undefined cover
undefined cover
Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain cover
Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain cover
Africa Fashion Tour

Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain

Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain

57min |27/02/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain cover
Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain cover
Africa Fashion Tour

Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain

Gombo, un artiste visuel qui réinvente le wax et questionne l'héritage africain

57min |27/02/2025
Play

Description

Comment un artiste indépendant peut-il réussir à s'imposer dans le monde de l'art ?

Gombo, artiste visuel afro-descendant, partage son parcours dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De ses débuts dans le dessin animé à son exposition au Musée de l'Homme, il nous raconte les étapes clés de sa démarche artistique et les défis qu'il a rencontrés.

Il insiste sur l'importance de l'engagement, de la curiosité et de l'exploration pour créer des œuvres qui ont du sens.

Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux de la représentation de l'héritage africain dans l'art contemporain.

Dans cette interview, Gombo aborde également son utilisation du wax comme matériau symbolique et ses projets futurs, notamment un défilé de mode au Brésil.

Une véritable masterclass pour tous les passionnés d'art et de culture africaine.

Pour aller plus loin, vous pouvez suivre Gombo sur Instagram


Le film sur le secteur de la publicité auquel nous faisons allusion pendant l'interview est 99 francs


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gombo

    L'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet, parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur l'histoire de ce textile. Et puis il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, puis de la peinture. Donc pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même. Et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois... en peinture. Il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Gongo Wax. Gongo est un artiste visuel et un dessinateur. Une sélection de ses œuvres est actuellement visible au Musée de l'Homme dans le cadre de l'exposition Wax. Expert en sérigraphie, il crée des œuvres inspirées du Wax comme prétexte pour raconter des histoires. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de ses ambitions. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours avec tous mes invités. Gombo, je vais te demander de te présenter.

  • Gombo

    Alors, je m'appelle Gombo. Effectivement, avant, on m'appelait Gombo Wax, mais au fil du temps, on a réduit à Gombo. Et je suis artiste visuel, afro-descendant, afro-européen. métis, d'origine française, congolaise de Kine, angolaise et brésilienne.

  • Ramata

    Ok, écoute là, avec cette petite introduction, j'ai plein de questions à te poser tout de suite. J'aimerais bien que tu me dises déjà, tu dis que tu te définis comme étant un artiste visuel. Qu'est-ce que ça veut dire exactement, artiste visuel ? C'est quoi ta définition ?

  • Gombo

    Alors, artiste visuel, c'est un terme qu'on emploie beaucoup en art contemporain pour parler d'un artiste qui travaille sur toute technique visuelle. Ça peut être la peinture, le dessin, la vidéo, la sérigraphie, etc. Moi, j'ai eu et j'ai toujours une carrière dans le dessin animé, puisque j'ai commencé... par une école d'art appliqué qui m'a amené au métier du film d'animation et du storyboard en particulier. Donc je suis quelqu'un qui aime beaucoup dessiner, qui aime raconter des histoires. Et il y a maintenant cinq ans de ça, j'ai entamé une carrière dans l'art contemporain à travers les médiums de la sérigraphie, du textile et plus récemment de la réalité virtuelle.

  • Ramata

    Très bien, donc tu dis que toi tu as un parcours d'abord de vraiment une expertise dans le dessin. Est-ce que tu peux nous dire quelles sont en fait les études que tu as faites pour arriver là ? J'imagine que tu as toujours une passion pour le dessin.

  • Gombo

    Oui absolument, le dessin c'est quelque chose que je me rappelle avoir commencé quand j'habitais en Angola, à Luanda. À l'époque avec mon père et ma mère, le pays était en guerre et on était loisonnés à la capitale. qui appartenait au MPLA, le mouvement politique dominant. Et mes grands-parents français m'avaient donné des cassettes vidéo. À l'époque, on utilisait ce qu'on appelle un magnétoscope pour regarder des films, des dessins animés, etc. Ils m'ont enregistré des dessins animés en France. Et je me rappelle que je les reproduisais dans ma chambre quand j'étais à Luanda. C'est comme ça, je crois, que j'ai vraiment abordé le dessin. J'étais un gamin assez... Il y avait des solitaires, il y avait l'école, mais pas tous les jours. Évidemment, le contexte de la vie à Luanda était compliqué à cause de la guerre. On sortait peu, donc ça a été ma première approche. Suite à ça, c'est une appétence que j'ai nourrie. J'ai fait avec ma famille plusieurs allers-retours entre l'Afrique, entre l'Angola et la France. On est allé un petit peu aux États-Unis et j'ai continué à dessiner. J'ai continué à dessiner. J'ai eu l'opportunité de gagner un prix quand j'étais gamin pour aller au festival de la BD d'Angoulême, parce que c'est ce qui m'intéressait au début, de faire de la BD, de raconter des histoires, d'être un auteur à part entière. Et en grandissant, j'ai entamé des études d'art appliqué à l'école Pivot de Nantes à l'époque. Et je me rappelle que c'était la deuxième promo à proposer du dessin animé. Et ça me paraissait super, ça me paraissait être une industrie florissante dans laquelle on pouvait gagner sa vie rapidement comparé au statut d'auteur en bande dessinée qui peut être beaucoup plus long. Et puis, je crois que je ne savais pas trop ce que je voulais raconter à ce moment-là. Donc, plutôt que de raconter mes histoires, je me suis dit pourquoi pas raconter celles des autres. Et j'ai entamé ma carrière de storyboarder dans le dessin animé à Paris à l'époque.

  • Ramata

    Est-ce que tu peux définir ce qu'est un storyboarder et le travail que tu fais dans le milieu du dessin animé ? Parce que je pense qu'il y a une partie de l'audience qui doit un peu prévoir de quoi il s'agit. Mais moi, j'aime bien prendre le temps de réexpliquer certains concepts qui ne sont pas toujours familiers tous. Et on n'a pas toujours... l'opportunité de connaître ces univers-là. Donc, ça m'intéresse que tu puisses prendre un petit moment pour nous décrire ce que tu fais au niveau du dessin animé.

  • Gombo

    OK. Alors, le storyboard, c'est un métier... En tout cas, le storyboard de dessin animé, c'est assez spécifique. C'est-à-dire qu'il faut imaginer qu'on fait une grande bande dessinée de tout le dessin animé avant qu'il passe dans les mains des équipes techniques et des autres... postes. Le dessin animé, c'est un travail collectif, c'est un travail fastidieux et long qui nécessite beaucoup de petites mains et des gens hyper spécialisés à différents postes. Donc il y a des personnes qui ne font que du décor, d'autres que des personnages, d'autres que de la couleur. Le storyboarder, lui, ne fait que une forme de dessin assez rapide mais avec les informations nécessaires et justes. pour raconter l'histoire. Vraiment comme une espèce de bande dessinée qui serait moins bien léchée, moins bien soignée, mais avec beaucoup plus de dessins. Un dessin animé de 11 minutes, ça nécessite entre 800 et 1 200 dessins. C'est un dessin rapide, c'est un dessin prolifique, c'est un dessin... j'ai envie de dire technique aussi, dans lequel on dessine les angles de caméra, le déroulement de l'action, etc.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, toi, tu as cette carrière-là d'un côté, dans le dessin, et en parallèle, en tout cas depuis quelques années, tu en viens à développer une carrière d'artiste visuel. Comment est-ce que ça se fait ? À partir de quel moment est-ce que cette trajectoire-là se dessine ?

  • Gombo

    J'ai toujours eu un goût, une curiosité pour les arts et diverses pratiques artistiques. Dans le dessin animé, on est plutôt sur des gens qui sont dans l'excellence technique, en tout cas des techniciens, et je suis toujours technicien dans ce milieu. On est sur une culture geek aussi, sur une culture pop. Et moi, j'avais aussi un goût pour d'autres types d'espaces artistiques comme la galerie, le musée, l'art conceptuel, l'histoire de l'art. Et ça m'intéressait aussi. Après, je crois qu'au moment où, en 2015-2016, j'habitais dans le quartier de Châteaurouge à Paris et j'avais déjà depuis quelques années une envie de faire un travail un peu plus personnel. Parce que dans le dessin animé, on est... une grosse équipe au service souvent d'une œuvre de divertissement. J'avais envie de produire un travail d'auteur, mais je ne savais pas trop comment. Et j'étais sur une démarche assez introspective. Je me rappelle avoir fait une formation en film documentaire, parce que ça m'intéressait. Et j'ai abordé ça de façon assez relaxe, j'ai envie de dire. Et en fait, on m'a demandé un travail assez... assez dense, auxquelles je n'étais pas préparé, assez intime. On m'a demandé d'aller chercher en moi mes problématiques, ce qui me travaillait, des choses assez personnelles. Et j'en suis venu à essayer de faire un film, notamment sur les taxiphones dans le quartier de Châteaurouge. Alors pour ceux qui sont plus jeunes et qui ne connaissent pas le taxophone, avant l'invention du téléphone portable, on utilisait souvent le taxophone. pour passer des appels téléphoniques à l'étranger. Et donc voilà, il faut imaginer un magasin avec des cabines téléphoniques à la file et puis des codes postaux de différents pays avec combien coûte à la minute de les appeler. Et j'y voyais un espace où des liens de famille se recréaient entre eux. des pères sénégalais, maliens, qui travaillaient à Paris, et leurs femmes et leurs enfants restaient au pays. Et j'y voyais une analogie avec ma propre histoire familiale, en tout cas avec des relations de famille à distance, puisque mon père, mon pan africain, plusieurs de mes sœurs, toute ma famille africaine vit, elle, en Angola, et que je les... Je les fréquente, je les connais, j'entretiens les relations de famille que j'ai avec eux à 90% par téléphone. Donc c'était un espace qui me touchait énormément et qui était à la fois assez sordide, assez glauque, ça ressemble à n'importe quelle épicerie bas de gamme, avec n'importe quel shop assez pauvre. C'est laid comme espace en fait. Mais les histoires et les récits qui s'y jouent, je les trouvais beaux et poétiques. Et puis, évidemment, c'est aussi un lieu de blanchiment d'argent, de corruption. Donc, il m'était difficile d'arriver à tourner là-dedans. J'avais que trois semaines pour faire le docu. Et finalement, j'en viens à devoir moi-même me mettre en scène dans un call avec ma famille, que pour le coup, j'ai réalisé par Skype à l'époque. Et puis, ce film est une espèce d'échec cuisant. Je n'arrive pas à prendre du recul sur moi-même. C'est assez dur de se mettre en scène en étant sincère, etc. Le film est un espèce d'échec assez dur à encaisser. Mais je me rends compte que, en fin de compte, les relations que j'ai avec tout un point de ma famille africaine sont assez superficielles et que j'ai beaucoup de choses à explorer. qu'il y a peut-être une transmission qui ne m'a pas été faite, ou du moins qui est assez pauvre. Et c'est de là, je crois, que je me suis dit « Oui, en fait, par le prisme d'une activité artistique, j'ai envie de faire ce travail de réappropriation. J'ai envie de me rapprocher de mes origines, j'ai envie de les comprendre, j'ai envie d'explorer pourquoi je suis ici. » là-bas, pourquoi je connais peu ou pas mon héritage, etc. Il y a toute une somme de questions qui me sont apparues et que j'ai eu envie d'exprimer d'un coup. J'avais d'un coup des histoires à raconter.

  • Ramata

    Super intéressant. Toi, tu parles d'échec cuisant par rapport à ce film, mais au départ, c'était plus une forme d'initiation. Ce n'était pas quelque chose qui devait être un succès.

  • Gombo

    Alors, oui, sans doute. Sans doute, c'était une initiation, effectivement. Mais il y avait quand même à la fin ce petit projet de faire un film de cinq minutes qui soit... qui illustre une démarche, un propos intellectuel qu'on avait développé, etc. Et je n'avais pas réussi personnellement à illustrer en images, à illustrer avec un film ma problématique, mon propos, le thème de mon film. En l'occurrence, l'idée de loin des yeux, loin du cœur, l'idée de comment entretenir une... des relations familiales à distance.

  • Ramata

    Ok. Et donc là, c'est un peu ta...

  • Gombo

    C'est pour ça qu'effectivement, je voyais ça, je voulais essayer qu'on a des chèques.

  • Ramata

    D'accord. Mais ok, intéressant. Et du coup, en tout cas, cette première initiative, elle t'invite à aller finalement un peu questionner ton rapport à ta famille, à tes origines. Et du coup, c'est à travers ça que tout... une partie de ta créativité en tant qu'artiste elle va vraiment s'illustrer c'est vraiment ça qui définit un peu je ne sais pas si on dit ligne éditoriale chez un artiste mais en tout cas le type de visuel que tu vas chercher à proposer alors

  • Gombo

    à ce moment là je n'ai pas une démarche artistique j'ai des thèmes j'ai un starter émotionnel je dirais j'ai quelque chose qui m'anime Et suite à ça, je me rappelle que mon père et mes soeurs sont venus à Paris, comme ils avaient l'habitude de le faire. Tous les étés, on essayait de se retrouver dans différentes destinations. Déjà, on a la chance d'en avoir les moyens. Voilà, les vacances. Et puis là, je me rappelle avoir une violente dispute avec mon père. que j'évitais en général parce qu'on se voyait peu et que les moments étaient rares et qu'on était plutôt là dans un esprit de célébration. Mais cette fois-ci, ça m'avait été insupportable parce qu'effectivement, j'avais déconstruit la relation que j'avais avec lui, avec ce qu'il incarne, c'est-à-dire mon africanité, avec l'idée que c'était un de mes seuls accès à ma culture angolaise, congolaise et brésilienne, dans le sens où c'est ma mère qui est blanche, française, et que j'ai eu beaucoup plus de transmission par elle. Donc je me rappelle, on se fâche fort, on ne se parle plus pendant deux ans. Et à ce moment-là, effectivement, je vis à Châteauroux, je commence à voir tous ces textiles africains. Ça me remémore des choses par rapport à mes jeunes années en Angola, etc. Mais je n'ai pas développé la démarche artistique à ce moment-là. Elle est venue un petit peu plus tard. Mais j'avais effectivement quelque chose qui m'animait. Et donc, il fallait que j'étudie ça, que je vois quelle forme plastique ça pouvait prendre. Parce que ça aurait pu être de la bande dessinée, ça aurait pu être du film, ça aurait pu être... plein de choses.

  • Ramata

    Et du coup, c'est à partir de quel moment que tu définis en fait le canal par lequel tu vas exprimer cette... Enfin, c'est... Comment dire ? Ton courant artistique, en fait. À partir de quel moment est ce que ça se fait ?

  • Gombo

    Alors, je commence à chercher des inspirations autres que celles que j'avais l'habitude de voir, parce que comme j'ai majoritairement grandi en Europe, J'avais une culture artistique très européenne. Les peintres, les sculpteurs, etc. Et puis comme on est à Paris, il y a cette mexité. Je découvre des peintres comme Sherry Samba, JP Mika. Je me rappelle aussi que j'allais un peu traîner à Bruxelles à l'époque, où il y a le quartier de Matongué. On a cette grande fresque effectivement de Sherry Samba. Je commence à m'intéresser à d'autres... d'autres chemins, d'autres cultures de la peinture. Et je me rappelle que j'ai fait mon premier motif, je crois, quand j'habitais à La Rochelle, après avoir quitté Paris, pendant le Covid. Et pendant le Covid, ou juste avant, je m'étais dit j'ai bien envie d'apprendre la scénographie, il y a un super atelier de scénographie à La Rochelle. Parce que j'ai envie de faire des motifs en wax et parce que ça me paraît être la technique la plus... juste pour reproduire des motifs en wax. Et je me rappelle avoir à l'époque, quand on fait de la scénographie, il faut des écrans, des écrans qu'on va utiliser pour faire des pochoirs. Et une fois que ces pochoirs sont faits, qu'on les a utilisés, il faut nettoyer les écrans, les dégraver, pour pouvoir refaire des pochoirs dessus. Il faut un karcher, et je n'avais pas de karcher. terrasses. Comme c'était le Covid, on était assignés à résidence, mais je prenais quand même ma bagnole et j'allais au car wash. Il y a une période où les gens avaient l'autorisation de sortir un peu et je me rappelle que les gens allaient au car wash. Moi aussi, j'allais au car wash et je sortais les écrans de mon coffre. Je les nettoyais au car share et je foutais de la peinture partout, du vert, du bleu, du rouge. Les gens regardaient bizarrement. Mais c'est vraiment là que ça a commencé. 2016. Premières interrogations et en fait, 2020, 2019-2020, passage à l'action, en vrai. Il y a eu un process, il y a eu toute une maturation assez lente entre les deux.

  • Ramata

    Du jour où tu te dis que ça va être la sérigraphie, c'est sûr et c'est par là que tu... que tu décides de développer ton art ? Ou est-ce qu'il y a des moments de « tiens, j'ai peut-être testé la peinture » ou « testé autre chose » ? Ou c'est vraiment, une fois que ce choix est fait, il va venir vraiment définir de manière, je ne vais pas dire définitive, mais en tout cas, ça a été, comment dire, quelque chose de décidé, de mûri, et une voie qui est restée la même depuis cette décision ?

  • Gombo

    C'est là que... au lieu d'être simplement sérigraphe ou peintre. Quand on commence à cumuler, on devient artiste visuel, je pense. C'est-à-dire que j'ai commencé avec la sérigraphie, effectivement. Et puis, il y a quelques années, j'ai eu une opportunité de faire de la réalité virtuelle. Et donc, ça faisait appel à des compétences que j'avais dans le dessin animé. en peinture digitale, sur photoshop, etc. Et là je me suis dit en fait, il y a un élargissement et je séparais bien avant ce que je faisais dans le dessin animé pour gagner ma vie, pour payer mon loyer, etc. Ce que je faisais dans l'art contemporain sans grandes aspirations personnelles au début, mais juste par envie profonde. Et les deux sont liés grâce à la réalité virtuelle. Alors je me suis dit qu'en fait, je pouvais utiliser tout médium et que ça marcherait à partir du moment où je garde une exigence de technique et puis de pertinence par rapport aux propos intellectuels que j'essaie de développer, que j'essaie de partager aux gens. Le regard à travers lequel j'ai envie que les gens voient le monde, c'est-à-dire à travers mon regard, et que j'arrive à essayer de développer quelque chose de singulier, quelque chose qui m'est personnel et que j'arrive à le partager. Je pense que l'objectif, c'est toujours ça.

  • Ramata

    Et du coup, la réalité virtuelle, quand tu l'utilises, est-ce que tu peux nous expliquer, en fait, dans ton processus créatif, comment est-ce que ça s'intègre et quel genre d'œuvres, en fait, est-ce que tu crées en intégrant la réalité virtuelle ?

  • Gombo

    En fait, j'avais fait une exposition de sérigraphie à Marseille, ma première expo, et suite à ça, il y a un appel, il y a quelqu'un qui était passé à l'expo, qui me montre un appel pour participer à... trois résidences de création en Europe, et en profiter de ce temps pour réfléchir à des œuvres qui se sont produites en réalité virtuelle pour une exposition à Nantes avec l'idée de créer une nouvelle forme de mémoire autour de la traite transatlantique et du colonialisme. Il y avait 22 artistes afrodescendants de toute l'Europe. sélectionné. Donc voilà, j'avais candidaté, j'ai été retenu, donc super. Et puis là, on part comme ça sur une journée, sur trois résidences. D'abord en Hongrie, ensuite à Copenhague et après à Lisbonne. Où voilà, on nous apprend ce que c'est que la réalité virtuelle. en quoi ça peut être différent du cinéma. Évidemment, moi, je m'en suis tiré. En tout cas, je me suis attaché à ce que j'aimais faire et à ma sensibilité, c'est-à-dire le dessin animé. Donc, j'ai dit, moi, je veux faire un dessin animé à 360 degrés. Je sais faire des personnages, je sais faire des décors, des illustrations. Je sais écrire, je sais faire le storyboard. Je vais faire du film, je vais faire du dessin animé. Et puis, on va mettre tout ça à 360 degrés. Le spectateur sera au milieu du film. Et ça va être génial. Donc, on a eu des bons partenaires avec qui développer ce projet-là. Et puis, ça aboutit à cette exposition manifeste Nouvelle Mémoire. Nouvelle forme de mémoire sur la traite esclavagiste à Nantes en septembre 2024.

  • Ramata

    Du coup, j'imagine que cette œuvre que tu as créée pour cet événement-là, c'est encore possible d'y accéder. Est-ce que si mes auditeurs veulent voir ce dessin-lumé que tu viens de nous décrire, est-ce qu'on peut y accéder et comment ?

  • Gombo

    Bonne question. Depuis l'exposition, euh... Je ne sais pas trop. Ce n'est pas une histoire de droit, évidemment, que j'ai envie de la partager au public le plus large. Mais si je la mets sur YouTube ou quoi, ça va être flat. Alors que ce qui est intéressant, c'est d'avoir le casque des réalités virtuelles et puis d'être au milieu du film. Donc, je ne sais pas trop. Là, on m'a proposé et je pense aller présenter cette œuvre à nouveau dans le cadre d'une exposition. en Guadeloupe pendant une semaine. Donc évidemment, c'est hyper pertinent parce que cette œuvre, c'est trois dessins animés de cinq minutes qui présentent trois personnages historiques noirs qui ont joué un rôle dans la Révolution française, ou pas qui ont joué un rôle dans la Révolution française, mais qui sont contemporains de la Révolution française. Donc tout ça en ouverture. Thomas Alexandre Dumas, le père de l'écrivain Alexandre Dumas et Ourika une Sénégalaise qui avait été adoptée par l'aristocratie française à l'époque donc évidemment elle est sur le territoire de la Guadeloupe pour montrer ces oeuvres cette oeuvre là dont deux personnages viennent des Antilles c'est super, mais je sais pas je sais pas la diffuser plus largement pour l'instant il faudrait que je la mette sur un store je sais pas trop voilà Ce qui est bien aussi, c'est l'installation en équipe.

  • Ramata

    Non, mais ce que je comprends, c'est... Voilà. Donc, du coup, il faut arriver à trouver un espace avec des casques. Et là, on peut avoir accès à l'œuvre.

  • Gombo

    Ouais, c'est ça que je souhaite.

  • Ramata

    Mais il faut organiser une expo.

  • Gombo

    Ouais.

  • Ramata

    OK, c'est entendu. Je vais essayer de m'en occuper. Maintenant que j'ai compris quelle était la problématique. Parce que bon, on ne va pas... Et effectivement, je suis assez d'accord avec toi. On ne va pas mettre ça sur... sur Instagram, sur YouTube ou sur TikTok. Si le but, c'est d'avoir une expérience de réalité virtuelle, ça n'a pas de sens de le mettre sans pouvoir avoir cette expérience-là. Donc, chers auditeurs, attendez-vous à avoir de plus amples informations sur la possibilité de, en tout cas à Paris, pouvoir voir le film. On en discutera après l'interview. La fille qui fait du business en même temps qu'elle fait de l'interview. C'est du business, mais du coup, une fois qu'on a parlé de l'oeuvre, moi j'ai envie de la voir et je me dis, ça se passe comment ? Et donc, on trouve des moyens.

  • Gombo

    Il y a plusieurs artistes comme ça qui font des œuvres de réalité virtuelle, mais qui vont de pair avec une installation, avec un cadre,

  • Ramata

    avec une ambiance,

  • Gombo

    avec une ambiance de terre. Moi, pour cette œuvre-là qui s'appelle The Private Portrait, l'idée, c'est d'avoir une atmosphère cosy, intime. Donc, on a trois cabines qui sont faites de trois grands paravents qui sont recouverts de wax. C'est ma marque de fabrique. Elles correspondent à trois couleurs qu'on peut retrouver dans les trois films, etc. Donc c'est tout un truc qui fait que l'expérience est un peu plus unique que si on te mettait un casque sur la tête au milieu d'une salle. Mais on l'a fait tester à des enfants d'abord. Bonsoir. Dans le cadre de l'exposition à Nantes, tous les artistes sont restés une semaine. Et donc, il y avait des ateliers avec des gamins. Et je crois que c'était mon meilleur public. C'était top. Et puis, ils l'ont vu avant même, je me rappelle, l'atelier, on l'a fait avant même le vernissage de l'expo. C'était des 10-12 ans, ils étaient comme des fous et tout. Moi, j'ai adoré ce moment d'échange avec eux. Et puis, c'était une classe, j'appelle ça les classes Benetton. Il y avait toutes les nationalités dedans. Donc, c'est super.

  • Ramata

    Non, mais écoute, on en parlera. Mais je vois où ça peut s'organiser. Maintenant que tu m'as expliqué qu'il y avait des paravents, des tissus, wax et tout, on en parle. On en parle. Et donc, probablement, alors je ne pense pas que quand je vais sortir l'épisode, on aura déjà verrouillé quelque chose. Mais en tout cas, quelque part en 2025, je pense que ce sera possible.

  • Gombo

    Allez, tu as l'air déter.

  • Ramata

    En tout cas, vu que je l'ai déclaré dans un podcast, je ne peux pas revenir en arrière. Ça ne prendra pas compte du montage.

  • Gombo

    OK.

  • Ramata

    Donc, il faudra attraper ma veste. Si ça ne se fait pas, il faudra attraper mon bon bord sur Wax. Ah,

  • Gombo

    d'accord.

  • Ramata

    OK. Donc, là, en fait, tu nous as parlé de ce côté réalité virtuelle. Et aujourd'hui, ton actualité, c'est notamment l'exposition Wax avec le Musée de l'Homme. qui vient juste de démarrer là, début février. Est-ce que tu peux nous parler du tout de cette expérience-là et de toi, en fait, que tu présentes dans le cadre de cette exposition ?

  • Gombo

    Alors, l'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur... l'histoire de ce textile. Et puis, il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis, on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, et puis de la peinture. Donc, pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois en peinture. Donc voilà, il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Et toi, en termes de... Comment tu fais pour avoir cette opportunité d'être exposée au Musée de l'Âme ? Parce que, du coup, je ne t'ai pas demandé si avant, tu avais été exposée dans d'autres musées, tu avais eu d'autres opportunités, après, en tout cas, l'exposition virtuelle dont tu parlais tout à l'heure. Est-ce que tu avais eu d'autres opportunités et comment, en fait, ça s'est fait, la collaboration avec le Musée de l'Âme ?

  • Gombo

    Comment s'est faite la collaboration avec le Musée de l'Homme ?

  • Ramata

    Oui, c'est ça. Et est-ce que tu avais exposé avant dans d'autres musées ?

  • Gombo

    Alors, je n'avais jamais exposé dans un musée avant. Enfin, si, j'avais exposé illégalement au Musème, parce que j'avais été accroché à une de mes œuvres au Musème dans une exposition. Donc, je ne sais pas si ça compte, mais pour moi, ça compte.

  • Ramata

    C'est à toi de nous dire, c'est toi l'artiste. Je ne sais pas comment ça se passe. Je te demande. Mais du coup, alors le playbook, pour être exposé en tant qu'artiste par Bongo, tu rentres dans le musée et puis tu poses ta pièce.

  • Gombo

    Voilà. Après tout.

  • Ramata

    Et ça compte. Voilà. Je fais moi-même la curation et je m'intègre dans l'environnement.

  • Gombo

    Je pense que dans la vie, des fois, il faut faire simple. Alors du coup,

  • Ramata

    explique-nous cette curation.

  • Gombo

    Spontanée. Il y avait une exposition au Mucem qui s'appelait Europa Ausha, qui était une exposition dédiée à l'art diasporique, afro-descendant et tout. Et à l'époque, j'étais dans une grande réflexion sur le musée, l'espace muséal. Et je venais donc de faire cette exposition dans une galerie à Marseille qui s'appelle Solarium, une exposition qui s'appelait Muséum Regards Afropéens. où j'imaginais un musée dédié aux figures afro-européennes. Et donc, il y avait toute une réflexion sur la représentation du corps noir dans l'espace muséal, l'espace muséal qui est l'incarnation d'un lieu où on entrepose des trésors pillés dans les colonies, etc. Donc un espace assez violent d'un certain point de vue. Et cette expo m'a à la fois fasciné parce que je trouvais ça génial. En fait, je venais de faire une exposition dédiée à un public diasporique, mais dédiée à des artistes qui met en valeur des artistes diasporiques, d'origine noire, etc. Mais en même temps, c'était un espace que je réfutais, que je refusais d'une certaine manière. D'autant plus qu'à l'époque, je me rappelais, je venais de faire une œuvre sur un artiste qui s'appelle Osman So, qui était un sculpteur sénégalais et qui a toujours refusé d'exposer dans les musées, et donc qui adorait exposer en espace public, etc. Et donc je me disais, il faudrait commettre un acte de violation comme eux, comme eux, ils ont fait en pillant des œuvres dans les... dans les colonies, dans les territoires africains. Il faudrait faire quelque chose de... Il faudrait profaner l'espace, en fait. Mais je ne voulais pas piquer une œuvre, ça ne m'intéressait pas. Et je cherchais sans doute un peu plus de visibilité aussi. Il y avait tout un truc, tout un tas d'émotions et de réflexions qui s'entremêlaient à l'époque dans ma petite tête. Et je me dis, bon, je vais... je vais faire une œuvre et je vais l'accrocher légalement dans le musée. Et c'est Passport afropéen qui est sorti. Et à l'époque, je n'avais même pas conscientisé pourquoi j'avais eu envie de faire un passeport. C'est venu après.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant en tout cas que tu partages ça. J'aime bien comment tu dis, en fait, je ne l'ai pas conscientisé. C'est un peu quelque chose que tu as fait de manière spontanée, mais qui a une valeur symbolique extrêmement forte. Maintenant, du coup, Ta seconde exposition dans un musée, celle que toi tu as provoquée et celle avec laquelle, a priori, tu t'es organisé avec le musée de l'Homme, vous étiez d'accord ensemble pour que tu puisses exposer. C'était pas... Tu peux nous raconter comment ça s'est fait. Voilà, c'est à dire qu'a priori, il n'y a pas un moment où quelqu'un a fait le tour du musée et a dit mais ça, ça ne fait pas partie de notre curation, il faut qu'on enlève.

  • Gombo

    Ils ont quand même beaucoup d'oeuvres à moi, donc ça aurait été dur de... de gruger, j'ai envie de dire.

  • Ramata

    Du coup, comment ça s'est fait, la curation ? C'est quoi les étapes, en fait, pour toi, pour pouvoir comprendre le sujet et l'ambition de cette exposition wax et ensuite proposer les œuvres ?

  • Gombo

    Écoute, comme je le disais, il y avait deux pans. Une partie réservée à l'histoire de ce textile et puis une autre partie réservée à ce qu'en font les artistes contemporains. Alors après... Le wax, on peut l'aborder de différentes façons. On peut rejeter complètement ce textile qui est né dans un contexte colonial hyper violent. On peut aussi le voir comme un métissage, un métissage aussi, et peut être violent. On peut... On peut considérer qu'il fait partie maintenant d'une forme qu'il incarne, une forme d'identité dans certains pays d'Afrique subsaharienne. Il y a plein de façons d'aborder le textile. Et puis, je crois que les curateurs de l'exposition, les commissaires d'exposition, avaient une bonne vision d'ensemble de toutes les problématiques que ça brassait. Je fais des motifs en wax, à un moment ils m'ont repéré, et puis j'étais le candidat idéal, j'ai envie de dire, pour cette exposition, donc ça s'est fait, et puis je pense qu'à l'époque je m'intéressais, et je m'intéresse toujours aux gens, aussi bien aux artistes qu'aux curateurs, qu'aux galeristes qui travaillent autour de l'identité, pas de l'identité, je dirais de la présence noire. à travers les arts. Et voilà, ça s'est fait comme ça. Je n'ai pas été amené à porter une grande réflexion à l'exposition, si vous voulez. J'avais un portfolio, ils ont choisi des œuvres qui étaient pertinentes pour eux, et puis ça s'est fait comme ça.

  • Ramata

    Du coup, c'est, comment dire, on va dire que ça tombait bien pour toi, que ce soit pile à ce moment-là, puisque finalement... Ta carrière est assez jeune en tant qu'artiste visuel, et du coup avoir l'opportunité d'exposer dans un musée parisien, pour toi, est-ce que c'est une forme de consécration ? Est-ce que toi, dans ton vision board, mais tu vas me dire que toi tu ne fais pas de vision board, tu fais des storyboards, je ne sais pas, mais est-ce que ça faisait partie de tes objectifs d'être exposée dans un musée de façon légale ? Ou est-ce que ce n'était pas du tout forcément une ambition que tu avais et tu as profité de cette opportunité, mais ce n'était pas forcément quelque chose que tu ambitionnais ?

  • Gombo

    Je ne pense pas que ça ne m'intéressait pas plus que ça le musée au début. Moi, ce qui m'intéressait, c'est la galerie. Et finalement, la galerie, je n'y suis toujours pas. Parce qu'en fin de compte, j'enchaîne un peu les résidences. L'année dernière, en deux ans, j'ai fait plusieurs pays. Et cette année, je vais faire Venise pour la réalité virtuelle, après la Guadeloupe, le Brésil deux fois. Ça me ramène à ma première idée, ma première envie vraiment dans l'art contemporain, c'était, je me dis, moi, je veux voyager, je veux qu'on me paye pour aller faire des œuvres avec les gens dans des pays que j'aime bien ou que j'ai envie de découvrir. Et puis, on verra ce que je trouve sur le chemin, mais j'ai envie d'avoir quelque chose de proactif, de ne pas rester... chez moi tout le temps, dans mon petit coin, à peindre des trucs. J'ai envie que ça soit vivant. Je pense que c'est un contre-coup de ma vie de storyboarder qui, pour le coup, était de rester... Ma routine était de rester assise sur une chaise à dessiner 8, 10, 12 heures par jour.

  • Ramata

    OK, super intéressant. Alors, j'aime bien comment t'as dit « Moi, j'ai envie qu'on me paye, j'ai envie de voyager. » Donc... Du coup, ça fait une belle vocation.

  • Gombo

    Je ne me cache pas.

  • Ramata

    Non, mais parce que parfois, l'image de l'artiste, c'est vraiment ce côté, l'artiste torturé, qui est incompris pendant toute sa vie. Et en fait, il gagne le succès après. Non, non, moi, je veux être artiste pour qu'on me paye.

  • Gombo

    Oui, on ne me paye pas encore très cher, mais on me paye déjà le billet d'avion, l'hôtel, et puis deux, trois trucs. Ma prestation, c'est pas mal. Je viens des arts appliqués, de la technique, donc voilà, il y a service, il y a prestation, il y a rémunération, et puis j'essaie de faire des trucs qui m'amusent dans la vie. passionnant.

  • Ramata

    Non, mais c'est intéressant en tout cas parce que vraiment souvent les profils créatifs ils vont toujours dire mais moi la partie business c'est compliqué, moi j'ai un petit peu du mal à comment dire avec ces histoires d'argent, mais j'ai l'impression que toi ah non c'est très clair pour moi il y a prestation. Mais non mais tant mieux, tant mieux peut-être qu'il faut que tu fasses des masterclass à certains artistes que j'ai pas rencontrés, je pense qu'il y a peut-être un sinon.

  • Gombo

    parce que... C'est pas ça. Si tu veux, je pense qu'il y a une conception française, très française de l'artiste bohème. Et puis, il y a deux écoles majeures en France. En tout cas, il y en avait deux. C'est les Beaux-Arts d'un côté. Donc, le mec torturé, mal dans sa peau, qui peint, qui mange un jour sur deux. Voilà, Aznavour, la bohème. Et puis, il y a les arts appliqués. Ardisson, la pub. l'argent, la thune, effectivement, la coke, la fête, les prostituées, j'en sais rien. Tout le délire du publicitaire. Comment il s'appelait ce film ?

  • Ramata

    Je vois tout à fait, mais je ne me souviens plus du titre. Il a fait un bouquin d'abord et ensuite un film.

  • Gombo

    Bon, si tu veux, d'un extrême à l'autre, il y a des gens qui ont envie de gagner leur vie décemment en pratiquant les arts. Et je pense que quand tu viens des arts appliqués, tu te destines à des métiers, et puis tu essaies d'en vivre, tu as envie d'être payé pour ce que tu fais, etc. Parce que ce n'était pas du tout aussi gros au début. Il y a... J'ai une volonté dans ma démarche de retourner d'abord en Indonésie pour retourner aux racines du wax hollandais et aller faire un travail là-bas de recherche sur le batik indonésien qui a inspiré le wax, etc. Donc j'écris longuement un dossier là-dessus. Et puis ça ne passe pas. On me le refuse, j'essaie de bosser avec l'institut français et puis on me dit non. Je me rappelle, je suis vraiment déçu, je suis cassé en deux parce que j'ai passé beaucoup de temps sur ce dossier. Et pour moi, c'était la suite logique dans ma démarche. J'avais conscientisé le truc à fond. Et puis, quelques mois après, il y a cet appel sur le Brésil qui sort. Et il est très court. On a peu de temps pour y répondre. Et en fait, moi, à ce moment-là, j'ai déjà un dossier énorme fait pour l'Indonésie. Donc en fait, je vois Jakarta. Je règle Jakarta et puis à la place, j'écris Saint-Germain-d'Ardénia, basiquement. Je recandidate. Et là, elle répondit oui. Mais ça ne devait pas être un défilé de mode, ça devait être juste une création de motifs, un travail avec des artisans locaux pour travailler sur des techniques. de dessins artisanal, local et puis il y a un échange un dialogue dans la production de ces motifs mais par rapport au projet du Brésil le Brésil ça m'intéressait à fond je me suis dit voilà je vais pouvoir explorer un peu plus un pan de mes origines travailler sur cette partie plus afro que je n'aurais pas faite en Indonésie Très peu. Et en fait, le projet a grossi parce qu'il y a des partenaires qui ont commencé à vouloir s'ajouter. Ah, ça serait bien si tu faisais ceci, si tu faisais cela. Est-ce que tu es chaud et tout ? Et puis à chaque fois, je trouvais les idées géniales. Et puis j'ai dit oui. Et puis du coup, maintenant, ça va être le plus gros projet de ma jeune carrière. Il y a beaucoup de défis, beaucoup de challenges, mais je crois que j'adore ça. Je suis, de par la carrière que j'ai eue dans le storyboard, aussi un compétiteur. Parce qu'il faut savoir que dans le dessin animé ou dans les arts appliqués, souvent, on passe des tests, on est en compétition avec d'autres personnes, etc. J'essaie juste d'être dans une compétition qui soit plus saine, qui soit... qui m'enchante en fait, je le vois différemment. Et puis du coup, voilà, ce projet va se faire, j'y vais deux fois, j'ai un premier voyage de recherche de trois semaines dans les quartiers populaires, dans la favela, à rencontre des travailleurs sociaux, des créateurs de mode, d'artistes, pour échanger avec eux, et puis on y retourne. tourne une deuxième fois pour la production vraiment du défilé de mode, des heures, etc. C'est intéressant parce qu'il y a la biennale d'art contemporain de Sao Paulo dans la foulée après. Salvador de Bahia à Sao Paulo, ce n'est pas à côté. Il faut faire sacrément d'heures de bus pour y aller mais je vais essayer je crois dans la foulée d'aller voir là-bas et je suis sûr que je verrai plein de choses absolument fantastiques et les... Les afro-brésiliens ont tellement de choses à dire là. Je pense que ça va être une grande claque.

  • Ramata

    Écoute, tu as déjà les dates, en fait. Donc, tu as ton premier voyage, en fait, un peu d'exploration, de recherche. Et après, les dates durant lesquelles aura lieu le défilé et les différentes... Je ne sais pas si c'est un festival, je ne sais pas comment tu l'appelles, mais ça va être sur plusieurs jours, en fait.

  • Gombo

    Alors, oui, c'est un peu flou parce que... On ne sait pas. Au mois de novembre, au Brésil, c'est le mois de la conscience noire. Donc il se passe beaucoup de choses. Et on ne sait pas encore si on va vraiment prendre le pendant rue et faire un défilé de mode dans la rue avec l'habitant, ou si ça va être un peu plus cadré dans le cadre d'un festival, notamment qui s'appelle Afro Futurismo. qui est un grand festival un peu plus business, qui mixe art, entrepreneuriat, avec des gens qui viennent investir dans la mode, monter des business. Je pense que les deux sont intéressants d'un point de vue. J'ai envie de dire que ça ne dépend pas que de ce que j'ai envie de faire, ça va dépendre de ce que j'arrive à faire avec les gens. Parce que là, ça va être... ... une production très collective. Il n'y a qu'après mon voyage de recherche que j'aurai une idée un peu plus claire de ce qui va m'être facilement réalisable ou pas, avec qui, comment, quoi. C'est vraiment l'aventure, là.

  • Ramata

    Mais j'ai l'impression que c'est ce qui te plaît dans cette initiative, dans ce projet.

  • Gombo

    Là, je suis aux anges. Là, c'est bon. Là, j'ai tout. Je vais faire de la scénographie, des fringues, voyager. On va me payer pour ça. Et puis non, j'ai vraiment l'opportunité de faire un gros travail de recherche. l'héritage africain au Brésil, d'aller voir des lieux historiques, des lieux vraiment imprégnés de quelque chose de fort. Je me rappelle que quand on a été à Lisbonne, dans le cadre des résidences manifestes, on a été avec les 22 artistes et un guide noir. Je dis ça parce qu'à Lisbonne, c'est très, très... Si tu veux, toute l'histoire... coloniale des conquistadors, etc. Lisbonne est hyper valorisée parce qu'elle est attrée au tourisme. Donc les gens viennent en fait voir des monuments qui représentent des gros salopards en fait. Et des gens qui... Et donc si tu veux, ce guide noir là, il a une autre approche et il nous a emmenés dans une rue qui était... un lien direct entre la mer et la maison d'un armateur. Et donc, le bateau négrier arrivait en bas et il les faisait remonter jusqu'à la maison où ils étaient entreposés, parqués comme des bœufs avant la vente. Et cette rue-là était, je te jure, quand on y est passé, c'était un peu au soleil couchant. Elle était lourde, elle était imprégnée de tout un truc qui nous a fait hérisser les poils et le lieu était... chargé quoi. Il y avait une trace, une empreinte qui était forte. Et je pense qu'à Salvador de Bahia, je vais pouvoir retrouver aussi ce genre de de lieux, alors pas que des choses macabres, j'espère, mais si tu veux, des lieux chargés d'histoire. Et il n'y a qu'en y allant, il n'y a qu'en les traversant, on peut trouver certaines inspirations. qui frôlent l'inconscient, qui sont d'un ordre spirituel, qui donnent une énergie aussi, une envie de produire de belles œuvres, des œuvres qui ont un sens pour moi par rapport à la démarche que j'ai. Très bien,

  • Ramata

    donc ce sera la principale actualité de 2025.

  • Gombo

    Ah pour moi ? Ouais, clairement. Et puis, c'est dans le cadre de la saison France-Brésil. Donc, il y a le projet là-bas. Et puis après, il y a le rapatriement de tout ça en France, avec la volonté de refaire l'expo qui sera présentée au musée du Brésil, de Salvador, en France. Et puis, ces œuvres textiles qui ont été réalisées, il faut... Il y a un truc avant, c'est qu'avant, je produisais, je produisais. Je ne me souciais pas de la vie de ces œuvres. Mais si tu... Mais en fait, c'est un travail aussi. Et les œuvres qui sont exposées en ce moment au Musée de l'Homme jusqu'au mois de septembre, il y a des pièces, je les ai réalisées il y a deux ans. Donc en fait, ça vit et puis ça change l'espace et puis ça rencontre un public. Donc quand on passe beaucoup de temps, quand on met beaucoup de passion et d'énergie à produire une matière, il ne faut pas oublier aussi derrière qu'il y a un travail pour la partager. sur plusieurs années parce qu'elles sont là et que ce serait dommage.

  • Ramata

    Et parce que toi, aujourd'hui, tu ne travailles pas avec un agent ou tu travailles seul, en fait, dans les opportunités qui arrivent à toi au niveau de galerie et tout ce que tu nous as raconté jusqu'ici. En tout cas, il me semble que tu as l'air de travailler seul.

  • Gombo

    Moi, je n'ai rien du tout. Moi, si, maintenant, j'ai un atelier correct. Donc, voilà, si tu veux, je suis passé de la sérigraphie dans ma salle de bain à la sérigraphie dans une pièce dédiée avec toute la chaîne de prod, etc. Et puis, des conseils et des conseils pour un niveau de rendu et d'excellence technique.

  • Ramata

    Élevé.

  • Gombo

    Voilà, que j'estime élevé. qui l'est, je pense, n'importe quel sérigraphe pourra le dire. Mais je ne suis pas dans le milieu de la galerie. Je suis assez solo. Pour l'instant, je suis... Je suis assez solo, alors voilà, il y a des gens qui me suivent, il y a des gens qui peuvent m'aider à gauche, à droite. Là, le projet au Brésil, il est porté par une institution française. Il n'est pas porté... Donc là, pour le coup, cette année, avec ce projet-là, j'ai vraiment une team qui bosse pour moi. Et puis le projet Manifest, il y avait une team qui bossait pour moi et pour les 22 artistes aussi. Donc ça, voilà, ça progresse et puis effectivement, ça décharge. Parce que des fois, on passe tellement de temps à écrire des dossiers, à chercher des appels, etc. qu'en fait, on ne produit plus. Mais moi, mon but, initialement, c'est de... J'aime tout, si tu veux, j'aime tout l'aspect du truc. Mais à un moment, il faut faire des œuvres, en fait. Ça serait bien d'en faire, quoi. D'avoir le temps, un temps dédié. Et il faut bien le mesurer parce que...

  • Ramata

    Ok ! Moi, je pense que je t'ai posé toutes les questions que je voulais poser par rapport à ton parcours et à ton actualité. Et puis, tu nous as partagé pas mal d'infos, donc je te remercie pour ta générosité, ta transparence sur ton parcours et sur la manière dont toi, tu appréhendes ta carrière d'artiste visuelle. Je m'appelle Après, en note, je débattais de l'épisode, le lien vers ton compte Instagram. Je ne sais pas si tu as un site internet.

  • Gombo

    Le site, là, j'y travaille. Je me dis que cette année, ça peut être intéressant. C'est aussi l'année où je vais essayer de mettre un peu plus le nez dans la galerie. Honnêtement, ça me plairait de trouver ce type de relation, d'avoir un galeriste avec qui ça se passe bien, qui produise un travail. et puis que ce soit une belle expérience humaine aussi. Donc voilà. Mais pour l'instant, Insta, ça marche bien, c'est puissant aussi.

  • Ramata

    Très bien, tu mettrais le lien de l'Insta. Et puis voilà, l'appel est ouvert pour les galeristes qui veulent te donner de la force. Donc, écoute, moi, je vais te dire à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Gombo

    Merci. Merci à toi, Ramatha. Et puis, j'espère à très vite aussi en Afrique.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'exposition Wax au Musée de l'Homme

    01:25

  • Présentation de Ramata Diallo et de son podcast Africa Fashion Tour

    02:29

  • Entretien avec Gombo, artiste visuel et dessinateur

    03:33

  • Définition de l'artiste visuel et parcours de Gombo

    04:38

  • Les débuts de Gombo dans le dessin et l'animation

    05:47

  • Transition vers l'art contemporain et exploration de l'identité

    10:27

  • Discussion sur l'exposition Wax et son impact artistique

    18:05

  • Réflexion sur le wax et son histoire culturelle

    32:45

  • Projets futurs et ambitions de Gombo dans le milieu artistique

    41:29

Description

Comment un artiste indépendant peut-il réussir à s'imposer dans le monde de l'art ?

Gombo, artiste visuel afro-descendant, partage son parcours dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De ses débuts dans le dessin animé à son exposition au Musée de l'Homme, il nous raconte les étapes clés de sa démarche artistique et les défis qu'il a rencontrés.

Il insiste sur l'importance de l'engagement, de la curiosité et de l'exploration pour créer des œuvres qui ont du sens.

Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux de la représentation de l'héritage africain dans l'art contemporain.

Dans cette interview, Gombo aborde également son utilisation du wax comme matériau symbolique et ses projets futurs, notamment un défilé de mode au Brésil.

Une véritable masterclass pour tous les passionnés d'art et de culture africaine.

Pour aller plus loin, vous pouvez suivre Gombo sur Instagram


Le film sur le secteur de la publicité auquel nous faisons allusion pendant l'interview est 99 francs


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gombo

    L'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet, parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur l'histoire de ce textile. Et puis il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, puis de la peinture. Donc pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même. Et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois... en peinture. Il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Gongo Wax. Gongo est un artiste visuel et un dessinateur. Une sélection de ses œuvres est actuellement visible au Musée de l'Homme dans le cadre de l'exposition Wax. Expert en sérigraphie, il crée des œuvres inspirées du Wax comme prétexte pour raconter des histoires. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de ses ambitions. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours avec tous mes invités. Gombo, je vais te demander de te présenter.

  • Gombo

    Alors, je m'appelle Gombo. Effectivement, avant, on m'appelait Gombo Wax, mais au fil du temps, on a réduit à Gombo. Et je suis artiste visuel, afro-descendant, afro-européen. métis, d'origine française, congolaise de Kine, angolaise et brésilienne.

  • Ramata

    Ok, écoute là, avec cette petite introduction, j'ai plein de questions à te poser tout de suite. J'aimerais bien que tu me dises déjà, tu dis que tu te définis comme étant un artiste visuel. Qu'est-ce que ça veut dire exactement, artiste visuel ? C'est quoi ta définition ?

  • Gombo

    Alors, artiste visuel, c'est un terme qu'on emploie beaucoup en art contemporain pour parler d'un artiste qui travaille sur toute technique visuelle. Ça peut être la peinture, le dessin, la vidéo, la sérigraphie, etc. Moi, j'ai eu et j'ai toujours une carrière dans le dessin animé, puisque j'ai commencé... par une école d'art appliqué qui m'a amené au métier du film d'animation et du storyboard en particulier. Donc je suis quelqu'un qui aime beaucoup dessiner, qui aime raconter des histoires. Et il y a maintenant cinq ans de ça, j'ai entamé une carrière dans l'art contemporain à travers les médiums de la sérigraphie, du textile et plus récemment de la réalité virtuelle.

  • Ramata

    Très bien, donc tu dis que toi tu as un parcours d'abord de vraiment une expertise dans le dessin. Est-ce que tu peux nous dire quelles sont en fait les études que tu as faites pour arriver là ? J'imagine que tu as toujours une passion pour le dessin.

  • Gombo

    Oui absolument, le dessin c'est quelque chose que je me rappelle avoir commencé quand j'habitais en Angola, à Luanda. À l'époque avec mon père et ma mère, le pays était en guerre et on était loisonnés à la capitale. qui appartenait au MPLA, le mouvement politique dominant. Et mes grands-parents français m'avaient donné des cassettes vidéo. À l'époque, on utilisait ce qu'on appelle un magnétoscope pour regarder des films, des dessins animés, etc. Ils m'ont enregistré des dessins animés en France. Et je me rappelle que je les reproduisais dans ma chambre quand j'étais à Luanda. C'est comme ça, je crois, que j'ai vraiment abordé le dessin. J'étais un gamin assez... Il y avait des solitaires, il y avait l'école, mais pas tous les jours. Évidemment, le contexte de la vie à Luanda était compliqué à cause de la guerre. On sortait peu, donc ça a été ma première approche. Suite à ça, c'est une appétence que j'ai nourrie. J'ai fait avec ma famille plusieurs allers-retours entre l'Afrique, entre l'Angola et la France. On est allé un petit peu aux États-Unis et j'ai continué à dessiner. J'ai continué à dessiner. J'ai eu l'opportunité de gagner un prix quand j'étais gamin pour aller au festival de la BD d'Angoulême, parce que c'est ce qui m'intéressait au début, de faire de la BD, de raconter des histoires, d'être un auteur à part entière. Et en grandissant, j'ai entamé des études d'art appliqué à l'école Pivot de Nantes à l'époque. Et je me rappelle que c'était la deuxième promo à proposer du dessin animé. Et ça me paraissait super, ça me paraissait être une industrie florissante dans laquelle on pouvait gagner sa vie rapidement comparé au statut d'auteur en bande dessinée qui peut être beaucoup plus long. Et puis, je crois que je ne savais pas trop ce que je voulais raconter à ce moment-là. Donc, plutôt que de raconter mes histoires, je me suis dit pourquoi pas raconter celles des autres. Et j'ai entamé ma carrière de storyboarder dans le dessin animé à Paris à l'époque.

  • Ramata

    Est-ce que tu peux définir ce qu'est un storyboarder et le travail que tu fais dans le milieu du dessin animé ? Parce que je pense qu'il y a une partie de l'audience qui doit un peu prévoir de quoi il s'agit. Mais moi, j'aime bien prendre le temps de réexpliquer certains concepts qui ne sont pas toujours familiers tous. Et on n'a pas toujours... l'opportunité de connaître ces univers-là. Donc, ça m'intéresse que tu puisses prendre un petit moment pour nous décrire ce que tu fais au niveau du dessin animé.

  • Gombo

    OK. Alors, le storyboard, c'est un métier... En tout cas, le storyboard de dessin animé, c'est assez spécifique. C'est-à-dire qu'il faut imaginer qu'on fait une grande bande dessinée de tout le dessin animé avant qu'il passe dans les mains des équipes techniques et des autres... postes. Le dessin animé, c'est un travail collectif, c'est un travail fastidieux et long qui nécessite beaucoup de petites mains et des gens hyper spécialisés à différents postes. Donc il y a des personnes qui ne font que du décor, d'autres que des personnages, d'autres que de la couleur. Le storyboarder, lui, ne fait que une forme de dessin assez rapide mais avec les informations nécessaires et justes. pour raconter l'histoire. Vraiment comme une espèce de bande dessinée qui serait moins bien léchée, moins bien soignée, mais avec beaucoup plus de dessins. Un dessin animé de 11 minutes, ça nécessite entre 800 et 1 200 dessins. C'est un dessin rapide, c'est un dessin prolifique, c'est un dessin... j'ai envie de dire technique aussi, dans lequel on dessine les angles de caméra, le déroulement de l'action, etc.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, toi, tu as cette carrière-là d'un côté, dans le dessin, et en parallèle, en tout cas depuis quelques années, tu en viens à développer une carrière d'artiste visuel. Comment est-ce que ça se fait ? À partir de quel moment est-ce que cette trajectoire-là se dessine ?

  • Gombo

    J'ai toujours eu un goût, une curiosité pour les arts et diverses pratiques artistiques. Dans le dessin animé, on est plutôt sur des gens qui sont dans l'excellence technique, en tout cas des techniciens, et je suis toujours technicien dans ce milieu. On est sur une culture geek aussi, sur une culture pop. Et moi, j'avais aussi un goût pour d'autres types d'espaces artistiques comme la galerie, le musée, l'art conceptuel, l'histoire de l'art. Et ça m'intéressait aussi. Après, je crois qu'au moment où, en 2015-2016, j'habitais dans le quartier de Châteaurouge à Paris et j'avais déjà depuis quelques années une envie de faire un travail un peu plus personnel. Parce que dans le dessin animé, on est... une grosse équipe au service souvent d'une œuvre de divertissement. J'avais envie de produire un travail d'auteur, mais je ne savais pas trop comment. Et j'étais sur une démarche assez introspective. Je me rappelle avoir fait une formation en film documentaire, parce que ça m'intéressait. Et j'ai abordé ça de façon assez relaxe, j'ai envie de dire. Et en fait, on m'a demandé un travail assez... assez dense, auxquelles je n'étais pas préparé, assez intime. On m'a demandé d'aller chercher en moi mes problématiques, ce qui me travaillait, des choses assez personnelles. Et j'en suis venu à essayer de faire un film, notamment sur les taxiphones dans le quartier de Châteaurouge. Alors pour ceux qui sont plus jeunes et qui ne connaissent pas le taxophone, avant l'invention du téléphone portable, on utilisait souvent le taxophone. pour passer des appels téléphoniques à l'étranger. Et donc voilà, il faut imaginer un magasin avec des cabines téléphoniques à la file et puis des codes postaux de différents pays avec combien coûte à la minute de les appeler. Et j'y voyais un espace où des liens de famille se recréaient entre eux. des pères sénégalais, maliens, qui travaillaient à Paris, et leurs femmes et leurs enfants restaient au pays. Et j'y voyais une analogie avec ma propre histoire familiale, en tout cas avec des relations de famille à distance, puisque mon père, mon pan africain, plusieurs de mes sœurs, toute ma famille africaine vit, elle, en Angola, et que je les... Je les fréquente, je les connais, j'entretiens les relations de famille que j'ai avec eux à 90% par téléphone. Donc c'était un espace qui me touchait énormément et qui était à la fois assez sordide, assez glauque, ça ressemble à n'importe quelle épicerie bas de gamme, avec n'importe quel shop assez pauvre. C'est laid comme espace en fait. Mais les histoires et les récits qui s'y jouent, je les trouvais beaux et poétiques. Et puis, évidemment, c'est aussi un lieu de blanchiment d'argent, de corruption. Donc, il m'était difficile d'arriver à tourner là-dedans. J'avais que trois semaines pour faire le docu. Et finalement, j'en viens à devoir moi-même me mettre en scène dans un call avec ma famille, que pour le coup, j'ai réalisé par Skype à l'époque. Et puis, ce film est une espèce d'échec cuisant. Je n'arrive pas à prendre du recul sur moi-même. C'est assez dur de se mettre en scène en étant sincère, etc. Le film est un espèce d'échec assez dur à encaisser. Mais je me rends compte que, en fin de compte, les relations que j'ai avec tout un point de ma famille africaine sont assez superficielles et que j'ai beaucoup de choses à explorer. qu'il y a peut-être une transmission qui ne m'a pas été faite, ou du moins qui est assez pauvre. Et c'est de là, je crois, que je me suis dit « Oui, en fait, par le prisme d'une activité artistique, j'ai envie de faire ce travail de réappropriation. J'ai envie de me rapprocher de mes origines, j'ai envie de les comprendre, j'ai envie d'explorer pourquoi je suis ici. » là-bas, pourquoi je connais peu ou pas mon héritage, etc. Il y a toute une somme de questions qui me sont apparues et que j'ai eu envie d'exprimer d'un coup. J'avais d'un coup des histoires à raconter.

  • Ramata

    Super intéressant. Toi, tu parles d'échec cuisant par rapport à ce film, mais au départ, c'était plus une forme d'initiation. Ce n'était pas quelque chose qui devait être un succès.

  • Gombo

    Alors, oui, sans doute. Sans doute, c'était une initiation, effectivement. Mais il y avait quand même à la fin ce petit projet de faire un film de cinq minutes qui soit... qui illustre une démarche, un propos intellectuel qu'on avait développé, etc. Et je n'avais pas réussi personnellement à illustrer en images, à illustrer avec un film ma problématique, mon propos, le thème de mon film. En l'occurrence, l'idée de loin des yeux, loin du cœur, l'idée de comment entretenir une... des relations familiales à distance.

  • Ramata

    Ok. Et donc là, c'est un peu ta...

  • Gombo

    C'est pour ça qu'effectivement, je voyais ça, je voulais essayer qu'on a des chèques.

  • Ramata

    D'accord. Mais ok, intéressant. Et du coup, en tout cas, cette première initiative, elle t'invite à aller finalement un peu questionner ton rapport à ta famille, à tes origines. Et du coup, c'est à travers ça que tout... une partie de ta créativité en tant qu'artiste elle va vraiment s'illustrer c'est vraiment ça qui définit un peu je ne sais pas si on dit ligne éditoriale chez un artiste mais en tout cas le type de visuel que tu vas chercher à proposer alors

  • Gombo

    à ce moment là je n'ai pas une démarche artistique j'ai des thèmes j'ai un starter émotionnel je dirais j'ai quelque chose qui m'anime Et suite à ça, je me rappelle que mon père et mes soeurs sont venus à Paris, comme ils avaient l'habitude de le faire. Tous les étés, on essayait de se retrouver dans différentes destinations. Déjà, on a la chance d'en avoir les moyens. Voilà, les vacances. Et puis là, je me rappelle avoir une violente dispute avec mon père. que j'évitais en général parce qu'on se voyait peu et que les moments étaient rares et qu'on était plutôt là dans un esprit de célébration. Mais cette fois-ci, ça m'avait été insupportable parce qu'effectivement, j'avais déconstruit la relation que j'avais avec lui, avec ce qu'il incarne, c'est-à-dire mon africanité, avec l'idée que c'était un de mes seuls accès à ma culture angolaise, congolaise et brésilienne, dans le sens où c'est ma mère qui est blanche, française, et que j'ai eu beaucoup plus de transmission par elle. Donc je me rappelle, on se fâche fort, on ne se parle plus pendant deux ans. Et à ce moment-là, effectivement, je vis à Châteauroux, je commence à voir tous ces textiles africains. Ça me remémore des choses par rapport à mes jeunes années en Angola, etc. Mais je n'ai pas développé la démarche artistique à ce moment-là. Elle est venue un petit peu plus tard. Mais j'avais effectivement quelque chose qui m'animait. Et donc, il fallait que j'étudie ça, que je vois quelle forme plastique ça pouvait prendre. Parce que ça aurait pu être de la bande dessinée, ça aurait pu être du film, ça aurait pu être... plein de choses.

  • Ramata

    Et du coup, c'est à partir de quel moment que tu définis en fait le canal par lequel tu vas exprimer cette... Enfin, c'est... Comment dire ? Ton courant artistique, en fait. À partir de quel moment est ce que ça se fait ?

  • Gombo

    Alors, je commence à chercher des inspirations autres que celles que j'avais l'habitude de voir, parce que comme j'ai majoritairement grandi en Europe, J'avais une culture artistique très européenne. Les peintres, les sculpteurs, etc. Et puis comme on est à Paris, il y a cette mexité. Je découvre des peintres comme Sherry Samba, JP Mika. Je me rappelle aussi que j'allais un peu traîner à Bruxelles à l'époque, où il y a le quartier de Matongué. On a cette grande fresque effectivement de Sherry Samba. Je commence à m'intéresser à d'autres... d'autres chemins, d'autres cultures de la peinture. Et je me rappelle que j'ai fait mon premier motif, je crois, quand j'habitais à La Rochelle, après avoir quitté Paris, pendant le Covid. Et pendant le Covid, ou juste avant, je m'étais dit j'ai bien envie d'apprendre la scénographie, il y a un super atelier de scénographie à La Rochelle. Parce que j'ai envie de faire des motifs en wax et parce que ça me paraît être la technique la plus... juste pour reproduire des motifs en wax. Et je me rappelle avoir à l'époque, quand on fait de la scénographie, il faut des écrans, des écrans qu'on va utiliser pour faire des pochoirs. Et une fois que ces pochoirs sont faits, qu'on les a utilisés, il faut nettoyer les écrans, les dégraver, pour pouvoir refaire des pochoirs dessus. Il faut un karcher, et je n'avais pas de karcher. terrasses. Comme c'était le Covid, on était assignés à résidence, mais je prenais quand même ma bagnole et j'allais au car wash. Il y a une période où les gens avaient l'autorisation de sortir un peu et je me rappelle que les gens allaient au car wash. Moi aussi, j'allais au car wash et je sortais les écrans de mon coffre. Je les nettoyais au car share et je foutais de la peinture partout, du vert, du bleu, du rouge. Les gens regardaient bizarrement. Mais c'est vraiment là que ça a commencé. 2016. Premières interrogations et en fait, 2020, 2019-2020, passage à l'action, en vrai. Il y a eu un process, il y a eu toute une maturation assez lente entre les deux.

  • Ramata

    Du jour où tu te dis que ça va être la sérigraphie, c'est sûr et c'est par là que tu... que tu décides de développer ton art ? Ou est-ce qu'il y a des moments de « tiens, j'ai peut-être testé la peinture » ou « testé autre chose » ? Ou c'est vraiment, une fois que ce choix est fait, il va venir vraiment définir de manière, je ne vais pas dire définitive, mais en tout cas, ça a été, comment dire, quelque chose de décidé, de mûri, et une voie qui est restée la même depuis cette décision ?

  • Gombo

    C'est là que... au lieu d'être simplement sérigraphe ou peintre. Quand on commence à cumuler, on devient artiste visuel, je pense. C'est-à-dire que j'ai commencé avec la sérigraphie, effectivement. Et puis, il y a quelques années, j'ai eu une opportunité de faire de la réalité virtuelle. Et donc, ça faisait appel à des compétences que j'avais dans le dessin animé. en peinture digitale, sur photoshop, etc. Et là je me suis dit en fait, il y a un élargissement et je séparais bien avant ce que je faisais dans le dessin animé pour gagner ma vie, pour payer mon loyer, etc. Ce que je faisais dans l'art contemporain sans grandes aspirations personnelles au début, mais juste par envie profonde. Et les deux sont liés grâce à la réalité virtuelle. Alors je me suis dit qu'en fait, je pouvais utiliser tout médium et que ça marcherait à partir du moment où je garde une exigence de technique et puis de pertinence par rapport aux propos intellectuels que j'essaie de développer, que j'essaie de partager aux gens. Le regard à travers lequel j'ai envie que les gens voient le monde, c'est-à-dire à travers mon regard, et que j'arrive à essayer de développer quelque chose de singulier, quelque chose qui m'est personnel et que j'arrive à le partager. Je pense que l'objectif, c'est toujours ça.

  • Ramata

    Et du coup, la réalité virtuelle, quand tu l'utilises, est-ce que tu peux nous expliquer, en fait, dans ton processus créatif, comment est-ce que ça s'intègre et quel genre d'œuvres, en fait, est-ce que tu crées en intégrant la réalité virtuelle ?

  • Gombo

    En fait, j'avais fait une exposition de sérigraphie à Marseille, ma première expo, et suite à ça, il y a un appel, il y a quelqu'un qui était passé à l'expo, qui me montre un appel pour participer à... trois résidences de création en Europe, et en profiter de ce temps pour réfléchir à des œuvres qui se sont produites en réalité virtuelle pour une exposition à Nantes avec l'idée de créer une nouvelle forme de mémoire autour de la traite transatlantique et du colonialisme. Il y avait 22 artistes afrodescendants de toute l'Europe. sélectionné. Donc voilà, j'avais candidaté, j'ai été retenu, donc super. Et puis là, on part comme ça sur une journée, sur trois résidences. D'abord en Hongrie, ensuite à Copenhague et après à Lisbonne. Où voilà, on nous apprend ce que c'est que la réalité virtuelle. en quoi ça peut être différent du cinéma. Évidemment, moi, je m'en suis tiré. En tout cas, je me suis attaché à ce que j'aimais faire et à ma sensibilité, c'est-à-dire le dessin animé. Donc, j'ai dit, moi, je veux faire un dessin animé à 360 degrés. Je sais faire des personnages, je sais faire des décors, des illustrations. Je sais écrire, je sais faire le storyboard. Je vais faire du film, je vais faire du dessin animé. Et puis, on va mettre tout ça à 360 degrés. Le spectateur sera au milieu du film. Et ça va être génial. Donc, on a eu des bons partenaires avec qui développer ce projet-là. Et puis, ça aboutit à cette exposition manifeste Nouvelle Mémoire. Nouvelle forme de mémoire sur la traite esclavagiste à Nantes en septembre 2024.

  • Ramata

    Du coup, j'imagine que cette œuvre que tu as créée pour cet événement-là, c'est encore possible d'y accéder. Est-ce que si mes auditeurs veulent voir ce dessin-lumé que tu viens de nous décrire, est-ce qu'on peut y accéder et comment ?

  • Gombo

    Bonne question. Depuis l'exposition, euh... Je ne sais pas trop. Ce n'est pas une histoire de droit, évidemment, que j'ai envie de la partager au public le plus large. Mais si je la mets sur YouTube ou quoi, ça va être flat. Alors que ce qui est intéressant, c'est d'avoir le casque des réalités virtuelles et puis d'être au milieu du film. Donc, je ne sais pas trop. Là, on m'a proposé et je pense aller présenter cette œuvre à nouveau dans le cadre d'une exposition. en Guadeloupe pendant une semaine. Donc évidemment, c'est hyper pertinent parce que cette œuvre, c'est trois dessins animés de cinq minutes qui présentent trois personnages historiques noirs qui ont joué un rôle dans la Révolution française, ou pas qui ont joué un rôle dans la Révolution française, mais qui sont contemporains de la Révolution française. Donc tout ça en ouverture. Thomas Alexandre Dumas, le père de l'écrivain Alexandre Dumas et Ourika une Sénégalaise qui avait été adoptée par l'aristocratie française à l'époque donc évidemment elle est sur le territoire de la Guadeloupe pour montrer ces oeuvres cette oeuvre là dont deux personnages viennent des Antilles c'est super, mais je sais pas je sais pas la diffuser plus largement pour l'instant il faudrait que je la mette sur un store je sais pas trop voilà Ce qui est bien aussi, c'est l'installation en équipe.

  • Ramata

    Non, mais ce que je comprends, c'est... Voilà. Donc, du coup, il faut arriver à trouver un espace avec des casques. Et là, on peut avoir accès à l'œuvre.

  • Gombo

    Ouais, c'est ça que je souhaite.

  • Ramata

    Mais il faut organiser une expo.

  • Gombo

    Ouais.

  • Ramata

    OK, c'est entendu. Je vais essayer de m'en occuper. Maintenant que j'ai compris quelle était la problématique. Parce que bon, on ne va pas... Et effectivement, je suis assez d'accord avec toi. On ne va pas mettre ça sur... sur Instagram, sur YouTube ou sur TikTok. Si le but, c'est d'avoir une expérience de réalité virtuelle, ça n'a pas de sens de le mettre sans pouvoir avoir cette expérience-là. Donc, chers auditeurs, attendez-vous à avoir de plus amples informations sur la possibilité de, en tout cas à Paris, pouvoir voir le film. On en discutera après l'interview. La fille qui fait du business en même temps qu'elle fait de l'interview. C'est du business, mais du coup, une fois qu'on a parlé de l'oeuvre, moi j'ai envie de la voir et je me dis, ça se passe comment ? Et donc, on trouve des moyens.

  • Gombo

    Il y a plusieurs artistes comme ça qui font des œuvres de réalité virtuelle, mais qui vont de pair avec une installation, avec un cadre,

  • Ramata

    avec une ambiance,

  • Gombo

    avec une ambiance de terre. Moi, pour cette œuvre-là qui s'appelle The Private Portrait, l'idée, c'est d'avoir une atmosphère cosy, intime. Donc, on a trois cabines qui sont faites de trois grands paravents qui sont recouverts de wax. C'est ma marque de fabrique. Elles correspondent à trois couleurs qu'on peut retrouver dans les trois films, etc. Donc c'est tout un truc qui fait que l'expérience est un peu plus unique que si on te mettait un casque sur la tête au milieu d'une salle. Mais on l'a fait tester à des enfants d'abord. Bonsoir. Dans le cadre de l'exposition à Nantes, tous les artistes sont restés une semaine. Et donc, il y avait des ateliers avec des gamins. Et je crois que c'était mon meilleur public. C'était top. Et puis, ils l'ont vu avant même, je me rappelle, l'atelier, on l'a fait avant même le vernissage de l'expo. C'était des 10-12 ans, ils étaient comme des fous et tout. Moi, j'ai adoré ce moment d'échange avec eux. Et puis, c'était une classe, j'appelle ça les classes Benetton. Il y avait toutes les nationalités dedans. Donc, c'est super.

  • Ramata

    Non, mais écoute, on en parlera. Mais je vois où ça peut s'organiser. Maintenant que tu m'as expliqué qu'il y avait des paravents, des tissus, wax et tout, on en parle. On en parle. Et donc, probablement, alors je ne pense pas que quand je vais sortir l'épisode, on aura déjà verrouillé quelque chose. Mais en tout cas, quelque part en 2025, je pense que ce sera possible.

  • Gombo

    Allez, tu as l'air déter.

  • Ramata

    En tout cas, vu que je l'ai déclaré dans un podcast, je ne peux pas revenir en arrière. Ça ne prendra pas compte du montage.

  • Gombo

    OK.

  • Ramata

    Donc, il faudra attraper ma veste. Si ça ne se fait pas, il faudra attraper mon bon bord sur Wax. Ah,

  • Gombo

    d'accord.

  • Ramata

    OK. Donc, là, en fait, tu nous as parlé de ce côté réalité virtuelle. Et aujourd'hui, ton actualité, c'est notamment l'exposition Wax avec le Musée de l'Homme. qui vient juste de démarrer là, début février. Est-ce que tu peux nous parler du tout de cette expérience-là et de toi, en fait, que tu présentes dans le cadre de cette exposition ?

  • Gombo

    Alors, l'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur... l'histoire de ce textile. Et puis, il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis, on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, et puis de la peinture. Donc, pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois en peinture. Donc voilà, il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Et toi, en termes de... Comment tu fais pour avoir cette opportunité d'être exposée au Musée de l'Âme ? Parce que, du coup, je ne t'ai pas demandé si avant, tu avais été exposée dans d'autres musées, tu avais eu d'autres opportunités, après, en tout cas, l'exposition virtuelle dont tu parlais tout à l'heure. Est-ce que tu avais eu d'autres opportunités et comment, en fait, ça s'est fait, la collaboration avec le Musée de l'Âme ?

  • Gombo

    Comment s'est faite la collaboration avec le Musée de l'Homme ?

  • Ramata

    Oui, c'est ça. Et est-ce que tu avais exposé avant dans d'autres musées ?

  • Gombo

    Alors, je n'avais jamais exposé dans un musée avant. Enfin, si, j'avais exposé illégalement au Musème, parce que j'avais été accroché à une de mes œuvres au Musème dans une exposition. Donc, je ne sais pas si ça compte, mais pour moi, ça compte.

  • Ramata

    C'est à toi de nous dire, c'est toi l'artiste. Je ne sais pas comment ça se passe. Je te demande. Mais du coup, alors le playbook, pour être exposé en tant qu'artiste par Bongo, tu rentres dans le musée et puis tu poses ta pièce.

  • Gombo

    Voilà. Après tout.

  • Ramata

    Et ça compte. Voilà. Je fais moi-même la curation et je m'intègre dans l'environnement.

  • Gombo

    Je pense que dans la vie, des fois, il faut faire simple. Alors du coup,

  • Ramata

    explique-nous cette curation.

  • Gombo

    Spontanée. Il y avait une exposition au Mucem qui s'appelait Europa Ausha, qui était une exposition dédiée à l'art diasporique, afro-descendant et tout. Et à l'époque, j'étais dans une grande réflexion sur le musée, l'espace muséal. Et je venais donc de faire cette exposition dans une galerie à Marseille qui s'appelle Solarium, une exposition qui s'appelait Muséum Regards Afropéens. où j'imaginais un musée dédié aux figures afro-européennes. Et donc, il y avait toute une réflexion sur la représentation du corps noir dans l'espace muséal, l'espace muséal qui est l'incarnation d'un lieu où on entrepose des trésors pillés dans les colonies, etc. Donc un espace assez violent d'un certain point de vue. Et cette expo m'a à la fois fasciné parce que je trouvais ça génial. En fait, je venais de faire une exposition dédiée à un public diasporique, mais dédiée à des artistes qui met en valeur des artistes diasporiques, d'origine noire, etc. Mais en même temps, c'était un espace que je réfutais, que je refusais d'une certaine manière. D'autant plus qu'à l'époque, je me rappelais, je venais de faire une œuvre sur un artiste qui s'appelle Osman So, qui était un sculpteur sénégalais et qui a toujours refusé d'exposer dans les musées, et donc qui adorait exposer en espace public, etc. Et donc je me disais, il faudrait commettre un acte de violation comme eux, comme eux, ils ont fait en pillant des œuvres dans les... dans les colonies, dans les territoires africains. Il faudrait faire quelque chose de... Il faudrait profaner l'espace, en fait. Mais je ne voulais pas piquer une œuvre, ça ne m'intéressait pas. Et je cherchais sans doute un peu plus de visibilité aussi. Il y avait tout un truc, tout un tas d'émotions et de réflexions qui s'entremêlaient à l'époque dans ma petite tête. Et je me dis, bon, je vais... je vais faire une œuvre et je vais l'accrocher légalement dans le musée. Et c'est Passport afropéen qui est sorti. Et à l'époque, je n'avais même pas conscientisé pourquoi j'avais eu envie de faire un passeport. C'est venu après.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant en tout cas que tu partages ça. J'aime bien comment tu dis, en fait, je ne l'ai pas conscientisé. C'est un peu quelque chose que tu as fait de manière spontanée, mais qui a une valeur symbolique extrêmement forte. Maintenant, du coup, Ta seconde exposition dans un musée, celle que toi tu as provoquée et celle avec laquelle, a priori, tu t'es organisé avec le musée de l'Homme, vous étiez d'accord ensemble pour que tu puisses exposer. C'était pas... Tu peux nous raconter comment ça s'est fait. Voilà, c'est à dire qu'a priori, il n'y a pas un moment où quelqu'un a fait le tour du musée et a dit mais ça, ça ne fait pas partie de notre curation, il faut qu'on enlève.

  • Gombo

    Ils ont quand même beaucoup d'oeuvres à moi, donc ça aurait été dur de... de gruger, j'ai envie de dire.

  • Ramata

    Du coup, comment ça s'est fait, la curation ? C'est quoi les étapes, en fait, pour toi, pour pouvoir comprendre le sujet et l'ambition de cette exposition wax et ensuite proposer les œuvres ?

  • Gombo

    Écoute, comme je le disais, il y avait deux pans. Une partie réservée à l'histoire de ce textile et puis une autre partie réservée à ce qu'en font les artistes contemporains. Alors après... Le wax, on peut l'aborder de différentes façons. On peut rejeter complètement ce textile qui est né dans un contexte colonial hyper violent. On peut aussi le voir comme un métissage, un métissage aussi, et peut être violent. On peut... On peut considérer qu'il fait partie maintenant d'une forme qu'il incarne, une forme d'identité dans certains pays d'Afrique subsaharienne. Il y a plein de façons d'aborder le textile. Et puis, je crois que les curateurs de l'exposition, les commissaires d'exposition, avaient une bonne vision d'ensemble de toutes les problématiques que ça brassait. Je fais des motifs en wax, à un moment ils m'ont repéré, et puis j'étais le candidat idéal, j'ai envie de dire, pour cette exposition, donc ça s'est fait, et puis je pense qu'à l'époque je m'intéressais, et je m'intéresse toujours aux gens, aussi bien aux artistes qu'aux curateurs, qu'aux galeristes qui travaillent autour de l'identité, pas de l'identité, je dirais de la présence noire. à travers les arts. Et voilà, ça s'est fait comme ça. Je n'ai pas été amené à porter une grande réflexion à l'exposition, si vous voulez. J'avais un portfolio, ils ont choisi des œuvres qui étaient pertinentes pour eux, et puis ça s'est fait comme ça.

  • Ramata

    Du coup, c'est, comment dire, on va dire que ça tombait bien pour toi, que ce soit pile à ce moment-là, puisque finalement... Ta carrière est assez jeune en tant qu'artiste visuel, et du coup avoir l'opportunité d'exposer dans un musée parisien, pour toi, est-ce que c'est une forme de consécration ? Est-ce que toi, dans ton vision board, mais tu vas me dire que toi tu ne fais pas de vision board, tu fais des storyboards, je ne sais pas, mais est-ce que ça faisait partie de tes objectifs d'être exposée dans un musée de façon légale ? Ou est-ce que ce n'était pas du tout forcément une ambition que tu avais et tu as profité de cette opportunité, mais ce n'était pas forcément quelque chose que tu ambitionnais ?

  • Gombo

    Je ne pense pas que ça ne m'intéressait pas plus que ça le musée au début. Moi, ce qui m'intéressait, c'est la galerie. Et finalement, la galerie, je n'y suis toujours pas. Parce qu'en fin de compte, j'enchaîne un peu les résidences. L'année dernière, en deux ans, j'ai fait plusieurs pays. Et cette année, je vais faire Venise pour la réalité virtuelle, après la Guadeloupe, le Brésil deux fois. Ça me ramène à ma première idée, ma première envie vraiment dans l'art contemporain, c'était, je me dis, moi, je veux voyager, je veux qu'on me paye pour aller faire des œuvres avec les gens dans des pays que j'aime bien ou que j'ai envie de découvrir. Et puis, on verra ce que je trouve sur le chemin, mais j'ai envie d'avoir quelque chose de proactif, de ne pas rester... chez moi tout le temps, dans mon petit coin, à peindre des trucs. J'ai envie que ça soit vivant. Je pense que c'est un contre-coup de ma vie de storyboarder qui, pour le coup, était de rester... Ma routine était de rester assise sur une chaise à dessiner 8, 10, 12 heures par jour.

  • Ramata

    OK, super intéressant. Alors, j'aime bien comment t'as dit « Moi, j'ai envie qu'on me paye, j'ai envie de voyager. » Donc... Du coup, ça fait une belle vocation.

  • Gombo

    Je ne me cache pas.

  • Ramata

    Non, mais parce que parfois, l'image de l'artiste, c'est vraiment ce côté, l'artiste torturé, qui est incompris pendant toute sa vie. Et en fait, il gagne le succès après. Non, non, moi, je veux être artiste pour qu'on me paye.

  • Gombo

    Oui, on ne me paye pas encore très cher, mais on me paye déjà le billet d'avion, l'hôtel, et puis deux, trois trucs. Ma prestation, c'est pas mal. Je viens des arts appliqués, de la technique, donc voilà, il y a service, il y a prestation, il y a rémunération, et puis j'essaie de faire des trucs qui m'amusent dans la vie. passionnant.

  • Ramata

    Non, mais c'est intéressant en tout cas parce que vraiment souvent les profils créatifs ils vont toujours dire mais moi la partie business c'est compliqué, moi j'ai un petit peu du mal à comment dire avec ces histoires d'argent, mais j'ai l'impression que toi ah non c'est très clair pour moi il y a prestation. Mais non mais tant mieux, tant mieux peut-être qu'il faut que tu fasses des masterclass à certains artistes que j'ai pas rencontrés, je pense qu'il y a peut-être un sinon.

  • Gombo

    parce que... C'est pas ça. Si tu veux, je pense qu'il y a une conception française, très française de l'artiste bohème. Et puis, il y a deux écoles majeures en France. En tout cas, il y en avait deux. C'est les Beaux-Arts d'un côté. Donc, le mec torturé, mal dans sa peau, qui peint, qui mange un jour sur deux. Voilà, Aznavour, la bohème. Et puis, il y a les arts appliqués. Ardisson, la pub. l'argent, la thune, effectivement, la coke, la fête, les prostituées, j'en sais rien. Tout le délire du publicitaire. Comment il s'appelait ce film ?

  • Ramata

    Je vois tout à fait, mais je ne me souviens plus du titre. Il a fait un bouquin d'abord et ensuite un film.

  • Gombo

    Bon, si tu veux, d'un extrême à l'autre, il y a des gens qui ont envie de gagner leur vie décemment en pratiquant les arts. Et je pense que quand tu viens des arts appliqués, tu te destines à des métiers, et puis tu essaies d'en vivre, tu as envie d'être payé pour ce que tu fais, etc. Parce que ce n'était pas du tout aussi gros au début. Il y a... J'ai une volonté dans ma démarche de retourner d'abord en Indonésie pour retourner aux racines du wax hollandais et aller faire un travail là-bas de recherche sur le batik indonésien qui a inspiré le wax, etc. Donc j'écris longuement un dossier là-dessus. Et puis ça ne passe pas. On me le refuse, j'essaie de bosser avec l'institut français et puis on me dit non. Je me rappelle, je suis vraiment déçu, je suis cassé en deux parce que j'ai passé beaucoup de temps sur ce dossier. Et pour moi, c'était la suite logique dans ma démarche. J'avais conscientisé le truc à fond. Et puis, quelques mois après, il y a cet appel sur le Brésil qui sort. Et il est très court. On a peu de temps pour y répondre. Et en fait, moi, à ce moment-là, j'ai déjà un dossier énorme fait pour l'Indonésie. Donc en fait, je vois Jakarta. Je règle Jakarta et puis à la place, j'écris Saint-Germain-d'Ardénia, basiquement. Je recandidate. Et là, elle répondit oui. Mais ça ne devait pas être un défilé de mode, ça devait être juste une création de motifs, un travail avec des artisans locaux pour travailler sur des techniques. de dessins artisanal, local et puis il y a un échange un dialogue dans la production de ces motifs mais par rapport au projet du Brésil le Brésil ça m'intéressait à fond je me suis dit voilà je vais pouvoir explorer un peu plus un pan de mes origines travailler sur cette partie plus afro que je n'aurais pas faite en Indonésie Très peu. Et en fait, le projet a grossi parce qu'il y a des partenaires qui ont commencé à vouloir s'ajouter. Ah, ça serait bien si tu faisais ceci, si tu faisais cela. Est-ce que tu es chaud et tout ? Et puis à chaque fois, je trouvais les idées géniales. Et puis j'ai dit oui. Et puis du coup, maintenant, ça va être le plus gros projet de ma jeune carrière. Il y a beaucoup de défis, beaucoup de challenges, mais je crois que j'adore ça. Je suis, de par la carrière que j'ai eue dans le storyboard, aussi un compétiteur. Parce qu'il faut savoir que dans le dessin animé ou dans les arts appliqués, souvent, on passe des tests, on est en compétition avec d'autres personnes, etc. J'essaie juste d'être dans une compétition qui soit plus saine, qui soit... qui m'enchante en fait, je le vois différemment. Et puis du coup, voilà, ce projet va se faire, j'y vais deux fois, j'ai un premier voyage de recherche de trois semaines dans les quartiers populaires, dans la favela, à rencontre des travailleurs sociaux, des créateurs de mode, d'artistes, pour échanger avec eux, et puis on y retourne. tourne une deuxième fois pour la production vraiment du défilé de mode, des heures, etc. C'est intéressant parce qu'il y a la biennale d'art contemporain de Sao Paulo dans la foulée après. Salvador de Bahia à Sao Paulo, ce n'est pas à côté. Il faut faire sacrément d'heures de bus pour y aller mais je vais essayer je crois dans la foulée d'aller voir là-bas et je suis sûr que je verrai plein de choses absolument fantastiques et les... Les afro-brésiliens ont tellement de choses à dire là. Je pense que ça va être une grande claque.

  • Ramata

    Écoute, tu as déjà les dates, en fait. Donc, tu as ton premier voyage, en fait, un peu d'exploration, de recherche. Et après, les dates durant lesquelles aura lieu le défilé et les différentes... Je ne sais pas si c'est un festival, je ne sais pas comment tu l'appelles, mais ça va être sur plusieurs jours, en fait.

  • Gombo

    Alors, oui, c'est un peu flou parce que... On ne sait pas. Au mois de novembre, au Brésil, c'est le mois de la conscience noire. Donc il se passe beaucoup de choses. Et on ne sait pas encore si on va vraiment prendre le pendant rue et faire un défilé de mode dans la rue avec l'habitant, ou si ça va être un peu plus cadré dans le cadre d'un festival, notamment qui s'appelle Afro Futurismo. qui est un grand festival un peu plus business, qui mixe art, entrepreneuriat, avec des gens qui viennent investir dans la mode, monter des business. Je pense que les deux sont intéressants d'un point de vue. J'ai envie de dire que ça ne dépend pas que de ce que j'ai envie de faire, ça va dépendre de ce que j'arrive à faire avec les gens. Parce que là, ça va être... ... une production très collective. Il n'y a qu'après mon voyage de recherche que j'aurai une idée un peu plus claire de ce qui va m'être facilement réalisable ou pas, avec qui, comment, quoi. C'est vraiment l'aventure, là.

  • Ramata

    Mais j'ai l'impression que c'est ce qui te plaît dans cette initiative, dans ce projet.

  • Gombo

    Là, je suis aux anges. Là, c'est bon. Là, j'ai tout. Je vais faire de la scénographie, des fringues, voyager. On va me payer pour ça. Et puis non, j'ai vraiment l'opportunité de faire un gros travail de recherche. l'héritage africain au Brésil, d'aller voir des lieux historiques, des lieux vraiment imprégnés de quelque chose de fort. Je me rappelle que quand on a été à Lisbonne, dans le cadre des résidences manifestes, on a été avec les 22 artistes et un guide noir. Je dis ça parce qu'à Lisbonne, c'est très, très... Si tu veux, toute l'histoire... coloniale des conquistadors, etc. Lisbonne est hyper valorisée parce qu'elle est attrée au tourisme. Donc les gens viennent en fait voir des monuments qui représentent des gros salopards en fait. Et des gens qui... Et donc si tu veux, ce guide noir là, il a une autre approche et il nous a emmenés dans une rue qui était... un lien direct entre la mer et la maison d'un armateur. Et donc, le bateau négrier arrivait en bas et il les faisait remonter jusqu'à la maison où ils étaient entreposés, parqués comme des bœufs avant la vente. Et cette rue-là était, je te jure, quand on y est passé, c'était un peu au soleil couchant. Elle était lourde, elle était imprégnée de tout un truc qui nous a fait hérisser les poils et le lieu était... chargé quoi. Il y avait une trace, une empreinte qui était forte. Et je pense qu'à Salvador de Bahia, je vais pouvoir retrouver aussi ce genre de de lieux, alors pas que des choses macabres, j'espère, mais si tu veux, des lieux chargés d'histoire. Et il n'y a qu'en y allant, il n'y a qu'en les traversant, on peut trouver certaines inspirations. qui frôlent l'inconscient, qui sont d'un ordre spirituel, qui donnent une énergie aussi, une envie de produire de belles œuvres, des œuvres qui ont un sens pour moi par rapport à la démarche que j'ai. Très bien,

  • Ramata

    donc ce sera la principale actualité de 2025.

  • Gombo

    Ah pour moi ? Ouais, clairement. Et puis, c'est dans le cadre de la saison France-Brésil. Donc, il y a le projet là-bas. Et puis après, il y a le rapatriement de tout ça en France, avec la volonté de refaire l'expo qui sera présentée au musée du Brésil, de Salvador, en France. Et puis, ces œuvres textiles qui ont été réalisées, il faut... Il y a un truc avant, c'est qu'avant, je produisais, je produisais. Je ne me souciais pas de la vie de ces œuvres. Mais si tu... Mais en fait, c'est un travail aussi. Et les œuvres qui sont exposées en ce moment au Musée de l'Homme jusqu'au mois de septembre, il y a des pièces, je les ai réalisées il y a deux ans. Donc en fait, ça vit et puis ça change l'espace et puis ça rencontre un public. Donc quand on passe beaucoup de temps, quand on met beaucoup de passion et d'énergie à produire une matière, il ne faut pas oublier aussi derrière qu'il y a un travail pour la partager. sur plusieurs années parce qu'elles sont là et que ce serait dommage.

  • Ramata

    Et parce que toi, aujourd'hui, tu ne travailles pas avec un agent ou tu travailles seul, en fait, dans les opportunités qui arrivent à toi au niveau de galerie et tout ce que tu nous as raconté jusqu'ici. En tout cas, il me semble que tu as l'air de travailler seul.

  • Gombo

    Moi, je n'ai rien du tout. Moi, si, maintenant, j'ai un atelier correct. Donc, voilà, si tu veux, je suis passé de la sérigraphie dans ma salle de bain à la sérigraphie dans une pièce dédiée avec toute la chaîne de prod, etc. Et puis, des conseils et des conseils pour un niveau de rendu et d'excellence technique.

  • Ramata

    Élevé.

  • Gombo

    Voilà, que j'estime élevé. qui l'est, je pense, n'importe quel sérigraphe pourra le dire. Mais je ne suis pas dans le milieu de la galerie. Je suis assez solo. Pour l'instant, je suis... Je suis assez solo, alors voilà, il y a des gens qui me suivent, il y a des gens qui peuvent m'aider à gauche, à droite. Là, le projet au Brésil, il est porté par une institution française. Il n'est pas porté... Donc là, pour le coup, cette année, avec ce projet-là, j'ai vraiment une team qui bosse pour moi. Et puis le projet Manifest, il y avait une team qui bossait pour moi et pour les 22 artistes aussi. Donc ça, voilà, ça progresse et puis effectivement, ça décharge. Parce que des fois, on passe tellement de temps à écrire des dossiers, à chercher des appels, etc. qu'en fait, on ne produit plus. Mais moi, mon but, initialement, c'est de... J'aime tout, si tu veux, j'aime tout l'aspect du truc. Mais à un moment, il faut faire des œuvres, en fait. Ça serait bien d'en faire, quoi. D'avoir le temps, un temps dédié. Et il faut bien le mesurer parce que...

  • Ramata

    Ok ! Moi, je pense que je t'ai posé toutes les questions que je voulais poser par rapport à ton parcours et à ton actualité. Et puis, tu nous as partagé pas mal d'infos, donc je te remercie pour ta générosité, ta transparence sur ton parcours et sur la manière dont toi, tu appréhendes ta carrière d'artiste visuelle. Je m'appelle Après, en note, je débattais de l'épisode, le lien vers ton compte Instagram. Je ne sais pas si tu as un site internet.

  • Gombo

    Le site, là, j'y travaille. Je me dis que cette année, ça peut être intéressant. C'est aussi l'année où je vais essayer de mettre un peu plus le nez dans la galerie. Honnêtement, ça me plairait de trouver ce type de relation, d'avoir un galeriste avec qui ça se passe bien, qui produise un travail. et puis que ce soit une belle expérience humaine aussi. Donc voilà. Mais pour l'instant, Insta, ça marche bien, c'est puissant aussi.

  • Ramata

    Très bien, tu mettrais le lien de l'Insta. Et puis voilà, l'appel est ouvert pour les galeristes qui veulent te donner de la force. Donc, écoute, moi, je vais te dire à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Gombo

    Merci. Merci à toi, Ramatha. Et puis, j'espère à très vite aussi en Afrique.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'exposition Wax au Musée de l'Homme

    01:25

  • Présentation de Ramata Diallo et de son podcast Africa Fashion Tour

    02:29

  • Entretien avec Gombo, artiste visuel et dessinateur

    03:33

  • Définition de l'artiste visuel et parcours de Gombo

    04:38

  • Les débuts de Gombo dans le dessin et l'animation

    05:47

  • Transition vers l'art contemporain et exploration de l'identité

    10:27

  • Discussion sur l'exposition Wax et son impact artistique

    18:05

  • Réflexion sur le wax et son histoire culturelle

    32:45

  • Projets futurs et ambitions de Gombo dans le milieu artistique

    41:29

Share

Embed

You may also like

Description

Comment un artiste indépendant peut-il réussir à s'imposer dans le monde de l'art ?

Gombo, artiste visuel afro-descendant, partage son parcours dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De ses débuts dans le dessin animé à son exposition au Musée de l'Homme, il nous raconte les étapes clés de sa démarche artistique et les défis qu'il a rencontrés.

Il insiste sur l'importance de l'engagement, de la curiosité et de l'exploration pour créer des œuvres qui ont du sens.

Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux de la représentation de l'héritage africain dans l'art contemporain.

Dans cette interview, Gombo aborde également son utilisation du wax comme matériau symbolique et ses projets futurs, notamment un défilé de mode au Brésil.

Une véritable masterclass pour tous les passionnés d'art et de culture africaine.

Pour aller plus loin, vous pouvez suivre Gombo sur Instagram


Le film sur le secteur de la publicité auquel nous faisons allusion pendant l'interview est 99 francs


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gombo

    L'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet, parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur l'histoire de ce textile. Et puis il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, puis de la peinture. Donc pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même. Et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois... en peinture. Il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Gongo Wax. Gongo est un artiste visuel et un dessinateur. Une sélection de ses œuvres est actuellement visible au Musée de l'Homme dans le cadre de l'exposition Wax. Expert en sérigraphie, il crée des œuvres inspirées du Wax comme prétexte pour raconter des histoires. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de ses ambitions. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours avec tous mes invités. Gombo, je vais te demander de te présenter.

  • Gombo

    Alors, je m'appelle Gombo. Effectivement, avant, on m'appelait Gombo Wax, mais au fil du temps, on a réduit à Gombo. Et je suis artiste visuel, afro-descendant, afro-européen. métis, d'origine française, congolaise de Kine, angolaise et brésilienne.

  • Ramata

    Ok, écoute là, avec cette petite introduction, j'ai plein de questions à te poser tout de suite. J'aimerais bien que tu me dises déjà, tu dis que tu te définis comme étant un artiste visuel. Qu'est-ce que ça veut dire exactement, artiste visuel ? C'est quoi ta définition ?

  • Gombo

    Alors, artiste visuel, c'est un terme qu'on emploie beaucoup en art contemporain pour parler d'un artiste qui travaille sur toute technique visuelle. Ça peut être la peinture, le dessin, la vidéo, la sérigraphie, etc. Moi, j'ai eu et j'ai toujours une carrière dans le dessin animé, puisque j'ai commencé... par une école d'art appliqué qui m'a amené au métier du film d'animation et du storyboard en particulier. Donc je suis quelqu'un qui aime beaucoup dessiner, qui aime raconter des histoires. Et il y a maintenant cinq ans de ça, j'ai entamé une carrière dans l'art contemporain à travers les médiums de la sérigraphie, du textile et plus récemment de la réalité virtuelle.

  • Ramata

    Très bien, donc tu dis que toi tu as un parcours d'abord de vraiment une expertise dans le dessin. Est-ce que tu peux nous dire quelles sont en fait les études que tu as faites pour arriver là ? J'imagine que tu as toujours une passion pour le dessin.

  • Gombo

    Oui absolument, le dessin c'est quelque chose que je me rappelle avoir commencé quand j'habitais en Angola, à Luanda. À l'époque avec mon père et ma mère, le pays était en guerre et on était loisonnés à la capitale. qui appartenait au MPLA, le mouvement politique dominant. Et mes grands-parents français m'avaient donné des cassettes vidéo. À l'époque, on utilisait ce qu'on appelle un magnétoscope pour regarder des films, des dessins animés, etc. Ils m'ont enregistré des dessins animés en France. Et je me rappelle que je les reproduisais dans ma chambre quand j'étais à Luanda. C'est comme ça, je crois, que j'ai vraiment abordé le dessin. J'étais un gamin assez... Il y avait des solitaires, il y avait l'école, mais pas tous les jours. Évidemment, le contexte de la vie à Luanda était compliqué à cause de la guerre. On sortait peu, donc ça a été ma première approche. Suite à ça, c'est une appétence que j'ai nourrie. J'ai fait avec ma famille plusieurs allers-retours entre l'Afrique, entre l'Angola et la France. On est allé un petit peu aux États-Unis et j'ai continué à dessiner. J'ai continué à dessiner. J'ai eu l'opportunité de gagner un prix quand j'étais gamin pour aller au festival de la BD d'Angoulême, parce que c'est ce qui m'intéressait au début, de faire de la BD, de raconter des histoires, d'être un auteur à part entière. Et en grandissant, j'ai entamé des études d'art appliqué à l'école Pivot de Nantes à l'époque. Et je me rappelle que c'était la deuxième promo à proposer du dessin animé. Et ça me paraissait super, ça me paraissait être une industrie florissante dans laquelle on pouvait gagner sa vie rapidement comparé au statut d'auteur en bande dessinée qui peut être beaucoup plus long. Et puis, je crois que je ne savais pas trop ce que je voulais raconter à ce moment-là. Donc, plutôt que de raconter mes histoires, je me suis dit pourquoi pas raconter celles des autres. Et j'ai entamé ma carrière de storyboarder dans le dessin animé à Paris à l'époque.

  • Ramata

    Est-ce que tu peux définir ce qu'est un storyboarder et le travail que tu fais dans le milieu du dessin animé ? Parce que je pense qu'il y a une partie de l'audience qui doit un peu prévoir de quoi il s'agit. Mais moi, j'aime bien prendre le temps de réexpliquer certains concepts qui ne sont pas toujours familiers tous. Et on n'a pas toujours... l'opportunité de connaître ces univers-là. Donc, ça m'intéresse que tu puisses prendre un petit moment pour nous décrire ce que tu fais au niveau du dessin animé.

  • Gombo

    OK. Alors, le storyboard, c'est un métier... En tout cas, le storyboard de dessin animé, c'est assez spécifique. C'est-à-dire qu'il faut imaginer qu'on fait une grande bande dessinée de tout le dessin animé avant qu'il passe dans les mains des équipes techniques et des autres... postes. Le dessin animé, c'est un travail collectif, c'est un travail fastidieux et long qui nécessite beaucoup de petites mains et des gens hyper spécialisés à différents postes. Donc il y a des personnes qui ne font que du décor, d'autres que des personnages, d'autres que de la couleur. Le storyboarder, lui, ne fait que une forme de dessin assez rapide mais avec les informations nécessaires et justes. pour raconter l'histoire. Vraiment comme une espèce de bande dessinée qui serait moins bien léchée, moins bien soignée, mais avec beaucoup plus de dessins. Un dessin animé de 11 minutes, ça nécessite entre 800 et 1 200 dessins. C'est un dessin rapide, c'est un dessin prolifique, c'est un dessin... j'ai envie de dire technique aussi, dans lequel on dessine les angles de caméra, le déroulement de l'action, etc.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, toi, tu as cette carrière-là d'un côté, dans le dessin, et en parallèle, en tout cas depuis quelques années, tu en viens à développer une carrière d'artiste visuel. Comment est-ce que ça se fait ? À partir de quel moment est-ce que cette trajectoire-là se dessine ?

  • Gombo

    J'ai toujours eu un goût, une curiosité pour les arts et diverses pratiques artistiques. Dans le dessin animé, on est plutôt sur des gens qui sont dans l'excellence technique, en tout cas des techniciens, et je suis toujours technicien dans ce milieu. On est sur une culture geek aussi, sur une culture pop. Et moi, j'avais aussi un goût pour d'autres types d'espaces artistiques comme la galerie, le musée, l'art conceptuel, l'histoire de l'art. Et ça m'intéressait aussi. Après, je crois qu'au moment où, en 2015-2016, j'habitais dans le quartier de Châteaurouge à Paris et j'avais déjà depuis quelques années une envie de faire un travail un peu plus personnel. Parce que dans le dessin animé, on est... une grosse équipe au service souvent d'une œuvre de divertissement. J'avais envie de produire un travail d'auteur, mais je ne savais pas trop comment. Et j'étais sur une démarche assez introspective. Je me rappelle avoir fait une formation en film documentaire, parce que ça m'intéressait. Et j'ai abordé ça de façon assez relaxe, j'ai envie de dire. Et en fait, on m'a demandé un travail assez... assez dense, auxquelles je n'étais pas préparé, assez intime. On m'a demandé d'aller chercher en moi mes problématiques, ce qui me travaillait, des choses assez personnelles. Et j'en suis venu à essayer de faire un film, notamment sur les taxiphones dans le quartier de Châteaurouge. Alors pour ceux qui sont plus jeunes et qui ne connaissent pas le taxophone, avant l'invention du téléphone portable, on utilisait souvent le taxophone. pour passer des appels téléphoniques à l'étranger. Et donc voilà, il faut imaginer un magasin avec des cabines téléphoniques à la file et puis des codes postaux de différents pays avec combien coûte à la minute de les appeler. Et j'y voyais un espace où des liens de famille se recréaient entre eux. des pères sénégalais, maliens, qui travaillaient à Paris, et leurs femmes et leurs enfants restaient au pays. Et j'y voyais une analogie avec ma propre histoire familiale, en tout cas avec des relations de famille à distance, puisque mon père, mon pan africain, plusieurs de mes sœurs, toute ma famille africaine vit, elle, en Angola, et que je les... Je les fréquente, je les connais, j'entretiens les relations de famille que j'ai avec eux à 90% par téléphone. Donc c'était un espace qui me touchait énormément et qui était à la fois assez sordide, assez glauque, ça ressemble à n'importe quelle épicerie bas de gamme, avec n'importe quel shop assez pauvre. C'est laid comme espace en fait. Mais les histoires et les récits qui s'y jouent, je les trouvais beaux et poétiques. Et puis, évidemment, c'est aussi un lieu de blanchiment d'argent, de corruption. Donc, il m'était difficile d'arriver à tourner là-dedans. J'avais que trois semaines pour faire le docu. Et finalement, j'en viens à devoir moi-même me mettre en scène dans un call avec ma famille, que pour le coup, j'ai réalisé par Skype à l'époque. Et puis, ce film est une espèce d'échec cuisant. Je n'arrive pas à prendre du recul sur moi-même. C'est assez dur de se mettre en scène en étant sincère, etc. Le film est un espèce d'échec assez dur à encaisser. Mais je me rends compte que, en fin de compte, les relations que j'ai avec tout un point de ma famille africaine sont assez superficielles et que j'ai beaucoup de choses à explorer. qu'il y a peut-être une transmission qui ne m'a pas été faite, ou du moins qui est assez pauvre. Et c'est de là, je crois, que je me suis dit « Oui, en fait, par le prisme d'une activité artistique, j'ai envie de faire ce travail de réappropriation. J'ai envie de me rapprocher de mes origines, j'ai envie de les comprendre, j'ai envie d'explorer pourquoi je suis ici. » là-bas, pourquoi je connais peu ou pas mon héritage, etc. Il y a toute une somme de questions qui me sont apparues et que j'ai eu envie d'exprimer d'un coup. J'avais d'un coup des histoires à raconter.

  • Ramata

    Super intéressant. Toi, tu parles d'échec cuisant par rapport à ce film, mais au départ, c'était plus une forme d'initiation. Ce n'était pas quelque chose qui devait être un succès.

  • Gombo

    Alors, oui, sans doute. Sans doute, c'était une initiation, effectivement. Mais il y avait quand même à la fin ce petit projet de faire un film de cinq minutes qui soit... qui illustre une démarche, un propos intellectuel qu'on avait développé, etc. Et je n'avais pas réussi personnellement à illustrer en images, à illustrer avec un film ma problématique, mon propos, le thème de mon film. En l'occurrence, l'idée de loin des yeux, loin du cœur, l'idée de comment entretenir une... des relations familiales à distance.

  • Ramata

    Ok. Et donc là, c'est un peu ta...

  • Gombo

    C'est pour ça qu'effectivement, je voyais ça, je voulais essayer qu'on a des chèques.

  • Ramata

    D'accord. Mais ok, intéressant. Et du coup, en tout cas, cette première initiative, elle t'invite à aller finalement un peu questionner ton rapport à ta famille, à tes origines. Et du coup, c'est à travers ça que tout... une partie de ta créativité en tant qu'artiste elle va vraiment s'illustrer c'est vraiment ça qui définit un peu je ne sais pas si on dit ligne éditoriale chez un artiste mais en tout cas le type de visuel que tu vas chercher à proposer alors

  • Gombo

    à ce moment là je n'ai pas une démarche artistique j'ai des thèmes j'ai un starter émotionnel je dirais j'ai quelque chose qui m'anime Et suite à ça, je me rappelle que mon père et mes soeurs sont venus à Paris, comme ils avaient l'habitude de le faire. Tous les étés, on essayait de se retrouver dans différentes destinations. Déjà, on a la chance d'en avoir les moyens. Voilà, les vacances. Et puis là, je me rappelle avoir une violente dispute avec mon père. que j'évitais en général parce qu'on se voyait peu et que les moments étaient rares et qu'on était plutôt là dans un esprit de célébration. Mais cette fois-ci, ça m'avait été insupportable parce qu'effectivement, j'avais déconstruit la relation que j'avais avec lui, avec ce qu'il incarne, c'est-à-dire mon africanité, avec l'idée que c'était un de mes seuls accès à ma culture angolaise, congolaise et brésilienne, dans le sens où c'est ma mère qui est blanche, française, et que j'ai eu beaucoup plus de transmission par elle. Donc je me rappelle, on se fâche fort, on ne se parle plus pendant deux ans. Et à ce moment-là, effectivement, je vis à Châteauroux, je commence à voir tous ces textiles africains. Ça me remémore des choses par rapport à mes jeunes années en Angola, etc. Mais je n'ai pas développé la démarche artistique à ce moment-là. Elle est venue un petit peu plus tard. Mais j'avais effectivement quelque chose qui m'animait. Et donc, il fallait que j'étudie ça, que je vois quelle forme plastique ça pouvait prendre. Parce que ça aurait pu être de la bande dessinée, ça aurait pu être du film, ça aurait pu être... plein de choses.

  • Ramata

    Et du coup, c'est à partir de quel moment que tu définis en fait le canal par lequel tu vas exprimer cette... Enfin, c'est... Comment dire ? Ton courant artistique, en fait. À partir de quel moment est ce que ça se fait ?

  • Gombo

    Alors, je commence à chercher des inspirations autres que celles que j'avais l'habitude de voir, parce que comme j'ai majoritairement grandi en Europe, J'avais une culture artistique très européenne. Les peintres, les sculpteurs, etc. Et puis comme on est à Paris, il y a cette mexité. Je découvre des peintres comme Sherry Samba, JP Mika. Je me rappelle aussi que j'allais un peu traîner à Bruxelles à l'époque, où il y a le quartier de Matongué. On a cette grande fresque effectivement de Sherry Samba. Je commence à m'intéresser à d'autres... d'autres chemins, d'autres cultures de la peinture. Et je me rappelle que j'ai fait mon premier motif, je crois, quand j'habitais à La Rochelle, après avoir quitté Paris, pendant le Covid. Et pendant le Covid, ou juste avant, je m'étais dit j'ai bien envie d'apprendre la scénographie, il y a un super atelier de scénographie à La Rochelle. Parce que j'ai envie de faire des motifs en wax et parce que ça me paraît être la technique la plus... juste pour reproduire des motifs en wax. Et je me rappelle avoir à l'époque, quand on fait de la scénographie, il faut des écrans, des écrans qu'on va utiliser pour faire des pochoirs. Et une fois que ces pochoirs sont faits, qu'on les a utilisés, il faut nettoyer les écrans, les dégraver, pour pouvoir refaire des pochoirs dessus. Il faut un karcher, et je n'avais pas de karcher. terrasses. Comme c'était le Covid, on était assignés à résidence, mais je prenais quand même ma bagnole et j'allais au car wash. Il y a une période où les gens avaient l'autorisation de sortir un peu et je me rappelle que les gens allaient au car wash. Moi aussi, j'allais au car wash et je sortais les écrans de mon coffre. Je les nettoyais au car share et je foutais de la peinture partout, du vert, du bleu, du rouge. Les gens regardaient bizarrement. Mais c'est vraiment là que ça a commencé. 2016. Premières interrogations et en fait, 2020, 2019-2020, passage à l'action, en vrai. Il y a eu un process, il y a eu toute une maturation assez lente entre les deux.

  • Ramata

    Du jour où tu te dis que ça va être la sérigraphie, c'est sûr et c'est par là que tu... que tu décides de développer ton art ? Ou est-ce qu'il y a des moments de « tiens, j'ai peut-être testé la peinture » ou « testé autre chose » ? Ou c'est vraiment, une fois que ce choix est fait, il va venir vraiment définir de manière, je ne vais pas dire définitive, mais en tout cas, ça a été, comment dire, quelque chose de décidé, de mûri, et une voie qui est restée la même depuis cette décision ?

  • Gombo

    C'est là que... au lieu d'être simplement sérigraphe ou peintre. Quand on commence à cumuler, on devient artiste visuel, je pense. C'est-à-dire que j'ai commencé avec la sérigraphie, effectivement. Et puis, il y a quelques années, j'ai eu une opportunité de faire de la réalité virtuelle. Et donc, ça faisait appel à des compétences que j'avais dans le dessin animé. en peinture digitale, sur photoshop, etc. Et là je me suis dit en fait, il y a un élargissement et je séparais bien avant ce que je faisais dans le dessin animé pour gagner ma vie, pour payer mon loyer, etc. Ce que je faisais dans l'art contemporain sans grandes aspirations personnelles au début, mais juste par envie profonde. Et les deux sont liés grâce à la réalité virtuelle. Alors je me suis dit qu'en fait, je pouvais utiliser tout médium et que ça marcherait à partir du moment où je garde une exigence de technique et puis de pertinence par rapport aux propos intellectuels que j'essaie de développer, que j'essaie de partager aux gens. Le regard à travers lequel j'ai envie que les gens voient le monde, c'est-à-dire à travers mon regard, et que j'arrive à essayer de développer quelque chose de singulier, quelque chose qui m'est personnel et que j'arrive à le partager. Je pense que l'objectif, c'est toujours ça.

  • Ramata

    Et du coup, la réalité virtuelle, quand tu l'utilises, est-ce que tu peux nous expliquer, en fait, dans ton processus créatif, comment est-ce que ça s'intègre et quel genre d'œuvres, en fait, est-ce que tu crées en intégrant la réalité virtuelle ?

  • Gombo

    En fait, j'avais fait une exposition de sérigraphie à Marseille, ma première expo, et suite à ça, il y a un appel, il y a quelqu'un qui était passé à l'expo, qui me montre un appel pour participer à... trois résidences de création en Europe, et en profiter de ce temps pour réfléchir à des œuvres qui se sont produites en réalité virtuelle pour une exposition à Nantes avec l'idée de créer une nouvelle forme de mémoire autour de la traite transatlantique et du colonialisme. Il y avait 22 artistes afrodescendants de toute l'Europe. sélectionné. Donc voilà, j'avais candidaté, j'ai été retenu, donc super. Et puis là, on part comme ça sur une journée, sur trois résidences. D'abord en Hongrie, ensuite à Copenhague et après à Lisbonne. Où voilà, on nous apprend ce que c'est que la réalité virtuelle. en quoi ça peut être différent du cinéma. Évidemment, moi, je m'en suis tiré. En tout cas, je me suis attaché à ce que j'aimais faire et à ma sensibilité, c'est-à-dire le dessin animé. Donc, j'ai dit, moi, je veux faire un dessin animé à 360 degrés. Je sais faire des personnages, je sais faire des décors, des illustrations. Je sais écrire, je sais faire le storyboard. Je vais faire du film, je vais faire du dessin animé. Et puis, on va mettre tout ça à 360 degrés. Le spectateur sera au milieu du film. Et ça va être génial. Donc, on a eu des bons partenaires avec qui développer ce projet-là. Et puis, ça aboutit à cette exposition manifeste Nouvelle Mémoire. Nouvelle forme de mémoire sur la traite esclavagiste à Nantes en septembre 2024.

  • Ramata

    Du coup, j'imagine que cette œuvre que tu as créée pour cet événement-là, c'est encore possible d'y accéder. Est-ce que si mes auditeurs veulent voir ce dessin-lumé que tu viens de nous décrire, est-ce qu'on peut y accéder et comment ?

  • Gombo

    Bonne question. Depuis l'exposition, euh... Je ne sais pas trop. Ce n'est pas une histoire de droit, évidemment, que j'ai envie de la partager au public le plus large. Mais si je la mets sur YouTube ou quoi, ça va être flat. Alors que ce qui est intéressant, c'est d'avoir le casque des réalités virtuelles et puis d'être au milieu du film. Donc, je ne sais pas trop. Là, on m'a proposé et je pense aller présenter cette œuvre à nouveau dans le cadre d'une exposition. en Guadeloupe pendant une semaine. Donc évidemment, c'est hyper pertinent parce que cette œuvre, c'est trois dessins animés de cinq minutes qui présentent trois personnages historiques noirs qui ont joué un rôle dans la Révolution française, ou pas qui ont joué un rôle dans la Révolution française, mais qui sont contemporains de la Révolution française. Donc tout ça en ouverture. Thomas Alexandre Dumas, le père de l'écrivain Alexandre Dumas et Ourika une Sénégalaise qui avait été adoptée par l'aristocratie française à l'époque donc évidemment elle est sur le territoire de la Guadeloupe pour montrer ces oeuvres cette oeuvre là dont deux personnages viennent des Antilles c'est super, mais je sais pas je sais pas la diffuser plus largement pour l'instant il faudrait que je la mette sur un store je sais pas trop voilà Ce qui est bien aussi, c'est l'installation en équipe.

  • Ramata

    Non, mais ce que je comprends, c'est... Voilà. Donc, du coup, il faut arriver à trouver un espace avec des casques. Et là, on peut avoir accès à l'œuvre.

  • Gombo

    Ouais, c'est ça que je souhaite.

  • Ramata

    Mais il faut organiser une expo.

  • Gombo

    Ouais.

  • Ramata

    OK, c'est entendu. Je vais essayer de m'en occuper. Maintenant que j'ai compris quelle était la problématique. Parce que bon, on ne va pas... Et effectivement, je suis assez d'accord avec toi. On ne va pas mettre ça sur... sur Instagram, sur YouTube ou sur TikTok. Si le but, c'est d'avoir une expérience de réalité virtuelle, ça n'a pas de sens de le mettre sans pouvoir avoir cette expérience-là. Donc, chers auditeurs, attendez-vous à avoir de plus amples informations sur la possibilité de, en tout cas à Paris, pouvoir voir le film. On en discutera après l'interview. La fille qui fait du business en même temps qu'elle fait de l'interview. C'est du business, mais du coup, une fois qu'on a parlé de l'oeuvre, moi j'ai envie de la voir et je me dis, ça se passe comment ? Et donc, on trouve des moyens.

  • Gombo

    Il y a plusieurs artistes comme ça qui font des œuvres de réalité virtuelle, mais qui vont de pair avec une installation, avec un cadre,

  • Ramata

    avec une ambiance,

  • Gombo

    avec une ambiance de terre. Moi, pour cette œuvre-là qui s'appelle The Private Portrait, l'idée, c'est d'avoir une atmosphère cosy, intime. Donc, on a trois cabines qui sont faites de trois grands paravents qui sont recouverts de wax. C'est ma marque de fabrique. Elles correspondent à trois couleurs qu'on peut retrouver dans les trois films, etc. Donc c'est tout un truc qui fait que l'expérience est un peu plus unique que si on te mettait un casque sur la tête au milieu d'une salle. Mais on l'a fait tester à des enfants d'abord. Bonsoir. Dans le cadre de l'exposition à Nantes, tous les artistes sont restés une semaine. Et donc, il y avait des ateliers avec des gamins. Et je crois que c'était mon meilleur public. C'était top. Et puis, ils l'ont vu avant même, je me rappelle, l'atelier, on l'a fait avant même le vernissage de l'expo. C'était des 10-12 ans, ils étaient comme des fous et tout. Moi, j'ai adoré ce moment d'échange avec eux. Et puis, c'était une classe, j'appelle ça les classes Benetton. Il y avait toutes les nationalités dedans. Donc, c'est super.

  • Ramata

    Non, mais écoute, on en parlera. Mais je vois où ça peut s'organiser. Maintenant que tu m'as expliqué qu'il y avait des paravents, des tissus, wax et tout, on en parle. On en parle. Et donc, probablement, alors je ne pense pas que quand je vais sortir l'épisode, on aura déjà verrouillé quelque chose. Mais en tout cas, quelque part en 2025, je pense que ce sera possible.

  • Gombo

    Allez, tu as l'air déter.

  • Ramata

    En tout cas, vu que je l'ai déclaré dans un podcast, je ne peux pas revenir en arrière. Ça ne prendra pas compte du montage.

  • Gombo

    OK.

  • Ramata

    Donc, il faudra attraper ma veste. Si ça ne se fait pas, il faudra attraper mon bon bord sur Wax. Ah,

  • Gombo

    d'accord.

  • Ramata

    OK. Donc, là, en fait, tu nous as parlé de ce côté réalité virtuelle. Et aujourd'hui, ton actualité, c'est notamment l'exposition Wax avec le Musée de l'Homme. qui vient juste de démarrer là, début février. Est-ce que tu peux nous parler du tout de cette expérience-là et de toi, en fait, que tu présentes dans le cadre de cette exposition ?

  • Gombo

    Alors, l'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur... l'histoire de ce textile. Et puis, il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis, on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, et puis de la peinture. Donc, pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois en peinture. Donc voilà, il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Et toi, en termes de... Comment tu fais pour avoir cette opportunité d'être exposée au Musée de l'Âme ? Parce que, du coup, je ne t'ai pas demandé si avant, tu avais été exposée dans d'autres musées, tu avais eu d'autres opportunités, après, en tout cas, l'exposition virtuelle dont tu parlais tout à l'heure. Est-ce que tu avais eu d'autres opportunités et comment, en fait, ça s'est fait, la collaboration avec le Musée de l'Âme ?

  • Gombo

    Comment s'est faite la collaboration avec le Musée de l'Homme ?

  • Ramata

    Oui, c'est ça. Et est-ce que tu avais exposé avant dans d'autres musées ?

  • Gombo

    Alors, je n'avais jamais exposé dans un musée avant. Enfin, si, j'avais exposé illégalement au Musème, parce que j'avais été accroché à une de mes œuvres au Musème dans une exposition. Donc, je ne sais pas si ça compte, mais pour moi, ça compte.

  • Ramata

    C'est à toi de nous dire, c'est toi l'artiste. Je ne sais pas comment ça se passe. Je te demande. Mais du coup, alors le playbook, pour être exposé en tant qu'artiste par Bongo, tu rentres dans le musée et puis tu poses ta pièce.

  • Gombo

    Voilà. Après tout.

  • Ramata

    Et ça compte. Voilà. Je fais moi-même la curation et je m'intègre dans l'environnement.

  • Gombo

    Je pense que dans la vie, des fois, il faut faire simple. Alors du coup,

  • Ramata

    explique-nous cette curation.

  • Gombo

    Spontanée. Il y avait une exposition au Mucem qui s'appelait Europa Ausha, qui était une exposition dédiée à l'art diasporique, afro-descendant et tout. Et à l'époque, j'étais dans une grande réflexion sur le musée, l'espace muséal. Et je venais donc de faire cette exposition dans une galerie à Marseille qui s'appelle Solarium, une exposition qui s'appelait Muséum Regards Afropéens. où j'imaginais un musée dédié aux figures afro-européennes. Et donc, il y avait toute une réflexion sur la représentation du corps noir dans l'espace muséal, l'espace muséal qui est l'incarnation d'un lieu où on entrepose des trésors pillés dans les colonies, etc. Donc un espace assez violent d'un certain point de vue. Et cette expo m'a à la fois fasciné parce que je trouvais ça génial. En fait, je venais de faire une exposition dédiée à un public diasporique, mais dédiée à des artistes qui met en valeur des artistes diasporiques, d'origine noire, etc. Mais en même temps, c'était un espace que je réfutais, que je refusais d'une certaine manière. D'autant plus qu'à l'époque, je me rappelais, je venais de faire une œuvre sur un artiste qui s'appelle Osman So, qui était un sculpteur sénégalais et qui a toujours refusé d'exposer dans les musées, et donc qui adorait exposer en espace public, etc. Et donc je me disais, il faudrait commettre un acte de violation comme eux, comme eux, ils ont fait en pillant des œuvres dans les... dans les colonies, dans les territoires africains. Il faudrait faire quelque chose de... Il faudrait profaner l'espace, en fait. Mais je ne voulais pas piquer une œuvre, ça ne m'intéressait pas. Et je cherchais sans doute un peu plus de visibilité aussi. Il y avait tout un truc, tout un tas d'émotions et de réflexions qui s'entremêlaient à l'époque dans ma petite tête. Et je me dis, bon, je vais... je vais faire une œuvre et je vais l'accrocher légalement dans le musée. Et c'est Passport afropéen qui est sorti. Et à l'époque, je n'avais même pas conscientisé pourquoi j'avais eu envie de faire un passeport. C'est venu après.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant en tout cas que tu partages ça. J'aime bien comment tu dis, en fait, je ne l'ai pas conscientisé. C'est un peu quelque chose que tu as fait de manière spontanée, mais qui a une valeur symbolique extrêmement forte. Maintenant, du coup, Ta seconde exposition dans un musée, celle que toi tu as provoquée et celle avec laquelle, a priori, tu t'es organisé avec le musée de l'Homme, vous étiez d'accord ensemble pour que tu puisses exposer. C'était pas... Tu peux nous raconter comment ça s'est fait. Voilà, c'est à dire qu'a priori, il n'y a pas un moment où quelqu'un a fait le tour du musée et a dit mais ça, ça ne fait pas partie de notre curation, il faut qu'on enlève.

  • Gombo

    Ils ont quand même beaucoup d'oeuvres à moi, donc ça aurait été dur de... de gruger, j'ai envie de dire.

  • Ramata

    Du coup, comment ça s'est fait, la curation ? C'est quoi les étapes, en fait, pour toi, pour pouvoir comprendre le sujet et l'ambition de cette exposition wax et ensuite proposer les œuvres ?

  • Gombo

    Écoute, comme je le disais, il y avait deux pans. Une partie réservée à l'histoire de ce textile et puis une autre partie réservée à ce qu'en font les artistes contemporains. Alors après... Le wax, on peut l'aborder de différentes façons. On peut rejeter complètement ce textile qui est né dans un contexte colonial hyper violent. On peut aussi le voir comme un métissage, un métissage aussi, et peut être violent. On peut... On peut considérer qu'il fait partie maintenant d'une forme qu'il incarne, une forme d'identité dans certains pays d'Afrique subsaharienne. Il y a plein de façons d'aborder le textile. Et puis, je crois que les curateurs de l'exposition, les commissaires d'exposition, avaient une bonne vision d'ensemble de toutes les problématiques que ça brassait. Je fais des motifs en wax, à un moment ils m'ont repéré, et puis j'étais le candidat idéal, j'ai envie de dire, pour cette exposition, donc ça s'est fait, et puis je pense qu'à l'époque je m'intéressais, et je m'intéresse toujours aux gens, aussi bien aux artistes qu'aux curateurs, qu'aux galeristes qui travaillent autour de l'identité, pas de l'identité, je dirais de la présence noire. à travers les arts. Et voilà, ça s'est fait comme ça. Je n'ai pas été amené à porter une grande réflexion à l'exposition, si vous voulez. J'avais un portfolio, ils ont choisi des œuvres qui étaient pertinentes pour eux, et puis ça s'est fait comme ça.

  • Ramata

    Du coup, c'est, comment dire, on va dire que ça tombait bien pour toi, que ce soit pile à ce moment-là, puisque finalement... Ta carrière est assez jeune en tant qu'artiste visuel, et du coup avoir l'opportunité d'exposer dans un musée parisien, pour toi, est-ce que c'est une forme de consécration ? Est-ce que toi, dans ton vision board, mais tu vas me dire que toi tu ne fais pas de vision board, tu fais des storyboards, je ne sais pas, mais est-ce que ça faisait partie de tes objectifs d'être exposée dans un musée de façon légale ? Ou est-ce que ce n'était pas du tout forcément une ambition que tu avais et tu as profité de cette opportunité, mais ce n'était pas forcément quelque chose que tu ambitionnais ?

  • Gombo

    Je ne pense pas que ça ne m'intéressait pas plus que ça le musée au début. Moi, ce qui m'intéressait, c'est la galerie. Et finalement, la galerie, je n'y suis toujours pas. Parce qu'en fin de compte, j'enchaîne un peu les résidences. L'année dernière, en deux ans, j'ai fait plusieurs pays. Et cette année, je vais faire Venise pour la réalité virtuelle, après la Guadeloupe, le Brésil deux fois. Ça me ramène à ma première idée, ma première envie vraiment dans l'art contemporain, c'était, je me dis, moi, je veux voyager, je veux qu'on me paye pour aller faire des œuvres avec les gens dans des pays que j'aime bien ou que j'ai envie de découvrir. Et puis, on verra ce que je trouve sur le chemin, mais j'ai envie d'avoir quelque chose de proactif, de ne pas rester... chez moi tout le temps, dans mon petit coin, à peindre des trucs. J'ai envie que ça soit vivant. Je pense que c'est un contre-coup de ma vie de storyboarder qui, pour le coup, était de rester... Ma routine était de rester assise sur une chaise à dessiner 8, 10, 12 heures par jour.

  • Ramata

    OK, super intéressant. Alors, j'aime bien comment t'as dit « Moi, j'ai envie qu'on me paye, j'ai envie de voyager. » Donc... Du coup, ça fait une belle vocation.

  • Gombo

    Je ne me cache pas.

  • Ramata

    Non, mais parce que parfois, l'image de l'artiste, c'est vraiment ce côté, l'artiste torturé, qui est incompris pendant toute sa vie. Et en fait, il gagne le succès après. Non, non, moi, je veux être artiste pour qu'on me paye.

  • Gombo

    Oui, on ne me paye pas encore très cher, mais on me paye déjà le billet d'avion, l'hôtel, et puis deux, trois trucs. Ma prestation, c'est pas mal. Je viens des arts appliqués, de la technique, donc voilà, il y a service, il y a prestation, il y a rémunération, et puis j'essaie de faire des trucs qui m'amusent dans la vie. passionnant.

  • Ramata

    Non, mais c'est intéressant en tout cas parce que vraiment souvent les profils créatifs ils vont toujours dire mais moi la partie business c'est compliqué, moi j'ai un petit peu du mal à comment dire avec ces histoires d'argent, mais j'ai l'impression que toi ah non c'est très clair pour moi il y a prestation. Mais non mais tant mieux, tant mieux peut-être qu'il faut que tu fasses des masterclass à certains artistes que j'ai pas rencontrés, je pense qu'il y a peut-être un sinon.

  • Gombo

    parce que... C'est pas ça. Si tu veux, je pense qu'il y a une conception française, très française de l'artiste bohème. Et puis, il y a deux écoles majeures en France. En tout cas, il y en avait deux. C'est les Beaux-Arts d'un côté. Donc, le mec torturé, mal dans sa peau, qui peint, qui mange un jour sur deux. Voilà, Aznavour, la bohème. Et puis, il y a les arts appliqués. Ardisson, la pub. l'argent, la thune, effectivement, la coke, la fête, les prostituées, j'en sais rien. Tout le délire du publicitaire. Comment il s'appelait ce film ?

  • Ramata

    Je vois tout à fait, mais je ne me souviens plus du titre. Il a fait un bouquin d'abord et ensuite un film.

  • Gombo

    Bon, si tu veux, d'un extrême à l'autre, il y a des gens qui ont envie de gagner leur vie décemment en pratiquant les arts. Et je pense que quand tu viens des arts appliqués, tu te destines à des métiers, et puis tu essaies d'en vivre, tu as envie d'être payé pour ce que tu fais, etc. Parce que ce n'était pas du tout aussi gros au début. Il y a... J'ai une volonté dans ma démarche de retourner d'abord en Indonésie pour retourner aux racines du wax hollandais et aller faire un travail là-bas de recherche sur le batik indonésien qui a inspiré le wax, etc. Donc j'écris longuement un dossier là-dessus. Et puis ça ne passe pas. On me le refuse, j'essaie de bosser avec l'institut français et puis on me dit non. Je me rappelle, je suis vraiment déçu, je suis cassé en deux parce que j'ai passé beaucoup de temps sur ce dossier. Et pour moi, c'était la suite logique dans ma démarche. J'avais conscientisé le truc à fond. Et puis, quelques mois après, il y a cet appel sur le Brésil qui sort. Et il est très court. On a peu de temps pour y répondre. Et en fait, moi, à ce moment-là, j'ai déjà un dossier énorme fait pour l'Indonésie. Donc en fait, je vois Jakarta. Je règle Jakarta et puis à la place, j'écris Saint-Germain-d'Ardénia, basiquement. Je recandidate. Et là, elle répondit oui. Mais ça ne devait pas être un défilé de mode, ça devait être juste une création de motifs, un travail avec des artisans locaux pour travailler sur des techniques. de dessins artisanal, local et puis il y a un échange un dialogue dans la production de ces motifs mais par rapport au projet du Brésil le Brésil ça m'intéressait à fond je me suis dit voilà je vais pouvoir explorer un peu plus un pan de mes origines travailler sur cette partie plus afro que je n'aurais pas faite en Indonésie Très peu. Et en fait, le projet a grossi parce qu'il y a des partenaires qui ont commencé à vouloir s'ajouter. Ah, ça serait bien si tu faisais ceci, si tu faisais cela. Est-ce que tu es chaud et tout ? Et puis à chaque fois, je trouvais les idées géniales. Et puis j'ai dit oui. Et puis du coup, maintenant, ça va être le plus gros projet de ma jeune carrière. Il y a beaucoup de défis, beaucoup de challenges, mais je crois que j'adore ça. Je suis, de par la carrière que j'ai eue dans le storyboard, aussi un compétiteur. Parce qu'il faut savoir que dans le dessin animé ou dans les arts appliqués, souvent, on passe des tests, on est en compétition avec d'autres personnes, etc. J'essaie juste d'être dans une compétition qui soit plus saine, qui soit... qui m'enchante en fait, je le vois différemment. Et puis du coup, voilà, ce projet va se faire, j'y vais deux fois, j'ai un premier voyage de recherche de trois semaines dans les quartiers populaires, dans la favela, à rencontre des travailleurs sociaux, des créateurs de mode, d'artistes, pour échanger avec eux, et puis on y retourne. tourne une deuxième fois pour la production vraiment du défilé de mode, des heures, etc. C'est intéressant parce qu'il y a la biennale d'art contemporain de Sao Paulo dans la foulée après. Salvador de Bahia à Sao Paulo, ce n'est pas à côté. Il faut faire sacrément d'heures de bus pour y aller mais je vais essayer je crois dans la foulée d'aller voir là-bas et je suis sûr que je verrai plein de choses absolument fantastiques et les... Les afro-brésiliens ont tellement de choses à dire là. Je pense que ça va être une grande claque.

  • Ramata

    Écoute, tu as déjà les dates, en fait. Donc, tu as ton premier voyage, en fait, un peu d'exploration, de recherche. Et après, les dates durant lesquelles aura lieu le défilé et les différentes... Je ne sais pas si c'est un festival, je ne sais pas comment tu l'appelles, mais ça va être sur plusieurs jours, en fait.

  • Gombo

    Alors, oui, c'est un peu flou parce que... On ne sait pas. Au mois de novembre, au Brésil, c'est le mois de la conscience noire. Donc il se passe beaucoup de choses. Et on ne sait pas encore si on va vraiment prendre le pendant rue et faire un défilé de mode dans la rue avec l'habitant, ou si ça va être un peu plus cadré dans le cadre d'un festival, notamment qui s'appelle Afro Futurismo. qui est un grand festival un peu plus business, qui mixe art, entrepreneuriat, avec des gens qui viennent investir dans la mode, monter des business. Je pense que les deux sont intéressants d'un point de vue. J'ai envie de dire que ça ne dépend pas que de ce que j'ai envie de faire, ça va dépendre de ce que j'arrive à faire avec les gens. Parce que là, ça va être... ... une production très collective. Il n'y a qu'après mon voyage de recherche que j'aurai une idée un peu plus claire de ce qui va m'être facilement réalisable ou pas, avec qui, comment, quoi. C'est vraiment l'aventure, là.

  • Ramata

    Mais j'ai l'impression que c'est ce qui te plaît dans cette initiative, dans ce projet.

  • Gombo

    Là, je suis aux anges. Là, c'est bon. Là, j'ai tout. Je vais faire de la scénographie, des fringues, voyager. On va me payer pour ça. Et puis non, j'ai vraiment l'opportunité de faire un gros travail de recherche. l'héritage africain au Brésil, d'aller voir des lieux historiques, des lieux vraiment imprégnés de quelque chose de fort. Je me rappelle que quand on a été à Lisbonne, dans le cadre des résidences manifestes, on a été avec les 22 artistes et un guide noir. Je dis ça parce qu'à Lisbonne, c'est très, très... Si tu veux, toute l'histoire... coloniale des conquistadors, etc. Lisbonne est hyper valorisée parce qu'elle est attrée au tourisme. Donc les gens viennent en fait voir des monuments qui représentent des gros salopards en fait. Et des gens qui... Et donc si tu veux, ce guide noir là, il a une autre approche et il nous a emmenés dans une rue qui était... un lien direct entre la mer et la maison d'un armateur. Et donc, le bateau négrier arrivait en bas et il les faisait remonter jusqu'à la maison où ils étaient entreposés, parqués comme des bœufs avant la vente. Et cette rue-là était, je te jure, quand on y est passé, c'était un peu au soleil couchant. Elle était lourde, elle était imprégnée de tout un truc qui nous a fait hérisser les poils et le lieu était... chargé quoi. Il y avait une trace, une empreinte qui était forte. Et je pense qu'à Salvador de Bahia, je vais pouvoir retrouver aussi ce genre de de lieux, alors pas que des choses macabres, j'espère, mais si tu veux, des lieux chargés d'histoire. Et il n'y a qu'en y allant, il n'y a qu'en les traversant, on peut trouver certaines inspirations. qui frôlent l'inconscient, qui sont d'un ordre spirituel, qui donnent une énergie aussi, une envie de produire de belles œuvres, des œuvres qui ont un sens pour moi par rapport à la démarche que j'ai. Très bien,

  • Ramata

    donc ce sera la principale actualité de 2025.

  • Gombo

    Ah pour moi ? Ouais, clairement. Et puis, c'est dans le cadre de la saison France-Brésil. Donc, il y a le projet là-bas. Et puis après, il y a le rapatriement de tout ça en France, avec la volonté de refaire l'expo qui sera présentée au musée du Brésil, de Salvador, en France. Et puis, ces œuvres textiles qui ont été réalisées, il faut... Il y a un truc avant, c'est qu'avant, je produisais, je produisais. Je ne me souciais pas de la vie de ces œuvres. Mais si tu... Mais en fait, c'est un travail aussi. Et les œuvres qui sont exposées en ce moment au Musée de l'Homme jusqu'au mois de septembre, il y a des pièces, je les ai réalisées il y a deux ans. Donc en fait, ça vit et puis ça change l'espace et puis ça rencontre un public. Donc quand on passe beaucoup de temps, quand on met beaucoup de passion et d'énergie à produire une matière, il ne faut pas oublier aussi derrière qu'il y a un travail pour la partager. sur plusieurs années parce qu'elles sont là et que ce serait dommage.

  • Ramata

    Et parce que toi, aujourd'hui, tu ne travailles pas avec un agent ou tu travailles seul, en fait, dans les opportunités qui arrivent à toi au niveau de galerie et tout ce que tu nous as raconté jusqu'ici. En tout cas, il me semble que tu as l'air de travailler seul.

  • Gombo

    Moi, je n'ai rien du tout. Moi, si, maintenant, j'ai un atelier correct. Donc, voilà, si tu veux, je suis passé de la sérigraphie dans ma salle de bain à la sérigraphie dans une pièce dédiée avec toute la chaîne de prod, etc. Et puis, des conseils et des conseils pour un niveau de rendu et d'excellence technique.

  • Ramata

    Élevé.

  • Gombo

    Voilà, que j'estime élevé. qui l'est, je pense, n'importe quel sérigraphe pourra le dire. Mais je ne suis pas dans le milieu de la galerie. Je suis assez solo. Pour l'instant, je suis... Je suis assez solo, alors voilà, il y a des gens qui me suivent, il y a des gens qui peuvent m'aider à gauche, à droite. Là, le projet au Brésil, il est porté par une institution française. Il n'est pas porté... Donc là, pour le coup, cette année, avec ce projet-là, j'ai vraiment une team qui bosse pour moi. Et puis le projet Manifest, il y avait une team qui bossait pour moi et pour les 22 artistes aussi. Donc ça, voilà, ça progresse et puis effectivement, ça décharge. Parce que des fois, on passe tellement de temps à écrire des dossiers, à chercher des appels, etc. qu'en fait, on ne produit plus. Mais moi, mon but, initialement, c'est de... J'aime tout, si tu veux, j'aime tout l'aspect du truc. Mais à un moment, il faut faire des œuvres, en fait. Ça serait bien d'en faire, quoi. D'avoir le temps, un temps dédié. Et il faut bien le mesurer parce que...

  • Ramata

    Ok ! Moi, je pense que je t'ai posé toutes les questions que je voulais poser par rapport à ton parcours et à ton actualité. Et puis, tu nous as partagé pas mal d'infos, donc je te remercie pour ta générosité, ta transparence sur ton parcours et sur la manière dont toi, tu appréhendes ta carrière d'artiste visuelle. Je m'appelle Après, en note, je débattais de l'épisode, le lien vers ton compte Instagram. Je ne sais pas si tu as un site internet.

  • Gombo

    Le site, là, j'y travaille. Je me dis que cette année, ça peut être intéressant. C'est aussi l'année où je vais essayer de mettre un peu plus le nez dans la galerie. Honnêtement, ça me plairait de trouver ce type de relation, d'avoir un galeriste avec qui ça se passe bien, qui produise un travail. et puis que ce soit une belle expérience humaine aussi. Donc voilà. Mais pour l'instant, Insta, ça marche bien, c'est puissant aussi.

  • Ramata

    Très bien, tu mettrais le lien de l'Insta. Et puis voilà, l'appel est ouvert pour les galeristes qui veulent te donner de la force. Donc, écoute, moi, je vais te dire à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Gombo

    Merci. Merci à toi, Ramatha. Et puis, j'espère à très vite aussi en Afrique.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'exposition Wax au Musée de l'Homme

    01:25

  • Présentation de Ramata Diallo et de son podcast Africa Fashion Tour

    02:29

  • Entretien avec Gombo, artiste visuel et dessinateur

    03:33

  • Définition de l'artiste visuel et parcours de Gombo

    04:38

  • Les débuts de Gombo dans le dessin et l'animation

    05:47

  • Transition vers l'art contemporain et exploration de l'identité

    10:27

  • Discussion sur l'exposition Wax et son impact artistique

    18:05

  • Réflexion sur le wax et son histoire culturelle

    32:45

  • Projets futurs et ambitions de Gombo dans le milieu artistique

    41:29

Description

Comment un artiste indépendant peut-il réussir à s'imposer dans le monde de l'art ?

Gombo, artiste visuel afro-descendant, partage son parcours dans un nouvel épisode d'Africa Fashion Tour.

De ses débuts dans le dessin animé à son exposition au Musée de l'Homme, il nous raconte les étapes clés de sa démarche artistique et les défis qu'il a rencontrés.

Il insiste sur l'importance de l'engagement, de la curiosité et de l'exploration pour créer des œuvres qui ont du sens.

Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux de la représentation de l'héritage africain dans l'art contemporain.

Dans cette interview, Gombo aborde également son utilisation du wax comme matériau symbolique et ses projets futurs, notamment un défilé de mode au Brésil.

Une véritable masterclass pour tous les passionnés d'art et de culture africaine.

Pour aller plus loin, vous pouvez suivre Gombo sur Instagram


Le film sur le secteur de la publicité auquel nous faisons allusion pendant l'interview est 99 francs


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Gombo

    L'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet, parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur l'histoire de ce textile. Et puis il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, puis de la peinture. Donc pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même. Et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois... en peinture. Il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo, je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Gongo Wax. Gongo est un artiste visuel et un dessinateur. Une sélection de ses œuvres est actuellement visible au Musée de l'Homme dans le cadre de l'exposition Wax. Expert en sérigraphie, il crée des œuvres inspirées du Wax comme prétexte pour raconter des histoires. Je l'ai invité aujourd'hui pour qu'il puisse nous parler de son parcours et de ses ambitions. Je vais commencer cette interview comme je le fais toujours avec tous mes invités. Gombo, je vais te demander de te présenter.

  • Gombo

    Alors, je m'appelle Gombo. Effectivement, avant, on m'appelait Gombo Wax, mais au fil du temps, on a réduit à Gombo. Et je suis artiste visuel, afro-descendant, afro-européen. métis, d'origine française, congolaise de Kine, angolaise et brésilienne.

  • Ramata

    Ok, écoute là, avec cette petite introduction, j'ai plein de questions à te poser tout de suite. J'aimerais bien que tu me dises déjà, tu dis que tu te définis comme étant un artiste visuel. Qu'est-ce que ça veut dire exactement, artiste visuel ? C'est quoi ta définition ?

  • Gombo

    Alors, artiste visuel, c'est un terme qu'on emploie beaucoup en art contemporain pour parler d'un artiste qui travaille sur toute technique visuelle. Ça peut être la peinture, le dessin, la vidéo, la sérigraphie, etc. Moi, j'ai eu et j'ai toujours une carrière dans le dessin animé, puisque j'ai commencé... par une école d'art appliqué qui m'a amené au métier du film d'animation et du storyboard en particulier. Donc je suis quelqu'un qui aime beaucoup dessiner, qui aime raconter des histoires. Et il y a maintenant cinq ans de ça, j'ai entamé une carrière dans l'art contemporain à travers les médiums de la sérigraphie, du textile et plus récemment de la réalité virtuelle.

  • Ramata

    Très bien, donc tu dis que toi tu as un parcours d'abord de vraiment une expertise dans le dessin. Est-ce que tu peux nous dire quelles sont en fait les études que tu as faites pour arriver là ? J'imagine que tu as toujours une passion pour le dessin.

  • Gombo

    Oui absolument, le dessin c'est quelque chose que je me rappelle avoir commencé quand j'habitais en Angola, à Luanda. À l'époque avec mon père et ma mère, le pays était en guerre et on était loisonnés à la capitale. qui appartenait au MPLA, le mouvement politique dominant. Et mes grands-parents français m'avaient donné des cassettes vidéo. À l'époque, on utilisait ce qu'on appelle un magnétoscope pour regarder des films, des dessins animés, etc. Ils m'ont enregistré des dessins animés en France. Et je me rappelle que je les reproduisais dans ma chambre quand j'étais à Luanda. C'est comme ça, je crois, que j'ai vraiment abordé le dessin. J'étais un gamin assez... Il y avait des solitaires, il y avait l'école, mais pas tous les jours. Évidemment, le contexte de la vie à Luanda était compliqué à cause de la guerre. On sortait peu, donc ça a été ma première approche. Suite à ça, c'est une appétence que j'ai nourrie. J'ai fait avec ma famille plusieurs allers-retours entre l'Afrique, entre l'Angola et la France. On est allé un petit peu aux États-Unis et j'ai continué à dessiner. J'ai continué à dessiner. J'ai eu l'opportunité de gagner un prix quand j'étais gamin pour aller au festival de la BD d'Angoulême, parce que c'est ce qui m'intéressait au début, de faire de la BD, de raconter des histoires, d'être un auteur à part entière. Et en grandissant, j'ai entamé des études d'art appliqué à l'école Pivot de Nantes à l'époque. Et je me rappelle que c'était la deuxième promo à proposer du dessin animé. Et ça me paraissait super, ça me paraissait être une industrie florissante dans laquelle on pouvait gagner sa vie rapidement comparé au statut d'auteur en bande dessinée qui peut être beaucoup plus long. Et puis, je crois que je ne savais pas trop ce que je voulais raconter à ce moment-là. Donc, plutôt que de raconter mes histoires, je me suis dit pourquoi pas raconter celles des autres. Et j'ai entamé ma carrière de storyboarder dans le dessin animé à Paris à l'époque.

  • Ramata

    Est-ce que tu peux définir ce qu'est un storyboarder et le travail que tu fais dans le milieu du dessin animé ? Parce que je pense qu'il y a une partie de l'audience qui doit un peu prévoir de quoi il s'agit. Mais moi, j'aime bien prendre le temps de réexpliquer certains concepts qui ne sont pas toujours familiers tous. Et on n'a pas toujours... l'opportunité de connaître ces univers-là. Donc, ça m'intéresse que tu puisses prendre un petit moment pour nous décrire ce que tu fais au niveau du dessin animé.

  • Gombo

    OK. Alors, le storyboard, c'est un métier... En tout cas, le storyboard de dessin animé, c'est assez spécifique. C'est-à-dire qu'il faut imaginer qu'on fait une grande bande dessinée de tout le dessin animé avant qu'il passe dans les mains des équipes techniques et des autres... postes. Le dessin animé, c'est un travail collectif, c'est un travail fastidieux et long qui nécessite beaucoup de petites mains et des gens hyper spécialisés à différents postes. Donc il y a des personnes qui ne font que du décor, d'autres que des personnages, d'autres que de la couleur. Le storyboarder, lui, ne fait que une forme de dessin assez rapide mais avec les informations nécessaires et justes. pour raconter l'histoire. Vraiment comme une espèce de bande dessinée qui serait moins bien léchée, moins bien soignée, mais avec beaucoup plus de dessins. Un dessin animé de 11 minutes, ça nécessite entre 800 et 1 200 dessins. C'est un dessin rapide, c'est un dessin prolifique, c'est un dessin... j'ai envie de dire technique aussi, dans lequel on dessine les angles de caméra, le déroulement de l'action, etc.

  • Ramata

    Très bien. Donc, du coup, toi, tu as cette carrière-là d'un côté, dans le dessin, et en parallèle, en tout cas depuis quelques années, tu en viens à développer une carrière d'artiste visuel. Comment est-ce que ça se fait ? À partir de quel moment est-ce que cette trajectoire-là se dessine ?

  • Gombo

    J'ai toujours eu un goût, une curiosité pour les arts et diverses pratiques artistiques. Dans le dessin animé, on est plutôt sur des gens qui sont dans l'excellence technique, en tout cas des techniciens, et je suis toujours technicien dans ce milieu. On est sur une culture geek aussi, sur une culture pop. Et moi, j'avais aussi un goût pour d'autres types d'espaces artistiques comme la galerie, le musée, l'art conceptuel, l'histoire de l'art. Et ça m'intéressait aussi. Après, je crois qu'au moment où, en 2015-2016, j'habitais dans le quartier de Châteaurouge à Paris et j'avais déjà depuis quelques années une envie de faire un travail un peu plus personnel. Parce que dans le dessin animé, on est... une grosse équipe au service souvent d'une œuvre de divertissement. J'avais envie de produire un travail d'auteur, mais je ne savais pas trop comment. Et j'étais sur une démarche assez introspective. Je me rappelle avoir fait une formation en film documentaire, parce que ça m'intéressait. Et j'ai abordé ça de façon assez relaxe, j'ai envie de dire. Et en fait, on m'a demandé un travail assez... assez dense, auxquelles je n'étais pas préparé, assez intime. On m'a demandé d'aller chercher en moi mes problématiques, ce qui me travaillait, des choses assez personnelles. Et j'en suis venu à essayer de faire un film, notamment sur les taxiphones dans le quartier de Châteaurouge. Alors pour ceux qui sont plus jeunes et qui ne connaissent pas le taxophone, avant l'invention du téléphone portable, on utilisait souvent le taxophone. pour passer des appels téléphoniques à l'étranger. Et donc voilà, il faut imaginer un magasin avec des cabines téléphoniques à la file et puis des codes postaux de différents pays avec combien coûte à la minute de les appeler. Et j'y voyais un espace où des liens de famille se recréaient entre eux. des pères sénégalais, maliens, qui travaillaient à Paris, et leurs femmes et leurs enfants restaient au pays. Et j'y voyais une analogie avec ma propre histoire familiale, en tout cas avec des relations de famille à distance, puisque mon père, mon pan africain, plusieurs de mes sœurs, toute ma famille africaine vit, elle, en Angola, et que je les... Je les fréquente, je les connais, j'entretiens les relations de famille que j'ai avec eux à 90% par téléphone. Donc c'était un espace qui me touchait énormément et qui était à la fois assez sordide, assez glauque, ça ressemble à n'importe quelle épicerie bas de gamme, avec n'importe quel shop assez pauvre. C'est laid comme espace en fait. Mais les histoires et les récits qui s'y jouent, je les trouvais beaux et poétiques. Et puis, évidemment, c'est aussi un lieu de blanchiment d'argent, de corruption. Donc, il m'était difficile d'arriver à tourner là-dedans. J'avais que trois semaines pour faire le docu. Et finalement, j'en viens à devoir moi-même me mettre en scène dans un call avec ma famille, que pour le coup, j'ai réalisé par Skype à l'époque. Et puis, ce film est une espèce d'échec cuisant. Je n'arrive pas à prendre du recul sur moi-même. C'est assez dur de se mettre en scène en étant sincère, etc. Le film est un espèce d'échec assez dur à encaisser. Mais je me rends compte que, en fin de compte, les relations que j'ai avec tout un point de ma famille africaine sont assez superficielles et que j'ai beaucoup de choses à explorer. qu'il y a peut-être une transmission qui ne m'a pas été faite, ou du moins qui est assez pauvre. Et c'est de là, je crois, que je me suis dit « Oui, en fait, par le prisme d'une activité artistique, j'ai envie de faire ce travail de réappropriation. J'ai envie de me rapprocher de mes origines, j'ai envie de les comprendre, j'ai envie d'explorer pourquoi je suis ici. » là-bas, pourquoi je connais peu ou pas mon héritage, etc. Il y a toute une somme de questions qui me sont apparues et que j'ai eu envie d'exprimer d'un coup. J'avais d'un coup des histoires à raconter.

  • Ramata

    Super intéressant. Toi, tu parles d'échec cuisant par rapport à ce film, mais au départ, c'était plus une forme d'initiation. Ce n'était pas quelque chose qui devait être un succès.

  • Gombo

    Alors, oui, sans doute. Sans doute, c'était une initiation, effectivement. Mais il y avait quand même à la fin ce petit projet de faire un film de cinq minutes qui soit... qui illustre une démarche, un propos intellectuel qu'on avait développé, etc. Et je n'avais pas réussi personnellement à illustrer en images, à illustrer avec un film ma problématique, mon propos, le thème de mon film. En l'occurrence, l'idée de loin des yeux, loin du cœur, l'idée de comment entretenir une... des relations familiales à distance.

  • Ramata

    Ok. Et donc là, c'est un peu ta...

  • Gombo

    C'est pour ça qu'effectivement, je voyais ça, je voulais essayer qu'on a des chèques.

  • Ramata

    D'accord. Mais ok, intéressant. Et du coup, en tout cas, cette première initiative, elle t'invite à aller finalement un peu questionner ton rapport à ta famille, à tes origines. Et du coup, c'est à travers ça que tout... une partie de ta créativité en tant qu'artiste elle va vraiment s'illustrer c'est vraiment ça qui définit un peu je ne sais pas si on dit ligne éditoriale chez un artiste mais en tout cas le type de visuel que tu vas chercher à proposer alors

  • Gombo

    à ce moment là je n'ai pas une démarche artistique j'ai des thèmes j'ai un starter émotionnel je dirais j'ai quelque chose qui m'anime Et suite à ça, je me rappelle que mon père et mes soeurs sont venus à Paris, comme ils avaient l'habitude de le faire. Tous les étés, on essayait de se retrouver dans différentes destinations. Déjà, on a la chance d'en avoir les moyens. Voilà, les vacances. Et puis là, je me rappelle avoir une violente dispute avec mon père. que j'évitais en général parce qu'on se voyait peu et que les moments étaient rares et qu'on était plutôt là dans un esprit de célébration. Mais cette fois-ci, ça m'avait été insupportable parce qu'effectivement, j'avais déconstruit la relation que j'avais avec lui, avec ce qu'il incarne, c'est-à-dire mon africanité, avec l'idée que c'était un de mes seuls accès à ma culture angolaise, congolaise et brésilienne, dans le sens où c'est ma mère qui est blanche, française, et que j'ai eu beaucoup plus de transmission par elle. Donc je me rappelle, on se fâche fort, on ne se parle plus pendant deux ans. Et à ce moment-là, effectivement, je vis à Châteauroux, je commence à voir tous ces textiles africains. Ça me remémore des choses par rapport à mes jeunes années en Angola, etc. Mais je n'ai pas développé la démarche artistique à ce moment-là. Elle est venue un petit peu plus tard. Mais j'avais effectivement quelque chose qui m'animait. Et donc, il fallait que j'étudie ça, que je vois quelle forme plastique ça pouvait prendre. Parce que ça aurait pu être de la bande dessinée, ça aurait pu être du film, ça aurait pu être... plein de choses.

  • Ramata

    Et du coup, c'est à partir de quel moment que tu définis en fait le canal par lequel tu vas exprimer cette... Enfin, c'est... Comment dire ? Ton courant artistique, en fait. À partir de quel moment est ce que ça se fait ?

  • Gombo

    Alors, je commence à chercher des inspirations autres que celles que j'avais l'habitude de voir, parce que comme j'ai majoritairement grandi en Europe, J'avais une culture artistique très européenne. Les peintres, les sculpteurs, etc. Et puis comme on est à Paris, il y a cette mexité. Je découvre des peintres comme Sherry Samba, JP Mika. Je me rappelle aussi que j'allais un peu traîner à Bruxelles à l'époque, où il y a le quartier de Matongué. On a cette grande fresque effectivement de Sherry Samba. Je commence à m'intéresser à d'autres... d'autres chemins, d'autres cultures de la peinture. Et je me rappelle que j'ai fait mon premier motif, je crois, quand j'habitais à La Rochelle, après avoir quitté Paris, pendant le Covid. Et pendant le Covid, ou juste avant, je m'étais dit j'ai bien envie d'apprendre la scénographie, il y a un super atelier de scénographie à La Rochelle. Parce que j'ai envie de faire des motifs en wax et parce que ça me paraît être la technique la plus... juste pour reproduire des motifs en wax. Et je me rappelle avoir à l'époque, quand on fait de la scénographie, il faut des écrans, des écrans qu'on va utiliser pour faire des pochoirs. Et une fois que ces pochoirs sont faits, qu'on les a utilisés, il faut nettoyer les écrans, les dégraver, pour pouvoir refaire des pochoirs dessus. Il faut un karcher, et je n'avais pas de karcher. terrasses. Comme c'était le Covid, on était assignés à résidence, mais je prenais quand même ma bagnole et j'allais au car wash. Il y a une période où les gens avaient l'autorisation de sortir un peu et je me rappelle que les gens allaient au car wash. Moi aussi, j'allais au car wash et je sortais les écrans de mon coffre. Je les nettoyais au car share et je foutais de la peinture partout, du vert, du bleu, du rouge. Les gens regardaient bizarrement. Mais c'est vraiment là que ça a commencé. 2016. Premières interrogations et en fait, 2020, 2019-2020, passage à l'action, en vrai. Il y a eu un process, il y a eu toute une maturation assez lente entre les deux.

  • Ramata

    Du jour où tu te dis que ça va être la sérigraphie, c'est sûr et c'est par là que tu... que tu décides de développer ton art ? Ou est-ce qu'il y a des moments de « tiens, j'ai peut-être testé la peinture » ou « testé autre chose » ? Ou c'est vraiment, une fois que ce choix est fait, il va venir vraiment définir de manière, je ne vais pas dire définitive, mais en tout cas, ça a été, comment dire, quelque chose de décidé, de mûri, et une voie qui est restée la même depuis cette décision ?

  • Gombo

    C'est là que... au lieu d'être simplement sérigraphe ou peintre. Quand on commence à cumuler, on devient artiste visuel, je pense. C'est-à-dire que j'ai commencé avec la sérigraphie, effectivement. Et puis, il y a quelques années, j'ai eu une opportunité de faire de la réalité virtuelle. Et donc, ça faisait appel à des compétences que j'avais dans le dessin animé. en peinture digitale, sur photoshop, etc. Et là je me suis dit en fait, il y a un élargissement et je séparais bien avant ce que je faisais dans le dessin animé pour gagner ma vie, pour payer mon loyer, etc. Ce que je faisais dans l'art contemporain sans grandes aspirations personnelles au début, mais juste par envie profonde. Et les deux sont liés grâce à la réalité virtuelle. Alors je me suis dit qu'en fait, je pouvais utiliser tout médium et que ça marcherait à partir du moment où je garde une exigence de technique et puis de pertinence par rapport aux propos intellectuels que j'essaie de développer, que j'essaie de partager aux gens. Le regard à travers lequel j'ai envie que les gens voient le monde, c'est-à-dire à travers mon regard, et que j'arrive à essayer de développer quelque chose de singulier, quelque chose qui m'est personnel et que j'arrive à le partager. Je pense que l'objectif, c'est toujours ça.

  • Ramata

    Et du coup, la réalité virtuelle, quand tu l'utilises, est-ce que tu peux nous expliquer, en fait, dans ton processus créatif, comment est-ce que ça s'intègre et quel genre d'œuvres, en fait, est-ce que tu crées en intégrant la réalité virtuelle ?

  • Gombo

    En fait, j'avais fait une exposition de sérigraphie à Marseille, ma première expo, et suite à ça, il y a un appel, il y a quelqu'un qui était passé à l'expo, qui me montre un appel pour participer à... trois résidences de création en Europe, et en profiter de ce temps pour réfléchir à des œuvres qui se sont produites en réalité virtuelle pour une exposition à Nantes avec l'idée de créer une nouvelle forme de mémoire autour de la traite transatlantique et du colonialisme. Il y avait 22 artistes afrodescendants de toute l'Europe. sélectionné. Donc voilà, j'avais candidaté, j'ai été retenu, donc super. Et puis là, on part comme ça sur une journée, sur trois résidences. D'abord en Hongrie, ensuite à Copenhague et après à Lisbonne. Où voilà, on nous apprend ce que c'est que la réalité virtuelle. en quoi ça peut être différent du cinéma. Évidemment, moi, je m'en suis tiré. En tout cas, je me suis attaché à ce que j'aimais faire et à ma sensibilité, c'est-à-dire le dessin animé. Donc, j'ai dit, moi, je veux faire un dessin animé à 360 degrés. Je sais faire des personnages, je sais faire des décors, des illustrations. Je sais écrire, je sais faire le storyboard. Je vais faire du film, je vais faire du dessin animé. Et puis, on va mettre tout ça à 360 degrés. Le spectateur sera au milieu du film. Et ça va être génial. Donc, on a eu des bons partenaires avec qui développer ce projet-là. Et puis, ça aboutit à cette exposition manifeste Nouvelle Mémoire. Nouvelle forme de mémoire sur la traite esclavagiste à Nantes en septembre 2024.

  • Ramata

    Du coup, j'imagine que cette œuvre que tu as créée pour cet événement-là, c'est encore possible d'y accéder. Est-ce que si mes auditeurs veulent voir ce dessin-lumé que tu viens de nous décrire, est-ce qu'on peut y accéder et comment ?

  • Gombo

    Bonne question. Depuis l'exposition, euh... Je ne sais pas trop. Ce n'est pas une histoire de droit, évidemment, que j'ai envie de la partager au public le plus large. Mais si je la mets sur YouTube ou quoi, ça va être flat. Alors que ce qui est intéressant, c'est d'avoir le casque des réalités virtuelles et puis d'être au milieu du film. Donc, je ne sais pas trop. Là, on m'a proposé et je pense aller présenter cette œuvre à nouveau dans le cadre d'une exposition. en Guadeloupe pendant une semaine. Donc évidemment, c'est hyper pertinent parce que cette œuvre, c'est trois dessins animés de cinq minutes qui présentent trois personnages historiques noirs qui ont joué un rôle dans la Révolution française, ou pas qui ont joué un rôle dans la Révolution française, mais qui sont contemporains de la Révolution française. Donc tout ça en ouverture. Thomas Alexandre Dumas, le père de l'écrivain Alexandre Dumas et Ourika une Sénégalaise qui avait été adoptée par l'aristocratie française à l'époque donc évidemment elle est sur le territoire de la Guadeloupe pour montrer ces oeuvres cette oeuvre là dont deux personnages viennent des Antilles c'est super, mais je sais pas je sais pas la diffuser plus largement pour l'instant il faudrait que je la mette sur un store je sais pas trop voilà Ce qui est bien aussi, c'est l'installation en équipe.

  • Ramata

    Non, mais ce que je comprends, c'est... Voilà. Donc, du coup, il faut arriver à trouver un espace avec des casques. Et là, on peut avoir accès à l'œuvre.

  • Gombo

    Ouais, c'est ça que je souhaite.

  • Ramata

    Mais il faut organiser une expo.

  • Gombo

    Ouais.

  • Ramata

    OK, c'est entendu. Je vais essayer de m'en occuper. Maintenant que j'ai compris quelle était la problématique. Parce que bon, on ne va pas... Et effectivement, je suis assez d'accord avec toi. On ne va pas mettre ça sur... sur Instagram, sur YouTube ou sur TikTok. Si le but, c'est d'avoir une expérience de réalité virtuelle, ça n'a pas de sens de le mettre sans pouvoir avoir cette expérience-là. Donc, chers auditeurs, attendez-vous à avoir de plus amples informations sur la possibilité de, en tout cas à Paris, pouvoir voir le film. On en discutera après l'interview. La fille qui fait du business en même temps qu'elle fait de l'interview. C'est du business, mais du coup, une fois qu'on a parlé de l'oeuvre, moi j'ai envie de la voir et je me dis, ça se passe comment ? Et donc, on trouve des moyens.

  • Gombo

    Il y a plusieurs artistes comme ça qui font des œuvres de réalité virtuelle, mais qui vont de pair avec une installation, avec un cadre,

  • Ramata

    avec une ambiance,

  • Gombo

    avec une ambiance de terre. Moi, pour cette œuvre-là qui s'appelle The Private Portrait, l'idée, c'est d'avoir une atmosphère cosy, intime. Donc, on a trois cabines qui sont faites de trois grands paravents qui sont recouverts de wax. C'est ma marque de fabrique. Elles correspondent à trois couleurs qu'on peut retrouver dans les trois films, etc. Donc c'est tout un truc qui fait que l'expérience est un peu plus unique que si on te mettait un casque sur la tête au milieu d'une salle. Mais on l'a fait tester à des enfants d'abord. Bonsoir. Dans le cadre de l'exposition à Nantes, tous les artistes sont restés une semaine. Et donc, il y avait des ateliers avec des gamins. Et je crois que c'était mon meilleur public. C'était top. Et puis, ils l'ont vu avant même, je me rappelle, l'atelier, on l'a fait avant même le vernissage de l'expo. C'était des 10-12 ans, ils étaient comme des fous et tout. Moi, j'ai adoré ce moment d'échange avec eux. Et puis, c'était une classe, j'appelle ça les classes Benetton. Il y avait toutes les nationalités dedans. Donc, c'est super.

  • Ramata

    Non, mais écoute, on en parlera. Mais je vois où ça peut s'organiser. Maintenant que tu m'as expliqué qu'il y avait des paravents, des tissus, wax et tout, on en parle. On en parle. Et donc, probablement, alors je ne pense pas que quand je vais sortir l'épisode, on aura déjà verrouillé quelque chose. Mais en tout cas, quelque part en 2025, je pense que ce sera possible.

  • Gombo

    Allez, tu as l'air déter.

  • Ramata

    En tout cas, vu que je l'ai déclaré dans un podcast, je ne peux pas revenir en arrière. Ça ne prendra pas compte du montage.

  • Gombo

    OK.

  • Ramata

    Donc, il faudra attraper ma veste. Si ça ne se fait pas, il faudra attraper mon bon bord sur Wax. Ah,

  • Gombo

    d'accord.

  • Ramata

    OK. Donc, là, en fait, tu nous as parlé de ce côté réalité virtuelle. Et aujourd'hui, ton actualité, c'est notamment l'exposition Wax avec le Musée de l'Homme. qui vient juste de démarrer là, début février. Est-ce que tu peux nous parler du tout de cette expérience-là et de toi, en fait, que tu présentes dans le cadre de cette exposition ?

  • Gombo

    Alors, l'exposition Wax au Musée de l'Homme, c'est une exposition qui a un double volet parce que c'est un muséum d'histoire naturelle, donc il y a tout un pan de l'exposition qui est sur... l'histoire de ce textile. Et puis, il y a une autre partie qui est dédiée à l'art contemporain, à ce que les artistes en art contemporain font de ce textile. Et puis, on retrouve principalement les médiums de la photographie, de la mode, du design textile, et puis de la peinture. Donc, pour le coup, j'ai la chance d'être aux deux étages parce que j'ai des œuvres qui traitent de l'histoire de ce textile même et puis des œuvres qui sont à la fois textiles et à la fois en peinture. Donc voilà, il ne me manquait plus que la photographie, mais je n'y suis pas encore.

  • Ramata

    Et toi, en termes de... Comment tu fais pour avoir cette opportunité d'être exposée au Musée de l'Âme ? Parce que, du coup, je ne t'ai pas demandé si avant, tu avais été exposée dans d'autres musées, tu avais eu d'autres opportunités, après, en tout cas, l'exposition virtuelle dont tu parlais tout à l'heure. Est-ce que tu avais eu d'autres opportunités et comment, en fait, ça s'est fait, la collaboration avec le Musée de l'Âme ?

  • Gombo

    Comment s'est faite la collaboration avec le Musée de l'Homme ?

  • Ramata

    Oui, c'est ça. Et est-ce que tu avais exposé avant dans d'autres musées ?

  • Gombo

    Alors, je n'avais jamais exposé dans un musée avant. Enfin, si, j'avais exposé illégalement au Musème, parce que j'avais été accroché à une de mes œuvres au Musème dans une exposition. Donc, je ne sais pas si ça compte, mais pour moi, ça compte.

  • Ramata

    C'est à toi de nous dire, c'est toi l'artiste. Je ne sais pas comment ça se passe. Je te demande. Mais du coup, alors le playbook, pour être exposé en tant qu'artiste par Bongo, tu rentres dans le musée et puis tu poses ta pièce.

  • Gombo

    Voilà. Après tout.

  • Ramata

    Et ça compte. Voilà. Je fais moi-même la curation et je m'intègre dans l'environnement.

  • Gombo

    Je pense que dans la vie, des fois, il faut faire simple. Alors du coup,

  • Ramata

    explique-nous cette curation.

  • Gombo

    Spontanée. Il y avait une exposition au Mucem qui s'appelait Europa Ausha, qui était une exposition dédiée à l'art diasporique, afro-descendant et tout. Et à l'époque, j'étais dans une grande réflexion sur le musée, l'espace muséal. Et je venais donc de faire cette exposition dans une galerie à Marseille qui s'appelle Solarium, une exposition qui s'appelait Muséum Regards Afropéens. où j'imaginais un musée dédié aux figures afro-européennes. Et donc, il y avait toute une réflexion sur la représentation du corps noir dans l'espace muséal, l'espace muséal qui est l'incarnation d'un lieu où on entrepose des trésors pillés dans les colonies, etc. Donc un espace assez violent d'un certain point de vue. Et cette expo m'a à la fois fasciné parce que je trouvais ça génial. En fait, je venais de faire une exposition dédiée à un public diasporique, mais dédiée à des artistes qui met en valeur des artistes diasporiques, d'origine noire, etc. Mais en même temps, c'était un espace que je réfutais, que je refusais d'une certaine manière. D'autant plus qu'à l'époque, je me rappelais, je venais de faire une œuvre sur un artiste qui s'appelle Osman So, qui était un sculpteur sénégalais et qui a toujours refusé d'exposer dans les musées, et donc qui adorait exposer en espace public, etc. Et donc je me disais, il faudrait commettre un acte de violation comme eux, comme eux, ils ont fait en pillant des œuvres dans les... dans les colonies, dans les territoires africains. Il faudrait faire quelque chose de... Il faudrait profaner l'espace, en fait. Mais je ne voulais pas piquer une œuvre, ça ne m'intéressait pas. Et je cherchais sans doute un peu plus de visibilité aussi. Il y avait tout un truc, tout un tas d'émotions et de réflexions qui s'entremêlaient à l'époque dans ma petite tête. Et je me dis, bon, je vais... je vais faire une œuvre et je vais l'accrocher légalement dans le musée. Et c'est Passport afropéen qui est sorti. Et à l'époque, je n'avais même pas conscientisé pourquoi j'avais eu envie de faire un passeport. C'est venu après.

  • Ramata

    Très bien, super intéressant en tout cas que tu partages ça. J'aime bien comment tu dis, en fait, je ne l'ai pas conscientisé. C'est un peu quelque chose que tu as fait de manière spontanée, mais qui a une valeur symbolique extrêmement forte. Maintenant, du coup, Ta seconde exposition dans un musée, celle que toi tu as provoquée et celle avec laquelle, a priori, tu t'es organisé avec le musée de l'Homme, vous étiez d'accord ensemble pour que tu puisses exposer. C'était pas... Tu peux nous raconter comment ça s'est fait. Voilà, c'est à dire qu'a priori, il n'y a pas un moment où quelqu'un a fait le tour du musée et a dit mais ça, ça ne fait pas partie de notre curation, il faut qu'on enlève.

  • Gombo

    Ils ont quand même beaucoup d'oeuvres à moi, donc ça aurait été dur de... de gruger, j'ai envie de dire.

  • Ramata

    Du coup, comment ça s'est fait, la curation ? C'est quoi les étapes, en fait, pour toi, pour pouvoir comprendre le sujet et l'ambition de cette exposition wax et ensuite proposer les œuvres ?

  • Gombo

    Écoute, comme je le disais, il y avait deux pans. Une partie réservée à l'histoire de ce textile et puis une autre partie réservée à ce qu'en font les artistes contemporains. Alors après... Le wax, on peut l'aborder de différentes façons. On peut rejeter complètement ce textile qui est né dans un contexte colonial hyper violent. On peut aussi le voir comme un métissage, un métissage aussi, et peut être violent. On peut... On peut considérer qu'il fait partie maintenant d'une forme qu'il incarne, une forme d'identité dans certains pays d'Afrique subsaharienne. Il y a plein de façons d'aborder le textile. Et puis, je crois que les curateurs de l'exposition, les commissaires d'exposition, avaient une bonne vision d'ensemble de toutes les problématiques que ça brassait. Je fais des motifs en wax, à un moment ils m'ont repéré, et puis j'étais le candidat idéal, j'ai envie de dire, pour cette exposition, donc ça s'est fait, et puis je pense qu'à l'époque je m'intéressais, et je m'intéresse toujours aux gens, aussi bien aux artistes qu'aux curateurs, qu'aux galeristes qui travaillent autour de l'identité, pas de l'identité, je dirais de la présence noire. à travers les arts. Et voilà, ça s'est fait comme ça. Je n'ai pas été amené à porter une grande réflexion à l'exposition, si vous voulez. J'avais un portfolio, ils ont choisi des œuvres qui étaient pertinentes pour eux, et puis ça s'est fait comme ça.

  • Ramata

    Du coup, c'est, comment dire, on va dire que ça tombait bien pour toi, que ce soit pile à ce moment-là, puisque finalement... Ta carrière est assez jeune en tant qu'artiste visuel, et du coup avoir l'opportunité d'exposer dans un musée parisien, pour toi, est-ce que c'est une forme de consécration ? Est-ce que toi, dans ton vision board, mais tu vas me dire que toi tu ne fais pas de vision board, tu fais des storyboards, je ne sais pas, mais est-ce que ça faisait partie de tes objectifs d'être exposée dans un musée de façon légale ? Ou est-ce que ce n'était pas du tout forcément une ambition que tu avais et tu as profité de cette opportunité, mais ce n'était pas forcément quelque chose que tu ambitionnais ?

  • Gombo

    Je ne pense pas que ça ne m'intéressait pas plus que ça le musée au début. Moi, ce qui m'intéressait, c'est la galerie. Et finalement, la galerie, je n'y suis toujours pas. Parce qu'en fin de compte, j'enchaîne un peu les résidences. L'année dernière, en deux ans, j'ai fait plusieurs pays. Et cette année, je vais faire Venise pour la réalité virtuelle, après la Guadeloupe, le Brésil deux fois. Ça me ramène à ma première idée, ma première envie vraiment dans l'art contemporain, c'était, je me dis, moi, je veux voyager, je veux qu'on me paye pour aller faire des œuvres avec les gens dans des pays que j'aime bien ou que j'ai envie de découvrir. Et puis, on verra ce que je trouve sur le chemin, mais j'ai envie d'avoir quelque chose de proactif, de ne pas rester... chez moi tout le temps, dans mon petit coin, à peindre des trucs. J'ai envie que ça soit vivant. Je pense que c'est un contre-coup de ma vie de storyboarder qui, pour le coup, était de rester... Ma routine était de rester assise sur une chaise à dessiner 8, 10, 12 heures par jour.

  • Ramata

    OK, super intéressant. Alors, j'aime bien comment t'as dit « Moi, j'ai envie qu'on me paye, j'ai envie de voyager. » Donc... Du coup, ça fait une belle vocation.

  • Gombo

    Je ne me cache pas.

  • Ramata

    Non, mais parce que parfois, l'image de l'artiste, c'est vraiment ce côté, l'artiste torturé, qui est incompris pendant toute sa vie. Et en fait, il gagne le succès après. Non, non, moi, je veux être artiste pour qu'on me paye.

  • Gombo

    Oui, on ne me paye pas encore très cher, mais on me paye déjà le billet d'avion, l'hôtel, et puis deux, trois trucs. Ma prestation, c'est pas mal. Je viens des arts appliqués, de la technique, donc voilà, il y a service, il y a prestation, il y a rémunération, et puis j'essaie de faire des trucs qui m'amusent dans la vie. passionnant.

  • Ramata

    Non, mais c'est intéressant en tout cas parce que vraiment souvent les profils créatifs ils vont toujours dire mais moi la partie business c'est compliqué, moi j'ai un petit peu du mal à comment dire avec ces histoires d'argent, mais j'ai l'impression que toi ah non c'est très clair pour moi il y a prestation. Mais non mais tant mieux, tant mieux peut-être qu'il faut que tu fasses des masterclass à certains artistes que j'ai pas rencontrés, je pense qu'il y a peut-être un sinon.

  • Gombo

    parce que... C'est pas ça. Si tu veux, je pense qu'il y a une conception française, très française de l'artiste bohème. Et puis, il y a deux écoles majeures en France. En tout cas, il y en avait deux. C'est les Beaux-Arts d'un côté. Donc, le mec torturé, mal dans sa peau, qui peint, qui mange un jour sur deux. Voilà, Aznavour, la bohème. Et puis, il y a les arts appliqués. Ardisson, la pub. l'argent, la thune, effectivement, la coke, la fête, les prostituées, j'en sais rien. Tout le délire du publicitaire. Comment il s'appelait ce film ?

  • Ramata

    Je vois tout à fait, mais je ne me souviens plus du titre. Il a fait un bouquin d'abord et ensuite un film.

  • Gombo

    Bon, si tu veux, d'un extrême à l'autre, il y a des gens qui ont envie de gagner leur vie décemment en pratiquant les arts. Et je pense que quand tu viens des arts appliqués, tu te destines à des métiers, et puis tu essaies d'en vivre, tu as envie d'être payé pour ce que tu fais, etc. Parce que ce n'était pas du tout aussi gros au début. Il y a... J'ai une volonté dans ma démarche de retourner d'abord en Indonésie pour retourner aux racines du wax hollandais et aller faire un travail là-bas de recherche sur le batik indonésien qui a inspiré le wax, etc. Donc j'écris longuement un dossier là-dessus. Et puis ça ne passe pas. On me le refuse, j'essaie de bosser avec l'institut français et puis on me dit non. Je me rappelle, je suis vraiment déçu, je suis cassé en deux parce que j'ai passé beaucoup de temps sur ce dossier. Et pour moi, c'était la suite logique dans ma démarche. J'avais conscientisé le truc à fond. Et puis, quelques mois après, il y a cet appel sur le Brésil qui sort. Et il est très court. On a peu de temps pour y répondre. Et en fait, moi, à ce moment-là, j'ai déjà un dossier énorme fait pour l'Indonésie. Donc en fait, je vois Jakarta. Je règle Jakarta et puis à la place, j'écris Saint-Germain-d'Ardénia, basiquement. Je recandidate. Et là, elle répondit oui. Mais ça ne devait pas être un défilé de mode, ça devait être juste une création de motifs, un travail avec des artisans locaux pour travailler sur des techniques. de dessins artisanal, local et puis il y a un échange un dialogue dans la production de ces motifs mais par rapport au projet du Brésil le Brésil ça m'intéressait à fond je me suis dit voilà je vais pouvoir explorer un peu plus un pan de mes origines travailler sur cette partie plus afro que je n'aurais pas faite en Indonésie Très peu. Et en fait, le projet a grossi parce qu'il y a des partenaires qui ont commencé à vouloir s'ajouter. Ah, ça serait bien si tu faisais ceci, si tu faisais cela. Est-ce que tu es chaud et tout ? Et puis à chaque fois, je trouvais les idées géniales. Et puis j'ai dit oui. Et puis du coup, maintenant, ça va être le plus gros projet de ma jeune carrière. Il y a beaucoup de défis, beaucoup de challenges, mais je crois que j'adore ça. Je suis, de par la carrière que j'ai eue dans le storyboard, aussi un compétiteur. Parce qu'il faut savoir que dans le dessin animé ou dans les arts appliqués, souvent, on passe des tests, on est en compétition avec d'autres personnes, etc. J'essaie juste d'être dans une compétition qui soit plus saine, qui soit... qui m'enchante en fait, je le vois différemment. Et puis du coup, voilà, ce projet va se faire, j'y vais deux fois, j'ai un premier voyage de recherche de trois semaines dans les quartiers populaires, dans la favela, à rencontre des travailleurs sociaux, des créateurs de mode, d'artistes, pour échanger avec eux, et puis on y retourne. tourne une deuxième fois pour la production vraiment du défilé de mode, des heures, etc. C'est intéressant parce qu'il y a la biennale d'art contemporain de Sao Paulo dans la foulée après. Salvador de Bahia à Sao Paulo, ce n'est pas à côté. Il faut faire sacrément d'heures de bus pour y aller mais je vais essayer je crois dans la foulée d'aller voir là-bas et je suis sûr que je verrai plein de choses absolument fantastiques et les... Les afro-brésiliens ont tellement de choses à dire là. Je pense que ça va être une grande claque.

  • Ramata

    Écoute, tu as déjà les dates, en fait. Donc, tu as ton premier voyage, en fait, un peu d'exploration, de recherche. Et après, les dates durant lesquelles aura lieu le défilé et les différentes... Je ne sais pas si c'est un festival, je ne sais pas comment tu l'appelles, mais ça va être sur plusieurs jours, en fait.

  • Gombo

    Alors, oui, c'est un peu flou parce que... On ne sait pas. Au mois de novembre, au Brésil, c'est le mois de la conscience noire. Donc il se passe beaucoup de choses. Et on ne sait pas encore si on va vraiment prendre le pendant rue et faire un défilé de mode dans la rue avec l'habitant, ou si ça va être un peu plus cadré dans le cadre d'un festival, notamment qui s'appelle Afro Futurismo. qui est un grand festival un peu plus business, qui mixe art, entrepreneuriat, avec des gens qui viennent investir dans la mode, monter des business. Je pense que les deux sont intéressants d'un point de vue. J'ai envie de dire que ça ne dépend pas que de ce que j'ai envie de faire, ça va dépendre de ce que j'arrive à faire avec les gens. Parce que là, ça va être... ... une production très collective. Il n'y a qu'après mon voyage de recherche que j'aurai une idée un peu plus claire de ce qui va m'être facilement réalisable ou pas, avec qui, comment, quoi. C'est vraiment l'aventure, là.

  • Ramata

    Mais j'ai l'impression que c'est ce qui te plaît dans cette initiative, dans ce projet.

  • Gombo

    Là, je suis aux anges. Là, c'est bon. Là, j'ai tout. Je vais faire de la scénographie, des fringues, voyager. On va me payer pour ça. Et puis non, j'ai vraiment l'opportunité de faire un gros travail de recherche. l'héritage africain au Brésil, d'aller voir des lieux historiques, des lieux vraiment imprégnés de quelque chose de fort. Je me rappelle que quand on a été à Lisbonne, dans le cadre des résidences manifestes, on a été avec les 22 artistes et un guide noir. Je dis ça parce qu'à Lisbonne, c'est très, très... Si tu veux, toute l'histoire... coloniale des conquistadors, etc. Lisbonne est hyper valorisée parce qu'elle est attrée au tourisme. Donc les gens viennent en fait voir des monuments qui représentent des gros salopards en fait. Et des gens qui... Et donc si tu veux, ce guide noir là, il a une autre approche et il nous a emmenés dans une rue qui était... un lien direct entre la mer et la maison d'un armateur. Et donc, le bateau négrier arrivait en bas et il les faisait remonter jusqu'à la maison où ils étaient entreposés, parqués comme des bœufs avant la vente. Et cette rue-là était, je te jure, quand on y est passé, c'était un peu au soleil couchant. Elle était lourde, elle était imprégnée de tout un truc qui nous a fait hérisser les poils et le lieu était... chargé quoi. Il y avait une trace, une empreinte qui était forte. Et je pense qu'à Salvador de Bahia, je vais pouvoir retrouver aussi ce genre de de lieux, alors pas que des choses macabres, j'espère, mais si tu veux, des lieux chargés d'histoire. Et il n'y a qu'en y allant, il n'y a qu'en les traversant, on peut trouver certaines inspirations. qui frôlent l'inconscient, qui sont d'un ordre spirituel, qui donnent une énergie aussi, une envie de produire de belles œuvres, des œuvres qui ont un sens pour moi par rapport à la démarche que j'ai. Très bien,

  • Ramata

    donc ce sera la principale actualité de 2025.

  • Gombo

    Ah pour moi ? Ouais, clairement. Et puis, c'est dans le cadre de la saison France-Brésil. Donc, il y a le projet là-bas. Et puis après, il y a le rapatriement de tout ça en France, avec la volonté de refaire l'expo qui sera présentée au musée du Brésil, de Salvador, en France. Et puis, ces œuvres textiles qui ont été réalisées, il faut... Il y a un truc avant, c'est qu'avant, je produisais, je produisais. Je ne me souciais pas de la vie de ces œuvres. Mais si tu... Mais en fait, c'est un travail aussi. Et les œuvres qui sont exposées en ce moment au Musée de l'Homme jusqu'au mois de septembre, il y a des pièces, je les ai réalisées il y a deux ans. Donc en fait, ça vit et puis ça change l'espace et puis ça rencontre un public. Donc quand on passe beaucoup de temps, quand on met beaucoup de passion et d'énergie à produire une matière, il ne faut pas oublier aussi derrière qu'il y a un travail pour la partager. sur plusieurs années parce qu'elles sont là et que ce serait dommage.

  • Ramata

    Et parce que toi, aujourd'hui, tu ne travailles pas avec un agent ou tu travailles seul, en fait, dans les opportunités qui arrivent à toi au niveau de galerie et tout ce que tu nous as raconté jusqu'ici. En tout cas, il me semble que tu as l'air de travailler seul.

  • Gombo

    Moi, je n'ai rien du tout. Moi, si, maintenant, j'ai un atelier correct. Donc, voilà, si tu veux, je suis passé de la sérigraphie dans ma salle de bain à la sérigraphie dans une pièce dédiée avec toute la chaîne de prod, etc. Et puis, des conseils et des conseils pour un niveau de rendu et d'excellence technique.

  • Ramata

    Élevé.

  • Gombo

    Voilà, que j'estime élevé. qui l'est, je pense, n'importe quel sérigraphe pourra le dire. Mais je ne suis pas dans le milieu de la galerie. Je suis assez solo. Pour l'instant, je suis... Je suis assez solo, alors voilà, il y a des gens qui me suivent, il y a des gens qui peuvent m'aider à gauche, à droite. Là, le projet au Brésil, il est porté par une institution française. Il n'est pas porté... Donc là, pour le coup, cette année, avec ce projet-là, j'ai vraiment une team qui bosse pour moi. Et puis le projet Manifest, il y avait une team qui bossait pour moi et pour les 22 artistes aussi. Donc ça, voilà, ça progresse et puis effectivement, ça décharge. Parce que des fois, on passe tellement de temps à écrire des dossiers, à chercher des appels, etc. qu'en fait, on ne produit plus. Mais moi, mon but, initialement, c'est de... J'aime tout, si tu veux, j'aime tout l'aspect du truc. Mais à un moment, il faut faire des œuvres, en fait. Ça serait bien d'en faire, quoi. D'avoir le temps, un temps dédié. Et il faut bien le mesurer parce que...

  • Ramata

    Ok ! Moi, je pense que je t'ai posé toutes les questions que je voulais poser par rapport à ton parcours et à ton actualité. Et puis, tu nous as partagé pas mal d'infos, donc je te remercie pour ta générosité, ta transparence sur ton parcours et sur la manière dont toi, tu appréhendes ta carrière d'artiste visuelle. Je m'appelle Après, en note, je débattais de l'épisode, le lien vers ton compte Instagram. Je ne sais pas si tu as un site internet.

  • Gombo

    Le site, là, j'y travaille. Je me dis que cette année, ça peut être intéressant. C'est aussi l'année où je vais essayer de mettre un peu plus le nez dans la galerie. Honnêtement, ça me plairait de trouver ce type de relation, d'avoir un galeriste avec qui ça se passe bien, qui produise un travail. et puis que ce soit une belle expérience humaine aussi. Donc voilà. Mais pour l'instant, Insta, ça marche bien, c'est puissant aussi.

  • Ramata

    Très bien, tu mettrais le lien de l'Insta. Et puis voilà, l'appel est ouvert pour les galeristes qui veulent te donner de la force. Donc, écoute, moi, je vais te dire à très vite en Afrique ou ailleurs.

  • Gombo

    Merci. Merci à toi, Ramatha. Et puis, j'espère à très vite aussi en Afrique.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les cinq étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite, en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Introduction à l'exposition Wax au Musée de l'Homme

    01:25

  • Présentation de Ramata Diallo et de son podcast Africa Fashion Tour

    02:29

  • Entretien avec Gombo, artiste visuel et dessinateur

    03:33

  • Définition de l'artiste visuel et parcours de Gombo

    04:38

  • Les débuts de Gombo dans le dessin et l'animation

    05:47

  • Transition vers l'art contemporain et exploration de l'identité

    10:27

  • Discussion sur l'exposition Wax et son impact artistique

    18:05

  • Réflexion sur le wax et son histoire culturelle

    32:45

  • Projets futurs et ambitions de Gombo dans le milieu artistique

    41:29

Share

Embed

You may also like