- Fatouma Allele Bally
Bon, moi je ne vous cache pas que c'est plutôt ces marques, j'ai eu beaucoup de chance, elles m'ont contacté aussitôt. Dès que j'ai ouvert le concept store, elles m'ont contacté. Et comme je les suivais sur les réseaux sociaux, on s'est quand même remarqué, on s'est apprécié et choisi les marques qui ont le goût. Le goût du détail, c'est incroyable. Quand je reçois un vêtement, la première chose que je fais, c'est le retourner et regarder, mais alors les moindres petits détails. Et là, quand je vois qu'il y a le souci du détail, que le souci du détail est bien respecté, là, je peux rentrer en contact avec vous, essayer de voir, OK ? Et selon, parce que ma clientèle aussi, il faut apprendre à connaître sa clientèle et les goûts.
- Ramata
Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité Merci. trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai assisté à ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Fatouma Alelebaï, la fondatrice de Concept Store, Inez Concept Store. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son profil et également de la genèse de ce projet de Concept Store et de son développement à Bamako, au Mali. Bienvenue Fatouma, comment allez-vous ?
- Fatouma Allele Bally
Bonjour Amata, je vais bien, merci. Merci pour l'invitation.
- Ramata
C'est un plaisir pour moi de vous avoir aujourd'hui sur le podcast Africa Fashion Tour. Moi, ça fait un moment que je suis le compte Instagram Inas Concept Store et ça fait aussi un moment que j'ai plusieurs créateurs qui me disent pour trouver ma marque, il faut aller à Bamako dans le Concept Store Inas. Et donc, je me suis dit, bon, j'ai fait des interviews de créateurs, mais je n'ai pas eu l'occasion de faire des interviews de fondateurs de Concept Store. Et c'est quelque chose qui me tenait à cœur, puisque dans l'écosystème de la mode, c'est important d'avoir les créateurs, mais c'est important aussi d'avoir des alliés, des supports, des appuis qui participent à la promotion, la distribution des collections. Donc c'est ce dont on va parler aujourd'hui. Mais pour commencer l'interview, je vais vous demander de vous présenter comme je le fais avec chacun de mes invités.
- Fatouma Allele Bally
Et plaisir partagé Ramata. Écoutez, ça fait chaud au cœur de savoir que les créateurs vous disent aller à Bamako retrouver mes créations. Ça fait vraiment plaisir. Voilà, je suis Fatouma Alilibali, donc nigérienne d'origine, malienne de cœur. Et africaine, je dirais, tout simplement, parce que j'ai vécu dans pas mal de pays d'Afrique. J'ai grandi, j'ai quitté le Niger à l'âge de 10 ans. Donc, j'ai passé mon adolescence à Abidjan, où j'ai obtenu mon bac. Après quoi, moi, je suis partie en France. J'ai fait des études de langues étrangères appliquées à l'Université de sciences sociales de Toulouse. mais État l'africaine que je suis, je n'ai pas voulu rester plus longtemps. Je suis rentrée au Niger, où j'ai retrouvé mes parents, qui étaient rentrés après avoir fait le tour du continent, entre Dakar, Abidjan, Dakar, Conakry, Lomé, Cotonou. Je suis revenue au Niger, après je me suis mariée, après je suis repartie, et je suis revenue au Niger. Donc déjà au Niger, en fait, j'ai vécu quand même un laps de temps au Niger. Et j'avais ouvert à l'époque un atelier de couture. J'avais fait venir des tailleurs. J'étais venue à Abidjan chercher des tailleurs, parce que les tailleurs ivoiriens, franchement, ils ont beaucoup de talent. Je les ai ramenés à Niamey. J'ai essayé du mieux que je pouvais. Et j'avais franchement toute la clientèle à l'époque de Niamey. La clientèle qui pouvait s'offrir des vêtements bien confectionnés. Les soucis du détail et tout, mais ça n'a pas marché parce que vous savez, les tailleurs, quand vous portez dans votre dos, ils essaient de récupérer les clients. Et donc, j'ai dû fermer malheureusement, mais cet amour pour la mode, je l'ai depuis toujours en fait. Et je savais qu'un jour ou l'autre, je finirais dans la mode malgré cette mauvaise expérience. Mais bon, les expériences, c'est toujours bon, vous savez, ça vous fortifie, ça vous fait aller de l'avant. Donc voilà. Et quoi ? Donc, le temps est passé, je me suis mariée, j'ai eu des filles, j'ai quatre filles. Et ma fille aînée, Sarah, qui vit aujourd'hui en Afrique du Sud, est une féru de mode aussi. Après ses études universitaires, son master 2, elle est rentrée à Bamako où elle m'a retrouvée. Donc, elle travaillait dans le système des Nations Unies. Mais elle a fait entre-temps une formation dans une école de mode de Londres. Et à son retour, elle m'a dit « Maman, on peut faire quelque chose » . Et moi, il se trouve qu'au fil de mes voyages, j'ai vu un peu les concept stores. Et je disais « Tiens, pourquoi pas un concept store ? » Et je commençais à m'intéresser à la mode africaine, à tous ces créateurs avec lesquels je travaille aujourd'hui. J'ai dit « Bon, c'est quelque chose qu'on peut voir de près » . Donc avec l'aide de Sarah. On a commencé à regarder et mon mari a fait l'acquisition d'un centre commercial à Bamako, donc avec de très grandes boutiques, très belles boutiques. J'ai dit tiens, on peut faire quelque chose avec ça. Donc on a choisi une boutique assez spacieuse, lumineuse. On a commencé à en parler. Elle a commencé à faire des petits reportages sur la boutique. posté sur les réseaux sociaux. Et là, la première styliste, créatrice qui m'a contactée, c'était Hélène Dabat de S.O.A. Donc l'aventure a commencé avec Hélène Dabat. Et de fil en aiguille, j'ai eu Diarra Blue, de Diarra Blue. Après, tout le monde a commencé à venir. Et c'est comme ça que c'est parti, tout bêtement. Voilà.
- Ramata
Très bien, merci pour cette présentation extrêmement riche. Ça laisse présager un épisode passionnant. Moi, j'ai envie de revenir un peu sur les débuts. Ce que vous expliquez, c'est que vous avez toujours eu une passion pour la mode. À travers vos études et vos différents voyages, a priori, ce n'est pas forcément le secteur d'activité dans lequel vous aviez travaillé au départ. Vous avez un traitement dans la mode ou rien à voir en termes d'études ou en termes de travail ?
- Fatouma Allele Bally
Non, rien à voir en termes d'études ou de travail. C'est quelque chose que j'ai toujours aimé, en fait. Mon premier voyage, je me rappelle, au Japon, j'avais quoi ? La vingtaine. Donc mon mari, sachant que j'aimais beaucoup la mode, m'a amenée dans des usines de tissus parce que j'aimais les tissus. On revenait toujours avec des tonnes de magazines de mode. Et il me disait toujours, mais c'est pas possible, ça pèse des kilos tes affaires-là. Mais je les ramenais avec moi et je suivais. Je faisais que ça en fait. Et dans cette usine qu'on a été visiter, ils m'ont offert pas mal d'échantillons de tissus que j'ai ramenés avec moi et que j'ai gardés parce que j'avais peur comme les abîmes. Et voilà, je ne sais pas d'où c'est parti cette histoire, mais ça a toujours été en moi. Et ma fille aussi, comme je vous dis, ma fille aînée, Sarah, pareil. Elle payait ses études dans une école à Londres qui lui ont coûté cher. Moi, je lui dis, écoute, tu termines tes études d'abord, après tu fais ce que tu veux. C'est ce qu'elle a fait. D'ailleurs, très bien. Après, donc, son Master 2 en Chine, elle est partie dans cette école de Londres. Et puis, bon, voilà, elle est revenue à Bamako. Elle m'a dit, bon, maman, il faut que tu fasses quelque chose. En fait, elle m'a un peu poussée aussi. Elle, il se trouvait qu'elle avait déjà fait un petit voyage à Dakar, donc elle avait repéré ces marques, Sofatu, Elendaba, Soa, qu'elle connaît, en fait. Un peu aussi, Radijaba, l'artisan. Donc, elle leur a dit, bon, maman, voilà, on a ce projet-là avec maman, on veut faire quelque chose. Et dès qu'elle est rentrée, elle m'a dit, maman, on commence. J'hésitais, en fait, j'hésitais beaucoup. Elle m'a dit, t'as le local, bien situé. assez spacieux, on peut commencer. Donc, elle a commencé à communiquer. En fait, elle m'a presque obligée à commencer. Moi, j'hésitais. Je ne vous cache pas que j'étais hésitante. Je me disais, est-ce que ça va marcher ? Est-ce que ça va marcher ? Est-ce qu'on est prêts encore pour un concept ? Parce que c'est quand même le premier à Bamako. Les gens ne le connaissaient pas. Et c'est comme ça que je me suis lancée dans cette affaire. Et je n'ai jamais regretté, d'ailleurs. Très bien.
- Ramata
Donc, c'est vraiment la passion qui vous a guidée.
- Fatouma Allele Bally
Oui.
- Ramata
Et du coup, ce que vous évoquez, c'était l'idée tout de suite de faire un concept store. Et vous parlez bien du soutien. C'est un peu une entreprise familiale quelque part, parce que vous parlez... Beaucoup de vos maris ou de votre fille qui ont vraiment insisté pour que vous lanciez cette initiative ensemble. Est-ce qu'il n'y avait pas aussi un projet de créer sa propre marque ? Ou est-ce que vous, dès le départ, vraiment ce qui vous intéressait, c'était plutôt la dimension concept store distribution ?
- Fatouma Allele Bally
Oui, moi, ça a toujours été ça, la dimension concept store distribution. Et mettre en lumière, en fait, ces créateurs qui ont beaucoup de talents et qui ne sont pas connus. Et ça, je l'ai fait. J'ai pris une jeune créatrice ghanéenne qui a beaucoup de talent, Radiance Bainadra. Elle était timide, elle est venue me voir à la boutique. Aujourd'hui, je vous garantis que c'est une des marques que je vends le mieux. Les finitions sont parfaites. Elle n'était pas connue. Mais là, aujourd'hui, elle m'a dit, grâce à vous, les gens m'appellent de partout. Parce que j'ai vu le talent en elle. Très timide et je suis la mettre à l'aise et la faire aller de l'avant. Aujourd'hui, je vous garantis que ce qu'elle fait, c'est incroyable. Le travail qu'elle a fait, les finitions sont nickels. Les tissus sont parfaits. Même, j'étais à Alger, j'ai fait une vente éphémère, parce qu'à chaque fois que je fais quelque chose, on me dit « ramène des pièces » . Et c'est les pièces que j'ai le plus vendues à Alger. Ma propre marque, j'ai voulu la développer, comme je vous ai dit, en faisant venir des tailleurs. Mais ça s'est très mal passé. Donc, c'est quelque chose qui m'a découragée. J'ai dit, bon, tu laisses tomber et tu essaies de faire connaître les autres. Et c'est ce que je fais le mieux, d'ailleurs. Je sais mieux vendre les marques des autres que la mienne. Peut-être, si je l'avais faite, je ne sais pas. Je ne sais pas. Je n'ai pas voulu insister. J'ai dit, bon, ça n'a pas marché. On passe à autre chose. Voilà. C'est comme ça.
- Ramata
Très bien. et du coup donc c'est Quelque part, votre rôle, c'est un peu un rôle d'ambassadeur, en fait, de vraiment être là pour promouvoir différentes marques. Au niveau de la sélection, ce que je comprends, c'est, voilà, il y a votre fille qui avait fait un voyage au Sénégal, qui connaît en fait des créatrices et fondatrices de marques. Vous avez évoqué Sisters of Africa. Moi, j'ai eu l'occasion d'interviewer Marie-Madeleine, l'une des sœurs de Sisters of Africa, d'écrire des articles sur la marque. La marque Sofato aussi, la fondatrice, j'ai eu l'occasion de l'interviewer aussi. Donc, c'est vraiment des marques qui sont connues, bien implantées et qui ont dans leur stratégie vocation à être présentes dans différentes capitales de la mode en Afrique. Comment vous faites ? Donc là, on sent que la sélection s'est faite un peu de manière organique à travers des rencontres. Quels sont vos critères pour sélectionner les marques en fait ?
- Fatouma Allele Bally
Bon, moi je ne vous cache pas que c'est... Plus tôt, ces marques, j'ai eu beaucoup de chance. Elles m'ont contactée aussitôt. Dès que j'ai ouvert le concept store, elles m'ont contactée. Et comme je les suivais sur les réseaux sociaux, on sait quand même, on sait remarquer, on sait apprécier et choisir les marques qui ont le goût. Moi, j'ai le goût du détail, c'est incroyable. Quand je reçois un vêtement, la première chose que je fais, c'est le retourner. Et regardez, mais alors les moindres petits détails. Et là, quand je vois qu'il y a le souci du détail, que le souci du détail est bien respecté, là, je peux rentrer en contact avec vous, essayer de voir, OK ? Et selon, parce que ma clientèle aussi, il faut apprendre à connaître sa clientèle et les goûts. Donc, je sélectionne selon les goûts de mes clientes, OK ? Et là, donc, ce que je fais le mieux, c'est commander. Je vais sur leur... Salara Je commande. Quand je reçois les pièces, je regarde. Et quand ça ne va pas, il m'arrive de retourner certaines pièces. Et elles comprennent tout à fait. Elles comprennent franchement, elles sont très coopératives. On est devenu d'ailleurs une grande famille. Toutes ces dames avec lesquelles je travaille, même les messieurs, Pélébé en Côte d'Ivoire, un petit clin d'œil à Zach, que j'aime beaucoup, Elie, qui ne travaille pas du tout avec les concept stores, mais qui m'a fait confiance, qui m'envoie des pièces extraordinaires, Adam à Paris. que j'ai connue aussi comme ça par le plus grand des hasards à Dakar. On s'est parlé vite fait, elle m'a dit tu m'attends, je suis à Paris, je rentre et puis on se voit. Elle est venue et tous ces gens sont venus à Bamako. Ils se sont déplacés pour venir faire les ventes éphémères à Bamako. Et comme je vous dis, c'est devenu une grande famille aujourd'hui. Quand je vais à Bijan, je les appelle, on déjeune ensemble, on mange ensemble, je les visite. J'ai assisté à trois fashion week d'Adam à Paris. et j'ai assisté à la... première Fashion Week de Ellie. C'était en fin 2024. Et franchement, tout se passe très bien. Je sélectionne, je choisis mes pièces. Je choisis les coloris, les pièces, tout. Et moi, franchement, c'est le souci du détail qui m'importe. Et c'est pour ça que les gens vous disent, vous cherchez des pièces uniques, des pièces bien exécutées, allez à Inas Concept Store. Ce que ça me coûte, c'est beaucoup de travail. Je vous ai garanti que des fois, je peux travailler jusqu'à 1h du matin. Et même mon mari, des fois, il me dit, mais tu es plus avec ton téléphone qu'avec nous. Les clientes peuvent m'appeler à toute heure. Je ne ferme pas mon téléphone. Et c'est comme ça que ça marche. Donc, il y a une relation de confiance qui s'est installée entre nous. créateurs, mes clients. Et franchement, ça se passe assez bien. Ça se passe bien, je dirais.
- Ramata
C'est une belle façon, en tout cas. On sent que c'est quelque part une forme de fédération. Vous parlez de famille, c'est le fait de travailler ensemble en bonne intelligence qui fait que ça peut être un succès. Ce que vous évoquez aussi, c'est que vous avez parlé plusieurs fois de vente éphémère, notamment à Alger. Vous parliez d'un voyage à Alger. Mais vous avez aussi dit qu'ils viennent à Bamako quand vous faites des ventes éphémères. Donc, est-ce que vous pouvez expliquer un petit peu ce concept ?
- Fatouma Allele Bally
Alors, les ventes éphémères, c'est quoi ? On les fait, moi j'en faisais jusqu'à 3-4 par an. C'est booster en fait les ventes de ces créateurs. J'invite un ou deux en même temps. Je le fais venir à Bamako et il s'amène avec sa dernière collection. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On l'organise sur deux jours, en général les week-ends. Les vendredis et samedis, on clôture l'événement toujours avec un cocktail. Et donc les dames, ça leur fait une sortie en plus, vous savez. Elles viennent, on fait le cocktail, elles échangent avec le créateur, ce qui n'est pas rien aussi. Donc elles ont en face d'elles Elie, le grand Elie. Bon voilà, je viens, Adama elle est là, Zach est là, Pélébé est là, Sofatou est venu, Hélène Dabat est venu, Ali Abaré est venu. Franchement, on a eu tout ce monde à la boutique, ce qui n'est pas rien, vous voyez. Je pense que tout le monde n'a pas cette chance que nous, on a eu à Inaz Concept Store. Comme je vous ai dit, Elie n'a pas de représentation dans les Concept Store. Le seul Concept Store dans lequel il envoie ses vêtements, c'est Inaz. Et je vous garantis qu'avec la plupart de ces gens, je n'ai pas de contrat écrit. La confiance, elle est là. On travaille comme ça. Donc ces événements, moi je les organise. J'ai fait le musée d'Inaz il n'y a pas longtemps. c'était au mois de juin de l'année dernière, il y a un an, j'ai demandé à toutes ces grandes maisons de couture de m'envoyer des pièces uniques. Et c'est à cette occasion qu'Elie s'est déplacée pour venir à Bamako. Ils m'ont envoyé leurs plus belles pièces, on a mis sur des mannequins, on a raconté l'histoire des vêtements qui étaient exposés, et j'ai eu du monde. Et comme je vous ai dit, on finit toujours par un cocktail qui réunit tout le monde. Et franchement, tout le monde était ravi. et les gens attendent toujours de vous ce genre d'événement vous voyez, parce que ça leur fait une sortie. Et donc c'est quelque chose qu'on a initié aussi à INAZ, que personne ne faisait auparavant. Ça nous coûte ce que ça nous coûte, mais moi franchement, je vous dis c'est un truc que je fais, c'est pas pour gagner de l'argent, on ne gagne pas de l'argent dans ça. Parce que ça vous prend votre temps, ça vous pompe votre énergie et tout, mais je le fais avec plaisir. Parce que ces gens, j'ai appris à les connaître, comme je vous dis, c'est devenu une famille pour moi. Donc, moi, mon plus grand plaisir, c'est de faire connaître leur marque. Et je ne compte pas pour ça. Enfin, je ne compte pas mes sous, je le fais. Je fonce tête baissée. Voilà.
- Ramata
C'est un bel engagement. Vous parliez des clientes, en fait, qui viennent à ces cocktails, ça leur fait une sortie, elles ont l'opportunité de rencontrer les créateurs. Est-ce que vous pouvez parler un petit peu du profil des différents clients, en fait, du concept sort Inase ?
- Fatouma Allele Bally
Bon... Je ne peux pas dire que c'est un profil bien défini. J'ai de l'avocat à la femme d'intérieur qui ne travaille pas, mais qui aime. Vous savez, les femmes en Afrique sont très élégantes, elles aiment s'habiller. Il y a toujours des cérémonies de mariage, de baptême. Elles ne comptent pas aussi pour bien s'habiller, les femmes africaines. Elles investissent beaucoup dans les vêtements. On fait des bijoux également. Je travaille avec Imara, ces jeunes dames qui ont beaucoup de talent, qui sont au Sénégal, qui font des choses magnifiques. Donc, des bijoux modernes. Je travaille avec Dine aussi, Dine Djivoulri. Je crois qu'elle est installée aux États-Unis, Madina, qui fait de très belles choses. Donc, on a habitué ces dames qui étaient... À l'époque, elles ne portaient que des bijoux en or pour aller dans les cérémonies. Mais aujourd'hui, elles ont vu qu'il y a du potentiel, des bijoux fabriqués en Afrique. emplacés or et qui restent en fait. Le prix de l'or aussi a tellement monté qu'aujourd'hui, voilà, elles préfèrent acheter ces pièces-là qui sont très bien exécutées. Franchement, non mais, ils ont du talent ces artisans, ces créateurs, franchement. L'Afrique a beaucoup de talent. Donc on a appris à ces dames à porter autre chose que de l'or. Aujourd'hui, elles viennent choisir leur tenue et elles choisissent les bijoux en même temps et les chaussures aussi. Je travaille avec une jeune dame qui est installée en France. Paulelle, qui fait de très belles chaussures en cuir, des sacs aussi, des sacs à main, tout cuir. Et voilà, donc elles choisissent leur tenue, on les aide, parce qu'en même temps, on les aide, en fait, selon leur... Enfin, quand la cliente s'amène, elles ont aussi besoin de conseils. C'est pour ça que quand je suis pas là, c'est un peu compliqué. Pourtant, j'ai une fille qui est très bien, Mariam. Mais elles disent toujours, Madame Bali n'est pas là, elle ne rentre qu'en parce que je les habille de la tête au pied, je les aide du mieux que je peux. Cette couleur vous va, cette tenue pour telle cérémonie, vous ira. Pour un cocktail, voilà ce qu'il vous faut. Et le sac qu'il faut à côté, la paire de chaussures, les bijoux. Donc voilà, elles se sont habituées à mes conseils et des fois quand je ne suis pas là, c'est un peu compliqué. Mais on arrive toujours à s'en sortir parce qu'on fait des fois même des appels vidéo quand je ne suis pas à la boutique. Et je choisis avec elle et je regarde les essayages. Et voilà, donc la clientèle, je ne peux pas vous dire qu'il y a du tout en fait. Il y a du tout. Comme je vous ai dit, les Africaines sont des femmes très élégantes et qui savent mettre l'argent, s'habiller en fait.
- Ramata
Donc, ce que je comprends, c'est que votre rôle au niveau du concept store, ce n'est pas seulement... Alors, ça va être toute une partie de sélection des pièces, mais ça va aussi être un rôle un peu de personnel styliste, en fait, de vraiment être là pour conseiller en détail la cliente. Et aujourd'hui, vous avez créé un lien qui fait que la consommatrice, elle va même être en... Comment dire ? Elle va être demandeuse de vos conseils pour s'assurer qu'elle va avoir le bon look.
- Fatouma Allele Bally
Exactement. On en est là. Je vous dis, on fait des appels vidéo quand je ne suis pas là. Des fois, je suis à la maison, je suis à la bourre, je suis en retard. Maria, elle m'appelle et me dit, bon, il y a telle cliente qui est là. OK, on met la vidéo. Faites-lui essayer telle robe. Bon, ça ne va pas, ça. Donnez-lui celle-là. Et puis voilà, OK, celle-là, elle est parfaite. Bon, maintenant, on passe aux bijoux. Et puis comme ça, de fil en aiguille, oui. La plupart du temps, ça se passe comme ça. Bon, il y en a qui arrivent et qui ne veulent pas trop qu'on les importe. Oui, oui, non, moi je suis venue pour... On a une cliente, elle ne vient que pour Sofatou. Elle se reconnaîtra. Moi, je ne veux que du Sofatou. Je dis, OK, voilà le Sofatou. Elle choisit ce qui est toute seule. Mais pour la plupart, elles ont besoin de mes conseils. Pour la plupart.
- Ramata
Très bien. Et au niveau des clientes, la boutique, elle est située à Bamako. Donc, j'imagine qu'il y a une grande partie de la clientèle qui vient du Mali. Il y a aussi des ventes éphémères que vous faites en dehors de Bamako. Vous avez parlé d'une vente éphémère. Alger, mais est-ce que ça vous est arrivé d'en faire dans d'autres pays, dans d'autres villes ?
- Fatouma Allele Bally
Ah oui, j'en ai fait pas mal à Abidjan. J'ai fait une vente privée pour les fins d'année, l'année dernière, dans le local d'ailleurs de Sofatou, Abidjan, rue Desjardins. Elle m'a dit, écoute tata, j'ai une boutique là-bas, pourquoi tu vas aller chercher, tu vas louer une boutique ailleurs ? Je te mets à ta disposition là. Une partie de ma boutique et les vendeuses sont là. Effectivement, ça s'est très bien passé sur deux semaines. Et beaucoup de clientes. Vous savez, à Abidjan, pour les fêtes de fin d'année, vous avez toutes les clientes. Les gens viennent de partout pour fêter à Abidjan. Donc, j'ai retrouvé des clientes de Bamako, d'ailleurs. On a vu Inaz. Avec plaisir, elles nous ont retrouvées là-bas. On a fait de très belles ventes. Ensuite, ça a été chez une amie qui a organisé une vente privée chez elle. Une amie très chère que j'avais connue à Bamako. Le mari a été muté à Abidjan, il a organisé une vente privée autour d'un thé chez elle, avec des amis, ça a très bien marché. J'en ai fait trois à Abidjan quand même, courant 2024. Moi à Dakar, ce n'est pas possible parce que tous les dizaineurs sont à Dakar. Faire une vente privée à Dakar, non. Mais à Abidjan, ça marche très bien. Et j'ai des projets pour la fin 2025, fin d'année 2025 à Abidjan. Oui, une grande vente éphémère. Et là, comme je vous ai dit, j'allais à Alger et mes nièces m'ont dit, « Mais tata, tu ramènes des pièces avec toi parce qu'il y a beaucoup de demandes. » Elles commandent beaucoup à Bamako, elles portent beaucoup les vêtements de nos créateurs. Et ce que j'ai fait, à la dernière minute, j'étais ici à Paris, j'ai fait envoyer des pièces de Bamako, d'Abidjan, que j'ai amenées avec moi à Alger et c'est parti. Mais alors, comme ça, tout est parti. Parce que les Algériens aussi découvrent la mode africaine de l'Ouest. Ils apprécient beaucoup.
- Ramata
Est-ce que, du coup, avec le succès de ces ventes éphémères dans différentes capitales, est-ce qu'il y a une volonté peut-être de créer d'autres concept stores Inas dans d'autres pays que le Mali ?
- Fatouma Allele Bally
Oui, peut-être. Dans un proche avenir, peut-être. Pas dans plusieurs pays, parce que ce n'est pas évident. Là, pas perasserie et tout. Ce n'est pas évident. Peut-être dans une ville, je me dis que si je dois le faire, ça sera à Bidjan. Parce que j'ai un pied à terre à Bidjan, désormais. C'est ma ville, j'y ai grandi et je la retrouve avec plaisir. J'ai de très bons souvenirs de la Côte d'Ivoire. Et donc je me dis, peut-être que si je dois ouvrir un second concept store, ça sera à Bidjan. Parce qu'à Dakar, non, il y en a trop à Dakar. Et d'ailleurs, tous les créateurs ont des boutiques à Dakar. On pignon sur rue à Dakar, donc ce n'est pas possible là-bas. Par contre, à Abidjan, ça peut le faire. Mais c'est surtout la paperasserie le problème. En Afrique, c'est ça notre problème. S'installer, ce n'est pas évident.
- Ramata
Ça fait vraiment partie des déchets, en fait, de pouvoir un peu s'exporter dans d'autres pays. Effectivement, Abidjan serait un choix assez judicieux par rapport à... aux ventes éphémères qui ont déjà été réalisées, qui ont été un succès. Du coup, parmi les personnes qui connaissent Inas, il va y avoir forcément des gens qui sont au Mali, mais aussi des gens à l'extérieur. Et donc, au fil de nos clientèles, vous allez avoir, j'imagine, des personnes issues de la diaspora, des personnes qui sont basées en Afrique, peut-être aussi des expatriés ou des personnes qui ne sont pas forcément africaines d'origine, mais qui sont consommatrices.
- Fatouma Allele Bally
Oui, j'ai eu pas mal d'experts. J'ai eu des Italiens, vraiment des clients fidèles à Inas Concept Store, des Italiens, des Américains aussi. Je ne citerai pas de noms qui m'ont beaucoup aidé. Franchement, des Américains qui m'ont beaucoup aidé, qui ont porté mes pièces aux États-Unis, qui ont amené des clients à chaque fois qu'ils avaient des amis de passage à Bamako. Allez visiter Inas Concept Store, vous allez, et puis de l'Afrique aussi du sud, j'en ai eu beaucoup. De ce côté de l'Afrique, du Rwanda, d'ailleurs j'ai une amie du Rwanda qui me demande de venir faire une vente, du Burundi. Ah oui, j'ai pas mal de clients de tous ces pays-là. Autant d'Europe, la diaspora, et les Européennes aussi, j'en ai eu pas mal. Oui, j'en ai eu pas mal. Et qui continuent à commander d'ailleurs de loin. Oui, donc voilà. Et ces gens m'ont beaucoup aidée, ont beaucoup parlé de Inas Concept Store dans leur pays d'origine. Et des fois, j'ai à la boutique des gens qui viennent, des dames qui viennent et qui me disent « Ah, j'ai été recommandée par une telle, j'ai vu de belles tenues sur elle, elle m'a dit qu'elle les a achetées chez vous, ici au Mali. » Donc voilà. Et à l'époque, j'avais des clientes qui sont rentrées aujourd'hui chez elles de Burundi qui venaient pour un après-midi habiller toute la famille. Elles faisaient des appels vidéo de la boutique, les parents choisissaient, les soeurs, les cousines. Franchement, c'est que du bonheur, que du bonheur. Et avec celle-là aussi, on a créé des liens. Comme je vous dis, c'est devenu, même mes clientes, c'est devenu des... En fait, c'est devenu une grande famille. Même de loin, elles continuent à acheter. J'aime bien ce concept de famille que vous répétez parce qu'il y a le côté, il y a la famille avec les créateurs, mais il y a la famille également avec les clients. Et à chaque fois, vous avez réussi à créer des liens authentiques et solides. Donc, ce que vous évoquez, c'est que vous avez été recommandé et donc, il y a des gens qui connaissent la marque. Mais j'imagine aussi qu'en termes de stratégie de communication, notamment sur les réseaux sociaux, il y a un certain nombre de choses que vous avez mises en place pour faire connaître Inès Concept Store. Est-ce que vous pouvez parler un petit peu de la manière dont vous travaillez la communication ?
- Ramata
Alors, j'ai un bon petit community manager que j'appelle mon fils, Djibril Améga. Je lui fais un clin d'œil. Il est vraiment très, très actif sur les réseaux sociaux. Il communique beaucoup. Et moi aussi, je ne suis pas très calée dans ce... Mais je sais, je poste des story-to-story au quotidien, à tel point que quand je n'en fais pas du tout... Mais qu'est-ce qui se passe, Madame Bali ? On ne vous a pas entendue aujourd'hui, on ne vous a pas vue et tout. Donc, tous les jours, je communique sur mes voyages, sur ce que je fais en fait. Ils ont besoin de savoir ce que je fais au quotidien. Mais Djibrila, franchement, il est bon, il est excellent. Il fait bien son boulot. Et d'ailleurs, tout le monde l'apprécie, je l'appelle mon fils. Parce qu'il est jeune, il est à l'âge de mes filles. Il est toujours là quand je fais les ventes, quand je fais les événements. Il est là et il fait du mieux qu'il peut pour faire connaître Inaz. Donc on communique beaucoup. Autant lui que les filles, ma co-gérante Mariam. Je fais un petit clin d'œil à Mariam parce que c'est elle qui tient la boutique aujourd'hui. Moi, je bouge beaucoup. Je voyage énormément, mais Mariam tient d'une main de faire la boutique. Et je n'ai que de bons retours. Par rapport déjà, parce qu'elle a pris le relais. Elle sélectionne aujourd'hui. Elle a pris à mes côtés. Elle sélectionne, elle choisit. Tout le monde me dit, mais Mariam, elle est parfaite. Et d'ailleurs, c'est elle qui m'apaise un peu, parce que moi, des fois, je suis un peu, vous savez, les clientes aussi, des fois, on en a des... Enfin, c'est pas toujours évident. Alors, quand je m'énerve, c'est elle qui me... Bon, madame, vous me laissez faire, vous êtes fatiguée. Mettez-vous de côté, je vais gérer. Elle est d'une douceur extraordinaire. Donc, Mariam, merci pour tout ce que tu fais à Inaz Concept Store. C'est une de mes filles aussi. C'est toutes mes filles. Et d'ailleurs, j'ai vu une fois une dame poster sur Instagram, parler d'Inaz. Elle a présenté ses tenues. Elle dit, je vous recommande la Tata. Elle est très gentille. Ça fait chaud au cœur, ça. Parce que je communique beaucoup avec elle. Je communique énormément avec les clientes. Dès que vous franchissez le sol de la boutique, Mariam vous accueille et moi, je prends le relais. Et elles sont vraiment à l'aise. Elles aiment ça. C'est important aussi en même temps. Quand les gens viennent acheter une pièce, c'est des pièces qui coûtent des fois assez cher pour les cérémonies. Alors, on est obligé de donner quand même toute notre attention. Enfin, même pas obligé, moi je le fais avec plaisir, ce n'est pas une obligation, je le fais avec plaisir. Et quand ça ne va pas, je dis à la cliente, non, moi je trouve que ça, ça ne vous met pas en valeur. Et elles écoutent. Donc côté communication du Brilamega, franchement, bravo à lui. Ce jeune homme, il assure. Et moi aussi, je vous ai dit, j'ai commencé, et là je ne peux plus m'arrêter. Dès que j'arrête, on me dit « Qu'est-ce qui se passe, Tata Fatouma ? Vous êtes où ? On ne vous a pas vu aujourd'hui. »
- Fatouma Allele Bally
Effectivement, c'est une communication efficace de tous les instants et c'est aussi un rapport de proximité que vous avez su créer avec votre audience qui fait que les gens… C'est un peu un prolongement de l'expérience en boutique. Et d'un point de vue logistique, ce que j'entends, c'est qu'aujourd'hui… certes la boutique est à Bamako, mais vous faites des ventes éphémères, donc il faut faire acheminer la marchandise, que ce soit à Abidjan ou à Alger. Quand vous avez des clients à l'international, il faut être capable de les livrer aussi. Comment est-ce que vous vous organisez d'un point de vue logistique pour pouvoir gérer cette partie-là, qui elle aussi doit être un enjeu assez costaud en fait ?
- Ramata
Exactement, très costaud. Mais je suis aussi tissée des liens très étroits. Avec les GP, je travaille avec des GP très efficaces, Amadou Dia au Sénégal, Bassirou Dia, qui sont devenus aussi des membres de la grande famille Inaz. D'ailleurs, ils m'envoient des fois des messages. Ah oui, Madame Bali, j'ai une jeune créatrice qui vient de commencer. Je dis Amadou, c'est bon, ça suffit, j'en ai au moins une vingtaine, vingt-cinq. Il faut déjà gérer cela, OK ? On se calme. Abidjan, pareil. Donc, on a tous les bons GP. En fait, aujourd'hui, en Afrique, ils sont tellement bien organisés que vous pouvez envoyer des vêtements partout. On en a envoyé au Canada, aux États-Unis. Ils sont vraiment efficaces. Donc, voilà. En fait, ils nous aident beaucoup aussi, ces GP. Énormément. Ils font bien leur boulot, franchement. Je tiens à les saluer, d'ailleurs, pour ça, parce que c'est du sérieux. Là aussi, on a pu tisser des liens de famille, pareil.
- Fatouma Allele Bally
Très bien, donc c'est vraiment un pilier solide, parce que c'est clair qu'il faut un client satisfait en boutique, il faut aussi que la personne qui achète à distance, elle puisse se sentir sécurisée sur le fait qu'elle va recevoir son article dans un délai relativement court et puis dans des conditions parfaites. Donc là, vous avez mis ça en place. Moi, j'ai envie de revenir un petit peu sur la boutique, le concept store. Vous parliez de 25 marques. Comment ça s'organise en termes de merchandising ? Parce qu'il faut réfléchir à la manière dont on dispose les différentes marques. Et puis, est-ce qu'il y a des marques qui disent, moi, je vais être devant, moi, je ne vais pas être à côté de celle-ci ? Comment est-ce que vous gérez, en fait, l'harmonie dans la boutique ? Parce que quand on a 25 marques, il faut quand même arriver à créer quelque chose d'harmonieux. En général, c'est ça la force des concept stores, c'est d'avoir l'œil pour... proposer quelque chose d'harmonieux, de joli, offrir la meilleure expérience au client et en même temps s'assurer qu'on donne à chaque marque l'opportunité d'avoir un espace pour bien s'exprimer.
- Ramata
Bon, franchement, je n'ai pas de problème du style. Je ne veux pas être à côté de celle-ci ou celle-là, non. Avec ces dames ou avec ces messieurs, non. Je n'ai jamais eu ce genre de problème. Moi, je vais vous raconter une petite anecdote. J'ai fait une vente privée avec Jacques Pélébé qui est venu à Bamako. Et je l'ai vu, ce monsieur, vendre des vêtements d'autres marques qui ne sont pas la sienne. Ah oui, quand une cliente rentrait, il disait, bon, madame, voilà, ça c'est du Alia Baré, elle fait de belles choses. J'ai dit, mais ça, qu'est-ce qu'il me dit ? Mais c'est comme ça. C'est comme ça qu'il faut travailler, il faut s'entraider, il faut s'entraider les uns les autres. Et je l'ai vu, d'ailleurs, vendre plus de vêtements d'autres marques que la sienne. Bon, nous, qu'est-ce qu'on fait ? Il n'y a pas de marque, on essaie de toutes les mettre en valeur. Donc qu'est-ce qu'on fait ? On a des mannequins et ça roule en fait. Aujourd'hui, les quatre mannequins, on les habille à Damapari. Deux jours après, on fait porter du amour de tunique, après ça sera SOA. Bon, on les met toutes sur les mêmes pieds d'illégalité quand même. On essaie du mieux qu'on peut, donc de valoriser toutes en même temps. Mais je n'ai jamais eu de problème du genre. je ne veux pas être avec celle-ci parce que ce n'est même pas possible ça. Moi, le designer, le créateur qui commence à me dire je ne veux pas être à côté de celui-ci ou de celle-là, là, je vais réfléchir plus de dix fois avant de continuer avec. Parce que pour moi, tout le monde est pareil. Comme je vous dis, j'ai commencé à travailler avec une jeune styliste du Ghana et qui aujourd'hui a sa place parmi les plus grands. Elle n'était pas connue il y a un an, mais aujourd'hui, elle m'a dit que tout le monde m'appelle de partout. Elle a un travail bien soigné, elle fait bien les choses, de beaux coloris, de beaux designs. Et aujourd'hui, elle a sa place parmi les plus grands, vous voyez. Donc, on essaie du mieux qu'on peut, on les met tous sur le même pied d'égalité. Moi, je n'ai pas de préférence pour tel ou tel. Une fois que je vous ai accepté, ça veut dire que vous êtes à la hauteur. Donc, je dois vous mettre sur le même pied d'égalité que les autres. Et c'est comme ça que ça doit fonctionner. Et donc, on change souvent les vitrines, on met tout le monde à l'honneur. Alors une semaine c'est elle, la semaine d'après c'est celui-là et c'est l'autre. Et on présente toutes les marques à la cliente qui rentre. Maintenant selon l'événement pour lequel elle veut être habillée, on lui dit bon il y a des robes de cocktail, celle-là c'est celle qui fait le mieux les robes de cocktail. Pour les grandes cérémonies de mariage, voilà c'est cette marque et ainsi de suite. Donc c'est comme ça qu'on procède. Et on s'en sort plutôt bien parce qu'on n'a jamais eu de plainte de qui que ce soit, jamais. Sur ce plan-là, non. Je pense qu'il voit quand même qu'on fait notre maximum. Vous savez, ce boulot n'est pas facile. Ça vous bouffe, ça vous pompe toute votre énergie, c'est un vrai casse-tête. Et on travaille tout le temps, en fait. On travaille sans arrêt, on ne s'en rend pas compte. Même en vacances, là, vous voyez, j'étais venue pour un mois de vacances, mais j'ai travaillé pendant trois semaines au moins. Et ça n'arrête pas. Heureusement que les enfants sont grands, d'ailleurs. Tout le monde est parti, sinon c'est compliqué. Si j'avais eu des enfants en bas âge... Je ne pense pas que j'aurais pu le faire.
- Fatouma Allele Bally
Et du coup, qu'est-ce qui vous prend le plus de temps, justement, quand vous dites, voilà, c'est un travail de tous les jours qui prend énormément de temps ? C'est finalement des clients qui vont faire des demandes ? C'est des marques qui vous sollicitent ? Qu'est-ce qui fait que ça prend du temps en permanence ? Ou c'est des événements que vous êtes en train d'organiser sur la fin d'année et vous commencez dès à présent ?
- Ramata
Les événements, déjà, c'est vrai. On commence déjà là, on en a un en fin d'année. Et on en parle déjà. Mais les clientes aussi, qui peuvent, qui vous écrivent à tout moment, en fait. De jour comme de nuit. Et il faut répondre. Il faut être là. Mon téléphone, il est toujours à côté de moi. Elles savent que je suis là, mais elles m'écrivent, voilà, tel événement, qu'est-ce que vous me conseillez ? Je dis, mais Maria, oui, mais on préfère que ce soit vous qui nous conseillez. Vous voyez, la cliente de Burkina Faso, du Mali ou du Sénégal, enfin non, pas le Sénégal, non, de la Côte d'Ivoire ou ailleurs, de Burundi, de Rwanda, du Kenya, de l'Afrique du Sud même, ils vous diront, bon, moi, j'ai quelqu'un qui vient dans tant de jours, qui est dans le système des Nations Unies. Vous devez envoyer le vêtement, choisir déjà avec elle, finaliser le choix de la cliente. Pouvoir expédier le vêtement sur Abidjan, le remettre à la personne en question. Et tout ça aussi, c'est du travail. Et à tout moment, vous avez ce genre de doléances, à tout moment. Donc moi, mon téléphone, c'est seulement ces derniers temps que j'ai commencé à l'éteindre, parce que ce n'est pas possible. Des fois, jusqu'à une heure du matin, je vous ai dit à mon époux. Il y a des moments où ça l'a gassé, pourtant il m'a beaucoup soutenu et encouragé. Mais il y a des moments où lui aussi, il en a marre de mon téléphone qui fait du bruit. Donc maintenant, j'ai appris à l'éteindre. Au-delà d'une certaine heure, je l'éteins.
- Fatouma Allele Bally
Oui, c'est important de savoir se préserver. C'est important de se sentir investi de sa mission et de bien faire son travail, mais il faut aussi savoir se préserver parce qu'en fait, il y aura toujours un nouvel événement et il y aura toujours... comment dire, quelqu'un qui a un besoin, mais en même temps, c'est aussi une réussite. Donc, je peux comprendre que vous ayez du mal à l'éteindre parce que d'être sollicité, c'est que le concept fonctionne, que les gens pensent à vous. Et d'un côté, il y en a, leur téléphone sonne tout le temps. Il y en a d'autres, le téléphone ne sonne pas et ils aimeraient le voir.
- Ramata
Donc, je ne sais pas.
- Fatouma Allele Bally
Qu'est-ce qu'il y a de mieux ? Avoir le téléphone qui sonne trop ou le téléphone qui ne sonne pas ? Ce n'est pas évident.
- Ramata
Le juste milieu. Ça n'existe pas. Le juste milieu.
- Fatouma Allele Bally
quand ça sonne trop c'est pas évident et quand ça sonne pas aussi on est pas bien et quand ça sonne trop c'est quand même un signe que il y a quelque chose qu'on a bien fait dans l'histoire d'une manière ou d'une autre donc c'est ça qui est important aussi oui oui exactement exactement mais je sais que je travaille beaucoup et franchement je
- Ramata
dirais à la limite que c'est normal parce que je me suis beaucoup investie je m'investis un peu trop dans cette affaire Je ne fais que ça, d'ailleurs. Comme je vous ai dit, les enfants ont grandi, les filles ont pris leur voie. Donc, je ne fais que ça. Je ne fais que ça. Même en vacances, je n'arrête pas. J'ai une amie très chère, elle se reconnaîtra. On est souvent ensemble. Elle me dit toujours, toi, ton téléphone et toi, c'est une histoire d'amour. Je dis, ben oui, je ne peux pas lui quitter mon téléphone. D'ailleurs, on m'a volé mon téléphone. La première semaine de vacances à Paris, on m'a volé mon téléphone. Mais j'étais perdue. J'avais tous mes comptes, toutes mes données, les photos et tout. mais je voudrais... Je vous jure que ça a été très, très dur pour moi. Bon, heureusement que j'avais un deuxième téléphone. Il fallait récupérer tous les contacts, les photos. Bon, heureusement qu'Innaz Concept Store a toutes ses photos. Mais ça a été un coup dur pour moi. Comme quoi.
- Fatouma Allele Bally
Oui, il y a vraiment toutes ces... Parfois, on ne pense pas toujours à... Enfin, on n'aime pas forcément, comment dire, conserver toutes ces données dans le cloud pour être sûre que si on perd l'appareil, on retrouve forcément ces données. Mais parfois, ça... Si, parce que ça peut arriver, effectivement, de perdre ou d'être volée. Désolée pour vous que votre arrivée à Paris...
- Ramata
Ah oui, je vous jure, ça a été dur. J'étais déprimée ce jour-là. Heureusement que j'étais avec cette amie, cette sœur, qui a su vraiment trouver les mots pour me consoler. Et bon, avec le cloud, effectivement, j'ai retrouvé pas mal de contacts. Et comme je vous dis, ma chance est que le... de la boutique aussi, qui est en permanence à bas, l'ordinateur, ils ont tout ça. Donc, en fait, voilà. C'est juste à mon niveau. Parce que le téléphone, c'est incroyable. Sans téléphone, on ne peut pas vivre. Je me dis, mais comment on faisait avant ?
- Fatouma Allele Bally
Et pourtant,
- Ramata
on faisait. Oui, on faisait, oui. Oui ? Oui, mais bon. En tout cas, voilà quoi. C'est comme ça qu'on essaie de gérer du mieux qu'on peut. Mais c'est sûr que moi, je suis un peu trop disponible. Un peu trop. Je fais beaucoup. Je pense que je devrais ralentir un peu le rythme.
- Fatouma Allele Bally
Ralentir, arriver à déléguer. Vous évoquiez Mariam qui a pris le relais dans la boutique. Voilà, il faut essayer de déléguer au mieux. Mais après, quand on fait les choses par passion, c'est pas évident de trouver le bon curseur pour... pour dire « bon ben là, je réponds pas à cet appel » ou alors « je vais demander à quelqu'un de gérer pour moi cette partie-là » , c'est pas évident, c'est vraiment pas évident. Quand on est très investi et qu'on a mis ses tripes dans un projet, c'est pas évident de déléguer en fait.
- Ramata
Exactement, et d'ailleurs ça me dérange parce que je me dis que Mariam peut mal le prendre, mais bon c'est une fille qui comprend. Des fois c'est vrai que je me dis je lui fais de l'ombre, c'est pas normal, mais bon. En même temps, c'est les clientes aussi qui me forcent, elles me forcent.
- Fatouma Allele Bally
De toute façon c'est difficile de leur dire non c'est pas possible cette fois-ci, je ne serai pas dispo, mais au moins s'offrir des... Peut-être prévenir avant, petit message, pendant les deux prochaines semaines. Il faut faire un test pendant une semaine. Cette semaine-là, mon téléphone est fermé. Commencez par une, peut-être deux, peut-être trois. Il faut le faire progressivement, en fait. Et après, les gens vont s'habituer. Si vous dites, voilà, tous les ans, de telle période à telle période, ce n'est plus moi qui gère. En général, quand on fait ça, ce que font les gens, ils disent, tu as dit du 1er août au 31, d'accord. Au mois de juillet, ils vont bombarder. Au mois de septembre, ils vont bombarder. Ils vont respecter, mais ils vont... En termes de planning, mais ça peut être ça. Si les gens sont venus, en général, ils sont compréhensifs.
- Ramata
Oui, très compréhensifs. Non, mais la plupart des clientes quand même s'adressent à Mariam. Madame n'est pas là, elle est partie. Ah oui, Mariam a assuré. Elle a été là, l'accueil a été formidable. À votre image, vous voyez, Mariam est une fille formidable. Franchement, c'est une chance que j'ai eu de la voir, cette fille-là. C'est une bénédiction pour moi. Donc voilà, elle s'est habituée à Mariam. Bon, pour certains, les plus récalcitrantes, qui sont vraiment habituées à ce que je les conseille, là, c'est autre chose. Celle qui aime être habillée des pieds à la tête, c'est moins évident. Il faut toujours que je donne mon petit avis.
- Fatouma Allele Bally
Oui, mais après, il y en a qui se sont habituées comme ça et ça les rassure. Et si chaque fois qu'ils ont été conseillés par vous, ça a été un succès, ils se disent... Je ne vais pas changer la recette du succès. Il faut que je... J'ai toujours fait comme ça et je vais continuer comme ça. Donc, ça peut se comprendre.
- Ramata
Oui, exactement. Ça se comprend, oui. Je comprends.
- Fatouma Allele Bally
Au niveau de la boutique, donc, vous faites des sélections auprès des marques. C'est des sélections de pièces de prêt-à-porter. Est-ce qu'il y a de la place pour du sur-mesure ou pour, parfois, certaines modifications ? parce qu'on veut raccourcir quelque chose ou allonger quelque chose. Est-ce que vous faites ça ou c'est vraiment du prêt-à-porter uniquement ?
- Ramata
Non, on fait des retouches aussi. Alors, qu'est-ce que les stylistes font ? Ils font toujours du très long. Nous, tout ce qu'on peut faire, c'est raccourcir et mettre la taille de la cliente. Comme c'est des boubous en général, vous savez, donc il n'y a pas de problème de taille en général. Bon, quand c'est des vêtements un peu plus près du corps, on a toutes les tailles. Moi, je choisis toujours du S au XL. Et c'est souvent, en fait, plus de problèmes de longueur qu'on gère qu'autre chose. On a un très bon tailleur avec lequel on collabore depuis des années. Donc, il le fait très bien. Et franchement, de ce côté-là, il n'y a pas de souci. Il n'y a pas de souci. Il y a les tailles.
- Fatouma Allele Bally
OK, donc on est sûr que quand on arrive, on a sa taille. Et puis, éventuellement, il peut y avoir des retouches. Mais on n'arrive pas dans la boutique en se disant... Bon, moi, j'ai une idée d'un modèle, mais je vais prendre celui-là, mais je voudrais rajouter ceci ou enlever cela. Ce n'est pas tout ça le concept.
- Ramata
Non, non, on ne touche pas aux créations. Non, le modèle, on le vend tel quel. On n'a pas le droit de le changer. Tout ce qu'on peut faire, c'est mettre à la taille de la cliente. On n'a pas le droit de toucher le modèle. Non, non.
- Fatouma Allele Bally
Et les clients, de toute façon, elles viennent pour rechercher ces marques et pour rechercher ces styles. Donc, elles ne font pas ce genre de demande non plus.
- Ramata
Voilà, exactement, non. Elles ne le font jamais. Moi, on ne m'a jamais demandé de changer un modèle, non. Elles viennent parce qu'elles suivent aussi ces maisons de couture. Elles regardent. Est-ce que vous avez tel modèle ? Il y en a qui appellent. Je viens de voir la dernière collection de Sofatou qui est sortie. Est-ce que vous avez le modèle en boutique ? Et puis, on peut commander aussi le sur-mesure. Je l'ai fait pour des anniversaires. Il n'y a pas si longtemps, j'ai été sollicitée par une dame ivoirienne, une dame très élégante d'ailleurs, qui voulait un truc spécial pour ses 60 ans. Et c'est Alia Barri qui l'a confectionnée. Et vraiment, ça s'est très bien passé. Elle était contente, elle m'a envoyé les vidéos et les photos. Et ça, je le fais aussi avec Jacques, avec Bélébé, avec Elie aussi. On a fait des pièces sur mesure. Bon, ça se passe très bien de ce côté-là. Mais là, il faut savoir mettre le prix. Et elles le savent. Parce que le sur-mesure, ça se paye, c'est pas donné. Mais elles le font, pour des occasions spéciales comme ça, des anniversaires spéciaux de mariage, un anniversaire, les 50 ans, les 60 ans, les 40 ans, pourquoi pas. Donc là, elles commandent des pièces exclusives, et avec le styliste, les croquis, elles choisissent, et puis la matière, le tissu, ils exécutent. Et ça, on l'a souvent fait aussi. C'est pour ça que je vous dis, c'est une grande famille. Ces gens-là sont tellement disponibles que franchement, ça fait chaud au cœur. Ça fait chaud au cœur. Ils sont là.
- Fatouma Allele Bally
J'avais envie de poser une question maintenant sur les niveaux de prix, en fait, des pièces que vous proposez dans le concept store. En fait, les différentes marques que vous intégrez, on se situe sur quel niveau de prix ?
- Ramata
Bon, franchement, les gens disent qu'ils sont chers, mais ce n'est pas vrai. Vous avez des pièces à 50 euros. Ça peut commencer par 50 euros jusqu'à 150, 200, 250 euros, 300 max. Franchement, je leur dis toujours, vous dites que c'est cher, mais allez chez Zara aujourd'hui. Chez Zara, vous avez des pièces à 100 et quelques euros. Je dis, vous imaginez, c'est des pièces faites quand même, je vais dire, dans des ateliers, par des artisans de chez nous, par des créateurs de chez nous. Des fois, peut-être qu'ils reprennent même cette pièce deux à trois fois avant de la commercialiser. Alors, vous voyez le travail qui est... Et c'est comme ça que j'arrive à leur faire changer. Ah oui, mais c'est un peu cher. Je dis non, je ne suis pas d'accord avec vous. Chez Zara, aujourd'hui, vous avez des robes à 65 euros, 100 euros, 140, 150 euros. J'ai dit ça, ce n'est pas du Zara quand même. Et effectivement, ils me disent oui, madame, vous avez raison. En général, il y en a qui viennent aussi en se disant oui. On m'a dit qu'à Inaz, c'est cher. Mais ils me disent, mais finalement, ce n'est pas si cher que ça. J'ai dit, ben oui, il faut venir, il faut pousser la porte. N'écoutez pas les gens qui vous disent que... Parce que quand elles entendent Eli Kouam, pour elles, Eli, c'est dans l'ordre des 1000 euros. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas le cas. On a des pièces d'Eli qu'on a vendues à 250 euros. Des pièces magnifiques. Pareil pour Adama Parey. Et dans des matières nobles, vous savez, en soie, en satin de soie, en mousseline de soie. Un lin, ça se paye quand même. Mais c'est ça nos prix. Franchement, ils ne sont pas chers. Pour moi, ce n'est pas cher. Je vois en France ici ce que vous pouvez acheter dans la fast fashion. Aujourd'hui, Zara, c'est quand même valable. Moi, je me dis comparer aux pièces qu'on a en boutique, mais il n'y a pas photo.
- Fatouma Allele Bally
Et surtout, ce qu'il faut préciser, c'est que si on compare en tout cas avec un Zara, quand vous achetez une pièce, une robe, effectivement à 89 euros, à 129 euros chez Zara ou 70. En fait, elle a été produite en 5 000, 10 000 exemplaires. Donc, vous êtes potentiellement, si l'intégralité est vendue, vous pouvez être 5 000 dans le monde à avoir la même robe, en fait. Alors que quand vous achetez une pièce, c'est une Asconcept Store, vous avez quand même de la production limitée. Donc, vous n'êtes pas si nombreuses que ça à avoir la pièce. Et finalement, quand vous vous... Vous allez à une cérémonie ou autre, vous n'allez pas vous retrouver dans une situation où il y a deux personnes qui vont porter la même tenue, en fait.
- Ramata
Exactement. Et donc, c'est sur ça, moi, que j'attire l'attention de mes clientes. Je leur dis, écoutez, ces pièces-là, on n'en fait pas plus de deux, OK ? Ça peut être une cliente de Bamako qui prend une et une autre d'Abidjan qui prend la deuxième, OK ? Donc, je dis, comme vous avez dit, vous ne risquez pas de vous retrouver à 10 000 à porter la même robe, comme c'est le cas avec Zara. Et là, ils me disent parfaitement, madame, vous avez raison. Parce qu'ils viennent avec cette idée de... Ah, on a appris qu'Inaz... En fait, c'est les noms qui leur font peur. Quand ils entendent les noms des créateurs, ils se disent, bon, il y a un machin, c'est sûr que la moins chère de ses robes coûterait dans les, je ne sais pas, moins 150 000 francs CFA, 200 000, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. Donc, quand ils viennent, ils se rendent compte que finalement, Ah, c'est... Les gens disent que Inaz est une boutique pour les grandes, c'est cher, mais après elles partent en se disant heureusement qu'on est venus. Quand je vous dis que j'ai des clientes qui viennent habiller toute leur famille, ça veut dire que c'est encore à la portée de tout le monde. Avec 50 000, vous avez une pièce à Inaz. Même à 35 000 des fois. 40 000, 35 000, vous avez des pièces. Mais il faut oser pousser la porte et venir. le voir par soi-même.
- Fatouma Allele Bally
C'est important de préciser ce point parce qu'il peut y avoir des a priori sur le made in Africa, la mode, et sur parfois quand on va positionner certains prix, on va se dire, mais est-ce que vous êtes pris pour des grandes marques de luxe occidentale ? Alors qu'en fait, il ne faut pas faire cette comparaison-là. Il faut se dire que si on compte la main-d'œuvre, le tissu, et puis le travail qui est fait par les marques pour acheminer la marchandise, Quand on est aux alentours entre 150 et 250 euros, pour des pièces qui sont en édition limitée, on est sur des prix qui sont cohérents, voire même accessibles. Maintenant, ça peut être... Je peux l'entendre, ça peut être difficile à entendre pour certains, mais... Parfois, à 200 euros, on n'est vraiment pas du tout sur l'édition limitée. Et puis, on n'est pas du tout sur un niveau de détail ou de matière ou de savoir-faire qui est aussi qualitatif que ce qu'on peut retrouver chez des créateurs de mode africain.
- Ramata
Exactement. Exactement, c'est ça. Moi, j'ai un monsieur qui est venu aussi une fois à la boutique. Il voulait habiller. C'était son épouse, ses filles. Il a pris des pièces pour 1 000 euros. Il m'a dit, madame, c'est un peu cher, vous ne pouvez pas faire de remise. Je dis, non, je n'ai pas le droit de faire de remise, je ne fais pas les prix. C'est les prix des créateurs. J'ai dit, écoutez monsieur, vous avez vu la tonne de vêtements que vous avez pris là ? Un exemple tout bête. J'ai dit, allez en France et dites-moi si vous pouvez avoir dans une boutique en France autant de vêtements pour ce budget. Il m'a regardé, il m'a dit, mais madame, vous avez parfaitement raison. Et j'ai dit, en plus là, vous aidez des jeunes Africains. Voilà quoi, des gens de votre communauté. Il m'a dit, ah oui, vous avez parfaitement raison. Vous savez, des fois, il faut faire la leçon aussi aux gens. Donc, il y a tout ce travail qui est fait avec les clients. Et il ressort tout content, tout fier d'avoir apporté Pierre à l'édifice. Vous voyez, tout fier. J'ai dit, mais vous avez combien de paquets de vêtements là pour 1000 euros ? Toute une famille quand même. Bon, voilà. Et c'est ce travail qu'on fait, sans arrêt, sans relâche. Mais bon, on le fait avec plaisir. Non seulement les choix des tissus, vous avez des tissus de qualité, ce n'est pas du fast fashion, c'est des vêtements qui sont exécutés dans des ateliers, dans des conditions très difficiles. Des fois, cette pièce, il faut la reprendre deux ou trois fois pour arriver au résultat final que nous, on reçoit, surtout quand on est... Comme je vous ai dit, le souci du détail, il est là. Le bouton mal placé, la boutonnière mal faite, je retourne. L'ourlet mal fait, je retourne. Le surfilage mal fait, je regarde tout ça. À la loupe, je regarde tout ça. Donc je me dis, les gens n'ont pas le droit de venir, parce que c'est fait par des Africains, dire qu'il faut le brader à 25 000. Non, il faut les respecter, ces gens-là. Et ça, tout doucement, aujourd'hui, dans l'inconscient des Africains, aujourd'hui, les Africains ne s'habillent qu'à l'Africaine. Et ça, c'est une grande satisfaction pour nous tous. Moi, qui vous parle, je vous garantis que je ne suis à l'aise que dans les vêtements de ces créateurs. Dès que je m'habille un peu à l'occidental, je suis mal à l'aise.
- Fatouma Allele Bally
Mal à l'aise parce qu'en parlant parfois de fitting, les morphologies des Africaines, elles ne sont pas toujours bien... Enfin, elles ne sont pas...
- Ramata
Voilà. Présentées.
- Fatouma Allele Bally
comptent par les barèmes occidentaux, mais parce qu'eux, ils habitent des Occidentaux, ils se situent beaucoup au marché asiatique. Donc, ils font attention à ce que les tenues qu'ils vont proposer vont être adaptées au marché asiatique. Mais c'est vrai que la morphologie de la femme africaine, ça ne va pas forcément être... Et puis même, on parle de morphologie, mais même les tailles, les grands...
- Ramata
Les tailles, oui ! Les tailles,
- Fatouma Allele Bally
en fait ! Les grands Sénégalais s'habiller dans certaines marques occidentales, ce n'est juste pas possible en fait.
- Ramata
Pas possible, exactement. Vous savez, nous, avec les formes qu'on a, c'est vrai, ce n'est pas évident. Vous imaginez des tailles asiatiques, le XXL en Asie, c'est peut-être du S chez nous. Donc, c'est plus réaliste pour nous de porter ces marques-là, parce qu'elles prennent en considération tous ces détails-là, qui sont la taille, la morphologie et tout. Donc voilà, moi aujourd'hui je ne suis à l'aise que quand je suis dans mes vêtements africains, je veux dire. Mais bon, quand je viens en Europe, c'est sûr que je porte des jeans, des chemises, c'est plus facile pour faire les courses. Mais en Afrique, non. En Afrique, non. Pas question. Et d'ailleurs, toutes mes copines me disent ça. On ne veut plus acheter, aujourd'hui on n'achète que des accessoires en Europe quand on vient. Elles me disent « Non, moi je ne suis pas à l'aise, j'ai une tonne de vêtements qui sont là-bas dans les placards, qui pourrissent parce que je ne peux plus les porter. » Et il y a ce truc, vraiment, cet éveil de conscience qui est là.
- Fatouma Allele Bally
qui est en marche.
- Ramata
Il y a vraiment une belle, comment dire, un moment en fait qu'on attendait des créateurs qui proposent des pièces que les gens ont envie de porter. Et puis, à un moment donné, les créateurs, ils se plaignent un peu en disant mais on a le sentiment que le consommateur n'est pas encore prêt à acheter du Made in Africa, qu'il va plutôt être intéressé par des marques occidentales et qu'il ne voit pas la valeur dans ce qui est Made in Africa. Et là, en fait, c'est vraiment en train de changer. On sent qu'il y a même une fierté à porter des marques africaines, mais parce qu'il y a eu un travail énorme comme le vôtre, comme celui des marques en termes de communication, en termes de création, de présentation de savoir-faire, pour vraiment montrer qu'on est au même niveau, en fait que les marques, elles sont au même niveau que des marques occidentales, voire même qu'elles peuvent proposer des choses meilleures que beaucoup de marques occidentales. Et que donc, du coup, il n'y a pas de... Au contraire, il y a une vraie fierté. aller chercher à porter du made in Africa. Et être bien habillée, c'est être habillée avec des marques de créateurs africains. Maintenant, aujourd'hui, qu'on se le dise, en fait.
- Fatouma Allele Bally
Exactement. Moi, je suis entièrement d'accord avec vous. J'ai assisté à un mariage en région parisienne l'été dernier, mais c'est écrit sur la carte qu'il fallait s'habiller à l'africain. Et je vous garantis qu'il n'y avait que de belles tenues. Moi, je porte un bobo d'une... créatrice avec laquelle je ne travaille pas, qui s'appelle le Boubou, je crois. Mais ce Boubou, il a eu un succès incroyable. Tout le monde me demandait l'adresse et le contact de la jeune dame. C'est une Sénégalaise qui a beaucoup de talent aussi. D'ailleurs, il faut que je travaille avec elle. Ce Boubou, ça a été la révélation du mariage. Et j'ai vu que de belles couleurs, de belles coupes, des belles femmes bien habillées. Pourtant, c'était en région parisienne. Et aujourd'hui, de plus en plus, les Africains portent leur tenue dans leur mariage, même en Europe. Et ça, c'est une fierté. C'est une fierté.
- Ramata
Quelque part, c'est aussi... Pour moi, la mode, c'est vraiment aussi un révélateur d'identité. C'est comme ça qu'on raconte nos histoires. Et quand on, finalement, quelque part... Et c'est aussi du patrimoine, en fait, quelque part. Donc, c'est important de savoir d'où viennent les tissus, de valoriser les savoir-faire du continent, parce que quelque part, c'est raconter une histoire. Et lors des cérémonies de portée du Made in Africa, il y a des photos qui vont rester, qui vont être partagées pendant des années. et c'est comme ça qu'on... qu'on crée des souvenirs, qu'on crée du storytelling et qu'on fait que les gens vont trouver ça maintenant. Il n'y aura plus besoin de militer, en fait. Les gens vont naturellement acheter des marques africaines sans même se poser la question. Quand on va leur dire, mais tu sais, à une époque, on ne revendiquait pas le Made in Africa, les gens vont dire, ah bon, mais comment ça ? Ils ne vont même pas comprendre. C'est ce qu'on souhaite, en fait, aujourd'hui. C'est vraiment qu'on soit dans une ère où le Made in Africa, il est toute sa place, en fait.
- Fatouma Allele Bally
Oui, mais on est carrément sur cette voie. Exactement ce que vous avez dit est tellement vrai. Ah oui, comment ça se fait qu'il y a quelques années, les gens ne pensaient pas comme ça ? Mais moi, justement, la satisfaction, elle est là. Je vois que tout a changé en termes de mentalité et tout. On n'est bien que dans le made in Africa. Ça, c'est une réalité. Moi, je ne suis à l'aise que quand je suis dans mes vêtements africains. En Europe, je m'en fous, comme je vous ai dit, vous m'excusez le terme, personne ne me connaît. Je m'habille ici, on court, on marche pendant des heures. Mais quand je rentre chez moi, c'est mes vêtements. J'en ai plein. D'ailleurs, mon mari n'arrête pas de dire, depuis que tu as commencé à travailler avec ces stylistes-là, on n'a même plus où nous mettre les pieds. Il dit à mes filles, mais regardez le dressing de votre maman. Je dis, ben oui, je suis le meilleur mannequin. Quand je porte, tout le monde m'appelle. Et souvent, c'est vrai, je fais beaucoup ce sacrifice. Les marges, je les remets dans les achats de ces vêtements que je porte, moi, et que je poste. Ah oui, mais Madame Balise, ce boubou, c'est de qui ? Je le veux, je veux cette tenue, je veux ça. Et c'est comme ça qu'on vend aussi. Il y a secret. Il faut réinvestir dans ça. Bon, elles m'offrent aussi beaucoup. Franchement, elles me font beaucoup de cadeaux. Moi, quand je vais à Dakar, je reviens avec les valises pleines de cadeaux. Franchement, elles sont très, très généreuses. Elles savent qu'on le fait, on fait beaucoup pour elles. Mais en même temps, elles offrent beaucoup de vêtements. Moi, j'ai eu plein de cadeaux. À chaque voyage, je reviens avec. plein de cadeaux.
- Ramata
Là, ce sera le mot de la fin. Vous avez vraiment pris à cœur votre rôle d'ambassadrice de la mode africaine, avec non seulement la création du concept Torinaz, mais aussi le fait de finalement s'habiller, se poster sur les réseaux sociaux pour promouvoir les marques et puis c'est générer des commandes. Donc tout ça, la finalité, c'est du business, mais ça contribue aussi à prendre promouvoir la créativité africaine au Mali, à Bamako et au-delà. Et pour ce travail-là, on ne peut que vous féliciter.
- Fatouma Allele Bally
Oui, mais oui, tout à fait, ce que vous avez dit est bien vrai. Mais comme je vous ai dit, moi, je le fais avec plaisir. Je le fais, c'est une passion. C'est une passion qui... Oui, ben oui, c'est ça. C'est ça qui m'anime, en fait. Comme je vous dis, on ne devient pas riche avec un concept store. Ça bouffe votre temps, votre énergie, votre argent. Parce que moi, à chaque événement, j'investis, j'investis. Et la boutique aussi, il faut toujours la mettre à l'ordre, au goût du jour. Il faut refaire, il faut... Là, dernièrement, j'ai refait toute une partie de la boutique. J'ai refait un côté, j'ai fait un boudoir avec Fatouma Edba, que je salue d'ailleurs, qui a refait... de High Design, qui est assez connue. Cette fille, elle a beaucoup... de talent, elle m'a refait carrément le coin essayage, salon et tout ça. Et bon, ça, ça demande de l'argent. Donc à chaque fois, cette boutique se réinvente. Même là, on ferme et on va faire les travaux encore. Donc vous voyez, garder de l'argent, c'est pas possible. Parce qu'il faut toujours... Je suis très maniaque et sur ce plan-là, la boutique... Moi, j'ai investi toujours dans la boutique. Je suis toujours en train de refaire quelque chose. Toujours. Donc voilà, Fatouma Edara a fait un bon boulot. Elle a refait carrément la cabine d'essayage, elle a refait le coin salon. Et puis voilà, ça m'a coûté ce que ça m'a coûté, mais franchement c'est du bon boulot et les dames apprécient beaucoup. Quand elles viennent, elles sont émerveillées. J'ai d'ailleurs une cliente américaine qui m'a dit, on a un coin café aussi, Inas Café, elle m'a dit ça me rappelle Soho. un coin de Soho à New York je dis écoutez ça fait plaisir d'entendre ça, elles viennent elles prennent leur petit café, leur thé et puis elles s'asseillent, on a un espace de co-working aussi, elles s'asseillent avec leur ordinateur, on a la connexion le wifi, elles travaillent tranquillement donc voilà c'est tout ça Innaz en fait il faut réinvestir donc on ne peut pas se faire de l'argent dans ce boulot là ou on le fait comme ça ou on ferme ok, il ne faut pas compter on devient riche dans cette affaire. Mais bon, on est riche des expériences, de belles rencontres qu'on fait parce que ça, ça n'a pas de prix. Moi, pour moi, ça n'a pas de prix, ça. J'ai fait tellement de belles rencontres. Mais vous voyez, c'est ça, c'est ça le boulot aussi. C'est toutes ces belles rencontres qu'on fait, des gens qu'on ne connaît pas qui viennent vers vous. Et même à Paris, ici, j'en ai rencontré qui m'ont dit, « Ah, ce n'est pas vous, Madame Bali, la promotrice de Inas Corse ? » J'ai dit, bon, finalement, ça porte ses fruits, vous voyez. Moi, c'est plus ces relations-là qui me font plaisir qu'autre chose. On crée des relations, des gens qu'on n'a jamais vus. qui vous abordent et qui vous soutiennent de loin et qui apprécient ce que vous faites. Donc ça, ça n'a pas de prix. Ça n'a pas de prix, à mon avis.
- Ramata
Ce sera le mot de la fin, effectivement. Ce n'est pas qu'une question de chiffre d'affaires qu'on va réaliser et les bénéfices, mais c'est aussi presque plus un engagement à faire rayonner la mode africaine. le point de départ, l'ambition première quand on veut bien faire son job, quand on est à l'initiative du premier concept store à Bamako, c'est sur un temps long qu'on va voir les résultats et qu'on va pouvoir se dire, là c'est bon, on est sur un concept rentable mais ça se travaille sur un temps long. J'ai été ravie en tout cas d'avoir l'opportunité d'échanger avec vous pendant cette heure. J'ai appris plein de choses sur le Concept Store et sur la manière dont vous l'avez développé. J'ai hâte de venir à Bamako pour pouvoir le voir en vrai. On va finir avec ma formule habituelle. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.
- Fatouma Allele Bally
Plaisir partagé, Ramata. J'ai vraiment apprécié. Moi qui n'aime pas parler, vous voyez, vous avez réussi à me faire parler pendant plus d'une heure. Les gens ne vont pas me reconnaître là. Je parle rarement, moi. mais vous avez réussi et vraiment ça a été un plaisir pour moi et au plaisir de vous rencontrer à Bamako ou à Bijan ou à Dakar qui sait on verra Inch'Allah l'un des trois en tout cas c'est sûr Inch'Allah avec grand plaisir vraiment ça a été que du bonheur merci merci d'avoir porté votre intérêt sur Inas Concept Store et merci de vouloir faire connaître Inas Concept Store sur votre podcast vraiment merci du fond du cœur
- Ramata
À très bientôt.
- Fatouma Allele Bally
À très bientôt. Bye.
- Ramata
Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.