Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves cover
Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves cover
ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves

Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves

41min |27/04/2023
Play
Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves cover
Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves cover
ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves

Coraline Magny Professeure à l'ESAAT, la teinture végétale, l'impression aux mordants et les réserves

41min |27/04/2023
Play

Description

Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, le podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Coraline Magny, une enseignante passionnée de l'École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT). Ensemble, elles explorent le fascinant univers de la teinture végétale, une pratique qui allie tradition et innovation, tout en respectant notre environnement.


Coraline nous partage son parcours inspirant, de ses débuts avec des teintures synthétiques au Théâtre National de Strasbourg à sa révélation pour les teintures naturelles grâce à l'expertise de Michel Garcia. À travers son expérience, elle nous fait découvrir les multiples facettes de la teinture végétale, mettant en lumière l'importance des plantes tinctoriales comme l'indigo et la garance. Ces colorants biosourcés, issus de notre biodiversité, nous offrent une palette de couleurs naturelles qui émerveille et inspire.


Dans cet épisode, vous apprendrez comment Coraline enseigne la teinture végétale à ses étudiants, en intégrant des techniques ancestrales comme le shibori, qui permet de créer des motifs uniques par réserve. Elle aborde également le rôle crucial des mordants dans la teinture, qui transforment les pigments végétaux et influencent les nuances obtenues à partir d'une seule plante. Coraline évoque la création d'un nuancier de couleurs naturelles par ses étudiants, une démarche créative qui souligne l'importance de la chimie tinctoriale dans le processus de coloration.


L'épisode ne se limite pas à la technique ; Coraline discute des défis et des opportunités que présente la teinture végétale dans le contexte actuel, notamment face à une société de plus en plus soucieuse de l'environnement. Elle partage également des ressources et des livres recommandés pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance sur la teinture naturelle et les colorants végétaux.


« La teinture végétale est un véritable art qui nous reconnecte à la nature », déclare Coraline, soulignant ainsi l'importance de la durabilité et de la créativité dans ce domaine. Ce podcast est une invitation à explorer les couleurs de plantes et à redécouvrir la beauté des fibres naturelles à travers des pratiques respectueuses de l'environnement.


Ne manquez pas cet épisode enrichissant qui vous plongera dans l'univers des couleurs végétales et des plantes tinctoriales. Que vous soyez novice ou expert, vous trouverez des insights précieux pour nourrir votre passion pour la teinture naturelle.


Pour plus d'informations et des liens utiles, rendez-vous sur notre site.


Belle écoute,


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 



🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de planches et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valen. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies.

  • Coraline Magny

    Alors c'est parti,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bonne écoute ! Alors donc bonjour à tous, je suis ravie aujourd'hui d'accueillir ou plutôt d'être accueillie à l'ESAAT, donc l'École supérieure des arts appliqués et du textile, par Coraline Magny. Bonjour Coraline.

  • Coraline Magny

    Bonjour.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Première question qu'on pose à tous les invités, est-ce que vous pouvez vous présenter, nous raconter votre parcours et comment vous en êtes arrivée à la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors, je m'appelle donc Coraline Magny, j'ai un cursus scolaire... Dans les arts appliqués, au départ, pas de spécialité textile. Puis à la fin de ma scolarité, j'ai eu l'occasion d'effectuer plusieurs stages qui m'ont permis de découvrir à la fois l'univers de la mode, du spectacle, des textiles, des teintures et des patines textiles, en particulier au TNS, Théâtre National de Strasbourg. Elle travaillait sur une pièce de théâtre où il y avait 40 nuances de... d'uniformes bleus de la guerre de sécession à reproduire. Donc voilà, ça a été mon premier contact avec la teinture, en l'occurrence teinture synthétique à cette époque-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et alors comment vous avez basculé vers la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors plusieurs années après, étant devenue enseignante en impression textile, j'ai eu l'occasion, grâce à mes collègues, avec qui je travaillais à l'école Olivier de Serres à Paris, de rencontrer Michel Garcia. mes collègues que je vais citer, grâce à qui je dois cette merveilleuse rencontre, sont Lucia Velez et Armelle Hamot, qui étaient enseignantes respectivement en tissage à Olivier de Serres et en impression textile à l'école du Péret.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc, elles vous ont permis de rencontrer Michel Garcia, ça s'est organisé. Vous pouvez nous raconter un petit peu comment ça s'est fait, cette rencontre, et ce qui en est découlé ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, donc... Armel et Lucia ont participé à un symposium sur la couleur végétale à La Rochelle. C'était il y a une douzaine d'années à peu près. En revenant, Lucia me dit qu'on a rencontré Michel Garcia, qu'il est génial, qu'il faut absolument qu'on le fasse venir, qu'il fasse une formation à Paris. Lors de ce symposium, à priori, je pense qu'il y avait d'autres personnes, peut-être les personnes de Colorton Monde. Et donc plusieurs personnes ont eu envie de le faire venir, l'ont fait venir et donc j'ai pu participer à trois jours de formation avec ces personnes-là. Et donc Michel Garcia, sur les bases des teintures naturelles, sur laine, sur lin, voilà. Avec la pratique du mordansage, de la teinture. et puis aussi la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Aujourd'hui, comment vous utilisez la teinture végétale ? Dans quel domaine, que ce soit dans l'enseignement ou personnel ?

  • Coraline Magny

    Après ces formations-là, on a fait venir Michel Garcia à l'école Olivier de Serres pour former nous, les profs. à monter une cuve d'indigo. Et donc j'en ai monté plusieurs, donc pour cette école-là, et puis quand je suis arrivée à Roubaix il y a 6-7 ans, j'ai monté une cuve d'indigo, et donc les étudiants, par la pratique des chiboris, ont été amenés à apprendre à utiliser la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, et est-ce que vous pouvez expliquer du coup le shibori, ce que c'est pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Coraline Magny

    Alors oui, le shibori c'est une technique de teinture avec réserve. Une réserve, c'est une façon mécanique ou chimique d'empêcher la teinture de passer dans le tissu. On va bloquer la teinture, soit en créant des nœuds très serrés, soit en créant des coutures, des fronces, ou même en faisant des plis, en écrasant le tissu. Il y a énormément de façons de faire pour créer des réserves et ça va faire apparaître des motifs en négatif. Alors, c'est quelque chose que j'avais découvert il y a... assez longtemps aussi, il y a toujours pareil grâce à mes collègues d'Olivier de Sèvres. qui connaissait Marie-Hélène Guelton, qui est une des spécialistes des Chiboris, qui venait tous les ans faire une initiation aux Chiboris à nos étudiants, et avec qui nous assistions pour monter des bains de teinture. Et donc j'ai vraiment eu un coup de cœur, et les dernières années où j'étais à l'école Olivier de Serres, on avait travaillé avec elle et la cuve que nous venions de monter.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial. Et donc, le shibori, ça peut être ce qu'on voit entre des plaques de bois, avec étau.

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça s'appelle, je ne prononce peut-être pas très bien, mais c'est itajime shibori.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, mais toutes ces techniques sont du shibori. C'est l'histoire de faire des réserves mécaniques ou physiques ?

  • Coraline Magny

    Mécaniques et physiques, c'est-à-dire soit avec du fil, c'est soit par écrasement, parce que c'est mécanique, c'est par écrasement, par serrage, par fronçage. chimique et physique c'est autre chose c'est quand on fait des réserves avec une argile ou avec de la pâte de riz ou avec de la cire enfin plutôt avec de l'argile la réserve 1-2-3 qu'enseigne Michel Garcia qui

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    va avec la cuve 1-2-3 et alors du coup dans les pratiques aujourd'hui que vous avez donc il y a ce que vous m'avez montré tout à l'heure à l'atelier alors je ne sais pas du tout comment ça s'appelle vous

  • Coraline Magny

    Les nuanciers ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non,

  • Coraline Magny

    vos essais de couture. De couture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, est-ce que vous pouvez expliquer, parce que j'étais un peu surprise, du coup, comment vous faites, comment vous les réfléchissez, comment vous les préparez ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, pour enseigner le shibori, plus particulièrement à base de couture, que j'aime beaucoup pratiquer, même personnellement, j'ai dessiné des diagrammes qui reprennent, alors surtout, c'est des points de front. juste à base de fronces, mais pour montrer toute l'étendue et au-delà parce que c'est infini, j'ai fait des petites maquettes avec du fil et qui permettent de voir à quoi ressemble le chibori avant teinture et avant serrage. Ce qui permet quand je montre ça aux étudiants, de voir vraiment le chemin du fil. et de tirer dessus et de voir quand ça se plisse, à quelle allure ça prend en fait. Et de pouvoir déplier, de pouvoir étudier à quel endroit va aller la teinture, où est-ce qu'elle va. au contraire, où est-ce que ça ne va pas passer.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ce que vous avez montré, c'est impressionnant, la finesse des motifs, c'est vraiment hyper fin, en fait, ça fait des petits... comme des petites vagues, des petits cœurs, c'est incroyable, j'avais pas encore vu ce genre de motif, pour le moment, j'avais plutôt vu des motifs géométriques, assez grands, et là, vous êtes vraiment sur fin et vraiment nuancé, c'était très...

  • Coraline Magny

    Mais ça, il y a énormément de cultures qui travaillent ça, enfin... que ce soit d'abord au Japon et ensuite après en Afrique de l'Ouest, enfin dans l'Antille en fait. D'accord. Et donc des très beaux exemples dans ce livre aussi. Et dans le livre aussi, Indigo, je pourrais vous montrer. D'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc là, on en parlera des livres que vous allez nous citer, qu'on n'a pas encore eu, donc ça c'est top. Donc, votre pratique aujourd'hui de la teinture végétale, personnellement et dans l'enseignement, donc vous utilisez notamment cette pratique du shibori, vous faites aussi un autre aspect technique que vous m'avez montré, avec une plante. Est-ce que vous pouvez expliquer toute cette déclinaison et la palette de couleurs que vous arrivez à avoir avec une seule plante ?

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça fait partie aussi de... des enseignements que j'ai retenus, une partie du large enseignement que j'ai retenu de Michel Garcia, la façon dont les mordants influencent la vivacité, l'intensité, la saturation, à partir d'un bain de couleurs, d'une seule plante, tous les aspects, la palette riche qu'on obtient avec une seule plante. Ça concerne en fait les associations de mordant. J'ai beaucoup travaillé ça en travaillant sur le thème de la brique parce que la brique est un matériau de construction. Ce qui m'avait intriguée au départ, c'est que c'est de la terre et que les rouges, a priori, sont quand même liés à la quantité d'oxyde de fer qu'il y a dans la terre. de même que par exemple quand on pratique le beau gauland on utilise une terre très férugineuse qui va bien réagir donc avec des tanins et je trouvais ça intéressant de me dire les rouges de briques sont liés à cet oxyde de fer que nous utilisons en teinture qui vient éteindre et assombrir les couleurs donc j'aimais bien ce parallèle un peu et Je me suis attachée au départ à un nuancier qui serait brique et qui est beaucoup plus large que mon poids. Et donc ça m'a amené à travailler quelques plantes, quelques associations de plantes et aussi des associations de plantes et de mordants. Et donc à partir de ça j'ai imprimé des... des motifs de briques en déconstruisant le motif et en le reconstruisant par l'impression de différents mordants en créant des imbrications et ça me plaisait de faire aussi des imbrications de couleurs est-ce que vous

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pouvez expliquer quel mordant vous utilisez parce que c'est vrai que moi je l'ai vu dans l'atelier du coup je comprends bien non non c'est clair ce que vous avez dit et du coup quel type de mordant vous utilisez parce qu'il faudra qu'on mette une photo je pense que je mettrai une photo de votre travail si vous voulez oui D'accord. À joindre pour que les gens voient bien ce que vous...

  • Coraline Magny

    Oui. Alors, les mordants que j'utilise, forcément, je travaille sur l'un. J'utilise la cétate d'alumine à 10%. Pour ceux qui connaissent, c'est un épaissi avec 1,1% de gomme goire. Voilà. et donc j'utilise aussi des acétates de fer donc le plus puissant que je dois utiliser ça doit être du 1% et après non 2% et après je fais des dilutions de mordant de fer donc ça c'est les mordants de fer seul en dilution et l'acétate d'alumine seul donc ça c'est une partie de mes mordants ça en fait à peu près 5 voilà et à côté de ça je peux associer le mordant d'acétate d'alumine avec l'acétate de fer et suivant la dilution de l'acétate de fer je vais avoir de nouvelles nuances qui vont avoir une parenté aussi avec la couleur la plus éclatante qu'on

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    peut avoir en ayant l'acétate d'alumine seule et donc avec une plante et ses différents mordants vous arrivez à avoir un nuancier de je peux y en avait combien de pouvoir 10 12 oui c'est ça J'aimerais bien qu'on présente l'école.

  • Coraline Magny

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et qu'on présente ce que vous avez lancé là récemment avec vos étudiants, qui est hyper intéressant avec votre nuancier. J'aimerais bien que vous racontiez un petit peu tout ça. Donc, est-ce que vous pouvez présenter l'école ? Donc, les matières qui sont étudiées, comment ça se passe, qui peut venir dans cette école, les enseignants, les particularités, les débouchés.

  • Coraline Magny

    Allez-y. D'accord. Les SAT, c'est l'école supérieure des arts appliqués et du textile. C'est une école d'art appliqué. Il y a plusieurs cursus proposés, que ce soit en graphisme, en design d'objets, en design d'espace. Et donc aussi en textile, donc en création textile. La création textile, elle est historiquement assez présente dans notre région. Et donc, elle perdure beaucoup, surtout au niveau de la conception, du graphisme, de l'infographie textile. Et donc, nous formons des designers textiles. Les étudiants qui intègrent notre école sortent du bac. Donc, ils ont soit un bac à rappliquer, soit un bac général. Et après, ils ont un cursus de trois ans où ils préparent. Donc là c'est un nouveau diplôme qui s'appelle le DNMAD, donc Diplôme National des Métiers d'Art et du Design. Et donc en trois ans, pour le cursus textile, les étudiants apprennent à… bah déjà découvrent le domaine d'un point de vue culturel, point de vue de l'histoire, des techniques, de la création aussi passée, contemporaine, et donc apprennent le dessin, la couleur. Ils apprennent ensuite ce que c'est qu'une collection, ce que sont des inspirations. Et ensuite, pour leur troisième année, qui est l'année de leur diplôme, ils créent une collection. Une collection textile, qu'elle soit dédiée à l'environnement, à la maison, aux vêtements. Ils font comme si elles créaient, elles parce qu'il y a beaucoup de jeunes filles, une collection textile. Donc avec des recherches d'inspiration, des graphismes, des couleurs, des recherches de textures, de matières, et puis de débouchés aussi pour des applications, que ce soit maison, mode. D'accord. Et donc on enseigne, alors il y a une partie de l'enseignement qui est pratique, et donc qui a lieu dans des ateliers dédiés, donc un atelier dédié au tissage. Un à la maille et un à l'impression textée.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Que vous m'avez fait visiter et j'étais impressionnée par… Je mettrais une photo si j'ai l'autorisation, mais qui était impressionnante, mais même la taille, les couleurs qu'il y a et tous les travaux différents que vous m'avez montré de vos étudiants. Ok, et les débouchés, c'est designer textile essentiellement ?

  • Coraline Magny

    Oui, designer textile. Après, les étudiants peuvent poursuivre leurs études. Sinon, en trois ans, c'est la base pour être designer textile. Ça peut être en indépendant, on crée des dessins, des collections de motifs, et puis on va vendre. en freelance à des entreprises ou alors être intégrée dans une entreprise comme celles qui sont connues par chez nous à savoir la Redoute et Decathlon la Redoute que l'on voit à des fenêtres de notre école ils n'ont pas loin à faire les étudiants on a des anciennes qui vont dans l'autre sens aussi pour venir participer au jury ah d'accord c'est marrant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Vous m'avez parlé tout à l'heure quand on visitait l'atelier d'une nouvelle chose que vous avez mis en place pour initier les étudiants, notamment la couleur naturelle. Est-ce que vous pouvez expliquer ce que vous faites récemment avec les étudiants ?

  • Coraline Magny

    Oui, donc là j'ai en charge depuis cette année des étudiants de DLMAD, première, deuxième et troisième année. Donc comme je n'ai pas eu les étudiants l'an passé, j'ai fait un petit peu une initiation à plusieurs niveaux, enfin c'est aux trois niveaux. en leur faisant créer un nuancier de 30 couleurs naturelles en groupe. Les faire travailler en groupe et découvrir ce que c'est que la teinture naturelle. Je dis naturelle parce qu'on n'utilise pas que végétal. on regarde aussi ce qui se passe avec la coiffure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qui est hyper intéressante en termes de résultats. Et du coup, vous avez fait des couleurs principales, on va dire, et vous avez fait après des nuançages avec le fer et avec deux paramètres que vous viez bouger, enfin que vous viez...

  • Coraline Magny

    Oui, oui. Alors déjà, cette méthode, ce nuancier, c'est Clément Bautier, je crois, qui a mis ça au point. J'ai trouvé ça assez efficace quand j'ai fait la formation avec lui. Et donc ça consiste à prendre trois plantes pour aller vite, une qui donne du jaune, une qui donne du rose et une autre qui donne du rouge, le rouge du cachou, et à partir de ces trois plantes là, c'est déjà de créer trois intensités différentes, donc ça veut dire trois bains avec trois concentrations différentes. 10%, 5% et 1%. Voilà, ce qui permet de voir que le dosage de la couleur joue sur l'intensité, en fait, tout bêtement. Et aussi de créer trois nuances avec l'indigo et ce qui permet aussi de voir que ces deux procédés, forcément pour les débutants, on voit que c'est deux procédés complètement différents de teinture, donc aussi bien du point de vue physique et chimique. que du point de vue des gestes et de la pratique de chacun des deux procédés de teinture. Donc ça, pour les étudiants, déjà, c'est une première chose, de voir que la cuve d'indigo met le moins d'oxygène possible dans la teinture, alors qu'avec les autres colorants, au contraire, il faut mélanger, mélanger, déployer le tissu, donc agiter, beaucoup bouger le textile et forcément agiter les bains. et respecter la courbe de température. Donc ça, c'est assez déjà intriguant et formateur pour les étudiants. Ils se disent, mais qu'est-ce, mais pourquoi ? Pourquoi on me dit que le bleu, je ne peux pas le faire avec les autres et que je ne peux pas le mélanger ? Et donc après, une fois qu'on a pratiqué, après, je leur explique. Donc, je fais de la physique chimie pour les nuls. pour expliquer les phénomènes. Pour moi, c'est très important. Après avoir fait les couleurs pures, plus ou moins concentrées, plus ou moins dosées, 10%, 5%, 1%, donc c'est indicatif, teint à l'indigo, et après, on surteint les échantillons qui ont été faits avec les teintes pures pour, avec le Reseda, obtenir des verts. Et donc, comme on a des concentrations différentes de jaune et des temps de trempage différents, d'indigo, on peut obtenir des verres très très foncés jusqu'à des petits verres pommes. Voilà, idem pour la cochenille, idem pour le cachot. Et après, on peut aussi voir le nuançage. Nuançage donc au fer, qui permet d'enrichir encore plus la palette qu'on obtient à partir d'une plante. Donc si je résume, si on part par exemple du Reseda. On va avoir trois nuances de couleurs pures, trois jaunes. Ensuite, on va avoir trois verts différents puisqu'on va surteindre avec l'indigo. Et on va aussi pouvoir avoir, suivant les dilutions d'acétate de fer en post-mordansage, avoir des teintes qui peuvent aller vers olive, et puis après petit à petit descendre jusqu'à des caquis, des gris. Voilà. Et donc, pour une plante, ça permet déjà de faire une première approche, un tour d'horizon assez complet pour des débutants. Et alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    quels sont les retours des étudiants par rapport à la couleur végétale, justement ?

  • Coraline Magny

    Waouh, c'est vif !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah ben voilà !

  • Coraline Magny

    Parce que l'image associée à ça est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est à déconstruire, le fait de penser que les couleurs sont pastelles ou délavées. C'est ça. Oui, c'est fou.

  • Coraline Magny

    Ou que ça fait des taches, ou que ça ressemble à des taches. Disons que… Moi, je leur demande au début, oui, comme on dit naturellement, qu'est-ce que vous voyez comme couleurs, qu'est-ce que vous voyez comme… Et oui, souvent, c'est associé au tie-and-die. Donc, c'est des couleurs qui sont fondues, qui sont douces. qui sont claires.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors que quand on est passé dans votre atelier, le nuancier, il y a des couleurs, notamment un kaki, là, que je trouve magnifique, mais oui, il y a des dégradés de couleurs et des intensités. Et donc, c'est la première expérience de la couleur végétale qu'ils ont, là, cette année, avec ce que vous mettez en place ?

  • Coraline Magny

    Ah oui, après, il y en a quelques-uns qui ont pu en faire, s'ils sont en troisième année, et qu'ils ont fait leur stage avec un créateur qui utilise la teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais sinon, il n'y a pas dans le cursus la présence de la couleur végétale dans la formation ?

  • Coraline Magny

    Ben, si, maintenant, si.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Maintenant, si, mais avant, il n'y avait pas.

  • Coraline Magny

    Il a fallu l'amener.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais je veux dire, c'est nouveau.

  • Coraline Magny

    C'était peut-être abordé un petit peu dans le labo, puisqu'ils font un peu de physique chimique. C'est même sûr, on a dû leur montrer. Mais l'intégrer, le pratiquer... Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord. Ok. Est-ce que vous avez des travaux d'étudiants qui se sont pris pour la teinture naturelle et se lancent dans des sujets ? Est-ce que vous avez des étudiants à citer ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai commencé ça avec elle cette année. Il y a quand même une étudiante de troisième année qui est très assidue, Adèle, si tu écoutes. qui a décidé de créer sa collection de textiles pour son diplôme, avec des teintures végétales et imprimées au cadre. D'accord. Voilà, donc là pour l'instant, elle... Elle travaille des recherches de couleurs, en travaillant sur les dosages de mordant, dont j'ai parlé précédemment, différentes intensités, et puis elle teste aussi, là pour l'instant c'est vraiment le début, donc elle teste différentes fibres, différents liages, donc de la maille, du chêne étrame, principalement sur lin et chanvre je crois, et puis là elle fait un travail sur... On a un petit problème là pour l'instant parce qu'on se demande comment on va utiliser un fil qui a l'air d'être un mélange de lin et de laine. Voilà, ça va être très intéressant. Et elle fait aussi du tissage, donc c'est pour ça qu'elle va tendre à la fois du fil et à la fois des tissus et imprimer des tissus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ça fait du boulot. C'est un beau programme. Ok, super. Donc dans la partie transmission, c'est surtout cette partie enseignement, est-ce que vous avez... Est-ce que vous pouvez nous citer des personnes qui sont pour vous inspirantes dans le domaine de la teinture végétale ? Vous en avez déjà un peu parlé, mais est-ce que vous pouvez nous citer s'il y a une, deux ou trois personnes qui sont pour vous ?

  • Coraline Magny

    Ça s'est fait en plusieurs temps, mais c'est vrai que maintenant c'est devenu des références. Donc bien sûr, Michel Garcia. avec qui j'ai le plaisir de faire au moins trois formations. Et j'ai aussi bien retenu vraiment le contenu, le fait que ce soit tellement précieux, cet enseignement qui a été perdu et qu'il cherche à renouveler. Voilà, déjà ça, ce geste-là m'avait déjà beaucoup impressionnée. Et puis le contenu et la manière de transmettre aussi, c'est un peu tout ça. C'est-à-dire, c'est à la fois le puits de science et ce rôle de passeur. Ça m'inspire beaucoup, donc principalement. Et puis, bien sûr, Clément Bautier, qui est donc devenu un ami, avec qui j'ai fait une formation, auprès de qui je me suis formée aussi. Et surtout en échangeant sa vision des choses, justement. L'enfoiré des couleurs végétales… le rapport entre la fibre et colorant, je vois de la fibre, cette philosophie aussi que je partage vraiment avec.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quelle est votre matière de prédilection en termes de teint ? Le lin. Le lin. J'avais écrit un peu. Un peu comprendre. Et alors du coup, pourquoi ? Est-ce que c'est parce que ça prend bien la couleur ? Est-ce que c'est parce que c'est une matière où on est les premiers producteurs mondiaux ? C'est pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Alors c'est... C'est local, vraiment local, quand on habite dans le nord et que par exemple on va sur la côte du côté de Dunkerque et qu'on traverse les Flandres, donc il y a des champs de lin tout bleu et puis après on voit le lin qui est en train de rouillir dans les champs. Donc voilà, c'est local, c'est solide et puis ça… Dans le temps, ça a une très belle patine. Et puis ça prend bien sûr les couleurs, mais les couleurs liées à cette fibre sont superbes. Et puis voilà, c'est très très durable.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et si vous étiez une plante colorante ? C'est la question qui fait buguer un peu tout le monde, mais laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Moi, j'utilise des extraits, en fait. Mais c'est vrai que j'aime bien toujours avoir sous les yeux la provenance, avoir un pot de pastel ou un pot de... J'arrive plus qu'à crier de la garance, en fait. J'aime beaucoup la garance.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc plutôt la garance ?

  • Coraline Magny

    Bah après effectivement je l'ai un peu utilisée, mon travail pour les briques forcément. Mais c'est vrai que ce que j'aime bien, et pourtant on se casse beaucoup les dents à arriver à teindre correctement avec la garance, j'aime bien qu'elle soit justement difficile, qu'elle soit un peu rare quoi. Ouais peut-être. Enfin oui capricieuse et je pense que j'ai encore besoin d'encore beaucoup de conseils pour un... pour y arriver. Mais j'aime beaucoup la garance. C'est long à obtenir. C'est une racine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et avec votre recul dans l'enseignement et votre pratique de la teinture végétale, qu'est-ce qui, pour vous, peut faire aujourd'hui que ça redémarre et que ça ne redevienne pas en remplacement de la teinture synthétique, mais qu'est-ce qui peut faire que la teinture végétale reprenne davantage de place aujourd'hui ?

  • Coraline Magny

    Les jeunes designers, entre autres. Ce n'est pas que des décideurs forcément, mais c'est des influenceurs. Donc oui, la jeune génération, parce que c'est à la fois effectivement forcément un procédé de teinture plus vertueux que ce qu'on a connu avant, enfin ce qu'on connaît encore aujourd'hui, mais qui coexiste et qui doit coexister en synthétique. Mais c'est aussi une manière de... C'est une éducation à la sensibilité à certaines associations de couleurs, puisque les teintures naturelles ne se travaillent pas, ne s'assortissent pas de la même manière que lorsqu'on travaille pour des couleurs synthétiques. On travaille à partir de ce que l'on obtient, ce que le bain de teinture nous permet d'obtenir, ce qui nous révèle est cette forme d'alchimie entre telle fibre qu'on a trouvée à tel endroit avec telle teinture. J'imagine que la plante a été récoltée à telle date, sous telle latitude. Tout ça, c'est autre chose. C'est l'inverse de la standardisation, comme on peut connaître. avec la teinture, les couleurs synthétiques en général.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et justement j'allais vous dire il y a beaucoup de jeunes qui écoutent le podcast je suis surprise mais vous m'avez dit que vos étudiants ils étaient enfin ils écoutaient donc c'est peut-être eux qui sont dans les dans la part d'étudiants mais j'ai beaucoup de jeunes qui écoutent après entre l'école la petite école il ne se passe rien au collège il ne se passe rien au lycée et il ne se passe que quelques cours quand on est dans une filière bien spécifique mais je J'aimerais tellement qu'il y ait des cours, même en école d'ingé, sur la chimie tinctoriale, l'application de la teinture végétale. Parce qu'en fait, pour moi, la teinture végétale, c'est l'union des connaissances botaniques, la chimie et le textile, les fibres naturelles, l'agriculture. En fait, c'est un grand cercle. Et en fait, au début, le podcast, c'était que couleurs naturelles, teintures. Et en fait, plus ça avance, plus les invités... en fait on ouvre 12 000 portes et en fait on se rend compte que c'est une grande famille, une grande chaîne de valeurs, et donc l'idée c'est d'avoir tout le monde, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que les étudiants, ou pour que les parcours... Il y a plus de teintures végétales dans les cursus.

  • Coraline Magny

    Il y a de plus en plus d'ateliers découverts d'initiation à des pratiques respectueuses de l'environnement. Il y a des formations pour les petits, même en intervient, il me semble qu'il y a des interventions sur l'alimentation, le potager, donc ça veut dire le fait de cultiver. Et pour moi, tout ça, ça va ensemble. Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ce serait étendre, quand on parle des tomates, des laitues, des aromatiques, parler aussi des tinctoriales.

  • Coraline Magny

    C'est une ressource en fait. Oui, quelles sont les ressources ? Effectivement, c'est un savoir qui a été enterré depuis l'invention des colorants de synthèse. Et donc c'est tout un savoir qui existe depuis plusieurs milliers d'années, qu'on a plus. Et c'est étonnant parce qu'on a l'impression que... Les étudiants ont l'impression d'inventer quelque chose, d'être... Il y a cette surprise, c'est toujours très agréable de voir leur étonnement et le fait qu'ils soient émerveillés. Et en même temps, quand on réfléchit, on se dit mais ils sont émerveillés, mais... Oui, c'est pas tout de suite,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je crois.

  • Coraline Magny

    Mais ça n'a pas pu être transmis, de toute façon. Mais c'est le même rapport que ce qu'on appelait autrefois les ouvrages de dames aussi. les grands-mères qui tricotent, c'est de plus en plus rare aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Justement, moi,

  • Coraline Magny

    je suis étonnée de voir les votes à la chaîne, à l'entrée de groupe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    les tutos, Instagram, les vidéos YouTube, le confinement a quand même aidé les gens à se remettre au sens du vrai, du manuel, d'avoir le temps, etc. Et en fait, il faudrait surfer sur cette vague pour remettre...

  • Coraline Magny

    Oui, alors après, c'est vrai que c'est bien le fait que ça se diffuse et que ça soit de plus en plus connu. Après, moi, je suis assez, de nature, à ce niveau-là, assez méfiante, parce que plus c'est diffusé, moins bien c'est diffusé aussi. Et il y a cette grande mode, effectivement, du dye, et où, effectivement, je pense que tout le monde a entendu tout et n'importe quoi, alors en particulier sur les modes de teinture végétale. C'est répandu partout. Et ça aussi, si je reviens à l'enseignement, c'est plus ce à quoi il faut s'attaquer, parce que quand on est en cours, de plus en plus de personnes à qui on demande avez-vous déjà pratiqué la teinture végétale ? Oui, j'ai fait un tuto. Et j'ai fait un tuto. Alors, soit au début que c'est sorti, je commençais à dire, je leur disais, envoyez-moi le lien, je regarde si c'est sérieux. Et puis voilà, mais maintenant c'est devenu, ils attaquent sans méthode, sans forcément non plus la compréhension du phénomène. Ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    en fait c'est, il y en a de plus en plus qui partagent leurs expériences, mais pas forcément des expériences solides, des formations solides, costaudes, expérimentées, et du coup ça peut aussi desservir la discipline parce que… parce que ça peut apporter soit des résultats qui ne tiennent pas et donc remettre cette mauvaise image et cette étiquette sur la teinture végétale et donc dans un sens c'est top que ça se démultiplie mais en même temps attention à la qualité de ce qui se démultiplie c'est ça ?

  • Coraline Magny

    et surtout c'est que le but d'un tuto c'est pas d'expliquer forcément et surtout là en teinture où c'est pas visible il se passe plein de choses euh... Comment dire ? Au niveau chimique, au niveau physique, je veux dire, la température de bain ou la courbe d'une température ou mesurer un pH ou tout ça. C'est... il faut le faire en fait il faut le faire et le faire ensemble chercher ensemble avec les étudiants qui font vraiment pour transmettre des gestes et des explications et comprendre vraiment ce qui est à l'oeuvre et ça un tuto c'est plutôt une recette ouais un

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    tuto c'est vraiment aller en deux heures t'as fait ton sac qui est teinté mais on t'explique pas le comment le comment du pourquoi et l'histoire on peut dire créatif et autonome c'est ça exactement on donne effectivement une recette pour avoir le produit bah

  • Coraline Magny

    qu'on vous a promis au début.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je cherchais justement, moi, j'ai bien vu pendant ma formation de Michel Garcia que la chimie tinctoriale, c'était la base pour comprendre et maîtriser ce qu'on veut faire, maîtriser son projet de teinture. Et en fait, je me suis dit, il va falloir que je me remuscle là-dessus parce que clairement, j'avais des bases de chimie, mais il faut remettre ça à jour. Je suis allée chercher sur Internet, voir s'il y avait sur YouTube ou sur... de la chimie tectorielle. Il n'y a absolument rien.

  • Coraline Magny

    Non, non, non. Quand on est en galère, souvent, c'est ce qu'on fait et il n'y a rien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et il n'y a rien. Et donc, on retourne à ça. Voilà. Et donc, on retourne au livre et moi, je retourne en formation là pour faire spécifiquement la chimie tectorielle parce que je pense que c'est la clé. Et en fait, comme vous l'avez si bien dit, si on veut transmettre les bons messages, il faut comprendre ce qu'on fait et pourquoi on rajoute telle ou telle chose et pourquoi en mettant du fer, ça fait ça et pourquoi tel pH... Enfin voilà, comprendre ce qu'on fait. Et en fait, c'est là où je pense qu'il serait intéressant qu'il y ait des gens qui s'y mettent sur vulgariser la chimie tectoriale sur les réseaux ou sur... une vidéo YouTube ou que Michel nous fasse des tutos, ce serait génial.

  • Coraline Magny

    Vous l'avez déjà fait des DVD ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est vrai, il faudrait faire un truc sur la chimie tinctoriale pour les nuls, mais quelque chose qui permette de comprendre ce qu'on fait.

  • Coraline Magny

    Mais en même temps, je veux dire, des bons tutoriels, ça peut dépanner, je dirais. Mais on ne peut pas apprendre... Là, c'est lié à la transmission d'un travail manuel. On ne peut pas apprendre... Quelque chose qui est lié à tous les sens en fait, et la transmission à la fois gestuelle, verbale et l'explication, enfin toute l'intelligence d'un savoir-faire se fait humainement, ensemble.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, puis en pratiquant.

  • Coraline Magny

    En pratiquant ensemble et pas d'avoir un… enfin forcément, on peut approfondir avec un écran où c'est vrai que c'est très… enfin alors dit sur le net, ça dépanne quand on cherche quelque chose de super précis. Ça dépanne, c'est vraiment des bonnes béquilles, mais l'apprentissage du métier, de la démarche de recherche, et en l'occurrence là, en teinture, c'est très important de la découvrir à plusieurs, et de pouvoir voir quelles sont les différentes... choses auxquelles il faut faire attention, ce sur quoi on peut agir, pourquoi. C'est des questionnements qui viennent, et ensemble aussi. J'insiste parce que chercher ensemble, c'est très enrichissant. Ah oui, oui, oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Est-ce que vous pourriez nous citer trois livres qui ont été importants pour vous dans votre pratique de la teinture naturelle que vous recommanderiez aux gens qui sont autour du micro ?

  • Coraline Magny

    Alors, je ne vais pas être originale. La FJ Bible ! Voilà, mais ça veut bien dire ce que ça veut dire. Dominique Cardon, Le monde des teintures naturelles. Et c'est la nouvelle édition revue et augmentée, celle qui est la dernière qui est parue, qui est la plus grosse. Voilà, donc ça, on peut aller piocher dans la Bible quand on en a besoin. et puis la dimension plus technique aussi de Dominique Cardon et Gaëtan Duchateney, le guide des teintures naturelles et vous aviez cité tout à l'heure et donc bien sûr ce livre là qui s'appelle Nui Chibori donc plus précisément sur les techniques de Chibori c'est absolument fantastique donc ça s'appelle Nui Chibori Technique, Innovation, Motif, Design donc par Jane Callender.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, et vous m'avez montré tous les motifs à l'intérieur. Et ce livre de l'indigo, là ?

  • Coraline Magny

    Oui, oui, qui est très bien aussi. Donc qui est sorti il n'y a pas très longtemps. Je devrais avoir, je ne sais pas, 4 ans, quelque chose comme ça. Donc c'est tout autour de l'indigo. Donc c'est vraiment de la culture à l'extraction, au domaine d'utilisation et après à la réalisation de cuves d'indigo. de réserves pour l'indigo, de petits projets, de petits tours de mains et de bonnes adresses. Voilà, je m'en ai juste. Alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je donne le nom à Indigo, je pense.

  • Coraline Magny

    Ça peut être un petit glénon. C'est un petit fabrication et application par Kerstin Neumüller et Douglas Luamco.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Et alors du coup, la dernière question Coraline, c'est à qui vous aimeriez que je passe le micro pour qu'on continue cette chaîne de podcast sur la couleur naturelle ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai été étonnée que Sandrine Rozier ne soit pas encore dans cette série, mais il me semble que... Vous avez l'intention de la solliciter. Donc voilà.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc Sandrine Rosier, ok, super. Je vais essayer de... Parce que vous vouliez citer Clément Bautier, mais il est déjà passé.

  • Coraline Magny

    Et il y a aussi... Alors j'ai rencontré il n'y a pas très longtemps une coloriste qui peut vous intéresser. Sa marque s'appelle L'eau colorée. L-O-C-O-L-O-R-E. Et son nom c'est Machiko. Je l'ai rencontré il n'y a pas très longtemps parce qu'on va faire un travail avec nos étudiants sur les virages de couleurs et le travail de photographie de cyanotype avec un autre artiste qui s'appelle Hide Yuki. Et ça c'est des gens que je viens à peine de rencontrer, je trouve que leur travail est très intéressant et surtout Machiko a travaillé, ça peut vous intéresser puisqu'elle travaille à partir d'extraits de plantes, elle extrait des plantes d'ailleurs, des principes tanctoriaux de différentes plantes et comparées très localement et nous avons travaillé avec elle pour utiliser ces couleurs pour faire des virages pour la photographie. C'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:00

  • Présentation de Coraline Magny et son parcours

    00:44

  • Transition de la teinture synthétique à la teinture végétale

    01:58

  • Utilisation de la teinture végétale dans l'enseignement

    03:42

  • Techniques de shibori et leurs applications

    04:21

  • Palette de couleurs avec une seule plante

    08:16

  • Présentation de l'ESAAT et de ses cursus

    12:15

  • Création d'un nuancier de couleurs naturelles avec les étudiants

    16:01

  • Influences et inspirations dans la teinture végétale

    23:42

  • Avenir de la teinture végétale et son intégration dans l'enseignement

    27:15

  • Conclusion et remerciements

    40:54

Description

Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, le podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Coraline Magny, une enseignante passionnée de l'École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT). Ensemble, elles explorent le fascinant univers de la teinture végétale, une pratique qui allie tradition et innovation, tout en respectant notre environnement.


Coraline nous partage son parcours inspirant, de ses débuts avec des teintures synthétiques au Théâtre National de Strasbourg à sa révélation pour les teintures naturelles grâce à l'expertise de Michel Garcia. À travers son expérience, elle nous fait découvrir les multiples facettes de la teinture végétale, mettant en lumière l'importance des plantes tinctoriales comme l'indigo et la garance. Ces colorants biosourcés, issus de notre biodiversité, nous offrent une palette de couleurs naturelles qui émerveille et inspire.


Dans cet épisode, vous apprendrez comment Coraline enseigne la teinture végétale à ses étudiants, en intégrant des techniques ancestrales comme le shibori, qui permet de créer des motifs uniques par réserve. Elle aborde également le rôle crucial des mordants dans la teinture, qui transforment les pigments végétaux et influencent les nuances obtenues à partir d'une seule plante. Coraline évoque la création d'un nuancier de couleurs naturelles par ses étudiants, une démarche créative qui souligne l'importance de la chimie tinctoriale dans le processus de coloration.


L'épisode ne se limite pas à la technique ; Coraline discute des défis et des opportunités que présente la teinture végétale dans le contexte actuel, notamment face à une société de plus en plus soucieuse de l'environnement. Elle partage également des ressources et des livres recommandés pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance sur la teinture naturelle et les colorants végétaux.


« La teinture végétale est un véritable art qui nous reconnecte à la nature », déclare Coraline, soulignant ainsi l'importance de la durabilité et de la créativité dans ce domaine. Ce podcast est une invitation à explorer les couleurs de plantes et à redécouvrir la beauté des fibres naturelles à travers des pratiques respectueuses de l'environnement.


Ne manquez pas cet épisode enrichissant qui vous plongera dans l'univers des couleurs végétales et des plantes tinctoriales. Que vous soyez novice ou expert, vous trouverez des insights précieux pour nourrir votre passion pour la teinture naturelle.


Pour plus d'informations et des liens utiles, rendez-vous sur notre site.


Belle écoute,


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 



🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de planches et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valen. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies.

  • Coraline Magny

    Alors c'est parti,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bonne écoute ! Alors donc bonjour à tous, je suis ravie aujourd'hui d'accueillir ou plutôt d'être accueillie à l'ESAAT, donc l'École supérieure des arts appliqués et du textile, par Coraline Magny. Bonjour Coraline.

  • Coraline Magny

    Bonjour.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Première question qu'on pose à tous les invités, est-ce que vous pouvez vous présenter, nous raconter votre parcours et comment vous en êtes arrivée à la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors, je m'appelle donc Coraline Magny, j'ai un cursus scolaire... Dans les arts appliqués, au départ, pas de spécialité textile. Puis à la fin de ma scolarité, j'ai eu l'occasion d'effectuer plusieurs stages qui m'ont permis de découvrir à la fois l'univers de la mode, du spectacle, des textiles, des teintures et des patines textiles, en particulier au TNS, Théâtre National de Strasbourg. Elle travaillait sur une pièce de théâtre où il y avait 40 nuances de... d'uniformes bleus de la guerre de sécession à reproduire. Donc voilà, ça a été mon premier contact avec la teinture, en l'occurrence teinture synthétique à cette époque-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et alors comment vous avez basculé vers la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors plusieurs années après, étant devenue enseignante en impression textile, j'ai eu l'occasion, grâce à mes collègues, avec qui je travaillais à l'école Olivier de Serres à Paris, de rencontrer Michel Garcia. mes collègues que je vais citer, grâce à qui je dois cette merveilleuse rencontre, sont Lucia Velez et Armelle Hamot, qui étaient enseignantes respectivement en tissage à Olivier de Serres et en impression textile à l'école du Péret.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc, elles vous ont permis de rencontrer Michel Garcia, ça s'est organisé. Vous pouvez nous raconter un petit peu comment ça s'est fait, cette rencontre, et ce qui en est découlé ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, donc... Armel et Lucia ont participé à un symposium sur la couleur végétale à La Rochelle. C'était il y a une douzaine d'années à peu près. En revenant, Lucia me dit qu'on a rencontré Michel Garcia, qu'il est génial, qu'il faut absolument qu'on le fasse venir, qu'il fasse une formation à Paris. Lors de ce symposium, à priori, je pense qu'il y avait d'autres personnes, peut-être les personnes de Colorton Monde. Et donc plusieurs personnes ont eu envie de le faire venir, l'ont fait venir et donc j'ai pu participer à trois jours de formation avec ces personnes-là. Et donc Michel Garcia, sur les bases des teintures naturelles, sur laine, sur lin, voilà. Avec la pratique du mordansage, de la teinture. et puis aussi la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Aujourd'hui, comment vous utilisez la teinture végétale ? Dans quel domaine, que ce soit dans l'enseignement ou personnel ?

  • Coraline Magny

    Après ces formations-là, on a fait venir Michel Garcia à l'école Olivier de Serres pour former nous, les profs. à monter une cuve d'indigo. Et donc j'en ai monté plusieurs, donc pour cette école-là, et puis quand je suis arrivée à Roubaix il y a 6-7 ans, j'ai monté une cuve d'indigo, et donc les étudiants, par la pratique des chiboris, ont été amenés à apprendre à utiliser la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, et est-ce que vous pouvez expliquer du coup le shibori, ce que c'est pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Coraline Magny

    Alors oui, le shibori c'est une technique de teinture avec réserve. Une réserve, c'est une façon mécanique ou chimique d'empêcher la teinture de passer dans le tissu. On va bloquer la teinture, soit en créant des nœuds très serrés, soit en créant des coutures, des fronces, ou même en faisant des plis, en écrasant le tissu. Il y a énormément de façons de faire pour créer des réserves et ça va faire apparaître des motifs en négatif. Alors, c'est quelque chose que j'avais découvert il y a... assez longtemps aussi, il y a toujours pareil grâce à mes collègues d'Olivier de Sèvres. qui connaissait Marie-Hélène Guelton, qui est une des spécialistes des Chiboris, qui venait tous les ans faire une initiation aux Chiboris à nos étudiants, et avec qui nous assistions pour monter des bains de teinture. Et donc j'ai vraiment eu un coup de cœur, et les dernières années où j'étais à l'école Olivier de Serres, on avait travaillé avec elle et la cuve que nous venions de monter.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial. Et donc, le shibori, ça peut être ce qu'on voit entre des plaques de bois, avec étau.

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça s'appelle, je ne prononce peut-être pas très bien, mais c'est itajime shibori.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, mais toutes ces techniques sont du shibori. C'est l'histoire de faire des réserves mécaniques ou physiques ?

  • Coraline Magny

    Mécaniques et physiques, c'est-à-dire soit avec du fil, c'est soit par écrasement, parce que c'est mécanique, c'est par écrasement, par serrage, par fronçage. chimique et physique c'est autre chose c'est quand on fait des réserves avec une argile ou avec de la pâte de riz ou avec de la cire enfin plutôt avec de l'argile la réserve 1-2-3 qu'enseigne Michel Garcia qui

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    va avec la cuve 1-2-3 et alors du coup dans les pratiques aujourd'hui que vous avez donc il y a ce que vous m'avez montré tout à l'heure à l'atelier alors je ne sais pas du tout comment ça s'appelle vous

  • Coraline Magny

    Les nuanciers ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non,

  • Coraline Magny

    vos essais de couture. De couture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, est-ce que vous pouvez expliquer, parce que j'étais un peu surprise, du coup, comment vous faites, comment vous les réfléchissez, comment vous les préparez ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, pour enseigner le shibori, plus particulièrement à base de couture, que j'aime beaucoup pratiquer, même personnellement, j'ai dessiné des diagrammes qui reprennent, alors surtout, c'est des points de front. juste à base de fronces, mais pour montrer toute l'étendue et au-delà parce que c'est infini, j'ai fait des petites maquettes avec du fil et qui permettent de voir à quoi ressemble le chibori avant teinture et avant serrage. Ce qui permet quand je montre ça aux étudiants, de voir vraiment le chemin du fil. et de tirer dessus et de voir quand ça se plisse, à quelle allure ça prend en fait. Et de pouvoir déplier, de pouvoir étudier à quel endroit va aller la teinture, où est-ce qu'elle va. au contraire, où est-ce que ça ne va pas passer.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ce que vous avez montré, c'est impressionnant, la finesse des motifs, c'est vraiment hyper fin, en fait, ça fait des petits... comme des petites vagues, des petits cœurs, c'est incroyable, j'avais pas encore vu ce genre de motif, pour le moment, j'avais plutôt vu des motifs géométriques, assez grands, et là, vous êtes vraiment sur fin et vraiment nuancé, c'était très...

  • Coraline Magny

    Mais ça, il y a énormément de cultures qui travaillent ça, enfin... que ce soit d'abord au Japon et ensuite après en Afrique de l'Ouest, enfin dans l'Antille en fait. D'accord. Et donc des très beaux exemples dans ce livre aussi. Et dans le livre aussi, Indigo, je pourrais vous montrer. D'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc là, on en parlera des livres que vous allez nous citer, qu'on n'a pas encore eu, donc ça c'est top. Donc, votre pratique aujourd'hui de la teinture végétale, personnellement et dans l'enseignement, donc vous utilisez notamment cette pratique du shibori, vous faites aussi un autre aspect technique que vous m'avez montré, avec une plante. Est-ce que vous pouvez expliquer toute cette déclinaison et la palette de couleurs que vous arrivez à avoir avec une seule plante ?

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça fait partie aussi de... des enseignements que j'ai retenus, une partie du large enseignement que j'ai retenu de Michel Garcia, la façon dont les mordants influencent la vivacité, l'intensité, la saturation, à partir d'un bain de couleurs, d'une seule plante, tous les aspects, la palette riche qu'on obtient avec une seule plante. Ça concerne en fait les associations de mordant. J'ai beaucoup travaillé ça en travaillant sur le thème de la brique parce que la brique est un matériau de construction. Ce qui m'avait intriguée au départ, c'est que c'est de la terre et que les rouges, a priori, sont quand même liés à la quantité d'oxyde de fer qu'il y a dans la terre. de même que par exemple quand on pratique le beau gauland on utilise une terre très férugineuse qui va bien réagir donc avec des tanins et je trouvais ça intéressant de me dire les rouges de briques sont liés à cet oxyde de fer que nous utilisons en teinture qui vient éteindre et assombrir les couleurs donc j'aimais bien ce parallèle un peu et Je me suis attachée au départ à un nuancier qui serait brique et qui est beaucoup plus large que mon poids. Et donc ça m'a amené à travailler quelques plantes, quelques associations de plantes et aussi des associations de plantes et de mordants. Et donc à partir de ça j'ai imprimé des... des motifs de briques en déconstruisant le motif et en le reconstruisant par l'impression de différents mordants en créant des imbrications et ça me plaisait de faire aussi des imbrications de couleurs est-ce que vous

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pouvez expliquer quel mordant vous utilisez parce que c'est vrai que moi je l'ai vu dans l'atelier du coup je comprends bien non non c'est clair ce que vous avez dit et du coup quel type de mordant vous utilisez parce qu'il faudra qu'on mette une photo je pense que je mettrai une photo de votre travail si vous voulez oui D'accord. À joindre pour que les gens voient bien ce que vous...

  • Coraline Magny

    Oui. Alors, les mordants que j'utilise, forcément, je travaille sur l'un. J'utilise la cétate d'alumine à 10%. Pour ceux qui connaissent, c'est un épaissi avec 1,1% de gomme goire. Voilà. et donc j'utilise aussi des acétates de fer donc le plus puissant que je dois utiliser ça doit être du 1% et après non 2% et après je fais des dilutions de mordant de fer donc ça c'est les mordants de fer seul en dilution et l'acétate d'alumine seul donc ça c'est une partie de mes mordants ça en fait à peu près 5 voilà et à côté de ça je peux associer le mordant d'acétate d'alumine avec l'acétate de fer et suivant la dilution de l'acétate de fer je vais avoir de nouvelles nuances qui vont avoir une parenté aussi avec la couleur la plus éclatante qu'on

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    peut avoir en ayant l'acétate d'alumine seule et donc avec une plante et ses différents mordants vous arrivez à avoir un nuancier de je peux y en avait combien de pouvoir 10 12 oui c'est ça J'aimerais bien qu'on présente l'école.

  • Coraline Magny

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et qu'on présente ce que vous avez lancé là récemment avec vos étudiants, qui est hyper intéressant avec votre nuancier. J'aimerais bien que vous racontiez un petit peu tout ça. Donc, est-ce que vous pouvez présenter l'école ? Donc, les matières qui sont étudiées, comment ça se passe, qui peut venir dans cette école, les enseignants, les particularités, les débouchés.

  • Coraline Magny

    Allez-y. D'accord. Les SAT, c'est l'école supérieure des arts appliqués et du textile. C'est une école d'art appliqué. Il y a plusieurs cursus proposés, que ce soit en graphisme, en design d'objets, en design d'espace. Et donc aussi en textile, donc en création textile. La création textile, elle est historiquement assez présente dans notre région. Et donc, elle perdure beaucoup, surtout au niveau de la conception, du graphisme, de l'infographie textile. Et donc, nous formons des designers textiles. Les étudiants qui intègrent notre école sortent du bac. Donc, ils ont soit un bac à rappliquer, soit un bac général. Et après, ils ont un cursus de trois ans où ils préparent. Donc là c'est un nouveau diplôme qui s'appelle le DNMAD, donc Diplôme National des Métiers d'Art et du Design. Et donc en trois ans, pour le cursus textile, les étudiants apprennent à… bah déjà découvrent le domaine d'un point de vue culturel, point de vue de l'histoire, des techniques, de la création aussi passée, contemporaine, et donc apprennent le dessin, la couleur. Ils apprennent ensuite ce que c'est qu'une collection, ce que sont des inspirations. Et ensuite, pour leur troisième année, qui est l'année de leur diplôme, ils créent une collection. Une collection textile, qu'elle soit dédiée à l'environnement, à la maison, aux vêtements. Ils font comme si elles créaient, elles parce qu'il y a beaucoup de jeunes filles, une collection textile. Donc avec des recherches d'inspiration, des graphismes, des couleurs, des recherches de textures, de matières, et puis de débouchés aussi pour des applications, que ce soit maison, mode. D'accord. Et donc on enseigne, alors il y a une partie de l'enseignement qui est pratique, et donc qui a lieu dans des ateliers dédiés, donc un atelier dédié au tissage. Un à la maille et un à l'impression textée.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Que vous m'avez fait visiter et j'étais impressionnée par… Je mettrais une photo si j'ai l'autorisation, mais qui était impressionnante, mais même la taille, les couleurs qu'il y a et tous les travaux différents que vous m'avez montré de vos étudiants. Ok, et les débouchés, c'est designer textile essentiellement ?

  • Coraline Magny

    Oui, designer textile. Après, les étudiants peuvent poursuivre leurs études. Sinon, en trois ans, c'est la base pour être designer textile. Ça peut être en indépendant, on crée des dessins, des collections de motifs, et puis on va vendre. en freelance à des entreprises ou alors être intégrée dans une entreprise comme celles qui sont connues par chez nous à savoir la Redoute et Decathlon la Redoute que l'on voit à des fenêtres de notre école ils n'ont pas loin à faire les étudiants on a des anciennes qui vont dans l'autre sens aussi pour venir participer au jury ah d'accord c'est marrant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Vous m'avez parlé tout à l'heure quand on visitait l'atelier d'une nouvelle chose que vous avez mis en place pour initier les étudiants, notamment la couleur naturelle. Est-ce que vous pouvez expliquer ce que vous faites récemment avec les étudiants ?

  • Coraline Magny

    Oui, donc là j'ai en charge depuis cette année des étudiants de DLMAD, première, deuxième et troisième année. Donc comme je n'ai pas eu les étudiants l'an passé, j'ai fait un petit peu une initiation à plusieurs niveaux, enfin c'est aux trois niveaux. en leur faisant créer un nuancier de 30 couleurs naturelles en groupe. Les faire travailler en groupe et découvrir ce que c'est que la teinture naturelle. Je dis naturelle parce qu'on n'utilise pas que végétal. on regarde aussi ce qui se passe avec la coiffure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qui est hyper intéressante en termes de résultats. Et du coup, vous avez fait des couleurs principales, on va dire, et vous avez fait après des nuançages avec le fer et avec deux paramètres que vous viez bouger, enfin que vous viez...

  • Coraline Magny

    Oui, oui. Alors déjà, cette méthode, ce nuancier, c'est Clément Bautier, je crois, qui a mis ça au point. J'ai trouvé ça assez efficace quand j'ai fait la formation avec lui. Et donc ça consiste à prendre trois plantes pour aller vite, une qui donne du jaune, une qui donne du rose et une autre qui donne du rouge, le rouge du cachou, et à partir de ces trois plantes là, c'est déjà de créer trois intensités différentes, donc ça veut dire trois bains avec trois concentrations différentes. 10%, 5% et 1%. Voilà, ce qui permet de voir que le dosage de la couleur joue sur l'intensité, en fait, tout bêtement. Et aussi de créer trois nuances avec l'indigo et ce qui permet aussi de voir que ces deux procédés, forcément pour les débutants, on voit que c'est deux procédés complètement différents de teinture, donc aussi bien du point de vue physique et chimique. que du point de vue des gestes et de la pratique de chacun des deux procédés de teinture. Donc ça, pour les étudiants, déjà, c'est une première chose, de voir que la cuve d'indigo met le moins d'oxygène possible dans la teinture, alors qu'avec les autres colorants, au contraire, il faut mélanger, mélanger, déployer le tissu, donc agiter, beaucoup bouger le textile et forcément agiter les bains. et respecter la courbe de température. Donc ça, c'est assez déjà intriguant et formateur pour les étudiants. Ils se disent, mais qu'est-ce, mais pourquoi ? Pourquoi on me dit que le bleu, je ne peux pas le faire avec les autres et que je ne peux pas le mélanger ? Et donc après, une fois qu'on a pratiqué, après, je leur explique. Donc, je fais de la physique chimie pour les nuls. pour expliquer les phénomènes. Pour moi, c'est très important. Après avoir fait les couleurs pures, plus ou moins concentrées, plus ou moins dosées, 10%, 5%, 1%, donc c'est indicatif, teint à l'indigo, et après, on surteint les échantillons qui ont été faits avec les teintes pures pour, avec le Reseda, obtenir des verts. Et donc, comme on a des concentrations différentes de jaune et des temps de trempage différents, d'indigo, on peut obtenir des verres très très foncés jusqu'à des petits verres pommes. Voilà, idem pour la cochenille, idem pour le cachot. Et après, on peut aussi voir le nuançage. Nuançage donc au fer, qui permet d'enrichir encore plus la palette qu'on obtient à partir d'une plante. Donc si je résume, si on part par exemple du Reseda. On va avoir trois nuances de couleurs pures, trois jaunes. Ensuite, on va avoir trois verts différents puisqu'on va surteindre avec l'indigo. Et on va aussi pouvoir avoir, suivant les dilutions d'acétate de fer en post-mordansage, avoir des teintes qui peuvent aller vers olive, et puis après petit à petit descendre jusqu'à des caquis, des gris. Voilà. Et donc, pour une plante, ça permet déjà de faire une première approche, un tour d'horizon assez complet pour des débutants. Et alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    quels sont les retours des étudiants par rapport à la couleur végétale, justement ?

  • Coraline Magny

    Waouh, c'est vif !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah ben voilà !

  • Coraline Magny

    Parce que l'image associée à ça est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est à déconstruire, le fait de penser que les couleurs sont pastelles ou délavées. C'est ça. Oui, c'est fou.

  • Coraline Magny

    Ou que ça fait des taches, ou que ça ressemble à des taches. Disons que… Moi, je leur demande au début, oui, comme on dit naturellement, qu'est-ce que vous voyez comme couleurs, qu'est-ce que vous voyez comme… Et oui, souvent, c'est associé au tie-and-die. Donc, c'est des couleurs qui sont fondues, qui sont douces. qui sont claires.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors que quand on est passé dans votre atelier, le nuancier, il y a des couleurs, notamment un kaki, là, que je trouve magnifique, mais oui, il y a des dégradés de couleurs et des intensités. Et donc, c'est la première expérience de la couleur végétale qu'ils ont, là, cette année, avec ce que vous mettez en place ?

  • Coraline Magny

    Ah oui, après, il y en a quelques-uns qui ont pu en faire, s'ils sont en troisième année, et qu'ils ont fait leur stage avec un créateur qui utilise la teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais sinon, il n'y a pas dans le cursus la présence de la couleur végétale dans la formation ?

  • Coraline Magny

    Ben, si, maintenant, si.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Maintenant, si, mais avant, il n'y avait pas.

  • Coraline Magny

    Il a fallu l'amener.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais je veux dire, c'est nouveau.

  • Coraline Magny

    C'était peut-être abordé un petit peu dans le labo, puisqu'ils font un peu de physique chimique. C'est même sûr, on a dû leur montrer. Mais l'intégrer, le pratiquer... Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord. Ok. Est-ce que vous avez des travaux d'étudiants qui se sont pris pour la teinture naturelle et se lancent dans des sujets ? Est-ce que vous avez des étudiants à citer ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai commencé ça avec elle cette année. Il y a quand même une étudiante de troisième année qui est très assidue, Adèle, si tu écoutes. qui a décidé de créer sa collection de textiles pour son diplôme, avec des teintures végétales et imprimées au cadre. D'accord. Voilà, donc là pour l'instant, elle... Elle travaille des recherches de couleurs, en travaillant sur les dosages de mordant, dont j'ai parlé précédemment, différentes intensités, et puis elle teste aussi, là pour l'instant c'est vraiment le début, donc elle teste différentes fibres, différents liages, donc de la maille, du chêne étrame, principalement sur lin et chanvre je crois, et puis là elle fait un travail sur... On a un petit problème là pour l'instant parce qu'on se demande comment on va utiliser un fil qui a l'air d'être un mélange de lin et de laine. Voilà, ça va être très intéressant. Et elle fait aussi du tissage, donc c'est pour ça qu'elle va tendre à la fois du fil et à la fois des tissus et imprimer des tissus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ça fait du boulot. C'est un beau programme. Ok, super. Donc dans la partie transmission, c'est surtout cette partie enseignement, est-ce que vous avez... Est-ce que vous pouvez nous citer des personnes qui sont pour vous inspirantes dans le domaine de la teinture végétale ? Vous en avez déjà un peu parlé, mais est-ce que vous pouvez nous citer s'il y a une, deux ou trois personnes qui sont pour vous ?

  • Coraline Magny

    Ça s'est fait en plusieurs temps, mais c'est vrai que maintenant c'est devenu des références. Donc bien sûr, Michel Garcia. avec qui j'ai le plaisir de faire au moins trois formations. Et j'ai aussi bien retenu vraiment le contenu, le fait que ce soit tellement précieux, cet enseignement qui a été perdu et qu'il cherche à renouveler. Voilà, déjà ça, ce geste-là m'avait déjà beaucoup impressionnée. Et puis le contenu et la manière de transmettre aussi, c'est un peu tout ça. C'est-à-dire, c'est à la fois le puits de science et ce rôle de passeur. Ça m'inspire beaucoup, donc principalement. Et puis, bien sûr, Clément Bautier, qui est donc devenu un ami, avec qui j'ai fait une formation, auprès de qui je me suis formée aussi. Et surtout en échangeant sa vision des choses, justement. L'enfoiré des couleurs végétales… le rapport entre la fibre et colorant, je vois de la fibre, cette philosophie aussi que je partage vraiment avec.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quelle est votre matière de prédilection en termes de teint ? Le lin. Le lin. J'avais écrit un peu. Un peu comprendre. Et alors du coup, pourquoi ? Est-ce que c'est parce que ça prend bien la couleur ? Est-ce que c'est parce que c'est une matière où on est les premiers producteurs mondiaux ? C'est pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Alors c'est... C'est local, vraiment local, quand on habite dans le nord et que par exemple on va sur la côte du côté de Dunkerque et qu'on traverse les Flandres, donc il y a des champs de lin tout bleu et puis après on voit le lin qui est en train de rouillir dans les champs. Donc voilà, c'est local, c'est solide et puis ça… Dans le temps, ça a une très belle patine. Et puis ça prend bien sûr les couleurs, mais les couleurs liées à cette fibre sont superbes. Et puis voilà, c'est très très durable.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et si vous étiez une plante colorante ? C'est la question qui fait buguer un peu tout le monde, mais laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Moi, j'utilise des extraits, en fait. Mais c'est vrai que j'aime bien toujours avoir sous les yeux la provenance, avoir un pot de pastel ou un pot de... J'arrive plus qu'à crier de la garance, en fait. J'aime beaucoup la garance.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc plutôt la garance ?

  • Coraline Magny

    Bah après effectivement je l'ai un peu utilisée, mon travail pour les briques forcément. Mais c'est vrai que ce que j'aime bien, et pourtant on se casse beaucoup les dents à arriver à teindre correctement avec la garance, j'aime bien qu'elle soit justement difficile, qu'elle soit un peu rare quoi. Ouais peut-être. Enfin oui capricieuse et je pense que j'ai encore besoin d'encore beaucoup de conseils pour un... pour y arriver. Mais j'aime beaucoup la garance. C'est long à obtenir. C'est une racine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et avec votre recul dans l'enseignement et votre pratique de la teinture végétale, qu'est-ce qui, pour vous, peut faire aujourd'hui que ça redémarre et que ça ne redevienne pas en remplacement de la teinture synthétique, mais qu'est-ce qui peut faire que la teinture végétale reprenne davantage de place aujourd'hui ?

  • Coraline Magny

    Les jeunes designers, entre autres. Ce n'est pas que des décideurs forcément, mais c'est des influenceurs. Donc oui, la jeune génération, parce que c'est à la fois effectivement forcément un procédé de teinture plus vertueux que ce qu'on a connu avant, enfin ce qu'on connaît encore aujourd'hui, mais qui coexiste et qui doit coexister en synthétique. Mais c'est aussi une manière de... C'est une éducation à la sensibilité à certaines associations de couleurs, puisque les teintures naturelles ne se travaillent pas, ne s'assortissent pas de la même manière que lorsqu'on travaille pour des couleurs synthétiques. On travaille à partir de ce que l'on obtient, ce que le bain de teinture nous permet d'obtenir, ce qui nous révèle est cette forme d'alchimie entre telle fibre qu'on a trouvée à tel endroit avec telle teinture. J'imagine que la plante a été récoltée à telle date, sous telle latitude. Tout ça, c'est autre chose. C'est l'inverse de la standardisation, comme on peut connaître. avec la teinture, les couleurs synthétiques en général.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et justement j'allais vous dire il y a beaucoup de jeunes qui écoutent le podcast je suis surprise mais vous m'avez dit que vos étudiants ils étaient enfin ils écoutaient donc c'est peut-être eux qui sont dans les dans la part d'étudiants mais j'ai beaucoup de jeunes qui écoutent après entre l'école la petite école il ne se passe rien au collège il ne se passe rien au lycée et il ne se passe que quelques cours quand on est dans une filière bien spécifique mais je J'aimerais tellement qu'il y ait des cours, même en école d'ingé, sur la chimie tinctoriale, l'application de la teinture végétale. Parce qu'en fait, pour moi, la teinture végétale, c'est l'union des connaissances botaniques, la chimie et le textile, les fibres naturelles, l'agriculture. En fait, c'est un grand cercle. Et en fait, au début, le podcast, c'était que couleurs naturelles, teintures. Et en fait, plus ça avance, plus les invités... en fait on ouvre 12 000 portes et en fait on se rend compte que c'est une grande famille, une grande chaîne de valeurs, et donc l'idée c'est d'avoir tout le monde, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que les étudiants, ou pour que les parcours... Il y a plus de teintures végétales dans les cursus.

  • Coraline Magny

    Il y a de plus en plus d'ateliers découverts d'initiation à des pratiques respectueuses de l'environnement. Il y a des formations pour les petits, même en intervient, il me semble qu'il y a des interventions sur l'alimentation, le potager, donc ça veut dire le fait de cultiver. Et pour moi, tout ça, ça va ensemble. Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ce serait étendre, quand on parle des tomates, des laitues, des aromatiques, parler aussi des tinctoriales.

  • Coraline Magny

    C'est une ressource en fait. Oui, quelles sont les ressources ? Effectivement, c'est un savoir qui a été enterré depuis l'invention des colorants de synthèse. Et donc c'est tout un savoir qui existe depuis plusieurs milliers d'années, qu'on a plus. Et c'est étonnant parce qu'on a l'impression que... Les étudiants ont l'impression d'inventer quelque chose, d'être... Il y a cette surprise, c'est toujours très agréable de voir leur étonnement et le fait qu'ils soient émerveillés. Et en même temps, quand on réfléchit, on se dit mais ils sont émerveillés, mais... Oui, c'est pas tout de suite,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je crois.

  • Coraline Magny

    Mais ça n'a pas pu être transmis, de toute façon. Mais c'est le même rapport que ce qu'on appelait autrefois les ouvrages de dames aussi. les grands-mères qui tricotent, c'est de plus en plus rare aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Justement, moi,

  • Coraline Magny

    je suis étonnée de voir les votes à la chaîne, à l'entrée de groupe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    les tutos, Instagram, les vidéos YouTube, le confinement a quand même aidé les gens à se remettre au sens du vrai, du manuel, d'avoir le temps, etc. Et en fait, il faudrait surfer sur cette vague pour remettre...

  • Coraline Magny

    Oui, alors après, c'est vrai que c'est bien le fait que ça se diffuse et que ça soit de plus en plus connu. Après, moi, je suis assez, de nature, à ce niveau-là, assez méfiante, parce que plus c'est diffusé, moins bien c'est diffusé aussi. Et il y a cette grande mode, effectivement, du dye, et où, effectivement, je pense que tout le monde a entendu tout et n'importe quoi, alors en particulier sur les modes de teinture végétale. C'est répandu partout. Et ça aussi, si je reviens à l'enseignement, c'est plus ce à quoi il faut s'attaquer, parce que quand on est en cours, de plus en plus de personnes à qui on demande avez-vous déjà pratiqué la teinture végétale ? Oui, j'ai fait un tuto. Et j'ai fait un tuto. Alors, soit au début que c'est sorti, je commençais à dire, je leur disais, envoyez-moi le lien, je regarde si c'est sérieux. Et puis voilà, mais maintenant c'est devenu, ils attaquent sans méthode, sans forcément non plus la compréhension du phénomène. Ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    en fait c'est, il y en a de plus en plus qui partagent leurs expériences, mais pas forcément des expériences solides, des formations solides, costaudes, expérimentées, et du coup ça peut aussi desservir la discipline parce que… parce que ça peut apporter soit des résultats qui ne tiennent pas et donc remettre cette mauvaise image et cette étiquette sur la teinture végétale et donc dans un sens c'est top que ça se démultiplie mais en même temps attention à la qualité de ce qui se démultiplie c'est ça ?

  • Coraline Magny

    et surtout c'est que le but d'un tuto c'est pas d'expliquer forcément et surtout là en teinture où c'est pas visible il se passe plein de choses euh... Comment dire ? Au niveau chimique, au niveau physique, je veux dire, la température de bain ou la courbe d'une température ou mesurer un pH ou tout ça. C'est... il faut le faire en fait il faut le faire et le faire ensemble chercher ensemble avec les étudiants qui font vraiment pour transmettre des gestes et des explications et comprendre vraiment ce qui est à l'oeuvre et ça un tuto c'est plutôt une recette ouais un

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    tuto c'est vraiment aller en deux heures t'as fait ton sac qui est teinté mais on t'explique pas le comment le comment du pourquoi et l'histoire on peut dire créatif et autonome c'est ça exactement on donne effectivement une recette pour avoir le produit bah

  • Coraline Magny

    qu'on vous a promis au début.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je cherchais justement, moi, j'ai bien vu pendant ma formation de Michel Garcia que la chimie tinctoriale, c'était la base pour comprendre et maîtriser ce qu'on veut faire, maîtriser son projet de teinture. Et en fait, je me suis dit, il va falloir que je me remuscle là-dessus parce que clairement, j'avais des bases de chimie, mais il faut remettre ça à jour. Je suis allée chercher sur Internet, voir s'il y avait sur YouTube ou sur... de la chimie tectorielle. Il n'y a absolument rien.

  • Coraline Magny

    Non, non, non. Quand on est en galère, souvent, c'est ce qu'on fait et il n'y a rien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et il n'y a rien. Et donc, on retourne à ça. Voilà. Et donc, on retourne au livre et moi, je retourne en formation là pour faire spécifiquement la chimie tectorielle parce que je pense que c'est la clé. Et en fait, comme vous l'avez si bien dit, si on veut transmettre les bons messages, il faut comprendre ce qu'on fait et pourquoi on rajoute telle ou telle chose et pourquoi en mettant du fer, ça fait ça et pourquoi tel pH... Enfin voilà, comprendre ce qu'on fait. Et en fait, c'est là où je pense qu'il serait intéressant qu'il y ait des gens qui s'y mettent sur vulgariser la chimie tectoriale sur les réseaux ou sur... une vidéo YouTube ou que Michel nous fasse des tutos, ce serait génial.

  • Coraline Magny

    Vous l'avez déjà fait des DVD ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est vrai, il faudrait faire un truc sur la chimie tinctoriale pour les nuls, mais quelque chose qui permette de comprendre ce qu'on fait.

  • Coraline Magny

    Mais en même temps, je veux dire, des bons tutoriels, ça peut dépanner, je dirais. Mais on ne peut pas apprendre... Là, c'est lié à la transmission d'un travail manuel. On ne peut pas apprendre... Quelque chose qui est lié à tous les sens en fait, et la transmission à la fois gestuelle, verbale et l'explication, enfin toute l'intelligence d'un savoir-faire se fait humainement, ensemble.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, puis en pratiquant.

  • Coraline Magny

    En pratiquant ensemble et pas d'avoir un… enfin forcément, on peut approfondir avec un écran où c'est vrai que c'est très… enfin alors dit sur le net, ça dépanne quand on cherche quelque chose de super précis. Ça dépanne, c'est vraiment des bonnes béquilles, mais l'apprentissage du métier, de la démarche de recherche, et en l'occurrence là, en teinture, c'est très important de la découvrir à plusieurs, et de pouvoir voir quelles sont les différentes... choses auxquelles il faut faire attention, ce sur quoi on peut agir, pourquoi. C'est des questionnements qui viennent, et ensemble aussi. J'insiste parce que chercher ensemble, c'est très enrichissant. Ah oui, oui, oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Est-ce que vous pourriez nous citer trois livres qui ont été importants pour vous dans votre pratique de la teinture naturelle que vous recommanderiez aux gens qui sont autour du micro ?

  • Coraline Magny

    Alors, je ne vais pas être originale. La FJ Bible ! Voilà, mais ça veut bien dire ce que ça veut dire. Dominique Cardon, Le monde des teintures naturelles. Et c'est la nouvelle édition revue et augmentée, celle qui est la dernière qui est parue, qui est la plus grosse. Voilà, donc ça, on peut aller piocher dans la Bible quand on en a besoin. et puis la dimension plus technique aussi de Dominique Cardon et Gaëtan Duchateney, le guide des teintures naturelles et vous aviez cité tout à l'heure et donc bien sûr ce livre là qui s'appelle Nui Chibori donc plus précisément sur les techniques de Chibori c'est absolument fantastique donc ça s'appelle Nui Chibori Technique, Innovation, Motif, Design donc par Jane Callender.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, et vous m'avez montré tous les motifs à l'intérieur. Et ce livre de l'indigo, là ?

  • Coraline Magny

    Oui, oui, qui est très bien aussi. Donc qui est sorti il n'y a pas très longtemps. Je devrais avoir, je ne sais pas, 4 ans, quelque chose comme ça. Donc c'est tout autour de l'indigo. Donc c'est vraiment de la culture à l'extraction, au domaine d'utilisation et après à la réalisation de cuves d'indigo. de réserves pour l'indigo, de petits projets, de petits tours de mains et de bonnes adresses. Voilà, je m'en ai juste. Alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je donne le nom à Indigo, je pense.

  • Coraline Magny

    Ça peut être un petit glénon. C'est un petit fabrication et application par Kerstin Neumüller et Douglas Luamco.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Et alors du coup, la dernière question Coraline, c'est à qui vous aimeriez que je passe le micro pour qu'on continue cette chaîne de podcast sur la couleur naturelle ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai été étonnée que Sandrine Rozier ne soit pas encore dans cette série, mais il me semble que... Vous avez l'intention de la solliciter. Donc voilà.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc Sandrine Rosier, ok, super. Je vais essayer de... Parce que vous vouliez citer Clément Bautier, mais il est déjà passé.

  • Coraline Magny

    Et il y a aussi... Alors j'ai rencontré il n'y a pas très longtemps une coloriste qui peut vous intéresser. Sa marque s'appelle L'eau colorée. L-O-C-O-L-O-R-E. Et son nom c'est Machiko. Je l'ai rencontré il n'y a pas très longtemps parce qu'on va faire un travail avec nos étudiants sur les virages de couleurs et le travail de photographie de cyanotype avec un autre artiste qui s'appelle Hide Yuki. Et ça c'est des gens que je viens à peine de rencontrer, je trouve que leur travail est très intéressant et surtout Machiko a travaillé, ça peut vous intéresser puisqu'elle travaille à partir d'extraits de plantes, elle extrait des plantes d'ailleurs, des principes tanctoriaux de différentes plantes et comparées très localement et nous avons travaillé avec elle pour utiliser ces couleurs pour faire des virages pour la photographie. C'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:00

  • Présentation de Coraline Magny et son parcours

    00:44

  • Transition de la teinture synthétique à la teinture végétale

    01:58

  • Utilisation de la teinture végétale dans l'enseignement

    03:42

  • Techniques de shibori et leurs applications

    04:21

  • Palette de couleurs avec une seule plante

    08:16

  • Présentation de l'ESAAT et de ses cursus

    12:15

  • Création d'un nuancier de couleurs naturelles avec les étudiants

    16:01

  • Influences et inspirations dans la teinture végétale

    23:42

  • Avenir de la teinture végétale et son intégration dans l'enseignement

    27:15

  • Conclusion et remerciements

    40:54

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, le podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Coraline Magny, une enseignante passionnée de l'École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT). Ensemble, elles explorent le fascinant univers de la teinture végétale, une pratique qui allie tradition et innovation, tout en respectant notre environnement.


Coraline nous partage son parcours inspirant, de ses débuts avec des teintures synthétiques au Théâtre National de Strasbourg à sa révélation pour les teintures naturelles grâce à l'expertise de Michel Garcia. À travers son expérience, elle nous fait découvrir les multiples facettes de la teinture végétale, mettant en lumière l'importance des plantes tinctoriales comme l'indigo et la garance. Ces colorants biosourcés, issus de notre biodiversité, nous offrent une palette de couleurs naturelles qui émerveille et inspire.


Dans cet épisode, vous apprendrez comment Coraline enseigne la teinture végétale à ses étudiants, en intégrant des techniques ancestrales comme le shibori, qui permet de créer des motifs uniques par réserve. Elle aborde également le rôle crucial des mordants dans la teinture, qui transforment les pigments végétaux et influencent les nuances obtenues à partir d'une seule plante. Coraline évoque la création d'un nuancier de couleurs naturelles par ses étudiants, une démarche créative qui souligne l'importance de la chimie tinctoriale dans le processus de coloration.


L'épisode ne se limite pas à la technique ; Coraline discute des défis et des opportunités que présente la teinture végétale dans le contexte actuel, notamment face à une société de plus en plus soucieuse de l'environnement. Elle partage également des ressources et des livres recommandés pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance sur la teinture naturelle et les colorants végétaux.


« La teinture végétale est un véritable art qui nous reconnecte à la nature », déclare Coraline, soulignant ainsi l'importance de la durabilité et de la créativité dans ce domaine. Ce podcast est une invitation à explorer les couleurs de plantes et à redécouvrir la beauté des fibres naturelles à travers des pratiques respectueuses de l'environnement.


Ne manquez pas cet épisode enrichissant qui vous plongera dans l'univers des couleurs végétales et des plantes tinctoriales. Que vous soyez novice ou expert, vous trouverez des insights précieux pour nourrir votre passion pour la teinture naturelle.


Pour plus d'informations et des liens utiles, rendez-vous sur notre site.


Belle écoute,


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 



🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de planches et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valen. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies.

  • Coraline Magny

    Alors c'est parti,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bonne écoute ! Alors donc bonjour à tous, je suis ravie aujourd'hui d'accueillir ou plutôt d'être accueillie à l'ESAAT, donc l'École supérieure des arts appliqués et du textile, par Coraline Magny. Bonjour Coraline.

  • Coraline Magny

    Bonjour.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Première question qu'on pose à tous les invités, est-ce que vous pouvez vous présenter, nous raconter votre parcours et comment vous en êtes arrivée à la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors, je m'appelle donc Coraline Magny, j'ai un cursus scolaire... Dans les arts appliqués, au départ, pas de spécialité textile. Puis à la fin de ma scolarité, j'ai eu l'occasion d'effectuer plusieurs stages qui m'ont permis de découvrir à la fois l'univers de la mode, du spectacle, des textiles, des teintures et des patines textiles, en particulier au TNS, Théâtre National de Strasbourg. Elle travaillait sur une pièce de théâtre où il y avait 40 nuances de... d'uniformes bleus de la guerre de sécession à reproduire. Donc voilà, ça a été mon premier contact avec la teinture, en l'occurrence teinture synthétique à cette époque-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et alors comment vous avez basculé vers la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors plusieurs années après, étant devenue enseignante en impression textile, j'ai eu l'occasion, grâce à mes collègues, avec qui je travaillais à l'école Olivier de Serres à Paris, de rencontrer Michel Garcia. mes collègues que je vais citer, grâce à qui je dois cette merveilleuse rencontre, sont Lucia Velez et Armelle Hamot, qui étaient enseignantes respectivement en tissage à Olivier de Serres et en impression textile à l'école du Péret.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc, elles vous ont permis de rencontrer Michel Garcia, ça s'est organisé. Vous pouvez nous raconter un petit peu comment ça s'est fait, cette rencontre, et ce qui en est découlé ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, donc... Armel et Lucia ont participé à un symposium sur la couleur végétale à La Rochelle. C'était il y a une douzaine d'années à peu près. En revenant, Lucia me dit qu'on a rencontré Michel Garcia, qu'il est génial, qu'il faut absolument qu'on le fasse venir, qu'il fasse une formation à Paris. Lors de ce symposium, à priori, je pense qu'il y avait d'autres personnes, peut-être les personnes de Colorton Monde. Et donc plusieurs personnes ont eu envie de le faire venir, l'ont fait venir et donc j'ai pu participer à trois jours de formation avec ces personnes-là. Et donc Michel Garcia, sur les bases des teintures naturelles, sur laine, sur lin, voilà. Avec la pratique du mordansage, de la teinture. et puis aussi la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Aujourd'hui, comment vous utilisez la teinture végétale ? Dans quel domaine, que ce soit dans l'enseignement ou personnel ?

  • Coraline Magny

    Après ces formations-là, on a fait venir Michel Garcia à l'école Olivier de Serres pour former nous, les profs. à monter une cuve d'indigo. Et donc j'en ai monté plusieurs, donc pour cette école-là, et puis quand je suis arrivée à Roubaix il y a 6-7 ans, j'ai monté une cuve d'indigo, et donc les étudiants, par la pratique des chiboris, ont été amenés à apprendre à utiliser la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, et est-ce que vous pouvez expliquer du coup le shibori, ce que c'est pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Coraline Magny

    Alors oui, le shibori c'est une technique de teinture avec réserve. Une réserve, c'est une façon mécanique ou chimique d'empêcher la teinture de passer dans le tissu. On va bloquer la teinture, soit en créant des nœuds très serrés, soit en créant des coutures, des fronces, ou même en faisant des plis, en écrasant le tissu. Il y a énormément de façons de faire pour créer des réserves et ça va faire apparaître des motifs en négatif. Alors, c'est quelque chose que j'avais découvert il y a... assez longtemps aussi, il y a toujours pareil grâce à mes collègues d'Olivier de Sèvres. qui connaissait Marie-Hélène Guelton, qui est une des spécialistes des Chiboris, qui venait tous les ans faire une initiation aux Chiboris à nos étudiants, et avec qui nous assistions pour monter des bains de teinture. Et donc j'ai vraiment eu un coup de cœur, et les dernières années où j'étais à l'école Olivier de Serres, on avait travaillé avec elle et la cuve que nous venions de monter.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial. Et donc, le shibori, ça peut être ce qu'on voit entre des plaques de bois, avec étau.

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça s'appelle, je ne prononce peut-être pas très bien, mais c'est itajime shibori.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, mais toutes ces techniques sont du shibori. C'est l'histoire de faire des réserves mécaniques ou physiques ?

  • Coraline Magny

    Mécaniques et physiques, c'est-à-dire soit avec du fil, c'est soit par écrasement, parce que c'est mécanique, c'est par écrasement, par serrage, par fronçage. chimique et physique c'est autre chose c'est quand on fait des réserves avec une argile ou avec de la pâte de riz ou avec de la cire enfin plutôt avec de l'argile la réserve 1-2-3 qu'enseigne Michel Garcia qui

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    va avec la cuve 1-2-3 et alors du coup dans les pratiques aujourd'hui que vous avez donc il y a ce que vous m'avez montré tout à l'heure à l'atelier alors je ne sais pas du tout comment ça s'appelle vous

  • Coraline Magny

    Les nuanciers ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non,

  • Coraline Magny

    vos essais de couture. De couture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, est-ce que vous pouvez expliquer, parce que j'étais un peu surprise, du coup, comment vous faites, comment vous les réfléchissez, comment vous les préparez ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, pour enseigner le shibori, plus particulièrement à base de couture, que j'aime beaucoup pratiquer, même personnellement, j'ai dessiné des diagrammes qui reprennent, alors surtout, c'est des points de front. juste à base de fronces, mais pour montrer toute l'étendue et au-delà parce que c'est infini, j'ai fait des petites maquettes avec du fil et qui permettent de voir à quoi ressemble le chibori avant teinture et avant serrage. Ce qui permet quand je montre ça aux étudiants, de voir vraiment le chemin du fil. et de tirer dessus et de voir quand ça se plisse, à quelle allure ça prend en fait. Et de pouvoir déplier, de pouvoir étudier à quel endroit va aller la teinture, où est-ce qu'elle va. au contraire, où est-ce que ça ne va pas passer.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ce que vous avez montré, c'est impressionnant, la finesse des motifs, c'est vraiment hyper fin, en fait, ça fait des petits... comme des petites vagues, des petits cœurs, c'est incroyable, j'avais pas encore vu ce genre de motif, pour le moment, j'avais plutôt vu des motifs géométriques, assez grands, et là, vous êtes vraiment sur fin et vraiment nuancé, c'était très...

  • Coraline Magny

    Mais ça, il y a énormément de cultures qui travaillent ça, enfin... que ce soit d'abord au Japon et ensuite après en Afrique de l'Ouest, enfin dans l'Antille en fait. D'accord. Et donc des très beaux exemples dans ce livre aussi. Et dans le livre aussi, Indigo, je pourrais vous montrer. D'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc là, on en parlera des livres que vous allez nous citer, qu'on n'a pas encore eu, donc ça c'est top. Donc, votre pratique aujourd'hui de la teinture végétale, personnellement et dans l'enseignement, donc vous utilisez notamment cette pratique du shibori, vous faites aussi un autre aspect technique que vous m'avez montré, avec une plante. Est-ce que vous pouvez expliquer toute cette déclinaison et la palette de couleurs que vous arrivez à avoir avec une seule plante ?

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça fait partie aussi de... des enseignements que j'ai retenus, une partie du large enseignement que j'ai retenu de Michel Garcia, la façon dont les mordants influencent la vivacité, l'intensité, la saturation, à partir d'un bain de couleurs, d'une seule plante, tous les aspects, la palette riche qu'on obtient avec une seule plante. Ça concerne en fait les associations de mordant. J'ai beaucoup travaillé ça en travaillant sur le thème de la brique parce que la brique est un matériau de construction. Ce qui m'avait intriguée au départ, c'est que c'est de la terre et que les rouges, a priori, sont quand même liés à la quantité d'oxyde de fer qu'il y a dans la terre. de même que par exemple quand on pratique le beau gauland on utilise une terre très férugineuse qui va bien réagir donc avec des tanins et je trouvais ça intéressant de me dire les rouges de briques sont liés à cet oxyde de fer que nous utilisons en teinture qui vient éteindre et assombrir les couleurs donc j'aimais bien ce parallèle un peu et Je me suis attachée au départ à un nuancier qui serait brique et qui est beaucoup plus large que mon poids. Et donc ça m'a amené à travailler quelques plantes, quelques associations de plantes et aussi des associations de plantes et de mordants. Et donc à partir de ça j'ai imprimé des... des motifs de briques en déconstruisant le motif et en le reconstruisant par l'impression de différents mordants en créant des imbrications et ça me plaisait de faire aussi des imbrications de couleurs est-ce que vous

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pouvez expliquer quel mordant vous utilisez parce que c'est vrai que moi je l'ai vu dans l'atelier du coup je comprends bien non non c'est clair ce que vous avez dit et du coup quel type de mordant vous utilisez parce qu'il faudra qu'on mette une photo je pense que je mettrai une photo de votre travail si vous voulez oui D'accord. À joindre pour que les gens voient bien ce que vous...

  • Coraline Magny

    Oui. Alors, les mordants que j'utilise, forcément, je travaille sur l'un. J'utilise la cétate d'alumine à 10%. Pour ceux qui connaissent, c'est un épaissi avec 1,1% de gomme goire. Voilà. et donc j'utilise aussi des acétates de fer donc le plus puissant que je dois utiliser ça doit être du 1% et après non 2% et après je fais des dilutions de mordant de fer donc ça c'est les mordants de fer seul en dilution et l'acétate d'alumine seul donc ça c'est une partie de mes mordants ça en fait à peu près 5 voilà et à côté de ça je peux associer le mordant d'acétate d'alumine avec l'acétate de fer et suivant la dilution de l'acétate de fer je vais avoir de nouvelles nuances qui vont avoir une parenté aussi avec la couleur la plus éclatante qu'on

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    peut avoir en ayant l'acétate d'alumine seule et donc avec une plante et ses différents mordants vous arrivez à avoir un nuancier de je peux y en avait combien de pouvoir 10 12 oui c'est ça J'aimerais bien qu'on présente l'école.

  • Coraline Magny

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et qu'on présente ce que vous avez lancé là récemment avec vos étudiants, qui est hyper intéressant avec votre nuancier. J'aimerais bien que vous racontiez un petit peu tout ça. Donc, est-ce que vous pouvez présenter l'école ? Donc, les matières qui sont étudiées, comment ça se passe, qui peut venir dans cette école, les enseignants, les particularités, les débouchés.

  • Coraline Magny

    Allez-y. D'accord. Les SAT, c'est l'école supérieure des arts appliqués et du textile. C'est une école d'art appliqué. Il y a plusieurs cursus proposés, que ce soit en graphisme, en design d'objets, en design d'espace. Et donc aussi en textile, donc en création textile. La création textile, elle est historiquement assez présente dans notre région. Et donc, elle perdure beaucoup, surtout au niveau de la conception, du graphisme, de l'infographie textile. Et donc, nous formons des designers textiles. Les étudiants qui intègrent notre école sortent du bac. Donc, ils ont soit un bac à rappliquer, soit un bac général. Et après, ils ont un cursus de trois ans où ils préparent. Donc là c'est un nouveau diplôme qui s'appelle le DNMAD, donc Diplôme National des Métiers d'Art et du Design. Et donc en trois ans, pour le cursus textile, les étudiants apprennent à… bah déjà découvrent le domaine d'un point de vue culturel, point de vue de l'histoire, des techniques, de la création aussi passée, contemporaine, et donc apprennent le dessin, la couleur. Ils apprennent ensuite ce que c'est qu'une collection, ce que sont des inspirations. Et ensuite, pour leur troisième année, qui est l'année de leur diplôme, ils créent une collection. Une collection textile, qu'elle soit dédiée à l'environnement, à la maison, aux vêtements. Ils font comme si elles créaient, elles parce qu'il y a beaucoup de jeunes filles, une collection textile. Donc avec des recherches d'inspiration, des graphismes, des couleurs, des recherches de textures, de matières, et puis de débouchés aussi pour des applications, que ce soit maison, mode. D'accord. Et donc on enseigne, alors il y a une partie de l'enseignement qui est pratique, et donc qui a lieu dans des ateliers dédiés, donc un atelier dédié au tissage. Un à la maille et un à l'impression textée.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Que vous m'avez fait visiter et j'étais impressionnée par… Je mettrais une photo si j'ai l'autorisation, mais qui était impressionnante, mais même la taille, les couleurs qu'il y a et tous les travaux différents que vous m'avez montré de vos étudiants. Ok, et les débouchés, c'est designer textile essentiellement ?

  • Coraline Magny

    Oui, designer textile. Après, les étudiants peuvent poursuivre leurs études. Sinon, en trois ans, c'est la base pour être designer textile. Ça peut être en indépendant, on crée des dessins, des collections de motifs, et puis on va vendre. en freelance à des entreprises ou alors être intégrée dans une entreprise comme celles qui sont connues par chez nous à savoir la Redoute et Decathlon la Redoute que l'on voit à des fenêtres de notre école ils n'ont pas loin à faire les étudiants on a des anciennes qui vont dans l'autre sens aussi pour venir participer au jury ah d'accord c'est marrant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Vous m'avez parlé tout à l'heure quand on visitait l'atelier d'une nouvelle chose que vous avez mis en place pour initier les étudiants, notamment la couleur naturelle. Est-ce que vous pouvez expliquer ce que vous faites récemment avec les étudiants ?

  • Coraline Magny

    Oui, donc là j'ai en charge depuis cette année des étudiants de DLMAD, première, deuxième et troisième année. Donc comme je n'ai pas eu les étudiants l'an passé, j'ai fait un petit peu une initiation à plusieurs niveaux, enfin c'est aux trois niveaux. en leur faisant créer un nuancier de 30 couleurs naturelles en groupe. Les faire travailler en groupe et découvrir ce que c'est que la teinture naturelle. Je dis naturelle parce qu'on n'utilise pas que végétal. on regarde aussi ce qui se passe avec la coiffure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qui est hyper intéressante en termes de résultats. Et du coup, vous avez fait des couleurs principales, on va dire, et vous avez fait après des nuançages avec le fer et avec deux paramètres que vous viez bouger, enfin que vous viez...

  • Coraline Magny

    Oui, oui. Alors déjà, cette méthode, ce nuancier, c'est Clément Bautier, je crois, qui a mis ça au point. J'ai trouvé ça assez efficace quand j'ai fait la formation avec lui. Et donc ça consiste à prendre trois plantes pour aller vite, une qui donne du jaune, une qui donne du rose et une autre qui donne du rouge, le rouge du cachou, et à partir de ces trois plantes là, c'est déjà de créer trois intensités différentes, donc ça veut dire trois bains avec trois concentrations différentes. 10%, 5% et 1%. Voilà, ce qui permet de voir que le dosage de la couleur joue sur l'intensité, en fait, tout bêtement. Et aussi de créer trois nuances avec l'indigo et ce qui permet aussi de voir que ces deux procédés, forcément pour les débutants, on voit que c'est deux procédés complètement différents de teinture, donc aussi bien du point de vue physique et chimique. que du point de vue des gestes et de la pratique de chacun des deux procédés de teinture. Donc ça, pour les étudiants, déjà, c'est une première chose, de voir que la cuve d'indigo met le moins d'oxygène possible dans la teinture, alors qu'avec les autres colorants, au contraire, il faut mélanger, mélanger, déployer le tissu, donc agiter, beaucoup bouger le textile et forcément agiter les bains. et respecter la courbe de température. Donc ça, c'est assez déjà intriguant et formateur pour les étudiants. Ils se disent, mais qu'est-ce, mais pourquoi ? Pourquoi on me dit que le bleu, je ne peux pas le faire avec les autres et que je ne peux pas le mélanger ? Et donc après, une fois qu'on a pratiqué, après, je leur explique. Donc, je fais de la physique chimie pour les nuls. pour expliquer les phénomènes. Pour moi, c'est très important. Après avoir fait les couleurs pures, plus ou moins concentrées, plus ou moins dosées, 10%, 5%, 1%, donc c'est indicatif, teint à l'indigo, et après, on surteint les échantillons qui ont été faits avec les teintes pures pour, avec le Reseda, obtenir des verts. Et donc, comme on a des concentrations différentes de jaune et des temps de trempage différents, d'indigo, on peut obtenir des verres très très foncés jusqu'à des petits verres pommes. Voilà, idem pour la cochenille, idem pour le cachot. Et après, on peut aussi voir le nuançage. Nuançage donc au fer, qui permet d'enrichir encore plus la palette qu'on obtient à partir d'une plante. Donc si je résume, si on part par exemple du Reseda. On va avoir trois nuances de couleurs pures, trois jaunes. Ensuite, on va avoir trois verts différents puisqu'on va surteindre avec l'indigo. Et on va aussi pouvoir avoir, suivant les dilutions d'acétate de fer en post-mordansage, avoir des teintes qui peuvent aller vers olive, et puis après petit à petit descendre jusqu'à des caquis, des gris. Voilà. Et donc, pour une plante, ça permet déjà de faire une première approche, un tour d'horizon assez complet pour des débutants. Et alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    quels sont les retours des étudiants par rapport à la couleur végétale, justement ?

  • Coraline Magny

    Waouh, c'est vif !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah ben voilà !

  • Coraline Magny

    Parce que l'image associée à ça est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est à déconstruire, le fait de penser que les couleurs sont pastelles ou délavées. C'est ça. Oui, c'est fou.

  • Coraline Magny

    Ou que ça fait des taches, ou que ça ressemble à des taches. Disons que… Moi, je leur demande au début, oui, comme on dit naturellement, qu'est-ce que vous voyez comme couleurs, qu'est-ce que vous voyez comme… Et oui, souvent, c'est associé au tie-and-die. Donc, c'est des couleurs qui sont fondues, qui sont douces. qui sont claires.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors que quand on est passé dans votre atelier, le nuancier, il y a des couleurs, notamment un kaki, là, que je trouve magnifique, mais oui, il y a des dégradés de couleurs et des intensités. Et donc, c'est la première expérience de la couleur végétale qu'ils ont, là, cette année, avec ce que vous mettez en place ?

  • Coraline Magny

    Ah oui, après, il y en a quelques-uns qui ont pu en faire, s'ils sont en troisième année, et qu'ils ont fait leur stage avec un créateur qui utilise la teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais sinon, il n'y a pas dans le cursus la présence de la couleur végétale dans la formation ?

  • Coraline Magny

    Ben, si, maintenant, si.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Maintenant, si, mais avant, il n'y avait pas.

  • Coraline Magny

    Il a fallu l'amener.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais je veux dire, c'est nouveau.

  • Coraline Magny

    C'était peut-être abordé un petit peu dans le labo, puisqu'ils font un peu de physique chimique. C'est même sûr, on a dû leur montrer. Mais l'intégrer, le pratiquer... Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord. Ok. Est-ce que vous avez des travaux d'étudiants qui se sont pris pour la teinture naturelle et se lancent dans des sujets ? Est-ce que vous avez des étudiants à citer ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai commencé ça avec elle cette année. Il y a quand même une étudiante de troisième année qui est très assidue, Adèle, si tu écoutes. qui a décidé de créer sa collection de textiles pour son diplôme, avec des teintures végétales et imprimées au cadre. D'accord. Voilà, donc là pour l'instant, elle... Elle travaille des recherches de couleurs, en travaillant sur les dosages de mordant, dont j'ai parlé précédemment, différentes intensités, et puis elle teste aussi, là pour l'instant c'est vraiment le début, donc elle teste différentes fibres, différents liages, donc de la maille, du chêne étrame, principalement sur lin et chanvre je crois, et puis là elle fait un travail sur... On a un petit problème là pour l'instant parce qu'on se demande comment on va utiliser un fil qui a l'air d'être un mélange de lin et de laine. Voilà, ça va être très intéressant. Et elle fait aussi du tissage, donc c'est pour ça qu'elle va tendre à la fois du fil et à la fois des tissus et imprimer des tissus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ça fait du boulot. C'est un beau programme. Ok, super. Donc dans la partie transmission, c'est surtout cette partie enseignement, est-ce que vous avez... Est-ce que vous pouvez nous citer des personnes qui sont pour vous inspirantes dans le domaine de la teinture végétale ? Vous en avez déjà un peu parlé, mais est-ce que vous pouvez nous citer s'il y a une, deux ou trois personnes qui sont pour vous ?

  • Coraline Magny

    Ça s'est fait en plusieurs temps, mais c'est vrai que maintenant c'est devenu des références. Donc bien sûr, Michel Garcia. avec qui j'ai le plaisir de faire au moins trois formations. Et j'ai aussi bien retenu vraiment le contenu, le fait que ce soit tellement précieux, cet enseignement qui a été perdu et qu'il cherche à renouveler. Voilà, déjà ça, ce geste-là m'avait déjà beaucoup impressionnée. Et puis le contenu et la manière de transmettre aussi, c'est un peu tout ça. C'est-à-dire, c'est à la fois le puits de science et ce rôle de passeur. Ça m'inspire beaucoup, donc principalement. Et puis, bien sûr, Clément Bautier, qui est donc devenu un ami, avec qui j'ai fait une formation, auprès de qui je me suis formée aussi. Et surtout en échangeant sa vision des choses, justement. L'enfoiré des couleurs végétales… le rapport entre la fibre et colorant, je vois de la fibre, cette philosophie aussi que je partage vraiment avec.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quelle est votre matière de prédilection en termes de teint ? Le lin. Le lin. J'avais écrit un peu. Un peu comprendre. Et alors du coup, pourquoi ? Est-ce que c'est parce que ça prend bien la couleur ? Est-ce que c'est parce que c'est une matière où on est les premiers producteurs mondiaux ? C'est pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Alors c'est... C'est local, vraiment local, quand on habite dans le nord et que par exemple on va sur la côte du côté de Dunkerque et qu'on traverse les Flandres, donc il y a des champs de lin tout bleu et puis après on voit le lin qui est en train de rouillir dans les champs. Donc voilà, c'est local, c'est solide et puis ça… Dans le temps, ça a une très belle patine. Et puis ça prend bien sûr les couleurs, mais les couleurs liées à cette fibre sont superbes. Et puis voilà, c'est très très durable.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et si vous étiez une plante colorante ? C'est la question qui fait buguer un peu tout le monde, mais laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Moi, j'utilise des extraits, en fait. Mais c'est vrai que j'aime bien toujours avoir sous les yeux la provenance, avoir un pot de pastel ou un pot de... J'arrive plus qu'à crier de la garance, en fait. J'aime beaucoup la garance.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc plutôt la garance ?

  • Coraline Magny

    Bah après effectivement je l'ai un peu utilisée, mon travail pour les briques forcément. Mais c'est vrai que ce que j'aime bien, et pourtant on se casse beaucoup les dents à arriver à teindre correctement avec la garance, j'aime bien qu'elle soit justement difficile, qu'elle soit un peu rare quoi. Ouais peut-être. Enfin oui capricieuse et je pense que j'ai encore besoin d'encore beaucoup de conseils pour un... pour y arriver. Mais j'aime beaucoup la garance. C'est long à obtenir. C'est une racine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et avec votre recul dans l'enseignement et votre pratique de la teinture végétale, qu'est-ce qui, pour vous, peut faire aujourd'hui que ça redémarre et que ça ne redevienne pas en remplacement de la teinture synthétique, mais qu'est-ce qui peut faire que la teinture végétale reprenne davantage de place aujourd'hui ?

  • Coraline Magny

    Les jeunes designers, entre autres. Ce n'est pas que des décideurs forcément, mais c'est des influenceurs. Donc oui, la jeune génération, parce que c'est à la fois effectivement forcément un procédé de teinture plus vertueux que ce qu'on a connu avant, enfin ce qu'on connaît encore aujourd'hui, mais qui coexiste et qui doit coexister en synthétique. Mais c'est aussi une manière de... C'est une éducation à la sensibilité à certaines associations de couleurs, puisque les teintures naturelles ne se travaillent pas, ne s'assortissent pas de la même manière que lorsqu'on travaille pour des couleurs synthétiques. On travaille à partir de ce que l'on obtient, ce que le bain de teinture nous permet d'obtenir, ce qui nous révèle est cette forme d'alchimie entre telle fibre qu'on a trouvée à tel endroit avec telle teinture. J'imagine que la plante a été récoltée à telle date, sous telle latitude. Tout ça, c'est autre chose. C'est l'inverse de la standardisation, comme on peut connaître. avec la teinture, les couleurs synthétiques en général.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et justement j'allais vous dire il y a beaucoup de jeunes qui écoutent le podcast je suis surprise mais vous m'avez dit que vos étudiants ils étaient enfin ils écoutaient donc c'est peut-être eux qui sont dans les dans la part d'étudiants mais j'ai beaucoup de jeunes qui écoutent après entre l'école la petite école il ne se passe rien au collège il ne se passe rien au lycée et il ne se passe que quelques cours quand on est dans une filière bien spécifique mais je J'aimerais tellement qu'il y ait des cours, même en école d'ingé, sur la chimie tinctoriale, l'application de la teinture végétale. Parce qu'en fait, pour moi, la teinture végétale, c'est l'union des connaissances botaniques, la chimie et le textile, les fibres naturelles, l'agriculture. En fait, c'est un grand cercle. Et en fait, au début, le podcast, c'était que couleurs naturelles, teintures. Et en fait, plus ça avance, plus les invités... en fait on ouvre 12 000 portes et en fait on se rend compte que c'est une grande famille, une grande chaîne de valeurs, et donc l'idée c'est d'avoir tout le monde, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que les étudiants, ou pour que les parcours... Il y a plus de teintures végétales dans les cursus.

  • Coraline Magny

    Il y a de plus en plus d'ateliers découverts d'initiation à des pratiques respectueuses de l'environnement. Il y a des formations pour les petits, même en intervient, il me semble qu'il y a des interventions sur l'alimentation, le potager, donc ça veut dire le fait de cultiver. Et pour moi, tout ça, ça va ensemble. Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ce serait étendre, quand on parle des tomates, des laitues, des aromatiques, parler aussi des tinctoriales.

  • Coraline Magny

    C'est une ressource en fait. Oui, quelles sont les ressources ? Effectivement, c'est un savoir qui a été enterré depuis l'invention des colorants de synthèse. Et donc c'est tout un savoir qui existe depuis plusieurs milliers d'années, qu'on a plus. Et c'est étonnant parce qu'on a l'impression que... Les étudiants ont l'impression d'inventer quelque chose, d'être... Il y a cette surprise, c'est toujours très agréable de voir leur étonnement et le fait qu'ils soient émerveillés. Et en même temps, quand on réfléchit, on se dit mais ils sont émerveillés, mais... Oui, c'est pas tout de suite,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je crois.

  • Coraline Magny

    Mais ça n'a pas pu être transmis, de toute façon. Mais c'est le même rapport que ce qu'on appelait autrefois les ouvrages de dames aussi. les grands-mères qui tricotent, c'est de plus en plus rare aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Justement, moi,

  • Coraline Magny

    je suis étonnée de voir les votes à la chaîne, à l'entrée de groupe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    les tutos, Instagram, les vidéos YouTube, le confinement a quand même aidé les gens à se remettre au sens du vrai, du manuel, d'avoir le temps, etc. Et en fait, il faudrait surfer sur cette vague pour remettre...

  • Coraline Magny

    Oui, alors après, c'est vrai que c'est bien le fait que ça se diffuse et que ça soit de plus en plus connu. Après, moi, je suis assez, de nature, à ce niveau-là, assez méfiante, parce que plus c'est diffusé, moins bien c'est diffusé aussi. Et il y a cette grande mode, effectivement, du dye, et où, effectivement, je pense que tout le monde a entendu tout et n'importe quoi, alors en particulier sur les modes de teinture végétale. C'est répandu partout. Et ça aussi, si je reviens à l'enseignement, c'est plus ce à quoi il faut s'attaquer, parce que quand on est en cours, de plus en plus de personnes à qui on demande avez-vous déjà pratiqué la teinture végétale ? Oui, j'ai fait un tuto. Et j'ai fait un tuto. Alors, soit au début que c'est sorti, je commençais à dire, je leur disais, envoyez-moi le lien, je regarde si c'est sérieux. Et puis voilà, mais maintenant c'est devenu, ils attaquent sans méthode, sans forcément non plus la compréhension du phénomène. Ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    en fait c'est, il y en a de plus en plus qui partagent leurs expériences, mais pas forcément des expériences solides, des formations solides, costaudes, expérimentées, et du coup ça peut aussi desservir la discipline parce que… parce que ça peut apporter soit des résultats qui ne tiennent pas et donc remettre cette mauvaise image et cette étiquette sur la teinture végétale et donc dans un sens c'est top que ça se démultiplie mais en même temps attention à la qualité de ce qui se démultiplie c'est ça ?

  • Coraline Magny

    et surtout c'est que le but d'un tuto c'est pas d'expliquer forcément et surtout là en teinture où c'est pas visible il se passe plein de choses euh... Comment dire ? Au niveau chimique, au niveau physique, je veux dire, la température de bain ou la courbe d'une température ou mesurer un pH ou tout ça. C'est... il faut le faire en fait il faut le faire et le faire ensemble chercher ensemble avec les étudiants qui font vraiment pour transmettre des gestes et des explications et comprendre vraiment ce qui est à l'oeuvre et ça un tuto c'est plutôt une recette ouais un

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    tuto c'est vraiment aller en deux heures t'as fait ton sac qui est teinté mais on t'explique pas le comment le comment du pourquoi et l'histoire on peut dire créatif et autonome c'est ça exactement on donne effectivement une recette pour avoir le produit bah

  • Coraline Magny

    qu'on vous a promis au début.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je cherchais justement, moi, j'ai bien vu pendant ma formation de Michel Garcia que la chimie tinctoriale, c'était la base pour comprendre et maîtriser ce qu'on veut faire, maîtriser son projet de teinture. Et en fait, je me suis dit, il va falloir que je me remuscle là-dessus parce que clairement, j'avais des bases de chimie, mais il faut remettre ça à jour. Je suis allée chercher sur Internet, voir s'il y avait sur YouTube ou sur... de la chimie tectorielle. Il n'y a absolument rien.

  • Coraline Magny

    Non, non, non. Quand on est en galère, souvent, c'est ce qu'on fait et il n'y a rien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et il n'y a rien. Et donc, on retourne à ça. Voilà. Et donc, on retourne au livre et moi, je retourne en formation là pour faire spécifiquement la chimie tectorielle parce que je pense que c'est la clé. Et en fait, comme vous l'avez si bien dit, si on veut transmettre les bons messages, il faut comprendre ce qu'on fait et pourquoi on rajoute telle ou telle chose et pourquoi en mettant du fer, ça fait ça et pourquoi tel pH... Enfin voilà, comprendre ce qu'on fait. Et en fait, c'est là où je pense qu'il serait intéressant qu'il y ait des gens qui s'y mettent sur vulgariser la chimie tectoriale sur les réseaux ou sur... une vidéo YouTube ou que Michel nous fasse des tutos, ce serait génial.

  • Coraline Magny

    Vous l'avez déjà fait des DVD ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est vrai, il faudrait faire un truc sur la chimie tinctoriale pour les nuls, mais quelque chose qui permette de comprendre ce qu'on fait.

  • Coraline Magny

    Mais en même temps, je veux dire, des bons tutoriels, ça peut dépanner, je dirais. Mais on ne peut pas apprendre... Là, c'est lié à la transmission d'un travail manuel. On ne peut pas apprendre... Quelque chose qui est lié à tous les sens en fait, et la transmission à la fois gestuelle, verbale et l'explication, enfin toute l'intelligence d'un savoir-faire se fait humainement, ensemble.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, puis en pratiquant.

  • Coraline Magny

    En pratiquant ensemble et pas d'avoir un… enfin forcément, on peut approfondir avec un écran où c'est vrai que c'est très… enfin alors dit sur le net, ça dépanne quand on cherche quelque chose de super précis. Ça dépanne, c'est vraiment des bonnes béquilles, mais l'apprentissage du métier, de la démarche de recherche, et en l'occurrence là, en teinture, c'est très important de la découvrir à plusieurs, et de pouvoir voir quelles sont les différentes... choses auxquelles il faut faire attention, ce sur quoi on peut agir, pourquoi. C'est des questionnements qui viennent, et ensemble aussi. J'insiste parce que chercher ensemble, c'est très enrichissant. Ah oui, oui, oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Est-ce que vous pourriez nous citer trois livres qui ont été importants pour vous dans votre pratique de la teinture naturelle que vous recommanderiez aux gens qui sont autour du micro ?

  • Coraline Magny

    Alors, je ne vais pas être originale. La FJ Bible ! Voilà, mais ça veut bien dire ce que ça veut dire. Dominique Cardon, Le monde des teintures naturelles. Et c'est la nouvelle édition revue et augmentée, celle qui est la dernière qui est parue, qui est la plus grosse. Voilà, donc ça, on peut aller piocher dans la Bible quand on en a besoin. et puis la dimension plus technique aussi de Dominique Cardon et Gaëtan Duchateney, le guide des teintures naturelles et vous aviez cité tout à l'heure et donc bien sûr ce livre là qui s'appelle Nui Chibori donc plus précisément sur les techniques de Chibori c'est absolument fantastique donc ça s'appelle Nui Chibori Technique, Innovation, Motif, Design donc par Jane Callender.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, et vous m'avez montré tous les motifs à l'intérieur. Et ce livre de l'indigo, là ?

  • Coraline Magny

    Oui, oui, qui est très bien aussi. Donc qui est sorti il n'y a pas très longtemps. Je devrais avoir, je ne sais pas, 4 ans, quelque chose comme ça. Donc c'est tout autour de l'indigo. Donc c'est vraiment de la culture à l'extraction, au domaine d'utilisation et après à la réalisation de cuves d'indigo. de réserves pour l'indigo, de petits projets, de petits tours de mains et de bonnes adresses. Voilà, je m'en ai juste. Alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je donne le nom à Indigo, je pense.

  • Coraline Magny

    Ça peut être un petit glénon. C'est un petit fabrication et application par Kerstin Neumüller et Douglas Luamco.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Et alors du coup, la dernière question Coraline, c'est à qui vous aimeriez que je passe le micro pour qu'on continue cette chaîne de podcast sur la couleur naturelle ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai été étonnée que Sandrine Rozier ne soit pas encore dans cette série, mais il me semble que... Vous avez l'intention de la solliciter. Donc voilà.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc Sandrine Rosier, ok, super. Je vais essayer de... Parce que vous vouliez citer Clément Bautier, mais il est déjà passé.

  • Coraline Magny

    Et il y a aussi... Alors j'ai rencontré il n'y a pas très longtemps une coloriste qui peut vous intéresser. Sa marque s'appelle L'eau colorée. L-O-C-O-L-O-R-E. Et son nom c'est Machiko. Je l'ai rencontré il n'y a pas très longtemps parce qu'on va faire un travail avec nos étudiants sur les virages de couleurs et le travail de photographie de cyanotype avec un autre artiste qui s'appelle Hide Yuki. Et ça c'est des gens que je viens à peine de rencontrer, je trouve que leur travail est très intéressant et surtout Machiko a travaillé, ça peut vous intéresser puisqu'elle travaille à partir d'extraits de plantes, elle extrait des plantes d'ailleurs, des principes tanctoriaux de différentes plantes et comparées très localement et nous avons travaillé avec elle pour utiliser ces couleurs pour faire des virages pour la photographie. C'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:00

  • Présentation de Coraline Magny et son parcours

    00:44

  • Transition de la teinture synthétique à la teinture végétale

    01:58

  • Utilisation de la teinture végétale dans l'enseignement

    03:42

  • Techniques de shibori et leurs applications

    04:21

  • Palette de couleurs avec une seule plante

    08:16

  • Présentation de l'ESAAT et de ses cursus

    12:15

  • Création d'un nuancier de couleurs naturelles avec les étudiants

    16:01

  • Influences et inspirations dans la teinture végétale

    23:42

  • Avenir de la teinture végétale et son intégration dans l'enseignement

    27:15

  • Conclusion et remerciements

    40:54

Description

Dans cet épisode captivant d'ArtEcoVert, le podcast de la couleur végétale et des plantes tinctoriales, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Coraline Magny, une enseignante passionnée de l'École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT). Ensemble, elles explorent le fascinant univers de la teinture végétale, une pratique qui allie tradition et innovation, tout en respectant notre environnement.


Coraline nous partage son parcours inspirant, de ses débuts avec des teintures synthétiques au Théâtre National de Strasbourg à sa révélation pour les teintures naturelles grâce à l'expertise de Michel Garcia. À travers son expérience, elle nous fait découvrir les multiples facettes de la teinture végétale, mettant en lumière l'importance des plantes tinctoriales comme l'indigo et la garance. Ces colorants biosourcés, issus de notre biodiversité, nous offrent une palette de couleurs naturelles qui émerveille et inspire.


Dans cet épisode, vous apprendrez comment Coraline enseigne la teinture végétale à ses étudiants, en intégrant des techniques ancestrales comme le shibori, qui permet de créer des motifs uniques par réserve. Elle aborde également le rôle crucial des mordants dans la teinture, qui transforment les pigments végétaux et influencent les nuances obtenues à partir d'une seule plante. Coraline évoque la création d'un nuancier de couleurs naturelles par ses étudiants, une démarche créative qui souligne l'importance de la chimie tinctoriale dans le processus de coloration.


L'épisode ne se limite pas à la technique ; Coraline discute des défis et des opportunités que présente la teinture végétale dans le contexte actuel, notamment face à une société de plus en plus soucieuse de l'environnement. Elle partage également des ressources et des livres recommandés pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance sur la teinture naturelle et les colorants végétaux.


« La teinture végétale est un véritable art qui nous reconnecte à la nature », déclare Coraline, soulignant ainsi l'importance de la durabilité et de la créativité dans ce domaine. Ce podcast est une invitation à explorer les couleurs de plantes et à redécouvrir la beauté des fibres naturelles à travers des pratiques respectueuses de l'environnement.


Ne manquez pas cet épisode enrichissant qui vous plongera dans l'univers des couleurs végétales et des plantes tinctoriales. Que vous soyez novice ou expert, vous trouverez des insights précieux pour nourrir votre passion pour la teinture naturelle.


Pour plus d'informations et des liens utiles, rendez-vous sur notre site.


Belle écoute,


Pauline


🚀Si vous en voulez plus : 


⭐Plus de contenus, plus d'échanges, plus de partages, allez sur Patreon : https://www.patreon.com/ArtEcoVert 

👁️Instagram : @artecovert     

🎙️S'abonner à la newsletter du podcast : https://podcast.ausha.co/art-eco-vert?s=1 📩pauline.artecovert@gmail.com 



🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Bonne écoute


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de planches et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de Valen. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies.

  • Coraline Magny

    Alors c'est parti,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    bonne écoute ! Alors donc bonjour à tous, je suis ravie aujourd'hui d'accueillir ou plutôt d'être accueillie à l'ESAAT, donc l'École supérieure des arts appliqués et du textile, par Coraline Magny. Bonjour Coraline.

  • Coraline Magny

    Bonjour.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Première question qu'on pose à tous les invités, est-ce que vous pouvez vous présenter, nous raconter votre parcours et comment vous en êtes arrivée à la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors, je m'appelle donc Coraline Magny, j'ai un cursus scolaire... Dans les arts appliqués, au départ, pas de spécialité textile. Puis à la fin de ma scolarité, j'ai eu l'occasion d'effectuer plusieurs stages qui m'ont permis de découvrir à la fois l'univers de la mode, du spectacle, des textiles, des teintures et des patines textiles, en particulier au TNS, Théâtre National de Strasbourg. Elle travaillait sur une pièce de théâtre où il y avait 40 nuances de... d'uniformes bleus de la guerre de sécession à reproduire. Donc voilà, ça a été mon premier contact avec la teinture, en l'occurrence teinture synthétique à cette époque-là.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Et alors comment vous avez basculé vers la teinture végétale ?

  • Coraline Magny

    Alors plusieurs années après, étant devenue enseignante en impression textile, j'ai eu l'occasion, grâce à mes collègues, avec qui je travaillais à l'école Olivier de Serres à Paris, de rencontrer Michel Garcia. mes collègues que je vais citer, grâce à qui je dois cette merveilleuse rencontre, sont Lucia Velez et Armelle Hamot, qui étaient enseignantes respectivement en tissage à Olivier de Serres et en impression textile à l'école du Péret.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et donc, elles vous ont permis de rencontrer Michel Garcia, ça s'est organisé. Vous pouvez nous raconter un petit peu comment ça s'est fait, cette rencontre, et ce qui en est découlé ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, donc... Armel et Lucia ont participé à un symposium sur la couleur végétale à La Rochelle. C'était il y a une douzaine d'années à peu près. En revenant, Lucia me dit qu'on a rencontré Michel Garcia, qu'il est génial, qu'il faut absolument qu'on le fasse venir, qu'il fasse une formation à Paris. Lors de ce symposium, à priori, je pense qu'il y avait d'autres personnes, peut-être les personnes de Colorton Monde. Et donc plusieurs personnes ont eu envie de le faire venir, l'ont fait venir et donc j'ai pu participer à trois jours de formation avec ces personnes-là. Et donc Michel Garcia, sur les bases des teintures naturelles, sur laine, sur lin, voilà. Avec la pratique du mordansage, de la teinture. et puis aussi la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Aujourd'hui, comment vous utilisez la teinture végétale ? Dans quel domaine, que ce soit dans l'enseignement ou personnel ?

  • Coraline Magny

    Après ces formations-là, on a fait venir Michel Garcia à l'école Olivier de Serres pour former nous, les profs. à monter une cuve d'indigo. Et donc j'en ai monté plusieurs, donc pour cette école-là, et puis quand je suis arrivée à Roubaix il y a 6-7 ans, j'ai monté une cuve d'indigo, et donc les étudiants, par la pratique des chiboris, ont été amenés à apprendre à utiliser la cuve d'indigo.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, et est-ce que vous pouvez expliquer du coup le shibori, ce que c'est pour ceux qui ne connaissent pas ?

  • Coraline Magny

    Alors oui, le shibori c'est une technique de teinture avec réserve. Une réserve, c'est une façon mécanique ou chimique d'empêcher la teinture de passer dans le tissu. On va bloquer la teinture, soit en créant des nœuds très serrés, soit en créant des coutures, des fronces, ou même en faisant des plis, en écrasant le tissu. Il y a énormément de façons de faire pour créer des réserves et ça va faire apparaître des motifs en négatif. Alors, c'est quelque chose que j'avais découvert il y a... assez longtemps aussi, il y a toujours pareil grâce à mes collègues d'Olivier de Sèvres. qui connaissait Marie-Hélène Guelton, qui est une des spécialistes des Chiboris, qui venait tous les ans faire une initiation aux Chiboris à nos étudiants, et avec qui nous assistions pour monter des bains de teinture. Et donc j'ai vraiment eu un coup de cœur, et les dernières années où j'étais à l'école Olivier de Serres, on avait travaillé avec elle et la cuve que nous venions de monter.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial. Et donc, le shibori, ça peut être ce qu'on voit entre des plaques de bois, avec étau.

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça s'appelle, je ne prononce peut-être pas très bien, mais c'est itajime shibori.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, mais toutes ces techniques sont du shibori. C'est l'histoire de faire des réserves mécaniques ou physiques ?

  • Coraline Magny

    Mécaniques et physiques, c'est-à-dire soit avec du fil, c'est soit par écrasement, parce que c'est mécanique, c'est par écrasement, par serrage, par fronçage. chimique et physique c'est autre chose c'est quand on fait des réserves avec une argile ou avec de la pâte de riz ou avec de la cire enfin plutôt avec de l'argile la réserve 1-2-3 qu'enseigne Michel Garcia qui

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    va avec la cuve 1-2-3 et alors du coup dans les pratiques aujourd'hui que vous avez donc il y a ce que vous m'avez montré tout à l'heure à l'atelier alors je ne sais pas du tout comment ça s'appelle vous

  • Coraline Magny

    Les nuanciers ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non,

  • Coraline Magny

    vos essais de couture. De couture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, est-ce que vous pouvez expliquer, parce que j'étais un peu surprise, du coup, comment vous faites, comment vous les réfléchissez, comment vous les préparez ?

  • Coraline Magny

    Alors, oui, pour enseigner le shibori, plus particulièrement à base de couture, que j'aime beaucoup pratiquer, même personnellement, j'ai dessiné des diagrammes qui reprennent, alors surtout, c'est des points de front. juste à base de fronces, mais pour montrer toute l'étendue et au-delà parce que c'est infini, j'ai fait des petites maquettes avec du fil et qui permettent de voir à quoi ressemble le chibori avant teinture et avant serrage. Ce qui permet quand je montre ça aux étudiants, de voir vraiment le chemin du fil. et de tirer dessus et de voir quand ça se plisse, à quelle allure ça prend en fait. Et de pouvoir déplier, de pouvoir étudier à quel endroit va aller la teinture, où est-ce qu'elle va. au contraire, où est-ce que ça ne va pas passer.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, ce que vous avez montré, c'est impressionnant, la finesse des motifs, c'est vraiment hyper fin, en fait, ça fait des petits... comme des petites vagues, des petits cœurs, c'est incroyable, j'avais pas encore vu ce genre de motif, pour le moment, j'avais plutôt vu des motifs géométriques, assez grands, et là, vous êtes vraiment sur fin et vraiment nuancé, c'était très...

  • Coraline Magny

    Mais ça, il y a énormément de cultures qui travaillent ça, enfin... que ce soit d'abord au Japon et ensuite après en Afrique de l'Ouest, enfin dans l'Antille en fait. D'accord. Et donc des très beaux exemples dans ce livre aussi. Et dans le livre aussi, Indigo, je pourrais vous montrer. D'accord.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc là, on en parlera des livres que vous allez nous citer, qu'on n'a pas encore eu, donc ça c'est top. Donc, votre pratique aujourd'hui de la teinture végétale, personnellement et dans l'enseignement, donc vous utilisez notamment cette pratique du shibori, vous faites aussi un autre aspect technique que vous m'avez montré, avec une plante. Est-ce que vous pouvez expliquer toute cette déclinaison et la palette de couleurs que vous arrivez à avoir avec une seule plante ?

  • Coraline Magny

    Alors ça, ça fait partie aussi de... des enseignements que j'ai retenus, une partie du large enseignement que j'ai retenu de Michel Garcia, la façon dont les mordants influencent la vivacité, l'intensité, la saturation, à partir d'un bain de couleurs, d'une seule plante, tous les aspects, la palette riche qu'on obtient avec une seule plante. Ça concerne en fait les associations de mordant. J'ai beaucoup travaillé ça en travaillant sur le thème de la brique parce que la brique est un matériau de construction. Ce qui m'avait intriguée au départ, c'est que c'est de la terre et que les rouges, a priori, sont quand même liés à la quantité d'oxyde de fer qu'il y a dans la terre. de même que par exemple quand on pratique le beau gauland on utilise une terre très férugineuse qui va bien réagir donc avec des tanins et je trouvais ça intéressant de me dire les rouges de briques sont liés à cet oxyde de fer que nous utilisons en teinture qui vient éteindre et assombrir les couleurs donc j'aimais bien ce parallèle un peu et Je me suis attachée au départ à un nuancier qui serait brique et qui est beaucoup plus large que mon poids. Et donc ça m'a amené à travailler quelques plantes, quelques associations de plantes et aussi des associations de plantes et de mordants. Et donc à partir de ça j'ai imprimé des... des motifs de briques en déconstruisant le motif et en le reconstruisant par l'impression de différents mordants en créant des imbrications et ça me plaisait de faire aussi des imbrications de couleurs est-ce que vous

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    pouvez expliquer quel mordant vous utilisez parce que c'est vrai que moi je l'ai vu dans l'atelier du coup je comprends bien non non c'est clair ce que vous avez dit et du coup quel type de mordant vous utilisez parce qu'il faudra qu'on mette une photo je pense que je mettrai une photo de votre travail si vous voulez oui D'accord. À joindre pour que les gens voient bien ce que vous...

  • Coraline Magny

    Oui. Alors, les mordants que j'utilise, forcément, je travaille sur l'un. J'utilise la cétate d'alumine à 10%. Pour ceux qui connaissent, c'est un épaissi avec 1,1% de gomme goire. Voilà. et donc j'utilise aussi des acétates de fer donc le plus puissant que je dois utiliser ça doit être du 1% et après non 2% et après je fais des dilutions de mordant de fer donc ça c'est les mordants de fer seul en dilution et l'acétate d'alumine seul donc ça c'est une partie de mes mordants ça en fait à peu près 5 voilà et à côté de ça je peux associer le mordant d'acétate d'alumine avec l'acétate de fer et suivant la dilution de l'acétate de fer je vais avoir de nouvelles nuances qui vont avoir une parenté aussi avec la couleur la plus éclatante qu'on

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    peut avoir en ayant l'acétate d'alumine seule et donc avec une plante et ses différents mordants vous arrivez à avoir un nuancier de je peux y en avait combien de pouvoir 10 12 oui c'est ça J'aimerais bien qu'on présente l'école.

  • Coraline Magny

    Oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et qu'on présente ce que vous avez lancé là récemment avec vos étudiants, qui est hyper intéressant avec votre nuancier. J'aimerais bien que vous racontiez un petit peu tout ça. Donc, est-ce que vous pouvez présenter l'école ? Donc, les matières qui sont étudiées, comment ça se passe, qui peut venir dans cette école, les enseignants, les particularités, les débouchés.

  • Coraline Magny

    Allez-y. D'accord. Les SAT, c'est l'école supérieure des arts appliqués et du textile. C'est une école d'art appliqué. Il y a plusieurs cursus proposés, que ce soit en graphisme, en design d'objets, en design d'espace. Et donc aussi en textile, donc en création textile. La création textile, elle est historiquement assez présente dans notre région. Et donc, elle perdure beaucoup, surtout au niveau de la conception, du graphisme, de l'infographie textile. Et donc, nous formons des designers textiles. Les étudiants qui intègrent notre école sortent du bac. Donc, ils ont soit un bac à rappliquer, soit un bac général. Et après, ils ont un cursus de trois ans où ils préparent. Donc là c'est un nouveau diplôme qui s'appelle le DNMAD, donc Diplôme National des Métiers d'Art et du Design. Et donc en trois ans, pour le cursus textile, les étudiants apprennent à… bah déjà découvrent le domaine d'un point de vue culturel, point de vue de l'histoire, des techniques, de la création aussi passée, contemporaine, et donc apprennent le dessin, la couleur. Ils apprennent ensuite ce que c'est qu'une collection, ce que sont des inspirations. Et ensuite, pour leur troisième année, qui est l'année de leur diplôme, ils créent une collection. Une collection textile, qu'elle soit dédiée à l'environnement, à la maison, aux vêtements. Ils font comme si elles créaient, elles parce qu'il y a beaucoup de jeunes filles, une collection textile. Donc avec des recherches d'inspiration, des graphismes, des couleurs, des recherches de textures, de matières, et puis de débouchés aussi pour des applications, que ce soit maison, mode. D'accord. Et donc on enseigne, alors il y a une partie de l'enseignement qui est pratique, et donc qui a lieu dans des ateliers dédiés, donc un atelier dédié au tissage. Un à la maille et un à l'impression textée.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Que vous m'avez fait visiter et j'étais impressionnée par… Je mettrais une photo si j'ai l'autorisation, mais qui était impressionnante, mais même la taille, les couleurs qu'il y a et tous les travaux différents que vous m'avez montré de vos étudiants. Ok, et les débouchés, c'est designer textile essentiellement ?

  • Coraline Magny

    Oui, designer textile. Après, les étudiants peuvent poursuivre leurs études. Sinon, en trois ans, c'est la base pour être designer textile. Ça peut être en indépendant, on crée des dessins, des collections de motifs, et puis on va vendre. en freelance à des entreprises ou alors être intégrée dans une entreprise comme celles qui sont connues par chez nous à savoir la Redoute et Decathlon la Redoute que l'on voit à des fenêtres de notre école ils n'ont pas loin à faire les étudiants on a des anciennes qui vont dans l'autre sens aussi pour venir participer au jury ah d'accord c'est marrant

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Vous m'avez parlé tout à l'heure quand on visitait l'atelier d'une nouvelle chose que vous avez mis en place pour initier les étudiants, notamment la couleur naturelle. Est-ce que vous pouvez expliquer ce que vous faites récemment avec les étudiants ?

  • Coraline Magny

    Oui, donc là j'ai en charge depuis cette année des étudiants de DLMAD, première, deuxième et troisième année. Donc comme je n'ai pas eu les étudiants l'an passé, j'ai fait un petit peu une initiation à plusieurs niveaux, enfin c'est aux trois niveaux. en leur faisant créer un nuancier de 30 couleurs naturelles en groupe. Les faire travailler en groupe et découvrir ce que c'est que la teinture naturelle. Je dis naturelle parce qu'on n'utilise pas que végétal. on regarde aussi ce qui se passe avec la coiffure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Qui est hyper intéressante en termes de résultats. Et du coup, vous avez fait des couleurs principales, on va dire, et vous avez fait après des nuançages avec le fer et avec deux paramètres que vous viez bouger, enfin que vous viez...

  • Coraline Magny

    Oui, oui. Alors déjà, cette méthode, ce nuancier, c'est Clément Bautier, je crois, qui a mis ça au point. J'ai trouvé ça assez efficace quand j'ai fait la formation avec lui. Et donc ça consiste à prendre trois plantes pour aller vite, une qui donne du jaune, une qui donne du rose et une autre qui donne du rouge, le rouge du cachou, et à partir de ces trois plantes là, c'est déjà de créer trois intensités différentes, donc ça veut dire trois bains avec trois concentrations différentes. 10%, 5% et 1%. Voilà, ce qui permet de voir que le dosage de la couleur joue sur l'intensité, en fait, tout bêtement. Et aussi de créer trois nuances avec l'indigo et ce qui permet aussi de voir que ces deux procédés, forcément pour les débutants, on voit que c'est deux procédés complètement différents de teinture, donc aussi bien du point de vue physique et chimique. que du point de vue des gestes et de la pratique de chacun des deux procédés de teinture. Donc ça, pour les étudiants, déjà, c'est une première chose, de voir que la cuve d'indigo met le moins d'oxygène possible dans la teinture, alors qu'avec les autres colorants, au contraire, il faut mélanger, mélanger, déployer le tissu, donc agiter, beaucoup bouger le textile et forcément agiter les bains. et respecter la courbe de température. Donc ça, c'est assez déjà intriguant et formateur pour les étudiants. Ils se disent, mais qu'est-ce, mais pourquoi ? Pourquoi on me dit que le bleu, je ne peux pas le faire avec les autres et que je ne peux pas le mélanger ? Et donc après, une fois qu'on a pratiqué, après, je leur explique. Donc, je fais de la physique chimie pour les nuls. pour expliquer les phénomènes. Pour moi, c'est très important. Après avoir fait les couleurs pures, plus ou moins concentrées, plus ou moins dosées, 10%, 5%, 1%, donc c'est indicatif, teint à l'indigo, et après, on surteint les échantillons qui ont été faits avec les teintes pures pour, avec le Reseda, obtenir des verts. Et donc, comme on a des concentrations différentes de jaune et des temps de trempage différents, d'indigo, on peut obtenir des verres très très foncés jusqu'à des petits verres pommes. Voilà, idem pour la cochenille, idem pour le cachot. Et après, on peut aussi voir le nuançage. Nuançage donc au fer, qui permet d'enrichir encore plus la palette qu'on obtient à partir d'une plante. Donc si je résume, si on part par exemple du Reseda. On va avoir trois nuances de couleurs pures, trois jaunes. Ensuite, on va avoir trois verts différents puisqu'on va surteindre avec l'indigo. Et on va aussi pouvoir avoir, suivant les dilutions d'acétate de fer en post-mordansage, avoir des teintes qui peuvent aller vers olive, et puis après petit à petit descendre jusqu'à des caquis, des gris. Voilà. Et donc, pour une plante, ça permet déjà de faire une première approche, un tour d'horizon assez complet pour des débutants. Et alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    quels sont les retours des étudiants par rapport à la couleur végétale, justement ?

  • Coraline Magny

    Waouh, c'est vif !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah ben voilà !

  • Coraline Magny

    Parce que l'image associée à ça est...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est à déconstruire, le fait de penser que les couleurs sont pastelles ou délavées. C'est ça. Oui, c'est fou.

  • Coraline Magny

    Ou que ça fait des taches, ou que ça ressemble à des taches. Disons que… Moi, je leur demande au début, oui, comme on dit naturellement, qu'est-ce que vous voyez comme couleurs, qu'est-ce que vous voyez comme… Et oui, souvent, c'est associé au tie-and-die. Donc, c'est des couleurs qui sont fondues, qui sont douces. qui sont claires.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors que quand on est passé dans votre atelier, le nuancier, il y a des couleurs, notamment un kaki, là, que je trouve magnifique, mais oui, il y a des dégradés de couleurs et des intensités. Et donc, c'est la première expérience de la couleur végétale qu'ils ont, là, cette année, avec ce que vous mettez en place ?

  • Coraline Magny

    Ah oui, après, il y en a quelques-uns qui ont pu en faire, s'ils sont en troisième année, et qu'ils ont fait leur stage avec un créateur qui utilise la teinture végétale.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Mais sinon, il n'y a pas dans le cursus la présence de la couleur végétale dans la formation ?

  • Coraline Magny

    Ben, si, maintenant, si.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Maintenant, si, mais avant, il n'y avait pas.

  • Coraline Magny

    Il a fallu l'amener.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, mais je veux dire, c'est nouveau.

  • Coraline Magny

    C'était peut-être abordé un petit peu dans le labo, puisqu'ils font un peu de physique chimique. C'est même sûr, on a dû leur montrer. Mais l'intégrer, le pratiquer... Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    d'accord. Ok. Est-ce que vous avez des travaux d'étudiants qui se sont pris pour la teinture naturelle et se lancent dans des sujets ? Est-ce que vous avez des étudiants à citer ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai commencé ça avec elle cette année. Il y a quand même une étudiante de troisième année qui est très assidue, Adèle, si tu écoutes. qui a décidé de créer sa collection de textiles pour son diplôme, avec des teintures végétales et imprimées au cadre. D'accord. Voilà, donc là pour l'instant, elle... Elle travaille des recherches de couleurs, en travaillant sur les dosages de mordant, dont j'ai parlé précédemment, différentes intensités, et puis elle teste aussi, là pour l'instant c'est vraiment le début, donc elle teste différentes fibres, différents liages, donc de la maille, du chêne étrame, principalement sur lin et chanvre je crois, et puis là elle fait un travail sur... On a un petit problème là pour l'instant parce qu'on se demande comment on va utiliser un fil qui a l'air d'être un mélange de lin et de laine. Voilà, ça va être très intéressant. Et elle fait aussi du tissage, donc c'est pour ça qu'elle va tendre à la fois du fil et à la fois des tissus et imprimer des tissus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc ça fait du boulot. C'est un beau programme. Ok, super. Donc dans la partie transmission, c'est surtout cette partie enseignement, est-ce que vous avez... Est-ce que vous pouvez nous citer des personnes qui sont pour vous inspirantes dans le domaine de la teinture végétale ? Vous en avez déjà un peu parlé, mais est-ce que vous pouvez nous citer s'il y a une, deux ou trois personnes qui sont pour vous ?

  • Coraline Magny

    Ça s'est fait en plusieurs temps, mais c'est vrai que maintenant c'est devenu des références. Donc bien sûr, Michel Garcia. avec qui j'ai le plaisir de faire au moins trois formations. Et j'ai aussi bien retenu vraiment le contenu, le fait que ce soit tellement précieux, cet enseignement qui a été perdu et qu'il cherche à renouveler. Voilà, déjà ça, ce geste-là m'avait déjà beaucoup impressionnée. Et puis le contenu et la manière de transmettre aussi, c'est un peu tout ça. C'est-à-dire, c'est à la fois le puits de science et ce rôle de passeur. Ça m'inspire beaucoup, donc principalement. Et puis, bien sûr, Clément Bautier, qui est donc devenu un ami, avec qui j'ai fait une formation, auprès de qui je me suis formée aussi. Et surtout en échangeant sa vision des choses, justement. L'enfoiré des couleurs végétales… le rapport entre la fibre et colorant, je vois de la fibre, cette philosophie aussi que je partage vraiment avec.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quelle est votre matière de prédilection en termes de teint ? Le lin. Le lin. J'avais écrit un peu. Un peu comprendre. Et alors du coup, pourquoi ? Est-ce que c'est parce que ça prend bien la couleur ? Est-ce que c'est parce que c'est une matière où on est les premiers producteurs mondiaux ? C'est pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Alors c'est... C'est local, vraiment local, quand on habite dans le nord et que par exemple on va sur la côte du côté de Dunkerque et qu'on traverse les Flandres, donc il y a des champs de lin tout bleu et puis après on voit le lin qui est en train de rouillir dans les champs. Donc voilà, c'est local, c'est solide et puis ça… Dans le temps, ça a une très belle patine. Et puis ça prend bien sûr les couleurs, mais les couleurs liées à cette fibre sont superbes. Et puis voilà, c'est très très durable.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et si vous étiez une plante colorante ? C'est la question qui fait buguer un peu tout le monde, mais laquelle seriez-vous et pourquoi ?

  • Coraline Magny

    Moi, j'utilise des extraits, en fait. Mais c'est vrai que j'aime bien toujours avoir sous les yeux la provenance, avoir un pot de pastel ou un pot de... J'arrive plus qu'à crier de la garance, en fait. J'aime beaucoup la garance.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc plutôt la garance ?

  • Coraline Magny

    Bah après effectivement je l'ai un peu utilisée, mon travail pour les briques forcément. Mais c'est vrai que ce que j'aime bien, et pourtant on se casse beaucoup les dents à arriver à teindre correctement avec la garance, j'aime bien qu'elle soit justement difficile, qu'elle soit un peu rare quoi. Ouais peut-être. Enfin oui capricieuse et je pense que j'ai encore besoin d'encore beaucoup de conseils pour un... pour y arriver. Mais j'aime beaucoup la garance. C'est long à obtenir. C'est une racine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et avec votre recul dans l'enseignement et votre pratique de la teinture végétale, qu'est-ce qui, pour vous, peut faire aujourd'hui que ça redémarre et que ça ne redevienne pas en remplacement de la teinture synthétique, mais qu'est-ce qui peut faire que la teinture végétale reprenne davantage de place aujourd'hui ?

  • Coraline Magny

    Les jeunes designers, entre autres. Ce n'est pas que des décideurs forcément, mais c'est des influenceurs. Donc oui, la jeune génération, parce que c'est à la fois effectivement forcément un procédé de teinture plus vertueux que ce qu'on a connu avant, enfin ce qu'on connaît encore aujourd'hui, mais qui coexiste et qui doit coexister en synthétique. Mais c'est aussi une manière de... C'est une éducation à la sensibilité à certaines associations de couleurs, puisque les teintures naturelles ne se travaillent pas, ne s'assortissent pas de la même manière que lorsqu'on travaille pour des couleurs synthétiques. On travaille à partir de ce que l'on obtient, ce que le bain de teinture nous permet d'obtenir, ce qui nous révèle est cette forme d'alchimie entre telle fibre qu'on a trouvée à tel endroit avec telle teinture. J'imagine que la plante a été récoltée à telle date, sous telle latitude. Tout ça, c'est autre chose. C'est l'inverse de la standardisation, comme on peut connaître. avec la teinture, les couleurs synthétiques en général.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    et justement j'allais vous dire il y a beaucoup de jeunes qui écoutent le podcast je suis surprise mais vous m'avez dit que vos étudiants ils étaient enfin ils écoutaient donc c'est peut-être eux qui sont dans les dans la part d'étudiants mais j'ai beaucoup de jeunes qui écoutent après entre l'école la petite école il ne se passe rien au collège il ne se passe rien au lycée et il ne se passe que quelques cours quand on est dans une filière bien spécifique mais je J'aimerais tellement qu'il y ait des cours, même en école d'ingé, sur la chimie tinctoriale, l'application de la teinture végétale. Parce qu'en fait, pour moi, la teinture végétale, c'est l'union des connaissances botaniques, la chimie et le textile, les fibres naturelles, l'agriculture. En fait, c'est un grand cercle. Et en fait, au début, le podcast, c'était que couleurs naturelles, teintures. Et en fait, plus ça avance, plus les invités... en fait on ouvre 12 000 portes et en fait on se rend compte que c'est une grande famille, une grande chaîne de valeurs, et donc l'idée c'est d'avoir tout le monde, mais qu'est-ce qu'on pourrait faire pour que les étudiants, ou pour que les parcours... Il y a plus de teintures végétales dans les cursus.

  • Coraline Magny

    Il y a de plus en plus d'ateliers découverts d'initiation à des pratiques respectueuses de l'environnement. Il y a des formations pour les petits, même en intervient, il me semble qu'il y a des interventions sur l'alimentation, le potager, donc ça veut dire le fait de cultiver. Et pour moi, tout ça, ça va ensemble. Oui,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    ce serait étendre, quand on parle des tomates, des laitues, des aromatiques, parler aussi des tinctoriales.

  • Coraline Magny

    C'est une ressource en fait. Oui, quelles sont les ressources ? Effectivement, c'est un savoir qui a été enterré depuis l'invention des colorants de synthèse. Et donc c'est tout un savoir qui existe depuis plusieurs milliers d'années, qu'on a plus. Et c'est étonnant parce qu'on a l'impression que... Les étudiants ont l'impression d'inventer quelque chose, d'être... Il y a cette surprise, c'est toujours très agréable de voir leur étonnement et le fait qu'ils soient émerveillés. Et en même temps, quand on réfléchit, on se dit mais ils sont émerveillés, mais... Oui, c'est pas tout de suite,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je crois.

  • Coraline Magny

    Mais ça n'a pas pu être transmis, de toute façon. Mais c'est le même rapport que ce qu'on appelait autrefois les ouvrages de dames aussi. les grands-mères qui tricotent, c'est de plus en plus rare aussi.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Justement, moi,

  • Coraline Magny

    je suis étonnée de voir les votes à la chaîne, à l'entrée de groupe,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    les tutos, Instagram, les vidéos YouTube, le confinement a quand même aidé les gens à se remettre au sens du vrai, du manuel, d'avoir le temps, etc. Et en fait, il faudrait surfer sur cette vague pour remettre...

  • Coraline Magny

    Oui, alors après, c'est vrai que c'est bien le fait que ça se diffuse et que ça soit de plus en plus connu. Après, moi, je suis assez, de nature, à ce niveau-là, assez méfiante, parce que plus c'est diffusé, moins bien c'est diffusé aussi. Et il y a cette grande mode, effectivement, du dye, et où, effectivement, je pense que tout le monde a entendu tout et n'importe quoi, alors en particulier sur les modes de teinture végétale. C'est répandu partout. Et ça aussi, si je reviens à l'enseignement, c'est plus ce à quoi il faut s'attaquer, parce que quand on est en cours, de plus en plus de personnes à qui on demande avez-vous déjà pratiqué la teinture végétale ? Oui, j'ai fait un tuto. Et j'ai fait un tuto. Alors, soit au début que c'est sorti, je commençais à dire, je leur disais, envoyez-moi le lien, je regarde si c'est sérieux. Et puis voilà, mais maintenant c'est devenu, ils attaquent sans méthode, sans forcément non plus la compréhension du phénomène. Ouais,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    en fait c'est, il y en a de plus en plus qui partagent leurs expériences, mais pas forcément des expériences solides, des formations solides, costaudes, expérimentées, et du coup ça peut aussi desservir la discipline parce que… parce que ça peut apporter soit des résultats qui ne tiennent pas et donc remettre cette mauvaise image et cette étiquette sur la teinture végétale et donc dans un sens c'est top que ça se démultiplie mais en même temps attention à la qualité de ce qui se démultiplie c'est ça ?

  • Coraline Magny

    et surtout c'est que le but d'un tuto c'est pas d'expliquer forcément et surtout là en teinture où c'est pas visible il se passe plein de choses euh... Comment dire ? Au niveau chimique, au niveau physique, je veux dire, la température de bain ou la courbe d'une température ou mesurer un pH ou tout ça. C'est... il faut le faire en fait il faut le faire et le faire ensemble chercher ensemble avec les étudiants qui font vraiment pour transmettre des gestes et des explications et comprendre vraiment ce qui est à l'oeuvre et ça un tuto c'est plutôt une recette ouais un

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    tuto c'est vraiment aller en deux heures t'as fait ton sac qui est teinté mais on t'explique pas le comment le comment du pourquoi et l'histoire on peut dire créatif et autonome c'est ça exactement on donne effectivement une recette pour avoir le produit bah

  • Coraline Magny

    qu'on vous a promis au début.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je cherchais justement, moi, j'ai bien vu pendant ma formation de Michel Garcia que la chimie tinctoriale, c'était la base pour comprendre et maîtriser ce qu'on veut faire, maîtriser son projet de teinture. Et en fait, je me suis dit, il va falloir que je me remuscle là-dessus parce que clairement, j'avais des bases de chimie, mais il faut remettre ça à jour. Je suis allée chercher sur Internet, voir s'il y avait sur YouTube ou sur... de la chimie tectorielle. Il n'y a absolument rien.

  • Coraline Magny

    Non, non, non. Quand on est en galère, souvent, c'est ce qu'on fait et il n'y a rien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et il n'y a rien. Et donc, on retourne à ça. Voilà. Et donc, on retourne au livre et moi, je retourne en formation là pour faire spécifiquement la chimie tectorielle parce que je pense que c'est la clé. Et en fait, comme vous l'avez si bien dit, si on veut transmettre les bons messages, il faut comprendre ce qu'on fait et pourquoi on rajoute telle ou telle chose et pourquoi en mettant du fer, ça fait ça et pourquoi tel pH... Enfin voilà, comprendre ce qu'on fait. Et en fait, c'est là où je pense qu'il serait intéressant qu'il y ait des gens qui s'y mettent sur vulgariser la chimie tectoriale sur les réseaux ou sur... une vidéo YouTube ou que Michel nous fasse des tutos, ce serait génial.

  • Coraline Magny

    Vous l'avez déjà fait des DVD ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est vrai, il faudrait faire un truc sur la chimie tinctoriale pour les nuls, mais quelque chose qui permette de comprendre ce qu'on fait.

  • Coraline Magny

    Mais en même temps, je veux dire, des bons tutoriels, ça peut dépanner, je dirais. Mais on ne peut pas apprendre... Là, c'est lié à la transmission d'un travail manuel. On ne peut pas apprendre... Quelque chose qui est lié à tous les sens en fait, et la transmission à la fois gestuelle, verbale et l'explication, enfin toute l'intelligence d'un savoir-faire se fait humainement, ensemble.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, puis en pratiquant.

  • Coraline Magny

    En pratiquant ensemble et pas d'avoir un… enfin forcément, on peut approfondir avec un écran où c'est vrai que c'est très… enfin alors dit sur le net, ça dépanne quand on cherche quelque chose de super précis. Ça dépanne, c'est vraiment des bonnes béquilles, mais l'apprentissage du métier, de la démarche de recherche, et en l'occurrence là, en teinture, c'est très important de la découvrir à plusieurs, et de pouvoir voir quelles sont les différentes... choses auxquelles il faut faire attention, ce sur quoi on peut agir, pourquoi. C'est des questionnements qui viennent, et ensemble aussi. J'insiste parce que chercher ensemble, c'est très enrichissant. Ah oui, oui, oui.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Est-ce que vous pourriez nous citer trois livres qui ont été importants pour vous dans votre pratique de la teinture naturelle que vous recommanderiez aux gens qui sont autour du micro ?

  • Coraline Magny

    Alors, je ne vais pas être originale. La FJ Bible ! Voilà, mais ça veut bien dire ce que ça veut dire. Dominique Cardon, Le monde des teintures naturelles. Et c'est la nouvelle édition revue et augmentée, celle qui est la dernière qui est parue, qui est la plus grosse. Voilà, donc ça, on peut aller piocher dans la Bible quand on en a besoin. et puis la dimension plus technique aussi de Dominique Cardon et Gaëtan Duchateney, le guide des teintures naturelles et vous aviez cité tout à l'heure et donc bien sûr ce livre là qui s'appelle Nui Chibori donc plus précisément sur les techniques de Chibori c'est absolument fantastique donc ça s'appelle Nui Chibori Technique, Innovation, Motif, Design donc par Jane Callender.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, et vous m'avez montré tous les motifs à l'intérieur. Et ce livre de l'indigo, là ?

  • Coraline Magny

    Oui, oui, qui est très bien aussi. Donc qui est sorti il n'y a pas très longtemps. Je devrais avoir, je ne sais pas, 4 ans, quelque chose comme ça. Donc c'est tout autour de l'indigo. Donc c'est vraiment de la culture à l'extraction, au domaine d'utilisation et après à la réalisation de cuves d'indigo. de réserves pour l'indigo, de petits projets, de petits tours de mains et de bonnes adresses. Voilà, je m'en ai juste. Alors,

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    je donne le nom à Indigo, je pense.

  • Coraline Magny

    Ça peut être un petit glénon. C'est un petit fabrication et application par Kerstin Neumüller et Douglas Luamco.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Et alors du coup, la dernière question Coraline, c'est à qui vous aimeriez que je passe le micro pour qu'on continue cette chaîne de podcast sur la couleur naturelle ?

  • Coraline Magny

    Alors, j'ai été étonnée que Sandrine Rozier ne soit pas encore dans cette série, mais il me semble que... Vous avez l'intention de la solliciter. Donc voilà.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Donc Sandrine Rosier, ok, super. Je vais essayer de... Parce que vous vouliez citer Clément Bautier, mais il est déjà passé.

  • Coraline Magny

    Et il y a aussi... Alors j'ai rencontré il n'y a pas très longtemps une coloriste qui peut vous intéresser. Sa marque s'appelle L'eau colorée. L-O-C-O-L-O-R-E. Et son nom c'est Machiko. Je l'ai rencontré il n'y a pas très longtemps parce qu'on va faire un travail avec nos étudiants sur les virages de couleurs et le travail de photographie de cyanotype avec un autre artiste qui s'appelle Hide Yuki. Et ça c'est des gens que je viens à peine de rencontrer, je trouve que leur travail est très intéressant et surtout Machiko a travaillé, ça peut vous intéresser puisqu'elle travaille à partir d'extraits de plantes, elle extrait des plantes d'ailleurs, des principes tanctoriaux de différentes plantes et comparées très localement et nous avons travaillé avec elle pour utiliser ces couleurs pour faire des virages pour la photographie. C'est

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok, super. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert

    00:00

  • Présentation de Coraline Magny et son parcours

    00:44

  • Transition de la teinture synthétique à la teinture végétale

    01:58

  • Utilisation de la teinture végétale dans l'enseignement

    03:42

  • Techniques de shibori et leurs applications

    04:21

  • Palette de couleurs avec une seule plante

    08:16

  • Présentation de l'ESAAT et de ses cursus

    12:15

  • Création d'un nuancier de couleurs naturelles avec les étudiants

    16:01

  • Influences et inspirations dans la teinture végétale

    23:42

  • Avenir de la teinture végétale et son intégration dans l'enseignement

    27:15

  • Conclusion et remerciements

    40:54

Share

Embed

You may also like