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Africa Fashion Tour

Marien Ngombé, président du Think Tank "Les ateliers citoyens du Congo"

Marien Ngombé, président du Think Tank "Les ateliers citoyens du Congo"

53min |02/01/2025
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53min |02/01/2025
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Description

Comment le soft power peut-il transformer les industries créatives africaines ?


C'est la question à laquelle répond Marien Ngombé, fondateur des Ateliers Citoyens du Congo et initiateur des Soft Power Days.

Au fil de la conversation, Marien Ngombé raconte son parcours, de la finance à l'écriture, et son engagement pour la promotion de la culture africaine.


Le concept innovant des Soft Power Days, qui connecte la diaspora et les acteurs locaux, a pour ambition de valoriser le génie créatif du continent.

Son projet littéraire "Taxi Poto Poto", un recueil de nouvelles qui explore les réalités des villes africaines à travers le regard des chauffeurs de taxi, est un exemple concret de cette démarche.


Une approche qui contraste avec les récits souvent uniformes sur l'Afrique. En effet, on entend rarement les voix des Africains raconter leurs propres histoires. Marien Ngombé, à travers ses initiatives, propose une vision nouvelle et inspirante.


Dans cet épisode du podcast Africa Fashion Tour, Marien Ngombé aborde également les enjeux du financement des industries culturelles et créatives et l'importance du soft power pour le développement du continent. Il nous livre une véritable masterclasse sur le potentiel de la culture africaine.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. On a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo. pays de la rumba congolaise immatriculés à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculés, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai hésité à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Marianne Gondé. Marianne est le fondateur du cercle de réflexion Les Ateliers Citoyens du Congo. Il est également à l'origine d'un événement appelé Soft Power Days. À travers ces deux initiatives, son ambition est de valoriser les industries culturelles et créatives africaines, et particulièrement celles du Congo-Brazzaville. En 2024, il a supervisé la publication d'un recueil de neuf nouvelles publiées sous le titre Taxi Poto Poto. Chaque nouvelle est écrite par différents auteurs et nous invite à voyager à travers différentes grandes villes africaines. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse présenter son parcours et nous parler de son engagement. Bienvenue, Marien ! Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va, ça va. Merci Ramata. Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Écoute, je suis ravie de pouvoir échanger avec toi aujourd'hui. On s'est rencontrés lors d'un événement sur les industries culturelles et créatives qui avait lieu à Paris il y a quelques mois maintenant. Et puis, à la suite de nos différents échanges, j'ai eu envie de t'inviter pour que tu puisses nous parler un petit peu de ce que tu faisais, notamment par rapport à ton think tank. et par rapport aussi à la littérature, qui me semble un élément important pour un peu changer le narratif sur l'Afrique. Donc, pour commencer en fait cet échange, je vais te demander, comme je le fais avec tous mes invités, de te présenter.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, ok. Alors, je suis Maria Fomengombe, je suis Congolais et j'ai quitté le Congo à l'âge de 15 ans pour venir m'installer en France. Et j'ai une formation en comptabilité et finances et je suis passionné par la culture africaine. Culture dans le sens us et coutumes, j'y puise mon inspiration pour écrire mes livres notamment, et culture dans le sens créativité. Et c'est ce qui m'emmène à créer mon cercle de réflexion et faire différentes actions pour la promotion de la culture africaine. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. En général, quand on a un profil, on va dire scientifique, financier, mathématique, voilà, aujourd'hui tu es directeur financier, on ne s'imagine pas forcément qu'il peut y avoir une part, tu vois, de hauteur, littéraire. On a tendance un peu à opposer les deux. C'est soit vous êtes littéraire, soit vous êtes scientifique, mais les deux, on n'envisage pas forcément. Moi, ce qui m'interpelle par rapport à ton parcours, c'est que tu as un fort intérêt pour la littérature, tu écris. Et puis, tu as aussi un background en finance. Est-ce que tu peux nous parler de comment tu vis ces deux amours qu'on pourrait considérer comme un histoire ?

  • Speaker #0

    Exactement. Finalement, ça crée un équilibre, j'ai l'impression. J'écris depuis 2011 à peu près. Et à la base, je suis un homme d'image. Au début, je voulais écrire pour faire des scénarios, pour faire des films. Et après ça demande des budgets, différentes choses. Mais j'aime, je suis un raconteur d'histoire. Je suis un storyteller. Et après, c'est très culturel en Afrique. On nous raconte beaucoup d'histoires. On n'a pas forcément les livres que je me souviens en fond. Mais nos petits-frères, nos grands-parents nous racontent des histoires, nous. des histoires qu'on directe au fil de l'instant de l'échange et nous berce comme ça pour trouver le sommeil tout simplement. Donc je pense qu'on a ça en nous déjà, vu notre culture, et ensuite nos études ne nous enlèvent pas ça. Je pense que nous sommes des enfants d'une terre de créativité, donc ça nous accompagne. Et ensuite c'est vrai que les chiffres et les lettres ça va rarement ensemble, donc beaucoup s'étonnent que je sois directeur financier et comptable et que j'écrive à côté, mais je pense que c'est le jeu d'équilibre. J'ai besoin de rigueur, de structure. Donc, je trouve ça dans mon métier. J'ai besoin de créativité aussi, donc je le trouve dans tout ce que je fais par ailleurs. Je ne m'explique pas, mais l'un est qui il est pour l'autre, je dirais.

  • Speaker #1

    Alors, du coup, si on en vient à cet équilibre côté littérature, est-ce que tu peux nous parler de... Voilà, tu évoquais le fait que tu écris depuis 2011. Qu'est-ce que tu écris ? Comment ça a commencé ? Est-ce que dès le départ, tu te dis, voilà, je vais écrire un livre, un roman ? Est-ce que c'est de la fiction ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le côté marien d'écrivain ?

  • Speaker #0

    Alors, comment ça commence ? C'est que je crois que l'éloignement du continent m'a emmené à prendre la plume. Donc, je voulais vraiment écrire des souvenirs. Parce que plus le temps passe, plus les souvenirs deviennent diffus et on oublie beaucoup de choses, beaucoup de belles choses. Donc, je voulais vraiment fixer. sur du papier blanc, une partie de mon enfance. C'est parti de là. Et après, il y a toujours une pudeur. Donc, si le but c'est de se raconter uniquement soi, c'est pas intéressant. Donc on y met un peu de fiction, ça parle à tout le monde, et on se sert aussi de ce que vivent les autres. Donc on vit par procuration ce que vivent les autres. Et tout ça donne le terreau pour pouvoir créer. Donc je suis venu à l'écriture vraiment pour raconter mon enfance. Mon premier ouvrage s'appelle Escales Il parle de voyages. Donc il parle de mon départ de l'Afrique vers l'Europe. Et j'en ai profité pour parler de voyages de différentes formes. Il parle de voyages introspectifs, parce que de questionnement, de qui on est, ça parle un peu de spiritualité. Il parle de voyages physiques, vraiment il y a le personnage qui quitte l'Afrique pour venir en Europe. Il y a beaucoup de moi, mais pas que. Et je dis que les voyages révèlent en fait beaucoup de réalité en Afrique. Quand un enfant voyage, des parents se privent pour l'aider à voyager. Ça crée des inimitiés dans les familles, ça crée de l'envie et aussi de l'enthousiasme vis-à-vis du fait que l'enfant quitte le pays pour aller s'accomplir ailleurs. Donc vraiment, c'était ce désir-là de raconter cette page de mon enfance qui m'a marqué jusqu'aujourd'hui encore. Et c'est pour ça que j'arrive à l'écriture. C'est vraiment ça. Et avec le temps, j'ai un peu élargi mon spectre, mes centres d'intérêt, en tout cas les sujets que je traite. Mais c'est l'envie de raconter mon enfance qui m'emmène à écrire.

  • Speaker #1

    Et cette envie-là... elle te mène directement vers écrire et publier. Comment se passe le fait de vraiment... Parce qu'en fait, des personnes qui ont l'envie d'écrire, il y en a, mais ça reste dans un journal intime ou dans des carnets à la maison. Mais ça ne se transforme pas forcément en publication. Donc toi, comment tu sautes le pas de te dire là, je suis dans une démarche d'écriture pour être publié ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui se passe, c'est que j'en fréquente beaucoup de jeunes à l'époque qui sont publiés, qui sont auto-édités, qui se publient eux-mêmes. Et c'est vrai que c'était la voie la plus facile parce que accéder à un éditeur, c'est pas évident. C'est un parcours de combattant, ça demande de la patience, ça demande d'affilter aussi sa plume, d'avoir vraiment un texte très, très abouti. Moi, j'allais sur un texte modeste, je veux dire, et dans le volume et dans l'ambition. C'était un recueil de trois nouvelles et j'étais impatient de vouloir le partager au monde. Donc j'ai vu, j'ai rencontré des amis qui s'éditaient eux-mêmes. Donc c'était simple, on allait sur des sites. J'oublie des noms, de book edition sans faire de pub par exemple, il y en a d'autres. Il suffisait de mettre son manuscrit. On se faisait corriger avant en trouvant un relecteur. Et après, on n'avait aucun stock, mais le livre était fabriqué à la commande. Donc quand des amis voulaient acheter le livre, ça déclenchait la fabrication et la livraison ensuite. Le délai était long, mais voilà, je voulais avoir, tenir ce livre dans mes mains. Pour moi, c'était un peu rendre hommage à cette enfance-là. Du coup, j'ai osé. Je suis quelqu'un qui aime aller jusqu'au bout des choses. Comment dire ? Un achiever, je crois. Les anglo-saxons disent ça. J'ai voulu faire tout moi-même. Donc, j'ai fait mon auto-édition. J'ai pu avoir des livres. J'ai même commandé des livres que j'avais en stock. J'ai pu faire des rencontres littéraires. Et voilà, c'était vraiment ma petite expérience personnelle. Et j'ai écrit et édité mon bouquin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et par la suite, en fait, tu as travaillé sur la publication de Taxi Potopoto. Est-ce que tu peux nous en parler davantage ?

  • Speaker #0

    Oui. Taxi Potopoto, c'est vraiment l'aboutissement de tout un cheminement. Parce qu'après mon premier recueil, j'ai écrit un deuxième recueil de nouvelles. Donc vraiment dans le temps j'évolue. J'avais écrit sur mon enfance, le deuxième recueil j'écris sur la vie en cité universitaire, donc la vie à studentines, qui est très inspirante parce que passer en cité U, ça c'est... comment dire... C'est un passage initiatique avant de devenir vraiment adulte. On vit seul, on gère seul sa vie, même matérielle, enfin. Donc il y a eu le bâtiment A, donc différentes publications avant d'arriver à Taxi Potopoto, et j'ai eu un ouvrage collectif, le premier, qui s'appelait Franklin Insoumis, qui rendait hommage à un chanteur panafricain engagé, et là on avait 16 auteurs, chacun est parti d'une chanson de Franklin Bukaka, et à partir de la chanson a écrit une nouvelle. Donc je dis ça pour dire qu'en arrivant à Taxi Potopoto, je suis déjà un peu aguerri sur l'idée de mener un projet comme celui-là, mais toujours la volonté de raconter l'Afrique. Franklin Bukata racontait une Afrique engagée, on parlait des indépendances. Taxi Potopoto, on veut célébrer nos villes, les contradictions de ces villes, la beauté de ces villes. On voulait qu'il y ait un voyage colfactif, que les yeux soient sollicités, qu'on ait l'impression de humer. ce qui se vend sur les étals du marché à Grandville et ainsi de suite. Donc Taxi Potomoto, c'était vraiment on continue à célébrer l'Afrique, on cherche des auteurs à qui ça parle et on dit à chacun, voilà, chacun est un taximan, chacun choisit une ville et chacun raconte la réalité de cette ville-là. Et ce projet a pu voir le jour grâce à mon éditrice, Muriel Troadec, des éditions Les Lettres Mouchetées, qui a tout de suite accroché, qui a voulu qu'on lance le projet et d'ailleurs, ce projet a amené l'éditrice à créer une collection qui s'appelle... quota qui donnera naissance à d'autres projets similaires. Donc Taxi Poto Poto, c'est vraiment l'aboutissement d'un parcours.

  • Speaker #1

    Très bien. Et du coup, le concept de Taxi Poto, qu'est-ce que c'est exactement ? Pourquoi en fait cette histoire de chauffeur de taxi qui circule dans différentes grandes villes africaines ?

  • Speaker #0

    En fait, je cherchais le personnage vraiment parlant pour inventer une ville. Et j'avais constaté qu'en allant en vacances au Congo, dans d'autres villes africaines, quand on prend un taxi, le taximan souvent c'est le premier qui nous raconte les réalités. Déjà il connaît le prix du carburant, il vous dit comment la vie est chère ou plutôt abordable. Il nous raconte des indiscrétions, de ce qui se passe dans le pouvoir, au sommet de l'État. En même temps des petits larcins, des voleurs qu'il pourrait y avoir, des rumeurs qui courent. Il est au courant de tout. Tout ce qui se passe c'est vraiment une éponge. Et je me suis dit, voilà, moi qui veux raconter l'Afrique, quel personnage serait vraiment le plus à même à le faire, et que ce soit crédible, et qu'il puisse raconter tout, de l'important au détail. Et on s'est dit, je me suis dit, on va aller sur les taxis, et chacun on raconte le cahier des charges. C'est un taximan qui traverse une ville, tu choisis ta ville, et le taximan va être au personnage principal ou secondaire, mais c'est le taxi qui est vraiment, symboliquement je pense que le taximan, à lui tout seul raconte l'Afrique.

  • Speaker #1

    Très intéressant comme concept. Et l'idée aussi, c'est un peu comme Africa Fashion Tour, cette idée de tour de différentes grandes villes, grandes capitales africaines.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est la même démarche. Parce que finalement, on se rend compte que nos villes ont des mêmes problématiques et certaines doivent inspirer d'autres. Je pense que Dakar, sur sa richesse en termes d'événements culturels, peut inspirer Brazzaville. Mais Brazzaville, par sa créativité musicale, peut inspirer, d'accord. Kinshasa, par le fourmillement de la créativité sur le plan littéraire, Lubumbashi, peut inspirer Libreville. Et finalement, voilà, ces villes se complètent, ces villes se font écho et ces villes ont des destins communs.

  • Speaker #1

    Maintenant, j'ai envie d'évoquer en fait ton cercle de réflexion puisque dans tes engagements à promouvoir un autre narratif africain, à un petit peu bouger les perspectives, disons, Il y a le côté poser un écrit qui permet effectivement de raconter des histoires différentes, raconter les histoires autrement et surtout de faire en sorte d'avoir des auteurs africains qui racontent l'Afrique parce qu'on sait que dans la littérature, on a effectivement de grands auteurs africains. Il y a aussi énormément de voyageurs occidentaux qui ont raconté leur perspective de l'Afrique. Donc ça, c'est une première pierre importante. dans ce que tu fais et dans ce que j'avais envie de partager. Il y a aussi, en fait, le cercle de réflexion, le think tank. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, il y aurait beaucoup de choses à dire. Oui, le narratif, c'est important. Quand on se raconte nous-mêmes. C'est pour ça que le succès de Nollywood et toute sa cinématographie, même s'il n'y a pas que des films de grande qualité, mais je dis, produisant, produisant, il en restera quelque chose. Il en est le même de la littérature. Aujourd'hui l'accessibilité à l'édition est devenue vraiment... Tout le monde peut sortir des orages. C'est important pour nourrir vraiment. le lectorat. Il faut vraiment qu'on se raconte nous-mêmes. Je suis content, moi, de voir des associations qui prennent le livre de Victor Hugo, de Maupassant, qui ramènent en Afrique pour donner à des bibliothèques. Il faut lire, c'est toujours bien de lire. Mais c'est important parce qu'on pense à nous. C'est un acte engagé, c'est un acte engageant que d'écrire ou de lire. Et c'est pour ça que tout ça est cohérent, parce que quand je crée les ateliers historiques du Congo, l'idée c'est de parler du soft power africain, notre capacité d'attraction. Et le soft power, c'est de dire que par notre culture, on peut non seulement se réapporter notre propre histoire, notre propre narratif, mais aussi derrière créer une richesse. Et c'est pour ça que dans ce qu'on essaie de faire, on essaie de promouvoir des auteurs africains. J'ai fait un événement qui s'appelait Héritage Congo en 2023 avec Bessac de Réflexion, où on avait invité des auteurs du Congo-Bras-la-Ville. Et on aimerait refaire cette édition, cet événement qui soit plus panafricain parce que... Il faut qu'on se raconte, qu'on parle du vaudou, mais qu'on décortique ce qu'il y a derrière le vaudou, qu'on lise Amadou Kourouma qui raconte la Côte d'Ivoire, qui raconte certaines réalités, qu'on lise Soné Laboutensi, qu'on lise Cher Amédoukane, parce qu'effectivement, il faut qu'on comprenne nos réalités propres. Vous savez, vous avez ouvert un sujet, tu as ouvert un sujet vraiment important parce qu'il y aurait tellement de choses à dire dessus. Déjà, on n'écrit pas forcément dans nos langues, donc on est un peu amputé d'un imaginaire, on écrit en français. Mais malgré notre livre en français, notre imaginaire doit s'inviter dans notre écriture. C'est ce que font beaucoup d'auteurs. Quand on les lit, ça peut être en français, l'humour, les expressions nous ramènent à nous-mêmes. Déjà là, on se réapproprie nous-mêmes. Et après, il faut raconter des trajectoires de vie qui sont propres à l'Afrique. L'Afrique a besoin de se connaître. Beaucoup d'Africains, on peut vous dire, une fois qu'ils ont un certain âge, vont en Europe, et les Congolais ne connaissent pas le Ghana, ne connaissent pas le Kenya, ne connaissent pas l'Oganda. alors qu'il faut connaître ces Afriques-là pour savoir vraiment qui nous sommes. Je peux être bavard dessus, j'espère que c'est assez structuré ma réponse, mais je pourrais en dire un moment. La littérature, c'est important, c'est raccourci à notre paratif. Quand on dit littérature, après on passe à la musique. C'est également important pour diffuser notre imaginaire. Et tout ça, ça participe au software africain.

  • Speaker #1

    Oui, mais le but du podcast, c'est justement de te laisser le temps de parler d'Empia. Aucun souci, c'est vraiment ça le principe, c'est d'avoir un temps long pour pouvoir bien dérouler ta pensée. Et les auditeurs, c'est ce qu'ils vont rechercher. On n'est pas sur le temps rapide des bisgronds TikTok ici. Donc, si tu parles beaucoup et tu donnes beaucoup d'informations, et si l'idée, c'est aussi l'idée d'une conversation, donc au contraire, c'est ce que moi, je souhaite privilégier dans notre échange. Tu parles de soft power. Qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    Soft power, donc traduction littérale, pouvoir d'où ? Ça a été conceptualisé par Joseph Nye, qui est un politologue américain dans les années 90, et c'est un concept qui existe depuis la nuit des temps. Donc c'est de dire que les États, souvent une diplomatie officielle, qui fait qu'ils essaient d'exister sur la scène internationale, ils essaient d'attirer des investisseurs, ils essaient de diffuser leurs valeurs et leurs pensées. Aujourd'hui, on sait qu'en termes de soft power, les États-Unis sont très loin. On parle de l'American way of life. Tout le monde se dit que l'Amérique, c'est la terre des libertés, qu'en Amérique, on a toutes les grandes puissances économiques, Coca-Cola, Google, ainsi de suite. Et ça, ça inspire beaucoup de nations, ça influe sur la puissance américaine. Et quand on a parlé de ce champion qu'est les États-Unis, on peut revenir à des nations qui ont pu émerger, qui ont fait ça. Aujourd'hui, vous allez voir le soft power, comment être concret. Regardez le Japon, tout ce que le Japon produit en termes de manga, l'art culinaire japonais, c'est vraiment à la mode et personne ne s'étonne, même les Français, de lire de droite à gauche un manga. Tellement leur culture s'installe de manière insidieuse, c'est ça le soft power. Et quand notre culture comme ça s'installe et qu'elle plaît, quand on prend une position politique qui est discutable, l'opinion internationale, la première réaction est une réaction d'adhésion. Pourquoi ? Parce que derrière, au quotidien, on a réussi à s'installer dans l'esprit des gens de manière positive. Il y a un autre exemple de soft power, par exemple, ça paraît anecdotique. La Chine qui a l'image que Planton a sur le fait qu'elle ne soit pas un pays des libertés, quand elle a commencé à traiter les deux pandas dans le monde entier, Alors, croyez-moi, quand on parlait de la Chine, on parlait de ces pandas. Tout le monde se pamait devant ces pandas, c'était beau, ainsi de suite. Ça a l'air de rien, mais c'est ça de travailler sur son soft power. Donc, dans le narratif chinois, cet exemple des pandas, ça a distillé une image positive quelque part. C'est le software nigérien aussi, du Nigeria, oui, on peut en parler, au niveau de Nollywood. Au Nigeria, on sait qu'il y a beaucoup de guerres, la guerre de Biafra, il y a l'insécurité, tout le monde le sait. Mais le software a permis de déconstruire quelque part le narratif, ou en tout cas d'essayer d'équilibrer l'image que les gens peuvent envoyer. Avec Nollywood, qui est une diffusion importante en termes de nombre de films, qui crée de l'emploi, avec l'Afrobeat, toutes les stars nigériennes, chaque star. Chaque personnalité connue est un ambassadeur de fête du soft power de son pays. Donc, Barnaboy, Chinois HB, Chimamanda Ngonti Adichie, tous ces personnages, toutes ces personnalités du Nigeria participent à améliorer le soft power nigérien. Et c'est ce que nous souhaitons pour le bassin du Congo. Parce que notre engagement, c'est vrai qu'on le circonscrit à cette zone qu'on maîtrise à peu près bien et qui a besoin de travers son soft power, Gabon. L'RADC, le Congo, le Tchad, enfin, les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. Et on a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses. et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo, pays de la rumba congolaise, immatriculé à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculé, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie. Voilà. Mais surtout, ce sur quoi elle insiste, le soft power sur lequel nous travaillons en Afrique, en plus de celui des Européens, c'est qu'il permet aux Africains de mieux se connaître. Quand on parle de soft power, on parle aussi de valeur. Donc l'Ubuntu, qui vient de l'Afrique du Sud notamment, qui a été mis en avant par Desmond Tutu. Il y a aussi chez nous le Kimontu au Congo. C'est pareil, c'est une forme de dignité, d'être soi. Vous savez, je vais finir par là, toujours en parlant de soft power. Si on parle de la Chine, on parle des instituts confucius. Il y en a plus de 500 à travers le monde. Et qu'est-ce qui se passe ? Elles diffusent une pensée ancestrale chinoise, et pas qu'elle est chinoise. Et donc la Chine s'installe aussi dans les esprits. Et c'est sur ça qu'il faut que nous travaillions. La France, une grande figure de soft power, a des instituts français, plus d'une centaine à travers le monde. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils financent beaucoup d'événements culturels, mais ils ont un droit de regard sur les productions culturelles qui sont financées. Donc, ce n'est pas fait de manière insidieuse. C'est un acte politique en soi, beaucoup bénéficie de subventions. Tant mieux, mais sachez que la créativité est quelque part bridée, parce qu'elle n'est pas financée par l'Afrique elle-même. Il faut que nous travaillions à trouver des financements pour tout cela. Donc, mieux se connaître, travailler sur notre créativité et aller à la conquête du monde grâce au Soft Power.

  • Speaker #1

    Du coup, toi, tu organises un événement qui s'appelle les Soft Power Days et avec une volonté de vraiment aussi créer un pont entre la... Une communauté congolaise qui est en France et peut-être même à l'étranger, en dehors du Congo-Brazzaville, et également en direct la population du Congo. Est-ce que tu peux nous parler de cet événement ?

  • Speaker #0

    Oui, les Softplores Days ont été créés en 2020. On va aller sur la cinquième édition. Le but était de célébrer le génie congolais, donc parler du software, de l'attractivité du Congo. Et nous sommes dits... Pour cet événement-là, nous allons faire une partie conférence, mais avec des acteurs locaux. Il y a de nombreuses personnes en Afrique qui font des choses qui ne sont pas interconnectées, qui ne sont pas toujours valorisées. Donc nous avons dit conférence autour des industries culturelles et créatives. On a invité des acteurs, des financeurs, des acteurs, des écrivains, des éditeurs et autres influenceurs qui ont fait des panels pour échanger. Vraiment, on voulait mettre la lumière sur ceux qui font des choses localement. Et les Soft World Days, c'est une conférence, mais toujours en marge de la conférence, il y a une activité. Donc on fait parfois des kermesses où on vend du Made in Congo. On fait des scènes ouvertes où on invite des artistes congolais à prester. Et parfois, on a même fait un concours entrepreneurial autour d'industrie culturelle et créative sur le meilleur projet. On a fait gagner 500 000 francs CFA. Tout ça est de l'ordre du symbole. Mais vraiment, tu l'as bien dit, on essaie d'être le pont entre... ceux qui sont dans la diaspora, donc à travers le monde, et ceux qui sont restés sur le continent. L'Afrique ne s'en sortira que si ce bridge-là est réellement construit de manière probante et qu'il se passe des synergies entre ceux qui sont ici et ceux qui sont là-bas. Nous avons souvent des financements et ils ont plus d'affaires d'activité, ils sont au fait des réalités locales. Donc il faut aussi travailler sur ça. C'est un peu ça les Soft Power Days. Une fois qu'on a fait Aboraza, on a aussi fait un événement parisien des Soft Power Days, où on a invité ceux de Paris. Donc on va sur la cinquième édition. À chaque fois, on a pris des thèmes autour des ICC. On a parlé aussi de cinéma, de musique, différentes choses. Et ce que j'aimerais faire sur 2025, donc j'en profite pour l'annoncer, c'est faire... L'équivalent d'un Soft Power Days mis à Paris n'est pas un africain. On va l'appeler la journée du Soft Power africain, avec vraiment quelques pays africains à l'honneur, pour parler de diplomatie, de culture, de musique. Ce sera en juin. Et les Soft Power Days voient là un peu l'esprit. On le fait chaque année. Et la cible, c'est vraiment laisser les talents, libérer les énergies localement, et inviter les pouvoirs publics à se réveiller sur l'or, à réaliser une somatise sur de l'or.

  • Speaker #1

    Alors, tu me... offre une parfaite transition à travers ton engagement et ton parcours de financier d'un côté et profiter d'un fort intérêt pour tout ce qui est lié à la culture. En termes d'investissement, moi j'ai pu constater que les investisseurs, quand on leur parle d'agriculture, quand on leur parle de money, donc le mobile money, la fintech, il va y avoir, et je parle d'Afrique, il va y avoir un intérêt, il va y avoir des fonds, mais on parle de culture, c'est un peu le parent pauvre, en fait, c'est pas forcément considéré, on a l'impression que c'est un peu de l'entertainment, et c'est pas forcément les industries sur lesquelles aujourd'hui les investisseurs sont prêts à se positionner, et du coup, c'est parfois relégué à des associations. On a un peu un côté, on va chercher une subvention. aider un projet, on va chercher un soutien, mais on n'est pas dans une dynamique de en fait, c'est un business, et donc on va chercher un investisseur qui va, comment dire, prendre des parts à une initiative qui va se développer et qui va faire des petits Quel est ton avis sur cette question-là ?

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet, parce que ce problème, nous le rencontrons en Afrique, mais aussi en Europe, parce que les gens n'ont pas compris la réalité du business autour des ICC. Par contre, il y a le cabinet EY qui a fait un rapport, je crois c'était fin 2020, qui montrait bien que les industries culturelles et créatives rapportaient plus au PIB français que l'industrie automobile. Donc je pense que ce n'est pas à négliger. Alors, une fois que j'ai dit ça, je dois préciser quelque chose. Les ICC, c'est au moins 10 secteurs. La pub, la littérature, les médias, l'art visuel, la musique. Et j'en passe. C'est quand même 10 secteurs qui font que ces secteurs aient ce poil. Après, quand on parle de l'Afrique, il y a des réalités. Je veux dire qu'au Congo, le cinéma n'a pas encore l'essor du cinéma nigérien. Mais au Congo, la production musicale pourrait être soutenue. Maintenant, comment soutenir toute cette industrie-là ? C'est là tout le problème. Les C7.3 souffrent du même mal que tout business. Il y a des pays où le climat des affaires n'aide pas à l'investissement. Quand il y a des lourdeurs administratives, il faut créer une société. Si c'est vrai pour une société qui veut faire de l'import-export, c'est encore plus vrai pour une société dans les ICC. Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est essayer de réfléchir à des modèles. Il faut impliquer l'État. C'est un secteur tellement particulier qu'il faut impliquer l'État parce que ceux qui se lancent dans les ICC, souvent, sont dans l'informel, ne connaissent pas leur secteur. Ceux qui sont dans l'import-export, souvent, sont quand même au fait des réalités. Ils savent un peu mieux comment structurer. Le problème, c'est que les créatifs ne sont pas des entrepreneurs. Et au niveau des ICC, c'est ce qui se passe des fois, souvent. C'est-à-dire que l'artiste veut tout faire, alors qu'il y a d'autres métiers. Celui qui fait de l'import-export, il y a une société qui est créée, il sait où il s'approvisionne, il sait comment trouver la manière de distribuer ses produits. Il a une politique de prix adaptée à la concurrence. Il y a différentes choses qui sont des règles du commerce, du business, qui sont facilement appréhendables. Pour l'artiste, souvent, on n'a pas compris qu'il y a beaucoup de métiers. Il faut que l'artiste comprenne. Je donne un exemple. Il y a des managers, il y a des tourneurs. Quand ils vont sur l'ingénieur de sang, il y a le producteur. Une fois que ces métiers sont définis, ça aide aussi à structurer. Ça aide l'investisseur à avoir un interlocuteur qui comprend. Souvent, l'investisseur vient et en face, il a un artiste. Le pauvre, lui, est l'artiste. Il est loin du business. Donc déjà, il faut que cette cartographie de métier soit clarifiée et comprise. Et ensuite, il faut qu'on forme des gens dans ces différents métiers-là. Chaque homme va savoir être à sa place et ça aidera le business. C'est la première étape. Et après, il y a un fou éduquer les gens. Moi, j'ai vu des... des personnes qui s'intéressent vraiment à la flic, qui investissent. J'ai participé à des colloques. Et c'est vrai que quand on parle de culture, c'est un peu la partie RSE, c'est de l'aide, c'est de l'argent sur lequel on n'attend pas de retour. Il faut structurer. L'industrie musicale, par exemple, le branding marche très bien. Je veux dire que si il n'y a pas beaucoup de streaming pour certains artistes, et beaucoup de marques de boissons et autres, ça colle à l'image d'artiste et ça fait des revenus. Et pour la marque, indirectement, on booste les ventes. Et pour l'artiste, il faut repenser le modèle économique. Mais il faut du travail dessus. Mais actuellement, c'est une industrie qui marche. Les industries de bouche et de divertissement, ça marche. Mais il faut savoir s'organiser pour le faire.

  • Speaker #1

    Du coup, si je comprends ce que tu dis, c'est plus un enjeu de vraiment connaître toute la filière, toute la chaîne et pouvoir... Comment dire ? organiser et finalement être au fait de présenter un business model qui soit performant, qui va manquer, sinon en fait tous les ingrédients sont là.

  • Speaker #0

    Oui, tout est là, mais il faut structurer la filière. Il faut la structurer, il faut... En fait, les investisseurs en face, ensuite ils comprennent, ils ont une cartographie claire. Sinon, il n'y a pas... Il faut des chiffres, il nous faut de la data. Les consommateurs, comment ça se fait, ainsi de suite. Le secteur informel est toujours très difficile à structurer. Il faut travailler à trouver des agrégats qui s'adaptent à nos réalités africaines. Et ça marchera. Une chose qui marche, par exemple, ce sont des concerts. Ça, c'est très simple. Le nombre de ventes des billets, on le voit. Quand on voit un artiste comme Fali Poupa, les salles qu'il remplit, Axel Raid n'a jamais rempli des salles comme ça. Je n'ai rien contre elle. Mais c'est pour dire que de manière factuelle, ça marche. Il fait une rumba africaine. Et c'est pareil pour d'autres formes d'art. Il faut juste qu'à un moment donné... Une fois qu'on a eu ces exemples forts, parce qu'il y a des personnalités fortes qui peuvent inspirer, on peut l'appliquer à des artistes de moindre importance. Je l'aurais de même pour la littérature. Exploder la littérature africaine, qui fait qu'on présente nos écrivains à des prix littéraires, parce que les prix littéraires boostent les ventes. Celui qui gagne le Goncourt aujourd'hui, deux semaines après, on voit bien que ses ventes grimpent. Ce n'est pas dit que c'est dans l'absolu le plus bel ouvrage de l'année. Forcément l'un des meilleurs. Mais voilà. C'est pour ça qu'il y a des éditrices comme Muriel Troidec, je parle encore d'elle, quand il y a des auteurs africains qui l'éditent, elle présente quasiment tous les prix possibles, ces ouvrages-là, et ça aide. Donc encore une fois, c'est une histoire de méthode aussi, et de travailler sur la mise en lumière. Je sais des gens à Medigamec, qui a eu le prix des Afriques, qui est en couronnelle de Brazzaville, c'est un prix quand même symboliquement fort, grâce au fait que Muriel Troidec ait proposé son ouvrage. à des prix. Si vous éditez un livre, par exemple, on ne vous propose à aucun prix. Il a beau être bon, vous aurez des derniers lectorats, mais il n'y aura pas le rayonnement attendu. Quand on a un prix comme ça, on est invité à des colloques internationaux, à porter la voix d'une certaine littérature. Et dans notre sillage, il y a des auteurs forcément, ou de la maison d'édition, ou des auteurs qui ont la sensibilité de ce qui est le prix, qui profitent de cette mise en lumière. Et c'est ce travail-là qu'on arrête de travailler en silo. Il faut qu'on travaille en synergie. Ça aussi, c'est un souci. Même dans les ICC. C'est pour ça que nous, parfois quand on fait des soft powers, je vois un acteur qui rencontre un réalisateur. Et ensuite, ils discutent, ils trouvent un terrain d'entente pour faire un business ensemble. C'est très bien. Mais si on a beau être talentueux, chacun reste dans son coin, on fera que des petites choses. Pour faire grand, on doit faire ensemble. Et c'est pareil pour le business. Donc tout ça, ça participera aussi à ce que des investisseurs viennent, ils voient que c'est structuré, mais ils ont envie de mettre de l'argent au pot. C'est tout simplement ça. Après, on peut s'organiser aussi par différentes formes de financement, chercher de la love money, faire du crowdfunding, ou nous-mêmes essayer de... de chercher parce qu'il y a une réalité aussi, ça on contourne un peu le fait qu'on n'ait pas des financements mais c'est vrai que la coopération internationale met des fonds à disposition pour des projets et des festivals qui naissent en Ile-de-France qui sont entièrement financés par la coopération internationale donc faudrait peut-être aussi prendre l'argent là où il y a l'argent, le temps qu'on se structure réellement peut-être aller prendre de cette façon là des subventions et autres mais derrière quand on a ces fonds là structurer le business Parce que les subventions, tu en parlais, ça permet de se lancer, mais après, on peut devenir autonome. Il y en a qui ont commencé comme ça, qui ont eu des festivals après, qui sont devenus importants et autonomes financièrement. Mais il y a un travail de synergie, de structuration du business. Ça prend du temps, mais il n'y a pas de raison que ça ne marche pas.

  • Speaker #1

    J'ai envie de revenir sur ton point, sur cette notion de, effectivement, produire son âme, pour après essayer de se positionner sur... tous les prix possibles et donc être accompagnés pour connaître, parce qu'il y a aussi des règles et des procédures à savoir pour se présenter à un prix. Et si on n'est pas sachant du sujet, on ne va pas savoir comment on a besoin de la feuille de route. Maintenant, moi, quand je regarde ça, mon point, c'est que c'est souvent des Africains qui vont vers la reconnaissance d'une institution occidentale. Et aujourd'hui, est-ce qu'il ne manquerait pas des prix ? africains, des institutions africaines qui vont soutenir les industries culturelles et créatives africaines. Alors, on le sait, forcément, un prix Goncourt ou autre, ce sont des institutions reconnues internationalement qui, comment dire, forcément, il vaut mieux aller viser ce prix-là, je le conçois, mais est-ce qu'on n'a pas aussi un travail à faire à se challenger, à se dire on n'aura pas tout de suite la notoriété du Goncourt, mais il faut un prix Zangor, il faut un prix, mais qui serait des prix africains, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis absolument d'accord. Hier, j'étais au Salon du Livre Gabonais, on en parlait justement, je disais, ce n'est pas normal que dans la salle il y ait 10 éditeurs et qu'on se plaigne du fait que le Salon du Livre ait disparu parce qu'on avait une zone afrique dans ce Salon du Livre. Et aujourd'hui, le Salon du Livre africain existe, c'est au mois de mars, c'est un bel événement qui est porté par la mairie du 5e, mais encore une fois, ce n'est pas porté par les Africains. Moi, je te rejoins absolument. J'aimerais ici tirer le chapeau à un prix qui existe créé par une camionnaise. et qui s'appelle la scène littéraire, qui existe au moins depuis 7 ou 8 ans, elle fait un travail monstre. Et ça, il faut reconnaître que c'est important, même en termes de symboles, en termes d'indépendance. Et en parlant de storytelling, ça passera aussi par là, qu'à tous les niveaux, qu'il y ait, en plus de ce que proposent les Européens ou les Américains, ce que font les Africains, ce même pour les Africains, je suis absolument d'accord. Mais tu sais c'est quoi la réalité ? C'est qu'on se trouve dans une forme de complexe, il faut le dire. Et j'ai, pour exemple, un monsieur, je t'en jeterai le nom, qui sort un ouvrage bientôt, qui a été accompagné par un Africain pour le publier. Et sur la fin du projet, une maison d'édition française le contacte. Pas forcément une très grande maison, je comprendrais que ce soit une grande maison et que, voilà, la question ne se pose pas forcément. Bref, une maison modeste, mais il y a ce complexe-là, que quand on s'amène à l'Occident, c'est sûrement plus structuré, c'est mieux. On souffre de cela et ça c'est vraiment des stigmates sur la colonisation et je ne sais trop quoi. Il faut travailler dessus et c'est ça encore ce storytelling à déconstruire. Et malheureusement c'est ça, parce qu'on pourrait, et ça arrive souvent, des projets qui sont montés modestement, qui pourraient aboutir et finalement, qu'il y a choc parce que l'un a une opportunité, en Europe je crois que c'est forcément mieux. C'est pour ça que je parle d'engagement. La culture c'est une histoire d'engagement. Si on met ensemble le besoin de créer un business, de créer de la richesse, avec en plus l'engagement, on aura des gains modestes au début, mais à terme, on fera des choses qui marqueront l'histoire. C'est ça, mon ambition. Et je n'arrête pas d'essayer à mon niveau. Moi, j'édite aussi. Je n'ai pas les moyens d'éditer un grand nombre d'ouvrages par an ou à forte production. Mais je vais m'associer avec d'autres maisons d'édition. Je salue... La Perle Noire et Notre Baisant des Étymaux, j'ai croisé hier, j'oublie le nom, qu'on fasse ensemble, ne serait-ce qu'un ouvrage adhérent, avec une vraie identité visuelle de la première de couverture, une rayure de qualité. C'est ça que nous voulons finalement, qu'on ait de la qualité, et sur l'aide du rang, on réussira à faire en termes de quantité.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton point sur le fait de s'associer avec différentes structures, initiatives qui ont un intérêt commun et qui peuvent être plus fortes. Il y a ce célébranage Seul, on va vite, ensemble, on va plus loin Est-ce que tu penses que sur ce sujet-là, on est suffisamment mature ? J'ai l'impression que chacun travaille un peu en silo et qu'on a du mal à… En tout cas, je peux le voir dans la mode, il y a de belles initiatives. qui sont menées par des entrepreneurs et des initiatives individuelles. Mais quand il est question de dire comment est-ce qu'on regroupe les uns et les autres, parfois ce qu'on peut constater, c'est que ce n'est pas évident de réunir tout le monde autour d'une table sur ce qu'on peut faire ensemble et comment.

  • Speaker #0

    Ce n'est vraiment pas évident. Moi, j'ai publié en 2011, je disais... J'ai fait beaucoup de conférences, j'ai participé à beaucoup de panels où cette question revient. Donc à mon niveau, ça fait déjà plus de dix ans qu'on dit la même chose. Et je me dis en fait, faisons le mal, mais faisons-le. C'est-à-dire que moi, quand je crée une structure, je dis souvent aux nouveaux adhérents, j'ai dit écoutez, c'est la première année, dans trois ans, cette effectivité sera renouvelée au moins de moitié. Et moi j'en ai conscience. Sentez-vous à l'aise. Quand ça ne vous parle plus, vous partez, mais en reste des frères et des amis. souvent on a du mal à faire cette dichotomie là ça peut ne plus marcher dans le business et on reste des amis mais il faut qu'on fasse ensemble, définitivement et j'allais dire les autres sont ensemble d'autres communautés d'autres D'autres générations ont fait ensemble. Même quand on prend en Afrique. Moi, je peux vous dire que dans les années 60-50, il y a eu une forme de solidarité. Moi, je vois des gens qui faisaient des choses ensemble, ça ne marchait pas, et ainsi de suite. Avec le temps, il y a quelque chose qui s'est installé. On a tous un égo important. Dès qu'on fait le même toit ramata, le fait que tu fasses ça, tu dois te dire que ton podcast, tu estimes qu'il y a un intérêt à ce que les gens l'écoutent. Donc, il y a déjà de l'égo. Mais l'égo, ce n'est pas négatif en soi. Il faut savoir l'utiliser. L'ego c'est un moteur, ça aide à surpasser les difficultés, à faire face. Une fois que l'ego nous a aidé à faire cela, il faut savoir le taire pour après servir l'intérêt commun. Moi le premier c'est pas toujours évident, parce que j'ai un certain caractère, mais je sais m'effacer à un moment donné pour la cause. C'est en fait ça le sujet, savoir s'effacer pour la cause. Et oui c'est dur, mais il faut essayer. Quand on ne peut pas avec des gens ressortissant de son pays, il faut élargir l'Afrique entière. Peut-être qu'avec un Ethiopien, on pourra le faire. Et il faut que chacun accepte d'avoir une expertise. Nous, quand on a créé les ateliers citoyens du Congo, on a abordé tous les sujets. Aujourd'hui encore, on peut aborder tous les sujets. Mais on s'est dit, il faut qu'on ait un domaine de prédilection. Donc ce sera les ICC et le soft power. C'est important d'avoir un couloir dans la vie. On ne peut pas tout embrasser. Quand on a un couloir, on s'associe à d'autres qui ont d'autres couloirs. Et puis après, on peut faire des marathons gagnants, je pense.

  • Speaker #1

    Très bien, je te rejoins tout à fait là-dessus. Donc toi, en termes d'actualité, tu nous as déjà donné une information en avant-première par rapport à l'organisation d'un événement à Paris, la journée des soft powers, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Ça va, la journée des soft powers africains, au mois de juin, et tu es convié. J'espère que tu interviendras.

  • Speaker #1

    Maintenant que c'est en ligne, je ne peux pas dire non en fait. Une invitation se fait en direct, ben écoute, avec plaisir. Est-ce qu'il y a d'autres ouvrages sur lesquels tu es en train de travailler en termes de littérature ? Quels sont, en dehors de cet événement-là, les autres projets sur lesquels tu travailles ?

  • Speaker #0

    Comme ceux qui font beaucoup de projets, j'ai beaucoup de projets en chantier. Parmi les plus aboutis, il y a cet événement de juin qui est assez structuré. J'écris actuellement un ouvrage sur le sport africain. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc j'aimerais le terminer cette année pour pouvoir le relire et le sortir peut-être en 2026. A part ça, il y aura en septembre des Soft Power Days, encore, en juin la journée des Soft Power africains, et on sera en Côte d'Ivoire au mois de mai pour une rencontre équivalente autour de la culture africaine. Et en termes d'ouvrage, je vais éditer les billets d'humeur de Noveli, qui le recueillent de ma petite sœur, qui est la deuxième édition, et je dois sortir des autres ouvrages. À mon niveau, voilà un peu les projets. Il y en a d'autres, mais voilà les projets les plus aboutis. Et j'ai créé un after work qui s'appelle La suite dans les idées, où je veux justement aider à ce qu'on travaille de moins en moins en silo. Donc cet after work, je vais réserver des surprises forcément, parce que les projets n'est pas vraiment des interactions.

  • Speaker #1

    Très bien. J'entends de tout ce que tu dis que tu es un homme occupé, puisque tout ce que tu racontes là, c'est en parallèle d'un poste de directeur financier. Voilà, je me calme. C'est un job à temps plein, ce n'est pas un side job que tu as et un job à responsabilité. En termes d'organisation, comment tu arrives à tout mener de front ?

  • Speaker #0

    Vraiment, ce n'est pas évident parce que mes amplitudes d'horaires sont assez importantes. Il y a des semaines que je finis à 21h tous les jours. Mais je crois que ce qui me permet de faire tout ça, c'est que mes enfants sont assez grands. Donc ça va, ils sont assez autonomes et surtout je suis passionné. Et je me rends compte que je travaille ma pause déjeuner, je n'arrête pas de travailler sur mes projets. Donc je cale des calls pour avancer sur des projets liés à mon cercle de réflexion. La difficulté, c'est l'écriture. Pour écrire, il me faut du temps. Donc là, j'ai peu de temps, j'y arrive pas. J'écris généralement quand je suis en congé, en vacances, la trame de base de l'ouvrage. Au fil de l'année, je pique des instants pour écrire. Mais pour le reste, je pense être hyper actif. Je n'arrête pas d'être dans la production, dans le travail. Je pense que c'est ne rien faire qui me rendrait malade.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, c'est intéressant de souligner ce point-là parce que moi, je peux me retrouver à être un peu comme toi sur différentes activités. Et... Parfois, j'ai des personnes en face de moi qui me disent mais attends, comment tu fais ? et qui sont limite inquiets pour moi. Et d'avoir d'autres profils qui sont dans cette même organisation, c'est vrai que c'est la passion et l'organisation qui font qu'on n'a pas ce sentiment d'être submergé au contraire. Et si on n'avait pas finalement ce qui peut être considéré pour certains comme une coupe pleine, pour nous, c'est plutôt… Je ne dirais pas un minimum, mais en tout cas, c'est un niveau d'activité qu'on sait qu'on peut gérer.

  • Speaker #0

    Normal. Mais même quand des fois, on essaie de se reposer, mais c'est peut-être la même chose pour toi, ton cerveau, il ne s'arrête pas. Des fois, tu te dis, je fais une pause, je fais une sieste, et tu continues à réfléchir à une idée. Le cerveau ne s'arrête pas. Donc, moi,

  • Speaker #1

    de moi. J'ai arrêté de penser, en fait. Il y a des activités où je me dis, bon, ça, tu peux faire ça en même temps que tu regardes Netflix, mais je n'arrive pas à faire repos complet. Quand je me dis, attends, là, la création de contenu sur les réseaux... Tu peux le faire en même temps que. Donc bon, c'est un pause entre un truc stratégique beaucoup plus complexe, mais effectivement lâché complètement. Attends, je vais regarder ce documentaire. Comme ça, je vais user dessus. Il y a toujours une optimisation de mon temps, comment je l'utilise pour que ça contribue à faire bouger tout ce que je suis en train de mettre en œuvre. Et ce qu'il faut préciser aussi, c'est que du coup, il y a une partie de ces activités-là. Moi aussi, on m'a déjà dit, attendez, quand tu fais tout ça, du coup, tu ne te rémunères pas. Et du coup, après, c'est d'expliquer, il y a un business model derrière, mais effectivement, il faut mettre les premiers jetons pour qu'ensuite, la machine, elle tourne. Et ça aussi, ce n'est pas forcément quelque chose avec lequel il y a aussi, je dirais, un côté. On a tellement vu de succès story qui nous paraissent être arrivés rapidement. Oui,

  • Speaker #0

    puis souvent, l'histoire est biaisée sur les success stories. Souvent, on ne nous raconte pas tout. On ne nous dit pas que, bon, il a été aidé par un tel, chacun crée sa success story. Rien à voir pour rigoler. Moi, je suis passionné de... Certaines figures m'intéressent, politiques notamment, de Fidel Castro. La légende dit qu'il a fait son coup d'État contre Batista, et donc il a pris le grand mal, le radeau. Là, ils étaient 10. C'est une légende. On ne peut pas prendre les légendes dans la lettre. On peut peut-être 10 pour renverser un pouvoir, mais voilà le storytelling. Qu'est-ce qu'on dit ? On retirait, ils étaient 10, il a réussi, le Ausha a pris le front de je ne sais où, un tel a attaqué Cuba. C'est le storytelling de chacun. En fait, il n'y a rien qui se passe si on n'a pas un effort qui est important, constant, et puis il faut mettre de son temps, de son argent. Et encore une chose, pour ceux qui sont un peu dans cette situation, c'est qu'il ne faut pas attendre l'adhésion de ceux qui sont forcément les plus proches. Ce n'est pas méchant. C'est-à-dire que... Vous avez une compréhension d'une réalité qui est assez particulière. Donc des fois, ton frère de 100 ne viendra pas soutenir. Mais le pauvre, c'est tellement particulier, il ne faut même pas l'en vouloir. Et un autre truc que j'ai compris aussi pour nous aider, c'est faire des plannings. Et ça, c'est grâce au monde des ACC, je comprends ça, ça n'a l'air de rien. Moi, je fais un tableau Excel de ma semaine, je passe les rendez-vous, ça libère un peu quelque chose dans l'esprit. Parce que des fois, ça me fait beaucoup cogiter en se disant, il faut que je fasse ci, il ne faut pas que j'oublie cela, ainsi de suite. Faire des plannings, ça... Ça... pèse, donc faisons des plannings au maximum. Et toi, Ramatat, tu as l'air beaucoup plus organisé que moi, mais moi, ça m'a aidé.

  • Speaker #1

    En fait, je ne sais pas comment tu es organisé, donc je ne sais pas du tout dire. Mais en tout cas, si on arrive à produire des choses, c'est qu'à un moment donné, nous aussi, en termes de storytelling, mon storytelling fait que tu as l'impression que je suis très bien organisé. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien joué. Pas mal.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, encourager ceux qui auraient envie d'entreprendre une initiative et d'arriver à se dire qu'il y a une période qui peut être un temps long de comment on se prépare, comment on organise. Tout à l'heure, tu parlais de chacun doit prendre un couloir et on peut être plusieurs à gagner un marathon. Mais le marathon, ça commence par faire le tour du pâté de maison. On n'attaque pas les 42 kilomètres comme ça du jour au lendemain. Oui,

  • Speaker #0

    je suis d'accord.

  • Speaker #1

    faire un kilomètre, faire un kilomètre bien puis ensuite on ajoute au fur et à mesure et c'est vrai que parfois on a vraiment ce côté non mais moi je me vois au marathon de Paris, au marathon de New York franchir la nuit, arriver on pense vraiment au résultat sans penser à tout le travail qu'il y a en amont pour pouvoir et que ça se fait dans un temps et ça c'est vrai c'est important pour moi de le mettre en avant surtout quand on est sur cette industrie culturelle et créative... sur lesquels il y a peut-être parfois un côté superficiel de je rêve de prendre le micro, de recevoir le prix Donc il y a beaucoup de gens qui font ça pour un peu le fast. Et tout ce qu'il y a avant à mettre en œuvre, à organiser, tous les sacrifices, la détermination et l'insilience, on n'en parle pas suffisamment, on parle directement du résultat. Et moi, j'aime bien aussi mettre… les choses en perspective et aussi être dans la réalité. Ça prend du temps, ça ne va pas être facile. Et ça peut être trois ans et cinq ans d'investissement avant d'avoir, comment dire...

  • Speaker #0

    Le résultat. C'est bien de le dire. Que les gens ne nous agissent pas. Franchement, ça peut être long.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et que les gens qui vous disent, voilà, j'ai débarqué et tout de suite j'ai gagné. Quand on creuse un peu l'histoire, comme tu le disais, on va se rendre compte que la personne, ça fait dix ans qu'elle bosse. Elle a une réussite qui s'est faite en un jour, en réalité, il y a dix ans de travail derrière. C'est ça,

  • Speaker #0

    exactement. C'est l'histoire du bambou chinois. C'est le bambou qu'on arrose pendant quatre ans, qui ne sort pas de terre, mais au bout de quatre ans, qui pousse à une vitesse vertigineuse. J'aime bien cette métaphore, la métaphore du bambou chinois. Il y a tellement de travail non visible. Et quand on commence à voir une personne, on se dit, ça fait un an que je le vois sur les eaux, il a tout pété. Et tu le vois sur les eaux depuis un an, mais ça fait quinze ans qu'il bosse sur le sujet. C'est ça le truc. C'est ça la question.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, moi, je suis ravie d'avoir pu échanger avec toi, que tu nous partages, en fait, ces notions d'industrie culturelle et créative et de soft power qui, pour moi, sont réellement les sujets sur lesquels, demain, l'Afrique va pouvoir prendre sa place et vraiment arriver en numéro un. Et ce sera le fruit d'un travail de longue haleine. Et je vois plusieurs initiatives dans la musique, dans la littérature. de réflexion où il y a vraiment une diaspora qui se rapproche de plus en plus des communautés sur le continent pour aller créer des actions concrètes et je vois de plus d'associations qui se retrouvent d'un pays à un autre, d'une communauté à une autre. C'était intéressant pour moi de te donner la parole pour que tu puisses parler de ce que tu fais et pour que les auditeurs certains puissent se dire comment on rejoint, comment on intègre, comment on participe au Soft Power Days, comment on participe à un After Work. Est-ce qu'on va lire Taxi Boto Boto ? L'idée, c'est de se dire, voilà, il y a plein d'initiatives sur lesquelles on peut se retrouver et puis faire avancer ensemble et faire bouger le narratif africain.

  • Speaker #0

    Absolument. Merci beaucoup. Vraiment, ça participe à atteindre cet objectif-là de diffuser tout ce qu'on a de meilleur et inviter les gens à s'engager, à s'engager au réunement de l'Afrique et à travailler, à faire ensemble. Donc voilà, j'invite les gens à... à venir sur les pages des ateliers citoyens du Congo, ACC officiel, et sinon je suis très actif sur les réseaux sociaux aussi, Marian Fonigombe. Donc merci beaucoup Ramatha, et vraiment, continuons à faire ensemble, et continuons à porter haut le continent.

  • Speaker #1

    Très bien, je mettrai en note de l'épisode en fait, les liens vers tes différentes initiatives et tes réseaux sociaux, afin que les auditeurs puissent se connecter. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Speaker #0

    Super, à bientôt. Ciao, ciao.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez lister un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au Soft Power et à la culture congolaise

    00:00

  • Présentation de Marianne Gondé et de son parcours

    00:43

  • Exploration de l'écriture et de la littérature africaine

    01:48

  • Le concept de Soft Power et son importance pour l'Afrique

    03:05

  • Les Soft Power Days : un événement pour célébrer la culture congolaise

    23:34

  • Conclusion et appel à l'engagement pour l'Afrique

    41:39

Description

Comment le soft power peut-il transformer les industries créatives africaines ?


C'est la question à laquelle répond Marien Ngombé, fondateur des Ateliers Citoyens du Congo et initiateur des Soft Power Days.

Au fil de la conversation, Marien Ngombé raconte son parcours, de la finance à l'écriture, et son engagement pour la promotion de la culture africaine.


Le concept innovant des Soft Power Days, qui connecte la diaspora et les acteurs locaux, a pour ambition de valoriser le génie créatif du continent.

Son projet littéraire "Taxi Poto Poto", un recueil de nouvelles qui explore les réalités des villes africaines à travers le regard des chauffeurs de taxi, est un exemple concret de cette démarche.


Une approche qui contraste avec les récits souvent uniformes sur l'Afrique. En effet, on entend rarement les voix des Africains raconter leurs propres histoires. Marien Ngombé, à travers ses initiatives, propose une vision nouvelle et inspirante.


Dans cet épisode du podcast Africa Fashion Tour, Marien Ngombé aborde également les enjeux du financement des industries culturelles et créatives et l'importance du soft power pour le développement du continent. Il nous livre une véritable masterclasse sur le potentiel de la culture africaine.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. On a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo. pays de la rumba congolaise immatriculés à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculés, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai hésité à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Marianne Gondé. Marianne est le fondateur du cercle de réflexion Les Ateliers Citoyens du Congo. Il est également à l'origine d'un événement appelé Soft Power Days. À travers ces deux initiatives, son ambition est de valoriser les industries culturelles et créatives africaines, et particulièrement celles du Congo-Brazzaville. En 2024, il a supervisé la publication d'un recueil de neuf nouvelles publiées sous le titre Taxi Poto Poto. Chaque nouvelle est écrite par différents auteurs et nous invite à voyager à travers différentes grandes villes africaines. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse présenter son parcours et nous parler de son engagement. Bienvenue, Marien ! Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va, ça va. Merci Ramata. Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Écoute, je suis ravie de pouvoir échanger avec toi aujourd'hui. On s'est rencontrés lors d'un événement sur les industries culturelles et créatives qui avait lieu à Paris il y a quelques mois maintenant. Et puis, à la suite de nos différents échanges, j'ai eu envie de t'inviter pour que tu puisses nous parler un petit peu de ce que tu faisais, notamment par rapport à ton think tank. et par rapport aussi à la littérature, qui me semble un élément important pour un peu changer le narratif sur l'Afrique. Donc, pour commencer en fait cet échange, je vais te demander, comme je le fais avec tous mes invités, de te présenter.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, ok. Alors, je suis Maria Fomengombe, je suis Congolais et j'ai quitté le Congo à l'âge de 15 ans pour venir m'installer en France. Et j'ai une formation en comptabilité et finances et je suis passionné par la culture africaine. Culture dans le sens us et coutumes, j'y puise mon inspiration pour écrire mes livres notamment, et culture dans le sens créativité. Et c'est ce qui m'emmène à créer mon cercle de réflexion et faire différentes actions pour la promotion de la culture africaine. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. En général, quand on a un profil, on va dire scientifique, financier, mathématique, voilà, aujourd'hui tu es directeur financier, on ne s'imagine pas forcément qu'il peut y avoir une part, tu vois, de hauteur, littéraire. On a tendance un peu à opposer les deux. C'est soit vous êtes littéraire, soit vous êtes scientifique, mais les deux, on n'envisage pas forcément. Moi, ce qui m'interpelle par rapport à ton parcours, c'est que tu as un fort intérêt pour la littérature, tu écris. Et puis, tu as aussi un background en finance. Est-ce que tu peux nous parler de comment tu vis ces deux amours qu'on pourrait considérer comme un histoire ?

  • Speaker #0

    Exactement. Finalement, ça crée un équilibre, j'ai l'impression. J'écris depuis 2011 à peu près. Et à la base, je suis un homme d'image. Au début, je voulais écrire pour faire des scénarios, pour faire des films. Et après ça demande des budgets, différentes choses. Mais j'aime, je suis un raconteur d'histoire. Je suis un storyteller. Et après, c'est très culturel en Afrique. On nous raconte beaucoup d'histoires. On n'a pas forcément les livres que je me souviens en fond. Mais nos petits-frères, nos grands-parents nous racontent des histoires, nous. des histoires qu'on directe au fil de l'instant de l'échange et nous berce comme ça pour trouver le sommeil tout simplement. Donc je pense qu'on a ça en nous déjà, vu notre culture, et ensuite nos études ne nous enlèvent pas ça. Je pense que nous sommes des enfants d'une terre de créativité, donc ça nous accompagne. Et ensuite c'est vrai que les chiffres et les lettres ça va rarement ensemble, donc beaucoup s'étonnent que je sois directeur financier et comptable et que j'écrive à côté, mais je pense que c'est le jeu d'équilibre. J'ai besoin de rigueur, de structure. Donc, je trouve ça dans mon métier. J'ai besoin de créativité aussi, donc je le trouve dans tout ce que je fais par ailleurs. Je ne m'explique pas, mais l'un est qui il est pour l'autre, je dirais.

  • Speaker #1

    Alors, du coup, si on en vient à cet équilibre côté littérature, est-ce que tu peux nous parler de... Voilà, tu évoquais le fait que tu écris depuis 2011. Qu'est-ce que tu écris ? Comment ça a commencé ? Est-ce que dès le départ, tu te dis, voilà, je vais écrire un livre, un roman ? Est-ce que c'est de la fiction ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le côté marien d'écrivain ?

  • Speaker #0

    Alors, comment ça commence ? C'est que je crois que l'éloignement du continent m'a emmené à prendre la plume. Donc, je voulais vraiment écrire des souvenirs. Parce que plus le temps passe, plus les souvenirs deviennent diffus et on oublie beaucoup de choses, beaucoup de belles choses. Donc, je voulais vraiment fixer. sur du papier blanc, une partie de mon enfance. C'est parti de là. Et après, il y a toujours une pudeur. Donc, si le but c'est de se raconter uniquement soi, c'est pas intéressant. Donc on y met un peu de fiction, ça parle à tout le monde, et on se sert aussi de ce que vivent les autres. Donc on vit par procuration ce que vivent les autres. Et tout ça donne le terreau pour pouvoir créer. Donc je suis venu à l'écriture vraiment pour raconter mon enfance. Mon premier ouvrage s'appelle Escales Il parle de voyages. Donc il parle de mon départ de l'Afrique vers l'Europe. Et j'en ai profité pour parler de voyages de différentes formes. Il parle de voyages introspectifs, parce que de questionnement, de qui on est, ça parle un peu de spiritualité. Il parle de voyages physiques, vraiment il y a le personnage qui quitte l'Afrique pour venir en Europe. Il y a beaucoup de moi, mais pas que. Et je dis que les voyages révèlent en fait beaucoup de réalité en Afrique. Quand un enfant voyage, des parents se privent pour l'aider à voyager. Ça crée des inimitiés dans les familles, ça crée de l'envie et aussi de l'enthousiasme vis-à-vis du fait que l'enfant quitte le pays pour aller s'accomplir ailleurs. Donc vraiment, c'était ce désir-là de raconter cette page de mon enfance qui m'a marqué jusqu'aujourd'hui encore. Et c'est pour ça que j'arrive à l'écriture. C'est vraiment ça. Et avec le temps, j'ai un peu élargi mon spectre, mes centres d'intérêt, en tout cas les sujets que je traite. Mais c'est l'envie de raconter mon enfance qui m'emmène à écrire.

  • Speaker #1

    Et cette envie-là... elle te mène directement vers écrire et publier. Comment se passe le fait de vraiment... Parce qu'en fait, des personnes qui ont l'envie d'écrire, il y en a, mais ça reste dans un journal intime ou dans des carnets à la maison. Mais ça ne se transforme pas forcément en publication. Donc toi, comment tu sautes le pas de te dire là, je suis dans une démarche d'écriture pour être publié ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui se passe, c'est que j'en fréquente beaucoup de jeunes à l'époque qui sont publiés, qui sont auto-édités, qui se publient eux-mêmes. Et c'est vrai que c'était la voie la plus facile parce que accéder à un éditeur, c'est pas évident. C'est un parcours de combattant, ça demande de la patience, ça demande d'affilter aussi sa plume, d'avoir vraiment un texte très, très abouti. Moi, j'allais sur un texte modeste, je veux dire, et dans le volume et dans l'ambition. C'était un recueil de trois nouvelles et j'étais impatient de vouloir le partager au monde. Donc j'ai vu, j'ai rencontré des amis qui s'éditaient eux-mêmes. Donc c'était simple, on allait sur des sites. J'oublie des noms, de book edition sans faire de pub par exemple, il y en a d'autres. Il suffisait de mettre son manuscrit. On se faisait corriger avant en trouvant un relecteur. Et après, on n'avait aucun stock, mais le livre était fabriqué à la commande. Donc quand des amis voulaient acheter le livre, ça déclenchait la fabrication et la livraison ensuite. Le délai était long, mais voilà, je voulais avoir, tenir ce livre dans mes mains. Pour moi, c'était un peu rendre hommage à cette enfance-là. Du coup, j'ai osé. Je suis quelqu'un qui aime aller jusqu'au bout des choses. Comment dire ? Un achiever, je crois. Les anglo-saxons disent ça. J'ai voulu faire tout moi-même. Donc, j'ai fait mon auto-édition. J'ai pu avoir des livres. J'ai même commandé des livres que j'avais en stock. J'ai pu faire des rencontres littéraires. Et voilà, c'était vraiment ma petite expérience personnelle. Et j'ai écrit et édité mon bouquin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et par la suite, en fait, tu as travaillé sur la publication de Taxi Potopoto. Est-ce que tu peux nous en parler davantage ?

  • Speaker #0

    Oui. Taxi Potopoto, c'est vraiment l'aboutissement de tout un cheminement. Parce qu'après mon premier recueil, j'ai écrit un deuxième recueil de nouvelles. Donc vraiment dans le temps j'évolue. J'avais écrit sur mon enfance, le deuxième recueil j'écris sur la vie en cité universitaire, donc la vie à studentines, qui est très inspirante parce que passer en cité U, ça c'est... comment dire... C'est un passage initiatique avant de devenir vraiment adulte. On vit seul, on gère seul sa vie, même matérielle, enfin. Donc il y a eu le bâtiment A, donc différentes publications avant d'arriver à Taxi Potopoto, et j'ai eu un ouvrage collectif, le premier, qui s'appelait Franklin Insoumis, qui rendait hommage à un chanteur panafricain engagé, et là on avait 16 auteurs, chacun est parti d'une chanson de Franklin Bukaka, et à partir de la chanson a écrit une nouvelle. Donc je dis ça pour dire qu'en arrivant à Taxi Potopoto, je suis déjà un peu aguerri sur l'idée de mener un projet comme celui-là, mais toujours la volonté de raconter l'Afrique. Franklin Bukata racontait une Afrique engagée, on parlait des indépendances. Taxi Potopoto, on veut célébrer nos villes, les contradictions de ces villes, la beauté de ces villes. On voulait qu'il y ait un voyage colfactif, que les yeux soient sollicités, qu'on ait l'impression de humer. ce qui se vend sur les étals du marché à Grandville et ainsi de suite. Donc Taxi Potomoto, c'était vraiment on continue à célébrer l'Afrique, on cherche des auteurs à qui ça parle et on dit à chacun, voilà, chacun est un taximan, chacun choisit une ville et chacun raconte la réalité de cette ville-là. Et ce projet a pu voir le jour grâce à mon éditrice, Muriel Troadec, des éditions Les Lettres Mouchetées, qui a tout de suite accroché, qui a voulu qu'on lance le projet et d'ailleurs, ce projet a amené l'éditrice à créer une collection qui s'appelle... quota qui donnera naissance à d'autres projets similaires. Donc Taxi Poto Poto, c'est vraiment l'aboutissement d'un parcours.

  • Speaker #1

    Très bien. Et du coup, le concept de Taxi Poto, qu'est-ce que c'est exactement ? Pourquoi en fait cette histoire de chauffeur de taxi qui circule dans différentes grandes villes africaines ?

  • Speaker #0

    En fait, je cherchais le personnage vraiment parlant pour inventer une ville. Et j'avais constaté qu'en allant en vacances au Congo, dans d'autres villes africaines, quand on prend un taxi, le taximan souvent c'est le premier qui nous raconte les réalités. Déjà il connaît le prix du carburant, il vous dit comment la vie est chère ou plutôt abordable. Il nous raconte des indiscrétions, de ce qui se passe dans le pouvoir, au sommet de l'État. En même temps des petits larcins, des voleurs qu'il pourrait y avoir, des rumeurs qui courent. Il est au courant de tout. Tout ce qui se passe c'est vraiment une éponge. Et je me suis dit, voilà, moi qui veux raconter l'Afrique, quel personnage serait vraiment le plus à même à le faire, et que ce soit crédible, et qu'il puisse raconter tout, de l'important au détail. Et on s'est dit, je me suis dit, on va aller sur les taxis, et chacun on raconte le cahier des charges. C'est un taximan qui traverse une ville, tu choisis ta ville, et le taximan va être au personnage principal ou secondaire, mais c'est le taxi qui est vraiment, symboliquement je pense que le taximan, à lui tout seul raconte l'Afrique.

  • Speaker #1

    Très intéressant comme concept. Et l'idée aussi, c'est un peu comme Africa Fashion Tour, cette idée de tour de différentes grandes villes, grandes capitales africaines.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est la même démarche. Parce que finalement, on se rend compte que nos villes ont des mêmes problématiques et certaines doivent inspirer d'autres. Je pense que Dakar, sur sa richesse en termes d'événements culturels, peut inspirer Brazzaville. Mais Brazzaville, par sa créativité musicale, peut inspirer, d'accord. Kinshasa, par le fourmillement de la créativité sur le plan littéraire, Lubumbashi, peut inspirer Libreville. Et finalement, voilà, ces villes se complètent, ces villes se font écho et ces villes ont des destins communs.

  • Speaker #1

    Maintenant, j'ai envie d'évoquer en fait ton cercle de réflexion puisque dans tes engagements à promouvoir un autre narratif africain, à un petit peu bouger les perspectives, disons, Il y a le côté poser un écrit qui permet effectivement de raconter des histoires différentes, raconter les histoires autrement et surtout de faire en sorte d'avoir des auteurs africains qui racontent l'Afrique parce qu'on sait que dans la littérature, on a effectivement de grands auteurs africains. Il y a aussi énormément de voyageurs occidentaux qui ont raconté leur perspective de l'Afrique. Donc ça, c'est une première pierre importante. dans ce que tu fais et dans ce que j'avais envie de partager. Il y a aussi, en fait, le cercle de réflexion, le think tank. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, il y aurait beaucoup de choses à dire. Oui, le narratif, c'est important. Quand on se raconte nous-mêmes. C'est pour ça que le succès de Nollywood et toute sa cinématographie, même s'il n'y a pas que des films de grande qualité, mais je dis, produisant, produisant, il en restera quelque chose. Il en est le même de la littérature. Aujourd'hui l'accessibilité à l'édition est devenue vraiment... Tout le monde peut sortir des orages. C'est important pour nourrir vraiment. le lectorat. Il faut vraiment qu'on se raconte nous-mêmes. Je suis content, moi, de voir des associations qui prennent le livre de Victor Hugo, de Maupassant, qui ramènent en Afrique pour donner à des bibliothèques. Il faut lire, c'est toujours bien de lire. Mais c'est important parce qu'on pense à nous. C'est un acte engagé, c'est un acte engageant que d'écrire ou de lire. Et c'est pour ça que tout ça est cohérent, parce que quand je crée les ateliers historiques du Congo, l'idée c'est de parler du soft power africain, notre capacité d'attraction. Et le soft power, c'est de dire que par notre culture, on peut non seulement se réapporter notre propre histoire, notre propre narratif, mais aussi derrière créer une richesse. Et c'est pour ça que dans ce qu'on essaie de faire, on essaie de promouvoir des auteurs africains. J'ai fait un événement qui s'appelait Héritage Congo en 2023 avec Bessac de Réflexion, où on avait invité des auteurs du Congo-Bras-la-Ville. Et on aimerait refaire cette édition, cet événement qui soit plus panafricain parce que... Il faut qu'on se raconte, qu'on parle du vaudou, mais qu'on décortique ce qu'il y a derrière le vaudou, qu'on lise Amadou Kourouma qui raconte la Côte d'Ivoire, qui raconte certaines réalités, qu'on lise Soné Laboutensi, qu'on lise Cher Amédoukane, parce qu'effectivement, il faut qu'on comprenne nos réalités propres. Vous savez, vous avez ouvert un sujet, tu as ouvert un sujet vraiment important parce qu'il y aurait tellement de choses à dire dessus. Déjà, on n'écrit pas forcément dans nos langues, donc on est un peu amputé d'un imaginaire, on écrit en français. Mais malgré notre livre en français, notre imaginaire doit s'inviter dans notre écriture. C'est ce que font beaucoup d'auteurs. Quand on les lit, ça peut être en français, l'humour, les expressions nous ramènent à nous-mêmes. Déjà là, on se réapproprie nous-mêmes. Et après, il faut raconter des trajectoires de vie qui sont propres à l'Afrique. L'Afrique a besoin de se connaître. Beaucoup d'Africains, on peut vous dire, une fois qu'ils ont un certain âge, vont en Europe, et les Congolais ne connaissent pas le Ghana, ne connaissent pas le Kenya, ne connaissent pas l'Oganda. alors qu'il faut connaître ces Afriques-là pour savoir vraiment qui nous sommes. Je peux être bavard dessus, j'espère que c'est assez structuré ma réponse, mais je pourrais en dire un moment. La littérature, c'est important, c'est raccourci à notre paratif. Quand on dit littérature, après on passe à la musique. C'est également important pour diffuser notre imaginaire. Et tout ça, ça participe au software africain.

  • Speaker #1

    Oui, mais le but du podcast, c'est justement de te laisser le temps de parler d'Empia. Aucun souci, c'est vraiment ça le principe, c'est d'avoir un temps long pour pouvoir bien dérouler ta pensée. Et les auditeurs, c'est ce qu'ils vont rechercher. On n'est pas sur le temps rapide des bisgronds TikTok ici. Donc, si tu parles beaucoup et tu donnes beaucoup d'informations, et si l'idée, c'est aussi l'idée d'une conversation, donc au contraire, c'est ce que moi, je souhaite privilégier dans notre échange. Tu parles de soft power. Qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    Soft power, donc traduction littérale, pouvoir d'où ? Ça a été conceptualisé par Joseph Nye, qui est un politologue américain dans les années 90, et c'est un concept qui existe depuis la nuit des temps. Donc c'est de dire que les États, souvent une diplomatie officielle, qui fait qu'ils essaient d'exister sur la scène internationale, ils essaient d'attirer des investisseurs, ils essaient de diffuser leurs valeurs et leurs pensées. Aujourd'hui, on sait qu'en termes de soft power, les États-Unis sont très loin. On parle de l'American way of life. Tout le monde se dit que l'Amérique, c'est la terre des libertés, qu'en Amérique, on a toutes les grandes puissances économiques, Coca-Cola, Google, ainsi de suite. Et ça, ça inspire beaucoup de nations, ça influe sur la puissance américaine. Et quand on a parlé de ce champion qu'est les États-Unis, on peut revenir à des nations qui ont pu émerger, qui ont fait ça. Aujourd'hui, vous allez voir le soft power, comment être concret. Regardez le Japon, tout ce que le Japon produit en termes de manga, l'art culinaire japonais, c'est vraiment à la mode et personne ne s'étonne, même les Français, de lire de droite à gauche un manga. Tellement leur culture s'installe de manière insidieuse, c'est ça le soft power. Et quand notre culture comme ça s'installe et qu'elle plaît, quand on prend une position politique qui est discutable, l'opinion internationale, la première réaction est une réaction d'adhésion. Pourquoi ? Parce que derrière, au quotidien, on a réussi à s'installer dans l'esprit des gens de manière positive. Il y a un autre exemple de soft power, par exemple, ça paraît anecdotique. La Chine qui a l'image que Planton a sur le fait qu'elle ne soit pas un pays des libertés, quand elle a commencé à traiter les deux pandas dans le monde entier, Alors, croyez-moi, quand on parlait de la Chine, on parlait de ces pandas. Tout le monde se pamait devant ces pandas, c'était beau, ainsi de suite. Ça a l'air de rien, mais c'est ça de travailler sur son soft power. Donc, dans le narratif chinois, cet exemple des pandas, ça a distillé une image positive quelque part. C'est le software nigérien aussi, du Nigeria, oui, on peut en parler, au niveau de Nollywood. Au Nigeria, on sait qu'il y a beaucoup de guerres, la guerre de Biafra, il y a l'insécurité, tout le monde le sait. Mais le software a permis de déconstruire quelque part le narratif, ou en tout cas d'essayer d'équilibrer l'image que les gens peuvent envoyer. Avec Nollywood, qui est une diffusion importante en termes de nombre de films, qui crée de l'emploi, avec l'Afrobeat, toutes les stars nigériennes, chaque star. Chaque personnalité connue est un ambassadeur de fête du soft power de son pays. Donc, Barnaboy, Chinois HB, Chimamanda Ngonti Adichie, tous ces personnages, toutes ces personnalités du Nigeria participent à améliorer le soft power nigérien. Et c'est ce que nous souhaitons pour le bassin du Congo. Parce que notre engagement, c'est vrai qu'on le circonscrit à cette zone qu'on maîtrise à peu près bien et qui a besoin de travers son soft power, Gabon. L'RADC, le Congo, le Tchad, enfin, les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. Et on a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses. et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo, pays de la rumba congolaise, immatriculé à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculé, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie. Voilà. Mais surtout, ce sur quoi elle insiste, le soft power sur lequel nous travaillons en Afrique, en plus de celui des Européens, c'est qu'il permet aux Africains de mieux se connaître. Quand on parle de soft power, on parle aussi de valeur. Donc l'Ubuntu, qui vient de l'Afrique du Sud notamment, qui a été mis en avant par Desmond Tutu. Il y a aussi chez nous le Kimontu au Congo. C'est pareil, c'est une forme de dignité, d'être soi. Vous savez, je vais finir par là, toujours en parlant de soft power. Si on parle de la Chine, on parle des instituts confucius. Il y en a plus de 500 à travers le monde. Et qu'est-ce qui se passe ? Elles diffusent une pensée ancestrale chinoise, et pas qu'elle est chinoise. Et donc la Chine s'installe aussi dans les esprits. Et c'est sur ça qu'il faut que nous travaillions. La France, une grande figure de soft power, a des instituts français, plus d'une centaine à travers le monde. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils financent beaucoup d'événements culturels, mais ils ont un droit de regard sur les productions culturelles qui sont financées. Donc, ce n'est pas fait de manière insidieuse. C'est un acte politique en soi, beaucoup bénéficie de subventions. Tant mieux, mais sachez que la créativité est quelque part bridée, parce qu'elle n'est pas financée par l'Afrique elle-même. Il faut que nous travaillions à trouver des financements pour tout cela. Donc, mieux se connaître, travailler sur notre créativité et aller à la conquête du monde grâce au Soft Power.

  • Speaker #1

    Du coup, toi, tu organises un événement qui s'appelle les Soft Power Days et avec une volonté de vraiment aussi créer un pont entre la... Une communauté congolaise qui est en France et peut-être même à l'étranger, en dehors du Congo-Brazzaville, et également en direct la population du Congo. Est-ce que tu peux nous parler de cet événement ?

  • Speaker #0

    Oui, les Softplores Days ont été créés en 2020. On va aller sur la cinquième édition. Le but était de célébrer le génie congolais, donc parler du software, de l'attractivité du Congo. Et nous sommes dits... Pour cet événement-là, nous allons faire une partie conférence, mais avec des acteurs locaux. Il y a de nombreuses personnes en Afrique qui font des choses qui ne sont pas interconnectées, qui ne sont pas toujours valorisées. Donc nous avons dit conférence autour des industries culturelles et créatives. On a invité des acteurs, des financeurs, des acteurs, des écrivains, des éditeurs et autres influenceurs qui ont fait des panels pour échanger. Vraiment, on voulait mettre la lumière sur ceux qui font des choses localement. Et les Soft World Days, c'est une conférence, mais toujours en marge de la conférence, il y a une activité. Donc on fait parfois des kermesses où on vend du Made in Congo. On fait des scènes ouvertes où on invite des artistes congolais à prester. Et parfois, on a même fait un concours entrepreneurial autour d'industrie culturelle et créative sur le meilleur projet. On a fait gagner 500 000 francs CFA. Tout ça est de l'ordre du symbole. Mais vraiment, tu l'as bien dit, on essaie d'être le pont entre... ceux qui sont dans la diaspora, donc à travers le monde, et ceux qui sont restés sur le continent. L'Afrique ne s'en sortira que si ce bridge-là est réellement construit de manière probante et qu'il se passe des synergies entre ceux qui sont ici et ceux qui sont là-bas. Nous avons souvent des financements et ils ont plus d'affaires d'activité, ils sont au fait des réalités locales. Donc il faut aussi travailler sur ça. C'est un peu ça les Soft Power Days. Une fois qu'on a fait Aboraza, on a aussi fait un événement parisien des Soft Power Days, où on a invité ceux de Paris. Donc on va sur la cinquième édition. À chaque fois, on a pris des thèmes autour des ICC. On a parlé aussi de cinéma, de musique, différentes choses. Et ce que j'aimerais faire sur 2025, donc j'en profite pour l'annoncer, c'est faire... L'équivalent d'un Soft Power Days mis à Paris n'est pas un africain. On va l'appeler la journée du Soft Power africain, avec vraiment quelques pays africains à l'honneur, pour parler de diplomatie, de culture, de musique. Ce sera en juin. Et les Soft Power Days voient là un peu l'esprit. On le fait chaque année. Et la cible, c'est vraiment laisser les talents, libérer les énergies localement, et inviter les pouvoirs publics à se réveiller sur l'or, à réaliser une somatise sur de l'or.

  • Speaker #1

    Alors, tu me... offre une parfaite transition à travers ton engagement et ton parcours de financier d'un côté et profiter d'un fort intérêt pour tout ce qui est lié à la culture. En termes d'investissement, moi j'ai pu constater que les investisseurs, quand on leur parle d'agriculture, quand on leur parle de money, donc le mobile money, la fintech, il va y avoir, et je parle d'Afrique, il va y avoir un intérêt, il va y avoir des fonds, mais on parle de culture, c'est un peu le parent pauvre, en fait, c'est pas forcément considéré, on a l'impression que c'est un peu de l'entertainment, et c'est pas forcément les industries sur lesquelles aujourd'hui les investisseurs sont prêts à se positionner, et du coup, c'est parfois relégué à des associations. On a un peu un côté, on va chercher une subvention. aider un projet, on va chercher un soutien, mais on n'est pas dans une dynamique de en fait, c'est un business, et donc on va chercher un investisseur qui va, comment dire, prendre des parts à une initiative qui va se développer et qui va faire des petits Quel est ton avis sur cette question-là ?

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet, parce que ce problème, nous le rencontrons en Afrique, mais aussi en Europe, parce que les gens n'ont pas compris la réalité du business autour des ICC. Par contre, il y a le cabinet EY qui a fait un rapport, je crois c'était fin 2020, qui montrait bien que les industries culturelles et créatives rapportaient plus au PIB français que l'industrie automobile. Donc je pense que ce n'est pas à négliger. Alors, une fois que j'ai dit ça, je dois préciser quelque chose. Les ICC, c'est au moins 10 secteurs. La pub, la littérature, les médias, l'art visuel, la musique. Et j'en passe. C'est quand même 10 secteurs qui font que ces secteurs aient ce poil. Après, quand on parle de l'Afrique, il y a des réalités. Je veux dire qu'au Congo, le cinéma n'a pas encore l'essor du cinéma nigérien. Mais au Congo, la production musicale pourrait être soutenue. Maintenant, comment soutenir toute cette industrie-là ? C'est là tout le problème. Les C7.3 souffrent du même mal que tout business. Il y a des pays où le climat des affaires n'aide pas à l'investissement. Quand il y a des lourdeurs administratives, il faut créer une société. Si c'est vrai pour une société qui veut faire de l'import-export, c'est encore plus vrai pour une société dans les ICC. Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est essayer de réfléchir à des modèles. Il faut impliquer l'État. C'est un secteur tellement particulier qu'il faut impliquer l'État parce que ceux qui se lancent dans les ICC, souvent, sont dans l'informel, ne connaissent pas leur secteur. Ceux qui sont dans l'import-export, souvent, sont quand même au fait des réalités. Ils savent un peu mieux comment structurer. Le problème, c'est que les créatifs ne sont pas des entrepreneurs. Et au niveau des ICC, c'est ce qui se passe des fois, souvent. C'est-à-dire que l'artiste veut tout faire, alors qu'il y a d'autres métiers. Celui qui fait de l'import-export, il y a une société qui est créée, il sait où il s'approvisionne, il sait comment trouver la manière de distribuer ses produits. Il a une politique de prix adaptée à la concurrence. Il y a différentes choses qui sont des règles du commerce, du business, qui sont facilement appréhendables. Pour l'artiste, souvent, on n'a pas compris qu'il y a beaucoup de métiers. Il faut que l'artiste comprenne. Je donne un exemple. Il y a des managers, il y a des tourneurs. Quand ils vont sur l'ingénieur de sang, il y a le producteur. Une fois que ces métiers sont définis, ça aide aussi à structurer. Ça aide l'investisseur à avoir un interlocuteur qui comprend. Souvent, l'investisseur vient et en face, il a un artiste. Le pauvre, lui, est l'artiste. Il est loin du business. Donc déjà, il faut que cette cartographie de métier soit clarifiée et comprise. Et ensuite, il faut qu'on forme des gens dans ces différents métiers-là. Chaque homme va savoir être à sa place et ça aidera le business. C'est la première étape. Et après, il y a un fou éduquer les gens. Moi, j'ai vu des... des personnes qui s'intéressent vraiment à la flic, qui investissent. J'ai participé à des colloques. Et c'est vrai que quand on parle de culture, c'est un peu la partie RSE, c'est de l'aide, c'est de l'argent sur lequel on n'attend pas de retour. Il faut structurer. L'industrie musicale, par exemple, le branding marche très bien. Je veux dire que si il n'y a pas beaucoup de streaming pour certains artistes, et beaucoup de marques de boissons et autres, ça colle à l'image d'artiste et ça fait des revenus. Et pour la marque, indirectement, on booste les ventes. Et pour l'artiste, il faut repenser le modèle économique. Mais il faut du travail dessus. Mais actuellement, c'est une industrie qui marche. Les industries de bouche et de divertissement, ça marche. Mais il faut savoir s'organiser pour le faire.

  • Speaker #1

    Du coup, si je comprends ce que tu dis, c'est plus un enjeu de vraiment connaître toute la filière, toute la chaîne et pouvoir... Comment dire ? organiser et finalement être au fait de présenter un business model qui soit performant, qui va manquer, sinon en fait tous les ingrédients sont là.

  • Speaker #0

    Oui, tout est là, mais il faut structurer la filière. Il faut la structurer, il faut... En fait, les investisseurs en face, ensuite ils comprennent, ils ont une cartographie claire. Sinon, il n'y a pas... Il faut des chiffres, il nous faut de la data. Les consommateurs, comment ça se fait, ainsi de suite. Le secteur informel est toujours très difficile à structurer. Il faut travailler à trouver des agrégats qui s'adaptent à nos réalités africaines. Et ça marchera. Une chose qui marche, par exemple, ce sont des concerts. Ça, c'est très simple. Le nombre de ventes des billets, on le voit. Quand on voit un artiste comme Fali Poupa, les salles qu'il remplit, Axel Raid n'a jamais rempli des salles comme ça. Je n'ai rien contre elle. Mais c'est pour dire que de manière factuelle, ça marche. Il fait une rumba africaine. Et c'est pareil pour d'autres formes d'art. Il faut juste qu'à un moment donné... Une fois qu'on a eu ces exemples forts, parce qu'il y a des personnalités fortes qui peuvent inspirer, on peut l'appliquer à des artistes de moindre importance. Je l'aurais de même pour la littérature. Exploder la littérature africaine, qui fait qu'on présente nos écrivains à des prix littéraires, parce que les prix littéraires boostent les ventes. Celui qui gagne le Goncourt aujourd'hui, deux semaines après, on voit bien que ses ventes grimpent. Ce n'est pas dit que c'est dans l'absolu le plus bel ouvrage de l'année. Forcément l'un des meilleurs. Mais voilà. C'est pour ça qu'il y a des éditrices comme Muriel Troidec, je parle encore d'elle, quand il y a des auteurs africains qui l'éditent, elle présente quasiment tous les prix possibles, ces ouvrages-là, et ça aide. Donc encore une fois, c'est une histoire de méthode aussi, et de travailler sur la mise en lumière. Je sais des gens à Medigamec, qui a eu le prix des Afriques, qui est en couronnelle de Brazzaville, c'est un prix quand même symboliquement fort, grâce au fait que Muriel Troidec ait proposé son ouvrage. à des prix. Si vous éditez un livre, par exemple, on ne vous propose à aucun prix. Il a beau être bon, vous aurez des derniers lectorats, mais il n'y aura pas le rayonnement attendu. Quand on a un prix comme ça, on est invité à des colloques internationaux, à porter la voix d'une certaine littérature. Et dans notre sillage, il y a des auteurs forcément, ou de la maison d'édition, ou des auteurs qui ont la sensibilité de ce qui est le prix, qui profitent de cette mise en lumière. Et c'est ce travail-là qu'on arrête de travailler en silo. Il faut qu'on travaille en synergie. Ça aussi, c'est un souci. Même dans les ICC. C'est pour ça que nous, parfois quand on fait des soft powers, je vois un acteur qui rencontre un réalisateur. Et ensuite, ils discutent, ils trouvent un terrain d'entente pour faire un business ensemble. C'est très bien. Mais si on a beau être talentueux, chacun reste dans son coin, on fera que des petites choses. Pour faire grand, on doit faire ensemble. Et c'est pareil pour le business. Donc tout ça, ça participera aussi à ce que des investisseurs viennent, ils voient que c'est structuré, mais ils ont envie de mettre de l'argent au pot. C'est tout simplement ça. Après, on peut s'organiser aussi par différentes formes de financement, chercher de la love money, faire du crowdfunding, ou nous-mêmes essayer de... de chercher parce qu'il y a une réalité aussi, ça on contourne un peu le fait qu'on n'ait pas des financements mais c'est vrai que la coopération internationale met des fonds à disposition pour des projets et des festivals qui naissent en Ile-de-France qui sont entièrement financés par la coopération internationale donc faudrait peut-être aussi prendre l'argent là où il y a l'argent, le temps qu'on se structure réellement peut-être aller prendre de cette façon là des subventions et autres mais derrière quand on a ces fonds là structurer le business Parce que les subventions, tu en parlais, ça permet de se lancer, mais après, on peut devenir autonome. Il y en a qui ont commencé comme ça, qui ont eu des festivals après, qui sont devenus importants et autonomes financièrement. Mais il y a un travail de synergie, de structuration du business. Ça prend du temps, mais il n'y a pas de raison que ça ne marche pas.

  • Speaker #1

    J'ai envie de revenir sur ton point, sur cette notion de, effectivement, produire son âme, pour après essayer de se positionner sur... tous les prix possibles et donc être accompagnés pour connaître, parce qu'il y a aussi des règles et des procédures à savoir pour se présenter à un prix. Et si on n'est pas sachant du sujet, on ne va pas savoir comment on a besoin de la feuille de route. Maintenant, moi, quand je regarde ça, mon point, c'est que c'est souvent des Africains qui vont vers la reconnaissance d'une institution occidentale. Et aujourd'hui, est-ce qu'il ne manquerait pas des prix ? africains, des institutions africaines qui vont soutenir les industries culturelles et créatives africaines. Alors, on le sait, forcément, un prix Goncourt ou autre, ce sont des institutions reconnues internationalement qui, comment dire, forcément, il vaut mieux aller viser ce prix-là, je le conçois, mais est-ce qu'on n'a pas aussi un travail à faire à se challenger, à se dire on n'aura pas tout de suite la notoriété du Goncourt, mais il faut un prix Zangor, il faut un prix, mais qui serait des prix africains, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis absolument d'accord. Hier, j'étais au Salon du Livre Gabonais, on en parlait justement, je disais, ce n'est pas normal que dans la salle il y ait 10 éditeurs et qu'on se plaigne du fait que le Salon du Livre ait disparu parce qu'on avait une zone afrique dans ce Salon du Livre. Et aujourd'hui, le Salon du Livre africain existe, c'est au mois de mars, c'est un bel événement qui est porté par la mairie du 5e, mais encore une fois, ce n'est pas porté par les Africains. Moi, je te rejoins absolument. J'aimerais ici tirer le chapeau à un prix qui existe créé par une camionnaise. et qui s'appelle la scène littéraire, qui existe au moins depuis 7 ou 8 ans, elle fait un travail monstre. Et ça, il faut reconnaître que c'est important, même en termes de symboles, en termes d'indépendance. Et en parlant de storytelling, ça passera aussi par là, qu'à tous les niveaux, qu'il y ait, en plus de ce que proposent les Européens ou les Américains, ce que font les Africains, ce même pour les Africains, je suis absolument d'accord. Mais tu sais c'est quoi la réalité ? C'est qu'on se trouve dans une forme de complexe, il faut le dire. Et j'ai, pour exemple, un monsieur, je t'en jeterai le nom, qui sort un ouvrage bientôt, qui a été accompagné par un Africain pour le publier. Et sur la fin du projet, une maison d'édition française le contacte. Pas forcément une très grande maison, je comprendrais que ce soit une grande maison et que, voilà, la question ne se pose pas forcément. Bref, une maison modeste, mais il y a ce complexe-là, que quand on s'amène à l'Occident, c'est sûrement plus structuré, c'est mieux. On souffre de cela et ça c'est vraiment des stigmates sur la colonisation et je ne sais trop quoi. Il faut travailler dessus et c'est ça encore ce storytelling à déconstruire. Et malheureusement c'est ça, parce qu'on pourrait, et ça arrive souvent, des projets qui sont montés modestement, qui pourraient aboutir et finalement, qu'il y a choc parce que l'un a une opportunité, en Europe je crois que c'est forcément mieux. C'est pour ça que je parle d'engagement. La culture c'est une histoire d'engagement. Si on met ensemble le besoin de créer un business, de créer de la richesse, avec en plus l'engagement, on aura des gains modestes au début, mais à terme, on fera des choses qui marqueront l'histoire. C'est ça, mon ambition. Et je n'arrête pas d'essayer à mon niveau. Moi, j'édite aussi. Je n'ai pas les moyens d'éditer un grand nombre d'ouvrages par an ou à forte production. Mais je vais m'associer avec d'autres maisons d'édition. Je salue... La Perle Noire et Notre Baisant des Étymaux, j'ai croisé hier, j'oublie le nom, qu'on fasse ensemble, ne serait-ce qu'un ouvrage adhérent, avec une vraie identité visuelle de la première de couverture, une rayure de qualité. C'est ça que nous voulons finalement, qu'on ait de la qualité, et sur l'aide du rang, on réussira à faire en termes de quantité.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton point sur le fait de s'associer avec différentes structures, initiatives qui ont un intérêt commun et qui peuvent être plus fortes. Il y a ce célébranage Seul, on va vite, ensemble, on va plus loin Est-ce que tu penses que sur ce sujet-là, on est suffisamment mature ? J'ai l'impression que chacun travaille un peu en silo et qu'on a du mal à… En tout cas, je peux le voir dans la mode, il y a de belles initiatives. qui sont menées par des entrepreneurs et des initiatives individuelles. Mais quand il est question de dire comment est-ce qu'on regroupe les uns et les autres, parfois ce qu'on peut constater, c'est que ce n'est pas évident de réunir tout le monde autour d'une table sur ce qu'on peut faire ensemble et comment.

  • Speaker #0

    Ce n'est vraiment pas évident. Moi, j'ai publié en 2011, je disais... J'ai fait beaucoup de conférences, j'ai participé à beaucoup de panels où cette question revient. Donc à mon niveau, ça fait déjà plus de dix ans qu'on dit la même chose. Et je me dis en fait, faisons le mal, mais faisons-le. C'est-à-dire que moi, quand je crée une structure, je dis souvent aux nouveaux adhérents, j'ai dit écoutez, c'est la première année, dans trois ans, cette effectivité sera renouvelée au moins de moitié. Et moi j'en ai conscience. Sentez-vous à l'aise. Quand ça ne vous parle plus, vous partez, mais en reste des frères et des amis. souvent on a du mal à faire cette dichotomie là ça peut ne plus marcher dans le business et on reste des amis mais il faut qu'on fasse ensemble, définitivement et j'allais dire les autres sont ensemble d'autres communautés d'autres D'autres générations ont fait ensemble. Même quand on prend en Afrique. Moi, je peux vous dire que dans les années 60-50, il y a eu une forme de solidarité. Moi, je vois des gens qui faisaient des choses ensemble, ça ne marchait pas, et ainsi de suite. Avec le temps, il y a quelque chose qui s'est installé. On a tous un égo important. Dès qu'on fait le même toit ramata, le fait que tu fasses ça, tu dois te dire que ton podcast, tu estimes qu'il y a un intérêt à ce que les gens l'écoutent. Donc, il y a déjà de l'égo. Mais l'égo, ce n'est pas négatif en soi. Il faut savoir l'utiliser. L'ego c'est un moteur, ça aide à surpasser les difficultés, à faire face. Une fois que l'ego nous a aidé à faire cela, il faut savoir le taire pour après servir l'intérêt commun. Moi le premier c'est pas toujours évident, parce que j'ai un certain caractère, mais je sais m'effacer à un moment donné pour la cause. C'est en fait ça le sujet, savoir s'effacer pour la cause. Et oui c'est dur, mais il faut essayer. Quand on ne peut pas avec des gens ressortissant de son pays, il faut élargir l'Afrique entière. Peut-être qu'avec un Ethiopien, on pourra le faire. Et il faut que chacun accepte d'avoir une expertise. Nous, quand on a créé les ateliers citoyens du Congo, on a abordé tous les sujets. Aujourd'hui encore, on peut aborder tous les sujets. Mais on s'est dit, il faut qu'on ait un domaine de prédilection. Donc ce sera les ICC et le soft power. C'est important d'avoir un couloir dans la vie. On ne peut pas tout embrasser. Quand on a un couloir, on s'associe à d'autres qui ont d'autres couloirs. Et puis après, on peut faire des marathons gagnants, je pense.

  • Speaker #1

    Très bien, je te rejoins tout à fait là-dessus. Donc toi, en termes d'actualité, tu nous as déjà donné une information en avant-première par rapport à l'organisation d'un événement à Paris, la journée des soft powers, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Ça va, la journée des soft powers africains, au mois de juin, et tu es convié. J'espère que tu interviendras.

  • Speaker #1

    Maintenant que c'est en ligne, je ne peux pas dire non en fait. Une invitation se fait en direct, ben écoute, avec plaisir. Est-ce qu'il y a d'autres ouvrages sur lesquels tu es en train de travailler en termes de littérature ? Quels sont, en dehors de cet événement-là, les autres projets sur lesquels tu travailles ?

  • Speaker #0

    Comme ceux qui font beaucoup de projets, j'ai beaucoup de projets en chantier. Parmi les plus aboutis, il y a cet événement de juin qui est assez structuré. J'écris actuellement un ouvrage sur le sport africain. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc j'aimerais le terminer cette année pour pouvoir le relire et le sortir peut-être en 2026. A part ça, il y aura en septembre des Soft Power Days, encore, en juin la journée des Soft Power africains, et on sera en Côte d'Ivoire au mois de mai pour une rencontre équivalente autour de la culture africaine. Et en termes d'ouvrage, je vais éditer les billets d'humeur de Noveli, qui le recueillent de ma petite sœur, qui est la deuxième édition, et je dois sortir des autres ouvrages. À mon niveau, voilà un peu les projets. Il y en a d'autres, mais voilà les projets les plus aboutis. Et j'ai créé un after work qui s'appelle La suite dans les idées, où je veux justement aider à ce qu'on travaille de moins en moins en silo. Donc cet after work, je vais réserver des surprises forcément, parce que les projets n'est pas vraiment des interactions.

  • Speaker #1

    Très bien. J'entends de tout ce que tu dis que tu es un homme occupé, puisque tout ce que tu racontes là, c'est en parallèle d'un poste de directeur financier. Voilà, je me calme. C'est un job à temps plein, ce n'est pas un side job que tu as et un job à responsabilité. En termes d'organisation, comment tu arrives à tout mener de front ?

  • Speaker #0

    Vraiment, ce n'est pas évident parce que mes amplitudes d'horaires sont assez importantes. Il y a des semaines que je finis à 21h tous les jours. Mais je crois que ce qui me permet de faire tout ça, c'est que mes enfants sont assez grands. Donc ça va, ils sont assez autonomes et surtout je suis passionné. Et je me rends compte que je travaille ma pause déjeuner, je n'arrête pas de travailler sur mes projets. Donc je cale des calls pour avancer sur des projets liés à mon cercle de réflexion. La difficulté, c'est l'écriture. Pour écrire, il me faut du temps. Donc là, j'ai peu de temps, j'y arrive pas. J'écris généralement quand je suis en congé, en vacances, la trame de base de l'ouvrage. Au fil de l'année, je pique des instants pour écrire. Mais pour le reste, je pense être hyper actif. Je n'arrête pas d'être dans la production, dans le travail. Je pense que c'est ne rien faire qui me rendrait malade.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, c'est intéressant de souligner ce point-là parce que moi, je peux me retrouver à être un peu comme toi sur différentes activités. Et... Parfois, j'ai des personnes en face de moi qui me disent mais attends, comment tu fais ? et qui sont limite inquiets pour moi. Et d'avoir d'autres profils qui sont dans cette même organisation, c'est vrai que c'est la passion et l'organisation qui font qu'on n'a pas ce sentiment d'être submergé au contraire. Et si on n'avait pas finalement ce qui peut être considéré pour certains comme une coupe pleine, pour nous, c'est plutôt… Je ne dirais pas un minimum, mais en tout cas, c'est un niveau d'activité qu'on sait qu'on peut gérer.

  • Speaker #0

    Normal. Mais même quand des fois, on essaie de se reposer, mais c'est peut-être la même chose pour toi, ton cerveau, il ne s'arrête pas. Des fois, tu te dis, je fais une pause, je fais une sieste, et tu continues à réfléchir à une idée. Le cerveau ne s'arrête pas. Donc, moi,

  • Speaker #1

    de moi. J'ai arrêté de penser, en fait. Il y a des activités où je me dis, bon, ça, tu peux faire ça en même temps que tu regardes Netflix, mais je n'arrive pas à faire repos complet. Quand je me dis, attends, là, la création de contenu sur les réseaux... Tu peux le faire en même temps que. Donc bon, c'est un pause entre un truc stratégique beaucoup plus complexe, mais effectivement lâché complètement. Attends, je vais regarder ce documentaire. Comme ça, je vais user dessus. Il y a toujours une optimisation de mon temps, comment je l'utilise pour que ça contribue à faire bouger tout ce que je suis en train de mettre en œuvre. Et ce qu'il faut préciser aussi, c'est que du coup, il y a une partie de ces activités-là. Moi aussi, on m'a déjà dit, attendez, quand tu fais tout ça, du coup, tu ne te rémunères pas. Et du coup, après, c'est d'expliquer, il y a un business model derrière, mais effectivement, il faut mettre les premiers jetons pour qu'ensuite, la machine, elle tourne. Et ça aussi, ce n'est pas forcément quelque chose avec lequel il y a aussi, je dirais, un côté. On a tellement vu de succès story qui nous paraissent être arrivés rapidement. Oui,

  • Speaker #0

    puis souvent, l'histoire est biaisée sur les success stories. Souvent, on ne nous raconte pas tout. On ne nous dit pas que, bon, il a été aidé par un tel, chacun crée sa success story. Rien à voir pour rigoler. Moi, je suis passionné de... Certaines figures m'intéressent, politiques notamment, de Fidel Castro. La légende dit qu'il a fait son coup d'État contre Batista, et donc il a pris le grand mal, le radeau. Là, ils étaient 10. C'est une légende. On ne peut pas prendre les légendes dans la lettre. On peut peut-être 10 pour renverser un pouvoir, mais voilà le storytelling. Qu'est-ce qu'on dit ? On retirait, ils étaient 10, il a réussi, le Ausha a pris le front de je ne sais où, un tel a attaqué Cuba. C'est le storytelling de chacun. En fait, il n'y a rien qui se passe si on n'a pas un effort qui est important, constant, et puis il faut mettre de son temps, de son argent. Et encore une chose, pour ceux qui sont un peu dans cette situation, c'est qu'il ne faut pas attendre l'adhésion de ceux qui sont forcément les plus proches. Ce n'est pas méchant. C'est-à-dire que... Vous avez une compréhension d'une réalité qui est assez particulière. Donc des fois, ton frère de 100 ne viendra pas soutenir. Mais le pauvre, c'est tellement particulier, il ne faut même pas l'en vouloir. Et un autre truc que j'ai compris aussi pour nous aider, c'est faire des plannings. Et ça, c'est grâce au monde des ACC, je comprends ça, ça n'a l'air de rien. Moi, je fais un tableau Excel de ma semaine, je passe les rendez-vous, ça libère un peu quelque chose dans l'esprit. Parce que des fois, ça me fait beaucoup cogiter en se disant, il faut que je fasse ci, il ne faut pas que j'oublie cela, ainsi de suite. Faire des plannings, ça... Ça... pèse, donc faisons des plannings au maximum. Et toi, Ramatat, tu as l'air beaucoup plus organisé que moi, mais moi, ça m'a aidé.

  • Speaker #1

    En fait, je ne sais pas comment tu es organisé, donc je ne sais pas du tout dire. Mais en tout cas, si on arrive à produire des choses, c'est qu'à un moment donné, nous aussi, en termes de storytelling, mon storytelling fait que tu as l'impression que je suis très bien organisé. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien joué. Pas mal.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, encourager ceux qui auraient envie d'entreprendre une initiative et d'arriver à se dire qu'il y a une période qui peut être un temps long de comment on se prépare, comment on organise. Tout à l'heure, tu parlais de chacun doit prendre un couloir et on peut être plusieurs à gagner un marathon. Mais le marathon, ça commence par faire le tour du pâté de maison. On n'attaque pas les 42 kilomètres comme ça du jour au lendemain. Oui,

  • Speaker #0

    je suis d'accord.

  • Speaker #1

    faire un kilomètre, faire un kilomètre bien puis ensuite on ajoute au fur et à mesure et c'est vrai que parfois on a vraiment ce côté non mais moi je me vois au marathon de Paris, au marathon de New York franchir la nuit, arriver on pense vraiment au résultat sans penser à tout le travail qu'il y a en amont pour pouvoir et que ça se fait dans un temps et ça c'est vrai c'est important pour moi de le mettre en avant surtout quand on est sur cette industrie culturelle et créative... sur lesquels il y a peut-être parfois un côté superficiel de je rêve de prendre le micro, de recevoir le prix Donc il y a beaucoup de gens qui font ça pour un peu le fast. Et tout ce qu'il y a avant à mettre en œuvre, à organiser, tous les sacrifices, la détermination et l'insilience, on n'en parle pas suffisamment, on parle directement du résultat. Et moi, j'aime bien aussi mettre… les choses en perspective et aussi être dans la réalité. Ça prend du temps, ça ne va pas être facile. Et ça peut être trois ans et cinq ans d'investissement avant d'avoir, comment dire...

  • Speaker #0

    Le résultat. C'est bien de le dire. Que les gens ne nous agissent pas. Franchement, ça peut être long.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et que les gens qui vous disent, voilà, j'ai débarqué et tout de suite j'ai gagné. Quand on creuse un peu l'histoire, comme tu le disais, on va se rendre compte que la personne, ça fait dix ans qu'elle bosse. Elle a une réussite qui s'est faite en un jour, en réalité, il y a dix ans de travail derrière. C'est ça,

  • Speaker #0

    exactement. C'est l'histoire du bambou chinois. C'est le bambou qu'on arrose pendant quatre ans, qui ne sort pas de terre, mais au bout de quatre ans, qui pousse à une vitesse vertigineuse. J'aime bien cette métaphore, la métaphore du bambou chinois. Il y a tellement de travail non visible. Et quand on commence à voir une personne, on se dit, ça fait un an que je le vois sur les eaux, il a tout pété. Et tu le vois sur les eaux depuis un an, mais ça fait quinze ans qu'il bosse sur le sujet. C'est ça le truc. C'est ça la question.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, moi, je suis ravie d'avoir pu échanger avec toi, que tu nous partages, en fait, ces notions d'industrie culturelle et créative et de soft power qui, pour moi, sont réellement les sujets sur lesquels, demain, l'Afrique va pouvoir prendre sa place et vraiment arriver en numéro un. Et ce sera le fruit d'un travail de longue haleine. Et je vois plusieurs initiatives dans la musique, dans la littérature. de réflexion où il y a vraiment une diaspora qui se rapproche de plus en plus des communautés sur le continent pour aller créer des actions concrètes et je vois de plus d'associations qui se retrouvent d'un pays à un autre, d'une communauté à une autre. C'était intéressant pour moi de te donner la parole pour que tu puisses parler de ce que tu fais et pour que les auditeurs certains puissent se dire comment on rejoint, comment on intègre, comment on participe au Soft Power Days, comment on participe à un After Work. Est-ce qu'on va lire Taxi Boto Boto ? L'idée, c'est de se dire, voilà, il y a plein d'initiatives sur lesquelles on peut se retrouver et puis faire avancer ensemble et faire bouger le narratif africain.

  • Speaker #0

    Absolument. Merci beaucoup. Vraiment, ça participe à atteindre cet objectif-là de diffuser tout ce qu'on a de meilleur et inviter les gens à s'engager, à s'engager au réunement de l'Afrique et à travailler, à faire ensemble. Donc voilà, j'invite les gens à... à venir sur les pages des ateliers citoyens du Congo, ACC officiel, et sinon je suis très actif sur les réseaux sociaux aussi, Marian Fonigombe. Donc merci beaucoup Ramatha, et vraiment, continuons à faire ensemble, et continuons à porter haut le continent.

  • Speaker #1

    Très bien, je mettrai en note de l'épisode en fait, les liens vers tes différentes initiatives et tes réseaux sociaux, afin que les auditeurs puissent se connecter. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Speaker #0

    Super, à bientôt. Ciao, ciao.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez lister un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au Soft Power et à la culture congolaise

    00:00

  • Présentation de Marianne Gondé et de son parcours

    00:43

  • Exploration de l'écriture et de la littérature africaine

    01:48

  • Le concept de Soft Power et son importance pour l'Afrique

    03:05

  • Les Soft Power Days : un événement pour célébrer la culture congolaise

    23:34

  • Conclusion et appel à l'engagement pour l'Afrique

    41:39

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Comment le soft power peut-il transformer les industries créatives africaines ?


C'est la question à laquelle répond Marien Ngombé, fondateur des Ateliers Citoyens du Congo et initiateur des Soft Power Days.

Au fil de la conversation, Marien Ngombé raconte son parcours, de la finance à l'écriture, et son engagement pour la promotion de la culture africaine.


Le concept innovant des Soft Power Days, qui connecte la diaspora et les acteurs locaux, a pour ambition de valoriser le génie créatif du continent.

Son projet littéraire "Taxi Poto Poto", un recueil de nouvelles qui explore les réalités des villes africaines à travers le regard des chauffeurs de taxi, est un exemple concret de cette démarche.


Une approche qui contraste avec les récits souvent uniformes sur l'Afrique. En effet, on entend rarement les voix des Africains raconter leurs propres histoires. Marien Ngombé, à travers ses initiatives, propose une vision nouvelle et inspirante.


Dans cet épisode du podcast Africa Fashion Tour, Marien Ngombé aborde également les enjeux du financement des industries culturelles et créatives et l'importance du soft power pour le développement du continent. Il nous livre une véritable masterclasse sur le potentiel de la culture africaine.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. On a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo. pays de la rumba congolaise immatriculés à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculés, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai hésité à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Marianne Gondé. Marianne est le fondateur du cercle de réflexion Les Ateliers Citoyens du Congo. Il est également à l'origine d'un événement appelé Soft Power Days. À travers ces deux initiatives, son ambition est de valoriser les industries culturelles et créatives africaines, et particulièrement celles du Congo-Brazzaville. En 2024, il a supervisé la publication d'un recueil de neuf nouvelles publiées sous le titre Taxi Poto Poto. Chaque nouvelle est écrite par différents auteurs et nous invite à voyager à travers différentes grandes villes africaines. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse présenter son parcours et nous parler de son engagement. Bienvenue, Marien ! Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va, ça va. Merci Ramata. Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Écoute, je suis ravie de pouvoir échanger avec toi aujourd'hui. On s'est rencontrés lors d'un événement sur les industries culturelles et créatives qui avait lieu à Paris il y a quelques mois maintenant. Et puis, à la suite de nos différents échanges, j'ai eu envie de t'inviter pour que tu puisses nous parler un petit peu de ce que tu faisais, notamment par rapport à ton think tank. et par rapport aussi à la littérature, qui me semble un élément important pour un peu changer le narratif sur l'Afrique. Donc, pour commencer en fait cet échange, je vais te demander, comme je le fais avec tous mes invités, de te présenter.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, ok. Alors, je suis Maria Fomengombe, je suis Congolais et j'ai quitté le Congo à l'âge de 15 ans pour venir m'installer en France. Et j'ai une formation en comptabilité et finances et je suis passionné par la culture africaine. Culture dans le sens us et coutumes, j'y puise mon inspiration pour écrire mes livres notamment, et culture dans le sens créativité. Et c'est ce qui m'emmène à créer mon cercle de réflexion et faire différentes actions pour la promotion de la culture africaine. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. En général, quand on a un profil, on va dire scientifique, financier, mathématique, voilà, aujourd'hui tu es directeur financier, on ne s'imagine pas forcément qu'il peut y avoir une part, tu vois, de hauteur, littéraire. On a tendance un peu à opposer les deux. C'est soit vous êtes littéraire, soit vous êtes scientifique, mais les deux, on n'envisage pas forcément. Moi, ce qui m'interpelle par rapport à ton parcours, c'est que tu as un fort intérêt pour la littérature, tu écris. Et puis, tu as aussi un background en finance. Est-ce que tu peux nous parler de comment tu vis ces deux amours qu'on pourrait considérer comme un histoire ?

  • Speaker #0

    Exactement. Finalement, ça crée un équilibre, j'ai l'impression. J'écris depuis 2011 à peu près. Et à la base, je suis un homme d'image. Au début, je voulais écrire pour faire des scénarios, pour faire des films. Et après ça demande des budgets, différentes choses. Mais j'aime, je suis un raconteur d'histoire. Je suis un storyteller. Et après, c'est très culturel en Afrique. On nous raconte beaucoup d'histoires. On n'a pas forcément les livres que je me souviens en fond. Mais nos petits-frères, nos grands-parents nous racontent des histoires, nous. des histoires qu'on directe au fil de l'instant de l'échange et nous berce comme ça pour trouver le sommeil tout simplement. Donc je pense qu'on a ça en nous déjà, vu notre culture, et ensuite nos études ne nous enlèvent pas ça. Je pense que nous sommes des enfants d'une terre de créativité, donc ça nous accompagne. Et ensuite c'est vrai que les chiffres et les lettres ça va rarement ensemble, donc beaucoup s'étonnent que je sois directeur financier et comptable et que j'écrive à côté, mais je pense que c'est le jeu d'équilibre. J'ai besoin de rigueur, de structure. Donc, je trouve ça dans mon métier. J'ai besoin de créativité aussi, donc je le trouve dans tout ce que je fais par ailleurs. Je ne m'explique pas, mais l'un est qui il est pour l'autre, je dirais.

  • Speaker #1

    Alors, du coup, si on en vient à cet équilibre côté littérature, est-ce que tu peux nous parler de... Voilà, tu évoquais le fait que tu écris depuis 2011. Qu'est-ce que tu écris ? Comment ça a commencé ? Est-ce que dès le départ, tu te dis, voilà, je vais écrire un livre, un roman ? Est-ce que c'est de la fiction ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le côté marien d'écrivain ?

  • Speaker #0

    Alors, comment ça commence ? C'est que je crois que l'éloignement du continent m'a emmené à prendre la plume. Donc, je voulais vraiment écrire des souvenirs. Parce que plus le temps passe, plus les souvenirs deviennent diffus et on oublie beaucoup de choses, beaucoup de belles choses. Donc, je voulais vraiment fixer. sur du papier blanc, une partie de mon enfance. C'est parti de là. Et après, il y a toujours une pudeur. Donc, si le but c'est de se raconter uniquement soi, c'est pas intéressant. Donc on y met un peu de fiction, ça parle à tout le monde, et on se sert aussi de ce que vivent les autres. Donc on vit par procuration ce que vivent les autres. Et tout ça donne le terreau pour pouvoir créer. Donc je suis venu à l'écriture vraiment pour raconter mon enfance. Mon premier ouvrage s'appelle Escales Il parle de voyages. Donc il parle de mon départ de l'Afrique vers l'Europe. Et j'en ai profité pour parler de voyages de différentes formes. Il parle de voyages introspectifs, parce que de questionnement, de qui on est, ça parle un peu de spiritualité. Il parle de voyages physiques, vraiment il y a le personnage qui quitte l'Afrique pour venir en Europe. Il y a beaucoup de moi, mais pas que. Et je dis que les voyages révèlent en fait beaucoup de réalité en Afrique. Quand un enfant voyage, des parents se privent pour l'aider à voyager. Ça crée des inimitiés dans les familles, ça crée de l'envie et aussi de l'enthousiasme vis-à-vis du fait que l'enfant quitte le pays pour aller s'accomplir ailleurs. Donc vraiment, c'était ce désir-là de raconter cette page de mon enfance qui m'a marqué jusqu'aujourd'hui encore. Et c'est pour ça que j'arrive à l'écriture. C'est vraiment ça. Et avec le temps, j'ai un peu élargi mon spectre, mes centres d'intérêt, en tout cas les sujets que je traite. Mais c'est l'envie de raconter mon enfance qui m'emmène à écrire.

  • Speaker #1

    Et cette envie-là... elle te mène directement vers écrire et publier. Comment se passe le fait de vraiment... Parce qu'en fait, des personnes qui ont l'envie d'écrire, il y en a, mais ça reste dans un journal intime ou dans des carnets à la maison. Mais ça ne se transforme pas forcément en publication. Donc toi, comment tu sautes le pas de te dire là, je suis dans une démarche d'écriture pour être publié ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui se passe, c'est que j'en fréquente beaucoup de jeunes à l'époque qui sont publiés, qui sont auto-édités, qui se publient eux-mêmes. Et c'est vrai que c'était la voie la plus facile parce que accéder à un éditeur, c'est pas évident. C'est un parcours de combattant, ça demande de la patience, ça demande d'affilter aussi sa plume, d'avoir vraiment un texte très, très abouti. Moi, j'allais sur un texte modeste, je veux dire, et dans le volume et dans l'ambition. C'était un recueil de trois nouvelles et j'étais impatient de vouloir le partager au monde. Donc j'ai vu, j'ai rencontré des amis qui s'éditaient eux-mêmes. Donc c'était simple, on allait sur des sites. J'oublie des noms, de book edition sans faire de pub par exemple, il y en a d'autres. Il suffisait de mettre son manuscrit. On se faisait corriger avant en trouvant un relecteur. Et après, on n'avait aucun stock, mais le livre était fabriqué à la commande. Donc quand des amis voulaient acheter le livre, ça déclenchait la fabrication et la livraison ensuite. Le délai était long, mais voilà, je voulais avoir, tenir ce livre dans mes mains. Pour moi, c'était un peu rendre hommage à cette enfance-là. Du coup, j'ai osé. Je suis quelqu'un qui aime aller jusqu'au bout des choses. Comment dire ? Un achiever, je crois. Les anglo-saxons disent ça. J'ai voulu faire tout moi-même. Donc, j'ai fait mon auto-édition. J'ai pu avoir des livres. J'ai même commandé des livres que j'avais en stock. J'ai pu faire des rencontres littéraires. Et voilà, c'était vraiment ma petite expérience personnelle. Et j'ai écrit et édité mon bouquin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et par la suite, en fait, tu as travaillé sur la publication de Taxi Potopoto. Est-ce que tu peux nous en parler davantage ?

  • Speaker #0

    Oui. Taxi Potopoto, c'est vraiment l'aboutissement de tout un cheminement. Parce qu'après mon premier recueil, j'ai écrit un deuxième recueil de nouvelles. Donc vraiment dans le temps j'évolue. J'avais écrit sur mon enfance, le deuxième recueil j'écris sur la vie en cité universitaire, donc la vie à studentines, qui est très inspirante parce que passer en cité U, ça c'est... comment dire... C'est un passage initiatique avant de devenir vraiment adulte. On vit seul, on gère seul sa vie, même matérielle, enfin. Donc il y a eu le bâtiment A, donc différentes publications avant d'arriver à Taxi Potopoto, et j'ai eu un ouvrage collectif, le premier, qui s'appelait Franklin Insoumis, qui rendait hommage à un chanteur panafricain engagé, et là on avait 16 auteurs, chacun est parti d'une chanson de Franklin Bukaka, et à partir de la chanson a écrit une nouvelle. Donc je dis ça pour dire qu'en arrivant à Taxi Potopoto, je suis déjà un peu aguerri sur l'idée de mener un projet comme celui-là, mais toujours la volonté de raconter l'Afrique. Franklin Bukata racontait une Afrique engagée, on parlait des indépendances. Taxi Potopoto, on veut célébrer nos villes, les contradictions de ces villes, la beauté de ces villes. On voulait qu'il y ait un voyage colfactif, que les yeux soient sollicités, qu'on ait l'impression de humer. ce qui se vend sur les étals du marché à Grandville et ainsi de suite. Donc Taxi Potomoto, c'était vraiment on continue à célébrer l'Afrique, on cherche des auteurs à qui ça parle et on dit à chacun, voilà, chacun est un taximan, chacun choisit une ville et chacun raconte la réalité de cette ville-là. Et ce projet a pu voir le jour grâce à mon éditrice, Muriel Troadec, des éditions Les Lettres Mouchetées, qui a tout de suite accroché, qui a voulu qu'on lance le projet et d'ailleurs, ce projet a amené l'éditrice à créer une collection qui s'appelle... quota qui donnera naissance à d'autres projets similaires. Donc Taxi Poto Poto, c'est vraiment l'aboutissement d'un parcours.

  • Speaker #1

    Très bien. Et du coup, le concept de Taxi Poto, qu'est-ce que c'est exactement ? Pourquoi en fait cette histoire de chauffeur de taxi qui circule dans différentes grandes villes africaines ?

  • Speaker #0

    En fait, je cherchais le personnage vraiment parlant pour inventer une ville. Et j'avais constaté qu'en allant en vacances au Congo, dans d'autres villes africaines, quand on prend un taxi, le taximan souvent c'est le premier qui nous raconte les réalités. Déjà il connaît le prix du carburant, il vous dit comment la vie est chère ou plutôt abordable. Il nous raconte des indiscrétions, de ce qui se passe dans le pouvoir, au sommet de l'État. En même temps des petits larcins, des voleurs qu'il pourrait y avoir, des rumeurs qui courent. Il est au courant de tout. Tout ce qui se passe c'est vraiment une éponge. Et je me suis dit, voilà, moi qui veux raconter l'Afrique, quel personnage serait vraiment le plus à même à le faire, et que ce soit crédible, et qu'il puisse raconter tout, de l'important au détail. Et on s'est dit, je me suis dit, on va aller sur les taxis, et chacun on raconte le cahier des charges. C'est un taximan qui traverse une ville, tu choisis ta ville, et le taximan va être au personnage principal ou secondaire, mais c'est le taxi qui est vraiment, symboliquement je pense que le taximan, à lui tout seul raconte l'Afrique.

  • Speaker #1

    Très intéressant comme concept. Et l'idée aussi, c'est un peu comme Africa Fashion Tour, cette idée de tour de différentes grandes villes, grandes capitales africaines.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est la même démarche. Parce que finalement, on se rend compte que nos villes ont des mêmes problématiques et certaines doivent inspirer d'autres. Je pense que Dakar, sur sa richesse en termes d'événements culturels, peut inspirer Brazzaville. Mais Brazzaville, par sa créativité musicale, peut inspirer, d'accord. Kinshasa, par le fourmillement de la créativité sur le plan littéraire, Lubumbashi, peut inspirer Libreville. Et finalement, voilà, ces villes se complètent, ces villes se font écho et ces villes ont des destins communs.

  • Speaker #1

    Maintenant, j'ai envie d'évoquer en fait ton cercle de réflexion puisque dans tes engagements à promouvoir un autre narratif africain, à un petit peu bouger les perspectives, disons, Il y a le côté poser un écrit qui permet effectivement de raconter des histoires différentes, raconter les histoires autrement et surtout de faire en sorte d'avoir des auteurs africains qui racontent l'Afrique parce qu'on sait que dans la littérature, on a effectivement de grands auteurs africains. Il y a aussi énormément de voyageurs occidentaux qui ont raconté leur perspective de l'Afrique. Donc ça, c'est une première pierre importante. dans ce que tu fais et dans ce que j'avais envie de partager. Il y a aussi, en fait, le cercle de réflexion, le think tank. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, il y aurait beaucoup de choses à dire. Oui, le narratif, c'est important. Quand on se raconte nous-mêmes. C'est pour ça que le succès de Nollywood et toute sa cinématographie, même s'il n'y a pas que des films de grande qualité, mais je dis, produisant, produisant, il en restera quelque chose. Il en est le même de la littérature. Aujourd'hui l'accessibilité à l'édition est devenue vraiment... Tout le monde peut sortir des orages. C'est important pour nourrir vraiment. le lectorat. Il faut vraiment qu'on se raconte nous-mêmes. Je suis content, moi, de voir des associations qui prennent le livre de Victor Hugo, de Maupassant, qui ramènent en Afrique pour donner à des bibliothèques. Il faut lire, c'est toujours bien de lire. Mais c'est important parce qu'on pense à nous. C'est un acte engagé, c'est un acte engageant que d'écrire ou de lire. Et c'est pour ça que tout ça est cohérent, parce que quand je crée les ateliers historiques du Congo, l'idée c'est de parler du soft power africain, notre capacité d'attraction. Et le soft power, c'est de dire que par notre culture, on peut non seulement se réapporter notre propre histoire, notre propre narratif, mais aussi derrière créer une richesse. Et c'est pour ça que dans ce qu'on essaie de faire, on essaie de promouvoir des auteurs africains. J'ai fait un événement qui s'appelait Héritage Congo en 2023 avec Bessac de Réflexion, où on avait invité des auteurs du Congo-Bras-la-Ville. Et on aimerait refaire cette édition, cet événement qui soit plus panafricain parce que... Il faut qu'on se raconte, qu'on parle du vaudou, mais qu'on décortique ce qu'il y a derrière le vaudou, qu'on lise Amadou Kourouma qui raconte la Côte d'Ivoire, qui raconte certaines réalités, qu'on lise Soné Laboutensi, qu'on lise Cher Amédoukane, parce qu'effectivement, il faut qu'on comprenne nos réalités propres. Vous savez, vous avez ouvert un sujet, tu as ouvert un sujet vraiment important parce qu'il y aurait tellement de choses à dire dessus. Déjà, on n'écrit pas forcément dans nos langues, donc on est un peu amputé d'un imaginaire, on écrit en français. Mais malgré notre livre en français, notre imaginaire doit s'inviter dans notre écriture. C'est ce que font beaucoup d'auteurs. Quand on les lit, ça peut être en français, l'humour, les expressions nous ramènent à nous-mêmes. Déjà là, on se réapproprie nous-mêmes. Et après, il faut raconter des trajectoires de vie qui sont propres à l'Afrique. L'Afrique a besoin de se connaître. Beaucoup d'Africains, on peut vous dire, une fois qu'ils ont un certain âge, vont en Europe, et les Congolais ne connaissent pas le Ghana, ne connaissent pas le Kenya, ne connaissent pas l'Oganda. alors qu'il faut connaître ces Afriques-là pour savoir vraiment qui nous sommes. Je peux être bavard dessus, j'espère que c'est assez structuré ma réponse, mais je pourrais en dire un moment. La littérature, c'est important, c'est raccourci à notre paratif. Quand on dit littérature, après on passe à la musique. C'est également important pour diffuser notre imaginaire. Et tout ça, ça participe au software africain.

  • Speaker #1

    Oui, mais le but du podcast, c'est justement de te laisser le temps de parler d'Empia. Aucun souci, c'est vraiment ça le principe, c'est d'avoir un temps long pour pouvoir bien dérouler ta pensée. Et les auditeurs, c'est ce qu'ils vont rechercher. On n'est pas sur le temps rapide des bisgronds TikTok ici. Donc, si tu parles beaucoup et tu donnes beaucoup d'informations, et si l'idée, c'est aussi l'idée d'une conversation, donc au contraire, c'est ce que moi, je souhaite privilégier dans notre échange. Tu parles de soft power. Qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    Soft power, donc traduction littérale, pouvoir d'où ? Ça a été conceptualisé par Joseph Nye, qui est un politologue américain dans les années 90, et c'est un concept qui existe depuis la nuit des temps. Donc c'est de dire que les États, souvent une diplomatie officielle, qui fait qu'ils essaient d'exister sur la scène internationale, ils essaient d'attirer des investisseurs, ils essaient de diffuser leurs valeurs et leurs pensées. Aujourd'hui, on sait qu'en termes de soft power, les États-Unis sont très loin. On parle de l'American way of life. Tout le monde se dit que l'Amérique, c'est la terre des libertés, qu'en Amérique, on a toutes les grandes puissances économiques, Coca-Cola, Google, ainsi de suite. Et ça, ça inspire beaucoup de nations, ça influe sur la puissance américaine. Et quand on a parlé de ce champion qu'est les États-Unis, on peut revenir à des nations qui ont pu émerger, qui ont fait ça. Aujourd'hui, vous allez voir le soft power, comment être concret. Regardez le Japon, tout ce que le Japon produit en termes de manga, l'art culinaire japonais, c'est vraiment à la mode et personne ne s'étonne, même les Français, de lire de droite à gauche un manga. Tellement leur culture s'installe de manière insidieuse, c'est ça le soft power. Et quand notre culture comme ça s'installe et qu'elle plaît, quand on prend une position politique qui est discutable, l'opinion internationale, la première réaction est une réaction d'adhésion. Pourquoi ? Parce que derrière, au quotidien, on a réussi à s'installer dans l'esprit des gens de manière positive. Il y a un autre exemple de soft power, par exemple, ça paraît anecdotique. La Chine qui a l'image que Planton a sur le fait qu'elle ne soit pas un pays des libertés, quand elle a commencé à traiter les deux pandas dans le monde entier, Alors, croyez-moi, quand on parlait de la Chine, on parlait de ces pandas. Tout le monde se pamait devant ces pandas, c'était beau, ainsi de suite. Ça a l'air de rien, mais c'est ça de travailler sur son soft power. Donc, dans le narratif chinois, cet exemple des pandas, ça a distillé une image positive quelque part. C'est le software nigérien aussi, du Nigeria, oui, on peut en parler, au niveau de Nollywood. Au Nigeria, on sait qu'il y a beaucoup de guerres, la guerre de Biafra, il y a l'insécurité, tout le monde le sait. Mais le software a permis de déconstruire quelque part le narratif, ou en tout cas d'essayer d'équilibrer l'image que les gens peuvent envoyer. Avec Nollywood, qui est une diffusion importante en termes de nombre de films, qui crée de l'emploi, avec l'Afrobeat, toutes les stars nigériennes, chaque star. Chaque personnalité connue est un ambassadeur de fête du soft power de son pays. Donc, Barnaboy, Chinois HB, Chimamanda Ngonti Adichie, tous ces personnages, toutes ces personnalités du Nigeria participent à améliorer le soft power nigérien. Et c'est ce que nous souhaitons pour le bassin du Congo. Parce que notre engagement, c'est vrai qu'on le circonscrit à cette zone qu'on maîtrise à peu près bien et qui a besoin de travers son soft power, Gabon. L'RADC, le Congo, le Tchad, enfin, les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. Et on a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses. et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo, pays de la rumba congolaise, immatriculé à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculé, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie. Voilà. Mais surtout, ce sur quoi elle insiste, le soft power sur lequel nous travaillons en Afrique, en plus de celui des Européens, c'est qu'il permet aux Africains de mieux se connaître. Quand on parle de soft power, on parle aussi de valeur. Donc l'Ubuntu, qui vient de l'Afrique du Sud notamment, qui a été mis en avant par Desmond Tutu. Il y a aussi chez nous le Kimontu au Congo. C'est pareil, c'est une forme de dignité, d'être soi. Vous savez, je vais finir par là, toujours en parlant de soft power. Si on parle de la Chine, on parle des instituts confucius. Il y en a plus de 500 à travers le monde. Et qu'est-ce qui se passe ? Elles diffusent une pensée ancestrale chinoise, et pas qu'elle est chinoise. Et donc la Chine s'installe aussi dans les esprits. Et c'est sur ça qu'il faut que nous travaillions. La France, une grande figure de soft power, a des instituts français, plus d'une centaine à travers le monde. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils financent beaucoup d'événements culturels, mais ils ont un droit de regard sur les productions culturelles qui sont financées. Donc, ce n'est pas fait de manière insidieuse. C'est un acte politique en soi, beaucoup bénéficie de subventions. Tant mieux, mais sachez que la créativité est quelque part bridée, parce qu'elle n'est pas financée par l'Afrique elle-même. Il faut que nous travaillions à trouver des financements pour tout cela. Donc, mieux se connaître, travailler sur notre créativité et aller à la conquête du monde grâce au Soft Power.

  • Speaker #1

    Du coup, toi, tu organises un événement qui s'appelle les Soft Power Days et avec une volonté de vraiment aussi créer un pont entre la... Une communauté congolaise qui est en France et peut-être même à l'étranger, en dehors du Congo-Brazzaville, et également en direct la population du Congo. Est-ce que tu peux nous parler de cet événement ?

  • Speaker #0

    Oui, les Softplores Days ont été créés en 2020. On va aller sur la cinquième édition. Le but était de célébrer le génie congolais, donc parler du software, de l'attractivité du Congo. Et nous sommes dits... Pour cet événement-là, nous allons faire une partie conférence, mais avec des acteurs locaux. Il y a de nombreuses personnes en Afrique qui font des choses qui ne sont pas interconnectées, qui ne sont pas toujours valorisées. Donc nous avons dit conférence autour des industries culturelles et créatives. On a invité des acteurs, des financeurs, des acteurs, des écrivains, des éditeurs et autres influenceurs qui ont fait des panels pour échanger. Vraiment, on voulait mettre la lumière sur ceux qui font des choses localement. Et les Soft World Days, c'est une conférence, mais toujours en marge de la conférence, il y a une activité. Donc on fait parfois des kermesses où on vend du Made in Congo. On fait des scènes ouvertes où on invite des artistes congolais à prester. Et parfois, on a même fait un concours entrepreneurial autour d'industrie culturelle et créative sur le meilleur projet. On a fait gagner 500 000 francs CFA. Tout ça est de l'ordre du symbole. Mais vraiment, tu l'as bien dit, on essaie d'être le pont entre... ceux qui sont dans la diaspora, donc à travers le monde, et ceux qui sont restés sur le continent. L'Afrique ne s'en sortira que si ce bridge-là est réellement construit de manière probante et qu'il se passe des synergies entre ceux qui sont ici et ceux qui sont là-bas. Nous avons souvent des financements et ils ont plus d'affaires d'activité, ils sont au fait des réalités locales. Donc il faut aussi travailler sur ça. C'est un peu ça les Soft Power Days. Une fois qu'on a fait Aboraza, on a aussi fait un événement parisien des Soft Power Days, où on a invité ceux de Paris. Donc on va sur la cinquième édition. À chaque fois, on a pris des thèmes autour des ICC. On a parlé aussi de cinéma, de musique, différentes choses. Et ce que j'aimerais faire sur 2025, donc j'en profite pour l'annoncer, c'est faire... L'équivalent d'un Soft Power Days mis à Paris n'est pas un africain. On va l'appeler la journée du Soft Power africain, avec vraiment quelques pays africains à l'honneur, pour parler de diplomatie, de culture, de musique. Ce sera en juin. Et les Soft Power Days voient là un peu l'esprit. On le fait chaque année. Et la cible, c'est vraiment laisser les talents, libérer les énergies localement, et inviter les pouvoirs publics à se réveiller sur l'or, à réaliser une somatise sur de l'or.

  • Speaker #1

    Alors, tu me... offre une parfaite transition à travers ton engagement et ton parcours de financier d'un côté et profiter d'un fort intérêt pour tout ce qui est lié à la culture. En termes d'investissement, moi j'ai pu constater que les investisseurs, quand on leur parle d'agriculture, quand on leur parle de money, donc le mobile money, la fintech, il va y avoir, et je parle d'Afrique, il va y avoir un intérêt, il va y avoir des fonds, mais on parle de culture, c'est un peu le parent pauvre, en fait, c'est pas forcément considéré, on a l'impression que c'est un peu de l'entertainment, et c'est pas forcément les industries sur lesquelles aujourd'hui les investisseurs sont prêts à se positionner, et du coup, c'est parfois relégué à des associations. On a un peu un côté, on va chercher une subvention. aider un projet, on va chercher un soutien, mais on n'est pas dans une dynamique de en fait, c'est un business, et donc on va chercher un investisseur qui va, comment dire, prendre des parts à une initiative qui va se développer et qui va faire des petits Quel est ton avis sur cette question-là ?

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet, parce que ce problème, nous le rencontrons en Afrique, mais aussi en Europe, parce que les gens n'ont pas compris la réalité du business autour des ICC. Par contre, il y a le cabinet EY qui a fait un rapport, je crois c'était fin 2020, qui montrait bien que les industries culturelles et créatives rapportaient plus au PIB français que l'industrie automobile. Donc je pense que ce n'est pas à négliger. Alors, une fois que j'ai dit ça, je dois préciser quelque chose. Les ICC, c'est au moins 10 secteurs. La pub, la littérature, les médias, l'art visuel, la musique. Et j'en passe. C'est quand même 10 secteurs qui font que ces secteurs aient ce poil. Après, quand on parle de l'Afrique, il y a des réalités. Je veux dire qu'au Congo, le cinéma n'a pas encore l'essor du cinéma nigérien. Mais au Congo, la production musicale pourrait être soutenue. Maintenant, comment soutenir toute cette industrie-là ? C'est là tout le problème. Les C7.3 souffrent du même mal que tout business. Il y a des pays où le climat des affaires n'aide pas à l'investissement. Quand il y a des lourdeurs administratives, il faut créer une société. Si c'est vrai pour une société qui veut faire de l'import-export, c'est encore plus vrai pour une société dans les ICC. Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est essayer de réfléchir à des modèles. Il faut impliquer l'État. C'est un secteur tellement particulier qu'il faut impliquer l'État parce que ceux qui se lancent dans les ICC, souvent, sont dans l'informel, ne connaissent pas leur secteur. Ceux qui sont dans l'import-export, souvent, sont quand même au fait des réalités. Ils savent un peu mieux comment structurer. Le problème, c'est que les créatifs ne sont pas des entrepreneurs. Et au niveau des ICC, c'est ce qui se passe des fois, souvent. C'est-à-dire que l'artiste veut tout faire, alors qu'il y a d'autres métiers. Celui qui fait de l'import-export, il y a une société qui est créée, il sait où il s'approvisionne, il sait comment trouver la manière de distribuer ses produits. Il a une politique de prix adaptée à la concurrence. Il y a différentes choses qui sont des règles du commerce, du business, qui sont facilement appréhendables. Pour l'artiste, souvent, on n'a pas compris qu'il y a beaucoup de métiers. Il faut que l'artiste comprenne. Je donne un exemple. Il y a des managers, il y a des tourneurs. Quand ils vont sur l'ingénieur de sang, il y a le producteur. Une fois que ces métiers sont définis, ça aide aussi à structurer. Ça aide l'investisseur à avoir un interlocuteur qui comprend. Souvent, l'investisseur vient et en face, il a un artiste. Le pauvre, lui, est l'artiste. Il est loin du business. Donc déjà, il faut que cette cartographie de métier soit clarifiée et comprise. Et ensuite, il faut qu'on forme des gens dans ces différents métiers-là. Chaque homme va savoir être à sa place et ça aidera le business. C'est la première étape. Et après, il y a un fou éduquer les gens. Moi, j'ai vu des... des personnes qui s'intéressent vraiment à la flic, qui investissent. J'ai participé à des colloques. Et c'est vrai que quand on parle de culture, c'est un peu la partie RSE, c'est de l'aide, c'est de l'argent sur lequel on n'attend pas de retour. Il faut structurer. L'industrie musicale, par exemple, le branding marche très bien. Je veux dire que si il n'y a pas beaucoup de streaming pour certains artistes, et beaucoup de marques de boissons et autres, ça colle à l'image d'artiste et ça fait des revenus. Et pour la marque, indirectement, on booste les ventes. Et pour l'artiste, il faut repenser le modèle économique. Mais il faut du travail dessus. Mais actuellement, c'est une industrie qui marche. Les industries de bouche et de divertissement, ça marche. Mais il faut savoir s'organiser pour le faire.

  • Speaker #1

    Du coup, si je comprends ce que tu dis, c'est plus un enjeu de vraiment connaître toute la filière, toute la chaîne et pouvoir... Comment dire ? organiser et finalement être au fait de présenter un business model qui soit performant, qui va manquer, sinon en fait tous les ingrédients sont là.

  • Speaker #0

    Oui, tout est là, mais il faut structurer la filière. Il faut la structurer, il faut... En fait, les investisseurs en face, ensuite ils comprennent, ils ont une cartographie claire. Sinon, il n'y a pas... Il faut des chiffres, il nous faut de la data. Les consommateurs, comment ça se fait, ainsi de suite. Le secteur informel est toujours très difficile à structurer. Il faut travailler à trouver des agrégats qui s'adaptent à nos réalités africaines. Et ça marchera. Une chose qui marche, par exemple, ce sont des concerts. Ça, c'est très simple. Le nombre de ventes des billets, on le voit. Quand on voit un artiste comme Fali Poupa, les salles qu'il remplit, Axel Raid n'a jamais rempli des salles comme ça. Je n'ai rien contre elle. Mais c'est pour dire que de manière factuelle, ça marche. Il fait une rumba africaine. Et c'est pareil pour d'autres formes d'art. Il faut juste qu'à un moment donné... Une fois qu'on a eu ces exemples forts, parce qu'il y a des personnalités fortes qui peuvent inspirer, on peut l'appliquer à des artistes de moindre importance. Je l'aurais de même pour la littérature. Exploder la littérature africaine, qui fait qu'on présente nos écrivains à des prix littéraires, parce que les prix littéraires boostent les ventes. Celui qui gagne le Goncourt aujourd'hui, deux semaines après, on voit bien que ses ventes grimpent. Ce n'est pas dit que c'est dans l'absolu le plus bel ouvrage de l'année. Forcément l'un des meilleurs. Mais voilà. C'est pour ça qu'il y a des éditrices comme Muriel Troidec, je parle encore d'elle, quand il y a des auteurs africains qui l'éditent, elle présente quasiment tous les prix possibles, ces ouvrages-là, et ça aide. Donc encore une fois, c'est une histoire de méthode aussi, et de travailler sur la mise en lumière. Je sais des gens à Medigamec, qui a eu le prix des Afriques, qui est en couronnelle de Brazzaville, c'est un prix quand même symboliquement fort, grâce au fait que Muriel Troidec ait proposé son ouvrage. à des prix. Si vous éditez un livre, par exemple, on ne vous propose à aucun prix. Il a beau être bon, vous aurez des derniers lectorats, mais il n'y aura pas le rayonnement attendu. Quand on a un prix comme ça, on est invité à des colloques internationaux, à porter la voix d'une certaine littérature. Et dans notre sillage, il y a des auteurs forcément, ou de la maison d'édition, ou des auteurs qui ont la sensibilité de ce qui est le prix, qui profitent de cette mise en lumière. Et c'est ce travail-là qu'on arrête de travailler en silo. Il faut qu'on travaille en synergie. Ça aussi, c'est un souci. Même dans les ICC. C'est pour ça que nous, parfois quand on fait des soft powers, je vois un acteur qui rencontre un réalisateur. Et ensuite, ils discutent, ils trouvent un terrain d'entente pour faire un business ensemble. C'est très bien. Mais si on a beau être talentueux, chacun reste dans son coin, on fera que des petites choses. Pour faire grand, on doit faire ensemble. Et c'est pareil pour le business. Donc tout ça, ça participera aussi à ce que des investisseurs viennent, ils voient que c'est structuré, mais ils ont envie de mettre de l'argent au pot. C'est tout simplement ça. Après, on peut s'organiser aussi par différentes formes de financement, chercher de la love money, faire du crowdfunding, ou nous-mêmes essayer de... de chercher parce qu'il y a une réalité aussi, ça on contourne un peu le fait qu'on n'ait pas des financements mais c'est vrai que la coopération internationale met des fonds à disposition pour des projets et des festivals qui naissent en Ile-de-France qui sont entièrement financés par la coopération internationale donc faudrait peut-être aussi prendre l'argent là où il y a l'argent, le temps qu'on se structure réellement peut-être aller prendre de cette façon là des subventions et autres mais derrière quand on a ces fonds là structurer le business Parce que les subventions, tu en parlais, ça permet de se lancer, mais après, on peut devenir autonome. Il y en a qui ont commencé comme ça, qui ont eu des festivals après, qui sont devenus importants et autonomes financièrement. Mais il y a un travail de synergie, de structuration du business. Ça prend du temps, mais il n'y a pas de raison que ça ne marche pas.

  • Speaker #1

    J'ai envie de revenir sur ton point, sur cette notion de, effectivement, produire son âme, pour après essayer de se positionner sur... tous les prix possibles et donc être accompagnés pour connaître, parce qu'il y a aussi des règles et des procédures à savoir pour se présenter à un prix. Et si on n'est pas sachant du sujet, on ne va pas savoir comment on a besoin de la feuille de route. Maintenant, moi, quand je regarde ça, mon point, c'est que c'est souvent des Africains qui vont vers la reconnaissance d'une institution occidentale. Et aujourd'hui, est-ce qu'il ne manquerait pas des prix ? africains, des institutions africaines qui vont soutenir les industries culturelles et créatives africaines. Alors, on le sait, forcément, un prix Goncourt ou autre, ce sont des institutions reconnues internationalement qui, comment dire, forcément, il vaut mieux aller viser ce prix-là, je le conçois, mais est-ce qu'on n'a pas aussi un travail à faire à se challenger, à se dire on n'aura pas tout de suite la notoriété du Goncourt, mais il faut un prix Zangor, il faut un prix, mais qui serait des prix africains, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis absolument d'accord. Hier, j'étais au Salon du Livre Gabonais, on en parlait justement, je disais, ce n'est pas normal que dans la salle il y ait 10 éditeurs et qu'on se plaigne du fait que le Salon du Livre ait disparu parce qu'on avait une zone afrique dans ce Salon du Livre. Et aujourd'hui, le Salon du Livre africain existe, c'est au mois de mars, c'est un bel événement qui est porté par la mairie du 5e, mais encore une fois, ce n'est pas porté par les Africains. Moi, je te rejoins absolument. J'aimerais ici tirer le chapeau à un prix qui existe créé par une camionnaise. et qui s'appelle la scène littéraire, qui existe au moins depuis 7 ou 8 ans, elle fait un travail monstre. Et ça, il faut reconnaître que c'est important, même en termes de symboles, en termes d'indépendance. Et en parlant de storytelling, ça passera aussi par là, qu'à tous les niveaux, qu'il y ait, en plus de ce que proposent les Européens ou les Américains, ce que font les Africains, ce même pour les Africains, je suis absolument d'accord. Mais tu sais c'est quoi la réalité ? C'est qu'on se trouve dans une forme de complexe, il faut le dire. Et j'ai, pour exemple, un monsieur, je t'en jeterai le nom, qui sort un ouvrage bientôt, qui a été accompagné par un Africain pour le publier. Et sur la fin du projet, une maison d'édition française le contacte. Pas forcément une très grande maison, je comprendrais que ce soit une grande maison et que, voilà, la question ne se pose pas forcément. Bref, une maison modeste, mais il y a ce complexe-là, que quand on s'amène à l'Occident, c'est sûrement plus structuré, c'est mieux. On souffre de cela et ça c'est vraiment des stigmates sur la colonisation et je ne sais trop quoi. Il faut travailler dessus et c'est ça encore ce storytelling à déconstruire. Et malheureusement c'est ça, parce qu'on pourrait, et ça arrive souvent, des projets qui sont montés modestement, qui pourraient aboutir et finalement, qu'il y a choc parce que l'un a une opportunité, en Europe je crois que c'est forcément mieux. C'est pour ça que je parle d'engagement. La culture c'est une histoire d'engagement. Si on met ensemble le besoin de créer un business, de créer de la richesse, avec en plus l'engagement, on aura des gains modestes au début, mais à terme, on fera des choses qui marqueront l'histoire. C'est ça, mon ambition. Et je n'arrête pas d'essayer à mon niveau. Moi, j'édite aussi. Je n'ai pas les moyens d'éditer un grand nombre d'ouvrages par an ou à forte production. Mais je vais m'associer avec d'autres maisons d'édition. Je salue... La Perle Noire et Notre Baisant des Étymaux, j'ai croisé hier, j'oublie le nom, qu'on fasse ensemble, ne serait-ce qu'un ouvrage adhérent, avec une vraie identité visuelle de la première de couverture, une rayure de qualité. C'est ça que nous voulons finalement, qu'on ait de la qualité, et sur l'aide du rang, on réussira à faire en termes de quantité.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton point sur le fait de s'associer avec différentes structures, initiatives qui ont un intérêt commun et qui peuvent être plus fortes. Il y a ce célébranage Seul, on va vite, ensemble, on va plus loin Est-ce que tu penses que sur ce sujet-là, on est suffisamment mature ? J'ai l'impression que chacun travaille un peu en silo et qu'on a du mal à… En tout cas, je peux le voir dans la mode, il y a de belles initiatives. qui sont menées par des entrepreneurs et des initiatives individuelles. Mais quand il est question de dire comment est-ce qu'on regroupe les uns et les autres, parfois ce qu'on peut constater, c'est que ce n'est pas évident de réunir tout le monde autour d'une table sur ce qu'on peut faire ensemble et comment.

  • Speaker #0

    Ce n'est vraiment pas évident. Moi, j'ai publié en 2011, je disais... J'ai fait beaucoup de conférences, j'ai participé à beaucoup de panels où cette question revient. Donc à mon niveau, ça fait déjà plus de dix ans qu'on dit la même chose. Et je me dis en fait, faisons le mal, mais faisons-le. C'est-à-dire que moi, quand je crée une structure, je dis souvent aux nouveaux adhérents, j'ai dit écoutez, c'est la première année, dans trois ans, cette effectivité sera renouvelée au moins de moitié. Et moi j'en ai conscience. Sentez-vous à l'aise. Quand ça ne vous parle plus, vous partez, mais en reste des frères et des amis. souvent on a du mal à faire cette dichotomie là ça peut ne plus marcher dans le business et on reste des amis mais il faut qu'on fasse ensemble, définitivement et j'allais dire les autres sont ensemble d'autres communautés d'autres D'autres générations ont fait ensemble. Même quand on prend en Afrique. Moi, je peux vous dire que dans les années 60-50, il y a eu une forme de solidarité. Moi, je vois des gens qui faisaient des choses ensemble, ça ne marchait pas, et ainsi de suite. Avec le temps, il y a quelque chose qui s'est installé. On a tous un égo important. Dès qu'on fait le même toit ramata, le fait que tu fasses ça, tu dois te dire que ton podcast, tu estimes qu'il y a un intérêt à ce que les gens l'écoutent. Donc, il y a déjà de l'égo. Mais l'égo, ce n'est pas négatif en soi. Il faut savoir l'utiliser. L'ego c'est un moteur, ça aide à surpasser les difficultés, à faire face. Une fois que l'ego nous a aidé à faire cela, il faut savoir le taire pour après servir l'intérêt commun. Moi le premier c'est pas toujours évident, parce que j'ai un certain caractère, mais je sais m'effacer à un moment donné pour la cause. C'est en fait ça le sujet, savoir s'effacer pour la cause. Et oui c'est dur, mais il faut essayer. Quand on ne peut pas avec des gens ressortissant de son pays, il faut élargir l'Afrique entière. Peut-être qu'avec un Ethiopien, on pourra le faire. Et il faut que chacun accepte d'avoir une expertise. Nous, quand on a créé les ateliers citoyens du Congo, on a abordé tous les sujets. Aujourd'hui encore, on peut aborder tous les sujets. Mais on s'est dit, il faut qu'on ait un domaine de prédilection. Donc ce sera les ICC et le soft power. C'est important d'avoir un couloir dans la vie. On ne peut pas tout embrasser. Quand on a un couloir, on s'associe à d'autres qui ont d'autres couloirs. Et puis après, on peut faire des marathons gagnants, je pense.

  • Speaker #1

    Très bien, je te rejoins tout à fait là-dessus. Donc toi, en termes d'actualité, tu nous as déjà donné une information en avant-première par rapport à l'organisation d'un événement à Paris, la journée des soft powers, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Ça va, la journée des soft powers africains, au mois de juin, et tu es convié. J'espère que tu interviendras.

  • Speaker #1

    Maintenant que c'est en ligne, je ne peux pas dire non en fait. Une invitation se fait en direct, ben écoute, avec plaisir. Est-ce qu'il y a d'autres ouvrages sur lesquels tu es en train de travailler en termes de littérature ? Quels sont, en dehors de cet événement-là, les autres projets sur lesquels tu travailles ?

  • Speaker #0

    Comme ceux qui font beaucoup de projets, j'ai beaucoup de projets en chantier. Parmi les plus aboutis, il y a cet événement de juin qui est assez structuré. J'écris actuellement un ouvrage sur le sport africain. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc j'aimerais le terminer cette année pour pouvoir le relire et le sortir peut-être en 2026. A part ça, il y aura en septembre des Soft Power Days, encore, en juin la journée des Soft Power africains, et on sera en Côte d'Ivoire au mois de mai pour une rencontre équivalente autour de la culture africaine. Et en termes d'ouvrage, je vais éditer les billets d'humeur de Noveli, qui le recueillent de ma petite sœur, qui est la deuxième édition, et je dois sortir des autres ouvrages. À mon niveau, voilà un peu les projets. Il y en a d'autres, mais voilà les projets les plus aboutis. Et j'ai créé un after work qui s'appelle La suite dans les idées, où je veux justement aider à ce qu'on travaille de moins en moins en silo. Donc cet after work, je vais réserver des surprises forcément, parce que les projets n'est pas vraiment des interactions.

  • Speaker #1

    Très bien. J'entends de tout ce que tu dis que tu es un homme occupé, puisque tout ce que tu racontes là, c'est en parallèle d'un poste de directeur financier. Voilà, je me calme. C'est un job à temps plein, ce n'est pas un side job que tu as et un job à responsabilité. En termes d'organisation, comment tu arrives à tout mener de front ?

  • Speaker #0

    Vraiment, ce n'est pas évident parce que mes amplitudes d'horaires sont assez importantes. Il y a des semaines que je finis à 21h tous les jours. Mais je crois que ce qui me permet de faire tout ça, c'est que mes enfants sont assez grands. Donc ça va, ils sont assez autonomes et surtout je suis passionné. Et je me rends compte que je travaille ma pause déjeuner, je n'arrête pas de travailler sur mes projets. Donc je cale des calls pour avancer sur des projets liés à mon cercle de réflexion. La difficulté, c'est l'écriture. Pour écrire, il me faut du temps. Donc là, j'ai peu de temps, j'y arrive pas. J'écris généralement quand je suis en congé, en vacances, la trame de base de l'ouvrage. Au fil de l'année, je pique des instants pour écrire. Mais pour le reste, je pense être hyper actif. Je n'arrête pas d'être dans la production, dans le travail. Je pense que c'est ne rien faire qui me rendrait malade.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, c'est intéressant de souligner ce point-là parce que moi, je peux me retrouver à être un peu comme toi sur différentes activités. Et... Parfois, j'ai des personnes en face de moi qui me disent mais attends, comment tu fais ? et qui sont limite inquiets pour moi. Et d'avoir d'autres profils qui sont dans cette même organisation, c'est vrai que c'est la passion et l'organisation qui font qu'on n'a pas ce sentiment d'être submergé au contraire. Et si on n'avait pas finalement ce qui peut être considéré pour certains comme une coupe pleine, pour nous, c'est plutôt… Je ne dirais pas un minimum, mais en tout cas, c'est un niveau d'activité qu'on sait qu'on peut gérer.

  • Speaker #0

    Normal. Mais même quand des fois, on essaie de se reposer, mais c'est peut-être la même chose pour toi, ton cerveau, il ne s'arrête pas. Des fois, tu te dis, je fais une pause, je fais une sieste, et tu continues à réfléchir à une idée. Le cerveau ne s'arrête pas. Donc, moi,

  • Speaker #1

    de moi. J'ai arrêté de penser, en fait. Il y a des activités où je me dis, bon, ça, tu peux faire ça en même temps que tu regardes Netflix, mais je n'arrive pas à faire repos complet. Quand je me dis, attends, là, la création de contenu sur les réseaux... Tu peux le faire en même temps que. Donc bon, c'est un pause entre un truc stratégique beaucoup plus complexe, mais effectivement lâché complètement. Attends, je vais regarder ce documentaire. Comme ça, je vais user dessus. Il y a toujours une optimisation de mon temps, comment je l'utilise pour que ça contribue à faire bouger tout ce que je suis en train de mettre en œuvre. Et ce qu'il faut préciser aussi, c'est que du coup, il y a une partie de ces activités-là. Moi aussi, on m'a déjà dit, attendez, quand tu fais tout ça, du coup, tu ne te rémunères pas. Et du coup, après, c'est d'expliquer, il y a un business model derrière, mais effectivement, il faut mettre les premiers jetons pour qu'ensuite, la machine, elle tourne. Et ça aussi, ce n'est pas forcément quelque chose avec lequel il y a aussi, je dirais, un côté. On a tellement vu de succès story qui nous paraissent être arrivés rapidement. Oui,

  • Speaker #0

    puis souvent, l'histoire est biaisée sur les success stories. Souvent, on ne nous raconte pas tout. On ne nous dit pas que, bon, il a été aidé par un tel, chacun crée sa success story. Rien à voir pour rigoler. Moi, je suis passionné de... Certaines figures m'intéressent, politiques notamment, de Fidel Castro. La légende dit qu'il a fait son coup d'État contre Batista, et donc il a pris le grand mal, le radeau. Là, ils étaient 10. C'est une légende. On ne peut pas prendre les légendes dans la lettre. On peut peut-être 10 pour renverser un pouvoir, mais voilà le storytelling. Qu'est-ce qu'on dit ? On retirait, ils étaient 10, il a réussi, le Ausha a pris le front de je ne sais où, un tel a attaqué Cuba. C'est le storytelling de chacun. En fait, il n'y a rien qui se passe si on n'a pas un effort qui est important, constant, et puis il faut mettre de son temps, de son argent. Et encore une chose, pour ceux qui sont un peu dans cette situation, c'est qu'il ne faut pas attendre l'adhésion de ceux qui sont forcément les plus proches. Ce n'est pas méchant. C'est-à-dire que... Vous avez une compréhension d'une réalité qui est assez particulière. Donc des fois, ton frère de 100 ne viendra pas soutenir. Mais le pauvre, c'est tellement particulier, il ne faut même pas l'en vouloir. Et un autre truc que j'ai compris aussi pour nous aider, c'est faire des plannings. Et ça, c'est grâce au monde des ACC, je comprends ça, ça n'a l'air de rien. Moi, je fais un tableau Excel de ma semaine, je passe les rendez-vous, ça libère un peu quelque chose dans l'esprit. Parce que des fois, ça me fait beaucoup cogiter en se disant, il faut que je fasse ci, il ne faut pas que j'oublie cela, ainsi de suite. Faire des plannings, ça... Ça... pèse, donc faisons des plannings au maximum. Et toi, Ramatat, tu as l'air beaucoup plus organisé que moi, mais moi, ça m'a aidé.

  • Speaker #1

    En fait, je ne sais pas comment tu es organisé, donc je ne sais pas du tout dire. Mais en tout cas, si on arrive à produire des choses, c'est qu'à un moment donné, nous aussi, en termes de storytelling, mon storytelling fait que tu as l'impression que je suis très bien organisé. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien joué. Pas mal.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, encourager ceux qui auraient envie d'entreprendre une initiative et d'arriver à se dire qu'il y a une période qui peut être un temps long de comment on se prépare, comment on organise. Tout à l'heure, tu parlais de chacun doit prendre un couloir et on peut être plusieurs à gagner un marathon. Mais le marathon, ça commence par faire le tour du pâté de maison. On n'attaque pas les 42 kilomètres comme ça du jour au lendemain. Oui,

  • Speaker #0

    je suis d'accord.

  • Speaker #1

    faire un kilomètre, faire un kilomètre bien puis ensuite on ajoute au fur et à mesure et c'est vrai que parfois on a vraiment ce côté non mais moi je me vois au marathon de Paris, au marathon de New York franchir la nuit, arriver on pense vraiment au résultat sans penser à tout le travail qu'il y a en amont pour pouvoir et que ça se fait dans un temps et ça c'est vrai c'est important pour moi de le mettre en avant surtout quand on est sur cette industrie culturelle et créative... sur lesquels il y a peut-être parfois un côté superficiel de je rêve de prendre le micro, de recevoir le prix Donc il y a beaucoup de gens qui font ça pour un peu le fast. Et tout ce qu'il y a avant à mettre en œuvre, à organiser, tous les sacrifices, la détermination et l'insilience, on n'en parle pas suffisamment, on parle directement du résultat. Et moi, j'aime bien aussi mettre… les choses en perspective et aussi être dans la réalité. Ça prend du temps, ça ne va pas être facile. Et ça peut être trois ans et cinq ans d'investissement avant d'avoir, comment dire...

  • Speaker #0

    Le résultat. C'est bien de le dire. Que les gens ne nous agissent pas. Franchement, ça peut être long.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et que les gens qui vous disent, voilà, j'ai débarqué et tout de suite j'ai gagné. Quand on creuse un peu l'histoire, comme tu le disais, on va se rendre compte que la personne, ça fait dix ans qu'elle bosse. Elle a une réussite qui s'est faite en un jour, en réalité, il y a dix ans de travail derrière. C'est ça,

  • Speaker #0

    exactement. C'est l'histoire du bambou chinois. C'est le bambou qu'on arrose pendant quatre ans, qui ne sort pas de terre, mais au bout de quatre ans, qui pousse à une vitesse vertigineuse. J'aime bien cette métaphore, la métaphore du bambou chinois. Il y a tellement de travail non visible. Et quand on commence à voir une personne, on se dit, ça fait un an que je le vois sur les eaux, il a tout pété. Et tu le vois sur les eaux depuis un an, mais ça fait quinze ans qu'il bosse sur le sujet. C'est ça le truc. C'est ça la question.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, moi, je suis ravie d'avoir pu échanger avec toi, que tu nous partages, en fait, ces notions d'industrie culturelle et créative et de soft power qui, pour moi, sont réellement les sujets sur lesquels, demain, l'Afrique va pouvoir prendre sa place et vraiment arriver en numéro un. Et ce sera le fruit d'un travail de longue haleine. Et je vois plusieurs initiatives dans la musique, dans la littérature. de réflexion où il y a vraiment une diaspora qui se rapproche de plus en plus des communautés sur le continent pour aller créer des actions concrètes et je vois de plus d'associations qui se retrouvent d'un pays à un autre, d'une communauté à une autre. C'était intéressant pour moi de te donner la parole pour que tu puisses parler de ce que tu fais et pour que les auditeurs certains puissent se dire comment on rejoint, comment on intègre, comment on participe au Soft Power Days, comment on participe à un After Work. Est-ce qu'on va lire Taxi Boto Boto ? L'idée, c'est de se dire, voilà, il y a plein d'initiatives sur lesquelles on peut se retrouver et puis faire avancer ensemble et faire bouger le narratif africain.

  • Speaker #0

    Absolument. Merci beaucoup. Vraiment, ça participe à atteindre cet objectif-là de diffuser tout ce qu'on a de meilleur et inviter les gens à s'engager, à s'engager au réunement de l'Afrique et à travailler, à faire ensemble. Donc voilà, j'invite les gens à... à venir sur les pages des ateliers citoyens du Congo, ACC officiel, et sinon je suis très actif sur les réseaux sociaux aussi, Marian Fonigombe. Donc merci beaucoup Ramatha, et vraiment, continuons à faire ensemble, et continuons à porter haut le continent.

  • Speaker #1

    Très bien, je mettrai en note de l'épisode en fait, les liens vers tes différentes initiatives et tes réseaux sociaux, afin que les auditeurs puissent se connecter. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Speaker #0

    Super, à bientôt. Ciao, ciao.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez lister un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au Soft Power et à la culture congolaise

    00:00

  • Présentation de Marianne Gondé et de son parcours

    00:43

  • Exploration de l'écriture et de la littérature africaine

    01:48

  • Le concept de Soft Power et son importance pour l'Afrique

    03:05

  • Les Soft Power Days : un événement pour célébrer la culture congolaise

    23:34

  • Conclusion et appel à l'engagement pour l'Afrique

    41:39

Description

Comment le soft power peut-il transformer les industries créatives africaines ?


C'est la question à laquelle répond Marien Ngombé, fondateur des Ateliers Citoyens du Congo et initiateur des Soft Power Days.

Au fil de la conversation, Marien Ngombé raconte son parcours, de la finance à l'écriture, et son engagement pour la promotion de la culture africaine.


Le concept innovant des Soft Power Days, qui connecte la diaspora et les acteurs locaux, a pour ambition de valoriser le génie créatif du continent.

Son projet littéraire "Taxi Poto Poto", un recueil de nouvelles qui explore les réalités des villes africaines à travers le regard des chauffeurs de taxi, est un exemple concret de cette démarche.


Une approche qui contraste avec les récits souvent uniformes sur l'Afrique. En effet, on entend rarement les voix des Africains raconter leurs propres histoires. Marien Ngombé, à travers ses initiatives, propose une vision nouvelle et inspirante.


Dans cet épisode du podcast Africa Fashion Tour, Marien Ngombé aborde également les enjeux du financement des industries culturelles et créatives et l'importance du soft power pour le développement du continent. Il nous livre une véritable masterclasse sur le potentiel de la culture africaine.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. On a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo. pays de la rumba congolaise immatriculés à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculés, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie.

  • Speaker #1

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai hésité à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Marianne Gondé. Marianne est le fondateur du cercle de réflexion Les Ateliers Citoyens du Congo. Il est également à l'origine d'un événement appelé Soft Power Days. À travers ces deux initiatives, son ambition est de valoriser les industries culturelles et créatives africaines, et particulièrement celles du Congo-Brazzaville. En 2024, il a supervisé la publication d'un recueil de neuf nouvelles publiées sous le titre Taxi Poto Poto. Chaque nouvelle est écrite par différents auteurs et nous invite à voyager à travers différentes grandes villes africaines. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse présenter son parcours et nous parler de son engagement. Bienvenue, Marien ! Comment vas-tu ?

  • Speaker #0

    Ça va, ça va. Merci Ramata. Ça va et toi ?

  • Speaker #1

    Ça va très bien. Écoute, je suis ravie de pouvoir échanger avec toi aujourd'hui. On s'est rencontrés lors d'un événement sur les industries culturelles et créatives qui avait lieu à Paris il y a quelques mois maintenant. Et puis, à la suite de nos différents échanges, j'ai eu envie de t'inviter pour que tu puisses nous parler un petit peu de ce que tu faisais, notamment par rapport à ton think tank. et par rapport aussi à la littérature, qui me semble un élément important pour un peu changer le narratif sur l'Afrique. Donc, pour commencer en fait cet échange, je vais te demander, comme je le fais avec tous mes invités, de te présenter.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, ok. Alors, je suis Maria Fomengombe, je suis Congolais et j'ai quitté le Congo à l'âge de 15 ans pour venir m'installer en France. Et j'ai une formation en comptabilité et finances et je suis passionné par la culture africaine. Culture dans le sens us et coutumes, j'y puise mon inspiration pour écrire mes livres notamment, et culture dans le sens créativité. Et c'est ce qui m'emmène à créer mon cercle de réflexion et faire différentes actions pour la promotion de la culture africaine. Voilà.

  • Speaker #1

    Très bien. En général, quand on a un profil, on va dire scientifique, financier, mathématique, voilà, aujourd'hui tu es directeur financier, on ne s'imagine pas forcément qu'il peut y avoir une part, tu vois, de hauteur, littéraire. On a tendance un peu à opposer les deux. C'est soit vous êtes littéraire, soit vous êtes scientifique, mais les deux, on n'envisage pas forcément. Moi, ce qui m'interpelle par rapport à ton parcours, c'est que tu as un fort intérêt pour la littérature, tu écris. Et puis, tu as aussi un background en finance. Est-ce que tu peux nous parler de comment tu vis ces deux amours qu'on pourrait considérer comme un histoire ?

  • Speaker #0

    Exactement. Finalement, ça crée un équilibre, j'ai l'impression. J'écris depuis 2011 à peu près. Et à la base, je suis un homme d'image. Au début, je voulais écrire pour faire des scénarios, pour faire des films. Et après ça demande des budgets, différentes choses. Mais j'aime, je suis un raconteur d'histoire. Je suis un storyteller. Et après, c'est très culturel en Afrique. On nous raconte beaucoup d'histoires. On n'a pas forcément les livres que je me souviens en fond. Mais nos petits-frères, nos grands-parents nous racontent des histoires, nous. des histoires qu'on directe au fil de l'instant de l'échange et nous berce comme ça pour trouver le sommeil tout simplement. Donc je pense qu'on a ça en nous déjà, vu notre culture, et ensuite nos études ne nous enlèvent pas ça. Je pense que nous sommes des enfants d'une terre de créativité, donc ça nous accompagne. Et ensuite c'est vrai que les chiffres et les lettres ça va rarement ensemble, donc beaucoup s'étonnent que je sois directeur financier et comptable et que j'écrive à côté, mais je pense que c'est le jeu d'équilibre. J'ai besoin de rigueur, de structure. Donc, je trouve ça dans mon métier. J'ai besoin de créativité aussi, donc je le trouve dans tout ce que je fais par ailleurs. Je ne m'explique pas, mais l'un est qui il est pour l'autre, je dirais.

  • Speaker #1

    Alors, du coup, si on en vient à cet équilibre côté littérature, est-ce que tu peux nous parler de... Voilà, tu évoquais le fait que tu écris depuis 2011. Qu'est-ce que tu écris ? Comment ça a commencé ? Est-ce que dès le départ, tu te dis, voilà, je vais écrire un livre, un roman ? Est-ce que c'est de la fiction ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le côté marien d'écrivain ?

  • Speaker #0

    Alors, comment ça commence ? C'est que je crois que l'éloignement du continent m'a emmené à prendre la plume. Donc, je voulais vraiment écrire des souvenirs. Parce que plus le temps passe, plus les souvenirs deviennent diffus et on oublie beaucoup de choses, beaucoup de belles choses. Donc, je voulais vraiment fixer. sur du papier blanc, une partie de mon enfance. C'est parti de là. Et après, il y a toujours une pudeur. Donc, si le but c'est de se raconter uniquement soi, c'est pas intéressant. Donc on y met un peu de fiction, ça parle à tout le monde, et on se sert aussi de ce que vivent les autres. Donc on vit par procuration ce que vivent les autres. Et tout ça donne le terreau pour pouvoir créer. Donc je suis venu à l'écriture vraiment pour raconter mon enfance. Mon premier ouvrage s'appelle Escales Il parle de voyages. Donc il parle de mon départ de l'Afrique vers l'Europe. Et j'en ai profité pour parler de voyages de différentes formes. Il parle de voyages introspectifs, parce que de questionnement, de qui on est, ça parle un peu de spiritualité. Il parle de voyages physiques, vraiment il y a le personnage qui quitte l'Afrique pour venir en Europe. Il y a beaucoup de moi, mais pas que. Et je dis que les voyages révèlent en fait beaucoup de réalité en Afrique. Quand un enfant voyage, des parents se privent pour l'aider à voyager. Ça crée des inimitiés dans les familles, ça crée de l'envie et aussi de l'enthousiasme vis-à-vis du fait que l'enfant quitte le pays pour aller s'accomplir ailleurs. Donc vraiment, c'était ce désir-là de raconter cette page de mon enfance qui m'a marqué jusqu'aujourd'hui encore. Et c'est pour ça que j'arrive à l'écriture. C'est vraiment ça. Et avec le temps, j'ai un peu élargi mon spectre, mes centres d'intérêt, en tout cas les sujets que je traite. Mais c'est l'envie de raconter mon enfance qui m'emmène à écrire.

  • Speaker #1

    Et cette envie-là... elle te mène directement vers écrire et publier. Comment se passe le fait de vraiment... Parce qu'en fait, des personnes qui ont l'envie d'écrire, il y en a, mais ça reste dans un journal intime ou dans des carnets à la maison. Mais ça ne se transforme pas forcément en publication. Donc toi, comment tu sautes le pas de te dire là, je suis dans une démarche d'écriture pour être publié ?

  • Speaker #0

    En fait, ce qui se passe, c'est que j'en fréquente beaucoup de jeunes à l'époque qui sont publiés, qui sont auto-édités, qui se publient eux-mêmes. Et c'est vrai que c'était la voie la plus facile parce que accéder à un éditeur, c'est pas évident. C'est un parcours de combattant, ça demande de la patience, ça demande d'affilter aussi sa plume, d'avoir vraiment un texte très, très abouti. Moi, j'allais sur un texte modeste, je veux dire, et dans le volume et dans l'ambition. C'était un recueil de trois nouvelles et j'étais impatient de vouloir le partager au monde. Donc j'ai vu, j'ai rencontré des amis qui s'éditaient eux-mêmes. Donc c'était simple, on allait sur des sites. J'oublie des noms, de book edition sans faire de pub par exemple, il y en a d'autres. Il suffisait de mettre son manuscrit. On se faisait corriger avant en trouvant un relecteur. Et après, on n'avait aucun stock, mais le livre était fabriqué à la commande. Donc quand des amis voulaient acheter le livre, ça déclenchait la fabrication et la livraison ensuite. Le délai était long, mais voilà, je voulais avoir, tenir ce livre dans mes mains. Pour moi, c'était un peu rendre hommage à cette enfance-là. Du coup, j'ai osé. Je suis quelqu'un qui aime aller jusqu'au bout des choses. Comment dire ? Un achiever, je crois. Les anglo-saxons disent ça. J'ai voulu faire tout moi-même. Donc, j'ai fait mon auto-édition. J'ai pu avoir des livres. J'ai même commandé des livres que j'avais en stock. J'ai pu faire des rencontres littéraires. Et voilà, c'était vraiment ma petite expérience personnelle. Et j'ai écrit et édité mon bouquin.

  • Speaker #1

    Très bien. Et par la suite, en fait, tu as travaillé sur la publication de Taxi Potopoto. Est-ce que tu peux nous en parler davantage ?

  • Speaker #0

    Oui. Taxi Potopoto, c'est vraiment l'aboutissement de tout un cheminement. Parce qu'après mon premier recueil, j'ai écrit un deuxième recueil de nouvelles. Donc vraiment dans le temps j'évolue. J'avais écrit sur mon enfance, le deuxième recueil j'écris sur la vie en cité universitaire, donc la vie à studentines, qui est très inspirante parce que passer en cité U, ça c'est... comment dire... C'est un passage initiatique avant de devenir vraiment adulte. On vit seul, on gère seul sa vie, même matérielle, enfin. Donc il y a eu le bâtiment A, donc différentes publications avant d'arriver à Taxi Potopoto, et j'ai eu un ouvrage collectif, le premier, qui s'appelait Franklin Insoumis, qui rendait hommage à un chanteur panafricain engagé, et là on avait 16 auteurs, chacun est parti d'une chanson de Franklin Bukaka, et à partir de la chanson a écrit une nouvelle. Donc je dis ça pour dire qu'en arrivant à Taxi Potopoto, je suis déjà un peu aguerri sur l'idée de mener un projet comme celui-là, mais toujours la volonté de raconter l'Afrique. Franklin Bukata racontait une Afrique engagée, on parlait des indépendances. Taxi Potopoto, on veut célébrer nos villes, les contradictions de ces villes, la beauté de ces villes. On voulait qu'il y ait un voyage colfactif, que les yeux soient sollicités, qu'on ait l'impression de humer. ce qui se vend sur les étals du marché à Grandville et ainsi de suite. Donc Taxi Potomoto, c'était vraiment on continue à célébrer l'Afrique, on cherche des auteurs à qui ça parle et on dit à chacun, voilà, chacun est un taximan, chacun choisit une ville et chacun raconte la réalité de cette ville-là. Et ce projet a pu voir le jour grâce à mon éditrice, Muriel Troadec, des éditions Les Lettres Mouchetées, qui a tout de suite accroché, qui a voulu qu'on lance le projet et d'ailleurs, ce projet a amené l'éditrice à créer une collection qui s'appelle... quota qui donnera naissance à d'autres projets similaires. Donc Taxi Poto Poto, c'est vraiment l'aboutissement d'un parcours.

  • Speaker #1

    Très bien. Et du coup, le concept de Taxi Poto, qu'est-ce que c'est exactement ? Pourquoi en fait cette histoire de chauffeur de taxi qui circule dans différentes grandes villes africaines ?

  • Speaker #0

    En fait, je cherchais le personnage vraiment parlant pour inventer une ville. Et j'avais constaté qu'en allant en vacances au Congo, dans d'autres villes africaines, quand on prend un taxi, le taximan souvent c'est le premier qui nous raconte les réalités. Déjà il connaît le prix du carburant, il vous dit comment la vie est chère ou plutôt abordable. Il nous raconte des indiscrétions, de ce qui se passe dans le pouvoir, au sommet de l'État. En même temps des petits larcins, des voleurs qu'il pourrait y avoir, des rumeurs qui courent. Il est au courant de tout. Tout ce qui se passe c'est vraiment une éponge. Et je me suis dit, voilà, moi qui veux raconter l'Afrique, quel personnage serait vraiment le plus à même à le faire, et que ce soit crédible, et qu'il puisse raconter tout, de l'important au détail. Et on s'est dit, je me suis dit, on va aller sur les taxis, et chacun on raconte le cahier des charges. C'est un taximan qui traverse une ville, tu choisis ta ville, et le taximan va être au personnage principal ou secondaire, mais c'est le taxi qui est vraiment, symboliquement je pense que le taximan, à lui tout seul raconte l'Afrique.

  • Speaker #1

    Très intéressant comme concept. Et l'idée aussi, c'est un peu comme Africa Fashion Tour, cette idée de tour de différentes grandes villes, grandes capitales africaines.

  • Speaker #0

    Tout à fait. C'est la même démarche. Parce que finalement, on se rend compte que nos villes ont des mêmes problématiques et certaines doivent inspirer d'autres. Je pense que Dakar, sur sa richesse en termes d'événements culturels, peut inspirer Brazzaville. Mais Brazzaville, par sa créativité musicale, peut inspirer, d'accord. Kinshasa, par le fourmillement de la créativité sur le plan littéraire, Lubumbashi, peut inspirer Libreville. Et finalement, voilà, ces villes se complètent, ces villes se font écho et ces villes ont des destins communs.

  • Speaker #1

    Maintenant, j'ai envie d'évoquer en fait ton cercle de réflexion puisque dans tes engagements à promouvoir un autre narratif africain, à un petit peu bouger les perspectives, disons, Il y a le côté poser un écrit qui permet effectivement de raconter des histoires différentes, raconter les histoires autrement et surtout de faire en sorte d'avoir des auteurs africains qui racontent l'Afrique parce qu'on sait que dans la littérature, on a effectivement de grands auteurs africains. Il y a aussi énormément de voyageurs occidentaux qui ont raconté leur perspective de l'Afrique. Donc ça, c'est une première pierre importante. dans ce que tu fais et dans ce que j'avais envie de partager. Il y a aussi, en fait, le cercle de réflexion, le think tank. Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, il y aurait beaucoup de choses à dire. Oui, le narratif, c'est important. Quand on se raconte nous-mêmes. C'est pour ça que le succès de Nollywood et toute sa cinématographie, même s'il n'y a pas que des films de grande qualité, mais je dis, produisant, produisant, il en restera quelque chose. Il en est le même de la littérature. Aujourd'hui l'accessibilité à l'édition est devenue vraiment... Tout le monde peut sortir des orages. C'est important pour nourrir vraiment. le lectorat. Il faut vraiment qu'on se raconte nous-mêmes. Je suis content, moi, de voir des associations qui prennent le livre de Victor Hugo, de Maupassant, qui ramènent en Afrique pour donner à des bibliothèques. Il faut lire, c'est toujours bien de lire. Mais c'est important parce qu'on pense à nous. C'est un acte engagé, c'est un acte engageant que d'écrire ou de lire. Et c'est pour ça que tout ça est cohérent, parce que quand je crée les ateliers historiques du Congo, l'idée c'est de parler du soft power africain, notre capacité d'attraction. Et le soft power, c'est de dire que par notre culture, on peut non seulement se réapporter notre propre histoire, notre propre narratif, mais aussi derrière créer une richesse. Et c'est pour ça que dans ce qu'on essaie de faire, on essaie de promouvoir des auteurs africains. J'ai fait un événement qui s'appelait Héritage Congo en 2023 avec Bessac de Réflexion, où on avait invité des auteurs du Congo-Bras-la-Ville. Et on aimerait refaire cette édition, cet événement qui soit plus panafricain parce que... Il faut qu'on se raconte, qu'on parle du vaudou, mais qu'on décortique ce qu'il y a derrière le vaudou, qu'on lise Amadou Kourouma qui raconte la Côte d'Ivoire, qui raconte certaines réalités, qu'on lise Soné Laboutensi, qu'on lise Cher Amédoukane, parce qu'effectivement, il faut qu'on comprenne nos réalités propres. Vous savez, vous avez ouvert un sujet, tu as ouvert un sujet vraiment important parce qu'il y aurait tellement de choses à dire dessus. Déjà, on n'écrit pas forcément dans nos langues, donc on est un peu amputé d'un imaginaire, on écrit en français. Mais malgré notre livre en français, notre imaginaire doit s'inviter dans notre écriture. C'est ce que font beaucoup d'auteurs. Quand on les lit, ça peut être en français, l'humour, les expressions nous ramènent à nous-mêmes. Déjà là, on se réapproprie nous-mêmes. Et après, il faut raconter des trajectoires de vie qui sont propres à l'Afrique. L'Afrique a besoin de se connaître. Beaucoup d'Africains, on peut vous dire, une fois qu'ils ont un certain âge, vont en Europe, et les Congolais ne connaissent pas le Ghana, ne connaissent pas le Kenya, ne connaissent pas l'Oganda. alors qu'il faut connaître ces Afriques-là pour savoir vraiment qui nous sommes. Je peux être bavard dessus, j'espère que c'est assez structuré ma réponse, mais je pourrais en dire un moment. La littérature, c'est important, c'est raccourci à notre paratif. Quand on dit littérature, après on passe à la musique. C'est également important pour diffuser notre imaginaire. Et tout ça, ça participe au software africain.

  • Speaker #1

    Oui, mais le but du podcast, c'est justement de te laisser le temps de parler d'Empia. Aucun souci, c'est vraiment ça le principe, c'est d'avoir un temps long pour pouvoir bien dérouler ta pensée. Et les auditeurs, c'est ce qu'ils vont rechercher. On n'est pas sur le temps rapide des bisgronds TikTok ici. Donc, si tu parles beaucoup et tu donnes beaucoup d'informations, et si l'idée, c'est aussi l'idée d'une conversation, donc au contraire, c'est ce que moi, je souhaite privilégier dans notre échange. Tu parles de soft power. Qu'est-ce que ça veut dire ?

  • Speaker #0

    Soft power, donc traduction littérale, pouvoir d'où ? Ça a été conceptualisé par Joseph Nye, qui est un politologue américain dans les années 90, et c'est un concept qui existe depuis la nuit des temps. Donc c'est de dire que les États, souvent une diplomatie officielle, qui fait qu'ils essaient d'exister sur la scène internationale, ils essaient d'attirer des investisseurs, ils essaient de diffuser leurs valeurs et leurs pensées. Aujourd'hui, on sait qu'en termes de soft power, les États-Unis sont très loin. On parle de l'American way of life. Tout le monde se dit que l'Amérique, c'est la terre des libertés, qu'en Amérique, on a toutes les grandes puissances économiques, Coca-Cola, Google, ainsi de suite. Et ça, ça inspire beaucoup de nations, ça influe sur la puissance américaine. Et quand on a parlé de ce champion qu'est les États-Unis, on peut revenir à des nations qui ont pu émerger, qui ont fait ça. Aujourd'hui, vous allez voir le soft power, comment être concret. Regardez le Japon, tout ce que le Japon produit en termes de manga, l'art culinaire japonais, c'est vraiment à la mode et personne ne s'étonne, même les Français, de lire de droite à gauche un manga. Tellement leur culture s'installe de manière insidieuse, c'est ça le soft power. Et quand notre culture comme ça s'installe et qu'elle plaît, quand on prend une position politique qui est discutable, l'opinion internationale, la première réaction est une réaction d'adhésion. Pourquoi ? Parce que derrière, au quotidien, on a réussi à s'installer dans l'esprit des gens de manière positive. Il y a un autre exemple de soft power, par exemple, ça paraît anecdotique. La Chine qui a l'image que Planton a sur le fait qu'elle ne soit pas un pays des libertés, quand elle a commencé à traiter les deux pandas dans le monde entier, Alors, croyez-moi, quand on parlait de la Chine, on parlait de ces pandas. Tout le monde se pamait devant ces pandas, c'était beau, ainsi de suite. Ça a l'air de rien, mais c'est ça de travailler sur son soft power. Donc, dans le narratif chinois, cet exemple des pandas, ça a distillé une image positive quelque part. C'est le software nigérien aussi, du Nigeria, oui, on peut en parler, au niveau de Nollywood. Au Nigeria, on sait qu'il y a beaucoup de guerres, la guerre de Biafra, il y a l'insécurité, tout le monde le sait. Mais le software a permis de déconstruire quelque part le narratif, ou en tout cas d'essayer d'équilibrer l'image que les gens peuvent envoyer. Avec Nollywood, qui est une diffusion importante en termes de nombre de films, qui crée de l'emploi, avec l'Afrobeat, toutes les stars nigériennes, chaque star. Chaque personnalité connue est un ambassadeur de fête du soft power de son pays. Donc, Barnaboy, Chinois HB, Chimamanda Ngonti Adichie, tous ces personnages, toutes ces personnalités du Nigeria participent à améliorer le soft power nigérien. Et c'est ce que nous souhaitons pour le bassin du Congo. Parce que notre engagement, c'est vrai qu'on le circonscrit à cette zone qu'on maîtrise à peu près bien et qui a besoin de travers son soft power, Gabon. L'RADC, le Congo, le Tchad, enfin, les pays du bassin du Congo ont besoin de travailler sur leur soft power. Au Congo, nous avons des réserves, nous avons l'allégorie à dos argenté. Et on a une faune aussi exclusive qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais nous ne travaillerons pas assez à améliorer notre attractivité, parce que cette attractivité permettra déjà aux Congolais de mieux connaître leur pays, et ensuite de créer des richesses. et de plaire au monde entier. Et ça attire des investisseurs, qu'on le veuille ou non. Congo, pays de la rumba congolaise, immatriculé à l'UNESCO, n'ont pas assez célébré ça, n'ont pas assez, comment dire, le fait d'être immatriculé, ça crée potentiellement une attractivité, potentiellement une économie. Voilà. Mais surtout, ce sur quoi elle insiste, le soft power sur lequel nous travaillons en Afrique, en plus de celui des Européens, c'est qu'il permet aux Africains de mieux se connaître. Quand on parle de soft power, on parle aussi de valeur. Donc l'Ubuntu, qui vient de l'Afrique du Sud notamment, qui a été mis en avant par Desmond Tutu. Il y a aussi chez nous le Kimontu au Congo. C'est pareil, c'est une forme de dignité, d'être soi. Vous savez, je vais finir par là, toujours en parlant de soft power. Si on parle de la Chine, on parle des instituts confucius. Il y en a plus de 500 à travers le monde. Et qu'est-ce qui se passe ? Elles diffusent une pensée ancestrale chinoise, et pas qu'elle est chinoise. Et donc la Chine s'installe aussi dans les esprits. Et c'est sur ça qu'il faut que nous travaillions. La France, une grande figure de soft power, a des instituts français, plus d'une centaine à travers le monde. Qu'est-ce qu'il se passe ? Ils financent beaucoup d'événements culturels, mais ils ont un droit de regard sur les productions culturelles qui sont financées. Donc, ce n'est pas fait de manière insidieuse. C'est un acte politique en soi, beaucoup bénéficie de subventions. Tant mieux, mais sachez que la créativité est quelque part bridée, parce qu'elle n'est pas financée par l'Afrique elle-même. Il faut que nous travaillions à trouver des financements pour tout cela. Donc, mieux se connaître, travailler sur notre créativité et aller à la conquête du monde grâce au Soft Power.

  • Speaker #1

    Du coup, toi, tu organises un événement qui s'appelle les Soft Power Days et avec une volonté de vraiment aussi créer un pont entre la... Une communauté congolaise qui est en France et peut-être même à l'étranger, en dehors du Congo-Brazzaville, et également en direct la population du Congo. Est-ce que tu peux nous parler de cet événement ?

  • Speaker #0

    Oui, les Softplores Days ont été créés en 2020. On va aller sur la cinquième édition. Le but était de célébrer le génie congolais, donc parler du software, de l'attractivité du Congo. Et nous sommes dits... Pour cet événement-là, nous allons faire une partie conférence, mais avec des acteurs locaux. Il y a de nombreuses personnes en Afrique qui font des choses qui ne sont pas interconnectées, qui ne sont pas toujours valorisées. Donc nous avons dit conférence autour des industries culturelles et créatives. On a invité des acteurs, des financeurs, des acteurs, des écrivains, des éditeurs et autres influenceurs qui ont fait des panels pour échanger. Vraiment, on voulait mettre la lumière sur ceux qui font des choses localement. Et les Soft World Days, c'est une conférence, mais toujours en marge de la conférence, il y a une activité. Donc on fait parfois des kermesses où on vend du Made in Congo. On fait des scènes ouvertes où on invite des artistes congolais à prester. Et parfois, on a même fait un concours entrepreneurial autour d'industrie culturelle et créative sur le meilleur projet. On a fait gagner 500 000 francs CFA. Tout ça est de l'ordre du symbole. Mais vraiment, tu l'as bien dit, on essaie d'être le pont entre... ceux qui sont dans la diaspora, donc à travers le monde, et ceux qui sont restés sur le continent. L'Afrique ne s'en sortira que si ce bridge-là est réellement construit de manière probante et qu'il se passe des synergies entre ceux qui sont ici et ceux qui sont là-bas. Nous avons souvent des financements et ils ont plus d'affaires d'activité, ils sont au fait des réalités locales. Donc il faut aussi travailler sur ça. C'est un peu ça les Soft Power Days. Une fois qu'on a fait Aboraza, on a aussi fait un événement parisien des Soft Power Days, où on a invité ceux de Paris. Donc on va sur la cinquième édition. À chaque fois, on a pris des thèmes autour des ICC. On a parlé aussi de cinéma, de musique, différentes choses. Et ce que j'aimerais faire sur 2025, donc j'en profite pour l'annoncer, c'est faire... L'équivalent d'un Soft Power Days mis à Paris n'est pas un africain. On va l'appeler la journée du Soft Power africain, avec vraiment quelques pays africains à l'honneur, pour parler de diplomatie, de culture, de musique. Ce sera en juin. Et les Soft Power Days voient là un peu l'esprit. On le fait chaque année. Et la cible, c'est vraiment laisser les talents, libérer les énergies localement, et inviter les pouvoirs publics à se réveiller sur l'or, à réaliser une somatise sur de l'or.

  • Speaker #1

    Alors, tu me... offre une parfaite transition à travers ton engagement et ton parcours de financier d'un côté et profiter d'un fort intérêt pour tout ce qui est lié à la culture. En termes d'investissement, moi j'ai pu constater que les investisseurs, quand on leur parle d'agriculture, quand on leur parle de money, donc le mobile money, la fintech, il va y avoir, et je parle d'Afrique, il va y avoir un intérêt, il va y avoir des fonds, mais on parle de culture, c'est un peu le parent pauvre, en fait, c'est pas forcément considéré, on a l'impression que c'est un peu de l'entertainment, et c'est pas forcément les industries sur lesquelles aujourd'hui les investisseurs sont prêts à se positionner, et du coup, c'est parfois relégué à des associations. On a un peu un côté, on va chercher une subvention. aider un projet, on va chercher un soutien, mais on n'est pas dans une dynamique de en fait, c'est un business, et donc on va chercher un investisseur qui va, comment dire, prendre des parts à une initiative qui va se développer et qui va faire des petits Quel est ton avis sur cette question-là ?

  • Speaker #0

    C'est un vrai sujet, parce que ce problème, nous le rencontrons en Afrique, mais aussi en Europe, parce que les gens n'ont pas compris la réalité du business autour des ICC. Par contre, il y a le cabinet EY qui a fait un rapport, je crois c'était fin 2020, qui montrait bien que les industries culturelles et créatives rapportaient plus au PIB français que l'industrie automobile. Donc je pense que ce n'est pas à négliger. Alors, une fois que j'ai dit ça, je dois préciser quelque chose. Les ICC, c'est au moins 10 secteurs. La pub, la littérature, les médias, l'art visuel, la musique. Et j'en passe. C'est quand même 10 secteurs qui font que ces secteurs aient ce poil. Après, quand on parle de l'Afrique, il y a des réalités. Je veux dire qu'au Congo, le cinéma n'a pas encore l'essor du cinéma nigérien. Mais au Congo, la production musicale pourrait être soutenue. Maintenant, comment soutenir toute cette industrie-là ? C'est là tout le problème. Les C7.3 souffrent du même mal que tout business. Il y a des pays où le climat des affaires n'aide pas à l'investissement. Quand il y a des lourdeurs administratives, il faut créer une société. Si c'est vrai pour une société qui veut faire de l'import-export, c'est encore plus vrai pour une société dans les ICC. Maintenant, ce qu'il faut faire, c'est essayer de réfléchir à des modèles. Il faut impliquer l'État. C'est un secteur tellement particulier qu'il faut impliquer l'État parce que ceux qui se lancent dans les ICC, souvent, sont dans l'informel, ne connaissent pas leur secteur. Ceux qui sont dans l'import-export, souvent, sont quand même au fait des réalités. Ils savent un peu mieux comment structurer. Le problème, c'est que les créatifs ne sont pas des entrepreneurs. Et au niveau des ICC, c'est ce qui se passe des fois, souvent. C'est-à-dire que l'artiste veut tout faire, alors qu'il y a d'autres métiers. Celui qui fait de l'import-export, il y a une société qui est créée, il sait où il s'approvisionne, il sait comment trouver la manière de distribuer ses produits. Il a une politique de prix adaptée à la concurrence. Il y a différentes choses qui sont des règles du commerce, du business, qui sont facilement appréhendables. Pour l'artiste, souvent, on n'a pas compris qu'il y a beaucoup de métiers. Il faut que l'artiste comprenne. Je donne un exemple. Il y a des managers, il y a des tourneurs. Quand ils vont sur l'ingénieur de sang, il y a le producteur. Une fois que ces métiers sont définis, ça aide aussi à structurer. Ça aide l'investisseur à avoir un interlocuteur qui comprend. Souvent, l'investisseur vient et en face, il a un artiste. Le pauvre, lui, est l'artiste. Il est loin du business. Donc déjà, il faut que cette cartographie de métier soit clarifiée et comprise. Et ensuite, il faut qu'on forme des gens dans ces différents métiers-là. Chaque homme va savoir être à sa place et ça aidera le business. C'est la première étape. Et après, il y a un fou éduquer les gens. Moi, j'ai vu des... des personnes qui s'intéressent vraiment à la flic, qui investissent. J'ai participé à des colloques. Et c'est vrai que quand on parle de culture, c'est un peu la partie RSE, c'est de l'aide, c'est de l'argent sur lequel on n'attend pas de retour. Il faut structurer. L'industrie musicale, par exemple, le branding marche très bien. Je veux dire que si il n'y a pas beaucoup de streaming pour certains artistes, et beaucoup de marques de boissons et autres, ça colle à l'image d'artiste et ça fait des revenus. Et pour la marque, indirectement, on booste les ventes. Et pour l'artiste, il faut repenser le modèle économique. Mais il faut du travail dessus. Mais actuellement, c'est une industrie qui marche. Les industries de bouche et de divertissement, ça marche. Mais il faut savoir s'organiser pour le faire.

  • Speaker #1

    Du coup, si je comprends ce que tu dis, c'est plus un enjeu de vraiment connaître toute la filière, toute la chaîne et pouvoir... Comment dire ? organiser et finalement être au fait de présenter un business model qui soit performant, qui va manquer, sinon en fait tous les ingrédients sont là.

  • Speaker #0

    Oui, tout est là, mais il faut structurer la filière. Il faut la structurer, il faut... En fait, les investisseurs en face, ensuite ils comprennent, ils ont une cartographie claire. Sinon, il n'y a pas... Il faut des chiffres, il nous faut de la data. Les consommateurs, comment ça se fait, ainsi de suite. Le secteur informel est toujours très difficile à structurer. Il faut travailler à trouver des agrégats qui s'adaptent à nos réalités africaines. Et ça marchera. Une chose qui marche, par exemple, ce sont des concerts. Ça, c'est très simple. Le nombre de ventes des billets, on le voit. Quand on voit un artiste comme Fali Poupa, les salles qu'il remplit, Axel Raid n'a jamais rempli des salles comme ça. Je n'ai rien contre elle. Mais c'est pour dire que de manière factuelle, ça marche. Il fait une rumba africaine. Et c'est pareil pour d'autres formes d'art. Il faut juste qu'à un moment donné... Une fois qu'on a eu ces exemples forts, parce qu'il y a des personnalités fortes qui peuvent inspirer, on peut l'appliquer à des artistes de moindre importance. Je l'aurais de même pour la littérature. Exploder la littérature africaine, qui fait qu'on présente nos écrivains à des prix littéraires, parce que les prix littéraires boostent les ventes. Celui qui gagne le Goncourt aujourd'hui, deux semaines après, on voit bien que ses ventes grimpent. Ce n'est pas dit que c'est dans l'absolu le plus bel ouvrage de l'année. Forcément l'un des meilleurs. Mais voilà. C'est pour ça qu'il y a des éditrices comme Muriel Troidec, je parle encore d'elle, quand il y a des auteurs africains qui l'éditent, elle présente quasiment tous les prix possibles, ces ouvrages-là, et ça aide. Donc encore une fois, c'est une histoire de méthode aussi, et de travailler sur la mise en lumière. Je sais des gens à Medigamec, qui a eu le prix des Afriques, qui est en couronnelle de Brazzaville, c'est un prix quand même symboliquement fort, grâce au fait que Muriel Troidec ait proposé son ouvrage. à des prix. Si vous éditez un livre, par exemple, on ne vous propose à aucun prix. Il a beau être bon, vous aurez des derniers lectorats, mais il n'y aura pas le rayonnement attendu. Quand on a un prix comme ça, on est invité à des colloques internationaux, à porter la voix d'une certaine littérature. Et dans notre sillage, il y a des auteurs forcément, ou de la maison d'édition, ou des auteurs qui ont la sensibilité de ce qui est le prix, qui profitent de cette mise en lumière. Et c'est ce travail-là qu'on arrête de travailler en silo. Il faut qu'on travaille en synergie. Ça aussi, c'est un souci. Même dans les ICC. C'est pour ça que nous, parfois quand on fait des soft powers, je vois un acteur qui rencontre un réalisateur. Et ensuite, ils discutent, ils trouvent un terrain d'entente pour faire un business ensemble. C'est très bien. Mais si on a beau être talentueux, chacun reste dans son coin, on fera que des petites choses. Pour faire grand, on doit faire ensemble. Et c'est pareil pour le business. Donc tout ça, ça participera aussi à ce que des investisseurs viennent, ils voient que c'est structuré, mais ils ont envie de mettre de l'argent au pot. C'est tout simplement ça. Après, on peut s'organiser aussi par différentes formes de financement, chercher de la love money, faire du crowdfunding, ou nous-mêmes essayer de... de chercher parce qu'il y a une réalité aussi, ça on contourne un peu le fait qu'on n'ait pas des financements mais c'est vrai que la coopération internationale met des fonds à disposition pour des projets et des festivals qui naissent en Ile-de-France qui sont entièrement financés par la coopération internationale donc faudrait peut-être aussi prendre l'argent là où il y a l'argent, le temps qu'on se structure réellement peut-être aller prendre de cette façon là des subventions et autres mais derrière quand on a ces fonds là structurer le business Parce que les subventions, tu en parlais, ça permet de se lancer, mais après, on peut devenir autonome. Il y en a qui ont commencé comme ça, qui ont eu des festivals après, qui sont devenus importants et autonomes financièrement. Mais il y a un travail de synergie, de structuration du business. Ça prend du temps, mais il n'y a pas de raison que ça ne marche pas.

  • Speaker #1

    J'ai envie de revenir sur ton point, sur cette notion de, effectivement, produire son âme, pour après essayer de se positionner sur... tous les prix possibles et donc être accompagnés pour connaître, parce qu'il y a aussi des règles et des procédures à savoir pour se présenter à un prix. Et si on n'est pas sachant du sujet, on ne va pas savoir comment on a besoin de la feuille de route. Maintenant, moi, quand je regarde ça, mon point, c'est que c'est souvent des Africains qui vont vers la reconnaissance d'une institution occidentale. Et aujourd'hui, est-ce qu'il ne manquerait pas des prix ? africains, des institutions africaines qui vont soutenir les industries culturelles et créatives africaines. Alors, on le sait, forcément, un prix Goncourt ou autre, ce sont des institutions reconnues internationalement qui, comment dire, forcément, il vaut mieux aller viser ce prix-là, je le conçois, mais est-ce qu'on n'a pas aussi un travail à faire à se challenger, à se dire on n'aura pas tout de suite la notoriété du Goncourt, mais il faut un prix Zangor, il faut un prix, mais qui serait des prix africains, en fait.

  • Speaker #0

    Je suis absolument d'accord. Hier, j'étais au Salon du Livre Gabonais, on en parlait justement, je disais, ce n'est pas normal que dans la salle il y ait 10 éditeurs et qu'on se plaigne du fait que le Salon du Livre ait disparu parce qu'on avait une zone afrique dans ce Salon du Livre. Et aujourd'hui, le Salon du Livre africain existe, c'est au mois de mars, c'est un bel événement qui est porté par la mairie du 5e, mais encore une fois, ce n'est pas porté par les Africains. Moi, je te rejoins absolument. J'aimerais ici tirer le chapeau à un prix qui existe créé par une camionnaise. et qui s'appelle la scène littéraire, qui existe au moins depuis 7 ou 8 ans, elle fait un travail monstre. Et ça, il faut reconnaître que c'est important, même en termes de symboles, en termes d'indépendance. Et en parlant de storytelling, ça passera aussi par là, qu'à tous les niveaux, qu'il y ait, en plus de ce que proposent les Européens ou les Américains, ce que font les Africains, ce même pour les Africains, je suis absolument d'accord. Mais tu sais c'est quoi la réalité ? C'est qu'on se trouve dans une forme de complexe, il faut le dire. Et j'ai, pour exemple, un monsieur, je t'en jeterai le nom, qui sort un ouvrage bientôt, qui a été accompagné par un Africain pour le publier. Et sur la fin du projet, une maison d'édition française le contacte. Pas forcément une très grande maison, je comprendrais que ce soit une grande maison et que, voilà, la question ne se pose pas forcément. Bref, une maison modeste, mais il y a ce complexe-là, que quand on s'amène à l'Occident, c'est sûrement plus structuré, c'est mieux. On souffre de cela et ça c'est vraiment des stigmates sur la colonisation et je ne sais trop quoi. Il faut travailler dessus et c'est ça encore ce storytelling à déconstruire. Et malheureusement c'est ça, parce qu'on pourrait, et ça arrive souvent, des projets qui sont montés modestement, qui pourraient aboutir et finalement, qu'il y a choc parce que l'un a une opportunité, en Europe je crois que c'est forcément mieux. C'est pour ça que je parle d'engagement. La culture c'est une histoire d'engagement. Si on met ensemble le besoin de créer un business, de créer de la richesse, avec en plus l'engagement, on aura des gains modestes au début, mais à terme, on fera des choses qui marqueront l'histoire. C'est ça, mon ambition. Et je n'arrête pas d'essayer à mon niveau. Moi, j'édite aussi. Je n'ai pas les moyens d'éditer un grand nombre d'ouvrages par an ou à forte production. Mais je vais m'associer avec d'autres maisons d'édition. Je salue... La Perle Noire et Notre Baisant des Étymaux, j'ai croisé hier, j'oublie le nom, qu'on fasse ensemble, ne serait-ce qu'un ouvrage adhérent, avec une vraie identité visuelle de la première de couverture, une rayure de qualité. C'est ça que nous voulons finalement, qu'on ait de la qualité, et sur l'aide du rang, on réussira à faire en termes de quantité.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton point sur le fait de s'associer avec différentes structures, initiatives qui ont un intérêt commun et qui peuvent être plus fortes. Il y a ce célébranage Seul, on va vite, ensemble, on va plus loin Est-ce que tu penses que sur ce sujet-là, on est suffisamment mature ? J'ai l'impression que chacun travaille un peu en silo et qu'on a du mal à… En tout cas, je peux le voir dans la mode, il y a de belles initiatives. qui sont menées par des entrepreneurs et des initiatives individuelles. Mais quand il est question de dire comment est-ce qu'on regroupe les uns et les autres, parfois ce qu'on peut constater, c'est que ce n'est pas évident de réunir tout le monde autour d'une table sur ce qu'on peut faire ensemble et comment.

  • Speaker #0

    Ce n'est vraiment pas évident. Moi, j'ai publié en 2011, je disais... J'ai fait beaucoup de conférences, j'ai participé à beaucoup de panels où cette question revient. Donc à mon niveau, ça fait déjà plus de dix ans qu'on dit la même chose. Et je me dis en fait, faisons le mal, mais faisons-le. C'est-à-dire que moi, quand je crée une structure, je dis souvent aux nouveaux adhérents, j'ai dit écoutez, c'est la première année, dans trois ans, cette effectivité sera renouvelée au moins de moitié. Et moi j'en ai conscience. Sentez-vous à l'aise. Quand ça ne vous parle plus, vous partez, mais en reste des frères et des amis. souvent on a du mal à faire cette dichotomie là ça peut ne plus marcher dans le business et on reste des amis mais il faut qu'on fasse ensemble, définitivement et j'allais dire les autres sont ensemble d'autres communautés d'autres D'autres générations ont fait ensemble. Même quand on prend en Afrique. Moi, je peux vous dire que dans les années 60-50, il y a eu une forme de solidarité. Moi, je vois des gens qui faisaient des choses ensemble, ça ne marchait pas, et ainsi de suite. Avec le temps, il y a quelque chose qui s'est installé. On a tous un égo important. Dès qu'on fait le même toit ramata, le fait que tu fasses ça, tu dois te dire que ton podcast, tu estimes qu'il y a un intérêt à ce que les gens l'écoutent. Donc, il y a déjà de l'égo. Mais l'égo, ce n'est pas négatif en soi. Il faut savoir l'utiliser. L'ego c'est un moteur, ça aide à surpasser les difficultés, à faire face. Une fois que l'ego nous a aidé à faire cela, il faut savoir le taire pour après servir l'intérêt commun. Moi le premier c'est pas toujours évident, parce que j'ai un certain caractère, mais je sais m'effacer à un moment donné pour la cause. C'est en fait ça le sujet, savoir s'effacer pour la cause. Et oui c'est dur, mais il faut essayer. Quand on ne peut pas avec des gens ressortissant de son pays, il faut élargir l'Afrique entière. Peut-être qu'avec un Ethiopien, on pourra le faire. Et il faut que chacun accepte d'avoir une expertise. Nous, quand on a créé les ateliers citoyens du Congo, on a abordé tous les sujets. Aujourd'hui encore, on peut aborder tous les sujets. Mais on s'est dit, il faut qu'on ait un domaine de prédilection. Donc ce sera les ICC et le soft power. C'est important d'avoir un couloir dans la vie. On ne peut pas tout embrasser. Quand on a un couloir, on s'associe à d'autres qui ont d'autres couloirs. Et puis après, on peut faire des marathons gagnants, je pense.

  • Speaker #1

    Très bien, je te rejoins tout à fait là-dessus. Donc toi, en termes d'actualité, tu nous as déjà donné une information en avant-première par rapport à l'organisation d'un événement à Paris, la journée des soft powers, c'est bien ça ?

  • Speaker #0

    Ça va, la journée des soft powers africains, au mois de juin, et tu es convié. J'espère que tu interviendras.

  • Speaker #1

    Maintenant que c'est en ligne, je ne peux pas dire non en fait. Une invitation se fait en direct, ben écoute, avec plaisir. Est-ce qu'il y a d'autres ouvrages sur lesquels tu es en train de travailler en termes de littérature ? Quels sont, en dehors de cet événement-là, les autres projets sur lesquels tu travailles ?

  • Speaker #0

    Comme ceux qui font beaucoup de projets, j'ai beaucoup de projets en chantier. Parmi les plus aboutis, il y a cet événement de juin qui est assez structuré. J'écris actuellement un ouvrage sur le sport africain. Je n'ai pas beaucoup de temps, donc j'aimerais le terminer cette année pour pouvoir le relire et le sortir peut-être en 2026. A part ça, il y aura en septembre des Soft Power Days, encore, en juin la journée des Soft Power africains, et on sera en Côte d'Ivoire au mois de mai pour une rencontre équivalente autour de la culture africaine. Et en termes d'ouvrage, je vais éditer les billets d'humeur de Noveli, qui le recueillent de ma petite sœur, qui est la deuxième édition, et je dois sortir des autres ouvrages. À mon niveau, voilà un peu les projets. Il y en a d'autres, mais voilà les projets les plus aboutis. Et j'ai créé un after work qui s'appelle La suite dans les idées, où je veux justement aider à ce qu'on travaille de moins en moins en silo. Donc cet after work, je vais réserver des surprises forcément, parce que les projets n'est pas vraiment des interactions.

  • Speaker #1

    Très bien. J'entends de tout ce que tu dis que tu es un homme occupé, puisque tout ce que tu racontes là, c'est en parallèle d'un poste de directeur financier. Voilà, je me calme. C'est un job à temps plein, ce n'est pas un side job que tu as et un job à responsabilité. En termes d'organisation, comment tu arrives à tout mener de front ?

  • Speaker #0

    Vraiment, ce n'est pas évident parce que mes amplitudes d'horaires sont assez importantes. Il y a des semaines que je finis à 21h tous les jours. Mais je crois que ce qui me permet de faire tout ça, c'est que mes enfants sont assez grands. Donc ça va, ils sont assez autonomes et surtout je suis passionné. Et je me rends compte que je travaille ma pause déjeuner, je n'arrête pas de travailler sur mes projets. Donc je cale des calls pour avancer sur des projets liés à mon cercle de réflexion. La difficulté, c'est l'écriture. Pour écrire, il me faut du temps. Donc là, j'ai peu de temps, j'y arrive pas. J'écris généralement quand je suis en congé, en vacances, la trame de base de l'ouvrage. Au fil de l'année, je pique des instants pour écrire. Mais pour le reste, je pense être hyper actif. Je n'arrête pas d'être dans la production, dans le travail. Je pense que c'est ne rien faire qui me rendrait malade.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, c'est intéressant de souligner ce point-là parce que moi, je peux me retrouver à être un peu comme toi sur différentes activités. Et... Parfois, j'ai des personnes en face de moi qui me disent mais attends, comment tu fais ? et qui sont limite inquiets pour moi. Et d'avoir d'autres profils qui sont dans cette même organisation, c'est vrai que c'est la passion et l'organisation qui font qu'on n'a pas ce sentiment d'être submergé au contraire. Et si on n'avait pas finalement ce qui peut être considéré pour certains comme une coupe pleine, pour nous, c'est plutôt… Je ne dirais pas un minimum, mais en tout cas, c'est un niveau d'activité qu'on sait qu'on peut gérer.

  • Speaker #0

    Normal. Mais même quand des fois, on essaie de se reposer, mais c'est peut-être la même chose pour toi, ton cerveau, il ne s'arrête pas. Des fois, tu te dis, je fais une pause, je fais une sieste, et tu continues à réfléchir à une idée. Le cerveau ne s'arrête pas. Donc, moi,

  • Speaker #1

    de moi. J'ai arrêté de penser, en fait. Il y a des activités où je me dis, bon, ça, tu peux faire ça en même temps que tu regardes Netflix, mais je n'arrive pas à faire repos complet. Quand je me dis, attends, là, la création de contenu sur les réseaux... Tu peux le faire en même temps que. Donc bon, c'est un pause entre un truc stratégique beaucoup plus complexe, mais effectivement lâché complètement. Attends, je vais regarder ce documentaire. Comme ça, je vais user dessus. Il y a toujours une optimisation de mon temps, comment je l'utilise pour que ça contribue à faire bouger tout ce que je suis en train de mettre en œuvre. Et ce qu'il faut préciser aussi, c'est que du coup, il y a une partie de ces activités-là. Moi aussi, on m'a déjà dit, attendez, quand tu fais tout ça, du coup, tu ne te rémunères pas. Et du coup, après, c'est d'expliquer, il y a un business model derrière, mais effectivement, il faut mettre les premiers jetons pour qu'ensuite, la machine, elle tourne. Et ça aussi, ce n'est pas forcément quelque chose avec lequel il y a aussi, je dirais, un côté. On a tellement vu de succès story qui nous paraissent être arrivés rapidement. Oui,

  • Speaker #0

    puis souvent, l'histoire est biaisée sur les success stories. Souvent, on ne nous raconte pas tout. On ne nous dit pas que, bon, il a été aidé par un tel, chacun crée sa success story. Rien à voir pour rigoler. Moi, je suis passionné de... Certaines figures m'intéressent, politiques notamment, de Fidel Castro. La légende dit qu'il a fait son coup d'État contre Batista, et donc il a pris le grand mal, le radeau. Là, ils étaient 10. C'est une légende. On ne peut pas prendre les légendes dans la lettre. On peut peut-être 10 pour renverser un pouvoir, mais voilà le storytelling. Qu'est-ce qu'on dit ? On retirait, ils étaient 10, il a réussi, le Ausha a pris le front de je ne sais où, un tel a attaqué Cuba. C'est le storytelling de chacun. En fait, il n'y a rien qui se passe si on n'a pas un effort qui est important, constant, et puis il faut mettre de son temps, de son argent. Et encore une chose, pour ceux qui sont un peu dans cette situation, c'est qu'il ne faut pas attendre l'adhésion de ceux qui sont forcément les plus proches. Ce n'est pas méchant. C'est-à-dire que... Vous avez une compréhension d'une réalité qui est assez particulière. Donc des fois, ton frère de 100 ne viendra pas soutenir. Mais le pauvre, c'est tellement particulier, il ne faut même pas l'en vouloir. Et un autre truc que j'ai compris aussi pour nous aider, c'est faire des plannings. Et ça, c'est grâce au monde des ACC, je comprends ça, ça n'a l'air de rien. Moi, je fais un tableau Excel de ma semaine, je passe les rendez-vous, ça libère un peu quelque chose dans l'esprit. Parce que des fois, ça me fait beaucoup cogiter en se disant, il faut que je fasse ci, il ne faut pas que j'oublie cela, ainsi de suite. Faire des plannings, ça... Ça... pèse, donc faisons des plannings au maximum. Et toi, Ramatat, tu as l'air beaucoup plus organisé que moi, mais moi, ça m'a aidé.

  • Speaker #1

    En fait, je ne sais pas comment tu es organisé, donc je ne sais pas du tout dire. Mais en tout cas, si on arrive à produire des choses, c'est qu'à un moment donné, nous aussi, en termes de storytelling, mon storytelling fait que tu as l'impression que je suis très bien organisé. Ah oui,

  • Speaker #0

    bien joué. Pas mal.

  • Speaker #1

    Très bien. En tout cas, encourager ceux qui auraient envie d'entreprendre une initiative et d'arriver à se dire qu'il y a une période qui peut être un temps long de comment on se prépare, comment on organise. Tout à l'heure, tu parlais de chacun doit prendre un couloir et on peut être plusieurs à gagner un marathon. Mais le marathon, ça commence par faire le tour du pâté de maison. On n'attaque pas les 42 kilomètres comme ça du jour au lendemain. Oui,

  • Speaker #0

    je suis d'accord.

  • Speaker #1

    faire un kilomètre, faire un kilomètre bien puis ensuite on ajoute au fur et à mesure et c'est vrai que parfois on a vraiment ce côté non mais moi je me vois au marathon de Paris, au marathon de New York franchir la nuit, arriver on pense vraiment au résultat sans penser à tout le travail qu'il y a en amont pour pouvoir et que ça se fait dans un temps et ça c'est vrai c'est important pour moi de le mettre en avant surtout quand on est sur cette industrie culturelle et créative... sur lesquels il y a peut-être parfois un côté superficiel de je rêve de prendre le micro, de recevoir le prix Donc il y a beaucoup de gens qui font ça pour un peu le fast. Et tout ce qu'il y a avant à mettre en œuvre, à organiser, tous les sacrifices, la détermination et l'insilience, on n'en parle pas suffisamment, on parle directement du résultat. Et moi, j'aime bien aussi mettre… les choses en perspective et aussi être dans la réalité. Ça prend du temps, ça ne va pas être facile. Et ça peut être trois ans et cinq ans d'investissement avant d'avoir, comment dire...

  • Speaker #0

    Le résultat. C'est bien de le dire. Que les gens ne nous agissent pas. Franchement, ça peut être long.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et que les gens qui vous disent, voilà, j'ai débarqué et tout de suite j'ai gagné. Quand on creuse un peu l'histoire, comme tu le disais, on va se rendre compte que la personne, ça fait dix ans qu'elle bosse. Elle a une réussite qui s'est faite en un jour, en réalité, il y a dix ans de travail derrière. C'est ça,

  • Speaker #0

    exactement. C'est l'histoire du bambou chinois. C'est le bambou qu'on arrose pendant quatre ans, qui ne sort pas de terre, mais au bout de quatre ans, qui pousse à une vitesse vertigineuse. J'aime bien cette métaphore, la métaphore du bambou chinois. Il y a tellement de travail non visible. Et quand on commence à voir une personne, on se dit, ça fait un an que je le vois sur les eaux, il a tout pété. Et tu le vois sur les eaux depuis un an, mais ça fait quinze ans qu'il bosse sur le sujet. C'est ça le truc. C'est ça la question.

  • Speaker #1

    Eh bien, écoute, moi, je suis ravie d'avoir pu échanger avec toi, que tu nous partages, en fait, ces notions d'industrie culturelle et créative et de soft power qui, pour moi, sont réellement les sujets sur lesquels, demain, l'Afrique va pouvoir prendre sa place et vraiment arriver en numéro un. Et ce sera le fruit d'un travail de longue haleine. Et je vois plusieurs initiatives dans la musique, dans la littérature. de réflexion où il y a vraiment une diaspora qui se rapproche de plus en plus des communautés sur le continent pour aller créer des actions concrètes et je vois de plus d'associations qui se retrouvent d'un pays à un autre, d'une communauté à une autre. C'était intéressant pour moi de te donner la parole pour que tu puisses parler de ce que tu fais et pour que les auditeurs certains puissent se dire comment on rejoint, comment on intègre, comment on participe au Soft Power Days, comment on participe à un After Work. Est-ce qu'on va lire Taxi Boto Boto ? L'idée, c'est de se dire, voilà, il y a plein d'initiatives sur lesquelles on peut se retrouver et puis faire avancer ensemble et faire bouger le narratif africain.

  • Speaker #0

    Absolument. Merci beaucoup. Vraiment, ça participe à atteindre cet objectif-là de diffuser tout ce qu'on a de meilleur et inviter les gens à s'engager, à s'engager au réunement de l'Afrique et à travailler, à faire ensemble. Donc voilà, j'invite les gens à... à venir sur les pages des ateliers citoyens du Congo, ACC officiel, et sinon je suis très actif sur les réseaux sociaux aussi, Marian Fonigombe. Donc merci beaucoup Ramatha, et vraiment, continuons à faire ensemble, et continuons à porter haut le continent.

  • Speaker #1

    Très bien, je mettrai en note de l'épisode en fait, les liens vers tes différentes initiatives et tes réseaux sociaux, afin que les auditeurs puissent se connecter. Et je te dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Speaker #0

    Super, à bientôt. Ciao, ciao.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez lister un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction au Soft Power et à la culture congolaise

    00:00

  • Présentation de Marianne Gondé et de son parcours

    00:43

  • Exploration de l'écriture et de la littérature africaine

    01:48

  • Le concept de Soft Power et son importance pour l'Afrique

    03:05

  • Les Soft Power Days : un événement pour célébrer la culture congolaise

    23:34

  • Conclusion et appel à l'engagement pour l'Afrique

    41:39

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