- Speaker #0
S'autodéterminer, c'est être l'auteur de ses vies. Je suis Martin Caouette,
- Speaker #1
professeur et titulaire de la chaire Autodétermination et handicap de l'Université du Québec à Trois-Rivières et directeur scientifique du programme sur l'autodétermination du Centre de formation Campus en France.
- Speaker #2
Je suis François Bernard. directeur général du GAPAS. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation de handicap. Mais pas que. Pour ce troisième épisode de Autodétermination et Handicap, nous allons parler d'empowerment et de pouvoir d'agir. Martin ?
- Speaker #0
Oui, l'empowerment, en fait, c'est une composante essentielle de l'autodétermination.
- Speaker #2
C'est la deuxième, hein ?
- Speaker #0
C'est la deuxième, effectivement. Et quand on parle d'empowerment, c'est un terme qui n'est pas très fréquent en français. Si on en proposait une traduction, en fait, on pourrait... Parler du développement du pouvoir d'agir, en fait, le mot power qui est au centre, en fait, c'est le pouvoir. Donc, l'empowerment, en fait, quand il est question d'autodétermination, on va parler d'un empowerment psychologique, c'est-à-dire la perception qu'une personne va avoir qu'elle peut effectivement exercer du pouvoir et du contrôle sur sa vie. Donc, avant d'exercer du pouvoir, encore faut-il que j'ai cette conviction-là que j'ai du pouvoir, que je peux agir, que je peux... Je peux contrôler, en fait, une situation. Donc, concrètement, en fait, on va l'observer de différentes façons, en fait, l'empowerment. Mais notamment, une des premières lunettes à avoir, c'est toute la capacité de la personne de prendre des initiatives. Quand je prends une initiative, en fait, ça veut dire qu'à un certain degré, je sais que je peux changer, que je peux influencer le cours des choses. Donc déjà d'être capable de... chez la personne que j'accompagne, par exemple, de reconnaître, est-ce que cette personne-là, elle prend des initiatives ? Prendre des initiatives, ça ne veut pas dire qu'on va réussir. Encore une fois, on peut se tromper, mais si je prends une initiative, en fait, déjà, ça fait preuve d'une certaine proactivité. Donc, on va toujours chercher à éviter la passivité. C'est pour ça qu'on va enseigner, en fait, des comportements proactifs. On va enseigner. le fait de prendre la parole, par exemple, plutôt que d'apprendre à se taire. Et ça devient important aussi de renforcer ce type de comportement-là, d'être capable de reconnaître que j'ai pris une initiative, même si parfois mon initiative n'est peut-être pas la meilleure. J'aime toujours donner cet exemple-là de l'enfant, en fait, qui choisit d'offrir un bouquet de fleurs à sa mère et qui coupe toutes les fleurs autour de la maison. Ça peut être désastreux pour l'aménagement. paysager, mais c'était quand même une initiative qui, elle, était très positive.
- Speaker #2
Ou chez les voisins, par exemple.
- Speaker #0
Ou chez les voisins, pourquoi pas. Donc, c'est pour ça qu'on va chercher à distinguer l'intention de l'action. Donc, l'intention qui, elle, est proactive, même si parfois, le comportement est peut-être pas celui qui était souhaitable.
- Speaker #2
T'as parlé, justement, d'avoir conscience d'exercer du pouvoir. Comment on s'assure que la personne a la conscience de ça ?
- Speaker #0
Ça va être important d'abord de lui refléter, de lui faire valoir toutes les occasions dans lesquelles elle peut faire un choix, elle peut prendre une décision et où on peut accueillir en fait cette décision-là. Imaginons que par exemple, au moment du goûter, j'ai le choix entre un fruit et un yaourt par exemple, je peux donner le choix à la personne entre les deux et qu'elle choisisse finalement de manger une pomme ou qu'elle prenne un yogourt. dans les deux cas, ça peut... ça peut me convenir, donc d'être capable de lui refléter que là, tu as la possibilité de choisir entre l'un et l'autre, c'est déjà faire valoir à la personne qu'elle a du pouvoir sur une décision. Une deuxième façon de faire aussi, ça va être de toujours s'assurer que la personne fait le lien entre les choix qu'elle a fait et ce que ça l'a produit. Donc ça, c'est ce qu'on appelle le lien entre la cause et l'effet. Donc voilà, par exemple, tu as choisi la pomme, Je te donne une pomme pour le goûter parce que tu sais ce que tu m'as dit, c'est ce que tu as choisi. Imaginons par exemple qu'une personne va participer à l'organisation d'une activité, à l'organisation d'une fête. Au moment où la fête se déroule, d'être capable de faire valoir que voilà, en ce moment on est en train de fêter Noël par exemple, puis on a de belles décorations de Noël parce que la personne, telle personne, La personne, finalement, a contribué à ce choix de décoration-là, et puis maintenant, ça nous permet de vivre un beau moment ensemble. Donc, de toujours refléter ces occasions-là où la personne a eu du pouvoir sur la situation et de l'aider à faire les liens entre la cause et l'effet.
- Speaker #2
Mais est-ce que ça veut dire que je peux faire ce que je veux quand je veux ?
- Speaker #0
Ça ne veut pas dire que je peux faire ce que je veux quand je veux comme je veux. Ça serait parfois agréable, mais ce n'est pas le cas. Mais c'est du moins être capable d'amener la personne à faire le lien entre les concepts. de s'approprier toujours davantage les conséquences de ces comportements puis de voir qu'il y a un lien entre les deux. Donc, ça veut dire, oui, faire valoir mes droits, mais c'est aussi, l'empowerment, c'est aussi assumer des responsabilités et voir que j'ai effectivement des responsabilités à assumer. Donc, les personnes qui, par exemple, vont avoir de la difficulté, par exemple, à reconnaître leurs responsabilités dans une situation, c'est parfois des gens qui ont un faible niveau d'empowerment, c'est-à-dire qu'ils se perçoivent. pas comme étant la cause de ce qui leur arrive, ils ne se perçoivent pas comme étant responsables de ce qui leur arrive, donc ils vont avoir de la difficulté à assumer ces responsabilités-là. Donc, développer l'empowerment, c'est aussi développer d'une certaine façon ce sens des responsabilités.
- Speaker #2
Oui, parce qu'on a tous des contraintes dans la vie. Par exemple, pour toutes les personnes, c'est obligatoire d'aller à l'école, donc on ne peut pas laisser, entre guillemets, le choix à l'enfant de ne pas aller à l'école, même pour un adulte de ne pas aller travailler.
- Speaker #0
Absolument. Et c'est pour ça que là où ça va nous amener, c'est à faire toute la distinction entre encadré et contrôlé. L'empowerment, en fait, le développement du pouvoir d'agir, ça va nécessairement être encadré. Il y a des cadres dans la vie. Si on circule sur l'autoroute, il y a des limites de vitesse, il y a des règles de la vie en collectivité. Donc, on va intégrer ces cadres-là, mais ces cadres-là nous permettent de faire des choses. Donc oui, il y a des limites de vitesse. par exemple sur la route, mais ça me permet de me déplacer. Donc, il y a des limites par exemple dans la vie en classe ou à l'âge adulte, mais ça me permet malgré tout un certain nombre de choses. Moi, j'aime bien prendre l'image du peintre en fait, encadré. C'est un peu comme si on décidait de la taille de la toile du peintre. On le laisse peindre, mais on décide de la taille de la toile. Donc, il y a quand même des limites. Si on cherche à contrôler, c'est un peu comme si on tenait la main du peintre. Là, à ce moment-là, il n'y a pas. plus d'autodétermination possible. Donc oui, l'empowerment, c'est le pouvoir d'agir, mais bien sûr qu'il y a des cadres parce qu'on ne peut pas s'autodéterminer dans l'absolu. On s'autodétermine en fonction de notre environnement et notre environnement est nécessairement fait de différentes contraintes.
- Speaker #2
On est obligé de tenir compte du système dans lequel on est.
- Speaker #0
Absolument, tout à fait.
- Speaker #2
Parce que ça, c'est souvent l'écueil qu'on entend, c'est que quelquefois les gens comprennent que c'est faire ce que je veux quand je veux. Donc il y a besoin quand même de bien poser le cadre. Et ce cadre-là, est-ce que c'est un préalable à expliquer ?
- Speaker #0
Bien, c'est important de l'expliquer, ce cadre-là. Et comme accompagnateur, c'est important aussi de le remettre toujours en question, ce cadre-là. Parce qu'évidemment, le cadre autour d'un enfant de 5 ans n'est pas le même que le cadre autour d'un adolescent de 15 ans. Il n'est pas le même qu'on va avoir à l'âge adulte. Donc, ça veut dire qu'à différents moments, on va remettre en question ce cadre-là. Ça devient d'ailleurs un des défis de l'adolescence de reprendre la vie. repousser les limites de ce cadre-là et ça fait partie en fait du développement normal. Donc, ça veut dire que lorsque j'accompagne un enfant, un ado, un jeune adulte en situation de handicap, au différent temps de la vie, on va remettre en question ce cadre-là pour donner plus de possibilités d'agir à la personne. Donc, ça veut dire que le défi en fait sur les épaules de l'accompagnateur, c'est toujours d'avoir ce questionnement-là Merci. permanent, de dire est-ce que le cadre, il est le bon ? Est-ce qu'on doit le remettre en question, l'agrandir, repousser les limites ? Puis parfois aussi, on va restreindre certaines possibilités autour de la personne parce que si le cadre est trop large, la personne pourrait peut-être se mettre en danger. Ce n'est pas ce qu'on cherche non plus.
- Speaker #2
Et justement, comment on fait pour, je ne voudrais pas qu'on parle du danger, on aura un numéro sur le risque, la détermination au risque, mais si on peut en dire quelques mots là maintenant, c'est... Comment, par rapport Ausha de la personne, on ne la met pas non plus en danger ?
- Speaker #0
Bien, là où ça devient important, d'abord, c'est de se questionner, à savoir, est-ce que le cadre, il est clair ? Donc, est-ce que le cadre autour de la personne, finalement, il a été bien défini ? Est-ce qu'on sait exactement quelles sont les limites ? Donc, ça, c'est un premier élément. Et là, je vais faire le lien avec la capsule précédente sur l'autorégulation, en fait. Développer le pouvoir d'agir, avoir la possibilité, la perception que je peux exercer un contrôle, le cache peu prendre des décisions, mais aussi savoir s'ajuster en fonction de ce que mon environnement va me renvoyer aussi comme réponse. Donc, si, par exemple, j'ai la possibilité de me déplacer, donc je me sens capable de me déplacer seul, de prendre l'autobus, par exemple, comment est-ce que j'y arrive ? C'est quoi les possibilités que j'ai ? Puis en même temps, quand je me déplace seul en autobus, est-ce que parfois il m'est arrivé de me tromper ? Est-ce que j'ai parfois descendu au... mauvais arrêt ? Est-ce que je suis capable d'interagir avec les autres personnes dans l'autobus ? Est-ce que je sais m'acheter un billet ? Bien, tout ça, c'est des éléments où, à la fois, je développe mon pouvoir d'agir, je tire des leçons, en fait, des expériences que ça me permet de vivre, je développe par le fait même aussi une capacité à m'auto-réguler, et là, il y a cette espèce de boucle-là qui va s'installer entre ces deux éléments-là.
- Speaker #2
Merci, Martin.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #2
Si vous voulez en savoir plus du côté de la France, contactez Campus Formation à l'adresse e-mail suivante contacte.campusformation.org. Toute équipe se fera un plaisir de vous monter un programme de formation, d'accompagnement ou de conseil sur mesure.
- Speaker #1
Pour le Québec qui a découvert les travaux de recherche en cours de la chaire Autodétermination www.uqta.ca baroblique C-A-H
- Speaker #2
Au plaisir Martin.
- Speaker #0
Au plaisir François.