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Balance ton accouchement

Episode 63 : Laëtitia - MFIU : Comment survivre à la perte de ses jumeaux à 17SA ?

Episode 63 : Laëtitia - MFIU : Comment survivre à la perte de ses jumeaux à 17SA ?

53min |05/04/2024
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53min |05/04/2024
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Description

Je vous retrouve aujourd'hui avec le témoignage de Laëtitia qui nous raconte son parcours de maternité avec une grossesse qui est rapidement très suivie et médicalisée suite à une grossesse gémellaire monochoriale / bi-amniotique.


Malheureusement cette grossesse ne prend pas un tournant réjouissant puisque suite au diagnostic d'une malformation sur l'un des jumeaux, une décision d'IMG doit être prise pour sauver la vie du second. Mais par manque de chance, le jour de cette opération, les deux coeurs se sont arrêtés.


Laëtitia revient avec nous sur ses choix (ne pas reconnaître les foetus), ses ressentis, ses émotions mais aussi sur les réactions des proches qu'il faut savoir appréhender, surtout en période de fêtes de fin d'année. Un témoignage riche en émotions et je vous invite à partager toutes vos bonnes ondes à cette maman et ce papa.


Envie d'en discuter ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement et @hello_maman_off.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman, je suis Rebecca et je te souhaite bienvenue sur Balance ton accouchement. Maman d'un petit garçon et complètement bouleversée par la maternité, je te propose de retrouver ici chaque semaine un ou plusieurs nouveaux récits d'accouchement avec des mots authentiques, sans filtre et sans tabou. L'occasion de partager, d'apprendre et peut-être même de guérir autour de ce grand moment qu'est l'accouchement. Alors si tu es prête, c'est parti ! Bonjour à tous et merci de me rejoindre pour ce nouvel épisode où l'on va encore une fois aborder un sujet un petit peu sensible. Aujourd'hui, je vous propose de découvrir le témoignage de Laetitia, qui va nous parler de deuil périnatal, et plus précisément de mort fétale in utero. Nous reviendrons sur son parcours, sur ses jumeaux décédés à 17 semaines d'aménorée, et sur ce qu'il s'en est suivi, mais également aussi sur le comportement que les autres ont eu avec elle, sur ses ressentis postpartum. un épisode à partager autour de vous, y compris aux proches qui pourraient devoir accompagner des parents confrontés à cette situation. Si vous n'êtes pas allé avec ce sujet, n'hésitez pas encore une fois à découvrir un autre épisode. Et si vous souhaitez en savoir plus, c'est parti ! Alors bonjour, merci à toi de me rejoindre pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont ou ils auraient dû avoir ? Et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Laetitia

    Alors moi, du coup, c'est Laetitia. J'ai eu 35 ans fin 2023. Je suis tombée enceinte au mois de mai 2023. Et j'ai été déclenchée suite à une mort in utero de mes jumeaux en septembre 2023. Du coup, là, techniquement, la date d'aujourd'hui devrait avoir un petit peu moins d'un mois. Mais bon, du coup, le destin, on va décider autrement. Et du coup... Je suis tombée enceinte au mois de mai, j'ai appris le début de soins. On était en essai depuis janvier, donc ça a été très rapide. Ça s'est fait assez rapidement. Très rapidement, j'ai eu des grosses douleurs abdominales, comme des grosses crampes de règles, mais en beaucoup plus fortes. Surtout que moi, qui n'ai pas des règles très douloureuses, ça m'a beaucoup surpris. J'ai fait un petit passage aux urgences à l'hôpital Femmes Mères Enfants de Lyon. qui m'ont dit qu'il y a un grave. Ils m'ont fait une échographie vaginale, du coup, parce que c'était encore très tôt, qui ne montrait qu'un seul fœtus et tout avait l'air d'aller bien. Donc, on m'a renvoyé.

  • Rébecca

    À ce moment-là, ça allait bien et tu avais un seul enfant.

  • Laetitia

    Voilà, oui. On m'a dit juste, c'est les débuts, c'est votre utérus, vu que c'est un muscle qui doit se contracter, se décontracter pour faire la place. On m'a dit, par contre, si jamais vous avez eu le moindre saignement, etc., vous revenez sans problème. Elle m'a aussi, parce que moi, je ne savais pas, vu que c'était ma première grossesse, que... parce qu'au début on te dit il ne faut pas s'auto-médicamenter c'est important et tout du coup j'avais pris aucun médicament pour soulager les douleurs et du coup à l'hôpital on m'a rassurée elle m'a dit mais le spasfon le doliprane vous pouvez j'étais là ah ok déjà c'est rassurant parce qu'en fait ça moi je ne savais pas et du coup je souffrais en silence et quand c'est trop douloureux tu te dis bon j'aimerais bien prendre quelque chose mais je ne sais pas parce que tu te dis si tu prends un médicament et que ça influe sur ton bébé tu te sens mal et elle m'a dit non tu fais tellement attention à tout c'est ça Et du coup, elle m'a dit non, mais le spasmon, le doliprane, sans problème et tout. Donc, parfait. Et puis, du coup, je fais mon suivi avec ma sage-femme en ville. Tout va bien. Elle me donne une ordonnance pour l'échographie du T1. Donc, je prends rendez-vous. On a rendez-vous fin juillet. Donc, j'y vais avec mon conjoint. Et du coup, la sage-femme qui me fait l'échographie, au début, elle discute avec nous de savoir comment ça se passe et tout. Je lui montre l'échographie qu'on a faite le mois d'avant à l'hôpital. Elle me dit, vous savez, ça arrive souvent que moi, on me dit, oui, j'ai fait une échographie avant de datation. Il n'y a qu'un bébé. Puis quand moi, je mets la sonde, on en voit deux ou trois.

  • Rébecca

    OK. C'est courant, du coup.

  • Laetitia

    Et du coup, je lui dis, non, mais de toute façon, ça n'arrive qu'aux autres. Et en rigolant. Et du coup, elle m'allonge et tout. Mon chéri se met à côté de moi. Elle a posé la sonde sur mon ventre. Et là, on a vu direct les deux poches et les deux têtes.

  • Rébecca

    OK.

  • Laetitia

    Vraiment instantanément. Et en fait, moi, j'ai. littéralement j'ai bugué en fait et mon conjoint s'est mis à rire, je lui dis mais pourquoi tu rigoles ? Il me dit bah y en a deux. Et en fait le temps que je capte, que je fasse un peu la mise au point sur l'écran j'ai fait comment ça y en a deux ? Et du coup je me suis mise à pleurer genre en mode wouah y en a deux ! Et là tu te dis déjà le premier choc c'est tu te dis alors déjà y en a deux donc faut que tu repenses plus ou moins toute ton organisation sachant qu'on vit dans un petit appartement alors déjà un ça allait être un petit peu compliqué mais alors deux on était là Ok, alors ça va être dur. Ouais, déjà, premier choc. Là, du coup, la sage-femme dit, bon, je vais dire à la patiente suivante que j'aurai un peu de retard parce qu'il faut qu'elle fasse plein de mesures, etc. Donc, elle fait l'examen et tout. Et puis, elle nous dit, alors, je ne veux pas vous inquiéter outre mesure, mais là, vu que vous avez une grossesse gémellaire et qu'il y a un seul placenta et deux poches, donc c'est une grossesse monocoréale bi-amniotique, je vous renvoie vers la matinée de niveau 3. donc c'était à Lyon, c'est l'hôpital femme-mère-enfant et ils vont faire un diagnostic prénatal le plus rapidement possible, à partir de maintenant vous arrêtez de travailler ouais,

  • Rébecca

    tu penses qu'on est pathologique plus plus plus c'est ça,

  • Laetitia

    elle m'a dit là à partir de maintenant c'est vous arrêtez de travailler vous vous reposez et vous allez être suivi hyper moi j'étais là, ok alors déjà j'étais pas trop préparée à ça et en plus on te dit, alors il y en a deux et là du coup ça devient compliqué faut encaisser ce choc Et là, après, elle nous dit, alors, en plus, je détecte une potentielle malformation, mais je ne suis pas à même de faire le diagnostic, ce n'est pas mon métier. Du coup, moi, je vous renvoie vers le service de diagnostic antenne natale des grossesses pathologiques et eux vous diront un diagnostic. Donc,

  • Rébecca

    ce qu'elle avait détecté… Vous voyiez une malformation sur les deux ou sur un seul ?

  • Laetitia

    Non, sur un seul. En fait, elle voyait une vessie qui était anormalement grosse, qui faisait à peu près un tiers de la taille du… du fœtus. Donc là, forcément, c'est un peu le... Tu ne sais pas trop parce que c'est un peu angoissant. On te dit que tu as un de tes bébés qui a peut-être une malformation. Tu en as deux.

  • Rébecca

    C'est une classe.

  • Laetitia

    Tu apprends plein de nouvelles en même temps. Forcément, tu as un début de grossesse. Tu as tout ce qui est hormones, tout ça. Je suis quelqu'un de très anxieux. Forcément, je me suis mise à pleurer, etc. Avec mon conjoint, on décide de... pas parler de la malformation à nos familles, juste de les prévenir que c'est des jumeaux, histoire de ne pas non plus affoler tout le monde, ça ne sert à rien. Et du coup, la sage-femme me recontacte deux, trois jours après pour me dire Je vous ai obtenu un rendez-vous en urgence la semaine prochaine. Donc, on est début août. Donc, on va à l'hôpital Femmes, Mères, Enfants à Lyon. On rencontre du coup un docteur incroyable qui a été incroyable du début à la fin, qui du coup me refait une échographie. Et là, pose un diagnostic que je ne souhaite entendre à personne. En fait, il fait l'examen, il me regarde, il me dit, du coup, la méga-vessie n'est pas compatible avec la vie. Et en fait, il dit ça d'une manière un peu abrupte. Et moi, du coup, je suis là, comment ça ? Et en fait, je me suis effondrée, forcément. Et du coup, alors, il nous explique que ça peut se résorber. Il y a de faibles chances, mais ça peut. que ça peut entraîner, si on a plusieurs solutions, c'est que soit ça se résorbe, et là tout va bien, on peut mener la grossesse le plus long possible, mais qu'il y a des risques du fait qu'il n'y ait qu'un seul placenta et deux poches, il y a un syndrome de transfuseur-transfusant entre les deux bébés, donc forcément qu'il y aurait potentiellement des problèmes rapidement. Et il me dit, La première solution que je vous propose, c'est de faire une IMG sélective de celui qui ne va pas bien si la situation n'évolue pas dans le bon sens. Et après, on espère que ça n'atteint pas le deuxième. Est-ce qu'il y a des délais ?

  • Rébecca

    Est-ce qu'il te dit qu'il faut le faire tout de suite ?

  • Laetitia

    Alors, il me dit qu'on a le temps. Il me dit que le seul délai qu'on a, c'était 24-25 semaines, je crois, parce qu'au-delà, ils n'ont pas d'outils pour, en gros, sectionner les... les vaisseaux je crois nécessaires à ça et que du coup faudrait faudrait passer par une séparation et que du coup ce n'est pas viable pour le deuxième et vu que l'idée c'était quand même d'en sauver un à la base donc du coup on le revoit quinze jours trois semaines après il confirme que du coup bah ça n'a pas évolué dans le bon sens malheureusement là du coup nous on prend la décision de faire faire une IMGG sélective et comment vous le vivez ça cette décision ? alors moi très mal ouais Parce que tu dis, enfin moi je me dis, forcément, moi je l'ai vécu différemment de mon conjoint, parce que lui ne les porte pas forcément, donc c'est différent de se dire. Là en fait, je prends la décision de faire arrêter un cœur, parce qu'il ne va pas bien. Mais après, nous, on avait bien réfléchi qu'au vu de ce que le médecin nous avait dit, que s'ils arrivaient à terme et en vie... Pour celui qui avait de la formation, c'était de la dialyse à vie, etc. Donc, c'est un choix qui est difficile, mais on s'est dit au final… Et puis en fait, on avait toujours cette... Vu qu'il y avait moins de 5% de chance de perdre le deuxième, on s'était dit, un, c'est toujours mieux que zéro. C'est moins bien que deux, mais c'est toujours ça.

  • Rébecca

    C'est un choix de confort, c'est vraiment pour la santé du petit.

  • Laetitia

    Et puis surtout qu'on s'était dit, avoir deux enfants, dont un qui a besoin de soins médicaux constants, c'est ni bon ni pour cet enfant qui souffre, ni pour nous, ni pour l'enfant qui reste, qui lui passe au second plan. techniquement ils sont jumeaux donc c'est dur. Donc on prend cette décision sans trop se poser de questions parce que c'est en accord avec nos valeurs etc donc ça il n'y a pas de souci. Et du coup le médecin me dit on va faire l'opération début septembre. Et du coup ma mère vient le week-end, c'était un lundi, ma mère vient le week-end, enfin le dimanche d'avant pour m'accompagner à l'hôpital le lendemain parce que mon conjoint ne peut pas pour plein de raisons administratives. Du coup, ils nous déposent à l'hôpital le matin même. Et du coup, je monte dans le service de... Pas de chirurgie, mais de... Je ne sais plus trop... Oui, c'est chirurgie ambulatoire ou quelque chose comme ça, je crois. Toujours à la HFME de Lyon. Et du coup, on m'installe, on me descend au bloc opératoire. Je rencontre le médecin qui me suit, qui me dit, je vais faire une échographie de contrôle. Donc, je suis juste avant d'entrer dans le bloc. Et l'anesthésiste n'a pas encore posé d'anesthésie ni rien. Et là, il fait une échographie. Et au bout de cinq minutes, il pose l'échographe. Il me dit, j'ai de mauvaises nouvelles à vous annoncer. Il me dit, les deux cœurs se sont arrêtés. Donc là, je suis là, OK. Donc, du coup, je lui explique. Il me dit, est-ce que vous êtes venu seul ? Je dis, non, je suis avec ma maman. Est-ce que mon conjoint est au travail, etc. Je lui dis par contre je pense pas qu'elle soit encore dans ma chambre parce qu'elle a dû aller boire un café ou quelque chose comme ça. Il me dit non mais vous inquiétez pas s'il faut la trouver on la trouvera y'a pas de problème. Du coup je remonte dans ma chambre etc. On me remonte dans ma chambre. Du coup ma mère remonte à ce moment là. Du coup je lui explique. Donc là forcément je me mets à pleurer etc. Enfin bref. Du coup là il faut que j'appelle mon conjoint pour lui dire. Et en fait je l'appelle. Et en fait il a vu mon nom sur son téléphone. Il a décroché tout de suite. Je lui ai dit il faut que tu viennes, il m'a dit ok j'arrive.

  • Rébecca

    Il n'y a pas à chercher à comprendre.

  • Laetitia

    En gros il a dit ok j'arrive, il travaillait pas très loin donc il était là en 20 minutes etc. Et là du coup on m'explique la suite parce que du coup je suis là, qu'est-ce qui se passe ensuite du coup ? Là on me dit on va vous donner, on me donne du coup les cachets pour arrêter les hormones de grossesse parce qu'en fait moi du coup j'avais pas eu de signe physique de fausse couche ni rien du tout en fait. Donc pour moi, ça allait bien. Donc on m'a donné, je ne dis pas le nom des médicaments, mais en gros, ça arrête la mode de grossesse. Et on me dit, ti-ti-ti, 48 heures, vous avez des contractions ou n'importe quoi, vous venez à l'hôpital tout de suite. Sinon, mercredi, donc deux jours après, vous venez à l'hôpital en salle de naissance et on vous fera un déclenchement. Donc là, OK.

  • Rébecca

    Avec la couche par voie basse, du coup.

  • Laetitia

    C'est ça. Donc, surtout que je n'ai pas été préparée à ça, parce que j'étais encore trop tôt dans la grossesse, etc.

  • Rébecca

    On était à quel terme à ce moment-là ?

  • Laetitia

    J'étais à 10 têtes semaine.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Forcément, c'est tôt. Oui. Et du coup, je rentre chez moi. Donc, forcément, je ne suis pas très, très bien. Et du coup, pendant toute la journée, le lendemain, je n'ai pas de signe de début de travail ni rien. Donc, le mercredi matin, avec mon conjoint, on va du coup retourner à l'hôpital. Et donc là, la sage-femme nous accueille. Elle nous met dans une salle de naissance, etc. Et on m'explique comment ça va se passer. Et que du coup, on va me poser une péridurale. Ensuite, on va poser du coup des dilapants dans le col. pour pouvoir ouvrir le col justement. Et en fait, nous, on pensait que, en gros, je venais le matin à 8h, puis à midi, c'était fini, quoi. Pas du tout. Parce qu'elle me dit, en fait, les dilapants, c'est des petits cotons imbibés de médicaments pour dilater le col. Et elle me dit que ça met 3h à agir. Ah, ok. Donc on me pose de l'apéritif dural. Donc là forcément je suis obligée de rester allongée, je ne peux pas manger, je ne peux pas boire si jamais il y a un problème et qu'il faut me faire une césarienne ou m'anesthésier. Donc c'est un peu compliqué. En plus nous du coup on n'a pas trop prévu parce qu'on ne savait pas trop comment ça allait se passer. Du coup on n'avait rien prévu pour passer le temps entre guillemets. Et donc, on me pose la péridurale, on constate qu'elle fonctionne bien, etc. Et puis, on me pose les dilapants avec le médecin, etc. Et puis après, on attend les trois heures que ça fasse effet. Donc, quand on voit que le col est bien ouvert, on les enlève. Et puis, là, c'est déjà la fin de l'après-midi à peu près. Et puis, à un moment, même si j'ai la péridurale et que je ne sens rien, je sens un peu que dans mon corps, ça bouge. Ce qui est assez étrange puisque ce n'est pas censé bouger vu que... techniquement ils sont décédés. Et là du coup, on appelle la sage-femme et en fait, elle me dit, là du coup, donc elle avait déjà percé la première poche des os. Et là du coup, donc c'est à peu près 18h30, donc j'accouche du premier. Et là après, du coup, en fait, la suite, elle rouvre la deuxième poche et du coup, le deuxième sort quasiment tout de suite après. Et en fait, là je fais une baisse de tension. Je me mets à transpirer, à avoir des frissons, à... pas être bien donc je fais une grande chute de tension, je perds beaucoup de sang aussi. Donc là forcément tout le monde s'affole autour de moi avec des perfusions et autres pour que tout aille bien. Et puis en fait à minuit passé j'ai pu monter dans ma chambre et manger parce que toute la journée sans manger avec l'émotion, le stress c'était très dur. Et du coup on est resté trois jours à l'hôpital avec mon conjoint parce qu'il a pu dormir avec moi.

  • Rébecca

    Ah quand même !

  • Laetitia

    Oui, on est arrivés le mercredi matin, on est repartis le vendredi dans l'après-midi, et encore on est repartis parce qu'on a émis le souhait de repartir. Sinon, je pense qu'on pouvait rester, parce qu'on était bien. Et d'ailleurs, pendant trois jours, au-delà de l'expérience traumatisante qu'on a vécue, tout le personnel soignant qu'on a rencontré a été incroyable. Un moment, mon conjoint a dû s'absenter parce qu'il n'était pas très bien. Et du coup, c'est la sage-femme et l'anesthésiste qui m'ont tenu la main, qui ont été présents. Ils ont tous été adorables. Du coup, vraiment, ça a été incroyable alors qu'on connaît les difficultés de l'hôpital public. Donc ça, déjà, que ça soit bien passé dans un environnement qui était vraiment bien, déjà, ça aide à se dire que ça soulage un peu la douleur sans l'enlever. Du coup, nous, on a fait le choix qui est très à contre-courant, je pense, de ne pas les voir et de ne pas les reconnaître.

  • Rébecca

    D'accord.

  • Laetitia

    On sait qu'il y a des photos et les empreintes qui ont été prises, qui sont dans le dossier médical, qui sont du coup à notre disposition si un jour on veut les voir. Mais là, pour le moment, on n'a pas… Moi, en tout cas, mon conjoint, je ne pense pas non plus, mais moi, en tout cas, pour le moment, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision-là. Parce que je sais que beaucoup de femmes préfèrent voir le bébé parce que ça aide un peu dans son deuil, etc. Moi, du coup, pour le moment, en tout cas, au bout de plusieurs mois déjà, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision. Donc, on a vu médecin, etc. Donc, forcément, on repart avec arrêt de travail parce que du coup, je n'avais pas le droit à congé maternité parce que c'était trop tôt. arrêt de travail, médicaments évidemment, acides foliques, fer parce que les pertes sanguines, etc. On a pu voir aussi une psychiatre avant de partir, qui nous a expliqué un petit peu les bonnes pratiques, c'est-à-dire, ne vous excusez pas pour les autres personnes qui vont… Elle me dit souvent quand on est confronté au deuil, les gens… Les gens se mettent à notre place alors qu'il ne faudrait pas. Du coup, vous n'avez pas à consoler les autres, qu'ils soient tristes pour vous. Ils ont le droit d'être tristes, mais ce n'est pas vous de les consoler. Vous devez vous consoler vous-même et eux vous consoler. Donc déjà ça, forcément, ce n'est pas évident. Du coup, nous, on a aussi pris la décision de faire faire des autopsies pour connaître les causes, même si on se doute. plus ou moins des causes. Là, on a appris dernièrement que, du coup, en fait, finalement, les deux bébés avaient des malformations.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Et que, très, très probablement, si la première IMG avait fonctionné, on serait probablement repassé par une deuxième ou par une autre mort in utero.

  • Rébecca

    C'est viable dans tous les cas.

  • Laetitia

    Oui. En fait, les malformations qui étaient déjà... bien présente sur celui qui avait la malformation, commençait à se voir sur le deuxième. Donc au final, c'est la nature qui a plus ou moins bien fait les choses. On nous a aussi confirmé que ce n'était pas un problème génétique. Déjà, ça aussi, c'est bien parce que du coup, depuis le mois de décembre, on réessaye. Et donc, du coup, j'ai demandé au médecin, je lui ai dit, mais est-ce que du coup, on peut continuer à essayer ou est-ce qu'il faut qu'on s'arrête parce qu'il y a des problèmes et que ça pourrait recoser des problèmes ? Il m'a dit, il n'y a rien dans les résultats d'autopsie, dans les analyses qu'on a faites, qui montre que ça peut arriver à nouveau de manière... très probable sur une grossesse suivante. Il me dit, dans tous les cas, votre prochaine grossesse sera très suivie, forcément. Mais là, il n'y a rien qui vous empêche d'essayer, en tout cas. Et rien qui dit que votre prochaine grossesse se passera mal. Mais ça, après, ils ne peuvent pas le prévoir. Mais il me dit, en tout cas, il n'y a pas de d'explication médicale. C'est juste la nature qui... Ça s'était mal fait. Et du coup, elle-même a arrêté les choses parce que, dans tous les cas, ce n'était pas viable. Alors ça console un peu sans non plus consoler forcément. Et puis moi surtout, pour moi ce qui est important surtout dans tout ça, c'est que souvent on se dit oui, je ne vais pas très bien aller voir un psy, ça ne sert pas à grand chose et tout. J'avais très peur au début d'aller voir la psychologue. et en sachant que moi j'ai eu la chance de trouver une psychologue qui est juste à côté de chez moi et qui est spécialisée en périnatalité et en parcours PMA etc en psychothérapie post IVG etc genre de choses donc du coup j'avais un peu d'appréhension mais je me suis dit elle au moins elle va elle a un peu plus les clés pour m'aider parce qu'elle va comprendre et tout donc on a fait la première séance en couple et après en fait mon conjoint lui a estimé qu'il avait pas spécialement besoin d'aide psychologique parce qu'il n'a pas vécu la même chose. Au-delà de toute l'expérience de grossesse qui a été difficile pendant ces quelques mois, c'est surtout l'accouchement. Du coup, c'est un accouchement pour moi censé en être un plutôt parce que techniquement, un accouchement, tu es censé accoucher et repartir avec un bébé, ce qui n'est pas mon cas. Je la vois une fois par semaine depuis octobre. C'est vraiment la béquille parfaite. Ça permet de vraiment extérioriser tout ce qui se passe, tout ce que je peux accumuler. Donc, c'est vrai que ça fait beaucoup de bien. Et puis, en plus, petit à petit, le regard que j'ai sur l'expérience, il a beaucoup changé. Au début, je martelais énormément que pour moi, je n'avais pas vraiment été mère dans le sens où j'ai… J'ai accouché forcément médicalement, c'est un accouchement, mais pour moi, ce n'est pas vraiment un accouchement parce que ça a été un peu vraiment programmé. En plus, je suis repartie sans bébé, donc c'est compliqué. Et là, du coup, avec le temps, au fil de l'évolution aussi de la thérapie, j'en suis arrivée vraiment au point de me dire que… Plutôt que de dire que j'ai fait une fausse couche, ce qui n'est pas vraiment une fausse couche en soi, même si c'en est une, c'est que j'arrive vraiment à dire j'ai perdu mes bébés Ce que je n'arrivais pas forcément à dire, dans le sens où je disais plutôt ma grossesse s'est arrêtée alors que de pouvoir verbaliser le fait de dire j'ai perdu mes bébés ça m'a beaucoup fait avancer ces derniers temps. ça leur donne une place même si on les a pas reconnus on les a pas nommés on les a pas vus, ça leur donne quand même une place qu'ils n'avaient pas forcément au début et du coup ça aide aussi dans la guérison, je suis désolée j'ai les larmes au bord des yeux quand je parle mais du coup c'est vrai que ça je pense que sans la thérapie j'aurais pas fait tout ce chemin et du coup ça serait encore très douloureux, ça l'est encore justement, mais... que ça commence vraiment à s'atténuer. Donc après, mais oui, de pouvoir dire, plutôt que de dire ma grossesse est arrêtée, je suis capable de dire j'ai perdu mes bébés.

  • Rébecca

    Oui, des enfants quand même.

  • Laetitia

    Oui, voilà. Même si sur l'état civil, ils n'apparaissent pas parce qu'on ne les a pas reconnus, etc. Ils ont quand même été là. Ils ne le sont plus. Je les ai quand même portés, même si ça n'a pas duré longtemps. j'ai quand même accouché et du coup c'est vrai que du coup c'est des cheminements qui qui peuvent pas se faire seul je pense c'est pour ça que c'est important de se faire aider Je sais que ce n'est pas toujours facile. Moi, j'ai la chance d'habiter dans une grande ville, donc l'offre de soins est quand même très conséquente. Donc, c'est plus facile, on va dire. Mais c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider, peu importe la personne, mais d'avoir quelqu'un d'un peu extérieur qui aide à mettre des mots sur ce qu'on fait. Et moi, je me suis rendue compte aussi avec la psy que je faisais des choses. dans mon quotidien que je ne faisais pas forcément avant ou que je faisais de manière totalement, pour moi, normale, mais qu'en fait, du coup, je me soignais un petit peu aussi. Ok,

  • Rébecca

    du genre ?

  • Laetitia

    Par exemple, il n'y a pas très longtemps, en gros, nous, à la base, on avait prévu de laisser le lit pour bébé dans notre chambre et du coup, on avait fait de la place dans notre chambre pour ce coin bébé, entre guillemets. Et du coup, depuis que j'ai accouché, cet emplacement était toujours vide. Et du coup, il y a deux ou trois semaines, j'ai décidé de déplacer une bibliothèque de livres. Et j'ai mis cette bibliothèque à la place de là où on avait dit que c'était notre coin bébé. Et du coup, la psy m'a dit, en fait, vous comblez un peu le manque que vous avez par autre chose. Et du coup, même si vous ne l'avez pas fait de manière consciente, pour le faire pour ça, votre esprit quand même l'a fait à votre place. Il s'est dit, en fait, ce meuble ira mieux là, parce que là, du coup, ça bouche un trou qui existe aussi en vous au final. Et c'est vrai que du coup, moi qui suis très terre à terre, très concrète, quand on me dit, en fait, je fais des choses de manière… Ce genre de choses, je me dis, ah ouais, en fait, vraiment, ça a changé toute ma vision du monde, de mon rapport aussi à moi. Et déjà, une grossesse… de manière normale, je pense que ça nous change beaucoup, mais là, c'est vrai que du coup, elle m'a dit oui, en fait, vous remplacez des choses qui ne sont plus là par d'autres choses, et du coup, ça permet aussi d'avancer dans votre deuil et un peu de donner une place à ces bébés qui, au final, n'en avaient pas vraiment, mais ils ont quand même une place qui est présente dans votre esprit, dans votre tête, et donc, c'est important aussi de... de leur donner une place et c'est ça moi qui me fait avancer dans mon deuil du coup.

  • Rébecca

    Oui, ok. Mais c'est vrai que c'est loin là que tu as la parole entre guillemets. Oui, c'est ça. Tu commences à avancer dans tous les sens du terme.

  • Laetitia

    Voilà. Mais c'est vrai que par exemple, la semaine où j'aurais dû accoucher, ça a été très dur. C'était donc au mois de février. Alors forcément, on essaye de ne pas y penser, mais on est obligé un petit peu d'y penser aussi, de se dire en fait, cette semaine-là, j'aurais dû accoucher Et du coup, on ressent un vide, on se dit ah mais en fait, là du coup, j'aurais dû accoucher, on aurait dû être dans les derniers préparatifs Et au final, ça reste un peu… c'est surtout ça, moi, qui me pèse actuellement, c'est que… Il y a toujours une ombre un petit peu, comme s'il y avait un petit nuage au-dessus de ma tête tout le temps qui me rappelait. Eh, en fait, n'oublie pas qu'il t'est arrivé ça ! Alors que forcément, je ne vais pas l'oublier. Mais c'est vrai que du coup, il y a plein de petits signes qu'on voit, qu'on se dit Ah, mais en fait, là, du coup… Et c'est pour ça aussi que c'est important d'avoir un entourage qui comprend un petit peu ça, parce que là, ça va mieux maintenant, mais il y a quelques mois encore. Ou ne serait-ce qu'à Noël aussi, les réunions de famille, c'est horrible. Tu te dis, en fait, ça aurait dû être mon premier Noël enceinte. Mais au final, non. Et en fait, il y a plein de situations qui te rappellent le manque, qui te disent, ah, mais en fait, là, t'aurais dû avoir tes bébés, là, ceci, là, cela. Et du coup, c'est horrible. Et pendant très longtemps, on a beaucoup de neveux et nièces qui sont en l'état de bébé encore. Et du coup, ça a été très dur pour moi d'être avec eux parce que... Je me dis, en fait, normalement, dans quelques mois, j'aurais dû être avec mes enfants à moi. Et du coup, je ne le suis pas. Et du coup, il y a cette espèce de... Il y a cette espèce un peu... Pas de jalousie, mais tu te dis... Ah, mais en fait, pourquoi pas moi, quoi ? Quoi, moi, je n'y ai pas le droit ?

  • Rébecca

    Oui, l'injustice, quoi.

  • Laetitia

    Oui, alors que techniquement, ces enfants, ils n'y peuvent rien. Leurs parents n'y peuvent rien. Ce n'est pas de leur faute. Mais c'est vrai que du coup, quand... toi tu viens de perdre tes enfants et que du coup tu as des gens qui sans faire exprès forcément te... viennent te mettre leur bébé sous les yeux, bah tu dis bah...

  • Rébecca

    Oui, mais moi, je n'ai pas les miens, donc évite de me montrer les tiens. Oui,

  • Laetitia

    forcément. Et justement, comment tu as vécu et comment tes proches t'ont accompagnée dans ce deuil ?

  • Rébecca

    Alors, mon conjoint était très présent, surtout qu'on est restés quasiment deux mois, pas enfermés, mais pas loin, tous les deux à la maison, parce que lui aussi était en arrêt.

  • Laetitia

    Vous aviez besoin de vous retrouver tous les deux ?

  • Rébecca

    Oui, on est restés vraiment tous les deux. On a vu un petit peu nos familles, mais très très peu. Et surtout, c'est ça aussi qui me faisait peur. C'était que notre couple un peu se délite sur ça. Et au final, notre couple est encore plus fort. Donc déjà, c'est une victoire parce qu'on peut se dire... Il y a beaucoup de couples pour qui c'est difficile, etc. Parce qu'on ne vit pas tous les deux de la même manière. Lui a été très compréhensif sur ma souffrance, sur le fait de me faire aider psychologiquement, sur le fait que j'ai dû avoir un court traitement d'antidépresseurs, donc celui de psychosie. Et lui aussi, il a été très compréhensif sur le fait que j'avais pas forcément envie de voir des gens, de faire des grandes réunions de famille, de voir des bébés, etc. Donc ça, sur ça, c'est vrai que j'ai eu cette chance. Même si en plus, lui comprenait vraiment que forcément, on n'a pas vécu la même chose physiquement, parce que c'est moi qui ai accouché. Mais c'est vrai que nos proches, ma belle-mère a été très présente aussi. Elle, elle ne nous a pas trop sollicité parce qu'elle comprenait que forcément, on n'a pas très envie d'être en réunion de famille ou ce genre de choses parce qu'on souffre forcément. Surtout moi, je me suis un peu forcée quand même pour faire quelques efforts pour certains éléments marquants parce que c'est important quand même. Mais après, oui, c'est vrai, comme je disais tout à l'heure, il y a quelques personnes de notre famille qui ont fait des maladresses. Donc forcément, moi, je l'ai un peu mal vécu. Mon conjoint aussi, parce que ça vient de sa famille, il se dit, en fait, si même ma famille ne comprenne pas que ça peut être douloureux, c'est embêtant. Et qu'il faut un peu sévir pour que les gens comprennent. Lui, il était là, bon, quand même, faites un effort. Parce que lui, il dit, moi, ça m'embête aussi de devoir abrouer mes soeurs ou ma famille parce qu'elles font des boulettes. Elles devraient ne pas les faire, en fait. C'est évident. Je dis, oui, mais c'est... C'est toujours la même chose, ça n'arrive qu'aux autres. Et du coup, tant que ça ne t'arrive pas, tu ne comprends pas. Malheureusement. Mais c'est vrai que, oui, du coup, par moments, c'est un peu compliqué. Mais c'est vrai qu'au final, ma famille et moi, mon petit frère vit aux Etats-Unis, donc c'est compliqué de se voir régulièrement. Mais on arrive à s'appeler. et à se parler régulièrement pour prendre des nouvelles. Après, il n'est pas très intrusif, donc il m'a juste demandé comment ça allait. Après, il ne va pas. Il prend juste des nouvelles et ça suffit un peu. C'est la base de notre relation. Juste on prend des nouvelles et ça va. Mais c'est vrai qu'au final, souvent les gens de notre famille nous disent Ah, mais vous êtes quand même fort parce que vous êtes quand même présent. Je dis, ben... Oui, de toute façon, il faut bien qu'on avance aussi. On ne peut pas non plus se laisser mourir. Mais c'est vrai que c'est compliqué. J'ai encore besoin d'un suivi psy. Je n'ai toujours pas repris le travail et ce n'est pas près d'arriver, je pense, encore. Parce que c'est… Surtout que moi, je travaille dans la vente, donc c'est compliqué de voir sourire à des gens qui vont me dire Pourquoi vous revenez maintenant ? là-bas, je devais revenir l'année prochaine et là, je ne reviens pas en avance parce que du coup, j'ai perdu mes bébés. Il faut expliquer aux gens. Et en fait, je n'ai pas la force déjà de l'expliquer à ma famille ou à des amis. Ce n'est pas forcément évident. Mais alors, l'expliquer à des gens que je ne connais pas spécialement, qui sont juste des clients, c'est compliqué.

  • Laetitia

    Et puis,

  • Rébecca

    c'est du stress aussi. Et puis, forcément, ce n'est pas évident. Mais après, je ne sais pas. Moi, et mon médecin est d'accord avec ça, la priorité, ce n'est pas le travail, c'est d'aller bien, d'essayer d'aller bien, tenter que ce soit possible. Et puis de prendre le temps. Si ça doit prendre un an, ça prendra un an et tant pis. Pour les questions matérielles, on verra à ce moment-là. Mais c'est vrai que du coup, j'ai pas mal d'amis qui me disent Ah, mais c'est quand que tu reprends le travail et tout ? Ben en fait, j'aimerais bien que tu me demandes plutôt comment je vais, plutôt que tu me demandes quand je vais reprendre le travail, parce que c'est pas ma priorité. Et après, je comprends que les gens soient maladroits parce qu'ils savent pas quoi dire tant qu'on l'a pas vécu. Et je l'ai bien constaté en discutant avec d'autres parents, en devis, etc. Et en fait, tant qu'on l'a pas vécu, les gens... comprennent pas. Et du coup, finalement, j'ai vraiment eu beaucoup de plus de compréhension et de compassion avec des gens qui avaient vécu plus ou moins la même chose que moi, qu'avec des gens de mon entourage. Parce que, en fait, les gens qui ont déjà vécu ça comprennent que le processus de guérison est long, que c'est douloureux, que forcément... Moi, ma priorité, ce n'est pas de reprendre mon travail. Ma priorité, c'est de pouvoir aller bien dans ma tête, parce que physiquement, je vais bien, plus ou moins. Mais c'est que dans ma tête, ça aille bien que je ne fasse pas de cauchemars, parce que j'en ai fait quelques-uns qui étaient horribles, de ne pas pleurer quand je passe devant un magasin de bébés. Juste déjà, de ne pas pleurer en le racontant, ça serait déjà bien. Même si moi après j'ai toujours les larmes aux yeux, même si c'est moins larmoyant qu'au début, mais ça fait toujours mal quoi. Mais du coup c'est vrai que cette compréhension et cette compassion je l'ai trouvé que vers des gens qui ont déjà vécu ça parce qu'en fait ils comprennent qu'ils ont eu à faire la même chose aux personnes qui demandent, qui vont se poser les questions matérielles. Bah pourquoi tu ne rends pas le travail parce que bah du coup si tu ne rends pas le travail, tu n'as pas d'argent et tout. Oui mais c'est... pas la question en fait c'est la priorité c'est ma santé c'est d'aller bien guérir etc donc forcément c'est pas c'est vrai que moi il ya pas mal de gens qui a mais tu as pas repris encore mais c'est pas prévu tout de suite j'ai arrêté de me parler de ça parce que vraiment ça me donne pas envie de reprendre en plus donc moi tranquille en fait c'est ça et puis ben en fait je suis là je suis à une séance de psy par semaine tant que j'ai besoin d'une séance de psy par semaine c'est que il ya besoin parce que par exemple la Noël elle était en vacances et du coup du fait des créneaux tout ça, le temps d'avoir des créneaux je suis restée sans psy pendant un mois donc il a fallu encaisser les fêtes de Noël en famille en plus s'ajoutant j'ai eu un retard de règles qui m'a fait espérer donc ça n'a pas aidé et puis un mois sans pouvoir extérioriser tout ce qui se passe alors quand t'es habituée à un rythme d'une fois par semaine...

  • Laetitia

    Ça fait lourd sur ma tête.

  • Rébecca

    Et c'est vrai que la séance de reprise au mois de janvier, ça a été lourd. Mais ça a fait du bien parce que du coup, j'avais des poids évacués. Elle m'a dit, mais en fait, c'est normal. Pendant plusieurs semaines, vous n'avez pas de suivi psy, plus les fêtes de Noël, etc. Elle me dit, c'est normal, vous ne pouvez pas encaisser tout ça toute seule. C'est logique. Mais c'est vrai que moi, vraiment, j'encourage les gens à aller voir des psychologues. Plus que des psychiatres, parce que les psychiatres, souvent, ne donnent que des médicaments et n'écoutent pas trop, alors qu'un psychologue écoute beaucoup. Moi, j'ai la chance d'avoir eu un bon feeling avec elle dès le départ et que ça se passe très bien. Mais c'est vrai que oui, moi, ça m'aide énormément. Elle met beaucoup de mots sur ce que je ressens, ce que je vis. Donc, ça aide aussi. Et puis, vraiment, c'est vrai que sans ça, c'est un peu... Sans ça, ça serait un peu plus compliqué parce que du coup, je devrais tout emmagasiner sur moi. Et du coup, forcément, il faut que ça sorte à un moment donné. Si ça ne sort pas avec la psy, ça va sortir autrement. Et ce n'est pas bon quand ça ne sort pas avec la bonne personne. Et puis surtout, il y a aussi... Moi, actuellement, ce qui me pèse beaucoup, c'est une prochaine grossesse. Me dire... Il faut que ça se passe bien, mais du coup, vu que je vais être bien suivie, est-ce que ça veut dire que ça se passe mal ? Et du coup, ça sera angoissant aussi.

  • Laetitia

    Forcément, oui.

  • Rébecca

    Et puis aussi, cette idée de ne pas refaire un bébé pour oublier les précédents, c'est de faire un bébé parce que c'est le projet initial de faire un bébé. Et c'est vrai que du coup, je peux me dire, les gens vont se dire, en six mois, elle s'est rétablie vite, elle veut déjà refaire un bébé. En fait… C'est de violer un bébé en fait. Voilà, ça fait un an qu'on est sur ce projet et c'est notre idée première en fait, donc forcément. Et dans tous les cas, on n'oubliera pas les bébés qu'on a perdus. et qu'on parlera sûrement de ces bébés-là au prochain, en espérant qu'ils soient là rapidement. Mais c'est vrai que oui, il y a un peu... Après, c'est peut-être moi qui suis comme ça, mais c'est vrai que le regard des autres, c'est important, même si ça ne le devrait pas. Les gens qui se disent... Parce qu'on va se dire, en fait, j'ai perdu mes bébés, du coup, les gens vont me juger, etc. Alors, moi, j'y suis pour rien. Il faut se déculpabiliser aussi. C'est très dur de... Parce que moi, en termes de culpabilité, je savais que ce n'était pas de ma faute, dans le sens où je n'avais rien fait qui avait entraîné ces malformations, juste elles étaient là. Mais c'est dur de se dire, ah, mais en fait, ce n'est pas de ma faute, alors que, en fait, si un peu, parce que je les ai portées, mais ça s'est bien passé. C'est très dur de déculpabiliser, de ne pas se sentir mal. Encore une fois, moi, sans la thérapie, je me sentirais énormément coupable. Peut-être même que j'aurais déjà un peu oublié ce que j'ai vécu parce que je l'aurais enfermé dans une boîte dans ma tête et je serais passée à autre chose. Donc là, le processus est beaucoup plus long, mais au moins, il est plus agréable Oui,

  • Laetitia

    je vois. Et si tu avais un conseil à donner, si des proches de personnes qui ont perdu leur bébé comme toi écoutaient cet épisode, quels conseils tu leur donnerais pour parler ? aux mamans et aux papas, et ne pas commettre les erreurs que tu as ressenties toi.

  • Rébecca

    Déjà, n'envoyez pas de photos de vos bébés aux personnes qui ont perdu des bébés, ne faites pas ça. Même si ça parle d'une bonne attention, ne faites pas ça. En fait, dites-vous que si vous vous posez la question, c'est que ce n'est pas une bonne idée. Et puis, essayez de ne pas négliger la douleur des papas ou des coparents. Parce que forcément, la femme qu'il porte, la douleur est plus présente parce qu'on les porte forcément. Mais l'autre parent est là aussi et c'est dur pour lui. Surtout que je pense que très souvent, les hommes ont du mal à parler de ce qu'ils souffrent. Mais il ne faut pas négliger leur souffrance. Et surtout, de ne pas non plus... Femme. Le fait d'aller voir des psys ou de prendre des antidépresseurs ou quoi que ce soit, ça ne veut pas dire que la personne est en dépression ou est vraiment très mal ou quoi que ce soit. C'est des béquilles psychologiques ou médicamenteuses qui aident la personne à ne pas sombrer. Et il faut aussi accepter que la personne peut sombrer à n'importe quel moment. Moi, ça m'est arrivé de sortir d'une pièce et d'aller dans une chambre pour pleurer 10 minutes. Après, moi, j'ai besoin aussi d'un peu de solitude, parce que c'est plus facile de pleurer toute seule qu'avec des gens autour, forcément. En fait, après, ça dépend aussi, je pense, des gens, mais je pense que le truc le plus important, c'est de laisser un peu d'espace aux gens, de comprendre que les gens se referment un peu sur eux-mêmes, parce que forcément, c'est une expérience qu'en général, on vit en couple, donc forcément, c'est... Sans le couple, il n'y a pas le bébé en théorie. Donc forcément, il faut laisser les gens aussi un peu se refermer sur eux-mêmes. Et puis, en fait, je pense que oui, il faut les aider. Il ne faut pas les forcer à sortir. Je pense que plein de gens ont essayé de nous dire, mais vous devriez sortir, faire ci. Mais en fait, on n'a juste pas envie. On veut juste être tous les deux tranquilles.

  • Laetitia

    Il faut respecter, en fait, quelle que soit la manière de gérer les personnes.

  • Rébecca

    Oui voilà, il faut accepter que les... et puis aussi il ne faut pas prendre... Par exemple, il y a eu l'anniversaire de mon beau-père juste après l'accouchement et du coup on a quand même fait l'effort de venir, on n'était pas obligé mais on l'a fait. Et du coup beaucoup de gens m'ont dit ah mais on ne pensait pas que vous seriez là Bah on est là, bon on n'est pas au top de notre forme, clairement pas, mais on est là quand même. Mais qu'il ne faut pas prendre aussi le fait que les parents deuillés soient présents ou parlent déjà d'un projet de grossesse suivant ou quoi que ce soit, qu'ils ont oublié ou qu'ils vont bien. Je pense que quand on vit ce genre de choses, on passe expert dans l'art de cacher ce qui ne va pas. Et que ce n'est pas parce qu'on arrive à s'amuser, à faire des choses, à rire, que forcément à l'intérieur ça va. Et puis oui, surtout, il faut essayer d'éviter les maladresses liées. lié au bébé, lié à ce genre de choses quoi. Récemment, nous on a eu le cas d'une amie qui nous demandait pourquoi on n'avait pas d'enfant et en fait moi je lui ai dit bah c'est un sujet sensible, je préfère pas en parler. Et en fait elle a cru que c'était parce que l'un de nous deux n'en voulait pas. Et du coup elle a tout de suite embrayé sur le fait que c'est lequel de vous deux qui en veut pas et en fait je lui ai dit ça n'a rien à voir avec le fait de ne pas en vouloir, c'est juste qu'il y a six mois j'ai fait une fausse couche. Voilà, c'est pas qu'on n'en veut pas, c'est juste que ça marche pas. Et c'est vrai que c'est la même chose avec les gens qui sont en parcours de PMA ou en infertilité, c'est pareil, il faut pas poser la question en fait. En fait, il faut trouver l'équilibre entre poser des questions, savoir comment les gens vont et leur laisser aussi la bulle dans laquelle ils respirent, ils vivent. Il faut trouver l'entre-deux et ça dépend, je pense, des relations qu'on a avec chacun aussi.

  • Laetitia

    Oui, forcément.

  • Rébecca

    Mais il faut accepter aussi que moi je sais que mon conjoint est très famille, alors que moi c'est pas trop mon cas. Et lui du coup, sa famille n'a pas forcément compris pourquoi il s'est un peu isolé. En fait, lui sa priorité c'était que moi j'aille bien. Mieux en tout cas, bien, je ne sais pas si c'est possible, mais mieux en tout cas. Et du coup, forcément, il m'a donné la priorité à moi, à notre couple, à le fait qu'on soit tous les deux, qu'on soit ensemble, plutôt que de se dire... je ne vais pas aller lui imposer une réunion de famille qui va s'éterniser, où il y aura des bébés partout, machin, où des gens vont peut-être faire des boulettes, ce n'est pas l'idée. Et du coup, c'est vrai que les gens ne peuvent pas comprendre, en fait, des fois vous venez, des fois vous ne venez pas, mais ça dépend de notre humeur, je ne peux pas contrôler. Par exemple, la semaine qui était prévue de mon terme, je me suis un peu enfermée sur moi-même en me disant, en fait, je veux... J'ai envie d'y penser, mais sans trop y penser, mais du coup, je ne veux pas essayer d'avoir trop de stimulation, parce qu'en fait, on va me demander comment ça va, et je vais te dire, en fait, non, ça ne va pas, parce que j'aurais dû accoucher cette semaine, du coup, je ne vais pas bien.

  • Laetitia

    Il faut réexpliquer, du coup.

  • Rébecca

    Voilà, et puis surtout, vous avez le droit d'être triste pour les gens, vos proches qui vivent ça, mais votre tristesse n'est pas la même que la leur. Et surtout, ils n'ont pas à vous consoler. C'est à vous de consoler les gens et pas le contraire. C'est vrai que beaucoup de gens te disent Ah, mais moi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Oui, moi aussi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Tu ne m'aimes pas là. Mais c'est vrai que oui. Et puis surtout, si vous avez des enfants qui sont en âge assez grand quand même, vous pouvez leur expliquer pour éviter les boulettes. Parce que ça peut arriver aussi. Et pas forcément expliquer tout dans les détails, parce que les détails médicaux, pour un enfant, c'est trop compliqué. Mais expliquer que du coup, votre sœur, votre cousine, n'importe qui, elle avait un bébé qu'elle a perdu. Du coup, il ne faut pas lui tendre un bébé, il faut essayer. Et du coup, il faut l'expliquer aux enfants aussi, c'est important. Mais c'est vrai qu'on ne se rend pas compte de tout ça tant qu'on ne l'a pas vécu. Et aussi, il faut accepter les choix que les parents peuvent faire. Nous, on a fait le choix de ne pas les reconnaître, de ne pas les voir, de ne pas les enterrer. Du coup, il y a eu des autopsies, plus ils ont été incinérés. Et en fait, de respecter le choix quel qu'il soit. En fait, surtout, c'est ça, il faut essayer d'être... Je comprends que les gens veulent entourer d'amour et d'affection les personnes qui ont vécu ça. Et c'est humain, c'est normal. Mais c'est vrai qu'il faut accepter que des fois, quand on vit ce genre d'épreuve, on veut se renfermer un peu sur soi-même. C'est normal aussi. Et puis, voilà. Après, ça dépend tellement des relations qu'on a avec les autres. Mais c'est vrai que moi, j'avais vraiment besoin qu'on me laisse tranquille. qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me pose pas trop de questions et qu'on ne juge pas le fait que je n'ai pas repris le travail, que je vois une piscine une fois par semaine, que là, du coup, j'ai dû avoir besoin de médicaments quelque temps parce que c'était nécessaire. Voilà, et puis, il faut laisser faire les choses. Et surtout, moi aussi, ce que j'appréhende un peu, c'est que si on a une prochaine grossesse, déjà, on va attendre avant de le dire. parce qu'on ne sait pas trop ce qui peut arriver forcément. C'est un peu que les gens me disent Ah bah du coup, vous vous êtes remis vite, etc. Ou alors que les gens s'emballent en disant Non mais celle-là, elle va bien se passer. En fait, tant que je ne suis pas rentrée chez moi avec un bébé en bonne santé, ça ne peut pas bien se passer. Oui, ça peut bien se passer, mais je sais maintenant que ça peut mal se passer. Du coup, tant que je ne suis pas chez moi avec mon bébé, ce n'est pas accompli. Même si les médecins me disent que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, pas de malformation, tout va bien et tout, OK, mais tant que je ne suis pas rentrée... de l'hôpital avec mon bébé, rien n'est fait. Je sais que c'est dur à assimiler, mais c'est vrai qu'il faut comprendre ça. Il faut essayer d'accepter ce que les gens prennent comme décision et les laisser faire. Nous, on a essayé rapidement de s'y remettre. c'était notre envie et que je suis entre guillemets, vu mon âge de 35 ans, je suis un peu limitée par le temps aussi, entre guillemets. Et que l'idée, ce n'était pas de faire un bébé pour remplacer ce qu'on a perdu. Loin de là, l'idée, c'est de faire un bébé parce qu'on en a envie tous les deux et que c'est le projet initial. On a eu un empêchement, tant pis, on va faire ce qu'il faut pour que ça arrive. Et après, on fera confiance à la médecine, à la nature pour que tout se passe bien.

  • Laetitia

    En tout cas, merci beaucoup à toi de nous avoir partagé tout ça, toute ton expérience et toutes les émotions et les ressentis qui y sont liés. Je pense que ta parole est très précieuse et je te remercie d'avoir bien voulu te dévoiler.

  • Rébecca

    Mais de rien, j'ai un peu pleuré, je suis désolée, du coup ça s'entend dans ma voix qui tremble un peu.

  • Laetitia

    C'est normal, on n'est que assis, moi, c'est rien. Même si pour toi, tu as l'air de vouloir t'excuser. On est toujours là six mois plus tard, mais c'est rien six mois, franchement. Oui,

  • Rébecca

    oui, oui.

  • Laetitia

    Encore un peu trop frais. En tout cas, je te remercie beaucoup.

  • Rébecca

    Merci à toi, en tout cas, c'est gentil de m'avoir laissé parler de tout ça.

  • Laetitia

    Je pense que libérer la parole autour de ce sujet très sensible est super important.

  • Rébecca

    Oui, et puis moi, surtout, une chose aussi importante, c'est vraiment à l'hôpital Femmes Mères Enfants à Lyon. On a eu... du début à la fin, que ce soit pendant les examens, pendant la grossesse et pendant le déclenchement, pendant trois jours, on a rencontré pendant trois jours à l'hôpital une vingtaine de soignants différents et 20 personnes adorables. Vraiment, vu la situation, ça ne pouvait pas mieux se passer. Et vraiment, ils ont été incroyables tous, du début à la fin. Ils ont été très présents, ils nous ont écoutés, ils ne nous ont pas jugés. vraiment à tous incroyable que ce soit les sages femmes les médecins les anesthésistes les infirmières les aides-soignantes tout le monde a été incroyable et ça mine de rien ça joue beaucoup aussi sur le fait que ça rend l'expérience moins traumatisante aussi de ne pas subir de violences médicales ou d'être jugé quoi que ce soit ça aide beaucoup aussi oui

  • Laetitia

    c'est bien de le souligner quand ça va bien aussi

  • Rébecca

    Eva encore merci à toi merci beaucoup à toi en tout cas c'est gentil

  • Laetitia

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si jamais il t'a plu et que tu souhaites aider le podcast, n'hésite pas à laisser une petite note sur l'application d'écoute sur laquelle tu es actuellement, ou un petit commentaire. Ça me ferait très plaisir, et ça peut être d'une grande aide pour aider le projet à avancer en attendant. Je te retrouve mercredi prochain pour une nouvelle histoire d'accouchement.

Description

Je vous retrouve aujourd'hui avec le témoignage de Laëtitia qui nous raconte son parcours de maternité avec une grossesse qui est rapidement très suivie et médicalisée suite à une grossesse gémellaire monochoriale / bi-amniotique.


Malheureusement cette grossesse ne prend pas un tournant réjouissant puisque suite au diagnostic d'une malformation sur l'un des jumeaux, une décision d'IMG doit être prise pour sauver la vie du second. Mais par manque de chance, le jour de cette opération, les deux coeurs se sont arrêtés.


Laëtitia revient avec nous sur ses choix (ne pas reconnaître les foetus), ses ressentis, ses émotions mais aussi sur les réactions des proches qu'il faut savoir appréhender, surtout en période de fêtes de fin d'année. Un témoignage riche en émotions et je vous invite à partager toutes vos bonnes ondes à cette maman et ce papa.


Envie d'en discuter ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement et @hello_maman_off.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman, je suis Rebecca et je te souhaite bienvenue sur Balance ton accouchement. Maman d'un petit garçon et complètement bouleversée par la maternité, je te propose de retrouver ici chaque semaine un ou plusieurs nouveaux récits d'accouchement avec des mots authentiques, sans filtre et sans tabou. L'occasion de partager, d'apprendre et peut-être même de guérir autour de ce grand moment qu'est l'accouchement. Alors si tu es prête, c'est parti ! Bonjour à tous et merci de me rejoindre pour ce nouvel épisode où l'on va encore une fois aborder un sujet un petit peu sensible. Aujourd'hui, je vous propose de découvrir le témoignage de Laetitia, qui va nous parler de deuil périnatal, et plus précisément de mort fétale in utero. Nous reviendrons sur son parcours, sur ses jumeaux décédés à 17 semaines d'aménorée, et sur ce qu'il s'en est suivi, mais également aussi sur le comportement que les autres ont eu avec elle, sur ses ressentis postpartum. un épisode à partager autour de vous, y compris aux proches qui pourraient devoir accompagner des parents confrontés à cette situation. Si vous n'êtes pas allé avec ce sujet, n'hésitez pas encore une fois à découvrir un autre épisode. Et si vous souhaitez en savoir plus, c'est parti ! Alors bonjour, merci à toi de me rejoindre pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont ou ils auraient dû avoir ? Et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Laetitia

    Alors moi, du coup, c'est Laetitia. J'ai eu 35 ans fin 2023. Je suis tombée enceinte au mois de mai 2023. Et j'ai été déclenchée suite à une mort in utero de mes jumeaux en septembre 2023. Du coup, là, techniquement, la date d'aujourd'hui devrait avoir un petit peu moins d'un mois. Mais bon, du coup, le destin, on va décider autrement. Et du coup... Je suis tombée enceinte au mois de mai, j'ai appris le début de soins. On était en essai depuis janvier, donc ça a été très rapide. Ça s'est fait assez rapidement. Très rapidement, j'ai eu des grosses douleurs abdominales, comme des grosses crampes de règles, mais en beaucoup plus fortes. Surtout que moi, qui n'ai pas des règles très douloureuses, ça m'a beaucoup surpris. J'ai fait un petit passage aux urgences à l'hôpital Femmes Mères Enfants de Lyon. qui m'ont dit qu'il y a un grave. Ils m'ont fait une échographie vaginale, du coup, parce que c'était encore très tôt, qui ne montrait qu'un seul fœtus et tout avait l'air d'aller bien. Donc, on m'a renvoyé.

  • Rébecca

    À ce moment-là, ça allait bien et tu avais un seul enfant.

  • Laetitia

    Voilà, oui. On m'a dit juste, c'est les débuts, c'est votre utérus, vu que c'est un muscle qui doit se contracter, se décontracter pour faire la place. On m'a dit, par contre, si jamais vous avez eu le moindre saignement, etc., vous revenez sans problème. Elle m'a aussi, parce que moi, je ne savais pas, vu que c'était ma première grossesse, que... parce qu'au début on te dit il ne faut pas s'auto-médicamenter c'est important et tout du coup j'avais pris aucun médicament pour soulager les douleurs et du coup à l'hôpital on m'a rassurée elle m'a dit mais le spasfon le doliprane vous pouvez j'étais là ah ok déjà c'est rassurant parce qu'en fait ça moi je ne savais pas et du coup je souffrais en silence et quand c'est trop douloureux tu te dis bon j'aimerais bien prendre quelque chose mais je ne sais pas parce que tu te dis si tu prends un médicament et que ça influe sur ton bébé tu te sens mal et elle m'a dit non tu fais tellement attention à tout c'est ça Et du coup, elle m'a dit non, mais le spasmon, le doliprane, sans problème et tout. Donc, parfait. Et puis, du coup, je fais mon suivi avec ma sage-femme en ville. Tout va bien. Elle me donne une ordonnance pour l'échographie du T1. Donc, je prends rendez-vous. On a rendez-vous fin juillet. Donc, j'y vais avec mon conjoint. Et du coup, la sage-femme qui me fait l'échographie, au début, elle discute avec nous de savoir comment ça se passe et tout. Je lui montre l'échographie qu'on a faite le mois d'avant à l'hôpital. Elle me dit, vous savez, ça arrive souvent que moi, on me dit, oui, j'ai fait une échographie avant de datation. Il n'y a qu'un bébé. Puis quand moi, je mets la sonde, on en voit deux ou trois.

  • Rébecca

    OK. C'est courant, du coup.

  • Laetitia

    Et du coup, je lui dis, non, mais de toute façon, ça n'arrive qu'aux autres. Et en rigolant. Et du coup, elle m'allonge et tout. Mon chéri se met à côté de moi. Elle a posé la sonde sur mon ventre. Et là, on a vu direct les deux poches et les deux têtes.

  • Rébecca

    OK.

  • Laetitia

    Vraiment instantanément. Et en fait, moi, j'ai. littéralement j'ai bugué en fait et mon conjoint s'est mis à rire, je lui dis mais pourquoi tu rigoles ? Il me dit bah y en a deux. Et en fait le temps que je capte, que je fasse un peu la mise au point sur l'écran j'ai fait comment ça y en a deux ? Et du coup je me suis mise à pleurer genre en mode wouah y en a deux ! Et là tu te dis déjà le premier choc c'est tu te dis alors déjà y en a deux donc faut que tu repenses plus ou moins toute ton organisation sachant qu'on vit dans un petit appartement alors déjà un ça allait être un petit peu compliqué mais alors deux on était là Ok, alors ça va être dur. Ouais, déjà, premier choc. Là, du coup, la sage-femme dit, bon, je vais dire à la patiente suivante que j'aurai un peu de retard parce qu'il faut qu'elle fasse plein de mesures, etc. Donc, elle fait l'examen et tout. Et puis, elle nous dit, alors, je ne veux pas vous inquiéter outre mesure, mais là, vu que vous avez une grossesse gémellaire et qu'il y a un seul placenta et deux poches, donc c'est une grossesse monocoréale bi-amniotique, je vous renvoie vers la matinée de niveau 3. donc c'était à Lyon, c'est l'hôpital femme-mère-enfant et ils vont faire un diagnostic prénatal le plus rapidement possible, à partir de maintenant vous arrêtez de travailler ouais,

  • Rébecca

    tu penses qu'on est pathologique plus plus plus c'est ça,

  • Laetitia

    elle m'a dit là à partir de maintenant c'est vous arrêtez de travailler vous vous reposez et vous allez être suivi hyper moi j'étais là, ok alors déjà j'étais pas trop préparée à ça et en plus on te dit, alors il y en a deux et là du coup ça devient compliqué faut encaisser ce choc Et là, après, elle nous dit, alors, en plus, je détecte une potentielle malformation, mais je ne suis pas à même de faire le diagnostic, ce n'est pas mon métier. Du coup, moi, je vous renvoie vers le service de diagnostic antenne natale des grossesses pathologiques et eux vous diront un diagnostic. Donc,

  • Rébecca

    ce qu'elle avait détecté… Vous voyiez une malformation sur les deux ou sur un seul ?

  • Laetitia

    Non, sur un seul. En fait, elle voyait une vessie qui était anormalement grosse, qui faisait à peu près un tiers de la taille du… du fœtus. Donc là, forcément, c'est un peu le... Tu ne sais pas trop parce que c'est un peu angoissant. On te dit que tu as un de tes bébés qui a peut-être une malformation. Tu en as deux.

  • Rébecca

    C'est une classe.

  • Laetitia

    Tu apprends plein de nouvelles en même temps. Forcément, tu as un début de grossesse. Tu as tout ce qui est hormones, tout ça. Je suis quelqu'un de très anxieux. Forcément, je me suis mise à pleurer, etc. Avec mon conjoint, on décide de... pas parler de la malformation à nos familles, juste de les prévenir que c'est des jumeaux, histoire de ne pas non plus affoler tout le monde, ça ne sert à rien. Et du coup, la sage-femme me recontacte deux, trois jours après pour me dire Je vous ai obtenu un rendez-vous en urgence la semaine prochaine. Donc, on est début août. Donc, on va à l'hôpital Femmes, Mères, Enfants à Lyon. On rencontre du coup un docteur incroyable qui a été incroyable du début à la fin, qui du coup me refait une échographie. Et là, pose un diagnostic que je ne souhaite entendre à personne. En fait, il fait l'examen, il me regarde, il me dit, du coup, la méga-vessie n'est pas compatible avec la vie. Et en fait, il dit ça d'une manière un peu abrupte. Et moi, du coup, je suis là, comment ça ? Et en fait, je me suis effondrée, forcément. Et du coup, alors, il nous explique que ça peut se résorber. Il y a de faibles chances, mais ça peut. que ça peut entraîner, si on a plusieurs solutions, c'est que soit ça se résorbe, et là tout va bien, on peut mener la grossesse le plus long possible, mais qu'il y a des risques du fait qu'il n'y ait qu'un seul placenta et deux poches, il y a un syndrome de transfuseur-transfusant entre les deux bébés, donc forcément qu'il y aurait potentiellement des problèmes rapidement. Et il me dit, La première solution que je vous propose, c'est de faire une IMG sélective de celui qui ne va pas bien si la situation n'évolue pas dans le bon sens. Et après, on espère que ça n'atteint pas le deuxième. Est-ce qu'il y a des délais ?

  • Rébecca

    Est-ce qu'il te dit qu'il faut le faire tout de suite ?

  • Laetitia

    Alors, il me dit qu'on a le temps. Il me dit que le seul délai qu'on a, c'était 24-25 semaines, je crois, parce qu'au-delà, ils n'ont pas d'outils pour, en gros, sectionner les... les vaisseaux je crois nécessaires à ça et que du coup faudrait faudrait passer par une séparation et que du coup ce n'est pas viable pour le deuxième et vu que l'idée c'était quand même d'en sauver un à la base donc du coup on le revoit quinze jours trois semaines après il confirme que du coup bah ça n'a pas évolué dans le bon sens malheureusement là du coup nous on prend la décision de faire faire une IMGG sélective et comment vous le vivez ça cette décision ? alors moi très mal ouais Parce que tu dis, enfin moi je me dis, forcément, moi je l'ai vécu différemment de mon conjoint, parce que lui ne les porte pas forcément, donc c'est différent de se dire. Là en fait, je prends la décision de faire arrêter un cœur, parce qu'il ne va pas bien. Mais après, nous, on avait bien réfléchi qu'au vu de ce que le médecin nous avait dit, que s'ils arrivaient à terme et en vie... Pour celui qui avait de la formation, c'était de la dialyse à vie, etc. Donc, c'est un choix qui est difficile, mais on s'est dit au final… Et puis en fait, on avait toujours cette... Vu qu'il y avait moins de 5% de chance de perdre le deuxième, on s'était dit, un, c'est toujours mieux que zéro. C'est moins bien que deux, mais c'est toujours ça.

  • Rébecca

    C'est un choix de confort, c'est vraiment pour la santé du petit.

  • Laetitia

    Et puis surtout qu'on s'était dit, avoir deux enfants, dont un qui a besoin de soins médicaux constants, c'est ni bon ni pour cet enfant qui souffre, ni pour nous, ni pour l'enfant qui reste, qui lui passe au second plan. techniquement ils sont jumeaux donc c'est dur. Donc on prend cette décision sans trop se poser de questions parce que c'est en accord avec nos valeurs etc donc ça il n'y a pas de souci. Et du coup le médecin me dit on va faire l'opération début septembre. Et du coup ma mère vient le week-end, c'était un lundi, ma mère vient le week-end, enfin le dimanche d'avant pour m'accompagner à l'hôpital le lendemain parce que mon conjoint ne peut pas pour plein de raisons administratives. Du coup, ils nous déposent à l'hôpital le matin même. Et du coup, je monte dans le service de... Pas de chirurgie, mais de... Je ne sais plus trop... Oui, c'est chirurgie ambulatoire ou quelque chose comme ça, je crois. Toujours à la HFME de Lyon. Et du coup, on m'installe, on me descend au bloc opératoire. Je rencontre le médecin qui me suit, qui me dit, je vais faire une échographie de contrôle. Donc, je suis juste avant d'entrer dans le bloc. Et l'anesthésiste n'a pas encore posé d'anesthésie ni rien. Et là, il fait une échographie. Et au bout de cinq minutes, il pose l'échographe. Il me dit, j'ai de mauvaises nouvelles à vous annoncer. Il me dit, les deux cœurs se sont arrêtés. Donc là, je suis là, OK. Donc, du coup, je lui explique. Il me dit, est-ce que vous êtes venu seul ? Je dis, non, je suis avec ma maman. Est-ce que mon conjoint est au travail, etc. Je lui dis par contre je pense pas qu'elle soit encore dans ma chambre parce qu'elle a dû aller boire un café ou quelque chose comme ça. Il me dit non mais vous inquiétez pas s'il faut la trouver on la trouvera y'a pas de problème. Du coup je remonte dans ma chambre etc. On me remonte dans ma chambre. Du coup ma mère remonte à ce moment là. Du coup je lui explique. Donc là forcément je me mets à pleurer etc. Enfin bref. Du coup là il faut que j'appelle mon conjoint pour lui dire. Et en fait je l'appelle. Et en fait il a vu mon nom sur son téléphone. Il a décroché tout de suite. Je lui ai dit il faut que tu viennes, il m'a dit ok j'arrive.

  • Rébecca

    Il n'y a pas à chercher à comprendre.

  • Laetitia

    En gros il a dit ok j'arrive, il travaillait pas très loin donc il était là en 20 minutes etc. Et là du coup on m'explique la suite parce que du coup je suis là, qu'est-ce qui se passe ensuite du coup ? Là on me dit on va vous donner, on me donne du coup les cachets pour arrêter les hormones de grossesse parce qu'en fait moi du coup j'avais pas eu de signe physique de fausse couche ni rien du tout en fait. Donc pour moi, ça allait bien. Donc on m'a donné, je ne dis pas le nom des médicaments, mais en gros, ça arrête la mode de grossesse. Et on me dit, ti-ti-ti, 48 heures, vous avez des contractions ou n'importe quoi, vous venez à l'hôpital tout de suite. Sinon, mercredi, donc deux jours après, vous venez à l'hôpital en salle de naissance et on vous fera un déclenchement. Donc là, OK.

  • Rébecca

    Avec la couche par voie basse, du coup.

  • Laetitia

    C'est ça. Donc, surtout que je n'ai pas été préparée à ça, parce que j'étais encore trop tôt dans la grossesse, etc.

  • Rébecca

    On était à quel terme à ce moment-là ?

  • Laetitia

    J'étais à 10 têtes semaine.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Forcément, c'est tôt. Oui. Et du coup, je rentre chez moi. Donc, forcément, je ne suis pas très, très bien. Et du coup, pendant toute la journée, le lendemain, je n'ai pas de signe de début de travail ni rien. Donc, le mercredi matin, avec mon conjoint, on va du coup retourner à l'hôpital. Et donc là, la sage-femme nous accueille. Elle nous met dans une salle de naissance, etc. Et on m'explique comment ça va se passer. Et que du coup, on va me poser une péridurale. Ensuite, on va poser du coup des dilapants dans le col. pour pouvoir ouvrir le col justement. Et en fait, nous, on pensait que, en gros, je venais le matin à 8h, puis à midi, c'était fini, quoi. Pas du tout. Parce qu'elle me dit, en fait, les dilapants, c'est des petits cotons imbibés de médicaments pour dilater le col. Et elle me dit que ça met 3h à agir. Ah, ok. Donc on me pose de l'apéritif dural. Donc là forcément je suis obligée de rester allongée, je ne peux pas manger, je ne peux pas boire si jamais il y a un problème et qu'il faut me faire une césarienne ou m'anesthésier. Donc c'est un peu compliqué. En plus nous du coup on n'a pas trop prévu parce qu'on ne savait pas trop comment ça allait se passer. Du coup on n'avait rien prévu pour passer le temps entre guillemets. Et donc, on me pose la péridurale, on constate qu'elle fonctionne bien, etc. Et puis, on me pose les dilapants avec le médecin, etc. Et puis après, on attend les trois heures que ça fasse effet. Donc, quand on voit que le col est bien ouvert, on les enlève. Et puis, là, c'est déjà la fin de l'après-midi à peu près. Et puis, à un moment, même si j'ai la péridurale et que je ne sens rien, je sens un peu que dans mon corps, ça bouge. Ce qui est assez étrange puisque ce n'est pas censé bouger vu que... techniquement ils sont décédés. Et là du coup, on appelle la sage-femme et en fait, elle me dit, là du coup, donc elle avait déjà percé la première poche des os. Et là du coup, donc c'est à peu près 18h30, donc j'accouche du premier. Et là après, du coup, en fait, la suite, elle rouvre la deuxième poche et du coup, le deuxième sort quasiment tout de suite après. Et en fait, là je fais une baisse de tension. Je me mets à transpirer, à avoir des frissons, à... pas être bien donc je fais une grande chute de tension, je perds beaucoup de sang aussi. Donc là forcément tout le monde s'affole autour de moi avec des perfusions et autres pour que tout aille bien. Et puis en fait à minuit passé j'ai pu monter dans ma chambre et manger parce que toute la journée sans manger avec l'émotion, le stress c'était très dur. Et du coup on est resté trois jours à l'hôpital avec mon conjoint parce qu'il a pu dormir avec moi.

  • Rébecca

    Ah quand même !

  • Laetitia

    Oui, on est arrivés le mercredi matin, on est repartis le vendredi dans l'après-midi, et encore on est repartis parce qu'on a émis le souhait de repartir. Sinon, je pense qu'on pouvait rester, parce qu'on était bien. Et d'ailleurs, pendant trois jours, au-delà de l'expérience traumatisante qu'on a vécue, tout le personnel soignant qu'on a rencontré a été incroyable. Un moment, mon conjoint a dû s'absenter parce qu'il n'était pas très bien. Et du coup, c'est la sage-femme et l'anesthésiste qui m'ont tenu la main, qui ont été présents. Ils ont tous été adorables. Du coup, vraiment, ça a été incroyable alors qu'on connaît les difficultés de l'hôpital public. Donc ça, déjà, que ça soit bien passé dans un environnement qui était vraiment bien, déjà, ça aide à se dire que ça soulage un peu la douleur sans l'enlever. Du coup, nous, on a fait le choix qui est très à contre-courant, je pense, de ne pas les voir et de ne pas les reconnaître.

  • Rébecca

    D'accord.

  • Laetitia

    On sait qu'il y a des photos et les empreintes qui ont été prises, qui sont dans le dossier médical, qui sont du coup à notre disposition si un jour on veut les voir. Mais là, pour le moment, on n'a pas… Moi, en tout cas, mon conjoint, je ne pense pas non plus, mais moi, en tout cas, pour le moment, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision-là. Parce que je sais que beaucoup de femmes préfèrent voir le bébé parce que ça aide un peu dans son deuil, etc. Moi, du coup, pour le moment, en tout cas, au bout de plusieurs mois déjà, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision. Donc, on a vu médecin, etc. Donc, forcément, on repart avec arrêt de travail parce que du coup, je n'avais pas le droit à congé maternité parce que c'était trop tôt. arrêt de travail, médicaments évidemment, acides foliques, fer parce que les pertes sanguines, etc. On a pu voir aussi une psychiatre avant de partir, qui nous a expliqué un petit peu les bonnes pratiques, c'est-à-dire, ne vous excusez pas pour les autres personnes qui vont… Elle me dit souvent quand on est confronté au deuil, les gens… Les gens se mettent à notre place alors qu'il ne faudrait pas. Du coup, vous n'avez pas à consoler les autres, qu'ils soient tristes pour vous. Ils ont le droit d'être tristes, mais ce n'est pas vous de les consoler. Vous devez vous consoler vous-même et eux vous consoler. Donc déjà ça, forcément, ce n'est pas évident. Du coup, nous, on a aussi pris la décision de faire faire des autopsies pour connaître les causes, même si on se doute. plus ou moins des causes. Là, on a appris dernièrement que, du coup, en fait, finalement, les deux bébés avaient des malformations.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Et que, très, très probablement, si la première IMG avait fonctionné, on serait probablement repassé par une deuxième ou par une autre mort in utero.

  • Rébecca

    C'est viable dans tous les cas.

  • Laetitia

    Oui. En fait, les malformations qui étaient déjà... bien présente sur celui qui avait la malformation, commençait à se voir sur le deuxième. Donc au final, c'est la nature qui a plus ou moins bien fait les choses. On nous a aussi confirmé que ce n'était pas un problème génétique. Déjà, ça aussi, c'est bien parce que du coup, depuis le mois de décembre, on réessaye. Et donc, du coup, j'ai demandé au médecin, je lui ai dit, mais est-ce que du coup, on peut continuer à essayer ou est-ce qu'il faut qu'on s'arrête parce qu'il y a des problèmes et que ça pourrait recoser des problèmes ? Il m'a dit, il n'y a rien dans les résultats d'autopsie, dans les analyses qu'on a faites, qui montre que ça peut arriver à nouveau de manière... très probable sur une grossesse suivante. Il me dit, dans tous les cas, votre prochaine grossesse sera très suivie, forcément. Mais là, il n'y a rien qui vous empêche d'essayer, en tout cas. Et rien qui dit que votre prochaine grossesse se passera mal. Mais ça, après, ils ne peuvent pas le prévoir. Mais il me dit, en tout cas, il n'y a pas de d'explication médicale. C'est juste la nature qui... Ça s'était mal fait. Et du coup, elle-même a arrêté les choses parce que, dans tous les cas, ce n'était pas viable. Alors ça console un peu sans non plus consoler forcément. Et puis moi surtout, pour moi ce qui est important surtout dans tout ça, c'est que souvent on se dit oui, je ne vais pas très bien aller voir un psy, ça ne sert pas à grand chose et tout. J'avais très peur au début d'aller voir la psychologue. et en sachant que moi j'ai eu la chance de trouver une psychologue qui est juste à côté de chez moi et qui est spécialisée en périnatalité et en parcours PMA etc en psychothérapie post IVG etc genre de choses donc du coup j'avais un peu d'appréhension mais je me suis dit elle au moins elle va elle a un peu plus les clés pour m'aider parce qu'elle va comprendre et tout donc on a fait la première séance en couple et après en fait mon conjoint lui a estimé qu'il avait pas spécialement besoin d'aide psychologique parce qu'il n'a pas vécu la même chose. Au-delà de toute l'expérience de grossesse qui a été difficile pendant ces quelques mois, c'est surtout l'accouchement. Du coup, c'est un accouchement pour moi censé en être un plutôt parce que techniquement, un accouchement, tu es censé accoucher et repartir avec un bébé, ce qui n'est pas mon cas. Je la vois une fois par semaine depuis octobre. C'est vraiment la béquille parfaite. Ça permet de vraiment extérioriser tout ce qui se passe, tout ce que je peux accumuler. Donc, c'est vrai que ça fait beaucoup de bien. Et puis, en plus, petit à petit, le regard que j'ai sur l'expérience, il a beaucoup changé. Au début, je martelais énormément que pour moi, je n'avais pas vraiment été mère dans le sens où j'ai… J'ai accouché forcément médicalement, c'est un accouchement, mais pour moi, ce n'est pas vraiment un accouchement parce que ça a été un peu vraiment programmé. En plus, je suis repartie sans bébé, donc c'est compliqué. Et là, du coup, avec le temps, au fil de l'évolution aussi de la thérapie, j'en suis arrivée vraiment au point de me dire que… Plutôt que de dire que j'ai fait une fausse couche, ce qui n'est pas vraiment une fausse couche en soi, même si c'en est une, c'est que j'arrive vraiment à dire j'ai perdu mes bébés Ce que je n'arrivais pas forcément à dire, dans le sens où je disais plutôt ma grossesse s'est arrêtée alors que de pouvoir verbaliser le fait de dire j'ai perdu mes bébés ça m'a beaucoup fait avancer ces derniers temps. ça leur donne une place même si on les a pas reconnus on les a pas nommés on les a pas vus, ça leur donne quand même une place qu'ils n'avaient pas forcément au début et du coup ça aide aussi dans la guérison, je suis désolée j'ai les larmes au bord des yeux quand je parle mais du coup c'est vrai que ça je pense que sans la thérapie j'aurais pas fait tout ce chemin et du coup ça serait encore très douloureux, ça l'est encore justement, mais... que ça commence vraiment à s'atténuer. Donc après, mais oui, de pouvoir dire, plutôt que de dire ma grossesse est arrêtée, je suis capable de dire j'ai perdu mes bébés.

  • Rébecca

    Oui, des enfants quand même.

  • Laetitia

    Oui, voilà. Même si sur l'état civil, ils n'apparaissent pas parce qu'on ne les a pas reconnus, etc. Ils ont quand même été là. Ils ne le sont plus. Je les ai quand même portés, même si ça n'a pas duré longtemps. j'ai quand même accouché et du coup c'est vrai que du coup c'est des cheminements qui qui peuvent pas se faire seul je pense c'est pour ça que c'est important de se faire aider Je sais que ce n'est pas toujours facile. Moi, j'ai la chance d'habiter dans une grande ville, donc l'offre de soins est quand même très conséquente. Donc, c'est plus facile, on va dire. Mais c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider, peu importe la personne, mais d'avoir quelqu'un d'un peu extérieur qui aide à mettre des mots sur ce qu'on fait. Et moi, je me suis rendue compte aussi avec la psy que je faisais des choses. dans mon quotidien que je ne faisais pas forcément avant ou que je faisais de manière totalement, pour moi, normale, mais qu'en fait, du coup, je me soignais un petit peu aussi. Ok,

  • Rébecca

    du genre ?

  • Laetitia

    Par exemple, il n'y a pas très longtemps, en gros, nous, à la base, on avait prévu de laisser le lit pour bébé dans notre chambre et du coup, on avait fait de la place dans notre chambre pour ce coin bébé, entre guillemets. Et du coup, depuis que j'ai accouché, cet emplacement était toujours vide. Et du coup, il y a deux ou trois semaines, j'ai décidé de déplacer une bibliothèque de livres. Et j'ai mis cette bibliothèque à la place de là où on avait dit que c'était notre coin bébé. Et du coup, la psy m'a dit, en fait, vous comblez un peu le manque que vous avez par autre chose. Et du coup, même si vous ne l'avez pas fait de manière consciente, pour le faire pour ça, votre esprit quand même l'a fait à votre place. Il s'est dit, en fait, ce meuble ira mieux là, parce que là, du coup, ça bouche un trou qui existe aussi en vous au final. Et c'est vrai que du coup, moi qui suis très terre à terre, très concrète, quand on me dit, en fait, je fais des choses de manière… Ce genre de choses, je me dis, ah ouais, en fait, vraiment, ça a changé toute ma vision du monde, de mon rapport aussi à moi. Et déjà, une grossesse… de manière normale, je pense que ça nous change beaucoup, mais là, c'est vrai que du coup, elle m'a dit oui, en fait, vous remplacez des choses qui ne sont plus là par d'autres choses, et du coup, ça permet aussi d'avancer dans votre deuil et un peu de donner une place à ces bébés qui, au final, n'en avaient pas vraiment, mais ils ont quand même une place qui est présente dans votre esprit, dans votre tête, et donc, c'est important aussi de... de leur donner une place et c'est ça moi qui me fait avancer dans mon deuil du coup.

  • Rébecca

    Oui, ok. Mais c'est vrai que c'est loin là que tu as la parole entre guillemets. Oui, c'est ça. Tu commences à avancer dans tous les sens du terme.

  • Laetitia

    Voilà. Mais c'est vrai que par exemple, la semaine où j'aurais dû accoucher, ça a été très dur. C'était donc au mois de février. Alors forcément, on essaye de ne pas y penser, mais on est obligé un petit peu d'y penser aussi, de se dire en fait, cette semaine-là, j'aurais dû accoucher Et du coup, on ressent un vide, on se dit ah mais en fait, là du coup, j'aurais dû accoucher, on aurait dû être dans les derniers préparatifs Et au final, ça reste un peu… c'est surtout ça, moi, qui me pèse actuellement, c'est que… Il y a toujours une ombre un petit peu, comme s'il y avait un petit nuage au-dessus de ma tête tout le temps qui me rappelait. Eh, en fait, n'oublie pas qu'il t'est arrivé ça ! Alors que forcément, je ne vais pas l'oublier. Mais c'est vrai que du coup, il y a plein de petits signes qu'on voit, qu'on se dit Ah, mais en fait, là, du coup… Et c'est pour ça aussi que c'est important d'avoir un entourage qui comprend un petit peu ça, parce que là, ça va mieux maintenant, mais il y a quelques mois encore. Ou ne serait-ce qu'à Noël aussi, les réunions de famille, c'est horrible. Tu te dis, en fait, ça aurait dû être mon premier Noël enceinte. Mais au final, non. Et en fait, il y a plein de situations qui te rappellent le manque, qui te disent, ah, mais en fait, là, t'aurais dû avoir tes bébés, là, ceci, là, cela. Et du coup, c'est horrible. Et pendant très longtemps, on a beaucoup de neveux et nièces qui sont en l'état de bébé encore. Et du coup, ça a été très dur pour moi d'être avec eux parce que... Je me dis, en fait, normalement, dans quelques mois, j'aurais dû être avec mes enfants à moi. Et du coup, je ne le suis pas. Et du coup, il y a cette espèce de... Il y a cette espèce un peu... Pas de jalousie, mais tu te dis... Ah, mais en fait, pourquoi pas moi, quoi ? Quoi, moi, je n'y ai pas le droit ?

  • Rébecca

    Oui, l'injustice, quoi.

  • Laetitia

    Oui, alors que techniquement, ces enfants, ils n'y peuvent rien. Leurs parents n'y peuvent rien. Ce n'est pas de leur faute. Mais c'est vrai que du coup, quand... toi tu viens de perdre tes enfants et que du coup tu as des gens qui sans faire exprès forcément te... viennent te mettre leur bébé sous les yeux, bah tu dis bah...

  • Rébecca

    Oui, mais moi, je n'ai pas les miens, donc évite de me montrer les tiens. Oui,

  • Laetitia

    forcément. Et justement, comment tu as vécu et comment tes proches t'ont accompagnée dans ce deuil ?

  • Rébecca

    Alors, mon conjoint était très présent, surtout qu'on est restés quasiment deux mois, pas enfermés, mais pas loin, tous les deux à la maison, parce que lui aussi était en arrêt.

  • Laetitia

    Vous aviez besoin de vous retrouver tous les deux ?

  • Rébecca

    Oui, on est restés vraiment tous les deux. On a vu un petit peu nos familles, mais très très peu. Et surtout, c'est ça aussi qui me faisait peur. C'était que notre couple un peu se délite sur ça. Et au final, notre couple est encore plus fort. Donc déjà, c'est une victoire parce qu'on peut se dire... Il y a beaucoup de couples pour qui c'est difficile, etc. Parce qu'on ne vit pas tous les deux de la même manière. Lui a été très compréhensif sur ma souffrance, sur le fait de me faire aider psychologiquement, sur le fait que j'ai dû avoir un court traitement d'antidépresseurs, donc celui de psychosie. Et lui aussi, il a été très compréhensif sur le fait que j'avais pas forcément envie de voir des gens, de faire des grandes réunions de famille, de voir des bébés, etc. Donc ça, sur ça, c'est vrai que j'ai eu cette chance. Même si en plus, lui comprenait vraiment que forcément, on n'a pas vécu la même chose physiquement, parce que c'est moi qui ai accouché. Mais c'est vrai que nos proches, ma belle-mère a été très présente aussi. Elle, elle ne nous a pas trop sollicité parce qu'elle comprenait que forcément, on n'a pas très envie d'être en réunion de famille ou ce genre de choses parce qu'on souffre forcément. Surtout moi, je me suis un peu forcée quand même pour faire quelques efforts pour certains éléments marquants parce que c'est important quand même. Mais après, oui, c'est vrai, comme je disais tout à l'heure, il y a quelques personnes de notre famille qui ont fait des maladresses. Donc forcément, moi, je l'ai un peu mal vécu. Mon conjoint aussi, parce que ça vient de sa famille, il se dit, en fait, si même ma famille ne comprenne pas que ça peut être douloureux, c'est embêtant. Et qu'il faut un peu sévir pour que les gens comprennent. Lui, il était là, bon, quand même, faites un effort. Parce que lui, il dit, moi, ça m'embête aussi de devoir abrouer mes soeurs ou ma famille parce qu'elles font des boulettes. Elles devraient ne pas les faire, en fait. C'est évident. Je dis, oui, mais c'est... C'est toujours la même chose, ça n'arrive qu'aux autres. Et du coup, tant que ça ne t'arrive pas, tu ne comprends pas. Malheureusement. Mais c'est vrai que, oui, du coup, par moments, c'est un peu compliqué. Mais c'est vrai qu'au final, ma famille et moi, mon petit frère vit aux Etats-Unis, donc c'est compliqué de se voir régulièrement. Mais on arrive à s'appeler. et à se parler régulièrement pour prendre des nouvelles. Après, il n'est pas très intrusif, donc il m'a juste demandé comment ça allait. Après, il ne va pas. Il prend juste des nouvelles et ça suffit un peu. C'est la base de notre relation. Juste on prend des nouvelles et ça va. Mais c'est vrai qu'au final, souvent les gens de notre famille nous disent Ah, mais vous êtes quand même fort parce que vous êtes quand même présent. Je dis, ben... Oui, de toute façon, il faut bien qu'on avance aussi. On ne peut pas non plus se laisser mourir. Mais c'est vrai que c'est compliqué. J'ai encore besoin d'un suivi psy. Je n'ai toujours pas repris le travail et ce n'est pas près d'arriver, je pense, encore. Parce que c'est… Surtout que moi, je travaille dans la vente, donc c'est compliqué de voir sourire à des gens qui vont me dire Pourquoi vous revenez maintenant ? là-bas, je devais revenir l'année prochaine et là, je ne reviens pas en avance parce que du coup, j'ai perdu mes bébés. Il faut expliquer aux gens. Et en fait, je n'ai pas la force déjà de l'expliquer à ma famille ou à des amis. Ce n'est pas forcément évident. Mais alors, l'expliquer à des gens que je ne connais pas spécialement, qui sont juste des clients, c'est compliqué.

  • Laetitia

    Et puis,

  • Rébecca

    c'est du stress aussi. Et puis, forcément, ce n'est pas évident. Mais après, je ne sais pas. Moi, et mon médecin est d'accord avec ça, la priorité, ce n'est pas le travail, c'est d'aller bien, d'essayer d'aller bien, tenter que ce soit possible. Et puis de prendre le temps. Si ça doit prendre un an, ça prendra un an et tant pis. Pour les questions matérielles, on verra à ce moment-là. Mais c'est vrai que du coup, j'ai pas mal d'amis qui me disent Ah, mais c'est quand que tu reprends le travail et tout ? Ben en fait, j'aimerais bien que tu me demandes plutôt comment je vais, plutôt que tu me demandes quand je vais reprendre le travail, parce que c'est pas ma priorité. Et après, je comprends que les gens soient maladroits parce qu'ils savent pas quoi dire tant qu'on l'a pas vécu. Et je l'ai bien constaté en discutant avec d'autres parents, en devis, etc. Et en fait, tant qu'on l'a pas vécu, les gens... comprennent pas. Et du coup, finalement, j'ai vraiment eu beaucoup de plus de compréhension et de compassion avec des gens qui avaient vécu plus ou moins la même chose que moi, qu'avec des gens de mon entourage. Parce que, en fait, les gens qui ont déjà vécu ça comprennent que le processus de guérison est long, que c'est douloureux, que forcément... Moi, ma priorité, ce n'est pas de reprendre mon travail. Ma priorité, c'est de pouvoir aller bien dans ma tête, parce que physiquement, je vais bien, plus ou moins. Mais c'est que dans ma tête, ça aille bien que je ne fasse pas de cauchemars, parce que j'en ai fait quelques-uns qui étaient horribles, de ne pas pleurer quand je passe devant un magasin de bébés. Juste déjà, de ne pas pleurer en le racontant, ça serait déjà bien. Même si moi après j'ai toujours les larmes aux yeux, même si c'est moins larmoyant qu'au début, mais ça fait toujours mal quoi. Mais du coup c'est vrai que cette compréhension et cette compassion je l'ai trouvé que vers des gens qui ont déjà vécu ça parce qu'en fait ils comprennent qu'ils ont eu à faire la même chose aux personnes qui demandent, qui vont se poser les questions matérielles. Bah pourquoi tu ne rends pas le travail parce que bah du coup si tu ne rends pas le travail, tu n'as pas d'argent et tout. Oui mais c'est... pas la question en fait c'est la priorité c'est ma santé c'est d'aller bien guérir etc donc forcément c'est pas c'est vrai que moi il ya pas mal de gens qui a mais tu as pas repris encore mais c'est pas prévu tout de suite j'ai arrêté de me parler de ça parce que vraiment ça me donne pas envie de reprendre en plus donc moi tranquille en fait c'est ça et puis ben en fait je suis là je suis à une séance de psy par semaine tant que j'ai besoin d'une séance de psy par semaine c'est que il ya besoin parce que par exemple la Noël elle était en vacances et du coup du fait des créneaux tout ça, le temps d'avoir des créneaux je suis restée sans psy pendant un mois donc il a fallu encaisser les fêtes de Noël en famille en plus s'ajoutant j'ai eu un retard de règles qui m'a fait espérer donc ça n'a pas aidé et puis un mois sans pouvoir extérioriser tout ce qui se passe alors quand t'es habituée à un rythme d'une fois par semaine...

  • Laetitia

    Ça fait lourd sur ma tête.

  • Rébecca

    Et c'est vrai que la séance de reprise au mois de janvier, ça a été lourd. Mais ça a fait du bien parce que du coup, j'avais des poids évacués. Elle m'a dit, mais en fait, c'est normal. Pendant plusieurs semaines, vous n'avez pas de suivi psy, plus les fêtes de Noël, etc. Elle me dit, c'est normal, vous ne pouvez pas encaisser tout ça toute seule. C'est logique. Mais c'est vrai que moi, vraiment, j'encourage les gens à aller voir des psychologues. Plus que des psychiatres, parce que les psychiatres, souvent, ne donnent que des médicaments et n'écoutent pas trop, alors qu'un psychologue écoute beaucoup. Moi, j'ai la chance d'avoir eu un bon feeling avec elle dès le départ et que ça se passe très bien. Mais c'est vrai que oui, moi, ça m'aide énormément. Elle met beaucoup de mots sur ce que je ressens, ce que je vis. Donc, ça aide aussi. Et puis, vraiment, c'est vrai que sans ça, c'est un peu... Sans ça, ça serait un peu plus compliqué parce que du coup, je devrais tout emmagasiner sur moi. Et du coup, forcément, il faut que ça sorte à un moment donné. Si ça ne sort pas avec la psy, ça va sortir autrement. Et ce n'est pas bon quand ça ne sort pas avec la bonne personne. Et puis surtout, il y a aussi... Moi, actuellement, ce qui me pèse beaucoup, c'est une prochaine grossesse. Me dire... Il faut que ça se passe bien, mais du coup, vu que je vais être bien suivie, est-ce que ça veut dire que ça se passe mal ? Et du coup, ça sera angoissant aussi.

  • Laetitia

    Forcément, oui.

  • Rébecca

    Et puis aussi, cette idée de ne pas refaire un bébé pour oublier les précédents, c'est de faire un bébé parce que c'est le projet initial de faire un bébé. Et c'est vrai que du coup, je peux me dire, les gens vont se dire, en six mois, elle s'est rétablie vite, elle veut déjà refaire un bébé. En fait… C'est de violer un bébé en fait. Voilà, ça fait un an qu'on est sur ce projet et c'est notre idée première en fait, donc forcément. Et dans tous les cas, on n'oubliera pas les bébés qu'on a perdus. et qu'on parlera sûrement de ces bébés-là au prochain, en espérant qu'ils soient là rapidement. Mais c'est vrai que oui, il y a un peu... Après, c'est peut-être moi qui suis comme ça, mais c'est vrai que le regard des autres, c'est important, même si ça ne le devrait pas. Les gens qui se disent... Parce qu'on va se dire, en fait, j'ai perdu mes bébés, du coup, les gens vont me juger, etc. Alors, moi, j'y suis pour rien. Il faut se déculpabiliser aussi. C'est très dur de... Parce que moi, en termes de culpabilité, je savais que ce n'était pas de ma faute, dans le sens où je n'avais rien fait qui avait entraîné ces malformations, juste elles étaient là. Mais c'est dur de se dire, ah, mais en fait, ce n'est pas de ma faute, alors que, en fait, si un peu, parce que je les ai portées, mais ça s'est bien passé. C'est très dur de déculpabiliser, de ne pas se sentir mal. Encore une fois, moi, sans la thérapie, je me sentirais énormément coupable. Peut-être même que j'aurais déjà un peu oublié ce que j'ai vécu parce que je l'aurais enfermé dans une boîte dans ma tête et je serais passée à autre chose. Donc là, le processus est beaucoup plus long, mais au moins, il est plus agréable Oui,

  • Laetitia

    je vois. Et si tu avais un conseil à donner, si des proches de personnes qui ont perdu leur bébé comme toi écoutaient cet épisode, quels conseils tu leur donnerais pour parler ? aux mamans et aux papas, et ne pas commettre les erreurs que tu as ressenties toi.

  • Rébecca

    Déjà, n'envoyez pas de photos de vos bébés aux personnes qui ont perdu des bébés, ne faites pas ça. Même si ça parle d'une bonne attention, ne faites pas ça. En fait, dites-vous que si vous vous posez la question, c'est que ce n'est pas une bonne idée. Et puis, essayez de ne pas négliger la douleur des papas ou des coparents. Parce que forcément, la femme qu'il porte, la douleur est plus présente parce qu'on les porte forcément. Mais l'autre parent est là aussi et c'est dur pour lui. Surtout que je pense que très souvent, les hommes ont du mal à parler de ce qu'ils souffrent. Mais il ne faut pas négliger leur souffrance. Et surtout, de ne pas non plus... Femme. Le fait d'aller voir des psys ou de prendre des antidépresseurs ou quoi que ce soit, ça ne veut pas dire que la personne est en dépression ou est vraiment très mal ou quoi que ce soit. C'est des béquilles psychologiques ou médicamenteuses qui aident la personne à ne pas sombrer. Et il faut aussi accepter que la personne peut sombrer à n'importe quel moment. Moi, ça m'est arrivé de sortir d'une pièce et d'aller dans une chambre pour pleurer 10 minutes. Après, moi, j'ai besoin aussi d'un peu de solitude, parce que c'est plus facile de pleurer toute seule qu'avec des gens autour, forcément. En fait, après, ça dépend aussi, je pense, des gens, mais je pense que le truc le plus important, c'est de laisser un peu d'espace aux gens, de comprendre que les gens se referment un peu sur eux-mêmes, parce que forcément, c'est une expérience qu'en général, on vit en couple, donc forcément, c'est... Sans le couple, il n'y a pas le bébé en théorie. Donc forcément, il faut laisser les gens aussi un peu se refermer sur eux-mêmes. Et puis, en fait, je pense que oui, il faut les aider. Il ne faut pas les forcer à sortir. Je pense que plein de gens ont essayé de nous dire, mais vous devriez sortir, faire ci. Mais en fait, on n'a juste pas envie. On veut juste être tous les deux tranquilles.

  • Laetitia

    Il faut respecter, en fait, quelle que soit la manière de gérer les personnes.

  • Rébecca

    Oui voilà, il faut accepter que les... et puis aussi il ne faut pas prendre... Par exemple, il y a eu l'anniversaire de mon beau-père juste après l'accouchement et du coup on a quand même fait l'effort de venir, on n'était pas obligé mais on l'a fait. Et du coup beaucoup de gens m'ont dit ah mais on ne pensait pas que vous seriez là Bah on est là, bon on n'est pas au top de notre forme, clairement pas, mais on est là quand même. Mais qu'il ne faut pas prendre aussi le fait que les parents deuillés soient présents ou parlent déjà d'un projet de grossesse suivant ou quoi que ce soit, qu'ils ont oublié ou qu'ils vont bien. Je pense que quand on vit ce genre de choses, on passe expert dans l'art de cacher ce qui ne va pas. Et que ce n'est pas parce qu'on arrive à s'amuser, à faire des choses, à rire, que forcément à l'intérieur ça va. Et puis oui, surtout, il faut essayer d'éviter les maladresses liées. lié au bébé, lié à ce genre de choses quoi. Récemment, nous on a eu le cas d'une amie qui nous demandait pourquoi on n'avait pas d'enfant et en fait moi je lui ai dit bah c'est un sujet sensible, je préfère pas en parler. Et en fait elle a cru que c'était parce que l'un de nous deux n'en voulait pas. Et du coup elle a tout de suite embrayé sur le fait que c'est lequel de vous deux qui en veut pas et en fait je lui ai dit ça n'a rien à voir avec le fait de ne pas en vouloir, c'est juste qu'il y a six mois j'ai fait une fausse couche. Voilà, c'est pas qu'on n'en veut pas, c'est juste que ça marche pas. Et c'est vrai que c'est la même chose avec les gens qui sont en parcours de PMA ou en infertilité, c'est pareil, il faut pas poser la question en fait. En fait, il faut trouver l'équilibre entre poser des questions, savoir comment les gens vont et leur laisser aussi la bulle dans laquelle ils respirent, ils vivent. Il faut trouver l'entre-deux et ça dépend, je pense, des relations qu'on a avec chacun aussi.

  • Laetitia

    Oui, forcément.

  • Rébecca

    Mais il faut accepter aussi que moi je sais que mon conjoint est très famille, alors que moi c'est pas trop mon cas. Et lui du coup, sa famille n'a pas forcément compris pourquoi il s'est un peu isolé. En fait, lui sa priorité c'était que moi j'aille bien. Mieux en tout cas, bien, je ne sais pas si c'est possible, mais mieux en tout cas. Et du coup, forcément, il m'a donné la priorité à moi, à notre couple, à le fait qu'on soit tous les deux, qu'on soit ensemble, plutôt que de se dire... je ne vais pas aller lui imposer une réunion de famille qui va s'éterniser, où il y aura des bébés partout, machin, où des gens vont peut-être faire des boulettes, ce n'est pas l'idée. Et du coup, c'est vrai que les gens ne peuvent pas comprendre, en fait, des fois vous venez, des fois vous ne venez pas, mais ça dépend de notre humeur, je ne peux pas contrôler. Par exemple, la semaine qui était prévue de mon terme, je me suis un peu enfermée sur moi-même en me disant, en fait, je veux... J'ai envie d'y penser, mais sans trop y penser, mais du coup, je ne veux pas essayer d'avoir trop de stimulation, parce qu'en fait, on va me demander comment ça va, et je vais te dire, en fait, non, ça ne va pas, parce que j'aurais dû accoucher cette semaine, du coup, je ne vais pas bien.

  • Laetitia

    Il faut réexpliquer, du coup.

  • Rébecca

    Voilà, et puis surtout, vous avez le droit d'être triste pour les gens, vos proches qui vivent ça, mais votre tristesse n'est pas la même que la leur. Et surtout, ils n'ont pas à vous consoler. C'est à vous de consoler les gens et pas le contraire. C'est vrai que beaucoup de gens te disent Ah, mais moi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Oui, moi aussi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Tu ne m'aimes pas là. Mais c'est vrai que oui. Et puis surtout, si vous avez des enfants qui sont en âge assez grand quand même, vous pouvez leur expliquer pour éviter les boulettes. Parce que ça peut arriver aussi. Et pas forcément expliquer tout dans les détails, parce que les détails médicaux, pour un enfant, c'est trop compliqué. Mais expliquer que du coup, votre sœur, votre cousine, n'importe qui, elle avait un bébé qu'elle a perdu. Du coup, il ne faut pas lui tendre un bébé, il faut essayer. Et du coup, il faut l'expliquer aux enfants aussi, c'est important. Mais c'est vrai qu'on ne se rend pas compte de tout ça tant qu'on ne l'a pas vécu. Et aussi, il faut accepter les choix que les parents peuvent faire. Nous, on a fait le choix de ne pas les reconnaître, de ne pas les voir, de ne pas les enterrer. Du coup, il y a eu des autopsies, plus ils ont été incinérés. Et en fait, de respecter le choix quel qu'il soit. En fait, surtout, c'est ça, il faut essayer d'être... Je comprends que les gens veulent entourer d'amour et d'affection les personnes qui ont vécu ça. Et c'est humain, c'est normal. Mais c'est vrai qu'il faut accepter que des fois, quand on vit ce genre d'épreuve, on veut se renfermer un peu sur soi-même. C'est normal aussi. Et puis, voilà. Après, ça dépend tellement des relations qu'on a avec les autres. Mais c'est vrai que moi, j'avais vraiment besoin qu'on me laisse tranquille. qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me pose pas trop de questions et qu'on ne juge pas le fait que je n'ai pas repris le travail, que je vois une piscine une fois par semaine, que là, du coup, j'ai dû avoir besoin de médicaments quelque temps parce que c'était nécessaire. Voilà, et puis, il faut laisser faire les choses. Et surtout, moi aussi, ce que j'appréhende un peu, c'est que si on a une prochaine grossesse, déjà, on va attendre avant de le dire. parce qu'on ne sait pas trop ce qui peut arriver forcément. C'est un peu que les gens me disent Ah bah du coup, vous vous êtes remis vite, etc. Ou alors que les gens s'emballent en disant Non mais celle-là, elle va bien se passer. En fait, tant que je ne suis pas rentrée chez moi avec un bébé en bonne santé, ça ne peut pas bien se passer. Oui, ça peut bien se passer, mais je sais maintenant que ça peut mal se passer. Du coup, tant que je ne suis pas chez moi avec mon bébé, ce n'est pas accompli. Même si les médecins me disent que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, pas de malformation, tout va bien et tout, OK, mais tant que je ne suis pas rentrée... de l'hôpital avec mon bébé, rien n'est fait. Je sais que c'est dur à assimiler, mais c'est vrai qu'il faut comprendre ça. Il faut essayer d'accepter ce que les gens prennent comme décision et les laisser faire. Nous, on a essayé rapidement de s'y remettre. c'était notre envie et que je suis entre guillemets, vu mon âge de 35 ans, je suis un peu limitée par le temps aussi, entre guillemets. Et que l'idée, ce n'était pas de faire un bébé pour remplacer ce qu'on a perdu. Loin de là, l'idée, c'est de faire un bébé parce qu'on en a envie tous les deux et que c'est le projet initial. On a eu un empêchement, tant pis, on va faire ce qu'il faut pour que ça arrive. Et après, on fera confiance à la médecine, à la nature pour que tout se passe bien.

  • Laetitia

    En tout cas, merci beaucoup à toi de nous avoir partagé tout ça, toute ton expérience et toutes les émotions et les ressentis qui y sont liés. Je pense que ta parole est très précieuse et je te remercie d'avoir bien voulu te dévoiler.

  • Rébecca

    Mais de rien, j'ai un peu pleuré, je suis désolée, du coup ça s'entend dans ma voix qui tremble un peu.

  • Laetitia

    C'est normal, on n'est que assis, moi, c'est rien. Même si pour toi, tu as l'air de vouloir t'excuser. On est toujours là six mois plus tard, mais c'est rien six mois, franchement. Oui,

  • Rébecca

    oui, oui.

  • Laetitia

    Encore un peu trop frais. En tout cas, je te remercie beaucoup.

  • Rébecca

    Merci à toi, en tout cas, c'est gentil de m'avoir laissé parler de tout ça.

  • Laetitia

    Je pense que libérer la parole autour de ce sujet très sensible est super important.

  • Rébecca

    Oui, et puis moi, surtout, une chose aussi importante, c'est vraiment à l'hôpital Femmes Mères Enfants à Lyon. On a eu... du début à la fin, que ce soit pendant les examens, pendant la grossesse et pendant le déclenchement, pendant trois jours, on a rencontré pendant trois jours à l'hôpital une vingtaine de soignants différents et 20 personnes adorables. Vraiment, vu la situation, ça ne pouvait pas mieux se passer. Et vraiment, ils ont été incroyables tous, du début à la fin. Ils ont été très présents, ils nous ont écoutés, ils ne nous ont pas jugés. vraiment à tous incroyable que ce soit les sages femmes les médecins les anesthésistes les infirmières les aides-soignantes tout le monde a été incroyable et ça mine de rien ça joue beaucoup aussi sur le fait que ça rend l'expérience moins traumatisante aussi de ne pas subir de violences médicales ou d'être jugé quoi que ce soit ça aide beaucoup aussi oui

  • Laetitia

    c'est bien de le souligner quand ça va bien aussi

  • Rébecca

    Eva encore merci à toi merci beaucoup à toi en tout cas c'est gentil

  • Laetitia

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si jamais il t'a plu et que tu souhaites aider le podcast, n'hésite pas à laisser une petite note sur l'application d'écoute sur laquelle tu es actuellement, ou un petit commentaire. Ça me ferait très plaisir, et ça peut être d'une grande aide pour aider le projet à avancer en attendant. Je te retrouve mercredi prochain pour une nouvelle histoire d'accouchement.

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Description

Je vous retrouve aujourd'hui avec le témoignage de Laëtitia qui nous raconte son parcours de maternité avec une grossesse qui est rapidement très suivie et médicalisée suite à une grossesse gémellaire monochoriale / bi-amniotique.


Malheureusement cette grossesse ne prend pas un tournant réjouissant puisque suite au diagnostic d'une malformation sur l'un des jumeaux, une décision d'IMG doit être prise pour sauver la vie du second. Mais par manque de chance, le jour de cette opération, les deux coeurs se sont arrêtés.


Laëtitia revient avec nous sur ses choix (ne pas reconnaître les foetus), ses ressentis, ses émotions mais aussi sur les réactions des proches qu'il faut savoir appréhender, surtout en période de fêtes de fin d'année. Un témoignage riche en émotions et je vous invite à partager toutes vos bonnes ondes à cette maman et ce papa.


Envie d'en discuter ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement et @hello_maman_off.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman, je suis Rebecca et je te souhaite bienvenue sur Balance ton accouchement. Maman d'un petit garçon et complètement bouleversée par la maternité, je te propose de retrouver ici chaque semaine un ou plusieurs nouveaux récits d'accouchement avec des mots authentiques, sans filtre et sans tabou. L'occasion de partager, d'apprendre et peut-être même de guérir autour de ce grand moment qu'est l'accouchement. Alors si tu es prête, c'est parti ! Bonjour à tous et merci de me rejoindre pour ce nouvel épisode où l'on va encore une fois aborder un sujet un petit peu sensible. Aujourd'hui, je vous propose de découvrir le témoignage de Laetitia, qui va nous parler de deuil périnatal, et plus précisément de mort fétale in utero. Nous reviendrons sur son parcours, sur ses jumeaux décédés à 17 semaines d'aménorée, et sur ce qu'il s'en est suivi, mais également aussi sur le comportement que les autres ont eu avec elle, sur ses ressentis postpartum. un épisode à partager autour de vous, y compris aux proches qui pourraient devoir accompagner des parents confrontés à cette situation. Si vous n'êtes pas allé avec ce sujet, n'hésitez pas encore une fois à découvrir un autre épisode. Et si vous souhaitez en savoir plus, c'est parti ! Alors bonjour, merci à toi de me rejoindre pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont ou ils auraient dû avoir ? Et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Laetitia

    Alors moi, du coup, c'est Laetitia. J'ai eu 35 ans fin 2023. Je suis tombée enceinte au mois de mai 2023. Et j'ai été déclenchée suite à une mort in utero de mes jumeaux en septembre 2023. Du coup, là, techniquement, la date d'aujourd'hui devrait avoir un petit peu moins d'un mois. Mais bon, du coup, le destin, on va décider autrement. Et du coup... Je suis tombée enceinte au mois de mai, j'ai appris le début de soins. On était en essai depuis janvier, donc ça a été très rapide. Ça s'est fait assez rapidement. Très rapidement, j'ai eu des grosses douleurs abdominales, comme des grosses crampes de règles, mais en beaucoup plus fortes. Surtout que moi, qui n'ai pas des règles très douloureuses, ça m'a beaucoup surpris. J'ai fait un petit passage aux urgences à l'hôpital Femmes Mères Enfants de Lyon. qui m'ont dit qu'il y a un grave. Ils m'ont fait une échographie vaginale, du coup, parce que c'était encore très tôt, qui ne montrait qu'un seul fœtus et tout avait l'air d'aller bien. Donc, on m'a renvoyé.

  • Rébecca

    À ce moment-là, ça allait bien et tu avais un seul enfant.

  • Laetitia

    Voilà, oui. On m'a dit juste, c'est les débuts, c'est votre utérus, vu que c'est un muscle qui doit se contracter, se décontracter pour faire la place. On m'a dit, par contre, si jamais vous avez eu le moindre saignement, etc., vous revenez sans problème. Elle m'a aussi, parce que moi, je ne savais pas, vu que c'était ma première grossesse, que... parce qu'au début on te dit il ne faut pas s'auto-médicamenter c'est important et tout du coup j'avais pris aucun médicament pour soulager les douleurs et du coup à l'hôpital on m'a rassurée elle m'a dit mais le spasfon le doliprane vous pouvez j'étais là ah ok déjà c'est rassurant parce qu'en fait ça moi je ne savais pas et du coup je souffrais en silence et quand c'est trop douloureux tu te dis bon j'aimerais bien prendre quelque chose mais je ne sais pas parce que tu te dis si tu prends un médicament et que ça influe sur ton bébé tu te sens mal et elle m'a dit non tu fais tellement attention à tout c'est ça Et du coup, elle m'a dit non, mais le spasmon, le doliprane, sans problème et tout. Donc, parfait. Et puis, du coup, je fais mon suivi avec ma sage-femme en ville. Tout va bien. Elle me donne une ordonnance pour l'échographie du T1. Donc, je prends rendez-vous. On a rendez-vous fin juillet. Donc, j'y vais avec mon conjoint. Et du coup, la sage-femme qui me fait l'échographie, au début, elle discute avec nous de savoir comment ça se passe et tout. Je lui montre l'échographie qu'on a faite le mois d'avant à l'hôpital. Elle me dit, vous savez, ça arrive souvent que moi, on me dit, oui, j'ai fait une échographie avant de datation. Il n'y a qu'un bébé. Puis quand moi, je mets la sonde, on en voit deux ou trois.

  • Rébecca

    OK. C'est courant, du coup.

  • Laetitia

    Et du coup, je lui dis, non, mais de toute façon, ça n'arrive qu'aux autres. Et en rigolant. Et du coup, elle m'allonge et tout. Mon chéri se met à côté de moi. Elle a posé la sonde sur mon ventre. Et là, on a vu direct les deux poches et les deux têtes.

  • Rébecca

    OK.

  • Laetitia

    Vraiment instantanément. Et en fait, moi, j'ai. littéralement j'ai bugué en fait et mon conjoint s'est mis à rire, je lui dis mais pourquoi tu rigoles ? Il me dit bah y en a deux. Et en fait le temps que je capte, que je fasse un peu la mise au point sur l'écran j'ai fait comment ça y en a deux ? Et du coup je me suis mise à pleurer genre en mode wouah y en a deux ! Et là tu te dis déjà le premier choc c'est tu te dis alors déjà y en a deux donc faut que tu repenses plus ou moins toute ton organisation sachant qu'on vit dans un petit appartement alors déjà un ça allait être un petit peu compliqué mais alors deux on était là Ok, alors ça va être dur. Ouais, déjà, premier choc. Là, du coup, la sage-femme dit, bon, je vais dire à la patiente suivante que j'aurai un peu de retard parce qu'il faut qu'elle fasse plein de mesures, etc. Donc, elle fait l'examen et tout. Et puis, elle nous dit, alors, je ne veux pas vous inquiéter outre mesure, mais là, vu que vous avez une grossesse gémellaire et qu'il y a un seul placenta et deux poches, donc c'est une grossesse monocoréale bi-amniotique, je vous renvoie vers la matinée de niveau 3. donc c'était à Lyon, c'est l'hôpital femme-mère-enfant et ils vont faire un diagnostic prénatal le plus rapidement possible, à partir de maintenant vous arrêtez de travailler ouais,

  • Rébecca

    tu penses qu'on est pathologique plus plus plus c'est ça,

  • Laetitia

    elle m'a dit là à partir de maintenant c'est vous arrêtez de travailler vous vous reposez et vous allez être suivi hyper moi j'étais là, ok alors déjà j'étais pas trop préparée à ça et en plus on te dit, alors il y en a deux et là du coup ça devient compliqué faut encaisser ce choc Et là, après, elle nous dit, alors, en plus, je détecte une potentielle malformation, mais je ne suis pas à même de faire le diagnostic, ce n'est pas mon métier. Du coup, moi, je vous renvoie vers le service de diagnostic antenne natale des grossesses pathologiques et eux vous diront un diagnostic. Donc,

  • Rébecca

    ce qu'elle avait détecté… Vous voyiez une malformation sur les deux ou sur un seul ?

  • Laetitia

    Non, sur un seul. En fait, elle voyait une vessie qui était anormalement grosse, qui faisait à peu près un tiers de la taille du… du fœtus. Donc là, forcément, c'est un peu le... Tu ne sais pas trop parce que c'est un peu angoissant. On te dit que tu as un de tes bébés qui a peut-être une malformation. Tu en as deux.

  • Rébecca

    C'est une classe.

  • Laetitia

    Tu apprends plein de nouvelles en même temps. Forcément, tu as un début de grossesse. Tu as tout ce qui est hormones, tout ça. Je suis quelqu'un de très anxieux. Forcément, je me suis mise à pleurer, etc. Avec mon conjoint, on décide de... pas parler de la malformation à nos familles, juste de les prévenir que c'est des jumeaux, histoire de ne pas non plus affoler tout le monde, ça ne sert à rien. Et du coup, la sage-femme me recontacte deux, trois jours après pour me dire Je vous ai obtenu un rendez-vous en urgence la semaine prochaine. Donc, on est début août. Donc, on va à l'hôpital Femmes, Mères, Enfants à Lyon. On rencontre du coup un docteur incroyable qui a été incroyable du début à la fin, qui du coup me refait une échographie. Et là, pose un diagnostic que je ne souhaite entendre à personne. En fait, il fait l'examen, il me regarde, il me dit, du coup, la méga-vessie n'est pas compatible avec la vie. Et en fait, il dit ça d'une manière un peu abrupte. Et moi, du coup, je suis là, comment ça ? Et en fait, je me suis effondrée, forcément. Et du coup, alors, il nous explique que ça peut se résorber. Il y a de faibles chances, mais ça peut. que ça peut entraîner, si on a plusieurs solutions, c'est que soit ça se résorbe, et là tout va bien, on peut mener la grossesse le plus long possible, mais qu'il y a des risques du fait qu'il n'y ait qu'un seul placenta et deux poches, il y a un syndrome de transfuseur-transfusant entre les deux bébés, donc forcément qu'il y aurait potentiellement des problèmes rapidement. Et il me dit, La première solution que je vous propose, c'est de faire une IMG sélective de celui qui ne va pas bien si la situation n'évolue pas dans le bon sens. Et après, on espère que ça n'atteint pas le deuxième. Est-ce qu'il y a des délais ?

  • Rébecca

    Est-ce qu'il te dit qu'il faut le faire tout de suite ?

  • Laetitia

    Alors, il me dit qu'on a le temps. Il me dit que le seul délai qu'on a, c'était 24-25 semaines, je crois, parce qu'au-delà, ils n'ont pas d'outils pour, en gros, sectionner les... les vaisseaux je crois nécessaires à ça et que du coup faudrait faudrait passer par une séparation et que du coup ce n'est pas viable pour le deuxième et vu que l'idée c'était quand même d'en sauver un à la base donc du coup on le revoit quinze jours trois semaines après il confirme que du coup bah ça n'a pas évolué dans le bon sens malheureusement là du coup nous on prend la décision de faire faire une IMGG sélective et comment vous le vivez ça cette décision ? alors moi très mal ouais Parce que tu dis, enfin moi je me dis, forcément, moi je l'ai vécu différemment de mon conjoint, parce que lui ne les porte pas forcément, donc c'est différent de se dire. Là en fait, je prends la décision de faire arrêter un cœur, parce qu'il ne va pas bien. Mais après, nous, on avait bien réfléchi qu'au vu de ce que le médecin nous avait dit, que s'ils arrivaient à terme et en vie... Pour celui qui avait de la formation, c'était de la dialyse à vie, etc. Donc, c'est un choix qui est difficile, mais on s'est dit au final… Et puis en fait, on avait toujours cette... Vu qu'il y avait moins de 5% de chance de perdre le deuxième, on s'était dit, un, c'est toujours mieux que zéro. C'est moins bien que deux, mais c'est toujours ça.

  • Rébecca

    C'est un choix de confort, c'est vraiment pour la santé du petit.

  • Laetitia

    Et puis surtout qu'on s'était dit, avoir deux enfants, dont un qui a besoin de soins médicaux constants, c'est ni bon ni pour cet enfant qui souffre, ni pour nous, ni pour l'enfant qui reste, qui lui passe au second plan. techniquement ils sont jumeaux donc c'est dur. Donc on prend cette décision sans trop se poser de questions parce que c'est en accord avec nos valeurs etc donc ça il n'y a pas de souci. Et du coup le médecin me dit on va faire l'opération début septembre. Et du coup ma mère vient le week-end, c'était un lundi, ma mère vient le week-end, enfin le dimanche d'avant pour m'accompagner à l'hôpital le lendemain parce que mon conjoint ne peut pas pour plein de raisons administratives. Du coup, ils nous déposent à l'hôpital le matin même. Et du coup, je monte dans le service de... Pas de chirurgie, mais de... Je ne sais plus trop... Oui, c'est chirurgie ambulatoire ou quelque chose comme ça, je crois. Toujours à la HFME de Lyon. Et du coup, on m'installe, on me descend au bloc opératoire. Je rencontre le médecin qui me suit, qui me dit, je vais faire une échographie de contrôle. Donc, je suis juste avant d'entrer dans le bloc. Et l'anesthésiste n'a pas encore posé d'anesthésie ni rien. Et là, il fait une échographie. Et au bout de cinq minutes, il pose l'échographe. Il me dit, j'ai de mauvaises nouvelles à vous annoncer. Il me dit, les deux cœurs se sont arrêtés. Donc là, je suis là, OK. Donc, du coup, je lui explique. Il me dit, est-ce que vous êtes venu seul ? Je dis, non, je suis avec ma maman. Est-ce que mon conjoint est au travail, etc. Je lui dis par contre je pense pas qu'elle soit encore dans ma chambre parce qu'elle a dû aller boire un café ou quelque chose comme ça. Il me dit non mais vous inquiétez pas s'il faut la trouver on la trouvera y'a pas de problème. Du coup je remonte dans ma chambre etc. On me remonte dans ma chambre. Du coup ma mère remonte à ce moment là. Du coup je lui explique. Donc là forcément je me mets à pleurer etc. Enfin bref. Du coup là il faut que j'appelle mon conjoint pour lui dire. Et en fait je l'appelle. Et en fait il a vu mon nom sur son téléphone. Il a décroché tout de suite. Je lui ai dit il faut que tu viennes, il m'a dit ok j'arrive.

  • Rébecca

    Il n'y a pas à chercher à comprendre.

  • Laetitia

    En gros il a dit ok j'arrive, il travaillait pas très loin donc il était là en 20 minutes etc. Et là du coup on m'explique la suite parce que du coup je suis là, qu'est-ce qui se passe ensuite du coup ? Là on me dit on va vous donner, on me donne du coup les cachets pour arrêter les hormones de grossesse parce qu'en fait moi du coup j'avais pas eu de signe physique de fausse couche ni rien du tout en fait. Donc pour moi, ça allait bien. Donc on m'a donné, je ne dis pas le nom des médicaments, mais en gros, ça arrête la mode de grossesse. Et on me dit, ti-ti-ti, 48 heures, vous avez des contractions ou n'importe quoi, vous venez à l'hôpital tout de suite. Sinon, mercredi, donc deux jours après, vous venez à l'hôpital en salle de naissance et on vous fera un déclenchement. Donc là, OK.

  • Rébecca

    Avec la couche par voie basse, du coup.

  • Laetitia

    C'est ça. Donc, surtout que je n'ai pas été préparée à ça, parce que j'étais encore trop tôt dans la grossesse, etc.

  • Rébecca

    On était à quel terme à ce moment-là ?

  • Laetitia

    J'étais à 10 têtes semaine.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Forcément, c'est tôt. Oui. Et du coup, je rentre chez moi. Donc, forcément, je ne suis pas très, très bien. Et du coup, pendant toute la journée, le lendemain, je n'ai pas de signe de début de travail ni rien. Donc, le mercredi matin, avec mon conjoint, on va du coup retourner à l'hôpital. Et donc là, la sage-femme nous accueille. Elle nous met dans une salle de naissance, etc. Et on m'explique comment ça va se passer. Et que du coup, on va me poser une péridurale. Ensuite, on va poser du coup des dilapants dans le col. pour pouvoir ouvrir le col justement. Et en fait, nous, on pensait que, en gros, je venais le matin à 8h, puis à midi, c'était fini, quoi. Pas du tout. Parce qu'elle me dit, en fait, les dilapants, c'est des petits cotons imbibés de médicaments pour dilater le col. Et elle me dit que ça met 3h à agir. Ah, ok. Donc on me pose de l'apéritif dural. Donc là forcément je suis obligée de rester allongée, je ne peux pas manger, je ne peux pas boire si jamais il y a un problème et qu'il faut me faire une césarienne ou m'anesthésier. Donc c'est un peu compliqué. En plus nous du coup on n'a pas trop prévu parce qu'on ne savait pas trop comment ça allait se passer. Du coup on n'avait rien prévu pour passer le temps entre guillemets. Et donc, on me pose la péridurale, on constate qu'elle fonctionne bien, etc. Et puis, on me pose les dilapants avec le médecin, etc. Et puis après, on attend les trois heures que ça fasse effet. Donc, quand on voit que le col est bien ouvert, on les enlève. Et puis, là, c'est déjà la fin de l'après-midi à peu près. Et puis, à un moment, même si j'ai la péridurale et que je ne sens rien, je sens un peu que dans mon corps, ça bouge. Ce qui est assez étrange puisque ce n'est pas censé bouger vu que... techniquement ils sont décédés. Et là du coup, on appelle la sage-femme et en fait, elle me dit, là du coup, donc elle avait déjà percé la première poche des os. Et là du coup, donc c'est à peu près 18h30, donc j'accouche du premier. Et là après, du coup, en fait, la suite, elle rouvre la deuxième poche et du coup, le deuxième sort quasiment tout de suite après. Et en fait, là je fais une baisse de tension. Je me mets à transpirer, à avoir des frissons, à... pas être bien donc je fais une grande chute de tension, je perds beaucoup de sang aussi. Donc là forcément tout le monde s'affole autour de moi avec des perfusions et autres pour que tout aille bien. Et puis en fait à minuit passé j'ai pu monter dans ma chambre et manger parce que toute la journée sans manger avec l'émotion, le stress c'était très dur. Et du coup on est resté trois jours à l'hôpital avec mon conjoint parce qu'il a pu dormir avec moi.

  • Rébecca

    Ah quand même !

  • Laetitia

    Oui, on est arrivés le mercredi matin, on est repartis le vendredi dans l'après-midi, et encore on est repartis parce qu'on a émis le souhait de repartir. Sinon, je pense qu'on pouvait rester, parce qu'on était bien. Et d'ailleurs, pendant trois jours, au-delà de l'expérience traumatisante qu'on a vécue, tout le personnel soignant qu'on a rencontré a été incroyable. Un moment, mon conjoint a dû s'absenter parce qu'il n'était pas très bien. Et du coup, c'est la sage-femme et l'anesthésiste qui m'ont tenu la main, qui ont été présents. Ils ont tous été adorables. Du coup, vraiment, ça a été incroyable alors qu'on connaît les difficultés de l'hôpital public. Donc ça, déjà, que ça soit bien passé dans un environnement qui était vraiment bien, déjà, ça aide à se dire que ça soulage un peu la douleur sans l'enlever. Du coup, nous, on a fait le choix qui est très à contre-courant, je pense, de ne pas les voir et de ne pas les reconnaître.

  • Rébecca

    D'accord.

  • Laetitia

    On sait qu'il y a des photos et les empreintes qui ont été prises, qui sont dans le dossier médical, qui sont du coup à notre disposition si un jour on veut les voir. Mais là, pour le moment, on n'a pas… Moi, en tout cas, mon conjoint, je ne pense pas non plus, mais moi, en tout cas, pour le moment, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision-là. Parce que je sais que beaucoup de femmes préfèrent voir le bébé parce que ça aide un peu dans son deuil, etc. Moi, du coup, pour le moment, en tout cas, au bout de plusieurs mois déjà, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision. Donc, on a vu médecin, etc. Donc, forcément, on repart avec arrêt de travail parce que du coup, je n'avais pas le droit à congé maternité parce que c'était trop tôt. arrêt de travail, médicaments évidemment, acides foliques, fer parce que les pertes sanguines, etc. On a pu voir aussi une psychiatre avant de partir, qui nous a expliqué un petit peu les bonnes pratiques, c'est-à-dire, ne vous excusez pas pour les autres personnes qui vont… Elle me dit souvent quand on est confronté au deuil, les gens… Les gens se mettent à notre place alors qu'il ne faudrait pas. Du coup, vous n'avez pas à consoler les autres, qu'ils soient tristes pour vous. Ils ont le droit d'être tristes, mais ce n'est pas vous de les consoler. Vous devez vous consoler vous-même et eux vous consoler. Donc déjà ça, forcément, ce n'est pas évident. Du coup, nous, on a aussi pris la décision de faire faire des autopsies pour connaître les causes, même si on se doute. plus ou moins des causes. Là, on a appris dernièrement que, du coup, en fait, finalement, les deux bébés avaient des malformations.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Et que, très, très probablement, si la première IMG avait fonctionné, on serait probablement repassé par une deuxième ou par une autre mort in utero.

  • Rébecca

    C'est viable dans tous les cas.

  • Laetitia

    Oui. En fait, les malformations qui étaient déjà... bien présente sur celui qui avait la malformation, commençait à se voir sur le deuxième. Donc au final, c'est la nature qui a plus ou moins bien fait les choses. On nous a aussi confirmé que ce n'était pas un problème génétique. Déjà, ça aussi, c'est bien parce que du coup, depuis le mois de décembre, on réessaye. Et donc, du coup, j'ai demandé au médecin, je lui ai dit, mais est-ce que du coup, on peut continuer à essayer ou est-ce qu'il faut qu'on s'arrête parce qu'il y a des problèmes et que ça pourrait recoser des problèmes ? Il m'a dit, il n'y a rien dans les résultats d'autopsie, dans les analyses qu'on a faites, qui montre que ça peut arriver à nouveau de manière... très probable sur une grossesse suivante. Il me dit, dans tous les cas, votre prochaine grossesse sera très suivie, forcément. Mais là, il n'y a rien qui vous empêche d'essayer, en tout cas. Et rien qui dit que votre prochaine grossesse se passera mal. Mais ça, après, ils ne peuvent pas le prévoir. Mais il me dit, en tout cas, il n'y a pas de d'explication médicale. C'est juste la nature qui... Ça s'était mal fait. Et du coup, elle-même a arrêté les choses parce que, dans tous les cas, ce n'était pas viable. Alors ça console un peu sans non plus consoler forcément. Et puis moi surtout, pour moi ce qui est important surtout dans tout ça, c'est que souvent on se dit oui, je ne vais pas très bien aller voir un psy, ça ne sert pas à grand chose et tout. J'avais très peur au début d'aller voir la psychologue. et en sachant que moi j'ai eu la chance de trouver une psychologue qui est juste à côté de chez moi et qui est spécialisée en périnatalité et en parcours PMA etc en psychothérapie post IVG etc genre de choses donc du coup j'avais un peu d'appréhension mais je me suis dit elle au moins elle va elle a un peu plus les clés pour m'aider parce qu'elle va comprendre et tout donc on a fait la première séance en couple et après en fait mon conjoint lui a estimé qu'il avait pas spécialement besoin d'aide psychologique parce qu'il n'a pas vécu la même chose. Au-delà de toute l'expérience de grossesse qui a été difficile pendant ces quelques mois, c'est surtout l'accouchement. Du coup, c'est un accouchement pour moi censé en être un plutôt parce que techniquement, un accouchement, tu es censé accoucher et repartir avec un bébé, ce qui n'est pas mon cas. Je la vois une fois par semaine depuis octobre. C'est vraiment la béquille parfaite. Ça permet de vraiment extérioriser tout ce qui se passe, tout ce que je peux accumuler. Donc, c'est vrai que ça fait beaucoup de bien. Et puis, en plus, petit à petit, le regard que j'ai sur l'expérience, il a beaucoup changé. Au début, je martelais énormément que pour moi, je n'avais pas vraiment été mère dans le sens où j'ai… J'ai accouché forcément médicalement, c'est un accouchement, mais pour moi, ce n'est pas vraiment un accouchement parce que ça a été un peu vraiment programmé. En plus, je suis repartie sans bébé, donc c'est compliqué. Et là, du coup, avec le temps, au fil de l'évolution aussi de la thérapie, j'en suis arrivée vraiment au point de me dire que… Plutôt que de dire que j'ai fait une fausse couche, ce qui n'est pas vraiment une fausse couche en soi, même si c'en est une, c'est que j'arrive vraiment à dire j'ai perdu mes bébés Ce que je n'arrivais pas forcément à dire, dans le sens où je disais plutôt ma grossesse s'est arrêtée alors que de pouvoir verbaliser le fait de dire j'ai perdu mes bébés ça m'a beaucoup fait avancer ces derniers temps. ça leur donne une place même si on les a pas reconnus on les a pas nommés on les a pas vus, ça leur donne quand même une place qu'ils n'avaient pas forcément au début et du coup ça aide aussi dans la guérison, je suis désolée j'ai les larmes au bord des yeux quand je parle mais du coup c'est vrai que ça je pense que sans la thérapie j'aurais pas fait tout ce chemin et du coup ça serait encore très douloureux, ça l'est encore justement, mais... que ça commence vraiment à s'atténuer. Donc après, mais oui, de pouvoir dire, plutôt que de dire ma grossesse est arrêtée, je suis capable de dire j'ai perdu mes bébés.

  • Rébecca

    Oui, des enfants quand même.

  • Laetitia

    Oui, voilà. Même si sur l'état civil, ils n'apparaissent pas parce qu'on ne les a pas reconnus, etc. Ils ont quand même été là. Ils ne le sont plus. Je les ai quand même portés, même si ça n'a pas duré longtemps. j'ai quand même accouché et du coup c'est vrai que du coup c'est des cheminements qui qui peuvent pas se faire seul je pense c'est pour ça que c'est important de se faire aider Je sais que ce n'est pas toujours facile. Moi, j'ai la chance d'habiter dans une grande ville, donc l'offre de soins est quand même très conséquente. Donc, c'est plus facile, on va dire. Mais c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider, peu importe la personne, mais d'avoir quelqu'un d'un peu extérieur qui aide à mettre des mots sur ce qu'on fait. Et moi, je me suis rendue compte aussi avec la psy que je faisais des choses. dans mon quotidien que je ne faisais pas forcément avant ou que je faisais de manière totalement, pour moi, normale, mais qu'en fait, du coup, je me soignais un petit peu aussi. Ok,

  • Rébecca

    du genre ?

  • Laetitia

    Par exemple, il n'y a pas très longtemps, en gros, nous, à la base, on avait prévu de laisser le lit pour bébé dans notre chambre et du coup, on avait fait de la place dans notre chambre pour ce coin bébé, entre guillemets. Et du coup, depuis que j'ai accouché, cet emplacement était toujours vide. Et du coup, il y a deux ou trois semaines, j'ai décidé de déplacer une bibliothèque de livres. Et j'ai mis cette bibliothèque à la place de là où on avait dit que c'était notre coin bébé. Et du coup, la psy m'a dit, en fait, vous comblez un peu le manque que vous avez par autre chose. Et du coup, même si vous ne l'avez pas fait de manière consciente, pour le faire pour ça, votre esprit quand même l'a fait à votre place. Il s'est dit, en fait, ce meuble ira mieux là, parce que là, du coup, ça bouche un trou qui existe aussi en vous au final. Et c'est vrai que du coup, moi qui suis très terre à terre, très concrète, quand on me dit, en fait, je fais des choses de manière… Ce genre de choses, je me dis, ah ouais, en fait, vraiment, ça a changé toute ma vision du monde, de mon rapport aussi à moi. Et déjà, une grossesse… de manière normale, je pense que ça nous change beaucoup, mais là, c'est vrai que du coup, elle m'a dit oui, en fait, vous remplacez des choses qui ne sont plus là par d'autres choses, et du coup, ça permet aussi d'avancer dans votre deuil et un peu de donner une place à ces bébés qui, au final, n'en avaient pas vraiment, mais ils ont quand même une place qui est présente dans votre esprit, dans votre tête, et donc, c'est important aussi de... de leur donner une place et c'est ça moi qui me fait avancer dans mon deuil du coup.

  • Rébecca

    Oui, ok. Mais c'est vrai que c'est loin là que tu as la parole entre guillemets. Oui, c'est ça. Tu commences à avancer dans tous les sens du terme.

  • Laetitia

    Voilà. Mais c'est vrai que par exemple, la semaine où j'aurais dû accoucher, ça a été très dur. C'était donc au mois de février. Alors forcément, on essaye de ne pas y penser, mais on est obligé un petit peu d'y penser aussi, de se dire en fait, cette semaine-là, j'aurais dû accoucher Et du coup, on ressent un vide, on se dit ah mais en fait, là du coup, j'aurais dû accoucher, on aurait dû être dans les derniers préparatifs Et au final, ça reste un peu… c'est surtout ça, moi, qui me pèse actuellement, c'est que… Il y a toujours une ombre un petit peu, comme s'il y avait un petit nuage au-dessus de ma tête tout le temps qui me rappelait. Eh, en fait, n'oublie pas qu'il t'est arrivé ça ! Alors que forcément, je ne vais pas l'oublier. Mais c'est vrai que du coup, il y a plein de petits signes qu'on voit, qu'on se dit Ah, mais en fait, là, du coup… Et c'est pour ça aussi que c'est important d'avoir un entourage qui comprend un petit peu ça, parce que là, ça va mieux maintenant, mais il y a quelques mois encore. Ou ne serait-ce qu'à Noël aussi, les réunions de famille, c'est horrible. Tu te dis, en fait, ça aurait dû être mon premier Noël enceinte. Mais au final, non. Et en fait, il y a plein de situations qui te rappellent le manque, qui te disent, ah, mais en fait, là, t'aurais dû avoir tes bébés, là, ceci, là, cela. Et du coup, c'est horrible. Et pendant très longtemps, on a beaucoup de neveux et nièces qui sont en l'état de bébé encore. Et du coup, ça a été très dur pour moi d'être avec eux parce que... Je me dis, en fait, normalement, dans quelques mois, j'aurais dû être avec mes enfants à moi. Et du coup, je ne le suis pas. Et du coup, il y a cette espèce de... Il y a cette espèce un peu... Pas de jalousie, mais tu te dis... Ah, mais en fait, pourquoi pas moi, quoi ? Quoi, moi, je n'y ai pas le droit ?

  • Rébecca

    Oui, l'injustice, quoi.

  • Laetitia

    Oui, alors que techniquement, ces enfants, ils n'y peuvent rien. Leurs parents n'y peuvent rien. Ce n'est pas de leur faute. Mais c'est vrai que du coup, quand... toi tu viens de perdre tes enfants et que du coup tu as des gens qui sans faire exprès forcément te... viennent te mettre leur bébé sous les yeux, bah tu dis bah...

  • Rébecca

    Oui, mais moi, je n'ai pas les miens, donc évite de me montrer les tiens. Oui,

  • Laetitia

    forcément. Et justement, comment tu as vécu et comment tes proches t'ont accompagnée dans ce deuil ?

  • Rébecca

    Alors, mon conjoint était très présent, surtout qu'on est restés quasiment deux mois, pas enfermés, mais pas loin, tous les deux à la maison, parce que lui aussi était en arrêt.

  • Laetitia

    Vous aviez besoin de vous retrouver tous les deux ?

  • Rébecca

    Oui, on est restés vraiment tous les deux. On a vu un petit peu nos familles, mais très très peu. Et surtout, c'est ça aussi qui me faisait peur. C'était que notre couple un peu se délite sur ça. Et au final, notre couple est encore plus fort. Donc déjà, c'est une victoire parce qu'on peut se dire... Il y a beaucoup de couples pour qui c'est difficile, etc. Parce qu'on ne vit pas tous les deux de la même manière. Lui a été très compréhensif sur ma souffrance, sur le fait de me faire aider psychologiquement, sur le fait que j'ai dû avoir un court traitement d'antidépresseurs, donc celui de psychosie. Et lui aussi, il a été très compréhensif sur le fait que j'avais pas forcément envie de voir des gens, de faire des grandes réunions de famille, de voir des bébés, etc. Donc ça, sur ça, c'est vrai que j'ai eu cette chance. Même si en plus, lui comprenait vraiment que forcément, on n'a pas vécu la même chose physiquement, parce que c'est moi qui ai accouché. Mais c'est vrai que nos proches, ma belle-mère a été très présente aussi. Elle, elle ne nous a pas trop sollicité parce qu'elle comprenait que forcément, on n'a pas très envie d'être en réunion de famille ou ce genre de choses parce qu'on souffre forcément. Surtout moi, je me suis un peu forcée quand même pour faire quelques efforts pour certains éléments marquants parce que c'est important quand même. Mais après, oui, c'est vrai, comme je disais tout à l'heure, il y a quelques personnes de notre famille qui ont fait des maladresses. Donc forcément, moi, je l'ai un peu mal vécu. Mon conjoint aussi, parce que ça vient de sa famille, il se dit, en fait, si même ma famille ne comprenne pas que ça peut être douloureux, c'est embêtant. Et qu'il faut un peu sévir pour que les gens comprennent. Lui, il était là, bon, quand même, faites un effort. Parce que lui, il dit, moi, ça m'embête aussi de devoir abrouer mes soeurs ou ma famille parce qu'elles font des boulettes. Elles devraient ne pas les faire, en fait. C'est évident. Je dis, oui, mais c'est... C'est toujours la même chose, ça n'arrive qu'aux autres. Et du coup, tant que ça ne t'arrive pas, tu ne comprends pas. Malheureusement. Mais c'est vrai que, oui, du coup, par moments, c'est un peu compliqué. Mais c'est vrai qu'au final, ma famille et moi, mon petit frère vit aux Etats-Unis, donc c'est compliqué de se voir régulièrement. Mais on arrive à s'appeler. et à se parler régulièrement pour prendre des nouvelles. Après, il n'est pas très intrusif, donc il m'a juste demandé comment ça allait. Après, il ne va pas. Il prend juste des nouvelles et ça suffit un peu. C'est la base de notre relation. Juste on prend des nouvelles et ça va. Mais c'est vrai qu'au final, souvent les gens de notre famille nous disent Ah, mais vous êtes quand même fort parce que vous êtes quand même présent. Je dis, ben... Oui, de toute façon, il faut bien qu'on avance aussi. On ne peut pas non plus se laisser mourir. Mais c'est vrai que c'est compliqué. J'ai encore besoin d'un suivi psy. Je n'ai toujours pas repris le travail et ce n'est pas près d'arriver, je pense, encore. Parce que c'est… Surtout que moi, je travaille dans la vente, donc c'est compliqué de voir sourire à des gens qui vont me dire Pourquoi vous revenez maintenant ? là-bas, je devais revenir l'année prochaine et là, je ne reviens pas en avance parce que du coup, j'ai perdu mes bébés. Il faut expliquer aux gens. Et en fait, je n'ai pas la force déjà de l'expliquer à ma famille ou à des amis. Ce n'est pas forcément évident. Mais alors, l'expliquer à des gens que je ne connais pas spécialement, qui sont juste des clients, c'est compliqué.

  • Laetitia

    Et puis,

  • Rébecca

    c'est du stress aussi. Et puis, forcément, ce n'est pas évident. Mais après, je ne sais pas. Moi, et mon médecin est d'accord avec ça, la priorité, ce n'est pas le travail, c'est d'aller bien, d'essayer d'aller bien, tenter que ce soit possible. Et puis de prendre le temps. Si ça doit prendre un an, ça prendra un an et tant pis. Pour les questions matérielles, on verra à ce moment-là. Mais c'est vrai que du coup, j'ai pas mal d'amis qui me disent Ah, mais c'est quand que tu reprends le travail et tout ? Ben en fait, j'aimerais bien que tu me demandes plutôt comment je vais, plutôt que tu me demandes quand je vais reprendre le travail, parce que c'est pas ma priorité. Et après, je comprends que les gens soient maladroits parce qu'ils savent pas quoi dire tant qu'on l'a pas vécu. Et je l'ai bien constaté en discutant avec d'autres parents, en devis, etc. Et en fait, tant qu'on l'a pas vécu, les gens... comprennent pas. Et du coup, finalement, j'ai vraiment eu beaucoup de plus de compréhension et de compassion avec des gens qui avaient vécu plus ou moins la même chose que moi, qu'avec des gens de mon entourage. Parce que, en fait, les gens qui ont déjà vécu ça comprennent que le processus de guérison est long, que c'est douloureux, que forcément... Moi, ma priorité, ce n'est pas de reprendre mon travail. Ma priorité, c'est de pouvoir aller bien dans ma tête, parce que physiquement, je vais bien, plus ou moins. Mais c'est que dans ma tête, ça aille bien que je ne fasse pas de cauchemars, parce que j'en ai fait quelques-uns qui étaient horribles, de ne pas pleurer quand je passe devant un magasin de bébés. Juste déjà, de ne pas pleurer en le racontant, ça serait déjà bien. Même si moi après j'ai toujours les larmes aux yeux, même si c'est moins larmoyant qu'au début, mais ça fait toujours mal quoi. Mais du coup c'est vrai que cette compréhension et cette compassion je l'ai trouvé que vers des gens qui ont déjà vécu ça parce qu'en fait ils comprennent qu'ils ont eu à faire la même chose aux personnes qui demandent, qui vont se poser les questions matérielles. Bah pourquoi tu ne rends pas le travail parce que bah du coup si tu ne rends pas le travail, tu n'as pas d'argent et tout. Oui mais c'est... pas la question en fait c'est la priorité c'est ma santé c'est d'aller bien guérir etc donc forcément c'est pas c'est vrai que moi il ya pas mal de gens qui a mais tu as pas repris encore mais c'est pas prévu tout de suite j'ai arrêté de me parler de ça parce que vraiment ça me donne pas envie de reprendre en plus donc moi tranquille en fait c'est ça et puis ben en fait je suis là je suis à une séance de psy par semaine tant que j'ai besoin d'une séance de psy par semaine c'est que il ya besoin parce que par exemple la Noël elle était en vacances et du coup du fait des créneaux tout ça, le temps d'avoir des créneaux je suis restée sans psy pendant un mois donc il a fallu encaisser les fêtes de Noël en famille en plus s'ajoutant j'ai eu un retard de règles qui m'a fait espérer donc ça n'a pas aidé et puis un mois sans pouvoir extérioriser tout ce qui se passe alors quand t'es habituée à un rythme d'une fois par semaine...

  • Laetitia

    Ça fait lourd sur ma tête.

  • Rébecca

    Et c'est vrai que la séance de reprise au mois de janvier, ça a été lourd. Mais ça a fait du bien parce que du coup, j'avais des poids évacués. Elle m'a dit, mais en fait, c'est normal. Pendant plusieurs semaines, vous n'avez pas de suivi psy, plus les fêtes de Noël, etc. Elle me dit, c'est normal, vous ne pouvez pas encaisser tout ça toute seule. C'est logique. Mais c'est vrai que moi, vraiment, j'encourage les gens à aller voir des psychologues. Plus que des psychiatres, parce que les psychiatres, souvent, ne donnent que des médicaments et n'écoutent pas trop, alors qu'un psychologue écoute beaucoup. Moi, j'ai la chance d'avoir eu un bon feeling avec elle dès le départ et que ça se passe très bien. Mais c'est vrai que oui, moi, ça m'aide énormément. Elle met beaucoup de mots sur ce que je ressens, ce que je vis. Donc, ça aide aussi. Et puis, vraiment, c'est vrai que sans ça, c'est un peu... Sans ça, ça serait un peu plus compliqué parce que du coup, je devrais tout emmagasiner sur moi. Et du coup, forcément, il faut que ça sorte à un moment donné. Si ça ne sort pas avec la psy, ça va sortir autrement. Et ce n'est pas bon quand ça ne sort pas avec la bonne personne. Et puis surtout, il y a aussi... Moi, actuellement, ce qui me pèse beaucoup, c'est une prochaine grossesse. Me dire... Il faut que ça se passe bien, mais du coup, vu que je vais être bien suivie, est-ce que ça veut dire que ça se passe mal ? Et du coup, ça sera angoissant aussi.

  • Laetitia

    Forcément, oui.

  • Rébecca

    Et puis aussi, cette idée de ne pas refaire un bébé pour oublier les précédents, c'est de faire un bébé parce que c'est le projet initial de faire un bébé. Et c'est vrai que du coup, je peux me dire, les gens vont se dire, en six mois, elle s'est rétablie vite, elle veut déjà refaire un bébé. En fait… C'est de violer un bébé en fait. Voilà, ça fait un an qu'on est sur ce projet et c'est notre idée première en fait, donc forcément. Et dans tous les cas, on n'oubliera pas les bébés qu'on a perdus. et qu'on parlera sûrement de ces bébés-là au prochain, en espérant qu'ils soient là rapidement. Mais c'est vrai que oui, il y a un peu... Après, c'est peut-être moi qui suis comme ça, mais c'est vrai que le regard des autres, c'est important, même si ça ne le devrait pas. Les gens qui se disent... Parce qu'on va se dire, en fait, j'ai perdu mes bébés, du coup, les gens vont me juger, etc. Alors, moi, j'y suis pour rien. Il faut se déculpabiliser aussi. C'est très dur de... Parce que moi, en termes de culpabilité, je savais que ce n'était pas de ma faute, dans le sens où je n'avais rien fait qui avait entraîné ces malformations, juste elles étaient là. Mais c'est dur de se dire, ah, mais en fait, ce n'est pas de ma faute, alors que, en fait, si un peu, parce que je les ai portées, mais ça s'est bien passé. C'est très dur de déculpabiliser, de ne pas se sentir mal. Encore une fois, moi, sans la thérapie, je me sentirais énormément coupable. Peut-être même que j'aurais déjà un peu oublié ce que j'ai vécu parce que je l'aurais enfermé dans une boîte dans ma tête et je serais passée à autre chose. Donc là, le processus est beaucoup plus long, mais au moins, il est plus agréable Oui,

  • Laetitia

    je vois. Et si tu avais un conseil à donner, si des proches de personnes qui ont perdu leur bébé comme toi écoutaient cet épisode, quels conseils tu leur donnerais pour parler ? aux mamans et aux papas, et ne pas commettre les erreurs que tu as ressenties toi.

  • Rébecca

    Déjà, n'envoyez pas de photos de vos bébés aux personnes qui ont perdu des bébés, ne faites pas ça. Même si ça parle d'une bonne attention, ne faites pas ça. En fait, dites-vous que si vous vous posez la question, c'est que ce n'est pas une bonne idée. Et puis, essayez de ne pas négliger la douleur des papas ou des coparents. Parce que forcément, la femme qu'il porte, la douleur est plus présente parce qu'on les porte forcément. Mais l'autre parent est là aussi et c'est dur pour lui. Surtout que je pense que très souvent, les hommes ont du mal à parler de ce qu'ils souffrent. Mais il ne faut pas négliger leur souffrance. Et surtout, de ne pas non plus... Femme. Le fait d'aller voir des psys ou de prendre des antidépresseurs ou quoi que ce soit, ça ne veut pas dire que la personne est en dépression ou est vraiment très mal ou quoi que ce soit. C'est des béquilles psychologiques ou médicamenteuses qui aident la personne à ne pas sombrer. Et il faut aussi accepter que la personne peut sombrer à n'importe quel moment. Moi, ça m'est arrivé de sortir d'une pièce et d'aller dans une chambre pour pleurer 10 minutes. Après, moi, j'ai besoin aussi d'un peu de solitude, parce que c'est plus facile de pleurer toute seule qu'avec des gens autour, forcément. En fait, après, ça dépend aussi, je pense, des gens, mais je pense que le truc le plus important, c'est de laisser un peu d'espace aux gens, de comprendre que les gens se referment un peu sur eux-mêmes, parce que forcément, c'est une expérience qu'en général, on vit en couple, donc forcément, c'est... Sans le couple, il n'y a pas le bébé en théorie. Donc forcément, il faut laisser les gens aussi un peu se refermer sur eux-mêmes. Et puis, en fait, je pense que oui, il faut les aider. Il ne faut pas les forcer à sortir. Je pense que plein de gens ont essayé de nous dire, mais vous devriez sortir, faire ci. Mais en fait, on n'a juste pas envie. On veut juste être tous les deux tranquilles.

  • Laetitia

    Il faut respecter, en fait, quelle que soit la manière de gérer les personnes.

  • Rébecca

    Oui voilà, il faut accepter que les... et puis aussi il ne faut pas prendre... Par exemple, il y a eu l'anniversaire de mon beau-père juste après l'accouchement et du coup on a quand même fait l'effort de venir, on n'était pas obligé mais on l'a fait. Et du coup beaucoup de gens m'ont dit ah mais on ne pensait pas que vous seriez là Bah on est là, bon on n'est pas au top de notre forme, clairement pas, mais on est là quand même. Mais qu'il ne faut pas prendre aussi le fait que les parents deuillés soient présents ou parlent déjà d'un projet de grossesse suivant ou quoi que ce soit, qu'ils ont oublié ou qu'ils vont bien. Je pense que quand on vit ce genre de choses, on passe expert dans l'art de cacher ce qui ne va pas. Et que ce n'est pas parce qu'on arrive à s'amuser, à faire des choses, à rire, que forcément à l'intérieur ça va. Et puis oui, surtout, il faut essayer d'éviter les maladresses liées. lié au bébé, lié à ce genre de choses quoi. Récemment, nous on a eu le cas d'une amie qui nous demandait pourquoi on n'avait pas d'enfant et en fait moi je lui ai dit bah c'est un sujet sensible, je préfère pas en parler. Et en fait elle a cru que c'était parce que l'un de nous deux n'en voulait pas. Et du coup elle a tout de suite embrayé sur le fait que c'est lequel de vous deux qui en veut pas et en fait je lui ai dit ça n'a rien à voir avec le fait de ne pas en vouloir, c'est juste qu'il y a six mois j'ai fait une fausse couche. Voilà, c'est pas qu'on n'en veut pas, c'est juste que ça marche pas. Et c'est vrai que c'est la même chose avec les gens qui sont en parcours de PMA ou en infertilité, c'est pareil, il faut pas poser la question en fait. En fait, il faut trouver l'équilibre entre poser des questions, savoir comment les gens vont et leur laisser aussi la bulle dans laquelle ils respirent, ils vivent. Il faut trouver l'entre-deux et ça dépend, je pense, des relations qu'on a avec chacun aussi.

  • Laetitia

    Oui, forcément.

  • Rébecca

    Mais il faut accepter aussi que moi je sais que mon conjoint est très famille, alors que moi c'est pas trop mon cas. Et lui du coup, sa famille n'a pas forcément compris pourquoi il s'est un peu isolé. En fait, lui sa priorité c'était que moi j'aille bien. Mieux en tout cas, bien, je ne sais pas si c'est possible, mais mieux en tout cas. Et du coup, forcément, il m'a donné la priorité à moi, à notre couple, à le fait qu'on soit tous les deux, qu'on soit ensemble, plutôt que de se dire... je ne vais pas aller lui imposer une réunion de famille qui va s'éterniser, où il y aura des bébés partout, machin, où des gens vont peut-être faire des boulettes, ce n'est pas l'idée. Et du coup, c'est vrai que les gens ne peuvent pas comprendre, en fait, des fois vous venez, des fois vous ne venez pas, mais ça dépend de notre humeur, je ne peux pas contrôler. Par exemple, la semaine qui était prévue de mon terme, je me suis un peu enfermée sur moi-même en me disant, en fait, je veux... J'ai envie d'y penser, mais sans trop y penser, mais du coup, je ne veux pas essayer d'avoir trop de stimulation, parce qu'en fait, on va me demander comment ça va, et je vais te dire, en fait, non, ça ne va pas, parce que j'aurais dû accoucher cette semaine, du coup, je ne vais pas bien.

  • Laetitia

    Il faut réexpliquer, du coup.

  • Rébecca

    Voilà, et puis surtout, vous avez le droit d'être triste pour les gens, vos proches qui vivent ça, mais votre tristesse n'est pas la même que la leur. Et surtout, ils n'ont pas à vous consoler. C'est à vous de consoler les gens et pas le contraire. C'est vrai que beaucoup de gens te disent Ah, mais moi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Oui, moi aussi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Tu ne m'aimes pas là. Mais c'est vrai que oui. Et puis surtout, si vous avez des enfants qui sont en âge assez grand quand même, vous pouvez leur expliquer pour éviter les boulettes. Parce que ça peut arriver aussi. Et pas forcément expliquer tout dans les détails, parce que les détails médicaux, pour un enfant, c'est trop compliqué. Mais expliquer que du coup, votre sœur, votre cousine, n'importe qui, elle avait un bébé qu'elle a perdu. Du coup, il ne faut pas lui tendre un bébé, il faut essayer. Et du coup, il faut l'expliquer aux enfants aussi, c'est important. Mais c'est vrai qu'on ne se rend pas compte de tout ça tant qu'on ne l'a pas vécu. Et aussi, il faut accepter les choix que les parents peuvent faire. Nous, on a fait le choix de ne pas les reconnaître, de ne pas les voir, de ne pas les enterrer. Du coup, il y a eu des autopsies, plus ils ont été incinérés. Et en fait, de respecter le choix quel qu'il soit. En fait, surtout, c'est ça, il faut essayer d'être... Je comprends que les gens veulent entourer d'amour et d'affection les personnes qui ont vécu ça. Et c'est humain, c'est normal. Mais c'est vrai qu'il faut accepter que des fois, quand on vit ce genre d'épreuve, on veut se renfermer un peu sur soi-même. C'est normal aussi. Et puis, voilà. Après, ça dépend tellement des relations qu'on a avec les autres. Mais c'est vrai que moi, j'avais vraiment besoin qu'on me laisse tranquille. qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me pose pas trop de questions et qu'on ne juge pas le fait que je n'ai pas repris le travail, que je vois une piscine une fois par semaine, que là, du coup, j'ai dû avoir besoin de médicaments quelque temps parce que c'était nécessaire. Voilà, et puis, il faut laisser faire les choses. Et surtout, moi aussi, ce que j'appréhende un peu, c'est que si on a une prochaine grossesse, déjà, on va attendre avant de le dire. parce qu'on ne sait pas trop ce qui peut arriver forcément. C'est un peu que les gens me disent Ah bah du coup, vous vous êtes remis vite, etc. Ou alors que les gens s'emballent en disant Non mais celle-là, elle va bien se passer. En fait, tant que je ne suis pas rentrée chez moi avec un bébé en bonne santé, ça ne peut pas bien se passer. Oui, ça peut bien se passer, mais je sais maintenant que ça peut mal se passer. Du coup, tant que je ne suis pas chez moi avec mon bébé, ce n'est pas accompli. Même si les médecins me disent que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, pas de malformation, tout va bien et tout, OK, mais tant que je ne suis pas rentrée... de l'hôpital avec mon bébé, rien n'est fait. Je sais que c'est dur à assimiler, mais c'est vrai qu'il faut comprendre ça. Il faut essayer d'accepter ce que les gens prennent comme décision et les laisser faire. Nous, on a essayé rapidement de s'y remettre. c'était notre envie et que je suis entre guillemets, vu mon âge de 35 ans, je suis un peu limitée par le temps aussi, entre guillemets. Et que l'idée, ce n'était pas de faire un bébé pour remplacer ce qu'on a perdu. Loin de là, l'idée, c'est de faire un bébé parce qu'on en a envie tous les deux et que c'est le projet initial. On a eu un empêchement, tant pis, on va faire ce qu'il faut pour que ça arrive. Et après, on fera confiance à la médecine, à la nature pour que tout se passe bien.

  • Laetitia

    En tout cas, merci beaucoup à toi de nous avoir partagé tout ça, toute ton expérience et toutes les émotions et les ressentis qui y sont liés. Je pense que ta parole est très précieuse et je te remercie d'avoir bien voulu te dévoiler.

  • Rébecca

    Mais de rien, j'ai un peu pleuré, je suis désolée, du coup ça s'entend dans ma voix qui tremble un peu.

  • Laetitia

    C'est normal, on n'est que assis, moi, c'est rien. Même si pour toi, tu as l'air de vouloir t'excuser. On est toujours là six mois plus tard, mais c'est rien six mois, franchement. Oui,

  • Rébecca

    oui, oui.

  • Laetitia

    Encore un peu trop frais. En tout cas, je te remercie beaucoup.

  • Rébecca

    Merci à toi, en tout cas, c'est gentil de m'avoir laissé parler de tout ça.

  • Laetitia

    Je pense que libérer la parole autour de ce sujet très sensible est super important.

  • Rébecca

    Oui, et puis moi, surtout, une chose aussi importante, c'est vraiment à l'hôpital Femmes Mères Enfants à Lyon. On a eu... du début à la fin, que ce soit pendant les examens, pendant la grossesse et pendant le déclenchement, pendant trois jours, on a rencontré pendant trois jours à l'hôpital une vingtaine de soignants différents et 20 personnes adorables. Vraiment, vu la situation, ça ne pouvait pas mieux se passer. Et vraiment, ils ont été incroyables tous, du début à la fin. Ils ont été très présents, ils nous ont écoutés, ils ne nous ont pas jugés. vraiment à tous incroyable que ce soit les sages femmes les médecins les anesthésistes les infirmières les aides-soignantes tout le monde a été incroyable et ça mine de rien ça joue beaucoup aussi sur le fait que ça rend l'expérience moins traumatisante aussi de ne pas subir de violences médicales ou d'être jugé quoi que ce soit ça aide beaucoup aussi oui

  • Laetitia

    c'est bien de le souligner quand ça va bien aussi

  • Rébecca

    Eva encore merci à toi merci beaucoup à toi en tout cas c'est gentil

  • Laetitia

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si jamais il t'a plu et que tu souhaites aider le podcast, n'hésite pas à laisser une petite note sur l'application d'écoute sur laquelle tu es actuellement, ou un petit commentaire. Ça me ferait très plaisir, et ça peut être d'une grande aide pour aider le projet à avancer en attendant. Je te retrouve mercredi prochain pour une nouvelle histoire d'accouchement.

Description

Je vous retrouve aujourd'hui avec le témoignage de Laëtitia qui nous raconte son parcours de maternité avec une grossesse qui est rapidement très suivie et médicalisée suite à une grossesse gémellaire monochoriale / bi-amniotique.


Malheureusement cette grossesse ne prend pas un tournant réjouissant puisque suite au diagnostic d'une malformation sur l'un des jumeaux, une décision d'IMG doit être prise pour sauver la vie du second. Mais par manque de chance, le jour de cette opération, les deux coeurs se sont arrêtés.


Laëtitia revient avec nous sur ses choix (ne pas reconnaître les foetus), ses ressentis, ses émotions mais aussi sur les réactions des proches qu'il faut savoir appréhender, surtout en période de fêtes de fin d'année. Un témoignage riche en émotions et je vous invite à partager toutes vos bonnes ondes à cette maman et ce papa.


Envie d'en discuter ? Rendez-vous sur Instagram : @balance_ton_accouchement et @hello_maman_off.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Rébecca

    Hello maman, je suis Rebecca et je te souhaite bienvenue sur Balance ton accouchement. Maman d'un petit garçon et complètement bouleversée par la maternité, je te propose de retrouver ici chaque semaine un ou plusieurs nouveaux récits d'accouchement avec des mots authentiques, sans filtre et sans tabou. L'occasion de partager, d'apprendre et peut-être même de guérir autour de ce grand moment qu'est l'accouchement. Alors si tu es prête, c'est parti ! Bonjour à tous et merci de me rejoindre pour ce nouvel épisode où l'on va encore une fois aborder un sujet un petit peu sensible. Aujourd'hui, je vous propose de découvrir le témoignage de Laetitia, qui va nous parler de deuil périnatal, et plus précisément de mort fétale in utero. Nous reviendrons sur son parcours, sur ses jumeaux décédés à 17 semaines d'aménorée, et sur ce qu'il s'en est suivi, mais également aussi sur le comportement que les autres ont eu avec elle, sur ses ressentis postpartum. un épisode à partager autour de vous, y compris aux proches qui pourraient devoir accompagner des parents confrontés à cette situation. Si vous n'êtes pas allé avec ce sujet, n'hésitez pas encore une fois à découvrir un autre épisode. Et si vous souhaitez en savoir plus, c'est parti ! Alors bonjour, merci à toi de me rejoindre pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom, en me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont ou ils auraient dû avoir ? Et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.

  • Laetitia

    Alors moi, du coup, c'est Laetitia. J'ai eu 35 ans fin 2023. Je suis tombée enceinte au mois de mai 2023. Et j'ai été déclenchée suite à une mort in utero de mes jumeaux en septembre 2023. Du coup, là, techniquement, la date d'aujourd'hui devrait avoir un petit peu moins d'un mois. Mais bon, du coup, le destin, on va décider autrement. Et du coup... Je suis tombée enceinte au mois de mai, j'ai appris le début de soins. On était en essai depuis janvier, donc ça a été très rapide. Ça s'est fait assez rapidement. Très rapidement, j'ai eu des grosses douleurs abdominales, comme des grosses crampes de règles, mais en beaucoup plus fortes. Surtout que moi, qui n'ai pas des règles très douloureuses, ça m'a beaucoup surpris. J'ai fait un petit passage aux urgences à l'hôpital Femmes Mères Enfants de Lyon. qui m'ont dit qu'il y a un grave. Ils m'ont fait une échographie vaginale, du coup, parce que c'était encore très tôt, qui ne montrait qu'un seul fœtus et tout avait l'air d'aller bien. Donc, on m'a renvoyé.

  • Rébecca

    À ce moment-là, ça allait bien et tu avais un seul enfant.

  • Laetitia

    Voilà, oui. On m'a dit juste, c'est les débuts, c'est votre utérus, vu que c'est un muscle qui doit se contracter, se décontracter pour faire la place. On m'a dit, par contre, si jamais vous avez eu le moindre saignement, etc., vous revenez sans problème. Elle m'a aussi, parce que moi, je ne savais pas, vu que c'était ma première grossesse, que... parce qu'au début on te dit il ne faut pas s'auto-médicamenter c'est important et tout du coup j'avais pris aucun médicament pour soulager les douleurs et du coup à l'hôpital on m'a rassurée elle m'a dit mais le spasfon le doliprane vous pouvez j'étais là ah ok déjà c'est rassurant parce qu'en fait ça moi je ne savais pas et du coup je souffrais en silence et quand c'est trop douloureux tu te dis bon j'aimerais bien prendre quelque chose mais je ne sais pas parce que tu te dis si tu prends un médicament et que ça influe sur ton bébé tu te sens mal et elle m'a dit non tu fais tellement attention à tout c'est ça Et du coup, elle m'a dit non, mais le spasmon, le doliprane, sans problème et tout. Donc, parfait. Et puis, du coup, je fais mon suivi avec ma sage-femme en ville. Tout va bien. Elle me donne une ordonnance pour l'échographie du T1. Donc, je prends rendez-vous. On a rendez-vous fin juillet. Donc, j'y vais avec mon conjoint. Et du coup, la sage-femme qui me fait l'échographie, au début, elle discute avec nous de savoir comment ça se passe et tout. Je lui montre l'échographie qu'on a faite le mois d'avant à l'hôpital. Elle me dit, vous savez, ça arrive souvent que moi, on me dit, oui, j'ai fait une échographie avant de datation. Il n'y a qu'un bébé. Puis quand moi, je mets la sonde, on en voit deux ou trois.

  • Rébecca

    OK. C'est courant, du coup.

  • Laetitia

    Et du coup, je lui dis, non, mais de toute façon, ça n'arrive qu'aux autres. Et en rigolant. Et du coup, elle m'allonge et tout. Mon chéri se met à côté de moi. Elle a posé la sonde sur mon ventre. Et là, on a vu direct les deux poches et les deux têtes.

  • Rébecca

    OK.

  • Laetitia

    Vraiment instantanément. Et en fait, moi, j'ai. littéralement j'ai bugué en fait et mon conjoint s'est mis à rire, je lui dis mais pourquoi tu rigoles ? Il me dit bah y en a deux. Et en fait le temps que je capte, que je fasse un peu la mise au point sur l'écran j'ai fait comment ça y en a deux ? Et du coup je me suis mise à pleurer genre en mode wouah y en a deux ! Et là tu te dis déjà le premier choc c'est tu te dis alors déjà y en a deux donc faut que tu repenses plus ou moins toute ton organisation sachant qu'on vit dans un petit appartement alors déjà un ça allait être un petit peu compliqué mais alors deux on était là Ok, alors ça va être dur. Ouais, déjà, premier choc. Là, du coup, la sage-femme dit, bon, je vais dire à la patiente suivante que j'aurai un peu de retard parce qu'il faut qu'elle fasse plein de mesures, etc. Donc, elle fait l'examen et tout. Et puis, elle nous dit, alors, je ne veux pas vous inquiéter outre mesure, mais là, vu que vous avez une grossesse gémellaire et qu'il y a un seul placenta et deux poches, donc c'est une grossesse monocoréale bi-amniotique, je vous renvoie vers la matinée de niveau 3. donc c'était à Lyon, c'est l'hôpital femme-mère-enfant et ils vont faire un diagnostic prénatal le plus rapidement possible, à partir de maintenant vous arrêtez de travailler ouais,

  • Rébecca

    tu penses qu'on est pathologique plus plus plus c'est ça,

  • Laetitia

    elle m'a dit là à partir de maintenant c'est vous arrêtez de travailler vous vous reposez et vous allez être suivi hyper moi j'étais là, ok alors déjà j'étais pas trop préparée à ça et en plus on te dit, alors il y en a deux et là du coup ça devient compliqué faut encaisser ce choc Et là, après, elle nous dit, alors, en plus, je détecte une potentielle malformation, mais je ne suis pas à même de faire le diagnostic, ce n'est pas mon métier. Du coup, moi, je vous renvoie vers le service de diagnostic antenne natale des grossesses pathologiques et eux vous diront un diagnostic. Donc,

  • Rébecca

    ce qu'elle avait détecté… Vous voyiez une malformation sur les deux ou sur un seul ?

  • Laetitia

    Non, sur un seul. En fait, elle voyait une vessie qui était anormalement grosse, qui faisait à peu près un tiers de la taille du… du fœtus. Donc là, forcément, c'est un peu le... Tu ne sais pas trop parce que c'est un peu angoissant. On te dit que tu as un de tes bébés qui a peut-être une malformation. Tu en as deux.

  • Rébecca

    C'est une classe.

  • Laetitia

    Tu apprends plein de nouvelles en même temps. Forcément, tu as un début de grossesse. Tu as tout ce qui est hormones, tout ça. Je suis quelqu'un de très anxieux. Forcément, je me suis mise à pleurer, etc. Avec mon conjoint, on décide de... pas parler de la malformation à nos familles, juste de les prévenir que c'est des jumeaux, histoire de ne pas non plus affoler tout le monde, ça ne sert à rien. Et du coup, la sage-femme me recontacte deux, trois jours après pour me dire Je vous ai obtenu un rendez-vous en urgence la semaine prochaine. Donc, on est début août. Donc, on va à l'hôpital Femmes, Mères, Enfants à Lyon. On rencontre du coup un docteur incroyable qui a été incroyable du début à la fin, qui du coup me refait une échographie. Et là, pose un diagnostic que je ne souhaite entendre à personne. En fait, il fait l'examen, il me regarde, il me dit, du coup, la méga-vessie n'est pas compatible avec la vie. Et en fait, il dit ça d'une manière un peu abrupte. Et moi, du coup, je suis là, comment ça ? Et en fait, je me suis effondrée, forcément. Et du coup, alors, il nous explique que ça peut se résorber. Il y a de faibles chances, mais ça peut. que ça peut entraîner, si on a plusieurs solutions, c'est que soit ça se résorbe, et là tout va bien, on peut mener la grossesse le plus long possible, mais qu'il y a des risques du fait qu'il n'y ait qu'un seul placenta et deux poches, il y a un syndrome de transfuseur-transfusant entre les deux bébés, donc forcément qu'il y aurait potentiellement des problèmes rapidement. Et il me dit, La première solution que je vous propose, c'est de faire une IMG sélective de celui qui ne va pas bien si la situation n'évolue pas dans le bon sens. Et après, on espère que ça n'atteint pas le deuxième. Est-ce qu'il y a des délais ?

  • Rébecca

    Est-ce qu'il te dit qu'il faut le faire tout de suite ?

  • Laetitia

    Alors, il me dit qu'on a le temps. Il me dit que le seul délai qu'on a, c'était 24-25 semaines, je crois, parce qu'au-delà, ils n'ont pas d'outils pour, en gros, sectionner les... les vaisseaux je crois nécessaires à ça et que du coup faudrait faudrait passer par une séparation et que du coup ce n'est pas viable pour le deuxième et vu que l'idée c'était quand même d'en sauver un à la base donc du coup on le revoit quinze jours trois semaines après il confirme que du coup bah ça n'a pas évolué dans le bon sens malheureusement là du coup nous on prend la décision de faire faire une IMGG sélective et comment vous le vivez ça cette décision ? alors moi très mal ouais Parce que tu dis, enfin moi je me dis, forcément, moi je l'ai vécu différemment de mon conjoint, parce que lui ne les porte pas forcément, donc c'est différent de se dire. Là en fait, je prends la décision de faire arrêter un cœur, parce qu'il ne va pas bien. Mais après, nous, on avait bien réfléchi qu'au vu de ce que le médecin nous avait dit, que s'ils arrivaient à terme et en vie... Pour celui qui avait de la formation, c'était de la dialyse à vie, etc. Donc, c'est un choix qui est difficile, mais on s'est dit au final… Et puis en fait, on avait toujours cette... Vu qu'il y avait moins de 5% de chance de perdre le deuxième, on s'était dit, un, c'est toujours mieux que zéro. C'est moins bien que deux, mais c'est toujours ça.

  • Rébecca

    C'est un choix de confort, c'est vraiment pour la santé du petit.

  • Laetitia

    Et puis surtout qu'on s'était dit, avoir deux enfants, dont un qui a besoin de soins médicaux constants, c'est ni bon ni pour cet enfant qui souffre, ni pour nous, ni pour l'enfant qui reste, qui lui passe au second plan. techniquement ils sont jumeaux donc c'est dur. Donc on prend cette décision sans trop se poser de questions parce que c'est en accord avec nos valeurs etc donc ça il n'y a pas de souci. Et du coup le médecin me dit on va faire l'opération début septembre. Et du coup ma mère vient le week-end, c'était un lundi, ma mère vient le week-end, enfin le dimanche d'avant pour m'accompagner à l'hôpital le lendemain parce que mon conjoint ne peut pas pour plein de raisons administratives. Du coup, ils nous déposent à l'hôpital le matin même. Et du coup, je monte dans le service de... Pas de chirurgie, mais de... Je ne sais plus trop... Oui, c'est chirurgie ambulatoire ou quelque chose comme ça, je crois. Toujours à la HFME de Lyon. Et du coup, on m'installe, on me descend au bloc opératoire. Je rencontre le médecin qui me suit, qui me dit, je vais faire une échographie de contrôle. Donc, je suis juste avant d'entrer dans le bloc. Et l'anesthésiste n'a pas encore posé d'anesthésie ni rien. Et là, il fait une échographie. Et au bout de cinq minutes, il pose l'échographe. Il me dit, j'ai de mauvaises nouvelles à vous annoncer. Il me dit, les deux cœurs se sont arrêtés. Donc là, je suis là, OK. Donc, du coup, je lui explique. Il me dit, est-ce que vous êtes venu seul ? Je dis, non, je suis avec ma maman. Est-ce que mon conjoint est au travail, etc. Je lui dis par contre je pense pas qu'elle soit encore dans ma chambre parce qu'elle a dû aller boire un café ou quelque chose comme ça. Il me dit non mais vous inquiétez pas s'il faut la trouver on la trouvera y'a pas de problème. Du coup je remonte dans ma chambre etc. On me remonte dans ma chambre. Du coup ma mère remonte à ce moment là. Du coup je lui explique. Donc là forcément je me mets à pleurer etc. Enfin bref. Du coup là il faut que j'appelle mon conjoint pour lui dire. Et en fait je l'appelle. Et en fait il a vu mon nom sur son téléphone. Il a décroché tout de suite. Je lui ai dit il faut que tu viennes, il m'a dit ok j'arrive.

  • Rébecca

    Il n'y a pas à chercher à comprendre.

  • Laetitia

    En gros il a dit ok j'arrive, il travaillait pas très loin donc il était là en 20 minutes etc. Et là du coup on m'explique la suite parce que du coup je suis là, qu'est-ce qui se passe ensuite du coup ? Là on me dit on va vous donner, on me donne du coup les cachets pour arrêter les hormones de grossesse parce qu'en fait moi du coup j'avais pas eu de signe physique de fausse couche ni rien du tout en fait. Donc pour moi, ça allait bien. Donc on m'a donné, je ne dis pas le nom des médicaments, mais en gros, ça arrête la mode de grossesse. Et on me dit, ti-ti-ti, 48 heures, vous avez des contractions ou n'importe quoi, vous venez à l'hôpital tout de suite. Sinon, mercredi, donc deux jours après, vous venez à l'hôpital en salle de naissance et on vous fera un déclenchement. Donc là, OK.

  • Rébecca

    Avec la couche par voie basse, du coup.

  • Laetitia

    C'est ça. Donc, surtout que je n'ai pas été préparée à ça, parce que j'étais encore trop tôt dans la grossesse, etc.

  • Rébecca

    On était à quel terme à ce moment-là ?

  • Laetitia

    J'étais à 10 têtes semaine.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Forcément, c'est tôt. Oui. Et du coup, je rentre chez moi. Donc, forcément, je ne suis pas très, très bien. Et du coup, pendant toute la journée, le lendemain, je n'ai pas de signe de début de travail ni rien. Donc, le mercredi matin, avec mon conjoint, on va du coup retourner à l'hôpital. Et donc là, la sage-femme nous accueille. Elle nous met dans une salle de naissance, etc. Et on m'explique comment ça va se passer. Et que du coup, on va me poser une péridurale. Ensuite, on va poser du coup des dilapants dans le col. pour pouvoir ouvrir le col justement. Et en fait, nous, on pensait que, en gros, je venais le matin à 8h, puis à midi, c'était fini, quoi. Pas du tout. Parce qu'elle me dit, en fait, les dilapants, c'est des petits cotons imbibés de médicaments pour dilater le col. Et elle me dit que ça met 3h à agir. Ah, ok. Donc on me pose de l'apéritif dural. Donc là forcément je suis obligée de rester allongée, je ne peux pas manger, je ne peux pas boire si jamais il y a un problème et qu'il faut me faire une césarienne ou m'anesthésier. Donc c'est un peu compliqué. En plus nous du coup on n'a pas trop prévu parce qu'on ne savait pas trop comment ça allait se passer. Du coup on n'avait rien prévu pour passer le temps entre guillemets. Et donc, on me pose la péridurale, on constate qu'elle fonctionne bien, etc. Et puis, on me pose les dilapants avec le médecin, etc. Et puis après, on attend les trois heures que ça fasse effet. Donc, quand on voit que le col est bien ouvert, on les enlève. Et puis, là, c'est déjà la fin de l'après-midi à peu près. Et puis, à un moment, même si j'ai la péridurale et que je ne sens rien, je sens un peu que dans mon corps, ça bouge. Ce qui est assez étrange puisque ce n'est pas censé bouger vu que... techniquement ils sont décédés. Et là du coup, on appelle la sage-femme et en fait, elle me dit, là du coup, donc elle avait déjà percé la première poche des os. Et là du coup, donc c'est à peu près 18h30, donc j'accouche du premier. Et là après, du coup, en fait, la suite, elle rouvre la deuxième poche et du coup, le deuxième sort quasiment tout de suite après. Et en fait, là je fais une baisse de tension. Je me mets à transpirer, à avoir des frissons, à... pas être bien donc je fais une grande chute de tension, je perds beaucoup de sang aussi. Donc là forcément tout le monde s'affole autour de moi avec des perfusions et autres pour que tout aille bien. Et puis en fait à minuit passé j'ai pu monter dans ma chambre et manger parce que toute la journée sans manger avec l'émotion, le stress c'était très dur. Et du coup on est resté trois jours à l'hôpital avec mon conjoint parce qu'il a pu dormir avec moi.

  • Rébecca

    Ah quand même !

  • Laetitia

    Oui, on est arrivés le mercredi matin, on est repartis le vendredi dans l'après-midi, et encore on est repartis parce qu'on a émis le souhait de repartir. Sinon, je pense qu'on pouvait rester, parce qu'on était bien. Et d'ailleurs, pendant trois jours, au-delà de l'expérience traumatisante qu'on a vécue, tout le personnel soignant qu'on a rencontré a été incroyable. Un moment, mon conjoint a dû s'absenter parce qu'il n'était pas très bien. Et du coup, c'est la sage-femme et l'anesthésiste qui m'ont tenu la main, qui ont été présents. Ils ont tous été adorables. Du coup, vraiment, ça a été incroyable alors qu'on connaît les difficultés de l'hôpital public. Donc ça, déjà, que ça soit bien passé dans un environnement qui était vraiment bien, déjà, ça aide à se dire que ça soulage un peu la douleur sans l'enlever. Du coup, nous, on a fait le choix qui est très à contre-courant, je pense, de ne pas les voir et de ne pas les reconnaître.

  • Rébecca

    D'accord.

  • Laetitia

    On sait qu'il y a des photos et les empreintes qui ont été prises, qui sont dans le dossier médical, qui sont du coup à notre disposition si un jour on veut les voir. Mais là, pour le moment, on n'a pas… Moi, en tout cas, mon conjoint, je ne pense pas non plus, mais moi, en tout cas, pour le moment, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision-là. Parce que je sais que beaucoup de femmes préfèrent voir le bébé parce que ça aide un peu dans son deuil, etc. Moi, du coup, pour le moment, en tout cas, au bout de plusieurs mois déjà, je n'ai pas eu de regrets sur cette décision. Donc, on a vu médecin, etc. Donc, forcément, on repart avec arrêt de travail parce que du coup, je n'avais pas le droit à congé maternité parce que c'était trop tôt. arrêt de travail, médicaments évidemment, acides foliques, fer parce que les pertes sanguines, etc. On a pu voir aussi une psychiatre avant de partir, qui nous a expliqué un petit peu les bonnes pratiques, c'est-à-dire, ne vous excusez pas pour les autres personnes qui vont… Elle me dit souvent quand on est confronté au deuil, les gens… Les gens se mettent à notre place alors qu'il ne faudrait pas. Du coup, vous n'avez pas à consoler les autres, qu'ils soient tristes pour vous. Ils ont le droit d'être tristes, mais ce n'est pas vous de les consoler. Vous devez vous consoler vous-même et eux vous consoler. Donc déjà ça, forcément, ce n'est pas évident. Du coup, nous, on a aussi pris la décision de faire faire des autopsies pour connaître les causes, même si on se doute. plus ou moins des causes. Là, on a appris dernièrement que, du coup, en fait, finalement, les deux bébés avaient des malformations.

  • Rébecca

    Ok.

  • Laetitia

    Et que, très, très probablement, si la première IMG avait fonctionné, on serait probablement repassé par une deuxième ou par une autre mort in utero.

  • Rébecca

    C'est viable dans tous les cas.

  • Laetitia

    Oui. En fait, les malformations qui étaient déjà... bien présente sur celui qui avait la malformation, commençait à se voir sur le deuxième. Donc au final, c'est la nature qui a plus ou moins bien fait les choses. On nous a aussi confirmé que ce n'était pas un problème génétique. Déjà, ça aussi, c'est bien parce que du coup, depuis le mois de décembre, on réessaye. Et donc, du coup, j'ai demandé au médecin, je lui ai dit, mais est-ce que du coup, on peut continuer à essayer ou est-ce qu'il faut qu'on s'arrête parce qu'il y a des problèmes et que ça pourrait recoser des problèmes ? Il m'a dit, il n'y a rien dans les résultats d'autopsie, dans les analyses qu'on a faites, qui montre que ça peut arriver à nouveau de manière... très probable sur une grossesse suivante. Il me dit, dans tous les cas, votre prochaine grossesse sera très suivie, forcément. Mais là, il n'y a rien qui vous empêche d'essayer, en tout cas. Et rien qui dit que votre prochaine grossesse se passera mal. Mais ça, après, ils ne peuvent pas le prévoir. Mais il me dit, en tout cas, il n'y a pas de d'explication médicale. C'est juste la nature qui... Ça s'était mal fait. Et du coup, elle-même a arrêté les choses parce que, dans tous les cas, ce n'était pas viable. Alors ça console un peu sans non plus consoler forcément. Et puis moi surtout, pour moi ce qui est important surtout dans tout ça, c'est que souvent on se dit oui, je ne vais pas très bien aller voir un psy, ça ne sert pas à grand chose et tout. J'avais très peur au début d'aller voir la psychologue. et en sachant que moi j'ai eu la chance de trouver une psychologue qui est juste à côté de chez moi et qui est spécialisée en périnatalité et en parcours PMA etc en psychothérapie post IVG etc genre de choses donc du coup j'avais un peu d'appréhension mais je me suis dit elle au moins elle va elle a un peu plus les clés pour m'aider parce qu'elle va comprendre et tout donc on a fait la première séance en couple et après en fait mon conjoint lui a estimé qu'il avait pas spécialement besoin d'aide psychologique parce qu'il n'a pas vécu la même chose. Au-delà de toute l'expérience de grossesse qui a été difficile pendant ces quelques mois, c'est surtout l'accouchement. Du coup, c'est un accouchement pour moi censé en être un plutôt parce que techniquement, un accouchement, tu es censé accoucher et repartir avec un bébé, ce qui n'est pas mon cas. Je la vois une fois par semaine depuis octobre. C'est vraiment la béquille parfaite. Ça permet de vraiment extérioriser tout ce qui se passe, tout ce que je peux accumuler. Donc, c'est vrai que ça fait beaucoup de bien. Et puis, en plus, petit à petit, le regard que j'ai sur l'expérience, il a beaucoup changé. Au début, je martelais énormément que pour moi, je n'avais pas vraiment été mère dans le sens où j'ai… J'ai accouché forcément médicalement, c'est un accouchement, mais pour moi, ce n'est pas vraiment un accouchement parce que ça a été un peu vraiment programmé. En plus, je suis repartie sans bébé, donc c'est compliqué. Et là, du coup, avec le temps, au fil de l'évolution aussi de la thérapie, j'en suis arrivée vraiment au point de me dire que… Plutôt que de dire que j'ai fait une fausse couche, ce qui n'est pas vraiment une fausse couche en soi, même si c'en est une, c'est que j'arrive vraiment à dire j'ai perdu mes bébés Ce que je n'arrivais pas forcément à dire, dans le sens où je disais plutôt ma grossesse s'est arrêtée alors que de pouvoir verbaliser le fait de dire j'ai perdu mes bébés ça m'a beaucoup fait avancer ces derniers temps. ça leur donne une place même si on les a pas reconnus on les a pas nommés on les a pas vus, ça leur donne quand même une place qu'ils n'avaient pas forcément au début et du coup ça aide aussi dans la guérison, je suis désolée j'ai les larmes au bord des yeux quand je parle mais du coup c'est vrai que ça je pense que sans la thérapie j'aurais pas fait tout ce chemin et du coup ça serait encore très douloureux, ça l'est encore justement, mais... que ça commence vraiment à s'atténuer. Donc après, mais oui, de pouvoir dire, plutôt que de dire ma grossesse est arrêtée, je suis capable de dire j'ai perdu mes bébés.

  • Rébecca

    Oui, des enfants quand même.

  • Laetitia

    Oui, voilà. Même si sur l'état civil, ils n'apparaissent pas parce qu'on ne les a pas reconnus, etc. Ils ont quand même été là. Ils ne le sont plus. Je les ai quand même portés, même si ça n'a pas duré longtemps. j'ai quand même accouché et du coup c'est vrai que du coup c'est des cheminements qui qui peuvent pas se faire seul je pense c'est pour ça que c'est important de se faire aider Je sais que ce n'est pas toujours facile. Moi, j'ai la chance d'habiter dans une grande ville, donc l'offre de soins est quand même très conséquente. Donc, c'est plus facile, on va dire. Mais c'est vrai qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider, peu importe la personne, mais d'avoir quelqu'un d'un peu extérieur qui aide à mettre des mots sur ce qu'on fait. Et moi, je me suis rendue compte aussi avec la psy que je faisais des choses. dans mon quotidien que je ne faisais pas forcément avant ou que je faisais de manière totalement, pour moi, normale, mais qu'en fait, du coup, je me soignais un petit peu aussi. Ok,

  • Rébecca

    du genre ?

  • Laetitia

    Par exemple, il n'y a pas très longtemps, en gros, nous, à la base, on avait prévu de laisser le lit pour bébé dans notre chambre et du coup, on avait fait de la place dans notre chambre pour ce coin bébé, entre guillemets. Et du coup, depuis que j'ai accouché, cet emplacement était toujours vide. Et du coup, il y a deux ou trois semaines, j'ai décidé de déplacer une bibliothèque de livres. Et j'ai mis cette bibliothèque à la place de là où on avait dit que c'était notre coin bébé. Et du coup, la psy m'a dit, en fait, vous comblez un peu le manque que vous avez par autre chose. Et du coup, même si vous ne l'avez pas fait de manière consciente, pour le faire pour ça, votre esprit quand même l'a fait à votre place. Il s'est dit, en fait, ce meuble ira mieux là, parce que là, du coup, ça bouche un trou qui existe aussi en vous au final. Et c'est vrai que du coup, moi qui suis très terre à terre, très concrète, quand on me dit, en fait, je fais des choses de manière… Ce genre de choses, je me dis, ah ouais, en fait, vraiment, ça a changé toute ma vision du monde, de mon rapport aussi à moi. Et déjà, une grossesse… de manière normale, je pense que ça nous change beaucoup, mais là, c'est vrai que du coup, elle m'a dit oui, en fait, vous remplacez des choses qui ne sont plus là par d'autres choses, et du coup, ça permet aussi d'avancer dans votre deuil et un peu de donner une place à ces bébés qui, au final, n'en avaient pas vraiment, mais ils ont quand même une place qui est présente dans votre esprit, dans votre tête, et donc, c'est important aussi de... de leur donner une place et c'est ça moi qui me fait avancer dans mon deuil du coup.

  • Rébecca

    Oui, ok. Mais c'est vrai que c'est loin là que tu as la parole entre guillemets. Oui, c'est ça. Tu commences à avancer dans tous les sens du terme.

  • Laetitia

    Voilà. Mais c'est vrai que par exemple, la semaine où j'aurais dû accoucher, ça a été très dur. C'était donc au mois de février. Alors forcément, on essaye de ne pas y penser, mais on est obligé un petit peu d'y penser aussi, de se dire en fait, cette semaine-là, j'aurais dû accoucher Et du coup, on ressent un vide, on se dit ah mais en fait, là du coup, j'aurais dû accoucher, on aurait dû être dans les derniers préparatifs Et au final, ça reste un peu… c'est surtout ça, moi, qui me pèse actuellement, c'est que… Il y a toujours une ombre un petit peu, comme s'il y avait un petit nuage au-dessus de ma tête tout le temps qui me rappelait. Eh, en fait, n'oublie pas qu'il t'est arrivé ça ! Alors que forcément, je ne vais pas l'oublier. Mais c'est vrai que du coup, il y a plein de petits signes qu'on voit, qu'on se dit Ah, mais en fait, là, du coup… Et c'est pour ça aussi que c'est important d'avoir un entourage qui comprend un petit peu ça, parce que là, ça va mieux maintenant, mais il y a quelques mois encore. Ou ne serait-ce qu'à Noël aussi, les réunions de famille, c'est horrible. Tu te dis, en fait, ça aurait dû être mon premier Noël enceinte. Mais au final, non. Et en fait, il y a plein de situations qui te rappellent le manque, qui te disent, ah, mais en fait, là, t'aurais dû avoir tes bébés, là, ceci, là, cela. Et du coup, c'est horrible. Et pendant très longtemps, on a beaucoup de neveux et nièces qui sont en l'état de bébé encore. Et du coup, ça a été très dur pour moi d'être avec eux parce que... Je me dis, en fait, normalement, dans quelques mois, j'aurais dû être avec mes enfants à moi. Et du coup, je ne le suis pas. Et du coup, il y a cette espèce de... Il y a cette espèce un peu... Pas de jalousie, mais tu te dis... Ah, mais en fait, pourquoi pas moi, quoi ? Quoi, moi, je n'y ai pas le droit ?

  • Rébecca

    Oui, l'injustice, quoi.

  • Laetitia

    Oui, alors que techniquement, ces enfants, ils n'y peuvent rien. Leurs parents n'y peuvent rien. Ce n'est pas de leur faute. Mais c'est vrai que du coup, quand... toi tu viens de perdre tes enfants et que du coup tu as des gens qui sans faire exprès forcément te... viennent te mettre leur bébé sous les yeux, bah tu dis bah...

  • Rébecca

    Oui, mais moi, je n'ai pas les miens, donc évite de me montrer les tiens. Oui,

  • Laetitia

    forcément. Et justement, comment tu as vécu et comment tes proches t'ont accompagnée dans ce deuil ?

  • Rébecca

    Alors, mon conjoint était très présent, surtout qu'on est restés quasiment deux mois, pas enfermés, mais pas loin, tous les deux à la maison, parce que lui aussi était en arrêt.

  • Laetitia

    Vous aviez besoin de vous retrouver tous les deux ?

  • Rébecca

    Oui, on est restés vraiment tous les deux. On a vu un petit peu nos familles, mais très très peu. Et surtout, c'est ça aussi qui me faisait peur. C'était que notre couple un peu se délite sur ça. Et au final, notre couple est encore plus fort. Donc déjà, c'est une victoire parce qu'on peut se dire... Il y a beaucoup de couples pour qui c'est difficile, etc. Parce qu'on ne vit pas tous les deux de la même manière. Lui a été très compréhensif sur ma souffrance, sur le fait de me faire aider psychologiquement, sur le fait que j'ai dû avoir un court traitement d'antidépresseurs, donc celui de psychosie. Et lui aussi, il a été très compréhensif sur le fait que j'avais pas forcément envie de voir des gens, de faire des grandes réunions de famille, de voir des bébés, etc. Donc ça, sur ça, c'est vrai que j'ai eu cette chance. Même si en plus, lui comprenait vraiment que forcément, on n'a pas vécu la même chose physiquement, parce que c'est moi qui ai accouché. Mais c'est vrai que nos proches, ma belle-mère a été très présente aussi. Elle, elle ne nous a pas trop sollicité parce qu'elle comprenait que forcément, on n'a pas très envie d'être en réunion de famille ou ce genre de choses parce qu'on souffre forcément. Surtout moi, je me suis un peu forcée quand même pour faire quelques efforts pour certains éléments marquants parce que c'est important quand même. Mais après, oui, c'est vrai, comme je disais tout à l'heure, il y a quelques personnes de notre famille qui ont fait des maladresses. Donc forcément, moi, je l'ai un peu mal vécu. Mon conjoint aussi, parce que ça vient de sa famille, il se dit, en fait, si même ma famille ne comprenne pas que ça peut être douloureux, c'est embêtant. Et qu'il faut un peu sévir pour que les gens comprennent. Lui, il était là, bon, quand même, faites un effort. Parce que lui, il dit, moi, ça m'embête aussi de devoir abrouer mes soeurs ou ma famille parce qu'elles font des boulettes. Elles devraient ne pas les faire, en fait. C'est évident. Je dis, oui, mais c'est... C'est toujours la même chose, ça n'arrive qu'aux autres. Et du coup, tant que ça ne t'arrive pas, tu ne comprends pas. Malheureusement. Mais c'est vrai que, oui, du coup, par moments, c'est un peu compliqué. Mais c'est vrai qu'au final, ma famille et moi, mon petit frère vit aux Etats-Unis, donc c'est compliqué de se voir régulièrement. Mais on arrive à s'appeler. et à se parler régulièrement pour prendre des nouvelles. Après, il n'est pas très intrusif, donc il m'a juste demandé comment ça allait. Après, il ne va pas. Il prend juste des nouvelles et ça suffit un peu. C'est la base de notre relation. Juste on prend des nouvelles et ça va. Mais c'est vrai qu'au final, souvent les gens de notre famille nous disent Ah, mais vous êtes quand même fort parce que vous êtes quand même présent. Je dis, ben... Oui, de toute façon, il faut bien qu'on avance aussi. On ne peut pas non plus se laisser mourir. Mais c'est vrai que c'est compliqué. J'ai encore besoin d'un suivi psy. Je n'ai toujours pas repris le travail et ce n'est pas près d'arriver, je pense, encore. Parce que c'est… Surtout que moi, je travaille dans la vente, donc c'est compliqué de voir sourire à des gens qui vont me dire Pourquoi vous revenez maintenant ? là-bas, je devais revenir l'année prochaine et là, je ne reviens pas en avance parce que du coup, j'ai perdu mes bébés. Il faut expliquer aux gens. Et en fait, je n'ai pas la force déjà de l'expliquer à ma famille ou à des amis. Ce n'est pas forcément évident. Mais alors, l'expliquer à des gens que je ne connais pas spécialement, qui sont juste des clients, c'est compliqué.

  • Laetitia

    Et puis,

  • Rébecca

    c'est du stress aussi. Et puis, forcément, ce n'est pas évident. Mais après, je ne sais pas. Moi, et mon médecin est d'accord avec ça, la priorité, ce n'est pas le travail, c'est d'aller bien, d'essayer d'aller bien, tenter que ce soit possible. Et puis de prendre le temps. Si ça doit prendre un an, ça prendra un an et tant pis. Pour les questions matérielles, on verra à ce moment-là. Mais c'est vrai que du coup, j'ai pas mal d'amis qui me disent Ah, mais c'est quand que tu reprends le travail et tout ? Ben en fait, j'aimerais bien que tu me demandes plutôt comment je vais, plutôt que tu me demandes quand je vais reprendre le travail, parce que c'est pas ma priorité. Et après, je comprends que les gens soient maladroits parce qu'ils savent pas quoi dire tant qu'on l'a pas vécu. Et je l'ai bien constaté en discutant avec d'autres parents, en devis, etc. Et en fait, tant qu'on l'a pas vécu, les gens... comprennent pas. Et du coup, finalement, j'ai vraiment eu beaucoup de plus de compréhension et de compassion avec des gens qui avaient vécu plus ou moins la même chose que moi, qu'avec des gens de mon entourage. Parce que, en fait, les gens qui ont déjà vécu ça comprennent que le processus de guérison est long, que c'est douloureux, que forcément... Moi, ma priorité, ce n'est pas de reprendre mon travail. Ma priorité, c'est de pouvoir aller bien dans ma tête, parce que physiquement, je vais bien, plus ou moins. Mais c'est que dans ma tête, ça aille bien que je ne fasse pas de cauchemars, parce que j'en ai fait quelques-uns qui étaient horribles, de ne pas pleurer quand je passe devant un magasin de bébés. Juste déjà, de ne pas pleurer en le racontant, ça serait déjà bien. Même si moi après j'ai toujours les larmes aux yeux, même si c'est moins larmoyant qu'au début, mais ça fait toujours mal quoi. Mais du coup c'est vrai que cette compréhension et cette compassion je l'ai trouvé que vers des gens qui ont déjà vécu ça parce qu'en fait ils comprennent qu'ils ont eu à faire la même chose aux personnes qui demandent, qui vont se poser les questions matérielles. Bah pourquoi tu ne rends pas le travail parce que bah du coup si tu ne rends pas le travail, tu n'as pas d'argent et tout. Oui mais c'est... pas la question en fait c'est la priorité c'est ma santé c'est d'aller bien guérir etc donc forcément c'est pas c'est vrai que moi il ya pas mal de gens qui a mais tu as pas repris encore mais c'est pas prévu tout de suite j'ai arrêté de me parler de ça parce que vraiment ça me donne pas envie de reprendre en plus donc moi tranquille en fait c'est ça et puis ben en fait je suis là je suis à une séance de psy par semaine tant que j'ai besoin d'une séance de psy par semaine c'est que il ya besoin parce que par exemple la Noël elle était en vacances et du coup du fait des créneaux tout ça, le temps d'avoir des créneaux je suis restée sans psy pendant un mois donc il a fallu encaisser les fêtes de Noël en famille en plus s'ajoutant j'ai eu un retard de règles qui m'a fait espérer donc ça n'a pas aidé et puis un mois sans pouvoir extérioriser tout ce qui se passe alors quand t'es habituée à un rythme d'une fois par semaine...

  • Laetitia

    Ça fait lourd sur ma tête.

  • Rébecca

    Et c'est vrai que la séance de reprise au mois de janvier, ça a été lourd. Mais ça a fait du bien parce que du coup, j'avais des poids évacués. Elle m'a dit, mais en fait, c'est normal. Pendant plusieurs semaines, vous n'avez pas de suivi psy, plus les fêtes de Noël, etc. Elle me dit, c'est normal, vous ne pouvez pas encaisser tout ça toute seule. C'est logique. Mais c'est vrai que moi, vraiment, j'encourage les gens à aller voir des psychologues. Plus que des psychiatres, parce que les psychiatres, souvent, ne donnent que des médicaments et n'écoutent pas trop, alors qu'un psychologue écoute beaucoup. Moi, j'ai la chance d'avoir eu un bon feeling avec elle dès le départ et que ça se passe très bien. Mais c'est vrai que oui, moi, ça m'aide énormément. Elle met beaucoup de mots sur ce que je ressens, ce que je vis. Donc, ça aide aussi. Et puis, vraiment, c'est vrai que sans ça, c'est un peu... Sans ça, ça serait un peu plus compliqué parce que du coup, je devrais tout emmagasiner sur moi. Et du coup, forcément, il faut que ça sorte à un moment donné. Si ça ne sort pas avec la psy, ça va sortir autrement. Et ce n'est pas bon quand ça ne sort pas avec la bonne personne. Et puis surtout, il y a aussi... Moi, actuellement, ce qui me pèse beaucoup, c'est une prochaine grossesse. Me dire... Il faut que ça se passe bien, mais du coup, vu que je vais être bien suivie, est-ce que ça veut dire que ça se passe mal ? Et du coup, ça sera angoissant aussi.

  • Laetitia

    Forcément, oui.

  • Rébecca

    Et puis aussi, cette idée de ne pas refaire un bébé pour oublier les précédents, c'est de faire un bébé parce que c'est le projet initial de faire un bébé. Et c'est vrai que du coup, je peux me dire, les gens vont se dire, en six mois, elle s'est rétablie vite, elle veut déjà refaire un bébé. En fait… C'est de violer un bébé en fait. Voilà, ça fait un an qu'on est sur ce projet et c'est notre idée première en fait, donc forcément. Et dans tous les cas, on n'oubliera pas les bébés qu'on a perdus. et qu'on parlera sûrement de ces bébés-là au prochain, en espérant qu'ils soient là rapidement. Mais c'est vrai que oui, il y a un peu... Après, c'est peut-être moi qui suis comme ça, mais c'est vrai que le regard des autres, c'est important, même si ça ne le devrait pas. Les gens qui se disent... Parce qu'on va se dire, en fait, j'ai perdu mes bébés, du coup, les gens vont me juger, etc. Alors, moi, j'y suis pour rien. Il faut se déculpabiliser aussi. C'est très dur de... Parce que moi, en termes de culpabilité, je savais que ce n'était pas de ma faute, dans le sens où je n'avais rien fait qui avait entraîné ces malformations, juste elles étaient là. Mais c'est dur de se dire, ah, mais en fait, ce n'est pas de ma faute, alors que, en fait, si un peu, parce que je les ai portées, mais ça s'est bien passé. C'est très dur de déculpabiliser, de ne pas se sentir mal. Encore une fois, moi, sans la thérapie, je me sentirais énormément coupable. Peut-être même que j'aurais déjà un peu oublié ce que j'ai vécu parce que je l'aurais enfermé dans une boîte dans ma tête et je serais passée à autre chose. Donc là, le processus est beaucoup plus long, mais au moins, il est plus agréable Oui,

  • Laetitia

    je vois. Et si tu avais un conseil à donner, si des proches de personnes qui ont perdu leur bébé comme toi écoutaient cet épisode, quels conseils tu leur donnerais pour parler ? aux mamans et aux papas, et ne pas commettre les erreurs que tu as ressenties toi.

  • Rébecca

    Déjà, n'envoyez pas de photos de vos bébés aux personnes qui ont perdu des bébés, ne faites pas ça. Même si ça parle d'une bonne attention, ne faites pas ça. En fait, dites-vous que si vous vous posez la question, c'est que ce n'est pas une bonne idée. Et puis, essayez de ne pas négliger la douleur des papas ou des coparents. Parce que forcément, la femme qu'il porte, la douleur est plus présente parce qu'on les porte forcément. Mais l'autre parent est là aussi et c'est dur pour lui. Surtout que je pense que très souvent, les hommes ont du mal à parler de ce qu'ils souffrent. Mais il ne faut pas négliger leur souffrance. Et surtout, de ne pas non plus... Femme. Le fait d'aller voir des psys ou de prendre des antidépresseurs ou quoi que ce soit, ça ne veut pas dire que la personne est en dépression ou est vraiment très mal ou quoi que ce soit. C'est des béquilles psychologiques ou médicamenteuses qui aident la personne à ne pas sombrer. Et il faut aussi accepter que la personne peut sombrer à n'importe quel moment. Moi, ça m'est arrivé de sortir d'une pièce et d'aller dans une chambre pour pleurer 10 minutes. Après, moi, j'ai besoin aussi d'un peu de solitude, parce que c'est plus facile de pleurer toute seule qu'avec des gens autour, forcément. En fait, après, ça dépend aussi, je pense, des gens, mais je pense que le truc le plus important, c'est de laisser un peu d'espace aux gens, de comprendre que les gens se referment un peu sur eux-mêmes, parce que forcément, c'est une expérience qu'en général, on vit en couple, donc forcément, c'est... Sans le couple, il n'y a pas le bébé en théorie. Donc forcément, il faut laisser les gens aussi un peu se refermer sur eux-mêmes. Et puis, en fait, je pense que oui, il faut les aider. Il ne faut pas les forcer à sortir. Je pense que plein de gens ont essayé de nous dire, mais vous devriez sortir, faire ci. Mais en fait, on n'a juste pas envie. On veut juste être tous les deux tranquilles.

  • Laetitia

    Il faut respecter, en fait, quelle que soit la manière de gérer les personnes.

  • Rébecca

    Oui voilà, il faut accepter que les... et puis aussi il ne faut pas prendre... Par exemple, il y a eu l'anniversaire de mon beau-père juste après l'accouchement et du coup on a quand même fait l'effort de venir, on n'était pas obligé mais on l'a fait. Et du coup beaucoup de gens m'ont dit ah mais on ne pensait pas que vous seriez là Bah on est là, bon on n'est pas au top de notre forme, clairement pas, mais on est là quand même. Mais qu'il ne faut pas prendre aussi le fait que les parents deuillés soient présents ou parlent déjà d'un projet de grossesse suivant ou quoi que ce soit, qu'ils ont oublié ou qu'ils vont bien. Je pense que quand on vit ce genre de choses, on passe expert dans l'art de cacher ce qui ne va pas. Et que ce n'est pas parce qu'on arrive à s'amuser, à faire des choses, à rire, que forcément à l'intérieur ça va. Et puis oui, surtout, il faut essayer d'éviter les maladresses liées. lié au bébé, lié à ce genre de choses quoi. Récemment, nous on a eu le cas d'une amie qui nous demandait pourquoi on n'avait pas d'enfant et en fait moi je lui ai dit bah c'est un sujet sensible, je préfère pas en parler. Et en fait elle a cru que c'était parce que l'un de nous deux n'en voulait pas. Et du coup elle a tout de suite embrayé sur le fait que c'est lequel de vous deux qui en veut pas et en fait je lui ai dit ça n'a rien à voir avec le fait de ne pas en vouloir, c'est juste qu'il y a six mois j'ai fait une fausse couche. Voilà, c'est pas qu'on n'en veut pas, c'est juste que ça marche pas. Et c'est vrai que c'est la même chose avec les gens qui sont en parcours de PMA ou en infertilité, c'est pareil, il faut pas poser la question en fait. En fait, il faut trouver l'équilibre entre poser des questions, savoir comment les gens vont et leur laisser aussi la bulle dans laquelle ils respirent, ils vivent. Il faut trouver l'entre-deux et ça dépend, je pense, des relations qu'on a avec chacun aussi.

  • Laetitia

    Oui, forcément.

  • Rébecca

    Mais il faut accepter aussi que moi je sais que mon conjoint est très famille, alors que moi c'est pas trop mon cas. Et lui du coup, sa famille n'a pas forcément compris pourquoi il s'est un peu isolé. En fait, lui sa priorité c'était que moi j'aille bien. Mieux en tout cas, bien, je ne sais pas si c'est possible, mais mieux en tout cas. Et du coup, forcément, il m'a donné la priorité à moi, à notre couple, à le fait qu'on soit tous les deux, qu'on soit ensemble, plutôt que de se dire... je ne vais pas aller lui imposer une réunion de famille qui va s'éterniser, où il y aura des bébés partout, machin, où des gens vont peut-être faire des boulettes, ce n'est pas l'idée. Et du coup, c'est vrai que les gens ne peuvent pas comprendre, en fait, des fois vous venez, des fois vous ne venez pas, mais ça dépend de notre humeur, je ne peux pas contrôler. Par exemple, la semaine qui était prévue de mon terme, je me suis un peu enfermée sur moi-même en me disant, en fait, je veux... J'ai envie d'y penser, mais sans trop y penser, mais du coup, je ne veux pas essayer d'avoir trop de stimulation, parce qu'en fait, on va me demander comment ça va, et je vais te dire, en fait, non, ça ne va pas, parce que j'aurais dû accoucher cette semaine, du coup, je ne vais pas bien.

  • Laetitia

    Il faut réexpliquer, du coup.

  • Rébecca

    Voilà, et puis surtout, vous avez le droit d'être triste pour les gens, vos proches qui vivent ça, mais votre tristesse n'est pas la même que la leur. Et surtout, ils n'ont pas à vous consoler. C'est à vous de consoler les gens et pas le contraire. C'est vrai que beaucoup de gens te disent Ah, mais moi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Oui, moi aussi, j'étais très triste quand je l'ai appris. Tu ne m'aimes pas là. Mais c'est vrai que oui. Et puis surtout, si vous avez des enfants qui sont en âge assez grand quand même, vous pouvez leur expliquer pour éviter les boulettes. Parce que ça peut arriver aussi. Et pas forcément expliquer tout dans les détails, parce que les détails médicaux, pour un enfant, c'est trop compliqué. Mais expliquer que du coup, votre sœur, votre cousine, n'importe qui, elle avait un bébé qu'elle a perdu. Du coup, il ne faut pas lui tendre un bébé, il faut essayer. Et du coup, il faut l'expliquer aux enfants aussi, c'est important. Mais c'est vrai qu'on ne se rend pas compte de tout ça tant qu'on ne l'a pas vécu. Et aussi, il faut accepter les choix que les parents peuvent faire. Nous, on a fait le choix de ne pas les reconnaître, de ne pas les voir, de ne pas les enterrer. Du coup, il y a eu des autopsies, plus ils ont été incinérés. Et en fait, de respecter le choix quel qu'il soit. En fait, surtout, c'est ça, il faut essayer d'être... Je comprends que les gens veulent entourer d'amour et d'affection les personnes qui ont vécu ça. Et c'est humain, c'est normal. Mais c'est vrai qu'il faut accepter que des fois, quand on vit ce genre d'épreuve, on veut se renfermer un peu sur soi-même. C'est normal aussi. Et puis, voilà. Après, ça dépend tellement des relations qu'on a avec les autres. Mais c'est vrai que moi, j'avais vraiment besoin qu'on me laisse tranquille. qu'on me laisse tranquille, qu'on ne me pose pas trop de questions et qu'on ne juge pas le fait que je n'ai pas repris le travail, que je vois une piscine une fois par semaine, que là, du coup, j'ai dû avoir besoin de médicaments quelque temps parce que c'était nécessaire. Voilà, et puis, il faut laisser faire les choses. Et surtout, moi aussi, ce que j'appréhende un peu, c'est que si on a une prochaine grossesse, déjà, on va attendre avant de le dire. parce qu'on ne sait pas trop ce qui peut arriver forcément. C'est un peu que les gens me disent Ah bah du coup, vous vous êtes remis vite, etc. Ou alors que les gens s'emballent en disant Non mais celle-là, elle va bien se passer. En fait, tant que je ne suis pas rentrée chez moi avec un bébé en bonne santé, ça ne peut pas bien se passer. Oui, ça peut bien se passer, mais je sais maintenant que ça peut mal se passer. Du coup, tant que je ne suis pas chez moi avec mon bébé, ce n'est pas accompli. Même si les médecins me disent que tout va bien, qu'il n'y a pas de problème, pas de malformation, tout va bien et tout, OK, mais tant que je ne suis pas rentrée... de l'hôpital avec mon bébé, rien n'est fait. Je sais que c'est dur à assimiler, mais c'est vrai qu'il faut comprendre ça. Il faut essayer d'accepter ce que les gens prennent comme décision et les laisser faire. Nous, on a essayé rapidement de s'y remettre. c'était notre envie et que je suis entre guillemets, vu mon âge de 35 ans, je suis un peu limitée par le temps aussi, entre guillemets. Et que l'idée, ce n'était pas de faire un bébé pour remplacer ce qu'on a perdu. Loin de là, l'idée, c'est de faire un bébé parce qu'on en a envie tous les deux et que c'est le projet initial. On a eu un empêchement, tant pis, on va faire ce qu'il faut pour que ça arrive. Et après, on fera confiance à la médecine, à la nature pour que tout se passe bien.

  • Laetitia

    En tout cas, merci beaucoup à toi de nous avoir partagé tout ça, toute ton expérience et toutes les émotions et les ressentis qui y sont liés. Je pense que ta parole est très précieuse et je te remercie d'avoir bien voulu te dévoiler.

  • Rébecca

    Mais de rien, j'ai un peu pleuré, je suis désolée, du coup ça s'entend dans ma voix qui tremble un peu.

  • Laetitia

    C'est normal, on n'est que assis, moi, c'est rien. Même si pour toi, tu as l'air de vouloir t'excuser. On est toujours là six mois plus tard, mais c'est rien six mois, franchement. Oui,

  • Rébecca

    oui, oui.

  • Laetitia

    Encore un peu trop frais. En tout cas, je te remercie beaucoup.

  • Rébecca

    Merci à toi, en tout cas, c'est gentil de m'avoir laissé parler de tout ça.

  • Laetitia

    Je pense que libérer la parole autour de ce sujet très sensible est super important.

  • Rébecca

    Oui, et puis moi, surtout, une chose aussi importante, c'est vraiment à l'hôpital Femmes Mères Enfants à Lyon. On a eu... du début à la fin, que ce soit pendant les examens, pendant la grossesse et pendant le déclenchement, pendant trois jours, on a rencontré pendant trois jours à l'hôpital une vingtaine de soignants différents et 20 personnes adorables. Vraiment, vu la situation, ça ne pouvait pas mieux se passer. Et vraiment, ils ont été incroyables tous, du début à la fin. Ils ont été très présents, ils nous ont écoutés, ils ne nous ont pas jugés. vraiment à tous incroyable que ce soit les sages femmes les médecins les anesthésistes les infirmières les aides-soignantes tout le monde a été incroyable et ça mine de rien ça joue beaucoup aussi sur le fait que ça rend l'expérience moins traumatisante aussi de ne pas subir de violences médicales ou d'être jugé quoi que ce soit ça aide beaucoup aussi oui

  • Laetitia

    c'est bien de le souligner quand ça va bien aussi

  • Rébecca

    Eva encore merci à toi merci beaucoup à toi en tout cas c'est gentil

  • Laetitia

    Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si jamais il t'a plu et que tu souhaites aider le podcast, n'hésite pas à laisser une petite note sur l'application d'écoute sur laquelle tu es actuellement, ou un petit commentaire. Ça me ferait très plaisir, et ça peut être d'une grande aide pour aider le projet à avancer en attendant. Je te retrouve mercredi prochain pour une nouvelle histoire d'accouchement.

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