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"Allô Directeur" – Le podcast qui aide les directeur·rice·s du médico-social à diriger avec confiance

Les émotions des directeurs: comment les gérer? Vice Versa s’invite sur le podcast

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18min |29/08/2024
Play
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18min |29/08/2024
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Description

"Et si nos émotions étaient nos meilleures alliées pour diriger ?"

Dans cet épisode, je m’inspire du film Vice-Versa pour explorer les 5 émotions clés que tout·e directeur·rice rencontre au quotidien : joie, colère, peur, tristesse et dégoût (ou plutôt dépit, comme je l’explique).


Ce que tu vas découvrir :

La joie : Comment la cultiver et la partager pour renforcer la cohésion d’équipe

La colère : Pourquoi il faut la canaliser (et non la refouler)

La peur et l’anxiété : Comment les gérer sans les transmettre à ton équipe

La tristesse : Quand et comment l’exprimer

Le dégoût/dépit : Comment le transformer en argument factuel


Nos émotions ne sont pas nos ennemies – bien au contraire ! Elles nous révèlent ce qui compte pour nous et peuvent renforcer notre leadership, à condition de savoir les doser et les exprimer avec authenticité.


Mes exemples concrets :

  • Comment j’ai géré ma colère face à une soignante irrespectueuse (et ce que j’en ai appris sur ma légitimité).

  • Pourquoi pleurer n’est pas un signe de faiblesse, mais d’humanité.

  • Comment Barack Obama et Angela Merkel incarnent deux styles de leadership émotionnel radicalement différents… mais tout aussi efficaces.


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s débutant·e·s qui veulent assumer leurs émotions sans perdre en crédibilité.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui cherchent à affiner leur communication émotionnelle.

Tous ceux qui veulent comprendre comment les émotions peuvent devenir un outil de management.


Bonne écoute !

💬 Une question sur la gestion des émotions en tant que directeur·rice ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais y répondre dans un prochain épisode !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allo Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Dans cet épisode, je vais parler émotions, et particulièrement des émotions de directeurs, puisque c'est un sujet qu'on n'aborde pas assez je trouve. Et pour en parler, J'ai décidé de faire référence à un film que beaucoup ont dû voir dernièrement et que ma fille adore, à savoir Vice Versa. Petit clin d'œil au passage à Mathilde qui se reconnaîtra et qui adore également ce film. Dans Vice Versa, l'héroïne a aux commandes de son cerveau 5 émotions. Si vous avez vu le film, vous les connaissez. Il y a d'abord joie, colère, tristesse, peur et enfin dégoût. Je vais aborder chacune de ces émotions et faire le lien avec la vie de directeur au quotidien. En tout premier lieu, et c'est le personnage central du film, il y a joie. La joie, c'est une émotion assez facile à exprimer. La joie, c'est contagieux. J'ai un exemple dernièrement d'un moment où j'ai ressenti beaucoup de joie au travail, à l'occasion d'une journée que j'avais organisée et à laquelle je pensais depuis longtemps. Ça fait 4 ans que je suis dans l'établissement où je travaille actuellement et on organise à peu près toutes les 3 semaines des codires avec une dizaine de responsables et de cadres. Et ça fait 4 ans que je me disais que j'aimerais vraiment qu'on arrive au moins une fois dans l'année à s'organiser une journée à l'extérieur pour prendre du recul, réfléchir à ce qu'on a envie de travailler ensemble dans l'année et aussi s'oxygéner un peu et travailler différemment. mais depuis presque 4 ans, butait sur l'organisation de cette... journée parce que le contexte ne s'y prêtait jamais, on avait toujours des crises à gérer et qu'en plus je ne me voyais pas réserver un lieu qui me coûterait de l'argent alors même que l'établissement est en difficulté financière. Et finalement il y a quelques mois c'est venu tout naturellement, j'ai trouvé le lieu et le moment idéal pour organiser une journée à l'extérieur pour mon codire. Ça a été vraiment une journée super que j'avais imaginé depuis presque quatre ans dans ma tête et quand elle s'est réalisée c'était encore mieux que ce que j'avais prévu. J'étais alignée, toutes les personnes qui étaient là ont vraiment passé un bon moment. On a pu partager beaucoup de choses ensemble et se projeter sur ce qu'on avait envie de faire dans la suite et ça a été un grand moment de joie pour moi que j'ai partagé avec eux et que le fait que je l'ai exprimé simplement et sincèrement ça a aussi permis de favoriser la cohésion d'équipe qu'on a eu ce jour-là. Pour moi, en tant que directrice, c'est important de savoir manifester sa joie et mettre en avant les moments positifs. Ça permet aussi de contrebalancer les moments négatifs qu'on traverse. C'est important de savoir célébrer les moments plus joyeux. Ça fait du bien à tout le monde, aux équipes et aux directeurs. Le deuxième personnage qu'on voit beaucoup dans Vice Versa, c'est la colère. Donc la colère, dans notre quotidien directeur, elle s'invite parfois toute seule. On peut la ressentir régulièrement, mais je pense qu'elle n'est pas souvent bonne à exprimer, en tout cas pas à chaud. C'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec les années, de savoir reconnaître quand la colère arrive et essayer de ne pas réagir à chaud. J'ai un de mes collaborateurs proches avec qui je travaille au quotidien qui m'avait donné un conseil un jour que j'avais trouvé vraiment pertinent de son propre vécu. Il me disait maintenant, quand je suis énervée avec quelqu'un au travail, j'écris un mail tout de suite dans la foulée de tout ce que j'aurais envie de lui dire et de ce que je ressens à chaud. Je ne l'envoie pas, je le laisse en brouillon et je le reprends le lendemain matin. Et bien souvent le lendemain matin... Je vois les choses sous un autre angle et en tout cas je mets un peu d'eau dans mon vin. En fait, l'idée ce n'est pas de dire qu'on n'a pas le droit d'être en colère parce qu'on reste humain au travail. Par contre, il faut bien avoir en tête ce qu'elle va produire et notamment en étant à notre place de directeur. Souvent, l'exprimer à chaud de manière brutale, ça peut avoir des effets qui sont contre-productifs et qui ne vont pas arranger la situation. Donc l'intérêt de reporter l'expression de cette colère. C'est de pouvoir prendre les choses un peu avec du recul et surtout de se dire, est-ce que vraiment le fait de l'exprimer comme j'ai envie tout de suite là, ça va produire des effets bénéfiques ? Tout au début de ma carrière, un jour, j'avais organisé une réunion avec un service parce qu'il y avait des soucis au sein des membres de l'équipe de ce service et je voulais en discuter avec eux pour pouvoir trouver l'abcès. Et en fait, lorsque je suis arrivée pour les rejoindre, il y avait une aide-soignante qui était debout dans la salle et qui directement m'a agressée verbalement et qui m'a parlé en me manquant de respect. Et à ce moment-là, j'ai été prise au dépourvu et je me suis laissée envahir par la colère face à son attitude. Je me suis mise à lui parler de manière agressive, moi aussi, et je suis partie. Et en fait, aujourd'hui, je pense que je ferais complètement différemment parce que répondre du tac au tac en étant directrice, d'une part, ça ne montre pas vraiment un bon exemple et deuxièmement, ça n'a vraiment pas aidé à arranger la situation. Maintenant, quand je sens que je suis agacée avec une personne ou avec une équipe, que j'ai mal digéré une situation, j'ai tendance à reporter. le moment d'en discuter une fois que je me suis calmée. Si je sens que je suis encore trop sous le coup de l'émotion, je préfère reporter pour que les échanges puissent être plus constructifs. Et l'autre chose que j'ai apprise au sujet de la colère avec les années, c'est que souvent elle a quelque chose à nous dire sur nous, beaucoup plus que sur les autres. Avec le recul, une fois qu'elle est passée, c'est intéressant d'essayer de chercher à comprendre qu'est-ce qui est venu nous blesser pour déclencher la colère. Parce qu'on sait très bien que quand on réagit avec colère, c'est qu'il y a quelque chose en nous qui est attaqué. Et souvent, ça fait résonance avec une pensée qu'on a sur nous-mêmes et que quelqu'un d'autre nous renvoie. Pour reprendre l'exemple de tout à l'heure et de cette fois où je me suis laissée emporter avec une soignante, la façon dont elle m'a parlé m'a laissé penser que j'étais pas crédible ou pas légitime à ses yeux. J'étais jeune, j'avais 27 ans, c'était ma première expérience de direction et c'était une pensée que j'avais en moi, une pensée limitante de me dire « en fait, à mon âge, je n'ai aucune crédibilité en tant que directrice » . Et le fait que cette soignante se permette de me parler en me manquant de respect et de manière très agressive, moi ça m'a renvoyé le fait qu'elle aussi a pensé ça. Et c'est ça qui a déclenché ma colère. Et c'est là où c'est très intéressant d'analyser ensuite. Après coup, pourquoi on s'est énervés ? Ça a toujours quelque chose à nous enseigner sur nos croyances et qu'est-ce que ça a réveillé chez nous. La troisième émotion qu'on voit dans Vice Versa, c'est la peur. La peur, on a plutôt tendance à la cacher en tant que directeur. On se dit que, clairement, c'est vraiment l'émotion qu'on ne veut pas que les gens voient, parce que le directeur, c'est celui qui tient la barre. Et on a un peu cette mission de protéger les équipes. Et s'ils se rendent compte que le directeur a peur, il va y avoir un effet de contagion ou alors on va les angoisser, ils vont se dire « punaise, c'est la cata » . Donc, moi, en ce qui me concerne, c'est une émotion que j'évite d'exprimer vraiment au travail. Par contre, je l'associe beaucoup à une émotion un peu plus subtile et d'ailleurs qui est présente, qui est une des nouvelles émotions dans le film « Vice Versa 2 » , si vous avez été le voir, c'est l'anxiété. L'anxiété, malheureusement, dans le contexte actuel, c'est une émotion de plus en plus fréquente chez les directeurs. Et bien celle-là, elle se ressent. Même quand on ne l'exprime pas de manière directe, en disant à ses équipes le matin, en arrivant, je suis anxieux, je suis anxieux, quand même, ils le ressentent d'une certaine manière à notre attitude, à la façon dont on est plus fermé, dont on se montre préoccupé. Moi, dans mon exemple personnel, il y a eu... une situation qui m'a vraiment rendue anxieuse et sur laquelle je n'ai pas du tout réussi à gérer l'émotion au travail à ce moment-là. C'était en octobre 2022, donc il y a presque deux ans, au moment où on a eu des grosses difficultés financières dans mon établissement. Et à l'automne, il y a eu un moment où je ne savais pas si j'allais pouvoir payer les salaires le mois suivant. Et là, ça a généré vraiment une forte anxiété pour moi et pour une des premières fois de ma vie professionnelle où j'avais vraiment des insomnies. Et à tel point qu'un jour, j'étais en vidéo avec des collègues directeurs. On faisait une vidéo sur ce sujet, sur nos difficultés financières entre nous. Et en fait, je me suis mise à pleurer pendant la vidéo. Et j'étais hyper gênée, j'ai coupé ma caméra parce que je n'avais pas envie de montrer cette émotion, même si ce n'était même pas mes collaborateurs, c'était des collègues directeurs. Mais je n'avais pas prévu cette émotion et encore moins prévu de l'exprimer. Et puis voilà, c'était fait, elle était là. Et quelque part, on est humain et on ne peut pas tout contrôler. Et c'est la seule fois où ça m'est arrivé, mais ça m'a marquée. Et ça m'a aussi alertée sur le fait que c'était un moment où il allait falloir, d'une part, que j'aille chercher de l'aide pour l'établissement. et d'autre part, chercher de l'aide pour moi, parce que ce n'est pas habituel et que ça ne m'arrive jamais de me mettre à plonger au travail. La quatrième émotion qu'on voit dans vice-versa, c'est la tristesse. La tristesse, heureusement, on n'en sent pas très souvent au travail, mais elle peut quand même être présente par moments, ponctuellement, et je pense que quand il y a une vraie raison... Il faut savoir l'exprimer si on en ressent le besoin. Je pense à, malheureusement, quelques fois où j'ai dû faire face, dans les établissements où j'ai été, au décès d'un nombre de l'équipe. Eh bien, c'est un moment là où le fait qu'un directeur ou une directrice exprime sa tristesse devant l'équipe et partage la tristesse que l'équipe ressent, eh bien, c'est important. Et ça fait partie, évidemment, si ce n'est pas fin, de la cohésion et partager cette souffrance à ce moment-là. c'est aussi un facteur de croissance avec les clients. La dernière émotion qu'on voit dans Vice Versa, dans les cinq personnages principaux, c'est le dégoût. Alors, le dégoût en tant que tel, personnellement, au travail, je ne l'ai jamais ressenti, mais par contre, je raccrocherais ça à une émotion ou un sentiment un peu plus familier qui serait le dépit. Et le dépit, malheureusement, un peu comme l'anxiété, c'est quelque chose. que beaucoup de directeurs ressentent de plus en plus ces dernières années. On peut ressentir du dépit face à plusieurs types de situations. La première, c'est face à des comportements non professionnels. Récemment, dans un de mes établissements, on a eu une remplaçante qui nous a appelé un jour pour nous dire qu'elle allait être absente du travail pendant trois jours parce qu'elle avait un souci de voiture et que son assurance ne prenait pas en charge le prêt de véhicule pendant la réparation. Qu'à cela ne tienne, on lui a... proposer de lui fournir une voiture de l'établissement et de lui la prêter pour qu'elle puisse venir au travail. Ce à quoi elle nous a répondu qu'elle ne pourrait pas conduire si c'était une voiture à boîte manuelle parce qu'elle n'avait pas le permis pour ça. On s'est débrouillé, on lui a trouvé une voiture à boîte automatique qu'on lui a prêtée, qu'on lui a amenée jusqu'à l'établissement pour qu'elle puisse venir travailler pendant les trois jours. Elle est venue et... Deux ou trois jours après, on a reçu un texto de cette même personne nous disant qu'elle démissionnait sans préavis alors qu'elle devait travailler tout le week-end et qu'on sait pertinemment que ce week-end-là, on n'arriverait pas à trouver de remplaçante. Alors on peut toujours essayer d'obliger la personne à effectuer le préavis comme convenu dans le contrat. On sait très bien que si elle a décidé de ne pas venir, de toute manière, elle sera en arrêt. Effectivement, quand on reçoit ce genre de message, en plus par texto, on ressent clairement du dépit. L'autre situation de dépit qu'on rencontre parfois les directeurs, c'est face à une demande de résultats pour laquelle on n'a pas les moyens. J'ai un exemple très précis en tête de commentaires que pas mal de directeurs ont reçus suite à leurs inspections, leur signalant qu'il y avait un problème d'organisation dans l'établissement parce qu'ils n'ont pas uniquement des aides-soignants diplômés la nuit. Aujourd'hui, tous les directeurs aimeraient n'avoir que des aides-soignants diplômés comme veilleuses de nuit, mais concrètement... les difficultés de recrutement font qu'ils n'arrivent pas à trouver suffisamment de personnel qualifié. Et de se le voir signalé comme un manquement dans le cadre des inspections, c'est frustrant. Le dépit qu'on ressent à ce moment-là, il est souvent lié à l'inéquation entre les moyens à notre disposition et nos objectifs ou nos responsabilités. Je pense que la bonne attitude à avoir, plutôt que d'exprimer directement son dépit, ce qui ne va pas être très constructif dans ce type de situation. Et particulièrement quand c'est face à nos autorités ou à des partenaires, c'est de montrer de manière factuelle l'inadéquation entre les moyens dont on dispose et les objectifs qu'on nous a fixés ou les responsabilités qui nous incombent. Et voilà, c'est d'essayer de rester factuel, de mettre en évidence le gap qu'il peut y avoir entre ce qu'on attend de nous et les moyens dont on dispose pour le faire. Et ensuite, on a fait ce qu'on pouvait. et on ne peut pas être tenu responsable de tout. Toutes ces émotions, elles permettent de choses. D'une part, de se connecter avec les autres quand elles sont exprimées avec justesse et à bon escient. Et puis, l'autre chose, c'est que ça marque notre humanité et le fait qu'on n'est pas des machines, malgré l'image que certains peuvent se faire de la direction et que, comme eux, on a des jours avec et des jours sans. Pour moi, En tant que directeur, on doit pouvoir exprimer nos émotions, mais pas changer qui on est. À titre personnel, je suis quelqu'un d'assez expressif et qui me livre facilement, donc c'est quelque chose que je vais faire plutôt spontanément. Mais si on n'est pas comme ça, si on est quelqu'un d'introverti, de pudique, ce n'est pas un but en soi. Il ne faut pas changer qui on est, il faut que les émotions restent authentiques. Si c'est authentique, si les gens sentent que ça se fait naturellement, ça va créer une connexion avec les autres. Mais on n'est pas des comédiens qui doivent feindre les émotions, sinon c'est perçu et c'est ressenti comme de la manipulation. Exprimer ses émotions, ça ne doit pas devenir de la com. Donc pour moi, ça doit vraiment se faire à bon escient. et en fonction de notre personnalité. Et en préparant cet épisode, je réfléchissais à des modèles de leaders inspirants sur ce thème-là, et j'avais en tête deux modèles qui, pour moi, incarnent vraiment des leaders incontestables et avec un fort impact sur les gens. Le premier, c'est Barack Obama. Barack Obama, c'est typiquement l'exemple, pour moi, d'un leader extrêmement puissant qui a toujours... assumer ses émotions et les a toujours exprimées avec justesse et qui parle avec émotion et qui a réussi comme ça à toucher les gens. Et pour moi, c'est vraiment quelqu'un d'hyper inspirant et qui, je pense, réussit très bien cet exercice-là. Et à l'inverse, Angela Merkel qui incarne plutôt un certain stoïcisme et une retenue et qui, elle, n'exprime pas ses émotions avec quelqu'un tout en pudeur, mais elle inspire énormément de respect, de crédibilité, de professionnalisme. Et en fait, les deux sont des leaders incontestables qui ont eu énormément de poids lorsqu'ils étaient en fonction. Et je pense qu'en fait, il n'y a pas de bon ou de mauvais modèle. Il faut vraiment faire avec sa personnalité. Et puis aussi, je pense qu'on peut être parfois l'un et parfois l'autre. Moi, il y a des moments... Ou, suivant mon humeur, suivant la situation, j'ai plutôt envie d'exprimer mes émotions et de les montrer. Et puis, il y a d'autres moments où, là, je suis dans un rôle où j'ai besoin de prendre de la distance, en tout cas de ne pas les séparer de ce que je ressens. Et c'est OK, en fait. On n'est pas obligé d'être tout le temps très expressif ou jamais. C'est vraiment quelque chose, pour moi, de fluctuant. Les directeurs sont des êtres humains, ce ne sont ni des robots, ni des gestionnaires froids sans état d'âme. Le secteur de la santé, le secteur médico-social, c'est un secteur profondément humain avec des directeurs profondément humains. C'est sûr qu'en ce moment, on évolue dans un contexte qui est particulièrement exigeant et que parfois, ça peut être tentant d'avoir une posture pour se protéger un peu, d'avoir une posture en retrait, justement de ne pas trop s'exposer pour se protéger. les managers et les leaders d'aujourd'hui doivent être plus accessibles et en tout cas plus authentiques par rapport à leur propre personnalité sans essayer de copier un moule unifem. Donc je pense vraiment que les émotions ont toutes leur place et de toute manière qu'on le veuille ou non, elles s'invitent dans le quotidien du directeur à nous de savoir les apprivoiser et bien les doser pour qu'elles soient de bons outils pour communiquer avec nos équipes et qu'elles ne soient pas un frein. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser des questions sur mon profil LinkedIn. Si vous souhaitez que j'aborde des thèmes, venez me les suggérer en commentaire ou par messagerie. Vous pouvez aussi aider à faire connaître ce podcast en laissant 5 étoiles sur la plateforme d'écoute. Merci à vous et à très vite pour un nouvel épisode d'Allô Directeur !

Description

"Et si nos émotions étaient nos meilleures alliées pour diriger ?"

Dans cet épisode, je m’inspire du film Vice-Versa pour explorer les 5 émotions clés que tout·e directeur·rice rencontre au quotidien : joie, colère, peur, tristesse et dégoût (ou plutôt dépit, comme je l’explique).


Ce que tu vas découvrir :

La joie : Comment la cultiver et la partager pour renforcer la cohésion d’équipe

La colère : Pourquoi il faut la canaliser (et non la refouler)

La peur et l’anxiété : Comment les gérer sans les transmettre à ton équipe

La tristesse : Quand et comment l’exprimer

Le dégoût/dépit : Comment le transformer en argument factuel


Nos émotions ne sont pas nos ennemies – bien au contraire ! Elles nous révèlent ce qui compte pour nous et peuvent renforcer notre leadership, à condition de savoir les doser et les exprimer avec authenticité.


Mes exemples concrets :

  • Comment j’ai géré ma colère face à une soignante irrespectueuse (et ce que j’en ai appris sur ma légitimité).

  • Pourquoi pleurer n’est pas un signe de faiblesse, mais d’humanité.

  • Comment Barack Obama et Angela Merkel incarnent deux styles de leadership émotionnel radicalement différents… mais tout aussi efficaces.


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s débutant·e·s qui veulent assumer leurs émotions sans perdre en crédibilité.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui cherchent à affiner leur communication émotionnelle.

Tous ceux qui veulent comprendre comment les émotions peuvent devenir un outil de management.


Bonne écoute !

💬 Une question sur la gestion des émotions en tant que directeur·rice ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais y répondre dans un prochain épisode !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allo Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Dans cet épisode, je vais parler émotions, et particulièrement des émotions de directeurs, puisque c'est un sujet qu'on n'aborde pas assez je trouve. Et pour en parler, J'ai décidé de faire référence à un film que beaucoup ont dû voir dernièrement et que ma fille adore, à savoir Vice Versa. Petit clin d'œil au passage à Mathilde qui se reconnaîtra et qui adore également ce film. Dans Vice Versa, l'héroïne a aux commandes de son cerveau 5 émotions. Si vous avez vu le film, vous les connaissez. Il y a d'abord joie, colère, tristesse, peur et enfin dégoût. Je vais aborder chacune de ces émotions et faire le lien avec la vie de directeur au quotidien. En tout premier lieu, et c'est le personnage central du film, il y a joie. La joie, c'est une émotion assez facile à exprimer. La joie, c'est contagieux. J'ai un exemple dernièrement d'un moment où j'ai ressenti beaucoup de joie au travail, à l'occasion d'une journée que j'avais organisée et à laquelle je pensais depuis longtemps. Ça fait 4 ans que je suis dans l'établissement où je travaille actuellement et on organise à peu près toutes les 3 semaines des codires avec une dizaine de responsables et de cadres. Et ça fait 4 ans que je me disais que j'aimerais vraiment qu'on arrive au moins une fois dans l'année à s'organiser une journée à l'extérieur pour prendre du recul, réfléchir à ce qu'on a envie de travailler ensemble dans l'année et aussi s'oxygéner un peu et travailler différemment. mais depuis presque 4 ans, butait sur l'organisation de cette... journée parce que le contexte ne s'y prêtait jamais, on avait toujours des crises à gérer et qu'en plus je ne me voyais pas réserver un lieu qui me coûterait de l'argent alors même que l'établissement est en difficulté financière. Et finalement il y a quelques mois c'est venu tout naturellement, j'ai trouvé le lieu et le moment idéal pour organiser une journée à l'extérieur pour mon codire. Ça a été vraiment une journée super que j'avais imaginé depuis presque quatre ans dans ma tête et quand elle s'est réalisée c'était encore mieux que ce que j'avais prévu. J'étais alignée, toutes les personnes qui étaient là ont vraiment passé un bon moment. On a pu partager beaucoup de choses ensemble et se projeter sur ce qu'on avait envie de faire dans la suite et ça a été un grand moment de joie pour moi que j'ai partagé avec eux et que le fait que je l'ai exprimé simplement et sincèrement ça a aussi permis de favoriser la cohésion d'équipe qu'on a eu ce jour-là. Pour moi, en tant que directrice, c'est important de savoir manifester sa joie et mettre en avant les moments positifs. Ça permet aussi de contrebalancer les moments négatifs qu'on traverse. C'est important de savoir célébrer les moments plus joyeux. Ça fait du bien à tout le monde, aux équipes et aux directeurs. Le deuxième personnage qu'on voit beaucoup dans Vice Versa, c'est la colère. Donc la colère, dans notre quotidien directeur, elle s'invite parfois toute seule. On peut la ressentir régulièrement, mais je pense qu'elle n'est pas souvent bonne à exprimer, en tout cas pas à chaud. C'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec les années, de savoir reconnaître quand la colère arrive et essayer de ne pas réagir à chaud. J'ai un de mes collaborateurs proches avec qui je travaille au quotidien qui m'avait donné un conseil un jour que j'avais trouvé vraiment pertinent de son propre vécu. Il me disait maintenant, quand je suis énervée avec quelqu'un au travail, j'écris un mail tout de suite dans la foulée de tout ce que j'aurais envie de lui dire et de ce que je ressens à chaud. Je ne l'envoie pas, je le laisse en brouillon et je le reprends le lendemain matin. Et bien souvent le lendemain matin... Je vois les choses sous un autre angle et en tout cas je mets un peu d'eau dans mon vin. En fait, l'idée ce n'est pas de dire qu'on n'a pas le droit d'être en colère parce qu'on reste humain au travail. Par contre, il faut bien avoir en tête ce qu'elle va produire et notamment en étant à notre place de directeur. Souvent, l'exprimer à chaud de manière brutale, ça peut avoir des effets qui sont contre-productifs et qui ne vont pas arranger la situation. Donc l'intérêt de reporter l'expression de cette colère. C'est de pouvoir prendre les choses un peu avec du recul et surtout de se dire, est-ce que vraiment le fait de l'exprimer comme j'ai envie tout de suite là, ça va produire des effets bénéfiques ? Tout au début de ma carrière, un jour, j'avais organisé une réunion avec un service parce qu'il y avait des soucis au sein des membres de l'équipe de ce service et je voulais en discuter avec eux pour pouvoir trouver l'abcès. Et en fait, lorsque je suis arrivée pour les rejoindre, il y avait une aide-soignante qui était debout dans la salle et qui directement m'a agressée verbalement et qui m'a parlé en me manquant de respect. Et à ce moment-là, j'ai été prise au dépourvu et je me suis laissée envahir par la colère face à son attitude. Je me suis mise à lui parler de manière agressive, moi aussi, et je suis partie. Et en fait, aujourd'hui, je pense que je ferais complètement différemment parce que répondre du tac au tac en étant directrice, d'une part, ça ne montre pas vraiment un bon exemple et deuxièmement, ça n'a vraiment pas aidé à arranger la situation. Maintenant, quand je sens que je suis agacée avec une personne ou avec une équipe, que j'ai mal digéré une situation, j'ai tendance à reporter. le moment d'en discuter une fois que je me suis calmée. Si je sens que je suis encore trop sous le coup de l'émotion, je préfère reporter pour que les échanges puissent être plus constructifs. Et l'autre chose que j'ai apprise au sujet de la colère avec les années, c'est que souvent elle a quelque chose à nous dire sur nous, beaucoup plus que sur les autres. Avec le recul, une fois qu'elle est passée, c'est intéressant d'essayer de chercher à comprendre qu'est-ce qui est venu nous blesser pour déclencher la colère. Parce qu'on sait très bien que quand on réagit avec colère, c'est qu'il y a quelque chose en nous qui est attaqué. Et souvent, ça fait résonance avec une pensée qu'on a sur nous-mêmes et que quelqu'un d'autre nous renvoie. Pour reprendre l'exemple de tout à l'heure et de cette fois où je me suis laissée emporter avec une soignante, la façon dont elle m'a parlé m'a laissé penser que j'étais pas crédible ou pas légitime à ses yeux. J'étais jeune, j'avais 27 ans, c'était ma première expérience de direction et c'était une pensée que j'avais en moi, une pensée limitante de me dire « en fait, à mon âge, je n'ai aucune crédibilité en tant que directrice » . Et le fait que cette soignante se permette de me parler en me manquant de respect et de manière très agressive, moi ça m'a renvoyé le fait qu'elle aussi a pensé ça. Et c'est ça qui a déclenché ma colère. Et c'est là où c'est très intéressant d'analyser ensuite. Après coup, pourquoi on s'est énervés ? Ça a toujours quelque chose à nous enseigner sur nos croyances et qu'est-ce que ça a réveillé chez nous. La troisième émotion qu'on voit dans Vice Versa, c'est la peur. La peur, on a plutôt tendance à la cacher en tant que directeur. On se dit que, clairement, c'est vraiment l'émotion qu'on ne veut pas que les gens voient, parce que le directeur, c'est celui qui tient la barre. Et on a un peu cette mission de protéger les équipes. Et s'ils se rendent compte que le directeur a peur, il va y avoir un effet de contagion ou alors on va les angoisser, ils vont se dire « punaise, c'est la cata » . Donc, moi, en ce qui me concerne, c'est une émotion que j'évite d'exprimer vraiment au travail. Par contre, je l'associe beaucoup à une émotion un peu plus subtile et d'ailleurs qui est présente, qui est une des nouvelles émotions dans le film « Vice Versa 2 » , si vous avez été le voir, c'est l'anxiété. L'anxiété, malheureusement, dans le contexte actuel, c'est une émotion de plus en plus fréquente chez les directeurs. Et bien celle-là, elle se ressent. Même quand on ne l'exprime pas de manière directe, en disant à ses équipes le matin, en arrivant, je suis anxieux, je suis anxieux, quand même, ils le ressentent d'une certaine manière à notre attitude, à la façon dont on est plus fermé, dont on se montre préoccupé. Moi, dans mon exemple personnel, il y a eu... une situation qui m'a vraiment rendue anxieuse et sur laquelle je n'ai pas du tout réussi à gérer l'émotion au travail à ce moment-là. C'était en octobre 2022, donc il y a presque deux ans, au moment où on a eu des grosses difficultés financières dans mon établissement. Et à l'automne, il y a eu un moment où je ne savais pas si j'allais pouvoir payer les salaires le mois suivant. Et là, ça a généré vraiment une forte anxiété pour moi et pour une des premières fois de ma vie professionnelle où j'avais vraiment des insomnies. Et à tel point qu'un jour, j'étais en vidéo avec des collègues directeurs. On faisait une vidéo sur ce sujet, sur nos difficultés financières entre nous. Et en fait, je me suis mise à pleurer pendant la vidéo. Et j'étais hyper gênée, j'ai coupé ma caméra parce que je n'avais pas envie de montrer cette émotion, même si ce n'était même pas mes collaborateurs, c'était des collègues directeurs. Mais je n'avais pas prévu cette émotion et encore moins prévu de l'exprimer. Et puis voilà, c'était fait, elle était là. Et quelque part, on est humain et on ne peut pas tout contrôler. Et c'est la seule fois où ça m'est arrivé, mais ça m'a marquée. Et ça m'a aussi alertée sur le fait que c'était un moment où il allait falloir, d'une part, que j'aille chercher de l'aide pour l'établissement. et d'autre part, chercher de l'aide pour moi, parce que ce n'est pas habituel et que ça ne m'arrive jamais de me mettre à plonger au travail. La quatrième émotion qu'on voit dans vice-versa, c'est la tristesse. La tristesse, heureusement, on n'en sent pas très souvent au travail, mais elle peut quand même être présente par moments, ponctuellement, et je pense que quand il y a une vraie raison... Il faut savoir l'exprimer si on en ressent le besoin. Je pense à, malheureusement, quelques fois où j'ai dû faire face, dans les établissements où j'ai été, au décès d'un nombre de l'équipe. Eh bien, c'est un moment là où le fait qu'un directeur ou une directrice exprime sa tristesse devant l'équipe et partage la tristesse que l'équipe ressent, eh bien, c'est important. Et ça fait partie, évidemment, si ce n'est pas fin, de la cohésion et partager cette souffrance à ce moment-là. c'est aussi un facteur de croissance avec les clients. La dernière émotion qu'on voit dans Vice Versa, dans les cinq personnages principaux, c'est le dégoût. Alors, le dégoût en tant que tel, personnellement, au travail, je ne l'ai jamais ressenti, mais par contre, je raccrocherais ça à une émotion ou un sentiment un peu plus familier qui serait le dépit. Et le dépit, malheureusement, un peu comme l'anxiété, c'est quelque chose. que beaucoup de directeurs ressentent de plus en plus ces dernières années. On peut ressentir du dépit face à plusieurs types de situations. La première, c'est face à des comportements non professionnels. Récemment, dans un de mes établissements, on a eu une remplaçante qui nous a appelé un jour pour nous dire qu'elle allait être absente du travail pendant trois jours parce qu'elle avait un souci de voiture et que son assurance ne prenait pas en charge le prêt de véhicule pendant la réparation. Qu'à cela ne tienne, on lui a... proposer de lui fournir une voiture de l'établissement et de lui la prêter pour qu'elle puisse venir au travail. Ce à quoi elle nous a répondu qu'elle ne pourrait pas conduire si c'était une voiture à boîte manuelle parce qu'elle n'avait pas le permis pour ça. On s'est débrouillé, on lui a trouvé une voiture à boîte automatique qu'on lui a prêtée, qu'on lui a amenée jusqu'à l'établissement pour qu'elle puisse venir travailler pendant les trois jours. Elle est venue et... Deux ou trois jours après, on a reçu un texto de cette même personne nous disant qu'elle démissionnait sans préavis alors qu'elle devait travailler tout le week-end et qu'on sait pertinemment que ce week-end-là, on n'arriverait pas à trouver de remplaçante. Alors on peut toujours essayer d'obliger la personne à effectuer le préavis comme convenu dans le contrat. On sait très bien que si elle a décidé de ne pas venir, de toute manière, elle sera en arrêt. Effectivement, quand on reçoit ce genre de message, en plus par texto, on ressent clairement du dépit. L'autre situation de dépit qu'on rencontre parfois les directeurs, c'est face à une demande de résultats pour laquelle on n'a pas les moyens. J'ai un exemple très précis en tête de commentaires que pas mal de directeurs ont reçus suite à leurs inspections, leur signalant qu'il y avait un problème d'organisation dans l'établissement parce qu'ils n'ont pas uniquement des aides-soignants diplômés la nuit. Aujourd'hui, tous les directeurs aimeraient n'avoir que des aides-soignants diplômés comme veilleuses de nuit, mais concrètement... les difficultés de recrutement font qu'ils n'arrivent pas à trouver suffisamment de personnel qualifié. Et de se le voir signalé comme un manquement dans le cadre des inspections, c'est frustrant. Le dépit qu'on ressent à ce moment-là, il est souvent lié à l'inéquation entre les moyens à notre disposition et nos objectifs ou nos responsabilités. Je pense que la bonne attitude à avoir, plutôt que d'exprimer directement son dépit, ce qui ne va pas être très constructif dans ce type de situation. Et particulièrement quand c'est face à nos autorités ou à des partenaires, c'est de montrer de manière factuelle l'inadéquation entre les moyens dont on dispose et les objectifs qu'on nous a fixés ou les responsabilités qui nous incombent. Et voilà, c'est d'essayer de rester factuel, de mettre en évidence le gap qu'il peut y avoir entre ce qu'on attend de nous et les moyens dont on dispose pour le faire. Et ensuite, on a fait ce qu'on pouvait. et on ne peut pas être tenu responsable de tout. Toutes ces émotions, elles permettent de choses. D'une part, de se connecter avec les autres quand elles sont exprimées avec justesse et à bon escient. Et puis, l'autre chose, c'est que ça marque notre humanité et le fait qu'on n'est pas des machines, malgré l'image que certains peuvent se faire de la direction et que, comme eux, on a des jours avec et des jours sans. Pour moi, En tant que directeur, on doit pouvoir exprimer nos émotions, mais pas changer qui on est. À titre personnel, je suis quelqu'un d'assez expressif et qui me livre facilement, donc c'est quelque chose que je vais faire plutôt spontanément. Mais si on n'est pas comme ça, si on est quelqu'un d'introverti, de pudique, ce n'est pas un but en soi. Il ne faut pas changer qui on est, il faut que les émotions restent authentiques. Si c'est authentique, si les gens sentent que ça se fait naturellement, ça va créer une connexion avec les autres. Mais on n'est pas des comédiens qui doivent feindre les émotions, sinon c'est perçu et c'est ressenti comme de la manipulation. Exprimer ses émotions, ça ne doit pas devenir de la com. Donc pour moi, ça doit vraiment se faire à bon escient. et en fonction de notre personnalité. Et en préparant cet épisode, je réfléchissais à des modèles de leaders inspirants sur ce thème-là, et j'avais en tête deux modèles qui, pour moi, incarnent vraiment des leaders incontestables et avec un fort impact sur les gens. Le premier, c'est Barack Obama. Barack Obama, c'est typiquement l'exemple, pour moi, d'un leader extrêmement puissant qui a toujours... assumer ses émotions et les a toujours exprimées avec justesse et qui parle avec émotion et qui a réussi comme ça à toucher les gens. Et pour moi, c'est vraiment quelqu'un d'hyper inspirant et qui, je pense, réussit très bien cet exercice-là. Et à l'inverse, Angela Merkel qui incarne plutôt un certain stoïcisme et une retenue et qui, elle, n'exprime pas ses émotions avec quelqu'un tout en pudeur, mais elle inspire énormément de respect, de crédibilité, de professionnalisme. Et en fait, les deux sont des leaders incontestables qui ont eu énormément de poids lorsqu'ils étaient en fonction. Et je pense qu'en fait, il n'y a pas de bon ou de mauvais modèle. Il faut vraiment faire avec sa personnalité. Et puis aussi, je pense qu'on peut être parfois l'un et parfois l'autre. Moi, il y a des moments... Ou, suivant mon humeur, suivant la situation, j'ai plutôt envie d'exprimer mes émotions et de les montrer. Et puis, il y a d'autres moments où, là, je suis dans un rôle où j'ai besoin de prendre de la distance, en tout cas de ne pas les séparer de ce que je ressens. Et c'est OK, en fait. On n'est pas obligé d'être tout le temps très expressif ou jamais. C'est vraiment quelque chose, pour moi, de fluctuant. Les directeurs sont des êtres humains, ce ne sont ni des robots, ni des gestionnaires froids sans état d'âme. Le secteur de la santé, le secteur médico-social, c'est un secteur profondément humain avec des directeurs profondément humains. C'est sûr qu'en ce moment, on évolue dans un contexte qui est particulièrement exigeant et que parfois, ça peut être tentant d'avoir une posture pour se protéger un peu, d'avoir une posture en retrait, justement de ne pas trop s'exposer pour se protéger. les managers et les leaders d'aujourd'hui doivent être plus accessibles et en tout cas plus authentiques par rapport à leur propre personnalité sans essayer de copier un moule unifem. Donc je pense vraiment que les émotions ont toutes leur place et de toute manière qu'on le veuille ou non, elles s'invitent dans le quotidien du directeur à nous de savoir les apprivoiser et bien les doser pour qu'elles soient de bons outils pour communiquer avec nos équipes et qu'elles ne soient pas un frein. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser des questions sur mon profil LinkedIn. Si vous souhaitez que j'aborde des thèmes, venez me les suggérer en commentaire ou par messagerie. Vous pouvez aussi aider à faire connaître ce podcast en laissant 5 étoiles sur la plateforme d'écoute. Merci à vous et à très vite pour un nouvel épisode d'Allô Directeur !

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Description

"Et si nos émotions étaient nos meilleures alliées pour diriger ?"

Dans cet épisode, je m’inspire du film Vice-Versa pour explorer les 5 émotions clés que tout·e directeur·rice rencontre au quotidien : joie, colère, peur, tristesse et dégoût (ou plutôt dépit, comme je l’explique).


Ce que tu vas découvrir :

La joie : Comment la cultiver et la partager pour renforcer la cohésion d’équipe

La colère : Pourquoi il faut la canaliser (et non la refouler)

La peur et l’anxiété : Comment les gérer sans les transmettre à ton équipe

La tristesse : Quand et comment l’exprimer

Le dégoût/dépit : Comment le transformer en argument factuel


Nos émotions ne sont pas nos ennemies – bien au contraire ! Elles nous révèlent ce qui compte pour nous et peuvent renforcer notre leadership, à condition de savoir les doser et les exprimer avec authenticité.


Mes exemples concrets :

  • Comment j’ai géré ma colère face à une soignante irrespectueuse (et ce que j’en ai appris sur ma légitimité).

  • Pourquoi pleurer n’est pas un signe de faiblesse, mais d’humanité.

  • Comment Barack Obama et Angela Merkel incarnent deux styles de leadership émotionnel radicalement différents… mais tout aussi efficaces.


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s débutant·e·s qui veulent assumer leurs émotions sans perdre en crédibilité.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui cherchent à affiner leur communication émotionnelle.

Tous ceux qui veulent comprendre comment les émotions peuvent devenir un outil de management.


Bonne écoute !

💬 Une question sur la gestion des émotions en tant que directeur·rice ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais y répondre dans un prochain épisode !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allo Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Dans cet épisode, je vais parler émotions, et particulièrement des émotions de directeurs, puisque c'est un sujet qu'on n'aborde pas assez je trouve. Et pour en parler, J'ai décidé de faire référence à un film que beaucoup ont dû voir dernièrement et que ma fille adore, à savoir Vice Versa. Petit clin d'œil au passage à Mathilde qui se reconnaîtra et qui adore également ce film. Dans Vice Versa, l'héroïne a aux commandes de son cerveau 5 émotions. Si vous avez vu le film, vous les connaissez. Il y a d'abord joie, colère, tristesse, peur et enfin dégoût. Je vais aborder chacune de ces émotions et faire le lien avec la vie de directeur au quotidien. En tout premier lieu, et c'est le personnage central du film, il y a joie. La joie, c'est une émotion assez facile à exprimer. La joie, c'est contagieux. J'ai un exemple dernièrement d'un moment où j'ai ressenti beaucoup de joie au travail, à l'occasion d'une journée que j'avais organisée et à laquelle je pensais depuis longtemps. Ça fait 4 ans que je suis dans l'établissement où je travaille actuellement et on organise à peu près toutes les 3 semaines des codires avec une dizaine de responsables et de cadres. Et ça fait 4 ans que je me disais que j'aimerais vraiment qu'on arrive au moins une fois dans l'année à s'organiser une journée à l'extérieur pour prendre du recul, réfléchir à ce qu'on a envie de travailler ensemble dans l'année et aussi s'oxygéner un peu et travailler différemment. mais depuis presque 4 ans, butait sur l'organisation de cette... journée parce que le contexte ne s'y prêtait jamais, on avait toujours des crises à gérer et qu'en plus je ne me voyais pas réserver un lieu qui me coûterait de l'argent alors même que l'établissement est en difficulté financière. Et finalement il y a quelques mois c'est venu tout naturellement, j'ai trouvé le lieu et le moment idéal pour organiser une journée à l'extérieur pour mon codire. Ça a été vraiment une journée super que j'avais imaginé depuis presque quatre ans dans ma tête et quand elle s'est réalisée c'était encore mieux que ce que j'avais prévu. J'étais alignée, toutes les personnes qui étaient là ont vraiment passé un bon moment. On a pu partager beaucoup de choses ensemble et se projeter sur ce qu'on avait envie de faire dans la suite et ça a été un grand moment de joie pour moi que j'ai partagé avec eux et que le fait que je l'ai exprimé simplement et sincèrement ça a aussi permis de favoriser la cohésion d'équipe qu'on a eu ce jour-là. Pour moi, en tant que directrice, c'est important de savoir manifester sa joie et mettre en avant les moments positifs. Ça permet aussi de contrebalancer les moments négatifs qu'on traverse. C'est important de savoir célébrer les moments plus joyeux. Ça fait du bien à tout le monde, aux équipes et aux directeurs. Le deuxième personnage qu'on voit beaucoup dans Vice Versa, c'est la colère. Donc la colère, dans notre quotidien directeur, elle s'invite parfois toute seule. On peut la ressentir régulièrement, mais je pense qu'elle n'est pas souvent bonne à exprimer, en tout cas pas à chaud. C'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec les années, de savoir reconnaître quand la colère arrive et essayer de ne pas réagir à chaud. J'ai un de mes collaborateurs proches avec qui je travaille au quotidien qui m'avait donné un conseil un jour que j'avais trouvé vraiment pertinent de son propre vécu. Il me disait maintenant, quand je suis énervée avec quelqu'un au travail, j'écris un mail tout de suite dans la foulée de tout ce que j'aurais envie de lui dire et de ce que je ressens à chaud. Je ne l'envoie pas, je le laisse en brouillon et je le reprends le lendemain matin. Et bien souvent le lendemain matin... Je vois les choses sous un autre angle et en tout cas je mets un peu d'eau dans mon vin. En fait, l'idée ce n'est pas de dire qu'on n'a pas le droit d'être en colère parce qu'on reste humain au travail. Par contre, il faut bien avoir en tête ce qu'elle va produire et notamment en étant à notre place de directeur. Souvent, l'exprimer à chaud de manière brutale, ça peut avoir des effets qui sont contre-productifs et qui ne vont pas arranger la situation. Donc l'intérêt de reporter l'expression de cette colère. C'est de pouvoir prendre les choses un peu avec du recul et surtout de se dire, est-ce que vraiment le fait de l'exprimer comme j'ai envie tout de suite là, ça va produire des effets bénéfiques ? Tout au début de ma carrière, un jour, j'avais organisé une réunion avec un service parce qu'il y avait des soucis au sein des membres de l'équipe de ce service et je voulais en discuter avec eux pour pouvoir trouver l'abcès. Et en fait, lorsque je suis arrivée pour les rejoindre, il y avait une aide-soignante qui était debout dans la salle et qui directement m'a agressée verbalement et qui m'a parlé en me manquant de respect. Et à ce moment-là, j'ai été prise au dépourvu et je me suis laissée envahir par la colère face à son attitude. Je me suis mise à lui parler de manière agressive, moi aussi, et je suis partie. Et en fait, aujourd'hui, je pense que je ferais complètement différemment parce que répondre du tac au tac en étant directrice, d'une part, ça ne montre pas vraiment un bon exemple et deuxièmement, ça n'a vraiment pas aidé à arranger la situation. Maintenant, quand je sens que je suis agacée avec une personne ou avec une équipe, que j'ai mal digéré une situation, j'ai tendance à reporter. le moment d'en discuter une fois que je me suis calmée. Si je sens que je suis encore trop sous le coup de l'émotion, je préfère reporter pour que les échanges puissent être plus constructifs. Et l'autre chose que j'ai apprise au sujet de la colère avec les années, c'est que souvent elle a quelque chose à nous dire sur nous, beaucoup plus que sur les autres. Avec le recul, une fois qu'elle est passée, c'est intéressant d'essayer de chercher à comprendre qu'est-ce qui est venu nous blesser pour déclencher la colère. Parce qu'on sait très bien que quand on réagit avec colère, c'est qu'il y a quelque chose en nous qui est attaqué. Et souvent, ça fait résonance avec une pensée qu'on a sur nous-mêmes et que quelqu'un d'autre nous renvoie. Pour reprendre l'exemple de tout à l'heure et de cette fois où je me suis laissée emporter avec une soignante, la façon dont elle m'a parlé m'a laissé penser que j'étais pas crédible ou pas légitime à ses yeux. J'étais jeune, j'avais 27 ans, c'était ma première expérience de direction et c'était une pensée que j'avais en moi, une pensée limitante de me dire « en fait, à mon âge, je n'ai aucune crédibilité en tant que directrice » . Et le fait que cette soignante se permette de me parler en me manquant de respect et de manière très agressive, moi ça m'a renvoyé le fait qu'elle aussi a pensé ça. Et c'est ça qui a déclenché ma colère. Et c'est là où c'est très intéressant d'analyser ensuite. Après coup, pourquoi on s'est énervés ? Ça a toujours quelque chose à nous enseigner sur nos croyances et qu'est-ce que ça a réveillé chez nous. La troisième émotion qu'on voit dans Vice Versa, c'est la peur. La peur, on a plutôt tendance à la cacher en tant que directeur. On se dit que, clairement, c'est vraiment l'émotion qu'on ne veut pas que les gens voient, parce que le directeur, c'est celui qui tient la barre. Et on a un peu cette mission de protéger les équipes. Et s'ils se rendent compte que le directeur a peur, il va y avoir un effet de contagion ou alors on va les angoisser, ils vont se dire « punaise, c'est la cata » . Donc, moi, en ce qui me concerne, c'est une émotion que j'évite d'exprimer vraiment au travail. Par contre, je l'associe beaucoup à une émotion un peu plus subtile et d'ailleurs qui est présente, qui est une des nouvelles émotions dans le film « Vice Versa 2 » , si vous avez été le voir, c'est l'anxiété. L'anxiété, malheureusement, dans le contexte actuel, c'est une émotion de plus en plus fréquente chez les directeurs. Et bien celle-là, elle se ressent. Même quand on ne l'exprime pas de manière directe, en disant à ses équipes le matin, en arrivant, je suis anxieux, je suis anxieux, quand même, ils le ressentent d'une certaine manière à notre attitude, à la façon dont on est plus fermé, dont on se montre préoccupé. Moi, dans mon exemple personnel, il y a eu... une situation qui m'a vraiment rendue anxieuse et sur laquelle je n'ai pas du tout réussi à gérer l'émotion au travail à ce moment-là. C'était en octobre 2022, donc il y a presque deux ans, au moment où on a eu des grosses difficultés financières dans mon établissement. Et à l'automne, il y a eu un moment où je ne savais pas si j'allais pouvoir payer les salaires le mois suivant. Et là, ça a généré vraiment une forte anxiété pour moi et pour une des premières fois de ma vie professionnelle où j'avais vraiment des insomnies. Et à tel point qu'un jour, j'étais en vidéo avec des collègues directeurs. On faisait une vidéo sur ce sujet, sur nos difficultés financières entre nous. Et en fait, je me suis mise à pleurer pendant la vidéo. Et j'étais hyper gênée, j'ai coupé ma caméra parce que je n'avais pas envie de montrer cette émotion, même si ce n'était même pas mes collaborateurs, c'était des collègues directeurs. Mais je n'avais pas prévu cette émotion et encore moins prévu de l'exprimer. Et puis voilà, c'était fait, elle était là. Et quelque part, on est humain et on ne peut pas tout contrôler. Et c'est la seule fois où ça m'est arrivé, mais ça m'a marquée. Et ça m'a aussi alertée sur le fait que c'était un moment où il allait falloir, d'une part, que j'aille chercher de l'aide pour l'établissement. et d'autre part, chercher de l'aide pour moi, parce que ce n'est pas habituel et que ça ne m'arrive jamais de me mettre à plonger au travail. La quatrième émotion qu'on voit dans vice-versa, c'est la tristesse. La tristesse, heureusement, on n'en sent pas très souvent au travail, mais elle peut quand même être présente par moments, ponctuellement, et je pense que quand il y a une vraie raison... Il faut savoir l'exprimer si on en ressent le besoin. Je pense à, malheureusement, quelques fois où j'ai dû faire face, dans les établissements où j'ai été, au décès d'un nombre de l'équipe. Eh bien, c'est un moment là où le fait qu'un directeur ou une directrice exprime sa tristesse devant l'équipe et partage la tristesse que l'équipe ressent, eh bien, c'est important. Et ça fait partie, évidemment, si ce n'est pas fin, de la cohésion et partager cette souffrance à ce moment-là. c'est aussi un facteur de croissance avec les clients. La dernière émotion qu'on voit dans Vice Versa, dans les cinq personnages principaux, c'est le dégoût. Alors, le dégoût en tant que tel, personnellement, au travail, je ne l'ai jamais ressenti, mais par contre, je raccrocherais ça à une émotion ou un sentiment un peu plus familier qui serait le dépit. Et le dépit, malheureusement, un peu comme l'anxiété, c'est quelque chose. que beaucoup de directeurs ressentent de plus en plus ces dernières années. On peut ressentir du dépit face à plusieurs types de situations. La première, c'est face à des comportements non professionnels. Récemment, dans un de mes établissements, on a eu une remplaçante qui nous a appelé un jour pour nous dire qu'elle allait être absente du travail pendant trois jours parce qu'elle avait un souci de voiture et que son assurance ne prenait pas en charge le prêt de véhicule pendant la réparation. Qu'à cela ne tienne, on lui a... proposer de lui fournir une voiture de l'établissement et de lui la prêter pour qu'elle puisse venir au travail. Ce à quoi elle nous a répondu qu'elle ne pourrait pas conduire si c'était une voiture à boîte manuelle parce qu'elle n'avait pas le permis pour ça. On s'est débrouillé, on lui a trouvé une voiture à boîte automatique qu'on lui a prêtée, qu'on lui a amenée jusqu'à l'établissement pour qu'elle puisse venir travailler pendant les trois jours. Elle est venue et... Deux ou trois jours après, on a reçu un texto de cette même personne nous disant qu'elle démissionnait sans préavis alors qu'elle devait travailler tout le week-end et qu'on sait pertinemment que ce week-end-là, on n'arriverait pas à trouver de remplaçante. Alors on peut toujours essayer d'obliger la personne à effectuer le préavis comme convenu dans le contrat. On sait très bien que si elle a décidé de ne pas venir, de toute manière, elle sera en arrêt. Effectivement, quand on reçoit ce genre de message, en plus par texto, on ressent clairement du dépit. L'autre situation de dépit qu'on rencontre parfois les directeurs, c'est face à une demande de résultats pour laquelle on n'a pas les moyens. J'ai un exemple très précis en tête de commentaires que pas mal de directeurs ont reçus suite à leurs inspections, leur signalant qu'il y avait un problème d'organisation dans l'établissement parce qu'ils n'ont pas uniquement des aides-soignants diplômés la nuit. Aujourd'hui, tous les directeurs aimeraient n'avoir que des aides-soignants diplômés comme veilleuses de nuit, mais concrètement... les difficultés de recrutement font qu'ils n'arrivent pas à trouver suffisamment de personnel qualifié. Et de se le voir signalé comme un manquement dans le cadre des inspections, c'est frustrant. Le dépit qu'on ressent à ce moment-là, il est souvent lié à l'inéquation entre les moyens à notre disposition et nos objectifs ou nos responsabilités. Je pense que la bonne attitude à avoir, plutôt que d'exprimer directement son dépit, ce qui ne va pas être très constructif dans ce type de situation. Et particulièrement quand c'est face à nos autorités ou à des partenaires, c'est de montrer de manière factuelle l'inadéquation entre les moyens dont on dispose et les objectifs qu'on nous a fixés ou les responsabilités qui nous incombent. Et voilà, c'est d'essayer de rester factuel, de mettre en évidence le gap qu'il peut y avoir entre ce qu'on attend de nous et les moyens dont on dispose pour le faire. Et ensuite, on a fait ce qu'on pouvait. et on ne peut pas être tenu responsable de tout. Toutes ces émotions, elles permettent de choses. D'une part, de se connecter avec les autres quand elles sont exprimées avec justesse et à bon escient. Et puis, l'autre chose, c'est que ça marque notre humanité et le fait qu'on n'est pas des machines, malgré l'image que certains peuvent se faire de la direction et que, comme eux, on a des jours avec et des jours sans. Pour moi, En tant que directeur, on doit pouvoir exprimer nos émotions, mais pas changer qui on est. À titre personnel, je suis quelqu'un d'assez expressif et qui me livre facilement, donc c'est quelque chose que je vais faire plutôt spontanément. Mais si on n'est pas comme ça, si on est quelqu'un d'introverti, de pudique, ce n'est pas un but en soi. Il ne faut pas changer qui on est, il faut que les émotions restent authentiques. Si c'est authentique, si les gens sentent que ça se fait naturellement, ça va créer une connexion avec les autres. Mais on n'est pas des comédiens qui doivent feindre les émotions, sinon c'est perçu et c'est ressenti comme de la manipulation. Exprimer ses émotions, ça ne doit pas devenir de la com. Donc pour moi, ça doit vraiment se faire à bon escient. et en fonction de notre personnalité. Et en préparant cet épisode, je réfléchissais à des modèles de leaders inspirants sur ce thème-là, et j'avais en tête deux modèles qui, pour moi, incarnent vraiment des leaders incontestables et avec un fort impact sur les gens. Le premier, c'est Barack Obama. Barack Obama, c'est typiquement l'exemple, pour moi, d'un leader extrêmement puissant qui a toujours... assumer ses émotions et les a toujours exprimées avec justesse et qui parle avec émotion et qui a réussi comme ça à toucher les gens. Et pour moi, c'est vraiment quelqu'un d'hyper inspirant et qui, je pense, réussit très bien cet exercice-là. Et à l'inverse, Angela Merkel qui incarne plutôt un certain stoïcisme et une retenue et qui, elle, n'exprime pas ses émotions avec quelqu'un tout en pudeur, mais elle inspire énormément de respect, de crédibilité, de professionnalisme. Et en fait, les deux sont des leaders incontestables qui ont eu énormément de poids lorsqu'ils étaient en fonction. Et je pense qu'en fait, il n'y a pas de bon ou de mauvais modèle. Il faut vraiment faire avec sa personnalité. Et puis aussi, je pense qu'on peut être parfois l'un et parfois l'autre. Moi, il y a des moments... Ou, suivant mon humeur, suivant la situation, j'ai plutôt envie d'exprimer mes émotions et de les montrer. Et puis, il y a d'autres moments où, là, je suis dans un rôle où j'ai besoin de prendre de la distance, en tout cas de ne pas les séparer de ce que je ressens. Et c'est OK, en fait. On n'est pas obligé d'être tout le temps très expressif ou jamais. C'est vraiment quelque chose, pour moi, de fluctuant. Les directeurs sont des êtres humains, ce ne sont ni des robots, ni des gestionnaires froids sans état d'âme. Le secteur de la santé, le secteur médico-social, c'est un secteur profondément humain avec des directeurs profondément humains. C'est sûr qu'en ce moment, on évolue dans un contexte qui est particulièrement exigeant et que parfois, ça peut être tentant d'avoir une posture pour se protéger un peu, d'avoir une posture en retrait, justement de ne pas trop s'exposer pour se protéger. les managers et les leaders d'aujourd'hui doivent être plus accessibles et en tout cas plus authentiques par rapport à leur propre personnalité sans essayer de copier un moule unifem. Donc je pense vraiment que les émotions ont toutes leur place et de toute manière qu'on le veuille ou non, elles s'invitent dans le quotidien du directeur à nous de savoir les apprivoiser et bien les doser pour qu'elles soient de bons outils pour communiquer avec nos équipes et qu'elles ne soient pas un frein. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser des questions sur mon profil LinkedIn. Si vous souhaitez que j'aborde des thèmes, venez me les suggérer en commentaire ou par messagerie. Vous pouvez aussi aider à faire connaître ce podcast en laissant 5 étoiles sur la plateforme d'écoute. Merci à vous et à très vite pour un nouvel épisode d'Allô Directeur !

Description

"Et si nos émotions étaient nos meilleures alliées pour diriger ?"

Dans cet épisode, je m’inspire du film Vice-Versa pour explorer les 5 émotions clés que tout·e directeur·rice rencontre au quotidien : joie, colère, peur, tristesse et dégoût (ou plutôt dépit, comme je l’explique).


Ce que tu vas découvrir :

La joie : Comment la cultiver et la partager pour renforcer la cohésion d’équipe

La colère : Pourquoi il faut la canaliser (et non la refouler)

La peur et l’anxiété : Comment les gérer sans les transmettre à ton équipe

La tristesse : Quand et comment l’exprimer

Le dégoût/dépit : Comment le transformer en argument factuel


Nos émotions ne sont pas nos ennemies – bien au contraire ! Elles nous révèlent ce qui compte pour nous et peuvent renforcer notre leadership, à condition de savoir les doser et les exprimer avec authenticité.


Mes exemples concrets :

  • Comment j’ai géré ma colère face à une soignante irrespectueuse (et ce que j’en ai appris sur ma légitimité).

  • Pourquoi pleurer n’est pas un signe de faiblesse, mais d’humanité.

  • Comment Barack Obama et Angela Merkel incarnent deux styles de leadership émotionnel radicalement différents… mais tout aussi efficaces.


À qui s’adresse cet épisode ?

Directeur·rice·s débutant·e·s qui veulent assumer leurs émotions sans perdre en crédibilité.

Directeur·rice·s expérimenté·e·s qui cherchent à affiner leur communication émotionnelle.

Tous ceux qui veulent comprendre comment les émotions peuvent devenir un outil de management.


Bonne écoute !

💬 Une question sur la gestion des émotions en tant que directeur·rice ?Retrouve-moi sur LinkedIn https://www.linkedin.com/in/marie-lecuyer-4868abb9/ avec #AlloDirecteur – je pourrais y répondre dans un prochain épisode !


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d'Allo Directeur, le podcast qui répond aux questions existentielles des directeurs. Dans cet épisode, je vais parler émotions, et particulièrement des émotions de directeurs, puisque c'est un sujet qu'on n'aborde pas assez je trouve. Et pour en parler, J'ai décidé de faire référence à un film que beaucoup ont dû voir dernièrement et que ma fille adore, à savoir Vice Versa. Petit clin d'œil au passage à Mathilde qui se reconnaîtra et qui adore également ce film. Dans Vice Versa, l'héroïne a aux commandes de son cerveau 5 émotions. Si vous avez vu le film, vous les connaissez. Il y a d'abord joie, colère, tristesse, peur et enfin dégoût. Je vais aborder chacune de ces émotions et faire le lien avec la vie de directeur au quotidien. En tout premier lieu, et c'est le personnage central du film, il y a joie. La joie, c'est une émotion assez facile à exprimer. La joie, c'est contagieux. J'ai un exemple dernièrement d'un moment où j'ai ressenti beaucoup de joie au travail, à l'occasion d'une journée que j'avais organisée et à laquelle je pensais depuis longtemps. Ça fait 4 ans que je suis dans l'établissement où je travaille actuellement et on organise à peu près toutes les 3 semaines des codires avec une dizaine de responsables et de cadres. Et ça fait 4 ans que je me disais que j'aimerais vraiment qu'on arrive au moins une fois dans l'année à s'organiser une journée à l'extérieur pour prendre du recul, réfléchir à ce qu'on a envie de travailler ensemble dans l'année et aussi s'oxygéner un peu et travailler différemment. mais depuis presque 4 ans, butait sur l'organisation de cette... journée parce que le contexte ne s'y prêtait jamais, on avait toujours des crises à gérer et qu'en plus je ne me voyais pas réserver un lieu qui me coûterait de l'argent alors même que l'établissement est en difficulté financière. Et finalement il y a quelques mois c'est venu tout naturellement, j'ai trouvé le lieu et le moment idéal pour organiser une journée à l'extérieur pour mon codire. Ça a été vraiment une journée super que j'avais imaginé depuis presque quatre ans dans ma tête et quand elle s'est réalisée c'était encore mieux que ce que j'avais prévu. J'étais alignée, toutes les personnes qui étaient là ont vraiment passé un bon moment. On a pu partager beaucoup de choses ensemble et se projeter sur ce qu'on avait envie de faire dans la suite et ça a été un grand moment de joie pour moi que j'ai partagé avec eux et que le fait que je l'ai exprimé simplement et sincèrement ça a aussi permis de favoriser la cohésion d'équipe qu'on a eu ce jour-là. Pour moi, en tant que directrice, c'est important de savoir manifester sa joie et mettre en avant les moments positifs. Ça permet aussi de contrebalancer les moments négatifs qu'on traverse. C'est important de savoir célébrer les moments plus joyeux. Ça fait du bien à tout le monde, aux équipes et aux directeurs. Le deuxième personnage qu'on voit beaucoup dans Vice Versa, c'est la colère. Donc la colère, dans notre quotidien directeur, elle s'invite parfois toute seule. On peut la ressentir régulièrement, mais je pense qu'elle n'est pas souvent bonne à exprimer, en tout cas pas à chaud. C'est vraiment quelque chose que j'ai appris avec les années, de savoir reconnaître quand la colère arrive et essayer de ne pas réagir à chaud. J'ai un de mes collaborateurs proches avec qui je travaille au quotidien qui m'avait donné un conseil un jour que j'avais trouvé vraiment pertinent de son propre vécu. Il me disait maintenant, quand je suis énervée avec quelqu'un au travail, j'écris un mail tout de suite dans la foulée de tout ce que j'aurais envie de lui dire et de ce que je ressens à chaud. Je ne l'envoie pas, je le laisse en brouillon et je le reprends le lendemain matin. Et bien souvent le lendemain matin... Je vois les choses sous un autre angle et en tout cas je mets un peu d'eau dans mon vin. En fait, l'idée ce n'est pas de dire qu'on n'a pas le droit d'être en colère parce qu'on reste humain au travail. Par contre, il faut bien avoir en tête ce qu'elle va produire et notamment en étant à notre place de directeur. Souvent, l'exprimer à chaud de manière brutale, ça peut avoir des effets qui sont contre-productifs et qui ne vont pas arranger la situation. Donc l'intérêt de reporter l'expression de cette colère. C'est de pouvoir prendre les choses un peu avec du recul et surtout de se dire, est-ce que vraiment le fait de l'exprimer comme j'ai envie tout de suite là, ça va produire des effets bénéfiques ? Tout au début de ma carrière, un jour, j'avais organisé une réunion avec un service parce qu'il y avait des soucis au sein des membres de l'équipe de ce service et je voulais en discuter avec eux pour pouvoir trouver l'abcès. Et en fait, lorsque je suis arrivée pour les rejoindre, il y avait une aide-soignante qui était debout dans la salle et qui directement m'a agressée verbalement et qui m'a parlé en me manquant de respect. Et à ce moment-là, j'ai été prise au dépourvu et je me suis laissée envahir par la colère face à son attitude. Je me suis mise à lui parler de manière agressive, moi aussi, et je suis partie. Et en fait, aujourd'hui, je pense que je ferais complètement différemment parce que répondre du tac au tac en étant directrice, d'une part, ça ne montre pas vraiment un bon exemple et deuxièmement, ça n'a vraiment pas aidé à arranger la situation. Maintenant, quand je sens que je suis agacée avec une personne ou avec une équipe, que j'ai mal digéré une situation, j'ai tendance à reporter. le moment d'en discuter une fois que je me suis calmée. Si je sens que je suis encore trop sous le coup de l'émotion, je préfère reporter pour que les échanges puissent être plus constructifs. Et l'autre chose que j'ai apprise au sujet de la colère avec les années, c'est que souvent elle a quelque chose à nous dire sur nous, beaucoup plus que sur les autres. Avec le recul, une fois qu'elle est passée, c'est intéressant d'essayer de chercher à comprendre qu'est-ce qui est venu nous blesser pour déclencher la colère. Parce qu'on sait très bien que quand on réagit avec colère, c'est qu'il y a quelque chose en nous qui est attaqué. Et souvent, ça fait résonance avec une pensée qu'on a sur nous-mêmes et que quelqu'un d'autre nous renvoie. Pour reprendre l'exemple de tout à l'heure et de cette fois où je me suis laissée emporter avec une soignante, la façon dont elle m'a parlé m'a laissé penser que j'étais pas crédible ou pas légitime à ses yeux. J'étais jeune, j'avais 27 ans, c'était ma première expérience de direction et c'était une pensée que j'avais en moi, une pensée limitante de me dire « en fait, à mon âge, je n'ai aucune crédibilité en tant que directrice » . Et le fait que cette soignante se permette de me parler en me manquant de respect et de manière très agressive, moi ça m'a renvoyé le fait qu'elle aussi a pensé ça. Et c'est ça qui a déclenché ma colère. Et c'est là où c'est très intéressant d'analyser ensuite. Après coup, pourquoi on s'est énervés ? Ça a toujours quelque chose à nous enseigner sur nos croyances et qu'est-ce que ça a réveillé chez nous. La troisième émotion qu'on voit dans Vice Versa, c'est la peur. La peur, on a plutôt tendance à la cacher en tant que directeur. On se dit que, clairement, c'est vraiment l'émotion qu'on ne veut pas que les gens voient, parce que le directeur, c'est celui qui tient la barre. Et on a un peu cette mission de protéger les équipes. Et s'ils se rendent compte que le directeur a peur, il va y avoir un effet de contagion ou alors on va les angoisser, ils vont se dire « punaise, c'est la cata » . Donc, moi, en ce qui me concerne, c'est une émotion que j'évite d'exprimer vraiment au travail. Par contre, je l'associe beaucoup à une émotion un peu plus subtile et d'ailleurs qui est présente, qui est une des nouvelles émotions dans le film « Vice Versa 2 » , si vous avez été le voir, c'est l'anxiété. L'anxiété, malheureusement, dans le contexte actuel, c'est une émotion de plus en plus fréquente chez les directeurs. Et bien celle-là, elle se ressent. Même quand on ne l'exprime pas de manière directe, en disant à ses équipes le matin, en arrivant, je suis anxieux, je suis anxieux, quand même, ils le ressentent d'une certaine manière à notre attitude, à la façon dont on est plus fermé, dont on se montre préoccupé. Moi, dans mon exemple personnel, il y a eu... une situation qui m'a vraiment rendue anxieuse et sur laquelle je n'ai pas du tout réussi à gérer l'émotion au travail à ce moment-là. C'était en octobre 2022, donc il y a presque deux ans, au moment où on a eu des grosses difficultés financières dans mon établissement. Et à l'automne, il y a eu un moment où je ne savais pas si j'allais pouvoir payer les salaires le mois suivant. Et là, ça a généré vraiment une forte anxiété pour moi et pour une des premières fois de ma vie professionnelle où j'avais vraiment des insomnies. Et à tel point qu'un jour, j'étais en vidéo avec des collègues directeurs. On faisait une vidéo sur ce sujet, sur nos difficultés financières entre nous. Et en fait, je me suis mise à pleurer pendant la vidéo. Et j'étais hyper gênée, j'ai coupé ma caméra parce que je n'avais pas envie de montrer cette émotion, même si ce n'était même pas mes collaborateurs, c'était des collègues directeurs. Mais je n'avais pas prévu cette émotion et encore moins prévu de l'exprimer. Et puis voilà, c'était fait, elle était là. Et quelque part, on est humain et on ne peut pas tout contrôler. Et c'est la seule fois où ça m'est arrivé, mais ça m'a marquée. Et ça m'a aussi alertée sur le fait que c'était un moment où il allait falloir, d'une part, que j'aille chercher de l'aide pour l'établissement. et d'autre part, chercher de l'aide pour moi, parce que ce n'est pas habituel et que ça ne m'arrive jamais de me mettre à plonger au travail. La quatrième émotion qu'on voit dans vice-versa, c'est la tristesse. La tristesse, heureusement, on n'en sent pas très souvent au travail, mais elle peut quand même être présente par moments, ponctuellement, et je pense que quand il y a une vraie raison... Il faut savoir l'exprimer si on en ressent le besoin. Je pense à, malheureusement, quelques fois où j'ai dû faire face, dans les établissements où j'ai été, au décès d'un nombre de l'équipe. Eh bien, c'est un moment là où le fait qu'un directeur ou une directrice exprime sa tristesse devant l'équipe et partage la tristesse que l'équipe ressent, eh bien, c'est important. Et ça fait partie, évidemment, si ce n'est pas fin, de la cohésion et partager cette souffrance à ce moment-là. c'est aussi un facteur de croissance avec les clients. La dernière émotion qu'on voit dans Vice Versa, dans les cinq personnages principaux, c'est le dégoût. Alors, le dégoût en tant que tel, personnellement, au travail, je ne l'ai jamais ressenti, mais par contre, je raccrocherais ça à une émotion ou un sentiment un peu plus familier qui serait le dépit. Et le dépit, malheureusement, un peu comme l'anxiété, c'est quelque chose. que beaucoup de directeurs ressentent de plus en plus ces dernières années. On peut ressentir du dépit face à plusieurs types de situations. La première, c'est face à des comportements non professionnels. Récemment, dans un de mes établissements, on a eu une remplaçante qui nous a appelé un jour pour nous dire qu'elle allait être absente du travail pendant trois jours parce qu'elle avait un souci de voiture et que son assurance ne prenait pas en charge le prêt de véhicule pendant la réparation. Qu'à cela ne tienne, on lui a... proposer de lui fournir une voiture de l'établissement et de lui la prêter pour qu'elle puisse venir au travail. Ce à quoi elle nous a répondu qu'elle ne pourrait pas conduire si c'était une voiture à boîte manuelle parce qu'elle n'avait pas le permis pour ça. On s'est débrouillé, on lui a trouvé une voiture à boîte automatique qu'on lui a prêtée, qu'on lui a amenée jusqu'à l'établissement pour qu'elle puisse venir travailler pendant les trois jours. Elle est venue et... Deux ou trois jours après, on a reçu un texto de cette même personne nous disant qu'elle démissionnait sans préavis alors qu'elle devait travailler tout le week-end et qu'on sait pertinemment que ce week-end-là, on n'arriverait pas à trouver de remplaçante. Alors on peut toujours essayer d'obliger la personne à effectuer le préavis comme convenu dans le contrat. On sait très bien que si elle a décidé de ne pas venir, de toute manière, elle sera en arrêt. Effectivement, quand on reçoit ce genre de message, en plus par texto, on ressent clairement du dépit. L'autre situation de dépit qu'on rencontre parfois les directeurs, c'est face à une demande de résultats pour laquelle on n'a pas les moyens. J'ai un exemple très précis en tête de commentaires que pas mal de directeurs ont reçus suite à leurs inspections, leur signalant qu'il y avait un problème d'organisation dans l'établissement parce qu'ils n'ont pas uniquement des aides-soignants diplômés la nuit. Aujourd'hui, tous les directeurs aimeraient n'avoir que des aides-soignants diplômés comme veilleuses de nuit, mais concrètement... les difficultés de recrutement font qu'ils n'arrivent pas à trouver suffisamment de personnel qualifié. Et de se le voir signalé comme un manquement dans le cadre des inspections, c'est frustrant. Le dépit qu'on ressent à ce moment-là, il est souvent lié à l'inéquation entre les moyens à notre disposition et nos objectifs ou nos responsabilités. Je pense que la bonne attitude à avoir, plutôt que d'exprimer directement son dépit, ce qui ne va pas être très constructif dans ce type de situation. Et particulièrement quand c'est face à nos autorités ou à des partenaires, c'est de montrer de manière factuelle l'inadéquation entre les moyens dont on dispose et les objectifs qu'on nous a fixés ou les responsabilités qui nous incombent. Et voilà, c'est d'essayer de rester factuel, de mettre en évidence le gap qu'il peut y avoir entre ce qu'on attend de nous et les moyens dont on dispose pour le faire. Et ensuite, on a fait ce qu'on pouvait. et on ne peut pas être tenu responsable de tout. Toutes ces émotions, elles permettent de choses. D'une part, de se connecter avec les autres quand elles sont exprimées avec justesse et à bon escient. Et puis, l'autre chose, c'est que ça marque notre humanité et le fait qu'on n'est pas des machines, malgré l'image que certains peuvent se faire de la direction et que, comme eux, on a des jours avec et des jours sans. Pour moi, En tant que directeur, on doit pouvoir exprimer nos émotions, mais pas changer qui on est. À titre personnel, je suis quelqu'un d'assez expressif et qui me livre facilement, donc c'est quelque chose que je vais faire plutôt spontanément. Mais si on n'est pas comme ça, si on est quelqu'un d'introverti, de pudique, ce n'est pas un but en soi. Il ne faut pas changer qui on est, il faut que les émotions restent authentiques. Si c'est authentique, si les gens sentent que ça se fait naturellement, ça va créer une connexion avec les autres. Mais on n'est pas des comédiens qui doivent feindre les émotions, sinon c'est perçu et c'est ressenti comme de la manipulation. Exprimer ses émotions, ça ne doit pas devenir de la com. Donc pour moi, ça doit vraiment se faire à bon escient. et en fonction de notre personnalité. Et en préparant cet épisode, je réfléchissais à des modèles de leaders inspirants sur ce thème-là, et j'avais en tête deux modèles qui, pour moi, incarnent vraiment des leaders incontestables et avec un fort impact sur les gens. Le premier, c'est Barack Obama. Barack Obama, c'est typiquement l'exemple, pour moi, d'un leader extrêmement puissant qui a toujours... assumer ses émotions et les a toujours exprimées avec justesse et qui parle avec émotion et qui a réussi comme ça à toucher les gens. Et pour moi, c'est vraiment quelqu'un d'hyper inspirant et qui, je pense, réussit très bien cet exercice-là. Et à l'inverse, Angela Merkel qui incarne plutôt un certain stoïcisme et une retenue et qui, elle, n'exprime pas ses émotions avec quelqu'un tout en pudeur, mais elle inspire énormément de respect, de crédibilité, de professionnalisme. Et en fait, les deux sont des leaders incontestables qui ont eu énormément de poids lorsqu'ils étaient en fonction. Et je pense qu'en fait, il n'y a pas de bon ou de mauvais modèle. Il faut vraiment faire avec sa personnalité. Et puis aussi, je pense qu'on peut être parfois l'un et parfois l'autre. Moi, il y a des moments... Ou, suivant mon humeur, suivant la situation, j'ai plutôt envie d'exprimer mes émotions et de les montrer. Et puis, il y a d'autres moments où, là, je suis dans un rôle où j'ai besoin de prendre de la distance, en tout cas de ne pas les séparer de ce que je ressens. Et c'est OK, en fait. On n'est pas obligé d'être tout le temps très expressif ou jamais. C'est vraiment quelque chose, pour moi, de fluctuant. Les directeurs sont des êtres humains, ce ne sont ni des robots, ni des gestionnaires froids sans état d'âme. Le secteur de la santé, le secteur médico-social, c'est un secteur profondément humain avec des directeurs profondément humains. C'est sûr qu'en ce moment, on évolue dans un contexte qui est particulièrement exigeant et que parfois, ça peut être tentant d'avoir une posture pour se protéger un peu, d'avoir une posture en retrait, justement de ne pas trop s'exposer pour se protéger. les managers et les leaders d'aujourd'hui doivent être plus accessibles et en tout cas plus authentiques par rapport à leur propre personnalité sans essayer de copier un moule unifem. Donc je pense vraiment que les émotions ont toutes leur place et de toute manière qu'on le veuille ou non, elles s'invitent dans le quotidien du directeur à nous de savoir les apprivoiser et bien les doser pour qu'elles soient de bons outils pour communiquer avec nos équipes et qu'elles ne soient pas un frein. C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires ou à me poser des questions sur mon profil LinkedIn. Si vous souhaitez que j'aborde des thèmes, venez me les suggérer en commentaire ou par messagerie. Vous pouvez aussi aider à faire connaître ce podcast en laissant 5 étoiles sur la plateforme d'écoute. Merci à vous et à très vite pour un nouvel épisode d'Allô Directeur !

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