avec ceux qui sont intéressés à la conservation de patrimoine, et ensuite en collaboration avec le Centre de recherche architecturale et urbaine de l'Université Félicite-Fedouani, le COU. qui est un centre de recherche et qui va développer justement par la suite les matériaux sur lesquels on va utiliser avec le laboratoire de recherche de l'université pour en faire le lancement du laboratoire des matériaux sur la restauration du patrimoine. Nous avons dans ce cadre-là aussi proposé une chaire UNESCO. qui va sur la conservation et la valorisation du patrimoine architectural et urbain. Donc ce projet avec la Maison de l'Afrique n'est pas seulement un événement du sein, ce événement du sein va permettre d'ouvrir, de contribuer à la recherche, à la restauration d'un patrimoine et à la promotion des patrimoines de l'Afrique avec des actions concrètes. la restauration d'une maison, la valorisation du savoir-faire des femmes bâtisseuses de Silaporo dans la région du Pafing et aussi par la suite si on a d'autres financements, c'est de réaliser un prototype d'une maison en terre contemporaine qui va servir de modèle pour des projets contemporains. C'est vraiment une action concrète, visible et qui va permettre d'ouvrir et de promouvoir ces bâtisseuses et ces bâtisseurs d'Afrique qui sont dans l'ombre. C'est aussi ça le projet et c'est de mettre en commun des compétences architecturales, urbaines, ingénierie, paysagistes et des communautés. à réaliser et à promouvoir un patrimoine. Donc j'invite beaucoup à tous ceux qui nous écoutent de soutenir cette activité, ce gala, qui va permettre d'un voyage, un voyage à travers les patrimoines de l'Afrique et notamment autour de l'architecture et de la conservation du patrimoine culturel, matériel et immatériel. Voilà.

  • ramata

    Très bien, on va en revenir maintenant à la collaboration avec la Maison de l'Afrique et notamment le gala qui aura lieu début décembre. Donc moi, j'ai eu l'occasion d'interviewer Youssouf Kamara, le directeur de la Maison de l'Afrique. Et je suis toujours en partenariat avec eux sur différents sujets de promotion de leurs initiatives. et l'idée c'était un peu de parler de l'organisation de ce gala et de comment en fait il y a vraiment une volonté de... Comme on le fait souvent dans l'organisation d'un gala, l'idée, c'est de soutenir une cause, c'est de soutenir une initiative et de faire en sorte que les personnes qui achètent leur billet pour le gala contribuent à financer une initiative, un projet. Et donc, pour le gala qui aura lieu en fin d'année 2025, l'idée, c'est de contribuer à favoriser l'une de tes initiatives. Donc, est-ce que tu peux nous en parler ?

  • amelie

    Je te remercie. En fait, ce n'est pas moi. Je pense qu'on a toute une mission dans ce monde et c'est toute une équipe qui travaille sur les confrères et les consoeurs. Mais c'est surtout ce que je veux mettre en avant, c'est ces bâtisseuses et ces bâtisseurs qu'on a toujours tendance un petit peu à voir là, qui sont dans l'ombre en tout cas et qui méritent vraiment. des applaudissements parce que c'est eux qui ont fait ce patrimoine et quand tu parles effectivement d'industrie culturelle on a fait des films où ce sont eux qui présentent ce savoir-faire là et c'est à eux que je rends hommage parce que ces bâtisseuses et ces bâtisseurs nous ont tendu la perche à nous de prendre cette Perche et de continuer ce travail qui continue de le faire puisqu'il continue à nous enseigner. Ce workshop qu'on va faire avec les bâtisseurs, les bâtisseuses et les bâtisseurs, c'est justement transmettre toujours ce savoir-faire-là à la nouvelle génération. Et donc, c'est à eux que je rends hommage. Et bien sûr, à travers la Maison de l'Afrique et à travers vous, à travers toi, à travers ton équipe, je vous dis merci. de nous avoir écoutés et surtout merci aux communautés. qui préserve et qui essaye en tout cas de promouvoir ce patrimoine qui malheureusement est beaucoup en danger. Voilà, merci beaucoup, merci à la Maison de l'Afrique. Et puis de notre côté, on essaye aussi de faire cette promotion du gala et on espère avoir beaucoup de monde pour soutenir cette Maison de l'Afrique d'abord, parce qu'elle porte un grand nom. et bien sûr, et puis toutes ses activités et son équipe.

  • ramata

    Écoute, je te remercie d'avoir pris le temps de bien expliciter ton initiative et de parler de concret. J'aime bien aussi le rapport que tu fais entre, effectivement, la structure La Maison de l'Afrique. C'est finalement la structure la plus pertinente pour promouvoir le concept de la maison africaine, de l'architecture africaine. Donc, il y a quelque chose d'assez symbolique ici. qui paraît quelque part quelque chose d'assez immédiat. Et pour moi, en fait, à travers le podcast Africa Fashion Tour, il y a vraiment une volonté de promouvoir les industries culturelles et créatives africaines, de promouvoir des savoir-faire et du patrimoine africain. Et l'architecture fait partie de l'art, des grandes disciplines qui contribuent. un storytelling, un narratif africain. On a effectivement, à travers le cinéma, à travers la musique, on a poussé énormément de portes et on est allé, comment dire, challenger des institutions et des autorités qui sont installées depuis des années et qui dominent les charts, on va dire. Et à travers l'architecture, à travers la mode, à travers l'art, on a aussi d'autres disciplines sur lesquelles l'Afrique... peut briller et c'était important pour moi d'avoir l'opportunité de pouvoir discuter d'architecture avec une experte parce que c'est des sujets qui me tiennent à cœur qui font partie de ce que j'appelle le soft power africain qui est vraiment une manière de mettre en avant, de valoriser des cultures parce qu'à chaque fois on dit africain mais tu l'as précisé il y a énormément de pays derrière il y a énormément de Merci. de sous-catégorie et ça entre complètement dans la volonté du podcast vraiment de favoriser cette connaissance en fait du local et du glo local en Afrique moi je mettrais en note de l'épisode toutes les informations liées au gala mais également toutes les informations liées à tes différentes initiatives afin qu'on puisse en fait découvrir tes différents travaux ... et puis se questionner sur nos projets d'immobilier en Afrique à s'assurer qu'on valorise bien le patrimoine et les savoir-faire locaux. Je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs, mais probablement en décembre au gala de la Maison de l'Afrique.

  • amelie

    Merci beaucoup. Merci pour le soutien. Au revoir.

  • ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort. pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation d'Amélie Essécé

    00:44

  • Parcours d'Amélie : de l'architecture à la conservation du patrimoine

    01:48

  • Techniques de construction traditionnelles et matériaux locaux

    02:38

  • Importance de l'architecture vernaculaire en Afrique

    06:26

  • Projets de restauration et initiatives en cours

    08:17

  • Réflexions sur l'identité architecturale et l'avenir de l'architecture en Afrique

    20:36

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