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Africa Fashion Tour

Kefil Saka, directeur de l'Africa Design School

Kefil Saka, directeur de l'Africa Design School

55min |13/11/2025
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Description

Comment structurer l'éducation du design pour qu'elle réponde aux enjeux locaux et aux standards mondiaux ?


kefil saka, Directeur Exécutif de l'Africa Design School (ADS) à Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest francophone, partage une véritable masterclass sur le développement d'un écosystème créatif professionnel sur le continent.


Son parcours scolaire atypique entre le Benin et la France, son expérience de Directeur Artistique pour le média Vice constitue une source d'inspiration inestimable pour les porteurs de projet et les chefs d'entreprise dans la mode.


Les 3 leçons clés de la masterclass de Kefil :

1. Le partenariat comme levier de qualité : L'Africa Design School démontre la puissance des collaborations. Délivrer un diplôme français reconnu au Bénin grâce à l'alliance avec l'École de Design Nantes Atlantique permet de mêler les savoir-faire africains aux exigences académiques internationales.


2. L'employabilité par la transversalité : Le design ne se limite pas à la mode! L'Africa Design School forme des profils variés en design numérique, en graphisme, en creation de produit et les confronte aux problématiques réelles des entreprises qu'il s'agisse de banques, d'hôpitaux et de start-ups. C'est la preuve que le designer est un créateur de solutions dont l'impact économique est primordial.


3. Créer un écosystème : L'école construit un véritable network. Grâce à des initiatives comme l'incubateur FLY en partenariat avec l'IFM et Sèmè City et l'African International Design Award (AIDA), Kéfil Saka montre comment l'Afican Design School crée un réseau d'opportunités et de reconnaissance pour transformer les "métiers passion" en carrières solides et pérennes.


Si vous êtes professionnel du secteur créatif, investisseur ou simplement curieux de l'avenir du design en Afrique, cet entretien est fait pour vous.


Découvrez comment le Bénin se positionne comme un hub d'excellence créative.


🎧 Écoutez l'épisode complet du podcast Africa Fashion Tour pour découvrir la vision stratégique de kefil saka !


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Kéfil

    On a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet. On voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, travaillent sur le projet. et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Képhile Saka. Képhile est le directeur exécutif de l'Africa Design School de Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de son ambition de proposer des programmes de formation pour les designers du continent. Bienvenue Képhile, comment vas-tu ?

  • Kéfil

    Bonjour Ramata, merci beaucoup pour l'invitation, je vais très bien. Merci de m'accueillir dans le podcast.

  • Ramata

    Écoute, c'est un plaisir pour moi que de t'accueillir et on va commencer cette interview. Donc, comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter.

  • Kéfil

    Ok, merci. Je m'appelle Képhi Lissaka, je suis directeur exécutif à Africa Design School, la toute première école de design en Afrique de l'Ouest francophone, créée au Bénin depuis 2019. Alors, j'ai eu un parcours assez, je vais dire, classique. Donc, j'ai fait des études d'abord au Bénin, je suis béninois. J'ai fait des études de banque et finance et de contrôle de gestion. En parallèle, j'ai toujours eu cet attrait pour la culture, la créativité, le design. À côté de mes études, j'étais très investi dans des collectifs qui organisaient des événements autour de la musique, de la culture, de la mode. au Bénin. Et j'ai découvert un peu cet écosystème créatif en 2007, juste après l'obtention de mon bac. Et au fur et à mesure que j'évoluais dans cet écosystème-là, je me suis tout de suite rendu compte que j'avais besoin de me former pour vraiment acquérir des compétences solides. que ce soit au niveau de la communication, que ce soit au niveau de l'organisation, de la planification d'événements. J'avais vraiment envie de passer à une étape un peu supérieure. Je pensais que j'avais déjà fait le cours de façon d'audidacte et donc j'avais vraiment envie de me former. Et à l'époque, sur place, il n'y avait vraiment pas de formation au Bénin sur cette discipline autour de la culture, de la créativité. Et donc je me suis orienté sur la France. J'ai repris des études, j'ai trouvé une formation à la fac de Paris 8, donc l'université de Paris 8 Saint-Denis, où j'ai refait une licence en communication, en infocom de manière générale, donc licence 360. Et je me suis spécialisé en master, toujours à la fac de Paris 8, en humanité numérique, spécialité création et édition numérique. Et donc c'est un master un peu... Je vais dire qu'il sélectionne trois profils, donc des designers, des concepteurs et des développeurs. Et donc j'ai été sélectionné dans ce master en tant que designer, parce que j'ai appris à toucher au logiciel également de façon un peu autodidacte, donc j'avais présenté un portfolio. Donc j'ai été reçu dans ce master en tant que designer, et pendant deux ans j'ai été formé sur de la méthodologie de projet design. On a travaillé sur des projets collaboratifs avec... avec des institutions françaises. Suite à l'obtention de mon diplôme à Paris, j'ai fait mes premières expériences en agence créative chez Vice Media, donc le média Vice, où j'ai été formé, enfin j'ai vraiment appris le métier, on va dire, du directeur artistique dans cette agence-là, donc j'ai travaillé. pour l'agence créative du Média sur divers projets. On a travaillé avec des clients tels que Spotify, tel que Danone, tel que Tinder. Et donc c'est comme ça que j'ai vraiment été formé un peu à ce que c'est que la direction artistique et le graphisme de manière générale, et la publicité. Et donc suite à cela, je me suis mis un peu à mon compte. J'ai travaillé en freelance avec quelques boîtes et en 2019, pendant le confinement, j'ai été sollicité pour rentrer au Bénin pour pouvoir rejoindre le projet Africa Design School. En tant que responsable pédagogique, j'avais pour mission de développer des filières à cette époque-là. Et vu que... Le confinement était une période quand même assez, je veux dire, anxiogène. Je n'ai pas hésité. J'ai décidé du coup de rentrer au Bénin en 2020 pour me consacrer à 100% sur le projet de l'école. Donc voilà un peu mon parcours.

  • Ramata

    Très bien, je te remercie pour toutes ces informations. C'est assez dense. J'aimerais bien qu'on puisse revenir un petit peu sur certains éléments. Là, tu nous as fait vraiment un condensé de tout ce par quoi tu es passé. Toi, tu as eu du coup un apprentissage de la mode en France. Et puis, je pense que tu, étant originaire du Bélin, tu as, j'imagine, conscience et savoir-faire et des spécificités qu'il peut y avoir et les différences qu'il peut y avoir entre... la mode telle qu'on la voit et qu'on envisage en Afrique et la mode telle qu'on peut l'envisager en France et en Occident. Est-ce que tout de suite, toi, quand tu commences tes études en France dans la mode, tu t'envisages avec une perspective en Afrique ? Tu te dis que si tu dois créer un projet ou autre, tu as l'Afrique dans un coin de ta tête ? Pas vraiment, c'est vraiment l'opportunité, on va dire, du Covid. On va appeler ça une opportunité.

  • Kéfil

    Qui a été un déclencheur pour toi ? Alors, quand je partais du Bénin, j'avais vraiment pour vocation de revenir m'installer au Bénin. Donc, je savais que la France, c'était pour une poudre période quand même. J'étais persuadé que j'allais revenir, puisque le continent africain est encore, je vais dire, beaucoup de challenges et en design, on dit souvent un challenge égal à une opportunité. Et donc, dans ma tête, c'était assez clair qu'après mes études et mes premières expériences professionnelles, j'allais revenir au Bénin m'installer. Je peux clarifier quelque chose ?

  • Ramata

    Vas-y, bien sûr, avec plaisir.

  • Kéfil

    Ok. Alors, je n'ai pas fait des études en mode. mais plutôt en communication. C'est ce que je disais, j'ai d'abord fait une licence en communication à Paris 8 et un master en création et édition numérique. Donc, il n'y avait pas vraiment de mode.

  • Ramata

    D'accord, très bien. Et du coup, la partie direction artistique, tu as pu la développer au sein du Mediavice, c'est ce que tu évoquais.

  • Kéfil

    Exactement, oui.

  • Ramata

    Ok, très bien. Et du coup, ton intérêt pour la mode, tu as toujours eu un intérêt pour la mode sans forcément avoir fait des études dans ce domaine ?

  • Kéfil

    Oui, mon intérêt pour la mode, ce n'était pas forcément pour développer des marques de vêtements. J'étais plutôt du côté, je vais dire, communicationnel, accompagner les... des porteurs de projets dans leur communication, dans leur DA. J'ai touché un peu à tout, à la photo, à la vidéo. Donc, la création de contenu pour eux également, oui. Donc, voilà, c'était un peu ça.

  • Ramata

    Très bien. OK. Merci pour cette précision. Du coup, toi, sur le background, du coup, plutôt sur la partie communication, marketing, en fait, et vraiment, quelque part, image de marque. À un moment donné, tu as eu l'opportunité de le mettre à profit de l'école en tant que responsable pédagogique. Au niveau de l'école, ta mission au niveau des programmes, c'était quoi ? En général, les écoles de mode, il va y avoir une partie qui est très centrée sur le design, sur la couture, sur apprendre à faire un vêtement. Et puis, il va y avoir ce qu'on va appeler les programmes fashion design. et puis après, on peut avoir des programmes qui sont plutôt… fashion business dans lesquels il y a le marketing, il y a la communication. Toi, quand tu arrives avec la responsabilité de la pédagogie de l'école, quelle est l'ambition ? Comment les programmes ont-ils été orientés ?

  • Kéfil

    Pour la petite histoire, l'école a été montée par le gouvernement béninois en partenariat avec l'école de design de Nantes. Et donc il y avait déjà une historique quand moi j'arrivais. Donc c'était une école de design qui allait lancer plusieurs programmes. Donc il existait déjà une filière design numérique. Donc en design numérique, ils développent plus des applications, des sites internet. Ils sont vraiment spécialisés sur l'expérience utilisateur. Et donc moi j'avais taillé des charges quand je rejoignais l'école. d'assurer la continuité de cette filière-là, mais également de développer la filière design graphique. Et donc, dans un premier temps, il fallait faire une sorte d'étude de marché pour voir quand même quelle était la pertinence de lancer ce type de formation sur le territoire, de voir s'il y avait vraiment un besoin auprès des agences, des entreprises, parce que Le rôle de l'école, dans un premier temps, c'est de former pour le tissu professionnel. Donc il y avait cette étude-là qui était faite en amont et qui avait confirmé, on va dire, les hypothèses sur la pertinence de lancer ce type de programme. Et dans un second temps, on est parti sur un référentiel qui existe déjà, qui est le DNMAD, le Diplôme National de Métiers des Arts et du Design, qui est un diplôme français. qu'on a implémenté au Bénin, mais en l'adaptant au contexte local. Je donne un exemple très simple. Dans le référentiel en France, on a ce qu'on appelle des cours d'histoire de l'art, des cours d'histoire de l'art de façon générale. Et nous, à Cotonou, ce qu'on a fait, on a adapté cela sur des cours d'histoire de l'art africain. Et donc... Ça nous pousse à amener les étudiants, voir un peu les artisans, des royaumes, parce qu'il y a encore des palais royaux qui existent avec tout le savoir-faire autour de, par exemple, des tisserands. Donc, mes étudiants sont allés au palais royal d'Avonglo pour apprendre à tisser. Donc voilà, on essaie vraiment d'adapter ce programme au pont-est local. pouvoir répondre à un besoin, mais également questionner ce savoir-faire-là et toute la technologie qui existe aujourd'hui, comment on se sert de ces technologies pour valoriser, en quelque sorte, nos savoir-faire locaux africains sur le continent. Donc voilà un peu ce qui a été mis en place à mon arrivée. Et dans un second temps, ce qu'on a... Ce qu'on a essayé de développer également, c'est de développer des partenariats, des partenariats stratégiques avec des entreprises, des entrepreneurs, qui nous soumettent des projets sur lesquels les étudiants sont formés, puisque le métier de designer, de manière générale, c'est un métier qui va demander beaucoup de pratiques. Et donc, on n'a pas pour vocation de former des jeunes sur des briefs, on va dire, un peu fictifs. On va chercher des projets, on va chercher des entreprises qui nous soumettent des sujets sur lesquels les étudiants sont amenés à travailler, à présenter, à pitié, à valoriser auprès des différents partenaires de l'école. Donc voilà.

  • Ramata

    Très bien. Aujourd'hui, l'école, ce que tu évoquais, c'est que toi, en tout cas, elle a été créée, il me semble, en 2019, et que toi, tu es arrivé un petit peu après le Covid. Donc vous avez, j'imagine, plusieurs promotions qui ont été diplômées. Quels sont les débouchés pour les étudiants qui passent par l'école ?

  • Kéfil

    Aujourd'hui, nous avons développé, je vais dire, cinq programmes, donc quatre programmes en licence et un master. Aujourd'hui les débouchés sont divers puisqu'on a plusieurs filières. En fonction des filières, on va avoir des territoires artistiques pour de la publicité, pour des marques, on va avoir des designers graphiques, on va avoir des designers d'expérience, des architectes, enfin des designers d'espace qui vont plutôt travailler avec des architectes. On va avoir des designers d'objets, donc de produits. On dit produits, c'est à la fois des accessoires de mode, mais également du mobilier, par exemple. Donc c'est divers, c'est varié. Donc c'est vraiment en fonction des spécificités du programme qu'on va insérer les étudiants. Donc il y a tout. C'est une bonne partie des étudiants qui vont aller en entreprise, mais il y a également ceux-là qui ont pour vocation de développer leur projet, c'est-à-dire de se lancer en tant qu'entrepreneur et de développer leur projet. Et là, ce qu'on a mis en place, c'est de monter un incubateur au sein de l'école pour pouvoir les accompagner dans la structuration de leur projet. Aujourd'hui, l'école a été labellisée en tant qu'organisation d'accompagnement à l'entreprise. nous ne sommes que 15 dans tout le pays à être labellisés. Et donc, grâce à cet incubateur, nous allons également permettre aux étudiants de mieux structurer leurs projets de fin d'études, de lancer leurs projets et de bien démarrer une carrière, on va dire, entrepreneuriale. Donc, voilà.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant cet aspect à la fois. on accompagne des porteurs de projets à travers un incubateur d'un côté, et de l'autre, on a une formation plus académique pour des profils qui peuvent effectivement lancer leurs projets, mais qui peuvent aussi venir intégrer des entreprises. Et aujourd'hui, en termes de... Alors, j'ai deux questions, mais je vais essayer d'en poser qu'une seule. J'ai tendance à poser plusieurs questions en même temps. Au niveau des étudiants, est-ce que c'est des étudiants qui viennent à... Comment dire ? que de Cotonou, du Bénin ou est-ce qu'il y a vraiment une volonté d'accueillir des étudiants qui viennent de différents pays d'Afrique ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. Aujourd'hui, le projet de l'école, c'est, à l'origine, on disait, former des designers africains pour l'Afrique. Mais aujourd'hui, le monde est global. On vit dans un monde global. Il y a de la globalisation, de la mondialisation. Et avec Internet aussi, on est ouvert sur le monde. Donc on a changé un peu cette approche. On forme des designers africains pour le continent, mais également pour le reste du monde. Et dans ce cas-là, c'est vrai, l'école est encore majoritairement béninoise. On a 90% d'étudiants béninois. Mais aujourd'hui, nous accueillons des étudiants qui nous viennent du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Rwanda, du Burundi. Nous avons des étudiants libanais à l'école. Nous avons même des étudiants français qui viennent se faire former à Cotonou, pour le Master par exemple. pour nous avoir accueilli une dizaine d'étudiants français qui sont venus se former à Cotonou pour deux ans. Donc, à long terme, on a vraiment pour objectif d'être une école internationale, d'accueillir un peu plus d'étudiants internationaux. Et donc, pour cela, on a mis en place pas mal d'actions. On participe par exemple à des salons internationaux. On était au Gabon, au Côte d'Ivoire, pour rencontrer les bacheliers, leur présenter le programme. projets de l'école et attirer un maximum de jeunes sur ces nouveaux métiers de la créativité. Je tiens juste aussi à souligner que ce n'est pas très évident pour des parents africains d'être ouvert à ce type de métier-là, donc ce n'est pas facile. On a une approche un peu très scolaire dans le sens où on discute beaucoup avec les parents sur les débouchés, sur le programme. On se questionne beaucoup sur ce type de formation avant de valider le choix de leurs enfants qui décident de s'inscrire chez nous à Cotonou. Et aussi aujourd'hui, L'école est basée à Cotonou, nous avons environ 300 étudiants. Mais le projet à long terme, c'est de rejoindre le campus de SEMECITY, l'agence gouvernementale qui a initié le projet de cette école. Nous avons pour vocation de nous déplacer et d'aller à Ouida, sur un campus qui va accueillir 30 000 étudiants. venant de Cotonou mais également du reste du monde, à Ouida, sur 300 hectares. On sera membre d'un écosystème de nouvelles formations qui vont être implantées à Ouida. Voilà les perspectives en termes de développement de l'école.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant. ce que tu expliques et que tu évoques peut-être la réticence de certains parents et qui n'est pas qu'une réticence de parents africains. Il y a vraiment ce côté, ce qui est lié à la mode, à la créativité. On peut envisager ça comme peut-être un passe-temps, mais on a du mal à s'imaginer que ça peut être une carrière et on a tendance à être rassuré quand les enfants vont vers la médecine, vers le droit, vers peut-être le marketing ou la communication des parents. parcours peut-être plus classique. Donc, c'est important de préciser que vous adoptez en fait une approche qui intègre en fait les parents de façon à les rassurer vers, comment dire, vers l'intégration des enfants, des étudiants au sein de l'école. Au niveau du programme et des types de diplômes, est-ce que ça s'organise un petit peu comme en France, dans les écoles de mode, il y a des niveaux bachelor et des niveaux master ou est-ce que ce sont d'autres d'autres diplômes qui sanctionnent les programmes ?

  • Kéfil

    Au niveau des diplômes, nous avons une licence, un bac plus 3, bachelor et un master. La licence, c'est vraiment le DNMAD, le Diplôme National des Métiers de l'Art et du Design, qui est un diplôme d'État français. Mais également, nous sommes reconnus par l'État béninois, donc nous délivrons une double diplomation. Et au niveau... Le Master, c'est Bac plus 5, c'est la suite de la licence, deux ans après la licence. C'est un parcours un peu complet qu'on propose à Cotonou. Nous avons également des formations continues, mais qui sont un peu, on va dire, des formations courtes, spécifiques, pour des professionnels qui souhaitent se mettre à nouveau sur des logiciels spécifiques. Et aussi pour faire un focus sur la mode, je disais au début que nous travaillons avec l'agence de développement CMST, qui est un peu l'agence qui porte les projets de développement de formation de l'école. Et donc cette agence a mis en place par exemple des programmes d'incubation où ils sont spécialisés. On a un programme d'incubation spécialisé Maud en partenariat avec le... J'ai oublié le nom de la structure, mais si ça me revient, je vais le dire. Et donc, ils ont monté un programme qui s'appelle Flight et c'est vraiment orienté sur la mode. Et donc, sur ce volet-là, ils accompagnent des porteurs de projets. donc c'est des... des étudiants qui ont des marques de vêtements par exemple et qui veulent développer ou structurer davantage leurs marques. Et donc ils sont accompagnés pour développer un peu leurs marques. Il y a également un autre incubateur autour de l'animation, par exemple des vidéos, donc des vidéos animées et ça c'est en partenariat avec les Gobelins Paris. Voilà un peu ce qui se met en place. Il y a tout un écosystème créatif qui se développe davantage parce que, il faut le dire, Le contexte est favorable. L'État a décidé d'en faire un peu, on va dire, un pilier de développement du pays. Donc, il y a beaucoup d'initiatives, d'investissements qui sont faits autour de la formation, autour de la valorisation des talents locaux, autour des événements pour justement promouvoir. tout cet écosystème-là créatif à Cotonou.

  • Ramata

    Du coup, je pense que j'ai trouvé l'information que tu cherchais par rapport à l'incubateur Fly. C'est une collaboration avec SEMECITY et également l'IFM, l'Institut français de la mode.

  • Kéfil

    C'est ça, c'est ça, l'IFM.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, ce qu'on comprend, c'est que, comment dire, il y a l'école basée à Cotonou. qui va faire des partenariats avec différentes institutions de manière à étendre encore plus sa portée et pouvoir apporter les programmes les plus pertinents pour les étudiants. Aujourd'hui, par rapport aux étudiants diplômés, les débouchés à Cotonou, au Bénin et même dans la sous-région en Afrique de l'Ouest, quels sont-ils ? Est-ce qu'il y a aujourd'hui des marques, des structures qui peuvent accueillir les étudiants au Bénin et dans la sous-région ?

  • Kéfil

    Pour ce qui concerne les métiers du design de manière générale, ce qui est intéressant, c'est que le design est transversal, il s'applique à tous les sujets. À la fois, par exemple, il y a des designers dans des hôpitaux qui vont travailler sur l'expérience utilisateurs des patients quand ils arrivent. On va dans une banque, aujourd'hui il y a des besoins de designers. Donc je dis tant qu'il y a des challenges sur le continent, il y a de la place pour des designers. Parce qu'un designer c'est quelqu'un qui apporte des solutions de façon globale aux problématiques avec une touche de créativité et d'innovation. En termes de débouchés, il y a des offres. L'école, nous, on reçoit tout le temps des offres. Il y a des offres qui nous parviennent au Bénin, qui viennent du Bénin, mais également des pays voisins, de la Côte d'Ivoire, du Togo. Et donc, ces offres vont être distribuées aux étudiants et qui vont combiner à l'ère d'entreprise. Mais on est quand même conscient du fait que... L'écosystème, de manière générale, il n'est pas encore assez, je vais dire, mature. Il n'y a pas assez de lumière, on va dire, sur les métiers de la créativité. Et nous, notre obligation en tant qu'école, c'est également de communiquer le maximum sur ces nouveaux métiers-là auprès des entreprises. pouvoir faire un peu de lumière sur ces métiers, sur le potentiel que peuvent apporter des créatifs au sein des entreprises. Et donc ça c'est un travail qui se fait depuis plus de cinq ans. Et je disais plus tôt qu'on a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens. Une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet, voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, ils travaillent sur le projet et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie. à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers. Donc en termes d'employabilité, c'est vraiment dans tous les sens, ça va. On reçoit des offres, on pousse des étudiants. Dans le programme pédagogique, on a un module qu'on appelle professionnalisation, on les accompagne à structurer leur projet professionnel. à faire un CV, un portfolio, à savoir faire une sorte de cartographie des entreprises ou des secteurs d'activité dans lesquels ils veulent travailler. Et donc, on les accompagne à travers ce cours de professionnalisation pour tout ce qui va être. candidatures spontanées. Donc voilà, de manière générale, en termes d'insertion professionnelle, ce qui est mis en place et qui est fait. Et justement, pour ceux-là qui n'ont pas envie d'aller en entreprise et qui veulent plutôt développer leurs projets, il y a des incubateurs qui sont mis en place également pour les accompagner dans ce sens.

  • Ramata

    Très bien. Et au niveau du développement de l'école, là. En termes de... Comment dire ? Il y a des écoles qui vont développer des antennes, en fait, dans d'autres régions. Est-ce que... Soit développer des antennes dans d'autres régions, dans un pays ou dans une zone géographique donnée, soit faire des partenariats. Donc là, tu as évoqué des partenariats avec des écoles, une école à Nantes, une école à l'IFM à Paris. Est-ce qu'il y a... Je sais qu'il y a des écoles de mode à Casablanca, au Maroc. Est-ce qu'il y a des ambitions de faire des partenariats avec d'autres écoles ou alors de créer, je ne sais pas si c'est une franchise de termes, mais en tout cas de créer d'autres antennes de l'école dans d'autres pays d'Afrique ou d'autres villes au Bénin ?

  • Kéfil

    Alors, le projet, c'est d'abord de bien s'ancrer sur le territoire béninois. Donc, c'est vrai que ça fait déjà cinq ans que l'école a six ans. que l'école existe, mais on a encore beaucoup de travail. Il faut vraiment qu'on puisse, qu'aujourd'hui, que le métier de designer soit quelque chose qui soit vraiment ancré et vulgarisé dans la tête de tout le monde. Vous savez, l'informatique, c'est beaucoup plus accepté, par exemple, que le métier de design. Donc, pour le moment, on a vraiment envie d'ancrer cela dans l'écosystème. et donc à... Court thème tout de suite, je ne dirais pas qu'on envisage créer des antennes dans les pays voisins, mais plutôt inviter tous les jeunes de ces pays voisins à venir au Bénin. En plus, il y a une bonne dynamique en ce moment au Bénin qui fait que le pays a une très bonne attractivité. Donc, on invite un maximum de jeunes à venir au Bénin, voir ce qui se passe. se former, la créativité. L'écosystème créatif est vraiment, vraiment animé. Il y a des événements tout le temps, il y a des activités, il y a des promoteurs qui organisent des défilés, qui organisent des pop-ups, il y a de nouveaux lieux qui s'ouvrent également. Donc voilà, ça crée une vraie... Ça crée une bonne dynamique en tout cas dans cet écosystème-là. Et pour ce qui est des partenariats avec des autres structures, alors nous, Africa Design School, certes, on est en partenariat avec l'école de design de Nantes Atlantique. Et là, par exemple, on a un partenariat avec l'école du Péret de Paris. Et notre volonté également, c'est de développer davantage de partenariats avec... d'autres universités. Là on est en discussion avec une université en Tunisie, on a vraiment envie de développer des partenariats avec d'autres universités, monter des programmes communs, pourquoi pas créer les échanges entre les universités, entre les équipes pour le bénéfice des étudiants. Ce sont des choses qui sont en cours déjà. Mais par exemple l'agence de développement C'est le même site. elle a beaucoup plus vocation de développer de nouveaux partenariats avec des écoles. Donc, ils ont monté Fly avec les sites français de la mode, il y a les Gobelins, mais il y a également Epitech. Donc, c'est plus un volet technologique et informatique. Et donc, voilà, il y a beaucoup de formations qui sont en train de se développer et ça, c'est vraiment le travail de l'agence de développement CMCT qui permet cela.

  • Ramata

    Très bien. Donc, on sent en tout cas qu'il y a vraiment une volonté de travailler sur une portée internationale et de vraiment donner, en termes de programme, des opportunités aux étudiants d'avoir accès à des possibilités de faire des semestres, pourquoi pas dans d'autres écoles, ou d'avoir accès à des professeurs qui travaillent dans d'autres écoles. Justement, au niveau du corps professoral, en fait. des personnes qui interviennent pour former les étudiants ? Est-ce que ce sont des personnes qui ont un background académique ? Est-ce que ce sont aussi des personnes qui sont des experts métiers, qui ont exercé le métier pendant plusieurs années et qui viennent partager leur expertise avec les étudiants ? Quel est le profil des professeurs au sein de l'école ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. On a divers profils. Dans un premier temps, on a une bonne partie d'intervenants qui sont professionnels. Ce sont des designers qui ont fait leur marque et qui travaillent soit en agence ou qui ont leur propre agence, qui vont venir accompagner les étudiants. Donc ça, c'est le premier volet. on a Également des intervenants internationaux qui nous viennent généralement de l'école design de Nantes pour animer des workshops avec des étudiants. On a également des docteurs puisqu'il y a une bonne démarche scientifique dans le métier de design qui est savoir faire de la recherche, savoir analyser, faire de... ce que nous on appelle par exemple la veille du terrain, et donc on va demander à des sociologues, des anthropologues, de venir donner des notions sur ces sujets-là aux étudiants. Donc on a à la fois des professionnels autodidactes, ou qui ont fait des études à l'étranger et qui sont revenus à ces stadiobénins, donc des repates. On a des docteurs, donc euh de professeurs d'université, et on a des professeurs d'écoles partenaires qui viennent également donner les cours aux étudiants à l'école. Donc l'approche, elle est un peu, je vais dire, globale.

  • Ramata

    Il y a de nombreuses écoles de mode à Paris notamment, qui organisent en fin d'année un défilé, notamment pour, alors je parle plutôt pour la filière design, mais ça peut être pour les autres filières en tout cas. C'est un moment de présenter le travail des étudiants et c'est aussi parfois un moment qui peut venir clôturer une année, notamment les bachelors, une fois qu'ils ont fait leur troisième année, qui terminent, ou alors les masters quand ils arrivent au niveau Bac plus 5. Il y a un côté présentation de collection. Est-ce qu'il y a ce type d'événement au sein de l'école ?

  • Kéfil

    Oui, il y a ce type d'événement. nous à Africa Design School on a mis en place un projet Un événement qu'on appelle les Innovative Solutions Day, c'est une journée où tous les projets de fin d'études sont exposés. Donc on crée une sorte d'exposition dans l'école, au sein de l'école, où on invite des partenaires, c'est ouvert au public, et on sélectionne 10 meilleurs projets qui vont être pitchés devant les partenaires, mais tous les autres projets sont exposés. de manière générale dans l'école. Et donc, cela va vraiment susciter de l'intérêt. Nous, on est continuellement en train de communiquer sur le métier de designer. Et donc, ce type d'événement, c'est vraiment pour valoriser le métier, valoriser le travail des étudiants et le permettre également d'avoir des opportunités parce qu'à travers ces événements-là, ils vont rencontrer des partenaires, des sponsors pour pouvoir développer leurs projets, etc. Donc il y a ça qui se fait au sein de Africa Design School. Et aux côtés, par exemple, de CB City, l'agence gouvernementale qui nous héberge et qui accompagne également le programme Flight, ils organisent des démodés. Donc c'est une journée où les porteurs de projets autour de la mode vont présenter peut-être une nouvelle collection. Ils vont... Voilà, ils vont... pitcher un peu le projet. Et également, il y a un défilé de mode où ils vont présenter des pièces lors du mois de la mode. On a un mois de la mode au Bénin et lors de ce défilé de mode, ces porteurs de projet, ces jeunes qui ont bénéficié de la formation, vont présenter des nouvelles collections. Et la dernière s'est réalisée, s'est déroulée, je pense, il n'y a pas si longtemps que ça. au Sofitel de Cotonou, et qui a vraiment créé un bon... qui a suscité beaucoup d'engouement auprès de ces jeunes. Donc il y a eu la participation du ministre, de la culture à ce type d'événements. Donc c'est vraiment des événements qui valorisent le travail qui est fait autour de la route, autour du design et de la créativité.

  • Ramata

    Très bien. Et est-ce qu'il y a également des prix qui sont développés ? Puisque là, on sent bien dans tout ce que tu nous racontes par rapport à cette école qu'on a vraiment toutes les fondations d'une école qui se veut internationale, avec des partenariats avec des écoles en Afrique, mais également à l'étranger, notamment en France, à Paris et à Nantes. On a du coup ces événements, ces défilés qui donnent l'opportunité, qui vont donner de la visibilité sur le travail qui est fait par les étudiants et qui donne aussi l'opportunité d'inviter les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des entreprises, des gouvernements, de CMCity, de manière à vraiment promouvoir l'école, mais également mettre en avant les profils des étudiants. Dans l'écosystème des écoles, il y a aussi souvent des prix. en partenariat avec différentes structures pour venir identifier les créateurs de demain, les talents de demain. Est-ce qu'il y a aussi cette démarche-là qui est prévue avec l'école ?

  • Kéfil

    Exactement. Dans ce cadre-là, nous avons lancé les AIDA, African International Design Awards, en collaboration avec Tracy Awards. Et donc l'initiative derrière ce projet, c'est vraiment de récompenser des designers confirmés ou pas, ou des étudiants, mais pas que issus d'Africa Design School, mais c'est vraiment un concours qui est ouvert à tous les designers africains. Et donc l'idée c'est vraiment de récompenser les meilleurs projets pour le compte de l'année 2025. On a lancé ce projet avec Trissie Awards dans l'idée également d'avoir un événement. Donc un événement où on va se rencontrer, où tous les acteurs de design du continent vont se rencontrer, se retrouver, créer des synergies. Et également ce sera l'occasion pour montrer auprès des politiques publiques, mais également auprès des partenaires. qui a vraiment un vrai écosystème autour de la créativité, du design africain et qui ne va faire que renforcer le positionnement aujourd'hui de notre école en tant qu'école de design africain. L'idée c'est vraiment de créer à travers cet événement-là un temps fort pour marquer cet écosystème. en disant que le design ce n'est pas que de la fantaisie, ce n'est pas que pour amuser la galerie, mais c'est plutôt une discipline avec des enjeux économiques, avec des enjeux sociétaux, culturels. Et à travers ce type d'événements, on pourra vraiment démontrer quelle est la force du design et l'impact que cette discipline a sur le design. sur le continent. Donc oui, on a un événement, on a un concours de dizaines qui est déjà lancé et on espère qu'il y aura beaucoup de participants et que cela va susciter beaucoup d'intérêts.

  • Ramata

    Très bien, de toute façon, je mettrai le lien puisqu'en fait, il est encore possible de s'inscrire pour participer et éventuellement devenir un lauréat de ce prix. Je mettrai le lien en note de bas de l'épisode, afin que les auditeurs intéressés puissent découvrir ce prix et éventuellement candidater. Maintenant, je vais en venir à... Je ne sais pas si c'est la question qui fâche, mais ça fâche peut-être plus les parents et les étudiants que les patrons d'école. Mais quels sont les frais de scolarité ? Maintenant qu'on a parlé de, finalement, de la qualité du programme, la qualité des professeurs, des différents partenariats qui existent et de tout ce qui est mis en œuvre pour vraiment s'assurer de données. le bon niveau d'éducation aux étudiants et aussi de les accompagner vers l'emploi. Du coup, est-ce que tu peux évoquer avec nous les frais de scolarité ?

  • Kéfil

    OK. Alors, les frais de scolarité sont de 3 500 euros l'année, donc 2 300 000 francs CFA par an. Alors, pour le contexte, on va dire africain, cela peut paraître un peu cher, mais pour la qualité de la formation et... Comparé par exemple à une formation de design classique à Paris ou en France, ce n'est pas du tout cher. C'est-à-dire que c'est le même diplôme, le même cadre de travail, les mêmes formations pour trois fois moins cher de manière globale, avec à la clé un diplôme français et un diplôme béninois. Donc voilà un peu le prix de la scolarité. Aujourd'hui, on essaie de développer des partenariats avec des structures qui vont nous accompagner sur, je ne veux pas dire des bourses, mais du parrainage. On a un partenariat avec les structures qui nous accompagnent sur du parrainage, donc qui parrainent des étudiants qui n'ont pas, par exemple, les moyens de payer la scolarité. Donc voilà, on essaie de mettre des choses en place également pour... pour faciliter l'accessibilité à cette école et créer vraiment une école totalement inclusive. Ça, c'est ce qui concerne Africa Design School. Du côté des programmes d'incubation, par exemple avec SEMECITY, je crois que l'accès, c'est sur dossier, c'est sur sélection, mais je pense qu'ils payent des frais de dossier qui vaut à 150 000 francs CFA. Je dirais autour de 200 euros, 250 euros pour un an d'accompagnement. C'est quasiment sponsorisé par le gouvernement. En fonction des programmes, les coûts vont varier.

  • Ramata

    Très bien, et tu fais bien de le préciser. Effectivement, aujourd'hui, en France, une école de mode, ça va être facilement autour de 10 000 euros par an, que ce soit la formation, comment dire... Bachelor ou master, on est entre 8 et 10 000 euros assez facilement au sein des écoles de mode. Et parfois, selon certaines options, certaines écoles, ça peut dépasser les 10 000 euros. Donc, effectivement, 3 500 euros pour une formation de ce calibre-là et un diplôme reconnu, c'est un prix qui est très attractif. Maintenant, on peut comprendre aussi que par rapport à certaines réalités locales, que ce soit une somme assez conséquente. Donc, c'est bien que tu aies pu partager ces opportunités de parrainage de certains profils afin que ces carrières puissent être accessibles au plus grand nombre. Aujourd'hui, en fait... L'école, ça fait maintenant 5 ans qu'elle... Ouais, 2019, pardon, ça fait même 6 ans qu'elle existe. Oui, 6. Toi, tu nous as parlé de différents partenariats et tu évoquais le fait qu'aujourd'hui, l'idée, c'est de consolider des fondations au Bénin, à Cotonou, et puis avant d'aller s'exporter. Du coup, si on reste dans le cadre du Bénin, c'est que C'est quoi l'ambition de l'école ? C'est quoi les perspectives de l'école sur les cinq prochaines années, par exemple ?

  • Kéfil

    Oui, alors sur les cinq prochaines années, les perspectives vont être d'assurer la qualité de formation et de former jusqu'à 1 200 étudiants. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 400 étudiants qui ont déjà été formés. Donc, on envisage former jusqu'à 1 200 étudiants. On veut également lancer une dizaine de projets entrepreneuriaux. On a été labellisé cette année en tant qu'incubateur. On va lancer bientôt des programmes et accompagner des étudiants qui veulent lancer leur projet de fin d'études. L'idée dans cinq ans, c'est qu'on ait dix champions qui ont pris place cet incubateur et qui ont développé leur projet, qui ont lancé leur projet et qui sont installés. Nous avons également vocation de pouvoir lancer des programmes en anglais, parce que nous sommes vraiment proches du Nigeria et il y a un enjeu également à pouvoir lancer des programmes en anglais, former des étudiants sur un programme à la fois en anglais et français. Donc ça aussi, c'est un sujet qui nous tient vraiment à cœur en termes de perspective. Et enfin, je dirais, nous avons aussi pour objectif de pouvoir développer un programme de bourse, donc aller chercher les bourses. permettre à vraiment tous ceux qui souhaitent, au mérite, de pouvoir bénéficier de cette formation également. Donc voilà, en quelques mots, je veux dire, les axes sur lesquels on va se pencher ces cinq prochaines années.

  • Ramata

    Très bien, c'est un programme ambitieux, mais on sent que toutes les bases sont là, avec les différents partenariats qui ont été négociés, finalement en un temps assez record, parce que finalement c'est une école qui est pas si vieille et il y a déjà des partenariats ambitieux avec des institutions qui sont connues à travers le monde donc on ne peut que souhaiter longue vie à l'Africa Design School la première école de design d'Afrique de l'Ouest moi j'ai été ravie d'avoir l'opportunité d'échanger avec toi et d'en savoir plus en fait sur cette école de mode précédemment j'avais eu l'opportunité d'interviewer la directrice des programmes internationaux d'HEC qui a partagé dans un épisode tout en détail le programme dédié d'HEC sur le continent africain et qui va s'adapter à des entrepreneurs et des porteurs de projets du monde entier qui ont un vrai intérêt à évoluer en Afrique. Et je pense que cette interview-là, elle vient aussi un peu en complément pour pouvoir présenter en fait... toutes les entreprises qui existent aujourd'hui au niveau de l'éducation, afin de proposer des programmes reconnus, qualifiés, qui vont permettre de renforcer l'acquisition de compétences et la formation des jeunes populations. Et puis, il y a aussi le fait, ce qui est intéressant dans l'école, c'est qu'il y a des formations aussi qui peuvent s'adresser pas seulement à des profils étudiants, mais à des profils plus âgés qui ont envie de faire des formations courtes. pour acquérir des compétences en design. Donc, on va dans un sens de professionnalisation et de perfectionnement des populations locales. Et pour ça, on ne peut que t'encourager dans ton travail au quotidien auprès des étudiants et aussi promouvoir cet épisode pour qu'il y ait davantage d'étudiants qui viennent s'inscrire.

  • Kéfil

    Merci beaucoup, Ramater. Pour conclure, peut-être, je dirais, certes, le projet Africa Design School, il est très jeune, donc 2019, 6 ans seulement. Mais en 6 ans, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. L'école se développe plutôt bien grâce au soutien de l'agence de développement Summit City et l'école Design Devents. Donc, c'est les partenaires, je vais dire. depuis six days one, on dira, qui accompagne vraiment le développement de ce projet. Mais également, je vais dire qu'il y a un bon accueil de l'écosystème, en tout cas qui accueille bien ce projet de cette école. Les étudiants, de manière générale, sont très engagés puisqu'il s'agit de métiers passion. Donc, ils n'ont pas vraiment l'impression d'être au travail. mais ils sont plutôt dans leurs éléments. Donc ils sont complètement épanouis à l'école, avec vraiment pour ambition de développer leurs projets, de montrer un peu de quoi ils sont capables en tant que designers africains. Et donc moi je suis vraiment très très content de pouvoir travailler au quotidien avec une équipe. très jeunes également, nous sommes une dizaine derrière ce projet, de façon opérationnelle à travailler sur le développement de l'école, les partenariats, l'encadrement des étudiants. Donc c'est l'occasion pour moi de profiter pour remercier mes collègues, mais également les enseignants, les intervenants qui accompagnent au quotidien les jeunes. à pouvoir s'exprimer, à exprimer la créativité africaine de façon générale.

  • Ramata

    Merci pour ce mot de conclusion qui vient clôturer cette interview. En tout cas, ça a été, encore une fois, je le répète, un plaisir d'échanger avec toi. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Kéfil

    À très vite, Ramatha. Merci beaucoup pour l'invitation.

  • Ramata

    Avec plaisir. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Képhile Saka

    00:51

  • Le parcours de Képhile Saka et ses études en France

    01:55

  • L'Africa Design School : objectifs et programmes

    03:47

  • Les partenariats avec des entreprises et leur importance

    06:45

  • Les débouchés pour les étudiants et l'incubation de projets

    15:05

  • Les défis de l'acceptation des métiers créatifs en Afrique

    21:41

  • Les perspectives de développement de l'école

    29:52

Description

Comment structurer l'éducation du design pour qu'elle réponde aux enjeux locaux et aux standards mondiaux ?


kefil saka, Directeur Exécutif de l'Africa Design School (ADS) à Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest francophone, partage une véritable masterclass sur le développement d'un écosystème créatif professionnel sur le continent.


Son parcours scolaire atypique entre le Benin et la France, son expérience de Directeur Artistique pour le média Vice constitue une source d'inspiration inestimable pour les porteurs de projet et les chefs d'entreprise dans la mode.


Les 3 leçons clés de la masterclass de Kefil :

1. Le partenariat comme levier de qualité : L'Africa Design School démontre la puissance des collaborations. Délivrer un diplôme français reconnu au Bénin grâce à l'alliance avec l'École de Design Nantes Atlantique permet de mêler les savoir-faire africains aux exigences académiques internationales.


2. L'employabilité par la transversalité : Le design ne se limite pas à la mode! L'Africa Design School forme des profils variés en design numérique, en graphisme, en creation de produit et les confronte aux problématiques réelles des entreprises qu'il s'agisse de banques, d'hôpitaux et de start-ups. C'est la preuve que le designer est un créateur de solutions dont l'impact économique est primordial.


3. Créer un écosystème : L'école construit un véritable network. Grâce à des initiatives comme l'incubateur FLY en partenariat avec l'IFM et Sèmè City et l'African International Design Award (AIDA), Kéfil Saka montre comment l'Afican Design School crée un réseau d'opportunités et de reconnaissance pour transformer les "métiers passion" en carrières solides et pérennes.


Si vous êtes professionnel du secteur créatif, investisseur ou simplement curieux de l'avenir du design en Afrique, cet entretien est fait pour vous.


Découvrez comment le Bénin se positionne comme un hub d'excellence créative.


🎧 Écoutez l'épisode complet du podcast Africa Fashion Tour pour découvrir la vision stratégique de kefil saka !


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Kéfil

    On a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet. On voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, travaillent sur le projet. et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Képhile Saka. Képhile est le directeur exécutif de l'Africa Design School de Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de son ambition de proposer des programmes de formation pour les designers du continent. Bienvenue Képhile, comment vas-tu ?

  • Kéfil

    Bonjour Ramata, merci beaucoup pour l'invitation, je vais très bien. Merci de m'accueillir dans le podcast.

  • Ramata

    Écoute, c'est un plaisir pour moi que de t'accueillir et on va commencer cette interview. Donc, comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter.

  • Kéfil

    Ok, merci. Je m'appelle Képhi Lissaka, je suis directeur exécutif à Africa Design School, la toute première école de design en Afrique de l'Ouest francophone, créée au Bénin depuis 2019. Alors, j'ai eu un parcours assez, je vais dire, classique. Donc, j'ai fait des études d'abord au Bénin, je suis béninois. J'ai fait des études de banque et finance et de contrôle de gestion. En parallèle, j'ai toujours eu cet attrait pour la culture, la créativité, le design. À côté de mes études, j'étais très investi dans des collectifs qui organisaient des événements autour de la musique, de la culture, de la mode. au Bénin. Et j'ai découvert un peu cet écosystème créatif en 2007, juste après l'obtention de mon bac. Et au fur et à mesure que j'évoluais dans cet écosystème-là, je me suis tout de suite rendu compte que j'avais besoin de me former pour vraiment acquérir des compétences solides. que ce soit au niveau de la communication, que ce soit au niveau de l'organisation, de la planification d'événements. J'avais vraiment envie de passer à une étape un peu supérieure. Je pensais que j'avais déjà fait le cours de façon d'audidacte et donc j'avais vraiment envie de me former. Et à l'époque, sur place, il n'y avait vraiment pas de formation au Bénin sur cette discipline autour de la culture, de la créativité. Et donc je me suis orienté sur la France. J'ai repris des études, j'ai trouvé une formation à la fac de Paris 8, donc l'université de Paris 8 Saint-Denis, où j'ai refait une licence en communication, en infocom de manière générale, donc licence 360. Et je me suis spécialisé en master, toujours à la fac de Paris 8, en humanité numérique, spécialité création et édition numérique. Et donc c'est un master un peu... Je vais dire qu'il sélectionne trois profils, donc des designers, des concepteurs et des développeurs. Et donc j'ai été sélectionné dans ce master en tant que designer, parce que j'ai appris à toucher au logiciel également de façon un peu autodidacte, donc j'avais présenté un portfolio. Donc j'ai été reçu dans ce master en tant que designer, et pendant deux ans j'ai été formé sur de la méthodologie de projet design. On a travaillé sur des projets collaboratifs avec... avec des institutions françaises. Suite à l'obtention de mon diplôme à Paris, j'ai fait mes premières expériences en agence créative chez Vice Media, donc le média Vice, où j'ai été formé, enfin j'ai vraiment appris le métier, on va dire, du directeur artistique dans cette agence-là, donc j'ai travaillé. pour l'agence créative du Média sur divers projets. On a travaillé avec des clients tels que Spotify, tel que Danone, tel que Tinder. Et donc c'est comme ça que j'ai vraiment été formé un peu à ce que c'est que la direction artistique et le graphisme de manière générale, et la publicité. Et donc suite à cela, je me suis mis un peu à mon compte. J'ai travaillé en freelance avec quelques boîtes et en 2019, pendant le confinement, j'ai été sollicité pour rentrer au Bénin pour pouvoir rejoindre le projet Africa Design School. En tant que responsable pédagogique, j'avais pour mission de développer des filières à cette époque-là. Et vu que... Le confinement était une période quand même assez, je veux dire, anxiogène. Je n'ai pas hésité. J'ai décidé du coup de rentrer au Bénin en 2020 pour me consacrer à 100% sur le projet de l'école. Donc voilà un peu mon parcours.

  • Ramata

    Très bien, je te remercie pour toutes ces informations. C'est assez dense. J'aimerais bien qu'on puisse revenir un petit peu sur certains éléments. Là, tu nous as fait vraiment un condensé de tout ce par quoi tu es passé. Toi, tu as eu du coup un apprentissage de la mode en France. Et puis, je pense que tu, étant originaire du Bélin, tu as, j'imagine, conscience et savoir-faire et des spécificités qu'il peut y avoir et les différences qu'il peut y avoir entre... la mode telle qu'on la voit et qu'on envisage en Afrique et la mode telle qu'on peut l'envisager en France et en Occident. Est-ce que tout de suite, toi, quand tu commences tes études en France dans la mode, tu t'envisages avec une perspective en Afrique ? Tu te dis que si tu dois créer un projet ou autre, tu as l'Afrique dans un coin de ta tête ? Pas vraiment, c'est vraiment l'opportunité, on va dire, du Covid. On va appeler ça une opportunité.

  • Kéfil

    Qui a été un déclencheur pour toi ? Alors, quand je partais du Bénin, j'avais vraiment pour vocation de revenir m'installer au Bénin. Donc, je savais que la France, c'était pour une poudre période quand même. J'étais persuadé que j'allais revenir, puisque le continent africain est encore, je vais dire, beaucoup de challenges et en design, on dit souvent un challenge égal à une opportunité. Et donc, dans ma tête, c'était assez clair qu'après mes études et mes premières expériences professionnelles, j'allais revenir au Bénin m'installer. Je peux clarifier quelque chose ?

  • Ramata

    Vas-y, bien sûr, avec plaisir.

  • Kéfil

    Ok. Alors, je n'ai pas fait des études en mode. mais plutôt en communication. C'est ce que je disais, j'ai d'abord fait une licence en communication à Paris 8 et un master en création et édition numérique. Donc, il n'y avait pas vraiment de mode.

  • Ramata

    D'accord, très bien. Et du coup, la partie direction artistique, tu as pu la développer au sein du Mediavice, c'est ce que tu évoquais.

  • Kéfil

    Exactement, oui.

  • Ramata

    Ok, très bien. Et du coup, ton intérêt pour la mode, tu as toujours eu un intérêt pour la mode sans forcément avoir fait des études dans ce domaine ?

  • Kéfil

    Oui, mon intérêt pour la mode, ce n'était pas forcément pour développer des marques de vêtements. J'étais plutôt du côté, je vais dire, communicationnel, accompagner les... des porteurs de projets dans leur communication, dans leur DA. J'ai touché un peu à tout, à la photo, à la vidéo. Donc, la création de contenu pour eux également, oui. Donc, voilà, c'était un peu ça.

  • Ramata

    Très bien. OK. Merci pour cette précision. Du coup, toi, sur le background, du coup, plutôt sur la partie communication, marketing, en fait, et vraiment, quelque part, image de marque. À un moment donné, tu as eu l'opportunité de le mettre à profit de l'école en tant que responsable pédagogique. Au niveau de l'école, ta mission au niveau des programmes, c'était quoi ? En général, les écoles de mode, il va y avoir une partie qui est très centrée sur le design, sur la couture, sur apprendre à faire un vêtement. Et puis, il va y avoir ce qu'on va appeler les programmes fashion design. et puis après, on peut avoir des programmes qui sont plutôt… fashion business dans lesquels il y a le marketing, il y a la communication. Toi, quand tu arrives avec la responsabilité de la pédagogie de l'école, quelle est l'ambition ? Comment les programmes ont-ils été orientés ?

  • Kéfil

    Pour la petite histoire, l'école a été montée par le gouvernement béninois en partenariat avec l'école de design de Nantes. Et donc il y avait déjà une historique quand moi j'arrivais. Donc c'était une école de design qui allait lancer plusieurs programmes. Donc il existait déjà une filière design numérique. Donc en design numérique, ils développent plus des applications, des sites internet. Ils sont vraiment spécialisés sur l'expérience utilisateur. Et donc moi j'avais taillé des charges quand je rejoignais l'école. d'assurer la continuité de cette filière-là, mais également de développer la filière design graphique. Et donc, dans un premier temps, il fallait faire une sorte d'étude de marché pour voir quand même quelle était la pertinence de lancer ce type de formation sur le territoire, de voir s'il y avait vraiment un besoin auprès des agences, des entreprises, parce que Le rôle de l'école, dans un premier temps, c'est de former pour le tissu professionnel. Donc il y avait cette étude-là qui était faite en amont et qui avait confirmé, on va dire, les hypothèses sur la pertinence de lancer ce type de programme. Et dans un second temps, on est parti sur un référentiel qui existe déjà, qui est le DNMAD, le Diplôme National de Métiers des Arts et du Design, qui est un diplôme français. qu'on a implémenté au Bénin, mais en l'adaptant au contexte local. Je donne un exemple très simple. Dans le référentiel en France, on a ce qu'on appelle des cours d'histoire de l'art, des cours d'histoire de l'art de façon générale. Et nous, à Cotonou, ce qu'on a fait, on a adapté cela sur des cours d'histoire de l'art africain. Et donc... Ça nous pousse à amener les étudiants, voir un peu les artisans, des royaumes, parce qu'il y a encore des palais royaux qui existent avec tout le savoir-faire autour de, par exemple, des tisserands. Donc, mes étudiants sont allés au palais royal d'Avonglo pour apprendre à tisser. Donc voilà, on essaie vraiment d'adapter ce programme au pont-est local. pouvoir répondre à un besoin, mais également questionner ce savoir-faire-là et toute la technologie qui existe aujourd'hui, comment on se sert de ces technologies pour valoriser, en quelque sorte, nos savoir-faire locaux africains sur le continent. Donc voilà un peu ce qui a été mis en place à mon arrivée. Et dans un second temps, ce qu'on a... Ce qu'on a essayé de développer également, c'est de développer des partenariats, des partenariats stratégiques avec des entreprises, des entrepreneurs, qui nous soumettent des projets sur lesquels les étudiants sont formés, puisque le métier de designer, de manière générale, c'est un métier qui va demander beaucoup de pratiques. Et donc, on n'a pas pour vocation de former des jeunes sur des briefs, on va dire, un peu fictifs. On va chercher des projets, on va chercher des entreprises qui nous soumettent des sujets sur lesquels les étudiants sont amenés à travailler, à présenter, à pitié, à valoriser auprès des différents partenaires de l'école. Donc voilà.

  • Ramata

    Très bien. Aujourd'hui, l'école, ce que tu évoquais, c'est que toi, en tout cas, elle a été créée, il me semble, en 2019, et que toi, tu es arrivé un petit peu après le Covid. Donc vous avez, j'imagine, plusieurs promotions qui ont été diplômées. Quels sont les débouchés pour les étudiants qui passent par l'école ?

  • Kéfil

    Aujourd'hui, nous avons développé, je vais dire, cinq programmes, donc quatre programmes en licence et un master. Aujourd'hui les débouchés sont divers puisqu'on a plusieurs filières. En fonction des filières, on va avoir des territoires artistiques pour de la publicité, pour des marques, on va avoir des designers graphiques, on va avoir des designers d'expérience, des architectes, enfin des designers d'espace qui vont plutôt travailler avec des architectes. On va avoir des designers d'objets, donc de produits. On dit produits, c'est à la fois des accessoires de mode, mais également du mobilier, par exemple. Donc c'est divers, c'est varié. Donc c'est vraiment en fonction des spécificités du programme qu'on va insérer les étudiants. Donc il y a tout. C'est une bonne partie des étudiants qui vont aller en entreprise, mais il y a également ceux-là qui ont pour vocation de développer leur projet, c'est-à-dire de se lancer en tant qu'entrepreneur et de développer leur projet. Et là, ce qu'on a mis en place, c'est de monter un incubateur au sein de l'école pour pouvoir les accompagner dans la structuration de leur projet. Aujourd'hui, l'école a été labellisée en tant qu'organisation d'accompagnement à l'entreprise. nous ne sommes que 15 dans tout le pays à être labellisés. Et donc, grâce à cet incubateur, nous allons également permettre aux étudiants de mieux structurer leurs projets de fin d'études, de lancer leurs projets et de bien démarrer une carrière, on va dire, entrepreneuriale. Donc, voilà.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant cet aspect à la fois. on accompagne des porteurs de projets à travers un incubateur d'un côté, et de l'autre, on a une formation plus académique pour des profils qui peuvent effectivement lancer leurs projets, mais qui peuvent aussi venir intégrer des entreprises. Et aujourd'hui, en termes de... Alors, j'ai deux questions, mais je vais essayer d'en poser qu'une seule. J'ai tendance à poser plusieurs questions en même temps. Au niveau des étudiants, est-ce que c'est des étudiants qui viennent à... Comment dire ? que de Cotonou, du Bénin ou est-ce qu'il y a vraiment une volonté d'accueillir des étudiants qui viennent de différents pays d'Afrique ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. Aujourd'hui, le projet de l'école, c'est, à l'origine, on disait, former des designers africains pour l'Afrique. Mais aujourd'hui, le monde est global. On vit dans un monde global. Il y a de la globalisation, de la mondialisation. Et avec Internet aussi, on est ouvert sur le monde. Donc on a changé un peu cette approche. On forme des designers africains pour le continent, mais également pour le reste du monde. Et dans ce cas-là, c'est vrai, l'école est encore majoritairement béninoise. On a 90% d'étudiants béninois. Mais aujourd'hui, nous accueillons des étudiants qui nous viennent du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Rwanda, du Burundi. Nous avons des étudiants libanais à l'école. Nous avons même des étudiants français qui viennent se faire former à Cotonou, pour le Master par exemple. pour nous avoir accueilli une dizaine d'étudiants français qui sont venus se former à Cotonou pour deux ans. Donc, à long terme, on a vraiment pour objectif d'être une école internationale, d'accueillir un peu plus d'étudiants internationaux. Et donc, pour cela, on a mis en place pas mal d'actions. On participe par exemple à des salons internationaux. On était au Gabon, au Côte d'Ivoire, pour rencontrer les bacheliers, leur présenter le programme. projets de l'école et attirer un maximum de jeunes sur ces nouveaux métiers de la créativité. Je tiens juste aussi à souligner que ce n'est pas très évident pour des parents africains d'être ouvert à ce type de métier-là, donc ce n'est pas facile. On a une approche un peu très scolaire dans le sens où on discute beaucoup avec les parents sur les débouchés, sur le programme. On se questionne beaucoup sur ce type de formation avant de valider le choix de leurs enfants qui décident de s'inscrire chez nous à Cotonou. Et aussi aujourd'hui, L'école est basée à Cotonou, nous avons environ 300 étudiants. Mais le projet à long terme, c'est de rejoindre le campus de SEMECITY, l'agence gouvernementale qui a initié le projet de cette école. Nous avons pour vocation de nous déplacer et d'aller à Ouida, sur un campus qui va accueillir 30 000 étudiants. venant de Cotonou mais également du reste du monde, à Ouida, sur 300 hectares. On sera membre d'un écosystème de nouvelles formations qui vont être implantées à Ouida. Voilà les perspectives en termes de développement de l'école.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant. ce que tu expliques et que tu évoques peut-être la réticence de certains parents et qui n'est pas qu'une réticence de parents africains. Il y a vraiment ce côté, ce qui est lié à la mode, à la créativité. On peut envisager ça comme peut-être un passe-temps, mais on a du mal à s'imaginer que ça peut être une carrière et on a tendance à être rassuré quand les enfants vont vers la médecine, vers le droit, vers peut-être le marketing ou la communication des parents. parcours peut-être plus classique. Donc, c'est important de préciser que vous adoptez en fait une approche qui intègre en fait les parents de façon à les rassurer vers, comment dire, vers l'intégration des enfants, des étudiants au sein de l'école. Au niveau du programme et des types de diplômes, est-ce que ça s'organise un petit peu comme en France, dans les écoles de mode, il y a des niveaux bachelor et des niveaux master ou est-ce que ce sont d'autres d'autres diplômes qui sanctionnent les programmes ?

  • Kéfil

    Au niveau des diplômes, nous avons une licence, un bac plus 3, bachelor et un master. La licence, c'est vraiment le DNMAD, le Diplôme National des Métiers de l'Art et du Design, qui est un diplôme d'État français. Mais également, nous sommes reconnus par l'État béninois, donc nous délivrons une double diplomation. Et au niveau... Le Master, c'est Bac plus 5, c'est la suite de la licence, deux ans après la licence. C'est un parcours un peu complet qu'on propose à Cotonou. Nous avons également des formations continues, mais qui sont un peu, on va dire, des formations courtes, spécifiques, pour des professionnels qui souhaitent se mettre à nouveau sur des logiciels spécifiques. Et aussi pour faire un focus sur la mode, je disais au début que nous travaillons avec l'agence de développement CMST, qui est un peu l'agence qui porte les projets de développement de formation de l'école. Et donc cette agence a mis en place par exemple des programmes d'incubation où ils sont spécialisés. On a un programme d'incubation spécialisé Maud en partenariat avec le... J'ai oublié le nom de la structure, mais si ça me revient, je vais le dire. Et donc, ils ont monté un programme qui s'appelle Flight et c'est vraiment orienté sur la mode. Et donc, sur ce volet-là, ils accompagnent des porteurs de projets. donc c'est des... des étudiants qui ont des marques de vêtements par exemple et qui veulent développer ou structurer davantage leurs marques. Et donc ils sont accompagnés pour développer un peu leurs marques. Il y a également un autre incubateur autour de l'animation, par exemple des vidéos, donc des vidéos animées et ça c'est en partenariat avec les Gobelins Paris. Voilà un peu ce qui se met en place. Il y a tout un écosystème créatif qui se développe davantage parce que, il faut le dire, Le contexte est favorable. L'État a décidé d'en faire un peu, on va dire, un pilier de développement du pays. Donc, il y a beaucoup d'initiatives, d'investissements qui sont faits autour de la formation, autour de la valorisation des talents locaux, autour des événements pour justement promouvoir. tout cet écosystème-là créatif à Cotonou.

  • Ramata

    Du coup, je pense que j'ai trouvé l'information que tu cherchais par rapport à l'incubateur Fly. C'est une collaboration avec SEMECITY et également l'IFM, l'Institut français de la mode.

  • Kéfil

    C'est ça, c'est ça, l'IFM.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, ce qu'on comprend, c'est que, comment dire, il y a l'école basée à Cotonou. qui va faire des partenariats avec différentes institutions de manière à étendre encore plus sa portée et pouvoir apporter les programmes les plus pertinents pour les étudiants. Aujourd'hui, par rapport aux étudiants diplômés, les débouchés à Cotonou, au Bénin et même dans la sous-région en Afrique de l'Ouest, quels sont-ils ? Est-ce qu'il y a aujourd'hui des marques, des structures qui peuvent accueillir les étudiants au Bénin et dans la sous-région ?

  • Kéfil

    Pour ce qui concerne les métiers du design de manière générale, ce qui est intéressant, c'est que le design est transversal, il s'applique à tous les sujets. À la fois, par exemple, il y a des designers dans des hôpitaux qui vont travailler sur l'expérience utilisateurs des patients quand ils arrivent. On va dans une banque, aujourd'hui il y a des besoins de designers. Donc je dis tant qu'il y a des challenges sur le continent, il y a de la place pour des designers. Parce qu'un designer c'est quelqu'un qui apporte des solutions de façon globale aux problématiques avec une touche de créativité et d'innovation. En termes de débouchés, il y a des offres. L'école, nous, on reçoit tout le temps des offres. Il y a des offres qui nous parviennent au Bénin, qui viennent du Bénin, mais également des pays voisins, de la Côte d'Ivoire, du Togo. Et donc, ces offres vont être distribuées aux étudiants et qui vont combiner à l'ère d'entreprise. Mais on est quand même conscient du fait que... L'écosystème, de manière générale, il n'est pas encore assez, je vais dire, mature. Il n'y a pas assez de lumière, on va dire, sur les métiers de la créativité. Et nous, notre obligation en tant qu'école, c'est également de communiquer le maximum sur ces nouveaux métiers-là auprès des entreprises. pouvoir faire un peu de lumière sur ces métiers, sur le potentiel que peuvent apporter des créatifs au sein des entreprises. Et donc ça c'est un travail qui se fait depuis plus de cinq ans. Et je disais plus tôt qu'on a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens. Une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet, voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, ils travaillent sur le projet et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie. à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers. Donc en termes d'employabilité, c'est vraiment dans tous les sens, ça va. On reçoit des offres, on pousse des étudiants. Dans le programme pédagogique, on a un module qu'on appelle professionnalisation, on les accompagne à structurer leur projet professionnel. à faire un CV, un portfolio, à savoir faire une sorte de cartographie des entreprises ou des secteurs d'activité dans lesquels ils veulent travailler. Et donc, on les accompagne à travers ce cours de professionnalisation pour tout ce qui va être. candidatures spontanées. Donc voilà, de manière générale, en termes d'insertion professionnelle, ce qui est mis en place et qui est fait. Et justement, pour ceux-là qui n'ont pas envie d'aller en entreprise et qui veulent plutôt développer leurs projets, il y a des incubateurs qui sont mis en place également pour les accompagner dans ce sens.

  • Ramata

    Très bien. Et au niveau du développement de l'école, là. En termes de... Comment dire ? Il y a des écoles qui vont développer des antennes, en fait, dans d'autres régions. Est-ce que... Soit développer des antennes dans d'autres régions, dans un pays ou dans une zone géographique donnée, soit faire des partenariats. Donc là, tu as évoqué des partenariats avec des écoles, une école à Nantes, une école à l'IFM à Paris. Est-ce qu'il y a... Je sais qu'il y a des écoles de mode à Casablanca, au Maroc. Est-ce qu'il y a des ambitions de faire des partenariats avec d'autres écoles ou alors de créer, je ne sais pas si c'est une franchise de termes, mais en tout cas de créer d'autres antennes de l'école dans d'autres pays d'Afrique ou d'autres villes au Bénin ?

  • Kéfil

    Alors, le projet, c'est d'abord de bien s'ancrer sur le territoire béninois. Donc, c'est vrai que ça fait déjà cinq ans que l'école a six ans. que l'école existe, mais on a encore beaucoup de travail. Il faut vraiment qu'on puisse, qu'aujourd'hui, que le métier de designer soit quelque chose qui soit vraiment ancré et vulgarisé dans la tête de tout le monde. Vous savez, l'informatique, c'est beaucoup plus accepté, par exemple, que le métier de design. Donc, pour le moment, on a vraiment envie d'ancrer cela dans l'écosystème. et donc à... Court thème tout de suite, je ne dirais pas qu'on envisage créer des antennes dans les pays voisins, mais plutôt inviter tous les jeunes de ces pays voisins à venir au Bénin. En plus, il y a une bonne dynamique en ce moment au Bénin qui fait que le pays a une très bonne attractivité. Donc, on invite un maximum de jeunes à venir au Bénin, voir ce qui se passe. se former, la créativité. L'écosystème créatif est vraiment, vraiment animé. Il y a des événements tout le temps, il y a des activités, il y a des promoteurs qui organisent des défilés, qui organisent des pop-ups, il y a de nouveaux lieux qui s'ouvrent également. Donc voilà, ça crée une vraie... Ça crée une bonne dynamique en tout cas dans cet écosystème-là. Et pour ce qui est des partenariats avec des autres structures, alors nous, Africa Design School, certes, on est en partenariat avec l'école de design de Nantes Atlantique. Et là, par exemple, on a un partenariat avec l'école du Péret de Paris. Et notre volonté également, c'est de développer davantage de partenariats avec... d'autres universités. Là on est en discussion avec une université en Tunisie, on a vraiment envie de développer des partenariats avec d'autres universités, monter des programmes communs, pourquoi pas créer les échanges entre les universités, entre les équipes pour le bénéfice des étudiants. Ce sont des choses qui sont en cours déjà. Mais par exemple l'agence de développement C'est le même site. elle a beaucoup plus vocation de développer de nouveaux partenariats avec des écoles. Donc, ils ont monté Fly avec les sites français de la mode, il y a les Gobelins, mais il y a également Epitech. Donc, c'est plus un volet technologique et informatique. Et donc, voilà, il y a beaucoup de formations qui sont en train de se développer et ça, c'est vraiment le travail de l'agence de développement CMCT qui permet cela.

  • Ramata

    Très bien. Donc, on sent en tout cas qu'il y a vraiment une volonté de travailler sur une portée internationale et de vraiment donner, en termes de programme, des opportunités aux étudiants d'avoir accès à des possibilités de faire des semestres, pourquoi pas dans d'autres écoles, ou d'avoir accès à des professeurs qui travaillent dans d'autres écoles. Justement, au niveau du corps professoral, en fait. des personnes qui interviennent pour former les étudiants ? Est-ce que ce sont des personnes qui ont un background académique ? Est-ce que ce sont aussi des personnes qui sont des experts métiers, qui ont exercé le métier pendant plusieurs années et qui viennent partager leur expertise avec les étudiants ? Quel est le profil des professeurs au sein de l'école ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. On a divers profils. Dans un premier temps, on a une bonne partie d'intervenants qui sont professionnels. Ce sont des designers qui ont fait leur marque et qui travaillent soit en agence ou qui ont leur propre agence, qui vont venir accompagner les étudiants. Donc ça, c'est le premier volet. on a Également des intervenants internationaux qui nous viennent généralement de l'école design de Nantes pour animer des workshops avec des étudiants. On a également des docteurs puisqu'il y a une bonne démarche scientifique dans le métier de design qui est savoir faire de la recherche, savoir analyser, faire de... ce que nous on appelle par exemple la veille du terrain, et donc on va demander à des sociologues, des anthropologues, de venir donner des notions sur ces sujets-là aux étudiants. Donc on a à la fois des professionnels autodidactes, ou qui ont fait des études à l'étranger et qui sont revenus à ces stadiobénins, donc des repates. On a des docteurs, donc euh de professeurs d'université, et on a des professeurs d'écoles partenaires qui viennent également donner les cours aux étudiants à l'école. Donc l'approche, elle est un peu, je vais dire, globale.

  • Ramata

    Il y a de nombreuses écoles de mode à Paris notamment, qui organisent en fin d'année un défilé, notamment pour, alors je parle plutôt pour la filière design, mais ça peut être pour les autres filières en tout cas. C'est un moment de présenter le travail des étudiants et c'est aussi parfois un moment qui peut venir clôturer une année, notamment les bachelors, une fois qu'ils ont fait leur troisième année, qui terminent, ou alors les masters quand ils arrivent au niveau Bac plus 5. Il y a un côté présentation de collection. Est-ce qu'il y a ce type d'événement au sein de l'école ?

  • Kéfil

    Oui, il y a ce type d'événement. nous à Africa Design School on a mis en place un projet Un événement qu'on appelle les Innovative Solutions Day, c'est une journée où tous les projets de fin d'études sont exposés. Donc on crée une sorte d'exposition dans l'école, au sein de l'école, où on invite des partenaires, c'est ouvert au public, et on sélectionne 10 meilleurs projets qui vont être pitchés devant les partenaires, mais tous les autres projets sont exposés. de manière générale dans l'école. Et donc, cela va vraiment susciter de l'intérêt. Nous, on est continuellement en train de communiquer sur le métier de designer. Et donc, ce type d'événement, c'est vraiment pour valoriser le métier, valoriser le travail des étudiants et le permettre également d'avoir des opportunités parce qu'à travers ces événements-là, ils vont rencontrer des partenaires, des sponsors pour pouvoir développer leurs projets, etc. Donc il y a ça qui se fait au sein de Africa Design School. Et aux côtés, par exemple, de CB City, l'agence gouvernementale qui nous héberge et qui accompagne également le programme Flight, ils organisent des démodés. Donc c'est une journée où les porteurs de projets autour de la mode vont présenter peut-être une nouvelle collection. Ils vont... Voilà, ils vont... pitcher un peu le projet. Et également, il y a un défilé de mode où ils vont présenter des pièces lors du mois de la mode. On a un mois de la mode au Bénin et lors de ce défilé de mode, ces porteurs de projet, ces jeunes qui ont bénéficié de la formation, vont présenter des nouvelles collections. Et la dernière s'est réalisée, s'est déroulée, je pense, il n'y a pas si longtemps que ça. au Sofitel de Cotonou, et qui a vraiment créé un bon... qui a suscité beaucoup d'engouement auprès de ces jeunes. Donc il y a eu la participation du ministre, de la culture à ce type d'événements. Donc c'est vraiment des événements qui valorisent le travail qui est fait autour de la route, autour du design et de la créativité.

  • Ramata

    Très bien. Et est-ce qu'il y a également des prix qui sont développés ? Puisque là, on sent bien dans tout ce que tu nous racontes par rapport à cette école qu'on a vraiment toutes les fondations d'une école qui se veut internationale, avec des partenariats avec des écoles en Afrique, mais également à l'étranger, notamment en France, à Paris et à Nantes. On a du coup ces événements, ces défilés qui donnent l'opportunité, qui vont donner de la visibilité sur le travail qui est fait par les étudiants et qui donne aussi l'opportunité d'inviter les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des entreprises, des gouvernements, de CMCity, de manière à vraiment promouvoir l'école, mais également mettre en avant les profils des étudiants. Dans l'écosystème des écoles, il y a aussi souvent des prix. en partenariat avec différentes structures pour venir identifier les créateurs de demain, les talents de demain. Est-ce qu'il y a aussi cette démarche-là qui est prévue avec l'école ?

  • Kéfil

    Exactement. Dans ce cadre-là, nous avons lancé les AIDA, African International Design Awards, en collaboration avec Tracy Awards. Et donc l'initiative derrière ce projet, c'est vraiment de récompenser des designers confirmés ou pas, ou des étudiants, mais pas que issus d'Africa Design School, mais c'est vraiment un concours qui est ouvert à tous les designers africains. Et donc l'idée c'est vraiment de récompenser les meilleurs projets pour le compte de l'année 2025. On a lancé ce projet avec Trissie Awards dans l'idée également d'avoir un événement. Donc un événement où on va se rencontrer, où tous les acteurs de design du continent vont se rencontrer, se retrouver, créer des synergies. Et également ce sera l'occasion pour montrer auprès des politiques publiques, mais également auprès des partenaires. qui a vraiment un vrai écosystème autour de la créativité, du design africain et qui ne va faire que renforcer le positionnement aujourd'hui de notre école en tant qu'école de design africain. L'idée c'est vraiment de créer à travers cet événement-là un temps fort pour marquer cet écosystème. en disant que le design ce n'est pas que de la fantaisie, ce n'est pas que pour amuser la galerie, mais c'est plutôt une discipline avec des enjeux économiques, avec des enjeux sociétaux, culturels. Et à travers ce type d'événements, on pourra vraiment démontrer quelle est la force du design et l'impact que cette discipline a sur le design. sur le continent. Donc oui, on a un événement, on a un concours de dizaines qui est déjà lancé et on espère qu'il y aura beaucoup de participants et que cela va susciter beaucoup d'intérêts.

  • Ramata

    Très bien, de toute façon, je mettrai le lien puisqu'en fait, il est encore possible de s'inscrire pour participer et éventuellement devenir un lauréat de ce prix. Je mettrai le lien en note de bas de l'épisode, afin que les auditeurs intéressés puissent découvrir ce prix et éventuellement candidater. Maintenant, je vais en venir à... Je ne sais pas si c'est la question qui fâche, mais ça fâche peut-être plus les parents et les étudiants que les patrons d'école. Mais quels sont les frais de scolarité ? Maintenant qu'on a parlé de, finalement, de la qualité du programme, la qualité des professeurs, des différents partenariats qui existent et de tout ce qui est mis en œuvre pour vraiment s'assurer de données. le bon niveau d'éducation aux étudiants et aussi de les accompagner vers l'emploi. Du coup, est-ce que tu peux évoquer avec nous les frais de scolarité ?

  • Kéfil

    OK. Alors, les frais de scolarité sont de 3 500 euros l'année, donc 2 300 000 francs CFA par an. Alors, pour le contexte, on va dire africain, cela peut paraître un peu cher, mais pour la qualité de la formation et... Comparé par exemple à une formation de design classique à Paris ou en France, ce n'est pas du tout cher. C'est-à-dire que c'est le même diplôme, le même cadre de travail, les mêmes formations pour trois fois moins cher de manière globale, avec à la clé un diplôme français et un diplôme béninois. Donc voilà un peu le prix de la scolarité. Aujourd'hui, on essaie de développer des partenariats avec des structures qui vont nous accompagner sur, je ne veux pas dire des bourses, mais du parrainage. On a un partenariat avec les structures qui nous accompagnent sur du parrainage, donc qui parrainent des étudiants qui n'ont pas, par exemple, les moyens de payer la scolarité. Donc voilà, on essaie de mettre des choses en place également pour... pour faciliter l'accessibilité à cette école et créer vraiment une école totalement inclusive. Ça, c'est ce qui concerne Africa Design School. Du côté des programmes d'incubation, par exemple avec SEMECITY, je crois que l'accès, c'est sur dossier, c'est sur sélection, mais je pense qu'ils payent des frais de dossier qui vaut à 150 000 francs CFA. Je dirais autour de 200 euros, 250 euros pour un an d'accompagnement. C'est quasiment sponsorisé par le gouvernement. En fonction des programmes, les coûts vont varier.

  • Ramata

    Très bien, et tu fais bien de le préciser. Effectivement, aujourd'hui, en France, une école de mode, ça va être facilement autour de 10 000 euros par an, que ce soit la formation, comment dire... Bachelor ou master, on est entre 8 et 10 000 euros assez facilement au sein des écoles de mode. Et parfois, selon certaines options, certaines écoles, ça peut dépasser les 10 000 euros. Donc, effectivement, 3 500 euros pour une formation de ce calibre-là et un diplôme reconnu, c'est un prix qui est très attractif. Maintenant, on peut comprendre aussi que par rapport à certaines réalités locales, que ce soit une somme assez conséquente. Donc, c'est bien que tu aies pu partager ces opportunités de parrainage de certains profils afin que ces carrières puissent être accessibles au plus grand nombre. Aujourd'hui, en fait... L'école, ça fait maintenant 5 ans qu'elle... Ouais, 2019, pardon, ça fait même 6 ans qu'elle existe. Oui, 6. Toi, tu nous as parlé de différents partenariats et tu évoquais le fait qu'aujourd'hui, l'idée, c'est de consolider des fondations au Bénin, à Cotonou, et puis avant d'aller s'exporter. Du coup, si on reste dans le cadre du Bénin, c'est que C'est quoi l'ambition de l'école ? C'est quoi les perspectives de l'école sur les cinq prochaines années, par exemple ?

  • Kéfil

    Oui, alors sur les cinq prochaines années, les perspectives vont être d'assurer la qualité de formation et de former jusqu'à 1 200 étudiants. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 400 étudiants qui ont déjà été formés. Donc, on envisage former jusqu'à 1 200 étudiants. On veut également lancer une dizaine de projets entrepreneuriaux. On a été labellisé cette année en tant qu'incubateur. On va lancer bientôt des programmes et accompagner des étudiants qui veulent lancer leur projet de fin d'études. L'idée dans cinq ans, c'est qu'on ait dix champions qui ont pris place cet incubateur et qui ont développé leur projet, qui ont lancé leur projet et qui sont installés. Nous avons également vocation de pouvoir lancer des programmes en anglais, parce que nous sommes vraiment proches du Nigeria et il y a un enjeu également à pouvoir lancer des programmes en anglais, former des étudiants sur un programme à la fois en anglais et français. Donc ça aussi, c'est un sujet qui nous tient vraiment à cœur en termes de perspective. Et enfin, je dirais, nous avons aussi pour objectif de pouvoir développer un programme de bourse, donc aller chercher les bourses. permettre à vraiment tous ceux qui souhaitent, au mérite, de pouvoir bénéficier de cette formation également. Donc voilà, en quelques mots, je veux dire, les axes sur lesquels on va se pencher ces cinq prochaines années.

  • Ramata

    Très bien, c'est un programme ambitieux, mais on sent que toutes les bases sont là, avec les différents partenariats qui ont été négociés, finalement en un temps assez record, parce que finalement c'est une école qui est pas si vieille et il y a déjà des partenariats ambitieux avec des institutions qui sont connues à travers le monde donc on ne peut que souhaiter longue vie à l'Africa Design School la première école de design d'Afrique de l'Ouest moi j'ai été ravie d'avoir l'opportunité d'échanger avec toi et d'en savoir plus en fait sur cette école de mode précédemment j'avais eu l'opportunité d'interviewer la directrice des programmes internationaux d'HEC qui a partagé dans un épisode tout en détail le programme dédié d'HEC sur le continent africain et qui va s'adapter à des entrepreneurs et des porteurs de projets du monde entier qui ont un vrai intérêt à évoluer en Afrique. Et je pense que cette interview-là, elle vient aussi un peu en complément pour pouvoir présenter en fait... toutes les entreprises qui existent aujourd'hui au niveau de l'éducation, afin de proposer des programmes reconnus, qualifiés, qui vont permettre de renforcer l'acquisition de compétences et la formation des jeunes populations. Et puis, il y a aussi le fait, ce qui est intéressant dans l'école, c'est qu'il y a des formations aussi qui peuvent s'adresser pas seulement à des profils étudiants, mais à des profils plus âgés qui ont envie de faire des formations courtes. pour acquérir des compétences en design. Donc, on va dans un sens de professionnalisation et de perfectionnement des populations locales. Et pour ça, on ne peut que t'encourager dans ton travail au quotidien auprès des étudiants et aussi promouvoir cet épisode pour qu'il y ait davantage d'étudiants qui viennent s'inscrire.

  • Kéfil

    Merci beaucoup, Ramater. Pour conclure, peut-être, je dirais, certes, le projet Africa Design School, il est très jeune, donc 2019, 6 ans seulement. Mais en 6 ans, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. L'école se développe plutôt bien grâce au soutien de l'agence de développement Summit City et l'école Design Devents. Donc, c'est les partenaires, je vais dire. depuis six days one, on dira, qui accompagne vraiment le développement de ce projet. Mais également, je vais dire qu'il y a un bon accueil de l'écosystème, en tout cas qui accueille bien ce projet de cette école. Les étudiants, de manière générale, sont très engagés puisqu'il s'agit de métiers passion. Donc, ils n'ont pas vraiment l'impression d'être au travail. mais ils sont plutôt dans leurs éléments. Donc ils sont complètement épanouis à l'école, avec vraiment pour ambition de développer leurs projets, de montrer un peu de quoi ils sont capables en tant que designers africains. Et donc moi je suis vraiment très très content de pouvoir travailler au quotidien avec une équipe. très jeunes également, nous sommes une dizaine derrière ce projet, de façon opérationnelle à travailler sur le développement de l'école, les partenariats, l'encadrement des étudiants. Donc c'est l'occasion pour moi de profiter pour remercier mes collègues, mais également les enseignants, les intervenants qui accompagnent au quotidien les jeunes. à pouvoir s'exprimer, à exprimer la créativité africaine de façon générale.

  • Ramata

    Merci pour ce mot de conclusion qui vient clôturer cette interview. En tout cas, ça a été, encore une fois, je le répète, un plaisir d'échanger avec toi. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Kéfil

    À très vite, Ramatha. Merci beaucoup pour l'invitation.

  • Ramata

    Avec plaisir. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Képhile Saka

    00:51

  • Le parcours de Képhile Saka et ses études en France

    01:55

  • L'Africa Design School : objectifs et programmes

    03:47

  • Les partenariats avec des entreprises et leur importance

    06:45

  • Les débouchés pour les étudiants et l'incubation de projets

    15:05

  • Les défis de l'acceptation des métiers créatifs en Afrique

    21:41

  • Les perspectives de développement de l'école

    29:52

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Description

Comment structurer l'éducation du design pour qu'elle réponde aux enjeux locaux et aux standards mondiaux ?


kefil saka, Directeur Exécutif de l'Africa Design School (ADS) à Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest francophone, partage une véritable masterclass sur le développement d'un écosystème créatif professionnel sur le continent.


Son parcours scolaire atypique entre le Benin et la France, son expérience de Directeur Artistique pour le média Vice constitue une source d'inspiration inestimable pour les porteurs de projet et les chefs d'entreprise dans la mode.


Les 3 leçons clés de la masterclass de Kefil :

1. Le partenariat comme levier de qualité : L'Africa Design School démontre la puissance des collaborations. Délivrer un diplôme français reconnu au Bénin grâce à l'alliance avec l'École de Design Nantes Atlantique permet de mêler les savoir-faire africains aux exigences académiques internationales.


2. L'employabilité par la transversalité : Le design ne se limite pas à la mode! L'Africa Design School forme des profils variés en design numérique, en graphisme, en creation de produit et les confronte aux problématiques réelles des entreprises qu'il s'agisse de banques, d'hôpitaux et de start-ups. C'est la preuve que le designer est un créateur de solutions dont l'impact économique est primordial.


3. Créer un écosystème : L'école construit un véritable network. Grâce à des initiatives comme l'incubateur FLY en partenariat avec l'IFM et Sèmè City et l'African International Design Award (AIDA), Kéfil Saka montre comment l'Afican Design School crée un réseau d'opportunités et de reconnaissance pour transformer les "métiers passion" en carrières solides et pérennes.


Si vous êtes professionnel du secteur créatif, investisseur ou simplement curieux de l'avenir du design en Afrique, cet entretien est fait pour vous.


Découvrez comment le Bénin se positionne comme un hub d'excellence créative.


🎧 Écoutez l'épisode complet du podcast Africa Fashion Tour pour découvrir la vision stratégique de kefil saka !


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Kéfil

    On a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet. On voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, travaillent sur le projet. et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Képhile Saka. Képhile est le directeur exécutif de l'Africa Design School de Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de son ambition de proposer des programmes de formation pour les designers du continent. Bienvenue Képhile, comment vas-tu ?

  • Kéfil

    Bonjour Ramata, merci beaucoup pour l'invitation, je vais très bien. Merci de m'accueillir dans le podcast.

  • Ramata

    Écoute, c'est un plaisir pour moi que de t'accueillir et on va commencer cette interview. Donc, comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter.

  • Kéfil

    Ok, merci. Je m'appelle Képhi Lissaka, je suis directeur exécutif à Africa Design School, la toute première école de design en Afrique de l'Ouest francophone, créée au Bénin depuis 2019. Alors, j'ai eu un parcours assez, je vais dire, classique. Donc, j'ai fait des études d'abord au Bénin, je suis béninois. J'ai fait des études de banque et finance et de contrôle de gestion. En parallèle, j'ai toujours eu cet attrait pour la culture, la créativité, le design. À côté de mes études, j'étais très investi dans des collectifs qui organisaient des événements autour de la musique, de la culture, de la mode. au Bénin. Et j'ai découvert un peu cet écosystème créatif en 2007, juste après l'obtention de mon bac. Et au fur et à mesure que j'évoluais dans cet écosystème-là, je me suis tout de suite rendu compte que j'avais besoin de me former pour vraiment acquérir des compétences solides. que ce soit au niveau de la communication, que ce soit au niveau de l'organisation, de la planification d'événements. J'avais vraiment envie de passer à une étape un peu supérieure. Je pensais que j'avais déjà fait le cours de façon d'audidacte et donc j'avais vraiment envie de me former. Et à l'époque, sur place, il n'y avait vraiment pas de formation au Bénin sur cette discipline autour de la culture, de la créativité. Et donc je me suis orienté sur la France. J'ai repris des études, j'ai trouvé une formation à la fac de Paris 8, donc l'université de Paris 8 Saint-Denis, où j'ai refait une licence en communication, en infocom de manière générale, donc licence 360. Et je me suis spécialisé en master, toujours à la fac de Paris 8, en humanité numérique, spécialité création et édition numérique. Et donc c'est un master un peu... Je vais dire qu'il sélectionne trois profils, donc des designers, des concepteurs et des développeurs. Et donc j'ai été sélectionné dans ce master en tant que designer, parce que j'ai appris à toucher au logiciel également de façon un peu autodidacte, donc j'avais présenté un portfolio. Donc j'ai été reçu dans ce master en tant que designer, et pendant deux ans j'ai été formé sur de la méthodologie de projet design. On a travaillé sur des projets collaboratifs avec... avec des institutions françaises. Suite à l'obtention de mon diplôme à Paris, j'ai fait mes premières expériences en agence créative chez Vice Media, donc le média Vice, où j'ai été formé, enfin j'ai vraiment appris le métier, on va dire, du directeur artistique dans cette agence-là, donc j'ai travaillé. pour l'agence créative du Média sur divers projets. On a travaillé avec des clients tels que Spotify, tel que Danone, tel que Tinder. Et donc c'est comme ça que j'ai vraiment été formé un peu à ce que c'est que la direction artistique et le graphisme de manière générale, et la publicité. Et donc suite à cela, je me suis mis un peu à mon compte. J'ai travaillé en freelance avec quelques boîtes et en 2019, pendant le confinement, j'ai été sollicité pour rentrer au Bénin pour pouvoir rejoindre le projet Africa Design School. En tant que responsable pédagogique, j'avais pour mission de développer des filières à cette époque-là. Et vu que... Le confinement était une période quand même assez, je veux dire, anxiogène. Je n'ai pas hésité. J'ai décidé du coup de rentrer au Bénin en 2020 pour me consacrer à 100% sur le projet de l'école. Donc voilà un peu mon parcours.

  • Ramata

    Très bien, je te remercie pour toutes ces informations. C'est assez dense. J'aimerais bien qu'on puisse revenir un petit peu sur certains éléments. Là, tu nous as fait vraiment un condensé de tout ce par quoi tu es passé. Toi, tu as eu du coup un apprentissage de la mode en France. Et puis, je pense que tu, étant originaire du Bélin, tu as, j'imagine, conscience et savoir-faire et des spécificités qu'il peut y avoir et les différences qu'il peut y avoir entre... la mode telle qu'on la voit et qu'on envisage en Afrique et la mode telle qu'on peut l'envisager en France et en Occident. Est-ce que tout de suite, toi, quand tu commences tes études en France dans la mode, tu t'envisages avec une perspective en Afrique ? Tu te dis que si tu dois créer un projet ou autre, tu as l'Afrique dans un coin de ta tête ? Pas vraiment, c'est vraiment l'opportunité, on va dire, du Covid. On va appeler ça une opportunité.

  • Kéfil

    Qui a été un déclencheur pour toi ? Alors, quand je partais du Bénin, j'avais vraiment pour vocation de revenir m'installer au Bénin. Donc, je savais que la France, c'était pour une poudre période quand même. J'étais persuadé que j'allais revenir, puisque le continent africain est encore, je vais dire, beaucoup de challenges et en design, on dit souvent un challenge égal à une opportunité. Et donc, dans ma tête, c'était assez clair qu'après mes études et mes premières expériences professionnelles, j'allais revenir au Bénin m'installer. Je peux clarifier quelque chose ?

  • Ramata

    Vas-y, bien sûr, avec plaisir.

  • Kéfil

    Ok. Alors, je n'ai pas fait des études en mode. mais plutôt en communication. C'est ce que je disais, j'ai d'abord fait une licence en communication à Paris 8 et un master en création et édition numérique. Donc, il n'y avait pas vraiment de mode.

  • Ramata

    D'accord, très bien. Et du coup, la partie direction artistique, tu as pu la développer au sein du Mediavice, c'est ce que tu évoquais.

  • Kéfil

    Exactement, oui.

  • Ramata

    Ok, très bien. Et du coup, ton intérêt pour la mode, tu as toujours eu un intérêt pour la mode sans forcément avoir fait des études dans ce domaine ?

  • Kéfil

    Oui, mon intérêt pour la mode, ce n'était pas forcément pour développer des marques de vêtements. J'étais plutôt du côté, je vais dire, communicationnel, accompagner les... des porteurs de projets dans leur communication, dans leur DA. J'ai touché un peu à tout, à la photo, à la vidéo. Donc, la création de contenu pour eux également, oui. Donc, voilà, c'était un peu ça.

  • Ramata

    Très bien. OK. Merci pour cette précision. Du coup, toi, sur le background, du coup, plutôt sur la partie communication, marketing, en fait, et vraiment, quelque part, image de marque. À un moment donné, tu as eu l'opportunité de le mettre à profit de l'école en tant que responsable pédagogique. Au niveau de l'école, ta mission au niveau des programmes, c'était quoi ? En général, les écoles de mode, il va y avoir une partie qui est très centrée sur le design, sur la couture, sur apprendre à faire un vêtement. Et puis, il va y avoir ce qu'on va appeler les programmes fashion design. et puis après, on peut avoir des programmes qui sont plutôt… fashion business dans lesquels il y a le marketing, il y a la communication. Toi, quand tu arrives avec la responsabilité de la pédagogie de l'école, quelle est l'ambition ? Comment les programmes ont-ils été orientés ?

  • Kéfil

    Pour la petite histoire, l'école a été montée par le gouvernement béninois en partenariat avec l'école de design de Nantes. Et donc il y avait déjà une historique quand moi j'arrivais. Donc c'était une école de design qui allait lancer plusieurs programmes. Donc il existait déjà une filière design numérique. Donc en design numérique, ils développent plus des applications, des sites internet. Ils sont vraiment spécialisés sur l'expérience utilisateur. Et donc moi j'avais taillé des charges quand je rejoignais l'école. d'assurer la continuité de cette filière-là, mais également de développer la filière design graphique. Et donc, dans un premier temps, il fallait faire une sorte d'étude de marché pour voir quand même quelle était la pertinence de lancer ce type de formation sur le territoire, de voir s'il y avait vraiment un besoin auprès des agences, des entreprises, parce que Le rôle de l'école, dans un premier temps, c'est de former pour le tissu professionnel. Donc il y avait cette étude-là qui était faite en amont et qui avait confirmé, on va dire, les hypothèses sur la pertinence de lancer ce type de programme. Et dans un second temps, on est parti sur un référentiel qui existe déjà, qui est le DNMAD, le Diplôme National de Métiers des Arts et du Design, qui est un diplôme français. qu'on a implémenté au Bénin, mais en l'adaptant au contexte local. Je donne un exemple très simple. Dans le référentiel en France, on a ce qu'on appelle des cours d'histoire de l'art, des cours d'histoire de l'art de façon générale. Et nous, à Cotonou, ce qu'on a fait, on a adapté cela sur des cours d'histoire de l'art africain. Et donc... Ça nous pousse à amener les étudiants, voir un peu les artisans, des royaumes, parce qu'il y a encore des palais royaux qui existent avec tout le savoir-faire autour de, par exemple, des tisserands. Donc, mes étudiants sont allés au palais royal d'Avonglo pour apprendre à tisser. Donc voilà, on essaie vraiment d'adapter ce programme au pont-est local. pouvoir répondre à un besoin, mais également questionner ce savoir-faire-là et toute la technologie qui existe aujourd'hui, comment on se sert de ces technologies pour valoriser, en quelque sorte, nos savoir-faire locaux africains sur le continent. Donc voilà un peu ce qui a été mis en place à mon arrivée. Et dans un second temps, ce qu'on a... Ce qu'on a essayé de développer également, c'est de développer des partenariats, des partenariats stratégiques avec des entreprises, des entrepreneurs, qui nous soumettent des projets sur lesquels les étudiants sont formés, puisque le métier de designer, de manière générale, c'est un métier qui va demander beaucoup de pratiques. Et donc, on n'a pas pour vocation de former des jeunes sur des briefs, on va dire, un peu fictifs. On va chercher des projets, on va chercher des entreprises qui nous soumettent des sujets sur lesquels les étudiants sont amenés à travailler, à présenter, à pitié, à valoriser auprès des différents partenaires de l'école. Donc voilà.

  • Ramata

    Très bien. Aujourd'hui, l'école, ce que tu évoquais, c'est que toi, en tout cas, elle a été créée, il me semble, en 2019, et que toi, tu es arrivé un petit peu après le Covid. Donc vous avez, j'imagine, plusieurs promotions qui ont été diplômées. Quels sont les débouchés pour les étudiants qui passent par l'école ?

  • Kéfil

    Aujourd'hui, nous avons développé, je vais dire, cinq programmes, donc quatre programmes en licence et un master. Aujourd'hui les débouchés sont divers puisqu'on a plusieurs filières. En fonction des filières, on va avoir des territoires artistiques pour de la publicité, pour des marques, on va avoir des designers graphiques, on va avoir des designers d'expérience, des architectes, enfin des designers d'espace qui vont plutôt travailler avec des architectes. On va avoir des designers d'objets, donc de produits. On dit produits, c'est à la fois des accessoires de mode, mais également du mobilier, par exemple. Donc c'est divers, c'est varié. Donc c'est vraiment en fonction des spécificités du programme qu'on va insérer les étudiants. Donc il y a tout. C'est une bonne partie des étudiants qui vont aller en entreprise, mais il y a également ceux-là qui ont pour vocation de développer leur projet, c'est-à-dire de se lancer en tant qu'entrepreneur et de développer leur projet. Et là, ce qu'on a mis en place, c'est de monter un incubateur au sein de l'école pour pouvoir les accompagner dans la structuration de leur projet. Aujourd'hui, l'école a été labellisée en tant qu'organisation d'accompagnement à l'entreprise. nous ne sommes que 15 dans tout le pays à être labellisés. Et donc, grâce à cet incubateur, nous allons également permettre aux étudiants de mieux structurer leurs projets de fin d'études, de lancer leurs projets et de bien démarrer une carrière, on va dire, entrepreneuriale. Donc, voilà.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant cet aspect à la fois. on accompagne des porteurs de projets à travers un incubateur d'un côté, et de l'autre, on a une formation plus académique pour des profils qui peuvent effectivement lancer leurs projets, mais qui peuvent aussi venir intégrer des entreprises. Et aujourd'hui, en termes de... Alors, j'ai deux questions, mais je vais essayer d'en poser qu'une seule. J'ai tendance à poser plusieurs questions en même temps. Au niveau des étudiants, est-ce que c'est des étudiants qui viennent à... Comment dire ? que de Cotonou, du Bénin ou est-ce qu'il y a vraiment une volonté d'accueillir des étudiants qui viennent de différents pays d'Afrique ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. Aujourd'hui, le projet de l'école, c'est, à l'origine, on disait, former des designers africains pour l'Afrique. Mais aujourd'hui, le monde est global. On vit dans un monde global. Il y a de la globalisation, de la mondialisation. Et avec Internet aussi, on est ouvert sur le monde. Donc on a changé un peu cette approche. On forme des designers africains pour le continent, mais également pour le reste du monde. Et dans ce cas-là, c'est vrai, l'école est encore majoritairement béninoise. On a 90% d'étudiants béninois. Mais aujourd'hui, nous accueillons des étudiants qui nous viennent du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Rwanda, du Burundi. Nous avons des étudiants libanais à l'école. Nous avons même des étudiants français qui viennent se faire former à Cotonou, pour le Master par exemple. pour nous avoir accueilli une dizaine d'étudiants français qui sont venus se former à Cotonou pour deux ans. Donc, à long terme, on a vraiment pour objectif d'être une école internationale, d'accueillir un peu plus d'étudiants internationaux. Et donc, pour cela, on a mis en place pas mal d'actions. On participe par exemple à des salons internationaux. On était au Gabon, au Côte d'Ivoire, pour rencontrer les bacheliers, leur présenter le programme. projets de l'école et attirer un maximum de jeunes sur ces nouveaux métiers de la créativité. Je tiens juste aussi à souligner que ce n'est pas très évident pour des parents africains d'être ouvert à ce type de métier-là, donc ce n'est pas facile. On a une approche un peu très scolaire dans le sens où on discute beaucoup avec les parents sur les débouchés, sur le programme. On se questionne beaucoup sur ce type de formation avant de valider le choix de leurs enfants qui décident de s'inscrire chez nous à Cotonou. Et aussi aujourd'hui, L'école est basée à Cotonou, nous avons environ 300 étudiants. Mais le projet à long terme, c'est de rejoindre le campus de SEMECITY, l'agence gouvernementale qui a initié le projet de cette école. Nous avons pour vocation de nous déplacer et d'aller à Ouida, sur un campus qui va accueillir 30 000 étudiants. venant de Cotonou mais également du reste du monde, à Ouida, sur 300 hectares. On sera membre d'un écosystème de nouvelles formations qui vont être implantées à Ouida. Voilà les perspectives en termes de développement de l'école.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant. ce que tu expliques et que tu évoques peut-être la réticence de certains parents et qui n'est pas qu'une réticence de parents africains. Il y a vraiment ce côté, ce qui est lié à la mode, à la créativité. On peut envisager ça comme peut-être un passe-temps, mais on a du mal à s'imaginer que ça peut être une carrière et on a tendance à être rassuré quand les enfants vont vers la médecine, vers le droit, vers peut-être le marketing ou la communication des parents. parcours peut-être plus classique. Donc, c'est important de préciser que vous adoptez en fait une approche qui intègre en fait les parents de façon à les rassurer vers, comment dire, vers l'intégration des enfants, des étudiants au sein de l'école. Au niveau du programme et des types de diplômes, est-ce que ça s'organise un petit peu comme en France, dans les écoles de mode, il y a des niveaux bachelor et des niveaux master ou est-ce que ce sont d'autres d'autres diplômes qui sanctionnent les programmes ?

  • Kéfil

    Au niveau des diplômes, nous avons une licence, un bac plus 3, bachelor et un master. La licence, c'est vraiment le DNMAD, le Diplôme National des Métiers de l'Art et du Design, qui est un diplôme d'État français. Mais également, nous sommes reconnus par l'État béninois, donc nous délivrons une double diplomation. Et au niveau... Le Master, c'est Bac plus 5, c'est la suite de la licence, deux ans après la licence. C'est un parcours un peu complet qu'on propose à Cotonou. Nous avons également des formations continues, mais qui sont un peu, on va dire, des formations courtes, spécifiques, pour des professionnels qui souhaitent se mettre à nouveau sur des logiciels spécifiques. Et aussi pour faire un focus sur la mode, je disais au début que nous travaillons avec l'agence de développement CMST, qui est un peu l'agence qui porte les projets de développement de formation de l'école. Et donc cette agence a mis en place par exemple des programmes d'incubation où ils sont spécialisés. On a un programme d'incubation spécialisé Maud en partenariat avec le... J'ai oublié le nom de la structure, mais si ça me revient, je vais le dire. Et donc, ils ont monté un programme qui s'appelle Flight et c'est vraiment orienté sur la mode. Et donc, sur ce volet-là, ils accompagnent des porteurs de projets. donc c'est des... des étudiants qui ont des marques de vêtements par exemple et qui veulent développer ou structurer davantage leurs marques. Et donc ils sont accompagnés pour développer un peu leurs marques. Il y a également un autre incubateur autour de l'animation, par exemple des vidéos, donc des vidéos animées et ça c'est en partenariat avec les Gobelins Paris. Voilà un peu ce qui se met en place. Il y a tout un écosystème créatif qui se développe davantage parce que, il faut le dire, Le contexte est favorable. L'État a décidé d'en faire un peu, on va dire, un pilier de développement du pays. Donc, il y a beaucoup d'initiatives, d'investissements qui sont faits autour de la formation, autour de la valorisation des talents locaux, autour des événements pour justement promouvoir. tout cet écosystème-là créatif à Cotonou.

  • Ramata

    Du coup, je pense que j'ai trouvé l'information que tu cherchais par rapport à l'incubateur Fly. C'est une collaboration avec SEMECITY et également l'IFM, l'Institut français de la mode.

  • Kéfil

    C'est ça, c'est ça, l'IFM.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, ce qu'on comprend, c'est que, comment dire, il y a l'école basée à Cotonou. qui va faire des partenariats avec différentes institutions de manière à étendre encore plus sa portée et pouvoir apporter les programmes les plus pertinents pour les étudiants. Aujourd'hui, par rapport aux étudiants diplômés, les débouchés à Cotonou, au Bénin et même dans la sous-région en Afrique de l'Ouest, quels sont-ils ? Est-ce qu'il y a aujourd'hui des marques, des structures qui peuvent accueillir les étudiants au Bénin et dans la sous-région ?

  • Kéfil

    Pour ce qui concerne les métiers du design de manière générale, ce qui est intéressant, c'est que le design est transversal, il s'applique à tous les sujets. À la fois, par exemple, il y a des designers dans des hôpitaux qui vont travailler sur l'expérience utilisateurs des patients quand ils arrivent. On va dans une banque, aujourd'hui il y a des besoins de designers. Donc je dis tant qu'il y a des challenges sur le continent, il y a de la place pour des designers. Parce qu'un designer c'est quelqu'un qui apporte des solutions de façon globale aux problématiques avec une touche de créativité et d'innovation. En termes de débouchés, il y a des offres. L'école, nous, on reçoit tout le temps des offres. Il y a des offres qui nous parviennent au Bénin, qui viennent du Bénin, mais également des pays voisins, de la Côte d'Ivoire, du Togo. Et donc, ces offres vont être distribuées aux étudiants et qui vont combiner à l'ère d'entreprise. Mais on est quand même conscient du fait que... L'écosystème, de manière générale, il n'est pas encore assez, je vais dire, mature. Il n'y a pas assez de lumière, on va dire, sur les métiers de la créativité. Et nous, notre obligation en tant qu'école, c'est également de communiquer le maximum sur ces nouveaux métiers-là auprès des entreprises. pouvoir faire un peu de lumière sur ces métiers, sur le potentiel que peuvent apporter des créatifs au sein des entreprises. Et donc ça c'est un travail qui se fait depuis plus de cinq ans. Et je disais plus tôt qu'on a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens. Une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet, voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, ils travaillent sur le projet et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie. à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers. Donc en termes d'employabilité, c'est vraiment dans tous les sens, ça va. On reçoit des offres, on pousse des étudiants. Dans le programme pédagogique, on a un module qu'on appelle professionnalisation, on les accompagne à structurer leur projet professionnel. à faire un CV, un portfolio, à savoir faire une sorte de cartographie des entreprises ou des secteurs d'activité dans lesquels ils veulent travailler. Et donc, on les accompagne à travers ce cours de professionnalisation pour tout ce qui va être. candidatures spontanées. Donc voilà, de manière générale, en termes d'insertion professionnelle, ce qui est mis en place et qui est fait. Et justement, pour ceux-là qui n'ont pas envie d'aller en entreprise et qui veulent plutôt développer leurs projets, il y a des incubateurs qui sont mis en place également pour les accompagner dans ce sens.

  • Ramata

    Très bien. Et au niveau du développement de l'école, là. En termes de... Comment dire ? Il y a des écoles qui vont développer des antennes, en fait, dans d'autres régions. Est-ce que... Soit développer des antennes dans d'autres régions, dans un pays ou dans une zone géographique donnée, soit faire des partenariats. Donc là, tu as évoqué des partenariats avec des écoles, une école à Nantes, une école à l'IFM à Paris. Est-ce qu'il y a... Je sais qu'il y a des écoles de mode à Casablanca, au Maroc. Est-ce qu'il y a des ambitions de faire des partenariats avec d'autres écoles ou alors de créer, je ne sais pas si c'est une franchise de termes, mais en tout cas de créer d'autres antennes de l'école dans d'autres pays d'Afrique ou d'autres villes au Bénin ?

  • Kéfil

    Alors, le projet, c'est d'abord de bien s'ancrer sur le territoire béninois. Donc, c'est vrai que ça fait déjà cinq ans que l'école a six ans. que l'école existe, mais on a encore beaucoup de travail. Il faut vraiment qu'on puisse, qu'aujourd'hui, que le métier de designer soit quelque chose qui soit vraiment ancré et vulgarisé dans la tête de tout le monde. Vous savez, l'informatique, c'est beaucoup plus accepté, par exemple, que le métier de design. Donc, pour le moment, on a vraiment envie d'ancrer cela dans l'écosystème. et donc à... Court thème tout de suite, je ne dirais pas qu'on envisage créer des antennes dans les pays voisins, mais plutôt inviter tous les jeunes de ces pays voisins à venir au Bénin. En plus, il y a une bonne dynamique en ce moment au Bénin qui fait que le pays a une très bonne attractivité. Donc, on invite un maximum de jeunes à venir au Bénin, voir ce qui se passe. se former, la créativité. L'écosystème créatif est vraiment, vraiment animé. Il y a des événements tout le temps, il y a des activités, il y a des promoteurs qui organisent des défilés, qui organisent des pop-ups, il y a de nouveaux lieux qui s'ouvrent également. Donc voilà, ça crée une vraie... Ça crée une bonne dynamique en tout cas dans cet écosystème-là. Et pour ce qui est des partenariats avec des autres structures, alors nous, Africa Design School, certes, on est en partenariat avec l'école de design de Nantes Atlantique. Et là, par exemple, on a un partenariat avec l'école du Péret de Paris. Et notre volonté également, c'est de développer davantage de partenariats avec... d'autres universités. Là on est en discussion avec une université en Tunisie, on a vraiment envie de développer des partenariats avec d'autres universités, monter des programmes communs, pourquoi pas créer les échanges entre les universités, entre les équipes pour le bénéfice des étudiants. Ce sont des choses qui sont en cours déjà. Mais par exemple l'agence de développement C'est le même site. elle a beaucoup plus vocation de développer de nouveaux partenariats avec des écoles. Donc, ils ont monté Fly avec les sites français de la mode, il y a les Gobelins, mais il y a également Epitech. Donc, c'est plus un volet technologique et informatique. Et donc, voilà, il y a beaucoup de formations qui sont en train de se développer et ça, c'est vraiment le travail de l'agence de développement CMCT qui permet cela.

  • Ramata

    Très bien. Donc, on sent en tout cas qu'il y a vraiment une volonté de travailler sur une portée internationale et de vraiment donner, en termes de programme, des opportunités aux étudiants d'avoir accès à des possibilités de faire des semestres, pourquoi pas dans d'autres écoles, ou d'avoir accès à des professeurs qui travaillent dans d'autres écoles. Justement, au niveau du corps professoral, en fait. des personnes qui interviennent pour former les étudiants ? Est-ce que ce sont des personnes qui ont un background académique ? Est-ce que ce sont aussi des personnes qui sont des experts métiers, qui ont exercé le métier pendant plusieurs années et qui viennent partager leur expertise avec les étudiants ? Quel est le profil des professeurs au sein de l'école ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. On a divers profils. Dans un premier temps, on a une bonne partie d'intervenants qui sont professionnels. Ce sont des designers qui ont fait leur marque et qui travaillent soit en agence ou qui ont leur propre agence, qui vont venir accompagner les étudiants. Donc ça, c'est le premier volet. on a Également des intervenants internationaux qui nous viennent généralement de l'école design de Nantes pour animer des workshops avec des étudiants. On a également des docteurs puisqu'il y a une bonne démarche scientifique dans le métier de design qui est savoir faire de la recherche, savoir analyser, faire de... ce que nous on appelle par exemple la veille du terrain, et donc on va demander à des sociologues, des anthropologues, de venir donner des notions sur ces sujets-là aux étudiants. Donc on a à la fois des professionnels autodidactes, ou qui ont fait des études à l'étranger et qui sont revenus à ces stadiobénins, donc des repates. On a des docteurs, donc euh de professeurs d'université, et on a des professeurs d'écoles partenaires qui viennent également donner les cours aux étudiants à l'école. Donc l'approche, elle est un peu, je vais dire, globale.

  • Ramata

    Il y a de nombreuses écoles de mode à Paris notamment, qui organisent en fin d'année un défilé, notamment pour, alors je parle plutôt pour la filière design, mais ça peut être pour les autres filières en tout cas. C'est un moment de présenter le travail des étudiants et c'est aussi parfois un moment qui peut venir clôturer une année, notamment les bachelors, une fois qu'ils ont fait leur troisième année, qui terminent, ou alors les masters quand ils arrivent au niveau Bac plus 5. Il y a un côté présentation de collection. Est-ce qu'il y a ce type d'événement au sein de l'école ?

  • Kéfil

    Oui, il y a ce type d'événement. nous à Africa Design School on a mis en place un projet Un événement qu'on appelle les Innovative Solutions Day, c'est une journée où tous les projets de fin d'études sont exposés. Donc on crée une sorte d'exposition dans l'école, au sein de l'école, où on invite des partenaires, c'est ouvert au public, et on sélectionne 10 meilleurs projets qui vont être pitchés devant les partenaires, mais tous les autres projets sont exposés. de manière générale dans l'école. Et donc, cela va vraiment susciter de l'intérêt. Nous, on est continuellement en train de communiquer sur le métier de designer. Et donc, ce type d'événement, c'est vraiment pour valoriser le métier, valoriser le travail des étudiants et le permettre également d'avoir des opportunités parce qu'à travers ces événements-là, ils vont rencontrer des partenaires, des sponsors pour pouvoir développer leurs projets, etc. Donc il y a ça qui se fait au sein de Africa Design School. Et aux côtés, par exemple, de CB City, l'agence gouvernementale qui nous héberge et qui accompagne également le programme Flight, ils organisent des démodés. Donc c'est une journée où les porteurs de projets autour de la mode vont présenter peut-être une nouvelle collection. Ils vont... Voilà, ils vont... pitcher un peu le projet. Et également, il y a un défilé de mode où ils vont présenter des pièces lors du mois de la mode. On a un mois de la mode au Bénin et lors de ce défilé de mode, ces porteurs de projet, ces jeunes qui ont bénéficié de la formation, vont présenter des nouvelles collections. Et la dernière s'est réalisée, s'est déroulée, je pense, il n'y a pas si longtemps que ça. au Sofitel de Cotonou, et qui a vraiment créé un bon... qui a suscité beaucoup d'engouement auprès de ces jeunes. Donc il y a eu la participation du ministre, de la culture à ce type d'événements. Donc c'est vraiment des événements qui valorisent le travail qui est fait autour de la route, autour du design et de la créativité.

  • Ramata

    Très bien. Et est-ce qu'il y a également des prix qui sont développés ? Puisque là, on sent bien dans tout ce que tu nous racontes par rapport à cette école qu'on a vraiment toutes les fondations d'une école qui se veut internationale, avec des partenariats avec des écoles en Afrique, mais également à l'étranger, notamment en France, à Paris et à Nantes. On a du coup ces événements, ces défilés qui donnent l'opportunité, qui vont donner de la visibilité sur le travail qui est fait par les étudiants et qui donne aussi l'opportunité d'inviter les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des entreprises, des gouvernements, de CMCity, de manière à vraiment promouvoir l'école, mais également mettre en avant les profils des étudiants. Dans l'écosystème des écoles, il y a aussi souvent des prix. en partenariat avec différentes structures pour venir identifier les créateurs de demain, les talents de demain. Est-ce qu'il y a aussi cette démarche-là qui est prévue avec l'école ?

  • Kéfil

    Exactement. Dans ce cadre-là, nous avons lancé les AIDA, African International Design Awards, en collaboration avec Tracy Awards. Et donc l'initiative derrière ce projet, c'est vraiment de récompenser des designers confirmés ou pas, ou des étudiants, mais pas que issus d'Africa Design School, mais c'est vraiment un concours qui est ouvert à tous les designers africains. Et donc l'idée c'est vraiment de récompenser les meilleurs projets pour le compte de l'année 2025. On a lancé ce projet avec Trissie Awards dans l'idée également d'avoir un événement. Donc un événement où on va se rencontrer, où tous les acteurs de design du continent vont se rencontrer, se retrouver, créer des synergies. Et également ce sera l'occasion pour montrer auprès des politiques publiques, mais également auprès des partenaires. qui a vraiment un vrai écosystème autour de la créativité, du design africain et qui ne va faire que renforcer le positionnement aujourd'hui de notre école en tant qu'école de design africain. L'idée c'est vraiment de créer à travers cet événement-là un temps fort pour marquer cet écosystème. en disant que le design ce n'est pas que de la fantaisie, ce n'est pas que pour amuser la galerie, mais c'est plutôt une discipline avec des enjeux économiques, avec des enjeux sociétaux, culturels. Et à travers ce type d'événements, on pourra vraiment démontrer quelle est la force du design et l'impact que cette discipline a sur le design. sur le continent. Donc oui, on a un événement, on a un concours de dizaines qui est déjà lancé et on espère qu'il y aura beaucoup de participants et que cela va susciter beaucoup d'intérêts.

  • Ramata

    Très bien, de toute façon, je mettrai le lien puisqu'en fait, il est encore possible de s'inscrire pour participer et éventuellement devenir un lauréat de ce prix. Je mettrai le lien en note de bas de l'épisode, afin que les auditeurs intéressés puissent découvrir ce prix et éventuellement candidater. Maintenant, je vais en venir à... Je ne sais pas si c'est la question qui fâche, mais ça fâche peut-être plus les parents et les étudiants que les patrons d'école. Mais quels sont les frais de scolarité ? Maintenant qu'on a parlé de, finalement, de la qualité du programme, la qualité des professeurs, des différents partenariats qui existent et de tout ce qui est mis en œuvre pour vraiment s'assurer de données. le bon niveau d'éducation aux étudiants et aussi de les accompagner vers l'emploi. Du coup, est-ce que tu peux évoquer avec nous les frais de scolarité ?

  • Kéfil

    OK. Alors, les frais de scolarité sont de 3 500 euros l'année, donc 2 300 000 francs CFA par an. Alors, pour le contexte, on va dire africain, cela peut paraître un peu cher, mais pour la qualité de la formation et... Comparé par exemple à une formation de design classique à Paris ou en France, ce n'est pas du tout cher. C'est-à-dire que c'est le même diplôme, le même cadre de travail, les mêmes formations pour trois fois moins cher de manière globale, avec à la clé un diplôme français et un diplôme béninois. Donc voilà un peu le prix de la scolarité. Aujourd'hui, on essaie de développer des partenariats avec des structures qui vont nous accompagner sur, je ne veux pas dire des bourses, mais du parrainage. On a un partenariat avec les structures qui nous accompagnent sur du parrainage, donc qui parrainent des étudiants qui n'ont pas, par exemple, les moyens de payer la scolarité. Donc voilà, on essaie de mettre des choses en place également pour... pour faciliter l'accessibilité à cette école et créer vraiment une école totalement inclusive. Ça, c'est ce qui concerne Africa Design School. Du côté des programmes d'incubation, par exemple avec SEMECITY, je crois que l'accès, c'est sur dossier, c'est sur sélection, mais je pense qu'ils payent des frais de dossier qui vaut à 150 000 francs CFA. Je dirais autour de 200 euros, 250 euros pour un an d'accompagnement. C'est quasiment sponsorisé par le gouvernement. En fonction des programmes, les coûts vont varier.

  • Ramata

    Très bien, et tu fais bien de le préciser. Effectivement, aujourd'hui, en France, une école de mode, ça va être facilement autour de 10 000 euros par an, que ce soit la formation, comment dire... Bachelor ou master, on est entre 8 et 10 000 euros assez facilement au sein des écoles de mode. Et parfois, selon certaines options, certaines écoles, ça peut dépasser les 10 000 euros. Donc, effectivement, 3 500 euros pour une formation de ce calibre-là et un diplôme reconnu, c'est un prix qui est très attractif. Maintenant, on peut comprendre aussi que par rapport à certaines réalités locales, que ce soit une somme assez conséquente. Donc, c'est bien que tu aies pu partager ces opportunités de parrainage de certains profils afin que ces carrières puissent être accessibles au plus grand nombre. Aujourd'hui, en fait... L'école, ça fait maintenant 5 ans qu'elle... Ouais, 2019, pardon, ça fait même 6 ans qu'elle existe. Oui, 6. Toi, tu nous as parlé de différents partenariats et tu évoquais le fait qu'aujourd'hui, l'idée, c'est de consolider des fondations au Bénin, à Cotonou, et puis avant d'aller s'exporter. Du coup, si on reste dans le cadre du Bénin, c'est que C'est quoi l'ambition de l'école ? C'est quoi les perspectives de l'école sur les cinq prochaines années, par exemple ?

  • Kéfil

    Oui, alors sur les cinq prochaines années, les perspectives vont être d'assurer la qualité de formation et de former jusqu'à 1 200 étudiants. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 400 étudiants qui ont déjà été formés. Donc, on envisage former jusqu'à 1 200 étudiants. On veut également lancer une dizaine de projets entrepreneuriaux. On a été labellisé cette année en tant qu'incubateur. On va lancer bientôt des programmes et accompagner des étudiants qui veulent lancer leur projet de fin d'études. L'idée dans cinq ans, c'est qu'on ait dix champions qui ont pris place cet incubateur et qui ont développé leur projet, qui ont lancé leur projet et qui sont installés. Nous avons également vocation de pouvoir lancer des programmes en anglais, parce que nous sommes vraiment proches du Nigeria et il y a un enjeu également à pouvoir lancer des programmes en anglais, former des étudiants sur un programme à la fois en anglais et français. Donc ça aussi, c'est un sujet qui nous tient vraiment à cœur en termes de perspective. Et enfin, je dirais, nous avons aussi pour objectif de pouvoir développer un programme de bourse, donc aller chercher les bourses. permettre à vraiment tous ceux qui souhaitent, au mérite, de pouvoir bénéficier de cette formation également. Donc voilà, en quelques mots, je veux dire, les axes sur lesquels on va se pencher ces cinq prochaines années.

  • Ramata

    Très bien, c'est un programme ambitieux, mais on sent que toutes les bases sont là, avec les différents partenariats qui ont été négociés, finalement en un temps assez record, parce que finalement c'est une école qui est pas si vieille et il y a déjà des partenariats ambitieux avec des institutions qui sont connues à travers le monde donc on ne peut que souhaiter longue vie à l'Africa Design School la première école de design d'Afrique de l'Ouest moi j'ai été ravie d'avoir l'opportunité d'échanger avec toi et d'en savoir plus en fait sur cette école de mode précédemment j'avais eu l'opportunité d'interviewer la directrice des programmes internationaux d'HEC qui a partagé dans un épisode tout en détail le programme dédié d'HEC sur le continent africain et qui va s'adapter à des entrepreneurs et des porteurs de projets du monde entier qui ont un vrai intérêt à évoluer en Afrique. Et je pense que cette interview-là, elle vient aussi un peu en complément pour pouvoir présenter en fait... toutes les entreprises qui existent aujourd'hui au niveau de l'éducation, afin de proposer des programmes reconnus, qualifiés, qui vont permettre de renforcer l'acquisition de compétences et la formation des jeunes populations. Et puis, il y a aussi le fait, ce qui est intéressant dans l'école, c'est qu'il y a des formations aussi qui peuvent s'adresser pas seulement à des profils étudiants, mais à des profils plus âgés qui ont envie de faire des formations courtes. pour acquérir des compétences en design. Donc, on va dans un sens de professionnalisation et de perfectionnement des populations locales. Et pour ça, on ne peut que t'encourager dans ton travail au quotidien auprès des étudiants et aussi promouvoir cet épisode pour qu'il y ait davantage d'étudiants qui viennent s'inscrire.

  • Kéfil

    Merci beaucoup, Ramater. Pour conclure, peut-être, je dirais, certes, le projet Africa Design School, il est très jeune, donc 2019, 6 ans seulement. Mais en 6 ans, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. L'école se développe plutôt bien grâce au soutien de l'agence de développement Summit City et l'école Design Devents. Donc, c'est les partenaires, je vais dire. depuis six days one, on dira, qui accompagne vraiment le développement de ce projet. Mais également, je vais dire qu'il y a un bon accueil de l'écosystème, en tout cas qui accueille bien ce projet de cette école. Les étudiants, de manière générale, sont très engagés puisqu'il s'agit de métiers passion. Donc, ils n'ont pas vraiment l'impression d'être au travail. mais ils sont plutôt dans leurs éléments. Donc ils sont complètement épanouis à l'école, avec vraiment pour ambition de développer leurs projets, de montrer un peu de quoi ils sont capables en tant que designers africains. Et donc moi je suis vraiment très très content de pouvoir travailler au quotidien avec une équipe. très jeunes également, nous sommes une dizaine derrière ce projet, de façon opérationnelle à travailler sur le développement de l'école, les partenariats, l'encadrement des étudiants. Donc c'est l'occasion pour moi de profiter pour remercier mes collègues, mais également les enseignants, les intervenants qui accompagnent au quotidien les jeunes. à pouvoir s'exprimer, à exprimer la créativité africaine de façon générale.

  • Ramata

    Merci pour ce mot de conclusion qui vient clôturer cette interview. En tout cas, ça a été, encore une fois, je le répète, un plaisir d'échanger avec toi. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Kéfil

    À très vite, Ramatha. Merci beaucoup pour l'invitation.

  • Ramata

    Avec plaisir. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Képhile Saka

    00:51

  • Le parcours de Képhile Saka et ses études en France

    01:55

  • L'Africa Design School : objectifs et programmes

    03:47

  • Les partenariats avec des entreprises et leur importance

    06:45

  • Les débouchés pour les étudiants et l'incubation de projets

    15:05

  • Les défis de l'acceptation des métiers créatifs en Afrique

    21:41

  • Les perspectives de développement de l'école

    29:52

Description

Comment structurer l'éducation du design pour qu'elle réponde aux enjeux locaux et aux standards mondiaux ?


kefil saka, Directeur Exécutif de l'Africa Design School (ADS) à Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest francophone, partage une véritable masterclass sur le développement d'un écosystème créatif professionnel sur le continent.


Son parcours scolaire atypique entre le Benin et la France, son expérience de Directeur Artistique pour le média Vice constitue une source d'inspiration inestimable pour les porteurs de projet et les chefs d'entreprise dans la mode.


Les 3 leçons clés de la masterclass de Kefil :

1. Le partenariat comme levier de qualité : L'Africa Design School démontre la puissance des collaborations. Délivrer un diplôme français reconnu au Bénin grâce à l'alliance avec l'École de Design Nantes Atlantique permet de mêler les savoir-faire africains aux exigences académiques internationales.


2. L'employabilité par la transversalité : Le design ne se limite pas à la mode! L'Africa Design School forme des profils variés en design numérique, en graphisme, en creation de produit et les confronte aux problématiques réelles des entreprises qu'il s'agisse de banques, d'hôpitaux et de start-ups. C'est la preuve que le designer est un créateur de solutions dont l'impact économique est primordial.


3. Créer un écosystème : L'école construit un véritable network. Grâce à des initiatives comme l'incubateur FLY en partenariat avec l'IFM et Sèmè City et l'African International Design Award (AIDA), Kéfil Saka montre comment l'Afican Design School crée un réseau d'opportunités et de reconnaissance pour transformer les "métiers passion" en carrières solides et pérennes.


Si vous êtes professionnel du secteur créatif, investisseur ou simplement curieux de l'avenir du design en Afrique, cet entretien est fait pour vous.


Découvrez comment le Bénin se positionne comme un hub d'excellence créative.


🎧 Écoutez l'épisode complet du podcast Africa Fashion Tour pour découvrir la vision stratégique de kefil saka !


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Kéfil

    On a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet. On voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, travaillent sur le projet. et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique. Et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Képhile Saka. Képhile est le directeur exécutif de l'Africa Design School de Cotonou, la première école de design d'Afrique de l'Ouest. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de son ambition de proposer des programmes de formation pour les designers du continent. Bienvenue Képhile, comment vas-tu ?

  • Kéfil

    Bonjour Ramata, merci beaucoup pour l'invitation, je vais très bien. Merci de m'accueillir dans le podcast.

  • Ramata

    Écoute, c'est un plaisir pour moi que de t'accueillir et on va commencer cette interview. Donc, comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter.

  • Kéfil

    Ok, merci. Je m'appelle Képhi Lissaka, je suis directeur exécutif à Africa Design School, la toute première école de design en Afrique de l'Ouest francophone, créée au Bénin depuis 2019. Alors, j'ai eu un parcours assez, je vais dire, classique. Donc, j'ai fait des études d'abord au Bénin, je suis béninois. J'ai fait des études de banque et finance et de contrôle de gestion. En parallèle, j'ai toujours eu cet attrait pour la culture, la créativité, le design. À côté de mes études, j'étais très investi dans des collectifs qui organisaient des événements autour de la musique, de la culture, de la mode. au Bénin. Et j'ai découvert un peu cet écosystème créatif en 2007, juste après l'obtention de mon bac. Et au fur et à mesure que j'évoluais dans cet écosystème-là, je me suis tout de suite rendu compte que j'avais besoin de me former pour vraiment acquérir des compétences solides. que ce soit au niveau de la communication, que ce soit au niveau de l'organisation, de la planification d'événements. J'avais vraiment envie de passer à une étape un peu supérieure. Je pensais que j'avais déjà fait le cours de façon d'audidacte et donc j'avais vraiment envie de me former. Et à l'époque, sur place, il n'y avait vraiment pas de formation au Bénin sur cette discipline autour de la culture, de la créativité. Et donc je me suis orienté sur la France. J'ai repris des études, j'ai trouvé une formation à la fac de Paris 8, donc l'université de Paris 8 Saint-Denis, où j'ai refait une licence en communication, en infocom de manière générale, donc licence 360. Et je me suis spécialisé en master, toujours à la fac de Paris 8, en humanité numérique, spécialité création et édition numérique. Et donc c'est un master un peu... Je vais dire qu'il sélectionne trois profils, donc des designers, des concepteurs et des développeurs. Et donc j'ai été sélectionné dans ce master en tant que designer, parce que j'ai appris à toucher au logiciel également de façon un peu autodidacte, donc j'avais présenté un portfolio. Donc j'ai été reçu dans ce master en tant que designer, et pendant deux ans j'ai été formé sur de la méthodologie de projet design. On a travaillé sur des projets collaboratifs avec... avec des institutions françaises. Suite à l'obtention de mon diplôme à Paris, j'ai fait mes premières expériences en agence créative chez Vice Media, donc le média Vice, où j'ai été formé, enfin j'ai vraiment appris le métier, on va dire, du directeur artistique dans cette agence-là, donc j'ai travaillé. pour l'agence créative du Média sur divers projets. On a travaillé avec des clients tels que Spotify, tel que Danone, tel que Tinder. Et donc c'est comme ça que j'ai vraiment été formé un peu à ce que c'est que la direction artistique et le graphisme de manière générale, et la publicité. Et donc suite à cela, je me suis mis un peu à mon compte. J'ai travaillé en freelance avec quelques boîtes et en 2019, pendant le confinement, j'ai été sollicité pour rentrer au Bénin pour pouvoir rejoindre le projet Africa Design School. En tant que responsable pédagogique, j'avais pour mission de développer des filières à cette époque-là. Et vu que... Le confinement était une période quand même assez, je veux dire, anxiogène. Je n'ai pas hésité. J'ai décidé du coup de rentrer au Bénin en 2020 pour me consacrer à 100% sur le projet de l'école. Donc voilà un peu mon parcours.

  • Ramata

    Très bien, je te remercie pour toutes ces informations. C'est assez dense. J'aimerais bien qu'on puisse revenir un petit peu sur certains éléments. Là, tu nous as fait vraiment un condensé de tout ce par quoi tu es passé. Toi, tu as eu du coup un apprentissage de la mode en France. Et puis, je pense que tu, étant originaire du Bélin, tu as, j'imagine, conscience et savoir-faire et des spécificités qu'il peut y avoir et les différences qu'il peut y avoir entre... la mode telle qu'on la voit et qu'on envisage en Afrique et la mode telle qu'on peut l'envisager en France et en Occident. Est-ce que tout de suite, toi, quand tu commences tes études en France dans la mode, tu t'envisages avec une perspective en Afrique ? Tu te dis que si tu dois créer un projet ou autre, tu as l'Afrique dans un coin de ta tête ? Pas vraiment, c'est vraiment l'opportunité, on va dire, du Covid. On va appeler ça une opportunité.

  • Kéfil

    Qui a été un déclencheur pour toi ? Alors, quand je partais du Bénin, j'avais vraiment pour vocation de revenir m'installer au Bénin. Donc, je savais que la France, c'était pour une poudre période quand même. J'étais persuadé que j'allais revenir, puisque le continent africain est encore, je vais dire, beaucoup de challenges et en design, on dit souvent un challenge égal à une opportunité. Et donc, dans ma tête, c'était assez clair qu'après mes études et mes premières expériences professionnelles, j'allais revenir au Bénin m'installer. Je peux clarifier quelque chose ?

  • Ramata

    Vas-y, bien sûr, avec plaisir.

  • Kéfil

    Ok. Alors, je n'ai pas fait des études en mode. mais plutôt en communication. C'est ce que je disais, j'ai d'abord fait une licence en communication à Paris 8 et un master en création et édition numérique. Donc, il n'y avait pas vraiment de mode.

  • Ramata

    D'accord, très bien. Et du coup, la partie direction artistique, tu as pu la développer au sein du Mediavice, c'est ce que tu évoquais.

  • Kéfil

    Exactement, oui.

  • Ramata

    Ok, très bien. Et du coup, ton intérêt pour la mode, tu as toujours eu un intérêt pour la mode sans forcément avoir fait des études dans ce domaine ?

  • Kéfil

    Oui, mon intérêt pour la mode, ce n'était pas forcément pour développer des marques de vêtements. J'étais plutôt du côté, je vais dire, communicationnel, accompagner les... des porteurs de projets dans leur communication, dans leur DA. J'ai touché un peu à tout, à la photo, à la vidéo. Donc, la création de contenu pour eux également, oui. Donc, voilà, c'était un peu ça.

  • Ramata

    Très bien. OK. Merci pour cette précision. Du coup, toi, sur le background, du coup, plutôt sur la partie communication, marketing, en fait, et vraiment, quelque part, image de marque. À un moment donné, tu as eu l'opportunité de le mettre à profit de l'école en tant que responsable pédagogique. Au niveau de l'école, ta mission au niveau des programmes, c'était quoi ? En général, les écoles de mode, il va y avoir une partie qui est très centrée sur le design, sur la couture, sur apprendre à faire un vêtement. Et puis, il va y avoir ce qu'on va appeler les programmes fashion design. et puis après, on peut avoir des programmes qui sont plutôt… fashion business dans lesquels il y a le marketing, il y a la communication. Toi, quand tu arrives avec la responsabilité de la pédagogie de l'école, quelle est l'ambition ? Comment les programmes ont-ils été orientés ?

  • Kéfil

    Pour la petite histoire, l'école a été montée par le gouvernement béninois en partenariat avec l'école de design de Nantes. Et donc il y avait déjà une historique quand moi j'arrivais. Donc c'était une école de design qui allait lancer plusieurs programmes. Donc il existait déjà une filière design numérique. Donc en design numérique, ils développent plus des applications, des sites internet. Ils sont vraiment spécialisés sur l'expérience utilisateur. Et donc moi j'avais taillé des charges quand je rejoignais l'école. d'assurer la continuité de cette filière-là, mais également de développer la filière design graphique. Et donc, dans un premier temps, il fallait faire une sorte d'étude de marché pour voir quand même quelle était la pertinence de lancer ce type de formation sur le territoire, de voir s'il y avait vraiment un besoin auprès des agences, des entreprises, parce que Le rôle de l'école, dans un premier temps, c'est de former pour le tissu professionnel. Donc il y avait cette étude-là qui était faite en amont et qui avait confirmé, on va dire, les hypothèses sur la pertinence de lancer ce type de programme. Et dans un second temps, on est parti sur un référentiel qui existe déjà, qui est le DNMAD, le Diplôme National de Métiers des Arts et du Design, qui est un diplôme français. qu'on a implémenté au Bénin, mais en l'adaptant au contexte local. Je donne un exemple très simple. Dans le référentiel en France, on a ce qu'on appelle des cours d'histoire de l'art, des cours d'histoire de l'art de façon générale. Et nous, à Cotonou, ce qu'on a fait, on a adapté cela sur des cours d'histoire de l'art africain. Et donc... Ça nous pousse à amener les étudiants, voir un peu les artisans, des royaumes, parce qu'il y a encore des palais royaux qui existent avec tout le savoir-faire autour de, par exemple, des tisserands. Donc, mes étudiants sont allés au palais royal d'Avonglo pour apprendre à tisser. Donc voilà, on essaie vraiment d'adapter ce programme au pont-est local. pouvoir répondre à un besoin, mais également questionner ce savoir-faire-là et toute la technologie qui existe aujourd'hui, comment on se sert de ces technologies pour valoriser, en quelque sorte, nos savoir-faire locaux africains sur le continent. Donc voilà un peu ce qui a été mis en place à mon arrivée. Et dans un second temps, ce qu'on a... Ce qu'on a essayé de développer également, c'est de développer des partenariats, des partenariats stratégiques avec des entreprises, des entrepreneurs, qui nous soumettent des projets sur lesquels les étudiants sont formés, puisque le métier de designer, de manière générale, c'est un métier qui va demander beaucoup de pratiques. Et donc, on n'a pas pour vocation de former des jeunes sur des briefs, on va dire, un peu fictifs. On va chercher des projets, on va chercher des entreprises qui nous soumettent des sujets sur lesquels les étudiants sont amenés à travailler, à présenter, à pitié, à valoriser auprès des différents partenaires de l'école. Donc voilà.

  • Ramata

    Très bien. Aujourd'hui, l'école, ce que tu évoquais, c'est que toi, en tout cas, elle a été créée, il me semble, en 2019, et que toi, tu es arrivé un petit peu après le Covid. Donc vous avez, j'imagine, plusieurs promotions qui ont été diplômées. Quels sont les débouchés pour les étudiants qui passent par l'école ?

  • Kéfil

    Aujourd'hui, nous avons développé, je vais dire, cinq programmes, donc quatre programmes en licence et un master. Aujourd'hui les débouchés sont divers puisqu'on a plusieurs filières. En fonction des filières, on va avoir des territoires artistiques pour de la publicité, pour des marques, on va avoir des designers graphiques, on va avoir des designers d'expérience, des architectes, enfin des designers d'espace qui vont plutôt travailler avec des architectes. On va avoir des designers d'objets, donc de produits. On dit produits, c'est à la fois des accessoires de mode, mais également du mobilier, par exemple. Donc c'est divers, c'est varié. Donc c'est vraiment en fonction des spécificités du programme qu'on va insérer les étudiants. Donc il y a tout. C'est une bonne partie des étudiants qui vont aller en entreprise, mais il y a également ceux-là qui ont pour vocation de développer leur projet, c'est-à-dire de se lancer en tant qu'entrepreneur et de développer leur projet. Et là, ce qu'on a mis en place, c'est de monter un incubateur au sein de l'école pour pouvoir les accompagner dans la structuration de leur projet. Aujourd'hui, l'école a été labellisée en tant qu'organisation d'accompagnement à l'entreprise. nous ne sommes que 15 dans tout le pays à être labellisés. Et donc, grâce à cet incubateur, nous allons également permettre aux étudiants de mieux structurer leurs projets de fin d'études, de lancer leurs projets et de bien démarrer une carrière, on va dire, entrepreneuriale. Donc, voilà.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant cet aspect à la fois. on accompagne des porteurs de projets à travers un incubateur d'un côté, et de l'autre, on a une formation plus académique pour des profils qui peuvent effectivement lancer leurs projets, mais qui peuvent aussi venir intégrer des entreprises. Et aujourd'hui, en termes de... Alors, j'ai deux questions, mais je vais essayer d'en poser qu'une seule. J'ai tendance à poser plusieurs questions en même temps. Au niveau des étudiants, est-ce que c'est des étudiants qui viennent à... Comment dire ? que de Cotonou, du Bénin ou est-ce qu'il y a vraiment une volonté d'accueillir des étudiants qui viennent de différents pays d'Afrique ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. Aujourd'hui, le projet de l'école, c'est, à l'origine, on disait, former des designers africains pour l'Afrique. Mais aujourd'hui, le monde est global. On vit dans un monde global. Il y a de la globalisation, de la mondialisation. Et avec Internet aussi, on est ouvert sur le monde. Donc on a changé un peu cette approche. On forme des designers africains pour le continent, mais également pour le reste du monde. Et dans ce cas-là, c'est vrai, l'école est encore majoritairement béninoise. On a 90% d'étudiants béninois. Mais aujourd'hui, nous accueillons des étudiants qui nous viennent du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Rwanda, du Burundi. Nous avons des étudiants libanais à l'école. Nous avons même des étudiants français qui viennent se faire former à Cotonou, pour le Master par exemple. pour nous avoir accueilli une dizaine d'étudiants français qui sont venus se former à Cotonou pour deux ans. Donc, à long terme, on a vraiment pour objectif d'être une école internationale, d'accueillir un peu plus d'étudiants internationaux. Et donc, pour cela, on a mis en place pas mal d'actions. On participe par exemple à des salons internationaux. On était au Gabon, au Côte d'Ivoire, pour rencontrer les bacheliers, leur présenter le programme. projets de l'école et attirer un maximum de jeunes sur ces nouveaux métiers de la créativité. Je tiens juste aussi à souligner que ce n'est pas très évident pour des parents africains d'être ouvert à ce type de métier-là, donc ce n'est pas facile. On a une approche un peu très scolaire dans le sens où on discute beaucoup avec les parents sur les débouchés, sur le programme. On se questionne beaucoup sur ce type de formation avant de valider le choix de leurs enfants qui décident de s'inscrire chez nous à Cotonou. Et aussi aujourd'hui, L'école est basée à Cotonou, nous avons environ 300 étudiants. Mais le projet à long terme, c'est de rejoindre le campus de SEMECITY, l'agence gouvernementale qui a initié le projet de cette école. Nous avons pour vocation de nous déplacer et d'aller à Ouida, sur un campus qui va accueillir 30 000 étudiants. venant de Cotonou mais également du reste du monde, à Ouida, sur 300 hectares. On sera membre d'un écosystème de nouvelles formations qui vont être implantées à Ouida. Voilà les perspectives en termes de développement de l'école.

  • Ramata

    Très bien, c'est très intéressant. ce que tu expliques et que tu évoques peut-être la réticence de certains parents et qui n'est pas qu'une réticence de parents africains. Il y a vraiment ce côté, ce qui est lié à la mode, à la créativité. On peut envisager ça comme peut-être un passe-temps, mais on a du mal à s'imaginer que ça peut être une carrière et on a tendance à être rassuré quand les enfants vont vers la médecine, vers le droit, vers peut-être le marketing ou la communication des parents. parcours peut-être plus classique. Donc, c'est important de préciser que vous adoptez en fait une approche qui intègre en fait les parents de façon à les rassurer vers, comment dire, vers l'intégration des enfants, des étudiants au sein de l'école. Au niveau du programme et des types de diplômes, est-ce que ça s'organise un petit peu comme en France, dans les écoles de mode, il y a des niveaux bachelor et des niveaux master ou est-ce que ce sont d'autres d'autres diplômes qui sanctionnent les programmes ?

  • Kéfil

    Au niveau des diplômes, nous avons une licence, un bac plus 3, bachelor et un master. La licence, c'est vraiment le DNMAD, le Diplôme National des Métiers de l'Art et du Design, qui est un diplôme d'État français. Mais également, nous sommes reconnus par l'État béninois, donc nous délivrons une double diplomation. Et au niveau... Le Master, c'est Bac plus 5, c'est la suite de la licence, deux ans après la licence. C'est un parcours un peu complet qu'on propose à Cotonou. Nous avons également des formations continues, mais qui sont un peu, on va dire, des formations courtes, spécifiques, pour des professionnels qui souhaitent se mettre à nouveau sur des logiciels spécifiques. Et aussi pour faire un focus sur la mode, je disais au début que nous travaillons avec l'agence de développement CMST, qui est un peu l'agence qui porte les projets de développement de formation de l'école. Et donc cette agence a mis en place par exemple des programmes d'incubation où ils sont spécialisés. On a un programme d'incubation spécialisé Maud en partenariat avec le... J'ai oublié le nom de la structure, mais si ça me revient, je vais le dire. Et donc, ils ont monté un programme qui s'appelle Flight et c'est vraiment orienté sur la mode. Et donc, sur ce volet-là, ils accompagnent des porteurs de projets. donc c'est des... des étudiants qui ont des marques de vêtements par exemple et qui veulent développer ou structurer davantage leurs marques. Et donc ils sont accompagnés pour développer un peu leurs marques. Il y a également un autre incubateur autour de l'animation, par exemple des vidéos, donc des vidéos animées et ça c'est en partenariat avec les Gobelins Paris. Voilà un peu ce qui se met en place. Il y a tout un écosystème créatif qui se développe davantage parce que, il faut le dire, Le contexte est favorable. L'État a décidé d'en faire un peu, on va dire, un pilier de développement du pays. Donc, il y a beaucoup d'initiatives, d'investissements qui sont faits autour de la formation, autour de la valorisation des talents locaux, autour des événements pour justement promouvoir. tout cet écosystème-là créatif à Cotonou.

  • Ramata

    Du coup, je pense que j'ai trouvé l'information que tu cherchais par rapport à l'incubateur Fly. C'est une collaboration avec SEMECITY et également l'IFM, l'Institut français de la mode.

  • Kéfil

    C'est ça, c'est ça, l'IFM.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, ce qu'on comprend, c'est que, comment dire, il y a l'école basée à Cotonou. qui va faire des partenariats avec différentes institutions de manière à étendre encore plus sa portée et pouvoir apporter les programmes les plus pertinents pour les étudiants. Aujourd'hui, par rapport aux étudiants diplômés, les débouchés à Cotonou, au Bénin et même dans la sous-région en Afrique de l'Ouest, quels sont-ils ? Est-ce qu'il y a aujourd'hui des marques, des structures qui peuvent accueillir les étudiants au Bénin et dans la sous-région ?

  • Kéfil

    Pour ce qui concerne les métiers du design de manière générale, ce qui est intéressant, c'est que le design est transversal, il s'applique à tous les sujets. À la fois, par exemple, il y a des designers dans des hôpitaux qui vont travailler sur l'expérience utilisateurs des patients quand ils arrivent. On va dans une banque, aujourd'hui il y a des besoins de designers. Donc je dis tant qu'il y a des challenges sur le continent, il y a de la place pour des designers. Parce qu'un designer c'est quelqu'un qui apporte des solutions de façon globale aux problématiques avec une touche de créativité et d'innovation. En termes de débouchés, il y a des offres. L'école, nous, on reçoit tout le temps des offres. Il y a des offres qui nous parviennent au Bénin, qui viennent du Bénin, mais également des pays voisins, de la Côte d'Ivoire, du Togo. Et donc, ces offres vont être distribuées aux étudiants et qui vont combiner à l'ère d'entreprise. Mais on est quand même conscient du fait que... L'écosystème, de manière générale, il n'est pas encore assez, je vais dire, mature. Il n'y a pas assez de lumière, on va dire, sur les métiers de la créativité. Et nous, notre obligation en tant qu'école, c'est également de communiquer le maximum sur ces nouveaux métiers-là auprès des entreprises. pouvoir faire un peu de lumière sur ces métiers, sur le potentiel que peuvent apporter des créatifs au sein des entreprises. Et donc ça c'est un travail qui se fait depuis plus de cinq ans. Et je disais plus tôt qu'on a mis en place des partenariats pédagogiques pour pouvoir former les étudiants sur des cas réels d'entreprise. À travers ces partenariats-là, nous sensibilisons également des entreprises qui nous font confiance. C'est-à-dire que c'est à double sens. Une entreprise qui vient nous voir avec un projet, qui nous soumet à un projet, voit un peu la manière dont les étudiants réfléchissent, ils travaillent sur le projet et ils vont le restituer. Et donc derrière, ça va donner aussi envie. à cette entreprise qui n'a peut-être jamais travaillé avec des designers. Ça va susciter vraiment une envie à cette entreprise de vouloir collaborer avec des designers. Donc en termes d'employabilité, c'est vraiment dans tous les sens, ça va. On reçoit des offres, on pousse des étudiants. Dans le programme pédagogique, on a un module qu'on appelle professionnalisation, on les accompagne à structurer leur projet professionnel. à faire un CV, un portfolio, à savoir faire une sorte de cartographie des entreprises ou des secteurs d'activité dans lesquels ils veulent travailler. Et donc, on les accompagne à travers ce cours de professionnalisation pour tout ce qui va être. candidatures spontanées. Donc voilà, de manière générale, en termes d'insertion professionnelle, ce qui est mis en place et qui est fait. Et justement, pour ceux-là qui n'ont pas envie d'aller en entreprise et qui veulent plutôt développer leurs projets, il y a des incubateurs qui sont mis en place également pour les accompagner dans ce sens.

  • Ramata

    Très bien. Et au niveau du développement de l'école, là. En termes de... Comment dire ? Il y a des écoles qui vont développer des antennes, en fait, dans d'autres régions. Est-ce que... Soit développer des antennes dans d'autres régions, dans un pays ou dans une zone géographique donnée, soit faire des partenariats. Donc là, tu as évoqué des partenariats avec des écoles, une école à Nantes, une école à l'IFM à Paris. Est-ce qu'il y a... Je sais qu'il y a des écoles de mode à Casablanca, au Maroc. Est-ce qu'il y a des ambitions de faire des partenariats avec d'autres écoles ou alors de créer, je ne sais pas si c'est une franchise de termes, mais en tout cas de créer d'autres antennes de l'école dans d'autres pays d'Afrique ou d'autres villes au Bénin ?

  • Kéfil

    Alors, le projet, c'est d'abord de bien s'ancrer sur le territoire béninois. Donc, c'est vrai que ça fait déjà cinq ans que l'école a six ans. que l'école existe, mais on a encore beaucoup de travail. Il faut vraiment qu'on puisse, qu'aujourd'hui, que le métier de designer soit quelque chose qui soit vraiment ancré et vulgarisé dans la tête de tout le monde. Vous savez, l'informatique, c'est beaucoup plus accepté, par exemple, que le métier de design. Donc, pour le moment, on a vraiment envie d'ancrer cela dans l'écosystème. et donc à... Court thème tout de suite, je ne dirais pas qu'on envisage créer des antennes dans les pays voisins, mais plutôt inviter tous les jeunes de ces pays voisins à venir au Bénin. En plus, il y a une bonne dynamique en ce moment au Bénin qui fait que le pays a une très bonne attractivité. Donc, on invite un maximum de jeunes à venir au Bénin, voir ce qui se passe. se former, la créativité. L'écosystème créatif est vraiment, vraiment animé. Il y a des événements tout le temps, il y a des activités, il y a des promoteurs qui organisent des défilés, qui organisent des pop-ups, il y a de nouveaux lieux qui s'ouvrent également. Donc voilà, ça crée une vraie... Ça crée une bonne dynamique en tout cas dans cet écosystème-là. Et pour ce qui est des partenariats avec des autres structures, alors nous, Africa Design School, certes, on est en partenariat avec l'école de design de Nantes Atlantique. Et là, par exemple, on a un partenariat avec l'école du Péret de Paris. Et notre volonté également, c'est de développer davantage de partenariats avec... d'autres universités. Là on est en discussion avec une université en Tunisie, on a vraiment envie de développer des partenariats avec d'autres universités, monter des programmes communs, pourquoi pas créer les échanges entre les universités, entre les équipes pour le bénéfice des étudiants. Ce sont des choses qui sont en cours déjà. Mais par exemple l'agence de développement C'est le même site. elle a beaucoup plus vocation de développer de nouveaux partenariats avec des écoles. Donc, ils ont monté Fly avec les sites français de la mode, il y a les Gobelins, mais il y a également Epitech. Donc, c'est plus un volet technologique et informatique. Et donc, voilà, il y a beaucoup de formations qui sont en train de se développer et ça, c'est vraiment le travail de l'agence de développement CMCT qui permet cela.

  • Ramata

    Très bien. Donc, on sent en tout cas qu'il y a vraiment une volonté de travailler sur une portée internationale et de vraiment donner, en termes de programme, des opportunités aux étudiants d'avoir accès à des possibilités de faire des semestres, pourquoi pas dans d'autres écoles, ou d'avoir accès à des professeurs qui travaillent dans d'autres écoles. Justement, au niveau du corps professoral, en fait. des personnes qui interviennent pour former les étudiants ? Est-ce que ce sont des personnes qui ont un background académique ? Est-ce que ce sont aussi des personnes qui sont des experts métiers, qui ont exercé le métier pendant plusieurs années et qui viennent partager leur expertise avec les étudiants ? Quel est le profil des professeurs au sein de l'école ?

  • Kéfil

    C'est une très bonne question. On a divers profils. Dans un premier temps, on a une bonne partie d'intervenants qui sont professionnels. Ce sont des designers qui ont fait leur marque et qui travaillent soit en agence ou qui ont leur propre agence, qui vont venir accompagner les étudiants. Donc ça, c'est le premier volet. on a Également des intervenants internationaux qui nous viennent généralement de l'école design de Nantes pour animer des workshops avec des étudiants. On a également des docteurs puisqu'il y a une bonne démarche scientifique dans le métier de design qui est savoir faire de la recherche, savoir analyser, faire de... ce que nous on appelle par exemple la veille du terrain, et donc on va demander à des sociologues, des anthropologues, de venir donner des notions sur ces sujets-là aux étudiants. Donc on a à la fois des professionnels autodidactes, ou qui ont fait des études à l'étranger et qui sont revenus à ces stadiobénins, donc des repates. On a des docteurs, donc euh de professeurs d'université, et on a des professeurs d'écoles partenaires qui viennent également donner les cours aux étudiants à l'école. Donc l'approche, elle est un peu, je vais dire, globale.

  • Ramata

    Il y a de nombreuses écoles de mode à Paris notamment, qui organisent en fin d'année un défilé, notamment pour, alors je parle plutôt pour la filière design, mais ça peut être pour les autres filières en tout cas. C'est un moment de présenter le travail des étudiants et c'est aussi parfois un moment qui peut venir clôturer une année, notamment les bachelors, une fois qu'ils ont fait leur troisième année, qui terminent, ou alors les masters quand ils arrivent au niveau Bac plus 5. Il y a un côté présentation de collection. Est-ce qu'il y a ce type d'événement au sein de l'école ?

  • Kéfil

    Oui, il y a ce type d'événement. nous à Africa Design School on a mis en place un projet Un événement qu'on appelle les Innovative Solutions Day, c'est une journée où tous les projets de fin d'études sont exposés. Donc on crée une sorte d'exposition dans l'école, au sein de l'école, où on invite des partenaires, c'est ouvert au public, et on sélectionne 10 meilleurs projets qui vont être pitchés devant les partenaires, mais tous les autres projets sont exposés. de manière générale dans l'école. Et donc, cela va vraiment susciter de l'intérêt. Nous, on est continuellement en train de communiquer sur le métier de designer. Et donc, ce type d'événement, c'est vraiment pour valoriser le métier, valoriser le travail des étudiants et le permettre également d'avoir des opportunités parce qu'à travers ces événements-là, ils vont rencontrer des partenaires, des sponsors pour pouvoir développer leurs projets, etc. Donc il y a ça qui se fait au sein de Africa Design School. Et aux côtés, par exemple, de CB City, l'agence gouvernementale qui nous héberge et qui accompagne également le programme Flight, ils organisent des démodés. Donc c'est une journée où les porteurs de projets autour de la mode vont présenter peut-être une nouvelle collection. Ils vont... Voilà, ils vont... pitcher un peu le projet. Et également, il y a un défilé de mode où ils vont présenter des pièces lors du mois de la mode. On a un mois de la mode au Bénin et lors de ce défilé de mode, ces porteurs de projet, ces jeunes qui ont bénéficié de la formation, vont présenter des nouvelles collections. Et la dernière s'est réalisée, s'est déroulée, je pense, il n'y a pas si longtemps que ça. au Sofitel de Cotonou, et qui a vraiment créé un bon... qui a suscité beaucoup d'engouement auprès de ces jeunes. Donc il y a eu la participation du ministre, de la culture à ce type d'événements. Donc c'est vraiment des événements qui valorisent le travail qui est fait autour de la route, autour du design et de la créativité.

  • Ramata

    Très bien. Et est-ce qu'il y a également des prix qui sont développés ? Puisque là, on sent bien dans tout ce que tu nous racontes par rapport à cette école qu'on a vraiment toutes les fondations d'une école qui se veut internationale, avec des partenariats avec des écoles en Afrique, mais également à l'étranger, notamment en France, à Paris et à Nantes. On a du coup ces événements, ces défilés qui donnent l'opportunité, qui vont donner de la visibilité sur le travail qui est fait par les étudiants et qui donne aussi l'opportunité d'inviter les différentes parties prenantes, qu'il s'agisse des entreprises, des gouvernements, de CMCity, de manière à vraiment promouvoir l'école, mais également mettre en avant les profils des étudiants. Dans l'écosystème des écoles, il y a aussi souvent des prix. en partenariat avec différentes structures pour venir identifier les créateurs de demain, les talents de demain. Est-ce qu'il y a aussi cette démarche-là qui est prévue avec l'école ?

  • Kéfil

    Exactement. Dans ce cadre-là, nous avons lancé les AIDA, African International Design Awards, en collaboration avec Tracy Awards. Et donc l'initiative derrière ce projet, c'est vraiment de récompenser des designers confirmés ou pas, ou des étudiants, mais pas que issus d'Africa Design School, mais c'est vraiment un concours qui est ouvert à tous les designers africains. Et donc l'idée c'est vraiment de récompenser les meilleurs projets pour le compte de l'année 2025. On a lancé ce projet avec Trissie Awards dans l'idée également d'avoir un événement. Donc un événement où on va se rencontrer, où tous les acteurs de design du continent vont se rencontrer, se retrouver, créer des synergies. Et également ce sera l'occasion pour montrer auprès des politiques publiques, mais également auprès des partenaires. qui a vraiment un vrai écosystème autour de la créativité, du design africain et qui ne va faire que renforcer le positionnement aujourd'hui de notre école en tant qu'école de design africain. L'idée c'est vraiment de créer à travers cet événement-là un temps fort pour marquer cet écosystème. en disant que le design ce n'est pas que de la fantaisie, ce n'est pas que pour amuser la galerie, mais c'est plutôt une discipline avec des enjeux économiques, avec des enjeux sociétaux, culturels. Et à travers ce type d'événements, on pourra vraiment démontrer quelle est la force du design et l'impact que cette discipline a sur le design. sur le continent. Donc oui, on a un événement, on a un concours de dizaines qui est déjà lancé et on espère qu'il y aura beaucoup de participants et que cela va susciter beaucoup d'intérêts.

  • Ramata

    Très bien, de toute façon, je mettrai le lien puisqu'en fait, il est encore possible de s'inscrire pour participer et éventuellement devenir un lauréat de ce prix. Je mettrai le lien en note de bas de l'épisode, afin que les auditeurs intéressés puissent découvrir ce prix et éventuellement candidater. Maintenant, je vais en venir à... Je ne sais pas si c'est la question qui fâche, mais ça fâche peut-être plus les parents et les étudiants que les patrons d'école. Mais quels sont les frais de scolarité ? Maintenant qu'on a parlé de, finalement, de la qualité du programme, la qualité des professeurs, des différents partenariats qui existent et de tout ce qui est mis en œuvre pour vraiment s'assurer de données. le bon niveau d'éducation aux étudiants et aussi de les accompagner vers l'emploi. Du coup, est-ce que tu peux évoquer avec nous les frais de scolarité ?

  • Kéfil

    OK. Alors, les frais de scolarité sont de 3 500 euros l'année, donc 2 300 000 francs CFA par an. Alors, pour le contexte, on va dire africain, cela peut paraître un peu cher, mais pour la qualité de la formation et... Comparé par exemple à une formation de design classique à Paris ou en France, ce n'est pas du tout cher. C'est-à-dire que c'est le même diplôme, le même cadre de travail, les mêmes formations pour trois fois moins cher de manière globale, avec à la clé un diplôme français et un diplôme béninois. Donc voilà un peu le prix de la scolarité. Aujourd'hui, on essaie de développer des partenariats avec des structures qui vont nous accompagner sur, je ne veux pas dire des bourses, mais du parrainage. On a un partenariat avec les structures qui nous accompagnent sur du parrainage, donc qui parrainent des étudiants qui n'ont pas, par exemple, les moyens de payer la scolarité. Donc voilà, on essaie de mettre des choses en place également pour... pour faciliter l'accessibilité à cette école et créer vraiment une école totalement inclusive. Ça, c'est ce qui concerne Africa Design School. Du côté des programmes d'incubation, par exemple avec SEMECITY, je crois que l'accès, c'est sur dossier, c'est sur sélection, mais je pense qu'ils payent des frais de dossier qui vaut à 150 000 francs CFA. Je dirais autour de 200 euros, 250 euros pour un an d'accompagnement. C'est quasiment sponsorisé par le gouvernement. En fonction des programmes, les coûts vont varier.

  • Ramata

    Très bien, et tu fais bien de le préciser. Effectivement, aujourd'hui, en France, une école de mode, ça va être facilement autour de 10 000 euros par an, que ce soit la formation, comment dire... Bachelor ou master, on est entre 8 et 10 000 euros assez facilement au sein des écoles de mode. Et parfois, selon certaines options, certaines écoles, ça peut dépasser les 10 000 euros. Donc, effectivement, 3 500 euros pour une formation de ce calibre-là et un diplôme reconnu, c'est un prix qui est très attractif. Maintenant, on peut comprendre aussi que par rapport à certaines réalités locales, que ce soit une somme assez conséquente. Donc, c'est bien que tu aies pu partager ces opportunités de parrainage de certains profils afin que ces carrières puissent être accessibles au plus grand nombre. Aujourd'hui, en fait... L'école, ça fait maintenant 5 ans qu'elle... Ouais, 2019, pardon, ça fait même 6 ans qu'elle existe. Oui, 6. Toi, tu nous as parlé de différents partenariats et tu évoquais le fait qu'aujourd'hui, l'idée, c'est de consolider des fondations au Bénin, à Cotonou, et puis avant d'aller s'exporter. Du coup, si on reste dans le cadre du Bénin, c'est que C'est quoi l'ambition de l'école ? C'est quoi les perspectives de l'école sur les cinq prochaines années, par exemple ?

  • Kéfil

    Oui, alors sur les cinq prochaines années, les perspectives vont être d'assurer la qualité de formation et de former jusqu'à 1 200 étudiants. Aujourd'hui, nous sommes à plus de 400 étudiants qui ont déjà été formés. Donc, on envisage former jusqu'à 1 200 étudiants. On veut également lancer une dizaine de projets entrepreneuriaux. On a été labellisé cette année en tant qu'incubateur. On va lancer bientôt des programmes et accompagner des étudiants qui veulent lancer leur projet de fin d'études. L'idée dans cinq ans, c'est qu'on ait dix champions qui ont pris place cet incubateur et qui ont développé leur projet, qui ont lancé leur projet et qui sont installés. Nous avons également vocation de pouvoir lancer des programmes en anglais, parce que nous sommes vraiment proches du Nigeria et il y a un enjeu également à pouvoir lancer des programmes en anglais, former des étudiants sur un programme à la fois en anglais et français. Donc ça aussi, c'est un sujet qui nous tient vraiment à cœur en termes de perspective. Et enfin, je dirais, nous avons aussi pour objectif de pouvoir développer un programme de bourse, donc aller chercher les bourses. permettre à vraiment tous ceux qui souhaitent, au mérite, de pouvoir bénéficier de cette formation également. Donc voilà, en quelques mots, je veux dire, les axes sur lesquels on va se pencher ces cinq prochaines années.

  • Ramata

    Très bien, c'est un programme ambitieux, mais on sent que toutes les bases sont là, avec les différents partenariats qui ont été négociés, finalement en un temps assez record, parce que finalement c'est une école qui est pas si vieille et il y a déjà des partenariats ambitieux avec des institutions qui sont connues à travers le monde donc on ne peut que souhaiter longue vie à l'Africa Design School la première école de design d'Afrique de l'Ouest moi j'ai été ravie d'avoir l'opportunité d'échanger avec toi et d'en savoir plus en fait sur cette école de mode précédemment j'avais eu l'opportunité d'interviewer la directrice des programmes internationaux d'HEC qui a partagé dans un épisode tout en détail le programme dédié d'HEC sur le continent africain et qui va s'adapter à des entrepreneurs et des porteurs de projets du monde entier qui ont un vrai intérêt à évoluer en Afrique. Et je pense que cette interview-là, elle vient aussi un peu en complément pour pouvoir présenter en fait... toutes les entreprises qui existent aujourd'hui au niveau de l'éducation, afin de proposer des programmes reconnus, qualifiés, qui vont permettre de renforcer l'acquisition de compétences et la formation des jeunes populations. Et puis, il y a aussi le fait, ce qui est intéressant dans l'école, c'est qu'il y a des formations aussi qui peuvent s'adresser pas seulement à des profils étudiants, mais à des profils plus âgés qui ont envie de faire des formations courtes. pour acquérir des compétences en design. Donc, on va dans un sens de professionnalisation et de perfectionnement des populations locales. Et pour ça, on ne peut que t'encourager dans ton travail au quotidien auprès des étudiants et aussi promouvoir cet épisode pour qu'il y ait davantage d'étudiants qui viennent s'inscrire.

  • Kéfil

    Merci beaucoup, Ramater. Pour conclure, peut-être, je dirais, certes, le projet Africa Design School, il est très jeune, donc 2019, 6 ans seulement. Mais en 6 ans, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. L'école se développe plutôt bien grâce au soutien de l'agence de développement Summit City et l'école Design Devents. Donc, c'est les partenaires, je vais dire. depuis six days one, on dira, qui accompagne vraiment le développement de ce projet. Mais également, je vais dire qu'il y a un bon accueil de l'écosystème, en tout cas qui accueille bien ce projet de cette école. Les étudiants, de manière générale, sont très engagés puisqu'il s'agit de métiers passion. Donc, ils n'ont pas vraiment l'impression d'être au travail. mais ils sont plutôt dans leurs éléments. Donc ils sont complètement épanouis à l'école, avec vraiment pour ambition de développer leurs projets, de montrer un peu de quoi ils sont capables en tant que designers africains. Et donc moi je suis vraiment très très content de pouvoir travailler au quotidien avec une équipe. très jeunes également, nous sommes une dizaine derrière ce projet, de façon opérationnelle à travailler sur le développement de l'école, les partenariats, l'encadrement des étudiants. Donc c'est l'occasion pour moi de profiter pour remercier mes collègues, mais également les enseignants, les intervenants qui accompagnent au quotidien les jeunes. à pouvoir s'exprimer, à exprimer la créativité africaine de façon générale.

  • Ramata

    Merci pour ce mot de conclusion qui vient clôturer cette interview. En tout cas, ça a été, encore une fois, je le répète, un plaisir d'échanger avec toi. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Kéfil

    À très vite, Ramatha. Merci beaucoup pour l'invitation.

  • Ramata

    Avec plaisir. Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Képhile Saka

    00:51

  • Le parcours de Képhile Saka et ses études en France

    01:55

  • L'Africa Design School : objectifs et programmes

    03:47

  • Les partenariats avec des entreprises et leur importance

    06:45

  • Les débouchés pour les étudiants et l'incubation de projets

    15:05

  • Les défis de l'acceptation des métiers créatifs en Afrique

    21:41

  • Les perspectives de développement de l'école

    29:52

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