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"Allô Directeur" – Le podcast qui aide les directeur·rice·s du médico-social à diriger avec confiance

Directeurs en surchauffe: comment éviter l'épuisement - Partie 1 - Les raisons de l'épuisement et les moyens de prévention

Directeurs en surchauffe: comment éviter l'épuisement - Partie 1 - Les raisons de l'épuisement et les moyens de prévention

18min |20/10/2024
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"Allô Directeur" – Le podcast qui aide les directeur·rice·s du médico-social à diriger avec confiance

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18min |20/10/2024
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Description

"Je sens que je suis en surchauffe… mais comment faire pour ne pas basculer dans l'épuisement ?"

C'est la question que m'a posée Justine, une directrice que je connais bien. Et c'est un sujet qui touche beaucoup d'entre nous : comment continuer à s'investir dans notre métier sans y laisser notre santé ?


Dans cette première partie, je te partage :


Les 4 raisons principales qui expliquent la surchauffe des directeur·rice·s aujourd'hui :

  • Un contexte professionnel de plus en plus tendu (difficultés financières, recrutement, pression des familles…).

  • Une charge mentale accrue (responsabilités + inadéquation entre moyens et attentes).

  • Une charge de travail effrénée (plus de temps calme, polyvalence extrême).

  • Un niveau d'engagement trop élevé (le "syndrome du bon élève" qui nous pousse à tout donner).


Mes 3 conseils pour prévenir l'épuisement (inspirés de Greg McKeown et Gaël Châtelain-Berry) :

  1. Lutter contre le perfectionnisme : "Mieux vaut un dossier imparfait mais fait" (exemple : mon podcast, que je ne diffuserais jamais s'il devait être parfait !).

  2. Ne pas faire plus que ce dont tu peux récupérer : "Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur" (Greg McKeown).

  3. Identifier et cultiver tes "zones de kiff" : ces moments qui te redonnent de l'énergie (ex : prise de parole, stratégie, analyse financière…).


Mon tip : Bloquer des créneaux dans ton agenda pour tes activités ressourçantes (yoga, course, badminton…). "Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera !" Greg Mc Keown


La surchauffe n'est pas une fatalité, il existe des solutions concrètes pour :

  • Prendre du recul sans culpabiliser.

  • Trouver un équilibre entre engagement et préservation de soi.

  • Éviter de "laisser sa peau au boulot"


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s en début de carrière qui veulent anticiper les pièges.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui sentent la fatigue s'installer.

Tous ceux qui veulent travailler autrement sans sacrifier leur santé.


Bonne écoute !

💬 Et toi, quelles sont TES "zones de kiff" au travail ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais en parler dans la 2ème partie de cet épisode !

(PS : La suite au prochain épisode ! On y parlera des symptômes d'épuisement et des solutions pour réagir quand on est en surchauffe.)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Marie Lécuyer, bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allô Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Ça fait un moment que je réfléchis à cet épisode, et pour tout vous dire, j'avais prévu de l'enregistrer bien plus tôt. Mais la rentrée de septembre est passée par là, j'ai l'impression d'être passée dans le tambour de la machine à laver et j'ai pas trouvé l'énergie ni le temps pour le réaliser avant. Mais maintenant que mon cycle essorage est terminé, je suis heureuse de vous retrouver pour cet épisode. qui, je l'espère, trouvera écho chez vous. Cet épisode est un petit peu spécial. Quand je l'ai enregistré, il était assez long et durait plus de 30 minutes. Donc, pour que ça reste agréable à écouter, j'ai décidé de le diffuser en deux fois. Vous aurez donc la première partie dans cet épisode et la seconde partie prochainement. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'appelle la surchauffe des directeurs. Je vais parler ici volontairement de surchauffe ou encore d'épuisement, mais pas de burn-out pour deux raisons. La première, c'est que la surchauffe, c'est à mon avis un état qui présente moins de gravité que le burn-out. C'est un état qui peut être passager et que beaucoup d'entre nous rencontrent, mais qu'il ne faut pas laisser pour autant s'installer. La deuxième raison pour laquelle je parle plutôt de surchauffe, c'est que je ne suis ni médecin ni psychologue du travail. Le burn-out aujourd'hui, c'est un terme médical avec des caractéristiques bien précises que je ne maîtrise pas assez. Moi, mon propos, ce n'est pas du tout de donner un cours clinique sur le burn-out, mais plutôt de parler de l'expérience vécue par les directeurs dans leur expérience professionnelle, parfois très intense. Et en fait, ce qui m'a donné envie d'enregistrer cet épisode, c'est un message que j'ai reçu de Justine à la fin de l'été. Justine, c'est une directrice que je connais et évidemment dont j'ai changé le nom. Et dans son message, elle me disait « J'écoute attentivement tes podcasts et j'essaie de prendre du recul. » Pour autant, c'est difficile et cela impacte ma santé. C'est une mauvaise période qui va passer, je l'espère. Quand j'ai reçu ce message, ça m'a touchée. Et j'ai eu envie de donner quelques clés à Justine pour l'aider peut-être à se sentir mieux et lui éviter de laisser s'installer ce que j'appelle donc cette surchauffe. Là, je tiens à préciser tout de suite, je ne dispose pas plus que d'autres d'une recette magique garantissant contre la surchauffe. Moi-même, j'ai connu ce mode à plusieurs reprises, plus ou moins intensément. Et ça m'a justement amenée à développer quelques réflexes et outils que je vais vous partager aujourd'hui. Avant de me lancer dans le vif du sujet, je voudrais vous partager deux lectures qui m'ont beaucoup éclairée à ce sujet. La première, et que je vais beaucoup citer dans cet épisode, c'est Greg McKeown. Greg McKeown, c'est un auteur et conférencier anglais qui a écrit un best-seller intitulé L'Essentialisme. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous encourage vivement à le faire. C'est vraiment très inspirant. Il a ensuite écrit un second livre qui a été une vraie révélation pour moi, je dois dire, et qui s'appelle Effortless. Malheureusement, ce livre n'a pas encore été traduit en français. C'est vraiment dommage car c'est une pépite. Le sous-titre du livre, ça pourrait se traduire par « Faciliter ce qui compte le plus » . Dans ce livre-là, Greg McKeown évoque beaucoup la vie professionnelle, son intensité et le risque de burn-out. Je m'en suis donc inspirée et j'en parlerai à plusieurs reprises pour illustrer mon propos du jour. Le second auteur est également conférencier que je vous conseille sur le sujet. Il est plus connu du public français, c'est Gaël Châtelain-Berry, dont le thème de Prédilection est le bien-être au travail. Son podcast Happy Work est un vrai bonheur à écouter et il évoque régulièrement la question de l'épuisement professionnel et de sa prévention. Si vous ne l'avez pas encore écouté, je vous recommande vivement de le faire. Revenons-en donc à la surchauffe des directeurs. D'abord, qu'est-ce qui amène à la surchauffe ? Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui les directeurs ressentent davantage de chartes mentales, voire d'épuisement qu'il y a dix ans ? De manière générale, et sans aller dans des situations individuelles, je vois quatre raisons principales qui amènent les directeurs à la surchauffe ou à l'épuisement. La première, et la plus évidente sans doute, pour moi c'est le contexte qui s'est tendu depuis plusieurs années. et le cumul de difficultés. Ça n'a échappé à personne et sûrement pas aux directeurs qui, comme moi, exercent depuis de nombreuses années. Notre contexte d'exercice n'a jamais été aussi compliqué. Entre les difficultés financières et les problématiques de recrutement, les directeurs sont mis sous pression pour trouver chaque jour des solutions à des problèmes sans fin. Si on vient ajouter à ça l'exigence de certaines familles et la méfiance liée aux scandales hors PA et autres, on a le cocktail explosif pour empoisonner le quotidien des directeurs, même les plus aînés, et contribuer à les épuiser lentement jour après jour. La deuxième raison qui peut provoquer du stress chez les directeurs, c'est la charge mentale liée à leurs responsabilités. Ce facteur-là, pour le coup, il n'est pas nouveau. La responsabilité a toujours fait partie du quotidien des directeurs. Comme je l'explique parfois à des jeunes directeurs, surtout lorsqu'ils se destinent à être chef d'établissement, la responsabilité, elle fait partie du package. On ne peut pas l'occulter ou la déléguer intégralement. Il nous en revient toujours et c'est en grande partie pour ça qu'on est payé. Pour assumer la responsabilité de ce qui se passe dans notre établissement ou dans notre service. Donc, ce n'est pas négociable et ça a toujours été là. Un petit clin d'œil ici à mon premier épisode. Pour ceux qui n'ont pas encore écouté le premier épisode, je vous laisse retrouver la ref. Mais ce qui a changé aujourd'hui s'agissant du rapport à la responsabilité, je trouve que c'est l'inadéquation croissante entre les moyens à la disposition des directeurs et les injonctions réglementaires ou les résultats qu'on attend d'eux. Et ça, c'est générateur de stress. Quand on a régulièrement l'impression qu'on nous demande de tailler la forêt vierge avec un canif ou de chasser le cerf avec un lance-pierre, au bout d'un moment, ça peut user. Le troisième facteur d'épuisement des directeurs, c'est la charge de travail. Objectivement, quand on a pris notre premier poste avec mes collègues de promo en 2010, notre année était rythmée avec des échéances régulières qui demandaient un coup d'accélérateur, mais aussi des périodes plus calmes qui permettaient de travailler sur des sujets où l'on court et d'être sur le terrain. Avec les années, on a tous constaté que les échéances se sont rapprochées, les temps calmes ont diminué et même désormais ils sont extrêmement rares. Le rythme est effréné toute l'année. Et ça, ça favorise l'épuisement, aussi bien physique que psychique. D'autant plus que les directeurs doivent, tout autant qu'avant, être au four et au moulin. Et plus on est sur une structure à la taille humaine, et plus la polyvalence est de mise. Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu lorsque j'ai commencé ce métier. Dans la même journée, on pouvait réarmer la centrale incendie, recruter un agent de nuit, traiter une problématique de légionnelle, écrire son CEPOM, travailler un PGFP sur 5 ans. Je trouvais ça génial car je ne m'ennuyais jamais. Avec les années, même si j'aime toujours cette diversité et cette polyvalence, j'ai fini par trouver fatigant cette dispersion constante. Et je constate ce même épuisement chez beaucoup de collègues que je côtoie. Et j'entends cela dans le mail que m'envoie Justine. Le dernier facteur auquel je pense, qui explique souvent la surchauffe des directeurs, c'est leur niveau d'engagement et d'implication. Bien sûr, c'est une qualité au travail. et une qualité qu'on rencontre souvent dans les métiers porteurs de sens comme ceux de notre secteur. Souvent, les directeurs ont choisi ce métier par conviction, donc ils veulent faire les choses au mieux. Mais si on ajoute à leurs propres exigences les attentes que les autres ont vis-à-vis des directeurs, que ce soit les familles, les équipes ou les autorités, on a le bon combo pour se mettre un max de pression. Et malheureusement, cette implication élevée, elle joue parfois contre les directeurs. C'est connu aujourd'hui. que l'un des facteurs déterminants du burn-out, c'est un niveau d'engagement ou d'implication élevé, voire trop élevé. Et ça se comprend facilement, en fait. Évidemment, quand on est détaché, on ne risque pas vraiment le burn-out, ça paraît évident. Mais c'est un vrai facteur de risque pour les directeurs du secteur de la santé, car souvent, ils ont choisi ce métier pour défendre des valeurs fortes. Ils s'impliquent énormément et donnent beaucoup de leur personne. C'est le cas de Justine, que je connais bien. Et la limite de cet engagement, c'est qu'on risque davantage de basculer à un moment donné si on ne met pas en place des moyens pour se protéger. Mais alors, qu'est-ce qu'on peut mettre en place avant, en prévention, pour éviter l'épuisement ? Le premier point d'attention dont je voudrais parler en vue de prévenir l'épuisement, c'est le perfectionnisme. En effet, s'il y a un syndrome qui est très répandu parmi les directeurs du secteur de la santé, c'est le syndrome du bon élève. c'est-à-dire faire tout parfaitement et répondre à toutes les sollicitations. Quand je dis ça, ce n'est pas une critique jugeante, c'est juste un constat que je fais. Beaucoup de directeurs sont assez exigeants avec eux-mêmes dans le travail qu'ils produisent et ça peut contribuer à les épuiser, surtout avec le rythme effréné que j'évoquais tout à l'heure. Une des choses que j'ai retenues du livre Effortless, c'est qu'il vaut mieux un dossier imparfait mais fait. Parfois, À vouloir être trop perfectionniste, on passe des heures à peaufiner un appel à projet, à le relire, à le compléter, jusqu'à ce qu'il soit aussi parfait qu'on le voudrait. Mais pendant ce temps-là, on n'est pas disponible pour autre chose. Combien de projets n'ont jamais abouti parce qu'on a placé la barre trop haut ou qu'on s'est mis trop de pression ? Et pour prendre un exemple dans un métier différent et faire un pas de côté cette fois, un jour, je discutais avec un proche qui est illustrateur et qui me parlait de son book qu'il voulait publier. Et il me disait, ça fait longtemps que je veux le mettre en ligne, mais il n'est jamais assez fini à mon goût. Il n'est jamais assez bien. Résultat, il ne le diffusait pas. Et par la même occasion, il perdait. La chance d'être repéré et que son travail s'a connu. Ça montre parfaitement l'idée « mieux vaut imparfait, mais fait » . Parce que si on attend que ce soit parfait, on le finira peut-être jamais. Si j'attendais que mes épisodes de podcast soient totalement parfaits, je les diffuserais jamais non plus. Chacun pourra transposer au domaine dans lequel il se sent perfectionniste. L'autre élément dont je voulais parler, pour se forcer à lutter contre le perfectionnisme, c'est l'ampleur de la tâche des directeurs. Pour caricaturer, je dirais que la charge est presque infinie. Vous vous en rendez sûrement compte, notre travail n'est jamais fini, même si on rentre à 23h tous les soirs, et même si on dort 3h par nuit comme Gabriel Attel. Et personnellement, je n'ai pas vraiment envie d'essayer. Donc, se mettre la pression chaque jour en se disant qu'on doit finir tout son travail avant de partir, pour moi c'est illusoire. Et là, c'est un autre conseil que j'ai relevé de Greg McKeown dans Effortless, ne fais pas plus aujourd'hui. que ce dont tu auras complètement récupéré demain. Ne fais pas plus cette semaine que ce dont tu auras complètement récupéré à la fin de la semaine. Ça peut peut-être sembler excessif ou irréaliste pour certains, mais au final, je trouve que c'est du bon sens. À l'inverse, il y a tellement de personnes qui se crament en faisant toujours l'effort de plus, le dernier dossier à boucler avant de partir. Et pour finir de convaincre les perfectionnistes acharnés, je continuerai à citer Greg McKeown. Dans Effortless, une phrase qui revient tout au long du livre, c'est la suivante. Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur. Cette phrase, elle vient en réaction à toute une génération de cadres et de dirigeants, notamment américains, qui ont fait du présentéisme une vertu suprême au détriment de leur santé et de leur équilibre de vie. Mais dites-moi, on rend service à qui quand on a tout donné et qu'on a laissé sa peau au boulot ? Certainement pas à son établissement ou à ses équipes qui vont se retrouver du jour au lendemain sans directeur. Évidemment, je ne dis pas qu'il ne faut absolument pas s'impliquer dans son travail de directeur et le faire en touriste. En fait, le tout, c'est de trouver son juste équilibre. Cet équilibre, il est personnel et il peut varier suivant les périodes de la vie. Pour beaucoup, au-delà du temps qu'on préserve pour sa vie de famille ou personnelle, l'équilibre, ça passe aussi par trouver du temps régulièrement pour faire une activité physique ou de détente, quelle qu'elle soit. Un temps pour soi, pour se vider la tête et se ressourcer. et revenir ensuite plus efficace au travail. Pour moi, par exemple, c'est le yoga aérien et la course à pied. Pour mon mari, c'est le badminton. Pour ma collègue, c'est la danse thaïcienne. Peu importe, en fait. Du moment que ça permet d'être dans quelque chose qui nous fait du bien et aussi qui stoppe le petit vélo dans la tête pendant quelques instants. Alors là, je vous entends d'ici les words kaoliques. Ouais, ben Marie, t'es bien gentille avec tes yakafocons. Mais dans la vraie vie, on fait comment pour se dégager du temps pour la coiponnée ? Avec l'expérience, moi je trouve que ce qui marche le mieux, c'est de bloquer des créneaux dans l'agenda à l'avance, avant qu'ils se remplissent. On note ses cours d'aquaponé au trimestre, et comme ça, on ne cale pas une réunion ou autre chose dessus, et on se préserve un espace pour recharger ses batteries. Et comme je vous avais annoncé un fil rouge Greg McKeon dans cet épisode, je vais de nouveau le citer dans son premier livre, cette fois, L'Essentialisme. Il lit cette phrase, « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera. » « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera » , c'est une phrase que je me répète souvent et que j'ai aussi en tête lorsque je planifie mon agenda. Ça me pousse justement à maîtriser mon agenda et à ne pas me laisser embarquer par les sollicitations excessives. Car personnellement, je n'ai pas du tout envie que d'autres priorisent ma vie à ma place. Un autre levier puissant pour éviter la surchauffe, c'est d'avoir du kiff dans son travail. Je m'explique. Bien sûr qu'on n'est pas au travail. uniquement pour les épanouissements, et bien sûr qu'on fait un certain nombre de choses qui ne sont pas du plaisir à l'état pur au travail. Je l'ai évoqué au début de cet épisode. Pour autant, je suis convaincue qu'il est fondamental d'identifier nos zones de kiff au travail et de les cultiver. Les zones de kiff, c'est souvent des domaines dans lesquels on a un certain talent et qui nous animent, qui donnent du sens à nos journées. Pour moi, c'est notamment la prise de parole en public, l'animation de réseau. Pour ma collègue, c'est la stratégie, l'accompagnement individuel des collaborateurs. Pour un autre collègue, c'est l'analyse financière. Ça, en fait, c'est comme les hobbies. Il y en a pour tous les goûts et surtout avec un métier aussi polyvalent que le nôtre. Identifier ses zones de kiff et faire en sorte de les exploiter régulièrement, ça permet de garder de la motivation, d'avoir des fenêtres de respiration entre deux tâches ingrates ou qu'on n'aime pas. J'ai pas mal travaillé sur ce sujet avec une coach qui s'appelle Laurence Garrisson et qui est spécialisée dans le kiff au travail. Elle est sur LinkedIn, si vous ne la connaissez pas, n'hésitez pas à aller voir ses posts, c'est percutant et drôle. Depuis que j'ai travaillé avec elle sur l'identification de mes zones de kiff, je développe davantage ces domaines et du coup je me sens mieux dans mon travail. Un autre moyen de prévenir la surchauffe, c'est de savoir s'entourer. On est assez isolé au quotidien dans notre métier de directeur et parfois ça peut être lourd de tout porter sans pouvoir en échanger en interne. Depuis que j'ai commencé ce métier, j'ai pu mesurer à quel point le réseau était important. pour le bien-être psychique des directeurs et a fortiori dans un contexte difficile. Ce réseau, ça peut être des collègues directeurs voisins, un groupement de coopération, une fédération, peu importe en fait, du moment qu'on se sent en confiance et qu'on sent qu'on peut déposer ses problèmes. Parce qu'on a parfois besoin de vider son sac ou de se pencher, ou alors d'avoir un avis extérieur sur une décision difficile qu'on doit prendre. Moi, en ce qui me concerne, j'ai la chance de travailler avec une collègue directrice avec qui j'échange au quotidien et c'est très riche et aidant. Mais quand on n'a pas ce travail d'équipe, pouvoir échanger avec des collègues qui rencontrent les mêmes difficultés que nous, c'est aidant. C'est une dynamique de réseau proche que je ressens très fortement au sein de la FNADEPA dont je fais partie et qui a particulièrement soutenu les directeurs pendant la crise Covid notamment. Je suis convaincue que les directeurs qui font partie d'un réseau soutenant et proche risquent moins vite la surchauffe car ils ont une safe place où déposer leurs soucis. Le dernier conseil que je donnerais pour prévenir l'épuisement, c'est de relativiser. À ce sujet, Gaëlle Chantelain-Berry, dont j'ai parlé au début de ce podcast, dit régulièrement « on ne sauve pas des vies » . Et c'est vrai. Quand on est directeur d'EHPAD, de service à domicile ou même directeur d'hôpital, on ne sauve pas des vies au bureau. Donc, on se détend et on essaie de prendre du recul pour se soulager d'un peu de pression. Certes, on traite des sujets sérieux, on travaille avec de l'humain, Mais souvent, il n'y a pas péril en la demeure. Notre travail reste un travail pour lequel on doit faire au mieux, mais certainement pas y laisser notre peau. Franchement, qui à la fin de sa vie regrette sur son lit de mort de ne pas avoir assez travaillé ou de ne pas avoir obtenu tel appel à projet ? Qu'est-ce qu'on aura envie de retenir à ce moment-là ? Le nombre d'heures passées au travail ? Le nombre de protocoles qu'on aura diffusés ? Personnellement, j'ai plutôt envie de regarder le sens que j'aurais donné à ma vie. Et mon travail en fait partie. Mais ce n'est pas la seule chose, Dieu merci. Même Steve Jobs a dit à la fin de sa vie que le succès au travail ne valait rien par rapport au rapport humain et aux relations avec ses proches. Donc, malgré toutes les responsabilités qui pèsent sur nous, sachons prioriser ce qui est important, au travail et en dehors, pour ne pas subir notre quotidien, ne pas avoir de regrets et pour ne pas nous user prématurément. Et nous arrivons à la fin de la première partie de cet épisode sur la surchauffe des directeurs. J'espère qu'elle vous a intéressé. et je vous donne rendez-vous très prochainement pour la seconde partie. On parlera des symptômes d'épuisement qui doivent alerter et de comment réagir quand on sent qu'on est en surchauffe. J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous a donné quelques pistes à travailler si vous vous sentez concerné par le sujet ou si vous voulez éviter l'épuisement. N'hésitez pas bien sûr à m'envoyer vos commentaires ou vos questions sur LinkedIn. Vous pouvez également aider à faire connaître ce podcast en lui mettant 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute, à savoir Spotify ou Deezer. Merci et à très vite pour un nouvel épisode.

Description

"Je sens que je suis en surchauffe… mais comment faire pour ne pas basculer dans l'épuisement ?"

C'est la question que m'a posée Justine, une directrice que je connais bien. Et c'est un sujet qui touche beaucoup d'entre nous : comment continuer à s'investir dans notre métier sans y laisser notre santé ?


Dans cette première partie, je te partage :


Les 4 raisons principales qui expliquent la surchauffe des directeur·rice·s aujourd'hui :

  • Un contexte professionnel de plus en plus tendu (difficultés financières, recrutement, pression des familles…).

  • Une charge mentale accrue (responsabilités + inadéquation entre moyens et attentes).

  • Une charge de travail effrénée (plus de temps calme, polyvalence extrême).

  • Un niveau d'engagement trop élevé (le "syndrome du bon élève" qui nous pousse à tout donner).


Mes 3 conseils pour prévenir l'épuisement (inspirés de Greg McKeown et Gaël Châtelain-Berry) :

  1. Lutter contre le perfectionnisme : "Mieux vaut un dossier imparfait mais fait" (exemple : mon podcast, que je ne diffuserais jamais s'il devait être parfait !).

  2. Ne pas faire plus que ce dont tu peux récupérer : "Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur" (Greg McKeown).

  3. Identifier et cultiver tes "zones de kiff" : ces moments qui te redonnent de l'énergie (ex : prise de parole, stratégie, analyse financière…).


Mon tip : Bloquer des créneaux dans ton agenda pour tes activités ressourçantes (yoga, course, badminton…). "Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera !" Greg Mc Keown


La surchauffe n'est pas une fatalité, il existe des solutions concrètes pour :

  • Prendre du recul sans culpabiliser.

  • Trouver un équilibre entre engagement et préservation de soi.

  • Éviter de "laisser sa peau au boulot"


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s en début de carrière qui veulent anticiper les pièges.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui sentent la fatigue s'installer.

Tous ceux qui veulent travailler autrement sans sacrifier leur santé.


Bonne écoute !

💬 Et toi, quelles sont TES "zones de kiff" au travail ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais en parler dans la 2ème partie de cet épisode !

(PS : La suite au prochain épisode ! On y parlera des symptômes d'épuisement et des solutions pour réagir quand on est en surchauffe.)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Marie Lécuyer, bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allô Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Ça fait un moment que je réfléchis à cet épisode, et pour tout vous dire, j'avais prévu de l'enregistrer bien plus tôt. Mais la rentrée de septembre est passée par là, j'ai l'impression d'être passée dans le tambour de la machine à laver et j'ai pas trouvé l'énergie ni le temps pour le réaliser avant. Mais maintenant que mon cycle essorage est terminé, je suis heureuse de vous retrouver pour cet épisode. qui, je l'espère, trouvera écho chez vous. Cet épisode est un petit peu spécial. Quand je l'ai enregistré, il était assez long et durait plus de 30 minutes. Donc, pour que ça reste agréable à écouter, j'ai décidé de le diffuser en deux fois. Vous aurez donc la première partie dans cet épisode et la seconde partie prochainement. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'appelle la surchauffe des directeurs. Je vais parler ici volontairement de surchauffe ou encore d'épuisement, mais pas de burn-out pour deux raisons. La première, c'est que la surchauffe, c'est à mon avis un état qui présente moins de gravité que le burn-out. C'est un état qui peut être passager et que beaucoup d'entre nous rencontrent, mais qu'il ne faut pas laisser pour autant s'installer. La deuxième raison pour laquelle je parle plutôt de surchauffe, c'est que je ne suis ni médecin ni psychologue du travail. Le burn-out aujourd'hui, c'est un terme médical avec des caractéristiques bien précises que je ne maîtrise pas assez. Moi, mon propos, ce n'est pas du tout de donner un cours clinique sur le burn-out, mais plutôt de parler de l'expérience vécue par les directeurs dans leur expérience professionnelle, parfois très intense. Et en fait, ce qui m'a donné envie d'enregistrer cet épisode, c'est un message que j'ai reçu de Justine à la fin de l'été. Justine, c'est une directrice que je connais et évidemment dont j'ai changé le nom. Et dans son message, elle me disait « J'écoute attentivement tes podcasts et j'essaie de prendre du recul. » Pour autant, c'est difficile et cela impacte ma santé. C'est une mauvaise période qui va passer, je l'espère. Quand j'ai reçu ce message, ça m'a touchée. Et j'ai eu envie de donner quelques clés à Justine pour l'aider peut-être à se sentir mieux et lui éviter de laisser s'installer ce que j'appelle donc cette surchauffe. Là, je tiens à préciser tout de suite, je ne dispose pas plus que d'autres d'une recette magique garantissant contre la surchauffe. Moi-même, j'ai connu ce mode à plusieurs reprises, plus ou moins intensément. Et ça m'a justement amenée à développer quelques réflexes et outils que je vais vous partager aujourd'hui. Avant de me lancer dans le vif du sujet, je voudrais vous partager deux lectures qui m'ont beaucoup éclairée à ce sujet. La première, et que je vais beaucoup citer dans cet épisode, c'est Greg McKeown. Greg McKeown, c'est un auteur et conférencier anglais qui a écrit un best-seller intitulé L'Essentialisme. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous encourage vivement à le faire. C'est vraiment très inspirant. Il a ensuite écrit un second livre qui a été une vraie révélation pour moi, je dois dire, et qui s'appelle Effortless. Malheureusement, ce livre n'a pas encore été traduit en français. C'est vraiment dommage car c'est une pépite. Le sous-titre du livre, ça pourrait se traduire par « Faciliter ce qui compte le plus » . Dans ce livre-là, Greg McKeown évoque beaucoup la vie professionnelle, son intensité et le risque de burn-out. Je m'en suis donc inspirée et j'en parlerai à plusieurs reprises pour illustrer mon propos du jour. Le second auteur est également conférencier que je vous conseille sur le sujet. Il est plus connu du public français, c'est Gaël Châtelain-Berry, dont le thème de Prédilection est le bien-être au travail. Son podcast Happy Work est un vrai bonheur à écouter et il évoque régulièrement la question de l'épuisement professionnel et de sa prévention. Si vous ne l'avez pas encore écouté, je vous recommande vivement de le faire. Revenons-en donc à la surchauffe des directeurs. D'abord, qu'est-ce qui amène à la surchauffe ? Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui les directeurs ressentent davantage de chartes mentales, voire d'épuisement qu'il y a dix ans ? De manière générale, et sans aller dans des situations individuelles, je vois quatre raisons principales qui amènent les directeurs à la surchauffe ou à l'épuisement. La première, et la plus évidente sans doute, pour moi c'est le contexte qui s'est tendu depuis plusieurs années. et le cumul de difficultés. Ça n'a échappé à personne et sûrement pas aux directeurs qui, comme moi, exercent depuis de nombreuses années. Notre contexte d'exercice n'a jamais été aussi compliqué. Entre les difficultés financières et les problématiques de recrutement, les directeurs sont mis sous pression pour trouver chaque jour des solutions à des problèmes sans fin. Si on vient ajouter à ça l'exigence de certaines familles et la méfiance liée aux scandales hors PA et autres, on a le cocktail explosif pour empoisonner le quotidien des directeurs, même les plus aînés, et contribuer à les épuiser lentement jour après jour. La deuxième raison qui peut provoquer du stress chez les directeurs, c'est la charge mentale liée à leurs responsabilités. Ce facteur-là, pour le coup, il n'est pas nouveau. La responsabilité a toujours fait partie du quotidien des directeurs. Comme je l'explique parfois à des jeunes directeurs, surtout lorsqu'ils se destinent à être chef d'établissement, la responsabilité, elle fait partie du package. On ne peut pas l'occulter ou la déléguer intégralement. Il nous en revient toujours et c'est en grande partie pour ça qu'on est payé. Pour assumer la responsabilité de ce qui se passe dans notre établissement ou dans notre service. Donc, ce n'est pas négociable et ça a toujours été là. Un petit clin d'œil ici à mon premier épisode. Pour ceux qui n'ont pas encore écouté le premier épisode, je vous laisse retrouver la ref. Mais ce qui a changé aujourd'hui s'agissant du rapport à la responsabilité, je trouve que c'est l'inadéquation croissante entre les moyens à la disposition des directeurs et les injonctions réglementaires ou les résultats qu'on attend d'eux. Et ça, c'est générateur de stress. Quand on a régulièrement l'impression qu'on nous demande de tailler la forêt vierge avec un canif ou de chasser le cerf avec un lance-pierre, au bout d'un moment, ça peut user. Le troisième facteur d'épuisement des directeurs, c'est la charge de travail. Objectivement, quand on a pris notre premier poste avec mes collègues de promo en 2010, notre année était rythmée avec des échéances régulières qui demandaient un coup d'accélérateur, mais aussi des périodes plus calmes qui permettaient de travailler sur des sujets où l'on court et d'être sur le terrain. Avec les années, on a tous constaté que les échéances se sont rapprochées, les temps calmes ont diminué et même désormais ils sont extrêmement rares. Le rythme est effréné toute l'année. Et ça, ça favorise l'épuisement, aussi bien physique que psychique. D'autant plus que les directeurs doivent, tout autant qu'avant, être au four et au moulin. Et plus on est sur une structure à la taille humaine, et plus la polyvalence est de mise. Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu lorsque j'ai commencé ce métier. Dans la même journée, on pouvait réarmer la centrale incendie, recruter un agent de nuit, traiter une problématique de légionnelle, écrire son CEPOM, travailler un PGFP sur 5 ans. Je trouvais ça génial car je ne m'ennuyais jamais. Avec les années, même si j'aime toujours cette diversité et cette polyvalence, j'ai fini par trouver fatigant cette dispersion constante. Et je constate ce même épuisement chez beaucoup de collègues que je côtoie. Et j'entends cela dans le mail que m'envoie Justine. Le dernier facteur auquel je pense, qui explique souvent la surchauffe des directeurs, c'est leur niveau d'engagement et d'implication. Bien sûr, c'est une qualité au travail. et une qualité qu'on rencontre souvent dans les métiers porteurs de sens comme ceux de notre secteur. Souvent, les directeurs ont choisi ce métier par conviction, donc ils veulent faire les choses au mieux. Mais si on ajoute à leurs propres exigences les attentes que les autres ont vis-à-vis des directeurs, que ce soit les familles, les équipes ou les autorités, on a le bon combo pour se mettre un max de pression. Et malheureusement, cette implication élevée, elle joue parfois contre les directeurs. C'est connu aujourd'hui. que l'un des facteurs déterminants du burn-out, c'est un niveau d'engagement ou d'implication élevé, voire trop élevé. Et ça se comprend facilement, en fait. Évidemment, quand on est détaché, on ne risque pas vraiment le burn-out, ça paraît évident. Mais c'est un vrai facteur de risque pour les directeurs du secteur de la santé, car souvent, ils ont choisi ce métier pour défendre des valeurs fortes. Ils s'impliquent énormément et donnent beaucoup de leur personne. C'est le cas de Justine, que je connais bien. Et la limite de cet engagement, c'est qu'on risque davantage de basculer à un moment donné si on ne met pas en place des moyens pour se protéger. Mais alors, qu'est-ce qu'on peut mettre en place avant, en prévention, pour éviter l'épuisement ? Le premier point d'attention dont je voudrais parler en vue de prévenir l'épuisement, c'est le perfectionnisme. En effet, s'il y a un syndrome qui est très répandu parmi les directeurs du secteur de la santé, c'est le syndrome du bon élève. c'est-à-dire faire tout parfaitement et répondre à toutes les sollicitations. Quand je dis ça, ce n'est pas une critique jugeante, c'est juste un constat que je fais. Beaucoup de directeurs sont assez exigeants avec eux-mêmes dans le travail qu'ils produisent et ça peut contribuer à les épuiser, surtout avec le rythme effréné que j'évoquais tout à l'heure. Une des choses que j'ai retenues du livre Effortless, c'est qu'il vaut mieux un dossier imparfait mais fait. Parfois, À vouloir être trop perfectionniste, on passe des heures à peaufiner un appel à projet, à le relire, à le compléter, jusqu'à ce qu'il soit aussi parfait qu'on le voudrait. Mais pendant ce temps-là, on n'est pas disponible pour autre chose. Combien de projets n'ont jamais abouti parce qu'on a placé la barre trop haut ou qu'on s'est mis trop de pression ? Et pour prendre un exemple dans un métier différent et faire un pas de côté cette fois, un jour, je discutais avec un proche qui est illustrateur et qui me parlait de son book qu'il voulait publier. Et il me disait, ça fait longtemps que je veux le mettre en ligne, mais il n'est jamais assez fini à mon goût. Il n'est jamais assez bien. Résultat, il ne le diffusait pas. Et par la même occasion, il perdait. La chance d'être repéré et que son travail s'a connu. Ça montre parfaitement l'idée « mieux vaut imparfait, mais fait » . Parce que si on attend que ce soit parfait, on le finira peut-être jamais. Si j'attendais que mes épisodes de podcast soient totalement parfaits, je les diffuserais jamais non plus. Chacun pourra transposer au domaine dans lequel il se sent perfectionniste. L'autre élément dont je voulais parler, pour se forcer à lutter contre le perfectionnisme, c'est l'ampleur de la tâche des directeurs. Pour caricaturer, je dirais que la charge est presque infinie. Vous vous en rendez sûrement compte, notre travail n'est jamais fini, même si on rentre à 23h tous les soirs, et même si on dort 3h par nuit comme Gabriel Attel. Et personnellement, je n'ai pas vraiment envie d'essayer. Donc, se mettre la pression chaque jour en se disant qu'on doit finir tout son travail avant de partir, pour moi c'est illusoire. Et là, c'est un autre conseil que j'ai relevé de Greg McKeown dans Effortless, ne fais pas plus aujourd'hui. que ce dont tu auras complètement récupéré demain. Ne fais pas plus cette semaine que ce dont tu auras complètement récupéré à la fin de la semaine. Ça peut peut-être sembler excessif ou irréaliste pour certains, mais au final, je trouve que c'est du bon sens. À l'inverse, il y a tellement de personnes qui se crament en faisant toujours l'effort de plus, le dernier dossier à boucler avant de partir. Et pour finir de convaincre les perfectionnistes acharnés, je continuerai à citer Greg McKeown. Dans Effortless, une phrase qui revient tout au long du livre, c'est la suivante. Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur. Cette phrase, elle vient en réaction à toute une génération de cadres et de dirigeants, notamment américains, qui ont fait du présentéisme une vertu suprême au détriment de leur santé et de leur équilibre de vie. Mais dites-moi, on rend service à qui quand on a tout donné et qu'on a laissé sa peau au boulot ? Certainement pas à son établissement ou à ses équipes qui vont se retrouver du jour au lendemain sans directeur. Évidemment, je ne dis pas qu'il ne faut absolument pas s'impliquer dans son travail de directeur et le faire en touriste. En fait, le tout, c'est de trouver son juste équilibre. Cet équilibre, il est personnel et il peut varier suivant les périodes de la vie. Pour beaucoup, au-delà du temps qu'on préserve pour sa vie de famille ou personnelle, l'équilibre, ça passe aussi par trouver du temps régulièrement pour faire une activité physique ou de détente, quelle qu'elle soit. Un temps pour soi, pour se vider la tête et se ressourcer. et revenir ensuite plus efficace au travail. Pour moi, par exemple, c'est le yoga aérien et la course à pied. Pour mon mari, c'est le badminton. Pour ma collègue, c'est la danse thaïcienne. Peu importe, en fait. Du moment que ça permet d'être dans quelque chose qui nous fait du bien et aussi qui stoppe le petit vélo dans la tête pendant quelques instants. Alors là, je vous entends d'ici les words kaoliques. Ouais, ben Marie, t'es bien gentille avec tes yakafocons. Mais dans la vraie vie, on fait comment pour se dégager du temps pour la coiponnée ? Avec l'expérience, moi je trouve que ce qui marche le mieux, c'est de bloquer des créneaux dans l'agenda à l'avance, avant qu'ils se remplissent. On note ses cours d'aquaponé au trimestre, et comme ça, on ne cale pas une réunion ou autre chose dessus, et on se préserve un espace pour recharger ses batteries. Et comme je vous avais annoncé un fil rouge Greg McKeon dans cet épisode, je vais de nouveau le citer dans son premier livre, cette fois, L'Essentialisme. Il lit cette phrase, « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera. » « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera » , c'est une phrase que je me répète souvent et que j'ai aussi en tête lorsque je planifie mon agenda. Ça me pousse justement à maîtriser mon agenda et à ne pas me laisser embarquer par les sollicitations excessives. Car personnellement, je n'ai pas du tout envie que d'autres priorisent ma vie à ma place. Un autre levier puissant pour éviter la surchauffe, c'est d'avoir du kiff dans son travail. Je m'explique. Bien sûr qu'on n'est pas au travail. uniquement pour les épanouissements, et bien sûr qu'on fait un certain nombre de choses qui ne sont pas du plaisir à l'état pur au travail. Je l'ai évoqué au début de cet épisode. Pour autant, je suis convaincue qu'il est fondamental d'identifier nos zones de kiff au travail et de les cultiver. Les zones de kiff, c'est souvent des domaines dans lesquels on a un certain talent et qui nous animent, qui donnent du sens à nos journées. Pour moi, c'est notamment la prise de parole en public, l'animation de réseau. Pour ma collègue, c'est la stratégie, l'accompagnement individuel des collaborateurs. Pour un autre collègue, c'est l'analyse financière. Ça, en fait, c'est comme les hobbies. Il y en a pour tous les goûts et surtout avec un métier aussi polyvalent que le nôtre. Identifier ses zones de kiff et faire en sorte de les exploiter régulièrement, ça permet de garder de la motivation, d'avoir des fenêtres de respiration entre deux tâches ingrates ou qu'on n'aime pas. J'ai pas mal travaillé sur ce sujet avec une coach qui s'appelle Laurence Garrisson et qui est spécialisée dans le kiff au travail. Elle est sur LinkedIn, si vous ne la connaissez pas, n'hésitez pas à aller voir ses posts, c'est percutant et drôle. Depuis que j'ai travaillé avec elle sur l'identification de mes zones de kiff, je développe davantage ces domaines et du coup je me sens mieux dans mon travail. Un autre moyen de prévenir la surchauffe, c'est de savoir s'entourer. On est assez isolé au quotidien dans notre métier de directeur et parfois ça peut être lourd de tout porter sans pouvoir en échanger en interne. Depuis que j'ai commencé ce métier, j'ai pu mesurer à quel point le réseau était important. pour le bien-être psychique des directeurs et a fortiori dans un contexte difficile. Ce réseau, ça peut être des collègues directeurs voisins, un groupement de coopération, une fédération, peu importe en fait, du moment qu'on se sent en confiance et qu'on sent qu'on peut déposer ses problèmes. Parce qu'on a parfois besoin de vider son sac ou de se pencher, ou alors d'avoir un avis extérieur sur une décision difficile qu'on doit prendre. Moi, en ce qui me concerne, j'ai la chance de travailler avec une collègue directrice avec qui j'échange au quotidien et c'est très riche et aidant. Mais quand on n'a pas ce travail d'équipe, pouvoir échanger avec des collègues qui rencontrent les mêmes difficultés que nous, c'est aidant. C'est une dynamique de réseau proche que je ressens très fortement au sein de la FNADEPA dont je fais partie et qui a particulièrement soutenu les directeurs pendant la crise Covid notamment. Je suis convaincue que les directeurs qui font partie d'un réseau soutenant et proche risquent moins vite la surchauffe car ils ont une safe place où déposer leurs soucis. Le dernier conseil que je donnerais pour prévenir l'épuisement, c'est de relativiser. À ce sujet, Gaëlle Chantelain-Berry, dont j'ai parlé au début de ce podcast, dit régulièrement « on ne sauve pas des vies » . Et c'est vrai. Quand on est directeur d'EHPAD, de service à domicile ou même directeur d'hôpital, on ne sauve pas des vies au bureau. Donc, on se détend et on essaie de prendre du recul pour se soulager d'un peu de pression. Certes, on traite des sujets sérieux, on travaille avec de l'humain, Mais souvent, il n'y a pas péril en la demeure. Notre travail reste un travail pour lequel on doit faire au mieux, mais certainement pas y laisser notre peau. Franchement, qui à la fin de sa vie regrette sur son lit de mort de ne pas avoir assez travaillé ou de ne pas avoir obtenu tel appel à projet ? Qu'est-ce qu'on aura envie de retenir à ce moment-là ? Le nombre d'heures passées au travail ? Le nombre de protocoles qu'on aura diffusés ? Personnellement, j'ai plutôt envie de regarder le sens que j'aurais donné à ma vie. Et mon travail en fait partie. Mais ce n'est pas la seule chose, Dieu merci. Même Steve Jobs a dit à la fin de sa vie que le succès au travail ne valait rien par rapport au rapport humain et aux relations avec ses proches. Donc, malgré toutes les responsabilités qui pèsent sur nous, sachons prioriser ce qui est important, au travail et en dehors, pour ne pas subir notre quotidien, ne pas avoir de regrets et pour ne pas nous user prématurément. Et nous arrivons à la fin de la première partie de cet épisode sur la surchauffe des directeurs. J'espère qu'elle vous a intéressé. et je vous donne rendez-vous très prochainement pour la seconde partie. On parlera des symptômes d'épuisement qui doivent alerter et de comment réagir quand on sent qu'on est en surchauffe. J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous a donné quelques pistes à travailler si vous vous sentez concerné par le sujet ou si vous voulez éviter l'épuisement. N'hésitez pas bien sûr à m'envoyer vos commentaires ou vos questions sur LinkedIn. Vous pouvez également aider à faire connaître ce podcast en lui mettant 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute, à savoir Spotify ou Deezer. Merci et à très vite pour un nouvel épisode.

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Description

"Je sens que je suis en surchauffe… mais comment faire pour ne pas basculer dans l'épuisement ?"

C'est la question que m'a posée Justine, une directrice que je connais bien. Et c'est un sujet qui touche beaucoup d'entre nous : comment continuer à s'investir dans notre métier sans y laisser notre santé ?


Dans cette première partie, je te partage :


Les 4 raisons principales qui expliquent la surchauffe des directeur·rice·s aujourd'hui :

  • Un contexte professionnel de plus en plus tendu (difficultés financières, recrutement, pression des familles…).

  • Une charge mentale accrue (responsabilités + inadéquation entre moyens et attentes).

  • Une charge de travail effrénée (plus de temps calme, polyvalence extrême).

  • Un niveau d'engagement trop élevé (le "syndrome du bon élève" qui nous pousse à tout donner).


Mes 3 conseils pour prévenir l'épuisement (inspirés de Greg McKeown et Gaël Châtelain-Berry) :

  1. Lutter contre le perfectionnisme : "Mieux vaut un dossier imparfait mais fait" (exemple : mon podcast, que je ne diffuserais jamais s'il devait être parfait !).

  2. Ne pas faire plus que ce dont tu peux récupérer : "Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur" (Greg McKeown).

  3. Identifier et cultiver tes "zones de kiff" : ces moments qui te redonnent de l'énergie (ex : prise de parole, stratégie, analyse financière…).


Mon tip : Bloquer des créneaux dans ton agenda pour tes activités ressourçantes (yoga, course, badminton…). "Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera !" Greg Mc Keown


La surchauffe n'est pas une fatalité, il existe des solutions concrètes pour :

  • Prendre du recul sans culpabiliser.

  • Trouver un équilibre entre engagement et préservation de soi.

  • Éviter de "laisser sa peau au boulot"


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s en début de carrière qui veulent anticiper les pièges.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui sentent la fatigue s'installer.

Tous ceux qui veulent travailler autrement sans sacrifier leur santé.


Bonne écoute !

💬 Et toi, quelles sont TES "zones de kiff" au travail ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais en parler dans la 2ème partie de cet épisode !

(PS : La suite au prochain épisode ! On y parlera des symptômes d'épuisement et des solutions pour réagir quand on est en surchauffe.)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Marie Lécuyer, bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allô Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Ça fait un moment que je réfléchis à cet épisode, et pour tout vous dire, j'avais prévu de l'enregistrer bien plus tôt. Mais la rentrée de septembre est passée par là, j'ai l'impression d'être passée dans le tambour de la machine à laver et j'ai pas trouvé l'énergie ni le temps pour le réaliser avant. Mais maintenant que mon cycle essorage est terminé, je suis heureuse de vous retrouver pour cet épisode. qui, je l'espère, trouvera écho chez vous. Cet épisode est un petit peu spécial. Quand je l'ai enregistré, il était assez long et durait plus de 30 minutes. Donc, pour que ça reste agréable à écouter, j'ai décidé de le diffuser en deux fois. Vous aurez donc la première partie dans cet épisode et la seconde partie prochainement. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'appelle la surchauffe des directeurs. Je vais parler ici volontairement de surchauffe ou encore d'épuisement, mais pas de burn-out pour deux raisons. La première, c'est que la surchauffe, c'est à mon avis un état qui présente moins de gravité que le burn-out. C'est un état qui peut être passager et que beaucoup d'entre nous rencontrent, mais qu'il ne faut pas laisser pour autant s'installer. La deuxième raison pour laquelle je parle plutôt de surchauffe, c'est que je ne suis ni médecin ni psychologue du travail. Le burn-out aujourd'hui, c'est un terme médical avec des caractéristiques bien précises que je ne maîtrise pas assez. Moi, mon propos, ce n'est pas du tout de donner un cours clinique sur le burn-out, mais plutôt de parler de l'expérience vécue par les directeurs dans leur expérience professionnelle, parfois très intense. Et en fait, ce qui m'a donné envie d'enregistrer cet épisode, c'est un message que j'ai reçu de Justine à la fin de l'été. Justine, c'est une directrice que je connais et évidemment dont j'ai changé le nom. Et dans son message, elle me disait « J'écoute attentivement tes podcasts et j'essaie de prendre du recul. » Pour autant, c'est difficile et cela impacte ma santé. C'est une mauvaise période qui va passer, je l'espère. Quand j'ai reçu ce message, ça m'a touchée. Et j'ai eu envie de donner quelques clés à Justine pour l'aider peut-être à se sentir mieux et lui éviter de laisser s'installer ce que j'appelle donc cette surchauffe. Là, je tiens à préciser tout de suite, je ne dispose pas plus que d'autres d'une recette magique garantissant contre la surchauffe. Moi-même, j'ai connu ce mode à plusieurs reprises, plus ou moins intensément. Et ça m'a justement amenée à développer quelques réflexes et outils que je vais vous partager aujourd'hui. Avant de me lancer dans le vif du sujet, je voudrais vous partager deux lectures qui m'ont beaucoup éclairée à ce sujet. La première, et que je vais beaucoup citer dans cet épisode, c'est Greg McKeown. Greg McKeown, c'est un auteur et conférencier anglais qui a écrit un best-seller intitulé L'Essentialisme. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous encourage vivement à le faire. C'est vraiment très inspirant. Il a ensuite écrit un second livre qui a été une vraie révélation pour moi, je dois dire, et qui s'appelle Effortless. Malheureusement, ce livre n'a pas encore été traduit en français. C'est vraiment dommage car c'est une pépite. Le sous-titre du livre, ça pourrait se traduire par « Faciliter ce qui compte le plus » . Dans ce livre-là, Greg McKeown évoque beaucoup la vie professionnelle, son intensité et le risque de burn-out. Je m'en suis donc inspirée et j'en parlerai à plusieurs reprises pour illustrer mon propos du jour. Le second auteur est également conférencier que je vous conseille sur le sujet. Il est plus connu du public français, c'est Gaël Châtelain-Berry, dont le thème de Prédilection est le bien-être au travail. Son podcast Happy Work est un vrai bonheur à écouter et il évoque régulièrement la question de l'épuisement professionnel et de sa prévention. Si vous ne l'avez pas encore écouté, je vous recommande vivement de le faire. Revenons-en donc à la surchauffe des directeurs. D'abord, qu'est-ce qui amène à la surchauffe ? Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui les directeurs ressentent davantage de chartes mentales, voire d'épuisement qu'il y a dix ans ? De manière générale, et sans aller dans des situations individuelles, je vois quatre raisons principales qui amènent les directeurs à la surchauffe ou à l'épuisement. La première, et la plus évidente sans doute, pour moi c'est le contexte qui s'est tendu depuis plusieurs années. et le cumul de difficultés. Ça n'a échappé à personne et sûrement pas aux directeurs qui, comme moi, exercent depuis de nombreuses années. Notre contexte d'exercice n'a jamais été aussi compliqué. Entre les difficultés financières et les problématiques de recrutement, les directeurs sont mis sous pression pour trouver chaque jour des solutions à des problèmes sans fin. Si on vient ajouter à ça l'exigence de certaines familles et la méfiance liée aux scandales hors PA et autres, on a le cocktail explosif pour empoisonner le quotidien des directeurs, même les plus aînés, et contribuer à les épuiser lentement jour après jour. La deuxième raison qui peut provoquer du stress chez les directeurs, c'est la charge mentale liée à leurs responsabilités. Ce facteur-là, pour le coup, il n'est pas nouveau. La responsabilité a toujours fait partie du quotidien des directeurs. Comme je l'explique parfois à des jeunes directeurs, surtout lorsqu'ils se destinent à être chef d'établissement, la responsabilité, elle fait partie du package. On ne peut pas l'occulter ou la déléguer intégralement. Il nous en revient toujours et c'est en grande partie pour ça qu'on est payé. Pour assumer la responsabilité de ce qui se passe dans notre établissement ou dans notre service. Donc, ce n'est pas négociable et ça a toujours été là. Un petit clin d'œil ici à mon premier épisode. Pour ceux qui n'ont pas encore écouté le premier épisode, je vous laisse retrouver la ref. Mais ce qui a changé aujourd'hui s'agissant du rapport à la responsabilité, je trouve que c'est l'inadéquation croissante entre les moyens à la disposition des directeurs et les injonctions réglementaires ou les résultats qu'on attend d'eux. Et ça, c'est générateur de stress. Quand on a régulièrement l'impression qu'on nous demande de tailler la forêt vierge avec un canif ou de chasser le cerf avec un lance-pierre, au bout d'un moment, ça peut user. Le troisième facteur d'épuisement des directeurs, c'est la charge de travail. Objectivement, quand on a pris notre premier poste avec mes collègues de promo en 2010, notre année était rythmée avec des échéances régulières qui demandaient un coup d'accélérateur, mais aussi des périodes plus calmes qui permettaient de travailler sur des sujets où l'on court et d'être sur le terrain. Avec les années, on a tous constaté que les échéances se sont rapprochées, les temps calmes ont diminué et même désormais ils sont extrêmement rares. Le rythme est effréné toute l'année. Et ça, ça favorise l'épuisement, aussi bien physique que psychique. D'autant plus que les directeurs doivent, tout autant qu'avant, être au four et au moulin. Et plus on est sur une structure à la taille humaine, et plus la polyvalence est de mise. Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu lorsque j'ai commencé ce métier. Dans la même journée, on pouvait réarmer la centrale incendie, recruter un agent de nuit, traiter une problématique de légionnelle, écrire son CEPOM, travailler un PGFP sur 5 ans. Je trouvais ça génial car je ne m'ennuyais jamais. Avec les années, même si j'aime toujours cette diversité et cette polyvalence, j'ai fini par trouver fatigant cette dispersion constante. Et je constate ce même épuisement chez beaucoup de collègues que je côtoie. Et j'entends cela dans le mail que m'envoie Justine. Le dernier facteur auquel je pense, qui explique souvent la surchauffe des directeurs, c'est leur niveau d'engagement et d'implication. Bien sûr, c'est une qualité au travail. et une qualité qu'on rencontre souvent dans les métiers porteurs de sens comme ceux de notre secteur. Souvent, les directeurs ont choisi ce métier par conviction, donc ils veulent faire les choses au mieux. Mais si on ajoute à leurs propres exigences les attentes que les autres ont vis-à-vis des directeurs, que ce soit les familles, les équipes ou les autorités, on a le bon combo pour se mettre un max de pression. Et malheureusement, cette implication élevée, elle joue parfois contre les directeurs. C'est connu aujourd'hui. que l'un des facteurs déterminants du burn-out, c'est un niveau d'engagement ou d'implication élevé, voire trop élevé. Et ça se comprend facilement, en fait. Évidemment, quand on est détaché, on ne risque pas vraiment le burn-out, ça paraît évident. Mais c'est un vrai facteur de risque pour les directeurs du secteur de la santé, car souvent, ils ont choisi ce métier pour défendre des valeurs fortes. Ils s'impliquent énormément et donnent beaucoup de leur personne. C'est le cas de Justine, que je connais bien. Et la limite de cet engagement, c'est qu'on risque davantage de basculer à un moment donné si on ne met pas en place des moyens pour se protéger. Mais alors, qu'est-ce qu'on peut mettre en place avant, en prévention, pour éviter l'épuisement ? Le premier point d'attention dont je voudrais parler en vue de prévenir l'épuisement, c'est le perfectionnisme. En effet, s'il y a un syndrome qui est très répandu parmi les directeurs du secteur de la santé, c'est le syndrome du bon élève. c'est-à-dire faire tout parfaitement et répondre à toutes les sollicitations. Quand je dis ça, ce n'est pas une critique jugeante, c'est juste un constat que je fais. Beaucoup de directeurs sont assez exigeants avec eux-mêmes dans le travail qu'ils produisent et ça peut contribuer à les épuiser, surtout avec le rythme effréné que j'évoquais tout à l'heure. Une des choses que j'ai retenues du livre Effortless, c'est qu'il vaut mieux un dossier imparfait mais fait. Parfois, À vouloir être trop perfectionniste, on passe des heures à peaufiner un appel à projet, à le relire, à le compléter, jusqu'à ce qu'il soit aussi parfait qu'on le voudrait. Mais pendant ce temps-là, on n'est pas disponible pour autre chose. Combien de projets n'ont jamais abouti parce qu'on a placé la barre trop haut ou qu'on s'est mis trop de pression ? Et pour prendre un exemple dans un métier différent et faire un pas de côté cette fois, un jour, je discutais avec un proche qui est illustrateur et qui me parlait de son book qu'il voulait publier. Et il me disait, ça fait longtemps que je veux le mettre en ligne, mais il n'est jamais assez fini à mon goût. Il n'est jamais assez bien. Résultat, il ne le diffusait pas. Et par la même occasion, il perdait. La chance d'être repéré et que son travail s'a connu. Ça montre parfaitement l'idée « mieux vaut imparfait, mais fait » . Parce que si on attend que ce soit parfait, on le finira peut-être jamais. Si j'attendais que mes épisodes de podcast soient totalement parfaits, je les diffuserais jamais non plus. Chacun pourra transposer au domaine dans lequel il se sent perfectionniste. L'autre élément dont je voulais parler, pour se forcer à lutter contre le perfectionnisme, c'est l'ampleur de la tâche des directeurs. Pour caricaturer, je dirais que la charge est presque infinie. Vous vous en rendez sûrement compte, notre travail n'est jamais fini, même si on rentre à 23h tous les soirs, et même si on dort 3h par nuit comme Gabriel Attel. Et personnellement, je n'ai pas vraiment envie d'essayer. Donc, se mettre la pression chaque jour en se disant qu'on doit finir tout son travail avant de partir, pour moi c'est illusoire. Et là, c'est un autre conseil que j'ai relevé de Greg McKeown dans Effortless, ne fais pas plus aujourd'hui. que ce dont tu auras complètement récupéré demain. Ne fais pas plus cette semaine que ce dont tu auras complètement récupéré à la fin de la semaine. Ça peut peut-être sembler excessif ou irréaliste pour certains, mais au final, je trouve que c'est du bon sens. À l'inverse, il y a tellement de personnes qui se crament en faisant toujours l'effort de plus, le dernier dossier à boucler avant de partir. Et pour finir de convaincre les perfectionnistes acharnés, je continuerai à citer Greg McKeown. Dans Effortless, une phrase qui revient tout au long du livre, c'est la suivante. Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur. Cette phrase, elle vient en réaction à toute une génération de cadres et de dirigeants, notamment américains, qui ont fait du présentéisme une vertu suprême au détriment de leur santé et de leur équilibre de vie. Mais dites-moi, on rend service à qui quand on a tout donné et qu'on a laissé sa peau au boulot ? Certainement pas à son établissement ou à ses équipes qui vont se retrouver du jour au lendemain sans directeur. Évidemment, je ne dis pas qu'il ne faut absolument pas s'impliquer dans son travail de directeur et le faire en touriste. En fait, le tout, c'est de trouver son juste équilibre. Cet équilibre, il est personnel et il peut varier suivant les périodes de la vie. Pour beaucoup, au-delà du temps qu'on préserve pour sa vie de famille ou personnelle, l'équilibre, ça passe aussi par trouver du temps régulièrement pour faire une activité physique ou de détente, quelle qu'elle soit. Un temps pour soi, pour se vider la tête et se ressourcer. et revenir ensuite plus efficace au travail. Pour moi, par exemple, c'est le yoga aérien et la course à pied. Pour mon mari, c'est le badminton. Pour ma collègue, c'est la danse thaïcienne. Peu importe, en fait. Du moment que ça permet d'être dans quelque chose qui nous fait du bien et aussi qui stoppe le petit vélo dans la tête pendant quelques instants. Alors là, je vous entends d'ici les words kaoliques. Ouais, ben Marie, t'es bien gentille avec tes yakafocons. Mais dans la vraie vie, on fait comment pour se dégager du temps pour la coiponnée ? Avec l'expérience, moi je trouve que ce qui marche le mieux, c'est de bloquer des créneaux dans l'agenda à l'avance, avant qu'ils se remplissent. On note ses cours d'aquaponé au trimestre, et comme ça, on ne cale pas une réunion ou autre chose dessus, et on se préserve un espace pour recharger ses batteries. Et comme je vous avais annoncé un fil rouge Greg McKeon dans cet épisode, je vais de nouveau le citer dans son premier livre, cette fois, L'Essentialisme. Il lit cette phrase, « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera. » « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera » , c'est une phrase que je me répète souvent et que j'ai aussi en tête lorsque je planifie mon agenda. Ça me pousse justement à maîtriser mon agenda et à ne pas me laisser embarquer par les sollicitations excessives. Car personnellement, je n'ai pas du tout envie que d'autres priorisent ma vie à ma place. Un autre levier puissant pour éviter la surchauffe, c'est d'avoir du kiff dans son travail. Je m'explique. Bien sûr qu'on n'est pas au travail. uniquement pour les épanouissements, et bien sûr qu'on fait un certain nombre de choses qui ne sont pas du plaisir à l'état pur au travail. Je l'ai évoqué au début de cet épisode. Pour autant, je suis convaincue qu'il est fondamental d'identifier nos zones de kiff au travail et de les cultiver. Les zones de kiff, c'est souvent des domaines dans lesquels on a un certain talent et qui nous animent, qui donnent du sens à nos journées. Pour moi, c'est notamment la prise de parole en public, l'animation de réseau. Pour ma collègue, c'est la stratégie, l'accompagnement individuel des collaborateurs. Pour un autre collègue, c'est l'analyse financière. Ça, en fait, c'est comme les hobbies. Il y en a pour tous les goûts et surtout avec un métier aussi polyvalent que le nôtre. Identifier ses zones de kiff et faire en sorte de les exploiter régulièrement, ça permet de garder de la motivation, d'avoir des fenêtres de respiration entre deux tâches ingrates ou qu'on n'aime pas. J'ai pas mal travaillé sur ce sujet avec une coach qui s'appelle Laurence Garrisson et qui est spécialisée dans le kiff au travail. Elle est sur LinkedIn, si vous ne la connaissez pas, n'hésitez pas à aller voir ses posts, c'est percutant et drôle. Depuis que j'ai travaillé avec elle sur l'identification de mes zones de kiff, je développe davantage ces domaines et du coup je me sens mieux dans mon travail. Un autre moyen de prévenir la surchauffe, c'est de savoir s'entourer. On est assez isolé au quotidien dans notre métier de directeur et parfois ça peut être lourd de tout porter sans pouvoir en échanger en interne. Depuis que j'ai commencé ce métier, j'ai pu mesurer à quel point le réseau était important. pour le bien-être psychique des directeurs et a fortiori dans un contexte difficile. Ce réseau, ça peut être des collègues directeurs voisins, un groupement de coopération, une fédération, peu importe en fait, du moment qu'on se sent en confiance et qu'on sent qu'on peut déposer ses problèmes. Parce qu'on a parfois besoin de vider son sac ou de se pencher, ou alors d'avoir un avis extérieur sur une décision difficile qu'on doit prendre. Moi, en ce qui me concerne, j'ai la chance de travailler avec une collègue directrice avec qui j'échange au quotidien et c'est très riche et aidant. Mais quand on n'a pas ce travail d'équipe, pouvoir échanger avec des collègues qui rencontrent les mêmes difficultés que nous, c'est aidant. C'est une dynamique de réseau proche que je ressens très fortement au sein de la FNADEPA dont je fais partie et qui a particulièrement soutenu les directeurs pendant la crise Covid notamment. Je suis convaincue que les directeurs qui font partie d'un réseau soutenant et proche risquent moins vite la surchauffe car ils ont une safe place où déposer leurs soucis. Le dernier conseil que je donnerais pour prévenir l'épuisement, c'est de relativiser. À ce sujet, Gaëlle Chantelain-Berry, dont j'ai parlé au début de ce podcast, dit régulièrement « on ne sauve pas des vies » . Et c'est vrai. Quand on est directeur d'EHPAD, de service à domicile ou même directeur d'hôpital, on ne sauve pas des vies au bureau. Donc, on se détend et on essaie de prendre du recul pour se soulager d'un peu de pression. Certes, on traite des sujets sérieux, on travaille avec de l'humain, Mais souvent, il n'y a pas péril en la demeure. Notre travail reste un travail pour lequel on doit faire au mieux, mais certainement pas y laisser notre peau. Franchement, qui à la fin de sa vie regrette sur son lit de mort de ne pas avoir assez travaillé ou de ne pas avoir obtenu tel appel à projet ? Qu'est-ce qu'on aura envie de retenir à ce moment-là ? Le nombre d'heures passées au travail ? Le nombre de protocoles qu'on aura diffusés ? Personnellement, j'ai plutôt envie de regarder le sens que j'aurais donné à ma vie. Et mon travail en fait partie. Mais ce n'est pas la seule chose, Dieu merci. Même Steve Jobs a dit à la fin de sa vie que le succès au travail ne valait rien par rapport au rapport humain et aux relations avec ses proches. Donc, malgré toutes les responsabilités qui pèsent sur nous, sachons prioriser ce qui est important, au travail et en dehors, pour ne pas subir notre quotidien, ne pas avoir de regrets et pour ne pas nous user prématurément. Et nous arrivons à la fin de la première partie de cet épisode sur la surchauffe des directeurs. J'espère qu'elle vous a intéressé. et je vous donne rendez-vous très prochainement pour la seconde partie. On parlera des symptômes d'épuisement qui doivent alerter et de comment réagir quand on sent qu'on est en surchauffe. J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous a donné quelques pistes à travailler si vous vous sentez concerné par le sujet ou si vous voulez éviter l'épuisement. N'hésitez pas bien sûr à m'envoyer vos commentaires ou vos questions sur LinkedIn. Vous pouvez également aider à faire connaître ce podcast en lui mettant 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute, à savoir Spotify ou Deezer. Merci et à très vite pour un nouvel épisode.

Description

"Je sens que je suis en surchauffe… mais comment faire pour ne pas basculer dans l'épuisement ?"

C'est la question que m'a posée Justine, une directrice que je connais bien. Et c'est un sujet qui touche beaucoup d'entre nous : comment continuer à s'investir dans notre métier sans y laisser notre santé ?


Dans cette première partie, je te partage :


Les 4 raisons principales qui expliquent la surchauffe des directeur·rice·s aujourd'hui :

  • Un contexte professionnel de plus en plus tendu (difficultés financières, recrutement, pression des familles…).

  • Une charge mentale accrue (responsabilités + inadéquation entre moyens et attentes).

  • Une charge de travail effrénée (plus de temps calme, polyvalence extrême).

  • Un niveau d'engagement trop élevé (le "syndrome du bon élève" qui nous pousse à tout donner).


Mes 3 conseils pour prévenir l'épuisement (inspirés de Greg McKeown et Gaël Châtelain-Berry) :

  1. Lutter contre le perfectionnisme : "Mieux vaut un dossier imparfait mais fait" (exemple : mon podcast, que je ne diffuserais jamais s'il devait être parfait !).

  2. Ne pas faire plus que ce dont tu peux récupérer : "Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur" (Greg McKeown).

  3. Identifier et cultiver tes "zones de kiff" : ces moments qui te redonnent de l'énergie (ex : prise de parole, stratégie, analyse financière…).


Mon tip : Bloquer des créneaux dans ton agenda pour tes activités ressourçantes (yoga, course, badminton…). "Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera !" Greg Mc Keown


La surchauffe n'est pas une fatalité, il existe des solutions concrètes pour :

  • Prendre du recul sans culpabiliser.

  • Trouver un équilibre entre engagement et préservation de soi.

  • Éviter de "laisser sa peau au boulot"


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s en début de carrière qui veulent anticiper les pièges.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui sentent la fatigue s'installer.

Tous ceux qui veulent travailler autrement sans sacrifier leur santé.


Bonne écoute !

💬 Et toi, quelles sont TES "zones de kiff" au travail ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais en parler dans la 2ème partie de cet épisode !

(PS : La suite au prochain épisode ! On y parlera des symptômes d'épuisement et des solutions pour réagir quand on est en surchauffe.)


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Marie Lécuyer, bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allô Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Ça fait un moment que je réfléchis à cet épisode, et pour tout vous dire, j'avais prévu de l'enregistrer bien plus tôt. Mais la rentrée de septembre est passée par là, j'ai l'impression d'être passée dans le tambour de la machine à laver et j'ai pas trouvé l'énergie ni le temps pour le réaliser avant. Mais maintenant que mon cycle essorage est terminé, je suis heureuse de vous retrouver pour cet épisode. qui, je l'espère, trouvera écho chez vous. Cet épisode est un petit peu spécial. Quand je l'ai enregistré, il était assez long et durait plus de 30 minutes. Donc, pour que ça reste agréable à écouter, j'ai décidé de le diffuser en deux fois. Vous aurez donc la première partie dans cet épisode et la seconde partie prochainement. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'appelle la surchauffe des directeurs. Je vais parler ici volontairement de surchauffe ou encore d'épuisement, mais pas de burn-out pour deux raisons. La première, c'est que la surchauffe, c'est à mon avis un état qui présente moins de gravité que le burn-out. C'est un état qui peut être passager et que beaucoup d'entre nous rencontrent, mais qu'il ne faut pas laisser pour autant s'installer. La deuxième raison pour laquelle je parle plutôt de surchauffe, c'est que je ne suis ni médecin ni psychologue du travail. Le burn-out aujourd'hui, c'est un terme médical avec des caractéristiques bien précises que je ne maîtrise pas assez. Moi, mon propos, ce n'est pas du tout de donner un cours clinique sur le burn-out, mais plutôt de parler de l'expérience vécue par les directeurs dans leur expérience professionnelle, parfois très intense. Et en fait, ce qui m'a donné envie d'enregistrer cet épisode, c'est un message que j'ai reçu de Justine à la fin de l'été. Justine, c'est une directrice que je connais et évidemment dont j'ai changé le nom. Et dans son message, elle me disait « J'écoute attentivement tes podcasts et j'essaie de prendre du recul. » Pour autant, c'est difficile et cela impacte ma santé. C'est une mauvaise période qui va passer, je l'espère. Quand j'ai reçu ce message, ça m'a touchée. Et j'ai eu envie de donner quelques clés à Justine pour l'aider peut-être à se sentir mieux et lui éviter de laisser s'installer ce que j'appelle donc cette surchauffe. Là, je tiens à préciser tout de suite, je ne dispose pas plus que d'autres d'une recette magique garantissant contre la surchauffe. Moi-même, j'ai connu ce mode à plusieurs reprises, plus ou moins intensément. Et ça m'a justement amenée à développer quelques réflexes et outils que je vais vous partager aujourd'hui. Avant de me lancer dans le vif du sujet, je voudrais vous partager deux lectures qui m'ont beaucoup éclairée à ce sujet. La première, et que je vais beaucoup citer dans cet épisode, c'est Greg McKeown. Greg McKeown, c'est un auteur et conférencier anglais qui a écrit un best-seller intitulé L'Essentialisme. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous encourage vivement à le faire. C'est vraiment très inspirant. Il a ensuite écrit un second livre qui a été une vraie révélation pour moi, je dois dire, et qui s'appelle Effortless. Malheureusement, ce livre n'a pas encore été traduit en français. C'est vraiment dommage car c'est une pépite. Le sous-titre du livre, ça pourrait se traduire par « Faciliter ce qui compte le plus » . Dans ce livre-là, Greg McKeown évoque beaucoup la vie professionnelle, son intensité et le risque de burn-out. Je m'en suis donc inspirée et j'en parlerai à plusieurs reprises pour illustrer mon propos du jour. Le second auteur est également conférencier que je vous conseille sur le sujet. Il est plus connu du public français, c'est Gaël Châtelain-Berry, dont le thème de Prédilection est le bien-être au travail. Son podcast Happy Work est un vrai bonheur à écouter et il évoque régulièrement la question de l'épuisement professionnel et de sa prévention. Si vous ne l'avez pas encore écouté, je vous recommande vivement de le faire. Revenons-en donc à la surchauffe des directeurs. D'abord, qu'est-ce qui amène à la surchauffe ? Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui les directeurs ressentent davantage de chartes mentales, voire d'épuisement qu'il y a dix ans ? De manière générale, et sans aller dans des situations individuelles, je vois quatre raisons principales qui amènent les directeurs à la surchauffe ou à l'épuisement. La première, et la plus évidente sans doute, pour moi c'est le contexte qui s'est tendu depuis plusieurs années. et le cumul de difficultés. Ça n'a échappé à personne et sûrement pas aux directeurs qui, comme moi, exercent depuis de nombreuses années. Notre contexte d'exercice n'a jamais été aussi compliqué. Entre les difficultés financières et les problématiques de recrutement, les directeurs sont mis sous pression pour trouver chaque jour des solutions à des problèmes sans fin. Si on vient ajouter à ça l'exigence de certaines familles et la méfiance liée aux scandales hors PA et autres, on a le cocktail explosif pour empoisonner le quotidien des directeurs, même les plus aînés, et contribuer à les épuiser lentement jour après jour. La deuxième raison qui peut provoquer du stress chez les directeurs, c'est la charge mentale liée à leurs responsabilités. Ce facteur-là, pour le coup, il n'est pas nouveau. La responsabilité a toujours fait partie du quotidien des directeurs. Comme je l'explique parfois à des jeunes directeurs, surtout lorsqu'ils se destinent à être chef d'établissement, la responsabilité, elle fait partie du package. On ne peut pas l'occulter ou la déléguer intégralement. Il nous en revient toujours et c'est en grande partie pour ça qu'on est payé. Pour assumer la responsabilité de ce qui se passe dans notre établissement ou dans notre service. Donc, ce n'est pas négociable et ça a toujours été là. Un petit clin d'œil ici à mon premier épisode. Pour ceux qui n'ont pas encore écouté le premier épisode, je vous laisse retrouver la ref. Mais ce qui a changé aujourd'hui s'agissant du rapport à la responsabilité, je trouve que c'est l'inadéquation croissante entre les moyens à la disposition des directeurs et les injonctions réglementaires ou les résultats qu'on attend d'eux. Et ça, c'est générateur de stress. Quand on a régulièrement l'impression qu'on nous demande de tailler la forêt vierge avec un canif ou de chasser le cerf avec un lance-pierre, au bout d'un moment, ça peut user. Le troisième facteur d'épuisement des directeurs, c'est la charge de travail. Objectivement, quand on a pris notre premier poste avec mes collègues de promo en 2010, notre année était rythmée avec des échéances régulières qui demandaient un coup d'accélérateur, mais aussi des périodes plus calmes qui permettaient de travailler sur des sujets où l'on court et d'être sur le terrain. Avec les années, on a tous constaté que les échéances se sont rapprochées, les temps calmes ont diminué et même désormais ils sont extrêmement rares. Le rythme est effréné toute l'année. Et ça, ça favorise l'épuisement, aussi bien physique que psychique. D'autant plus que les directeurs doivent, tout autant qu'avant, être au four et au moulin. Et plus on est sur une structure à la taille humaine, et plus la polyvalence est de mise. Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu lorsque j'ai commencé ce métier. Dans la même journée, on pouvait réarmer la centrale incendie, recruter un agent de nuit, traiter une problématique de légionnelle, écrire son CEPOM, travailler un PGFP sur 5 ans. Je trouvais ça génial car je ne m'ennuyais jamais. Avec les années, même si j'aime toujours cette diversité et cette polyvalence, j'ai fini par trouver fatigant cette dispersion constante. Et je constate ce même épuisement chez beaucoup de collègues que je côtoie. Et j'entends cela dans le mail que m'envoie Justine. Le dernier facteur auquel je pense, qui explique souvent la surchauffe des directeurs, c'est leur niveau d'engagement et d'implication. Bien sûr, c'est une qualité au travail. et une qualité qu'on rencontre souvent dans les métiers porteurs de sens comme ceux de notre secteur. Souvent, les directeurs ont choisi ce métier par conviction, donc ils veulent faire les choses au mieux. Mais si on ajoute à leurs propres exigences les attentes que les autres ont vis-à-vis des directeurs, que ce soit les familles, les équipes ou les autorités, on a le bon combo pour se mettre un max de pression. Et malheureusement, cette implication élevée, elle joue parfois contre les directeurs. C'est connu aujourd'hui. que l'un des facteurs déterminants du burn-out, c'est un niveau d'engagement ou d'implication élevé, voire trop élevé. Et ça se comprend facilement, en fait. Évidemment, quand on est détaché, on ne risque pas vraiment le burn-out, ça paraît évident. Mais c'est un vrai facteur de risque pour les directeurs du secteur de la santé, car souvent, ils ont choisi ce métier pour défendre des valeurs fortes. Ils s'impliquent énormément et donnent beaucoup de leur personne. C'est le cas de Justine, que je connais bien. Et la limite de cet engagement, c'est qu'on risque davantage de basculer à un moment donné si on ne met pas en place des moyens pour se protéger. Mais alors, qu'est-ce qu'on peut mettre en place avant, en prévention, pour éviter l'épuisement ? Le premier point d'attention dont je voudrais parler en vue de prévenir l'épuisement, c'est le perfectionnisme. En effet, s'il y a un syndrome qui est très répandu parmi les directeurs du secteur de la santé, c'est le syndrome du bon élève. c'est-à-dire faire tout parfaitement et répondre à toutes les sollicitations. Quand je dis ça, ce n'est pas une critique jugeante, c'est juste un constat que je fais. Beaucoup de directeurs sont assez exigeants avec eux-mêmes dans le travail qu'ils produisent et ça peut contribuer à les épuiser, surtout avec le rythme effréné que j'évoquais tout à l'heure. Une des choses que j'ai retenues du livre Effortless, c'est qu'il vaut mieux un dossier imparfait mais fait. Parfois, À vouloir être trop perfectionniste, on passe des heures à peaufiner un appel à projet, à le relire, à le compléter, jusqu'à ce qu'il soit aussi parfait qu'on le voudrait. Mais pendant ce temps-là, on n'est pas disponible pour autre chose. Combien de projets n'ont jamais abouti parce qu'on a placé la barre trop haut ou qu'on s'est mis trop de pression ? Et pour prendre un exemple dans un métier différent et faire un pas de côté cette fois, un jour, je discutais avec un proche qui est illustrateur et qui me parlait de son book qu'il voulait publier. Et il me disait, ça fait longtemps que je veux le mettre en ligne, mais il n'est jamais assez fini à mon goût. Il n'est jamais assez bien. Résultat, il ne le diffusait pas. Et par la même occasion, il perdait. La chance d'être repéré et que son travail s'a connu. Ça montre parfaitement l'idée « mieux vaut imparfait, mais fait » . Parce que si on attend que ce soit parfait, on le finira peut-être jamais. Si j'attendais que mes épisodes de podcast soient totalement parfaits, je les diffuserais jamais non plus. Chacun pourra transposer au domaine dans lequel il se sent perfectionniste. L'autre élément dont je voulais parler, pour se forcer à lutter contre le perfectionnisme, c'est l'ampleur de la tâche des directeurs. Pour caricaturer, je dirais que la charge est presque infinie. Vous vous en rendez sûrement compte, notre travail n'est jamais fini, même si on rentre à 23h tous les soirs, et même si on dort 3h par nuit comme Gabriel Attel. Et personnellement, je n'ai pas vraiment envie d'essayer. Donc, se mettre la pression chaque jour en se disant qu'on doit finir tout son travail avant de partir, pour moi c'est illusoire. Et là, c'est un autre conseil que j'ai relevé de Greg McKeown dans Effortless, ne fais pas plus aujourd'hui. que ce dont tu auras complètement récupéré demain. Ne fais pas plus cette semaine que ce dont tu auras complètement récupéré à la fin de la semaine. Ça peut peut-être sembler excessif ou irréaliste pour certains, mais au final, je trouve que c'est du bon sens. À l'inverse, il y a tellement de personnes qui se crament en faisant toujours l'effort de plus, le dernier dossier à boucler avant de partir. Et pour finir de convaincre les perfectionnistes acharnés, je continuerai à citer Greg McKeown. Dans Effortless, une phrase qui revient tout au long du livre, c'est la suivante. Le burn-out n'est pas un insigne d'honneur. Cette phrase, elle vient en réaction à toute une génération de cadres et de dirigeants, notamment américains, qui ont fait du présentéisme une vertu suprême au détriment de leur santé et de leur équilibre de vie. Mais dites-moi, on rend service à qui quand on a tout donné et qu'on a laissé sa peau au boulot ? Certainement pas à son établissement ou à ses équipes qui vont se retrouver du jour au lendemain sans directeur. Évidemment, je ne dis pas qu'il ne faut absolument pas s'impliquer dans son travail de directeur et le faire en touriste. En fait, le tout, c'est de trouver son juste équilibre. Cet équilibre, il est personnel et il peut varier suivant les périodes de la vie. Pour beaucoup, au-delà du temps qu'on préserve pour sa vie de famille ou personnelle, l'équilibre, ça passe aussi par trouver du temps régulièrement pour faire une activité physique ou de détente, quelle qu'elle soit. Un temps pour soi, pour se vider la tête et se ressourcer. et revenir ensuite plus efficace au travail. Pour moi, par exemple, c'est le yoga aérien et la course à pied. Pour mon mari, c'est le badminton. Pour ma collègue, c'est la danse thaïcienne. Peu importe, en fait. Du moment que ça permet d'être dans quelque chose qui nous fait du bien et aussi qui stoppe le petit vélo dans la tête pendant quelques instants. Alors là, je vous entends d'ici les words kaoliques. Ouais, ben Marie, t'es bien gentille avec tes yakafocons. Mais dans la vraie vie, on fait comment pour se dégager du temps pour la coiponnée ? Avec l'expérience, moi je trouve que ce qui marche le mieux, c'est de bloquer des créneaux dans l'agenda à l'avance, avant qu'ils se remplissent. On note ses cours d'aquaponé au trimestre, et comme ça, on ne cale pas une réunion ou autre chose dessus, et on se préserve un espace pour recharger ses batteries. Et comme je vous avais annoncé un fil rouge Greg McKeon dans cet épisode, je vais de nouveau le citer dans son premier livre, cette fois, L'Essentialisme. Il lit cette phrase, « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera. » « Si tu ne priorises pas ta vie, quelqu'un d'autre le fera » , c'est une phrase que je me répète souvent et que j'ai aussi en tête lorsque je planifie mon agenda. Ça me pousse justement à maîtriser mon agenda et à ne pas me laisser embarquer par les sollicitations excessives. Car personnellement, je n'ai pas du tout envie que d'autres priorisent ma vie à ma place. Un autre levier puissant pour éviter la surchauffe, c'est d'avoir du kiff dans son travail. Je m'explique. Bien sûr qu'on n'est pas au travail. uniquement pour les épanouissements, et bien sûr qu'on fait un certain nombre de choses qui ne sont pas du plaisir à l'état pur au travail. Je l'ai évoqué au début de cet épisode. Pour autant, je suis convaincue qu'il est fondamental d'identifier nos zones de kiff au travail et de les cultiver. Les zones de kiff, c'est souvent des domaines dans lesquels on a un certain talent et qui nous animent, qui donnent du sens à nos journées. Pour moi, c'est notamment la prise de parole en public, l'animation de réseau. Pour ma collègue, c'est la stratégie, l'accompagnement individuel des collaborateurs. Pour un autre collègue, c'est l'analyse financière. Ça, en fait, c'est comme les hobbies. Il y en a pour tous les goûts et surtout avec un métier aussi polyvalent que le nôtre. Identifier ses zones de kiff et faire en sorte de les exploiter régulièrement, ça permet de garder de la motivation, d'avoir des fenêtres de respiration entre deux tâches ingrates ou qu'on n'aime pas. J'ai pas mal travaillé sur ce sujet avec une coach qui s'appelle Laurence Garrisson et qui est spécialisée dans le kiff au travail. Elle est sur LinkedIn, si vous ne la connaissez pas, n'hésitez pas à aller voir ses posts, c'est percutant et drôle. Depuis que j'ai travaillé avec elle sur l'identification de mes zones de kiff, je développe davantage ces domaines et du coup je me sens mieux dans mon travail. Un autre moyen de prévenir la surchauffe, c'est de savoir s'entourer. On est assez isolé au quotidien dans notre métier de directeur et parfois ça peut être lourd de tout porter sans pouvoir en échanger en interne. Depuis que j'ai commencé ce métier, j'ai pu mesurer à quel point le réseau était important. pour le bien-être psychique des directeurs et a fortiori dans un contexte difficile. Ce réseau, ça peut être des collègues directeurs voisins, un groupement de coopération, une fédération, peu importe en fait, du moment qu'on se sent en confiance et qu'on sent qu'on peut déposer ses problèmes. Parce qu'on a parfois besoin de vider son sac ou de se pencher, ou alors d'avoir un avis extérieur sur une décision difficile qu'on doit prendre. Moi, en ce qui me concerne, j'ai la chance de travailler avec une collègue directrice avec qui j'échange au quotidien et c'est très riche et aidant. Mais quand on n'a pas ce travail d'équipe, pouvoir échanger avec des collègues qui rencontrent les mêmes difficultés que nous, c'est aidant. C'est une dynamique de réseau proche que je ressens très fortement au sein de la FNADEPA dont je fais partie et qui a particulièrement soutenu les directeurs pendant la crise Covid notamment. Je suis convaincue que les directeurs qui font partie d'un réseau soutenant et proche risquent moins vite la surchauffe car ils ont une safe place où déposer leurs soucis. Le dernier conseil que je donnerais pour prévenir l'épuisement, c'est de relativiser. À ce sujet, Gaëlle Chantelain-Berry, dont j'ai parlé au début de ce podcast, dit régulièrement « on ne sauve pas des vies » . Et c'est vrai. Quand on est directeur d'EHPAD, de service à domicile ou même directeur d'hôpital, on ne sauve pas des vies au bureau. Donc, on se détend et on essaie de prendre du recul pour se soulager d'un peu de pression. Certes, on traite des sujets sérieux, on travaille avec de l'humain, Mais souvent, il n'y a pas péril en la demeure. Notre travail reste un travail pour lequel on doit faire au mieux, mais certainement pas y laisser notre peau. Franchement, qui à la fin de sa vie regrette sur son lit de mort de ne pas avoir assez travaillé ou de ne pas avoir obtenu tel appel à projet ? Qu'est-ce qu'on aura envie de retenir à ce moment-là ? Le nombre d'heures passées au travail ? Le nombre de protocoles qu'on aura diffusés ? Personnellement, j'ai plutôt envie de regarder le sens que j'aurais donné à ma vie. Et mon travail en fait partie. Mais ce n'est pas la seule chose, Dieu merci. Même Steve Jobs a dit à la fin de sa vie que le succès au travail ne valait rien par rapport au rapport humain et aux relations avec ses proches. Donc, malgré toutes les responsabilités qui pèsent sur nous, sachons prioriser ce qui est important, au travail et en dehors, pour ne pas subir notre quotidien, ne pas avoir de regrets et pour ne pas nous user prématurément. Et nous arrivons à la fin de la première partie de cet épisode sur la surchauffe des directeurs. J'espère qu'elle vous a intéressé. et je vous donne rendez-vous très prochainement pour la seconde partie. On parlera des symptômes d'épuisement qui doivent alerter et de comment réagir quand on sent qu'on est en surchauffe. J'espère que cet épisode vous a plu et qu'il vous a donné quelques pistes à travailler si vous vous sentez concerné par le sujet ou si vous voulez éviter l'épuisement. N'hésitez pas bien sûr à m'envoyer vos commentaires ou vos questions sur LinkedIn. Vous pouvez également aider à faire connaître ce podcast en lui mettant 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute, à savoir Spotify ou Deezer. Merci et à très vite pour un nouvel épisode.

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