- Pauline Leroux ArtEcoVert
Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur.
- Pauline ArtEcoVert
Mon but,
- ArtEcoVert
fédérer et démocratiser la couleur végétale dans nos vies. Alors c'est parti, bonne écoute ! Bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast ArtEcoVert Henry Joseph de l'entreprise Phytobocaz. Bonjour Henry.
- Pauline ArtEcoVert
Oui, bonjour Pauline.
- ArtEcoVert
Alors Henry, on emmène nos auditeurs en voyage parce qu'on part en Guadeloupe avec vous. Je voulais vous poser la première question, c'est est-ce que vous pouvez vous présenter et raconter votre parcours aux auditeurs, ce qui vous a amené à la couleur végétale ?
- Henry Joseph Phytobokaz
Peut-être juste avant, pour vous féliciter Pauline. parce que vous avez réussi quelque chose qui à mon avis est très très important c'est que vous avez réussi à faire fédérer à travers des podcasts justement tous ces amoureux, tous ces passionnés de la couleur et je vous dis déjà un grand bravo et bienvenue au club c'est un petit club je crois que c'est atypique merci Je suis pharmacien. En tant que pharmacien, j'ai fait un doc de biologie à Pointe-à-Pique, à l'université de Pointe-à-Pique. Le fait qu'il venait de s'ouvrir en fait, il n'y avait pas d'université, donc c'était en 1977. Et là, je vais faire ce doc de biologie avec différents professeurs. Et d'ailleurs, un des professeurs... 30 ans après, deviendra mon associé. Donc vous voyez comment s'associer à son professeur de chimie, pour moi c'était ma plus grande fierté. Donc après mon doc de biologie, donc après la vie, je vais partir à Montpellier. Et là, en fait, je vais faire des études de pharmacie. Je n'avais jamais pensé ça de ma vie, mais c'est un pur hasard. Je me retrouve en pharmacie directement en deuxième année après mon doc. et après je vais soutenir ma thèse de doctorat en pharmacie. Et en 1983, après, je suis repéré par des chercheurs de l'Université de Toulouse, donc le professeur Stanislas qui était le voyant de la faculté de pharmacie du Teguiané de Toulouse, et là je vais faire un DEA. Je vais parler un peu du master, donc diplôme d'études approfondies. Et donc à l'Institut National Polytechnique de Toulouse, où je ferai ce que je voulais toujours faire, c'est après mes études de pharmacie, je voulais faire une école d'agronomie, donc je vais faire l'ENSAT, l'École Nationale Supérieure d'Agronomie, et je vais faire l'ENSAT, l'École Nationale Supérieure de Chimie, donc à travers ce dehors. Donc, fort de mon DEA, en fait, j'aurai mon passeport pour faire de la recherche. Et au cours de cette recherche, je vais faire un doctorat de troisième cycle en pharmacognosie. Alors, pour ceux qui ne connaissent pas la pharmacognosie, dans pharmacognosie, on a pharmacon qui signifie remède, gnosie, connaissance. Donc, c'est la connaissance des remèdes. Et je vais me spécialiser dans les remèdes à partir de plantes tropicales. Et là, je vais soutenir ma thèse en 1988. Ensuite, je vais rentrer en Guadeloupe, en 1988, et je suis pharmacien, donc je peux déjà travailler en pharmacie, ce que je vais faire à mi-temps, et je vais rencontrer un médecin angéologue, le Dr Pierre Saint-Clus, et là, il me dit, écoute Henri, est-ce que tu as lu ma thèse ? et la plante que tu utilises, sous laquelle tu as fait ta thèse, qui est Justicia pectoralis, et cette Justicia, en fait, contient les mêmes molécules qu'un produit que je prescris qui s'appelle Sbidemphore. et donc est-ce que tu es capable de me fabriquer un produit à partir de ta plante ? Et comme il faisait en fait, il utilisait un gel de carbopole, et à partir de ce gel, je lui ai fait une préparation, et en fait tous les phénomènes d'EDM, après les opérations, étaient passés avec cette graine. donc fort de ce premier produit qu'on va inventer et il me dit, si pour s'amuser on créait une petite unité de production de ploches médicinales en bois de loup voilà, donc à mi-temps, trois à mi-temps, pharmacie, moi à mi-temps entre deux chirurgies, une ETD à saucler, à cultiver, etc. donc on va créer cette société qui va s'appeler HP Santé H pour Henri et P pour Pierre. Et là, mais c'était trop tôt. 1989, faire des produits à base de plantes médicinales, c'était trop novateur pour l'époque. Et en fait, nos produits n'auront pas beaucoup de succès. Et il m'a dit, moi, je perds mon temps. Je vais continuer. Donc, il est retourné. Il a créé un centre de thalassothérapie. Et moi, j'aurais l'opportunité d'acheter une pharmacie dans la capitale, avec un confrère pharmacien. Et là, dans cette pharmacie, en fait, fort de mes compétences de pharmacognosie, je vais innover. Et je vais créer un grand préparatoire dans cette pharmacie, à l'image de ce qu'étaient les pharmaciens apothicaires de l'époque, anciennement. Et là, je vais faire des préparations. personnalisés, à des pathologies que les gens n'arrivaient pas à résoudre. Et j'arrivais à les résoudre au sein de ma pharmacie. Et là, je vais inventer pas mal de produits. Et le problème, c'est que je passais mon temps au préparatoire, à faire des préparations, et très, très peu de gens au contrat avant des spécialités pharmaceutiques. Et les produits avaient tellement de succès, c'est qu'en 2005, Donc j'ai dit à mon associé que ce n'est pas pour lui, mais je crois que je ne vends plus de spécialité, moi je préfère partir et créer une société vraiment spécialisée dans les préparations que je faisais à la pharmacie. Et c'est là que mon professeur de chimie, du DEUG, en fait, qui lui part à la retraite, et il me dit, écoute Henri, si tu veux bien, on peut s'associer, on peut créer une société. Et là, on va créer une société en 2005 qui va s'appeler Fit Obokaz. Fit, plant, et Obokaz, les plantes autour de la maison. Et c'est ainsi en fait qu'on a créé cette société où j'ai pris les six meilleures ventes de la pharmacie et qui a permis de démarrer tout de suite dans la fabrication des produits.
- ArtEcoVert
D'accord, et alors comment de cette création vous êtes arrivé sur la couleur végétale, enfin les liens qu'on peut avoir avec les plantes pectorales ?
- Pauline ArtEcoVert
Vous savez Pauline, vous allez être très étonnée si je vous dis que je suis arrivé à la couleur végétale, non pas par la couleur, mais par les parfums.
- ArtEcoVert
Eh bien, ça ne m'étonnerait pas puisque ici, là, dans mon jardin, moi, j'ai commencé par les parfums et je me suis rendu compte que les plantes parfumées avaient certaines des propriétés tinctoriales. Bref, donc non, ça ne m'étonne pas, mais allez-y, ça me rend curieuse du coup.
- Pauline ArtEcoVert
Alors, nous sommes en 2010, la société Phytobocaz avait déjà 5 ans et je fais la connaissance d'une journaliste spécialisée dans les plantes à parfum qui est Nicole Beauchamp. qui a écrit Le jardin parfumé aux éditions Larousse. Et donc, on fait connaissance, elle vient en Guadeloupe, et là, je vais la faire découvrir, les senteurs des plantes parfumées de la nuit, en fait. Elle me dit, est-ce que vous connaissez des plantes qui s'ouvrent la nuit et qui sentent très bon ? Je dis oui, j'en connais pas mal, comme les belles de nuit, comme les gracéna, pas mal. Et elle vient, et le soir, on part à la découverte de ces plantes parfumées de nuit. Donc elle m'invite ensuite à Paris, fort de cette découverte, où les témoins ont très séduit par ces plantes de bois de l'eau parfumées. elle m'invite à Paris, et j'étais chez elle, on était en train de prendre un pot, et elle reçoit comme ça, par hasard, elle reçoit un coup de fil, pas de n'importe qui, parce qu'elle était en relation avec les gens qui font des parfums, elle reçoit un coup de fil de Jean-Claude Hélénat. Et Jean-Claude Hélénat, pour ceux qui ne le savent pas, c'est le nez des parfums d'Hermès. Et vous savez que chez Hermès, ils possèdent une filière textile et couleurs. Et Jean-Claude Lévin pose la question à Nicole, il dit Nicole, est-ce que tu ne connaîtrais pas, par hasard, des gens qui s'intéressent à l'individu ? Elle dit, je ne sais pas trop, mais comme j'ai un ami qui est là, je vais lui poser la question après avoir raccroché. Donc elle raccroche et elle me dit, Henri, est-ce que dans ton réseau, tu connais des gens qui font de l'indigo parce que je viens d'avoir, j'ai encore des délats et je voudrais un bel indigo. Alors je dis, écoute-moi bien, je suis botaniste, je ne connais rien, rien du bleu indigo, par contre je sais qu'en Guadeloupe, nous possédons deux espèces d'indigo tiers, du genre indigofera, indigofera tectoria et indigofera sufficticosa, c'est tout ce que je sais. Donc de retour en Guadeloupe en 2010, je parle à mon associé le professeur Paul Bourgeois. je dis, Paul, tu sais, il y a Hermès qui cherche du bleu indigo, est-ce qu'on ne pourrait pas faire ça, quoi, au sein du laboratoire ? Mais comme c'est un chimiste organicien, il me fait tout un schéma sur, donc, comment se forme l'indigo. Il me dit, tu sais, l'indigo se forme à partir d'un précurseur qui s'appelle l'indicane, qui est un hétérosyde, c'est-à-dire un produit qui est lié à un sucre, et donc on fait une fermentation et après cette fermentation en fait des produits vont se libérer et parmi les produits qui se libèrent c'est à dire les produits qui ne sont plus liés au sucre on a l'indoxyle et l'isatine et cet inoxyle et cette isatine par la suite peuvent se mettre en couple et le couple indoxyl-isatine, ça va donner l'indirubine qui est rouge, et le couple indoxyl-indoxyle, donc ça va donner le bleu-indigotine. Je dis, waouh ! Et il me fait tous les schémas, etc. Donc, il m'a dit, est-ce que tu peux me trouver trois acquis botanistes, est-ce que tu peux me trouver des plantes, maintenant ? Comme ça, on va pouvoir faire, peut-être, cet indigo à partir de ce schéma. Je savais qu'il y en avait pas loin de mon laboratoire, donc je le disais à la Gorber, près de la mer, et je savais qu'il y avait des pieds d'indigo, et je lui prône si c'est un indigo. Et là, il fait chauffer les plantes, et après il filtre, et il m'a dit, est-ce que tu as une batteuse électrique ? Pour faire des oeufs, des oeufs de la tigre, oui. Donc je prends cette batteuse électrique, et après filtration, il fait, il emmène de l'oxygène et il m'a dit, tu vois ce que tu vois, les petites taches bleues là, qui sont sur les bulles, comme des bulles de savon, ces petites taches bleues, eh bien, c'est ce qu'on appelle les digotines. Eh bien, c'est ce que notre âne voit. Eh bien, on va essayer de voir comment on peut faire un petit peu plus, etc., etc. Et l'année d'après, donc en 2011, On apprend que Dominique Ardon et Anne de la Serriette organisent ISEN 2011. J'ai dit Paul, il faut absolument qu'on aille là, parce qu'il est prévu que 400 spécialistes seront présents à La Rochelle. Donc on prend le milieu de l'avion, on part tous les deux pour aller à La Rochelle, et là... on va rencontrer les meilleurs spécialistes du monde et je me rends compte que les meilleurs spécialistes du monde ils sont presque tous français dominique cardon michel garcias andré rosier anne de la saliette etc etc tout ce beau monde est à la rochelle et il y avait un archéologue il venait de la guadeloupe il s'appelle tristan ivon et lui il était en train d'écrire un livre sur l'histoire des indigos des antilles donc 17e, 18e siècle parce que la Guadeloupe est un grand pays donc exportateur d'indigo et là, toujours à la Rochelle on me présente un monsieur du nom de Michel Garcia et il me dit écoute-moi Henri on s'est renversé, on a mis un métier tout de suite écoute-moi Henri si tu veux maîtriser l'exception d'indigo il faut que tu maîtrises le test de l'âme Je dis, les pieds, c'est quoi ça, ce test de la bouteille ? Il m'a dit, ben, tu vas faire une extraction, je vais t'expliquer comment faire. Et au cours du temps, se forme justement cette indigotine, et toutes les heures, toutes les demi-heures, tu vas prélever un petit peu de ton liquide de fermentation, et tu verras, au fur et à mesure, des petits grains vont se former dans cette bouteille, et quand il y a un maximum de grains, tu arrêtes. et c'est là qu'en fait je suis rentré donc en Guadeloupe par la suite et c'est là en fait que je vais avoir cette maîtrise en fait des petits grottes dans la bouteille je dis merci, merci Michel Puis aura lieu les rencontres de couleur Garance, parce que Michel habitait à Lovisa, et il y avait, c'est dommage que ça s'est arrêté, mais il y avait vraiment des colloques sur la couleur, dans les jardins des plantes territoriales à Lovisa. Donc, il y a Dominique Cardon, la chef, vraiment, qui dit, écoute, je vais te présenter quelqu'un, il me présente Patrick Brunac, d'ailleurs, qui est dans l'époque de CopsCats, donc on va sympathiser. et on va me présenter William Rolfe, Nathalie Tuile tous ces passionnés de couleur et qui deviennent mes amis aussi mes partenaires dans le domaine des contes territoriales et ce sont toutes ces belles personnes que j'ai rencontrées et qui ont fait de moi ce que je suis et je leur dis tout simplement Pauline, je leur dis tout simplement un grand merci
- ArtEcoVert
Ah génial Bon, super histoire du coup, on a compris. Alors l'histoire du test de la bouteille, j'avais jamais entendu donc je suis surprise. Moi j'ai des questions donc je sais pas dans quelle ordre on va les prendre mais j'ai beaucoup de demandes sur les plantes des territoires d'outre-mer, de la flore tinctoriale qui n'est pas la même qu'en métropole. J'ai beaucoup de gens de la Réunion, de la Martinique et de la Guadeloupe.
- Pauline ArtEcoVert
Peut-être avant de parler de... des gens du territoire, comme Martiné et André Hinault. Peut-être parler un petit peu du phytoburkaz ?
- ArtEcoVert
Oui,
- Pauline ArtEcoVert
allez-y. Il faut savoir que le laboratoire phytoburkaz a été créé en 2005, comme je l'ai dit avec mon associé, le professeur Paul Bourgeois. Et lui, il est passionné de chimie. Je vous l'ai montré tout à l'heure, donc je préfère déjà ce qu'il m'a expliqué. Et... Il me dit, écoute Henri, ce serait bien qu'au sein de notre laboratoire, on valorise le patrimoine végétal ultramarin, parce que 80% de la biodiversité française est en outre-mer, et en fait il n'y a pas de spécialistes, il faudrait vraiment qu'on s'y intéresse. Et donc notre entreprise est spécialisée dans les secteurs des phytocosmétiques et des compléments alimentaires. et depuis peu nous sommes diversifiés dans les huiles, dans les plantes sectoriales, comme je vous ai dit, et notre société est composée de 10 salariés, donc répartis en 5 pôles, qui nous permettent un peu de participer à la conception des produits, de la graine jusqu'au produit fini. On maîtrise tout. Le nom de Chitobocale, pour ceux qui ne le savent pas, ça vient de chute, plante, obocale, ce qui veut dire autour de la maison. Donc le terme phytobaucase veut dire tout simplement les plantes autour de la maison. Et notre entreprise donc, soucieuse de l'environnement dans lequel on est, on vient de protéger, parce qu'on a 80% de la biodiversité française dans ces îles, bien que la Guyane n'est pas une île, mais c'est vraiment la plus grande des forêts, donc... on collabore avec la nature et je vais vous faire découvrir tout à l'heure comment à partir de l'économie symbiotique on participe justement à faire à concevoir nos produits uniquement avec des êtres vivants voilà c'est totalement nouveau et je serai vraiment très heureux de vous faire découvrir ça sans pesticides, c'est bien possible et sans engrais chimiques donc Vous m'avez posé une question tout à l'heure sur les demandes.
- ArtEcoVert
Les flores tectoriales, donc outre-mer, donc je comprends mieux du coup s'il y a 80% de la biodiversité qui est outre-mer. En fait, j'ai vraiment beaucoup de demandes par rapport à cette flore qui est particulière. Est-ce qu'il y a certaines essences, certaines plantes tectoriales significatives dont vous pouvez nous parler, en aborder quelques-unes, les couleurs qu'elles peuvent donner, un petit peu faire un petit tour d'horizon sur cette question-là qui m'est souvent posée.
- Pauline ArtEcoVert
Alors, ce qu'il faut savoir c'est que Phytoburkaz aujourd'hui a 18 ans, donc c'est une adolescente. Et après 12 ans de recherche et développement, nous avons construit, donc à Phytoburkaz, une unité indiscrimielle entièrement dédiée à la couleur végétale. Donc c'est notre plus gros investissement. Je n'ose même pas vous dire le coût de cette investissement. C'est 2 millions d'euros, donc c'est énorme. et c'est une unité entièrement dédiée à la production. Nous ne sommes pas encore opérationnels, nous sommes en train de terminer les bâtiments, les dernières machines, tout a été pensé par nous. Même par exemple notre unité industrielle, qui est peut-être... Je vous propose une information. On vient d'avoir la visite du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Il est venu visiter l'unité d'extraction d'indigo. On est peut-être la plus grande unité industrielle d'Europe, en fait, d'extraction d'indigo. Mais on ne fait pas que du bleu. Et si je ne fais pas que du bleu, je veux encore remercier... Michel, parce que Michel, il est vraiment ingénieux. Michel Garcia, je ne sais pas comment il fait, mais il explique tellement bien, il a beaucoup de pédagogie. Il m'a fait découvrir, en fait, ce qu'on appelle les chartes. Je ne sais pas si vous êtes au courant. Les chartes, en fait, c'est qu'il prend un tissu coton, et sous lesquels, en fait, il va imprégner des mordants. Et ensuite, une fois que ces mordants sont imprégnés sur le tissu, qu'est-ce qu'il va se passer ? On va casser des feuilles. Donc, je me suis mis à casser des feuilles, toutes sortes de feuilles, dans mon jardin, je connais, à la montagne, etc. Des plantes qui ne sont pas connues du tout, du tout, du tout, du monde des plantes intérieures. Et là... on va découvrir des choses extraordinaires. Des plantes qui étaient vertes, qui vont nous donner du jaune, du rouge, du vert, toutes les couleurs. Et en fin de compte, on a aujourd'hui énormément de plantes de chez nous, en fait, qui sont des plantes tectoriales et totalement inconnues. du grand public et même des spécialistes. Même à Dominique Cardon, je lui dis que j'ai trouvé telle ou telle couleur et il me dit, oui, c'est génial ton truc-là, parce que je lui envoie. Donc, ce sont vraiment des amis, je lui envoie à Saint-Pierre-et-Montier aussi. Je leur envoie en fait mes petites nouvelles et on a vraiment découvert beaucoup, beaucoup, beaucoup de plantes. Ce qu'il faut savoir, et il faudrait dire ça à nos passionnés de couleurs, il faut savoir, Pauline, que toutes les plantes, je dis bien toutes les plantes, toutes les plantes de la planète ont des couleurs. Toutes les plantes de la planète ont des couleurs pour une raison simple, c'est qu'il faut savoir la différence entre nous, les animaux, et les plantes. C'est comme bouche, il est pas comme bouche. Et si on m'épauline au soleil toute la journée, sans plus, qui va chercher ? Et il va me dire, écoute Henri, pourquoi tu m'as laissé au soleil ? Je suis tout brûlé, d'autant parce que je n'avais pas d'écran soleil. Alors il faut savoir que les plantes, en fait, sont des êtres vivants qui vont capter les photons de lumière à travers le soleil. et ils vont transformer ces photons de lumière en énergie chimique qu'on appelle du sucre. Pour une réaction chimique très simple, les plantes vont capter du gaz carbonique, du CO2, pour qu'on dit que les plantes vont séquestrer le carbone, capter du CO2, vont puiser de l'eau dans le sol après la pluie. Donc CO2 plus H2O, ça va nous donner ces 6 H2O6, du glucose, qui est le sucre de notre sang et de l'oxygène qui se dégage. Et nous, qu'est-ce qu'on fait ? on respire de l'oxygène, on bouffe du sucre, et on projette du gaz carbonique et de l'eau. On transpire. Voilà. Et la boucle est bouclée. Mais les plantes, elles sont toutes la journée au soleil, sans être brûlées. Donc, elles ont, certes, leur panneau solaire, qu'on appelle un chlorophylle, pour capter ces photons de lumière. Mais sous ce chlorophylle, en fait, vous avez des écrans solaires. Et c'est ce qui donne les fameux paysages d'automne. Vous voyez, les présages d'automne, rouges, de Canada, de France, etc. Parce que les feuilles, avant de disparaître, vont d'abord perdre la chlorophylle. Et sous la chlorophylle, va apparaître la couleur qui protégeait la feuille faite du soleil. Et ça, ce sont les couleurs. D'accord.
- ArtEcoVert
D'accord. Donc, elles en ont toutes.
- Pauline ArtEcoVert
Voilà, elles en ont toutes. Et nous, comme on savait ça, on a été chercher. Et donc, beaucoup, beaucoup, beaucoup... On a du jaune avec l'amandie et le pays, on a du violet avec le campèche, il y a beaucoup de jaune. Les jaunes, c'est des flavonoïdes, il y en a beaucoup. On fait du rouge avec le noni, on l'appelle le noni. Donc voilà, on a du... du rose coloration bébé par exemple avec une plante qu'on appelle l'envers rouge et des bleus, il y a des bleus et des indigos d'accord mais il y a des plantes en fait qui ont même le camp pêche la façon dont vous traitez en fonction du ph vous pouvez avoir du bleu avec en plus du violet et parce que en fait le violet c'est un mélange de bleu et de rouge et donc on est en train de faire tout un catalogue en fait de plantes à couleur de Guadeloupe qu'on va retrouver à Tahiti Donc, on arrive, on arrive, on arrive, on sera bientôt en mesure de souffrir de toutes ces couleurs.
- ArtEcoVert
Est-ce que vous réalisez des tests, parce que ça va être la question des auditeurs qui va suivre juste après, c'est, donc, ok, il y a des plantes que vous avez découvertes qui donnent de la couleur, des couleurs variées, mais beaucoup de jaune, comme un peu nous en métropole. Est-ce que vous avez fait des tests de résistance de cette couleur ? Est-ce que vous pouvez, dans votre guide, en gros, des plantes exotiques, vous aurez aussi un peu des tests de résistance ? par exemple lumière ou lavage, etc., pour les gens qui souhaitent derrière une application spécifique ? Il n'y a pas que la teinture, il y a plein d'applications, mais est-ce que vous aurez cette petite nuance qui guide un peu ?
- Pauline ArtEcoVert
Déjà, nous, on distingue. On distingue les couleurs destinées à la cosmétique. D'accord ? Par exemple, on a le Roku, pour les rouges à lèvres. Voilà. On a le Plutoria Ternatea, qui donne du bleu. et qui est une plante un petit peu particulière et qui est très à la mode. À la mode, pourquoi à la mode ? Parce que les gens font des boissons. Ils peuvent boire, en fait, des infusions de ces plantes. On peut faire aussi des cocktails, des cocktails bleus. Alors, pour amuser un petit peu les gens qui nous écoutent, cette plante s'appelle Clitoria ternatea, parce que vous savez que les blotanistes, ils ne vont pas chercher loin, parce que comme c'est à la forme de Clitoris, la fleur, justement, la fleur s'appelle comme ça. Et donc ça, c'est quand même du bleu assez stable. Alors, contrairement à certaines fleurs bleues, il faut savoir que la plupart des colorants, des pétales, tout ça, c'est pas très stable. Les roses, c'est un peu comme le vin, vous savez, c'est pas très stable. Par contre, si on veut, c'est ça qui est bien avec la chimie des couleurs, si on veut aller vers... des couleurs résistantes, c'est chimique, en fait. Et c'est pour ça que le livre, la Bible, de Dominique Cardon, en fait, a fait une classification chimique des couleurs, et la bonne connaissance de la chimie des couleurs peut donner déjà une indication de la résistance. C'est surtout ça. Une question de chimie.
- ArtEcoVert
D'accord, ok. Tout ce qui est pétale,
- Pauline ArtEcoVert
tout ce qui est fruit, tout ce qui est ça, c'est très joli. de belles fleurs, de beaux fruits.
- ArtEcoVert
Mais c'est plutôt éphémère.
- Pauline ArtEcoVert
C'est vraiment, en fait, les couleurs qui sont très stables, très souvent, c'est des couleurs que vous ne voyez pas. En fait, ils sont, par exemple, dans les écorces, dans le bois, par exemple, comme le... En pêche. En pêche, voilà, comme les racines du monique. Mais c'est vraiment des couleurs qui sont cachées et qui sont, en fait, plus des substances. qui vont protéger la plante, et c'est pour ça que c'est résistant, ça va protéger la plante contre des attaques, des attaques de chenilles, des attaques de parasites, etc. Et ce sont des substances protectrices de la plante, et qui dit protectrices, il faut que ça dure, et pour que ça dure, si ça dure pour la plante, ça va durer au soleil, etc. Donc il faut toujours faire des liens, en fait, voilà.
- ArtEcoVert
Ok. Donc, les personnes qui sont en recherche d'un livre ou des documentations sur leur flore panctoriale exotique, elles vont bientôt avoir de quoi chercher, de quoi trouver des informations. on veut vraiment être leader en matière de protectorial ultramarine, parce qu'on sait que les richesses de la France de demain sont chez nous, à notre mère, à cause de ces 80 ou par la cause, grâce à ces 80% de biodiversité, et ça, on le sait, et c'est pour ça que... veut, avec tous les problèmes de chômage, tous les problèmes que nous avons en Guadeloupe, à partir de notre biodiversité, développer une nouvelle économie. Parce qu'on ne veut plus partager la pauvreté, donc on veut partager la richesse. Et donc on veut partager cette richesse avec vous, dans l'Hexagone. Donc, alors maintenant...
- Pauline ArtEcoVert
Alors du coup maintenant Henri, je voulais parler avec vous un peu de votre écosystème, c'est-à-dire vos partenaires, si vous avez le droit d'en parler, vos collaborations, les domaines d'application que vous couvrez. Nous racontez un petit peu tout ce qui se passe autour de vous dans votre écosystème.
- ArtEcoVert
Concernant nos partenaires, là on était en recherche-développement. Et celui qui va être le plus précieux pour moi parmi les partenaires, c'est celui qui c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, c'est Patrick Brénac. Patrick Brénac, en fait, on a eu l'amitié depuis l'ORIS, et c'est Dominique Ardault qui me l'a présenté. Il était à La Rochelle, mais on ne s'est pas croisés à La Rochelle, on s'est croisés plutôt à l'ORIS, à deux ans, en fait. Et lui, comme il est chimiste, il est biochimiste, et il a ouvert un... très belle entreprise, qui est l'entreprise Greening, et qui fournit, en fait, des matières premières, mais il a une très, très grande maîtrise de la chimie des couleurs. Et ce qui va être intéressant, depuis 2015, il va me faire une proposition, c'est de doser la teneur en indigotine de toutes mes extractions d'indigo. et on est déjà à 150 extractions en recherche-développement. Et sur les 150 extractions, en fin de compte, on va essayer à travers ces résultats de teneur en amygdotine, essayer de trouver un itinéraire technique industriel pour avoir un bleu stable fait dans le temps. Alors là, il va m'apprendre quelque chose. Il va m'apprendre et il va me dire, écoute Henri, est-ce que tu sais que la teneur en indigotine bleue, que vous achetez de la poudre bleue, donc sous le marché international, les teneurs en indigotine vont varier entre 5 à 40%. Pour vous donner quelques idées, vous avez à peu près 5% d'indigotine à Madagascar, entre 8 et 20% pour l'indigo de l'Inde. Et donc l'Uberon et donc avec Amiens, vous avez entre 27 et 30% d'indigotines. Et en fait, les meilleurs résultats qu'il avait, c'était l'indigo de la BX Central du Salvador avec 40% d'indigotines. Donc j'avais déjà des références de teneurs en indigotines. et au fur et à mesure de notre maîtrise d'itinéraire technique industrielle et pilote d'exaction d'indigo il m'apprend, il me dit écoute Henri, est-ce que tu sais que tu as le plus bel indigo de la planète waouh et on décide en fait de faire une communication et on ira présenter nos résultats en Inde je vais partir en Inde avec vous donc il y avait un colloque sur les couleurs Et là, sous nos 150 extractions pollues, notre moyenne, je vous ai dit le plus beau c'est 40%, c'est le Salvador, notre moyenne est à 65% de la diboutique, du jamais vu. Et on a eu 5 records mondiaux à près de 80%, 79%. Je ne sais pas pourquoi on n'arrive pas à 80%, on a fait 79,5%, 79,7%. Et donc, en fait, on a 5 extracteurs de 80% d'indultes. C'est dû, jamais vu. En fait, qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand vous avez 5% d'indultes, par exemple, au Madagascar, ça veut dire que vous avez 95% d'impuretés. Quand vous avez 8%, vous avez 92% d'impuretés. Et nous, avec 65 à 80% d'indigotines, ça veut dire qu'en fait, on n'a presque pas d'impureté. Et les molécules qu'on va trouver, c'est pour ça que notre indigo, et je porte une information aux personnes qui nous écoutent.
- Speaker #2
Vous avez aimé ? Suite au prochain épisode.
- Speaker #3
Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram Artecovert, A-R-T-E-C-O-V-E-R-T, pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast et de le noter et le commenter sur la plateforme d'écoute de votre choix, c'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous !
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