- Speaker #0
Au coeur de la boulange, le podcast de l'édition 1071, le média qui donne la parole à ceux et ceux qui façonnent la boulange. Je suis Hugues Dubon-Vaudry et je vous souhaite la bienvenue dans ce nouvel épisode de Au coeur de la boulange, le podcast de l'édition 1071. Mon invité aujourd'hui ne vient pas de la boulange mais de l'impression 3D et plus précisément de l'impression 3D appliquée à l'industrie. Bonjour Marine Coré-Bayet, vous êtes la fondatrice de la pâtisserie numérique, l'entreprise qui fabrique la pâtisse 3, une imprimante 3D que vous avez inventée pour le domaine de la pâtisserie comme son nom l'indique. Alors comment et pourquoi passe-t-on de l'impression 3D ? Industrielle à la pâtisserie.
- Speaker #1
Bonjour et merci beaucoup d'avoir de m'inviter à pouvoir vous raconter l'aventure de l'impression 3D culinaire. Alors, comme vous l'avez dit, moi je viens du monde de l'impression 3D industrielle. Je suis un dinosaure un peu de cette technologie parce que je travaille dedans depuis 2011. Et j'ai fait une première société qui a été revendue en 2019, donc il y a 6 ans. où on faisait de l'impression 3D industrielle, plastique et métal. Et puis, après cette première aventure, je me suis vraiment demandé ce que j'allais faire. J'ai eu un creux, il faut être très honnête. Et parce que j'avais envie de continuer dans l'impression 3D, mais quitte à continuer, autant le faire sur un sujet qui me passionne. Et à côté, ce qui me passionnait, c'est la pâtisserie. J'en fais depuis que je suis toute petite. J'ai toujours adoré ça. Je pense que j'aurais dû faire ça comme métier, mais voilà. les aléas de la vie ou en tout cas, ce n'était pas concevable, je pense, dans mon éducation et dans ma famille que je parte sur un métier comme ça, 100% manuel, même si ce n'est pas que manuel, mais en tout cas, principalement manuel. Et donc, avant qu'il ne soit trop tard, je me suis dit autant combiner mon expertise et ma passion.
- Speaker #0
Donc, c'est allier ce que vous savez faire à votre passion.
- Speaker #1
Exactement. Et donc, c'est génial. Ça fait six ans que je suis dessus et j'adore autant construire des machines d'impression 3D que de réfléchir à des recettes et pouvoir échanger avec les chefs, des boulangers, des pâtissiers en restauration. Et aussi essayer de leur amener des nouvelles solutions parce que je pense que c'est mon petit côté. ingénieur au final je ne suis pas ingénieur de formation mais je le suis devenu par mon métier ou par mon expérience professionnelle et je pense qu'il n'y a pas de fatalité quand on a des difficultés on peut toujours trouver comment améliorer les choses aménager les choses et
- Speaker #0
c'est ça qui me passionne c'est pouvoir mettre la technologie au service des gens oui et c'est ce qui m'amène à la question suivante c'est en préparant l'émission vous m'aviez dit une chose assez intéressante qu'on entend pas toujours, hélas, quand il s'agit de création d'entreprise ou d'innovation. J'essaie de reprendre un peu vos mots. Je voulais comprendre le métier de la pâtisserie pour voir comment j'allais pouvoir aider les artisans, comment j'allais pouvoir leur permettre de ne plus réaliser certaines tâches qui n'ont pas de valeur ajoutée. C'est exactement ça, votre démarche ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. En fait, quand j'ai commencé, dans l'impression 3D, je voyais bien qu'il y avait des choses en impression 3D alimentaire, mais je voyais que ça n'allait pas jusqu'au bout dans les cuisines. Or, moi, mon métier, enfin, mon travail dans cette technologie, ou en tout cas, ma conviction, c'est qu'elle peut être utile à partir du moment où on s'assoit autour d'une table, j'ai envie de dire, enfin, où on se pose deux minutes pour se dire, OK, elle ne va pas remplacer tout. Évidemment, ça n'a pas de sens de se dire qu'une technologie… C'est comme, vous voyez, avec l'IA en ce moment, excusez-moi, je fais une aparté, on se dit que l'IA va tout changer. Ben non, en fait, une nouvelle technologie, ça ne change pas tout. Ça vient à la marge de changer des choses, quoi. Et donc là, c'est pareil. L'impression 3D n'est pas du tout là pour remplacer des techniques de production qui existent pour certaines depuis des siècles ou des décennies. Mais elle vient pour venir s'ajouter et renforcer quelque chose. Elle doit trouver sa place à côté des autres. Et donc ça, j'ai toujours fait ça dans plein d'industries, plein de domaines. Et comme je voyais que l'impression 3D alimentaire ne prenait pas, je me suis dit, il faut que j'aille dans les cuisines. déjà parce que j'avais envie de savoir ce que j'avais dans les mains, mais aussi pour comprendre le métier, avoir le bon vocabulaire et voir si elle peut rentrer dans des trous. Vraiment, voilà, des trous. Et moi, ce qui m'a surpris au fur et à mesure de mes stages, parce que j'ai fait un CAP en reconversion pendant une année, avec des stages en boutique, en restauration, c'est qu'il y avait plein de moments où les tâches qu'on effectuait n'avaient rien à voir avec, enfin très peu à voir avec l'intelligence de la main. Et j'avais devant moi des gens exceptionnels, mais qui faisaient des tâches honnêtement stupides par rapport à leurs talents. Excusez-moi de le dire comme ça. Et du coup, je me disais, en fait, c'est bizarre, il y a plein de moments où ils réfléchissent, où en se disant, là on a un problème, on va enquiller les heures pour y arriver, alors qu'il y a plein de choses qui sont du domaine de la... pure production qui sont des la production j'en ai vu dans d'autres secteurs vous voyez où on a automatisé automatisé des tâches parce qu'on s'est dit bah ça en fait ça fait mal ça fait mal dans les mains où ça fait mal dans les bras ça fait mal pour les gars et puis c'est pas là que se trouve la valeur ajoutée donc je voulais voir comment cette techno pouvait aider sur des tâches à plus faible valeur ajoutée tout en apportant de la créativité parce que c'est ça qui est beau avec l'impression 3d c'est qu'Impressions 3D, ce n'est pas la série, c'est le contraire de la série en fait. C'est une série qui démarre à un exemplaire. C'est un outil industriel qui vous permet de faire parfaitement une chose, aussi bien que mille choses, mais très très bien, une chose, puis ensuite une autre chose, puis ensuite une autre chose, puis ensuite une autre chose. Si vous arrivez à me suivre. C'est peut-être un peu compliqué ce que je dis.
- Speaker #0
Juste pour, parce qu'on n'a pas du tout parlé, on n'a pas parlé de la petite histoire comme une machine, mais on n'a pas du tout parlé de ce qu'elle faisait. Si vous pouviez, en trois phrases, décrire un peu ce qu'elle fait, enfin définir ce qu'elle fait pour que les gens aient tout de suite en tête le produit en tête.
- Speaker #1
Oui. Donc la pâtisserie, elle fait des bases de gâteau sans aucun moule. Donc elle dessine des biscuits à partir d'un fichier 3D. Donc comme une imprimante 3D qu'on connaît qui dessine avec un filament de plastique, elle, au lieu de... construire une forme avec un filament de plastique, elle le fait en venant mélanger une partie liquide avec un ingrédient solide, qui est très souvent la poudre de blé, par exemple si on va faire un biscuit, mais dans d'autres recettes qui peuvent se révéler être d'autres matériaux. Et comme ça, au fur et à mesure, elle va construire la pièce. Donc ça, ça permet à la fin d'avoir un biscuit qui a été construit sans forme, couche après couche. Et ça, on le fait qu'avec des ingrédients naturels. Il n'y a aucun additif. Par exemple, si on fait une pâte sucrée, on va utiliser des œufs, du beurre fondu, du sucre, du sel. Et la machine va mélanger ça avec de la farine pour construire le biscuit.
- Speaker #0
Donc, pas besoin de moule. Le moule, c'est la machine qui le crée. Elle crée les fonds de tarte, les biscuits, ces choses-là, sans moule. À partir de la farine qu'on intègre dans le bac.
- Speaker #1
Exactement. En fait, la poudre de blé, elle a une double fonction. C'est un ingrédient. Donc, comme si on mélangeait au batteur, en fait, sa farine avec le reste des ingrédients. Mais c'est également un support, un peu comme dans l'amidon pour les nounours sanguinaux. C'est-à-dire qu'elle va servir, en fait, à maintenir la pièce en place pendant qu'elle est crue, jusqu'à sa solidification. Il y a différents types de solidification. Une première solidification, ça peut être... Excusez-moi, j'ai une porte qui grince à côté. J'espère que ça ne vous gêne pas et que ça ne vous entendez pas trop. Ça va ?
- Speaker #0
Ça va aller, je pense, oui.
- Speaker #1
Ok, je reprends alors. En fait, la poudre de blé va servir à la fois de support et d'ingrédients. C'est un peu comme les empreintes d'amidon quand on fait les nounours en guimauve. C'est-à-dire qu'elle va maintenir la pièce en place. jusqu'à sa solidification. Donc les pièces, c'est un peu... Il y a quelqu'un qui m'a dit il y a quelques jours, c'est contre-intuitif votre truc en voyant la machine, mais en gros, les biscuits crus, ils sont en flottaison au sein d'un bain de poudre de blé et ils restent là jusqu'à ce qu'ils soient solidifiés. Donc quand on fait une recette avec beaucoup d'œufs, on est obligé de passer par une étape de cuisson parce qu'il y a des œufs, il faut faire attention. Mais si, par exemple, on fait de la pâte de fruits, on attend juste que la gélification se termine au sein, alors là, de sucre semoule. Et ensuite, on retire les pièces.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Et vous disiez, alors, cette machine, elle a mis du temps à la... Enfin, vous avez mis du temps à la conception, à la concevoir. Vous avez mis plus du... Enfin, le double, vous voyez. plus du double de ce que vous pensiez à l'origine. Vous pensiez mettre deux ans, vous avez mis cinq ans, c'est ça ?
- Speaker #1
En vrai, j'étais très optimiste. C'est-à-dire que quand j'ai terminé mon CAP, je pensais vraiment que j'en avais pour six mois. C'est-à-dire que pendant mon CAP, il y a une partie des stages que j'ai fait, c'est au Meurice, dans la brigade de Cédric Grolet, sur le 2 étoiles. Alors, je n'ai jamais eu l'occasion de parler à Cédric Grolet en direct de mon projet, mais en tout cas, j'en ai beaucoup parlé à la brigade. Et eux, ils m'avaient donc dit, surtout si tu avances là-dessus, si tu fais effectivement des bases de gâteau, fais-les sans additifs, sans rien, parce qu'on a déjà suffisamment de gens qui ont mal au ventre, on ne va pas rajouter encore un truc bizarre supplémentaire. Et ça, c'était une super... contrainte, un super conseil qu'il m'a donné. Parce que je pense qu'effectivement, la machine ne serait pas acceptée si je devais imposer absolument une recette. Et au contraire, c'est au pâtissier, au chef, au boulanger de faire sa recette. Et son goût, c'est lui. C'est son travail. Et donc, la machine n'est qu'un outil par rapport à ça. Et il peut mettre dedans sa propre recette. Et effectivement, quand je suis sortie, j'ai terminé mon CAP. Je disais à tout le monde, j'en ai pour six mois. Bon, d'accord, je ne vais pas pouvoir imprimer sur un plateau. Comme vous voyez les imprimantes plastiques, je savais que ça n'allait pas marcher. Parce qu'une pâte à gâteau, c'est visqueux, c'est mou. Et donc, on ne peut pas comme ça superposer les couches les unes par-dessus les autres sans avoir une gestion soit du froid, soit du chaud. Mais c'est quand même très complexe. Et d'ailleurs, il y a des gens qui ont été dans cette direction-là et les imprimantes 3D ne sont pas sorties sur le marché. On ne les voit pas. Ça n'a jamais abouti. Donc il fallait trouver une autre astuce et je m'étais dit ouais bon bah d'accord je connais plein de méthodes d'impression 3D, je vais faire des prototypes jusqu'à ce que je trouve la bonne mais ça va être rapide quoi. Et en vrai donc ça m'a pris deux ans et demi et huit prototypes jusqu'à ce que je trouve la bonne technologie que je n'ai pas du tout inventé mais que j'ai réadapté pour l'impression 3D alimentaire.
- Speaker #0
Alors question bête, pourquoi Patisse 3 si vous êtes à la 8 ?
- Speaker #1
Oui alors elle s'appelle Patisse 3, c'est vraiment... C'est vraiment une histoire rigolote. Elle ne s'appelait pas du tout Paddy's 3 au début. Elle s'appelait Innova Cake. On avait fait une séance de brainstorming. On avait cherché plein de mots. Et puis, il se trouve que j'ai une copine, une connaissance qui est journaliste au Figaro et sur la tech que je connaissais de mon ancien métier et qui me dit, je veux bien écrire un petit billet sur toi. pour te donner un coup de pouce. Ta machine s'appelle comment ? » Donc, je lui dis « Elle s'appelle InnovaCake. » Elle me dit « C'est nul comme nom. » Je dis « Ok. » Au moins, c'était clair. Au moins, c'était clair. Donc, je lui sors la liste de tous les noms qu'on avait imaginés. Elle me dit « Non, ça ne va pas. Ça ne va pas du tout ton truc. » Je lui dis « En fait, il y a un business angel franco-américain qui m'avait dit que je devrais l'appeler Patis3 parce que comme ça, en anglais, ça fait « Patis3 » et donc pâtisserie, donc ça fait un jeu de mots. Et elle me dit, ah ouais, génial, c'est bon, elle s'appelle comme ça. Et donc, elle a publié son billet en l'appelant Patisse 3 et c'était fait. Mais ce n'est pas son numéro de version, en vrai. C'est juste un jeu de mots.
- Speaker #0
Ok. Mais qui ne se comprend pas puisqu'on prononce la française.
- Speaker #1
Mais, ouais, voilà. En français, on reste à Patisse 3, mais ça fait Patisse 3, 3D, on comprend. Ah oui, d'accord. Ça reste dans l'univers, ça se tient.
- Speaker #0
Vous disiez, en préparant cette émission, encore une fois, moi ce que j'ai compris, c'est que la clé de la réussite a été votre équipe. Oui. Et que vous avez constitué votre équipe de profils déterminants pour avancer dans cette aventure. Et donc, quels sont ces profils ? Et en quoi ont-ils été si importants dans l'élaboration d'Apathie 3 ? D'Apathie 3 ?
- Speaker #1
Ouais. Effectivement, sans l'équipe, j'en serais clairement pas là aujourd'hui parce qu'en fait, il y a beaucoup de science derrière cette machine pour que ça fonctionne simplement pour l'utilisateur. Et donc, en fait, vous m'entendez parler de poudre de blé, par exemple, et pas de farine parce qu'effectivement, c'est… on ne peut pas la nommer farine parce qu'il y a une étape de transformation de la farine, c'est 100% de la farine de blé qu'on prend dans un moulin à Caen puisqu'on est en Normandie donc on essaye d'être très local mais on lui fait subir une transformation et ça ça a été vraiment un travail de fond qui nous a pris encore deux ans et demi donc vous voyez j'ai mis deux ans et demi à trouver la bonne technologie puis ensuite deux ans et demi à mettre au point ce procédé et la recette.
- Speaker #0
Pardon, c'est deux ans et demi la machine et deux ans et demi le produit, finalement, qu'on met dans la machine.
- Speaker #1
Oui, exactement. Il y a cinq années de recherche et développement. Et ça, ça a vraiment été le travail avec des chimistes et des docteurs, donc des docteurs en chimie et des docteurs en physique. C'est pour ça que je vous dis que... Des fois, je dis que c'est de la deep tech pour les gâteaux. parce que cette poudre de blé, elle doit avoir un comportement très particulier, une densité très particulière pour fonctionner et faire que les couches deviennent solides les unes avec les autres, que la partie liquide ne se diffuse pas trop et qu'on arrive à prédire la forme finale du biscuit en fonction des mouvements de la tête d'impression. En fait, en impression 3D, on a toujours un moment de traduction entre ce qu'on dessine sur un ordinateur et ce qu'elle va être la pièce en réalité. Et ça, c'est beaucoup de mathématiques, c'est beaucoup de physique, et en l'occurrence, nous, de réaction physico-chimique. Et pareil, c'est là où on voit que quand on est entrepreneur, on a plein d'innocence. Et il faut plein d'innocence pour se lancer dans une aventure. J'avais pas compris... Moi, avant, j'imprimais du plastique et du métal. Et ça, c'est des monomatériaux. Donc, j'imprimais du polyamide, j'imprimais de l'inox, du titane, des choses comme ça. Et ça, en fait, c'est des matériaux purs. Et c'est beaucoup plus simple, quelque part, de modéliser qu'une recette de pâtisserie dans laquelle vous avez des interactions entre des œufs, de la farine, du sel, du sucre, de la matière grasse, etc.
- Speaker #0
Finalement, vous avez une moitié première multiproduit, finalement. C'est un assemblage, c'est une recette. Contrairement à ce que vous dites, le plastique et ces choses-là, c'est plus uniforme, finalement, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, c'est des matériaux purs, oui. Donc finalement, d'un point de vue moléculaire, c'est beaucoup plus compliqué la cuisine, mais on le sait que la cuisine et la pâtisserie sont des choses scientifiquement très poussées, même si on n'a pas l'impression comme ça, quand on cuisine, de faire ça. et donc du coup je suis allée chercher et en fait voilà des physiciens et des chimistes passionnés de cuisine et de pâtisserie pour venir m'aider à constituer cette poudre qui est à la fois support et ingrédient donc ça c'était vraiment la partie scientifique et à côté de ça c'est les heureuses rencontres et les heureux hasards de la vie aussi qui ont fait qu'on a pu réussir c'est à dire que j'ai rencontré un boulanger docteur en thermique et croyez moi je pense qu'il en existe pas beaucoup au monde et probablement en France un seul, mais qui pouvait me faire des retours de son métier de boulanger qui pouvait traduire à mon équipe d'un point de vue scientifique, qui avait les deux piliers. Et puis, j'ai rencontré un très grand pâtissier, si ce n'est le plus grand pâtissier du monde, qui est aussi fan de tech, c'est M. Hermé. Et sans M. Hermé, on n'aurait pas pu aboutir le produit.
- Speaker #0
C'est ce que j'allais y venir. On n'a pas parlé de cette étape, mais vous êtes passée par la case télé avec qui veut être mon associé. Là, vous avez eu deux Business Angels, Eric Larchevêque et Jean-Pierre Nadir qui vous ont suivi. Mais est-ce que c'est là que vous avez rencontré Pierre Hermé ? Non,
- Speaker #1
je l'avais rencontré avant. J'ai rencontré M. Hermé fin 2022.
- Speaker #0
Qui vous a donné accès ? À son équipe et à son labo, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement. J'ai réussi à décrocher un rendez-vous avec lui suite à cette entrevue. Et là, il m'a dit cette phrase que je pense que je n'oublierai jamais, qui était intellectuellement parlant, c'est hyper satisfaisant ce que vous me racontez. Techniquement, je pense que vous êtes la personne la plus au point que j'ai jamais vue. Mais par contre, gustativement, c'est dégueulasse. Donc au moins, ça avait le mérite d'être franc et clair. Et ensuite, je ne suis pas... Je lui ai demandé un deuxième rendez-vous, ils m'ont redit que c'était vraiment pas bon. J'ai demandé encore un autre rendez-vous et puis je pense que devant ma tonacité, ça a plu à M. Hermé, enfin voilà j'imagine. Et donc il a demandé à son équipe de recherche et développement de me consacrer du temps pour m'aider à mettre au point, nous permettre de mettre au point en fait cette poudre de blé support. pour arriver vraiment à avoir tous les marqueurs d'une pâte sablée quand on fait un sablé, par exemple. Personne ne pouvait nous aider d'un point de vue scientifique. Je ne vous en imaginais pas. Peut-être que vous sentez que je suis une personne enthousiaste et énergique. Donc, j'ai frappé à des centaines de portes pour trouver des solutions. Et en fait, on a vraiment, alors là, pour le coup, été obligés d'inventer la solution pour que ça fonctionne.
- Speaker #0
Et donc, c'était tellement pas bon.
- Speaker #1
deux fois de suite que finalement Pierre-Alain m'a dit qu'il faut quand même l'aider parce que là elle ne va pas s'en sortir elle ne va pas s'en sortir la fille exactement et donc vous me disiez que vous aviez des comment on peut dire ça des
- Speaker #0
En développement informatique, on appelle ça des sprints. Là, vous aviez quasiment des rendez-vous très courts, mais pour faire des... Des itérations. Voilà, c'est ça. Vous arriviez dans le labo, j'en suis arrivé là, qu'est-ce que vous en pensez ? Et hop, oui, non, on y va, on n'y va pas, c'est par là, c'est pas par là, là, c'est la bonne voie, c'est pas la bonne voie, et c'est un peu comme ça. C'était ça.
- Speaker #1
Voilà, exactement. En fait... Même si je ne voyais pas M. Hermé tout le temps, parce qu'il est extrêmement occupé, toute son équipe R&D, dirigée par Yann Evano, c'est des palais de folie. Des gens, vous imaginez, la langue Kizou. Ils étaient capables de détecter ma recette et me dire « Non, mais là, en fait, t'as mis ça, tel ingrédient, c'est pas possible, faut que tu le retires. Là, ça sent encore trop la poudre d'avon, etc. » Parce que pendant un temps... Pour arriver à faire que la poudre fonctionne de la façon dont on a besoin, je faisais des mélanges entre différents ingrédients, ce qui était encore plus compliqué d'un point de vue physico-chimique. Et puis ensuite, on a réussi à transformer notre farine de blé pour que la poudre ait le bon comportement. Et ça, c'est vraiment grâce à eux, parce qu'ils nous ont poussé dans nos retranchements et je les remercierai jamais assez. J'ai voulu remercier M. Hermé au moment de qui veut être mon associé, en lui disant « écoutez, moi je vous propose des parts de ma société » parce qu'il a vraiment fait ça en toute générosité, ce qu'il a refusé. Pareil, je ne peux que dire à quel point je suis admirative, touchée, honorée de sa présence, qu'il soit venu soutenir l'innovation avec moi, qu'il m'ait permis de relever de l'argent. en m'apportant son soutien et sa crédibilité sur le plateau de qui veut être mon associé.
- Speaker #0
Oui, c'était une sacrée caution. Il n'y avait pas meilleure caution que Pierre-Hermé dans le métier.
- Speaker #1
Il y a d'autres très grands chefs, mais celle-là, c'était magnifique. C'est magnifique.
- Speaker #0
Et il avait dit à son équipe, devant vous, quelles que soient les questions de Marine, vous lui répondez, vous êtes dispo pendant je ne sais pas combien de temps. 5 minutes, un quart d'heure.
- Speaker #1
Ça pouvait être 5 minutes, oui, ça pouvait être 5 minutes. En fait, je venais à Paris, je leur faisais goûter vite fait. Ils me faisaient un retour. Ils disaient, mais tu es sûr que tu ne veux pas travailler un peu dans cette direction ? Et puis, pareil, en fait, c'est au fur et à mesure de nos discussions qu'on a eu l'idée de travailler aussi sur recycler des chutes. Donc voilà, chez Maison Pierre Hermé, ils font beaucoup de macarons, qu'ils arrivent d'ailleurs très bien à valoriser, parce que des cases de macarons, ça existe, on sait que c'est quelque chose de très, parfois sensible, même si on a la meilleure technique à la cuisson, on peut avoir une coque qui se déforme légèrement, ou certaines qui se craquellent, etc. Donc, on a toujours, en fait, un volume de coques de macarons qu'on peut mettre en poudre ou qu'on peut réutiliser dans d'autres choses. Mais, en fait, ils m'ont beaucoup titillé. Ils m'ont dit, mais tu ne peux pas faire de la meringue, t'es sûre ? Ça serait quand même vachement… Il y aurait plus de valeur que de faire juste des biscuits du fond de tartelette. ou de tarte. Et puis, je leur dis, je ne sais pas, mais je peux peut-être essayer de faire du macaron. Donc là, pareil. Ils m'ont dit, ça peut valoir la peine parce que chaque artisan a de la poudre de macaron. Et donc, on a imprimé de la meringue dans le macaron. Et ça, ça a très bien marché. Ça a marché mieux que de faire de la meringue dans de la meringue, en fait, pour essayer de faire une poudre qui correspondait à notre truc. Et du coup, c'est pareil. C'est vraiment, quelque part, les échanges avec eux qui ont dicté notre R&D. Et donc, on s'est rendu compte qu'on arrivait à faire un macaron en 3D, dans lequel on peut avoir à la fois le côté croustillant et le côté moelleux de la mie. Ça fonctionne en fonction de l'épaisseur qu'on fait du biscuit et qu'on pouvait le faire. Alors évidemment, aujourd'hui, quand on propose la poudre de macaron à nos clients, ce n'est pas de la poudre qui vient des macarons de Maison Pierre Hermé. C'est des coques d'un industriel parce qu'il fallait des volumes. Mais en tout cas, c'est pareil. C'est la maison Pierre-Hermé qui a guidé notre R&D et l'évolution de notre société.
- Speaker #0
Donc là, votre poudre de macarons, c'est de la casse industrielle ?
- Speaker #1
Oui, exactement.
- Speaker #0
Au niveau recyclage, écolo, développement et tout ça, c'est super. RSE, exactement. RSE, c'est super.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, on travaille avec d'autres... D'autres types de chutes, notre laboratoire, on fait plein d'essais, que ce soit pour des industriels ou même des artisans. On arrive à recycler la chapelure, on arrive à recycler de la poudre de gâteau, que ce soit de cake, ça marche, des cornets de gaufres.
- Speaker #0
Au niveau industriel, la casse de macarons, il n'arrivait pas à la valoriser ?
- Speaker #1
Il la valorisait en alimentation animale. C'est bien, je suis ravie qu'il y ait des cochons et des poules qui mangent du macaron, mais je pense qu'on peut faire mieux d'un point de vue système alimentaire. C'est très compliqué quand vous commencez à détricoter le fil du recyclage pour l'industrie agroalimentaire, parce qu'il y a plein de fois, ce n'est pas des choses avec des défauts, ou c'est des défauts d'emballage. ou c'est parce que sur la balance au niveau du poids, ça n'a pas tenu à 5% ou des choses comme ça. Donc, il y a quand même des gros volumes qui ne passent pas les contrôles qualité. Et c'est un peu un crève-cœur pour les équipes sur place de voir qu'ils n'arrivent pas à monter de filière de recyclage. Alors, on est plusieurs startups à s'emparer du sujet. Une autre startup dont vous avez peut-être entendu parler, une super startup, ça s'appelle Kignon. Et voilà, ils font pareil de la valorisation.
- Speaker #0
et donc À l'heure actuelle, on est le 23 octobre 2025, vous avez combien de types de poudre aujourd'hui ?
- Speaker #1
Oui, alors aujourd'hui on a la poudre de blé, la poudre sans gluten, à base de farine de riz et de sarrasin, la poudre de macaron, la poudre noix de coco qui permet de faire une meringue noix de coco, rocher coco, qui est vraiment très bonne, et la poudre cacao thé. Donc, on en a cinq. Donc, poudre de blé, cacao.
- Speaker #0
Et donc, en combien de temps, ça ? Parce que la première, vous avez demandé quelques années. Et les autres ont été plus rapides ?
- Speaker #1
Oui, les autres sont plus rapides maintenant. En fait, honnêtement, on pourrait sortir une référence très rapidement. Enfin, il faut faire quand même tous les tests de vieillissement, tous les tests bactériologiques, etc., avant de pouvoir sortir une poudre. mais toutes ces séries là quasiment, on les a sortis là sur l'année 2025, toutes ces nouvelles références. Le macaron, on l'a sorti aussi rare, là, donc en fin janvier, et toutes les autres sont arrivées derrière.
- Speaker #0
Oui, donc c'est assez rapide maintenant. Et maintenant, si on vous dit, tiens, est-ce que vous pouvez faire une poudre à partir de tel produit, vous êtes en mesure de dire, tiens, ça c'est quasiment mission impossible, ça je maîtriserai rapidement ?
- Speaker #1
Oui. à partir du moment où on pourrait séparer une recette entre des ingrédients solides et des ingrédients liquides ça marche donc je vous donne un exemple on nous a demandé de faire du praliné et on a fait en fait on a fait un praliné feuilletine, un praliné croustillant assez simplement parce qu'il fallait juste réfléchir comment faire nous notre ennemi dans ce procédé c'est l'humidité et c'est l'eau Donc si vous me donnez par exemple des fruits, de la purée de fruits, je ne saurais pas faire. Je ne sais pas imprimer dans la purée de fruits. Par contre, on sait imprimer dans la poudre de fruits.
- Speaker #0
Oui, il faut un maximum d'eau. Enfin, vous ne pouvez pas dépasser un certain taux d'humidité. Oui,
- Speaker #1
d'humidité. Voilà, c'est ça. Donc à partir du moment où ça peut être réduit en poudre, on n'a pas trop de difficultés. Et c'est chouette de réfléchir aussi. à la fois sur des recettes et à la fois sur des formes. Parce que, vous voyez, moi, je considère que dans l'impression 3D, alors ça, c'est mon expérience en impression 3D, l'impression 3D, ça marche avec trois choses. Ça marche avec une bonne machine, un bon matériau et un bon design. Et parce que c'est très bien de pouvoir faire, qu'est-ce que je vais vous donner comme exemple ? De la pâte de fruits, parce qu'on arrive à faire. En mettant dans la bouteille de la pectine et la purée de fruits, et dans le bac, on met du sucre et de l'acide citrique, on arrive à faire de la pâte de fruits. Donc une gélification instantanée et on peut dessiner une forme. Alors qu'on a dit ça, aujourd'hui, la majorité des pâtes de fruits, elles sont cubiques, paralléli-pépides et diques, parce que coupées à la guitare, etc. Qu'est-ce qui est intéressant ? Qu'est-ce qui peut avoir du sens, en fait, comme forme d'une pâte de fruits qui sera différente ?
- Speaker #0
et c'est là où en fait ça ne peut marcher que si on a une bonne idée de quoi en faire donc moi j'aime beaucoup enfin on travaille souvent une des réponses à ça on travaille beaucoup sur le contenant comestible c'est à dire comment on va supprimer de la vaisselle qui est jetable est ce que en fait à la base un fond de tartelette c'était ça c'était quelque chose pour faciliter le transport d'un entremet quelque part, c'est ça en termes d'usage. Et donc, est-ce qu'on peut travailler ça différemment pour d'autres types de fonds, de gâteaux ? Oui,
- Speaker #1
à la base, ce n'est pas ce qu'on appelle un dessert à l'assiette, une tartelette.
- Speaker #0
Oui, exactement. Un éclair, c'est cette forme-là, c'est parce que c'était facile à manger dans la rue. Donc là, vous voyez que j'ai un autre truc que j'adore dans la cuisine de la pâtisserie, c'est retrouver l'histoire des gâteaux pour se dire, mais pourquoi on les a faits comme ça finalement ? Et ça, ça donne des idées pour mettre au point des nouvelles formes. Et alors là, je peux vous dire que les pâtissiers sont toujours hyper créatifs pour trouver les formes. Et les boulangers aussi, c'est chouette, mais je pense qu'il faut qu'elles aient du sens aussi par rapport à la façon dont on la mange.
- Speaker #1
Pour revenir un peu aux facilités dont vous avez bénéficié, entre guillemets, facilité entre guillemets, je dis bien. Donc, il y avait la collaboration avec Pierre Hermé, mais aussi avec votre équipe. Dans votre équipe, vous avez aussi des doctorants, c'est ça, qui vous donnaient aussi accès à des labos spécifiques.
- Speaker #0
Oui, aujourd'hui, j'ai huit salariés, six sont des chercheurs. Pour de la pâtisserie, c'est quand même très inédit, je pense. Et parmi ces six chercheurs, il y en a deux qui sont des doctorants, donc qui font des tests de doctorat dans des universités, un à Nancy et l'autre à Reims, pour travailler en fait sur le procédé et des applications. et ça, ça me permet d'avoir accès à du matériel scientifique aussi à des discussions avec des chercheurs hyper talentueux par rapport à notre procédé c'est un peu ce que je vous disais, il y a beaucoup de sciences derrière, il y a beaucoup de questions aussi qu'on est obligé de se poser pour s'assurer que le résultat fonctionne dans 99% des cas voilà
- Speaker #1
Vous m'avez dit aussi, et je n'arrête pas de dire vous m'avez dit, mais ce n'est pas faux non plus, et vous m'avez dit que ce que vous trouvez formidable dans cette aventure, c'est que chaque commande, ou du moins chaque demande, vous ne partez pas quasiment à zéro, mais c'est un nouveau projet, car les applications sont infinies, et parmi déjà votre début de clientèle, vous n'avez déjà pas deux cas identiques.
- Speaker #0
Non, il n'y a pas de cas identiques. Et d'ailleurs, on fournit avec la machine un catalogue de formes prêtes à l'emploi de 250 designs. Pour vous dire que ça va très, très vite, même si on n'a pas encore eu énormément de clients. Puis on s'est arrêté, en fait. On pourrait toutes les semaines rajouter des formes complémentaires, parce qu'évidemment, tout le monde a plein d'idées. Mais j'essaye aussi de faire en sorte que ces idées, ce soit les idées du chef. Moi, je trouve qu'elles lui appartiennent. Si vous me permettez une aparté là-dessus, en venant du monde de l'impression 3D, dans lequel j'ai beaucoup travaillé sur la question du droit d'auteur, j'ai participé à plusieurs rapports du Sénat, de l'Assemblée nationale, du ministère de la Recherche, par rapport à comment l'impression 3D venait changer ces aspects-là. Et est-ce que c'était une violation du droit d'auteur ? Ou en tout cas, comment protéger les droits d'auteur avec cet outil qui permet finalement de reproduire à l'infini des créations numériques ?
- Speaker #1
Un peu comme l'IA, finalement.
- Speaker #0
Oui, c'est le même débat. En fait, nous, on a la chance en France d'être très protégés, que les créations artistiques soient très protégées par le droit d'auteur. On est une exception au niveau mondial. là-dessus. Et du coup, moi, en arrivant dans ce monde de la cuisine et de la pâtisserie, j'ai été très surprise de voir à quel point les recettes ne sont pas protégeables et pas protégées. Et que ça, c'est un gros vide. Donc en fait, quand j'ai un chef qui invente une forme avec une recette... Là, quelque part, on peut mieux les protéger parce que ça vient sous le registre de ce qu'on appelle le dessin et modèle. Parce que ce n'est pas qu'une recette, c'est aussi une forme. Et donc là, il peut réclamer un droit de propriété. Alors, ce n'est pas très cher, c'est 30 euros. Donc, vous voyez, c'est pour se protéger à l'INPI. Et donc, aujourd'hui, en fait, quand les chefs ou mes premiers clients me demandent une forme, je vérifie vraiment avec eux s'ils veulent la partager avec les autres membres de la communauté ce qui est très bien parce que c'est chouette d'avoir un élan et une communauté et du partage mais aussi je les je les pousse à réfléchir en disant est ce que tu veux pas le garder en privé pour toi pour avoir ta longueur d'avance et puis parce que c'est toi c'est ton idée quoi et qu'elle a de la valeur et et que à ce titre là tu as un créateur et à terme j'ai J'aimerais vraiment arriver à mettre un système de royalties, c'est-à-dire que si il y a quelqu'un qui crée quelque chose et qui accepte de le partager, qu'il puisse être rémunéré pour ça. C'est une vision, je sais, qui est très différente de ce qui existe aujourd'hui dans le métier.
- Speaker #1
Mais ça peut peut-être tuer un peu un élan, non ? Qu'on passe par les royalties pour des formes, des ressources, je ne sais pas.
- Speaker #0
Je ne sais pas parce que vous voyez, en fait, maintenant que j'ai passé de l'autre côté du miroir, j'ai compris qu'il y avait quand même pas mal de bouquins de cuisine dans lesquels les recettes étaient truquées parce que c'était une façon de se protéger. Et donc, je comprends que ça soit une parade, mais c'est dommage. Je ne sais pas pourquoi, enfin je ne sais pas pourquoi, voilà c'est pas mon sujet, de pourquoi il n'y a pas de droit d'auteur au niveau de la recette, alors que finalement on considère de plus en plus les chefs comme étant des créateurs et des artistes, donc on pourrait dire que puisque ce sont des artistes, ils devraient être protégés au même titre du droit d'auteur qu'un graphiste ou un musicien. mais du coup moi je pense que justement avec cette machine et je peux apporter un début de solution à ça j'aimerais vraiment beaucoup à terme apporter un début de solution à ça ce n'est pas évident quand même la protection parce que vous il ya tellement d'étapes dans une recette jusqu'à
- Speaker #1
présent tellement d'étapes dans une recette que c'est pas si vous changez le grammage de 0,5% La température de 1,5°C, de 30 secondes, de plus ou de moins de cuisson, je ne sais pas. C'est ce qui me vient en tête comme ça.
- Speaker #0
Bien sûr. Je pense que c'est peut-être ça. Et après, c'est aussi la générosité. Vous voyez, je ne sais pas, Mogador, Ispahan, on connaît tous ces gâteaux pour revenir à mes empires armés, monsieur armé. Et il n'a pas de droit d'auteur dessus. Mais bon, on sait tous que c'est lui. Je pense qu'encore, J'espère. Je ne sais pas combien de temps on pose. J'espère qu'en tout cas, pendant de nombreuses années, on saura que... On n'oubliera pas que c'est lui.
- Speaker #1
Je crois que la tarte tropézienne, ils l'ont protégée, je crois. La personne du sud, là.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Mais c'est un cas quasi isolé. On est d'accord.
- Speaker #0
À ma connaissance, oui. Oui, tout à fait. Il y a plus de bonnes idées qui se sont retrouvées... repiquer les uns les autres que de cas de protection. En tout cas, c'est vrai que pour répondre à votre question, oui, chaque installation de machine est un moment différent parce qu'en fait, parce que c'est des situations différentes et que comme cet outil permet de faire tout, plein de formes différentes, en tout cas, presque tout. Je n'aime pas dire tout, parce qu'il y a quand même des limites forcément aux matériaux. On ne peut pas faire autrement. Par exemple, une pâte à tuiles, on n'a pas trouvé comment la faire sans que ça se casse ou des choses comme ça. C'est quand même très délicat. Bref, à chaque fois, on essaye de s'adapter et justement, comme je disais, un peu trouver des solutions sur le moment avec les équipes. de cuisine. Je vous donne un exemple, on a installé une machine dans un parc d'attractions dans le restaurant sur le thème du Far West. Là, on a fait un bol comestible pour la salade en forme de coiffe d'Indien, un chapeau de cow-boy pour la coupe de glace et des mini-santiags et des petits pots et des canoës pour le café gourmand. Ils n'auraient jamais poussé jusqu'à là la personnalisation de leur univers. s'ils n'avaient pas eu la primante. Je peux avoir des installations où la problématique, ça va être de mettre au point des formes qui vont faciliter la consommation à emporter avec du contenant comestible. Chaque situation est très différente.
- Speaker #1
Actuellement, votre machine est présente dans quel type de lieu ? Vous avez les pâtisseries de... Les pâtisseries de restaurants, les pâtisseries de boutiques, les artisans boulangers, les CFA,
- Speaker #0
des restaurants, des hôtels.
- Speaker #1
Donc artisans, formation, hôtel-restaurant, donc vous avez quasiment tout là où on peut trouver de la nourriture finalement. Oui,
- Speaker #0
mais je pense que c'est...
- Speaker #1
Peut-être pas une grande surface ? Non.
- Speaker #0
Pas encore, pas encore, non. mais je crois que pour l'instant on n'a pas de client type si notre client il est type c'est que c'est quelqu'un qui a un esprit d'entrepreneur et qui aime la technologie parce qu'en fait pour être parfaitement sincère je pense que Patis 3 c'est pas du tout un produit c'est pas une machine sur étagère aujourd'hui c'est une machine qui est encore en devenir et qui, enfin, je pense que c'est trop tôt pour que vous la retrouviez chez Métro ou je ne sais pas quoi, ce n'est pas du tout ça. Et donc, nos premiers clients, c'est des clients qui voient le potentiel de la machine et qui ont envie de s'inscrire dans cette histoire et de nous aider à avancer. Voilà, je pense que c'est ça le critère commun. Et d'ailleurs, je les remercie du fond du cœur parce que c'est un peu des pionniers pour moi. Par contre, il y a un nouveau métier qui est créé avec l'imprimante. C'est super intéressant, si vous me permettez d'en parler. C'est un métier d'imprimeur 3D de biscuits. Ce sont des gens qui utilisent la machine 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour produire pour les boulangeries, pâtisseries, les hôtels et les restaurants, les traiteurs autour de chez eux en local. C'est une alternative locale par rapport au fond de tartelette. produit de manière industrielle à grande échelle parfois à l'autre bout du monde là c'est fait directement à moins de 20 km, 30 km 50 km livré et ça permet d'avoir des formes originales, des mini-séries si on a besoin, du personnalisé directement à sa porte c'est un genre d'artisan pour artisan Oui, c'est ça, exactement. En fait, ça existe, par exemple, pour les coques de macarons. Ou le chocolat.
- Speaker #1
Quand je parlais de grande surface, elle pourrait se retrouver un jour dans un labo de grande surface.
- Speaker #0
Oui, j'espère qu'un jour, elle se retrouvera dans un labo de grande surface.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Je pense qu'elle n'est pas antinomique des métiers. Alors, peut-être que ça va... choqué certaines personnes que je dise que pour moi c'est une machine qui peut être à la fois dans haute pâtisserie et à la fois en grande surface mais c'est un outil en vrai donc tout dépend ce qu'on met dedans c'est comme un four et ils retrouvent chez les artisans les industriels et les grandes surfaces voilà et
- Speaker #1
dernier point dans cette aventure entrepreneuriale donc on l'a compris ce qui compte pour vous c'est d'être utile à vos clients ça c'est assez cohérent Mais c'est aussi de participer à la réindustrialisation de la France, ou du moins de la Normandie, votre région. Et pourquoi c'est si important pour vous et surtout comment cela se traduit concrètement ?
- Speaker #0
Alors, c'est effectivement hyper important pour moi de faire de l'emploi industriel en France et de maintenir de la production en France. Je peux détailler pourquoi, si vous voulez. Je viens d'une ville très industrielle que j'ai vue au fur et à mesure se désindustrialiser et les gens perdre leur emploi. Et ça me reste un crève-cœur. Et si je peux faire autrement, je pense qu'il faut faire autrement et qu'on ne peut pas être que dépendant de la Chine pour la fabrication de nos machines. Donc voilà. ça me tient à cœur de faire que les gens travaillent et que les gens trouvent du travail dans ma région, autour de moi alors j'ai la chance que la bâtisserie numérique, on soit en Normandie, on est à Louvier dans l'heure. La Normandie est une région où il y a de l'emploi industriel et il y a de la compétence industrielle qui n'est pas perdue parce qu'il y a aussi des savoir-faire qu'on a perdus. Quand je vous dis ça, ce n'est pas tout rose. Aujourd'hui, on a 60% des pièces de la machine qui sont faites en France et on construit nous-mêmes les machines à Louvier. et pour moi c'est très important qu'on soit à la fois concepteur et fabricant de la machine et c'est nous aussi qu'en assurons le SAV mais il y a malheureusement des pièces que je ne peux pas sourcer ailleurs qu'en Chine parce qu'on n'a plus la capacité de la faire au bon prix ou même à faire tout court un moteur pas à pas français pour l'imprimante, parce que c'est une imprimante 3D, donc il y a des pièces qui ressemblent à celles que vous retrouvez dans d'autres imprimantes 3D, je ne sais pas où les acheter, je ne pense pas qu'il y ait d'autres usines qu'ailleurs en Chine qui en fabriquent. Mais ça, c'est la réalité quand même de la production des biens physiques. La Chine, c'est l'usine du monde, alors ça a un coût, bien sûr. Le fait de faire la machine nous sur mesure en petite série en France mais j'ai la chance que mes clients soient des gens qui fabriquent aussi en France pour des clients tout autour d'eux donc je pense qu'ils sont pour certains en tout cas sensibles au fait qu'on tienne à défendre notre emploi nos emplois notre pouvoir d'achat et que tout le monde ait du travail quoi
- Speaker #1
Oui, s'il y a des professionnels qui comprennent ça, c'est bien dans l'alimentaire, dans la restauration et les métiers de bouche. Et question, on n'en a pas parlé, ça s'adresse à qui ? Donc vous disiez à des gens qui aiment la techno, qui aiment l'innovation, qui aiment créer, inventer, innover. Mais au niveau de la... Pardon, de la... Hop, j'ai perdu le mot. De la taille ? Oui, de la taille, de la production, de la productivité, du rythme de production. C'est... Est-ce qu'il faut avoir un... Quel niveau de production il faut avoir pour... Enfin, ça s'adresse à quel type de production ? Est-ce que c'est... Voilà.
- Speaker #0
Alors, la... Au fur et à mesure des années et de retour, on a beaucoup travaillé sur la productivité de la machine. Parce qu'effectivement, l'impression 3D, de ce qu'on connaît, c'est une technologie lente. Et si vous avez déjà vu des imprimantes plastiques, vous voyez que des fois, elle met une nuit à fabriquer une forme. Ce n'est pas choquant en impression 3D. Alors, vous allez me dire, si la machine passe une nuit à faire une pièce, on est mal varé. Donc effectivement, quand vous imprimez... On va à 30 mm secondes avec un filiment plastique, nous on est à 300 mm secondes, donc on va 10 fois plus vite. Et ça c'est possible par le procédé qu'on a choisi, le fait d'utiliser le bain de poudre, etc. Donc la productivité, sur une forme miniardiste, ça va être 150 pièces de l'heure. Sur une tartelette individuelle, on va être entre 50 et maxi 80 de l'heure. Mais ça commence à être une productivité suffisamment solide parce que c'est du temps masqué. En fait, vous n'êtes pas en train de rester devant la machine. Pendant que la machine, elle tourne, vous faites autre chose à côté. Et donc, vous pouvez assez facilement, une journée, sortir 500 ou 600 fonds de tartelettes. Donc, les clients, généralement, ils font une forme classique en début de semaine. Et puis ensuite, ils font une deuxième forme, une troisième forme sur la fin de la semaine. pour avoir des choses différenciantes, pour étonner leurs clients. Mais du coup, dans nos clients, on a à la fois des gens qui font de la pâtisserie haut de gamme, mais des boulangers de village.
- Speaker #1
D'accord, donc ça s'adresse quand même à tout le monde finalement.
- Speaker #0
En fait, les boulangers de village, si je prends leur cas, c'est souvent des gens qui ont du mal à recruter, mais c'est quelque chose qui arrive dans plein de maisons en vrai, d'avoir du manque de personnel. Et foncer la tartelette, généralement, c'est le patron qui s'y colle en fin de journée, etc. Donc c'est un moyen de soulager et de sauver des heures supplémentaires.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Ok. Merci pour toutes ces informations. Nous arrivons au terme de notre émission. Merci beaucoup. Je vous en prie. Merci Marine d'avoir partagé avec nous cette expérience, cette aventure même. Certains diront que cet épisode, c'est tout simplement de la pub, peut-être dans un certain sens, mais ce n'est pas le projet. À mon sens, dans cet épisode, nous avons surtout parlé d'innovation, voire de révolution, si on peut oser le terme. dans le monde de la pâtisserie artisanale, voire de la boulangerie. Et cela a été une faute professionnelle pour nous, médias professionnels qui s'adressent aux artisans, de ne pas en parler. Et puis moi, je fais le parallèle avec la panéotrade en boulangerie, qui était une vraie innovation en son époque et qui a permis de repenser l'organisation de travail en production. Et personnellement, je pense que la pâtisserie va plus loin dans l'innovation et dans son domaine qui est la pâtisserie. Voilà, c'est dit au risque de déplaire, on verra. Merci encore Marine, on va garder un oeil sur la pâtisserie numérique et tenez-nous au courant des évolutions, des nouveaux produits, d'autres révolutions peut-être, on ne sait pas. Merci à toutes et tous de nous avoir écouté jusqu'au bout. Abonnez-vous via votre plateforme d'écoute préférée. Laissez-nous un commentaire, un avis, une question, un commentaire. Vous retrouverez également tous nos contenus, la lettre 1071 et le podcast sur www.e1071.com. Et abonnez-vous à notre newsletter pour ne rien manquer. Merci encore, Marine Bouy. Merci. Oups, pardon, j'ai mangé votre nom. C'est très dur à dire.
- Speaker #0
Vous pouvez m'appeler que Marine. C'est très bien. Que Marine, c'est très bien.
- Speaker #1
Merci, Marine. Et à très bientôt, peut-être. Merci.
- Speaker #0
Merci beaucoup, à très bientôt. Et oui, il y a quelques idées en plus pour après, mais on va finir la pâtisse 3 déjà.
- Speaker #1
Très bien, c'est noté. Merci bien, merci, au revoir.