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Agir pour l'autodétermination

#7 - Risque et autodétermination

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13min |21/02/2022
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#7 - Risque et autodétermination

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Description

🎙️Risque et autodétermination: On parlera de la dignité du risque!🎙️🎙

Retranscription par écrit de l'épisode: ici 


Dans l'accompagnement d'une personne en situation de handicap, il faut distinguer le risque de la mise en danger.

Evidemment, si on ne prend jamais de risque, si on ne sort jamais de sa zone confort, on ne peut pas faire d'apprentissage. 

Martin Caouette invite à relire le texte sur la dignité du risque: "une vie sans risque, c'est une vie sans dignité"; parce que la vie est faite de toute sorte de risques. 

Une vie sans risque, c'est une vie sans autodétermination, nous dit-il. 

Le risque ce n'est pas forcément se mettre en danger, cela peut être une erreur, vécue comme un apprentissage. 


L'échec peut-il être vertueux?

Si on est dans des objectifs de performance dans l'accompagnement, effectivement l'échec va etre vécu négativement. Si on est dans des objectifs d'apprentissage, le fait de se tromper, l'échec, sera un levier pour apprendre. 

Dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage à avoir des objectifs d'apprentissage. 

On ne perd pas, on apprend!


Quelle perception du risque pour les familles et les professionnels?

Le premier cas de figure qui nous vient à l'esprit, c'est la perception que nous avons du risque. Martin prend exemple de l'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Quelle perception avons nous du risque d'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Est ce un risque acceptable? 

On a donc une appréciation subjectif du risque acceptable!


L'objectif est donc d'arriver à un risque partagé où la personne, les professionnels, les proches se mettent d'accord, assument le risque de l'apprentissage. 


Comment prend on en compte la sécurité de la personne et le risque lié à leur demande?

il n'y a pas de solutions toutes faites. Derrière tout cela, ce sont aussi les valeurs qui entrent en jeu: liberté de circuler, d'aller et venir, la sécurité... Peut-on concilier l'un et l'autre?


Quel cadre à poser? Quand on pose un cadre, on rend possible l'autodétermination, on pose les limites. La clarté du cadre est essentiel et compris par tous. Le cadre peut aussi être négociable.


Comment soutenir les professionnels sur la question du risque: nécessité pour les professionnels de discuter ensemble sur les risques qu'ils sont prêts à prendre, individuellement et ensemble, tout en tenant compte de la perception du risque des uns et des autres. 



Pour en savoir plus:

- Campus Formation pour les programmes Agir pour l'autodétermination 

- Chaire autodétermination et handicap de l'Université du Québec à trois Rivières


Pour nous écrire c'est ici!  


🎧 Très bonne écoute à tous, on compte toujours sur vous en 2022 pour nous mettre 5 ⭐️ et nous laisser un commentaire sympa
😉 !
  









Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    S'autodéterminer, c'est être l'auteur de ses vies. Je suis Martin Caouette, professeur et titulaire de la chaire Autodétermination et handicap de l'Université du Québec à Trois-Rivières et directeur scientifique du programme sur l'autodétermination du Centre de formation Campus en France.

  • Speaker #1

    Je suis François Bernard. directeur général du GAPAS. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation d'handicap. Mais pas que. Pour ce septième numéro de Agir pour l'autodétermination, nous allons parler des risques. Martin, effectivement, quand on parle d'autodétermination, souvent... Les professionnels, les familles, les personnes aussi nous parlent du risque. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Le risque, quand on accompagne une personne en situation de handicap, c'est un élément qui est un peu toujours présent, même si ce n'est pas toujours un élément qu'on va nommer de façon explicite. Donc évidemment, dans cet accompagnement-là d'une personne en situation de handicap, on ne veut pas évidemment que la personne cours des dangers, des risques démesurés, qu'elle se retrouve par exemple en grande difficulté. Évidemment, on veut assurer sa sécurité. En même temps, il y a une chose qui est essentielle dans la vie, si on ne prend pas de risques, si on ne sort jamais de sa zone de confort, on ne peut pas... pas faire d'apprentissage. Et là-dessus, il y a un très beau texte qui a été écrit au début des années 70 qui parle de la dignité du risque. Où on dit qu'une vie sans risque, c'est une vie sans dignité. Parce que la vie, elle est faite de toutes sortes de risques et à travers ces risques-là, finalement, on apprend différentes choses. On pourrait paraphraser un peu en se disant qu'une vie sans risque, c'est aussi une vie sans autodétermination. Parce qu'à chaque fois qu'on exerce notre autodétermination, Il y a nécessairement des risques qui peuvent être associés à ça. Des risques qui peuvent parfois constituer des dangers, mais les risques ne sont pas nécessairement synonymes de dangers. Parfois, se tromper, c'est un risque sans pour autant que ça constitue un danger en soi.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu as parlé du fait de se tromper. Comment on peut être vertueux au niveau de l'échec ?

  • Speaker #0

    En fait, si on est dans des objectifs de performance, C'est-à-dire qu'on cherche à... performer, donc à avoir une réussite, bien évidemment l'échec ou le fait de se tromper va devenir quelque chose qui est négatif parce qu'on s'est trompé, on n'a pas performé. Mais si on est dans des objectifs d'apprentissage, bien le fait de se tromper, ça devient une occasion d'apprendre. Et là, à ce moment-là, bien je vais réussir si j'ai appris de l'expérience que j'ai vécue. Et avec, dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage justement avoir des objectifs d'apprentissage, c'est-à-dire de se donner comme objectif de tirer des leçons, des différentes expériences de vie, des différentes occasions qui sont présentées à nous. Et de cette façon-là, en fait, on n'est pas perdant, on est toujours dans le gain, même si parfois on peut s'être trompé parce qu'on aura au moins appris de cette expérience-là.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que les professionnels, les parents, en tout cas les proches, acceptent aussi que les personnes prennent des risques. Comment on les accompagne et on les soutient là-dedans ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est important de les accompagner et c'est important aussi d'avoir une perception du risque sur lequel on est capable d'échanger. Et souvent, on va parler d'un premier niveau de risque qui est le risque qu'on va percevoir dans une situation. Donc, imaginons qu'on accompagne une personne en situation de handicap dans l'apprentissage, par exemple, du transport en commun, l'utilisation de l'autobus. Donc, vous et moi, on pourrait avoir une perception différente des risques qu'une personne pourrait courir d'apprendre à utiliser l'autobus de façon autonome. Pour certains, on pourrait voir le risque, par exemple, que la personne se perde. D'autres pourraient voir le risque que la personne se fasse embêter dans le transport en commun. Maintenant, de ces perceptions-là, de ce risque-là perçu, on va aller progressivement vers un autre niveau de risque qui est celui du risque qu'on va tenter d'objectiver. Donc, est-ce que, objectivement, ce risque-là, finalement, il est réel ? Est-ce que c'est un risque, en fait, que la... la personne pourrait effectivement courir pour ensuite se poser la question à savoir est-ce que c'est un risque qui est acceptable. Et un risque acceptable, en fait, c'est d'abord le risque que pourrait courir n'importe qui d'autre dans la même situation, mais un risque aussi dont la probabilité qu'il s'avère, puis les conséquences qu'il s'avère sont raisonnables. Donc, nécessairement, ça... nous amène tous à avoir une appréciation subjective de ça. Et si on considère en fait que le risque n'est pas acceptable, bien là, ça va nous demander en fait de se questionner à savoir comment est-ce qu'on peut rendre ce risque acceptable. Donc, si je prends l'exemple de l'accompagnement dans le transport en commun, dans l'apprentissage, peut-être qu'une façon de rendre le risque acceptable, c'est peut-être d'avoir des trajets plus courts, c'est peut-être d'apprendre l'utilisation de façon progressive, c'est peut-être d'avoir un téléphone qui va me permettre d'appeler si jamais j'ai une difficulté. Et à partir du moment où on rend ce risque-là acceptable, ça nous amène au dernier niveau qui est celui du risque partagé ou accompagnateur, membre de la famille, les proches. on assume le fait qu'effectivement, dans cet apprentissage-là, il y a peut-être des risques, mais c'est un risque qu'on va partager. Et si malheureusement le risque s'avère, on ne sera pas à chercher un coupable, mais bien ça va être une responsabilité qui est partagée autour de ce risque-là.

  • Speaker #1

    Tu vois, quelquefois en France, on a des directeurs d'établissements qui engagent aussi leur responsabilité pénale par rapport à ce que peuvent demander les personnes qui vivent dans les établissements. Moi, j'ai un cas dont on a déjà évoqué, mais on avait un adulte qui vivait dans un lieu d'hébergement et qui nous demandait de pouvoir sortir de l'établissement quand il le voulait, mais on savait qu'il se mettait en danger quand il sortait. Et on était dans des injonctions paradoxales, puisqu'on devait à la fois garantir sa liberté d'aller et venir et en même temps assurer sa sécurité, sa protection. Comment on fait quand on est tiraillé par ces deux injonctions paradoxales ?

  • Speaker #0

    Ce qui est important, puis l'exemple le soulève bien, c'est d'abord de reconnaître qu'il y a des risques pour les différentes personnes autour de la personne aussi. Là, on parle du risque pour le directeur, mais des fois, il peut y avoir des risques courlément de la famille. Et des fois, c'est des risques comme le fait de s'il arrive quelque chose à mon proche, je vais me sentir coupable. C'est un risque, donc je veux le protéger. Je veux avoir une image de moi qui est… qui est bonne, qui est positive, donc de reconnaître que c'est différents niveaux de risques-là. Et quand on est confronté à des injonctions paradoxales comme celle-là, en fait, il n'y a pas de solution toute faite, il n'y a pas de solution simple et facile à tout ça, mais il vient un moment où derrière ça, il y a des valeurs qui sont en jeu, c'est-à-dire qu'il y a des valeurs qui sont portées, la liberté de circuler, la protection de la personne. Comment est-ce qu'on peut... concilier l'un et l'autre. En fait, ça devient un défi de concilier différentes valeurs, mais surtout de le faire de façon conjointe. C'est-à-dire, comment est-ce qu'on est capable d'ouvrir et de discuter ensemble ? Il faut, d'une certaine façon, que chacun mette sur la table les risques qu'il perçoit dans une situation et les risques également que lui-même peut courir. Le directeur qui voit un risque pour lui-même, il le met sur la table de la même façon aussi que la personne elle-même, les risques qu'elle court, les... proches,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'eux aussi.

  • Speaker #0

    Même les professionnels.

  • Speaker #1

    Puisqu'eux aussi nous disent nous on a été formés aussi à prendre soin des gens et donc c'est compliqué quelquefois pour eux d'accepter que la personne puisse prendre un risque ou se mettre en danger. Dans un autre numéro, on parlait aussi du terrain de jeu et du cadre. Est-ce que comment le fait de poser un cadre, ça peut permettre à la personne de faire ses choix et donc de prendre des risques ?

  • Speaker #0

    Quand on pose un cadre, on rend des choses possibles. Poser un cadre, c'est rendre des choses possibles à l'intérieur de certaines limites. Contrôler, en fait, c'est diminuer les possibilités. Donc, ça devient important de poser un cadre, de poser les limites, de les poser clairement aussi, de les affirmer aussi, ces différentes limites-là. Il y a des choses qui sont possibles et il y a des choses qui ne sont pas possibles. Il y a des choses acceptables et d'autres qui ne le sont pas. Donc, la clarté du cadre devient essentielle. Ça veut dire parfois aussi que, comme accompagnateur, ... on doit se questionner dans quelle mesure le cadre, il a été mis puis il a été posé clairement, sachant aussi que le cadre, il peut être négociable. L'heure de rentrée d'un adolescent, par exemple, qu'il soit en situation de handicap ou pas, d'ailleurs, c'est une question qui est souvent négociée et c'est négociable et c'est essentiel aussi de se réajuster au fur et à mesure de l'avancée en âge, par exemple, de cet adolescent-là. Donc, le poser clairement, le définir clairement, c'est essentiel.

  • Speaker #1

    Et quelle organisation peut mettre en place dans des services communautaires ou dans tout type de service pour permettre aux professionnels de travailler sur ce cadre-là ?

  • Speaker #0

    Avant même d'aborder le risque dans une situation particulière, je pense que c'est important d'avoir cet échange-là aussi sur l'enjeu du risque dans les pratiques d'accompagnement. Si je suis, par exemple, dans un milieu résidentiel, dans un foyer d'hébergement, par exemple, où est-ce qu'on perçoit des zones de risque ? Qu'est-ce qu'on est prêt à accepter, à assumer comme risque ? Qu'est-ce qu'on partage comme risque ? Donc, ce rapport-là au risque, on a tous un rapport qui est différent. On connaît tous des gens qui sont assez audacieux, qui vont prendre des risques sur le plan personnel dans leur vie, d'autres qui sont plus réservés, qui vont éviter de sortir de leurs habitudes. Donc, en fait, déjà là, juste d'être capable de se reconnaître pour soi par rapport à notre propre rapport au risque, dans quelle mesure on est à l'aise de prendre des risques ou pas. Et ensuite, comment ça vient influencer notre façon d'accompagner une personne individuellement. Je trouve que c'est le préalable essentiel pour qu'en Suisse, on puisse se construire une vision commune des possibilités, du cadre finalement à poser, avec quoi est-ce qu'on est à l'aise, et tout en étant capable de reconnaître que ma perception du risque à moi n'est peut-être pas celle de mon collègue, par exemple. Donc, de sortir de cette... tendance-là qui pourrait être de tenter de convaincre mon collègue que oui, effectivement, c'est risqué ou non, c'est pas risqué, mais d'être capable de s'accueillir mutuellement sur les perceptions différentes qu'on peut avoir par rapport au risque.

  • Speaker #1

    Oui, ça m'amène plein de questions, de ne pas être dans le jugement de la vie de l'autre, d'être dans la communication non-violente, d'accueillir aussi l'émotion quelquefois, que ça peut procurer chez tout un chacun, que ce soit les proches, les professionnels, par rapport à cette question de l'acceptation du risque.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait, en fait, parce que mon expérience de vie aussi peut m'amener à percevoir un risque dans une situation où une autre personne ne percevrait pas le même risque. Donc, évidemment, si moi, dans ma vie, j'ai déjà accompagné une personne qui s'est, par exemple, perdue dans le transport en commun ou qui a eu vraiment un gros souci dans le transport en commun, voire même quelqu'un qui s'est peut-être fait intimider dans le transport en commun, je vais nécessairement avoir une sensibilité plus grande au risque que la personne pourrait courir. par rapport à quelqu'un qui n'a jamais été confronté à ce type de situation-là. Donc, ça veut dire, comme accompagnateur, et surtout quand on est dans un contexte de travail d'équipe, d'être à l'écoute et à l'affût de ces sensibilités-là que chacun peut avoir et qui peuvent être différentes par rapport aux risques.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Martin.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus du côté de la France, contactez Campus Formation à l'adresse mail suivante contacte.campusformation.org. Toute l'équipe se fera un plaisir de vous monter un programme de formation, d'accompagnement ou de conseils sur mesure.

  • Speaker #0

    Pour le Québec, découvrez les travaux de recherche en cours de la chaire Autodétermination et Handicap au www.uqtr.ca.cah.

  • Speaker #1

    Au plaisir, Martin.

  • Speaker #0

    Au plaisir, François.

Description

🎙️Risque et autodétermination: On parlera de la dignité du risque!🎙️🎙

Retranscription par écrit de l'épisode: ici 


Dans l'accompagnement d'une personne en situation de handicap, il faut distinguer le risque de la mise en danger.

Evidemment, si on ne prend jamais de risque, si on ne sort jamais de sa zone confort, on ne peut pas faire d'apprentissage. 

Martin Caouette invite à relire le texte sur la dignité du risque: "une vie sans risque, c'est une vie sans dignité"; parce que la vie est faite de toute sorte de risques. 

Une vie sans risque, c'est une vie sans autodétermination, nous dit-il. 

Le risque ce n'est pas forcément se mettre en danger, cela peut être une erreur, vécue comme un apprentissage. 


L'échec peut-il être vertueux?

Si on est dans des objectifs de performance dans l'accompagnement, effectivement l'échec va etre vécu négativement. Si on est dans des objectifs d'apprentissage, le fait de se tromper, l'échec, sera un levier pour apprendre. 

Dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage à avoir des objectifs d'apprentissage. 

On ne perd pas, on apprend!


Quelle perception du risque pour les familles et les professionnels?

Le premier cas de figure qui nous vient à l'esprit, c'est la perception que nous avons du risque. Martin prend exemple de l'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Quelle perception avons nous du risque d'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Est ce un risque acceptable? 

On a donc une appréciation subjectif du risque acceptable!


L'objectif est donc d'arriver à un risque partagé où la personne, les professionnels, les proches se mettent d'accord, assument le risque de l'apprentissage. 


Comment prend on en compte la sécurité de la personne et le risque lié à leur demande?

il n'y a pas de solutions toutes faites. Derrière tout cela, ce sont aussi les valeurs qui entrent en jeu: liberté de circuler, d'aller et venir, la sécurité... Peut-on concilier l'un et l'autre?


Quel cadre à poser? Quand on pose un cadre, on rend possible l'autodétermination, on pose les limites. La clarté du cadre est essentiel et compris par tous. Le cadre peut aussi être négociable.


Comment soutenir les professionnels sur la question du risque: nécessité pour les professionnels de discuter ensemble sur les risques qu'ils sont prêts à prendre, individuellement et ensemble, tout en tenant compte de la perception du risque des uns et des autres. 



Pour en savoir plus:

- Campus Formation pour les programmes Agir pour l'autodétermination 

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Pour nous écrire c'est ici!  


🎧 Très bonne écoute à tous, on compte toujours sur vous en 2022 pour nous mettre 5 ⭐️ et nous laisser un commentaire sympa
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    S'autodéterminer, c'est être l'auteur de ses vies. Je suis Martin Caouette, professeur et titulaire de la chaire Autodétermination et handicap de l'Université du Québec à Trois-Rivières et directeur scientifique du programme sur l'autodétermination du Centre de formation Campus en France.

  • Speaker #1

    Je suis François Bernard. directeur général du GAPAS. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation d'handicap. Mais pas que. Pour ce septième numéro de Agir pour l'autodétermination, nous allons parler des risques. Martin, effectivement, quand on parle d'autodétermination, souvent... Les professionnels, les familles, les personnes aussi nous parlent du risque. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Le risque, quand on accompagne une personne en situation de handicap, c'est un élément qui est un peu toujours présent, même si ce n'est pas toujours un élément qu'on va nommer de façon explicite. Donc évidemment, dans cet accompagnement-là d'une personne en situation de handicap, on ne veut pas évidemment que la personne cours des dangers, des risques démesurés, qu'elle se retrouve par exemple en grande difficulté. Évidemment, on veut assurer sa sécurité. En même temps, il y a une chose qui est essentielle dans la vie, si on ne prend pas de risques, si on ne sort jamais de sa zone de confort, on ne peut pas... pas faire d'apprentissage. Et là-dessus, il y a un très beau texte qui a été écrit au début des années 70 qui parle de la dignité du risque. Où on dit qu'une vie sans risque, c'est une vie sans dignité. Parce que la vie, elle est faite de toutes sortes de risques et à travers ces risques-là, finalement, on apprend différentes choses. On pourrait paraphraser un peu en se disant qu'une vie sans risque, c'est aussi une vie sans autodétermination. Parce qu'à chaque fois qu'on exerce notre autodétermination, Il y a nécessairement des risques qui peuvent être associés à ça. Des risques qui peuvent parfois constituer des dangers, mais les risques ne sont pas nécessairement synonymes de dangers. Parfois, se tromper, c'est un risque sans pour autant que ça constitue un danger en soi.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu as parlé du fait de se tromper. Comment on peut être vertueux au niveau de l'échec ?

  • Speaker #0

    En fait, si on est dans des objectifs de performance, C'est-à-dire qu'on cherche à... performer, donc à avoir une réussite, bien évidemment l'échec ou le fait de se tromper va devenir quelque chose qui est négatif parce qu'on s'est trompé, on n'a pas performé. Mais si on est dans des objectifs d'apprentissage, bien le fait de se tromper, ça devient une occasion d'apprendre. Et là, à ce moment-là, bien je vais réussir si j'ai appris de l'expérience que j'ai vécue. Et avec, dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage justement avoir des objectifs d'apprentissage, c'est-à-dire de se donner comme objectif de tirer des leçons, des différentes expériences de vie, des différentes occasions qui sont présentées à nous. Et de cette façon-là, en fait, on n'est pas perdant, on est toujours dans le gain, même si parfois on peut s'être trompé parce qu'on aura au moins appris de cette expérience-là.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que les professionnels, les parents, en tout cas les proches, acceptent aussi que les personnes prennent des risques. Comment on les accompagne et on les soutient là-dedans ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est important de les accompagner et c'est important aussi d'avoir une perception du risque sur lequel on est capable d'échanger. Et souvent, on va parler d'un premier niveau de risque qui est le risque qu'on va percevoir dans une situation. Donc, imaginons qu'on accompagne une personne en situation de handicap dans l'apprentissage, par exemple, du transport en commun, l'utilisation de l'autobus. Donc, vous et moi, on pourrait avoir une perception différente des risques qu'une personne pourrait courir d'apprendre à utiliser l'autobus de façon autonome. Pour certains, on pourrait voir le risque, par exemple, que la personne se perde. D'autres pourraient voir le risque que la personne se fasse embêter dans le transport en commun. Maintenant, de ces perceptions-là, de ce risque-là perçu, on va aller progressivement vers un autre niveau de risque qui est celui du risque qu'on va tenter d'objectiver. Donc, est-ce que, objectivement, ce risque-là, finalement, il est réel ? Est-ce que c'est un risque, en fait, que la... la personne pourrait effectivement courir pour ensuite se poser la question à savoir est-ce que c'est un risque qui est acceptable. Et un risque acceptable, en fait, c'est d'abord le risque que pourrait courir n'importe qui d'autre dans la même situation, mais un risque aussi dont la probabilité qu'il s'avère, puis les conséquences qu'il s'avère sont raisonnables. Donc, nécessairement, ça... nous amène tous à avoir une appréciation subjective de ça. Et si on considère en fait que le risque n'est pas acceptable, bien là, ça va nous demander en fait de se questionner à savoir comment est-ce qu'on peut rendre ce risque acceptable. Donc, si je prends l'exemple de l'accompagnement dans le transport en commun, dans l'apprentissage, peut-être qu'une façon de rendre le risque acceptable, c'est peut-être d'avoir des trajets plus courts, c'est peut-être d'apprendre l'utilisation de façon progressive, c'est peut-être d'avoir un téléphone qui va me permettre d'appeler si jamais j'ai une difficulté. Et à partir du moment où on rend ce risque-là acceptable, ça nous amène au dernier niveau qui est celui du risque partagé ou accompagnateur, membre de la famille, les proches. on assume le fait qu'effectivement, dans cet apprentissage-là, il y a peut-être des risques, mais c'est un risque qu'on va partager. Et si malheureusement le risque s'avère, on ne sera pas à chercher un coupable, mais bien ça va être une responsabilité qui est partagée autour de ce risque-là.

  • Speaker #1

    Tu vois, quelquefois en France, on a des directeurs d'établissements qui engagent aussi leur responsabilité pénale par rapport à ce que peuvent demander les personnes qui vivent dans les établissements. Moi, j'ai un cas dont on a déjà évoqué, mais on avait un adulte qui vivait dans un lieu d'hébergement et qui nous demandait de pouvoir sortir de l'établissement quand il le voulait, mais on savait qu'il se mettait en danger quand il sortait. Et on était dans des injonctions paradoxales, puisqu'on devait à la fois garantir sa liberté d'aller et venir et en même temps assurer sa sécurité, sa protection. Comment on fait quand on est tiraillé par ces deux injonctions paradoxales ?

  • Speaker #0

    Ce qui est important, puis l'exemple le soulève bien, c'est d'abord de reconnaître qu'il y a des risques pour les différentes personnes autour de la personne aussi. Là, on parle du risque pour le directeur, mais des fois, il peut y avoir des risques courlément de la famille. Et des fois, c'est des risques comme le fait de s'il arrive quelque chose à mon proche, je vais me sentir coupable. C'est un risque, donc je veux le protéger. Je veux avoir une image de moi qui est… qui est bonne, qui est positive, donc de reconnaître que c'est différents niveaux de risques-là. Et quand on est confronté à des injonctions paradoxales comme celle-là, en fait, il n'y a pas de solution toute faite, il n'y a pas de solution simple et facile à tout ça, mais il vient un moment où derrière ça, il y a des valeurs qui sont en jeu, c'est-à-dire qu'il y a des valeurs qui sont portées, la liberté de circuler, la protection de la personne. Comment est-ce qu'on peut... concilier l'un et l'autre. En fait, ça devient un défi de concilier différentes valeurs, mais surtout de le faire de façon conjointe. C'est-à-dire, comment est-ce qu'on est capable d'ouvrir et de discuter ensemble ? Il faut, d'une certaine façon, que chacun mette sur la table les risques qu'il perçoit dans une situation et les risques également que lui-même peut courir. Le directeur qui voit un risque pour lui-même, il le met sur la table de la même façon aussi que la personne elle-même, les risques qu'elle court, les... proches,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'eux aussi.

  • Speaker #0

    Même les professionnels.

  • Speaker #1

    Puisqu'eux aussi nous disent nous on a été formés aussi à prendre soin des gens et donc c'est compliqué quelquefois pour eux d'accepter que la personne puisse prendre un risque ou se mettre en danger. Dans un autre numéro, on parlait aussi du terrain de jeu et du cadre. Est-ce que comment le fait de poser un cadre, ça peut permettre à la personne de faire ses choix et donc de prendre des risques ?

  • Speaker #0

    Quand on pose un cadre, on rend des choses possibles. Poser un cadre, c'est rendre des choses possibles à l'intérieur de certaines limites. Contrôler, en fait, c'est diminuer les possibilités. Donc, ça devient important de poser un cadre, de poser les limites, de les poser clairement aussi, de les affirmer aussi, ces différentes limites-là. Il y a des choses qui sont possibles et il y a des choses qui ne sont pas possibles. Il y a des choses acceptables et d'autres qui ne le sont pas. Donc, la clarté du cadre devient essentielle. Ça veut dire parfois aussi que, comme accompagnateur, ... on doit se questionner dans quelle mesure le cadre, il a été mis puis il a été posé clairement, sachant aussi que le cadre, il peut être négociable. L'heure de rentrée d'un adolescent, par exemple, qu'il soit en situation de handicap ou pas, d'ailleurs, c'est une question qui est souvent négociée et c'est négociable et c'est essentiel aussi de se réajuster au fur et à mesure de l'avancée en âge, par exemple, de cet adolescent-là. Donc, le poser clairement, le définir clairement, c'est essentiel.

  • Speaker #1

    Et quelle organisation peut mettre en place dans des services communautaires ou dans tout type de service pour permettre aux professionnels de travailler sur ce cadre-là ?

  • Speaker #0

    Avant même d'aborder le risque dans une situation particulière, je pense que c'est important d'avoir cet échange-là aussi sur l'enjeu du risque dans les pratiques d'accompagnement. Si je suis, par exemple, dans un milieu résidentiel, dans un foyer d'hébergement, par exemple, où est-ce qu'on perçoit des zones de risque ? Qu'est-ce qu'on est prêt à accepter, à assumer comme risque ? Qu'est-ce qu'on partage comme risque ? Donc, ce rapport-là au risque, on a tous un rapport qui est différent. On connaît tous des gens qui sont assez audacieux, qui vont prendre des risques sur le plan personnel dans leur vie, d'autres qui sont plus réservés, qui vont éviter de sortir de leurs habitudes. Donc, en fait, déjà là, juste d'être capable de se reconnaître pour soi par rapport à notre propre rapport au risque, dans quelle mesure on est à l'aise de prendre des risques ou pas. Et ensuite, comment ça vient influencer notre façon d'accompagner une personne individuellement. Je trouve que c'est le préalable essentiel pour qu'en Suisse, on puisse se construire une vision commune des possibilités, du cadre finalement à poser, avec quoi est-ce qu'on est à l'aise, et tout en étant capable de reconnaître que ma perception du risque à moi n'est peut-être pas celle de mon collègue, par exemple. Donc, de sortir de cette... tendance-là qui pourrait être de tenter de convaincre mon collègue que oui, effectivement, c'est risqué ou non, c'est pas risqué, mais d'être capable de s'accueillir mutuellement sur les perceptions différentes qu'on peut avoir par rapport au risque.

  • Speaker #1

    Oui, ça m'amène plein de questions, de ne pas être dans le jugement de la vie de l'autre, d'être dans la communication non-violente, d'accueillir aussi l'émotion quelquefois, que ça peut procurer chez tout un chacun, que ce soit les proches, les professionnels, par rapport à cette question de l'acceptation du risque.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait, en fait, parce que mon expérience de vie aussi peut m'amener à percevoir un risque dans une situation où une autre personne ne percevrait pas le même risque. Donc, évidemment, si moi, dans ma vie, j'ai déjà accompagné une personne qui s'est, par exemple, perdue dans le transport en commun ou qui a eu vraiment un gros souci dans le transport en commun, voire même quelqu'un qui s'est peut-être fait intimider dans le transport en commun, je vais nécessairement avoir une sensibilité plus grande au risque que la personne pourrait courir. par rapport à quelqu'un qui n'a jamais été confronté à ce type de situation-là. Donc, ça veut dire, comme accompagnateur, et surtout quand on est dans un contexte de travail d'équipe, d'être à l'écoute et à l'affût de ces sensibilités-là que chacun peut avoir et qui peuvent être différentes par rapport aux risques.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Martin.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus du côté de la France, contactez Campus Formation à l'adresse mail suivante contacte.campusformation.org. Toute l'équipe se fera un plaisir de vous monter un programme de formation, d'accompagnement ou de conseils sur mesure.

  • Speaker #0

    Pour le Québec, découvrez les travaux de recherche en cours de la chaire Autodétermination et Handicap au www.uqtr.ca.cah.

  • Speaker #1

    Au plaisir, Martin.

  • Speaker #0

    Au plaisir, François.

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Description

🎙️Risque et autodétermination: On parlera de la dignité du risque!🎙️🎙

Retranscription par écrit de l'épisode: ici 


Dans l'accompagnement d'une personne en situation de handicap, il faut distinguer le risque de la mise en danger.

Evidemment, si on ne prend jamais de risque, si on ne sort jamais de sa zone confort, on ne peut pas faire d'apprentissage. 

Martin Caouette invite à relire le texte sur la dignité du risque: "une vie sans risque, c'est une vie sans dignité"; parce que la vie est faite de toute sorte de risques. 

Une vie sans risque, c'est une vie sans autodétermination, nous dit-il. 

Le risque ce n'est pas forcément se mettre en danger, cela peut être une erreur, vécue comme un apprentissage. 


L'échec peut-il être vertueux?

Si on est dans des objectifs de performance dans l'accompagnement, effectivement l'échec va etre vécu négativement. Si on est dans des objectifs d'apprentissage, le fait de se tromper, l'échec, sera un levier pour apprendre. 

Dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage à avoir des objectifs d'apprentissage. 

On ne perd pas, on apprend!


Quelle perception du risque pour les familles et les professionnels?

Le premier cas de figure qui nous vient à l'esprit, c'est la perception que nous avons du risque. Martin prend exemple de l'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Quelle perception avons nous du risque d'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Est ce un risque acceptable? 

On a donc une appréciation subjectif du risque acceptable!


L'objectif est donc d'arriver à un risque partagé où la personne, les professionnels, les proches se mettent d'accord, assument le risque de l'apprentissage. 


Comment prend on en compte la sécurité de la personne et le risque lié à leur demande?

il n'y a pas de solutions toutes faites. Derrière tout cela, ce sont aussi les valeurs qui entrent en jeu: liberté de circuler, d'aller et venir, la sécurité... Peut-on concilier l'un et l'autre?


Quel cadre à poser? Quand on pose un cadre, on rend possible l'autodétermination, on pose les limites. La clarté du cadre est essentiel et compris par tous. Le cadre peut aussi être négociable.


Comment soutenir les professionnels sur la question du risque: nécessité pour les professionnels de discuter ensemble sur les risques qu'ils sont prêts à prendre, individuellement et ensemble, tout en tenant compte de la perception du risque des uns et des autres. 



Pour en savoir plus:

- Campus Formation pour les programmes Agir pour l'autodétermination 

- Chaire autodétermination et handicap de l'Université du Québec à trois Rivières


Pour nous écrire c'est ici!  


🎧 Très bonne écoute à tous, on compte toujours sur vous en 2022 pour nous mettre 5 ⭐️ et nous laisser un commentaire sympa
😉 !
  









Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    S'autodéterminer, c'est être l'auteur de ses vies. Je suis Martin Caouette, professeur et titulaire de la chaire Autodétermination et handicap de l'Université du Québec à Trois-Rivières et directeur scientifique du programme sur l'autodétermination du Centre de formation Campus en France.

  • Speaker #1

    Je suis François Bernard. directeur général du GAPAS. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation d'handicap. Mais pas que. Pour ce septième numéro de Agir pour l'autodétermination, nous allons parler des risques. Martin, effectivement, quand on parle d'autodétermination, souvent... Les professionnels, les familles, les personnes aussi nous parlent du risque. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Le risque, quand on accompagne une personne en situation de handicap, c'est un élément qui est un peu toujours présent, même si ce n'est pas toujours un élément qu'on va nommer de façon explicite. Donc évidemment, dans cet accompagnement-là d'une personne en situation de handicap, on ne veut pas évidemment que la personne cours des dangers, des risques démesurés, qu'elle se retrouve par exemple en grande difficulté. Évidemment, on veut assurer sa sécurité. En même temps, il y a une chose qui est essentielle dans la vie, si on ne prend pas de risques, si on ne sort jamais de sa zone de confort, on ne peut pas... pas faire d'apprentissage. Et là-dessus, il y a un très beau texte qui a été écrit au début des années 70 qui parle de la dignité du risque. Où on dit qu'une vie sans risque, c'est une vie sans dignité. Parce que la vie, elle est faite de toutes sortes de risques et à travers ces risques-là, finalement, on apprend différentes choses. On pourrait paraphraser un peu en se disant qu'une vie sans risque, c'est aussi une vie sans autodétermination. Parce qu'à chaque fois qu'on exerce notre autodétermination, Il y a nécessairement des risques qui peuvent être associés à ça. Des risques qui peuvent parfois constituer des dangers, mais les risques ne sont pas nécessairement synonymes de dangers. Parfois, se tromper, c'est un risque sans pour autant que ça constitue un danger en soi.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu as parlé du fait de se tromper. Comment on peut être vertueux au niveau de l'échec ?

  • Speaker #0

    En fait, si on est dans des objectifs de performance, C'est-à-dire qu'on cherche à... performer, donc à avoir une réussite, bien évidemment l'échec ou le fait de se tromper va devenir quelque chose qui est négatif parce qu'on s'est trompé, on n'a pas performé. Mais si on est dans des objectifs d'apprentissage, bien le fait de se tromper, ça devient une occasion d'apprendre. Et là, à ce moment-là, bien je vais réussir si j'ai appris de l'expérience que j'ai vécue. Et avec, dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage justement avoir des objectifs d'apprentissage, c'est-à-dire de se donner comme objectif de tirer des leçons, des différentes expériences de vie, des différentes occasions qui sont présentées à nous. Et de cette façon-là, en fait, on n'est pas perdant, on est toujours dans le gain, même si parfois on peut s'être trompé parce qu'on aura au moins appris de cette expérience-là.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que les professionnels, les parents, en tout cas les proches, acceptent aussi que les personnes prennent des risques. Comment on les accompagne et on les soutient là-dedans ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est important de les accompagner et c'est important aussi d'avoir une perception du risque sur lequel on est capable d'échanger. Et souvent, on va parler d'un premier niveau de risque qui est le risque qu'on va percevoir dans une situation. Donc, imaginons qu'on accompagne une personne en situation de handicap dans l'apprentissage, par exemple, du transport en commun, l'utilisation de l'autobus. Donc, vous et moi, on pourrait avoir une perception différente des risques qu'une personne pourrait courir d'apprendre à utiliser l'autobus de façon autonome. Pour certains, on pourrait voir le risque, par exemple, que la personne se perde. D'autres pourraient voir le risque que la personne se fasse embêter dans le transport en commun. Maintenant, de ces perceptions-là, de ce risque-là perçu, on va aller progressivement vers un autre niveau de risque qui est celui du risque qu'on va tenter d'objectiver. Donc, est-ce que, objectivement, ce risque-là, finalement, il est réel ? Est-ce que c'est un risque, en fait, que la... la personne pourrait effectivement courir pour ensuite se poser la question à savoir est-ce que c'est un risque qui est acceptable. Et un risque acceptable, en fait, c'est d'abord le risque que pourrait courir n'importe qui d'autre dans la même situation, mais un risque aussi dont la probabilité qu'il s'avère, puis les conséquences qu'il s'avère sont raisonnables. Donc, nécessairement, ça... nous amène tous à avoir une appréciation subjective de ça. Et si on considère en fait que le risque n'est pas acceptable, bien là, ça va nous demander en fait de se questionner à savoir comment est-ce qu'on peut rendre ce risque acceptable. Donc, si je prends l'exemple de l'accompagnement dans le transport en commun, dans l'apprentissage, peut-être qu'une façon de rendre le risque acceptable, c'est peut-être d'avoir des trajets plus courts, c'est peut-être d'apprendre l'utilisation de façon progressive, c'est peut-être d'avoir un téléphone qui va me permettre d'appeler si jamais j'ai une difficulté. Et à partir du moment où on rend ce risque-là acceptable, ça nous amène au dernier niveau qui est celui du risque partagé ou accompagnateur, membre de la famille, les proches. on assume le fait qu'effectivement, dans cet apprentissage-là, il y a peut-être des risques, mais c'est un risque qu'on va partager. Et si malheureusement le risque s'avère, on ne sera pas à chercher un coupable, mais bien ça va être une responsabilité qui est partagée autour de ce risque-là.

  • Speaker #1

    Tu vois, quelquefois en France, on a des directeurs d'établissements qui engagent aussi leur responsabilité pénale par rapport à ce que peuvent demander les personnes qui vivent dans les établissements. Moi, j'ai un cas dont on a déjà évoqué, mais on avait un adulte qui vivait dans un lieu d'hébergement et qui nous demandait de pouvoir sortir de l'établissement quand il le voulait, mais on savait qu'il se mettait en danger quand il sortait. Et on était dans des injonctions paradoxales, puisqu'on devait à la fois garantir sa liberté d'aller et venir et en même temps assurer sa sécurité, sa protection. Comment on fait quand on est tiraillé par ces deux injonctions paradoxales ?

  • Speaker #0

    Ce qui est important, puis l'exemple le soulève bien, c'est d'abord de reconnaître qu'il y a des risques pour les différentes personnes autour de la personne aussi. Là, on parle du risque pour le directeur, mais des fois, il peut y avoir des risques courlément de la famille. Et des fois, c'est des risques comme le fait de s'il arrive quelque chose à mon proche, je vais me sentir coupable. C'est un risque, donc je veux le protéger. Je veux avoir une image de moi qui est… qui est bonne, qui est positive, donc de reconnaître que c'est différents niveaux de risques-là. Et quand on est confronté à des injonctions paradoxales comme celle-là, en fait, il n'y a pas de solution toute faite, il n'y a pas de solution simple et facile à tout ça, mais il vient un moment où derrière ça, il y a des valeurs qui sont en jeu, c'est-à-dire qu'il y a des valeurs qui sont portées, la liberté de circuler, la protection de la personne. Comment est-ce qu'on peut... concilier l'un et l'autre. En fait, ça devient un défi de concilier différentes valeurs, mais surtout de le faire de façon conjointe. C'est-à-dire, comment est-ce qu'on est capable d'ouvrir et de discuter ensemble ? Il faut, d'une certaine façon, que chacun mette sur la table les risques qu'il perçoit dans une situation et les risques également que lui-même peut courir. Le directeur qui voit un risque pour lui-même, il le met sur la table de la même façon aussi que la personne elle-même, les risques qu'elle court, les... proches,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'eux aussi.

  • Speaker #0

    Même les professionnels.

  • Speaker #1

    Puisqu'eux aussi nous disent nous on a été formés aussi à prendre soin des gens et donc c'est compliqué quelquefois pour eux d'accepter que la personne puisse prendre un risque ou se mettre en danger. Dans un autre numéro, on parlait aussi du terrain de jeu et du cadre. Est-ce que comment le fait de poser un cadre, ça peut permettre à la personne de faire ses choix et donc de prendre des risques ?

  • Speaker #0

    Quand on pose un cadre, on rend des choses possibles. Poser un cadre, c'est rendre des choses possibles à l'intérieur de certaines limites. Contrôler, en fait, c'est diminuer les possibilités. Donc, ça devient important de poser un cadre, de poser les limites, de les poser clairement aussi, de les affirmer aussi, ces différentes limites-là. Il y a des choses qui sont possibles et il y a des choses qui ne sont pas possibles. Il y a des choses acceptables et d'autres qui ne le sont pas. Donc, la clarté du cadre devient essentielle. Ça veut dire parfois aussi que, comme accompagnateur, ... on doit se questionner dans quelle mesure le cadre, il a été mis puis il a été posé clairement, sachant aussi que le cadre, il peut être négociable. L'heure de rentrée d'un adolescent, par exemple, qu'il soit en situation de handicap ou pas, d'ailleurs, c'est une question qui est souvent négociée et c'est négociable et c'est essentiel aussi de se réajuster au fur et à mesure de l'avancée en âge, par exemple, de cet adolescent-là. Donc, le poser clairement, le définir clairement, c'est essentiel.

  • Speaker #1

    Et quelle organisation peut mettre en place dans des services communautaires ou dans tout type de service pour permettre aux professionnels de travailler sur ce cadre-là ?

  • Speaker #0

    Avant même d'aborder le risque dans une situation particulière, je pense que c'est important d'avoir cet échange-là aussi sur l'enjeu du risque dans les pratiques d'accompagnement. Si je suis, par exemple, dans un milieu résidentiel, dans un foyer d'hébergement, par exemple, où est-ce qu'on perçoit des zones de risque ? Qu'est-ce qu'on est prêt à accepter, à assumer comme risque ? Qu'est-ce qu'on partage comme risque ? Donc, ce rapport-là au risque, on a tous un rapport qui est différent. On connaît tous des gens qui sont assez audacieux, qui vont prendre des risques sur le plan personnel dans leur vie, d'autres qui sont plus réservés, qui vont éviter de sortir de leurs habitudes. Donc, en fait, déjà là, juste d'être capable de se reconnaître pour soi par rapport à notre propre rapport au risque, dans quelle mesure on est à l'aise de prendre des risques ou pas. Et ensuite, comment ça vient influencer notre façon d'accompagner une personne individuellement. Je trouve que c'est le préalable essentiel pour qu'en Suisse, on puisse se construire une vision commune des possibilités, du cadre finalement à poser, avec quoi est-ce qu'on est à l'aise, et tout en étant capable de reconnaître que ma perception du risque à moi n'est peut-être pas celle de mon collègue, par exemple. Donc, de sortir de cette... tendance-là qui pourrait être de tenter de convaincre mon collègue que oui, effectivement, c'est risqué ou non, c'est pas risqué, mais d'être capable de s'accueillir mutuellement sur les perceptions différentes qu'on peut avoir par rapport au risque.

  • Speaker #1

    Oui, ça m'amène plein de questions, de ne pas être dans le jugement de la vie de l'autre, d'être dans la communication non-violente, d'accueillir aussi l'émotion quelquefois, que ça peut procurer chez tout un chacun, que ce soit les proches, les professionnels, par rapport à cette question de l'acceptation du risque.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait, en fait, parce que mon expérience de vie aussi peut m'amener à percevoir un risque dans une situation où une autre personne ne percevrait pas le même risque. Donc, évidemment, si moi, dans ma vie, j'ai déjà accompagné une personne qui s'est, par exemple, perdue dans le transport en commun ou qui a eu vraiment un gros souci dans le transport en commun, voire même quelqu'un qui s'est peut-être fait intimider dans le transport en commun, je vais nécessairement avoir une sensibilité plus grande au risque que la personne pourrait courir. par rapport à quelqu'un qui n'a jamais été confronté à ce type de situation-là. Donc, ça veut dire, comme accompagnateur, et surtout quand on est dans un contexte de travail d'équipe, d'être à l'écoute et à l'affût de ces sensibilités-là que chacun peut avoir et qui peuvent être différentes par rapport aux risques.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Martin.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus du côté de la France, contactez Campus Formation à l'adresse mail suivante contacte.campusformation.org. Toute l'équipe se fera un plaisir de vous monter un programme de formation, d'accompagnement ou de conseils sur mesure.

  • Speaker #0

    Pour le Québec, découvrez les travaux de recherche en cours de la chaire Autodétermination et Handicap au www.uqtr.ca.cah.

  • Speaker #1

    Au plaisir, Martin.

  • Speaker #0

    Au plaisir, François.

Description

🎙️Risque et autodétermination: On parlera de la dignité du risque!🎙️🎙

Retranscription par écrit de l'épisode: ici 


Dans l'accompagnement d'une personne en situation de handicap, il faut distinguer le risque de la mise en danger.

Evidemment, si on ne prend jamais de risque, si on ne sort jamais de sa zone confort, on ne peut pas faire d'apprentissage. 

Martin Caouette invite à relire le texte sur la dignité du risque: "une vie sans risque, c'est une vie sans dignité"; parce que la vie est faite de toute sorte de risques. 

Une vie sans risque, c'est une vie sans autodétermination, nous dit-il. 

Le risque ce n'est pas forcément se mettre en danger, cela peut être une erreur, vécue comme un apprentissage. 


L'échec peut-il être vertueux?

Si on est dans des objectifs de performance dans l'accompagnement, effectivement l'échec va etre vécu négativement. Si on est dans des objectifs d'apprentissage, le fait de se tromper, l'échec, sera un levier pour apprendre. 

Dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage à avoir des objectifs d'apprentissage. 

On ne perd pas, on apprend!


Quelle perception du risque pour les familles et les professionnels?

Le premier cas de figure qui nous vient à l'esprit, c'est la perception que nous avons du risque. Martin prend exemple de l'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Quelle perception avons nous du risque d'apprentissage de l'utilisation de l'autobus. Est ce un risque acceptable? 

On a donc une appréciation subjectif du risque acceptable!


L'objectif est donc d'arriver à un risque partagé où la personne, les professionnels, les proches se mettent d'accord, assument le risque de l'apprentissage. 


Comment prend on en compte la sécurité de la personne et le risque lié à leur demande?

il n'y a pas de solutions toutes faites. Derrière tout cela, ce sont aussi les valeurs qui entrent en jeu: liberté de circuler, d'aller et venir, la sécurité... Peut-on concilier l'un et l'autre?


Quel cadre à poser? Quand on pose un cadre, on rend possible l'autodétermination, on pose les limites. La clarté du cadre est essentiel et compris par tous. Le cadre peut aussi être négociable.


Comment soutenir les professionnels sur la question du risque: nécessité pour les professionnels de discuter ensemble sur les risques qu'ils sont prêts à prendre, individuellement et ensemble, tout en tenant compte de la perception du risque des uns et des autres. 



Pour en savoir plus:

- Campus Formation pour les programmes Agir pour l'autodétermination 

- Chaire autodétermination et handicap de l'Université du Québec à trois Rivières


Pour nous écrire c'est ici!  


🎧 Très bonne écoute à tous, on compte toujours sur vous en 2022 pour nous mettre 5 ⭐️ et nous laisser un commentaire sympa
😉 !
  









Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    S'autodéterminer, c'est être l'auteur de ses vies. Je suis Martin Caouette, professeur et titulaire de la chaire Autodétermination et handicap de l'Université du Québec à Trois-Rivières et directeur scientifique du programme sur l'autodétermination du Centre de formation Campus en France.

  • Speaker #1

    Je suis François Bernard. directeur général du GAPAS. Ensemble, agissons pour l'autodétermination des personnes en situation d'handicap. Mais pas que. Pour ce septième numéro de Agir pour l'autodétermination, nous allons parler des risques. Martin, effectivement, quand on parle d'autodétermination, souvent... Les professionnels, les familles, les personnes aussi nous parlent du risque. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    Le risque, quand on accompagne une personne en situation de handicap, c'est un élément qui est un peu toujours présent, même si ce n'est pas toujours un élément qu'on va nommer de façon explicite. Donc évidemment, dans cet accompagnement-là d'une personne en situation de handicap, on ne veut pas évidemment que la personne cours des dangers, des risques démesurés, qu'elle se retrouve par exemple en grande difficulté. Évidemment, on veut assurer sa sécurité. En même temps, il y a une chose qui est essentielle dans la vie, si on ne prend pas de risques, si on ne sort jamais de sa zone de confort, on ne peut pas... pas faire d'apprentissage. Et là-dessus, il y a un très beau texte qui a été écrit au début des années 70 qui parle de la dignité du risque. Où on dit qu'une vie sans risque, c'est une vie sans dignité. Parce que la vie, elle est faite de toutes sortes de risques et à travers ces risques-là, finalement, on apprend différentes choses. On pourrait paraphraser un peu en se disant qu'une vie sans risque, c'est aussi une vie sans autodétermination. Parce qu'à chaque fois qu'on exerce notre autodétermination, Il y a nécessairement des risques qui peuvent être associés à ça. Des risques qui peuvent parfois constituer des dangers, mais les risques ne sont pas nécessairement synonymes de dangers. Parfois, se tromper, c'est un risque sans pour autant que ça constitue un danger en soi.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu as parlé du fait de se tromper. Comment on peut être vertueux au niveau de l'échec ?

  • Speaker #0

    En fait, si on est dans des objectifs de performance, C'est-à-dire qu'on cherche à... performer, donc à avoir une réussite, bien évidemment l'échec ou le fait de se tromper va devenir quelque chose qui est négatif parce qu'on s'est trompé, on n'a pas performé. Mais si on est dans des objectifs d'apprentissage, bien le fait de se tromper, ça devient une occasion d'apprendre. Et là, à ce moment-là, bien je vais réussir si j'ai appris de l'expérience que j'ai vécue. Et avec, dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap, on a toujours avantage justement avoir des objectifs d'apprentissage, c'est-à-dire de se donner comme objectif de tirer des leçons, des différentes expériences de vie, des différentes occasions qui sont présentées à nous. Et de cette façon-là, en fait, on n'est pas perdant, on est toujours dans le gain, même si parfois on peut s'être trompé parce qu'on aura au moins appris de cette expérience-là.

  • Speaker #1

    Mais ça veut dire que les professionnels, les parents, en tout cas les proches, acceptent aussi que les personnes prennent des risques. Comment on les accompagne et on les soutient là-dedans ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est important de les accompagner et c'est important aussi d'avoir une perception du risque sur lequel on est capable d'échanger. Et souvent, on va parler d'un premier niveau de risque qui est le risque qu'on va percevoir dans une situation. Donc, imaginons qu'on accompagne une personne en situation de handicap dans l'apprentissage, par exemple, du transport en commun, l'utilisation de l'autobus. Donc, vous et moi, on pourrait avoir une perception différente des risques qu'une personne pourrait courir d'apprendre à utiliser l'autobus de façon autonome. Pour certains, on pourrait voir le risque, par exemple, que la personne se perde. D'autres pourraient voir le risque que la personne se fasse embêter dans le transport en commun. Maintenant, de ces perceptions-là, de ce risque-là perçu, on va aller progressivement vers un autre niveau de risque qui est celui du risque qu'on va tenter d'objectiver. Donc, est-ce que, objectivement, ce risque-là, finalement, il est réel ? Est-ce que c'est un risque, en fait, que la... la personne pourrait effectivement courir pour ensuite se poser la question à savoir est-ce que c'est un risque qui est acceptable. Et un risque acceptable, en fait, c'est d'abord le risque que pourrait courir n'importe qui d'autre dans la même situation, mais un risque aussi dont la probabilité qu'il s'avère, puis les conséquences qu'il s'avère sont raisonnables. Donc, nécessairement, ça... nous amène tous à avoir une appréciation subjective de ça. Et si on considère en fait que le risque n'est pas acceptable, bien là, ça va nous demander en fait de se questionner à savoir comment est-ce qu'on peut rendre ce risque acceptable. Donc, si je prends l'exemple de l'accompagnement dans le transport en commun, dans l'apprentissage, peut-être qu'une façon de rendre le risque acceptable, c'est peut-être d'avoir des trajets plus courts, c'est peut-être d'apprendre l'utilisation de façon progressive, c'est peut-être d'avoir un téléphone qui va me permettre d'appeler si jamais j'ai une difficulté. Et à partir du moment où on rend ce risque-là acceptable, ça nous amène au dernier niveau qui est celui du risque partagé ou accompagnateur, membre de la famille, les proches. on assume le fait qu'effectivement, dans cet apprentissage-là, il y a peut-être des risques, mais c'est un risque qu'on va partager. Et si malheureusement le risque s'avère, on ne sera pas à chercher un coupable, mais bien ça va être une responsabilité qui est partagée autour de ce risque-là.

  • Speaker #1

    Tu vois, quelquefois en France, on a des directeurs d'établissements qui engagent aussi leur responsabilité pénale par rapport à ce que peuvent demander les personnes qui vivent dans les établissements. Moi, j'ai un cas dont on a déjà évoqué, mais on avait un adulte qui vivait dans un lieu d'hébergement et qui nous demandait de pouvoir sortir de l'établissement quand il le voulait, mais on savait qu'il se mettait en danger quand il sortait. Et on était dans des injonctions paradoxales, puisqu'on devait à la fois garantir sa liberté d'aller et venir et en même temps assurer sa sécurité, sa protection. Comment on fait quand on est tiraillé par ces deux injonctions paradoxales ?

  • Speaker #0

    Ce qui est important, puis l'exemple le soulève bien, c'est d'abord de reconnaître qu'il y a des risques pour les différentes personnes autour de la personne aussi. Là, on parle du risque pour le directeur, mais des fois, il peut y avoir des risques courlément de la famille. Et des fois, c'est des risques comme le fait de s'il arrive quelque chose à mon proche, je vais me sentir coupable. C'est un risque, donc je veux le protéger. Je veux avoir une image de moi qui est… qui est bonne, qui est positive, donc de reconnaître que c'est différents niveaux de risques-là. Et quand on est confronté à des injonctions paradoxales comme celle-là, en fait, il n'y a pas de solution toute faite, il n'y a pas de solution simple et facile à tout ça, mais il vient un moment où derrière ça, il y a des valeurs qui sont en jeu, c'est-à-dire qu'il y a des valeurs qui sont portées, la liberté de circuler, la protection de la personne. Comment est-ce qu'on peut... concilier l'un et l'autre. En fait, ça devient un défi de concilier différentes valeurs, mais surtout de le faire de façon conjointe. C'est-à-dire, comment est-ce qu'on est capable d'ouvrir et de discuter ensemble ? Il faut, d'une certaine façon, que chacun mette sur la table les risques qu'il perçoit dans une situation et les risques également que lui-même peut courir. Le directeur qui voit un risque pour lui-même, il le met sur la table de la même façon aussi que la personne elle-même, les risques qu'elle court, les... proches,

  • Speaker #1

    qu'est-ce qu'eux aussi.

  • Speaker #0

    Même les professionnels.

  • Speaker #1

    Puisqu'eux aussi nous disent nous on a été formés aussi à prendre soin des gens et donc c'est compliqué quelquefois pour eux d'accepter que la personne puisse prendre un risque ou se mettre en danger. Dans un autre numéro, on parlait aussi du terrain de jeu et du cadre. Est-ce que comment le fait de poser un cadre, ça peut permettre à la personne de faire ses choix et donc de prendre des risques ?

  • Speaker #0

    Quand on pose un cadre, on rend des choses possibles. Poser un cadre, c'est rendre des choses possibles à l'intérieur de certaines limites. Contrôler, en fait, c'est diminuer les possibilités. Donc, ça devient important de poser un cadre, de poser les limites, de les poser clairement aussi, de les affirmer aussi, ces différentes limites-là. Il y a des choses qui sont possibles et il y a des choses qui ne sont pas possibles. Il y a des choses acceptables et d'autres qui ne le sont pas. Donc, la clarté du cadre devient essentielle. Ça veut dire parfois aussi que, comme accompagnateur, ... on doit se questionner dans quelle mesure le cadre, il a été mis puis il a été posé clairement, sachant aussi que le cadre, il peut être négociable. L'heure de rentrée d'un adolescent, par exemple, qu'il soit en situation de handicap ou pas, d'ailleurs, c'est une question qui est souvent négociée et c'est négociable et c'est essentiel aussi de se réajuster au fur et à mesure de l'avancée en âge, par exemple, de cet adolescent-là. Donc, le poser clairement, le définir clairement, c'est essentiel.

  • Speaker #1

    Et quelle organisation peut mettre en place dans des services communautaires ou dans tout type de service pour permettre aux professionnels de travailler sur ce cadre-là ?

  • Speaker #0

    Avant même d'aborder le risque dans une situation particulière, je pense que c'est important d'avoir cet échange-là aussi sur l'enjeu du risque dans les pratiques d'accompagnement. Si je suis, par exemple, dans un milieu résidentiel, dans un foyer d'hébergement, par exemple, où est-ce qu'on perçoit des zones de risque ? Qu'est-ce qu'on est prêt à accepter, à assumer comme risque ? Qu'est-ce qu'on partage comme risque ? Donc, ce rapport-là au risque, on a tous un rapport qui est différent. On connaît tous des gens qui sont assez audacieux, qui vont prendre des risques sur le plan personnel dans leur vie, d'autres qui sont plus réservés, qui vont éviter de sortir de leurs habitudes. Donc, en fait, déjà là, juste d'être capable de se reconnaître pour soi par rapport à notre propre rapport au risque, dans quelle mesure on est à l'aise de prendre des risques ou pas. Et ensuite, comment ça vient influencer notre façon d'accompagner une personne individuellement. Je trouve que c'est le préalable essentiel pour qu'en Suisse, on puisse se construire une vision commune des possibilités, du cadre finalement à poser, avec quoi est-ce qu'on est à l'aise, et tout en étant capable de reconnaître que ma perception du risque à moi n'est peut-être pas celle de mon collègue, par exemple. Donc, de sortir de cette... tendance-là qui pourrait être de tenter de convaincre mon collègue que oui, effectivement, c'est risqué ou non, c'est pas risqué, mais d'être capable de s'accueillir mutuellement sur les perceptions différentes qu'on peut avoir par rapport au risque.

  • Speaker #1

    Oui, ça m'amène plein de questions, de ne pas être dans le jugement de la vie de l'autre, d'être dans la communication non-violente, d'accueillir aussi l'émotion quelquefois, que ça peut procurer chez tout un chacun, que ce soit les proches, les professionnels, par rapport à cette question de l'acceptation du risque.

  • Speaker #0

    Oui. Tout à fait, en fait, parce que mon expérience de vie aussi peut m'amener à percevoir un risque dans une situation où une autre personne ne percevrait pas le même risque. Donc, évidemment, si moi, dans ma vie, j'ai déjà accompagné une personne qui s'est, par exemple, perdue dans le transport en commun ou qui a eu vraiment un gros souci dans le transport en commun, voire même quelqu'un qui s'est peut-être fait intimider dans le transport en commun, je vais nécessairement avoir une sensibilité plus grande au risque que la personne pourrait courir. par rapport à quelqu'un qui n'a jamais été confronté à ce type de situation-là. Donc, ça veut dire, comme accompagnateur, et surtout quand on est dans un contexte de travail d'équipe, d'être à l'écoute et à l'affût de ces sensibilités-là que chacun peut avoir et qui peuvent être différentes par rapport aux risques.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Martin.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Si vous voulez en savoir plus du côté de la France, contactez Campus Formation à l'adresse mail suivante contacte.campusformation.org. Toute l'équipe se fera un plaisir de vous monter un programme de formation, d'accompagnement ou de conseils sur mesure.

  • Speaker #0

    Pour le Québec, découvrez les travaux de recherche en cours de la chaire Autodétermination et Handicap au www.uqtr.ca.cah.

  • Speaker #1

    Au plaisir, Martin.

  • Speaker #0

    Au plaisir, François.

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