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Africa Fashion Tour

Kadia Sylla Moisson, fondatrice du club des diasporas africaines de France

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1h11 |13/03/2025
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1h11 |13/03/2025
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Description

Comment une experte en ressources humaines met ses compétences au service de la valorisation des talents d'Afrique et de la diaspora ?


Kadia Sylla Moisson est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de tête. Elle est une également entrepreneure engagée dont l'ambition est, entre autre, de valoriser les talents d'Afrique et de la diaspora.


De son enfance en Guinée à ses initiatives entrepreneuriales en France, elle met en lumière l'importance de créer des réseaux d'entraide et de promouvoir l'industrialisation du continent. Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux du développement de l'Afrique et sur le rôle crucial de la diaspora.


Dans cette interview, Kadia Sylla Moisson aborde également son engagement pour les industries culturelles et créatives, et sa vision d'une Afrique qui rayonne à l'international.

Une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent contribuer à l'essor du continent aux 54 pays.


L'épisode audio est disponible sur Apple Podcast, Spotify, Deezer, YouTube et toutes les plateformes d'écoute.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ramata

    On voit que l'Afrique se développe, il y a énormément de croissance dans les pays, il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres, il y a des politiques publiques qui ont décidé dans certains pays de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies. qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique, avec des niveaux de vie plus ou moins confortables. parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de la diaspora de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Kadia Silla-Moisson. Kadia est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de têtes qui accompagne la performance des dirigeants. Elle est également entrepreneur engagée et a fondé la Maison Muller et le Club des Diasporas Africaines de France. Elle a également cofondé le Salon des Industries Africaines. Les industries culturelles et créatives ont une place particulière dans ces différentes initiatives. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses différentes actions de promotion. du continent aux 54 pays. Bienvenue Kadia, comment vas-tu ? Merci beaucoup Ramar, écoute, je vais très bien, on se dimanche ensoleillé à Paris, et toi, comment vas-tu ? Eh bien écoute, ça va très bien, je suis ravie de pouvoir échanger avec une compatriote guinéenne dans le cadre du podcast Africa Fashion Tour et je vais commencer cette interview comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter. Merci beaucoup Ramar, et puis ravie aussi d'être aux côtés d'une compatriote dans le cadre de ce podcast. Alors donc, tu l'as dit, effectivement, je suis guinéenne. Aujourd'hui, j'ai bientôt 53 ans. Je suis maman de quatre enfants. Je suis née en Guinée et j'ai grandi jusqu'à l'âge de 9 ans. Et je suis partie à l'étranger comme beaucoup de gens dont les parents partaient travailler ailleurs. Je ne suis arrivée qu'en France qu'à l'âge de 17 ans pour faire mon lycée. Et je dirais que j'ai plutôt un parcours assez classique. comme la plupart des gens de la diaspora africaine de France. J'ai fait des études de droit, j'ai un bac plus 5 de droit et DEA, droit international. Et je me suis orientée vers des métiers RH, où j'ai travaillé pendant plus de 17 ans. Et aujourd'hui, je dirais que, comme beaucoup de femmes, à partir de la quarantaine, on a l'effet, on a envie de faire autre chose. Je ne sais pas si c'est le cas pour des gens que vous avez eus à... Avoir en interview Rama, mais voilà, moi en 2015 à peu près, j'ai eu envie de me lancer dans l'entrepreneuriat et en créant la Maison Muller, enfin en reprenant une entreprise, la Maison Muller, et en mettant en place d'autres initiatives jusqu'en 2018, où j'ai rejoint le groupe de chasse de tête Grand Alexander pour accompagner le développement du groupe sur le continent africain, puisque j'occupe le poste de directrice afrique. Et depuis bientôt sept ans, j'exerce cette fonction-là, tout en gardant aussi cette passion et cette appétence sur des sujets liés au développement du continent africain, et plus spécifiquement de la Guinée, de mon pays, en créant des liens, autant que faire se peut, entre le pays d'accueil, qui est la France, puisque je me définis comme guinéenne et française, pour créer des ponts, des initiatives, des synergies communes et pour développer le business, ce que c'est aussi ce que je m'assigne comme responsabilité. Voilà, c'est un peu condensé, mais ça me permet un peu de voir aujourd'hui qui je suis en partie. Très bien, mais le but, c'est qu'on a une heure devant nous pour pouvoir te donner l'opportunité de nous donner plus d'informations sur ton parcours. Donc, ce que tu expliques, c'est qu'il y a eu un tournant dans ta carrière à partir de 40 ans tu as décidé de fonder la Maison Muller. Est-ce que tu peux nous parler de cette entreprise ? Enfin, de reprendre la Maison Muller. Oui, effectivement. En fait, comme je le disais au départ, c'est vrai que j'ai travaillé dans des entreprises comme RH pendant longtemps. Et je voyais aussi, il y a eu en fait un élément d'écrancheur. C'était, à l'époque, j'étais responsable des relations sociales dans une association en tant que salarié. une association qui se trouvait à Bobigny et j'accompagnais les salariés de cette entreprise, de cette association qui était un ESAT. Un ESAT, c'est ceux qui s'occupent de l'insertion professionnelle des travailleurs souvent détachés de l'emploi. Là, c'était des travailleurs handicapés psychiques. Et travailler dans le milieu associatif, donc salariés pour moi, c'était une première. Ça fait appel à... ça touche vos émotions et souvent vous avez des... Vous êtes face à des personnes qui ont parfois des comportements débordants et il faut faire face. Et je pense que ça a été un élément déclencheur où c'est arrivé un moment de ma vie où je souhaitais vraiment me reconnecter, j'ai envie de dire, avec le continent africain et avec la Guinée. Puis je voyais aussi mes parents qui prenaient de l'âge et puis je me disais mais il faut absolument que je fasse quelque chose. J'avais l'impression de ne pas être totalement finie, qu'il me manquait quelque chose, que j'étais loin. un peu de mes racines. Et je pense que le fait d'avoir été dans cette association où nos émotions sont mises à l'épreuve, eh bien, je pense que ça a un peu réveillé tout ça. Donc là-dessus, j'ai eu une opportunité. Sauf que j'ai un mari qui est entrepreneur. Et à ce moment-là, il y avait une entreprise qui était gérée par un membre de sa famille, par mon beau-frère. Et il m'a dit, écoute, tu sais, on va peut-être changer de concept. Il y a cette entreprise à Montmartre qui était à l'époque un haut lieu de la créativité. Et on... française qui est un lieu de résidence et d'artiste, mais qui est un peu en désuétude. Et puis, elle m'a proposé de reprendre cette entreprise et je l'ai reprise avec des amis pour en faire un espace de coworking et d'événementiel. Et très tôt, j'ai souhaité y mettre ma touche africaine. Donc, j'ai ouvert cette maison. C'est une maison à Montmartre qui fait à peu près 350 mètres carrés, donc un hôtel particulier. et qui entre, souvent je dis que ce qui est sur la rue Muller, souvent je dis que je suis le pont entre la France et l'Afrique, parce que quand vous descendez un peu plus bas, vous arrivez sur la rue de Clignancourt, le boulevard Barbès, vous êtes à Bamako, souvent j'aime à le dire, c'est pas du tout par condescendance, mais c'est que vous arrivez vraiment au cœur de l'Afrique, vous qui êtes en France, vous savez ce que c'est, et quand vous montez un petit peu, vous arrivez sur les marches du Sacré-Cœur, donc c'est drôle parce que cette rue Muller, elle est vraiment au milieu de tout ça, donc souvent j'aime à le dire que je suis le pont, entre ces deux pays, la Guinée et la France, que j'aime tant. Et donc très vite, j'ai voulu mettre cette touche africaine, comme je le disais, j'ai ouvert aux jeunes femmes, notamment africaines ou afrodescendantes, et aux jeunes entrepreneurs d'une manière générale, parce que nous appliquons des prix assez abordables pour des locations de bureaux, et nous faisions, en force de l'expérience de ce lieu parisien, on a pu effectivement plus attirer. d'autres catégories d'entrepreneurs, notamment les gens de la diaspora. Et très vite, ça a été un lieu assez connu et reconnu par des entrepreneurs issus de cette diaspora, souvent des femmes d'ailleurs, qui venaient exposer leurs produits, qui venaient exposer leurs œuvres d'art. Il y avait souvent des expositions artistiques ou qui venaient tout simplement faire des formations, des ateliers pianètes. On a eu vraiment des événements... divers et variés. Donc aujourd'hui, cette maison existe encore. Alors on a été un peu impacté par le Covid, puisque vous savez que ça a touché beaucoup de gens, la restauration, tout le milieu événementiel. Et l'année dernière, on l'a transformée en hébergement, puisque sa destination est mixte à la fois professionnelle, on peut faire aussi l'hébergement professionnel. Donc on l'a transformée en Airbnb, ça marche plus. plutôt bien, grâce à Dieu. Et quand c'est pas loué pour les Airbnbs, c'est loué pour des événements. Récemment, d'ailleurs, j'étais à un événement, c'était dimanche dernier, organisé par... par une femme camerounaise de la diaspora africaine de France qui a organisé son atelier de formation. Et j'ai eu l'opportunité d'être invitée par elle. Et donc, on a pu recevoir ses invités. Nous étions à peu près une trentaine, une quarantaine de personnes. Et voilà, la Maison Mulaire, c'est ça. Donc, c'est un lieu d'événement et un lieu aussi pour éveiller des talents. Et c'est ce que je m'efforce de faire depuis sa création en 2016. Très bien, merci pour cette overview assez claire de ce qu'est la Maison Muller. Je réalise que ce n'est pas du tout loin de où j'habite, puisque moi aussi j'habite un peu au carrefour. Je suis au 18e et très proche du 17e, donc c'est vraiment entre les deux. Je ne comprends pas plus cette expression de pont entre la France et l'Afrique, parce que quand on traverse certaines rues à Paris, on a vraiment ce sentiment de voyager et de se retrouver dans certains quartiers africains, comme aussi dans certains villages typiquement. Donc, ça me parle et je vais très prochainement voir la végétation. Avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je voulais revenir également sur le poste que tu occupes chez Grand Alexander, puisque tu es la direction Afrique au niveau de la chasse de tête. Et on parle souvent parfois d'une déperdition peut-être de talent en Afrique où les personnes les plus éduquées, les plus brillantes, elles sortent du continent. Et on parle aussi en même temps aujourd'hui de plus en plus d'un phénomène de repas où il y a des personnes qualifiées qui retournent sur le continent. Donc je pense que c'est intéressant d'avoir ta vision d'experte des ressources humaines sur aujourd'hui quand une entreprise, d'où qu'elle soit, elle est basée en Afrique, quand elle cherche des profils compétents et qualifiés, on a pu souvent penser pendant longtemps qu'elle allait chercher plutôt des gens, des occidentaux. Je pense qu'il y a une évolution par rapport à ça et ce sera intéressant que tu puisses un petit peu nous dire, toi, quelle est ta perspective sur ces sujets-là. Oui, absolument. Ramatha, il y a une véritable évolution quand on travaille avec la recherche de talents, la recherche et la sélection de talents, surtout pour les talents africains. C'est vrai que pendant de nombreuses années, il y avait effectivement cette chute des cerveaux, c'est-à-dire que les personnes, les Africains... ils étudiaient dans des pays, pas forcément la France, mais dans d'autres pays, ils aspiraient plus à se former, à aller dans d'autres pays européens, occidentaux, etc., pour parfaire leur formation, pour trouver du travail et pour vraiment valoriser leur diplôme. Donc personne ne pensait en fait à « je vais retourner en Afrique » . Il y avait très peu de gens, même nous. On étudiait, une fois qu'on avait nos formations, nos diplômes, on n'avait pas tout de suite ce réflexe de se dire nous allons retourner travailler chez nous en Afrique parce qu'il y avait des problématiques, on va dire, ça dépend des pays, mais il y avait quand même des problématiques politiques, il y avait des problématiques de stabilité, etc. Donc ce n'était pas le premier réflexe que nous avions. Et puis, par ailleurs, je dirais il y a une trentaine d'années, les entreprises ne pensaient pas forcément à recruter des talents, notamment à des grands postes, des postes à responsabilité, puisque l'ADN des grands Alexandres, nous, nous recrutons des cadres dirigeants. Donc souvent, c'était un peu l'ère des expatriés, des expatriés européens qui étaient dans des grandes entreprises, qui occupaient des postes de direction au sein des filiales d'entreprises européennes ou d'autres nationalités. Et je dirais qu'il y a une quinzaine d'années à peu près, il y a eu un véritable changement de paradigme tout d'abord, c'est que les entreprises ont commencé à africaniser leurs bords, ont commencé à recruter, pas forcément de l'expatrié, mais plus des gens qui avaient des talents, qui avaient des diplômes de très bon niveau, qui avaient des compétences, qui avaient de l'expérience, au sein de leur entreprise. Et ce phénomène, je dirais, a été accéléré. Par le Covid, parce que pendant le Covid, les DRH des grands groupes se sont rendus compte, enfin en tout cas ont eu à gérer tout le phénomène, le management du risque, parce qu'on a vu arriver l'exfiltration, je ne sais pas comment dire ça, mais en tout cas le rapatriement de tous les cadres expatriés vers leur pays d'origine, vers la France, et tout ça, ça a coûté. de l'argent, ça a coûté beaucoup d'argent en assurance, etc. Donc ce management du risque a été assez important. Et ça fait réfléchir aussi les entreprises, parce que pendant ce moment-là, en fait, il y a eu des locaux qui ont pallié à cette absence. Et les boîtes, pour la plupart, ont continué à tourner. Donc ce phénomène d'africanisation, on va dire, s'accélère de plus en plus. Et en parallèle, nous voyons aussi une dynamique sur le continent africain qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui a commencé depuis, je dirais, une quinzaine, oui. ou à plus d'une quinzaine d'années, on voit que l'Afrique se développe. Il y a énormément de croissance dans les pays. Il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres. Il y a des politiques publiques qui ont décidé, dans certains pays, de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit... culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique. avec des niveaux de vie plus ou moins plutôt confortables, on va dire, parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de l'adresse pour un, de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. On a vu, en tout cas moi j'ai vu, depuis que je suis chez Quentin Alexandre, et je le constate tout le temps, ce besoin de revenir. Ce besoin, on parlait de repas tout à l'heure, effectivement ce besoin de revenir. Encouragé d'ailleurs par certaines personnalités politiques. Ce n'est pas pour rien qu'en 2019, que le président, l'ancien président du Ghana, Nana Akufo, a décrété que l'année 2019 serait l'année du retour. Donc, je dirais qu'il y a eu des signaux, il y a eu des indices, il y a eu des faisceaux d'indices qui ont fait qu'on s'est rendu compte que finalement, en fait, il y a un changement de paradigme. En même temps, il y a un retour inversé avec cette population, cette diaspora africaine qui, aujourd'hui, a envie de vraiment retourner. Moi, tous les jours, j'ai des connexions LinkedIn de personnes de différentes nationalités, Sénégal, Côte d'Ivoire, de Divoire, Guinée, même en Afrique anglophone, qui me demandent si j'ai dans le pipe des offres, des missions, etc. pour le continent. Donc ça, c'est réel. Et ça va continuer à s'accélérer, très clairement. C'est plutôt une bonne nouvelle, je dirais. Et ça me fait penser en tout cas à un sujet de base. qui me semble important quand même d'aborder, c'est que d'un côté, on a ce phénomène-là où on se rend compte que, véritablement, il va y avoir une population éduquée qui va vouloir retourner au pays. Et de l'autre, on a aussi un mouvement qui va dans le sens contraire, aussi de populations qui sont en souffrance en Afrique et qui vont, dans des conditions compliquées, vouloir rejoindre l'Occident en étant dans le sens logique que c'est vers l'Occident qu'il y a des opportunités de meilleure vie pour les gens. Quel est ton analyse, ton sentiment par rapport à ces deux mouvements qui sont parallèles en fait et qui sont un peu contradictoires quelque part ? C'est tout à fait juste ce que tu dis, c'est totalement des deux mouvements et ça paraît assez complexe comme réflexion de se dire que ce passe de notre sens, on a effectivement ces gens qui veulent aller en Afrique et puis d'un côté on a cette population. en déperdition, qui prend les bateaux vers un supposé Eldorado, j'ai envie de dire, et qui, vraiment, vont au risque de leur vie, et on constate ça quasiment tous les jours en allumant sa télé ou en lisant les journaux. C'est vrai. Mais, quand on regarde, ce n'est pas la même population, déjà, en fait. Des gens qui vont dans l'autre sens, c'est-à-dire qui décident d'aller... C'est souvent des cadres dirigeants, c'est souvent des gens diplômés, c'est souvent des gens... qui ont des réelles compétences et qui ont déjà un bagage, on va dire, intellectuel, qui sont formés et qui vont en Afrique, pas pour prendre la place des locaux, parce que les locaux aussi qui ont des formations, etc., qui travaillent dans les entreprises ou ailleurs ou dans l'industrie, il y en a qui sont formés, qui dirigent les entreprises actuellement. Mais je dirais qu'en fait... ces jeunes-là, parce que c'est la plupart ce sont des jeunes qui partent aujourd'hui en Afrique, les gens quittent leur pays parce que souvent ils sont dans des régions où ils sont quasiment perdus de l'espoir parce qu'ils ne trouvent pas d'emploi, ils ne savent pas comment venir aux besoins de leur famille, etc. Ils se disent, on va regarder ailleurs et l'être humain, on sait ce que l'être humain fait partie de son de son essence même, quand on n'arrive pas à subvenir à ses besoins, quand on n'a pas d'issue, etc., on va voir ailleurs. Il n'y a qu'à prendre l'histoire de l'humanité, ça a toujours été comme ça. Et je dirais que oui, c'est vrai, cette jeunesse qui quitte l'Afrique, qui est au prix de sa vie et qui subit des conditions atroces, parfois dans certains pays où ils sont emprisonnés, je parle de tous ces... tous ces jeunes qui se retrouvent dans des pays comme la Libye, etc., on en a entendu qui se retrouvent parfois même en esclavage, je ne sais même pas parfois, mais qui se retrouvent en esclavage, je pense qu'on a tous une responsabilité, surtout que nos dirigeants ont une responsabilité à avoir pour aussi trouver des mécanismes pour pouvoir maintenir leurs jeunes, ou en tout cas leur offrir la possibilité de pouvoir trouver les moyens de subsistance et pas avoir comme seule solution pour l'embarcation sur des bateaux de fortune pour aller chercher un mieux-vivre ailleurs. Ce qui est très clair aujourd'hui, en mon sens, c'est que je pense que beaucoup de pays d'Afrique commencent à prendre ce point. De toutes les façons, ils sont obligés de faire, parce que nous savons tous que un jeune sur quatre demain sera africain. L'Afrique, aujourd'hui, c'est le continent qui a le plus gros niveau de démographie, le plus élevé. Et donc, toute cette jeunesse, il va bien falloir la mettre au travail, en tout cas, lui donner les possibilités de pouvoir se développer, parce qu'aujourd'hui, le nombre d'emplois produits, qui permet d'emplois disponibles, les derniers chiffres, si je me souviens, c'est qu'il y a... Tous les ans, il y a presque 20 à 22 millions de jeunes qui arrivent sur le marché du travail, alors qu'il n'y a que 3 à 4 millions d'emplois disponibles. Donc on voit bien qu'il y a un gap, et qu'est-ce qu'on fait de ceux qui n'arrivent pas à trouver de l'emploi ? Donc il y a effectivement des politiques publiques qui réfléchissent à comment imaginer des formations, comment imaginer des formations professionnelles, techniques, pour armer ces jeunes. Parce que tout le monde ne va pas être sociologue, banquier, etc. C'est l'ère du travail, de la main, c'est l'ère de la réflexion sur comment mettre en place des formations techniques professionnelles pour pouvoir permettre à cette jeunesse de ne pas risquer sa vie vers des contrées difficiles. Un exemple... Quand tu me parles de cette question, ça me fait penser à une actualité assez récente, l'histoire de ce jeune à Boussangaré qui vient d'être primé, d'avoir le César de l'espoir masculin, avec le film Suleymane, que je n'ai pas encore vu, mais que je vais m'empresser d'aller voir. Moi, j'ai écouté son intervention au César, parce que mes enfants ont poussé à regarder la cérémonie, puisqu'ils aiment bien qu'on regarde ensemble. J'étais très émue. par cette histoire, mais l'histoire de Suleymane, c'est une histoire particulière, singulière, c'est une histoire de destin presque. Ça ne doit pas pousser nos jeunes africains aujourd'hui à se dire « Ah ben voilà, Suleymane, il a pu être acteur, il a eu un prix d'interprétation reconnu à Cannes, il a un prix là, aujourd'hui, avec les Césars. » Il faut que je prenne le bateau. En France, on peut réussir. Alors que la manière, tout le cheminement qu'il a effectué entre 2015 jusqu'à aujourd'hui, ça n'a pas été très facile. Oui, j'ai envie de vous dire, c'est vrai que c'est contradictoire, mais en même temps, nous ne sommes pas face à la même population. dont on parle. Oui, c'est vrai que c'est contradictoire. Oui, je pense qu'on a une responsabilité. Les pouvoirs publics, les États ont une responsabilité aussi pour s'occuper de leur jeunesse parce que l'Afrique, c'est une population immense, c'est une démographie galopante et qu'il est important aussi pour ces pays-là de prendre en charge ces jeunes-là parce que c'est aussi un risque pour l'Europe. On voit bien aujourd'hui, quand on voit toute cette radicalisation qui se passe aujourd'hui dans certains pays européens avec la montée du populisme, etc. C'est qu'on est face à des temps qui sont en train de changer. Donc il y a aussi cette réflexion à avoir à l'autre niveau, en tant que personne, on va dire société civile, mais aussi dans nos... dans nos actions, dans nos initiatives, etc., dans nos prises de parole, et aussi pour les personnes qui nous dirigent dans nos États, de pouvoir justement prendre ces points-là, parce qu'on est face aujourd'hui à un nouvel ère qui est en train d'émerger aujourd'hui dans les différentes régions du monde, et je pense que chacun doit prendre ses responsabilités là. J'ai été un peu longue, c'est un peu bifurqué. J'espère que ça répond en tout cas à votre question. Oui, ça répond complètement à la question. Il faut être complètement à l'aise au fait d'être long dans les réponses, parce que le temps du podcast est un temps long, au contraire de TikTok et autres réseaux sociaux où on n'a pas le temps de s'exprimer. Tu as tout le loisir de t'exprimer et de faire des longues... On est chez nos ancêtres, ce sont des griots. Oui, absolument. Donc c'est naturellement que... plein de chemins, on raconte des histoires. J'ai beaucoup aimé ton parallèle avec effectivement l'histoire d'Abu Sangaré et c'est intéressant que tu précises comment ça peut être perçu cet exemple-là. Il ne faudrait pas le voir perçu comme finalement l'exemple à suivre parce que ce n'est pas le genre de modèle qu'on a forcément envie de mettre en avant même si c'est une superbe histoire et que on est fiers que ce soit encore un compatriote guinéen. Oui absolument, il est guinéen, c'est exactement ça. Mais en même temps, on n'a pas envie que ce soit cristallisé comme c'est le chemin qu'on doit tous prendre si on veut arriver quelque part. On a envie d'avoir aussi des exemples mis en avant de repas et de locaux qui sont sur le continent et qui ont des carrières exceptionnelles. Et c'est ça toute la complexité quand on parle d'Afrique et qu'on a tendance à vouloir généraliser, c'est qu'en fait on ne peut pas. Et c'est ça qui parfois dans les analyses fait défaut, c'est que... On n'a pas toujours les experts métiers pour s'exprimer sur les sujets. Et puis, on a tendance à tomber dans la facilité de la généralisation qui ne traduit pas la complexité et la diversité des différents profils sur le continent. J'ai envie maintenant que tu nous parles de ton initiative, le Club des diasporas africaines. Du coup, comment t'es venue cette idée ? Et aujourd'hui, en fait... c'est un peu pourquoi rejoindre le club et quelles sont les différentes initiatives du club ? Oui, merci Rama. Oui, effectivement, alors comme je te disais au départ, la Maison Muller est très vite devenue, je commence par là parce que tu vas comprendre pourquoi, la Maison Muller est devenue très vite un lieu vraiment d'expression, on va dire, des initiatives de cette diaspora africaine de France, et notamment des entrepreneurs et entrepreneuses africaines. Et... Et progressivement, au fil de l'eau, je me suis dit, mais je rencontrais, j'étais face à des histoires, en fait, des histoires de vie, des femmes africaines qui étaient parfois salariées dans des entreprises ou alors qui avaient fait des reconversions pour lancer leur business. Et je voyais qu'elles avaient quand même du mal pour beaucoup à développer leur entreprise, qu'elles avaient du mal pour beaucoup à gagner plus en confiance, à être soutenues, à développer. leur réseau, etc. Donc il manquait un certain nombre de clés de réussite pour beaucoup d'entre elles et je me suis dit, puisque je vivais dans un écosystème par ma belle famille et notamment par les différentes entreprises de mon mari, où je voyais la manière dont il faisait la promotion des talents, notamment des talents issus de la gastronomie française, qu'il révélait vraiment. Et ça me donnait des idées, je me disais mais il faudrait qu'à un moment je puisse réfléchir à un écosystème ou à une plateforme d'entraide où on pourrait effectivement permettre aux uns et aux autres de pouvoir se développer, de pouvoir être connecté à la bonne personne, de pouvoir trouver un financement pour accélérer son développement entrepreneurial ou alors tout simplement... être mieux armé pour gagner en confiance, etc. Donc en fait... Tout est né de ce constat et de cette observation, parce qu'il faut observer, c'est important, il faut écouter, c'est aussi très important pour avancer. Et il y a trois ans, j'avais déjà une entreprise, parallèlement à la Maison Muller, j'avais une entreprise de conseil, j'appelais des entreprises, notamment des PME, sur du conseil en développement Afrique. Et je me suis dit, il faudrait que je puisse mettre en place cette plateforme business qui marche sous forme d'adhésion pour justement soutenir les membres de ce club pour les connecter à des réseaux intéressants ou à des personnes intéressantes qui peuvent les aider. Donc ça a commencé comme ça, j'en ai parlé à quelques amis, des gens que je côtoyais notamment au sein de ces initiatives. d'entrepreneuses au sein de la maison Muller et très vite des personnes ont rejoint cette initiative et c'est tombé à un moment où j'avais en fait repéré une jeune femme qui était chef cuisinier, qui est de nationalité française d'origine togolaise, qui avait travaillé dans un de nos ... dans notre écosystème, et qui avait envie d'avoir un restaurant pour pouvoir développer son entreprise de cuisson, de restauration. Et cette femme s'appelle Agnès, son nom de chef c'est Agnès. On a échangé longuement cet été parce qu'elle réfléchissait à reprendre un restaurant. Il se trouve que dans notre écosystème, familiales. On a un restaurant aujourd'hui qui existe depuis une dizaine d'années et qui a vu passer pas mal de chefs, pas africains, mais des chefs français, etc., qui pendant très longtemps a été un lieu qui révélait des talents. Notamment l'un des chefs qui est passé par ce lieu-là, c'est Guillaume Sanchez, qui a été plus ou moins révélé, j'ai envie de dire, par... par mon beau-frère, Adrien. Et donc, ce restaurant était aussi connu pour ça, pour vraiment donner la possibilité à des personnes qui avaient des talents culinaires de pouvoir s'exprimer, exprimer leur art. Donc, il s'est trouvé qu'en fait, les planètes étaient un peu alignées. C'était aussi des concours de circonstances que l'année... L'été dernier, en discutant avec cette femme à Guinness, elle me dit « je veux reprendre un restaurant » . Je lui dis « écoute, nous avons le restaurant Sarté, qui n'est pas loin de la Maison Muller, qui a deux pâtés de maison. Nous cherchons un chef. Si tu veux, on peut s'associer et tu prends le restaurant, etc. » Les choses se sont faites assez rapidement. Cette femme à Guinness a du coup repris ce restaurant récemment. Elle a changé le nom et se l'a approprié. Elle a réussi à avoir du financement pour pouvoir justement faire tous les travaux nécessaires. Donc nous sommes en partenariat avec elle, nous sommes associés dans cette initiative. Donc c'est une personne qui fait partie de notre écosystème. C'est un exemple pour vous dire pourquoi je vous dis tout ça. C'est pour vous démontrer qu'en fait, quand on arrive effectivement à se mettre ensemble, quand on arrive à... à donner la chance à d'autres personnes de pouvoir se développer, de pouvoir réaliser leurs rêves, c'est la chose la plus merveilleuse qui soit. Et le Club des Diasporas Africaines de France, c'est ça l'idée. L'idée, c'est de dire, nous pouvons créer ensemble cette culture du possible, en se parlant, en essayant de voir comment s'entraider. pour finalement avancer, parce qu'il y a énormément de talent aujourd'hui au sein de la diaspora, et c'est très compliqué de trouver les bonnes personnes au bon moment, les bonnes personnes qui peuvent effectivement vous aider à tout simplement aller vers un objectif que vous vous êtes fixé. Donc je dirais que c'est une plateforme d'entraide, c'est une plateforme aussi qui permet de trouver des pépites. qui ont besoin d'être accompagnés financièrement pour développer leur entreprise. C'est une plateforme qui est très business, ce n'est pas une association, c'est un club d'affaires. qui a aujourd'hui 3 ans, qui est soutenue, je tiens à le dire, par le groupe Orange Monnaie Europe, puisque depuis toutes ces années, enfin depuis 2 ans et demi, on a Orange Monnaie Europe qui soutient toutes nos initiatives événementielles, notamment, donc qui apporte un appui à la fois financier, et nous permet aussi de pouvoir avoir de la visibilité dans nos différentes initiatives. Donc j'en profite pour saluer Orange Money Europe qui soutient pas mal d'initiatives de la diaspora. En tout cas, nous, ils nous ont fait confiance. Et du coup, ça nous donne du courage pour pouvoir justement continuer à développer ce club d'entraide aussi, mais aussi d'accompagnement des entrepreneurs de la diaspora. À l'intérieur de ce club, on a développé une initiative qui est l'organisation de conférences, parce que l'objectif, c'est aussi de faire des liens transcontinentaux. C'est aussi de créer du lien. avec l'Afrique, puisque les personnes qui composent ce club, il y a des Français français, mais il y a aussi des gens issus de la diaspora africaine de France, pour la plupart, c'est la majorité. Et donc l'objectif, c'est aussi au travers des conférences que nous organisons, c'est de pouvoir justement se connecter et se reconnecter avec le continent africain. Nous avons lancé l'année dernière une initiative qui est le Salon des industries africaines de France. La première édition a eu lieu à Gavaud. Nous avons réussi à réunir presque 250 personnes avec des entreprises, avec des banques, avec des industriels. C'est un événement qui a suscité beaucoup d'engouement et qui a été salué par pas mal de gens présents, même sur le continent, qui ont marqué leur sentiment de satisfaction et de satisfaction. parce que premièrement, c'est une initiative qui est portée par des femmes africaines, puisqu'il y a moi, il y a aussi une amie, Léa Ausha, qui m'accompagne sur ce projet. Et c'est une initiative aussi qui a pour vocation d'attirer aussi d'autres réseaux, comme le réseau des forces françaises de l'industrie, pour justement avoir de l'impact et créer cet effet de croissance partagée avec le continent africain. C'est aussi une plateforme qui nous a permis aussi de faire des conférences sur le continent africain, comme les tables rondes du capital humain africain, puisque l'année dernière en Guinée, on a eu la chance de participer au 72 heures du livre, avec des amis de la diaspora, pour certaines qui n'avaient jamais mis le PPP en Guinée. Donc ils sont venus avec moi, où nous avons effectivement animé une table ronde sur le capital humain africain, et des masterclass autour des femmes dans les boards, autour de comment je travaille mon pitch, etc. Donc en profitant et en prenant l'opportunité de cet événement majeur en Guinée, qui est le 72 heures du livre, c'est aussi au travers de cette plateforme, au travers de cette dynamique, on va dire, de clubs, d'entraide et aussi de rencontres d'affaires que nous avons pu aussi, que j'ai été sollicité par cette année, c'était le 7 février dernier, par l'ex-ambassadeur du Gabon en France qui s'appelle Liliane Maramala Massala, qui dans le cadre du lancement de son fonds d'investissement agricole et de son cabinet d'accompagnement des investissements en Afrique, notamment... en Afrique en général et plus particulièrement en Afrique centrale, Gabon, RDC, etc., m'a sollicité pour être chargée de mission pour organiser cette conférence. Nous travaillons, donc ça a été un vrai succès aussi, l'un grâce à ce travail collectif, puisque cette conférence a réuni presque 250 personnes, plus de 250 personnes en présentiel et 500 personnes en distanciel qui suivaient en direct via les plateformes de réseaux sociaux la conférence. avec un parterre de personnalités importantes, publiques et en même temps des acteurs économiques. Donc tout ça pour vous dire que cette plateforme, si je devais la résumer, c'est non seulement un lieu d'entraide pour soutenir des entrepreneurs des diasporas africaines de France, puisque ces diasporas sont assez diverses, pour les mettre en lumière, pour leur donner une visibilité au travers de nos plateformes de communication, pour en même temps identifier celles et ceux qui ont des... on va dire des projets entrepreneuriaux ou des entreprises déjà qui ont besoin d'être accélérées et qui peuvent bénéficier des réseaux de financement que nous avons aujourd'hui, parce que nous sommes connectés à des réseaux. pour aussi permettre à cette diaspora de se relocaliser ou de se connecter, reconnecter, si vous voulez, avec le continent africain. Parce que beaucoup, parfois, ne connaissent pas le continent, soit leur pays d'origine, soit ils ont été une fois, deux fois, mais ils ne le connaissent pas toujours. C'est aussi de dire, au travers de ces conférences, au travers de ces échanges... au travers de ces déplacements que nous faisons sur le continent, nous créons du lien, nous arrivons à nous développer ensemble, à grandir ensemble, à nous entraider. Et donc, voilà, on voit ce que, si je pouvais résumer, en tout cas l'objectif et les ambitions de cette plateforme aujourd'hui. Très bien, on sent qu'il y a vraiment une interconnection entre, en fait, parce qu'on pourrait se dire, mais tu interviens sur différents... sujets très différents, tu as beaucoup d'initiatives et d'entreprises différentes, mais on sent bien qu'en fait tout est connecté, et que finalement il y a un lien entre la Maison Muller, le Club des D'Aspora, et puis ton travail chez Grand Alexander. Donc ça c'est assez intéressant de voir ça, parce que parfois moi je peux être confrontée à des étudiants aux différents profils qui n'osent pas tenter plusieurs choses en se disant « ça ne va pas être audible, ça ne va pas être compréhensible » . Donc, il faut que je choisisse une voie. Et puis, c'est celle-là par laquelle je vais m'exprimer. Donc, c'est intéressant, à travers ce que tu nous racontes là, de voir finalement qu'une ligne directrice, elle peut avoir plusieurs piliers qui vont venir la soutenir. Complètement. Et c'est très bien dit. Tu le dis encore mieux que moi. C'est exactement ça, parce que ça surprend beaucoup de gens, parfois des amis, qui me disent « Mais oui, mais tu fais trop de choses, comment tu trouves le temps ? » temps avec tes enfants, mais je dis, mais en fait, d'abord, il y a une histoire de passion, en fait. Quand on n'est pas passionné par des choses, ça ne marche pas. Il y a aussi l'authenticité, le fait d'être vrai dans tout ce que vous faites et d'avoir vraiment à cœur de faire bouger les lignes et de faire avancer les choses, ça c'est important. Et en fait, oui, il y a cette ligne directrice. Il y a l'Afrique, bien sûr, parce que je suis passionnée par l'Afrique. Il y a l'Europe, la France et on la retrouve. Et finalement, c'est vraiment... Tout est interconnecté, tout est lié. Donc, je n'ai pas l'impression de m'éparpiller, comme certains semblent le dire ou le croire. En fait, tout est lié. Et donc, tu le résumes très bien. Et c'est exactement ça. Très intéressant. Maintenant, je voudrais que tu nous parles du Salon des industries. Il a été organisé, il me semble, l'année dernière. Ça fait partie d'encore une nouvelle initiative de Kadia Moissias. Du coup, les gens vont se dire mais en fait, toutes les 10 minutes, c'est un nouveau sujet de fond. En tout cas, moi, je te suivais sur LinkedIn et c'est par cet événement-là que j'ai pu découvrir l'une de tes initiatives et qui m'a menée après à te suivre davantage et puis à te proposer une interview. Donc, j'aimerais que tu nous parles de ce sujet-là et ensuite, on en revient aux industries culturelles et créatives. Alors, parle-nous de ce sac. Oui, les différents événements. Oui, merci. Merci beaucoup, Rafa. En fait, c'est aussi une question d'histoire, de vie, d'histoire de famille, etc. Après, mon mari va me dire, mais tu parles toujours de moi. En fait, voilà, j'ai un mari qui est entrepreneur, comme on l'a dit aux élus, et qui est l'un des fondateurs des forces françaises de l'industrie depuis bientôt six ans. Les forces françaises de l'industrie, c'est un regroupement d'entrepreneurs français passionnés, qui se battent pour la réindustrialisation de la France. Ils sont partis du constat que la France s'est désindustrialisée, qui a un peu lâché ses industries. Alors qu'on dirait l'un de ses associés, Gilles Attaf, que j'aime beaucoup, l'industrie c'est la vie, l'industrie c'est ce qui permet de travailler les ressources naturelles, de les transformer, de nous nourrir, si on parle de l'agriculture. de transformer, de créer des produits, on parle de l'industrie par exemple l'hiver etc. Donc l'industrie c'est la vie et donc je me suis retrouvée effectivement au cœur du réacteur au moment de toutes ces réflexions là autour des industries au sein de ma famille depuis bientôt 6-7 ans où j'entendais des sujets divers et variés sur comment se battre, comment trouver les moyens. … pour qu'on puisse mettre au goût du jour, ou mettre à l'honneur le produit, la production locale. Le travail de la main, le travail du savoir-faire, le travail du faire, F-A-I-R-E, et comment mettre en valeur toute cette créativité, j'ai envie de dire, qui fait... le succès de la France, quand on parle de l'industrie créative, et qui fait aussi l'image de la France quand on parle de la gastronomie, etc. Parce que tout ça, on est dans une industrie, c'est quelque chose d'assez pluriel. Et je voyais vraiment le début de ces initiatives, et je voyais toutes ces personnes qui venaient chez nous, discuter, échanger, et toute cette réflexion et ce dynamisme. et ce mouvement, et étant une personne d'engagement, vous l'aurez compris, d'engagement, j'ai toujours à cœur finalement d'avoir une réflexion profonde de qu'est-ce qu'il en est, qu'en est-il sur le continent africain, et comment ça se passe aussi chez nous, et en lisant, en allant sur place, je voyais bien qu'effectivement il y avait, comment dirais-je, un... parallèle à faire à ce niveau-là. Et d'ailleurs, dans les discussions, souvent, c'est ce que je laissais entendre. Je voyais, d'un côté, toutes ces personnes de très bonne volonté, assez patriotes, qui se battent sur la réindustrialisation de la France. Je me disais, mais en fait, quand ce combat, il peut être mis en lien avec cette quête, finalement, que nous avons aujourd'hui sur le continent africain, cette quête d'industrialisation. Et c'est assez lié avec tout ce qu'on dit depuis aujourd'hui, ce mouvement de talent qui revient en Afrique, ce mouvement d'experts, de compétences qui veulent transformer l'Afrique, qui veulent aussi utiliser les ressources de l'Afrique pour en faire de la transformation locale. Je crois que je n'ai jamais vu autant de forums, de rencontres autour du Made in... Africa, soit du Made in Benin, Made in Guinée, Made in Mali, il y a eu une espèce de développement accéléré depuis une dizaine d'années, de cette volonté, de cette envie de beaucoup de pays, beaucoup de communautés, ça se faisait déjà, je ne dis pas que ça devient comme ça, comme un cheveu sur la soupe, mais on voit bien que c'est aussi ça l'avenir, c'est aussi utiliser le contenu local, c'est aussi utiliser ce que nous produisons au niveau local pour créer de l'emploi, pour créer de la main d'œuvre, pour faire de la transformation et créer des véritables chaînes de valeur. C'est aussi des volontés, des envies des acteurs en présence de faire moins d'importations puisque nous avons quand même, quand on regarde, la plupart de nos pays, nous avons des sols. certains ne sont pas exploités puisqu'on estime aujourd'hui que l'Afrique, presque 60% des terres arables sont sur le continent africain, si je ne m'abuse. Et donc il y a quand même une véritable quête aujourd'hui. Donc quand on met en parallèle ces initiatives que je voyais en France, notamment au sein des forces françaises de l'industrie, on pouvait verser cette quête. quête d'individualisation de l'Afrique, je me suis dit, mais il faut qu'on fasse quelque chose, il faut qu'on essaie de réunir les personnes intéressées sur ce sujet-là, créer comme une plateforme d'échange qui peut être aussi une plateforme de rencontres, d'échanges, de bons procédés, pourquoi pas, de transferts de compétences, de création de liens, de valorisation aussi de nos histoires communes, puisque... C'est aussi là une démonstration de ce que je fais au quotidien, avec cette volonté de toujours créer ce lien, ce pont, cette relation entre ces deux côtés de mon identité que je valorise, la fois l'Afrique, la Guinée, et l'Europe, la France, le pays où je vis aujourd'hui, où je suis installée, entre parenthèses, je suis dans un couple mixte, avec quatre enfants métis. Ça fait partie aussi de son identité. Donc cette réflexion, elle est née, elle a été renforcée, j'ai envie de dire, à partir de ces échanges que j'avais, à partir de ces parcours de vie que je rencontrais dans différentes régions de France, en me déplaçant, en allant dans des régions. Ma belle-famille vient de la région d'Auvergne, c'est une région que je fréquente depuis presque une trentaine d'années maintenant. Et je voyais aussi cette dynamique. et l'idée c'est de dire mais comment peut-on créer de la croissance partagée comment peut-on créer des ponts entre ces deux entre ces différents acteurs qui ne se connaissent pas pas toujours, et puis voilà, et comment finalement créer ce temps de rencontre, de débat pour faire avancer les choses. Le 7 février dernier, on était sur la thématique de l'industrie, de la thématique de l'agriculture, il y a eu beaucoup de sujets, beaucoup d'éléments de recommandations, de choses concrètes qui se passent aujourd'hui sur le continent africain, des entreprises qui transforment des ressources agricoles, des entreprises qui créent des usines, etc. Donc c'était important de pouvoir témoigner de cela, créer des connexions, aussi valoriser ces initiatives et ces acteurs économiques qui font des choses en Afrique auprès de cette diaspora qui participait à cette conférence. Donc oui, c'est une initiative nouvelle, certes, mais... Mais finalement, elle s'inscrit aussi dans un alignement, dans une dynamique. Donc pour moi, elle vient presque naturellement. La deuxième édition, on est en train d'ailleurs de la préparer, puisque l'un de nos partenaires et de nos sponsors de l'édition l'année dernière, et d'origine sénégalaise, nous a poussé plus ou moins à organiser la deuxième édition au Sénégal. Et on est en train de travailler dessus. qu'on a programmé ça sur le mois de... On l'avait programmé au départ sur avril, mais on n'est pas du tout prêts. Et donc là, on est sur le 17 mai, Inch'Allah, si tout va bien, pour faire cette deuxième édition au Sénégal et pour pouvoir aussi voir tout ce que le Sénégal a montré aussi dans cette transformation industrielle. Je voyais récemment dans la presse un jeune Français qui est parti au Sénégal cher... il a été financé, etc., qui a créé une usine de transformation de l'oignon. Enfin, je crois que c'est... Le produit fini, c'est en fait des oignons séchés. Et c'est un français. C'est aussi de dire aussi aux industries françaises, enfin aux PME qui sont dans l'industrie, etc., ou des entreprises françaises, de dire il y a des pays sur lesquels vous pouvez créer des liens, il y a des pays dans lesquels vous pouvez investir, parce que... beaucoup se plaignent aujourd'hui de l'économie française, qu'on a des dettes, etc., que ça va pas. C'est aussi de se dire, vous voyez, vous avez un continent qui est en croissance, il y a des pays qui ont des croissances presque à deux chiffres, c'est aussi des territoires sur lesquels il peut y avoir des relais de croissance, c'est aussi des territoires avec lesquels vous pouvez créer des partenariats stratégiques. Et moi, je crois beaucoup en l'économie, je crois beaucoup en l'entreprise. Je pense que l'entreprise, c'est un acteur économique fondamental qui... qui arrive, même si on lui met aussi beaucoup la pression, qui arrive à résoudre aussi pas mal de maux de nos sociétés actuelles. Et l'un des principaux talents, entre guillemets, d'entreprise, c'est d'arriver à créer de l'emploi, à transformer les sociétés et à faire en sorte qu'on se reconnecte au travers de la création économique. Très bien, beaucoup d'initiatives en perspective. Merci, et écoute, au mois de mai, on... On attend avec impatience cette seconde édition au Sénégal, où il y a eu l'annonce récente de l'ouverture d'un musée, il y a également le raffinement du pétrole qui a commencé au Sénégal. On sent qu'on est au début d'une nouvelle ère au Sénégal, donc je pense que c'est vraiment intéressant qu'il y ait ce genre d'initiative, à la fois en Occident, mais aussi directement sur le continent africain, puisque quand on parle d'industrie africaine, c'est... Ça paraît légitime et logique d'être sur le continent pour en parler le mieux. Bien sûr, bien sûr. Et ce sera le Sénégal, si tout va bien. Et on a pris la Guinée comme pays invité de neuf. La Guinée n'est pas loin. Et la Guinée aussi, on voit qu'il y a une vraie volonté de transformer, de créer des plateformes d'échange, en tout cas autour de l'industrie. Et je crois que l'année dernière, ou il y a deux ans, il y avait eu le salon de l'industrie. ou du produire local. Et donc, ça, c'est aussi des bonnes initiatives à encourager. Et donc, j'en profite, je suis guinéenne. Donc, j'ai vu avec les équipes que la Guinée sera un pays invité d'honneur. Voilà. Très bien. Non, mais il faut être un peu souverain. Il faut avoir un bon espace. Là, moi, je voulais en tenir aux industries culturelles et créatives. La notion de soft power. Je me rends compte, aujourd'hui, À travers la musique, à travers le cinéma, à travers... travers la musique cinéma, vers l'art contemporain, qui a vraiment un essor d'artistes africains sur le devant de la scène, que c'est reconnu et que, quelque part, c'est aussi un moyen d'étendre, en fait, une forme de, je ne vais pas dire de notoriété africaine, mais une meilleure connaissance de ce qui vient du continent et un peu libérée d'une espèce de, comment dire, là, on vient nous chercher pour nos compétences et notre originalité. On n'est pas sous la coupe, en fait, d'un regard occidental qui nous dicterait les bonnes façons de faire. Absolument. Quel est ton avis par rapport à ça ? Déjà, ce que tu dis, Rama, c'est totalement juste. Et on voit bien qu'effectivement, sur les industries culturelles et créatives, l'Afrique a envie de prendre sa place. Et on voit bien qu'effectivement, il y a aujourd'hui sur le continent... tous ces talents artistiques qui sont aujourd'hui en train de s'exprimer au travers de cette jeunesse. Et je pense que l'avènement des nouvelles technologies, les réseaux sociaux sont en train de l'accélérer et ont mis en valeur, on va dire, cette créativité africaine et cette puissance culturelle africaine. Et chacun est en train de se l'approprier à sa manière, quel que soit le pays où on se trouve. Et ça, je pense que c'est aussi la chance de beaucoup de... En tout cas, c'est un secteur qui va permettre à l'Afrique dans les années à venir de compter sur la scène internationale. Et ça a commencé. Quand on voit aujourd'hui une grande star comme Beyoncé pour son dernier opus, où elle... Je crois que le titre c'était... Je ne me rappelle plus de son titre. Elle a fait appel à des artistes comme Imane Aïssi en tant qu'habilleur de tous ces danseurs et danseuses dans cet opus. Le nom m'échappe, je ne sais plus. C'était Beyoncé qui avait... Où elle fait appel à la culture africaine pour... Dans tout le processus de cette manifestation artistique, ça veut dire beaucoup. Quand on voit récemment le Bénin mettre au goût du jour la religion du vaudou, avec les vaudoudés, ce qui a fait venir des milliers de personnes de partout, et qui utilisent cette puissance, cette richesse culturelle, spirituelle, pour valoriser le Bénin, on est vraiment dans du soft power, et dans ce soft power orchestré vraiment intelligemment. Quand on voit aujourd'hui des chefs cuisiniers qui sont primés et qui gagnent des étoiles en France et qui maintenant arrivent, par ce travail gastronomique culinaire, à régaler des grands chefs d'État comme Sacco, qui a fait un grand dîner, je ne sais plus pour quelle réception, à l'Ilysée, qui a fait le dîner d'accueil des personnalités politiques, les exemples ne manquent pas. pas. Et moi, j'ai une amie qui s'appelle Absa Tou Douro, qui est d'origine sénégalaise, qui a lancé l'école des... ça s'appelle l'école du luxe au Sénégal. Et l'école des métiers d'art, c'est une initiative qu'elle a lancée il y a 3-4 ans. Justement, en partant de l'idée qu'effectivement, il faut valoriser ces talents africains, parce que nous, on les voit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, etc. et qui a pris justement cette initiative de porter aux yeux du monde cette créativité africaine qui n'a rien à envier à certaines maisons de luxe, par le raffinement, par la beauté et par toute la complexité de la création. Et c'est quelque chose qui a démarré petitement aujourd'hui, c'est vraiment, il y a une vraie école avec cette possibilité aussi d'entraîner cette jeunesse, ce gisement de talent, puisque c'est une jeunesse nombreuse, vers ces secteurs de savoir-faire, de création, pour en faire demain des métiers. Parce que quand on prend... On parle de l'industrie créative, de l'industrie culturelle, c'est tellement de métiers qu'on peut intégrer dedans. Vous avez parlé de la musique, on peut parler de la confection, du textile, on peut parler de cuisine, de l'aspect culinaire, on peut même y mettre tous les éléments du sport, de la danse, etc. Donc oui, l'Afrique est en train de vraiment prendre sa part dans cette industrie parce qu'on a aussi, surtout, un patrimoine culturel qui est extrêmement riche. Moi, je suis née en Guinée, j'ai des souvenirs de contes, d'histoires que ma grand-mère, paix à son âme, nous racontait avant qu'on aille se coucher. Parce que ma grand-mère paternelle vivait avec nous, donc elle était à domicile, et on ne se couchait pas avant. d'avoir l'histoire, on appelle ça les kinis, ou sous-sous, avant d'avoir l'histoire, ce conte qui éveillait nos sens, notre imaginaire, etc. D'avoir tous ces errants qui ont façonné l'histoire avec un grand H de l'Afrique, pas que l'homme africain n'ait pas assez rentré dans l'histoire, ça me permet de faire une petite parenthèse, d'aller au-delà des... les siècles et les siècles de l'histoire africaine, qui est une histoire fabuleuse. Donc, je dirais qu'aujourd'hui, oui, on peut parler d'industrie. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris. Je vous parlais du Bénin tout à l'heure. Le Sénégal, au mois de juin, il va y avoir le Festival des Arts à Saint-Louis. Voilà, moi, c'est des choses qui m'intéressent. Et d'ailleurs, on les a mis en valeur lors de notre... Le dernier salon des industries africaines, le 24 juin 2024 à Gavau, il y avait tout un panel, en tout cas de grands témoins, avec des personnes comme Mohamed Zoglami, qui au travers des jeux vidéo arrivent à faire des plateformes de jeux avec des héros africains, des Sujata Keita, les Renzinga, etc. Ou encore, je ne sais plus, le nom m'échappe, Je ne sais plus. Mais bon, un exemple pour vous dire qu'effectivement, c'est des secteurs d'activité aujourd'hui qu'il ne faut pas négliger. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris, que mettre la culture au cœur des réflexions de développement, de transformation de l'Afrique, c'est quelque chose de vraiment fondamental. Complètement alignée avec cette réflexion, toi, à travers ta position, comme tu le disais, tu as... dans une situation où tu te situes un peu sur ce pont entre la France et l'Afrique. Est-ce que tu vois des changements d'un point de vue... Toi, tu vas être dans des initiatives qui sont le Club de la Diaspora, la Maison Muller, qui sont des entreprises privées et personnelles. Est-ce que toi, tu vois des engagements des gouvernements à soutenir ce type d'entreprise et d'initiatives ? Est-ce que tu sens que... Parce qu'on parle beaucoup d'initiatives privées, de repas, mais peut-être en fait de... individuellement qui mènent des actions, mais derrière, c'est vrai que on a besoin aussi d'initiatives de gouvernement qui vont soutenir, en fait, le privé. Est-ce que tu sens qu'il y a des changements par rapport à ça ? Quel est ton avis en tout cas sur les interventions et les initiatives des gouvernements africains ?

  • Kadia Sylla Moisson

    Bon, alors, je n'ai pas la prétention aujourd'hui de connaître toutes les initiatives aujourd'hui, mais je peux déjà... témoigner de choses que je vois, que j'ai vues sur le terrain, que je constate parce que je vis, parce que je me renseigne et que je suis curieuse. Par exemple, je vous ai parlé du Vaudou d'Esa au Bénin. Le Bénin, c'est un pays que je connais bien, je suis allée trois fois. C'est un pays que j'aime beaucoup. Ils font beaucoup de choses là-dessus pour accompagner notamment des artistes, des street arts. Si vous voyez aujourd'hui, il y a tout un boulevard aujourd'hui à Cotonou. avec des fresques absolument incroyables d'artistes street art. Je crois que ça fait genre 5 ou 10 kilomètres, je ne vais pas me tromper, mais j'ai vu constater que c'est une volonté publique, gouvernementale, de vraiment soutenir la créativité artistique. Donc ça, c'est très clair et je l'ai vu au Bénin. Je l'ai vu aussi au Sénégal, puisque c'est un pays où je vais assez régulièrement, notamment de toutes les... dans le cadre du Festival de l'Art et aussi ce qu'est en train de faire l'Abstat Ludoro avec les métiers de la main, les métiers du luxe, etc. C'est quelque chose de formidable. Je l'ai vu aussi en Guinée. notamment dans le cadre des 72 heures du livre, où là il y a pas mal de choses qui se font en termes d'accompagnement des auteurs, en termes aussi de création d'initiatives pour valoriser des talents régionaux. Je ne sais pas si vous avez été une fois aux 72 heures du livre, moi c'était une première l'année dernière, mais au-delà de... De l'aspect culturel, il y a aussi cette volonté de mettre en valeur des auteurs, des auteurs sur différents sujets, des Guinéens, qui peuvent écrire sur la culture, sur l'histoire de la Guinée, qui écrivent sur des sujets de société, comme par exemple les violences faites aux femmes, comme par exemple l'excision, qui sont des fléaux qui touchent nos communautés au niveau national. pas que la Guinée d'ailleurs, mais qui sont des sujets absolument fondamentaux à mettre, à écrire et aussi éduquer les jeunes générations. Il y a à chaque fois la mise en valeur d'un territoire, d'une ville. L'année dernière, c'était la ville de Dingirei qui était à l'honneur, avec toute sa dimension culturelle, artistique, etc. Et cette année, si je ne me trompe pas, je crois que c'est Gekedou qui est à l'honneur cette année. Donc... Je vous donne ces trois exemples parce que je pense qu'ils sont parlants de ces initiatives publiques, en tout cas de cette volonté publique des États, des gouvernements, de vraiment mettre au cœur aussi des dispositifs gouvernementaux, cette volonté de valoriser la culture. Il se trouve que j'ai été témoin de ça, donc je peux le dire. Je ne sais pas pour les autres pays, mais je suis plutôt... connectée avec pas mal de gens de la diaspora. Je peux raconter en tout cas ce que j'entends. Je suis très amie avec pas mal de femmes du Nigeria. Et le Nigeria, c'est un pays où j'ai recruté d'ailleurs avec Grant Alexander. Donc, pourtant, je ne l'ai pas encore été à Lagos ou à Bougéra, mais c'est un pays pour avoir fréquenté des personnes ici. Je vois, par exemple, tout ce soutien de la France. de la fashion, ils appellent ça, je crois, c'est la fashion week, ou la fashion, enfin, c'est l'industrie de la couture, du luxe, etc., qui est soutenue quand même par les pouvoirs publics pour faire aujourd'hui de Abuja quand même une place incontournable de la mode africaine. Enfin, c'est hallucinant ce qui se passe aujourd'hui. Donc, je pense que chacun à sa manière, pour certains, ça va être le culinaire, les livres. le travail de la main, etc. Mais je sens qu'il y a vraiment un bouillonnement culturel en Afrique. Et que ce mouvement, ce dynamisme, il est en train de s'accélérer de plus en plus. Il y a certes les initiatives, les artistes, etc. La société civique dans sa dimension, dans sa grande diversité, qui fait des choses. Mais il y a aussi cette volonté des pays. de créer, comme vous dites, ce soft power, de faire de leur pays des leviers de destination en mettant en valeur la créativité, leur patrimoine culturel et leur patrimoine touristique. Très bientôt, la Guinée va organiser, je crois que c'est le 20 avril, à Paris, un forum autour de la culture et du tourisme en valorisant... ce patrimoine culturel, en valorisant aussi ce patrimoine touristique, créatif, pour faire aussi de la Guinée une destination intéressante pour des investisseurs, pour des acteurs de la diaspora, pour des gens qui viennent d'ailleurs. Mais c'est tellement bouillonnant qu'aujourd'hui, j'ai des amis qui viennent des Outre-mer. qui sont des afrodescendants, qui parfois me disent « Ah ben tu sais, je visite Abidjan, qui n'ont jamais mis les pieds en Afrique, qui sont attirés aussi par tout ce dynamisme et qui veulent aussi se reconnecter aujourd'hui avec ce continent qui ouvre ses bras en fait à toute cette diaspora. » Donc ça c'est intéressant et je pense qu'il faut l'encourager, il faut le saluer. Et donc, c'est ce témoignage que je peux apporter à partir de mes expériences, à partir de mon vécu.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, merci beaucoup. On arrive à la fin de notre échange. On a pu prendre le temps de balayer tes différentes entreprises et initiatives et tu nous as aussi partagé ton expertise, ton regard. Et c'est ça le but à chaque fois. Je comprends tout à fait qu'on n'est pas forcément savants et sachants sur tous les sujets, mais en tout cas, de par ta position et de par les différentes initiatives que tu entreprends, tu vas avoir un regard et une perspective qui peut être intéressante pour notre audience, un regard qui va leur éclairer. Donc moi, j'ai été ravie d'avoir eu l'opportunité d'échanger avec toi assez longuement pour mieux connaître tes différents périmètres d'intervention et puis inviter mon audience à rejoindre le club et participer à tes différents événements.

  • Kadia Sylla Moisson

    Donc,

  • Ramata

    écoute, merci beaucoup.

  • Kadia Sylla Moisson

    Merci à toi, Romain. Vraiment, c'est passé vite, je t'avoue. Merci aussi, bravo à toi pour cette initiative, parce que c'est aussi par ces biais-là qu'on arrive à mieux se connaître. Donc ça, c'est bien. Et je ne savais pas, quand j'ai découvert ton profil, que tu étais guinéenne. Je me disais, oui, c'est plutôt Afrique de l'Ouest, parce que Diallo, ma mère est une Diallo, donc je me suis dit, tiens, ça doit être... soit du Mali ou du Sénégal. Donc, merci aussi. Je t'encourage aussi à continuer à développer. Et si tu as besoin de profils aussi, je pourrais te recommander au sein de mon réseau. Ce sera avec un grand plaisir.

  • Ramata

    Écoute, avec plaisir. Écoute, je te dis à très bientôt en Afrique ou ailleurs.

  • Kadia Sylla Moisson

    Oui, merci, Rama. À bientôt.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer. quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Croissance et développement en Afrique

    01:24

  • Présentation de Kadia Silla-Moisson

    02:41

  • Parcours de Kadia et création de la Maison Muller

    04:24

  • L'impact de la Maison Muller sur la diaspora

    06:58

  • Évolution dans la recherche de talents en Afrique

    12:52

  • Retour de la diaspora et participation au développement

    18:19

  • Initiatives gouvernementales et soutien à la culture

    26:03

  • Soft power et créativité africaine

    01:03:37

Description

Comment une experte en ressources humaines met ses compétences au service de la valorisation des talents d'Afrique et de la diaspora ?


Kadia Sylla Moisson est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de tête. Elle est une également entrepreneure engagée dont l'ambition est, entre autre, de valoriser les talents d'Afrique et de la diaspora.


De son enfance en Guinée à ses initiatives entrepreneuriales en France, elle met en lumière l'importance de créer des réseaux d'entraide et de promouvoir l'industrialisation du continent. Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux du développement de l'Afrique et sur le rôle crucial de la diaspora.


Dans cette interview, Kadia Sylla Moisson aborde également son engagement pour les industries culturelles et créatives, et sa vision d'une Afrique qui rayonne à l'international.

Une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent contribuer à l'essor du continent aux 54 pays.


L'épisode audio est disponible sur Apple Podcast, Spotify, Deezer, YouTube et toutes les plateformes d'écoute.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ramata

    On voit que l'Afrique se développe, il y a énormément de croissance dans les pays, il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres, il y a des politiques publiques qui ont décidé dans certains pays de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies. qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique, avec des niveaux de vie plus ou moins confortables. parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de la diaspora de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Kadia Silla-Moisson. Kadia est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de têtes qui accompagne la performance des dirigeants. Elle est également entrepreneur engagée et a fondé la Maison Muller et le Club des Diasporas Africaines de France. Elle a également cofondé le Salon des Industries Africaines. Les industries culturelles et créatives ont une place particulière dans ces différentes initiatives. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses différentes actions de promotion. du continent aux 54 pays. Bienvenue Kadia, comment vas-tu ? Merci beaucoup Ramar, écoute, je vais très bien, on se dimanche ensoleillé à Paris, et toi, comment vas-tu ? Eh bien écoute, ça va très bien, je suis ravie de pouvoir échanger avec une compatriote guinéenne dans le cadre du podcast Africa Fashion Tour et je vais commencer cette interview comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter. Merci beaucoup Ramar, et puis ravie aussi d'être aux côtés d'une compatriote dans le cadre de ce podcast. Alors donc, tu l'as dit, effectivement, je suis guinéenne. Aujourd'hui, j'ai bientôt 53 ans. Je suis maman de quatre enfants. Je suis née en Guinée et j'ai grandi jusqu'à l'âge de 9 ans. Et je suis partie à l'étranger comme beaucoup de gens dont les parents partaient travailler ailleurs. Je ne suis arrivée qu'en France qu'à l'âge de 17 ans pour faire mon lycée. Et je dirais que j'ai plutôt un parcours assez classique. comme la plupart des gens de la diaspora africaine de France. J'ai fait des études de droit, j'ai un bac plus 5 de droit et DEA, droit international. Et je me suis orientée vers des métiers RH, où j'ai travaillé pendant plus de 17 ans. Et aujourd'hui, je dirais que, comme beaucoup de femmes, à partir de la quarantaine, on a l'effet, on a envie de faire autre chose. Je ne sais pas si c'est le cas pour des gens que vous avez eus à... Avoir en interview Rama, mais voilà, moi en 2015 à peu près, j'ai eu envie de me lancer dans l'entrepreneuriat et en créant la Maison Muller, enfin en reprenant une entreprise, la Maison Muller, et en mettant en place d'autres initiatives jusqu'en 2018, où j'ai rejoint le groupe de chasse de tête Grand Alexander pour accompagner le développement du groupe sur le continent africain, puisque j'occupe le poste de directrice afrique. Et depuis bientôt sept ans, j'exerce cette fonction-là, tout en gardant aussi cette passion et cette appétence sur des sujets liés au développement du continent africain, et plus spécifiquement de la Guinée, de mon pays, en créant des liens, autant que faire se peut, entre le pays d'accueil, qui est la France, puisque je me définis comme guinéenne et française, pour créer des ponts, des initiatives, des synergies communes et pour développer le business, ce que c'est aussi ce que je m'assigne comme responsabilité. Voilà, c'est un peu condensé, mais ça me permet un peu de voir aujourd'hui qui je suis en partie. Très bien, mais le but, c'est qu'on a une heure devant nous pour pouvoir te donner l'opportunité de nous donner plus d'informations sur ton parcours. Donc, ce que tu expliques, c'est qu'il y a eu un tournant dans ta carrière à partir de 40 ans tu as décidé de fonder la Maison Muller. Est-ce que tu peux nous parler de cette entreprise ? Enfin, de reprendre la Maison Muller. Oui, effectivement. En fait, comme je le disais au départ, c'est vrai que j'ai travaillé dans des entreprises comme RH pendant longtemps. Et je voyais aussi, il y a eu en fait un élément d'écrancheur. C'était, à l'époque, j'étais responsable des relations sociales dans une association en tant que salarié. une association qui se trouvait à Bobigny et j'accompagnais les salariés de cette entreprise, de cette association qui était un ESAT. Un ESAT, c'est ceux qui s'occupent de l'insertion professionnelle des travailleurs souvent détachés de l'emploi. Là, c'était des travailleurs handicapés psychiques. Et travailler dans le milieu associatif, donc salariés pour moi, c'était une première. Ça fait appel à... ça touche vos émotions et souvent vous avez des... Vous êtes face à des personnes qui ont parfois des comportements débordants et il faut faire face. Et je pense que ça a été un élément déclencheur où c'est arrivé un moment de ma vie où je souhaitais vraiment me reconnecter, j'ai envie de dire, avec le continent africain et avec la Guinée. Puis je voyais aussi mes parents qui prenaient de l'âge et puis je me disais mais il faut absolument que je fasse quelque chose. J'avais l'impression de ne pas être totalement finie, qu'il me manquait quelque chose, que j'étais loin. un peu de mes racines. Et je pense que le fait d'avoir été dans cette association où nos émotions sont mises à l'épreuve, eh bien, je pense que ça a un peu réveillé tout ça. Donc là-dessus, j'ai eu une opportunité. Sauf que j'ai un mari qui est entrepreneur. Et à ce moment-là, il y avait une entreprise qui était gérée par un membre de sa famille, par mon beau-frère. Et il m'a dit, écoute, tu sais, on va peut-être changer de concept. Il y a cette entreprise à Montmartre qui était à l'époque un haut lieu de la créativité. Et on... française qui est un lieu de résidence et d'artiste, mais qui est un peu en désuétude. Et puis, elle m'a proposé de reprendre cette entreprise et je l'ai reprise avec des amis pour en faire un espace de coworking et d'événementiel. Et très tôt, j'ai souhaité y mettre ma touche africaine. Donc, j'ai ouvert cette maison. C'est une maison à Montmartre qui fait à peu près 350 mètres carrés, donc un hôtel particulier. et qui entre, souvent je dis que ce qui est sur la rue Muller, souvent je dis que je suis le pont entre la France et l'Afrique, parce que quand vous descendez un peu plus bas, vous arrivez sur la rue de Clignancourt, le boulevard Barbès, vous êtes à Bamako, souvent j'aime à le dire, c'est pas du tout par condescendance, mais c'est que vous arrivez vraiment au cœur de l'Afrique, vous qui êtes en France, vous savez ce que c'est, et quand vous montez un petit peu, vous arrivez sur les marches du Sacré-Cœur, donc c'est drôle parce que cette rue Muller, elle est vraiment au milieu de tout ça, donc souvent j'aime à le dire que je suis le pont, entre ces deux pays, la Guinée et la France, que j'aime tant. Et donc très vite, j'ai voulu mettre cette touche africaine, comme je le disais, j'ai ouvert aux jeunes femmes, notamment africaines ou afrodescendantes, et aux jeunes entrepreneurs d'une manière générale, parce que nous appliquons des prix assez abordables pour des locations de bureaux, et nous faisions, en force de l'expérience de ce lieu parisien, on a pu effectivement plus attirer. d'autres catégories d'entrepreneurs, notamment les gens de la diaspora. Et très vite, ça a été un lieu assez connu et reconnu par des entrepreneurs issus de cette diaspora, souvent des femmes d'ailleurs, qui venaient exposer leurs produits, qui venaient exposer leurs œuvres d'art. Il y avait souvent des expositions artistiques ou qui venaient tout simplement faire des formations, des ateliers pianètes. On a eu vraiment des événements... divers et variés. Donc aujourd'hui, cette maison existe encore. Alors on a été un peu impacté par le Covid, puisque vous savez que ça a touché beaucoup de gens, la restauration, tout le milieu événementiel. Et l'année dernière, on l'a transformée en hébergement, puisque sa destination est mixte à la fois professionnelle, on peut faire aussi l'hébergement professionnel. Donc on l'a transformée en Airbnb, ça marche plus. plutôt bien, grâce à Dieu. Et quand c'est pas loué pour les Airbnbs, c'est loué pour des événements. Récemment, d'ailleurs, j'étais à un événement, c'était dimanche dernier, organisé par... par une femme camerounaise de la diaspora africaine de France qui a organisé son atelier de formation. Et j'ai eu l'opportunité d'être invitée par elle. Et donc, on a pu recevoir ses invités. Nous étions à peu près une trentaine, une quarantaine de personnes. Et voilà, la Maison Mulaire, c'est ça. Donc, c'est un lieu d'événement et un lieu aussi pour éveiller des talents. Et c'est ce que je m'efforce de faire depuis sa création en 2016. Très bien, merci pour cette overview assez claire de ce qu'est la Maison Muller. Je réalise que ce n'est pas du tout loin de où j'habite, puisque moi aussi j'habite un peu au carrefour. Je suis au 18e et très proche du 17e, donc c'est vraiment entre les deux. Je ne comprends pas plus cette expression de pont entre la France et l'Afrique, parce que quand on traverse certaines rues à Paris, on a vraiment ce sentiment de voyager et de se retrouver dans certains quartiers africains, comme aussi dans certains villages typiquement. Donc, ça me parle et je vais très prochainement voir la végétation. Avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je voulais revenir également sur le poste que tu occupes chez Grand Alexander, puisque tu es la direction Afrique au niveau de la chasse de tête. Et on parle souvent parfois d'une déperdition peut-être de talent en Afrique où les personnes les plus éduquées, les plus brillantes, elles sortent du continent. Et on parle aussi en même temps aujourd'hui de plus en plus d'un phénomène de repas où il y a des personnes qualifiées qui retournent sur le continent. Donc je pense que c'est intéressant d'avoir ta vision d'experte des ressources humaines sur aujourd'hui quand une entreprise, d'où qu'elle soit, elle est basée en Afrique, quand elle cherche des profils compétents et qualifiés, on a pu souvent penser pendant longtemps qu'elle allait chercher plutôt des gens, des occidentaux. Je pense qu'il y a une évolution par rapport à ça et ce sera intéressant que tu puisses un petit peu nous dire, toi, quelle est ta perspective sur ces sujets-là. Oui, absolument. Ramatha, il y a une véritable évolution quand on travaille avec la recherche de talents, la recherche et la sélection de talents, surtout pour les talents africains. C'est vrai que pendant de nombreuses années, il y avait effectivement cette chute des cerveaux, c'est-à-dire que les personnes, les Africains... ils étudiaient dans des pays, pas forcément la France, mais dans d'autres pays, ils aspiraient plus à se former, à aller dans d'autres pays européens, occidentaux, etc., pour parfaire leur formation, pour trouver du travail et pour vraiment valoriser leur diplôme. Donc personne ne pensait en fait à « je vais retourner en Afrique » . Il y avait très peu de gens, même nous. On étudiait, une fois qu'on avait nos formations, nos diplômes, on n'avait pas tout de suite ce réflexe de se dire nous allons retourner travailler chez nous en Afrique parce qu'il y avait des problématiques, on va dire, ça dépend des pays, mais il y avait quand même des problématiques politiques, il y avait des problématiques de stabilité, etc. Donc ce n'était pas le premier réflexe que nous avions. Et puis, par ailleurs, je dirais il y a une trentaine d'années, les entreprises ne pensaient pas forcément à recruter des talents, notamment à des grands postes, des postes à responsabilité, puisque l'ADN des grands Alexandres, nous, nous recrutons des cadres dirigeants. Donc souvent, c'était un peu l'ère des expatriés, des expatriés européens qui étaient dans des grandes entreprises, qui occupaient des postes de direction au sein des filiales d'entreprises européennes ou d'autres nationalités. Et je dirais qu'il y a une quinzaine d'années à peu près, il y a eu un véritable changement de paradigme tout d'abord, c'est que les entreprises ont commencé à africaniser leurs bords, ont commencé à recruter, pas forcément de l'expatrié, mais plus des gens qui avaient des talents, qui avaient des diplômes de très bon niveau, qui avaient des compétences, qui avaient de l'expérience, au sein de leur entreprise. Et ce phénomène, je dirais, a été accéléré. Par le Covid, parce que pendant le Covid, les DRH des grands groupes se sont rendus compte, enfin en tout cas ont eu à gérer tout le phénomène, le management du risque, parce qu'on a vu arriver l'exfiltration, je ne sais pas comment dire ça, mais en tout cas le rapatriement de tous les cadres expatriés vers leur pays d'origine, vers la France, et tout ça, ça a coûté. de l'argent, ça a coûté beaucoup d'argent en assurance, etc. Donc ce management du risque a été assez important. Et ça fait réfléchir aussi les entreprises, parce que pendant ce moment-là, en fait, il y a eu des locaux qui ont pallié à cette absence. Et les boîtes, pour la plupart, ont continué à tourner. Donc ce phénomène d'africanisation, on va dire, s'accélère de plus en plus. Et en parallèle, nous voyons aussi une dynamique sur le continent africain qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui a commencé depuis, je dirais, une quinzaine, oui. ou à plus d'une quinzaine d'années, on voit que l'Afrique se développe. Il y a énormément de croissance dans les pays. Il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres. Il y a des politiques publiques qui ont décidé, dans certains pays, de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit... culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique. avec des niveaux de vie plus ou moins plutôt confortables, on va dire, parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de l'adresse pour un, de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. On a vu, en tout cas moi j'ai vu, depuis que je suis chez Quentin Alexandre, et je le constate tout le temps, ce besoin de revenir. Ce besoin, on parlait de repas tout à l'heure, effectivement ce besoin de revenir. Encouragé d'ailleurs par certaines personnalités politiques. Ce n'est pas pour rien qu'en 2019, que le président, l'ancien président du Ghana, Nana Akufo, a décrété que l'année 2019 serait l'année du retour. Donc, je dirais qu'il y a eu des signaux, il y a eu des indices, il y a eu des faisceaux d'indices qui ont fait qu'on s'est rendu compte que finalement, en fait, il y a un changement de paradigme. En même temps, il y a un retour inversé avec cette population, cette diaspora africaine qui, aujourd'hui, a envie de vraiment retourner. Moi, tous les jours, j'ai des connexions LinkedIn de personnes de différentes nationalités, Sénégal, Côte d'Ivoire, de Divoire, Guinée, même en Afrique anglophone, qui me demandent si j'ai dans le pipe des offres, des missions, etc. pour le continent. Donc ça, c'est réel. Et ça va continuer à s'accélérer, très clairement. C'est plutôt une bonne nouvelle, je dirais. Et ça me fait penser en tout cas à un sujet de base. qui me semble important quand même d'aborder, c'est que d'un côté, on a ce phénomène-là où on se rend compte que, véritablement, il va y avoir une population éduquée qui va vouloir retourner au pays. Et de l'autre, on a aussi un mouvement qui va dans le sens contraire, aussi de populations qui sont en souffrance en Afrique et qui vont, dans des conditions compliquées, vouloir rejoindre l'Occident en étant dans le sens logique que c'est vers l'Occident qu'il y a des opportunités de meilleure vie pour les gens. Quel est ton analyse, ton sentiment par rapport à ces deux mouvements qui sont parallèles en fait et qui sont un peu contradictoires quelque part ? C'est tout à fait juste ce que tu dis, c'est totalement des deux mouvements et ça paraît assez complexe comme réflexion de se dire que ce passe de notre sens, on a effectivement ces gens qui veulent aller en Afrique et puis d'un côté on a cette population. en déperdition, qui prend les bateaux vers un supposé Eldorado, j'ai envie de dire, et qui, vraiment, vont au risque de leur vie, et on constate ça quasiment tous les jours en allumant sa télé ou en lisant les journaux. C'est vrai. Mais, quand on regarde, ce n'est pas la même population, déjà, en fait. Des gens qui vont dans l'autre sens, c'est-à-dire qui décident d'aller... C'est souvent des cadres dirigeants, c'est souvent des gens diplômés, c'est souvent des gens... qui ont des réelles compétences et qui ont déjà un bagage, on va dire, intellectuel, qui sont formés et qui vont en Afrique, pas pour prendre la place des locaux, parce que les locaux aussi qui ont des formations, etc., qui travaillent dans les entreprises ou ailleurs ou dans l'industrie, il y en a qui sont formés, qui dirigent les entreprises actuellement. Mais je dirais qu'en fait... ces jeunes-là, parce que c'est la plupart ce sont des jeunes qui partent aujourd'hui en Afrique, les gens quittent leur pays parce que souvent ils sont dans des régions où ils sont quasiment perdus de l'espoir parce qu'ils ne trouvent pas d'emploi, ils ne savent pas comment venir aux besoins de leur famille, etc. Ils se disent, on va regarder ailleurs et l'être humain, on sait ce que l'être humain fait partie de son de son essence même, quand on n'arrive pas à subvenir à ses besoins, quand on n'a pas d'issue, etc., on va voir ailleurs. Il n'y a qu'à prendre l'histoire de l'humanité, ça a toujours été comme ça. Et je dirais que oui, c'est vrai, cette jeunesse qui quitte l'Afrique, qui est au prix de sa vie et qui subit des conditions atroces, parfois dans certains pays où ils sont emprisonnés, je parle de tous ces... tous ces jeunes qui se retrouvent dans des pays comme la Libye, etc., on en a entendu qui se retrouvent parfois même en esclavage, je ne sais même pas parfois, mais qui se retrouvent en esclavage, je pense qu'on a tous une responsabilité, surtout que nos dirigeants ont une responsabilité à avoir pour aussi trouver des mécanismes pour pouvoir maintenir leurs jeunes, ou en tout cas leur offrir la possibilité de pouvoir trouver les moyens de subsistance et pas avoir comme seule solution pour l'embarcation sur des bateaux de fortune pour aller chercher un mieux-vivre ailleurs. Ce qui est très clair aujourd'hui, en mon sens, c'est que je pense que beaucoup de pays d'Afrique commencent à prendre ce point. De toutes les façons, ils sont obligés de faire, parce que nous savons tous que un jeune sur quatre demain sera africain. L'Afrique, aujourd'hui, c'est le continent qui a le plus gros niveau de démographie, le plus élevé. Et donc, toute cette jeunesse, il va bien falloir la mettre au travail, en tout cas, lui donner les possibilités de pouvoir se développer, parce qu'aujourd'hui, le nombre d'emplois produits, qui permet d'emplois disponibles, les derniers chiffres, si je me souviens, c'est qu'il y a... Tous les ans, il y a presque 20 à 22 millions de jeunes qui arrivent sur le marché du travail, alors qu'il n'y a que 3 à 4 millions d'emplois disponibles. Donc on voit bien qu'il y a un gap, et qu'est-ce qu'on fait de ceux qui n'arrivent pas à trouver de l'emploi ? Donc il y a effectivement des politiques publiques qui réfléchissent à comment imaginer des formations, comment imaginer des formations professionnelles, techniques, pour armer ces jeunes. Parce que tout le monde ne va pas être sociologue, banquier, etc. C'est l'ère du travail, de la main, c'est l'ère de la réflexion sur comment mettre en place des formations techniques professionnelles pour pouvoir permettre à cette jeunesse de ne pas risquer sa vie vers des contrées difficiles. Un exemple... Quand tu me parles de cette question, ça me fait penser à une actualité assez récente, l'histoire de ce jeune à Boussangaré qui vient d'être primé, d'avoir le César de l'espoir masculin, avec le film Suleymane, que je n'ai pas encore vu, mais que je vais m'empresser d'aller voir. Moi, j'ai écouté son intervention au César, parce que mes enfants ont poussé à regarder la cérémonie, puisqu'ils aiment bien qu'on regarde ensemble. J'étais très émue. par cette histoire, mais l'histoire de Suleymane, c'est une histoire particulière, singulière, c'est une histoire de destin presque. Ça ne doit pas pousser nos jeunes africains aujourd'hui à se dire « Ah ben voilà, Suleymane, il a pu être acteur, il a eu un prix d'interprétation reconnu à Cannes, il a un prix là, aujourd'hui, avec les Césars. » Il faut que je prenne le bateau. En France, on peut réussir. Alors que la manière, tout le cheminement qu'il a effectué entre 2015 jusqu'à aujourd'hui, ça n'a pas été très facile. Oui, j'ai envie de vous dire, c'est vrai que c'est contradictoire, mais en même temps, nous ne sommes pas face à la même population. dont on parle. Oui, c'est vrai que c'est contradictoire. Oui, je pense qu'on a une responsabilité. Les pouvoirs publics, les États ont une responsabilité aussi pour s'occuper de leur jeunesse parce que l'Afrique, c'est une population immense, c'est une démographie galopante et qu'il est important aussi pour ces pays-là de prendre en charge ces jeunes-là parce que c'est aussi un risque pour l'Europe. On voit bien aujourd'hui, quand on voit toute cette radicalisation qui se passe aujourd'hui dans certains pays européens avec la montée du populisme, etc. C'est qu'on est face à des temps qui sont en train de changer. Donc il y a aussi cette réflexion à avoir à l'autre niveau, en tant que personne, on va dire société civile, mais aussi dans nos... dans nos actions, dans nos initiatives, etc., dans nos prises de parole, et aussi pour les personnes qui nous dirigent dans nos États, de pouvoir justement prendre ces points-là, parce qu'on est face aujourd'hui à un nouvel ère qui est en train d'émerger aujourd'hui dans les différentes régions du monde, et je pense que chacun doit prendre ses responsabilités là. J'ai été un peu longue, c'est un peu bifurqué. J'espère que ça répond en tout cas à votre question. Oui, ça répond complètement à la question. Il faut être complètement à l'aise au fait d'être long dans les réponses, parce que le temps du podcast est un temps long, au contraire de TikTok et autres réseaux sociaux où on n'a pas le temps de s'exprimer. Tu as tout le loisir de t'exprimer et de faire des longues... On est chez nos ancêtres, ce sont des griots. Oui, absolument. Donc c'est naturellement que... plein de chemins, on raconte des histoires. J'ai beaucoup aimé ton parallèle avec effectivement l'histoire d'Abu Sangaré et c'est intéressant que tu précises comment ça peut être perçu cet exemple-là. Il ne faudrait pas le voir perçu comme finalement l'exemple à suivre parce que ce n'est pas le genre de modèle qu'on a forcément envie de mettre en avant même si c'est une superbe histoire et que on est fiers que ce soit encore un compatriote guinéen. Oui absolument, il est guinéen, c'est exactement ça. Mais en même temps, on n'a pas envie que ce soit cristallisé comme c'est le chemin qu'on doit tous prendre si on veut arriver quelque part. On a envie d'avoir aussi des exemples mis en avant de repas et de locaux qui sont sur le continent et qui ont des carrières exceptionnelles. Et c'est ça toute la complexité quand on parle d'Afrique et qu'on a tendance à vouloir généraliser, c'est qu'en fait on ne peut pas. Et c'est ça qui parfois dans les analyses fait défaut, c'est que... On n'a pas toujours les experts métiers pour s'exprimer sur les sujets. Et puis, on a tendance à tomber dans la facilité de la généralisation qui ne traduit pas la complexité et la diversité des différents profils sur le continent. J'ai envie maintenant que tu nous parles de ton initiative, le Club des diasporas africaines. Du coup, comment t'es venue cette idée ? Et aujourd'hui, en fait... c'est un peu pourquoi rejoindre le club et quelles sont les différentes initiatives du club ? Oui, merci Rama. Oui, effectivement, alors comme je te disais au départ, la Maison Muller est très vite devenue, je commence par là parce que tu vas comprendre pourquoi, la Maison Muller est devenue très vite un lieu vraiment d'expression, on va dire, des initiatives de cette diaspora africaine de France, et notamment des entrepreneurs et entrepreneuses africaines. Et... Et progressivement, au fil de l'eau, je me suis dit, mais je rencontrais, j'étais face à des histoires, en fait, des histoires de vie, des femmes africaines qui étaient parfois salariées dans des entreprises ou alors qui avaient fait des reconversions pour lancer leur business. Et je voyais qu'elles avaient quand même du mal pour beaucoup à développer leur entreprise, qu'elles avaient du mal pour beaucoup à gagner plus en confiance, à être soutenues, à développer. leur réseau, etc. Donc il manquait un certain nombre de clés de réussite pour beaucoup d'entre elles et je me suis dit, puisque je vivais dans un écosystème par ma belle famille et notamment par les différentes entreprises de mon mari, où je voyais la manière dont il faisait la promotion des talents, notamment des talents issus de la gastronomie française, qu'il révélait vraiment. Et ça me donnait des idées, je me disais mais il faudrait qu'à un moment je puisse réfléchir à un écosystème ou à une plateforme d'entraide où on pourrait effectivement permettre aux uns et aux autres de pouvoir se développer, de pouvoir être connecté à la bonne personne, de pouvoir trouver un financement pour accélérer son développement entrepreneurial ou alors tout simplement... être mieux armé pour gagner en confiance, etc. Donc en fait... Tout est né de ce constat et de cette observation, parce qu'il faut observer, c'est important, il faut écouter, c'est aussi très important pour avancer. Et il y a trois ans, j'avais déjà une entreprise, parallèlement à la Maison Muller, j'avais une entreprise de conseil, j'appelais des entreprises, notamment des PME, sur du conseil en développement Afrique. Et je me suis dit, il faudrait que je puisse mettre en place cette plateforme business qui marche sous forme d'adhésion pour justement soutenir les membres de ce club pour les connecter à des réseaux intéressants ou à des personnes intéressantes qui peuvent les aider. Donc ça a commencé comme ça, j'en ai parlé à quelques amis, des gens que je côtoyais notamment au sein de ces initiatives. d'entrepreneuses au sein de la maison Muller et très vite des personnes ont rejoint cette initiative et c'est tombé à un moment où j'avais en fait repéré une jeune femme qui était chef cuisinier, qui est de nationalité française d'origine togolaise, qui avait travaillé dans un de nos ... dans notre écosystème, et qui avait envie d'avoir un restaurant pour pouvoir développer son entreprise de cuisson, de restauration. Et cette femme s'appelle Agnès, son nom de chef c'est Agnès. On a échangé longuement cet été parce qu'elle réfléchissait à reprendre un restaurant. Il se trouve que dans notre écosystème, familiales. On a un restaurant aujourd'hui qui existe depuis une dizaine d'années et qui a vu passer pas mal de chefs, pas africains, mais des chefs français, etc., qui pendant très longtemps a été un lieu qui révélait des talents. Notamment l'un des chefs qui est passé par ce lieu-là, c'est Guillaume Sanchez, qui a été plus ou moins révélé, j'ai envie de dire, par... par mon beau-frère, Adrien. Et donc, ce restaurant était aussi connu pour ça, pour vraiment donner la possibilité à des personnes qui avaient des talents culinaires de pouvoir s'exprimer, exprimer leur art. Donc, il s'est trouvé qu'en fait, les planètes étaient un peu alignées. C'était aussi des concours de circonstances que l'année... L'été dernier, en discutant avec cette femme à Guinness, elle me dit « je veux reprendre un restaurant » . Je lui dis « écoute, nous avons le restaurant Sarté, qui n'est pas loin de la Maison Muller, qui a deux pâtés de maison. Nous cherchons un chef. Si tu veux, on peut s'associer et tu prends le restaurant, etc. » Les choses se sont faites assez rapidement. Cette femme à Guinness a du coup repris ce restaurant récemment. Elle a changé le nom et se l'a approprié. Elle a réussi à avoir du financement pour pouvoir justement faire tous les travaux nécessaires. Donc nous sommes en partenariat avec elle, nous sommes associés dans cette initiative. Donc c'est une personne qui fait partie de notre écosystème. C'est un exemple pour vous dire pourquoi je vous dis tout ça. C'est pour vous démontrer qu'en fait, quand on arrive effectivement à se mettre ensemble, quand on arrive à... à donner la chance à d'autres personnes de pouvoir se développer, de pouvoir réaliser leurs rêves, c'est la chose la plus merveilleuse qui soit. Et le Club des Diasporas Africaines de France, c'est ça l'idée. L'idée, c'est de dire, nous pouvons créer ensemble cette culture du possible, en se parlant, en essayant de voir comment s'entraider. pour finalement avancer, parce qu'il y a énormément de talent aujourd'hui au sein de la diaspora, et c'est très compliqué de trouver les bonnes personnes au bon moment, les bonnes personnes qui peuvent effectivement vous aider à tout simplement aller vers un objectif que vous vous êtes fixé. Donc je dirais que c'est une plateforme d'entraide, c'est une plateforme aussi qui permet de trouver des pépites. qui ont besoin d'être accompagnés financièrement pour développer leur entreprise. C'est une plateforme qui est très business, ce n'est pas une association, c'est un club d'affaires. qui a aujourd'hui 3 ans, qui est soutenue, je tiens à le dire, par le groupe Orange Monnaie Europe, puisque depuis toutes ces années, enfin depuis 2 ans et demi, on a Orange Monnaie Europe qui soutient toutes nos initiatives événementielles, notamment, donc qui apporte un appui à la fois financier, et nous permet aussi de pouvoir avoir de la visibilité dans nos différentes initiatives. Donc j'en profite pour saluer Orange Money Europe qui soutient pas mal d'initiatives de la diaspora. En tout cas, nous, ils nous ont fait confiance. Et du coup, ça nous donne du courage pour pouvoir justement continuer à développer ce club d'entraide aussi, mais aussi d'accompagnement des entrepreneurs de la diaspora. À l'intérieur de ce club, on a développé une initiative qui est l'organisation de conférences, parce que l'objectif, c'est aussi de faire des liens transcontinentaux. C'est aussi de créer du lien. avec l'Afrique, puisque les personnes qui composent ce club, il y a des Français français, mais il y a aussi des gens issus de la diaspora africaine de France, pour la plupart, c'est la majorité. Et donc l'objectif, c'est aussi au travers des conférences que nous organisons, c'est de pouvoir justement se connecter et se reconnecter avec le continent africain. Nous avons lancé l'année dernière une initiative qui est le Salon des industries africaines de France. La première édition a eu lieu à Gavaud. Nous avons réussi à réunir presque 250 personnes avec des entreprises, avec des banques, avec des industriels. C'est un événement qui a suscité beaucoup d'engouement et qui a été salué par pas mal de gens présents, même sur le continent, qui ont marqué leur sentiment de satisfaction et de satisfaction. parce que premièrement, c'est une initiative qui est portée par des femmes africaines, puisqu'il y a moi, il y a aussi une amie, Léa Ausha, qui m'accompagne sur ce projet. Et c'est une initiative aussi qui a pour vocation d'attirer aussi d'autres réseaux, comme le réseau des forces françaises de l'industrie, pour justement avoir de l'impact et créer cet effet de croissance partagée avec le continent africain. C'est aussi une plateforme qui nous a permis aussi de faire des conférences sur le continent africain, comme les tables rondes du capital humain africain, puisque l'année dernière en Guinée, on a eu la chance de participer au 72 heures du livre, avec des amis de la diaspora, pour certaines qui n'avaient jamais mis le PPP en Guinée. Donc ils sont venus avec moi, où nous avons effectivement animé une table ronde sur le capital humain africain, et des masterclass autour des femmes dans les boards, autour de comment je travaille mon pitch, etc. Donc en profitant et en prenant l'opportunité de cet événement majeur en Guinée, qui est le 72 heures du livre, c'est aussi au travers de cette plateforme, au travers de cette dynamique, on va dire, de clubs, d'entraide et aussi de rencontres d'affaires que nous avons pu aussi, que j'ai été sollicité par cette année, c'était le 7 février dernier, par l'ex-ambassadeur du Gabon en France qui s'appelle Liliane Maramala Massala, qui dans le cadre du lancement de son fonds d'investissement agricole et de son cabinet d'accompagnement des investissements en Afrique, notamment... en Afrique en général et plus particulièrement en Afrique centrale, Gabon, RDC, etc., m'a sollicité pour être chargée de mission pour organiser cette conférence. Nous travaillons, donc ça a été un vrai succès aussi, l'un grâce à ce travail collectif, puisque cette conférence a réuni presque 250 personnes, plus de 250 personnes en présentiel et 500 personnes en distanciel qui suivaient en direct via les plateformes de réseaux sociaux la conférence. avec un parterre de personnalités importantes, publiques et en même temps des acteurs économiques. Donc tout ça pour vous dire que cette plateforme, si je devais la résumer, c'est non seulement un lieu d'entraide pour soutenir des entrepreneurs des diasporas africaines de France, puisque ces diasporas sont assez diverses, pour les mettre en lumière, pour leur donner une visibilité au travers de nos plateformes de communication, pour en même temps identifier celles et ceux qui ont des... on va dire des projets entrepreneuriaux ou des entreprises déjà qui ont besoin d'être accélérées et qui peuvent bénéficier des réseaux de financement que nous avons aujourd'hui, parce que nous sommes connectés à des réseaux. pour aussi permettre à cette diaspora de se relocaliser ou de se connecter, reconnecter, si vous voulez, avec le continent africain. Parce que beaucoup, parfois, ne connaissent pas le continent, soit leur pays d'origine, soit ils ont été une fois, deux fois, mais ils ne le connaissent pas toujours. C'est aussi de dire, au travers de ces conférences, au travers de ces échanges... au travers de ces déplacements que nous faisons sur le continent, nous créons du lien, nous arrivons à nous développer ensemble, à grandir ensemble, à nous entraider. Et donc, voilà, on voit ce que, si je pouvais résumer, en tout cas l'objectif et les ambitions de cette plateforme aujourd'hui. Très bien, on sent qu'il y a vraiment une interconnection entre, en fait, parce qu'on pourrait se dire, mais tu interviens sur différents... sujets très différents, tu as beaucoup d'initiatives et d'entreprises différentes, mais on sent bien qu'en fait tout est connecté, et que finalement il y a un lien entre la Maison Muller, le Club des D'Aspora, et puis ton travail chez Grand Alexander. Donc ça c'est assez intéressant de voir ça, parce que parfois moi je peux être confrontée à des étudiants aux différents profils qui n'osent pas tenter plusieurs choses en se disant « ça ne va pas être audible, ça ne va pas être compréhensible » . Donc, il faut que je choisisse une voie. Et puis, c'est celle-là par laquelle je vais m'exprimer. Donc, c'est intéressant, à travers ce que tu nous racontes là, de voir finalement qu'une ligne directrice, elle peut avoir plusieurs piliers qui vont venir la soutenir. Complètement. Et c'est très bien dit. Tu le dis encore mieux que moi. C'est exactement ça, parce que ça surprend beaucoup de gens, parfois des amis, qui me disent « Mais oui, mais tu fais trop de choses, comment tu trouves le temps ? » temps avec tes enfants, mais je dis, mais en fait, d'abord, il y a une histoire de passion, en fait. Quand on n'est pas passionné par des choses, ça ne marche pas. Il y a aussi l'authenticité, le fait d'être vrai dans tout ce que vous faites et d'avoir vraiment à cœur de faire bouger les lignes et de faire avancer les choses, ça c'est important. Et en fait, oui, il y a cette ligne directrice. Il y a l'Afrique, bien sûr, parce que je suis passionnée par l'Afrique. Il y a l'Europe, la France et on la retrouve. Et finalement, c'est vraiment... Tout est interconnecté, tout est lié. Donc, je n'ai pas l'impression de m'éparpiller, comme certains semblent le dire ou le croire. En fait, tout est lié. Et donc, tu le résumes très bien. Et c'est exactement ça. Très intéressant. Maintenant, je voudrais que tu nous parles du Salon des industries. Il a été organisé, il me semble, l'année dernière. Ça fait partie d'encore une nouvelle initiative de Kadia Moissias. Du coup, les gens vont se dire mais en fait, toutes les 10 minutes, c'est un nouveau sujet de fond. En tout cas, moi, je te suivais sur LinkedIn et c'est par cet événement-là que j'ai pu découvrir l'une de tes initiatives et qui m'a menée après à te suivre davantage et puis à te proposer une interview. Donc, j'aimerais que tu nous parles de ce sujet-là et ensuite, on en revient aux industries culturelles et créatives. Alors, parle-nous de ce sac. Oui, les différents événements. Oui, merci. Merci beaucoup, Rafa. En fait, c'est aussi une question d'histoire, de vie, d'histoire de famille, etc. Après, mon mari va me dire, mais tu parles toujours de moi. En fait, voilà, j'ai un mari qui est entrepreneur, comme on l'a dit aux élus, et qui est l'un des fondateurs des forces françaises de l'industrie depuis bientôt six ans. Les forces françaises de l'industrie, c'est un regroupement d'entrepreneurs français passionnés, qui se battent pour la réindustrialisation de la France. Ils sont partis du constat que la France s'est désindustrialisée, qui a un peu lâché ses industries. Alors qu'on dirait l'un de ses associés, Gilles Attaf, que j'aime beaucoup, l'industrie c'est la vie, l'industrie c'est ce qui permet de travailler les ressources naturelles, de les transformer, de nous nourrir, si on parle de l'agriculture. de transformer, de créer des produits, on parle de l'industrie par exemple l'hiver etc. Donc l'industrie c'est la vie et donc je me suis retrouvée effectivement au cœur du réacteur au moment de toutes ces réflexions là autour des industries au sein de ma famille depuis bientôt 6-7 ans où j'entendais des sujets divers et variés sur comment se battre, comment trouver les moyens. … pour qu'on puisse mettre au goût du jour, ou mettre à l'honneur le produit, la production locale. Le travail de la main, le travail du savoir-faire, le travail du faire, F-A-I-R-E, et comment mettre en valeur toute cette créativité, j'ai envie de dire, qui fait... le succès de la France, quand on parle de l'industrie créative, et qui fait aussi l'image de la France quand on parle de la gastronomie, etc. Parce que tout ça, on est dans une industrie, c'est quelque chose d'assez pluriel. Et je voyais vraiment le début de ces initiatives, et je voyais toutes ces personnes qui venaient chez nous, discuter, échanger, et toute cette réflexion et ce dynamisme. et ce mouvement, et étant une personne d'engagement, vous l'aurez compris, d'engagement, j'ai toujours à cœur finalement d'avoir une réflexion profonde de qu'est-ce qu'il en est, qu'en est-il sur le continent africain, et comment ça se passe aussi chez nous, et en lisant, en allant sur place, je voyais bien qu'effectivement il y avait, comment dirais-je, un... parallèle à faire à ce niveau-là. Et d'ailleurs, dans les discussions, souvent, c'est ce que je laissais entendre. Je voyais, d'un côté, toutes ces personnes de très bonne volonté, assez patriotes, qui se battent sur la réindustrialisation de la France. Je me disais, mais en fait, quand ce combat, il peut être mis en lien avec cette quête, finalement, que nous avons aujourd'hui sur le continent africain, cette quête d'industrialisation. Et c'est assez lié avec tout ce qu'on dit depuis aujourd'hui, ce mouvement de talent qui revient en Afrique, ce mouvement d'experts, de compétences qui veulent transformer l'Afrique, qui veulent aussi utiliser les ressources de l'Afrique pour en faire de la transformation locale. Je crois que je n'ai jamais vu autant de forums, de rencontres autour du Made in... Africa, soit du Made in Benin, Made in Guinée, Made in Mali, il y a eu une espèce de développement accéléré depuis une dizaine d'années, de cette volonté, de cette envie de beaucoup de pays, beaucoup de communautés, ça se faisait déjà, je ne dis pas que ça devient comme ça, comme un cheveu sur la soupe, mais on voit bien que c'est aussi ça l'avenir, c'est aussi utiliser le contenu local, c'est aussi utiliser ce que nous produisons au niveau local pour créer de l'emploi, pour créer de la main d'œuvre, pour faire de la transformation et créer des véritables chaînes de valeur. C'est aussi des volontés, des envies des acteurs en présence de faire moins d'importations puisque nous avons quand même, quand on regarde, la plupart de nos pays, nous avons des sols. certains ne sont pas exploités puisqu'on estime aujourd'hui que l'Afrique, presque 60% des terres arables sont sur le continent africain, si je ne m'abuse. Et donc il y a quand même une véritable quête aujourd'hui. Donc quand on met en parallèle ces initiatives que je voyais en France, notamment au sein des forces françaises de l'industrie, on pouvait verser cette quête. quête d'individualisation de l'Afrique, je me suis dit, mais il faut qu'on fasse quelque chose, il faut qu'on essaie de réunir les personnes intéressées sur ce sujet-là, créer comme une plateforme d'échange qui peut être aussi une plateforme de rencontres, d'échanges, de bons procédés, pourquoi pas, de transferts de compétences, de création de liens, de valorisation aussi de nos histoires communes, puisque... C'est aussi là une démonstration de ce que je fais au quotidien, avec cette volonté de toujours créer ce lien, ce pont, cette relation entre ces deux côtés de mon identité que je valorise, la fois l'Afrique, la Guinée, et l'Europe, la France, le pays où je vis aujourd'hui, où je suis installée, entre parenthèses, je suis dans un couple mixte, avec quatre enfants métis. Ça fait partie aussi de son identité. Donc cette réflexion, elle est née, elle a été renforcée, j'ai envie de dire, à partir de ces échanges que j'avais, à partir de ces parcours de vie que je rencontrais dans différentes régions de France, en me déplaçant, en allant dans des régions. Ma belle-famille vient de la région d'Auvergne, c'est une région que je fréquente depuis presque une trentaine d'années maintenant. Et je voyais aussi cette dynamique. et l'idée c'est de dire mais comment peut-on créer de la croissance partagée comment peut-on créer des ponts entre ces deux entre ces différents acteurs qui ne se connaissent pas pas toujours, et puis voilà, et comment finalement créer ce temps de rencontre, de débat pour faire avancer les choses. Le 7 février dernier, on était sur la thématique de l'industrie, de la thématique de l'agriculture, il y a eu beaucoup de sujets, beaucoup d'éléments de recommandations, de choses concrètes qui se passent aujourd'hui sur le continent africain, des entreprises qui transforment des ressources agricoles, des entreprises qui créent des usines, etc. Donc c'était important de pouvoir témoigner de cela, créer des connexions, aussi valoriser ces initiatives et ces acteurs économiques qui font des choses en Afrique auprès de cette diaspora qui participait à cette conférence. Donc oui, c'est une initiative nouvelle, certes, mais... Mais finalement, elle s'inscrit aussi dans un alignement, dans une dynamique. Donc pour moi, elle vient presque naturellement. La deuxième édition, on est en train d'ailleurs de la préparer, puisque l'un de nos partenaires et de nos sponsors de l'édition l'année dernière, et d'origine sénégalaise, nous a poussé plus ou moins à organiser la deuxième édition au Sénégal. Et on est en train de travailler dessus. qu'on a programmé ça sur le mois de... On l'avait programmé au départ sur avril, mais on n'est pas du tout prêts. Et donc là, on est sur le 17 mai, Inch'Allah, si tout va bien, pour faire cette deuxième édition au Sénégal et pour pouvoir aussi voir tout ce que le Sénégal a montré aussi dans cette transformation industrielle. Je voyais récemment dans la presse un jeune Français qui est parti au Sénégal cher... il a été financé, etc., qui a créé une usine de transformation de l'oignon. Enfin, je crois que c'est... Le produit fini, c'est en fait des oignons séchés. Et c'est un français. C'est aussi de dire aussi aux industries françaises, enfin aux PME qui sont dans l'industrie, etc., ou des entreprises françaises, de dire il y a des pays sur lesquels vous pouvez créer des liens, il y a des pays dans lesquels vous pouvez investir, parce que... beaucoup se plaignent aujourd'hui de l'économie française, qu'on a des dettes, etc., que ça va pas. C'est aussi de se dire, vous voyez, vous avez un continent qui est en croissance, il y a des pays qui ont des croissances presque à deux chiffres, c'est aussi des territoires sur lesquels il peut y avoir des relais de croissance, c'est aussi des territoires avec lesquels vous pouvez créer des partenariats stratégiques. Et moi, je crois beaucoup en l'économie, je crois beaucoup en l'entreprise. Je pense que l'entreprise, c'est un acteur économique fondamental qui... qui arrive, même si on lui met aussi beaucoup la pression, qui arrive à résoudre aussi pas mal de maux de nos sociétés actuelles. Et l'un des principaux talents, entre guillemets, d'entreprise, c'est d'arriver à créer de l'emploi, à transformer les sociétés et à faire en sorte qu'on se reconnecte au travers de la création économique. Très bien, beaucoup d'initiatives en perspective. Merci, et écoute, au mois de mai, on... On attend avec impatience cette seconde édition au Sénégal, où il y a eu l'annonce récente de l'ouverture d'un musée, il y a également le raffinement du pétrole qui a commencé au Sénégal. On sent qu'on est au début d'une nouvelle ère au Sénégal, donc je pense que c'est vraiment intéressant qu'il y ait ce genre d'initiative, à la fois en Occident, mais aussi directement sur le continent africain, puisque quand on parle d'industrie africaine, c'est... Ça paraît légitime et logique d'être sur le continent pour en parler le mieux. Bien sûr, bien sûr. Et ce sera le Sénégal, si tout va bien. Et on a pris la Guinée comme pays invité de neuf. La Guinée n'est pas loin. Et la Guinée aussi, on voit qu'il y a une vraie volonté de transformer, de créer des plateformes d'échange, en tout cas autour de l'industrie. Et je crois que l'année dernière, ou il y a deux ans, il y avait eu le salon de l'industrie. ou du produire local. Et donc, ça, c'est aussi des bonnes initiatives à encourager. Et donc, j'en profite, je suis guinéenne. Donc, j'ai vu avec les équipes que la Guinée sera un pays invité d'honneur. Voilà. Très bien. Non, mais il faut être un peu souverain. Il faut avoir un bon espace. Là, moi, je voulais en tenir aux industries culturelles et créatives. La notion de soft power. Je me rends compte, aujourd'hui, À travers la musique, à travers le cinéma, à travers... travers la musique cinéma, vers l'art contemporain, qui a vraiment un essor d'artistes africains sur le devant de la scène, que c'est reconnu et que, quelque part, c'est aussi un moyen d'étendre, en fait, une forme de, je ne vais pas dire de notoriété africaine, mais une meilleure connaissance de ce qui vient du continent et un peu libérée d'une espèce de, comment dire, là, on vient nous chercher pour nos compétences et notre originalité. On n'est pas sous la coupe, en fait, d'un regard occidental qui nous dicterait les bonnes façons de faire. Absolument. Quel est ton avis par rapport à ça ? Déjà, ce que tu dis, Rama, c'est totalement juste. Et on voit bien qu'effectivement, sur les industries culturelles et créatives, l'Afrique a envie de prendre sa place. Et on voit bien qu'effectivement, il y a aujourd'hui sur le continent... tous ces talents artistiques qui sont aujourd'hui en train de s'exprimer au travers de cette jeunesse. Et je pense que l'avènement des nouvelles technologies, les réseaux sociaux sont en train de l'accélérer et ont mis en valeur, on va dire, cette créativité africaine et cette puissance culturelle africaine. Et chacun est en train de se l'approprier à sa manière, quel que soit le pays où on se trouve. Et ça, je pense que c'est aussi la chance de beaucoup de... En tout cas, c'est un secteur qui va permettre à l'Afrique dans les années à venir de compter sur la scène internationale. Et ça a commencé. Quand on voit aujourd'hui une grande star comme Beyoncé pour son dernier opus, où elle... Je crois que le titre c'était... Je ne me rappelle plus de son titre. Elle a fait appel à des artistes comme Imane Aïssi en tant qu'habilleur de tous ces danseurs et danseuses dans cet opus. Le nom m'échappe, je ne sais plus. C'était Beyoncé qui avait... Où elle fait appel à la culture africaine pour... Dans tout le processus de cette manifestation artistique, ça veut dire beaucoup. Quand on voit récemment le Bénin mettre au goût du jour la religion du vaudou, avec les vaudoudés, ce qui a fait venir des milliers de personnes de partout, et qui utilisent cette puissance, cette richesse culturelle, spirituelle, pour valoriser le Bénin, on est vraiment dans du soft power, et dans ce soft power orchestré vraiment intelligemment. Quand on voit aujourd'hui des chefs cuisiniers qui sont primés et qui gagnent des étoiles en France et qui maintenant arrivent, par ce travail gastronomique culinaire, à régaler des grands chefs d'État comme Sacco, qui a fait un grand dîner, je ne sais plus pour quelle réception, à l'Ilysée, qui a fait le dîner d'accueil des personnalités politiques, les exemples ne manquent pas. pas. Et moi, j'ai une amie qui s'appelle Absa Tou Douro, qui est d'origine sénégalaise, qui a lancé l'école des... ça s'appelle l'école du luxe au Sénégal. Et l'école des métiers d'art, c'est une initiative qu'elle a lancée il y a 3-4 ans. Justement, en partant de l'idée qu'effectivement, il faut valoriser ces talents africains, parce que nous, on les voit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, etc. et qui a pris justement cette initiative de porter aux yeux du monde cette créativité africaine qui n'a rien à envier à certaines maisons de luxe, par le raffinement, par la beauté et par toute la complexité de la création. Et c'est quelque chose qui a démarré petitement aujourd'hui, c'est vraiment, il y a une vraie école avec cette possibilité aussi d'entraîner cette jeunesse, ce gisement de talent, puisque c'est une jeunesse nombreuse, vers ces secteurs de savoir-faire, de création, pour en faire demain des métiers. Parce que quand on prend... On parle de l'industrie créative, de l'industrie culturelle, c'est tellement de métiers qu'on peut intégrer dedans. Vous avez parlé de la musique, on peut parler de la confection, du textile, on peut parler de cuisine, de l'aspect culinaire, on peut même y mettre tous les éléments du sport, de la danse, etc. Donc oui, l'Afrique est en train de vraiment prendre sa part dans cette industrie parce qu'on a aussi, surtout, un patrimoine culturel qui est extrêmement riche. Moi, je suis née en Guinée, j'ai des souvenirs de contes, d'histoires que ma grand-mère, paix à son âme, nous racontait avant qu'on aille se coucher. Parce que ma grand-mère paternelle vivait avec nous, donc elle était à domicile, et on ne se couchait pas avant. d'avoir l'histoire, on appelle ça les kinis, ou sous-sous, avant d'avoir l'histoire, ce conte qui éveillait nos sens, notre imaginaire, etc. D'avoir tous ces errants qui ont façonné l'histoire avec un grand H de l'Afrique, pas que l'homme africain n'ait pas assez rentré dans l'histoire, ça me permet de faire une petite parenthèse, d'aller au-delà des... les siècles et les siècles de l'histoire africaine, qui est une histoire fabuleuse. Donc, je dirais qu'aujourd'hui, oui, on peut parler d'industrie. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris. Je vous parlais du Bénin tout à l'heure. Le Sénégal, au mois de juin, il va y avoir le Festival des Arts à Saint-Louis. Voilà, moi, c'est des choses qui m'intéressent. Et d'ailleurs, on les a mis en valeur lors de notre... Le dernier salon des industries africaines, le 24 juin 2024 à Gavau, il y avait tout un panel, en tout cas de grands témoins, avec des personnes comme Mohamed Zoglami, qui au travers des jeux vidéo arrivent à faire des plateformes de jeux avec des héros africains, des Sujata Keita, les Renzinga, etc. Ou encore, je ne sais plus, le nom m'échappe, Je ne sais plus. Mais bon, un exemple pour vous dire qu'effectivement, c'est des secteurs d'activité aujourd'hui qu'il ne faut pas négliger. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris, que mettre la culture au cœur des réflexions de développement, de transformation de l'Afrique, c'est quelque chose de vraiment fondamental. Complètement alignée avec cette réflexion, toi, à travers ta position, comme tu le disais, tu as... dans une situation où tu te situes un peu sur ce pont entre la France et l'Afrique. Est-ce que tu vois des changements d'un point de vue... Toi, tu vas être dans des initiatives qui sont le Club de la Diaspora, la Maison Muller, qui sont des entreprises privées et personnelles. Est-ce que toi, tu vois des engagements des gouvernements à soutenir ce type d'entreprise et d'initiatives ? Est-ce que tu sens que... Parce qu'on parle beaucoup d'initiatives privées, de repas, mais peut-être en fait de... individuellement qui mènent des actions, mais derrière, c'est vrai que on a besoin aussi d'initiatives de gouvernement qui vont soutenir, en fait, le privé. Est-ce que tu sens qu'il y a des changements par rapport à ça ? Quel est ton avis en tout cas sur les interventions et les initiatives des gouvernements africains ?

  • Kadia Sylla Moisson

    Bon, alors, je n'ai pas la prétention aujourd'hui de connaître toutes les initiatives aujourd'hui, mais je peux déjà... témoigner de choses que je vois, que j'ai vues sur le terrain, que je constate parce que je vis, parce que je me renseigne et que je suis curieuse. Par exemple, je vous ai parlé du Vaudou d'Esa au Bénin. Le Bénin, c'est un pays que je connais bien, je suis allée trois fois. C'est un pays que j'aime beaucoup. Ils font beaucoup de choses là-dessus pour accompagner notamment des artistes, des street arts. Si vous voyez aujourd'hui, il y a tout un boulevard aujourd'hui à Cotonou. avec des fresques absolument incroyables d'artistes street art. Je crois que ça fait genre 5 ou 10 kilomètres, je ne vais pas me tromper, mais j'ai vu constater que c'est une volonté publique, gouvernementale, de vraiment soutenir la créativité artistique. Donc ça, c'est très clair et je l'ai vu au Bénin. Je l'ai vu aussi au Sénégal, puisque c'est un pays où je vais assez régulièrement, notamment de toutes les... dans le cadre du Festival de l'Art et aussi ce qu'est en train de faire l'Abstat Ludoro avec les métiers de la main, les métiers du luxe, etc. C'est quelque chose de formidable. Je l'ai vu aussi en Guinée. notamment dans le cadre des 72 heures du livre, où là il y a pas mal de choses qui se font en termes d'accompagnement des auteurs, en termes aussi de création d'initiatives pour valoriser des talents régionaux. Je ne sais pas si vous avez été une fois aux 72 heures du livre, moi c'était une première l'année dernière, mais au-delà de... De l'aspect culturel, il y a aussi cette volonté de mettre en valeur des auteurs, des auteurs sur différents sujets, des Guinéens, qui peuvent écrire sur la culture, sur l'histoire de la Guinée, qui écrivent sur des sujets de société, comme par exemple les violences faites aux femmes, comme par exemple l'excision, qui sont des fléaux qui touchent nos communautés au niveau national. pas que la Guinée d'ailleurs, mais qui sont des sujets absolument fondamentaux à mettre, à écrire et aussi éduquer les jeunes générations. Il y a à chaque fois la mise en valeur d'un territoire, d'une ville. L'année dernière, c'était la ville de Dingirei qui était à l'honneur, avec toute sa dimension culturelle, artistique, etc. Et cette année, si je ne me trompe pas, je crois que c'est Gekedou qui est à l'honneur cette année. Donc... Je vous donne ces trois exemples parce que je pense qu'ils sont parlants de ces initiatives publiques, en tout cas de cette volonté publique des États, des gouvernements, de vraiment mettre au cœur aussi des dispositifs gouvernementaux, cette volonté de valoriser la culture. Il se trouve que j'ai été témoin de ça, donc je peux le dire. Je ne sais pas pour les autres pays, mais je suis plutôt... connectée avec pas mal de gens de la diaspora. Je peux raconter en tout cas ce que j'entends. Je suis très amie avec pas mal de femmes du Nigeria. Et le Nigeria, c'est un pays où j'ai recruté d'ailleurs avec Grant Alexander. Donc, pourtant, je ne l'ai pas encore été à Lagos ou à Bougéra, mais c'est un pays pour avoir fréquenté des personnes ici. Je vois, par exemple, tout ce soutien de la France. de la fashion, ils appellent ça, je crois, c'est la fashion week, ou la fashion, enfin, c'est l'industrie de la couture, du luxe, etc., qui est soutenue quand même par les pouvoirs publics pour faire aujourd'hui de Abuja quand même une place incontournable de la mode africaine. Enfin, c'est hallucinant ce qui se passe aujourd'hui. Donc, je pense que chacun à sa manière, pour certains, ça va être le culinaire, les livres. le travail de la main, etc. Mais je sens qu'il y a vraiment un bouillonnement culturel en Afrique. Et que ce mouvement, ce dynamisme, il est en train de s'accélérer de plus en plus. Il y a certes les initiatives, les artistes, etc. La société civique dans sa dimension, dans sa grande diversité, qui fait des choses. Mais il y a aussi cette volonté des pays. de créer, comme vous dites, ce soft power, de faire de leur pays des leviers de destination en mettant en valeur la créativité, leur patrimoine culturel et leur patrimoine touristique. Très bientôt, la Guinée va organiser, je crois que c'est le 20 avril, à Paris, un forum autour de la culture et du tourisme en valorisant... ce patrimoine culturel, en valorisant aussi ce patrimoine touristique, créatif, pour faire aussi de la Guinée une destination intéressante pour des investisseurs, pour des acteurs de la diaspora, pour des gens qui viennent d'ailleurs. Mais c'est tellement bouillonnant qu'aujourd'hui, j'ai des amis qui viennent des Outre-mer. qui sont des afrodescendants, qui parfois me disent « Ah ben tu sais, je visite Abidjan, qui n'ont jamais mis les pieds en Afrique, qui sont attirés aussi par tout ce dynamisme et qui veulent aussi se reconnecter aujourd'hui avec ce continent qui ouvre ses bras en fait à toute cette diaspora. » Donc ça c'est intéressant et je pense qu'il faut l'encourager, il faut le saluer. Et donc, c'est ce témoignage que je peux apporter à partir de mes expériences, à partir de mon vécu.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, merci beaucoup. On arrive à la fin de notre échange. On a pu prendre le temps de balayer tes différentes entreprises et initiatives et tu nous as aussi partagé ton expertise, ton regard. Et c'est ça le but à chaque fois. Je comprends tout à fait qu'on n'est pas forcément savants et sachants sur tous les sujets, mais en tout cas, de par ta position et de par les différentes initiatives que tu entreprends, tu vas avoir un regard et une perspective qui peut être intéressante pour notre audience, un regard qui va leur éclairer. Donc moi, j'ai été ravie d'avoir eu l'opportunité d'échanger avec toi assez longuement pour mieux connaître tes différents périmètres d'intervention et puis inviter mon audience à rejoindre le club et participer à tes différents événements.

  • Kadia Sylla Moisson

    Donc,

  • Ramata

    écoute, merci beaucoup.

  • Kadia Sylla Moisson

    Merci à toi, Romain. Vraiment, c'est passé vite, je t'avoue. Merci aussi, bravo à toi pour cette initiative, parce que c'est aussi par ces biais-là qu'on arrive à mieux se connaître. Donc ça, c'est bien. Et je ne savais pas, quand j'ai découvert ton profil, que tu étais guinéenne. Je me disais, oui, c'est plutôt Afrique de l'Ouest, parce que Diallo, ma mère est une Diallo, donc je me suis dit, tiens, ça doit être... soit du Mali ou du Sénégal. Donc, merci aussi. Je t'encourage aussi à continuer à développer. Et si tu as besoin de profils aussi, je pourrais te recommander au sein de mon réseau. Ce sera avec un grand plaisir.

  • Ramata

    Écoute, avec plaisir. Écoute, je te dis à très bientôt en Afrique ou ailleurs.

  • Kadia Sylla Moisson

    Oui, merci, Rama. À bientôt.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer. quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Croissance et développement en Afrique

    01:24

  • Présentation de Kadia Silla-Moisson

    02:41

  • Parcours de Kadia et création de la Maison Muller

    04:24

  • L'impact de la Maison Muller sur la diaspora

    06:58

  • Évolution dans la recherche de talents en Afrique

    12:52

  • Retour de la diaspora et participation au développement

    18:19

  • Initiatives gouvernementales et soutien à la culture

    26:03

  • Soft power et créativité africaine

    01:03:37

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Description

Comment une experte en ressources humaines met ses compétences au service de la valorisation des talents d'Afrique et de la diaspora ?


Kadia Sylla Moisson est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de tête. Elle est une également entrepreneure engagée dont l'ambition est, entre autre, de valoriser les talents d'Afrique et de la diaspora.


De son enfance en Guinée à ses initiatives entrepreneuriales en France, elle met en lumière l'importance de créer des réseaux d'entraide et de promouvoir l'industrialisation du continent. Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux du développement de l'Afrique et sur le rôle crucial de la diaspora.


Dans cette interview, Kadia Sylla Moisson aborde également son engagement pour les industries culturelles et créatives, et sa vision d'une Afrique qui rayonne à l'international.

Une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent contribuer à l'essor du continent aux 54 pays.


L'épisode audio est disponible sur Apple Podcast, Spotify, Deezer, YouTube et toutes les plateformes d'écoute.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


Et, pensez à vous abonner et à laisser un commentaire sur Apple Podcast et Spotify, l’impact de ce petit geste pour la visibilité du podcast est immense


A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ramata

    On voit que l'Afrique se développe, il y a énormément de croissance dans les pays, il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres, il y a des politiques publiques qui ont décidé dans certains pays de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies. qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique, avec des niveaux de vie plus ou moins confortables. parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de la diaspora de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Kadia Silla-Moisson. Kadia est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de têtes qui accompagne la performance des dirigeants. Elle est également entrepreneur engagée et a fondé la Maison Muller et le Club des Diasporas Africaines de France. Elle a également cofondé le Salon des Industries Africaines. Les industries culturelles et créatives ont une place particulière dans ces différentes initiatives. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses différentes actions de promotion. du continent aux 54 pays. Bienvenue Kadia, comment vas-tu ? Merci beaucoup Ramar, écoute, je vais très bien, on se dimanche ensoleillé à Paris, et toi, comment vas-tu ? Eh bien écoute, ça va très bien, je suis ravie de pouvoir échanger avec une compatriote guinéenne dans le cadre du podcast Africa Fashion Tour et je vais commencer cette interview comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter. Merci beaucoup Ramar, et puis ravie aussi d'être aux côtés d'une compatriote dans le cadre de ce podcast. Alors donc, tu l'as dit, effectivement, je suis guinéenne. Aujourd'hui, j'ai bientôt 53 ans. Je suis maman de quatre enfants. Je suis née en Guinée et j'ai grandi jusqu'à l'âge de 9 ans. Et je suis partie à l'étranger comme beaucoup de gens dont les parents partaient travailler ailleurs. Je ne suis arrivée qu'en France qu'à l'âge de 17 ans pour faire mon lycée. Et je dirais que j'ai plutôt un parcours assez classique. comme la plupart des gens de la diaspora africaine de France. J'ai fait des études de droit, j'ai un bac plus 5 de droit et DEA, droit international. Et je me suis orientée vers des métiers RH, où j'ai travaillé pendant plus de 17 ans. Et aujourd'hui, je dirais que, comme beaucoup de femmes, à partir de la quarantaine, on a l'effet, on a envie de faire autre chose. Je ne sais pas si c'est le cas pour des gens que vous avez eus à... Avoir en interview Rama, mais voilà, moi en 2015 à peu près, j'ai eu envie de me lancer dans l'entrepreneuriat et en créant la Maison Muller, enfin en reprenant une entreprise, la Maison Muller, et en mettant en place d'autres initiatives jusqu'en 2018, où j'ai rejoint le groupe de chasse de tête Grand Alexander pour accompagner le développement du groupe sur le continent africain, puisque j'occupe le poste de directrice afrique. Et depuis bientôt sept ans, j'exerce cette fonction-là, tout en gardant aussi cette passion et cette appétence sur des sujets liés au développement du continent africain, et plus spécifiquement de la Guinée, de mon pays, en créant des liens, autant que faire se peut, entre le pays d'accueil, qui est la France, puisque je me définis comme guinéenne et française, pour créer des ponts, des initiatives, des synergies communes et pour développer le business, ce que c'est aussi ce que je m'assigne comme responsabilité. Voilà, c'est un peu condensé, mais ça me permet un peu de voir aujourd'hui qui je suis en partie. Très bien, mais le but, c'est qu'on a une heure devant nous pour pouvoir te donner l'opportunité de nous donner plus d'informations sur ton parcours. Donc, ce que tu expliques, c'est qu'il y a eu un tournant dans ta carrière à partir de 40 ans tu as décidé de fonder la Maison Muller. Est-ce que tu peux nous parler de cette entreprise ? Enfin, de reprendre la Maison Muller. Oui, effectivement. En fait, comme je le disais au départ, c'est vrai que j'ai travaillé dans des entreprises comme RH pendant longtemps. Et je voyais aussi, il y a eu en fait un élément d'écrancheur. C'était, à l'époque, j'étais responsable des relations sociales dans une association en tant que salarié. une association qui se trouvait à Bobigny et j'accompagnais les salariés de cette entreprise, de cette association qui était un ESAT. Un ESAT, c'est ceux qui s'occupent de l'insertion professionnelle des travailleurs souvent détachés de l'emploi. Là, c'était des travailleurs handicapés psychiques. Et travailler dans le milieu associatif, donc salariés pour moi, c'était une première. Ça fait appel à... ça touche vos émotions et souvent vous avez des... Vous êtes face à des personnes qui ont parfois des comportements débordants et il faut faire face. Et je pense que ça a été un élément déclencheur où c'est arrivé un moment de ma vie où je souhaitais vraiment me reconnecter, j'ai envie de dire, avec le continent africain et avec la Guinée. Puis je voyais aussi mes parents qui prenaient de l'âge et puis je me disais mais il faut absolument que je fasse quelque chose. J'avais l'impression de ne pas être totalement finie, qu'il me manquait quelque chose, que j'étais loin. un peu de mes racines. Et je pense que le fait d'avoir été dans cette association où nos émotions sont mises à l'épreuve, eh bien, je pense que ça a un peu réveillé tout ça. Donc là-dessus, j'ai eu une opportunité. Sauf que j'ai un mari qui est entrepreneur. Et à ce moment-là, il y avait une entreprise qui était gérée par un membre de sa famille, par mon beau-frère. Et il m'a dit, écoute, tu sais, on va peut-être changer de concept. Il y a cette entreprise à Montmartre qui était à l'époque un haut lieu de la créativité. Et on... française qui est un lieu de résidence et d'artiste, mais qui est un peu en désuétude. Et puis, elle m'a proposé de reprendre cette entreprise et je l'ai reprise avec des amis pour en faire un espace de coworking et d'événementiel. Et très tôt, j'ai souhaité y mettre ma touche africaine. Donc, j'ai ouvert cette maison. C'est une maison à Montmartre qui fait à peu près 350 mètres carrés, donc un hôtel particulier. et qui entre, souvent je dis que ce qui est sur la rue Muller, souvent je dis que je suis le pont entre la France et l'Afrique, parce que quand vous descendez un peu plus bas, vous arrivez sur la rue de Clignancourt, le boulevard Barbès, vous êtes à Bamako, souvent j'aime à le dire, c'est pas du tout par condescendance, mais c'est que vous arrivez vraiment au cœur de l'Afrique, vous qui êtes en France, vous savez ce que c'est, et quand vous montez un petit peu, vous arrivez sur les marches du Sacré-Cœur, donc c'est drôle parce que cette rue Muller, elle est vraiment au milieu de tout ça, donc souvent j'aime à le dire que je suis le pont, entre ces deux pays, la Guinée et la France, que j'aime tant. Et donc très vite, j'ai voulu mettre cette touche africaine, comme je le disais, j'ai ouvert aux jeunes femmes, notamment africaines ou afrodescendantes, et aux jeunes entrepreneurs d'une manière générale, parce que nous appliquons des prix assez abordables pour des locations de bureaux, et nous faisions, en force de l'expérience de ce lieu parisien, on a pu effectivement plus attirer. d'autres catégories d'entrepreneurs, notamment les gens de la diaspora. Et très vite, ça a été un lieu assez connu et reconnu par des entrepreneurs issus de cette diaspora, souvent des femmes d'ailleurs, qui venaient exposer leurs produits, qui venaient exposer leurs œuvres d'art. Il y avait souvent des expositions artistiques ou qui venaient tout simplement faire des formations, des ateliers pianètes. On a eu vraiment des événements... divers et variés. Donc aujourd'hui, cette maison existe encore. Alors on a été un peu impacté par le Covid, puisque vous savez que ça a touché beaucoup de gens, la restauration, tout le milieu événementiel. Et l'année dernière, on l'a transformée en hébergement, puisque sa destination est mixte à la fois professionnelle, on peut faire aussi l'hébergement professionnel. Donc on l'a transformée en Airbnb, ça marche plus. plutôt bien, grâce à Dieu. Et quand c'est pas loué pour les Airbnbs, c'est loué pour des événements. Récemment, d'ailleurs, j'étais à un événement, c'était dimanche dernier, organisé par... par une femme camerounaise de la diaspora africaine de France qui a organisé son atelier de formation. Et j'ai eu l'opportunité d'être invitée par elle. Et donc, on a pu recevoir ses invités. Nous étions à peu près une trentaine, une quarantaine de personnes. Et voilà, la Maison Mulaire, c'est ça. Donc, c'est un lieu d'événement et un lieu aussi pour éveiller des talents. Et c'est ce que je m'efforce de faire depuis sa création en 2016. Très bien, merci pour cette overview assez claire de ce qu'est la Maison Muller. Je réalise que ce n'est pas du tout loin de où j'habite, puisque moi aussi j'habite un peu au carrefour. Je suis au 18e et très proche du 17e, donc c'est vraiment entre les deux. Je ne comprends pas plus cette expression de pont entre la France et l'Afrique, parce que quand on traverse certaines rues à Paris, on a vraiment ce sentiment de voyager et de se retrouver dans certains quartiers africains, comme aussi dans certains villages typiquement. Donc, ça me parle et je vais très prochainement voir la végétation. Avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je voulais revenir également sur le poste que tu occupes chez Grand Alexander, puisque tu es la direction Afrique au niveau de la chasse de tête. Et on parle souvent parfois d'une déperdition peut-être de talent en Afrique où les personnes les plus éduquées, les plus brillantes, elles sortent du continent. Et on parle aussi en même temps aujourd'hui de plus en plus d'un phénomène de repas où il y a des personnes qualifiées qui retournent sur le continent. Donc je pense que c'est intéressant d'avoir ta vision d'experte des ressources humaines sur aujourd'hui quand une entreprise, d'où qu'elle soit, elle est basée en Afrique, quand elle cherche des profils compétents et qualifiés, on a pu souvent penser pendant longtemps qu'elle allait chercher plutôt des gens, des occidentaux. Je pense qu'il y a une évolution par rapport à ça et ce sera intéressant que tu puisses un petit peu nous dire, toi, quelle est ta perspective sur ces sujets-là. Oui, absolument. Ramatha, il y a une véritable évolution quand on travaille avec la recherche de talents, la recherche et la sélection de talents, surtout pour les talents africains. C'est vrai que pendant de nombreuses années, il y avait effectivement cette chute des cerveaux, c'est-à-dire que les personnes, les Africains... ils étudiaient dans des pays, pas forcément la France, mais dans d'autres pays, ils aspiraient plus à se former, à aller dans d'autres pays européens, occidentaux, etc., pour parfaire leur formation, pour trouver du travail et pour vraiment valoriser leur diplôme. Donc personne ne pensait en fait à « je vais retourner en Afrique » . Il y avait très peu de gens, même nous. On étudiait, une fois qu'on avait nos formations, nos diplômes, on n'avait pas tout de suite ce réflexe de se dire nous allons retourner travailler chez nous en Afrique parce qu'il y avait des problématiques, on va dire, ça dépend des pays, mais il y avait quand même des problématiques politiques, il y avait des problématiques de stabilité, etc. Donc ce n'était pas le premier réflexe que nous avions. Et puis, par ailleurs, je dirais il y a une trentaine d'années, les entreprises ne pensaient pas forcément à recruter des talents, notamment à des grands postes, des postes à responsabilité, puisque l'ADN des grands Alexandres, nous, nous recrutons des cadres dirigeants. Donc souvent, c'était un peu l'ère des expatriés, des expatriés européens qui étaient dans des grandes entreprises, qui occupaient des postes de direction au sein des filiales d'entreprises européennes ou d'autres nationalités. Et je dirais qu'il y a une quinzaine d'années à peu près, il y a eu un véritable changement de paradigme tout d'abord, c'est que les entreprises ont commencé à africaniser leurs bords, ont commencé à recruter, pas forcément de l'expatrié, mais plus des gens qui avaient des talents, qui avaient des diplômes de très bon niveau, qui avaient des compétences, qui avaient de l'expérience, au sein de leur entreprise. Et ce phénomène, je dirais, a été accéléré. Par le Covid, parce que pendant le Covid, les DRH des grands groupes se sont rendus compte, enfin en tout cas ont eu à gérer tout le phénomène, le management du risque, parce qu'on a vu arriver l'exfiltration, je ne sais pas comment dire ça, mais en tout cas le rapatriement de tous les cadres expatriés vers leur pays d'origine, vers la France, et tout ça, ça a coûté. de l'argent, ça a coûté beaucoup d'argent en assurance, etc. Donc ce management du risque a été assez important. Et ça fait réfléchir aussi les entreprises, parce que pendant ce moment-là, en fait, il y a eu des locaux qui ont pallié à cette absence. Et les boîtes, pour la plupart, ont continué à tourner. Donc ce phénomène d'africanisation, on va dire, s'accélère de plus en plus. Et en parallèle, nous voyons aussi une dynamique sur le continent africain qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui a commencé depuis, je dirais, une quinzaine, oui. ou à plus d'une quinzaine d'années, on voit que l'Afrique se développe. Il y a énormément de croissance dans les pays. Il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres. Il y a des politiques publiques qui ont décidé, dans certains pays, de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit... culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique. avec des niveaux de vie plus ou moins plutôt confortables, on va dire, parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de l'adresse pour un, de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. On a vu, en tout cas moi j'ai vu, depuis que je suis chez Quentin Alexandre, et je le constate tout le temps, ce besoin de revenir. Ce besoin, on parlait de repas tout à l'heure, effectivement ce besoin de revenir. Encouragé d'ailleurs par certaines personnalités politiques. Ce n'est pas pour rien qu'en 2019, que le président, l'ancien président du Ghana, Nana Akufo, a décrété que l'année 2019 serait l'année du retour. Donc, je dirais qu'il y a eu des signaux, il y a eu des indices, il y a eu des faisceaux d'indices qui ont fait qu'on s'est rendu compte que finalement, en fait, il y a un changement de paradigme. En même temps, il y a un retour inversé avec cette population, cette diaspora africaine qui, aujourd'hui, a envie de vraiment retourner. Moi, tous les jours, j'ai des connexions LinkedIn de personnes de différentes nationalités, Sénégal, Côte d'Ivoire, de Divoire, Guinée, même en Afrique anglophone, qui me demandent si j'ai dans le pipe des offres, des missions, etc. pour le continent. Donc ça, c'est réel. Et ça va continuer à s'accélérer, très clairement. C'est plutôt une bonne nouvelle, je dirais. Et ça me fait penser en tout cas à un sujet de base. qui me semble important quand même d'aborder, c'est que d'un côté, on a ce phénomène-là où on se rend compte que, véritablement, il va y avoir une population éduquée qui va vouloir retourner au pays. Et de l'autre, on a aussi un mouvement qui va dans le sens contraire, aussi de populations qui sont en souffrance en Afrique et qui vont, dans des conditions compliquées, vouloir rejoindre l'Occident en étant dans le sens logique que c'est vers l'Occident qu'il y a des opportunités de meilleure vie pour les gens. Quel est ton analyse, ton sentiment par rapport à ces deux mouvements qui sont parallèles en fait et qui sont un peu contradictoires quelque part ? C'est tout à fait juste ce que tu dis, c'est totalement des deux mouvements et ça paraît assez complexe comme réflexion de se dire que ce passe de notre sens, on a effectivement ces gens qui veulent aller en Afrique et puis d'un côté on a cette population. en déperdition, qui prend les bateaux vers un supposé Eldorado, j'ai envie de dire, et qui, vraiment, vont au risque de leur vie, et on constate ça quasiment tous les jours en allumant sa télé ou en lisant les journaux. C'est vrai. Mais, quand on regarde, ce n'est pas la même population, déjà, en fait. Des gens qui vont dans l'autre sens, c'est-à-dire qui décident d'aller... C'est souvent des cadres dirigeants, c'est souvent des gens diplômés, c'est souvent des gens... qui ont des réelles compétences et qui ont déjà un bagage, on va dire, intellectuel, qui sont formés et qui vont en Afrique, pas pour prendre la place des locaux, parce que les locaux aussi qui ont des formations, etc., qui travaillent dans les entreprises ou ailleurs ou dans l'industrie, il y en a qui sont formés, qui dirigent les entreprises actuellement. Mais je dirais qu'en fait... ces jeunes-là, parce que c'est la plupart ce sont des jeunes qui partent aujourd'hui en Afrique, les gens quittent leur pays parce que souvent ils sont dans des régions où ils sont quasiment perdus de l'espoir parce qu'ils ne trouvent pas d'emploi, ils ne savent pas comment venir aux besoins de leur famille, etc. Ils se disent, on va regarder ailleurs et l'être humain, on sait ce que l'être humain fait partie de son de son essence même, quand on n'arrive pas à subvenir à ses besoins, quand on n'a pas d'issue, etc., on va voir ailleurs. Il n'y a qu'à prendre l'histoire de l'humanité, ça a toujours été comme ça. Et je dirais que oui, c'est vrai, cette jeunesse qui quitte l'Afrique, qui est au prix de sa vie et qui subit des conditions atroces, parfois dans certains pays où ils sont emprisonnés, je parle de tous ces... tous ces jeunes qui se retrouvent dans des pays comme la Libye, etc., on en a entendu qui se retrouvent parfois même en esclavage, je ne sais même pas parfois, mais qui se retrouvent en esclavage, je pense qu'on a tous une responsabilité, surtout que nos dirigeants ont une responsabilité à avoir pour aussi trouver des mécanismes pour pouvoir maintenir leurs jeunes, ou en tout cas leur offrir la possibilité de pouvoir trouver les moyens de subsistance et pas avoir comme seule solution pour l'embarcation sur des bateaux de fortune pour aller chercher un mieux-vivre ailleurs. Ce qui est très clair aujourd'hui, en mon sens, c'est que je pense que beaucoup de pays d'Afrique commencent à prendre ce point. De toutes les façons, ils sont obligés de faire, parce que nous savons tous que un jeune sur quatre demain sera africain. L'Afrique, aujourd'hui, c'est le continent qui a le plus gros niveau de démographie, le plus élevé. Et donc, toute cette jeunesse, il va bien falloir la mettre au travail, en tout cas, lui donner les possibilités de pouvoir se développer, parce qu'aujourd'hui, le nombre d'emplois produits, qui permet d'emplois disponibles, les derniers chiffres, si je me souviens, c'est qu'il y a... Tous les ans, il y a presque 20 à 22 millions de jeunes qui arrivent sur le marché du travail, alors qu'il n'y a que 3 à 4 millions d'emplois disponibles. Donc on voit bien qu'il y a un gap, et qu'est-ce qu'on fait de ceux qui n'arrivent pas à trouver de l'emploi ? Donc il y a effectivement des politiques publiques qui réfléchissent à comment imaginer des formations, comment imaginer des formations professionnelles, techniques, pour armer ces jeunes. Parce que tout le monde ne va pas être sociologue, banquier, etc. C'est l'ère du travail, de la main, c'est l'ère de la réflexion sur comment mettre en place des formations techniques professionnelles pour pouvoir permettre à cette jeunesse de ne pas risquer sa vie vers des contrées difficiles. Un exemple... Quand tu me parles de cette question, ça me fait penser à une actualité assez récente, l'histoire de ce jeune à Boussangaré qui vient d'être primé, d'avoir le César de l'espoir masculin, avec le film Suleymane, que je n'ai pas encore vu, mais que je vais m'empresser d'aller voir. Moi, j'ai écouté son intervention au César, parce que mes enfants ont poussé à regarder la cérémonie, puisqu'ils aiment bien qu'on regarde ensemble. J'étais très émue. par cette histoire, mais l'histoire de Suleymane, c'est une histoire particulière, singulière, c'est une histoire de destin presque. Ça ne doit pas pousser nos jeunes africains aujourd'hui à se dire « Ah ben voilà, Suleymane, il a pu être acteur, il a eu un prix d'interprétation reconnu à Cannes, il a un prix là, aujourd'hui, avec les Césars. » Il faut que je prenne le bateau. En France, on peut réussir. Alors que la manière, tout le cheminement qu'il a effectué entre 2015 jusqu'à aujourd'hui, ça n'a pas été très facile. Oui, j'ai envie de vous dire, c'est vrai que c'est contradictoire, mais en même temps, nous ne sommes pas face à la même population. dont on parle. Oui, c'est vrai que c'est contradictoire. Oui, je pense qu'on a une responsabilité. Les pouvoirs publics, les États ont une responsabilité aussi pour s'occuper de leur jeunesse parce que l'Afrique, c'est une population immense, c'est une démographie galopante et qu'il est important aussi pour ces pays-là de prendre en charge ces jeunes-là parce que c'est aussi un risque pour l'Europe. On voit bien aujourd'hui, quand on voit toute cette radicalisation qui se passe aujourd'hui dans certains pays européens avec la montée du populisme, etc. C'est qu'on est face à des temps qui sont en train de changer. Donc il y a aussi cette réflexion à avoir à l'autre niveau, en tant que personne, on va dire société civile, mais aussi dans nos... dans nos actions, dans nos initiatives, etc., dans nos prises de parole, et aussi pour les personnes qui nous dirigent dans nos États, de pouvoir justement prendre ces points-là, parce qu'on est face aujourd'hui à un nouvel ère qui est en train d'émerger aujourd'hui dans les différentes régions du monde, et je pense que chacun doit prendre ses responsabilités là. J'ai été un peu longue, c'est un peu bifurqué. J'espère que ça répond en tout cas à votre question. Oui, ça répond complètement à la question. Il faut être complètement à l'aise au fait d'être long dans les réponses, parce que le temps du podcast est un temps long, au contraire de TikTok et autres réseaux sociaux où on n'a pas le temps de s'exprimer. Tu as tout le loisir de t'exprimer et de faire des longues... On est chez nos ancêtres, ce sont des griots. Oui, absolument. Donc c'est naturellement que... plein de chemins, on raconte des histoires. J'ai beaucoup aimé ton parallèle avec effectivement l'histoire d'Abu Sangaré et c'est intéressant que tu précises comment ça peut être perçu cet exemple-là. Il ne faudrait pas le voir perçu comme finalement l'exemple à suivre parce que ce n'est pas le genre de modèle qu'on a forcément envie de mettre en avant même si c'est une superbe histoire et que on est fiers que ce soit encore un compatriote guinéen. Oui absolument, il est guinéen, c'est exactement ça. Mais en même temps, on n'a pas envie que ce soit cristallisé comme c'est le chemin qu'on doit tous prendre si on veut arriver quelque part. On a envie d'avoir aussi des exemples mis en avant de repas et de locaux qui sont sur le continent et qui ont des carrières exceptionnelles. Et c'est ça toute la complexité quand on parle d'Afrique et qu'on a tendance à vouloir généraliser, c'est qu'en fait on ne peut pas. Et c'est ça qui parfois dans les analyses fait défaut, c'est que... On n'a pas toujours les experts métiers pour s'exprimer sur les sujets. Et puis, on a tendance à tomber dans la facilité de la généralisation qui ne traduit pas la complexité et la diversité des différents profils sur le continent. J'ai envie maintenant que tu nous parles de ton initiative, le Club des diasporas africaines. Du coup, comment t'es venue cette idée ? Et aujourd'hui, en fait... c'est un peu pourquoi rejoindre le club et quelles sont les différentes initiatives du club ? Oui, merci Rama. Oui, effectivement, alors comme je te disais au départ, la Maison Muller est très vite devenue, je commence par là parce que tu vas comprendre pourquoi, la Maison Muller est devenue très vite un lieu vraiment d'expression, on va dire, des initiatives de cette diaspora africaine de France, et notamment des entrepreneurs et entrepreneuses africaines. Et... Et progressivement, au fil de l'eau, je me suis dit, mais je rencontrais, j'étais face à des histoires, en fait, des histoires de vie, des femmes africaines qui étaient parfois salariées dans des entreprises ou alors qui avaient fait des reconversions pour lancer leur business. Et je voyais qu'elles avaient quand même du mal pour beaucoup à développer leur entreprise, qu'elles avaient du mal pour beaucoup à gagner plus en confiance, à être soutenues, à développer. leur réseau, etc. Donc il manquait un certain nombre de clés de réussite pour beaucoup d'entre elles et je me suis dit, puisque je vivais dans un écosystème par ma belle famille et notamment par les différentes entreprises de mon mari, où je voyais la manière dont il faisait la promotion des talents, notamment des talents issus de la gastronomie française, qu'il révélait vraiment. Et ça me donnait des idées, je me disais mais il faudrait qu'à un moment je puisse réfléchir à un écosystème ou à une plateforme d'entraide où on pourrait effectivement permettre aux uns et aux autres de pouvoir se développer, de pouvoir être connecté à la bonne personne, de pouvoir trouver un financement pour accélérer son développement entrepreneurial ou alors tout simplement... être mieux armé pour gagner en confiance, etc. Donc en fait... Tout est né de ce constat et de cette observation, parce qu'il faut observer, c'est important, il faut écouter, c'est aussi très important pour avancer. Et il y a trois ans, j'avais déjà une entreprise, parallèlement à la Maison Muller, j'avais une entreprise de conseil, j'appelais des entreprises, notamment des PME, sur du conseil en développement Afrique. Et je me suis dit, il faudrait que je puisse mettre en place cette plateforme business qui marche sous forme d'adhésion pour justement soutenir les membres de ce club pour les connecter à des réseaux intéressants ou à des personnes intéressantes qui peuvent les aider. Donc ça a commencé comme ça, j'en ai parlé à quelques amis, des gens que je côtoyais notamment au sein de ces initiatives. d'entrepreneuses au sein de la maison Muller et très vite des personnes ont rejoint cette initiative et c'est tombé à un moment où j'avais en fait repéré une jeune femme qui était chef cuisinier, qui est de nationalité française d'origine togolaise, qui avait travaillé dans un de nos ... dans notre écosystème, et qui avait envie d'avoir un restaurant pour pouvoir développer son entreprise de cuisson, de restauration. Et cette femme s'appelle Agnès, son nom de chef c'est Agnès. On a échangé longuement cet été parce qu'elle réfléchissait à reprendre un restaurant. Il se trouve que dans notre écosystème, familiales. On a un restaurant aujourd'hui qui existe depuis une dizaine d'années et qui a vu passer pas mal de chefs, pas africains, mais des chefs français, etc., qui pendant très longtemps a été un lieu qui révélait des talents. Notamment l'un des chefs qui est passé par ce lieu-là, c'est Guillaume Sanchez, qui a été plus ou moins révélé, j'ai envie de dire, par... par mon beau-frère, Adrien. Et donc, ce restaurant était aussi connu pour ça, pour vraiment donner la possibilité à des personnes qui avaient des talents culinaires de pouvoir s'exprimer, exprimer leur art. Donc, il s'est trouvé qu'en fait, les planètes étaient un peu alignées. C'était aussi des concours de circonstances que l'année... L'été dernier, en discutant avec cette femme à Guinness, elle me dit « je veux reprendre un restaurant » . Je lui dis « écoute, nous avons le restaurant Sarté, qui n'est pas loin de la Maison Muller, qui a deux pâtés de maison. Nous cherchons un chef. Si tu veux, on peut s'associer et tu prends le restaurant, etc. » Les choses se sont faites assez rapidement. Cette femme à Guinness a du coup repris ce restaurant récemment. Elle a changé le nom et se l'a approprié. Elle a réussi à avoir du financement pour pouvoir justement faire tous les travaux nécessaires. Donc nous sommes en partenariat avec elle, nous sommes associés dans cette initiative. Donc c'est une personne qui fait partie de notre écosystème. C'est un exemple pour vous dire pourquoi je vous dis tout ça. C'est pour vous démontrer qu'en fait, quand on arrive effectivement à se mettre ensemble, quand on arrive à... à donner la chance à d'autres personnes de pouvoir se développer, de pouvoir réaliser leurs rêves, c'est la chose la plus merveilleuse qui soit. Et le Club des Diasporas Africaines de France, c'est ça l'idée. L'idée, c'est de dire, nous pouvons créer ensemble cette culture du possible, en se parlant, en essayant de voir comment s'entraider. pour finalement avancer, parce qu'il y a énormément de talent aujourd'hui au sein de la diaspora, et c'est très compliqué de trouver les bonnes personnes au bon moment, les bonnes personnes qui peuvent effectivement vous aider à tout simplement aller vers un objectif que vous vous êtes fixé. Donc je dirais que c'est une plateforme d'entraide, c'est une plateforme aussi qui permet de trouver des pépites. qui ont besoin d'être accompagnés financièrement pour développer leur entreprise. C'est une plateforme qui est très business, ce n'est pas une association, c'est un club d'affaires. qui a aujourd'hui 3 ans, qui est soutenue, je tiens à le dire, par le groupe Orange Monnaie Europe, puisque depuis toutes ces années, enfin depuis 2 ans et demi, on a Orange Monnaie Europe qui soutient toutes nos initiatives événementielles, notamment, donc qui apporte un appui à la fois financier, et nous permet aussi de pouvoir avoir de la visibilité dans nos différentes initiatives. Donc j'en profite pour saluer Orange Money Europe qui soutient pas mal d'initiatives de la diaspora. En tout cas, nous, ils nous ont fait confiance. Et du coup, ça nous donne du courage pour pouvoir justement continuer à développer ce club d'entraide aussi, mais aussi d'accompagnement des entrepreneurs de la diaspora. À l'intérieur de ce club, on a développé une initiative qui est l'organisation de conférences, parce que l'objectif, c'est aussi de faire des liens transcontinentaux. C'est aussi de créer du lien. avec l'Afrique, puisque les personnes qui composent ce club, il y a des Français français, mais il y a aussi des gens issus de la diaspora africaine de France, pour la plupart, c'est la majorité. Et donc l'objectif, c'est aussi au travers des conférences que nous organisons, c'est de pouvoir justement se connecter et se reconnecter avec le continent africain. Nous avons lancé l'année dernière une initiative qui est le Salon des industries africaines de France. La première édition a eu lieu à Gavaud. Nous avons réussi à réunir presque 250 personnes avec des entreprises, avec des banques, avec des industriels. C'est un événement qui a suscité beaucoup d'engouement et qui a été salué par pas mal de gens présents, même sur le continent, qui ont marqué leur sentiment de satisfaction et de satisfaction. parce que premièrement, c'est une initiative qui est portée par des femmes africaines, puisqu'il y a moi, il y a aussi une amie, Léa Ausha, qui m'accompagne sur ce projet. Et c'est une initiative aussi qui a pour vocation d'attirer aussi d'autres réseaux, comme le réseau des forces françaises de l'industrie, pour justement avoir de l'impact et créer cet effet de croissance partagée avec le continent africain. C'est aussi une plateforme qui nous a permis aussi de faire des conférences sur le continent africain, comme les tables rondes du capital humain africain, puisque l'année dernière en Guinée, on a eu la chance de participer au 72 heures du livre, avec des amis de la diaspora, pour certaines qui n'avaient jamais mis le PPP en Guinée. Donc ils sont venus avec moi, où nous avons effectivement animé une table ronde sur le capital humain africain, et des masterclass autour des femmes dans les boards, autour de comment je travaille mon pitch, etc. Donc en profitant et en prenant l'opportunité de cet événement majeur en Guinée, qui est le 72 heures du livre, c'est aussi au travers de cette plateforme, au travers de cette dynamique, on va dire, de clubs, d'entraide et aussi de rencontres d'affaires que nous avons pu aussi, que j'ai été sollicité par cette année, c'était le 7 février dernier, par l'ex-ambassadeur du Gabon en France qui s'appelle Liliane Maramala Massala, qui dans le cadre du lancement de son fonds d'investissement agricole et de son cabinet d'accompagnement des investissements en Afrique, notamment... en Afrique en général et plus particulièrement en Afrique centrale, Gabon, RDC, etc., m'a sollicité pour être chargée de mission pour organiser cette conférence. Nous travaillons, donc ça a été un vrai succès aussi, l'un grâce à ce travail collectif, puisque cette conférence a réuni presque 250 personnes, plus de 250 personnes en présentiel et 500 personnes en distanciel qui suivaient en direct via les plateformes de réseaux sociaux la conférence. avec un parterre de personnalités importantes, publiques et en même temps des acteurs économiques. Donc tout ça pour vous dire que cette plateforme, si je devais la résumer, c'est non seulement un lieu d'entraide pour soutenir des entrepreneurs des diasporas africaines de France, puisque ces diasporas sont assez diverses, pour les mettre en lumière, pour leur donner une visibilité au travers de nos plateformes de communication, pour en même temps identifier celles et ceux qui ont des... on va dire des projets entrepreneuriaux ou des entreprises déjà qui ont besoin d'être accélérées et qui peuvent bénéficier des réseaux de financement que nous avons aujourd'hui, parce que nous sommes connectés à des réseaux. pour aussi permettre à cette diaspora de se relocaliser ou de se connecter, reconnecter, si vous voulez, avec le continent africain. Parce que beaucoup, parfois, ne connaissent pas le continent, soit leur pays d'origine, soit ils ont été une fois, deux fois, mais ils ne le connaissent pas toujours. C'est aussi de dire, au travers de ces conférences, au travers de ces échanges... au travers de ces déplacements que nous faisons sur le continent, nous créons du lien, nous arrivons à nous développer ensemble, à grandir ensemble, à nous entraider. Et donc, voilà, on voit ce que, si je pouvais résumer, en tout cas l'objectif et les ambitions de cette plateforme aujourd'hui. Très bien, on sent qu'il y a vraiment une interconnection entre, en fait, parce qu'on pourrait se dire, mais tu interviens sur différents... sujets très différents, tu as beaucoup d'initiatives et d'entreprises différentes, mais on sent bien qu'en fait tout est connecté, et que finalement il y a un lien entre la Maison Muller, le Club des D'Aspora, et puis ton travail chez Grand Alexander. Donc ça c'est assez intéressant de voir ça, parce que parfois moi je peux être confrontée à des étudiants aux différents profils qui n'osent pas tenter plusieurs choses en se disant « ça ne va pas être audible, ça ne va pas être compréhensible » . Donc, il faut que je choisisse une voie. Et puis, c'est celle-là par laquelle je vais m'exprimer. Donc, c'est intéressant, à travers ce que tu nous racontes là, de voir finalement qu'une ligne directrice, elle peut avoir plusieurs piliers qui vont venir la soutenir. Complètement. Et c'est très bien dit. Tu le dis encore mieux que moi. C'est exactement ça, parce que ça surprend beaucoup de gens, parfois des amis, qui me disent « Mais oui, mais tu fais trop de choses, comment tu trouves le temps ? » temps avec tes enfants, mais je dis, mais en fait, d'abord, il y a une histoire de passion, en fait. Quand on n'est pas passionné par des choses, ça ne marche pas. Il y a aussi l'authenticité, le fait d'être vrai dans tout ce que vous faites et d'avoir vraiment à cœur de faire bouger les lignes et de faire avancer les choses, ça c'est important. Et en fait, oui, il y a cette ligne directrice. Il y a l'Afrique, bien sûr, parce que je suis passionnée par l'Afrique. Il y a l'Europe, la France et on la retrouve. Et finalement, c'est vraiment... Tout est interconnecté, tout est lié. Donc, je n'ai pas l'impression de m'éparpiller, comme certains semblent le dire ou le croire. En fait, tout est lié. Et donc, tu le résumes très bien. Et c'est exactement ça. Très intéressant. Maintenant, je voudrais que tu nous parles du Salon des industries. Il a été organisé, il me semble, l'année dernière. Ça fait partie d'encore une nouvelle initiative de Kadia Moissias. Du coup, les gens vont se dire mais en fait, toutes les 10 minutes, c'est un nouveau sujet de fond. En tout cas, moi, je te suivais sur LinkedIn et c'est par cet événement-là que j'ai pu découvrir l'une de tes initiatives et qui m'a menée après à te suivre davantage et puis à te proposer une interview. Donc, j'aimerais que tu nous parles de ce sujet-là et ensuite, on en revient aux industries culturelles et créatives. Alors, parle-nous de ce sac. Oui, les différents événements. Oui, merci. Merci beaucoup, Rafa. En fait, c'est aussi une question d'histoire, de vie, d'histoire de famille, etc. Après, mon mari va me dire, mais tu parles toujours de moi. En fait, voilà, j'ai un mari qui est entrepreneur, comme on l'a dit aux élus, et qui est l'un des fondateurs des forces françaises de l'industrie depuis bientôt six ans. Les forces françaises de l'industrie, c'est un regroupement d'entrepreneurs français passionnés, qui se battent pour la réindustrialisation de la France. Ils sont partis du constat que la France s'est désindustrialisée, qui a un peu lâché ses industries. Alors qu'on dirait l'un de ses associés, Gilles Attaf, que j'aime beaucoup, l'industrie c'est la vie, l'industrie c'est ce qui permet de travailler les ressources naturelles, de les transformer, de nous nourrir, si on parle de l'agriculture. de transformer, de créer des produits, on parle de l'industrie par exemple l'hiver etc. Donc l'industrie c'est la vie et donc je me suis retrouvée effectivement au cœur du réacteur au moment de toutes ces réflexions là autour des industries au sein de ma famille depuis bientôt 6-7 ans où j'entendais des sujets divers et variés sur comment se battre, comment trouver les moyens. … pour qu'on puisse mettre au goût du jour, ou mettre à l'honneur le produit, la production locale. Le travail de la main, le travail du savoir-faire, le travail du faire, F-A-I-R-E, et comment mettre en valeur toute cette créativité, j'ai envie de dire, qui fait... le succès de la France, quand on parle de l'industrie créative, et qui fait aussi l'image de la France quand on parle de la gastronomie, etc. Parce que tout ça, on est dans une industrie, c'est quelque chose d'assez pluriel. Et je voyais vraiment le début de ces initiatives, et je voyais toutes ces personnes qui venaient chez nous, discuter, échanger, et toute cette réflexion et ce dynamisme. et ce mouvement, et étant une personne d'engagement, vous l'aurez compris, d'engagement, j'ai toujours à cœur finalement d'avoir une réflexion profonde de qu'est-ce qu'il en est, qu'en est-il sur le continent africain, et comment ça se passe aussi chez nous, et en lisant, en allant sur place, je voyais bien qu'effectivement il y avait, comment dirais-je, un... parallèle à faire à ce niveau-là. Et d'ailleurs, dans les discussions, souvent, c'est ce que je laissais entendre. Je voyais, d'un côté, toutes ces personnes de très bonne volonté, assez patriotes, qui se battent sur la réindustrialisation de la France. Je me disais, mais en fait, quand ce combat, il peut être mis en lien avec cette quête, finalement, que nous avons aujourd'hui sur le continent africain, cette quête d'industrialisation. Et c'est assez lié avec tout ce qu'on dit depuis aujourd'hui, ce mouvement de talent qui revient en Afrique, ce mouvement d'experts, de compétences qui veulent transformer l'Afrique, qui veulent aussi utiliser les ressources de l'Afrique pour en faire de la transformation locale. Je crois que je n'ai jamais vu autant de forums, de rencontres autour du Made in... Africa, soit du Made in Benin, Made in Guinée, Made in Mali, il y a eu une espèce de développement accéléré depuis une dizaine d'années, de cette volonté, de cette envie de beaucoup de pays, beaucoup de communautés, ça se faisait déjà, je ne dis pas que ça devient comme ça, comme un cheveu sur la soupe, mais on voit bien que c'est aussi ça l'avenir, c'est aussi utiliser le contenu local, c'est aussi utiliser ce que nous produisons au niveau local pour créer de l'emploi, pour créer de la main d'œuvre, pour faire de la transformation et créer des véritables chaînes de valeur. C'est aussi des volontés, des envies des acteurs en présence de faire moins d'importations puisque nous avons quand même, quand on regarde, la plupart de nos pays, nous avons des sols. certains ne sont pas exploités puisqu'on estime aujourd'hui que l'Afrique, presque 60% des terres arables sont sur le continent africain, si je ne m'abuse. Et donc il y a quand même une véritable quête aujourd'hui. Donc quand on met en parallèle ces initiatives que je voyais en France, notamment au sein des forces françaises de l'industrie, on pouvait verser cette quête. quête d'individualisation de l'Afrique, je me suis dit, mais il faut qu'on fasse quelque chose, il faut qu'on essaie de réunir les personnes intéressées sur ce sujet-là, créer comme une plateforme d'échange qui peut être aussi une plateforme de rencontres, d'échanges, de bons procédés, pourquoi pas, de transferts de compétences, de création de liens, de valorisation aussi de nos histoires communes, puisque... C'est aussi là une démonstration de ce que je fais au quotidien, avec cette volonté de toujours créer ce lien, ce pont, cette relation entre ces deux côtés de mon identité que je valorise, la fois l'Afrique, la Guinée, et l'Europe, la France, le pays où je vis aujourd'hui, où je suis installée, entre parenthèses, je suis dans un couple mixte, avec quatre enfants métis. Ça fait partie aussi de son identité. Donc cette réflexion, elle est née, elle a été renforcée, j'ai envie de dire, à partir de ces échanges que j'avais, à partir de ces parcours de vie que je rencontrais dans différentes régions de France, en me déplaçant, en allant dans des régions. Ma belle-famille vient de la région d'Auvergne, c'est une région que je fréquente depuis presque une trentaine d'années maintenant. Et je voyais aussi cette dynamique. et l'idée c'est de dire mais comment peut-on créer de la croissance partagée comment peut-on créer des ponts entre ces deux entre ces différents acteurs qui ne se connaissent pas pas toujours, et puis voilà, et comment finalement créer ce temps de rencontre, de débat pour faire avancer les choses. Le 7 février dernier, on était sur la thématique de l'industrie, de la thématique de l'agriculture, il y a eu beaucoup de sujets, beaucoup d'éléments de recommandations, de choses concrètes qui se passent aujourd'hui sur le continent africain, des entreprises qui transforment des ressources agricoles, des entreprises qui créent des usines, etc. Donc c'était important de pouvoir témoigner de cela, créer des connexions, aussi valoriser ces initiatives et ces acteurs économiques qui font des choses en Afrique auprès de cette diaspora qui participait à cette conférence. Donc oui, c'est une initiative nouvelle, certes, mais... Mais finalement, elle s'inscrit aussi dans un alignement, dans une dynamique. Donc pour moi, elle vient presque naturellement. La deuxième édition, on est en train d'ailleurs de la préparer, puisque l'un de nos partenaires et de nos sponsors de l'édition l'année dernière, et d'origine sénégalaise, nous a poussé plus ou moins à organiser la deuxième édition au Sénégal. Et on est en train de travailler dessus. qu'on a programmé ça sur le mois de... On l'avait programmé au départ sur avril, mais on n'est pas du tout prêts. Et donc là, on est sur le 17 mai, Inch'Allah, si tout va bien, pour faire cette deuxième édition au Sénégal et pour pouvoir aussi voir tout ce que le Sénégal a montré aussi dans cette transformation industrielle. Je voyais récemment dans la presse un jeune Français qui est parti au Sénégal cher... il a été financé, etc., qui a créé une usine de transformation de l'oignon. Enfin, je crois que c'est... Le produit fini, c'est en fait des oignons séchés. Et c'est un français. C'est aussi de dire aussi aux industries françaises, enfin aux PME qui sont dans l'industrie, etc., ou des entreprises françaises, de dire il y a des pays sur lesquels vous pouvez créer des liens, il y a des pays dans lesquels vous pouvez investir, parce que... beaucoup se plaignent aujourd'hui de l'économie française, qu'on a des dettes, etc., que ça va pas. C'est aussi de se dire, vous voyez, vous avez un continent qui est en croissance, il y a des pays qui ont des croissances presque à deux chiffres, c'est aussi des territoires sur lesquels il peut y avoir des relais de croissance, c'est aussi des territoires avec lesquels vous pouvez créer des partenariats stratégiques. Et moi, je crois beaucoup en l'économie, je crois beaucoup en l'entreprise. Je pense que l'entreprise, c'est un acteur économique fondamental qui... qui arrive, même si on lui met aussi beaucoup la pression, qui arrive à résoudre aussi pas mal de maux de nos sociétés actuelles. Et l'un des principaux talents, entre guillemets, d'entreprise, c'est d'arriver à créer de l'emploi, à transformer les sociétés et à faire en sorte qu'on se reconnecte au travers de la création économique. Très bien, beaucoup d'initiatives en perspective. Merci, et écoute, au mois de mai, on... On attend avec impatience cette seconde édition au Sénégal, où il y a eu l'annonce récente de l'ouverture d'un musée, il y a également le raffinement du pétrole qui a commencé au Sénégal. On sent qu'on est au début d'une nouvelle ère au Sénégal, donc je pense que c'est vraiment intéressant qu'il y ait ce genre d'initiative, à la fois en Occident, mais aussi directement sur le continent africain, puisque quand on parle d'industrie africaine, c'est... Ça paraît légitime et logique d'être sur le continent pour en parler le mieux. Bien sûr, bien sûr. Et ce sera le Sénégal, si tout va bien. Et on a pris la Guinée comme pays invité de neuf. La Guinée n'est pas loin. Et la Guinée aussi, on voit qu'il y a une vraie volonté de transformer, de créer des plateformes d'échange, en tout cas autour de l'industrie. Et je crois que l'année dernière, ou il y a deux ans, il y avait eu le salon de l'industrie. ou du produire local. Et donc, ça, c'est aussi des bonnes initiatives à encourager. Et donc, j'en profite, je suis guinéenne. Donc, j'ai vu avec les équipes que la Guinée sera un pays invité d'honneur. Voilà. Très bien. Non, mais il faut être un peu souverain. Il faut avoir un bon espace. Là, moi, je voulais en tenir aux industries culturelles et créatives. La notion de soft power. Je me rends compte, aujourd'hui, À travers la musique, à travers le cinéma, à travers... travers la musique cinéma, vers l'art contemporain, qui a vraiment un essor d'artistes africains sur le devant de la scène, que c'est reconnu et que, quelque part, c'est aussi un moyen d'étendre, en fait, une forme de, je ne vais pas dire de notoriété africaine, mais une meilleure connaissance de ce qui vient du continent et un peu libérée d'une espèce de, comment dire, là, on vient nous chercher pour nos compétences et notre originalité. On n'est pas sous la coupe, en fait, d'un regard occidental qui nous dicterait les bonnes façons de faire. Absolument. Quel est ton avis par rapport à ça ? Déjà, ce que tu dis, Rama, c'est totalement juste. Et on voit bien qu'effectivement, sur les industries culturelles et créatives, l'Afrique a envie de prendre sa place. Et on voit bien qu'effectivement, il y a aujourd'hui sur le continent... tous ces talents artistiques qui sont aujourd'hui en train de s'exprimer au travers de cette jeunesse. Et je pense que l'avènement des nouvelles technologies, les réseaux sociaux sont en train de l'accélérer et ont mis en valeur, on va dire, cette créativité africaine et cette puissance culturelle africaine. Et chacun est en train de se l'approprier à sa manière, quel que soit le pays où on se trouve. Et ça, je pense que c'est aussi la chance de beaucoup de... En tout cas, c'est un secteur qui va permettre à l'Afrique dans les années à venir de compter sur la scène internationale. Et ça a commencé. Quand on voit aujourd'hui une grande star comme Beyoncé pour son dernier opus, où elle... Je crois que le titre c'était... Je ne me rappelle plus de son titre. Elle a fait appel à des artistes comme Imane Aïssi en tant qu'habilleur de tous ces danseurs et danseuses dans cet opus. Le nom m'échappe, je ne sais plus. C'était Beyoncé qui avait... Où elle fait appel à la culture africaine pour... Dans tout le processus de cette manifestation artistique, ça veut dire beaucoup. Quand on voit récemment le Bénin mettre au goût du jour la religion du vaudou, avec les vaudoudés, ce qui a fait venir des milliers de personnes de partout, et qui utilisent cette puissance, cette richesse culturelle, spirituelle, pour valoriser le Bénin, on est vraiment dans du soft power, et dans ce soft power orchestré vraiment intelligemment. Quand on voit aujourd'hui des chefs cuisiniers qui sont primés et qui gagnent des étoiles en France et qui maintenant arrivent, par ce travail gastronomique culinaire, à régaler des grands chefs d'État comme Sacco, qui a fait un grand dîner, je ne sais plus pour quelle réception, à l'Ilysée, qui a fait le dîner d'accueil des personnalités politiques, les exemples ne manquent pas. pas. Et moi, j'ai une amie qui s'appelle Absa Tou Douro, qui est d'origine sénégalaise, qui a lancé l'école des... ça s'appelle l'école du luxe au Sénégal. Et l'école des métiers d'art, c'est une initiative qu'elle a lancée il y a 3-4 ans. Justement, en partant de l'idée qu'effectivement, il faut valoriser ces talents africains, parce que nous, on les voit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, etc. et qui a pris justement cette initiative de porter aux yeux du monde cette créativité africaine qui n'a rien à envier à certaines maisons de luxe, par le raffinement, par la beauté et par toute la complexité de la création. Et c'est quelque chose qui a démarré petitement aujourd'hui, c'est vraiment, il y a une vraie école avec cette possibilité aussi d'entraîner cette jeunesse, ce gisement de talent, puisque c'est une jeunesse nombreuse, vers ces secteurs de savoir-faire, de création, pour en faire demain des métiers. Parce que quand on prend... On parle de l'industrie créative, de l'industrie culturelle, c'est tellement de métiers qu'on peut intégrer dedans. Vous avez parlé de la musique, on peut parler de la confection, du textile, on peut parler de cuisine, de l'aspect culinaire, on peut même y mettre tous les éléments du sport, de la danse, etc. Donc oui, l'Afrique est en train de vraiment prendre sa part dans cette industrie parce qu'on a aussi, surtout, un patrimoine culturel qui est extrêmement riche. Moi, je suis née en Guinée, j'ai des souvenirs de contes, d'histoires que ma grand-mère, paix à son âme, nous racontait avant qu'on aille se coucher. Parce que ma grand-mère paternelle vivait avec nous, donc elle était à domicile, et on ne se couchait pas avant. d'avoir l'histoire, on appelle ça les kinis, ou sous-sous, avant d'avoir l'histoire, ce conte qui éveillait nos sens, notre imaginaire, etc. D'avoir tous ces errants qui ont façonné l'histoire avec un grand H de l'Afrique, pas que l'homme africain n'ait pas assez rentré dans l'histoire, ça me permet de faire une petite parenthèse, d'aller au-delà des... les siècles et les siècles de l'histoire africaine, qui est une histoire fabuleuse. Donc, je dirais qu'aujourd'hui, oui, on peut parler d'industrie. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris. Je vous parlais du Bénin tout à l'heure. Le Sénégal, au mois de juin, il va y avoir le Festival des Arts à Saint-Louis. Voilà, moi, c'est des choses qui m'intéressent. Et d'ailleurs, on les a mis en valeur lors de notre... Le dernier salon des industries africaines, le 24 juin 2024 à Gavau, il y avait tout un panel, en tout cas de grands témoins, avec des personnes comme Mohamed Zoglami, qui au travers des jeux vidéo arrivent à faire des plateformes de jeux avec des héros africains, des Sujata Keita, les Renzinga, etc. Ou encore, je ne sais plus, le nom m'échappe, Je ne sais plus. Mais bon, un exemple pour vous dire qu'effectivement, c'est des secteurs d'activité aujourd'hui qu'il ne faut pas négliger. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris, que mettre la culture au cœur des réflexions de développement, de transformation de l'Afrique, c'est quelque chose de vraiment fondamental. Complètement alignée avec cette réflexion, toi, à travers ta position, comme tu le disais, tu as... dans une situation où tu te situes un peu sur ce pont entre la France et l'Afrique. Est-ce que tu vois des changements d'un point de vue... Toi, tu vas être dans des initiatives qui sont le Club de la Diaspora, la Maison Muller, qui sont des entreprises privées et personnelles. Est-ce que toi, tu vois des engagements des gouvernements à soutenir ce type d'entreprise et d'initiatives ? Est-ce que tu sens que... Parce qu'on parle beaucoup d'initiatives privées, de repas, mais peut-être en fait de... individuellement qui mènent des actions, mais derrière, c'est vrai que on a besoin aussi d'initiatives de gouvernement qui vont soutenir, en fait, le privé. Est-ce que tu sens qu'il y a des changements par rapport à ça ? Quel est ton avis en tout cas sur les interventions et les initiatives des gouvernements africains ?

  • Kadia Sylla Moisson

    Bon, alors, je n'ai pas la prétention aujourd'hui de connaître toutes les initiatives aujourd'hui, mais je peux déjà... témoigner de choses que je vois, que j'ai vues sur le terrain, que je constate parce que je vis, parce que je me renseigne et que je suis curieuse. Par exemple, je vous ai parlé du Vaudou d'Esa au Bénin. Le Bénin, c'est un pays que je connais bien, je suis allée trois fois. C'est un pays que j'aime beaucoup. Ils font beaucoup de choses là-dessus pour accompagner notamment des artistes, des street arts. Si vous voyez aujourd'hui, il y a tout un boulevard aujourd'hui à Cotonou. avec des fresques absolument incroyables d'artistes street art. Je crois que ça fait genre 5 ou 10 kilomètres, je ne vais pas me tromper, mais j'ai vu constater que c'est une volonté publique, gouvernementale, de vraiment soutenir la créativité artistique. Donc ça, c'est très clair et je l'ai vu au Bénin. Je l'ai vu aussi au Sénégal, puisque c'est un pays où je vais assez régulièrement, notamment de toutes les... dans le cadre du Festival de l'Art et aussi ce qu'est en train de faire l'Abstat Ludoro avec les métiers de la main, les métiers du luxe, etc. C'est quelque chose de formidable. Je l'ai vu aussi en Guinée. notamment dans le cadre des 72 heures du livre, où là il y a pas mal de choses qui se font en termes d'accompagnement des auteurs, en termes aussi de création d'initiatives pour valoriser des talents régionaux. Je ne sais pas si vous avez été une fois aux 72 heures du livre, moi c'était une première l'année dernière, mais au-delà de... De l'aspect culturel, il y a aussi cette volonté de mettre en valeur des auteurs, des auteurs sur différents sujets, des Guinéens, qui peuvent écrire sur la culture, sur l'histoire de la Guinée, qui écrivent sur des sujets de société, comme par exemple les violences faites aux femmes, comme par exemple l'excision, qui sont des fléaux qui touchent nos communautés au niveau national. pas que la Guinée d'ailleurs, mais qui sont des sujets absolument fondamentaux à mettre, à écrire et aussi éduquer les jeunes générations. Il y a à chaque fois la mise en valeur d'un territoire, d'une ville. L'année dernière, c'était la ville de Dingirei qui était à l'honneur, avec toute sa dimension culturelle, artistique, etc. Et cette année, si je ne me trompe pas, je crois que c'est Gekedou qui est à l'honneur cette année. Donc... Je vous donne ces trois exemples parce que je pense qu'ils sont parlants de ces initiatives publiques, en tout cas de cette volonté publique des États, des gouvernements, de vraiment mettre au cœur aussi des dispositifs gouvernementaux, cette volonté de valoriser la culture. Il se trouve que j'ai été témoin de ça, donc je peux le dire. Je ne sais pas pour les autres pays, mais je suis plutôt... connectée avec pas mal de gens de la diaspora. Je peux raconter en tout cas ce que j'entends. Je suis très amie avec pas mal de femmes du Nigeria. Et le Nigeria, c'est un pays où j'ai recruté d'ailleurs avec Grant Alexander. Donc, pourtant, je ne l'ai pas encore été à Lagos ou à Bougéra, mais c'est un pays pour avoir fréquenté des personnes ici. Je vois, par exemple, tout ce soutien de la France. de la fashion, ils appellent ça, je crois, c'est la fashion week, ou la fashion, enfin, c'est l'industrie de la couture, du luxe, etc., qui est soutenue quand même par les pouvoirs publics pour faire aujourd'hui de Abuja quand même une place incontournable de la mode africaine. Enfin, c'est hallucinant ce qui se passe aujourd'hui. Donc, je pense que chacun à sa manière, pour certains, ça va être le culinaire, les livres. le travail de la main, etc. Mais je sens qu'il y a vraiment un bouillonnement culturel en Afrique. Et que ce mouvement, ce dynamisme, il est en train de s'accélérer de plus en plus. Il y a certes les initiatives, les artistes, etc. La société civique dans sa dimension, dans sa grande diversité, qui fait des choses. Mais il y a aussi cette volonté des pays. de créer, comme vous dites, ce soft power, de faire de leur pays des leviers de destination en mettant en valeur la créativité, leur patrimoine culturel et leur patrimoine touristique. Très bientôt, la Guinée va organiser, je crois que c'est le 20 avril, à Paris, un forum autour de la culture et du tourisme en valorisant... ce patrimoine culturel, en valorisant aussi ce patrimoine touristique, créatif, pour faire aussi de la Guinée une destination intéressante pour des investisseurs, pour des acteurs de la diaspora, pour des gens qui viennent d'ailleurs. Mais c'est tellement bouillonnant qu'aujourd'hui, j'ai des amis qui viennent des Outre-mer. qui sont des afrodescendants, qui parfois me disent « Ah ben tu sais, je visite Abidjan, qui n'ont jamais mis les pieds en Afrique, qui sont attirés aussi par tout ce dynamisme et qui veulent aussi se reconnecter aujourd'hui avec ce continent qui ouvre ses bras en fait à toute cette diaspora. » Donc ça c'est intéressant et je pense qu'il faut l'encourager, il faut le saluer. Et donc, c'est ce témoignage que je peux apporter à partir de mes expériences, à partir de mon vécu.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, merci beaucoup. On arrive à la fin de notre échange. On a pu prendre le temps de balayer tes différentes entreprises et initiatives et tu nous as aussi partagé ton expertise, ton regard. Et c'est ça le but à chaque fois. Je comprends tout à fait qu'on n'est pas forcément savants et sachants sur tous les sujets, mais en tout cas, de par ta position et de par les différentes initiatives que tu entreprends, tu vas avoir un regard et une perspective qui peut être intéressante pour notre audience, un regard qui va leur éclairer. Donc moi, j'ai été ravie d'avoir eu l'opportunité d'échanger avec toi assez longuement pour mieux connaître tes différents périmètres d'intervention et puis inviter mon audience à rejoindre le club et participer à tes différents événements.

  • Kadia Sylla Moisson

    Donc,

  • Ramata

    écoute, merci beaucoup.

  • Kadia Sylla Moisson

    Merci à toi, Romain. Vraiment, c'est passé vite, je t'avoue. Merci aussi, bravo à toi pour cette initiative, parce que c'est aussi par ces biais-là qu'on arrive à mieux se connaître. Donc ça, c'est bien. Et je ne savais pas, quand j'ai découvert ton profil, que tu étais guinéenne. Je me disais, oui, c'est plutôt Afrique de l'Ouest, parce que Diallo, ma mère est une Diallo, donc je me suis dit, tiens, ça doit être... soit du Mali ou du Sénégal. Donc, merci aussi. Je t'encourage aussi à continuer à développer. Et si tu as besoin de profils aussi, je pourrais te recommander au sein de mon réseau. Ce sera avec un grand plaisir.

  • Ramata

    Écoute, avec plaisir. Écoute, je te dis à très bientôt en Afrique ou ailleurs.

  • Kadia Sylla Moisson

    Oui, merci, Rama. À bientôt.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer. quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Croissance et développement en Afrique

    01:24

  • Présentation de Kadia Silla-Moisson

    02:41

  • Parcours de Kadia et création de la Maison Muller

    04:24

  • L'impact de la Maison Muller sur la diaspora

    06:58

  • Évolution dans la recherche de talents en Afrique

    12:52

  • Retour de la diaspora et participation au développement

    18:19

  • Initiatives gouvernementales et soutien à la culture

    26:03

  • Soft power et créativité africaine

    01:03:37

Description

Comment une experte en ressources humaines met ses compétences au service de la valorisation des talents d'Afrique et de la diaspora ?


Kadia Sylla Moisson est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de tête. Elle est une également entrepreneure engagée dont l'ambition est, entre autre, de valoriser les talents d'Afrique et de la diaspora.


De son enfance en Guinée à ses initiatives entrepreneuriales en France, elle met en lumière l'importance de créer des réseaux d'entraide et de promouvoir l'industrialisation du continent. Son témoignage offre une perspective unique sur les enjeux du développement de l'Afrique et sur le rôle crucial de la diaspora.


Dans cette interview, Kadia Sylla Moisson aborde également son engagement pour les industries culturelles et créatives, et sa vision d'une Afrique qui rayonne à l'international.

Une véritable source d'inspiration pour tous ceux qui souhaitent contribuer à l'essor du continent aux 54 pays.


L'épisode audio est disponible sur Apple Podcast, Spotify, Deezer, YouTube et toutes les plateformes d'écoute.


Africa Fashion Tour poursuit chaque semaine l'exploration des industries culturelles et créatives africaines avec des interviews d'entrepreneurs passionnés qui s'interrogent sur les questions de diversité et de représentation. Chacun des invités du podcast est passé du questionnement à l'action pour proposer des solutions concrètes, des business model vertueux pour promouvoir l'Afrique à travers les soft power.


J’en profite pour remercier les auditeur.e.s de plus en plus nombreux de ce podcast. Pour découvrir en avant première les dernières interviews et analyses de l'écosystème de la mode africaine, abonnez-vous à la ⁠⁠⁠Newsletter Africa Fashion Tour⁠⁠⁠.


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A très vite en Afrique ou ailleurs


Ramata Diallo 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Ramata

    On voit que l'Afrique se développe, il y a énormément de croissance dans les pays, il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres, il y a des politiques publiques qui ont décidé dans certains pays de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies. qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique, avec des niveaux de vie plus ou moins confortables. parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de la diaspora de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast Africa Fashion Tour. Je vous emmène avec moi à la rencontre de créateurs basés sur le continent africain. Je vous invite à voyager à Abidjan, Dakar ou Bamako pour découvrir les parcours de professionnels talentueux, responsables et ambitieux. Au fil des interviews, je me rends compte que chaque entrepreneur veut contribuer au rayonnement de la créativité africaine sur le continent et au-delà. Ce podcast est un moyen de sortir des clichés du boubou et du wax pour représenter un éventail de tissus, de savoir-faire et de créativité trop souvent sous-représentés. Je suis Ramata Diallo. Je suis professeure de marketing dans des écoles de mode parisiennes et je suis également consultante spécialisée dans l'accompagnement de porteurs de projets qui veulent lancer leur marque de mode. En 2017, j'ai accepté ma première Fashion Week en Afrique et depuis, je voyage régulièrement sur le continent pour aller à la rencontre de ceux et celles qui font la mode en Afrique. Le podcast est le moyen que j'ai trouvé pour partager au plus grand nombre une autre vision de la mode africaine. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Kadia Silla-Moisson. Kadia est directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de têtes qui accompagne la performance des dirigeants. Elle est également entrepreneur engagée et a fondé la Maison Muller et le Club des Diasporas Africaines de France. Elle a également cofondé le Salon des Industries Africaines. Les industries culturelles et créatives ont une place particulière dans ces différentes initiatives. Je l'ai invitée aujourd'hui pour qu'elle puisse nous parler de son parcours et de ses différentes actions de promotion. du continent aux 54 pays. Bienvenue Kadia, comment vas-tu ? Merci beaucoup Ramar, écoute, je vais très bien, on se dimanche ensoleillé à Paris, et toi, comment vas-tu ? Eh bien écoute, ça va très bien, je suis ravie de pouvoir échanger avec une compatriote guinéenne dans le cadre du podcast Africa Fashion Tour et je vais commencer cette interview comme je le fais toujours, je vais te demander de te présenter. Merci beaucoup Ramar, et puis ravie aussi d'être aux côtés d'une compatriote dans le cadre de ce podcast. Alors donc, tu l'as dit, effectivement, je suis guinéenne. Aujourd'hui, j'ai bientôt 53 ans. Je suis maman de quatre enfants. Je suis née en Guinée et j'ai grandi jusqu'à l'âge de 9 ans. Et je suis partie à l'étranger comme beaucoup de gens dont les parents partaient travailler ailleurs. Je ne suis arrivée qu'en France qu'à l'âge de 17 ans pour faire mon lycée. Et je dirais que j'ai plutôt un parcours assez classique. comme la plupart des gens de la diaspora africaine de France. J'ai fait des études de droit, j'ai un bac plus 5 de droit et DEA, droit international. Et je me suis orientée vers des métiers RH, où j'ai travaillé pendant plus de 17 ans. Et aujourd'hui, je dirais que, comme beaucoup de femmes, à partir de la quarantaine, on a l'effet, on a envie de faire autre chose. Je ne sais pas si c'est le cas pour des gens que vous avez eus à... Avoir en interview Rama, mais voilà, moi en 2015 à peu près, j'ai eu envie de me lancer dans l'entrepreneuriat et en créant la Maison Muller, enfin en reprenant une entreprise, la Maison Muller, et en mettant en place d'autres initiatives jusqu'en 2018, où j'ai rejoint le groupe de chasse de tête Grand Alexander pour accompagner le développement du groupe sur le continent africain, puisque j'occupe le poste de directrice afrique. Et depuis bientôt sept ans, j'exerce cette fonction-là, tout en gardant aussi cette passion et cette appétence sur des sujets liés au développement du continent africain, et plus spécifiquement de la Guinée, de mon pays, en créant des liens, autant que faire se peut, entre le pays d'accueil, qui est la France, puisque je me définis comme guinéenne et française, pour créer des ponts, des initiatives, des synergies communes et pour développer le business, ce que c'est aussi ce que je m'assigne comme responsabilité. Voilà, c'est un peu condensé, mais ça me permet un peu de voir aujourd'hui qui je suis en partie. Très bien, mais le but, c'est qu'on a une heure devant nous pour pouvoir te donner l'opportunité de nous donner plus d'informations sur ton parcours. Donc, ce que tu expliques, c'est qu'il y a eu un tournant dans ta carrière à partir de 40 ans tu as décidé de fonder la Maison Muller. Est-ce que tu peux nous parler de cette entreprise ? Enfin, de reprendre la Maison Muller. Oui, effectivement. En fait, comme je le disais au départ, c'est vrai que j'ai travaillé dans des entreprises comme RH pendant longtemps. Et je voyais aussi, il y a eu en fait un élément d'écrancheur. C'était, à l'époque, j'étais responsable des relations sociales dans une association en tant que salarié. une association qui se trouvait à Bobigny et j'accompagnais les salariés de cette entreprise, de cette association qui était un ESAT. Un ESAT, c'est ceux qui s'occupent de l'insertion professionnelle des travailleurs souvent détachés de l'emploi. Là, c'était des travailleurs handicapés psychiques. Et travailler dans le milieu associatif, donc salariés pour moi, c'était une première. Ça fait appel à... ça touche vos émotions et souvent vous avez des... Vous êtes face à des personnes qui ont parfois des comportements débordants et il faut faire face. Et je pense que ça a été un élément déclencheur où c'est arrivé un moment de ma vie où je souhaitais vraiment me reconnecter, j'ai envie de dire, avec le continent africain et avec la Guinée. Puis je voyais aussi mes parents qui prenaient de l'âge et puis je me disais mais il faut absolument que je fasse quelque chose. J'avais l'impression de ne pas être totalement finie, qu'il me manquait quelque chose, que j'étais loin. un peu de mes racines. Et je pense que le fait d'avoir été dans cette association où nos émotions sont mises à l'épreuve, eh bien, je pense que ça a un peu réveillé tout ça. Donc là-dessus, j'ai eu une opportunité. Sauf que j'ai un mari qui est entrepreneur. Et à ce moment-là, il y avait une entreprise qui était gérée par un membre de sa famille, par mon beau-frère. Et il m'a dit, écoute, tu sais, on va peut-être changer de concept. Il y a cette entreprise à Montmartre qui était à l'époque un haut lieu de la créativité. Et on... française qui est un lieu de résidence et d'artiste, mais qui est un peu en désuétude. Et puis, elle m'a proposé de reprendre cette entreprise et je l'ai reprise avec des amis pour en faire un espace de coworking et d'événementiel. Et très tôt, j'ai souhaité y mettre ma touche africaine. Donc, j'ai ouvert cette maison. C'est une maison à Montmartre qui fait à peu près 350 mètres carrés, donc un hôtel particulier. et qui entre, souvent je dis que ce qui est sur la rue Muller, souvent je dis que je suis le pont entre la France et l'Afrique, parce que quand vous descendez un peu plus bas, vous arrivez sur la rue de Clignancourt, le boulevard Barbès, vous êtes à Bamako, souvent j'aime à le dire, c'est pas du tout par condescendance, mais c'est que vous arrivez vraiment au cœur de l'Afrique, vous qui êtes en France, vous savez ce que c'est, et quand vous montez un petit peu, vous arrivez sur les marches du Sacré-Cœur, donc c'est drôle parce que cette rue Muller, elle est vraiment au milieu de tout ça, donc souvent j'aime à le dire que je suis le pont, entre ces deux pays, la Guinée et la France, que j'aime tant. Et donc très vite, j'ai voulu mettre cette touche africaine, comme je le disais, j'ai ouvert aux jeunes femmes, notamment africaines ou afrodescendantes, et aux jeunes entrepreneurs d'une manière générale, parce que nous appliquons des prix assez abordables pour des locations de bureaux, et nous faisions, en force de l'expérience de ce lieu parisien, on a pu effectivement plus attirer. d'autres catégories d'entrepreneurs, notamment les gens de la diaspora. Et très vite, ça a été un lieu assez connu et reconnu par des entrepreneurs issus de cette diaspora, souvent des femmes d'ailleurs, qui venaient exposer leurs produits, qui venaient exposer leurs œuvres d'art. Il y avait souvent des expositions artistiques ou qui venaient tout simplement faire des formations, des ateliers pianètes. On a eu vraiment des événements... divers et variés. Donc aujourd'hui, cette maison existe encore. Alors on a été un peu impacté par le Covid, puisque vous savez que ça a touché beaucoup de gens, la restauration, tout le milieu événementiel. Et l'année dernière, on l'a transformée en hébergement, puisque sa destination est mixte à la fois professionnelle, on peut faire aussi l'hébergement professionnel. Donc on l'a transformée en Airbnb, ça marche plus. plutôt bien, grâce à Dieu. Et quand c'est pas loué pour les Airbnbs, c'est loué pour des événements. Récemment, d'ailleurs, j'étais à un événement, c'était dimanche dernier, organisé par... par une femme camerounaise de la diaspora africaine de France qui a organisé son atelier de formation. Et j'ai eu l'opportunité d'être invitée par elle. Et donc, on a pu recevoir ses invités. Nous étions à peu près une trentaine, une quarantaine de personnes. Et voilà, la Maison Mulaire, c'est ça. Donc, c'est un lieu d'événement et un lieu aussi pour éveiller des talents. Et c'est ce que je m'efforce de faire depuis sa création en 2016. Très bien, merci pour cette overview assez claire de ce qu'est la Maison Muller. Je réalise que ce n'est pas du tout loin de où j'habite, puisque moi aussi j'habite un peu au carrefour. Je suis au 18e et très proche du 17e, donc c'est vraiment entre les deux. Je ne comprends pas plus cette expression de pont entre la France et l'Afrique, parce que quand on traverse certaines rues à Paris, on a vraiment ce sentiment de voyager et de se retrouver dans certains quartiers africains, comme aussi dans certains villages typiquement. Donc, ça me parle et je vais très prochainement voir la végétation. Avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Je voulais revenir également sur le poste que tu occupes chez Grand Alexander, puisque tu es la direction Afrique au niveau de la chasse de tête. Et on parle souvent parfois d'une déperdition peut-être de talent en Afrique où les personnes les plus éduquées, les plus brillantes, elles sortent du continent. Et on parle aussi en même temps aujourd'hui de plus en plus d'un phénomène de repas où il y a des personnes qualifiées qui retournent sur le continent. Donc je pense que c'est intéressant d'avoir ta vision d'experte des ressources humaines sur aujourd'hui quand une entreprise, d'où qu'elle soit, elle est basée en Afrique, quand elle cherche des profils compétents et qualifiés, on a pu souvent penser pendant longtemps qu'elle allait chercher plutôt des gens, des occidentaux. Je pense qu'il y a une évolution par rapport à ça et ce sera intéressant que tu puisses un petit peu nous dire, toi, quelle est ta perspective sur ces sujets-là. Oui, absolument. Ramatha, il y a une véritable évolution quand on travaille avec la recherche de talents, la recherche et la sélection de talents, surtout pour les talents africains. C'est vrai que pendant de nombreuses années, il y avait effectivement cette chute des cerveaux, c'est-à-dire que les personnes, les Africains... ils étudiaient dans des pays, pas forcément la France, mais dans d'autres pays, ils aspiraient plus à se former, à aller dans d'autres pays européens, occidentaux, etc., pour parfaire leur formation, pour trouver du travail et pour vraiment valoriser leur diplôme. Donc personne ne pensait en fait à « je vais retourner en Afrique » . Il y avait très peu de gens, même nous. On étudiait, une fois qu'on avait nos formations, nos diplômes, on n'avait pas tout de suite ce réflexe de se dire nous allons retourner travailler chez nous en Afrique parce qu'il y avait des problématiques, on va dire, ça dépend des pays, mais il y avait quand même des problématiques politiques, il y avait des problématiques de stabilité, etc. Donc ce n'était pas le premier réflexe que nous avions. Et puis, par ailleurs, je dirais il y a une trentaine d'années, les entreprises ne pensaient pas forcément à recruter des talents, notamment à des grands postes, des postes à responsabilité, puisque l'ADN des grands Alexandres, nous, nous recrutons des cadres dirigeants. Donc souvent, c'était un peu l'ère des expatriés, des expatriés européens qui étaient dans des grandes entreprises, qui occupaient des postes de direction au sein des filiales d'entreprises européennes ou d'autres nationalités. Et je dirais qu'il y a une quinzaine d'années à peu près, il y a eu un véritable changement de paradigme tout d'abord, c'est que les entreprises ont commencé à africaniser leurs bords, ont commencé à recruter, pas forcément de l'expatrié, mais plus des gens qui avaient des talents, qui avaient des diplômes de très bon niveau, qui avaient des compétences, qui avaient de l'expérience, au sein de leur entreprise. Et ce phénomène, je dirais, a été accéléré. Par le Covid, parce que pendant le Covid, les DRH des grands groupes se sont rendus compte, enfin en tout cas ont eu à gérer tout le phénomène, le management du risque, parce qu'on a vu arriver l'exfiltration, je ne sais pas comment dire ça, mais en tout cas le rapatriement de tous les cadres expatriés vers leur pays d'origine, vers la France, et tout ça, ça a coûté. de l'argent, ça a coûté beaucoup d'argent en assurance, etc. Donc ce management du risque a été assez important. Et ça fait réfléchir aussi les entreprises, parce que pendant ce moment-là, en fait, il y a eu des locaux qui ont pallié à cette absence. Et les boîtes, pour la plupart, ont continué à tourner. Donc ce phénomène d'africanisation, on va dire, s'accélère de plus en plus. Et en parallèle, nous voyons aussi une dynamique sur le continent africain qui ne date pas d'aujourd'hui, mais qui a commencé depuis, je dirais, une quinzaine, oui. ou à plus d'une quinzaine d'années, on voit que l'Afrique se développe. Il y a énormément de croissance dans les pays. Il y a certains pays qui ont des croissances à deux chiffres. Il y a des politiques publiques qui ont décidé, dans certains pays, de vraiment mettre toute leur énergie sur le développement des infrastructures, sur le développement des industries, que ce soit... culturelles, créatives, et aussi sur tout ce qui est industrie des nouvelles technologies qui sont en pleine croissance. Ce qui fait qu'on a vu un changement d'attitude, si je peux dire ainsi, chez les personnes de la diaspora. Face à cette africanisation des bornes, on a vu arriver des personnes quittant l'Occident vers l'Afrique. avec des niveaux de vie plus ou moins plutôt confortables, on va dire, parce que les salaires sont importants, parce que les prises en charge des familles sont importantes, etc. Et puis, il y a eu aussi ce sentiment vis-à-vis des gens de l'adresse pour un, de se dire, j'aimerais finalement participer à ce développement, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice. On a vu, en tout cas moi j'ai vu, depuis que je suis chez Quentin Alexandre, et je le constate tout le temps, ce besoin de revenir. Ce besoin, on parlait de repas tout à l'heure, effectivement ce besoin de revenir. Encouragé d'ailleurs par certaines personnalités politiques. Ce n'est pas pour rien qu'en 2019, que le président, l'ancien président du Ghana, Nana Akufo, a décrété que l'année 2019 serait l'année du retour. Donc, je dirais qu'il y a eu des signaux, il y a eu des indices, il y a eu des faisceaux d'indices qui ont fait qu'on s'est rendu compte que finalement, en fait, il y a un changement de paradigme. En même temps, il y a un retour inversé avec cette population, cette diaspora africaine qui, aujourd'hui, a envie de vraiment retourner. Moi, tous les jours, j'ai des connexions LinkedIn de personnes de différentes nationalités, Sénégal, Côte d'Ivoire, de Divoire, Guinée, même en Afrique anglophone, qui me demandent si j'ai dans le pipe des offres, des missions, etc. pour le continent. Donc ça, c'est réel. Et ça va continuer à s'accélérer, très clairement. C'est plutôt une bonne nouvelle, je dirais. Et ça me fait penser en tout cas à un sujet de base. qui me semble important quand même d'aborder, c'est que d'un côté, on a ce phénomène-là où on se rend compte que, véritablement, il va y avoir une population éduquée qui va vouloir retourner au pays. Et de l'autre, on a aussi un mouvement qui va dans le sens contraire, aussi de populations qui sont en souffrance en Afrique et qui vont, dans des conditions compliquées, vouloir rejoindre l'Occident en étant dans le sens logique que c'est vers l'Occident qu'il y a des opportunités de meilleure vie pour les gens. Quel est ton analyse, ton sentiment par rapport à ces deux mouvements qui sont parallèles en fait et qui sont un peu contradictoires quelque part ? C'est tout à fait juste ce que tu dis, c'est totalement des deux mouvements et ça paraît assez complexe comme réflexion de se dire que ce passe de notre sens, on a effectivement ces gens qui veulent aller en Afrique et puis d'un côté on a cette population. en déperdition, qui prend les bateaux vers un supposé Eldorado, j'ai envie de dire, et qui, vraiment, vont au risque de leur vie, et on constate ça quasiment tous les jours en allumant sa télé ou en lisant les journaux. C'est vrai. Mais, quand on regarde, ce n'est pas la même population, déjà, en fait. Des gens qui vont dans l'autre sens, c'est-à-dire qui décident d'aller... C'est souvent des cadres dirigeants, c'est souvent des gens diplômés, c'est souvent des gens... qui ont des réelles compétences et qui ont déjà un bagage, on va dire, intellectuel, qui sont formés et qui vont en Afrique, pas pour prendre la place des locaux, parce que les locaux aussi qui ont des formations, etc., qui travaillent dans les entreprises ou ailleurs ou dans l'industrie, il y en a qui sont formés, qui dirigent les entreprises actuellement. Mais je dirais qu'en fait... ces jeunes-là, parce que c'est la plupart ce sont des jeunes qui partent aujourd'hui en Afrique, les gens quittent leur pays parce que souvent ils sont dans des régions où ils sont quasiment perdus de l'espoir parce qu'ils ne trouvent pas d'emploi, ils ne savent pas comment venir aux besoins de leur famille, etc. Ils se disent, on va regarder ailleurs et l'être humain, on sait ce que l'être humain fait partie de son de son essence même, quand on n'arrive pas à subvenir à ses besoins, quand on n'a pas d'issue, etc., on va voir ailleurs. Il n'y a qu'à prendre l'histoire de l'humanité, ça a toujours été comme ça. Et je dirais que oui, c'est vrai, cette jeunesse qui quitte l'Afrique, qui est au prix de sa vie et qui subit des conditions atroces, parfois dans certains pays où ils sont emprisonnés, je parle de tous ces... tous ces jeunes qui se retrouvent dans des pays comme la Libye, etc., on en a entendu qui se retrouvent parfois même en esclavage, je ne sais même pas parfois, mais qui se retrouvent en esclavage, je pense qu'on a tous une responsabilité, surtout que nos dirigeants ont une responsabilité à avoir pour aussi trouver des mécanismes pour pouvoir maintenir leurs jeunes, ou en tout cas leur offrir la possibilité de pouvoir trouver les moyens de subsistance et pas avoir comme seule solution pour l'embarcation sur des bateaux de fortune pour aller chercher un mieux-vivre ailleurs. Ce qui est très clair aujourd'hui, en mon sens, c'est que je pense que beaucoup de pays d'Afrique commencent à prendre ce point. De toutes les façons, ils sont obligés de faire, parce que nous savons tous que un jeune sur quatre demain sera africain. L'Afrique, aujourd'hui, c'est le continent qui a le plus gros niveau de démographie, le plus élevé. Et donc, toute cette jeunesse, il va bien falloir la mettre au travail, en tout cas, lui donner les possibilités de pouvoir se développer, parce qu'aujourd'hui, le nombre d'emplois produits, qui permet d'emplois disponibles, les derniers chiffres, si je me souviens, c'est qu'il y a... Tous les ans, il y a presque 20 à 22 millions de jeunes qui arrivent sur le marché du travail, alors qu'il n'y a que 3 à 4 millions d'emplois disponibles. Donc on voit bien qu'il y a un gap, et qu'est-ce qu'on fait de ceux qui n'arrivent pas à trouver de l'emploi ? Donc il y a effectivement des politiques publiques qui réfléchissent à comment imaginer des formations, comment imaginer des formations professionnelles, techniques, pour armer ces jeunes. Parce que tout le monde ne va pas être sociologue, banquier, etc. C'est l'ère du travail, de la main, c'est l'ère de la réflexion sur comment mettre en place des formations techniques professionnelles pour pouvoir permettre à cette jeunesse de ne pas risquer sa vie vers des contrées difficiles. Un exemple... Quand tu me parles de cette question, ça me fait penser à une actualité assez récente, l'histoire de ce jeune à Boussangaré qui vient d'être primé, d'avoir le César de l'espoir masculin, avec le film Suleymane, que je n'ai pas encore vu, mais que je vais m'empresser d'aller voir. Moi, j'ai écouté son intervention au César, parce que mes enfants ont poussé à regarder la cérémonie, puisqu'ils aiment bien qu'on regarde ensemble. J'étais très émue. par cette histoire, mais l'histoire de Suleymane, c'est une histoire particulière, singulière, c'est une histoire de destin presque. Ça ne doit pas pousser nos jeunes africains aujourd'hui à se dire « Ah ben voilà, Suleymane, il a pu être acteur, il a eu un prix d'interprétation reconnu à Cannes, il a un prix là, aujourd'hui, avec les Césars. » Il faut que je prenne le bateau. En France, on peut réussir. Alors que la manière, tout le cheminement qu'il a effectué entre 2015 jusqu'à aujourd'hui, ça n'a pas été très facile. Oui, j'ai envie de vous dire, c'est vrai que c'est contradictoire, mais en même temps, nous ne sommes pas face à la même population. dont on parle. Oui, c'est vrai que c'est contradictoire. Oui, je pense qu'on a une responsabilité. Les pouvoirs publics, les États ont une responsabilité aussi pour s'occuper de leur jeunesse parce que l'Afrique, c'est une population immense, c'est une démographie galopante et qu'il est important aussi pour ces pays-là de prendre en charge ces jeunes-là parce que c'est aussi un risque pour l'Europe. On voit bien aujourd'hui, quand on voit toute cette radicalisation qui se passe aujourd'hui dans certains pays européens avec la montée du populisme, etc. C'est qu'on est face à des temps qui sont en train de changer. Donc il y a aussi cette réflexion à avoir à l'autre niveau, en tant que personne, on va dire société civile, mais aussi dans nos... dans nos actions, dans nos initiatives, etc., dans nos prises de parole, et aussi pour les personnes qui nous dirigent dans nos États, de pouvoir justement prendre ces points-là, parce qu'on est face aujourd'hui à un nouvel ère qui est en train d'émerger aujourd'hui dans les différentes régions du monde, et je pense que chacun doit prendre ses responsabilités là. J'ai été un peu longue, c'est un peu bifurqué. J'espère que ça répond en tout cas à votre question. Oui, ça répond complètement à la question. Il faut être complètement à l'aise au fait d'être long dans les réponses, parce que le temps du podcast est un temps long, au contraire de TikTok et autres réseaux sociaux où on n'a pas le temps de s'exprimer. Tu as tout le loisir de t'exprimer et de faire des longues... On est chez nos ancêtres, ce sont des griots. Oui, absolument. Donc c'est naturellement que... plein de chemins, on raconte des histoires. J'ai beaucoup aimé ton parallèle avec effectivement l'histoire d'Abu Sangaré et c'est intéressant que tu précises comment ça peut être perçu cet exemple-là. Il ne faudrait pas le voir perçu comme finalement l'exemple à suivre parce que ce n'est pas le genre de modèle qu'on a forcément envie de mettre en avant même si c'est une superbe histoire et que on est fiers que ce soit encore un compatriote guinéen. Oui absolument, il est guinéen, c'est exactement ça. Mais en même temps, on n'a pas envie que ce soit cristallisé comme c'est le chemin qu'on doit tous prendre si on veut arriver quelque part. On a envie d'avoir aussi des exemples mis en avant de repas et de locaux qui sont sur le continent et qui ont des carrières exceptionnelles. Et c'est ça toute la complexité quand on parle d'Afrique et qu'on a tendance à vouloir généraliser, c'est qu'en fait on ne peut pas. Et c'est ça qui parfois dans les analyses fait défaut, c'est que... On n'a pas toujours les experts métiers pour s'exprimer sur les sujets. Et puis, on a tendance à tomber dans la facilité de la généralisation qui ne traduit pas la complexité et la diversité des différents profils sur le continent. J'ai envie maintenant que tu nous parles de ton initiative, le Club des diasporas africaines. Du coup, comment t'es venue cette idée ? Et aujourd'hui, en fait... c'est un peu pourquoi rejoindre le club et quelles sont les différentes initiatives du club ? Oui, merci Rama. Oui, effectivement, alors comme je te disais au départ, la Maison Muller est très vite devenue, je commence par là parce que tu vas comprendre pourquoi, la Maison Muller est devenue très vite un lieu vraiment d'expression, on va dire, des initiatives de cette diaspora africaine de France, et notamment des entrepreneurs et entrepreneuses africaines. Et... Et progressivement, au fil de l'eau, je me suis dit, mais je rencontrais, j'étais face à des histoires, en fait, des histoires de vie, des femmes africaines qui étaient parfois salariées dans des entreprises ou alors qui avaient fait des reconversions pour lancer leur business. Et je voyais qu'elles avaient quand même du mal pour beaucoup à développer leur entreprise, qu'elles avaient du mal pour beaucoup à gagner plus en confiance, à être soutenues, à développer. leur réseau, etc. Donc il manquait un certain nombre de clés de réussite pour beaucoup d'entre elles et je me suis dit, puisque je vivais dans un écosystème par ma belle famille et notamment par les différentes entreprises de mon mari, où je voyais la manière dont il faisait la promotion des talents, notamment des talents issus de la gastronomie française, qu'il révélait vraiment. Et ça me donnait des idées, je me disais mais il faudrait qu'à un moment je puisse réfléchir à un écosystème ou à une plateforme d'entraide où on pourrait effectivement permettre aux uns et aux autres de pouvoir se développer, de pouvoir être connecté à la bonne personne, de pouvoir trouver un financement pour accélérer son développement entrepreneurial ou alors tout simplement... être mieux armé pour gagner en confiance, etc. Donc en fait... Tout est né de ce constat et de cette observation, parce qu'il faut observer, c'est important, il faut écouter, c'est aussi très important pour avancer. Et il y a trois ans, j'avais déjà une entreprise, parallèlement à la Maison Muller, j'avais une entreprise de conseil, j'appelais des entreprises, notamment des PME, sur du conseil en développement Afrique. Et je me suis dit, il faudrait que je puisse mettre en place cette plateforme business qui marche sous forme d'adhésion pour justement soutenir les membres de ce club pour les connecter à des réseaux intéressants ou à des personnes intéressantes qui peuvent les aider. Donc ça a commencé comme ça, j'en ai parlé à quelques amis, des gens que je côtoyais notamment au sein de ces initiatives. d'entrepreneuses au sein de la maison Muller et très vite des personnes ont rejoint cette initiative et c'est tombé à un moment où j'avais en fait repéré une jeune femme qui était chef cuisinier, qui est de nationalité française d'origine togolaise, qui avait travaillé dans un de nos ... dans notre écosystème, et qui avait envie d'avoir un restaurant pour pouvoir développer son entreprise de cuisson, de restauration. Et cette femme s'appelle Agnès, son nom de chef c'est Agnès. On a échangé longuement cet été parce qu'elle réfléchissait à reprendre un restaurant. Il se trouve que dans notre écosystème, familiales. On a un restaurant aujourd'hui qui existe depuis une dizaine d'années et qui a vu passer pas mal de chefs, pas africains, mais des chefs français, etc., qui pendant très longtemps a été un lieu qui révélait des talents. Notamment l'un des chefs qui est passé par ce lieu-là, c'est Guillaume Sanchez, qui a été plus ou moins révélé, j'ai envie de dire, par... par mon beau-frère, Adrien. Et donc, ce restaurant était aussi connu pour ça, pour vraiment donner la possibilité à des personnes qui avaient des talents culinaires de pouvoir s'exprimer, exprimer leur art. Donc, il s'est trouvé qu'en fait, les planètes étaient un peu alignées. C'était aussi des concours de circonstances que l'année... L'été dernier, en discutant avec cette femme à Guinness, elle me dit « je veux reprendre un restaurant » . Je lui dis « écoute, nous avons le restaurant Sarté, qui n'est pas loin de la Maison Muller, qui a deux pâtés de maison. Nous cherchons un chef. Si tu veux, on peut s'associer et tu prends le restaurant, etc. » Les choses se sont faites assez rapidement. Cette femme à Guinness a du coup repris ce restaurant récemment. Elle a changé le nom et se l'a approprié. Elle a réussi à avoir du financement pour pouvoir justement faire tous les travaux nécessaires. Donc nous sommes en partenariat avec elle, nous sommes associés dans cette initiative. Donc c'est une personne qui fait partie de notre écosystème. C'est un exemple pour vous dire pourquoi je vous dis tout ça. C'est pour vous démontrer qu'en fait, quand on arrive effectivement à se mettre ensemble, quand on arrive à... à donner la chance à d'autres personnes de pouvoir se développer, de pouvoir réaliser leurs rêves, c'est la chose la plus merveilleuse qui soit. Et le Club des Diasporas Africaines de France, c'est ça l'idée. L'idée, c'est de dire, nous pouvons créer ensemble cette culture du possible, en se parlant, en essayant de voir comment s'entraider. pour finalement avancer, parce qu'il y a énormément de talent aujourd'hui au sein de la diaspora, et c'est très compliqué de trouver les bonnes personnes au bon moment, les bonnes personnes qui peuvent effectivement vous aider à tout simplement aller vers un objectif que vous vous êtes fixé. Donc je dirais que c'est une plateforme d'entraide, c'est une plateforme aussi qui permet de trouver des pépites. qui ont besoin d'être accompagnés financièrement pour développer leur entreprise. C'est une plateforme qui est très business, ce n'est pas une association, c'est un club d'affaires. qui a aujourd'hui 3 ans, qui est soutenue, je tiens à le dire, par le groupe Orange Monnaie Europe, puisque depuis toutes ces années, enfin depuis 2 ans et demi, on a Orange Monnaie Europe qui soutient toutes nos initiatives événementielles, notamment, donc qui apporte un appui à la fois financier, et nous permet aussi de pouvoir avoir de la visibilité dans nos différentes initiatives. Donc j'en profite pour saluer Orange Money Europe qui soutient pas mal d'initiatives de la diaspora. En tout cas, nous, ils nous ont fait confiance. Et du coup, ça nous donne du courage pour pouvoir justement continuer à développer ce club d'entraide aussi, mais aussi d'accompagnement des entrepreneurs de la diaspora. À l'intérieur de ce club, on a développé une initiative qui est l'organisation de conférences, parce que l'objectif, c'est aussi de faire des liens transcontinentaux. C'est aussi de créer du lien. avec l'Afrique, puisque les personnes qui composent ce club, il y a des Français français, mais il y a aussi des gens issus de la diaspora africaine de France, pour la plupart, c'est la majorité. Et donc l'objectif, c'est aussi au travers des conférences que nous organisons, c'est de pouvoir justement se connecter et se reconnecter avec le continent africain. Nous avons lancé l'année dernière une initiative qui est le Salon des industries africaines de France. La première édition a eu lieu à Gavaud. Nous avons réussi à réunir presque 250 personnes avec des entreprises, avec des banques, avec des industriels. C'est un événement qui a suscité beaucoup d'engouement et qui a été salué par pas mal de gens présents, même sur le continent, qui ont marqué leur sentiment de satisfaction et de satisfaction. parce que premièrement, c'est une initiative qui est portée par des femmes africaines, puisqu'il y a moi, il y a aussi une amie, Léa Ausha, qui m'accompagne sur ce projet. Et c'est une initiative aussi qui a pour vocation d'attirer aussi d'autres réseaux, comme le réseau des forces françaises de l'industrie, pour justement avoir de l'impact et créer cet effet de croissance partagée avec le continent africain. C'est aussi une plateforme qui nous a permis aussi de faire des conférences sur le continent africain, comme les tables rondes du capital humain africain, puisque l'année dernière en Guinée, on a eu la chance de participer au 72 heures du livre, avec des amis de la diaspora, pour certaines qui n'avaient jamais mis le PPP en Guinée. Donc ils sont venus avec moi, où nous avons effectivement animé une table ronde sur le capital humain africain, et des masterclass autour des femmes dans les boards, autour de comment je travaille mon pitch, etc. Donc en profitant et en prenant l'opportunité de cet événement majeur en Guinée, qui est le 72 heures du livre, c'est aussi au travers de cette plateforme, au travers de cette dynamique, on va dire, de clubs, d'entraide et aussi de rencontres d'affaires que nous avons pu aussi, que j'ai été sollicité par cette année, c'était le 7 février dernier, par l'ex-ambassadeur du Gabon en France qui s'appelle Liliane Maramala Massala, qui dans le cadre du lancement de son fonds d'investissement agricole et de son cabinet d'accompagnement des investissements en Afrique, notamment... en Afrique en général et plus particulièrement en Afrique centrale, Gabon, RDC, etc., m'a sollicité pour être chargée de mission pour organiser cette conférence. Nous travaillons, donc ça a été un vrai succès aussi, l'un grâce à ce travail collectif, puisque cette conférence a réuni presque 250 personnes, plus de 250 personnes en présentiel et 500 personnes en distanciel qui suivaient en direct via les plateformes de réseaux sociaux la conférence. avec un parterre de personnalités importantes, publiques et en même temps des acteurs économiques. Donc tout ça pour vous dire que cette plateforme, si je devais la résumer, c'est non seulement un lieu d'entraide pour soutenir des entrepreneurs des diasporas africaines de France, puisque ces diasporas sont assez diverses, pour les mettre en lumière, pour leur donner une visibilité au travers de nos plateformes de communication, pour en même temps identifier celles et ceux qui ont des... on va dire des projets entrepreneuriaux ou des entreprises déjà qui ont besoin d'être accélérées et qui peuvent bénéficier des réseaux de financement que nous avons aujourd'hui, parce que nous sommes connectés à des réseaux. pour aussi permettre à cette diaspora de se relocaliser ou de se connecter, reconnecter, si vous voulez, avec le continent africain. Parce que beaucoup, parfois, ne connaissent pas le continent, soit leur pays d'origine, soit ils ont été une fois, deux fois, mais ils ne le connaissent pas toujours. C'est aussi de dire, au travers de ces conférences, au travers de ces échanges... au travers de ces déplacements que nous faisons sur le continent, nous créons du lien, nous arrivons à nous développer ensemble, à grandir ensemble, à nous entraider. Et donc, voilà, on voit ce que, si je pouvais résumer, en tout cas l'objectif et les ambitions de cette plateforme aujourd'hui. Très bien, on sent qu'il y a vraiment une interconnection entre, en fait, parce qu'on pourrait se dire, mais tu interviens sur différents... sujets très différents, tu as beaucoup d'initiatives et d'entreprises différentes, mais on sent bien qu'en fait tout est connecté, et que finalement il y a un lien entre la Maison Muller, le Club des D'Aspora, et puis ton travail chez Grand Alexander. Donc ça c'est assez intéressant de voir ça, parce que parfois moi je peux être confrontée à des étudiants aux différents profils qui n'osent pas tenter plusieurs choses en se disant « ça ne va pas être audible, ça ne va pas être compréhensible » . Donc, il faut que je choisisse une voie. Et puis, c'est celle-là par laquelle je vais m'exprimer. Donc, c'est intéressant, à travers ce que tu nous racontes là, de voir finalement qu'une ligne directrice, elle peut avoir plusieurs piliers qui vont venir la soutenir. Complètement. Et c'est très bien dit. Tu le dis encore mieux que moi. C'est exactement ça, parce que ça surprend beaucoup de gens, parfois des amis, qui me disent « Mais oui, mais tu fais trop de choses, comment tu trouves le temps ? » temps avec tes enfants, mais je dis, mais en fait, d'abord, il y a une histoire de passion, en fait. Quand on n'est pas passionné par des choses, ça ne marche pas. Il y a aussi l'authenticité, le fait d'être vrai dans tout ce que vous faites et d'avoir vraiment à cœur de faire bouger les lignes et de faire avancer les choses, ça c'est important. Et en fait, oui, il y a cette ligne directrice. Il y a l'Afrique, bien sûr, parce que je suis passionnée par l'Afrique. Il y a l'Europe, la France et on la retrouve. Et finalement, c'est vraiment... Tout est interconnecté, tout est lié. Donc, je n'ai pas l'impression de m'éparpiller, comme certains semblent le dire ou le croire. En fait, tout est lié. Et donc, tu le résumes très bien. Et c'est exactement ça. Très intéressant. Maintenant, je voudrais que tu nous parles du Salon des industries. Il a été organisé, il me semble, l'année dernière. Ça fait partie d'encore une nouvelle initiative de Kadia Moissias. Du coup, les gens vont se dire mais en fait, toutes les 10 minutes, c'est un nouveau sujet de fond. En tout cas, moi, je te suivais sur LinkedIn et c'est par cet événement-là que j'ai pu découvrir l'une de tes initiatives et qui m'a menée après à te suivre davantage et puis à te proposer une interview. Donc, j'aimerais que tu nous parles de ce sujet-là et ensuite, on en revient aux industries culturelles et créatives. Alors, parle-nous de ce sac. Oui, les différents événements. Oui, merci. Merci beaucoup, Rafa. En fait, c'est aussi une question d'histoire, de vie, d'histoire de famille, etc. Après, mon mari va me dire, mais tu parles toujours de moi. En fait, voilà, j'ai un mari qui est entrepreneur, comme on l'a dit aux élus, et qui est l'un des fondateurs des forces françaises de l'industrie depuis bientôt six ans. Les forces françaises de l'industrie, c'est un regroupement d'entrepreneurs français passionnés, qui se battent pour la réindustrialisation de la France. Ils sont partis du constat que la France s'est désindustrialisée, qui a un peu lâché ses industries. Alors qu'on dirait l'un de ses associés, Gilles Attaf, que j'aime beaucoup, l'industrie c'est la vie, l'industrie c'est ce qui permet de travailler les ressources naturelles, de les transformer, de nous nourrir, si on parle de l'agriculture. de transformer, de créer des produits, on parle de l'industrie par exemple l'hiver etc. Donc l'industrie c'est la vie et donc je me suis retrouvée effectivement au cœur du réacteur au moment de toutes ces réflexions là autour des industries au sein de ma famille depuis bientôt 6-7 ans où j'entendais des sujets divers et variés sur comment se battre, comment trouver les moyens. … pour qu'on puisse mettre au goût du jour, ou mettre à l'honneur le produit, la production locale. Le travail de la main, le travail du savoir-faire, le travail du faire, F-A-I-R-E, et comment mettre en valeur toute cette créativité, j'ai envie de dire, qui fait... le succès de la France, quand on parle de l'industrie créative, et qui fait aussi l'image de la France quand on parle de la gastronomie, etc. Parce que tout ça, on est dans une industrie, c'est quelque chose d'assez pluriel. Et je voyais vraiment le début de ces initiatives, et je voyais toutes ces personnes qui venaient chez nous, discuter, échanger, et toute cette réflexion et ce dynamisme. et ce mouvement, et étant une personne d'engagement, vous l'aurez compris, d'engagement, j'ai toujours à cœur finalement d'avoir une réflexion profonde de qu'est-ce qu'il en est, qu'en est-il sur le continent africain, et comment ça se passe aussi chez nous, et en lisant, en allant sur place, je voyais bien qu'effectivement il y avait, comment dirais-je, un... parallèle à faire à ce niveau-là. Et d'ailleurs, dans les discussions, souvent, c'est ce que je laissais entendre. Je voyais, d'un côté, toutes ces personnes de très bonne volonté, assez patriotes, qui se battent sur la réindustrialisation de la France. Je me disais, mais en fait, quand ce combat, il peut être mis en lien avec cette quête, finalement, que nous avons aujourd'hui sur le continent africain, cette quête d'industrialisation. Et c'est assez lié avec tout ce qu'on dit depuis aujourd'hui, ce mouvement de talent qui revient en Afrique, ce mouvement d'experts, de compétences qui veulent transformer l'Afrique, qui veulent aussi utiliser les ressources de l'Afrique pour en faire de la transformation locale. Je crois que je n'ai jamais vu autant de forums, de rencontres autour du Made in... Africa, soit du Made in Benin, Made in Guinée, Made in Mali, il y a eu une espèce de développement accéléré depuis une dizaine d'années, de cette volonté, de cette envie de beaucoup de pays, beaucoup de communautés, ça se faisait déjà, je ne dis pas que ça devient comme ça, comme un cheveu sur la soupe, mais on voit bien que c'est aussi ça l'avenir, c'est aussi utiliser le contenu local, c'est aussi utiliser ce que nous produisons au niveau local pour créer de l'emploi, pour créer de la main d'œuvre, pour faire de la transformation et créer des véritables chaînes de valeur. C'est aussi des volontés, des envies des acteurs en présence de faire moins d'importations puisque nous avons quand même, quand on regarde, la plupart de nos pays, nous avons des sols. certains ne sont pas exploités puisqu'on estime aujourd'hui que l'Afrique, presque 60% des terres arables sont sur le continent africain, si je ne m'abuse. Et donc il y a quand même une véritable quête aujourd'hui. Donc quand on met en parallèle ces initiatives que je voyais en France, notamment au sein des forces françaises de l'industrie, on pouvait verser cette quête. quête d'individualisation de l'Afrique, je me suis dit, mais il faut qu'on fasse quelque chose, il faut qu'on essaie de réunir les personnes intéressées sur ce sujet-là, créer comme une plateforme d'échange qui peut être aussi une plateforme de rencontres, d'échanges, de bons procédés, pourquoi pas, de transferts de compétences, de création de liens, de valorisation aussi de nos histoires communes, puisque... C'est aussi là une démonstration de ce que je fais au quotidien, avec cette volonté de toujours créer ce lien, ce pont, cette relation entre ces deux côtés de mon identité que je valorise, la fois l'Afrique, la Guinée, et l'Europe, la France, le pays où je vis aujourd'hui, où je suis installée, entre parenthèses, je suis dans un couple mixte, avec quatre enfants métis. Ça fait partie aussi de son identité. Donc cette réflexion, elle est née, elle a été renforcée, j'ai envie de dire, à partir de ces échanges que j'avais, à partir de ces parcours de vie que je rencontrais dans différentes régions de France, en me déplaçant, en allant dans des régions. Ma belle-famille vient de la région d'Auvergne, c'est une région que je fréquente depuis presque une trentaine d'années maintenant. Et je voyais aussi cette dynamique. et l'idée c'est de dire mais comment peut-on créer de la croissance partagée comment peut-on créer des ponts entre ces deux entre ces différents acteurs qui ne se connaissent pas pas toujours, et puis voilà, et comment finalement créer ce temps de rencontre, de débat pour faire avancer les choses. Le 7 février dernier, on était sur la thématique de l'industrie, de la thématique de l'agriculture, il y a eu beaucoup de sujets, beaucoup d'éléments de recommandations, de choses concrètes qui se passent aujourd'hui sur le continent africain, des entreprises qui transforment des ressources agricoles, des entreprises qui créent des usines, etc. Donc c'était important de pouvoir témoigner de cela, créer des connexions, aussi valoriser ces initiatives et ces acteurs économiques qui font des choses en Afrique auprès de cette diaspora qui participait à cette conférence. Donc oui, c'est une initiative nouvelle, certes, mais... Mais finalement, elle s'inscrit aussi dans un alignement, dans une dynamique. Donc pour moi, elle vient presque naturellement. La deuxième édition, on est en train d'ailleurs de la préparer, puisque l'un de nos partenaires et de nos sponsors de l'édition l'année dernière, et d'origine sénégalaise, nous a poussé plus ou moins à organiser la deuxième édition au Sénégal. Et on est en train de travailler dessus. qu'on a programmé ça sur le mois de... On l'avait programmé au départ sur avril, mais on n'est pas du tout prêts. Et donc là, on est sur le 17 mai, Inch'Allah, si tout va bien, pour faire cette deuxième édition au Sénégal et pour pouvoir aussi voir tout ce que le Sénégal a montré aussi dans cette transformation industrielle. Je voyais récemment dans la presse un jeune Français qui est parti au Sénégal cher... il a été financé, etc., qui a créé une usine de transformation de l'oignon. Enfin, je crois que c'est... Le produit fini, c'est en fait des oignons séchés. Et c'est un français. C'est aussi de dire aussi aux industries françaises, enfin aux PME qui sont dans l'industrie, etc., ou des entreprises françaises, de dire il y a des pays sur lesquels vous pouvez créer des liens, il y a des pays dans lesquels vous pouvez investir, parce que... beaucoup se plaignent aujourd'hui de l'économie française, qu'on a des dettes, etc., que ça va pas. C'est aussi de se dire, vous voyez, vous avez un continent qui est en croissance, il y a des pays qui ont des croissances presque à deux chiffres, c'est aussi des territoires sur lesquels il peut y avoir des relais de croissance, c'est aussi des territoires avec lesquels vous pouvez créer des partenariats stratégiques. Et moi, je crois beaucoup en l'économie, je crois beaucoup en l'entreprise. Je pense que l'entreprise, c'est un acteur économique fondamental qui... qui arrive, même si on lui met aussi beaucoup la pression, qui arrive à résoudre aussi pas mal de maux de nos sociétés actuelles. Et l'un des principaux talents, entre guillemets, d'entreprise, c'est d'arriver à créer de l'emploi, à transformer les sociétés et à faire en sorte qu'on se reconnecte au travers de la création économique. Très bien, beaucoup d'initiatives en perspective. Merci, et écoute, au mois de mai, on... On attend avec impatience cette seconde édition au Sénégal, où il y a eu l'annonce récente de l'ouverture d'un musée, il y a également le raffinement du pétrole qui a commencé au Sénégal. On sent qu'on est au début d'une nouvelle ère au Sénégal, donc je pense que c'est vraiment intéressant qu'il y ait ce genre d'initiative, à la fois en Occident, mais aussi directement sur le continent africain, puisque quand on parle d'industrie africaine, c'est... Ça paraît légitime et logique d'être sur le continent pour en parler le mieux. Bien sûr, bien sûr. Et ce sera le Sénégal, si tout va bien. Et on a pris la Guinée comme pays invité de neuf. La Guinée n'est pas loin. Et la Guinée aussi, on voit qu'il y a une vraie volonté de transformer, de créer des plateformes d'échange, en tout cas autour de l'industrie. Et je crois que l'année dernière, ou il y a deux ans, il y avait eu le salon de l'industrie. ou du produire local. Et donc, ça, c'est aussi des bonnes initiatives à encourager. Et donc, j'en profite, je suis guinéenne. Donc, j'ai vu avec les équipes que la Guinée sera un pays invité d'honneur. Voilà. Très bien. Non, mais il faut être un peu souverain. Il faut avoir un bon espace. Là, moi, je voulais en tenir aux industries culturelles et créatives. La notion de soft power. Je me rends compte, aujourd'hui, À travers la musique, à travers le cinéma, à travers... travers la musique cinéma, vers l'art contemporain, qui a vraiment un essor d'artistes africains sur le devant de la scène, que c'est reconnu et que, quelque part, c'est aussi un moyen d'étendre, en fait, une forme de, je ne vais pas dire de notoriété africaine, mais une meilleure connaissance de ce qui vient du continent et un peu libérée d'une espèce de, comment dire, là, on vient nous chercher pour nos compétences et notre originalité. On n'est pas sous la coupe, en fait, d'un regard occidental qui nous dicterait les bonnes façons de faire. Absolument. Quel est ton avis par rapport à ça ? Déjà, ce que tu dis, Rama, c'est totalement juste. Et on voit bien qu'effectivement, sur les industries culturelles et créatives, l'Afrique a envie de prendre sa place. Et on voit bien qu'effectivement, il y a aujourd'hui sur le continent... tous ces talents artistiques qui sont aujourd'hui en train de s'exprimer au travers de cette jeunesse. Et je pense que l'avènement des nouvelles technologies, les réseaux sociaux sont en train de l'accélérer et ont mis en valeur, on va dire, cette créativité africaine et cette puissance culturelle africaine. Et chacun est en train de se l'approprier à sa manière, quel que soit le pays où on se trouve. Et ça, je pense que c'est aussi la chance de beaucoup de... En tout cas, c'est un secteur qui va permettre à l'Afrique dans les années à venir de compter sur la scène internationale. Et ça a commencé. Quand on voit aujourd'hui une grande star comme Beyoncé pour son dernier opus, où elle... Je crois que le titre c'était... Je ne me rappelle plus de son titre. Elle a fait appel à des artistes comme Imane Aïssi en tant qu'habilleur de tous ces danseurs et danseuses dans cet opus. Le nom m'échappe, je ne sais plus. C'était Beyoncé qui avait... Où elle fait appel à la culture africaine pour... Dans tout le processus de cette manifestation artistique, ça veut dire beaucoup. Quand on voit récemment le Bénin mettre au goût du jour la religion du vaudou, avec les vaudoudés, ce qui a fait venir des milliers de personnes de partout, et qui utilisent cette puissance, cette richesse culturelle, spirituelle, pour valoriser le Bénin, on est vraiment dans du soft power, et dans ce soft power orchestré vraiment intelligemment. Quand on voit aujourd'hui des chefs cuisiniers qui sont primés et qui gagnent des étoiles en France et qui maintenant arrivent, par ce travail gastronomique culinaire, à régaler des grands chefs d'État comme Sacco, qui a fait un grand dîner, je ne sais plus pour quelle réception, à l'Ilysée, qui a fait le dîner d'accueil des personnalités politiques, les exemples ne manquent pas. pas. Et moi, j'ai une amie qui s'appelle Absa Tou Douro, qui est d'origine sénégalaise, qui a lancé l'école des... ça s'appelle l'école du luxe au Sénégal. Et l'école des métiers d'art, c'est une initiative qu'elle a lancée il y a 3-4 ans. Justement, en partant de l'idée qu'effectivement, il faut valoriser ces talents africains, parce que nous, on les voit sur Instagram, sur les réseaux sociaux, etc. et qui a pris justement cette initiative de porter aux yeux du monde cette créativité africaine qui n'a rien à envier à certaines maisons de luxe, par le raffinement, par la beauté et par toute la complexité de la création. Et c'est quelque chose qui a démarré petitement aujourd'hui, c'est vraiment, il y a une vraie école avec cette possibilité aussi d'entraîner cette jeunesse, ce gisement de talent, puisque c'est une jeunesse nombreuse, vers ces secteurs de savoir-faire, de création, pour en faire demain des métiers. Parce que quand on prend... On parle de l'industrie créative, de l'industrie culturelle, c'est tellement de métiers qu'on peut intégrer dedans. Vous avez parlé de la musique, on peut parler de la confection, du textile, on peut parler de cuisine, de l'aspect culinaire, on peut même y mettre tous les éléments du sport, de la danse, etc. Donc oui, l'Afrique est en train de vraiment prendre sa part dans cette industrie parce qu'on a aussi, surtout, un patrimoine culturel qui est extrêmement riche. Moi, je suis née en Guinée, j'ai des souvenirs de contes, d'histoires que ma grand-mère, paix à son âme, nous racontait avant qu'on aille se coucher. Parce que ma grand-mère paternelle vivait avec nous, donc elle était à domicile, et on ne se couchait pas avant. d'avoir l'histoire, on appelle ça les kinis, ou sous-sous, avant d'avoir l'histoire, ce conte qui éveillait nos sens, notre imaginaire, etc. D'avoir tous ces errants qui ont façonné l'histoire avec un grand H de l'Afrique, pas que l'homme africain n'ait pas assez rentré dans l'histoire, ça me permet de faire une petite parenthèse, d'aller au-delà des... les siècles et les siècles de l'histoire africaine, qui est une histoire fabuleuse. Donc, je dirais qu'aujourd'hui, oui, on peut parler d'industrie. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris. Je vous parlais du Bénin tout à l'heure. Le Sénégal, au mois de juin, il va y avoir le Festival des Arts à Saint-Louis. Voilà, moi, c'est des choses qui m'intéressent. Et d'ailleurs, on les a mis en valeur lors de notre... Le dernier salon des industries africaines, le 24 juin 2024 à Gavau, il y avait tout un panel, en tout cas de grands témoins, avec des personnes comme Mohamed Zoglami, qui au travers des jeux vidéo arrivent à faire des plateformes de jeux avec des héros africains, des Sujata Keita, les Renzinga, etc. Ou encore, je ne sais plus, le nom m'échappe, Je ne sais plus. Mais bon, un exemple pour vous dire qu'effectivement, c'est des secteurs d'activité aujourd'hui qu'il ne faut pas négliger. Et je pense que beaucoup de pays l'ont compris, que mettre la culture au cœur des réflexions de développement, de transformation de l'Afrique, c'est quelque chose de vraiment fondamental. Complètement alignée avec cette réflexion, toi, à travers ta position, comme tu le disais, tu as... dans une situation où tu te situes un peu sur ce pont entre la France et l'Afrique. Est-ce que tu vois des changements d'un point de vue... Toi, tu vas être dans des initiatives qui sont le Club de la Diaspora, la Maison Muller, qui sont des entreprises privées et personnelles. Est-ce que toi, tu vois des engagements des gouvernements à soutenir ce type d'entreprise et d'initiatives ? Est-ce que tu sens que... Parce qu'on parle beaucoup d'initiatives privées, de repas, mais peut-être en fait de... individuellement qui mènent des actions, mais derrière, c'est vrai que on a besoin aussi d'initiatives de gouvernement qui vont soutenir, en fait, le privé. Est-ce que tu sens qu'il y a des changements par rapport à ça ? Quel est ton avis en tout cas sur les interventions et les initiatives des gouvernements africains ?

  • Kadia Sylla Moisson

    Bon, alors, je n'ai pas la prétention aujourd'hui de connaître toutes les initiatives aujourd'hui, mais je peux déjà... témoigner de choses que je vois, que j'ai vues sur le terrain, que je constate parce que je vis, parce que je me renseigne et que je suis curieuse. Par exemple, je vous ai parlé du Vaudou d'Esa au Bénin. Le Bénin, c'est un pays que je connais bien, je suis allée trois fois. C'est un pays que j'aime beaucoup. Ils font beaucoup de choses là-dessus pour accompagner notamment des artistes, des street arts. Si vous voyez aujourd'hui, il y a tout un boulevard aujourd'hui à Cotonou. avec des fresques absolument incroyables d'artistes street art. Je crois que ça fait genre 5 ou 10 kilomètres, je ne vais pas me tromper, mais j'ai vu constater que c'est une volonté publique, gouvernementale, de vraiment soutenir la créativité artistique. Donc ça, c'est très clair et je l'ai vu au Bénin. Je l'ai vu aussi au Sénégal, puisque c'est un pays où je vais assez régulièrement, notamment de toutes les... dans le cadre du Festival de l'Art et aussi ce qu'est en train de faire l'Abstat Ludoro avec les métiers de la main, les métiers du luxe, etc. C'est quelque chose de formidable. Je l'ai vu aussi en Guinée. notamment dans le cadre des 72 heures du livre, où là il y a pas mal de choses qui se font en termes d'accompagnement des auteurs, en termes aussi de création d'initiatives pour valoriser des talents régionaux. Je ne sais pas si vous avez été une fois aux 72 heures du livre, moi c'était une première l'année dernière, mais au-delà de... De l'aspect culturel, il y a aussi cette volonté de mettre en valeur des auteurs, des auteurs sur différents sujets, des Guinéens, qui peuvent écrire sur la culture, sur l'histoire de la Guinée, qui écrivent sur des sujets de société, comme par exemple les violences faites aux femmes, comme par exemple l'excision, qui sont des fléaux qui touchent nos communautés au niveau national. pas que la Guinée d'ailleurs, mais qui sont des sujets absolument fondamentaux à mettre, à écrire et aussi éduquer les jeunes générations. Il y a à chaque fois la mise en valeur d'un territoire, d'une ville. L'année dernière, c'était la ville de Dingirei qui était à l'honneur, avec toute sa dimension culturelle, artistique, etc. Et cette année, si je ne me trompe pas, je crois que c'est Gekedou qui est à l'honneur cette année. Donc... Je vous donne ces trois exemples parce que je pense qu'ils sont parlants de ces initiatives publiques, en tout cas de cette volonté publique des États, des gouvernements, de vraiment mettre au cœur aussi des dispositifs gouvernementaux, cette volonté de valoriser la culture. Il se trouve que j'ai été témoin de ça, donc je peux le dire. Je ne sais pas pour les autres pays, mais je suis plutôt... connectée avec pas mal de gens de la diaspora. Je peux raconter en tout cas ce que j'entends. Je suis très amie avec pas mal de femmes du Nigeria. Et le Nigeria, c'est un pays où j'ai recruté d'ailleurs avec Grant Alexander. Donc, pourtant, je ne l'ai pas encore été à Lagos ou à Bougéra, mais c'est un pays pour avoir fréquenté des personnes ici. Je vois, par exemple, tout ce soutien de la France. de la fashion, ils appellent ça, je crois, c'est la fashion week, ou la fashion, enfin, c'est l'industrie de la couture, du luxe, etc., qui est soutenue quand même par les pouvoirs publics pour faire aujourd'hui de Abuja quand même une place incontournable de la mode africaine. Enfin, c'est hallucinant ce qui se passe aujourd'hui. Donc, je pense que chacun à sa manière, pour certains, ça va être le culinaire, les livres. le travail de la main, etc. Mais je sens qu'il y a vraiment un bouillonnement culturel en Afrique. Et que ce mouvement, ce dynamisme, il est en train de s'accélérer de plus en plus. Il y a certes les initiatives, les artistes, etc. La société civique dans sa dimension, dans sa grande diversité, qui fait des choses. Mais il y a aussi cette volonté des pays. de créer, comme vous dites, ce soft power, de faire de leur pays des leviers de destination en mettant en valeur la créativité, leur patrimoine culturel et leur patrimoine touristique. Très bientôt, la Guinée va organiser, je crois que c'est le 20 avril, à Paris, un forum autour de la culture et du tourisme en valorisant... ce patrimoine culturel, en valorisant aussi ce patrimoine touristique, créatif, pour faire aussi de la Guinée une destination intéressante pour des investisseurs, pour des acteurs de la diaspora, pour des gens qui viennent d'ailleurs. Mais c'est tellement bouillonnant qu'aujourd'hui, j'ai des amis qui viennent des Outre-mer. qui sont des afrodescendants, qui parfois me disent « Ah ben tu sais, je visite Abidjan, qui n'ont jamais mis les pieds en Afrique, qui sont attirés aussi par tout ce dynamisme et qui veulent aussi se reconnecter aujourd'hui avec ce continent qui ouvre ses bras en fait à toute cette diaspora. » Donc ça c'est intéressant et je pense qu'il faut l'encourager, il faut le saluer. Et donc, c'est ce témoignage que je peux apporter à partir de mes expériences, à partir de mon vécu.

  • Ramata

    Très bien. Écoute, merci beaucoup. On arrive à la fin de notre échange. On a pu prendre le temps de balayer tes différentes entreprises et initiatives et tu nous as aussi partagé ton expertise, ton regard. Et c'est ça le but à chaque fois. Je comprends tout à fait qu'on n'est pas forcément savants et sachants sur tous les sujets, mais en tout cas, de par ta position et de par les différentes initiatives que tu entreprends, tu vas avoir un regard et une perspective qui peut être intéressante pour notre audience, un regard qui va leur éclairer. Donc moi, j'ai été ravie d'avoir eu l'opportunité d'échanger avec toi assez longuement pour mieux connaître tes différents périmètres d'intervention et puis inviter mon audience à rejoindre le club et participer à tes différents événements.

  • Kadia Sylla Moisson

    Donc,

  • Ramata

    écoute, merci beaucoup.

  • Kadia Sylla Moisson

    Merci à toi, Romain. Vraiment, c'est passé vite, je t'avoue. Merci aussi, bravo à toi pour cette initiative, parce que c'est aussi par ces biais-là qu'on arrive à mieux se connaître. Donc ça, c'est bien. Et je ne savais pas, quand j'ai découvert ton profil, que tu étais guinéenne. Je me disais, oui, c'est plutôt Afrique de l'Ouest, parce que Diallo, ma mère est une Diallo, donc je me suis dit, tiens, ça doit être... soit du Mali ou du Sénégal. Donc, merci aussi. Je t'encourage aussi à continuer à développer. Et si tu as besoin de profils aussi, je pourrais te recommander au sein de mon réseau. Ce sera avec un grand plaisir.

  • Ramata

    Écoute, avec plaisir. Écoute, je te dis à très bientôt en Afrique ou ailleurs.

  • Kadia Sylla Moisson

    Oui, merci, Rama. À bientôt.

  • Ramata

    Merci d'avoir écouté l'épisode jusqu'au bout. Je vous invite à pratiquer. quelques petits gestes à impact fort pour m'aider à gagner de la visibilité sur ce podcast. Vous pouvez partager l'épisode à trois de vos amis. Vous pouvez laisser un commentaire sur Apple Podcast ou Spotify. Je vous invite également à cliquer sur les 5 étoiles pour donner de la force. Je vous dis à très vite en Afrique ou ailleurs.

Chapters

  • Croissance et développement en Afrique

    01:24

  • Présentation de Kadia Silla-Moisson

    02:41

  • Parcours de Kadia et création de la Maison Muller

    04:24

  • L'impact de la Maison Muller sur la diaspora

    06:58

  • Évolution dans la recherche de talents en Afrique

    12:52

  • Retour de la diaspora et participation au développement

    18:19

  • Initiatives gouvernementales et soutien à la culture

    26:03

  • Soft power et créativité africaine

    01:03:37

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