- Speaker #0
S'autodéterminer, c'est être l'auteur de sa vie. Je suis François Bernard, directeur général du GAPAS et de l'organisme de formation Campus. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation de handicap,
- Speaker #1
mais pas que. Pour ce nouvel épisode sur l'autodétermination, j'ai le plaisir aujourd'hui de recevoir Noémie Paco. Bonjour Noémie.
- Speaker #2
Bonjour François.
- Speaker #1
Alors avant de parler d'autoreprésentation, de... conseils consultatifs, des personnes accueillies. Je te propose d'abord de te présenter et de nous dire qui tu es.
- Speaker #2
Du coup, je suis actuellement chargée de mission qualité et bientraitance sur le GAPAS. J'interviens sur la région des Hauts-de-France auprès des équipes, de professionnels, des cadres et des personnes accompagnées sur toutes ces questions pour faire valoir leurs droits et penser la meilleure qualité d'accompagnement pour les personnes du GAPAS.
- Speaker #1
Alors tu disais aujourd'hui parce que... Ton métier à la base ou ta formation de base, ce n'était pas forcément ça ?
- Speaker #2
Non, de formation, je suis psychomotricienne. Ça faisait déjà plus de cinq ans que j'étais sur le GAPAS, avec cette possibilité de changer un peu et de découvrir d'autres horizons.
- Speaker #1
Alors justement, sur ce poste-là de chargé de mission, bien-traitance et puis de soutenance des projets des personnes, tu as été amené à travailler sur le conseil central des personnes accompagnées. J'ai dit conseil consultatif, mais... Je fais un lapsus là où je siège au Conseil national consultatif des personnes handicapées. Concernant le GAPAS, on a créé il y a quelques années, en 2019, le Conseil central des personnes accompagnées. Est-ce que tu peux nous expliquer en quoi ça consiste ? Comment il est composé ? Raconte-moi un peu ce que c'est.
- Speaker #2
Le CCPA, le Conseil central des personnes accompagnées, c'est une instance assez récente qui a été pensée au GAPAS en 2019. Avec l'idée de rassembler des personnes accompagnées, non plus par établissement comme c'était le cas jusqu'alors avec les CVS, mais plutôt au sens large, au niveau associatif. Donc c'est un groupe de 10 élus des Hauts-de-France et d'Île-de-France qui se réunissent pendant un mandat de 3 ans, tous les trimestres, ensemble, dans différents établissements. L'idée pour eux est de... plus penser uniquement à un service et à un établissement, mais de penser beaucoup plus large et de voir comment, en tant que personne accompagnée, on peut aussi contribuer et apporter au fonctionnement plus global de l'association.
- Speaker #1
Et donc ça, il y a eu un renouvellement puisqu'on a fait des nouvelles élections. Est-ce qu'on a des personnes qui se sont représentées ? Est-ce qu'on a eu des nouvelles personnes ?
- Speaker #2
De mémoire, il me semble qu'il y a deux personnes qui se fichaient déjà lors du premier CCPA, qui ont décidé de continuer l'expérience. Et après, les autres personnes, c'est pour eux... Un tout début, puisque le second mandat a débuté, il me semble, fin 2022.
- Speaker #1
Et ce ne sont que des personnes élues ?
- Speaker #2
Il y a eu des personnes élues et des personnes aussi tirées au sort, dans l'idée que forcément se présenter, ce n'est pas toujours simple. Donc l'idée, c'était aussi de pouvoir inciter à réfléchir à cette possibilité pour des personnes qui ne se positionneraient pas de manière spontanée.
- Speaker #1
Et alors notamment, ces personnes qui ont été tirées au sort, est-ce qu'elles sont restées au CCPA ?
- Speaker #2
Eh bien, jusqu'alors, non. Les trois personnes qui ont été tirées au sort, elles ont pu expérimenter pendant plusieurs réunions, plusieurs fois le cadre proposé. Et elles ne se sont pas retrouvées dans ce qui était proposé jusqu'alors.
- Speaker #1
D'accord. Donc, en tout cas, elles ont testé, elles ont expérimenté et puis finalement, elles ont dit non. C'est aussi une manière de s'autodéterminer, d'essayer et de dire non. Quelle est ta mission, toi, exacte dans ce CCPA ? En quoi ça consiste ?
- Speaker #2
Tout d'abord, du coup, le Conseil central des personnes accompagnées, c'est l'instance des personnes accompagnées. Moi, mon rôle, il va être vraiment en tant que soutien, que facilitatrice. À chaque fois, ça s'organise dans un lieu différent. Donc, à chaque fois, il y a un nouvel élu qui se doit de recevoir tout le monde, d'organiser, de penser l'accueil de la journée. Donc, je suis là pour les soutenir dans l'organisation pratique, la logistique et la mise en lien avec les différents intervenants qu'on souhaiterait voir ce jour-là. Je réalise en amont aussi un powerpoint de façon à pouvoir présenter quelque chose le plus accessible possible à tous le jour de la présentation. Un support qui permet à chacun de s'y référer. Souvent aussi, j'ai un rôle de scripteur et je réalise un compte rendu à la fin pour se souvenir de là où on en est et faire un récap la fois suivante.
- Speaker #1
Qu'est-ce que ça veut dire être facilitatrice ?
- Speaker #2
Je suis là assez en retrait. L'idée, c'est que chacun puisse prendre sa place de manière spontanée. Moi, je vais permettre à chacun de pouvoir prendre la parole, de pouvoir réorienter le sujet de temps à autre. Mais l'idée, c'est que ce ne soit pas moi qui anime, c'est que ce soit chacun des élus.
- Speaker #1
Alors, comment vous travaillez les sujets que les personnes amènent ? Comment ça fonctionne concrètement ?
- Speaker #2
D'une fois sur l'autre. des constats, des problématiques émanent des personnes accompagnées. Alors soit directement des élus, soit d'autres personnes accompagnées qui le rapportent aux élus, aux membres du CCPA. Je pense à une situation où une élue nous faisait part d'un besoin de sensibiliser au sein de leur commune sur la différence lors de matchs de foot par exemple. Et pour penser ce sujet, je les ai amenés à rencontrer deux personnes accompagnées qui ont démarré un programme de formation qui s'appelle Ausha. pour développer la sensibilisation ou handicap mental par les auto-représentants. Et du coup, ces deux personnes accompagnées ont pu partager leur expérience et forcément enrichir aussi les autres membres élus. Ou alors, une autre thématique, les élus ont fait le constat qu'il manquait de visibilité au sein du GAPAS. Donc la fois précédente, on a pu travailler avec le service communication sur une définition de portrait de chacun, puis aussi sur une grande cartographie. Parce que le GAPAS, c'est assez vaste. Il faut pouvoir savoir s'y repérer.
- Speaker #1
Donc là, c'était un besoin pour elles, pour les personnes, de mieux se faire connaître auprès des différentes personnes qui sont accueillies et accompagnées au GAPAS. C'est ça. Et alors, est-ce qu'il y a eu un impact de ça ? Est-ce que ça a amené, du coup, les personnes à être mieux connues et avoir des retours des personnes accueillies ?
- Speaker #2
Pour le moment, le travail date de fin juin. J'avoue que jusqu'alors, on ne peut pas encore estimer vraiment l'impact. Mais ça va être aussi le rôle de chaque membre de pouvoir aussi peut-être, grâce à ce support, qui sera sûrement affiché, diffusé dans les différents établissements, pouvoir y faire référence avec les autres professionnels pour faire vivre le CCPA. C'est vrai que c'est une instance assez récente et qui a aussi été forcément malmenée par l'épidémie de Covid qu'on a connue.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui reste encore à travailler selon toi sur ce CCPA ?
- Speaker #2
Là, on est sur un collège des personnes accompagnées qui est assez récent.
- Speaker #1
Il a été renouvelé en 2022 ou 2023 ?
- Speaker #2
Fin 2022. D'accord. Donc c'est vrai que ces élus ont trois ans pour aussi développer des projets et pouvoir mener à bien leur mission. Donc c'est vrai que là, on est au tout début. Je dirais que l'accompagnement, la formation, la prise de confiance sur leur mission, elle reste primordiale. Donc à chaque fois, on vient proposer des petits temps de formation, des petits temps sur le rôle du CCPA, comment travailler ensemble, comment prendre ensemble une décision de manière collégiale. Donc c'est vrai qu'à ce niveau-là, on a toujours ce besoin d'accompagner les personnes accompagnées vers une meilleure participation, ce qui n'est pas évident de prime abord.
- Speaker #1
Pourquoi elle n'est pas évidente, selon toi, cette participation ?
- Speaker #2
Je pense qu'on est dans un modèle médico-social où on a beaucoup fait à la... place, on a beaucoup pensé à la place et où aujourd'hui c'est plus du tout la mentalité qu'on a au GAPAS, mais on est sur des personnes accompagnées qui ont été modelées selon ce modèle-là où elles n'avaient pas autant de possibilités qu'on leur en propose aujourd'hui, donc il y a un champ des possibles qu'elles doivent explorer et un tas de possibilités dont elles peuvent se saisir, notamment au travers des formes de participation comme le CVS, le CCPA ou même la participation au CA ou au conseil d'administration.
- Speaker #1
Alors justement, tu as commencé à parler du conseil d'administration. Depuis peu, on a des personnes qui siègent au niveau du conseil d'administration du GAPAS et qui sont issues justement du conseil central des personnes accompagnées. Comment toi tu as préparé l'arrivée de ces personnes au CA ? Quel était ton travail justement par rapport à ça ?
- Speaker #2
Tout d'abord, les trois personnes qui siègent aujourd'hui au conseil d'administration et au... à l'Assemblée Générale, ont été élus par les autres membres du CCPA. On a pu prendre un temps avec toi pour définir un peu le cadre, puisque c'est vrai que c'est toi qui maîtrise ces instances qui sont peu communes pour elles. Et donc avec les trois personnes, on a pu définir leurs besoins, leurs attentes, et définir un peu une règle de bonne pratique, comment le CA et l'Assemblée Générale pourra vraiment accueillir les membres du CCPA dans de bonnes conditions. Merci. Je pense à l'accessibilité des contenus. On avait du coup en amont rédigé un glossaire qui continue de forcément s'étoffer. Je pense aussi à la présence de professionnels qui sont en soutien, soit sur le côté plutôt interface de communication, mais aussi sur le côté réassurance, ou le côté déplacement, plutôt aspect plus logistique.
- Speaker #1
Quelles recommandations tu pourrais faire pour ceux qui souhaiteraient se lancer justement pour créer cette instance au niveau d'une association et voire même travailler sur la présence des personnes directement concernées au CA ?
- Speaker #2
À partir du moment où on décide de mettre en place une instance des personnes accompagnées, le point de départ, ça va être de construire avec eux un peu leurs envies, leurs besoins. C'est vrai que dès le départ, il y a eu un cadre de référence qui a été déterminé, qui au fur et à mesure se réajuste. et se réadaptent. Là récemment par exemple on a décidé de les élus ont décidé d'introduire et d'inviter d'autres personnes, que ce soit des professionnels d'autres personnes accompagnées au sein du CCPA pour aussi mieux se le représenter, mieux le faire vivre et se nourrir du regard de chacun
- Speaker #1
Mais alors pour évoquer quel sujet par exemple ?
- Speaker #2
Mais là pour la dernière fois la dernière personne qui est venue elle est restée plutôt observatrice mais elle aurait très bien pu aborder un sujet personnel qu'elle aurait aimé et abordés de manière plus large au sein du CCPA, voire du CA. Un autre point, ça sera de penser vraiment à l'accessibilité. C'est tout un casse-tête quand on organise une réunion avec les membres du CCPA sur le moment le plus adéquat en fonction de celui qui est scolarisé, de celle qui est plutôt indisponible les matins. De voir aussi vraiment penser à leur participation en fonction de leur temps de concentration, de penser des outils qui permettent l'expression et la compréhension de chacun. Encore une fois, la présence de professionnels soutiens, elle est primordiale pour les personnes qui en ressentent le besoin. Et après, je pense que vraiment la question du rythme et du respect du rythme, elle reste importante, puisque c'est une instance qui se construit, qui se développe au travers des personnes accompagnées. Et forcément, parfois, les choses évoluent d'une manière différente.
- Speaker #1
Pour prendre le temps, ne pas vouloir aller trop vite.
- Speaker #2
Exactement.
- Speaker #1
Pour reprendre.
- Speaker #2
C'est ça, on a trois ans. Le... Le CCPA actuel a trois ans pour mener à bien les projets. Ce n'est pas au bout de la deuxième séance qu'il faut commencer à se mettre une pression. Les membres ont le temps de faire évoluer leur mission selon leurs envies et leurs besoins.
- Speaker #1
Merci beaucoup Noémie.
- Speaker #0
Si vous voulez en savoir plus sur les programmes de formation Agir pour l'autodétermination, vous pouvez contacter l'organisme de formation Campus à l'adresse mail contact. arrobascampusformation.org Toute équipe se fera un plaisir de vous proposer un programme, un conseil, un accompagnement ou une formation adaptée à votre besoin.